mercredi 5 janvier 2022

Sainte SYNCLÉTIQUE d'ALEXANDRIE, vierge moniale

 

Синклитикия Александрийская, прп. Константинополь. 985 г. Миниатюра Минология Василия II. Ватиканская библиотека. Рим.

Synclitica d'Alexandrie, St. Constantinople. 985. Minologie miniature de Vasily II. Bibliothèque vaticane. Rome.

Righteous Syncletica of Alexandria, Menologion of Basil II



Sainte Synclétique

Moniale en Égypte (IVe siècle)

Née au sein d'une noble famille chrétienne de Macédoine qui était venue s'établir à Alexandrie, la bienheureuse Synclétique décida de n'avoir pour époux que le Christ. Son rayonnement spirituel lui fit jouer auprès de ses compagnes un rôle analogue à celui de saint Antoine d'Égypte auprès de ses disciples. On peut la considérer comme étant la fondatrice du monachisme féminin en Orient. Saint Athanase a écrit sa vie.

À Alexandrie, en Égypte, au IVe siècle, sainte Synclétique, vierge, qui, après la mort de ses parents, distribua aux pauvres tous ses biens et vécut jusqu'à plus de quatre-vingts ans dans la retraite, la prière et la plus grande austérité.

Martyrologe romain

SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/5060/Sainte-Syncletique.html

Synclétique dit : « Lorsque nous sommes dans une communauté, préférons l’obéissance à l’ascèse. Celle-ci, en effet, enseigne l’orgueil, celle-là l’humilité. » Elle dit encore : « Il nous faut gouverner notre âme avec discernement et, vivant en communauté, ne pas rechercher ce qui est nôtre, ni suivre notre opinion personnelle, mais obéir à notre père selon la foi. »

Synclétique dit : « Si tu te trouves dans une communauté, ne change pas de lieu, car cela te nuirait grandement. En effet, comme l’oiseau qui abandonne les œufs qu’il couvait les empêche d’éclore, ainsi le moine ou la vierge se refroidissent et meurent dans la foi en passant d’un lieu à un autre. »

Synclétique dit : « De même que les drogues les plus âcres expulsent les animaux venimeux, ainsi la prière jointe au jeûne chasse-t-elle la mauvaise pensée. »

On demanda à la bienheureuse Synclétique si la pauvreté est un bien parfait. Elle dit : C’est un bien très parfait pour ceux qui le peuvent. Ceux qui la supportent, en effet, sont dans l’affliction de la chair mais dans le repos de l’âme ; car, de même que l’on lave les vêtements résistants en les foulant aux pieds et en les retournant dans tous les sens, de même l’âme forte devient-elle beaucoup plus solide grâce à la pauvreté volontaire. »

Synclétique dit encore : « De même qu’il est impossible de construire un navire si l’on n’a pas de clous, de même est-il impossible de se sauver sans humilité. »

La mère Synclétique dit : « Il y a au commencement beaucoup de luttes et de peines pour ceux qui s’avancent vers Dieu, et ensuite une joie ineffable. En effet, comme ceux qui veulent allumer du feu sont d’abord dans la fumée et pleurent, et par ce moyen obtiennent ce qu’ils cherchaient - il est dit en effet : Notre Dieu est un feu dévorant (Deut. 4,24), de même devons nous, nous aussi, allumer le feu divin avec des larmes et de la peine. »

Amma Synclétique dit : « Beaucoup de ceux qui sont dans la montagne, agissant comme des citadins, ont couru à leur perte ; et beaucoup de ceux qui sont dans les villes font des œuvres du désert et se sauvent. Il est possible, en effet, au milieu de la multitude, de vivre seul en esprit, et, demeurant isolé, de vivre par la pensée au milieu des foules. »

La bienheureuse Synclétique dit : « Il faut que nous qui avons choisi cette profession nous gardions une tempérance parfaite. En effet, même chez les séculiers la tempérancesemble être pratiquée, mais l’intempérance cohabiteavec elle parce qu’ils pèchentavec leurs autres sens. En effet, ils regardent sans pudeur et rient sans mesure. »

Elle dit encore : « Que ne te séduisent pas les délices des riches selon le monde comme ayant quelque utilité. Pour leur plaisir, ils font grand cas de l’art culinaire. Et toi, par le jeûne et grâce à des nourritures bon marché, dépasse leur abondance. L’Écriture dit en effet : L’âme qui est dans l’abondance se moque des rayons de miel ! (Prov. 27, 7) Ne te goinfre pas de pain et tu ne désireras pas de vin, »

La bienheureuse Synclétique dit : « Les aiguillons du diable sont nombreux. S’il n’a pas ébranlé l’âme par le dénuement, il lui propose comme une amorce la richesse. Il n’a pas réussi par les injures et les opprobes ? Il propose les louanges et la gloire. Est-il vaincu par la santé ? Il rend le corps malade. N’ayant pu tromper par les plaisirs, il essaie de retourner l’âme par les peines involontaires : il amène en effet, après en avoir demandé la permission de très graves maladies afin d’affaiblir ainsi les hommes et de troubler leur amour pour Dieu. Mais, même si le corps est déchiré, même s’il est consumé par de très fortes fièvres ou encore accablé par une soif intolérable, si tu subis cela alors que tu es pécheur, souviens-toi du châtiment à venir, du feu éternel et des peines de la justice, et ne te décourage pas devant le présent ; réjouis-toi plutôt de ce que Dieu t’ait regardé, et aie sur les lèvres cette parole bénie : Le Seigneur m’a vraiment puni et il ne m’a pas livré à la mort (Ps. 117, 18). Tu étais de fer, mais par le feu tu as évacué la rouille. Mais si, au contraire, tu deviens malade alors que tu es juste, tu progresses du plus petit au plus grand. Tu es de l’or, mais par le feu tu es devenu mieux éprouvé. Un ange a-t-il été donné à ta chair comme aiguillon (Cf. II Cor. 12, 7) ? Réjouis-toi, considère à qui tu es devenu semblable : c’est de la part de Paul, en effet, que tu as été jugé digne. Es-tu mis à l’épreuve par la fièvre et éduqué par le froid ? Mais l’Écriture dit : Nous sommes passés par le feu et par l’eau, et maintenant le lieu du rafraîchissement nous est préparé (Ps. 65, 12). Tu as obtenu le premier, attends le second. Pratiquant la vertu, procleme la parole du saint David ; ildit en effet : Je suis pauvre, misérable et malade (Ps. 68, 30). Par cette triade d’afflictions, tu deviendras parfait ; il dit en effet : Dans l’affliction, tu m’as mis au large (Ps. 4, 1). C’est surtout dans ces exercices qu’il faut entraîner nos âmes, car nous voyons l’adversaire en face. »

Elle dit encore : « Si nous sommes malades, ne nous attristons pas sous prétexte que, à cause de la maladie et de l’affaiblissement du corps, nous ne pouvons pas nous tenir en prière ou chanter des psaumes à haute voix ; tout cela avait pour but la suppression de nos désirs. En effet, jeûner ou coucher sur la dure nous sont precrits à cause des plaisirs honteux. Si donc la maladie émousse ces plaisirs, la raison d’être de ces pratiques est superflue. Que dis-je superflue ? Ces menaces mortelles (des passions) sont en effet apaisées par la maladie comme par un remède supérieur et puissant. Et voici la grande ascèse : supporter patiemment les maladies et adresser au Tout-Puissant des hymnes d’action de grâces. Perdons-nous la vue ? Ne le supportons pas péniblement, puisque nous avons perdu l’instrument d’un désir insatiable, mais que, par le regard intérieur, nous regardons comme dans un miroir la gloire du Seigneur. Sommes-nous devenus sourds ? Rendons grâces d’évacuer complètement les vaines nouvelles. Nos mains sont-elles malades ? Mais nous avons nos mains intérieures prêtes à combattre l’adversaire. Le corps est-il totalement pris dans la maladie ? La santé de l’homme intérieur augmente davantage. »

Elle dit encore : « Dans le monde, ceux qui ont commis une faute, même involontairement, sont jetés en prison ; et nous, à cause de nos fautes, emprisonnons-nous nous-mêmes afin que ce jugement volontaire fasse fuir le châtiment futur. Jeûnes-tu ? Ne prétexte pas les maladies, car ceux qui ne jeûnent pas tombent dans des maladies semblables. As-tu commencé à bien agir ? Ne te laisse pas arrêter par les obstacles de l’ennemi, car lui-même sera paralysé par ton endurance. En effet, ceux qui entreprennent de naviguer profitent d’abord d’un vent favorable après avoir déployé leurs voiles ; quand ensuite ils se heurtent à un vent contraire, les marins ne dégréent pas pour autant leur navire, mais, attendant un peu ou même luttant contre la tempête, ils poursuivent leur navigation. Ainsi en va-t-il pour nous lorsque le vent adverse s’oppose à nous : achevons sans crainte notre navigation, en déployant la croix en guise de voile. »

Sainte Synclétique dit : « De même qu’un trésor découvert est bientôt dépensé, de même disparaît une vertu que l’on fait connaître en la publiant. Car, comme la cire fond à l’approche du feu, ainsi l’âme se dissipe-t-elle du fait des louanges et perd-elle sa vigueur. »

Elle dit encore : « De même qu’il n’est pas possible d’être en même temps plante et graine,  de même nous est-il impossible, tant que nous sommes entourés de la gloire mondaine,  de porter un fruit céleste. »


Enseignements des Mères du désert Synclétique, Théodora et Sara. Quelques saintes femmes de l’histoire lausiaque

VIE ET ENSEIGNEMENTS DE SAINTE SYNCLÉTIQUE

SENTENCES DES MÈRES DU DÉSERT
    AMMA THÉODORA
    AMMA SARRA

QUELQUES SAINTES FEMMES DE L’HISTOIRE LAUSIAQUE

Vie et enseignements de sainte Synclétique

Nous connaissons peu la vie de sainte Synclétique. Une biographie ancienne, La vie de sainte Synclétique (Bellefontaine, SO 9, 1972) donne un minimum d’informations sur sa vie ; les deux tiers du texte contiennent des enseignements de sainte Synclétique, sous la forme d’un long discours adressé aux moniales du monastère fondé par la sainte.

Sainte Synclétique naquit à Alexandrie au IVe siècle, de riches et pieux parents chrétiens originaires de Macédoine. Sa grande beauté, son intelligence et ses nombreuses vertus la faisaient convoiter par un grand nombre de prétendants dès son jeune âge, mais elle restait sourde et aveugle à tous les attraits de ce monde pour n'aspirer qu'au mariage spirituel avec le Christ, l'Epoux céleste. Réduisant sa chair en servitude par les jeûnes et toutes sortes d'austérités, elle rassemblait sans relâche son esprit au fond de son cœur.

À la mort de ses parents, elle distribua sa grande fortune aux pauvres et, s'enfuyant loin de la ville en compagnie de sa sœur aveugle, elle se consacra pour toujours à Dieu en se faisant tondre la chevelure par un prêtre. C'est ainsi qu'elle devint la fondatrice du monachisme féminin, comme saint Antoine le Grand le fut pour les hommes. Elle progressa rapidement dans l’ascèse et la pratique des vertus et elle prenait le plus grand soin à garder ses combats cachés aux yeux des hommes, afin de ne pas perdre la récompense finale. En nombre grandissant, de ferventes jeunes femmes venait à elle en la pressant de leur communiquer instructions et conseils pour leur salut. Tout d'abord par humilité la Sainte refusa de rompre son silence; mais finalement, pressée par la charité, elle céda à leurs instances et leur révéla les trésors de sagesse et de science que le Saint-Esprit avait déposés dans son cœur. Nous présentons quelques extraits de l’enseignement de sainte Synclétique.

Au sacrifice volontaire de l'ascèse, elle ajouta dans les dernières années de sa vie la patience dans les épreuves et la maladie : des fièvres continues et des troubles pulmonaires usaient son corps lentement. Vers l'âge de 85 ans commença une période de trois ans et demi de souffrance dues à une maladie (probablement un cancer) qui brûlait peu à peu ses organes, lui occasionnant des douleurs cruelles et inhumaines. La sainte supportait cependant ces épreuves avec patience et action de grâces, et en profitait même pour instruire ses disciples, en disant: " Si la maladie nous accable, ne soyons pas dans l'affliction comme si, à cause de l'abattement de notre corps, nous ne pouvions pas chanter; car toutes ces choses sont pour notre bien et la purification de nos convoitises ". Elle perdit la voix et la maladie attaqua son corps par la gangrène et la putréfaction et c'est ainsi qu'à l'issue d'un martyre de trois mois, elle partit vers le Seigneur.

Enseignements de Sainte Synclétique

CONTRE L'ORGUEIL ET LE DÉSESPOIR

49. Celui qui est tombé trouvera le salut en se convertissant et en pleurant ses péchés. Toi, qui es debout, prends garde à toi-même. Tu as, en effet, deux choses à craindre : retourner à tes vieux péchés, l'ennemi profitant de ta négligence pour t'attaquer, ou bien être renversée dans ta course. Car notre ennemi, le diable, ou bien nous attire à lui de derrière lorsqu'il voit l'âme nonchalante et relâchée; ou bien semble-t-elle pleine de zèle et généreuse à l'ascèse ? il l'attaque subtilement et secrètement par l'orgueil; il la perd ainsi sans merci. Cet appât est le dernier et le nerf de tous les maux. C'est ce qui a causé sa propre chute; c'est aussi par lui qu'il s'efforce de venir à bout des hommes les plus forts. Les guerriers les plus redoutables commencent par utiliser les armes les plus légères, puis, quand l'ennemi se fait encore plus pressant, ils brandissent, plus puissant que tout, le glaive. De même le diable : après avoir épuisé ses premiers harpons, il se sert finalement de son épée, l'orgueil.

Quels étaient ses premiers filets ? Évidemment la gloutonnerie, l'amour du plaisir, la fornication. Ces esprits (mauvais) accompagnent surtout les jeunes années. Viennent ensuite l'avarice, la cupidité et autres vices semblables. Lorsque la malheureuse âme a dominé ces passions, lorsque l'estomac est dompté, lorsque le sentiment de sa dignité lui a permis de surmonter les plaisirs vulgaires, lorsqu'elle a méprisé l'argent, alors, pressé de partout, le malin suscite en elle un mouvement de révolte : il l'élève pour la dresser déraisonnablement contre ses sœurs. Redoutable et fatal, ce poison de l'ennemi ! Il en a ainsi aveuglé beaucoup d'un seul coup et (les) a jetés bas. Il suscite en l'âme une pensée mensongère et funeste. Il lui fait croire qu'elle l'emporte pour ce qui est du jeûne, et lui présente une foule d'actes héroïques. Il lui fait oublier toutes ses fautes pour la dresser contre son entourage, et cela, non pour lui être utile, mais pour qu'il ne puisse dire cette parole qui le guérirait : "  Contre toi seul j'ai péché; aie pitié de moi, Seigneur " (cf. Ps 50,6 ; 6,3). Il l'empêche aussi de dire : " Je te confesserai, Seigneur, de tout mon cœur " (Ps 100,1). "  De la même manière dont il s'est dit en lui-même : "   J'escaladerai (les cieux) et j'érigerai mon trône " (Is 14,14) -, ainsi il lui représente des charges importantes, des préséances, et même des chaires d'enseignement et des pouvoirs de guérisseur. Cette illusion cause sa corruption et sa perte, et la voilà atteinte d'une blessure incurable. […]

51. Ce mal (de l'orgueil) est précédé par un autre, la désobéissance. Par conséquent, c'est la vertu contraire, l'obéissance, qui peut purifier cet ulcère qui ronge l'âme : "  L'obéissance, est-il dit, vaut mieux que le sacrifice. " 

52. Il faut donc, tantôt purifier de la gloriole, tantôt aussi louer et admirer. Si en effet l'âme est négligente, relâchée et si elle s'engourdit dans sa marche vers le bien, il convient de la (stimuler) par des éloges; fait-elle quelque progrès ? C'est le moment de l'admirer et d'en faire cas; les fautes graves et indignes d'un homme, il faut les minimiser, les dire sans importance. Car le diable, qui désire jeter le désordre partout, s'efforce de cacher les fautes de celles qui pratiquent l'ascèse avec zèle : il veut augmenter leur orgueil. Quant aux âmes qui débutent et qui sont à peine engagées (dans la vertu), il étale leurs fautes aux yeux de tous et engendre en elles le désespoir; à l'une il suggère : " Toi qui as forniqué, comment seras-tu pardonnée ? " À une autre : " Tu as été si cupide; tu ne peux être sauvée. " Les âmes ainsi ébranlées, encourageons-les de cette manière : Rahab était une prostituée, mais sa foi l'a sauvée (cf. Hé 11,31). Paul, le persécuteur, est devenu un " vase d'élection " (Ac 9,15). Matthieu était un publicain : personne pourtant n'ignore la grâce qu'il a reçue (cf. Mt 9,9). Le larron volait et tuait : il fut pourtant le premier à franchir la porte du paradis (Lc 23,43). Fixe donc les yeux sur ceux-là, et ne désespère pas de ton âme.

53. Pour celles qui sont en proie à l'orgueil, qu'on leur procure le remède de l'exemple de celles qui en font plus. Disons à l'orgueilleuse : "   Pourquoi t'enfler ainsi, sous prétexte que tu ne manges pas de viande ? Mais il en est qui ne voient même jamais de poisson. Tu ne bois pas de vin ? Regarde d'autres ne prennent même pas d'huile. Tu jeûnes jusqu'à une heure tardive ? D'autres tiennent deux ou trois jours de suite sans nourriture. Est-ce parce que tu ne prends pas de bain que tu n'en fais accroire ? Mais beaucoup, mêmes malades, n'en ont pas usé du tout. Tu es fière de dormir sur une peau et sur une natte de crin ? D'autres couchent toujours à même la terre. Et quand même tu pratiquerais tout cela, la belle affaire ! Certains mettaient des cailloux sous eux pour que leur corps n'éprouvât aucun plaisir; d'autres se sont suspendus toute une nuit. Même si tu avais fait cela, si tu étais arrivée à la plus parfaite ascèse, ne t'en fais pas accroire. Car les démons en ont fait, et en font, plus que toi : ils ne mangent pas, ne boivent pas, ne se marient pas, ne dorment pas; bien plus, ils vivent dans les déserts, si toi, habitant dans une grotte, tu t'imagines faire un exploit.

54. C'est donc ainsi, et par de tels raisonnements, que l'on peut guérir les deux passions opposées, le désespoir et l'orgueil. En effet, de même qu'un feu violemment attisé se dissémine et meurt, et s'il n'y a pas de vent, s'éteint pareillement, ainsi la vertu est volatilisée par l'arrogance alors même qu'elle se fait une grande violence dans l'ascèse. Mais la négligence gâte pareillement le bien, quand nous n'agissons pas totalement dans la direction du souffle de l'Esprit Saint. Une épée d'acier trempé est facilement brisée par une pierre sur l'enclume; il en va de même pour une ascèse rigide : l'orgueil en a vite raison. Il est donc nécessaire de prémunir son âme de tous côtés, d'incliner sous les ombrages une ascèse excessive que brûle le feu ardent de l'orgueil, quelquefois aussi de couper les gourmands superflus pour que la racine devienne plus florissante.

55. Quant à celui qu'accable le désespoir, il faut s'efforcer de le relever par les réflexions dont j'ai parlé plus haut. En effet, l'âme qui tombe à terre se trouve tout à fait vile et méprisable. Quand les meilleurs cultivateurs voient une plante chétive et faible, ils l'arrosent abondamment et pensent devoir mettre tout leur soin à la faire grandir. Mais quand, sur la plante, ils distinguent une pousse précoce, ils coupent ses gourmands, car d'ordinaire ceux-ci ne tardent pas à se dessécher. Et voyons les médecins : ils nourrissent certains malades abondamment et les poussent à se promener; les autres, ils les enferment et les gardent le plus possible à jeun.

L'HUMILITÉ

56. De toute évidence, l'orgueil est donc le plus grand des maux. De ce fait, son contraire, l'humilité, prend toute sa valeur. Mais elle est une vertu difficile à acquérir. Car si l'on n'est pas étranger à toute gloriole, on ne peut faire sien ce trésor. L'humilité est une perfection si haute que toutes les vertus, le diable peut avoir l'air de les imiter, tandis que celle-ci, il n'en peut absolument rien connaître. Sachant bien la sécurité et la fermeté qu'elle procure, l'apôtre Pierre nous recommande de nous revêtir d'humilité (1 P 5,5) et de nous en envelopper pour accomplir toutes les choses les plus profitables. Soit que tu jeûnes, soit que tu fasses l'aumône ou que tu enseignes, quand bien même tu es remplie de sagesse et d'intelligence, dresse-la encore près de toi comme un mur inexpugnable. Que l'humilité, la plus belle des vertus, les enserre et les maintienne en " bouquet ". Considère le cantique des trois enfants (Dn 3,87), comment, sans faire mention des autres vertus, ce sont les humbles qu'ils ont mis au nombre des chanteurs, ne citant pas les sages ni les pauvres. Il est impossible de construire un navire sans clous impossible aussi de faire son salut sans humilité.

57. Parce qu'elle est bonne et salutaire, le Seigneur, en accomplissant l'économie (de la Rédemption) des hommes, l'a revêtue. Le Christ dit en effet : "   Mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur " (Mt 11,29). Considère celui qui parle ainsi, et mets-toi à l'école de sa perfection; que l'humilité soit pour toi le commencement et la perfection des vertus. Il parle d'humilité de pensée, pas seulement de façade; il vise l'homme intérieur, car l'extérieur suivra. As-tu observé tous les commandements ? Le Seigneur le sait; cependant il t'enjoint de revenir au principe, à ta condition de serviteur. Ne dit-il pas : - Quand vous aurez fait tout ce qui est prescrit, dites : "Nous sommes des serviteurs inutiles" (Lc 17,10).

58. On ne pratique bien l'humilité qu'à travers les reproches, les injures, au milieu des coups, pour arriver à comprendre qu'on est sans intelligence et stupide, indigent et pauvre, faible et chétif, sans succès dans ses entreprises, irréfléchi en ses paroles, sans apparence, sans forces. Tels sont les "  nerfs "  de l'humilité. C'est cela que notre Seigneur a entendu et souffert. On le traitait de Samaritain et de possédé " (cf. Jn 8,48). Il a pris la " forme d'un esclave " (Ph 2,6), il a été souffleté, outragé par les coups (cf. Mt 26,67).

LE FEU DIVIN

60. Ce discours transportait de joie celles qui étaient rassemblées (autour de sainte Synclétique) ; mais elles n'étaient pas encore rassasiées de ces bonnes choses et insistaient de nouveau. Et la bienheureuse leur disait encore :

Ceux qui s'approchent de Dieu ont beaucoup à lutter et à souffrir au début, mais dans la suite, ils goûtent une joie ineffable. Comme ceux qui veulent allumer un feu commencent par être enfumés et par pleurer, et de cette façon atteignent leur but. L'Écriture dit en effet : " Notre Dieu est un feu dévorant " (Hé 12,29). " Ainsi devons-nous, nous aussi, allumer en nous le feu divin avec larmes et souffrance. Le Seigneur lui-même ne dit-il pas : " Je suis venu apporter le feu sur la terre " (Lc 12,49) ? Mais certains, peu courageux, ont supporté la fumée sans pour autant faire jaillir la flamme, par leur manque de patience et surtout par leur attitude lâche et irrésolue face au divin.

Odile Bénédicte Bernard, trad., Vie De Sainte Synclétique, Bellefontaine (SO 9), 1972.

Sentences des Mères du désert

AMMA THÉODORA

Amma Théodora interrogea le pape Théophile sur le mot de l’apôtre : " Que signifie : "Sachant profiter des circonstances" ? " Il lui dit : " Ce mot signifie le gain ; par exemple : est-ce pour toi le temps de la démesure ? Achète par l’humilité et la patience le temps de la démesure, tires-en un gain. Est-ce le temps de la honte ? Achète-le par la résignation, et gagne-le. Mais tout ce qui nous est contraire, si nous le voulons, devient pour nous un gain ".

Amma Théodora dit : " Luttons pour entrer par la porte étroite. De même que les arbres, s’ils ne subissent les tempêtes hivernales, ne peuvent porter du fruit, ainsi en est-il pour nous : ce siècle présent est une tempête, et ce n’est qu’à travers beaucoup d’épreuves et de tentations que nous pourrons obtenir en héritage le royaume des cieux ".

La même fut interrogée sur les conversations que l’on entend : " Comment peut-on, écoutant habituellement des paroles séculières, vivre cependant pour Dieu seul, comme tu le dis ? " Elle dit : " De même que si tu es assise à une table où il y a beaucoup de mets, tu en prends, certes, mais sans plaisir, de même, si des conversations séculières te parviennent aie ton cœur tourné vers Dieu et, grâce à cette disposition, tu les écouteras sans plaisir et elles ne te nuiront pas ".

Elle dit encore : " Il est bien de vivre dans le recueillement, car l’homme sensé pratique le recueillement. En effet, c’est vraiment une grande chose pour une vierge ou pour un moine de vivre dans le recueillement, surtout pour les plus jeunes. Cependant, saches que, lorsque tu te proposes de vivre dans le recueillement, aussitôt le malin vient et accable ton âme par l’acédie, la pusillanimité, les mauvaises pensées. Il accable aussi ton corps par les maladies, l’atonie, l’affaiblissement de tes genoux et de tous tes membres. Et il dissout la puissance de l’âme et du corps, en sorte que je crois être malade et ne plus pouvoir faire ma synaxe. Mais si nous sommes vigilants, toutes ces tentations se dissipent. Il y avait en effet un moine qui, à chaque fois qu’il commençait à faire sa synaxe, était saisi par le froid et la fièvre, et souffrait de maux de tête. En cet état, il se dit à lui-même : je suis malade, et j’approche de la mort ; je vais donc me lever avant de mourir, et faire ma synaxe ; et, par. ce raisonnement, il se faisait violence à lui-même et faisait sa synaxe. Celle-ci finie, la fièvre s’apaisait aussi. Ainsi, par ce raisonnement, le frère résistait et récitait ses prières et remportait la victoire sur sa pensée ".

La même amma Théodora dit encore : " Il arriva à un homme pieux d’être injurié par quelqu’un, et il lui dit : "Je pourrais, moi aussi, te dire des choses semblables, mais la loi de Dieu me ferme la bouche" ". Elle dit encore ceci : " Un chrétien discutant du corps avec un manichéen s’exprima en ces termes : Donne une loi au corps et tu verras que le corps est pour celui qui l’a formé. "

La même dit encore que le maître doit être étranger à l’amour de la domination, à la vaine gloire, à l’orgueil, et qu’on ne puisse pas le jouer par la flatterie, ni l’aveugler par des dons, ni le vaincre par le ventre, ni le dominer par la colère ; mais, qu’il soit patient, doux, humble autant que possible ; il doit être éprouvé et sans sectarisme, plein de sollicitude, et aimer les âmes.

La même dit encore que ni l’ascèse, ni les veilles, ni n’importe quelle peine ne sauvent, mais la véritable humilité. Il y avait en effet un anachorète qui chassait les démons ; et il leur demanda : " Qu’est-ce qui vous fait partir ? Est-ce le jeûne ? "   Ils répondirent : " Nous ne mangeons ni ne buvons " – Est -ce les veilles ?"  Ils répondirent : " Nous ne dormons pas " – " Est-ce l’éloignement du monde ? " – " Nous vivons dans les déserts. " " Par quelle puissance partez-vous donc ? " Et ils dirent : " Rien ne peut nous vaincre, sinon l’humilité " Vois-tu que l’humilité est victorieuse des démons ?"

Amma Théodora dit encore : " Il y avait un moine qui, à de ses tentations, dit : je pars d’ici. Et comme il chaussait ses sandales, il vit un autre homme qui lui aussi mettait ses chaussures et lui disait : "Ce n’est pas à cause de moi que tu pars ? Car je te précéderai où que tu ailles" ".

Un autre moine était éprouvé par des démangeaisons sur le corps, et beaucoup de vermine. Or il était d’origine riche. Et les démons lui dirent : " Tu supportes de vivre ainsi, couvert de vers ? " Et ce moine, par sa grandeur d’âme, remporta la victoire.

L’un des vieillards interrogea anima Théodora disant : " À la résurrection des morts, comment ressusciterons-nous ? " Elle dit : " Nous en avons comme gage, comme exemple et comme prototype, celui qui est mort pour nous et ressuscité, le Christ notre Dieu ".

AMMA SARRA

On racontait d’Amma Serra qu’elle demeura treize ans, fortement combattue par le démon de la fornication, et qu’elle ne pria jamais que disparaisse le combat, mais elle disait plutôt : "  Ô Dieu, donne-moi la force ".

Une fois, le même esprit de fornication s’attacha à elle avec plus d’insistance, lui rappelant les vanités du monde. Mais elle se livra à la crainte de Dieu et à l’ascèse, et monta sur sa petite terrasse pour prier. Alors l’esprit de fornication lui apparut corporellement et lui dit : " Toi, Sarra, tu m’as vaincu ". Et elle dit : " Ce n’est pas moi qui t’ai vaincu, mais mon maître le Christ ".

On disait à son propos qu’elle demeura près du fleuve pendant soixante ans et ne détourna pas les yeux pour le regarder.

Une autre fois, deux vieillards, grands anachorètes, vinrent de la région de Péluse pour la visiter. En y allant, ils se disaient de l’un à l’autre : " Humilions cette vieille femme ". Et ils lui dirent : " Veille à ne pas élever ta pensée en disant : " Voici des anachorètes qui viennent chez moi qui suis une femme ". Et amma Serra leur dit : " Par la nature, je suis femme, mais non par la pensée ".

Amma Sarra dit : " Si je prie Dieu que tous les hommes soient comblés en moi, je me trouverai pénitente à la porte de chacun ; mais je prierai plutôt que mon cœur soit pur avec tous ".

Elle dit encore : " C’est bien de faire l’aumône à cause des hommes. En effet, même si c’est pour plaire aux hommes, on en vient à chercher à plaire à Dieu ".

Des Scétiotes vinrent un jour chez anima Sarra. Elle leur offrit une petite corbeille (de fruits). Mais eux, ils laissèrent ce qui était bon et mangèrent les mauvais. Alors, elle leur dit : " Vraiment, vous êtes des Scétiotes ".

Elle dit encore aux frères : " Moi, je suis un homme, et vous, vous êtes des femmes ".

Extraits de Jean-Claude Guy, Apophtegmes des Pères du Désert, Série alphabétique, Bellefontaine (SO 1), s.d.

QUELQUES SAINTES FEMMES DE L’HISTOIRE LAUSIAQUE

Vers 420, l’évêque Pallade composa une " Histoire des Pères du Désert " à la demande et à la destination du chambellan Lausus ; d’où son nom d’Histoire lausiaque. Pallade, moine en Égypte de 388 à 400, avait été créé évêque d’Hélénopolis en Bithynie en 400. Ami de Jean Chrysostome, mais aussi et surtout disciple d’Évagre le Pontique, il avait été accusé d’origénisme par Jérôme et exilé en Haute-Égypte. Menant ensuite la vie monastique à nouveau au Mont-des-Oliviers à Bethléem et en Thébaïde, il avait, avant 420, retrouvé un siége épiscopal, celui d’Aspona en Galatie.

5. Alexandra

(1) Il [Didyme l’Aveugle, successeur d’Origène à la tête de l’École catéchétique d’Alexandrie] me parla aussi d’une jeune fille du nom d’Alexandra, qui avait quitté la ville pour aller s’enfermer dans un tombeau. Elle recevait par une ouverture ce dont elle avait besoin, sans voir ni femme ni homme pendant dix ans : Au bout de quoi, elle s’étendit et s’endormit en paix dans la mort. La personne qui la visitait comme d’habitude, ne recevant pas de réponse, comprit qu’elle était morte et vint nous prévenir. Nous avons ouvert la porte de sa cellule et trouvé son corps desséché.

La bienheureuse Mélanie, dont je parlerai plus loin, disait à son sujet : " Je ne l’ai jamais vue en face, mais en me tenant prés de l’ouverture, je la priai de me dire pourquoi elle s’était enfermée dans ce tombeau. Elle me répondit : " J’avais demandé à Dieu de rester pure telle que j’étais née, et de pouvoir ainsi présenter ma virginité au Christ. Mais un jeune homme inclina vers moi ses pensées, et plutôt que de l’attrister ou de lui parler durement, j’ai préféré entrer vivante dans ce tombeau. Surtout, je ne voulais pas provoquer la chute d’une âme faite à l’image de Dieu ". (2) Je lui demandai : " Comment supportes-tu de ne voir personne et de devoir lutter contre le découragement ? " " Depuis le matin jusqu’à neuf heures, me dit-elle, je prie en filant le lin. Les heures suivantes, je médite sur les saints patriarches, les prophètes, les apôtres et les martyrs. Je travaille de mes mains et je mange mon pain au long des heures qui restent. C’est ainsi que je suis réconfortée, et j’attends la fin de ma vie dans une joyeuse espérance ".

34. La folle des Tabennésiotes

(1) I1 y avait dans ce monastère une sœur qui feignait d’être folle et possédée du démon : on l’avait prise en aversion au point de ne pas manger avec elle, et c’est ce qu’elle voulait. Elle traînait à travers la cuisine, remplissant toutes sortes de services, véritable éponge du monastère, comme on dit ; elle accomplissait en cela ce qui est écrit : " Si quelqu’un parmi nous prétend être sage en cette vie, qu’il se fasse fou pour devenir sage " (1 Cor 3, 18). Elle s’était attaché des haillons sur la tête – les autres sont tondues ; et ont des capuchons – et c’est ainsi qu’elle faisait le service. (2) Aucune des quatre cents moniales ne la vit manger de sa vie. Jamais elle ne s’assit à table ni ne reçut un morceau de pain : elle se contentait des miettes qu’elle épongeait sur les tables et de ce qu’elle lavait dans les marmites. Elle n’offensa jamais personne, ne murmura pas, n’ouvrit pas la bouche, bien qu’elle soit battue à coups de poing, injuriée, couverte d’insultes et détestée.

(3) Un ange apparut au saint Pitéroum, solitaire établi en Porphirite, homme digne d’admiration, et il lui dit : " Pourquoi as-tu si haute opinion de toi-même parce que tu es vertueux et fervent et que tu habites le désert ? Veux-tu voir une femme plus vertueuse que toi ? Va au monastère des femmes tabennésiotes, et là tu en trouveras une portant un bandeau de loques sur la tête : elle est meilleure que toi. (4) Car tout en luttant contre une telle foule, elle n’a jamais éloigné de Dieu son cœur. Tandis que toi, en demeurant ici, tu t’égares en pensée à travers les villes. " Et lui qui n’était jamais sorti s’en alla jusqu’au monastère des femmes, et il demanda aux supérieurs l’autorisation d’y pénétrer. Ceux-ci l’introduisirent en toute confiance, car il était célèbre et d’un âge avancé. (5) Il entra donc et réclama de les voir toutes. La sœur en question ne se présenta pas. Finalement, il leur dit : " Amenez-les moi toutes, car il en manque une ". Elles lui répondirent : " Nous en avons bien une à la cuisine : c’est une idiote ". Il leur dit : " Amenez-moi aussi celle-là, laissez-moi la voir ". On alla lui parler. Elle ne voulut pas obéir, pressentant la chose ou peut-être même en ayant eu la révélation. On la traîna de force en lui disant : " Le saint Pitéroum veut te voir ". Car il était célèbre.

(6) Quand elle fut devant lui, il considéra les haillons qu’elle avait sur la tête, et il, tomba à ses pieds et s’écriant : " Bénis-moi ! " Elle tomba à ses pieds à son tour : " Toi, mon Seigneur, bénis-moi ", lui dit-elle. Les autres furent toutes hors d’elles et dirent au vieillard : " Abba, que cet affront ne t’affecte pas : c’est une idiote ". Pitéroum leur répondit : " C’est vous qui êtes des idiotes ! Car elle est notre amma, notre mère à moi et à vous – c’est ainsi qu’on appelle celles qui ont atteint la véritable vie spirituelle –, et je demande dans mes prières d’être trouvé digne d’elle au jour du jugement ".

(7) À ces mots, toutes tombèrent aux pieds de la sœur, confessant différentes choses : l’une d’avoir versé sur elle la lavure de l’écuelle, une autre de l’avoir rouée de coups, l’autre de lui avoir frotté le nez de moutarde : chacune avait un affront différent à avouer. Après avoir prié pour elles, Pitéroum repartit. Quelques jours après, ne pouvant supporter l’estime et le respect de ses sœurs et accablée par les excuses, la sœur quitta le monastère ; où elle partit ou alla se jeter, comment elle finit ses jours, personne ne l’a jamais su.

46. Mélanie l’Ancienne

Note : 1. Il faut distinguer Mélanie l’Ancienne (345-410), amie de saint Jérôme, de Mélanie la Jeune, mariée à Pinien, sa petite-fille, moniale à son tour (383-438).

(1) Mélanie était espagnole par sa naissance, puis elle vint à Rome. Elle était la fille du consulaire Marcellinos, et la femme d’un homme de haut rang, que je ne me rappelle plus bien. Devenue veuve à l’âge de vingt-deux ans, elle fut touchée par l’amour de Dieu, et sans rien dire à personne – car elle ne le pouvait pas, au temps où Valens avait le pouvoir dans l’empire – après avoir fait nommer un tuteur à son fils, elle mit tous ses biens dans un bateau et fit voile vers Alexandrie avec des esclaves et des femmes illustres. (2) De là, après avoir vendu ce qu’elle possédait contre de l’or, elle pénétra dans la montagne de Nitrie, où elle rencontra les pères, Pambo, Arsisios, Sérapion le Grand, Paphnuce de Scété, Isidore le Confesseur, évêque d’Hermopolis, et Dioscore. Elle séjourna prés d’eux environ six mois, circulant à travers le désert et visitant tous les saints.

(3) Mais par la suite, l’Augustale d’Alexandrie exila en Palestine, aux environs de Diœésarée, Isidore, Pisimios, Adelphios Paphnuce et Pambo et avec eux Ammonios Parotes – douze évêques et des prêtres -. Mélanie les suivit en les assistant de ses biens. Ayant séjourné avec le saint Pisimios, Isidore, Paphnuce et Ammonios, j’ai pu les entendre raconter que, comme ils n’avaient pas le droit d’avoir de serviteurs, elle mettait la blouse d’un jeune esclave et allait leur porter chaque soir ce qui leur était nécessaire. Le consulaire de Palestine ayant appris la chose et voulant se remplir la poche, espéra l’exploiter. (4) Il la fit arrêter et jeter en prison, ignorant sa noblesse. Mais elle lui déclara :  " Je suis la fille d’Un tel et la femme d’Un tel et la servante du Christ. Et ne te moque pas de mon aspect servile, car j’ai de quoi me rehausser, si je veux – ne pense donc pas m’exploiter ni me prendre quoi que ce soit. C’est pour qu’il ne t’arrive pas d’ennuis par ignorance, que je t’ai dit tout cela : Car avec les gens qui ont ta tête dure, il faut se montrer arrogant comme l’épervier. " Alors le juge, éclairé, reconnut ses torts, rendit honneur à Mélanie et : ordonna de la laisser rencontrer les saints.

(5) Après leur rappel, elle fonda à Jérusalem un monastère où elle passa vingt-sept ans, au milieu de cinquante moniales. Rufin d’Italie, de la ville d’Aquilée, vécut auprès d’elle : c’était un noble lui aussi, homme honoré, à la vie austère, qui plus tard reçut le sacerdoce ; personne n’était plus instruit dans la doctrine et plus modeste que lui. (6) Tous deux accueillirent, pendant ces vingt-sept ans, ceux qui passaient à Jérusalem pour y prier : évêques, moines et vierges, les édifiant et les aidant de leurs biens. Ils ramenèrent à l’unité le schisme Paulinien – quatre cents moines environ – ; ils persuadèrent tous les hérétiques qui combattaient l’Esprit Saint et les firent réintégrer l’Église ; ils offraient au clergé de la ville dons et nourriture, et c’est ainsi qu’ils terminèrent leur vie, sans avoir jamais été cause de scandale pour personne.

54. Encore Mélanie

(1) J’ai parlé plus haut de l’admirable et sainte Mélanie, mais à la vérité en ne l’abordant que superficiellement ; je vais maintenant insérer dans mon récit ce qui me reste à dire sur elle : Quelle fortune elle a dépensé dans son zèle pour Dieu, comme dévorée d’un feu intérieur, ce n’est pas à moi de le raconter, mais bien à ceux qui habitent la Perse. Car personne n’a échappé à sa bienfaisance, ni l’orient, ni l’occident, ni le nord, ni le midi.

(3) Pendant trente-sept ans, tout en restant à l’étranger, elle est venue en aide à ses frais à des églises, des monastères, des étrangers, des prisons : sa famille, son fils lui-même et ses intendants, lui fournissaient de l’argent. Vivant à l’étranger pendant de si longues années, elle ne se laissa pas détourner par le désir de son fils, et le regret de ce fils unique ne la sépara pas de l’amour du Christ. (3) Mais grâce à ses prières, le jeune homme fut parfait dans son éducation et sa conduite ; il fit un mariage illustre et exerça de hautes fonctions dans l’état ; il eut deux enfants.

Longtemps après, Mélanie apprit que sa petite fille désirait se sanctifier avec son mari. Craignant que le couple ne se laisse influencer par quelque fausse doctrine ou une hérésie, ou encore entraver par une vie de luxe, la sainte, alors âgée de soixante ans, s’embarqua sur un bateau à Césarée et fit voile sur Rome où elle arriva au bout de vingt jours. (4) Là, elle rencontra le bienheureux Apronien, homme de grande valeur, qui païen : elle lui enseigna la doctrine et le rendit chrétien ; et elle le persuada de s’exercer à l’ascèse avec femme, sa nièce à elle, Avita. Elle affermit de ses conseils sa petite-fille Mélanie et son mari Pinien, elle instruisit sa belle-fille Albine, la femme de son fils ; puis les ayant tous décidés à vendre ce qu’ils possédaient, elle les emmena de Rome et les conduisit au port paisible et serein de la vie monastique. (5) Elle " combattit comme des bêtes sauvages " les hauts personnages de l’ordre sénatorial et leurs épouses qui voulaient l’empêcher de faire renoncer au monde les autres maisons. Elle leur disait : " Petits enfants, il a été écrit il y a quatre cents ans : Voici la dernière heure – (l Jn 2, 18). Pourquoi vous complaire dans les vanités de ce monde ? Craignez plutôt d’être surpris par les jours l’Antichrist et de ne plus jouir de votre fortune et biens de vos ancêtres !"

(6) Ayant ainsi libéré tout ceux qu’elle pouvait, elle les amena à la vie monastique. Elle instruisit en outre le plus jeune fils de Publicola et le conduisit en Sicile : Puis, après avoir vendu tout ce qui lui restait, elle se rendit à Jérusalem où elle distribua ses biens ; quarante jours plus tard, elle mourait, dans une belle- vieillesse couronnée de douceur ; elle laissait à Jérusalem un monastère avec ses revenus.

(7) Lorsque tous ceux qu’elle avait convertis eurent quitté Rome, une tempête de barbares, depuis longtemps annoncée dans les prophéties, fondit sur la Ville : il ne resta pas une statue sur le forum, mais tout fut ravagé et détruit avec une démence barbare ; Rome, que depuis douze cents ans on avait mis tant d’amour à embellir, ne fut plus qu’une ruine : Alors tous ceux qui avaient suivi l’enseignement de Mélanie rendirent gloire à Dieu : par le bouleversement des choses, il avait convaincu les incrédules que seules parmi les autres familles, qui toutes avaient été faites prisonnières, furent intégralement sauvées celles dont le zèle de Mélanie avait fait une offrande au Seigneur.

55. Encore Mélanie

(1) I1 m’arriva de faire route avec Mélanie d’Aelia (nom qui fut donné à Jérusalem) en Egypte, en escortant la bienheureuse Silvanie, belle-sœur du consulaire Rufin ; parmi nous se trouvait Jovinien, alors diacre, qui est aujourd’hui évêque de l’église d’Ascalon, grand serviteur de Dieu, très instruit dans la doctrine : Nous fûmes surpris par une très forte chaleur, et, arrivés à Péluse, Jovinien se lava les mains et les pieds dans une cuvette d’eau bien froide ; après s’être lavé, il étendit une fourrure sur le sol pour se reposer. (2) Mélanie s’approcha de lui, et comme l’aurait fait une mère sage à son fils, elle se mit à se moquer de sa délicatesse : " Comment oses-tu, à ton âge où le sang est encore plein de vie, choyer ainsi ton corps, en oubliant tout le mal qui peut en naître ? Crois-moi, crois-moi bien : j’ai soixante ans, et sauf le bout des mains, ni mes pieds, ni mon visage, ni aucun de mes membres depuis que je mène cette vie, n’ont touché l’eau ; bien qu’atteinte de diverses maladies et malgré les médecins, j’ai toujours refusé de rendre à mon corps les soins d’usage, jamais je ne me suis reposée sur un lit ni n’ai voyagé en litière ".

(3) Elle était devenue très savante : par amour de la doctrine, elle passait ses nuits à étudier les écrits des anciens commentateurs, entre autres, Origène, Grégoire, Étienne, Pierre, Basile et quelques autres forts éminents. Et elle ne se contentait pas de les parcourir avec négligence, mais elle relut attentivement chaque livre sept ou huit fois. Voilà pourquoi, délivrée de la fausse science (1 Tm 6, 20), la grâce de la doctrine lui donna de pouvoir voler vers la  " meilleure espérance " : ainsi se fit-elle oiseau spirituel et s’envola-t-elle jusqu’au Christ son Seigneur.

59. Amma Talis et Taor

(1) À Antinoé se trouvent douze monastères de femmes ; j’y ai rencontré amma Talis, une vieille moniale qui pratiquait l’ascèse depuis quatre-vingts ans, disait-elle, ce que ses compagnes confirmaient. Avec elle habitaient soixante jeunes filles, qui l’aimaient tellement qu’il n’y avait pas de clé à la clôture du monastère, comme dans les autres : l’amour de la vieille femme les retenait. Celle-ci était parvenue à une telle paix du cœur que, lorsque je fus entré, elle vint s’asseoir à côté de moi et posa ses mains sur mes épaules avec une totale liberté.

(2) L’une de ses disciples, nommée Taor, qui était au monastère depuis trente ans, n’avait jamais voulu accepter de vêtement neuf, ni de capuchon, ni de chaussures :  " Je n’en n’ai pas besoin, disait-elle, ainsi je ne serai pas forcée de sortir. " En effet toutes les autres vont à l’église le dimanche pour la communion. Mais Taor, vêtue de haillons, restait au monastère, assise à l’ouvrage, sans interruption. Son visage était si parfaitement gracieux que même les plus fermes étaient séduits par sa beauté, mais sa chasteté était sa sauvegarde, et par sa modestie, elle ramenait le regard trop hardi au respect et à la crainte.

61. Mélanie la Jeune

(l) Puisque j’ai promis plus haut de parler de la petite-fille de Mélanie, il faut que je m’acquitte de ma dette ; car il ne serait pas juste de laisser passer sans l’évoquer une telle jeune femme, qui était jeune, certes, par l’âge, mais plus sage que bien des vieilles personnes par sa ferveur et sa science. Ses parents la contraignirent à un mariage dans l’une des plus grandes familles de Rome ; mais elle, décidée à suivre les directions de sa grand-mère, en était si imprégnée qu’elle ne put se faire au mariage. Moins encore après que les deux garçons qu’elle en eut soient morts l’un après l’autre. Elle dit alors à son mari Pinien, fils de l’ex-préfet Sévère : " Si tu acceptes de vivre avec moi dans la chasteté selon la parole de la Sagesse, je te reconnais pour maître et seigneur de ma vie ; mais si cela te paraît trop lourd, parce que tu es jeune, prends mes biens et rends-moi la liberté : que je puisse accomplir mon désir, qui est conforme à la volonté de Dieu, et être la digne héritière de la ferveur de ma grand- mère, dont je porte aussi le nom. Car si Dieu voulait que nous ayons des enfants, il ne m’aurait pas pris avant l’âge ceux que j’ai mis au monde ".

Ils en discutèrent pendant longtemps ; enfin Dieu eut compassion du jeune homme et lui inspira un ardent désir de renoncer au monde. Ainsi s’accomplit pour eux ce qui est écrit – " Et que sais-tu, femme, si tu sauveras ton mari ? " (1 Co 7, 16). Donc, mariée à treize ans et ayant vécu sept ans avec son mari, Mélanie renonça au monde à vingt ans.

Elle commença par faire don aux autels de ses vêtements de soie – chose qu’avait faite aussi la sainte Olympiade. (4) Puis elle tailla le reste de ses soieries pour les divers services de l’Église.

Ayant confié son argent et son or à un prêtre, Paul, moine de Dalmatie, elle envoya par mer en Orient soit : en Égypte et en Thébaïde dix -mille pièces de monnaie, à Antioche et à ses dépendances, dix mille pièces, en Palestine quinze mille, aux églises des Iles et aux exilés, dix mille ; (5) elle en distribua elle-même aux églises d’Occident, quatre fois plus, l’arrachant, grâce à sa foi, de la bouche du lion Alaric. Elle affranchit les huit mille esclaves qui acceptèrent de l’être ; car les autres ne le voulurent pas, mais choisir de servir son frère : elle les lui céda tous avec chacun trois pièces d’or. Elle vendit ses possessions d’Espagne, d’Aquitaine, de Tarraconaise et des Gaules, gardant pour elle seulement celles de Sicile, de Campanie et d’Afrique, qu’elle consacra à l’entretien de monastères. (6) Telle fut sa sagesse en ce qui concerne le fardeau des richesses. Et voici son ascèse : elle ne prend qu’un repas par jour – au début même tous les cinq jours seulement, mais elle avait prescrit aux jeunes femmes dont elle a fait ses compagnes de manger tous les jours.

Sa mère Albine vit avec elle, pratiquant la même ascèse après avoir distribué comme elle ses biens aux pauvres. Elles habitent en ce moment sur leurs terres, tantôt de Sicile, tantôt de Campanie, avec quinze eunuques et soixante vierges, libres ou servantes.

(7) Son mari Pinien de son côté vit lui aussi avec trente moines, partageant son temps entre la lecture des Livres Saints et les conversations au jardin avec ses hôtes. Quand nous sommes venus à Rome en assez grand nombre pour le bienheureux évêque Jean, ils nous ont honorés avec largesse, refaisant nos forces par leur hospitalité et nous munissant d’abondantes provisions ; nous sommes repartis en grande joie.

Pallade, Les moines du désert : Histoire Lausiaque, trad. les Soeurs carmélites de Mazille, Desclée De Brouwer, 1981.

SOURCE : https://www.pagesorthodoxes.net/saints/meres-spirituelles/saintes-femmes-anciennes.htm

Le 5 janvier, mémoire de la vénérable SYNCLÉTIQUE

Notre Sainte Mère Synclétique naquit à Alexandrie, dans le cours du IVe siècle, de riches et pieux parents chrétiens originaires de Macédoine. Sa grande beauté, son intelligence et ses nombreuses vertus la faisaient convoiter par un grand nombre de prétendants dès son jeune âge, mais elle restait sourde et aveugle à tous les attraits de ce monde pour n'aspirer qu'au mariage spirituel avec le Christ, l'Epoux céleste. Réduisant sa chair en servitude par les jeûnes et toutes sortes d'austérités, elle rassemblait sans relâche son esprit au fond de son coeur et s'écriait jour et nuit: « Je suis à mon Bien-aimé et mon Bien-aimé est à moi ! » (Cantique des cantiques 2:16).

A la mort de ses parents, elle distribua sa grande fortune aux pauvres et, s'enfuyant loin de la ville en compagnie de sa soeur aveugle, elle se consacra pour toujours à Dieu en se faisant tondre la chevelure par un Prêtre. C'est ainsi qu'elle devint la fondatrice du monachisme féminin, comme Saint Antoine le Grand le fut pour les hommes. Déjà entraînée aux travaux de l'ascèse, elle progressa rapidement dans la voie qui mène les moines à vivre ici-bas comme au ciel, et prenait le plus grand soin à garder ses combats cachés aux yeux des hommes, afin de ne pas perdre la récompense finale. Elle mourait chaque jour à elle-même et au monde pour vivre avec le Christ, et repoussait avec intelligence et discernement toutes les tentations suggérées par les démons. Elle s'élevait ainsi sans cesse vers le ciel par les saintes vertus en répandant, malgré elle, partout aux alentours, sa renommée comme un parfum spirituel, si bien qu'un nombre grandissant de ferventes jeunes femmes venait à elle en la pressant de leur communiquer instructions et conseils pour leur salut. Tout d'abord la Sainte refusa, par humilité, de rompre son silence; mais finalement pressée par la charité, elle céda à leurs instances et leur révéla, en de profonds soupirs arrosés de larmes, les trésors de sagesse et de science que le Saint-Esprit avait déposés dans son coeur.

En premier lieu, Sainte Synclétique rappela à ses disciples que la charité, l'amour parfait de Dieu et du prochain, est la perfection de la Loi divine, ancienne comme nouvelle (Exode 20, Rom. 13:10), qu'elle doit être le principe et la fin de tous les actes de ceux qui se retirent du monde. «Heureux serons-nous, disait-elle, si nous prenons pour plaire à Dieu et gagner le ciel toutes les peines que s'imposent les gens du monde pour amasser richesses et biens périssables». Cette sainte charité ne s'épanouit, telle une fleur délicate, que dans un corps et une âme gardés chastes et purs, non seulement des péchés de la chair et des sens, mais aussi de toute complaisance à l'égard des pensées impures suggérées sans trêve par le démon aux combattants de l'armée du Christ; c'est pourquoi il leur faut faire preuve d'une constante vigilance en se montrant prudents comme les serpents, pour déjouer les ruses de l'Ennemi, et simples comme les colombes (Matth. 10:16), par la pureté. De même qu'on lave et blanchit les vêtements en les foulant aux pieds et en les retournant en tous sens, de même il convient de se livrer à la pauvreté volontaire et à la vie ascétique, en joignant à la mortification de la chair la vigilance, le discernement, la prière instante et la sainte humilité, pour que l'âme, recevant l'Esprit-Saint, devienne semblable à une blanche colombe qui s'élève vers Dieu. La Sainte avait elle-même montré, par sa retraite et sa vie cachée, comment progresser dans l'humilité, ce fondement de la charité; aussi disait-elle: « Comme un trésor est ravi et dissipé par les voleurs sitôt qu'on le découvre, ainsi la vertu s'affaiblit et s'évapore à l'instant même où on la révèle. Et comme la cire fond au feu, l'âme se relâche et perd sa vigueur par les louanges, alors que les injures et les opprobres l'élèvent au comble de la vertu ». Sur la vie ascétique, elle ajoutait encore cette comparaison suggestive: «De même que lorsqu'on allume un feu, d'abord incommodés par la fumée les yeux en pleurent, mais sitôt après on jouit d'une chaleur bienfaisante; de même nous faut-il allumer en nous le feu de l'amour divin, que le Christ a promis d'apporter sur la terre (Luc 12:49), avec larmes et souffrances, pour jouir ensuite de la consolation du Saint-Esprit ».

Ces enseignements lumineux remplissaient les auditrices de la Sainte d'un enthousiasme brûlant, si bien qu'elles ne voulaient plus la quitter et désiraient rester à ses côtés de jour comme de nuit pour contempler en sa personne une image vivante de la perfection évangélique. Après bien des résistances, elle s'en remit à la volonté de Dieu et guida sa communauté grandissante dans la voie étroite du Royaume des Cieux, comme on mène un navire entre les récifs. Elle exhortait ses disciples à mettre le même soin pour se parer de vêtements et de parures spirituels dans l'attente du Christ que les fiancées en mettent en se préparant à une union corruptible. Pour celles qui vivaient en commun, elle leur enseignait à préférer l'obéissance et le rejet de leurs opinions ou jugements propres aux exploits ascétiques, et elle les exhortait à s'encourager et à se reprendre mutuellement, par la parole et surtout par l'exemple, pour éviter les pièges du démon, le relâchement d'une part et la vanité de l'autre, car c'est ainsi que l'on progresse, avec mesure et discernement, dans la voie royale de l'humilité.

Le corps desséché et affaibli par le jeûne, mais l'âme illuminée par le Christ Soleil de Justice, Synclétique rayonnait par ses saints enseignements, par son discernement infaillible à débusquer toutes illusions et machinations démoniaques, et surtout par ses progrès constants dans la perfection. Au sacrifice volontaire de l'ascèse, elle ajouta dans les dernières années de sa vie la patience dans les épreuves et les maladies: des fièvres continues et des troubles pulmonaires, qui usaient son corps lentement à la manière d'une lime. Quand elle eut atteint l'âge de 85 ans, le diable lui livra un ultime combat, et obtint de Dieu le pouvoir de lui faire subir en trois ans et demi les souffrances endurées par Saint Job pendant trente-cinq ans. Alors qu'il s'était attaqué à Job et aux Saints Martyrs de l'extérieur, il s'en prit à la Sainte avec un égal acharnement, mais de l'intérieur, brûlant peu à peu ses organes, comme à petit feu, par un cancer qui lui occasionnait des douleurs cruelles et inhumaines. La Sainte supportait cependant ces épreuves avec patience et action de grâces, et en profitait même pour instruire ses disciples, en disant: « Si la maladie nous accable, ne soyons pas dans l'affliction comme si, à cause de l'abattement de notre corps, nous ne pouvions pas chanter; car toutes ces choses sont pour notre bien et la purification de nos convoitises. En effet, le jeûne et l'ascèse ne nous sont prescrits qu'en raison de ces plaisirs. Si donc la maladie en a émoussé l'aiguillon, ces pratiques sont dès lors superflues. Telle est la grande ascèse: être endurant dans la maladie et faire monter vers Dieu des hymnes d'action de grâces ». Se voyant ainsi défait, le diable s'attaqua à sa voix et lui fit perdre l'usage de l'arme redoutable de sa parole; mais la seule vue de la sérénité du visage de la Sainte au milieu de tant de souffrances remplaçait tout autre enseignement et affermissait ceux qui l'approchaient dans l'amour de Dieu. Il attaqua alors son corps par la gangrène et la putréfaction, en lui faisant dégager une odeur si fétide que ses disciples ne pouvaient s'approcher d'elle qu'en brûlant force parfums et en oignant les membres contaminés d'aromates, comme pour les cadavres. Rien ne faisait pourtant faiblir cette faible femme devenue, par la Grâce de Dieu, plus vaillante que tout guerrier. Méprisant la mort et les impuissantes machinations du démon, elle était assisté par les Anges et put contempler avec joie l'éclat ineffable de la lumière du Paradis. C'est ainsi qu'à l'issue d'un Martyre de trois mois, elle partit vers le Seigneur pour recevoir la couronne de ses combats, après avoir prédit le jour de sa mort et consolé ses disciples par une dernière instruction.

1. L'admirable biographie de Sainte Synclétique, attribuée à St Athanase d'Alexandrie, est un des textes de base de la spiritualité orthodoxe. Traduction française dans la collection: « Spiritualité orientale n° 9 », Abbaye de Bellefontaine, 1972.

SOURCE : http://calendrier.egliseorthodoxe.com/sts/stsjanvier/janv05.html


Saint Syncletica

Also known as

Sincletica

Memorial

5 January

Profile

Wealthy Alexandrian lady who abandoned her riches and lived till age 84 as a hermitess in a tomb. She suffered in her youth with temptations and spiritual desolation; she suffered in her maturity by cancer and consumption.

Canonized

Pre-Congregation

Patronage

against bodily ills

against loss of parents

against sickness

against temptations

sick people

single laywomen

Additional Information

Book of Saints, by the Monks of Ramsgate

Lives of the Saints, by Father Alban Butler

Saints of the Day, by Katherine Rabenstein

books

Our Sunday Visitor’s Encyclopedia of Saints

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Den katolske kirke

Readings

Adorned with wisdom and grace, O blessed Syncletica, Thou wast unshaken by hostile attacks. Ever pray for those who celebrate thy memory. – troparion of Saint Syncletica

Illustrious with rays of heavenly virtue, O Godbearing Syncletica thou didst blunt the goads of the ancient enemy, and bring a company of virgins to the bridal chamber. Together with them pray for us that we may find mercy. – kontakion of Saint Syncletica

MLA Citation

“Saint Syncletica“. CatholicSaints.Info. 18 September 2021. Web. 5 January 2022. <https://catholicsaints.info/saint-syncletica/>

SOURCE : https://catholicsaints.info/saint-syncletica/

January 5

St. Syncletica, Virgin

SHE was born at Alexandria in Egypt, of wealthy Macedonian parents. From her infancy she had imbibed the love of virtue, and in her tender years she consecrated her virginity to God. Her great fortune and beauty induced many young noblemen to become her suitors for marriage; but she had already bestowed her heart on her heavenly spouse. Flight was her refuge against exterior assaults, and, regarding herself as her own most dangerous enemy, she began early to subdue her flesh by austere fasts and other mortifications. She never seemed to suffer more than when obliged to eat oftener than she desired. Her parents, at their death, left her heiress to their opulent estate; for the two brothers she had, died before them; and her sister being blind, was committed entirely to her guardianship. Syncletica, having soon distributed her fortune among the poor, retired with her sister into a lonesome monument, on a relation’s estate; where, having sent for a priest, she cut off her hair in his presence, as a sign whereby she renounced the world, and renewed the consecration of herself to God. Mortification and prayer were from that time her principal employment; but her close solitude, by concealing her pious exercises from the eyes of the world, has deprived us in a great measure of the knowledge of them.

The fame of her virtue being spread abroad, many women resorted to her abode to confer with her upon spiritual matters. Her humility made her unwilling to take upon herself the task of instructing, but charity, on the other side, opened her mouth. Her pious discourses were inflamed with so much zeal, and accompanied with such an unfeigned humility, and with so many tears, that it cannot be expressed what deep impressions they made on her hearers. “Oh,” said the saint, “how happy should we be, did we but take as much pains to gain heaven and please God, as worldings do to heap up riches and perishable goods! By land they venture among thieves and robbers; at sea they expose themselves to the fury of winds and storms; they suffer shipwrecks, and all perils; they attempt all, try all, hazard all; but we, in serving so great a master, for so immense a good, are afraid of every contradiction.” At other times, admonishing them of the dangers of this life, she was accustomed.to say: “We must be continually upon our guard, for we are engaged in a perpetual war; unless we take care, the enemy will surprise us, when we are least aware of him. A ship sometimes passes safe through hurricanes and tempests, yet, if the pilot, even in a calm, has not a great care of it, a single wave, raised by a sudden gust, may sink her. It does not signify whether the enemy clambers in by the window, or whether all at once he shakes the foundation, if at last he destroys the house. In this life we sail, as it were, in an unknown sea. We meet with rocks, shelves and sands; sometimes we are becalmed, and at other times we find ourselves tossed and buffeted by a storm. Thus we are never secure, never out of danger; and, if we fall asleep, are sure to perish. We have a most intelligent and experienced pilot, at the helm of our vessel, even Jesus Christ himself, who will conduct us safe into the haven of salvation, if, by our supineness, we cause not our own perdition.” She frequently inculcated the virtue of humility, in the following words: “A treasure is secure so long as it remains concealed; but when once disclosed, and laid open to every bold invader, it is presently rifled; so virtue is safe as long as secret, but, if rashly exposed, it but too often evaporates into smoke. By humility, and contempt of the world, the soul, like an eagle, soars on high, above all transitory things, and tramples on the backs of lions and dragons.” By these, and the like discourses, did this devout virgin excite others to charity, humility, vigilance, and every other virtue

The devil, enraged to behold so much good, which all his machinations were not capable to prevent, obtained permission of God, for her trial, to afflict this his faithful servant, like another Job: but even this served only to render her virtue the more illustrious. In the eightieth year of her age she was seized with an inward burning fever, which wasted her insensibly by its intense heat; at the same time an imposthume was formed in her lungs; and a violent and most tormenting scurvy, attended with a corroding hideous stinking ulcer, ate away her jaws and mouth, and deprived her of her speech. She bore all with incredible patience and resignation to God’s holy will; and with such a desire of an addition to her sufferings, that she greatly dreaded the physicians would alleviate her pains. It was with difficulty that she permitted them to pare away or embalm the parts already dead. During the three last months of her life, she found no repose. Though the cancer had robbed her of her speech, her wonderful patience served to preach to others more movingly than words could have done. Three days before her death she foresaw, that on the third day she should be released from the prison of her body; and on it, surrounded by a heavenly light, and ravished by consolatory visions, she surrendered her pure soul into the hands of her Creator, in the eighty-fourth year of her age. The Greeks keep her festival on the 4th, the Roman Martyrology mentions her on the 5th of January. 1 The ancient beautiful life of St. Syncletica is quoted in the old lives of the fathers published by Rosweide, l. 6, and in the ancient notes of St. John Climacus. It appears, from the work itself, that the author was personally acquainted with the saint. It has been ascribed to St. Athanasius, but without sufficient grounds. It was translated into French, though not scrupulously, by d’Andily, Vies des SS. Pères des Déserts, T. 3. p. 91. The antiquity of this piece is confirmed by Montfaucon, Catal. Bibl. Coislianæ, p. 417.

Note 1. She must not have lived later than the fourth century, for we find her life quoted in the fifth and sixth; and as she lived eighty-four years, she could not at least be much younger than St. Athanasius. From the age in which she lived, she is thought by some to have been the first foundress of nunneries, or religious women living in community, as St. Antony was of men. On this head consult Helyott, Hist. des Ord. and Mr. Stephens in his English Monasticon, c. 1. p. 16. However, St. Antony’s sister found a nunnery erected when she was but young, and this was prior to the time of Constantine the Great. [back]

Rev. Alban Butler (1711–73).  Volume I: January.The Lives of the Saints.  1866.

SOURCE : https://www.bartleby.com/210/1/053.html

On this day: Amma Syncletica

Jan 5, 2011

by Gerelyn Hollingsworth

On this day the Roman Catholic Church, the Orthodox Church, and the Eastern Catholic Churches commemorate Amma Syncletica of Alexandria, 380 - c.460.

To see an icon of Amma Syncletica by Eileen McGuckin, click here.

"Amma Syncletica was born in Alexandria into a well-respected Christian family of Macedonian heritage. Her two brothers died at relatively young ages and her sister was blind. Syncletica began her ascetical practices in her parents' home. She was well educated and had a reputation for her beauty.

"At the death of her parents, Amma Syncletica sold all her possessions and distributed the family wealth among the poor. She then cut her hair as a sign of consecration and moved with her blind sister to the family tomb outside Alexandria. Here she began her life as a desert ascetic.

"As women began to gather around her, Amma Syncletica reluctantly agreed to serve as their spiritual mentor, training them in the disciplines of the inner life."

"Amma Syncletica lived into her eighties and died after three and a half years of intense physical suffering, most likely from cancer. 'For this is the great asceticism: to control oneself in illness and to sing hymns of thanksgiving to God.'"

--from The Forgotten Desert Mothers: Sayings, Lives, and Stories of Early Christian Women, by Laura Swan, O.S.B.

Sr. Swan's book, in addition to chapters on Ammas and Deaconesses, contains a Timeline of the Forgotten Desert Mothers, a Calendar of Feasts of Holy Women, the Ordination Rite of Deacons, and a Bibliography helpful to anyone interested in the roles filled by women in the early Church.

SOURCE : https://www.ncronline.org/blogs/ncr-today/day-amma-syncletica

SARAH, THEODORA, AND SYNCLETICA OF EGYPT

"DESERT MOTHERS", 4th - 5th c.

The Desert Mothers were female Christian ascetics living in the desert of Egypt, Palestine, and Syria in the 4th and 5th centuries AD. They typically lived in the monastic communities that began forming during that time, though sometimes they lived as hermits. Other women from that era who influenced the early ascetic or monastic tradition while living outside the desert are also described as Desert Mothers.

The Desert Fathers are much more well known because most of the early lives of the saints "were written by men for a male monastic audience" — the occasional stories about the Desert Mothers come from the early Desert Fathers and their biographers. Many desert women had leadership roles within the Christian community. There are several chapters dedicated to the Desert Mothers in the Lausiac History by Palladius, who mentions 2,975 women living in the desert. Other sources include the various stories told over the years about the lives of saints of that era, traditionally called vitae ("life"). The lives of twelve female desert saints are described in Book I of Vitae Patrum (Lives of the Fathers).

The Desert Mothers were known as ammas ("spiritual mothers"), comparable to the Desert Fathers (abbas), due to the respect they earned as spiritual teachers and directors. One of the most well known Desert Mothers was Amma Syncletica of Alexandria, who had twenty-seven sayings attributed to her in the Apophthegmata Patrum, or Sayings of the Desert Fathers. Two other ammas, Theodora of Alexandria and Amma Sarah of the Desert, also had sayings in that book.

According to written accounts, Amma Syncletica might have been born around AD 270 (since she died about AD 350 and is said to have lived to her eighties), to wealthy parents in Alexandria and was well educated, including an early study of the writings of Desert Father Evagrius Ponticus. After the death of her parents, she sold everything she had and gave the money to the poor. Moving outside the city with her blind sister, she lived as a hermit among the tombs outside of Alexandria. Gradually a community of women ascetics grew up around her, who she served as their spiritual mother. Even though she was an ascetic and hermit, Syncletica taught moderation, and that asceticism was not an end in itself.

Theodora of Alexandria was the amma of a monastic community of women near Alexandria. Prior to that, she had fled to the desert disguised as a man and joined a community of monks. She was sought out by many of the Desert Fathers for advice—reportedly Bishop Theophilus of Alexandria came to her for counsel.

Sarah of the Desert's sayings indicate that she was a hermit living by a river for sixty years. Her sharp replies to some of the old men who challenged her show a distinctly strong personality. According to one story, two male anchorites visited her in the desert and decided, "Let's humiliate this old woman." They said to her, "Be careful not to become conceited thinking to yourself: "Look how anchorites are coming to see me, a mere woman." She replied, "According to nature I am a woman, but not according to my thoughts."

Sayings:

Amma Sarah said, "If I prayed God that all people should approve of my conduct, I should find myself a penitent at the door of each one, but I shall rather pray that my heart may be pure toward all."

Amma Syncletica said, "In the beginning there are a great many battles and a good deal of suffering for those who are advancing towards God and afterwards, ineffable joy. It is like those who wish to light a fire; at first they are choked by the smoke and cry, and by this means obtain what they seek ... so we must also kindle the divine fire in ourselves through tears and hard work."

Amma Syncletica said, "There are many who live in the mountains and behave as if they were in the town; they are wasting their time. It is possible to be a solitary in one's mind while living in a crowd; and it is possible for those who are solitaries to live in the crowd of their own thoughts."

Amma Theodora said that neither asceticism, nor vigils, nor any kind of suffering are able to save. Only true humility can do that. There was a hermit who was able to banish the demons. And he asked them: "What makes you go away? Is it fasting?" They replied: "We do not eat or drink." "Is it vigils?" They said: "We do not sleep." "Then what power sends you away?" They replied: "Nothing can overcome us except humility alone." Amma Theodora said: "Do you see how humility is victorious over the demons?"

SOURCE : http://satucket.com/lectionary/desert_mothers.html

St. Syncletica of Alexandria

Commemorated on January 5

St. Syncletica was a native of Alexandria and the daughter of rich parents. She was beautiful, but from a young age, she thought only about things pleasing to God. Loving the purity of virginity, she refused to marry anyone, and spent all her time in fasting and prayer.

After the death of her parents, she distributed her inheritance to the poor. She left the city together with her younger sister, and lived in a crypt for the rest of her life.

News of her ascetic deeds quickly spread throughout the vicinity, and many devout women and girls came to live under her guidance. During the course of her ascetic life, the saint zealously instructed the sisters by word and by deed.

In her eightieth year, she was struck by an intense illness. The nun bore her ordeal with true Christian endurance, and the time of her death was revealed to her in a vision. After giving final instructions to her nuns, she surrendered her soul to God around the year 350.

By permission of the Orthodox Church in America (www.oca.org)

SOURCE : http://ww1.antiochian.org/node/17319

Synkletike

auch: Syncletica,

 Gedenktag katholisch: 5. Januar

 Gedenktag orthodox: 5. Januar

 Name bedeutet: die Auserlesene (griech.)

Einsiedlerin, Mystikerin, Äbtissin in der Sketischen Wüste (?)

* um 320 in Alexandria in Ägypten

† um 400 daselbst

Fresko in der Kapelle an Thodosios' Grab im Kloster Agiou Theodosiou tou Neou nahe Agia Triada bei Argos 

Synkletike entstammte der Überlieferung nach einer reichen und frommen Familie. Mehrere Heiratsanträge lehnte sie ab, sie wollte ein tugendhaftes Leben führen; nach dem Tod ihrer Eltern verteilte sie ihr Erbe an die Armen und zog sich als Einsiedlerin in eine Höhle zurück und unterrichtete dort als geistliche Führerin viele Frauen in asketischer Lebensweise. Sie war mystisch begabt. Am Ende ihres Lebens erbat der Versucher von Gott die Erlaubnis, sie auf die Probe stellen - so wie er das bei Ijob getan hatte. Synkletike wurde mit mannigfachen Leiden gepeinigt, aber sie bleib trotz ihres hohen Alters standhaft im Glauben und in der Askese, bis sie im Alter von 84 Jahren starb.

Von Synkletike sind etwa 40 Aussprüche erhalten. Ihre Lebensgeschichte stammt wohl aus dem 5. Jahrhundert.

Worte der Heiligen

Wir sind im Leben vielfachen Versuchungen ausgesetzt. Synkletike rät, wie wir ihnen begegnen sollen:

Vielfach sind die Nachstellungen des Teufels. Kann er die Seele nicht durch Armut abbringen, dann bringt er den Reichtum als Köder herbei. Vermag er nichts durch Schmach und Schande, dann hält er ihr Lob und Ehre vor. Wenn er durch Gesundheit Niederlagen einstecken muss, macht er den Leib krank. Wenn er mit den Lüsten nicht täuschen kann, dann versucht er, durch ungewollte Anstrengungen den Umschwung herbeizuführen. Er führt gewisse sehr schwere Krankheiten herbei, wenn es ihm erlaubt wird, um bei denen, die kleinmütig werden, die Liebe zu Gott zu verdunkeln. Da wird dann der Leib durch die heftigsten Fieberschauer aufgerieben und durch unerträglichen Durst belästigt. Wenn du als Sünder das auszustehen hast, dann erinnere dich der kommenden Strafe und des ewigen Feuers und der vom Richter verhängten Qualen, und sei wegen der Gegenwart nicht verzagt. Freue dich, dass dich Gott heimgesucht hat, und habe jenes wohlklingende Wort auf der Zunge: Züchtigend hat Gott mich gezüchtigt, aber mich nicht dem Tode überantwortet (Psalm 117, 18). Du warst wie Eisen, aber durch das Feuer brennst du den Rost weg; wenn du aber als Gerechter der Krankheit verfällst, so wirst du vom Großen zu Größerem fortschreiten. Gold bist du, aber durch das Feuer wirst du noch bewährter. Ein Engel wurde dir für das Fleisch bestellt (2. Korintherbrief 12, 7). Freue dich! Siehe, wem du gleich geworden bist! Denn des Loses des heiligen Paulus wurdest du gewürdigt. … In solchen Übungen lasst uns unsere Seelen bilden. Denn vor Augen sehen wir den Feind.

Quelle: Weisung der Väter. Apophthegmata Patrum, auch Gerontikon oder Alphabeticum genannt. Übersetzt von Bonifaz Miller. Freiburg i. B. 1965, Nr. 898

Zitate von Synkletike:

Einige Schwestern fragten die hl. Synkletike: Was muss man tun, um gerettet zu werden? Sie hat einen Seufzer ausgestoßen, bitterlich geweint und dann gesagt: Wir alle wissen, was man tun muss, um gerettet zu werden, aber wegen unserer Nachlässigkeit können wir unsere Rettung verlieren. Vor allen Dingen und immer mehr und mehr sollen wir alles daransetzen, das Gebot des Herrn zu halten: Du sollst den Herrn, deinen Gott, lieben mit ganzem Herzen, mit ganzer Seele, mit deinem ganzen Gemüt, und du sollst deinen Nächsten lieben wie dich selbst (Matthäusevangelium 22, 37ff). Also, in dieser doppelten Liebe besteht die Rettung.

So wie es unmöglich ist, ein Schiff zu bauen ohne Nägel, so kann auch ein Mensch ohne Demut nicht selig werden.

Wie es unmöglich ist, dass das Gras auf dem Sand wächst, so ist auch unmöglich, dass jemand, der nach Vergnügen und oberflächlichen Gesprächen sucht, die himmlische Frucht hervorbringen könne. Denn der Herr sagt: Niemand kann zwei Herren dienen (Matthäusevangelium 6, 24).

Das Leben des Mönchs ähnelt dem Garten Eden, es muss durch die Flamme des zuckenden Schwertes (vgl. 1. Mose 5, 24) bewacht werden; und zwar durch die Gebete und Gedanken an Gott.

Je mehr Fortschritte die Wettkämpfer machen, desto stärker müssen die Gegenspieler sein, mit denen sie kämpfen.

Quelle: Weisung der Väter. Apophthegmata Patrum, auch Gerontikon oder Alphabeticum genannt. Übersetzt von Bonifaz Miller. Freiburg i. B. 1965, Nr. Nr.1063, 903

Meterikon. Die Weisheit der Wüstenmütter, hrsg. und übersetzt von Martirij Bagin und Andreas-Abraham Thiermeyer. Augsburg 2004, Nr. 54, 58, 79

zusammengestellt von Abt em. Dr. Emmeram Kränkl OSB, Benediktinerabtei Schäftlarn, für die Katholische SonntagsZeitung

 Acta Sanctorum

SOURCE : https://www.heiligenlexikon.de/BiographienS/Synkletike.html

Voir aussi : https://www.johnsanidopoulos.com/2011/01/saint-syncletike-of-alexandria.html