Синклитикия Александрийская, прп. Константинополь. 985
г. Миниатюра Минология Василия II. Ватиканская библиотека. Рим.
Synclitica d'Alexandrie, St. Constantinople. 985.
Minologie miniature de Vasily II. Bibliothèque vaticane. Rome.
Righteous Syncletica of Alexandria, Menologion of
Basil II
Sainte
Synclétique
Moniale
en Égypte (IVe siècle)
Née au sein d'une noble famille chrétienne de Macédoine qui était venue s'établir à Alexandrie, la bienheureuse Synclétique décida de n'avoir pour époux que le Christ. Son rayonnement spirituel lui fit jouer auprès de ses compagnes un rôle analogue à celui de saint Antoine d'Égypte auprès de ses disciples. On peut la considérer comme étant la fondatrice du monachisme féminin en Orient. Saint Athanase a écrit sa vie.
À Alexandrie, en Égypte, au IVe siècle,
sainte Synclétique, vierge, qui, après la mort de ses parents, distribua aux
pauvres tous ses biens et vécut jusqu'à plus de quatre-vingts ans dans la
retraite, la prière et la plus grande austérité.
Martyrologe
romain
SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/5060/Sainte-Syncletique.html
Synclétique dit : « Lorsque
nous sommes dans une communauté, préférons l’obéissance à l’ascèse. Celle-ci, en
effet, enseigne l’orgueil, celle-là l’humilité. » Elle dit encore : « Il
nous faut gouverner notre âme avec discernement et, vivant en communauté, ne
pas rechercher ce qui est nôtre, ni suivre notre opinion personnelle, mais
obéir à notre père selon la foi. »
Synclétique dit : « Si tu
te trouves dans une communauté, ne change pas de lieu, car cela te nuirait
grandement. En effet, comme l’oiseau qui abandonne les œufs qu’il couvait les
empêche d’éclore, ainsi le moine ou la vierge se refroidissent et meurent dans
la foi en passant d’un lieu à un autre. »
Synclétique dit : « De
même que les drogues les plus âcres expulsent les animaux venimeux, ainsi la
prière jointe au jeûne chasse-t-elle la mauvaise pensée. »
On demanda à la bienheureuse Synclétique si la
pauvreté est un bien parfait. Elle dit : C’est un bien très parfait pour
ceux qui le peuvent. Ceux qui la supportent, en effet, sont dans l’affliction
de la chair mais dans le repos de l’âme ; car, de même que l’on lave les
vêtements résistants en les foulant aux pieds et en les retournant dans tous
les sens, de même l’âme forte devient-elle beaucoup plus solide grâce à la
pauvreté volontaire. »
Synclétique dit encore : « De même qu’il est
impossible de construire un navire si l’on n’a pas de clous, de même est-il
impossible de se sauver sans humilité. »
La mère Synclétique dit : « Il y a au commencement
beaucoup de luttes et de peines pour ceux qui s’avancent vers Dieu, et ensuite
une joie ineffable. En effet, comme ceux qui veulent allumer du feu sont d’abord
dans la fumée et pleurent, et par ce moyen obtiennent ce qu’ils cherchaient - il
est dit en effet : Notre Dieu est un feu dévorant (Deut. 4,24), de même devons nous, nous aussi, allumer le feu divin avec des larmes et de la peine. »
Amma Synclétique dit : « Beaucoup de ceux qui
sont dans la montagne, agissant comme des citadins, ont couru à leur perte ; et
beaucoup de ceux qui sont dans les villes font des œuvres du désert et se
sauvent. Il est possible, en effet, au milieu de la multitude, de vivre seul en
esprit, et, demeurant isolé, de vivre par la pensée au milieu des foules. »
La bienheureuse
Synclétique dit : « Il faut que nous qui avons choisi cette profession
nous gardions une tempérance parfaite. En effet, même chez les séculiers la
tempérancesemble être pratiquée, mais l’intempérance cohabiteavec elle parce qu’ils
pèchentavec leurs autres sens. En effet, ils regardent sans pudeur et rient
sans mesure. »
Elle dit encore : «
Que ne te séduisent pas les délices des riches selon le monde comme ayant
quelque utilité. Pour leur plaisir, ils font grand cas de l’art culinaire. Et
toi, par le jeûne et grâce à des nourritures bon marché, dépasse leur
abondance. L’Écriture dit en effet : L’âme qui est dans l’abondance se
moque des rayons de miel ! (Prov. 27, 7) Ne te goinfre pas de pain et tu ne
désireras pas de vin, »
La bienheureuse
Synclétique dit : « Les aiguillons du diable sont nombreux. S’il n’a pas
ébranlé l’âme par le dénuement, il lui propose comme une amorce la richesse. Il
n’a pas réussi par les injures et les opprobes ? Il propose les louanges et la
gloire. Est-il vaincu par la santé ? Il rend le corps malade. N’ayant pu
tromper par les plaisirs, il essaie de retourner l’âme par les peines
involontaires : il amène en effet, après en avoir demandé la permission de
très graves maladies afin d’affaiblir ainsi les hommes et de troubler leur
amour pour Dieu. Mais, même si le corps est déchiré, même s’il est consumé par
de très fortes fièvres ou encore accablé par une soif intolérable, si tu subis
cela alors que tu es pécheur, souviens-toi du châtiment à venir, du feu éternel
et des peines de la justice, et ne te décourage pas devant le présent ;
réjouis-toi plutôt de ce que Dieu t’ait regardé, et aie sur les lèvres cette
parole bénie : Le Seigneur m’a vraiment puni et il ne m’a pas livré à la
mort (Ps. 117, 18). Tu étais de fer, mais par le feu tu as évacué la rouille.
Mais si, au contraire, tu deviens malade alors que tu es juste, tu progresses
du plus petit au plus grand. Tu es de l’or, mais par le feu tu es devenu mieux
éprouvé. Un ange a-t-il été donné à ta chair comme aiguillon (Cf. II Cor. 12,
7) ? Réjouis-toi, considère à qui tu es devenu semblable : c’est de la
part de Paul, en effet, que tu as été jugé digne. Es-tu mis à l’épreuve par la
fièvre et éduqué par le froid ? Mais l’Écriture dit : Nous sommes passés
par le feu et par l’eau, et maintenant le lieu du rafraîchissement nous est
préparé (Ps. 65, 12). Tu as obtenu le premier, attends le second. Pratiquant la
vertu, procleme la parole du saint David ; ildit en effet : Je suis
pauvre, misérable et malade (Ps. 68, 30). Par cette triade d’afflictions, tu
deviendras parfait ; il dit en effet : Dans l’affliction, tu m’as mis au
large (Ps. 4, 1). C’est surtout dans ces exercices qu’il faut entraîner nos
âmes, car nous voyons l’adversaire en face. »
Elle dit encore : «
Si nous sommes malades, ne nous attristons pas sous prétexte que, à cause de la
maladie et de l’affaiblissement du corps, nous ne pouvons pas nous tenir en
prière ou chanter des psaumes à haute voix ; tout cela avait pour but la
suppression de nos désirs. En effet, jeûner ou coucher sur la dure nous sont
precrits à cause des plaisirs honteux. Si donc la maladie émousse ces plaisirs,
la raison d’être de ces pratiques est superflue. Que dis-je superflue ? Ces
menaces mortelles (des passions) sont en effet apaisées par la maladie comme
par un remède supérieur et puissant. Et voici la grande ascèse : supporter
patiemment les maladies et adresser au Tout-Puissant des hymnes d’action de
grâces. Perdons-nous la vue ? Ne le supportons pas péniblement, puisque nous
avons perdu l’instrument d’un désir insatiable, mais que, par le regard
intérieur, nous regardons comme dans un miroir la gloire du Seigneur.
Sommes-nous devenus sourds ? Rendons grâces d’évacuer complètement les vaines
nouvelles. Nos mains sont-elles malades ? Mais nous avons nos mains intérieures
prêtes à combattre l’adversaire. Le corps est-il totalement pris dans la
maladie ? La santé de l’homme intérieur augmente davantage. »
Elle dit encore : «
Dans le monde, ceux qui ont commis une faute, même involontairement, sont jetés
en prison ; et nous, à cause de nos fautes, emprisonnons-nous nous-mêmes afin
que ce jugement volontaire fasse fuir le châtiment futur. Jeûnes-tu ? Ne
prétexte pas les maladies, car ceux qui ne jeûnent pas tombent dans des
maladies semblables. As-tu commencé à bien agir ? Ne te laisse pas arrêter par
les obstacles de l’ennemi, car lui-même sera paralysé par ton endurance. En
effet, ceux qui entreprennent de naviguer profitent d’abord d’un vent favorable
après avoir déployé leurs voiles ; quand ensuite ils se heurtent à un vent
contraire, les marins ne dégréent pas pour autant leur navire, mais, attendant
un peu ou même luttant contre la tempête, ils poursuivent leur navigation.
Ainsi en va-t-il pour nous lorsque le vent adverse s’oppose à nous :
achevons sans crainte notre navigation, en déployant la croix en guise de
voile. »
Sainte Synclétique dit : « De même qu’un trésor découvert est bientôt dépensé, de même disparaît une vertu que l’on fait connaître en la publiant. Car, comme la cire fond à l’approche du feu, ainsi l’âme se dissipe-t-elle du fait des louanges et perd-elle sa vigueur. »
Elle dit encore : «
De même qu’il n’est pas possible d’être en même temps plante et graine, de même nous est-il impossible, tant que nous
sommes entourés de la gloire mondaine,
de porter un fruit céleste. »
Enseignements des Mères du désert Synclétique, Théodora et Sara. Quelques saintes femmes de l’histoire lausiaque
VIE
ET ENSEIGNEMENTS DE SAINTE SYNCLÉTIQUE
SENTENCES
DES MÈRES DU DÉSERT
AMMA
THÉODORA
AMMA
SARRA
QUELQUES
SAINTES FEMMES DE L’HISTOIRE LAUSIAQUE
Vie
et enseignements de sainte Synclétique
Nous connaissons peu la
vie de sainte Synclétique. Une biographie ancienne, La vie de sainte
Synclétique (Bellefontaine, SO 9, 1972) donne un minimum d’informations
sur sa vie ; les deux tiers du texte contiennent des enseignements de
sainte Synclétique, sous la forme d’un long discours adressé aux moniales du
monastère fondé par la sainte.
Sainte Synclétique naquit
à Alexandrie au IVe siècle, de riches et pieux parents chrétiens originaires de
Macédoine. Sa grande beauté, son intelligence et ses nombreuses vertus la
faisaient convoiter par un grand nombre de prétendants dès son jeune âge, mais
elle restait sourde et aveugle à tous les attraits de ce monde pour n'aspirer
qu'au mariage spirituel avec le Christ, l'Epoux céleste. Réduisant sa chair en
servitude par les jeûnes et toutes sortes d'austérités, elle rassemblait sans
relâche son esprit au fond de son cœur.
À la mort de ses parents,
elle distribua sa grande fortune aux pauvres et, s'enfuyant loin de la ville en
compagnie de sa sœur aveugle, elle se consacra pour toujours à Dieu en se
faisant tondre la chevelure par un prêtre. C'est ainsi qu'elle devint la
fondatrice du monachisme féminin, comme saint Antoine le Grand le fut pour les
hommes. Elle progressa rapidement dans l’ascèse et la pratique des vertus et
elle prenait le plus grand soin à garder ses combats cachés aux yeux des
hommes, afin de ne pas perdre la récompense finale. En nombre grandissant, de
ferventes jeunes femmes venait à elle en la pressant de leur communiquer
instructions et conseils pour leur salut. Tout d'abord par humilité la Sainte
refusa de rompre son silence; mais finalement, pressée par la charité, elle
céda à leurs instances et leur révéla les trésors de sagesse et de science que
le Saint-Esprit avait déposés dans son cœur. Nous présentons quelques extraits
de l’enseignement de sainte Synclétique.
Au sacrifice volontaire
de l'ascèse, elle ajouta dans les dernières années de sa vie la patience dans
les épreuves et la maladie : des fièvres continues et des troubles
pulmonaires usaient son corps lentement. Vers l'âge de 85 ans commença une
période de trois ans et demi de souffrance dues à une maladie (probablement un
cancer) qui brûlait peu à peu ses organes, lui occasionnant des douleurs
cruelles et inhumaines. La sainte supportait cependant ces épreuves avec
patience et action de grâces, et en profitait même pour instruire ses disciples,
en disant: " Si la maladie nous accable, ne soyons pas dans
l'affliction comme si, à cause de l'abattement de notre corps, nous ne pouvions
pas chanter; car toutes ces choses sont pour notre bien et la purification de
nos convoitises ". Elle perdit la voix et la maladie attaqua son
corps par la gangrène et la putréfaction et c'est ainsi qu'à l'issue d'un
martyre de trois mois, elle partit vers le Seigneur.
Enseignements de Sainte
Synclétique
CONTRE L'ORGUEIL ET LE
DÉSESPOIR
49. Celui qui est tombé
trouvera le salut en se convertissant et en pleurant ses péchés. Toi, qui es
debout, prends garde à toi-même. Tu as, en effet, deux choses à craindre :
retourner à tes vieux péchés, l'ennemi profitant de ta négligence pour
t'attaquer, ou bien être renversée dans ta course. Car notre ennemi, le diable,
ou bien nous attire à lui de derrière lorsqu'il voit l'âme nonchalante et relâchée;
ou bien semble-t-elle pleine de zèle et généreuse à l'ascèse ? il l'attaque
subtilement et secrètement par l'orgueil; il la perd ainsi sans merci. Cet
appât est le dernier et le nerf de tous les maux. C'est ce qui a causé sa
propre chute; c'est aussi par lui qu'il s'efforce de venir à bout des hommes
les plus forts. Les guerriers les plus redoutables commencent par utiliser les
armes les plus légères, puis, quand l'ennemi se fait encore plus pressant, ils
brandissent, plus puissant que tout, le glaive. De même le diable : après avoir
épuisé ses premiers harpons, il se sert finalement de son épée, l'orgueil.
Quels étaient ses
premiers filets ? Évidemment la gloutonnerie, l'amour du plaisir, la
fornication. Ces esprits (mauvais) accompagnent surtout les jeunes années.
Viennent ensuite l'avarice, la cupidité et autres vices semblables. Lorsque la
malheureuse âme a dominé ces passions, lorsque l'estomac est dompté, lorsque le
sentiment de sa dignité lui a permis de surmonter les plaisirs vulgaires,
lorsqu'elle a méprisé l'argent, alors, pressé de partout, le malin suscite en
elle un mouvement de révolte : il l'élève pour la dresser déraisonnablement
contre ses sœurs. Redoutable et fatal, ce poison de l'ennemi ! Il en a ainsi
aveuglé beaucoup d'un seul coup et (les) a jetés bas. Il suscite en l'âme une
pensée mensongère et funeste. Il lui fait croire qu'elle l'emporte pour ce qui
est du jeûne, et lui présente une foule d'actes héroïques. Il lui fait oublier
toutes ses fautes pour la dresser contre son entourage, et cela, non pour lui
être utile, mais pour qu'il ne puisse dire cette parole qui le guérirait :
" Contre toi seul j'ai péché; aie pitié de moi, Seigneur "
(cf. Ps 50,6 ; 6,3). Il l'empêche aussi de dire : " Je te confesserai,
Seigneur, de tout mon cœur " (Ps 100,1). " De la même
manière dont il s'est dit en lui-même : " J'escaladerai (les cieux)
et j'érigerai mon trône " (Is 14,14) -, ainsi il lui représente des
charges importantes, des préséances, et même des chaires d'enseignement et des
pouvoirs de guérisseur. Cette illusion cause sa corruption et sa perte, et la
voilà atteinte d'une blessure incurable. […]
51. Ce mal (de l'orgueil)
est précédé par un autre, la désobéissance. Par conséquent, c'est la vertu
contraire, l'obéissance, qui peut purifier cet ulcère qui ronge l'âme :
" L'obéissance, est-il dit, vaut mieux que le
sacrifice. "
52. Il faut donc, tantôt
purifier de la gloriole, tantôt aussi louer et admirer. Si en effet l'âme est
négligente, relâchée et si elle s'engourdit dans sa marche vers le bien, il
convient de la (stimuler) par des éloges; fait-elle quelque progrès ? C'est le
moment de l'admirer et d'en faire cas; les fautes graves et indignes d'un
homme, il faut les minimiser, les dire sans importance. Car le diable, qui
désire jeter le désordre partout, s'efforce de cacher les fautes de celles qui
pratiquent l'ascèse avec zèle : il veut augmenter leur orgueil. Quant aux âmes
qui débutent et qui sont à peine engagées (dans la vertu), il étale leurs
fautes aux yeux de tous et engendre en elles le désespoir; à l'une il suggère :
" Toi qui as forniqué, comment seras-tu pardonnée ? " À une
autre : " Tu as été si cupide; tu ne peux être sauvée. "
Les âmes ainsi ébranlées, encourageons-les de cette manière : Rahab était une
prostituée, mais sa foi l'a sauvée (cf. Hé 11,31). Paul, le persécuteur, est
devenu un " vase d'élection " (Ac 9,15). Matthieu était un
publicain : personne pourtant n'ignore la grâce qu'il a reçue (cf. Mt 9,9). Le
larron volait et tuait : il fut pourtant le premier à franchir la porte du
paradis (Lc 23,43). Fixe donc les yeux sur ceux-là, et ne désespère pas de ton
âme.
53. Pour celles qui sont
en proie à l'orgueil, qu'on leur procure le remède de l'exemple de celles qui
en font plus. Disons à l'orgueilleuse : " Pourquoi t'enfler ainsi,
sous prétexte que tu ne manges pas de viande ? Mais il en est qui ne voient
même jamais de poisson. Tu ne bois pas de vin ? Regarde d'autres ne prennent
même pas d'huile. Tu jeûnes jusqu'à une heure tardive ? D'autres tiennent deux
ou trois jours de suite sans nourriture. Est-ce parce que tu ne prends pas de
bain que tu n'en fais accroire ? Mais beaucoup, mêmes malades, n'en ont pas usé
du tout. Tu es fière de dormir sur une peau et sur une natte de crin ? D'autres
couchent toujours à même la terre. Et quand même tu pratiquerais tout cela, la
belle affaire ! Certains mettaient des cailloux sous eux pour que leur corps
n'éprouvât aucun plaisir; d'autres se sont suspendus toute une nuit. Même si tu
avais fait cela, si tu étais arrivée à la plus parfaite ascèse, ne t'en fais
pas accroire. Car les démons en ont fait, et en font, plus que toi : ils ne
mangent pas, ne boivent pas, ne se marient pas, ne dorment pas; bien plus, ils
vivent dans les déserts, si toi, habitant dans une grotte, tu t'imagines faire
un exploit.
54. C'est donc ainsi, et
par de tels raisonnements, que l'on peut guérir les deux passions opposées, le
désespoir et l'orgueil. En effet, de même qu'un feu violemment attisé se
dissémine et meurt, et s'il n'y a pas de vent, s'éteint pareillement, ainsi la
vertu est volatilisée par l'arrogance alors même qu'elle se fait une grande violence
dans l'ascèse. Mais la négligence gâte pareillement le bien, quand nous
n'agissons pas totalement dans la direction du souffle de l'Esprit Saint. Une
épée d'acier trempé est facilement brisée par une pierre sur l'enclume; il en
va de même pour une ascèse rigide : l'orgueil en a vite raison. Il est donc
nécessaire de prémunir son âme de tous côtés, d'incliner sous les ombrages une
ascèse excessive que brûle le feu ardent de l'orgueil, quelquefois aussi de
couper les gourmands superflus pour que la racine devienne plus florissante.
55. Quant à celui
qu'accable le désespoir, il faut s'efforcer de le relever par les réflexions
dont j'ai parlé plus haut. En effet, l'âme qui tombe à terre se trouve tout à
fait vile et méprisable. Quand les meilleurs cultivateurs voient une plante
chétive et faible, ils l'arrosent abondamment et pensent devoir mettre tout
leur soin à la faire grandir. Mais quand, sur la plante, ils distinguent une
pousse précoce, ils coupent ses gourmands, car d'ordinaire ceux-ci ne tardent pas
à se dessécher. Et voyons les médecins : ils nourrissent certains malades
abondamment et les poussent à se promener; les autres, ils les enferment et les
gardent le plus possible à jeun.
L'HUMILITÉ
56. De toute évidence,
l'orgueil est donc le plus grand des maux. De ce fait, son contraire,
l'humilité, prend toute sa valeur. Mais elle est une vertu difficile à
acquérir. Car si l'on n'est pas étranger à toute gloriole, on ne peut faire
sien ce trésor. L'humilité est une perfection si haute que toutes les vertus,
le diable peut avoir l'air de les imiter, tandis que celle-ci, il n'en peut
absolument rien connaître. Sachant bien la sécurité et la fermeté qu'elle
procure, l'apôtre Pierre nous recommande de nous revêtir d'humilité (1 P 5,5)
et de nous en envelopper pour accomplir toutes les choses les plus profitables.
Soit que tu jeûnes, soit que tu fasses l'aumône ou que tu enseignes, quand bien
même tu es remplie de sagesse et d'intelligence, dresse-la encore près de toi
comme un mur inexpugnable. Que l'humilité, la plus belle des vertus, les
enserre et les maintienne en " bouquet ". Considère le
cantique des trois enfants (Dn 3,87), comment, sans faire mention des autres
vertus, ce sont les humbles qu'ils ont mis au nombre des chanteurs, ne citant
pas les sages ni les pauvres. Il est impossible de construire un navire sans
clous impossible aussi de faire son salut sans humilité.
57. Parce qu'elle est
bonne et salutaire, le Seigneur, en accomplissant l'économie (de la Rédemption)
des hommes, l'a revêtue. Le Christ dit en effet : " Mettez-vous à
mon école, car je suis doux et humble de cœur " (Mt 11,29). Considère
celui qui parle ainsi, et mets-toi à l'école de sa perfection; que l'humilité
soit pour toi le commencement et la perfection des vertus. Il parle d'humilité
de pensée, pas seulement de façade; il vise l'homme intérieur, car l'extérieur
suivra. As-tu observé tous les commandements ? Le Seigneur le sait; cependant
il t'enjoint de revenir au principe, à ta condition de serviteur. Ne dit-il pas
: - Quand vous aurez fait tout ce qui est prescrit, dites : "Nous sommes
des serviteurs inutiles" (Lc 17,10).
58. On ne pratique bien
l'humilité qu'à travers les reproches, les injures, au milieu des coups, pour
arriver à comprendre qu'on est sans intelligence et stupide, indigent et
pauvre, faible et chétif, sans succès dans ses entreprises, irréfléchi en ses
paroles, sans apparence, sans forces. Tels sont les " nerfs
" de l'humilité. C'est cela que notre Seigneur a entendu et
souffert. On le traitait de Samaritain et de possédé " (cf. Jn 8,48).
Il a pris la " forme d'un esclave " (Ph 2,6), il a été
souffleté, outragé par les coups (cf. Mt 26,67).
LE FEU DIVIN
60. Ce discours
transportait de joie celles qui étaient rassemblées (autour de sainte
Synclétique) ; mais elles n'étaient pas encore rassasiées de ces bonnes
choses et insistaient de nouveau. Et la bienheureuse leur disait encore :
Ceux qui s'approchent de
Dieu ont beaucoup à lutter et à souffrir au début, mais dans la suite, ils
goûtent une joie ineffable. Comme ceux qui veulent allumer un feu commencent
par être enfumés et par pleurer, et de cette façon atteignent leur but.
L'Écriture dit en effet : " Notre Dieu est un feu
dévorant " (Hé 12,29). " Ainsi devons-nous, nous aussi, allumer
en nous le feu divin avec larmes et souffrance. Le Seigneur lui-même ne dit-il
pas : " Je suis venu apporter le feu sur la terre " (Lc
12,49) ? Mais certains, peu courageux, ont supporté la fumée sans pour
autant faire jaillir la flamme, par leur manque de patience et surtout par leur
attitude lâche et irrésolue face au divin.
Odile Bénédicte Bernard,
trad., Vie De Sainte Synclétique, Bellefontaine (SO 9), 1972.
AMMA THÉODORA
Amma Théodora interrogea
le pape Théophile sur le mot de l’apôtre : " Que signifie :
"Sachant profiter des circonstances" ? " Il lui
dit : " Ce mot signifie le gain ; par exemple : est-ce
pour toi le temps de la démesure ? Achète par l’humilité et la patience le
temps de la démesure, tires-en un gain. Est-ce le temps de la honte ?
Achète-le par la résignation, et gagne-le. Mais tout ce qui nous est contraire,
si nous le voulons, devient pour nous un gain ".
Amma Théodora dit :
" Luttons pour entrer par la porte étroite. De même que les arbres,
s’ils ne subissent les tempêtes hivernales, ne peuvent porter du fruit, ainsi
en est-il pour nous : ce siècle présent est une tempête, et ce n’est qu’à
travers beaucoup d’épreuves et de tentations que nous pourrons obtenir en
héritage le royaume des cieux ".
La même fut interrogée
sur les conversations que l’on entend : " Comment peut-on,
écoutant habituellement des paroles séculières, vivre cependant pour Dieu seul,
comme tu le dis ? " Elle dit : " De même que si
tu es assise à une table où il y a beaucoup de mets, tu en prends, certes, mais
sans plaisir, de même, si des conversations séculières te parviennent aie ton
cœur tourné vers Dieu et, grâce à cette disposition, tu les écouteras sans
plaisir et elles ne te nuiront pas ".
Elle dit encore :
" Il est bien de vivre dans le recueillement, car l’homme sensé
pratique le recueillement. En effet, c’est vraiment une grande chose pour une
vierge ou pour un moine de vivre dans le recueillement, surtout pour les plus jeunes.
Cependant, saches que, lorsque tu te proposes de vivre dans le recueillement,
aussitôt le malin vient et accable ton âme par l’acédie, la pusillanimité, les
mauvaises pensées. Il accable aussi ton corps par les maladies, l’atonie,
l’affaiblissement de tes genoux et de tous tes membres. Et il dissout la
puissance de l’âme et du corps, en sorte que je crois être malade et ne plus
pouvoir faire ma synaxe. Mais si nous sommes vigilants, toutes ces tentations
se dissipent. Il y avait en effet un moine qui, à chaque fois qu’il commençait
à faire sa synaxe, était saisi par le froid et la fièvre, et souffrait de maux
de tête. En cet état, il se dit à lui-même : je suis malade, et j’approche
de la mort ; je vais donc me lever avant de mourir, et faire ma synaxe ;
et, par. ce raisonnement, il se faisait violence à lui-même et faisait sa
synaxe. Celle-ci finie, la fièvre s’apaisait aussi. Ainsi, par ce raisonnement,
le frère résistait et récitait ses prières et remportait la victoire sur sa
pensée ".
La même amma Théodora dit
encore : " Il arriva à un homme pieux d’être injurié par
quelqu’un, et il lui dit : "Je pourrais, moi aussi, te dire des
choses semblables, mais la loi de Dieu me ferme la bouche" ".
Elle dit encore ceci : " Un chrétien discutant du corps avec un
manichéen s’exprima en ces termes : Donne une loi au corps et tu verras
que le corps est pour celui qui l’a formé. "
La même dit encore que le
maître doit être étranger à l’amour de la domination, à la vaine gloire, à
l’orgueil, et qu’on ne puisse pas le jouer par la flatterie, ni l’aveugler par
des dons, ni le vaincre par le ventre, ni le dominer par la colère ; mais,
qu’il soit patient, doux, humble autant que possible ; il doit être
éprouvé et sans sectarisme, plein de sollicitude, et aimer les âmes.
La même dit encore que ni
l’ascèse, ni les veilles, ni n’importe quelle peine ne sauvent, mais la
véritable humilité. Il y avait en effet un anachorète qui chassait les
démons ; et il leur demanda : " Qu’est-ce qui vous fait
partir ? Est-ce le jeûne ? " Ils répondirent :
" Nous ne mangeons ni ne buvons " – Est -ce les
veilles ?" Ils répondirent : " Nous ne dormons
pas " – " Est-ce l’éloignement du monde ? "
– " Nous vivons dans les déserts. " " Par quelle
puissance partez-vous donc ? " Et ils dirent :
" Rien ne peut nous vaincre, sinon l’humilité " Vois-tu que
l’humilité est victorieuse des démons ?"
Amma Théodora dit
encore : " Il y avait un moine qui, à de ses tentations,
dit : je pars d’ici. Et comme il chaussait ses sandales, il vit un autre
homme qui lui aussi mettait ses chaussures et lui disait : "Ce n’est
pas à cause de moi que tu pars ? Car je te précéderai où que tu
ailles" ".
Un autre moine était
éprouvé par des démangeaisons sur le corps, et beaucoup de vermine. Or il était
d’origine riche. Et les démons lui dirent : " Tu supportes de
vivre ainsi, couvert de vers ? " Et ce moine, par sa grandeur
d’âme, remporta la victoire.
L’un des vieillards
interrogea anima Théodora disant : " À la résurrection des
morts, comment ressusciterons-nous ? " Elle dit :
" Nous en avons comme gage, comme exemple et comme prototype, celui
qui est mort pour nous et ressuscité, le Christ notre Dieu ".
On racontait d’Amma Serra
qu’elle demeura treize ans, fortement combattue par le démon de la fornication,
et qu’elle ne pria jamais que disparaisse le combat, mais elle disait
plutôt : " Ô Dieu, donne-moi la force ".
Une fois, le même esprit
de fornication s’attacha à elle avec plus d’insistance, lui rappelant les
vanités du monde. Mais elle se livra à la crainte de Dieu et à l’ascèse, et
monta sur sa petite terrasse pour prier. Alors l’esprit de fornication lui
apparut corporellement et lui dit : " Toi, Sarra, tu m’as
vaincu ". Et elle dit : " Ce n’est pas moi qui t’ai
vaincu, mais mon maître le Christ ".
On disait à son propos
qu’elle demeura près du fleuve pendant soixante ans et ne détourna pas les yeux
pour le regarder.
Une autre fois, deux
vieillards, grands anachorètes, vinrent de la région de Péluse pour la visiter.
En y allant, ils se disaient de l’un à l’autre : " Humilions
cette vieille femme ". Et ils lui dirent : " Veille à
ne pas élever ta pensée en disant : " Voici des anachorètes qui
viennent chez moi qui suis une femme ". Et amma Serra leur dit :
" Par la nature, je suis femme, mais non par la pensée ".
Amma Sarra dit :
" Si je prie Dieu que tous les hommes soient comblés en moi, je me
trouverai pénitente à la porte de chacun ; mais je prierai plutôt que mon
cœur soit pur avec tous ".
Elle dit encore :
" C’est bien de faire l’aumône à cause des hommes. En effet, même si
c’est pour plaire aux hommes, on en vient à chercher à plaire à
Dieu ".
Des Scétiotes vinrent un
jour chez anima Sarra. Elle leur offrit une petite corbeille (de fruits). Mais
eux, ils laissèrent ce qui était bon et mangèrent les mauvais. Alors, elle leur
dit : " Vraiment, vous êtes des Scétiotes ".
Elle dit encore aux
frères : " Moi, je suis un homme, et vous, vous êtes des
femmes ".
Extraits de Jean-Claude
Guy, Apophtegmes des Pères du Désert, Série alphabétique, Bellefontaine (SO 1), s.d.
QUELQUES SAINTES FEMMES DE L’HISTOIRE LAUSIAQUE
Vers 420, l’évêque
Pallade composa une " Histoire des Pères du Désert " à la
demande et à la destination du chambellan Lausus ; d’où son nom d’Histoire
lausiaque. Pallade, moine en Égypte de 388 à 400, avait été créé évêque
d’Hélénopolis en Bithynie en 400. Ami de Jean Chrysostome, mais aussi et
surtout disciple d’Évagre le Pontique, il avait été accusé d’origénisme par
Jérôme et exilé en Haute-Égypte. Menant ensuite la vie monastique à nouveau au
Mont-des-Oliviers à Bethléem et en Thébaïde, il avait, avant 420, retrouvé un
siége épiscopal, celui d’Aspona en Galatie.
5. Alexandra
(1) Il [Didyme l’Aveugle,
successeur d’Origène à la tête de l’École catéchétique d’Alexandrie] me parla
aussi d’une jeune fille du nom d’Alexandra, qui avait quitté la ville pour
aller s’enfermer dans un tombeau. Elle recevait par une ouverture ce dont elle
avait besoin, sans voir ni femme ni homme pendant dix ans : Au bout de
quoi, elle s’étendit et s’endormit en paix dans la mort. La personne qui la
visitait comme d’habitude, ne recevant pas de réponse, comprit qu’elle était
morte et vint nous prévenir. Nous avons ouvert la porte de sa cellule et trouvé
son corps desséché.
La bienheureuse Mélanie,
dont je parlerai plus loin, disait à son sujet : " Je ne l’ai
jamais vue en face, mais en me tenant prés de l’ouverture, je la priai de me
dire pourquoi elle s’était enfermée dans ce tombeau. Elle me répondit :
" J’avais demandé à Dieu de rester pure telle que j’étais née, et de
pouvoir ainsi présenter ma virginité au Christ. Mais un jeune homme inclina
vers moi ses pensées, et plutôt que de l’attrister ou de lui parler durement,
j’ai préféré entrer vivante dans ce tombeau. Surtout, je ne voulais pas
provoquer la chute d’une âme faite à l’image de Dieu ". (2) Je lui
demandai : " Comment supportes-tu de ne voir personne et de
devoir lutter contre le découragement ? " " Depuis le
matin jusqu’à neuf heures, me dit-elle, je prie en filant le lin. Les heures
suivantes, je médite sur les saints patriarches, les prophètes, les apôtres et
les martyrs. Je travaille de mes mains et je mange mon pain au long des heures
qui restent. C’est ainsi que je suis réconfortée, et j’attends la fin de ma vie
dans une joyeuse espérance ".
34. La folle des
Tabennésiotes
(1) I1 y avait dans ce
monastère une sœur qui feignait d’être folle et possédée du démon : on
l’avait prise en aversion au point de ne pas manger avec elle, et c’est ce
qu’elle voulait. Elle traînait à travers la cuisine, remplissant toutes sortes
de services, véritable éponge du monastère, comme on dit ; elle
accomplissait en cela ce qui est écrit : " Si quelqu’un parmi
nous prétend être sage en cette vie, qu’il se fasse fou pour devenir
sage " (1 Cor 3, 18). Elle s’était attaché des haillons sur la tête –
les autres sont tondues ; et ont des capuchons – et c’est ainsi qu’elle
faisait le service. (2) Aucune des quatre cents moniales ne la vit manger de sa
vie. Jamais elle ne s’assit à table ni ne reçut un morceau de pain : elle
se contentait des miettes qu’elle épongeait sur les tables et de ce qu’elle
lavait dans les marmites. Elle n’offensa jamais personne, ne murmura pas, n’ouvrit
pas la bouche, bien qu’elle soit battue à coups de poing, injuriée, couverte
d’insultes et détestée.
(3) Un ange apparut au
saint Pitéroum, solitaire établi en Porphirite, homme digne d’admiration, et il
lui dit : " Pourquoi as-tu si haute opinion de toi-même parce
que tu es vertueux et fervent et que tu habites le désert ? Veux-tu voir
une femme plus vertueuse que toi ? Va au monastère des femmes
tabennésiotes, et là tu en trouveras une portant un bandeau de loques sur la
tête : elle est meilleure que toi. (4) Car tout en luttant contre une
telle foule, elle n’a jamais éloigné de Dieu son cœur. Tandis que toi, en
demeurant ici, tu t’égares en pensée à travers les villes. " Et lui
qui n’était jamais sorti s’en alla jusqu’au monastère des femmes, et il demanda
aux supérieurs l’autorisation d’y pénétrer. Ceux-ci l’introduisirent en toute
confiance, car il était célèbre et d’un âge avancé. (5) Il entra donc et
réclama de les voir toutes. La sœur en question ne se présenta pas. Finalement,
il leur dit : " Amenez-les moi toutes, car il en manque
une ". Elles lui répondirent : " Nous en avons bien
une à la cuisine : c’est une idiote ". Il leur dit :
" Amenez-moi aussi celle-là, laissez-moi la voir ". On alla
lui parler. Elle ne voulut pas obéir, pressentant la chose ou peut-être même en
ayant eu la révélation. On la traîna de force en lui disant :
" Le saint Pitéroum veut te voir ". Car il était célèbre.
(6) Quand elle fut devant
lui, il considéra les haillons qu’elle avait sur la tête, et il, tomba à ses
pieds et s’écriant : " Bénis-moi ! " Elle tomba à
ses pieds à son tour : " Toi, mon Seigneur,
bénis-moi ", lui dit-elle. Les autres furent toutes hors d’elles et
dirent au vieillard : " Abba, que cet affront ne t’affecte
pas : c’est une idiote ". Pitéroum leur répondit :
" C’est vous qui êtes des idiotes ! Car elle est notre amma,
notre mère à moi et à vous – c’est ainsi qu’on appelle celles qui ont atteint
la véritable vie spirituelle –, et je demande dans mes prières d’être trouvé
digne d’elle au jour du jugement ".
(7) À ces mots, toutes
tombèrent aux pieds de la sœur, confessant différentes choses : l’une
d’avoir versé sur elle la lavure de l’écuelle, une autre de l’avoir rouée de
coups, l’autre de lui avoir frotté le nez de moutarde : chacune avait un affront
différent à avouer. Après avoir prié pour elles, Pitéroum repartit. Quelques
jours après, ne pouvant supporter l’estime et le respect de ses sœurs et
accablée par les excuses, la sœur quitta le monastère ; où elle partit ou
alla se jeter, comment elle finit ses jours, personne ne l’a jamais su.
46. Mélanie l’Ancienne
Note : 1. Il faut
distinguer Mélanie l’Ancienne (345-410), amie de saint Jérôme, de Mélanie la
Jeune, mariée à Pinien, sa petite-fille, moniale à son tour (383-438).
(1) Mélanie était espagnole
par sa naissance, puis elle vint à Rome. Elle était la fille du consulaire
Marcellinos, et la femme d’un homme de haut rang, que je ne me rappelle plus
bien. Devenue veuve à l’âge de vingt-deux ans, elle fut touchée par l’amour de
Dieu, et sans rien dire à personne – car elle ne le pouvait pas, au temps où
Valens avait le pouvoir dans l’empire – après avoir fait nommer un tuteur à son
fils, elle mit tous ses biens dans un bateau et fit voile vers Alexandrie avec
des esclaves et des femmes illustres. (2) De là, après avoir vendu ce qu’elle
possédait contre de l’or, elle pénétra dans la montagne de Nitrie, où elle
rencontra les pères, Pambo, Arsisios, Sérapion le Grand, Paphnuce de Scété,
Isidore le Confesseur, évêque d’Hermopolis, et Dioscore. Elle séjourna prés
d’eux environ six mois, circulant à travers le désert et visitant tous les
saints.
(3) Mais par la suite,
l’Augustale d’Alexandrie exila en Palestine, aux environs de Diœésarée,
Isidore, Pisimios, Adelphios Paphnuce et Pambo et avec eux Ammonios Parotes –
douze évêques et des prêtres -. Mélanie les suivit en les assistant de ses
biens. Ayant séjourné avec le saint Pisimios, Isidore, Paphnuce et Ammonios,
j’ai pu les entendre raconter que, comme ils n’avaient pas le droit d’avoir de
serviteurs, elle mettait la blouse d’un jeune esclave et allait leur porter
chaque soir ce qui leur était nécessaire. Le consulaire de Palestine ayant
appris la chose et voulant se remplir la poche, espéra l’exploiter. (4) Il la
fit arrêter et jeter en prison, ignorant sa noblesse. Mais elle lui
déclara : " Je suis la fille d’Un tel et la femme d’Un tel et
la servante du Christ. Et ne te moque pas de mon aspect servile, car j’ai de
quoi me rehausser, si je veux – ne pense donc pas m’exploiter ni me prendre
quoi que ce soit. C’est pour qu’il ne t’arrive pas d’ennuis par ignorance, que
je t’ai dit tout cela : Car avec les gens qui ont ta tête dure, il faut se
montrer arrogant comme l’épervier. " Alors le juge, éclairé, reconnut
ses torts, rendit honneur à Mélanie et : ordonna de la laisser rencontrer
les saints.
(5) Après leur rappel,
elle fonda à Jérusalem un monastère où elle passa vingt-sept ans, au milieu de
cinquante moniales. Rufin d’Italie, de la ville d’Aquilée, vécut auprès
d’elle : c’était un noble lui aussi, homme honoré, à la vie austère, qui
plus tard reçut le sacerdoce ; personne n’était plus instruit dans la
doctrine et plus modeste que lui. (6) Tous deux accueillirent, pendant ces
vingt-sept ans, ceux qui passaient à Jérusalem pour y prier : évêques,
moines et vierges, les édifiant et les aidant de leurs biens. Ils ramenèrent à
l’unité le schisme Paulinien – quatre cents moines environ – ; ils persuadèrent
tous les hérétiques qui combattaient l’Esprit Saint et les firent réintégrer
l’Église ; ils offraient au clergé de la ville dons et nourriture, et
c’est ainsi qu’ils terminèrent leur vie, sans avoir jamais été cause de
scandale pour personne.
54. Encore Mélanie
(1) J’ai parlé plus haut
de l’admirable et sainte Mélanie, mais à la vérité en ne l’abordant que superficiellement ;
je vais maintenant insérer dans mon récit ce qui me reste à dire sur
elle : Quelle fortune elle a dépensé dans son zèle pour Dieu, comme
dévorée d’un feu intérieur, ce n’est pas à moi de le raconter, mais bien à ceux
qui habitent la Perse. Car personne n’a échappé à sa bienfaisance, ni l’orient,
ni l’occident, ni le nord, ni le midi.
(3) Pendant trente-sept
ans, tout en restant à l’étranger, elle est venue en aide à ses frais à des
églises, des monastères, des étrangers, des prisons : sa famille, son fils
lui-même et ses intendants, lui fournissaient de l’argent. Vivant à l’étranger
pendant de si longues années, elle ne se laissa pas détourner par le désir de
son fils, et le regret de ce fils unique ne la sépara pas de l’amour du Christ.
(3) Mais grâce à ses prières, le jeune homme fut parfait dans son éducation et
sa conduite ; il fit un mariage illustre et exerça de hautes fonctions
dans l’état ; il eut deux enfants.
Longtemps après, Mélanie
apprit que sa petite fille désirait se sanctifier avec son mari. Craignant que
le couple ne se laisse influencer par quelque fausse doctrine ou une hérésie,
ou encore entraver par une vie de luxe, la sainte, alors âgée de soixante ans,
s’embarqua sur un bateau à Césarée et fit voile sur Rome où elle arriva au bout
de vingt jours. (4) Là, elle rencontra le bienheureux Apronien, homme de grande
valeur, qui païen : elle lui enseigna la doctrine et le rendit
chrétien ; et elle le persuada de s’exercer à l’ascèse avec femme, sa
nièce à elle, Avita. Elle affermit de ses conseils sa petite-fille Mélanie et
son mari Pinien, elle instruisit sa belle-fille Albine, la femme de son
fils ; puis les ayant tous décidés à vendre ce qu’ils possédaient, elle
les emmena de Rome et les conduisit au port paisible et serein de la vie
monastique. (5) Elle " combattit comme des bêtes sauvages "
les hauts personnages de l’ordre sénatorial et leurs épouses qui voulaient
l’empêcher de faire renoncer au monde les autres maisons. Elle leur
disait : " Petits enfants, il a été écrit il y a quatre cents
ans : Voici la dernière heure – (l Jn 2, 18). Pourquoi vous complaire dans
les vanités de ce monde ? Craignez plutôt d’être surpris par les jours
l’Antichrist et de ne plus jouir de votre fortune et biens de vos
ancêtres !"
(6) Ayant ainsi libéré
tout ceux qu’elle pouvait, elle les amena à la vie monastique. Elle instruisit
en outre le plus jeune fils de Publicola et le conduisit en Sicile : Puis,
après avoir vendu tout ce qui lui restait, elle se rendit à Jérusalem où elle distribua
ses biens ; quarante jours plus tard, elle mourait, dans une belle-
vieillesse couronnée de douceur ; elle laissait à Jérusalem un monastère
avec ses revenus.
(7) Lorsque tous ceux
qu’elle avait convertis eurent quitté Rome, une tempête de barbares, depuis
longtemps annoncée dans les prophéties, fondit sur la Ville : il ne resta
pas une statue sur le forum, mais tout fut ravagé et détruit avec une démence
barbare ; Rome, que depuis douze cents ans on avait mis tant d’amour à
embellir, ne fut plus qu’une ruine : Alors tous ceux qui avaient suivi
l’enseignement de Mélanie rendirent gloire à Dieu : par le bouleversement
des choses, il avait convaincu les incrédules que seules parmi les autres
familles, qui toutes avaient été faites prisonnières, furent intégralement
sauvées celles dont le zèle de Mélanie avait fait une offrande au Seigneur.
55. Encore Mélanie
(1) I1 m’arriva de faire
route avec Mélanie d’Aelia (nom qui fut donné à Jérusalem) en Egypte, en
escortant la bienheureuse Silvanie, belle-sœur du consulaire Rufin ; parmi
nous se trouvait Jovinien, alors diacre, qui est aujourd’hui évêque de l’église
d’Ascalon, grand serviteur de Dieu, très instruit dans la doctrine : Nous
fûmes surpris par une très forte chaleur, et, arrivés à Péluse, Jovinien se
lava les mains et les pieds dans une cuvette d’eau bien froide ; après
s’être lavé, il étendit une fourrure sur le sol pour se reposer. (2) Mélanie
s’approcha de lui, et comme l’aurait fait une mère sage à son fils, elle se mit
à se moquer de sa délicatesse : " Comment oses-tu, à ton âge où
le sang est encore plein de vie, choyer ainsi ton corps, en oubliant tout le
mal qui peut en naître ? Crois-moi, crois-moi bien : j’ai soixante
ans, et sauf le bout des mains, ni mes pieds, ni mon visage, ni aucun de mes
membres depuis que je mène cette vie, n’ont touché l’eau ; bien
qu’atteinte de diverses maladies et malgré les médecins, j’ai toujours refusé
de rendre à mon corps les soins d’usage, jamais je ne me suis reposée sur un
lit ni n’ai voyagé en litière ".
(3) Elle était devenue
très savante : par amour de la doctrine, elle passait ses nuits à étudier
les écrits des anciens commentateurs, entre autres, Origène, Grégoire, Étienne,
Pierre, Basile et quelques autres forts éminents. Et elle ne se contentait pas
de les parcourir avec négligence, mais elle relut attentivement chaque livre
sept ou huit fois. Voilà pourquoi, délivrée de la fausse science (1 Tm 6, 20),
la grâce de la doctrine lui donna de pouvoir voler vers la "
meilleure espérance " : ainsi se fit-elle oiseau spirituel et
s’envola-t-elle jusqu’au Christ son Seigneur.
59. Amma Talis et Taor
(1) À Antinoé se trouvent
douze monastères de femmes ; j’y ai rencontré amma Talis, une vieille
moniale qui pratiquait l’ascèse depuis quatre-vingts ans, disait-elle, ce que
ses compagnes confirmaient. Avec elle habitaient soixante jeunes filles, qui
l’aimaient tellement qu’il n’y avait pas de clé à la clôture du monastère,
comme dans les autres : l’amour de la vieille femme les retenait. Celle-ci
était parvenue à une telle paix du cœur que, lorsque je fus entré, elle vint
s’asseoir à côté de moi et posa ses mains sur mes épaules avec une totale
liberté.
(2) L’une de ses
disciples, nommée Taor, qui était au monastère depuis trente ans, n’avait
jamais voulu accepter de vêtement neuf, ni de capuchon, ni de chaussures :
" Je n’en n’ai pas besoin, disait-elle, ainsi je ne serai pas forcée
de sortir. " En effet toutes les autres vont à l’église le dimanche
pour la communion. Mais Taor, vêtue de haillons, restait au monastère, assise à
l’ouvrage, sans interruption. Son visage était si parfaitement gracieux que
même les plus fermes étaient séduits par sa beauté, mais sa chasteté était sa
sauvegarde, et par sa modestie, elle ramenait le regard trop hardi au respect
et à la crainte.
61. Mélanie la Jeune
(l) Puisque j’ai promis
plus haut de parler de la petite-fille de Mélanie, il faut que je m’acquitte de
ma dette ; car il ne serait pas juste de laisser passer sans l’évoquer une
telle jeune femme, qui était jeune, certes, par l’âge, mais plus sage que bien
des vieilles personnes par sa ferveur et sa science. Ses parents la
contraignirent à un mariage dans l’une des plus grandes familles de Rome ;
mais elle, décidée à suivre les directions de sa grand-mère, en était si imprégnée
qu’elle ne put se faire au mariage. Moins encore après que les deux garçons
qu’elle en eut soient morts l’un après l’autre. Elle dit alors à son mari
Pinien, fils de l’ex-préfet Sévère : " Si tu acceptes de vivre
avec moi dans la chasteté selon la parole de la Sagesse, je te reconnais pour
maître et seigneur de ma vie ; mais si cela te paraît trop lourd, parce
que tu es jeune, prends mes biens et rends-moi la liberté : que je puisse
accomplir mon désir, qui est conforme à la volonté de Dieu, et être la digne héritière
de la ferveur de ma grand- mère, dont je porte aussi le nom. Car si Dieu
voulait que nous ayons des enfants, il ne m’aurait pas pris avant l’âge ceux
que j’ai mis au monde ".
Ils en discutèrent
pendant longtemps ; enfin Dieu eut compassion du jeune homme et lui
inspira un ardent désir de renoncer au monde. Ainsi s’accomplit pour eux ce qui
est écrit – " Et que sais-tu, femme, si tu sauveras ton
mari ? " (1 Co 7, 16). Donc, mariée à treize ans et ayant vécu
sept ans avec son mari, Mélanie renonça au monde à vingt ans.
Elle commença par faire
don aux autels de ses vêtements de soie – chose qu’avait faite aussi la sainte
Olympiade. (4) Puis elle tailla le reste de ses soieries pour les divers
services de l’Église.
Ayant confié son argent
et son or à un prêtre, Paul, moine de Dalmatie, elle envoya par mer en Orient
soit : en Égypte et en Thébaïde dix -mille pièces de monnaie, à Antioche
et à ses dépendances, dix mille pièces, en Palestine quinze mille, aux églises
des Iles et aux exilés, dix mille ; (5) elle en distribua elle-même aux
églises d’Occident, quatre fois plus, l’arrachant, grâce à sa foi, de la bouche
du lion Alaric. Elle affranchit les huit mille esclaves qui acceptèrent de
l’être ; car les autres ne le voulurent pas, mais choisir de servir son
frère : elle les lui céda tous avec chacun trois pièces d’or. Elle vendit
ses possessions d’Espagne, d’Aquitaine, de Tarraconaise et des Gaules, gardant
pour elle seulement celles de Sicile, de Campanie et d’Afrique, qu’elle
consacra à l’entretien de monastères. (6) Telle fut sa sagesse en ce qui
concerne le fardeau des richesses. Et voici son ascèse : elle ne prend
qu’un repas par jour – au début même tous les cinq jours seulement, mais elle
avait prescrit aux jeunes femmes dont elle a fait ses compagnes de manger tous
les jours.
Sa mère Albine vit avec
elle, pratiquant la même ascèse après avoir distribué comme elle ses biens aux
pauvres. Elles habitent en ce moment sur leurs terres, tantôt de Sicile, tantôt
de Campanie, avec quinze eunuques et soixante vierges, libres ou servantes.
(7) Son mari Pinien de
son côté vit lui aussi avec trente moines, partageant son temps entre la
lecture des Livres Saints et les conversations au jardin avec ses hôtes. Quand
nous sommes venus à Rome en assez grand nombre pour le bienheureux évêque Jean,
ils nous ont honorés avec largesse, refaisant nos forces par leur hospitalité
et nous munissant d’abondantes provisions ; nous sommes repartis en grande
joie.
Pallade, Les moines
du désert : Histoire Lausiaque, trad. les Soeurs carmélites de Mazille, Desclée De Brouwer, 1981.
SOURCE : https://www.pagesorthodoxes.net/saints/meres-spirituelles/saintes-femmes-anciennes.htm
Le
5 janvier, mémoire de la vénérable SYNCLÉTIQUE
Notre Sainte Mère
Synclétique naquit à Alexandrie, dans le cours du IVe siècle, de riches et
pieux parents chrétiens originaires de Macédoine. Sa grande beauté, son
intelligence et ses nombreuses vertus la faisaient convoiter par un grand
nombre de prétendants dès son jeune âge, mais elle restait sourde et aveugle à
tous les attraits de ce monde pour n'aspirer qu'au mariage spirituel avec le
Christ, l'Epoux céleste. Réduisant sa chair en servitude par les jeûnes et
toutes sortes d'austérités, elle rassemblait sans relâche son esprit au fond de
son coeur et s'écriait jour et nuit: « Je suis à mon Bien-aimé et mon Bien-aimé
est à moi ! » (Cantique des cantiques 2:16).
A la mort de ses parents,
elle distribua sa grande fortune aux pauvres et, s'enfuyant loin de la ville en
compagnie de sa soeur aveugle, elle se consacra pour toujours à Dieu en se
faisant tondre la chevelure par un Prêtre. C'est ainsi qu'elle devint la
fondatrice du monachisme féminin, comme Saint Antoine le Grand le fut pour les
hommes. Déjà entraînée aux travaux de l'ascèse, elle progressa rapidement dans
la voie qui mène les moines à vivre ici-bas comme au ciel, et prenait le plus
grand soin à garder ses combats cachés aux yeux des hommes, afin de ne pas
perdre la récompense finale. Elle mourait chaque jour à elle-même et au monde
pour vivre avec le Christ, et repoussait avec intelligence et discernement
toutes les tentations suggérées par les démons. Elle s'élevait ainsi sans cesse
vers le ciel par les saintes vertus en répandant, malgré elle, partout aux
alentours, sa renommée comme un parfum spirituel, si bien qu'un nombre
grandissant de ferventes jeunes femmes venait à elle en la pressant de leur
communiquer instructions et conseils pour leur salut. Tout d'abord la Sainte
refusa, par humilité, de rompre son silence; mais finalement pressée par la
charité, elle céda à leurs instances et leur révéla, en de profonds soupirs
arrosés de larmes, les trésors de sagesse et de science que le Saint-Esprit
avait déposés dans son coeur.
En premier lieu, Sainte
Synclétique rappela à ses disciples que la charité, l'amour parfait de Dieu et
du prochain, est la perfection de la Loi divine, ancienne comme nouvelle (Exode
20, Rom. 13:10), qu'elle doit être le principe et la fin de tous les actes de
ceux qui se retirent du monde. «Heureux serons-nous, disait-elle, si nous
prenons pour plaire à Dieu et gagner le ciel toutes les peines que s'imposent
les gens du monde pour amasser richesses et biens périssables». Cette sainte
charité ne s'épanouit, telle une fleur délicate, que dans un corps et une âme
gardés chastes et purs, non seulement des péchés de la chair et des sens, mais
aussi de toute complaisance à l'égard des pensées impures suggérées sans trêve
par le démon aux combattants de l'armée du Christ; c'est pourquoi il leur faut
faire preuve d'une constante vigilance en se montrant prudents comme les
serpents, pour déjouer les ruses de l'Ennemi, et simples comme les colombes
(Matth. 10:16), par la pureté. De même qu'on lave et blanchit les vêtements en
les foulant aux pieds et en les retournant en tous sens, de même il convient de
se livrer à la pauvreté volontaire et à la vie ascétique, en joignant à la
mortification de la chair la vigilance, le discernement, la prière instante et
la sainte humilité, pour que l'âme, recevant l'Esprit-Saint, devienne semblable
à une blanche colombe qui s'élève vers Dieu. La Sainte avait elle-même montré,
par sa retraite et sa vie cachée, comment progresser dans l'humilité, ce
fondement de la charité; aussi disait-elle: « Comme un trésor est ravi et
dissipé par les voleurs sitôt qu'on le découvre, ainsi la vertu s'affaiblit et
s'évapore à l'instant même où on la révèle. Et comme la cire fond au feu, l'âme
se relâche et perd sa vigueur par les louanges, alors que les injures et les
opprobres l'élèvent au comble de la vertu ». Sur la vie ascétique, elle
ajoutait encore cette comparaison suggestive: «De même que lorsqu'on allume un
feu, d'abord incommodés par la fumée les yeux en pleurent, mais sitôt après on
jouit d'une chaleur bienfaisante; de même nous faut-il allumer en nous le feu
de l'amour divin, que le Christ a promis d'apporter sur la terre (Luc 12:49),
avec larmes et souffrances, pour jouir ensuite de la consolation du
Saint-Esprit ».
Ces enseignements
lumineux remplissaient les auditrices de la Sainte d'un enthousiasme brûlant,
si bien qu'elles ne voulaient plus la quitter et désiraient rester à ses côtés
de jour comme de nuit pour contempler en sa personne une image vivante de la
perfection évangélique. Après bien des résistances, elle s'en remit à la
volonté de Dieu et guida sa communauté grandissante dans la voie étroite du
Royaume des Cieux, comme on mène un navire entre les récifs. Elle exhortait ses
disciples à mettre le même soin pour se parer de vêtements et de parures
spirituels dans l'attente du Christ que les fiancées en mettent en se préparant
à une union corruptible. Pour celles qui vivaient en commun, elle leur
enseignait à préférer l'obéissance et le rejet de leurs opinions ou jugements
propres aux exploits ascétiques, et elle les exhortait à s'encourager et à se
reprendre mutuellement, par la parole et surtout par l'exemple, pour éviter les
pièges du démon, le relâchement d'une part et la vanité de l'autre, car c'est
ainsi que l'on progresse, avec mesure et discernement, dans la voie royale de
l'humilité.
Le corps desséché et
affaibli par le jeûne, mais l'âme illuminée par le Christ Soleil de Justice,
Synclétique rayonnait par ses saints enseignements, par son discernement
infaillible à débusquer toutes illusions et machinations démoniaques, et
surtout par ses progrès constants dans la perfection. Au sacrifice volontaire
de l'ascèse, elle ajouta dans les dernières années de sa vie la patience dans
les épreuves et les maladies: des fièvres continues et des troubles
pulmonaires, qui usaient son corps lentement à la manière d'une lime. Quand
elle eut atteint l'âge de 85 ans, le diable lui livra un ultime combat, et
obtint de Dieu le pouvoir de lui faire subir en trois ans et demi les
souffrances endurées par Saint Job pendant trente-cinq ans. Alors qu'il s'était
attaqué à Job et aux Saints Martyrs de l'extérieur, il s'en prit à la Sainte
avec un égal acharnement, mais de l'intérieur, brûlant peu à peu ses organes,
comme à petit feu, par un cancer qui lui occasionnait des douleurs cruelles et
inhumaines. La Sainte supportait cependant ces épreuves avec patience et action
de grâces, et en profitait même pour instruire ses disciples, en disant: « Si
la maladie nous accable, ne soyons pas dans l'affliction comme si, à cause de
l'abattement de notre corps, nous ne pouvions pas chanter; car toutes ces
choses sont pour notre bien et la purification de nos convoitises. En effet, le
jeûne et l'ascèse ne nous sont prescrits qu'en raison de ces plaisirs. Si donc
la maladie en a émoussé l'aiguillon, ces pratiques sont dès lors superflues.
Telle est la grande ascèse: être endurant dans la maladie et faire monter vers
Dieu des hymnes d'action de grâces ». Se voyant ainsi défait, le diable
s'attaqua à sa voix et lui fit perdre l'usage de l'arme redoutable de sa
parole; mais la seule vue de la sérénité du visage de la Sainte au milieu de
tant de souffrances remplaçait tout autre enseignement et affermissait ceux qui
l'approchaient dans l'amour de Dieu. Il attaqua alors son corps par la gangrène
et la putréfaction, en lui faisant dégager une odeur si fétide que ses
disciples ne pouvaient s'approcher d'elle qu'en brûlant force parfums et en
oignant les membres contaminés d'aromates, comme pour les cadavres. Rien ne
faisait pourtant faiblir cette faible femme devenue, par la Grâce de Dieu, plus
vaillante que tout guerrier. Méprisant la mort et les impuissantes machinations
du démon, elle était assisté par les Anges et put contempler avec joie l'éclat
ineffable de la lumière du Paradis. C'est ainsi qu'à l'issue d'un Martyre de
trois mois, elle partit vers le Seigneur pour recevoir la couronne de ses
combats, après avoir prédit le jour de sa mort et consolé ses disciples par une
dernière instruction.
1. L'admirable biographie
de Sainte Synclétique, attribuée à St Athanase d'Alexandrie, est un des textes
de base de la spiritualité orthodoxe. Traduction française dans la collection:
« Spiritualité orientale n° 9 », Abbaye de Bellefontaine, 1972.
SOURCE : http://calendrier.egliseorthodoxe.com/sts/stsjanvier/janv05.html
Also known as
Sincletica
Profile
Wealthy Alexandrian lady
who abandoned her riches and lived till age 84 as a hermitess in
a tomb. She suffered in her youth with temptations and spiritual desolation;
she suffered in her maturity by cancer and consumption.
Additional Information
Book
of Saints, by the Monks of
Ramsgate
Lives
of the Saints, by Father Alban
Butler
Saints
of the Day, by Katherine Rabenstein
books
Our Sunday Visitor’s Encyclopedia of Saints
other sites in english
Antiochian Orthodox Christian Archdiocese of North America
images
webseiten auf deutsch
sitios en español
Martirologio Romano, 2001 edición
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fonti in italiano
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Readings
Adorned with wisdom and grace, O blessed Syncletica,
Thou wast unshaken by hostile attacks. Ever pray for those who celebrate thy
memory. – troparion of Saint Syncletica
Illustrious with rays of heavenly virtue, O Godbearing
Syncletica thou didst blunt the goads of the ancient enemy, and bring a company
of virgins to the bridal chamber. Together with them pray for us that we may
find mercy. – kontakion of Saint Syncletica
MLA Citation
“Saint Syncletica“. CatholicSaints.Info. 18
September 2021. Web. 5 January 2022.
<https://catholicsaints.info/saint-syncletica/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/saint-syncletica/
St. Syncletica, Virgin
SHE was
born at Alexandria in Egypt, of wealthy Macedonian parents. From her infancy
she had imbibed the love of virtue, and in her tender years she consecrated her
virginity to God. Her great fortune and beauty induced many young noblemen to
become her suitors for marriage; but she had already bestowed her heart on her
heavenly spouse. Flight was her refuge against exterior assaults, and,
regarding herself as her own most dangerous enemy, she began early to subdue
her flesh by austere fasts and other mortifications. She never seemed to suffer
more than when obliged to eat oftener than she desired. Her parents, at their
death, left her heiress to their opulent estate; for the two brothers she had,
died before them; and her sister being blind, was committed entirely to her
guardianship. Syncletica, having soon distributed her fortune among the poor,
retired with her sister into a lonesome monument, on a relation’s estate;
where, having sent for a priest, she cut off her hair in his presence, as a
sign whereby she renounced the world, and renewed the consecration of herself
to God. Mortification and prayer were from that time her principal employment;
but her close solitude, by concealing her pious exercises from the eyes of the
world, has deprived us in a great measure of the knowledge of them.
The
fame of her virtue being spread abroad, many women resorted to her abode to
confer with her upon spiritual matters. Her humility made her unwilling to take
upon herself the task of instructing, but charity, on the other side, opened
her mouth. Her pious discourses were inflamed with so much zeal, and
accompanied with such an unfeigned humility, and with so many tears, that it
cannot be expressed what deep impressions they made on her hearers. “Oh,” said
the saint, “how happy should we be, did we but take as much pains to gain
heaven and please God, as worldings do to heap up riches and perishable goods!
By land they venture among thieves and robbers; at sea they expose themselves
to the fury of winds and storms; they suffer shipwrecks, and all perils; they
attempt all, try all, hazard all; but we, in serving so great a master, for so
immense a good, are afraid of every contradiction.” At other times, admonishing
them of the dangers of this life, she was accustomed.to say: “We must be
continually upon our guard, for we are engaged in a perpetual war; unless we
take care, the enemy will surprise us, when we are least aware of him. A ship
sometimes passes safe through hurricanes and tempests, yet, if the pilot, even
in a calm, has not a great care of it, a single wave, raised by a sudden gust,
may sink her. It does not signify whether the enemy clambers in by the window,
or whether all at once he shakes the foundation, if at last he destroys the
house. In this life we sail, as it were, in an unknown sea. We meet with rocks,
shelves and sands; sometimes we are becalmed, and at other times we find
ourselves tossed and buffeted by a storm. Thus we are never secure, never out
of danger; and, if we fall asleep, are sure to perish. We have a most
intelligent and experienced pilot, at the helm of our vessel, even Jesus Christ
himself, who will conduct us safe into the haven of salvation, if, by our
supineness, we cause not our own perdition.” She frequently inculcated the
virtue of humility, in the following words: “A treasure is secure so long as it
remains concealed; but when once disclosed, and laid open to every bold
invader, it is presently rifled; so virtue is safe as long as secret, but, if
rashly exposed, it but too often evaporates into smoke. By humility, and
contempt of the world, the soul, like an eagle, soars on high, above all
transitory things, and tramples on the backs of lions and dragons.” By these,
and the like discourses, did this devout virgin excite others to charity,
humility, vigilance, and every other virtue
The
devil, enraged to behold so much good, which all his machinations were not
capable to prevent, obtained permission of God, for her trial, to afflict this
his faithful servant, like another Job: but even this served only to render her
virtue the more illustrious. In the eightieth year of her age she was seized
with an inward burning fever, which wasted her insensibly by its intense heat;
at the same time an imposthume was formed in her lungs; and a violent and most
tormenting scurvy, attended with a corroding hideous stinking ulcer, ate away
her jaws and mouth, and deprived her of her speech. She bore all with
incredible patience and resignation to God’s holy will; and with such a desire
of an addition to her sufferings, that she greatly dreaded the physicians would
alleviate her pains. It was with difficulty that she permitted them to pare
away or embalm the parts already dead. During the three last months of her
life, she found no repose. Though the cancer had robbed her of her speech, her
wonderful patience served to preach to others more movingly than words could
have done. Three days before her death she foresaw, that on the third day she
should be released from the prison of her body; and on it, surrounded by a
heavenly light, and ravished by consolatory visions, she surrendered her pure
soul into the hands of her Creator, in the eighty-fourth year of her age. The
Greeks keep her festival on the 4th, the Roman Martyrology mentions her on the
5th of January. 1 The
ancient beautiful life of St. Syncletica is quoted in the old lives of the
fathers published by Rosweide, l. 6, and in the ancient notes of St. John
Climacus. It appears, from the work itself, that the author was personally
acquainted with the saint. It has been ascribed to St. Athanasius, but without
sufficient grounds. It was translated into French, though not scrupulously, by
d’Andily, Vies des SS. Pères des Déserts, T. 3. p. 91. The antiquity of this
piece is confirmed by Montfaucon, Catal. Bibl. Coislianæ, p. 417.
Note
1. She must not have lived later than the
fourth century, for we find her life quoted in the fifth and sixth; and as she
lived eighty-four years, she could not at least be much younger than St.
Athanasius. From the age in which she lived, she is thought by some to have
been the first foundress of nunneries, or religious women living in community,
as St. Antony was of men. On this head consult Helyott, Hist. des Ord. and Mr.
Stephens in his English Monasticon, c. 1. p. 16. However, St. Antony’s sister
found a nunnery erected when she was but young, and this was prior to the time
of Constantine the Great. [back]
Rev. Alban Butler (1711–73). Volume
I: January.The Lives of the Saints. 1866.
SOURCE : https://www.bartleby.com/210/1/053.html
On this day: Amma Syncletica
Jan 5, 2011
On this day the Roman
Catholic Church, the Orthodox Church, and the Eastern Catholic Churches
commemorate Amma Syncletica of Alexandria, 380 - c.460.
To see an icon of Amma
Syncletica by Eileen McGuckin, click here.
"Amma Syncletica was born in Alexandria into a well-respected Christian
family of Macedonian heritage. Her two brothers died at relatively young ages
and her sister was blind. Syncletica began her ascetical practices in her
parents' home. She was well educated and had a reputation for her beauty.
"At the death of her parents, Amma Syncletica sold all her possessions and
distributed the family wealth among the poor. She then cut her hair as a sign
of consecration and moved with her blind sister to the family tomb outside
Alexandria. Here she began her life as a desert ascetic.
"As women began to gather around her, Amma Syncletica reluctantly agreed
to serve as their spiritual mentor, training them in the disciplines of the
inner life."
"Amma Syncletica lived into her eighties and died after three and a half
years of intense physical suffering, most likely from cancer. 'For this is the
great asceticism: to control oneself in illness and to sing hymns of
thanksgiving to God.'"
--from The Forgotten Desert Mothers: Sayings, Lives, and Stories of
Early Christian Women, by Laura Swan, O.S.B.
Sr. Swan's book, in addition to chapters on Ammas and Deaconesses, contains a
Timeline of the Forgotten Desert Mothers, a Calendar of Feasts of Holy Women,
the Ordination Rite of Deacons, and a Bibliography helpful to anyone interested
in the roles filled by women in the early Church.
SOURCE : https://www.ncronline.org/blogs/ncr-today/day-amma-syncletica
SARAH, THEODORA, AND
SYNCLETICA OF EGYPT
"DESERT
MOTHERS", 4th - 5th c.
The Desert Mothers were
female Christian ascetics living in the desert of Egypt, Palestine, and Syria
in the 4th and 5th centuries AD. They typically lived in the monastic
communities that began forming during that time, though sometimes they lived as
hermits. Other women from that era who influenced the early ascetic or monastic
tradition while living outside the desert are also described as Desert Mothers.
The Desert Fathers are
much more well known because most of the early lives of the saints "were
written by men for a male monastic audience" — the occasional stories
about the Desert Mothers come from the early Desert Fathers and their
biographers. Many desert women had leadership roles within the Christian
community. There are several chapters dedicated to the Desert Mothers in
the Lausiac History by Palladius, who mentions 2,975 women living in
the desert. Other sources include the various stories told over the years about
the lives of saints of that era, traditionally called vitae ("life").
The lives of twelve female desert saints are described in Book I of Vitae
Patrum (Lives of the Fathers).
The Desert Mothers were
known as ammas ("spiritual mothers"), comparable to the
Desert Fathers (abbas), due to the respect they earned as spiritual teachers
and directors. One of the most well known Desert Mothers was Amma Syncletica of
Alexandria, who had twenty-seven sayings attributed to her in the Apophthegmata
Patrum, or Sayings of the Desert Fathers. Two other ammas, Theodora
of Alexandria and Amma Sarah of the Desert, also had sayings in that book.
According to written
accounts, Amma Syncletica might have been born around AD 270 (since she
died about AD 350 and is said to have lived to her eighties), to wealthy
parents in Alexandria and was well educated, including an early study of the
writings of Desert Father Evagrius Ponticus. After the death of her parents, she
sold everything she had and gave the money to the poor. Moving outside the city
with her blind sister, she lived as a hermit among the tombs outside of
Alexandria. Gradually a community of women ascetics grew up around her, who she
served as their spiritual mother. Even though she was an ascetic and hermit,
Syncletica taught moderation, and that asceticism was not an end in itself.
Theodora of Alexandria
was the amma of a monastic community of women near Alexandria. Prior
to that, she had fled to the desert disguised as a man and joined a community
of monks. She was sought out by many of the Desert Fathers for
advice—reportedly Bishop Theophilus of Alexandria came to her for counsel.
Sarah of the Desert's
sayings indicate that she was a hermit living by a river for sixty years. Her
sharp replies to some of the old men who challenged her show a distinctly
strong personality. According to one story, two male anchorites visited her in
the desert and decided, "Let's humiliate this old woman." They said
to her, "Be careful not to become conceited thinking to yourself:
"Look how anchorites are coming to see me, a mere woman." She
replied, "According to nature I am a woman, but not according to my
thoughts."
Sayings:
Amma Sarah said, "If
I prayed God that all people should approve of my conduct, I should find myself
a penitent at the door of each one, but I shall rather pray that my heart may
be pure toward all."
Amma Syncletica said,
"In the beginning there are a great many battles and a good deal of
suffering for those who are advancing towards God and afterwards, ineffable
joy. It is like those who wish to light a fire; at first they are choked by the
smoke and cry, and by this means obtain what they seek ... so we must also
kindle the divine fire in ourselves through tears and hard work."
Amma Syncletica said,
"There are many who live in the mountains and behave as if they were in
the town; they are wasting their time. It is possible to be a solitary in one's
mind while living in a crowd; and it is possible for those who are solitaries
to live in the crowd of their own thoughts."
Amma Theodora said that
neither asceticism, nor vigils, nor any kind of suffering are able to save.
Only true humility can do that. There was a hermit who was able to banish the
demons. And he asked them: "What makes you go away? Is it fasting?"
They replied: "We do not eat or drink." "Is it vigils?"
They said: "We do not sleep." "Then what power sends you
away?" They replied: "Nothing can overcome us except humility
alone." Amma Theodora said: "Do you see how humility is victorious
over the demons?"
SOURCE : http://satucket.com/lectionary/desert_mothers.html
Commemorated on January 5
St. Syncletica was a
native of Alexandria and the daughter of rich parents. She was beautiful, but
from a young age, she thought only about things pleasing to God. Loving the
purity of virginity, she refused to marry anyone, and spent all her time in fasting
and prayer.
After the death of her
parents, she distributed her inheritance to the poor. She left the city
together with her younger sister, and lived in a crypt for the rest of her
life.
News of her ascetic deeds
quickly spread throughout the vicinity, and many devout women and girls came to
live under her guidance. During the course of her ascetic life, the saint
zealously instructed the sisters by word and by deed.
In her eightieth year,
she was struck by an intense illness. The nun bore her ordeal with true
Christian endurance, and the time of her death was revealed to her in a vision.
After giving final instructions to her nuns, she surrendered her soul to God
around the year 350.
By permission of the
Orthodox Church in America (www.oca.org)
SOURCE : http://ww1.antiochian.org/node/17319
Synkletike
auch: Syncletica,
Gedenktag
katholisch: 5. Januar
Gedenktag orthodox:
5. Januar
Name bedeutet: die
Auserlesene (griech.)
Einsiedlerin, Mystikerin, Äbtissin in der Sketischen Wüste (?)
* um 320 in Alexandria in Ägypten
† um 400 daselbst
Fresko in der Kapelle an Thodosios' Grab im Kloster Agiou Theodosiou tou Neou nahe Agia
Triada bei Argos
Synkletike entstammte der
Überlieferung nach einer reichen und frommen Familie. Mehrere Heiratsanträge
lehnte sie ab, sie wollte ein tugendhaftes Leben führen; nach dem Tod ihrer
Eltern verteilte sie ihr Erbe an die Armen und zog sich als Einsiedlerin in
eine Höhle zurück und unterrichtete dort als geistliche Führerin viele Frauen
in asketischer Lebensweise. Sie war mystisch begabt. Am Ende ihres Lebens erbat
der Versucher von Gott die Erlaubnis, sie auf die Probe stellen - so wie er das
bei Ijob getan
hatte. Synkletike wurde mit mannigfachen Leiden gepeinigt, aber sie bleib trotz
ihres hohen Alters standhaft im Glauben und in der Askese, bis sie im Alter von
84 Jahren starb.
Von Synkletike sind etwa
40 Aussprüche erhalten. Ihre Lebensgeschichte stammt wohl aus dem 5.
Jahrhundert.
Worte der Heiligen
Wir sind im Leben
vielfachen Versuchungen ausgesetzt. Synkletike rät, wie wir ihnen begegnen
sollen:
Vielfach sind die Nachstellungen des Teufels. Kann er die Seele nicht durch
Armut abbringen, dann bringt er den Reichtum als Köder herbei. Vermag er nichts
durch Schmach und Schande, dann hält er ihr Lob und Ehre vor. Wenn er durch
Gesundheit Niederlagen einstecken muss, macht er den Leib krank. Wenn er mit
den Lüsten nicht täuschen kann, dann versucht er, durch ungewollte
Anstrengungen den Umschwung herbeizuführen. Er führt gewisse sehr schwere
Krankheiten herbei, wenn es ihm erlaubt wird, um bei denen, die kleinmütig
werden, die Liebe zu Gott zu verdunkeln. Da wird dann der Leib durch die
heftigsten Fieberschauer aufgerieben und durch unerträglichen Durst belästigt.
Wenn du als Sünder das auszustehen hast, dann erinnere dich der kommenden
Strafe und des ewigen Feuers und der vom Richter verhängten Qualen, und sei
wegen der Gegenwart nicht verzagt. Freue dich, dass dich Gott heimgesucht hat,
und habe jenes wohlklingende Wort auf der Zunge: Züchtigend hat Gott mich
gezüchtigt, aber mich nicht dem Tode überantwortet (Psalm 117, 18). Du warst
wie Eisen, aber durch das Feuer brennst du den Rost weg; wenn du aber als
Gerechter der Krankheit verfällst, so wirst du vom Großen zu Größerem
fortschreiten. Gold bist du, aber durch das Feuer wirst du noch bewährter. Ein
Engel wurde dir für das Fleisch bestellt (2. Korintherbrief 12, 7). Freue dich!
Siehe, wem du gleich geworden bist! Denn des Loses des heiligen Paulus wurdest
du gewürdigt. … In solchen Übungen lasst uns unsere Seelen bilden. Denn vor
Augen sehen wir den Feind.
Quelle: Weisung der
Väter. Apophthegmata Patrum, auch Gerontikon oder Alphabeticum genannt.
Übersetzt von Bonifaz Miller. Freiburg i. B. 1965, Nr. 898
Zitate von Synkletike:
Einige Schwestern fragten
die hl. Synkletike: Was muss man tun, um gerettet zu werden? Sie hat
einen Seufzer ausgestoßen, bitterlich geweint und dann gesagt: Wir alle
wissen, was man tun muss, um gerettet zu werden, aber wegen unserer
Nachlässigkeit können wir unsere Rettung verlieren. Vor allen Dingen und immer
mehr und mehr sollen wir alles daransetzen, das Gebot des Herrn zu halten: Du
sollst den Herrn, deinen Gott, lieben mit ganzem Herzen, mit ganzer Seele, mit
deinem ganzen Gemüt, und du sollst deinen Nächsten lieben wie dich selbst (Matthäusevangelium
22, 37ff). Also, in dieser doppelten Liebe besteht die Rettung.
So wie es unmöglich ist, ein Schiff zu bauen ohne Nägel, so kann auch ein
Mensch ohne Demut nicht selig werden.
Wie es unmöglich ist, dass das Gras auf dem Sand wächst, so ist auch unmöglich,
dass jemand, der nach Vergnügen und oberflächlichen Gesprächen sucht, die
himmlische Frucht hervorbringen könne. Denn der Herr sagt: Niemand kann
zwei Herren dienen (Matthäusevangelium 6, 24).
Das Leben des Mönchs ähnelt dem Garten Eden, es muss durch die Flamme des
zuckenden Schwertes (vgl. 1. Mose 5, 24) bewacht werden; und zwar durch die
Gebete und Gedanken an Gott.
Je mehr Fortschritte die Wettkämpfer machen, desto stärker müssen die
Gegenspieler sein, mit denen sie kämpfen.
Quelle: Weisung der Väter. Apophthegmata Patrum, auch Gerontikon oder Alphabeticum genannt. Übersetzt von Bonifaz Miller. Freiburg i. B. 1965, Nr. Nr.1063, 903
Meterikon. Die Weisheit der Wüstenmütter, hrsg. und übersetzt von Martirij
Bagin und Andreas-Abraham Thiermeyer. Augsburg 2004, Nr. 54, 58, 79
zusammengestellt von Abt
em. Dr. Emmeram Kränkl OSB, Benediktinerabtei Schäftlarn, für die Katholische
SonntagsZeitung
SOURCE : https://www.heiligenlexikon.de/BiographienS/Synkletike.html
Voir aussi : https://www.johnsanidopoulos.com/2011/01/saint-syncletike-of-alexandria.html