DISCOURS DU PAPE JEAN
PAUL II
AUX ÉVÊQUES DE LA
CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DE CORÉE
EN VISITE "AD
LIMINA APOSTOLORUM"
Samedi 24 mars 2001
Chers frères dans
l'épiscopat,
1. C'est avec une
grande affection dans le Seigneur que je vous souhaite la bienvenue, Évêques de
Corée, à l'occasion de votre visite ad limina Apostolorum. Vous êtes venus, une
fois encore, en pèlerinage auprès des tombes des Apôtres Pierre et Paul pour professer
la foi apostolique et pour prier pour votre ministère épiscopal et les
nécessités de l'Eglise dans votre pays. Au cours de cette rencontre, nous
célébrons ensemble les liens de vérité et de communion qui unissent vos Eglises
locales au Siège de Pierre. Alors que vous contemplez le témoignage offert par
les Apôtres usque ad effusionem sanguinis, vous pouvez réfléchir sur votre
ministère à la lumière de leur enseignement et de leur exemple, et tirer une
inspiration nouvelle pour votre travail au service de l'Évangile et pour
l'édification du Corps du Christ, l'Eglise.
Ma pensée revient aux
deux visites que j'ai accomplies dans votre pays, lorsque j'ai pu constater
personnellement à quel point l'Eglise s'est développée et a fleuri depuis
l'époque où fut jetée pour la première fois la semence de l'Evangile, il y a
plus de deux siècles. En effet, vous commémorez cette année le deux centième
anniversaire de la première grande vague de persécutions en Corée, qui a
conduit au martyre plus de trois cents fidèles. Ces hommes et ces femmes saints
avaient pris à coeur les paroles de l'Apôtre des Nations: "Désormais
je considère tout comme désavantageux à cause de la supériorité de la
connaissance du Christ Jésus mon Seigneur. A cause de lui j'ai accepté de tout
perdre, je considère tout comme déchets, afin de gagner le Christ" (Ph 3,
8). Le premier prêtre autochtone coréen, saint André Kim Tae-gôn, que j'ai eu
la joie de canoniser en 1984, exhorta les fidèles à accepter la persécution car
l'Eglise en Corée ne pouvait pas rester étrangère aux souffrances du Christ et
des Apôtres. Le sacrifice de vos martyrs, bien volontiers accepté pour
Jésus-Christ qui les avait gagnés à sa cause, comme il l'avait fait avec saint
Paul (cf. Ph3, 12), a assurément donné une récolte abondante et nous
devons prier afin qu'elle continue à être source d'orgueil, d'espérance, de
force et d'inspiration pour tous les chrétiens de toute la péninsule.
2. Deux événements
importants se trouvent à la base de votre actuelle visite ad limina:
l'Assemblée spéciale pour l'Asie du Synode des Évêques et l'expérience, riche
de grâces, du grand Jubilé de l'An 2000. Plusieurs d'entre vous ont participé à
cette Assemblée, qui s'est déroulée d'avril à mai 1998
et qui a constitué une occasion pour réfléchir de façon féconde et
constructive sur les défis que rencontre l'évangélisation, sur un continent où
les chrétiens représentent une très petite minorité. Inspiré par le
thème: Jésus-Christ le Sauveur et sa mission d'amour et de service en
Asie: "Pour qu'on ait la vie, et qu'on l'ait surabondante" (Jn 10,
10), le Synode a examiné les façons d'"éclairer et d'approfondir la
doctrine sur le Christ unique Médiateur entre Dieu et les hommes" (Tertio
millennio adveniente, n. 38). Sur la base de l'Exhortation apostolique Ecclesia
in Asia et, ensuite, de l'expérience du grand Jubilé de l'An 2000, la tâche qui
vous attend est celle de recueillir les fruits de ces célébrations et de jeter
des bases solides pour un nouveau printemps du christianisme dans votre pays et
sur tout le continent.
Au terme de l'"année
de grâce" qu'à constitué le grand Jubilé pour toute l'Eglise, j'ai offert
dans ma Lettre apostolique Novo millennio ineunte diverses réflexions sur la
façon dont nous pourrons tirer profit des nombreuses bénédictions, en
traduisant les grâces reçues en pratiques, en résolutions et en lignes d'action
(cf. n. 3). Le succès de toutes nos initiatives dépendra en définitive du fait
qu'elles sont fondées sur le Christ lui-même, qui continue à accompagner l'Eglise
dans son pèlerinage "jusqu'à la fin du monde" (Mt 28, 20). Dans
un certain sens, le programme à accomplir existe déjà: il se trouve dans
l'Evangile et dans la Tradition vivante de l'Eglise. Il est axé sur le Christ
lui-même, "qu'il faut connaître, aimer, imiter pour vivre en lui la vie
trinitaire et pour transformer avec lui l'histoire jusqu'à son achèvement dans
la Jérusalem céleste" (Novo millennio ineunte, n.
29). Bien qu'il faille tenir compte des circonstances temporelles et
géographiques, afin d'établir un véritable dialogue et une communication
efficace, ce programme ne change pas selon les diverses attitudes
prédominantes. C'est vous qui avez la responsabilité de déterminer les lignes
d'un plan pastoral adapté aux exigences et aux aspirations du Peuple de Dieu,
un plan qui permettra à tous d'entendre de façon toujours plus claire la Bonne
Nouvelle du Christ et qui conduira les vérités et les valeurs de l'Evangile à
devenir toujours plus incisives dans la famille, la culture, et la société
elle-même. Les successeurs des apôtres ne doivent jamais avoir peur de
proclamer la pleine vérité sur Jésus-Christ, dans toute sa réalité et ses
exigences riches de défis, car la vérité a le pouvoir intrinsèque d'attirer le
coeur humain vers tout ce qui est bon, noble et beau.
3. A ce propos, j'ai
eu beaucoup de plaisir à apprendre les efforts accomplis pour promouvoir
l'apostolat biblique. La possibilité de trouver une traduction coréenne moderne
de la Bible, un projet que vous avez entrepris pour le bicentenaire de l'avènement
de la foi dans votre pays, a pour effet que tous les fidèles peuvent
directement accéder à la Parole salvifique de Dieu. Il faut en particulier
recommander l'ancienne pratique de la lectio divina comme puissant instrument
d'évangélisation, car cette pieuse lecture des Saintes Ecritures nous fait
saisir "la parole vivante qui interpelle, qui oriente,
qui façonne l'existence" (Novo millennio ineunte, n. 39). Il
faut en particulier présenter les Écritures - l'"école de la foi" -
aux jeunes dès leur plus jeune âge, de façon à ce qu'ils découvrent la figure
authentique de Jésus qui les aime, qui répond à leurs désirs les plus profonds
et qui les appelle à le suivre avec un coeur généreux et indivis.
Par mandat du Christ,
l'Évêque est appelé à enseigner - "à temps et à contretemps" (2 Tm 4,
20) - la foi immuable de l'Eglise, telle qu'elle doit être appliquée et vécue
aujourd'hui. Dans son diocèse, l'Évêque enseigne la foi avec l'autorité
dérivant de l'ordination épiscopale et de la communion avec le Collège
épiscopal dirigé par son chef (cf. Lumen gentium, n. 22). Il enseigne de
façon pastorale, en cherchant à éclairer les problèmes actuels par la lumière
de l'Évangile et en aidant les fidèles à vivre une vie pleinement chrétienne
face aux défis de la société contemporaine. A ce propos, il est important que
vous souteniez et encouragiez le travail des théologiens, dans la mesure où ils
réfléchissent dans le domaine de la foi sur les façons de communiquer le
message chrétien de manière toujours plus efficace et adaptée à la situation
locale. Dans le même temps, vous devez avoir soin de sauvegarder
l'interprétation authentique de la doctrine de l'Eglise et donc assurer que
l'Eglise locale persiste dans la foi, qui seule sauve et libère. Un
discernement surnaturel est nécessaire pour défendre "le bon
dépôt avec l'aide de l'Esprit Saint qui habite en
nous" (2 Tm 1, 14).
4. Dans votre
patrie, vous devez affronter les défis d'une mentalité toujours plus
matérialiste qui érode un grand nombre des valeurs humaines authentiques sur
lesquelles se fonde traditionnellement la société coréenne. Cela exige une
engagement renouvelé pour affronter la crise des valeurs profondément ressentie
et renforcer le sens du transcendant dans la vie des fidèles. Votre récente initiative
pour promouvoir l'Évangile de la vie à travers l'institution d'un sous-comité
spécial du Comité pour la Doctrine de la Foi, au sein de votre Conférence
épiscopale, qui traite des questions bioéthiques
est louable, ainsi que votre ferme opposition à l'avortement, non seulement
parce qu'il s'agit d'une terrible offense au don de Dieu de la vie, mais
également parce qu'il introduit dans la société une attitude relativiste envers
tous les principes moraux et éthiques fondamentaux.
Dans ce domaine, comme
dans de nombreux autres domaines de la vie de l'Eglise, le rôle des fidèles
laïcs est indispensable. Il est significatif que la foi ait été introduite dans
votre patrie à la fin du XVIIIème siècle grâce aux efforts persistants de laïcs
engagés. Parmi ceux qui sont morts au cours de la persécution de 1801 se
trouvait la première femme catéchiste de Corée, Colomba Kang Wansuk, qui a
diffusé sans peur l'Évangile à Séoul et dans tous le pays, avant d'être
exécutée avec quatre autres personnes qui s'étaient converties grâce à son
influence. Des 103 martyrs canonisés en 1984, victimes pour la plupart des
persécutions de 1839 et de 1866, 92 étaient des laïcs. Quelle meilleure
inspiration peut-on trouver que ces témoins et cet héritage pour les fidèles laïcs
de Corée dans leur généreux engagement pour l'évangélisation, la catéchèse, la
promotion de la doctrine sociale catholique et les oeuvres de charité! C'est à
vous que revient la tâche de discerner les dons des laïcs, de promouvoir en eux
une conscience plus profonde de la mission à laquelle ils participent en
communion avec l'Eglise, et de les encourager à utiliser leurs capacités pour
le renouvellement de la société et la diffusion d'une culture fondée sur le
respect de chaque personne humaine.
5. Vos plus proches
collaborateurs dans l'oeuvre de l'évangélisation sont vos prêtres, appelés par
leur ordination à être d'authentiques pasteurs du troupeau, des prédicateurs de
l'Evangile du salut et de dignes ministres des sacrements. La Corée est bénie par
un nombre élevé de vocations sacerdotales, elle possède des pasteurs dont la
vie est profondément caractérisée par la fidélité au Christ et par un généreux
dévouement à leurs frères et à leurs soeurs. Il est important que les fidèles
voient leurs prêtres comme des hommes dont les esprits et les coeurs sont
tournés vers les choses profondes de l'Esprit (cf. Rm 8, 5), comme des hommes
de prière engagés dans leur ministère sacerdotal et qui se distinguent par leur
rectitude morale. Le nouveau Collège pontifical coréen, ici à Rome, est un
signe de votre décision de garantir à vos prêtres une solide formation
permanente qui les aidera à apporter un témoignage convaincant du Christ et à
accomplir les tâches de leur ministère avec
dévouement et joie.
Je vous encourage à
prêter une attention particulière à la formation de ceux qui enseigneront dans
les séminaires. Ils doivent non seulement posséder une solide formation
touchant les sciences sacrées, mais également une formation spécifique
concernant les milieux de la spiritualité sacerdotale, l'art de la direction
spirituelle et les autres aspects de la tâche délicate et difficile qui les
attend dans la formation des futurs prêtres (cf. Ecclesia in Asia, n. 43).
J'adresse encore une fois une parole de pieux encouragement à la Korean Foreign
Mission Society, en demandant au Seigneur de bénir son
travail et de lui accorder une croissance des vocations pour la récolte
abondante qui se présente à l'Eglise du troisième millénaire.
6. Les documents du
Concile Vatican II contiennent de nombreuses références à propos de
l'importance pour l'Eglise universelle, et pour chaque Eglise particulière, du
témoignage et de l'apostolat des hommes et des femmes consacrés. A travers
l'observance des conseils évangéliques, ils rendent visible dans l'Eglise la
forme que le Verbe incarné a prise au cours de sa vie terrestre (cf. Vita
consecrata, n. 14). Ils sont un signe de la nouvelle création souhaitée par le
Christ et rendue possible en nous par la grâce et par la force de l'Esprit
Saint, et ils témoignent de la suprématie de Dieu et du caractère sublime de la
connaissance du Christ (cf. Ph 3, 8). Outre les diverses formes de
service inestimables que les hommes et les femmes consacrés accomplissent dans
les oeuvres caritatives, l'apostolat intellectuel, l'assistance médicale et
d'autres domaines de l'activité ecclésiale, leur charisme particulier est
d'offrir une réponse à la demande, aujourd'hui très répandue, d'une
spiritualité authentique qui s'exprime en grande partie comme une recherche de
prière et de direction spirituelle. Je vous invite à protéger la vie consacrée
comme un don spécial de Dieu à vos communautés locales et à donner aux hommes
et aux femmes consacrés le soutien de votre ministère et de votre amitié.
7. Chers frères dans
l'épiscopat, votre terre natale est toujours dans mes prières. Je me réjouis
chaque fois que j'apprends les progrès accomplis dans la promotion de la
réconciliation, la compréhension réciproque et la coopération de tous les
membres de la famille coréenne. Il s'agit d'un milieu d'action et de service
que l'Eglise que vous présidez doit poursuivre de façon résolue, jour après
jour, en discernant et en suivant les signes que la Providence lui offre.
Offrir une solidarité matérielle et spirituelle à la communauté catholique et à
tout le peuple de la Corée du Nord, selon des modalités appropriées et avec
charité pastorale, se révélera sans aucun doute un pas positif vers la
réconciliation. Je prie afin que Dieu tout puissant continue à bénir les
efforts de ceux qui oeuvrent pour le bien de tout le peuple de la péninsule.
Je vous remercie encore
une fois de votre générosité et de votre engagement dans l'exécution des
devoirs de votre ministère épiscopal, ainsi que de la communion spirituelle et
du soutien que vous m'avez toujours démontré. J'exprime encore une fois mon
encouragement sincère aux prêtres, aux religieux et aux laïcs de la Corée et je
prie de façon particulière pour les personnes âgées et les malades dont la
souffrance en union avec le Seigneur crucifié constitue une immense source de
richesse spirituelle pour tout le Peuple de Dieu. Avec ces sentiments, je vous
recommande tous à Marie, Mère du Rédempteur, et je Lui confie les exigences de
l'Eglise qui est en Corée, ainsi que les joies et les difficultés de votre
ministère. Je demande à l'Esprit Saint de répandre sur vos diocèses de
nouvelles grâces et énergies pour la mission qui reste à accomplir. A chacun de
vous, ainsi qu'aux membres de l'Eglise dans votre pays, je donne de tout coeur
ma Bénédiction apostolique.
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Editrice Vaticana
Histoire de l’Église de Corée en deux tomes
La mort du P. Tsiou était
une grande calamité pour l’Église de Corée. Elle perdait en lui son unique
pasteur, et il semblait humainement impossible qu’il pût être remplacé avant de
longues années. Sans doute les circonstances n’avaient pas permis à tous les
néophytes de voir le prêtre, d’entendre ses instructions, et de recevoir de sa
main les sacrements. Un petit nombre d’entre eux seulement avaient eu ce
bonheur. Mais au moins, lui présent, il y avait un centre commun, un point de
réunion pour les diverses chrétientés ; il y avait une direction unique
dans les affaires importantes ; et surtout il y avait la célébration
fréquente du saint sacrifice, et le sang de Jésus-Christ, source de toute
grâce, coulait souvent sur cette terre infidèle.
En se livrant, le P.
Tsiou avait espéré user sur lui-même la rage des persécuteurs, et empêcher
ainsi le malheur de son troupeau. Les ennemis de la religion, de leur côté,
s’imaginaient qu’après la mort du prêtre, les chrétiens démoralisés comme une
armée sans chef, seraient facilement amenés à l’apostasie, et leur culte
anéanti. Il n’en fut rien. Dieu permit que les espérances du prêtre fussent
déçues, et que la persécution augmentât de violence ; mais en même temps
il déjoua tous les calculs des impies, en inspirant à ses fidèles un courage
plus ferme, une patience plus indomptable, et en multipliant ses martyrs. Nous
allons donner quelques détails sur les principaux d’entre eux. L’histoire de
l’Église offre peu de pages aussi glorieuses.
Le P. Tsiou avait été
décapité le 31 mai 1801. Le lendemain, 1er juin, Josaphat Rim, d’une
des plus illustres familles du parti No-ron, et plusieurs de ses parents,
obtinrent par le même supplice le même triomphe. Ici vient naturellement se
placer une remarque importante. Bien que les rancunes de parti fussent pour
beaucoup, comme nous l’avons expliqué, dans la publication de l’édit qui
proscrivait la religion chrétienne, la première et principale cause néanmoins
était, en Corée, comme partout et toujours, la haine éternellement active de
l’enfer contre l’Église. Or, il y avait des chrétiens dans les autres partis
aussi bien que dans le parti des Nam-in, car la religion ne s’inféode jamais à
aucune caste, ni à aucune faction. De fait cependant, les grands personnages
condamnés à mort depuis l’avènement de la régente, appartenaient presque tous
aux Nam-in, ce qui donnait à la persécution un caractère de vengeance
politique, et pouvait, aux yeux des païens, altérer et diminuer la gloire des
martyrs. Afin donc de montrer clairement à tous que, pour le plus grand nombre
des victimes, la profession du christianisme était l’unique cause de
condamnation ; afin de restituer à la mort des confesseurs son véritable
caractère. Dieu permit que les persécuteurs fussent forcés par les
circonstances d’immoler plusieurs membres éminents de leur propre parti.
Josaphat Kim Ken-sioun-i
descendait d’une branche cadette de la famille Kim de An-tong, qui était alors
une des principales du parti No-ron, et se trouve aujourd’hui la première
famille de la Corée. Il fut adopté dès l’enfance par le principal descendant de
la branche aînée, et se trouva ainsi placé à la source des dignités et des
honneurs ; son père adoptif habitait la ville de Nie-tsiou. Josaphat se
fit remarquer par une intelligence extraordinairement précoce. Dès l’âge de
neuf ans, disent les relations coréennes, il voulut s’appliquer à la doctrine
de Lao-tse, qui passe pour ouvrir le chemin de l’immortalité à ses sectateurs.
Dans sa maison, il y avait un livre, espèce d’introduction à l’étude de la
vraie religion, composé en chinois, sous une forme attrayante et populaire, par
les anciens missionnaires de Péking. Josaphat le lut avec grand plaisir, à
l’âge de dix ou douze ans, et bientôt se mit à discuter sur le ciel et l’enfer,
sur la nécessité de leur existence, et autres matières traitées dans ce livre.
On disait de lui, dès lors, qu’il parviendrait au grade de ministre. En
grandissant, il se livra à de vastes études ; les livres sacrés,
l’histoire, les doctrines de Fo et de Lao-tse, la médecine, la géoscopie, l’art
militaire même, rien ne lui resta étranger.
Il eut bientôt occasion
de montrer ses talents. En effet, il n’était âgé que de dix-huit ans,
lorsque son père adoptif vint à mourir. Or, le deuil légal, en Corée, se
faisait alors avec les cérémonies du temps de la dynastie Song[1],
en négligeant les rites plus anciens. Josaphat, qui avait des doutes à ce
sujet, consulta le fameux docteur Ambroise Kouen T’siel-sin-i, qui alors
n’était pas encore chrétien, et ayant, par son moyen, reconnu que certaines
pratiques n’étaient pas fondées sur les livres sacrés, il les rejeta comme
erronées et s’en abstint à la mort de son père. Les lettrés, effrayés de cette
infraction aux usages, se récrièrent vivement. Aussitôt Josaphat,
pour justifier sa conduite, écrivit une longue apologie, dans laquelle les
citations et les preuves affluaient d’une manière si savante et si heureuse que
Ni Ka-hoan-i, qui passait alors pour le premier lettré du pays, avoua qu’il ne
pourrait rien faire de semblable.
À la maison, Josaphat se
faisait remarquer par la gravité de son Caractère, sa piété filiale, sa
fidélité et sa générosité. Sa famille étant riche, il prenait un vrai plaisir à
dépenser en aumônes tout ce qu’il possédait, tandis que pour ses propres habits
et pour sa nourriture, il se limitait au plus strict nécessaire, et se
traitait comme un pauvre. S’il allait à la capitale, les chaises et les chevaux
affinaient à la porte de la maison où il descendait, car chacun voulait avoir
la satisfaction de le voir et de l’entretenir, au moins une fois. On raconte
qu’avec Martin Ni et quelques autres amis, il avait conçu le projet de
traverser la mer, pour aller à Péking consulter les savants européens, acquérir
auprès d’eux beaucoup de connaissances utiles, et revenir les répandre dans son
pays.
Jusqu’alors Josaphat
n’avait ouï parler de la religion que très-indirectement, et n’en avait pas une
idée exacte. De concert avec quelques amis, au nombre desquels se trouvait Rang
I-tien-i, il s’était mis à l’étudier, pensant y trouver des secrets magiques et
des procédés extraordinaires. Ce Kang I-tien-i était un lettré renommé du parti
Sio-pouk, d’un esprit méchant et rusé. S’imaginant qu’il y aurait bientôt un
changement de dynastie, il cherchait des recettes merveilleuses, et étudiait
les arts magiques, pour être prêt à l’époque voulue et faire son chemin.
Josaphat, en se liant
avec cet homme, était loin de connaître le fond de ses idées, car pour
lui-même, outre la curiosité naturelle d’apprendre quelque chose
d’inconnu, il avait réellement le désir sincère d’approfondir la doctrine de l’Évangile.
Aussi, ne trouvant pas de chrétiens éminents dans le parti No-ron, auquel sa
famille appartenait, il résolut de recourir à des membres du parti Nam-in, et
fit demander à Ambroise Kouen d’avoir quelques conférences avec lui sur des
matières religieuses. Le noble chrétien y consentit avec joie, mais comme les
inimitiés héréditaires des deux familles ne permettaient pas qu’on se vît
publiquement, Josaphat se rendait de nuit à la maison d’Ambroise. Dès les
premiers entretiens, il n’eut pas de peine à croire l’existence de Dieu et le
mystère de la sainte Trinité ; mais le simple énoncé du mystère de
l’Incarnation renversa toutes ses idées, et il demeura triste et abattu.
Plusieurs jours il s’abstint de revenir, croyant que celui qui avait prononcé
une telle parole ne pouvait manquer d’être foudroyé, ou frappé de quelqu’autre
punition céleste. Puis, voyant que Dieu ne l’avait pas anéanti, il examina de
nouveau, et la grâce du Saint-Esprit agissant sur son cœur, il s’avoua vaincu,
soumit sa raison à la foi, et embrassa fermement la religion. Le P. Tsiou
entendit parler de la droiture d’âme de Josaphat, et lui écrivit pour lui faire
connaître le véritable esprit de l’Évangile, et lui faire déposer toute idée de
choses merveilleuses et de puissances magiques. Josaphat, ému, se rendit avec
joie, rompit définitivement avec les études auxquelles il s’était livré, et se
mit à marcher tout droit dans la voie du salut. Il avait alors vingt-deux ans.
Presque tous ses amis
suivirent son exemple. De ce nombre étaient les glorieux martyrs, que nous
avons vu décapiter à la ville de Nie-tsiou, Martin Ni et Jean Ouen. Kang
I-tien-i seul ne crut pas, et demeura plus enfoncé que jamais dans ses rêveries
ambitieuses et dans ses chimériques recherches. Deux mois s’étaient à peine
écoulés, que les projets de ce dernier et des siens se dévoilèrent, et le
gouvernement, croyant voir dans leur conduite une tendance à la révolte, et le
danger d’exciter des troubles parmi le peuple, les fit saisir et citer en
justice. C’était en 1797. Josaphat se trouva naturellement compromis, à cause
de ses rapports antérieurs avec Kang I-tien-i. Heureusement ses belles qualités
et sa droiture étaient déjà connues du roi, qui lui ayant donné toute son
estime, sut le protéger et le mettre à l’abri des mauvaises suites de cette
affaire. Bientôt après, Josaphat fut baptisé par le prêtre, et sa ferveur en
reçut une grande augmentation. Il ne craignait pas de se montrer publiquement
comme chrétien, instruisait ses parents et amis, les exhortait au bien, et ne
cessait de prêcher l’Évangile en toute occasion. Grand nombre de païens, dans
le district de Nie-tsiou et les environs, lui durent, après Dieu, le bienfait
de la foi.
Son père, cependant, le
voyait avec peine pratiquer le christianisme, et faisait tous ses efforts pour
l’en éloigner. Pendant plusieurs années, Josaphat eut à supporter
continuellement des persécutions domestiques bien pénibles, mais il triompha dé
toutes les difficultés, et continua la pratique fidèle de ses devoirs. Quand il
apprit la défection de Jean Tieng qui, pour éviter la mort, avait signé une
formule d’apostasie, il en fut profondément ému, et témoigna toute la douleur
qu’il en ressentait, mais n’en fut pas ébranlé. Quoique impliqué, par sa
naissance et sa position sociale, dans beaucoup d’affaires du monde et de la
cour, il ne paraît pas que Josaphat ait jamais pris une grande part à la
direction des affaires de la chrétienté. On voit même qu’il se tint un peu à
l’écart, quand les clameurs des nobles de son parti, arrivés subitement au
pouvoir, préparaient et annonçaient la persécution. C’est alors probablement
que, de concert avec Augustin Tieng, il travailla à rédiger un ouvrage complet
et méthodique sur la religion. Nous avons dit plus haut qu’ils ne purent le
terminer, et que les chrétiens ne réussirent à en sauver aucun fragment.
La conduite de Josaphat
avait toujours été, depuis son baptême, ferme, grave et irréprochable. Son
humilité égalait son mérite ; aussi était-il aimé et respecté de tous les
chrétiens, et l’éclat de ses vertus le désignait-il d’avance pour victime de la
persécution. On se fera difficilement une idée de tous les efforts que
tentèrent, dans ces circonstances, ses parents et amis pour obtenir de lui une
parole de faiblesse, qui le mît à l’abri des poursuites. Il ne paraît pas
néanmoins que le noble athlète de Jésus-Christ ait failli à son devoir, et, en
effet, le mandat d’arrêt fut lancé contre lui, probablement dans le courant de
la troisième lune. On alla le chercher dans la maison de son propre père, à la capitale ;
celui-ci prenait alors son repas, et sans discontinuer, il dit aux agents du
Keum-pou : « Mon fils est allé aujourd’hui aux examens ; il doit
être assis sous tel arbre, vous le reconnaîtrez à tel et tel signe. Remplissez
votre devoir, sans donner l’éveil à qui que ce soit. » En disant ces mots,
il ne changea ni de ton ni de couleur. Josaphat fut donc arrêté et déposé à la
prison.
Nous savons que tout fut
mis en œuvre pour empêcher sa condamnation. Sa famille si puissante, dont
l’honneur allait être compromis par le procès criminel d’un de ses membres,
avait tout arrangé pour que, sans apostasie formelle, le noble prisonnier
fût relâché sur quelque petit signe, indifférent par lui-même. Comme on devait
nécessairement le confronter avec le P. Tsiou, il avait été convenu avec les
juges que, s’il voulait prétendre ne pas connaître le prêtre, il serait
immédiatement mis en liberté. Quels combats ne durent pas se livrer dans le
cœur de Josaphat à la vue de tous ses parents et des grands du royaume, qu’on
laissait à dessein circuler dans la prison pour ébranler sa constance, et qui
se jetaient en pleurs à ses pieds, le conjurant d’avoir au moins pitié des
siens et d’éviter la ruine totale de sa famille ! lien fut sans doute un
peu affecté, car quand on l’amena devant le prêtre et qu’on lui demanda s’il
connaissait cet homme, il hésita un instant à répondre. Le P. Tsiou, comprenant
sa tentation, essaya de le stimuler en disant : « Ah ! toi aussi
tu vas te montrer un petit homme d’un petit royaume. » La fierté du noble
coréen fut piquée de ce reproche, et, la grâce accompagnant cette parole sortie
de la bouche d’un apôtre, chargé de fers pour Jésus-Christ, le confesseur
reprit courage et confessa hardiment sa foi.
Dans les interrogatoires,
Josaphat fit plusieurs fois éloquemment l’apologie de la religion, et apporta,
pour la confirmer, une multitude de textes tirés des livres sacrés du pays. Les
juges lui dirent : « Comment un homme d’une aussi noble maison
peut-il parler et agir ainsi ? Tu veux user de nos livres sacrés pour
confirmer une doctrine perverse, tu es digne de mort. » Josaphat
répondit : « Je désire que toute la cour et les grands du royaume
pratiquent cette religion, pour faire le bonheur du peuple, et assurer de
longues années au roi. » Tous les expédients étant épuisés, et la
constance du confesseur ne laissant plus aucun espoir, il fut condamné à mort.
Le 20 de la quatrième
lune (1er juin), il fut conduit au lieu du supplice, en dehors de la
petite porte de l’Ouest. Sa noblesse, sa vertu, sa réputation, y avaient
rassemblé un concours immense de toutes classes et de toutes conditions. Durant
le trajet, Josaphat conserva son calme et sa dignité, et arrivé au lieu du
supplice, il dit à la foule réunie : « Les honneurs et la gloire de
ce monde sont illusoires et mensongers. Moi aussi j’ai quelque réputation, et
je pouvais obtenir de grandes dignités, mais les sachant vaines et fausses, je n’en
ai pas voulu. Il n’y a que la religion chrétienne qui soit vraie, et voilà
pourquoi je ne crains pas de mourir pour elle. Vous tous, pensez-y bien et
suivez mon exemple. » Puis il inclina la tête et reçut le coup qui lui
assurait l’immortalité bienheureuse. Il n’était âgé que de vingt-six ans.
À la capitale, il n’était
personne qui ne déplorât et ne regrettât sa mort. D’après la loi et les
coutumes, ses proches parents auraient dû perdre leurs places, et le nombre de
ceux qui se trouvaient ainsi compromis était très-considérable, même parmi les
plus hauts dignitaires du royaume. Mais la famille du défunt, à peu près
toute-puissante, parvint à faire admettre pour cette fois ce principe, que les
actes étant personnels, les parents n’ont pas à en répondre, et, par là, tous
les parents de Josaphat purent conserver leurs dignités. Afin de faire
disparaître, autant que possible, la tache d’infamie dont cette mort souillait
la branche principale de la famille des Kim, on adressa une pétition au
gouvernement, pour faire casser l’adoption de Josaphat. La régente y consentit,
et un autre fut substitué officiellement au martyr, comme descendant de la
branche aînée.
Le même jour, et au même
lieu, plusieurs parents de Josaphat Kim partagèrent son triomphe. Le plus connu
d’entre eux est Kim Paik-sioun-i qui, n’étant encore que catéchumène, n’a pas,
dans les actes, de nom de baptême. Cousin de Josaphat, nous ne savons à quel
degré, il vivait à la capitale, dans une grande pauvreté, et ne songeait qu’à
en sortir, et à se frayer une voie aux honneurs et fonctions publiques. Un de
ses ancêtres, qui était ministre en 1636, quand les Mandchoux arrivèrent près
du fleuve qui sépare la Corée de la Chine, avait refusé de se soumettre aux
Barbares, et s’était brûlé lui-même. Cet acte de dévouement à son pays et à son
roi fit qu’on lui érigea, et qu’on permit aussi à ses descendants de lui ériger
une porte monumentale, deux honneurs qui deviennent pour la postérité de celui
à qui on les accorde, des titres à un avancement rapide.
Paik-sioun-i donc,
uniquement dans des vues d’ambition, s’appliqua aux études ordinaires des
lettrés. Mais Dieu, qui avait sur lui des desseins de miséricorde, lui inspira
peu à peu le désir de la véritable gloire et du véritable bonheur. Pour y
parvenir, il se mit à lire les écrits philosophiques des grands hommes, mais
leurs obscurités, leurs contradictions firent naître des doutes dans son
esprit, et il ne les considéra plus comme entièrement dignes de foi. Ayant vu
dans les écrits de Lao-tse et autres, que l’homme en mourant n’est pas anéanti,
il se créa de nouvelles doctrines et un nouveau système, qu’il ne tarda pas à
expliquer à quelques amis. « Tes paroles sont bien étonnantes, lui
répondirent-ils, sans doute tu as tiré tout cela de la religion européenne.»
Cette observation frappa beaucoup Paik-sioun-i, et il se dit en lui-même :
« En voyant des choses qui surpassent notre intelligence, tout le
monde dit que cela vient des doctrines européennes, il doit y avoir quelque
chose de bien grand, de bien extraordinaire dans cette religion. » En
conséquence, il se mit à fréquenter des chrétiens, et après avoir examiné,
discuté et approfondi leur doctrine pendant deux ans, il se sentit convaincu,
crut fermement, et se donna de tout cœur à la pratique fidèle de tous les
devoirs que la religion impose.
Sa mère, instruite et
exhortée par lui, embrassa aussi le christianisme, mais sa femme, d’un
caractère étroit, raide et ambitieux, qui avait toujours convoité les honneurs
pour son mari, voyant tout à coup ses espérances déçues, se laissa emporter à
la colère et ne lui épargna ni les reproches, ni les injures. Paik-sioun-i ne
faisait point mystère de sa conversion. Un de ses parents l’interrogeant un
jour sur la religion, il répondit à haute voix : « C’est la vraie
doctrine ; c’est une grande doctrine ; tout homme est tenu de la
suivre ; faites comme moi. » Un autre jour, son oncle maternel venant
le trouver, chercha à le séduire par toutes sortes de moyens, et ne pouvant
parvenir à s’en faire écouter, finit par lui dire : « Si tu ne te
rends pas à mes paroles, je romprai avec toi. » Paik-sioun-i répondit avec
calme : « Dussé-je rompre avec mon oncle, je ne puis rompre avec mon
Dieu. » Dès lors, ses amis se concertèrent pour ne plus avoir de rapports
avec lui, et ses parents prirent la résolution de le chasser de la famille.
Notre courageux néophyte vit tout cela d’un œil indifférent, et se contenta de
dire : « Depuis que j’ai connu Dieu, mon cœur ne s’émeut de
rien ; il est comme une montagne. »
Au printemps de 1801,
dénoncé par un apostat, il fut jeté en prison. Les détails de ses
interrogatoires ne nous sont pas parvenus. S’il faut en croire sa sentence, les
supplices lui auraient arraché, un instant, quelques paroles de faiblesse. Mais
bientôt il les rétracta hautement, et jusqu’à la fin montra un courage et une
fermeté rares. Il fut condamné à mort et exécuté en même temps que son cousin
Josaphat, à l’âge de trente-deux ans. On ne voit pas qu’il ait été baptisé en
prison ; c’est donc le baptême de sang qui le fit chrétien et lui donna
entrée dans l’Église triomphante.
Nous devons mentionner
encore Kim Ni-paik-i, parent lui aussi de Josaphat, mais d’une branche bâtarde.
Sa sentence se trouve jointe à celle de ce dernier, et il dut mourir avec lui.
Cependant, comme il n’est pas parlé de religion dans cet acte, et que
d’ailleurs aucun autre document ne le signale comme chrétien, nous n’osons,
malgré toutes les probabilités, lui donner le titre de martyr.
Luc Ni Hei-ieng-i, ami
intime de Josaphat Kim, se trouva aussi réuni avec lui dans la même confession
de foi, et partagea son martyre. Il habitait d’abord la ville de Nie-tsiou.
C’est là qu’il fut instruit de la religion, et commença à la pratiquer. Plus
tard, il émigra à la capitale, où sa foi et sa ferveur ne firent qu’augmenter.
S’étant exercé dans sa jeunesse, à l’art de la peinture, il peignit nombre de
sujets religieux, ce qui fut l’un des prétextes de sa condamnation. Elle est
jointe à celle de Kim Paik-sioun-i, et datée du 29 de la troisième lune. Il
paraît toutefois que son exécution fut remise au 1er juin, et qu’il fut
décapité avec les autres confesseurs dont nous venons de parler.
Il y eut peut-être encore d’autres victimes ce jour-là ; car un mémoire contemporain nous dit que, parmi les parents, alliés et amis de Josaphat, une vingtaine furent pris, parmi lesquels il n’a pu savoir au juste ceux qui se montrèrent fidèles, ou eurent le malheur de faiblir. Il nous a été impossible de trouver des renseignements plus détaillés. Mais quel que fût alors le nombre des chrétiens dans cette famille, il n’y en a plus aujourd’hui un seul. Toutefois, l’esprit général de ses membres n’est pas hostile à la religion. C’est de cette famille qu’était la reine épouse du roi Sioun-tsong, décédée en 1857, et qui fut toujours favorable aux chrétiens, sans oser toutefois prendre leur défense ouvertement. La reine actuelle a la même origine, et les principaux gouverneurs qui, de nos jours encore, ont fait éviter bien des vexations aux chrétiens, sont la plupart des parents de Josaphat.
Un mois après, le 23e jour
de la cinquième lune (3 juillet), neuf nouveaux martyrs furent conduits en
dehors de la porte de l’Ouest, et décapités. Cinq de ces martyrs, par une
violation de la loi coréenne, que la fureur des ennemis de la religion peut
seule expliquer, étaient des femmes de condition noble. À la tête de cette
glorieuse troupe, nous rencontrons l’auxiliaire dévouée du prêtre, Colombe
Kang, dont nous avons parlé plus haut. Aussitôt après son arrestation, les
juges, voulant lui arracher le secret de la retraite du prêtre, lui avaient
fait subir jusqu’à six fois l’affreux supplice de l’écartement des os ;
mais au milieu de ces tourments, elle resta muette et comme insensible, au
point que les valets qui la voyaient se disaient entre eux : « C’est
un génie, et non pas une femme. » Loin de donner le moindre signe de
faiblesse, elle continua son apostolat dans la prison, et jusque devant les
juges, proclamant sans cesse la divinité de la religion chrétienne, et
apportant à l’appui de sa parole des preuves tirées de Confucius et des
autres philosophes les plus célèbres. Dans leur admiration, les mandarins ne
l’appelaient que la femme savante, la femme sans pareille, et disaient qu’elle
leur coupait la respiration, expression coréenne qui marque cette espèce de
stupeur produite par un étonnement extraordinaire. Ils n’en devinrent que plus
acharnés à obtenir son apostasie et employèrent contre elle tous les supplices
que peut inventer la cruauté la plus raffinée ; mais toujours ils furent
vaincus par la patience surnaturelle de leur victime.
La foi de Colombe
triompha non moins glorieusement de son amour maternel. Son beau-fils Philippe,
arrêté avec elle, mais incarcéré dans une autre prison, avait paru faiblir dans
les tourments. Elle l’apprit, et l’ayant aperçu de loin un jour qu’elle se
rendait de la prison au tribunal, elle lui cria d’une voix forte ;
« Jésus est au-dessus de ta tête, et te voit ; peux-tu t’aveugler et
te perdre ainsi ? Prends courage, mon enfant, songe au bonheur du
ciel. » Cette généreuse exhortation sauva l’âme du jeune homme qui,
fortifié par ces paroles, reçut, quelques mois plus tard, la couronne du
martyre.
Dans sa prison. Colombe apprit
la mort du P. Tsiou. Déchirant alors un pan de sa robe, elle y écrivit
l’histoire des travaux apostoliques du missionnaire. Cette vie d’un saint,
écrite dans les fers par une sainte qui le connaissait si bien, a été
malheureusement perdue par la négligence de la femme chrétienne à qui le
rouleau de soie avait été confié.
La ferveur de Colombe et
de ses compagnes de captivité avait changé leur prison infecte en un lieu de
prières. Fidèles à leurs exercices de piété, elles se soutenaient et
s’encourageaient mutuellement, et ne cherchaient qu’à se rendre dignes de leur
céleste époux qui, en retour, les couvrait d’une protection manifeste. Plus le
moment du sacrifice approchait, et plus elles étaient heureuses ; la
veille de leur mort surtout, elles paraissaient ivres de joie. Enfin se leva le
jour si longtemps attendu, si ardemment désiré, le jour du triomphe et de la
récompense. Le 23 de la cinquième lune (3 juillet), Colombe et quatre de ses
compagnes montèrent sur le chariot, et furent conduites au lieu du supplice.
Durant le trajet, elles ne cessaient de prier, de s’exhorter réciproquement, et
de chanter les louanges de Dieu. La foule voyait avec étonnement une sainte
joie briller sur leurs visages. Arrivée au lieu de l’exécution, Colombe se
tourna vers le mandarin, qui présidait, et lui dit : « Les lois
prescrivent de dépouiller de leurs vêtements ceux qui doivent être suppliciés,
mais il serait inconvenant de traiter ainsi des femmes ; avertissez
le mandarin supérieur que nous demandons à mourir habillées. » La
permission fut accordée, à la grande satisfaction de ces saintes épouses de
Jésus-Christ. Colombe alors lit le signe de la croix, et la première, présenta
sa tête au bourreau. Elle était âgée de quarante-un ans.
Mentionnons ici, en
anticipant un peu sur les événements, le martyre de Philiphe Hong Pil-tsiou. Il
était, comme nous l’avons dit, fils du mari de Colombe, par une première
femme ; mais, selon l’usage du pays, il fut toujours appelé le fils de
Colombe. Il demeura constamment avec elle, la suivit à la capitale, et la
traita toujours comme sa mère. Quand ils eurent recueilli le prêtre chez eux,
Philippe profita de sa présence pour devenir un excellent chrétien. Chaque jour
il lui répondait la messe, et lui rendait avec assiduité tous les services que
réclamait sa position difficile. Pris en même temps que Colombe, il fut séparé
d’elle dans sa prison, et soumis à de violentes tortures, qu’il supporta
d’abord avec un grand courage, sans laisser échapper aucune parole
compromettante. Il semblait cependant faiblir, quand son héroïque mère ranima
par quelques mots sa foi et sa confiance en Dieu. Depuis ce jour, il ne se
démentit plus, et plus fort que les supplices, donna sa tête pour Jésus-Christ,
le 27 de la huitième lune, (4 octobre). Il n’avait alors que vingt-huit ans.
Les quatre femmes
décapitées avec Colombe, étaient : Kieng Pok-i, Ieng In-i, Nien-i et
Sin-ai. Nous ignorons quelles sont ces bienheureuses martyres, car les femmes,
en Corée, n’ont pas de nom personnel, et les actes du gouvernement ne les ont
pas désignées par leurs noms de famille, mais bien par des noms de hasard,
imposés uniquement pour le procès, comme cela se fait souvent dans le cas des
personnes condamnées à mort ou à des peines infamantes. Elles étaient filles du
palais, c’est-à-dire attachées au service personnel des reines et princesses.
Leurs sentences, presque semblables, portent qu’elles furent instruites et
baptisées par le P. Tsiou, qu’elles servirent d’entremetteuses pour les
affaires de la religion, qu’elles firent évader plusieurs fois des chrétiens
poursuivis par la justice, et qu’elles tenaient cachés chez elles divers objets
de religion, images, livres, etc.
Des recherches nombreuses
nous ayant amenés à penser que l’une d’entre elles est très-probablement Bibiane
Moun, nous donnons ici les détails que la tradition nous a conservés sur cette
sainte martyre.
Bibiane descendait d’une
famille honorable de la classe moyenne ; son père et son oncle
avaient de petits emplois. La troisième de cinq sœurs, elle n’était âgée que de
sept ans, quand on vint faire choix de filles, pour le palais du roi. Son père
tenait cachées les deux aînées, et ne s’inquiétait pas de Bibiane, que son
jeune âge semblait devoir mettre à l’abri des perquisitions. Mais les
émissaires du palais l’ayant aperçue, furent frappés de son intelligence
précoce, et de sa beauté peu commune, et l’emmenèrent avec eux. Elle fut donc
élevée dans le palais. À l’âge de quinze ans, on lui releva les cheveux[2],
et comme elle écrivait admirablement bien, on lui confia la charge des
écritures. Son père était païen, mais sa mère, chrétienne fervente, se désolait
de voir sa fille au palais, presque dans l’impossibilité de faire son salut.
Quand Bibiane venait, de temps en temps, à la maison paternelle, sa mère et ses
sœurs aînées l’exhortaient vivement à pratiquer la religion. Elle
répondait : « Pratiquez-la bien, vous qui le pouvez. Pour moi, qui
suis captive au palais et impliquée dans mille superstitions, cela m’est trop
difficile à présent. Je la pratiquerai quand je serai vieille, et qu’il y aura
moyen de sortir de là. »
L’usage des filles du
palais est de se réunir le soir, pour passer le temps à rire, causer, fumer et
prendre des rafraîchissements. Un soir, au moment de se retirer, Bibiane,
frappée tout à coup comme d’un coup de bâton à la tête, se sent le cerveau
bouleversé, perd connaissance et tombe brusquement. Aussitôt on la relève et on
lui prodigue tous les soins possibles, mais le mal s’aggravant, on dut la
renvoyer dans sa famille. Sa mère, voyant sa position dangereuse, l’exhorta
plus fortement que jamais à se convertir, et comme déjà Bibiane en avait le
désir, et que sa position seule l’avait retenue jusque-là, elle y consentit
facilement et fut ondoyée. Dès le lendemain, elle se trouva complètement
guérie, et se mit aussitôt à apprendre assidûment les prières et la doctrine
chrétienne.
Cette guérison subite
était déjà une grâce bien extraordinaire ; elle devint bientôt un miracle
manifeste. Tous les jours ou tous les deux jours, on lui envoyait du palais
médecins et médecines, et souvent même plusieurs filles restaient pour la
soigner. Or, depuis son baptême, quoiqu’elle fût entièrement débarrassée
de sa maladie à tout autre moment, dès que quelque personne du palais
venait à entrer dans la maison, Bibiane voyait un de ses bras et une de ses
jambes se raidir et devenir comme morts. Elle dut, en conséquence, subir cent
fois l’acupuncture, et avaler un grand nombre de médecines. Elle se soumettait
aux opérations et prenait les drogues avec tranquillité ; et à peine les
gens du palais étaient-ils sortis, qu’elle se relevait sans aucune douleur,
remerciait Dieu, et riait aux éclats en disant : « Que de remèdes
perdus ! que d’acupunctures prodiguées inutilement à un corps en pleine
santé ! »
Uniquement occupée à lire
et à prier, elle fuyait avec le plus grand soin jusqu’à l’ombre du péché, et la
réputation de sa ferveur se répandit rapidement parmi les chrétiens. Elle
s’efforçait d’imiter les saints dont elle lisait la vie, parlait souvent de
leur générosité envers les bourreaux, et témoignait le désir de les suivre au
martyre. Pendant trois ans consécutifs, tous les soins de l’art lui furent
prodigués par les médecins officiels qui, à la fin, ne voyant plus aucun moyen
de guérir cette étrange maladie, la firent rayer de la liste des filles du
palais. On cessa, dès lors, de lui faire toucher ses appointements mensuels.
Bibiane, entièrement rassurée, rendit à Dieu de vives actions de grâces, pour
sa protection si éclatante, et ne songea plus qu’à s’appliquer à la pratique de
ses devoirs, et à l’exercice de toutes les vertus chrétiennes.
Trois ans plus tard, elle
entra au service du P. Tsiou, avec Suzanne Kim Siem-a, mère du catéchiste Kim
Sieng-tsiong-i, et pendant plusieurs années, elle s’acquitta de ses fonctions
avec un dévouement et une piété exemplaires. Quand la persécution fut sur le
point d’éclater, le prêtre s’étant retiré ailleurs, Bibiane revint près de sa
mère, attendant le moment du martyre, et comme on semblait ne pas penser à
elle, elle se désolait en répétant : « Est-ce que Dieu ne veut point
de moi ? »
Suzanne Kim étant venue
la voir un jour, oublia sous la natte de la chambre, où elle l’avait déposé en
entrant, un papier sur lequel étaient écrites diverses prières. Les satellites
s’étant présentés, quelque temps après, à la maison de Bibiane, avaient fouillé
partout sans trouver aucun objet suspect, quand, à la fin, soulevant la natte,
ils saisirent ce papier, et dirent à Bibiane : « Est-ce que vous
aussi êtes chrétienne ? — Certainement, je le suis, » répondit-elle
sans hésiter. Aussitôt ils la déclarèrent de bonne prise, et la pressèrent de
partir ; mais la vierge chrétienne, se rappelant les exemples des saints,
voulut d’abord exercer sa générosité à leur égard, et leur fit prendre des
rafraîchissements, ce dont ils furent tous satisfaits. Puis, faisant ses adieux
à sa mère, et la consolant de son mieux, elle partit et fut conduite au
mandarin. Elle avait alors vingt-six ans.
Le mandarin, voyant sa
jeunesse, lui dit : « Comment une jeune personne comme toi, si bien
élevée au palais, peut-elle suivre une mauvaise religion, prohibée par le
roi ? Veux-tu donc mourir dans les supplices ? — Je désire de tout
mon cœur, répondit avec empressement Bibiane, donner ma vie pour le Dieu que je
sers. » Après avoir vainement essayé tous les moyens de séduction qu’il
put imaginer, le mandarin, furieux de rencontrer chez une faible femme une
résistance aussi opiniâtre, la fit mettre à la torture. On la frappa violemment
sur les jambes ; le sang en jaillit, et, s’il faut en croire une tradition
respectable, se convertit aussitôt en fleurs, qui s’élevaient dans les airs. À
la vue de ce prodige, le mandarin fut frappé de stupeur, et il défendit, sous
les peines les plus sévères, à tous ceux qui étaient présents, de jamais ouvrir
la bouche sur ce qu’ils venaient de voir.
Bibiane eut à supporter
beaucoup d’autres supplices, mais rien ne put ébranler sa constance, et elle
entendit enfin prononcer la sentence de mort, qu’elle avait si longtemps
désirée. En se rendant au lieu du supplice, elle dit aux soldats qui
repoussaient les curieux : « Laissez-les regarder tout a leur aise,
on va bien voir tuer les animaux ; pourquoi ne regarderait-on pas tuer les
hommes ? » Une chrétienne, dont le père avait été témoin oculaire de
l’exécution de Bibiane, a souvent répété que lorsqu’on lui trancha la tête, il
coula de sa blessure du sang blanc comme du lait, que les bourreaux regardèrent
avec admiration. Dieu daignait ainsi renouveler pour la vierge et martyre
coréenne, le prodige qu’il fit autrefois à Rome, pour sainte Martine, vierge et
martyre.
Quatre confesseurs de la
foi accompagnèrent à la mort les cinq héroïnes dont nous venons de parler.
C’étaient : T’soi In-t’siel-i, frère de Mathias T’soi In-kir-i, martyrisé
en 1793, pour avoir reçu chez lui le prêtre, à son arrivée en Corée ; Ni
Hien-i, neveu de Ni Hei-ieng-i, l’un des compagnons de prison et de martyre de
Josaphat Kim ; Hong Tsieng-ho, proche parent de Philippe Hong, beau-fils
de Colombe Kang ; et enfin Mathieu Kim Hien-ou, le septième frère de
Thomas Kim Pem-ou, qui, le premier, eut l’honneur de confesser la foi, en 1785.
On raconte que Mathieu
Kim, au moment de son arrestation, vit apparaître une grande croix lumineuse,
qui marchait devant lui et lui indiquait la route de la prison. Notons, en
passant, que dans cette famille Kim, se trouvaient huit frères, dont trois
seulement étaient chrétiens. Tous les trois obtinrent la grâce du martyre, car
Barnabé Kim Li-ou, troisième frère de Thomas, traduit comme chrétien devant le
tribunal des voleurs, y mourut sous les coups, pendant cette même persécution,
on ne sait pas exactement à quelle date.
Nous n’avons aucun détail
sur le procès et les souffrances de ces quatre confesseurs. Le texte de leur
sentence rempli des mêmes banalités ineptes, qui se répètent dans toutes les
pièces officielles contre les chrétiens, ne nous apprend rien de particulier.
Les neuf corps demeurèrent exposés pendant plusieurs jours, au lieu de
l’exécution. C’était le temps de la grande chaleur, et il était tombé une pluie
abondante. Cependant, lorsque l’ordre de les inhumer arriva, on reconnut avec
étonnement qu’ils ne portaient aucune trace de corruption. Les chairs étaient
saines, les visages vermeils, le sang aussi frais et aussi liquide que s’il eût
coulé de leurs blessures quelques minutes auparavant. Cette merveille toucha
vivement les chrétiens et grand nombre de païens qui en furent témoins.
↑ La
dynastie Song est la dix-neuvième dynastie chinoise. Elle compta dix-huit
empereurs, dans l’espace de 319 ans, de l’an de J.-C. 964 à l’an 1283. Ce fut
la dernière dynastie nationale, à laquelle succédèrent les diverses dynasties
tartares.
↑ Les
jeunes gens des deux sexes laissent pendre leurs cheveux, et on ne les relève
qu’à l’époque du mariage. Quoique les filles du palais soient légalement
condamnées à un célibat perpétuel, on leur fait la même cérémonie, pour
signifier qu’elles sortent de l’enfance et doivent désormais s’occuper de
choses sérieuses.
SOURCE : https://fr.m.wikisource.org/wiki/Histoire_de_l%E2%80%99%C3%89glise_de_Cor%C3%A9e/Partie_1/Livre_3/01
20
September as one of the Martyrs
of Korea
Profile
Lay woman catechist and martyr in
the apostolic vicariate of Korea.
Born
1761 in
Naepo, Chungcheong-do, South
Korea
2 July 1801 at
the Small West Gate, Seoul, South
Korea
7
February 2014 by Pope Francis (decree
on martyrdom)
15
August 2014 by Pope Francis
Additional
Information
한국어 웹 사이트
Special
Episcopal Commission to Promote Beatification and Canonization
MLA
Citation
“Blessed Columba Gang
Wan-suk“. CatholicSaints.Info. 9 November 2016. Web. 13 December 2022. <https://catholicsaints.info/blessed-columba-gang-wan-suk/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/blessed-columba-gang-wan-suk/
Columba Kang, the
catechist of Korean martyrs
by Joseph Yun Li-sun
Among the faithful were
martyred in the nineteenth century in Korea stands the figure of a woman,
Columba Kang Wan-suk, who faced the risk of persecution in order to help spread
the Gospel. Arriving with unwavering faith until martyrdom. AsiaNews presents the
life and work of these witnesses of Christ waiting for canonization.
Seoul (AsiaNews) - Defending the
faith and spread it as far as possible, despite the high risks posed by the
terrible persecution unleashed by the Korean kingdom against Catholicism. It is
the way of life of Columba Kang Wan-suk, known as the "catechist of the
Korean martyrs" who gave up the privileges of noble birth for the sake of
the Gospel and that preferred the torture and death to abjure.
Columba Kang is among the
group of 123 companions of Paul Yun Ji-chung, victims of the Byeongin
persecution (between the first and the second half of the 800) and proclaimed
"servants of God" by Pope John Paul II in 2003 along with Fr. Choi
Yang-oeb. The Korean Catholic Church is waiting for their beatification, and
the Bishop of Daejeon Msgr. Lazzaro You Heung-sik has invited Pope Francis to
Korea for the occasion. In the country these days there is also
Cardinal Filoni, Prefect of Propaganda Fide, which will also visit two sanctuaries
dedicated to the Korean martyrs.
AsiaNews
has already presented the life of some of these martyrs and continues
to offer their witness to readers.
Columba Kang Wan-suk was
born out of wedlock in 1761, to a noble family in Naepo, Chungcheong-do. Ever
since her childhood she was remarkably wise and honest, and avoided any kind of
wrong doing. Philip Hong Pil-ju who was martyred in 1801 was her step-son. When
she grew up, she became the second wife of Hong Ji-yeong, who lived in the
Deoksan region. Soon after their marriage, she heard about the Catholic
religion and became interested in it. She obtained some Catholic books which
she read and came to realize the greatness of the Catholic faith. She believed
that "God is the Master of heaven and earth, and what the name of this
religion signifies is right, therefore, its doctrine must be true."
Thereafter, Columba Kang
believed her religion with passion and practiced self-denial. Such a life was
sufficient to win her the admiration of many people. At the risk of putting
herself in great danger, she took care of Catholics in prison during the Sinhae
Persecution of 1791. While doing this work she herself was imprisoned once. She
taught the catechism to her mother-in-law and her step-son, Philip Hong and
introduced them to the Church. Despite all her efforts, she failed to convert
her husband who mistreated her because of her faith. He finally left her and lived
with a concubine.
One day, Columba Kang
came to know that Catholics in Seoul were well versed in the catechism. After
having consulted with her mother-in-law and her step-son Philip Hong, she moved
to Seoul. She contacted the believers in Seoul and associated with them. When
the Korean Catholics started a movement to invite priests, she provided
financial support to those who were engaged in it. Columba Kang was baptized by
Father James Zhou Wen-mo who came to Korea at the end of 1794 and committed herself
to helping his apostolate. Father James Zhou, on recognizing the high quality
and sincerity of Columba Kang, appointed her as catechist, to take care of the
believers.
Then, when the Eulmyo
Persecution broke out in 1795, Columba Kang offered her house to Father James
Zhou as a refuge. Her house was relatively safe because the social custom of
Korean society, at that time, banned investigation of a house of the noble
class, whose landlord was a woman. After that Columba Kang often moved for the
safety of Father James Zhou. Everywhere she moved, her house served as a place
of gathering for the faithful. It was at Columba Kang's house that Agatha Yun
Jeom-hye led the community of women virgins.
Columba Kang was able to
influence many people and introduce them to the Church because she combined
knowledge with wisdom and quick wit. Among them were people from different
classes of society including noble women, widows, servants and maids. It was
thanks to Columba Kang that Mary Song and her daughter-in-law Mary Sin,
relatives of the royal family, received the Sacrament of Baptism from Father
James Zhou. For such apostolic activities of Columba Kang the believers
unanimously said, "Kang Wan-suk advised people with such wisdom and grace
that even many devout male believers were inspired. It was like when one
strikes the gong, sound follows."
When the Shinyu
Persecution broke out in 1801, Columba Kang was immediately reported to the
government office for her religious activities. Consequently, she was arrested
in her house on April 6 (February 24, by the Lunar calendar) with the other
believers who were there and was taken to the Police Headquarters in Seoul.
Even in such a time of crisis Columba Kang was concerned about the safety of
Father James Zhou.
To find out the
whereabouts of Father James Zhou they tortured Columba Kang six times, but it
was in vain. Her faith in God was so firm that even the executioners were moved
and they exclaimed: "This woman is not a human being, but a god."
During the three months she was imprisoned, Columba Kang never neglected her
religious duties, and prepared herself for martyrdom by encouraging her
companions in prison to be faithful to their belief and trust in God. Columba
Kang was condemned to death on July 2, 1801 (May 22, by the Lunar calendar).
She was beheaded outside the Small West Gate in Seoul with her fellow believers
and died a martyr. Columba Kang was 40 years old.
SOURCE : http://www.asianews.it/news-en/Columba-Kang,-the-catechist-of-Korean-martyrs--29158.html
Columba’s treasure
· Helen Kyung Soo Kwon
tells the story of a martyr from the first Korean Catholic Community who will
be beatified by Pope Francis ·
Aug. 12, 2014
“Columba Kang Wan Suk,
catechist and martyr of the first Catholic Korean community, was born
in 1761, in the province of Chungcheong”.
These are the words of
Helen Kyung Soo Kwon, an elegant woman of gentle ways who speaks English
extremely well and is so involved in her community that took two months to fix
an appointment with her. A brief look at her cv gives one and idea of the breadth
of her involvement. She was President of the Archdiocese of Seoul’s Catholic
Women’s Organization; Vice-President for the Archdiocese of Seoul’s Council for
Laity; a Member of the Lay Apostolate’s Sub-Committee on Women; President of
the Organization for Korean Catholic Women; Member of the steering Committee
for Pro-Life activities for the Korean Bishops’Conference; and currently a
member of the permanent Council for the World Union of Organizations of
Catholic Women.
There hasn’t been much
written on the history of Christianity in Korea, even less on the role
played by women. Why? “For a long time, until the opening of the country at the
end of the 18th century,”Helen Kyung Soo Kwon tells us, “Korea was a very
closed society; it’s no accident that in the West it was called
the Hermit Kingdom. Society at that time was regulated by a political
ideology, i.e. Confucianism, which did not allow many opportunities for women
at the social level, especially if the women belonged to the wealthy class”.
Colomba Kwang Wan Suk
will be beatified by Pope Francis this August. Can you tell us her story?
“Columba was an illegitimate child but she belonged to a nobile family. She
married Hong Ji-yeong, who already had a son from a prior union. It wasn’t
until this time,”Helen Kyung Soo Kwon explains to us, “that Columba became
familiar with the Catholic religion through reading books written by Jesuits
and those who had come from China. During the first persecution in 1791,
she tended to the health of Christians who had been imprisoned. She had her
adopted son learn about Catholicism; later, he too would be martyred during the
first great persecution. Her husband, on the contrary, constantly criticized
her religious passion and ultimately preferred a concubine over her. At this
point Columba moved to Seoul where she’d hear Christians were very
numerous. Here - after making contact with the community of the faithful thanks
to her social status and therefore to her strong economic power - she decided
to “sponsor”the sending of messengers to China in order that priests might
finally come to Korea”.
At that time, Helen Kyung
Soo Kwon continued, “there was no truly organized Catholic community. It was
only with the arrival to the county of Fr. James Zhou Wen Moe, i.e.
the first priest to step foot in the ChosonKingdom, that the first
baptisms began to occur through the hands of an ordained priest: Columba was
among the first to be baptized. She was then chosen to by Fr. James to be a
catechist, and in fact she spent the whole of her life teaching the catechism.
She also hosted Fr. James at her home in Seoul during the long period when
the priest was being persecuted by the local authorities who had found out
about his presence in the city. At the time, inspections in homes whose owners
were women was prohibited. That is how the first priest to enter Korea
managed to escape a sure death sentence for many years”.
The decision to host a
man at her home, even a priest, was a strong break with the conventions at the
time, especially when one considers that nobile women could not even leave
their homes during the day. They waited until evening when the streets were
deserted. As late as 1897 Elizabeth Bird wrote that at around 8pm the great
bells in central Seoul would ring. That was the signal for men to retire
to their homes, and for the women to go out.
Helen Kyung Soo Kwon
smiles: “Of course, Columba was a true leader and precursor for women’s
emancipation. I also think of her decision to leave a husband, who preferred a
concubine to her. Many women at the time silently endured the presence of
another woman in their home. It was through her great charism, together with
the work of Fr. James, that the royal family entered the Catholic Church”.
Helen Kyung Soo Kwon
continues: “The half-brother of the King, Mary Song and her adopted daughter
Mary Sin - also relatives of the royal family - all received baptism from Fr.
James. With Christianity then came the first female presidents of the Catholic
associations. Even before the Korean Church had a structured
hierarchy organized by the foreign missionaries, women had created their own
associations with a woman at the head. These were the first signs that female
emancipation was possible”.
We already know the end
of the story, but we ask Helen Kyung Soo Kwon to recount it for us. How did
Columba die? “During the Sinyu persecution in 1801, Columba was reported for
her religious activities. She was arrested on 6 April, together with other
faithful who were in her home. She was tortured at length in an attempt to make
her reveal the location where Fr. James was hiding, but she didn’t give in. On
2 July of the same year, she was condemned to death. She was beheaded
outside Seoul’s western door. She had just turned 40”. (Cristian Martini Grimaldi).
SOURCE : http://www.osservatoreromano.va/en/news/columbas-treasure
Columba Kang Wan-suk
(1761~1801)
In the Peace Weekly, a series of articles on the 124 martyrs whowill be beatified on the coming visit of the pope to Korea continue toappear. Among those who were martyred was Columba Kang Wan-suk (1761~1801) the first Korean woman catechist.
During the Choson Dynasty and the promotion of Confucianism, theplace of women in Korean society took a step backwards because ofthe feudal patriarchal society that was ushered in. Of course, thisdid not affect the upper class as it did the ordinary and lower classmembers of society.Catholic teaching that we are all equal and made in the image ofGod was a big blow to the mores of society, and gave women a reason
for self-esteem.
Catholicism gave women of that time the values for living a full life, and enabling themto embrace the new faith and even give their lives for what they believed. Columbawas a leader of these women. Despite the limitations of the society, she became azealous leader, and practiced what she believed with sacrifice in search of the Gospellife. Because of her activity before the first priest Chu Mun-mo (James) entered thecountry from China, there were already 4,000 Catholics in 1794. Just before thepersecution of 1801 there were over 10,000 Catholics, and the large number of womenis attributed to the work of Columba. Even the royal court was familiar with her work.
Before she entered the Church little was known about her life. She was the daughter ofa concubine in a noble family in Naepo Chungcheong-do. She was well-educated andconsidered by her peers as a woman of wisdom and virtue. She became the secondwife of a man who was very mediocre and did not have a very happy life. She wantedto return to the world. It was at this time that she read some books about Catholicismand began to instruct her family and neighbors. Her husband wasn't interested andbegan to harass her and later took a concubine and separated from Columba. Shemoved from Naepo with her mother-in-law and her stepson and began to work full-time with spreading the faith. In 1795, rather late, she was baptized by Fr. Chuand was immediately made the women catechist.
She hid Fr. Chu in her house, and it became the meeting place for the Christians. Acustom of the times was that the government officials were not allowed to enter thehouses of the noble class to search. She brought many from the lower classes ofsociety into the Church and also members of the nobility and the grandfather of afuture king of the country. She made no distinctions between the high and low. OnApril 6th of 1801, she was arrested in her house and dragged to the police station.Thepolice tried on six different occasions with severe torture without any results to
find the Chinese priest's
location.While in prison, she continued to study her faith andstrengthened those who were confined with her. On July 2nd, she was martyred.
Without the efforts of Columba would the results in the Choson Dynasty have beenpossible? The work of Columba made it possible to enter the ordinary and lowersegments of society. According to Arnold Toynbee: "All acts of social creation are thework of either an individual creator or, at most, of creative minorities."
Columba was of the noble class, the daughter of a concubine, a woman, who lived asthe second wife
of an abusive
husband, makes her life all that more glorious.
SOURCE : http://catholicamericaneyesinkorea.blogspot.com/2014/06/columba-kang-wan-suk-17611801.html
Kang Wan-suk (Columba)
Date of birth : 1761
Place of birth : Naepo
Chungcheong-do
Position/Status : Catechist
N.C.F
Age : 40
Date of martyrdom : Jul.
2, 1801
Place of martyrdom :
Small West Gate Seoul
Mode of martyrdom : beheading
Columba Kang Wan-suk was
born out of wedlock in 1761, to a noble family in Naepo, Chungcheong-do. Ever
since her childhood she was remarkably wise and honest, and avoided any kind of
wrong doing. Philip Hong Pil-ju who was martyred in 1801 was her step-son.
When she grew up, she became the second wife of Hong Ji-yeong, who
lived in the Deoksan region. Soon after their marriage, she heard about the
Catholic religion and became interested in it. She obtained some Catholic books
which she read and came to realize the greatness of the Catholic faith. She
believed that `God is the Master of heaven and earth, and what the name of this
religion signifies is right, therefore, its doctrine must be true.`
Thereafter, Columba Kang believed her religion with passion and
practiced self-denial. Such a life was sufficient to win her the admiration of
many people. At the risk of putting herself in great danger, she took care of
Catholics in prison during the Sinhae Persecution of 1791. While doing this work
she herself was imprisoned once. She taught the catechism to her mother-in-law
and her step-son, Philip Hong and introduced them to the Church. Despite all
her efforts, she failed to convert her husband who mistreated her because of
her faith. He finally left her and lived with a concubine.
One day, Columba Kang came to know that Catholics in Seoul were
well versed in the catechism. After having consulted with her mother-in-law and
her step-son Philip Hong, she moved to Seoul. She contacted the believers in
Seoul and associated with them. When the Korean Catholics started a movement to
invite priests, she provided financial support to those who were engaged in it.
Columba Kang was baptized by Father James Zhou Wen-mo who came to
Korea at the end of 1794 and committed herself to helping his apostolate.
Father James Zhou, on recognizing the high quality and sincerity of Columba
Kang, appointed her as catechist, to take care of the believers.
Then, when the Eulmyo Persecution broke out in 1795, Columba Kang
offered her house to Father James Zhou as a refuge. Her house was relatively
safe because the social custom of Korean society, at that time, banned
investigation of a house of the noble class, whose landlord was a woman. After
that Columba Kang often moved for the safety of Father James Zhou. Everywhere
she moved, her house served as a place of gathering for the faithful. It was at
Columba Kang`s house that Agatha Yun Jeom-hye led the community of women
virgins.
Columba Kang was able to influence many people and introduce them
to the Church because she combined knowledge with wisdom and quick wit. Among
them were people from different classes of society including noble women,
widows, servants and maids. It was thanks to Columba Kang that Mary Song and
her daughter-in-law Mary Sin, relatives of the royal family, received the
Sacrament of Baptism from Father James Zhou. For such apostolic activities of
Columba Kang the believers unanimously said, "Kang Wan-suk advised people
with such wisdom and grace that even many devout male believers were inspired.
It was like when one strikes the gong, sound follows."
When the Shinyu Persecution broke out in 1801, Columba Kang was
immediately reported to the government office for her religious activities.
Consequently, she was arrested in her house on April 6 (February 24, by the
Lunar calendar) with the other believers who were there and was taken to the
Police Headquarters in Seoul. Even in such a time of crisis Columba Kang was concerned
about the safety of Father James Zhou.
To find out the whereabouts of Father James Zhou they tortured
Columba Kang six times, but it was in vain. Her faith in God was so firm that
even the executioners were moved and they exclaimed; "This woman is not a
human being, but a god." During the three months she was imprisoned,
Columba Kang never neglected her religious duties, and prepared herself for
martyrdom by encouraging her companions in prison to be faithful to their
belief and trust in God.
Columba Kang was condemned to death on July 2, 1801 (May 22, by
the Lunar calendar). She was beheaded outside the Small West Gate in Seoul with
her fellow believers and died a martyr. Columba Kang was 40 years old.
The Justice Ministry charged her with the following crimes:
"Kang Wan-suk was imbued with the Catholic religion and
propagated it widely. She hid Father James Zhou for six years, and invited men
and women of all classes to her house and instructed them in Catholicism."
In response, Columba Kang made her final statement as follows:
"I have learned about Catholicism, and it is my belief that
`I shall go to the world of bliss (i.e., paradise) if I give my life for God,
willingly.` Therefore, I do not have the slightest intention of changing my
mind and betraying the teaching of the faith even if I have to die."
SOURCE : http://popekorea.catholic.or.kr/en/schedule/ks_read.asp?idx=32
Beata Colomba Kang
Wan-suk Catechista e martire
>>>
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Naepo, Corea del Sud,
1761 – Seul, Corea del Sud, 2 luglio 1801
Fra i fedeli martirizzati
nel XIX secolo in Corea spicca la figura di una donna, Colomba Kang Wan-suk,
che ha affrontato i rischi della persecuzione pur di aiutare la diffusione del
Vangelo. Inserita nel gruppo di martiri capeggiato da Paolo Yun Ji-chung, è
stata beatificata da papa Francesco il 16 agosto 2014, nel corso del viaggio
apostolico in Corea del Sud.
Colomba Kang Wan-suk
nasce, da un’unione illegittima, nel 1761. Fa parte di una delle famiglie
nobili di Naepo, nell’antico distretto di Chungcheong-do. Sin dall’infanzia
viene notata per la sua saggezza e onestà: evita di compiere azioni malvagie o
di dire bugie. Filippo Hong Pil-ju, che verrà martirizzato per la fede nel
1801, è uno dei suoi figliastri.
A causa delle sue origini
“non ufficiali”, viene data come seconda moglie a Hong Ji-yeong, un nobile
della regione Deoksan. Subito dopo il matrimonio, conosce la religione
cattolica e inizia a interessarsene. Ottiene alcuni libri cattolici, li medita
e arriva a realizzare la grandezza del messaggio cristiano. Ancora prima di
cominciare il catecumenato, inizia a credere in “Dio, padrone del cielo e della
terra, e nella sua religione. Questa dà messaggi giusti, quindi anche la sua
dottrina deve essere corretta”.
Nel corso della sua
conversione, crede con passione e pratica l’astinenza. Il suo stile di vita le
fa ottenere il rispetto e l’ammirazione di molte persone. A suo grave rischio,
si prende cura dei cattolici che sono stati imprigionati durante la persecuzione
Sinhae del 1791. E proprio a causa di questa opera viene arrestata a sua volta.
Dopo la liberazione insegna il catechismo a sua suocera e al suo figliastro,
Filippo Hong, e li fa avvicinare alla Chiesa. Nonostante diversi sforzi, non
riesce a convertire il marito che anzi la maltratta proprio a causa della sua
fede. Dopo un breve periodo viene abbandonata, e il marito inizia a vivere con
una concubina.
Un giorno Colomba Kang
scopre che i cattolici di Seoul hanno una migliore preparazione. Dopo essersi consultata
con la suocera e il figliastro, decide di trasferirsi nella capitale: qui entra
in contatto con i fedeli locali e si unisce a loro. Quando questi iniziano a
invitare sacerdoti stranieri - a causa della persecuzione i cattolici non hanno
libero accesso al Paese - è lei a fornire il sostegno finanziario per pagare le
spese.
Quando in Corea riesce ad
arrivare dalla Cina p. Giacomo Zhou Wen-mo, Colomba viene battezzata: siamo nel
1794, e la donna decide di dedicare la propria vita ad aiutare il sacerdote nel
suo apostolato. Dopo aver capito la sincerità e il vero impegno di Colomba
Kang, p. Zhou la nomina catechista e le dà il compito di prendersi cura dei
fedeli.
L’anno successivo scoppia
la persecuzione Eulmyo, e la nuova catechista offre la propria casa al
sacerdote cinese per potersi rifugiare. La scelta è intelligente e abbastanza
sicura, dato che secondo i canoni della società coreana del tempo è proibito
indagare nelle abitazioni di donne nobili. Grazie a questo, la casa di Colomba
diventa un porto sicuro sia per p. Zhou che per le comunità cattoliche del
luogo: è qui che Agata Yun Jeom-hye inaugura la sua comunità di vergini dedite
alla Chiesa.
Nel suo operato, Colomba
Kang riesce a contattare molte persone e a far conoscere loro la Chiesa. Oltre
alla sua fede è saggia e pragmatica: fra i suoi convertiti vi sono nobili,
vedove, servi e cameriere. È grazie a lei che Maria Song e sua nuora Maria Sin
- parenti della famiglia reale - divengono cattoliche e ricevono il battesimo
da p. Zhou. L’ammirazione della comunità nei suoi confronti è enorme, tanto che
si arriva a dire che “si muove come un gong. Quando viene colpito, fa risuonare
tutto”.
Nel 1801 in Corea si
scatena la persecuzione Shinyu, e Colomba Kang viene denunciata alle autorità
governative per le sue attività religiose. Il 6 aprile viene arrestata mentre è
in casa con altri fedeli: vengono portati tutti al Quartier generale della
polizia di Seoul. Ma anche in questa situazione, il primo pensiero della
catechista è rivolto alla sicurezza del sacerdote cinese.
Per trovarlo, gli agenti
la torturano sei volte ma senza successo. La sua fede è talmente ferma che
persino i suoi aguzzini ne vengono colpiti. Uno di loro esclama: “Questa donna
non è umana, è una dea!”. Nei tre mesi che passano fra l’arresto e il martirio,
Colomba Kang continua nella sua opera religiosa: si prepara al martirio e
incoraggia i suoi compagni di cella a essere fedeli e credere in Dio. Viene
condannata a morte il 2 luglio del 1801, e la sentenza - per decapitazione -
viene eseguita il giorno stesso fuori dalla Porta occidentale di Seoul. Ha
compiuto da poco 40 anni.
Autore: Joseph Yun
Li-sun
Fonte : www.asianews.it