Saint
Isidore de Séville
Archevêque et docteur de l'église catholique - saint patron de l'Internet
vers 560 - 636
article du Dictionnaire
de Théologie Catholique, version word
La
Foi Catholique selon l'Ancien et le Nouveau Testament contre les Juifs (ouvrage
en 2 livres)
De
fide catholica ex Veteri et Novo Testamento contra judæos
(Sur le même thème de l'annonce de l'Evangile à nos frères bien aimés de
religion juive, on peut lire l'excellent Dialogue
avec Tryphon de Saint
Justin)
I. VIE.
1° Sa jeunesse.
1. Sa famille. On ignore la date exacte et le vrai lieu de
sa naissance ; les précisions données plus tard par les auteurs espagnols ne
sont que des conjectures. Ses parents étaient catholiques de race
hispano-romaine. Son père Sévérien dut occuper un rang distingué à Carthagène :
lequel ? Sobre de détails sur sa famille, saint Isidore, en parlant de son
frère dans son De viris illustribus, XLI, se borne à cette phrase : Leander
genitus patre Severiano, carthaginensis provinciæ. Sévérien était-il duc de
Carthagène, comme l’ont soutenu dans la suite certains écrivains espagnols ? Ni
saint Isidore, ni aucun témoignage contemporain n’autorisent à l’affirmer ; ce
titre, en tout cas, ne lui a pas été donné dans les offices de l’Eglise de
Tolède. Lors de l’invasion d’Agila, l’an 587 de l’ère espagnole, c’est-à-dire
ne 549, Sévérien dut fuir sa cité d’origine, ruinée par les Goths ariens : il se
réfugia à Séville. Il eut quatre enfants, tous inscrits au catalogue des
saints. Les deux premiers, Léandre et Florentine, étaient nés certainement à
Carthagène ; les deux autres, Fulgence et Isidore, naquirent vraisemblablement
dans la capitale de la Bétique, le dernier vers l’an 560. Le père et la mère,
morts peu après, avaient confié aux soins des deux aînés le plus jeune et le
plus aimé de leurs enfants ; et c’est ainsi qu’Isidore, devenu orphelin, fut
élevé par son frère Léandre, qui devint archevêque de Séville, et par sa sœur
Florentine, qui embrassa la vie religieuse.
2. Son éducation.
Léandre, en effet, traita toujours dans la suite Isidore
comme son fils, et veilla avec sa sœur à son instruction et à son éducation.
Florentine ayant manifesté un jour le désir de revoir les lieus de son enfance,
Léandre l’en dissuada, parce que Dieu avait jugé bon de la retirer de Sodome.
Malum quod illa experta fuit, lui écrivit-il en parlant de leur mère, tu
prudenter evita ; ce sol natal, du reste, avait perdu sa liberté, sa beauté et
sa fertilité. Mieux valait don, ajouta-t-il, qu’elle restât dans son nid et
qu’elle veillât tout particulièrement sur le plus jeune de leurs frères.
Regula, XXI, P. L., t. LXXII, col. 892. Isidore fut confié, tout enfant, à l’un
des monastères de la ville ou des environs, où il fit des fortes études et
puisa des connaissances vraiment étonnantes pour l’époque et dans le milieu où
il vécut. Il n’est pas, en effet, d’auteur sacré ou profane, surtout parmi les
latins, dont il n’ait lu et mis à profit les ouvrages. Mais il n’étudia pas
uniquement pour le vain plaisir de savoir ; il poursuivit un double but : celui
d’être utile à son pays pour le soustraire à la barbarie et celui de faire
triompher la foi catholique contre l’hérésie arienne.
3. Son prosélytisme.
L’Espagne presque toute entière était au pouvoir des Goths
ariens, et la difficulté était de ramener ces hérétiques à la vraie foi. Il y
eut une lueur d’espoir, lorsque le fils aîné du roi Léovigilde (569-585),
Herménégilde, qui avait épousé la fille du roi Franc Sigebert et de Brunehaut,
passa au catholicisme. Il est vrai qu’il dut aussitôt s’enfuir à Séville ou
qu’il y fut exilé. Mais là, loin des menaces paternelles, et très
vraisemblablement sous l’inspiration de Léandre, il chercha à former un parti pour
la conversion de l’Espagne. Il sollicita le concours du lieutenant de
l’empereur de Byzance et envoya Léandre en mission à Constantinople ; c’est là,
en effet, que Léandre se rencontra [col.98 fin / col.99 début] avec le futur
pape saint Grégoire le Grand, qui lui écrivait plus tard : Te illuc injuncta
pro causis fidei Wisigothorum. Moral., epist., I, P. L., t. LXXV, col. 510.
Durant cette mission, Isidore, alors âgé de plus de vingt ans, crut le moment
propice pour faire œuvre de propagande en combattant ouvertement l’arianisme.
Ce ne fut pas sans horreur qu’en 585 il apprit le guet-apens tendu à
Herménégilde et le meurtre qui en fut la suite. Mais survint presque aussitôt
la mort du roi persécuteur, suivie de l’avènement de Recarède, qui, comme son
frère, abjura l’arianisme et entraîna par son exemple la conversion en masse de
tout le royaume goth. Ce grand évènement, si conforme aux vœux d’Isidore, fut
célébré au IIIe concile de Tolède, en 589n où siégea et signa, comme
métropolitain de la Bétique, saint Léandre. Isidore rentra dès lors dans le
cloître, comme clerc, ou comme moine, pour y continuer la lecture attentive des
auteurs et enrichir de plus en plus sa collection d’extraits.
2° Son épiscopat.
1. Il remplace son frère Léandre sur le siège de Séville. A la mort de Léandre,
du temps de l’empereur Maxime († 602) et du roi Recarède († 601), donc au plus
tard en 601, Isidore fut élu pour remplacer son frère sur le siège
métropolitain de la Bétique ; c’est la date consignée par un contemporain et un
ami d’Isidore, saint Braulio, évêque de Saragosse, dans sa Prænotatio in libros
divi Isidori, P. L., t. LXXXI, col. 15-17. Saint Ildefonse ajoute qu’il occupa
ce siège une quarantaine d’années, De viris illustribus, IX, P. L., t. LXXXI,
col. 28 ; exactement jusqu’au début du règne de Chintilla en 636, comme a eu
soin de le préciser un disciple d’Isidore, qui a raconté la mort édifiante de
son maître. P. L., t. LXXXI, col. 32. Ce long épiscopat fut consacré par
Isidore aux intérêts de son siège, de sa province et de l’Espagne ; il ne fut
pas sans fruits ; n’en retenons que les faits principaux.
2. Il signe à un synode de la province de Carthagène. En 610, se tint à Tolède,
à la cour du roi Gondemar, un synode de la province carthaginoise, où il fut
décidé que le titre de métropolitain de cette province n’appartiendrait plus au
siège de Carthagène, amis à celui de Tolède, la capitale du royaume. Bien
qu’étranger à cette province, Isidore, alors l’hôte du roi, fut invité à signer
le premier ce décret ; c’est ce qu’il fit en ces termes : Ego Isidorus,
Hispalensis ecclesiæ provinciæ metropolitanus episcopus, dum in urbem
Toletanam, pro occursu regis, advenissem, agnitis his constitutionibus,
assensum præbui et subscripi.
3. Il convoque lui-même des synodes. Par deux fois, en 619 et en 625, Isidore
convoqua à Séville les évêques de la Bétique pour régler certaines affaires
litigieuses et délicates. Dans le premier de ces synodes, il trancha d’abord le
différend survenu entre son frère Fulgence, évêque d’Astigi (Ecija), et
Honorias, évêque de Cordoue, au sujet de la délimitation de leurs diocèses ;
puis il traita l’affaire de l’évêque eutychien Grégoire, de la secte des
acéphales, qui, chassé de la Syrie, avait trouvé un refuge en Espagne. Pour
couper court à toute suspicion et à toute propagande d’erreur de sa part,
Isidore exigea de lui une abjuration formelle de l’hérésie monophysite et une
confession de foi orthodoxe. Dans le second, il déposa le successeur de
Fulgence, Martianus, et le remplaça par Habentius. Cf. Florez, España sagrada,
t. X, p. 106.
4. Il préside le IVe concile international de Tolède. A titre du plus ancien
métropolitain de l’Espagne, Isidore eut à présider, en 633, le IVe concile
national, qui est resté le plus célèbre de la péninsule, à cause des décisions
qui y furent prises tant au point de vue religieux et ecclésiastique qu’au
point de vue civil et politique ; il en fut vraiment l’âme.
a) Au point de vue religieux. Le concile commença d’abord
par promulguer un symbole ; puis il imposa à [col.99 fin / col.100 début] toute
l’Espagne ainsi qu’à la Gaule narbonnaise l’uniformité pour le chant de
l’office et les rites de la messe : Ut unus ordo orandi atque psallendi per
omnem Hispaniam atque Galliam conservaretur, unus modus in missarum solemnitate,
unus in matutinis vespertinisque officiis, can. 2. Il régla ensuite plusieurs
points de discipline et de liturgie, 7-19. Il rappela aux prêtres l’obligation
de la chasteté, can. 21-27, et aux évêques le devoir de surveiller les juges
civils et de dénoncer leurs abus, can. 32. Il déclara tous les clercs exempts
de redevances et de corvées, can. 47.
b) Relativement aux juifs. La question juive, en 633,
n’était pas nouvelle en Espagne et ne devait pas de sitôt recevoir une solution
définitive, mais elle s’imposait à l’attention du pouvoir civil et
ecclésiastique dans l’intérêt de la paix et du bien public. Déjà, en 589, le
IIIe concile de Tolède s’en était occupé. Il avait interdit aux juifs : toute
fonction qui leur aurait permis d’édicter des peines contre les chrétiens ;
toute union avec une femme chrétienne, soit comme épouse, soit comme concubine,
les enfants nés d’une telle union devant être baptisés ; tout achat d’esclaves
chrétiens, ceux-ci ayant droit à l’affranchissement gratuit s’ils avaient été l’objet
de quelque rite judaïque ; autant de mesures sages qui, sans léser les juifs,
protégeaient les chrétiens. Quelques années plus tard, Sisebut obligea les
juifs à recevoir le baptême ; c’est ce que note simplement Isidore dans son
Chronicon, CXX, P. L., t. LXXXIII, col. 1056, mais ce qu’il blâme avec raison
dans son Historia de regibus Gothorum, LX, ibid., col. 1093, où il dit de
Sisebut : Initio regni judæos in fidem christianam promovens æmulationem,
quidem habuit, sed non secundum scientiam, potestate enim compulit quos
provocare fidei ratione oportuit. Aussi, ayant lui-même à s’occuper des juifs,
maintint-il tout d’abord les décisions prises au IIIe concile de Tolède, mais
il eut soin de faire décréter qu’on ne forcerait plus désormais aucun juif à se
faire chrétien. Les juifs restaient exclus des emplois publics et ne pouvaient
plus posséder d’esclaves chrétiens ; si l’un d’eux avait épousé une femme
chrétienne, il était mis en demeure ou de se séparer d’elle ou de se convertir.
Restait à liquider le passé et à prendre des mesures pour l’avenir ; car la
plupart de ceux qui avaient été contraints sous Sisebut à recevoir le baptême
étaient retombés dans le judaïsme ; ceux-là devaient être ramenés de force à la
vraie foi ; leurs enfants, s’ils étaient circoncis, devaient être soustraits à
leur autorité pour être confiés à des communautés ou à des fidèles
recommandables, et leurs esclaves, s’ils avaient été circoncis par eux,
devaient être affranchis aussitôt. Désormais tout juif baptisé, qui viendrait à
renier son baptême, serait condamné à la perte de tous ses biens au profit de
ses enfants, si ces derniers étaient chrétiens, can. 57-66.
c) Relativement à l’Etat. C’était là, à vrai dire, l’un des
points plus importants à traiter, car on était au lendemain d’une révolution :
il s’agissait de mettre un terme aux discordes civiles et d’assurer la paix, en
tranchant le différend survenu entre Suinthila et Sisenand. Sisenand, en effet,
avait pris les armes pour détrôner le roi régnant, et Suinthila, devant la révolte
triomphante, avait dû abandonner le pouvoir. Sisenand, intéressé à se faire
reconnaître, s’était montré plein de déférence à l’égard de l’épiscopat et ne
ménagea pas les promesses. Loin d’être inquiété pour sa révolte et son
élection, qui avaient tous les caractères d’une usurpation, il fut acclamé et
solennellement reconnu comme roi légitime. Quant à Suinthila, il fut condamné à
la dégradation et à la perte de tous ses biens. Le concile, disposant ainsi des
affaires de l’Etat, menaça d’anathème quiconque attenterait aux jours du
nouveau roi, le dépouillerait du pouvoir ou usurperait son trône, et décida
qu’à la mort de Sisenand son successeur serait [col.100 fin / col.101 début]
élu par tous les grands de la nation et par les évêques, can. 75. Ainsi s’affirmait,
en Espagne, l’action politique du clergé et l’union étroite de l’Eglise et de
l’Etat.
d) Relativement à l’instruction et à l’éducation du clergé.
Isidore, qui avait tant profité de son séjour dans les écoles monastiques et
qui comprenait l’importance capitale de l’instruction et de l’éducation pour le
clergé, avait fondé à Séville un collège pour les jeunes clercs sous la
direction d’un supérieur qui fût à la fois un magister doctrinæ et un festis
vitæ. C’est là que fut élevé saint Ildefonse. Il eut soin en outre de faire
décréter qu’un établissement semblable serait institué dans chaque diocèse,
can. 24. Voir les canons du IVe concile de Tolède, dans Hefele, Histoire des
conciles, trad. Leclercq, Paris, 1909, t. III, p. 267-276.
3° Sa mort.
Isidore ne devait survivre que trois ans au IVe
concile de Tolède. Déjà vieux et "sentant approcher sa fin", raconte
son disciple, P. L., t. LXXXI, col. 30-32, il redoubla ses aumônes avec une
telle profusion que, pendant les six derniers mois de sa vie, on voyait venir
chez lui de tous côtés ou une foule de pauvres depuis le matin jusqu’au soir.
Quelques jours avant sa mort il pria deux évêques, Jean et Eparchius, de le
venir voir. Il se rendit avec eux à l’église, suivi d’une grande partie de son
clergé et du peuple. Quand il fut au milieu du chœur, l’un des évêques mit sur
lui un calice, l’autre de la cendre. Alors, levant les mains vers le ciel, il
pria et demanda à haute voix pardon de ses péchés. Ensuite il reçut de la main
de ces évêques le corps et le sang du Christ, se recommanda aux prières des
assistants, remit les obligations à ses débiteurs et fit distribuer aux pauvres
tout ce qu’il restait d’argent. De retour à son logis, il mourut en paix le 4
avril 636. " Cf. Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés et
ecclés., t. XI, p. 711 ; Leclercq, L’Espagne chrétienne, Paris, 1906, p. 310.
4° Sa célébrité.
L’opinion des contemporains. Très renommé pendant sa vie, Isidore est resté
l’une des gloires de l’Espagne. Déjà son ami, Braulio, évêque de Saragosse,
prit soin d’insérer son nom dans le De viris illustribus d’Isidore lui-même et
d’y dresser la liste de ses principaux ouvrages. Il y vante son éloquence, sa
science, sa charité ; il le considère comme le plus grand érudit de son époque,
comme le restaurateur des études, comme l’homme providentiellement suscité par
Dieu pour sauver les documents des anciens, relever l’Espagne et l’empêcher de
tomber dans la rusticité. Prænotatio librorum divi Isidori, P. L., t. LXXXI,
col. 15-17.
2. Sa vaste érudition. Cet éloge enthousiaste était mérité
en grande partie ; car, sans être un homme de génie, Isidore fut un grand
érudit. Il connaissait une grande partie des œuvres de l’antiquité sacrée et
profane, et il y puisa à pleines mains, transcrivant textuellement, au fur et à
mesure de ses multiples lectures, tout ce qui lui paraissait digne d’être
retenu, et amassant ainsi pour ses futurs travaux des extraits précieux qu’il
n’avait plus qu’à mettre en ordre. Il fut surtout un compilateur, comme le
montre l’étendue encyclopédique de ses citations.
Ayant ainsi recueilli tout ce qui touche à l’exégèse, à la théologie, à la
morale, à la grammaire, liturgie, à l’histoire, à la grammaire, aux sciences
cosmologiques, astronomiques et physiques, Isidore se contenta, quand il eut à
traiter à traiter du sujet, d’utiliser la collection de ses notes, exprimant
ainsi, comme un écho fidèle, moins sa propre pensée que celle de ses
devanciers. Et telle fut constamment sa méthode ainsi qu’il a eu soin à
plusieurs reprises d’en prévenir loyalement ses lecteurs, P. L., t. LXXXII,
col. 73 ; LXXXIII, col. 207, 737, 964 ; si bien qu’il aurait pu écrire en tête
de chacun de ses nombreux ouvrages ou qu’il a mis dans la préface de ses
Questiones in [col.101 fin / col.102 début] Vetus Testamentum : Lector non
nostra leget sed veterum releget, P. L., t. LXXXII, col. 209.
3. Son
titre de docteur de l’Eglise.
Traduisant la pensée des contemporains, le VIIIe concile de Tolède, en 653,
parle d’Isidore en ces termes : Doctor egregius, Ecclesiæ catholicæ novissimum
decus, præcedentibus ætate postremus, doctrina et comparatione non infimus et,
quod majus est, in sæculorum fine doctissimus. Mansi, Concil., t. X, col. 1215.
C’est ce même titre de docteur que lui donne encore le concile de Tolède de 688.
Aussi l’Eglise de Séville n’hésita pas à insérer dans l’office de son saint
évêque l’antienne : O doctor optime, et dans la messe l’évangile propre à la
fête des docteurs : Vos estis sal terræ : office et messe qui reçurent, pour
l’Espagne et le pays soumis au roi catholique, l’approbation de Grégoire XIII
(1572-1585).
Finalement ce titre fut reconnu pour toute l’Eglise, le 25 avril 1722, par
Innocent XIII.
Cf. Benoît XIV De beati sanct., l. IV, part. II, c. XI, n. 15.
Comme ses deux frères, Léandre et Fulgence, et comme sa sœur Florentine,
Isidore a été inscrit au catalogue des saints ; sa fête est fixée au 4 avril.
Acta sanctorum, aprilis, t. I, p. 325-361.
Durant son long épiscopat, Isidore composa un grand nombre
d’ouvrages, dont quelques-uns ne sont point parvenus jusqu’à nous. Braulio, en
effet, après en avoir signalé 17, ajoute ces mots : sunt et alia multa
opuscula. Prænotatio, P. L., t. LXXXI, col. 17. Ceux qui restent sont
caractéristiques quant au genre et à la méthode du saint. Ils roulent sur les
matières les plus variées ; car, ainsi que l’a observé Arevalo, Isidoriana,
part. I, c. I, n. 3, P. L., t. LXXXI, col. 11, il n’est pas de sujet qu’Isidore
n’ait abordé : nil intentatum reliquit. Laissant de côté tout ce qui a trait au
droit canon et à la la liturgie, et qui trouvera sa place dans les
dictionnaires consacrés à ces deux sciences, nous nous bornerons à parcourir
succinctement ses œuvres, non dans leur suite chronologique, car il n’y en a
guère que quatre ou cinq que l’on puisse dater approximativement, mais dans
l’ordre des matières adopté par Arevalo, le dernier et le meilleur éditeur des
ouvrages de saint Isidore.
1° Etymologie. C’est le plus long et le principal ouvrage du saint. Isidore y
travailla longtemps sans pouvoir l’achever comme il l’aurait voulu. Mais
sollicité plusieurs années de suite par Braulio pour qu’il le lui envoyât
complet et en ordre, il finit par céder, vers 630. Il l’expédia à son ami avec
une dédicace, mais tel qu’il était encore, inemendatum, en lui laissant le soin
de l’amender lui-même. Son titre général est celui d’Etymologiæ, sous lequel
Isidore le désigne plusieurs fois ; mais comme il est qualifié dans la préface
d’opus de origine quarumdam rerum, Margarin de la Bigne et du Breul lui ont donné
aussi le titre d’Origines. Sa division actuelle en vingt livres est-elle due à
Isidore ou à Braulio ? C’est ce qu’on ne saurait dire, car les manuscrits
varient et pour le nombre et pour l’ordre de ces livres.
En voici le résumé : le Ier livre traite de la grammaire ; le IIe de la
rhétorique et de la dialectique ; ces deux livres sont plus développés dans les
Differentiæ, mais dans le même esprit, selon le même plan et la même méthode ;
le IIIe, de l’arithmétique, de la géométrie, de la musique et de l’astronomie ;
le IVe, de la médecine ; le Ve, des lois et des temps : celui-ci est un résumé
ou Chronicon, ou abrégé de l’histoire universelle, en six époques, depuis les
origines du monde jusqu’à l’an 627 après Jésus-Christ ; le VIe, des livres et
des offices de l’Eglise : il y est question du cycle pascal et il est plus
développé dans le De officiis ; le VIIe, de Dieu, dans anges et des différentes
classes de fidèles : c’est un abrégé de théologie ; le VIIIe, de l’Eglise et
des sectes ; le IXe, des langues, des peuples, des royaumes, des armées, de la
population civile, des degrés de parenté ; le Xe, des mots : c’est un index
alphabétique des plus curieux ; le XIe, de [col.102 fin / col.103 début]
l’homme et des monstres ; le XIIe, des animaux ; le XIIIe, du monde et de ses
parties : c’est une sorte de cosmologie générale ; le XIVe, de la terre et de
ses parties : c’est une géographie ; le XVe, des pierres et des métaux ; le
XVIe, de la culture des champs et des jardins ; le XVIIe, de la guerre et des
jeux ; le XIXe, des vaisseaux, des constructions et de costumes ; le XXe, des
mets et des boissons, des ustensiles de ménage et des instruments aratoires.
Il y a là, comme on le voit, une sorte de d’encyclopédie. Tout y est traité
d’une manière uniforme, l’étymologie des mots servant à l’explication des
choses. Mais il y a l’étymologie secundum naturam et l’étymologie secundum
propositum. A défaut de la première, Isidore recourt à la seconde. Or, quelque
ingéniosité qu’on y déploie, il y a toujours place alors pour l’arbitraire.
Aussi, à côté d’étymologies pertinentes et parfois fort remarquables, combien
qui prêtent à sourire ou même semblent ridicules ! Isidore, il est vrai, ne les
a pas inventées, mais alors à quoi bon les transcrire sans tenir compte de leur
invraisemblance, ni même de leur contradiction ou de leur absurdité ? Arevalo a
vainement essayé de l’en excuser, quand il a écrit : Scriptores collectaneorum
magis excusandi sunt, si quædam aliquantutum absurda aut minus credibilia
proferand. Propositum enim illis erat, non tam ut vera a falsis discernerent,
quam ut aliorum dicta congererent et aliis dijudicanda proponerent. Isidoriana, part. II, c.
LXI, n. 10, P. L., t. LXXXI, col. 386. Un
choix plus judicieux s’imposait. A vrai dire, dans une œuvre de ce genre,
Isidore n’a pas été plus heureux que Platon chez les grecs, Varron chez les
latins et Philon chez les juifs. Mais telle quelle, sa compilation n’en fut pas
moins, pour tout le moyen âge, une mine de renseignements et un manuel à la
portée de tous.
2. Differentiæ, sive de proprietate sermonum. Isidore dit avoir eu en vie ici
le traité correspondant de Caton, mais il a aussi emprunté à d’autres. Il a
divisé son travail en deux livres. Le Ier, De differentiis verborum, disposé
par ordre alphabétique, comprend 610 différences, quelques-unes subtiles et
bien approfondies ; par exemple : entre aptum et utile ; aptum, ad tempus ;
utiles, ad perpetuum ; entre ante et antea ; ante locum significat et personam
; antea, tantum tempus ; entre alterum et alium ; alter de duobus dicitur ;
allius, de multis, etc. Le IIe, De differentiis rerum, en 40 sections et 170
paragraphes, marque la différence des choses, comme par exemple entre Deus et
Dominus, Trinitas et Unitas, substantia et essentia, animus et anima, anima et
spiritus, etc. C’est en fait, un vrai petit traité de théologie sur la Trinité,
le pouvoir et la nature du Christ, le paradis, les anges, les hommes, le libre
arbitre, la chute, la grâce, la loi et l’Evangile, la vie active et la vie
contemplative, etc.
3° Allegoriæ. Ouvrage dédié à Orosio, personnage inconnu, ou plutôt Orontio,
qui fut métropolitain de Mérida avant 638, ces Allégories forment une suite
d’interprétations ou d’explications spirituelles, d’à peine quelques lignes
chacune, sur des noms, des caractéristiques, des personnages de l’écriture :
129 pour l’Ancien Testament, d’Adam aux Machabées ; 121 pour le Nouveau, la
plupart de celles-ci concernant les paraboles et les miracles du Sauveur. Hæc,
dit Isidore dans sa préface, P. L., t. LXXXIII, col. 97, non meo conservavi
arbitrio, sed tuo commisi corrigenda judicio. Même esprit et même méthode que
dans les Etymologiæ.
4° De ortu et habitu Patrum qui in scriptura laudibus efferuntur. C’est une
série de très courtes notices biographiques sur 64 personnages de l’Ancien
Testament, d’Adam aux Machabées, et 22 du nouveau, de Zacharie à Tite. Son
attribution à saint Isidore, dans sa forme actuelle, n’est pas acceptable, dit
Mgr Duchesne, [col.103 fin / col.104 début] S. Jacques de Galice, p. 156-157, dans
les Annales du Midi, 1890, t. XII, p.145-179. C’est là que se trouve, en effet,
De ortu, LXI, P. L., t. LXXXIII, col. 151, le passage interpolé qui, de saint
Jacques le Majeur, frère de saint jean, fait l’apôtre de l’Espagne, l’auteur de
l’Epître et la victime d’Hérode le Tétrarque. Or saint Jacques le Majeur n’a
pas écrit l’épître en question et fut mis à mort à Jérusalem par Hérode Agrippa
Ier.
5°In libros Veteris ac Novi Testamenti proæmia. Très courtes introductions à
plusieurs livres de la Bible, y compris Tobie, Judith, les Machabées, précédées
d’une introduction générale également très courte. A remarquer simplement que,
dans la liste des livres du Nouveau Testament, les Actes sont placés à la fin
de l’Epître de saint Jude et l’Apocalypse de saint Jean, Proæmia, XIII, P. L.,
t. LXXXIII, col. 160 ; c’est du reste la même place qu’Isidore leur assigne
dans son De officiis ecclesiasticis, I, XI, P. L., t. LXXXIII, col. 746.
6° Liber numerorum qui in sanctis Scripturis occurunt. Il est question dans ce
petit traité de divers nombres qui se trouvent dans l’Ecriture, à savoir de 1 à
16 de 18 à 20, puis des nombres suivants : 24, 30, 40, 46, 50 et 60. Isidore en
donne une explication mystique qu’il clôture en faisant remarquer, à la suite
de saint Augustin, que le nombre de 350 est la somme des dix-sept premiers
chiffres. Or 153 est le nombre est le nombre de poissons pris dans le coup de
filet de la pêche miraculeuse.
7°De Veteri et Novo Testamento quæstiones. D’un intérêt plus relevé que le
précédent, cet opuscule, quoique beaucoup plus court, quatre pages à peine dans
Migne, fait passer sous les yeux, dans une suite de 41 questions, la substance
et l’enseignement de l’Ecriture. Dic mihi qui est inter Novum et Vetus
Testamentum ? Vetus est peccatum Adæ, unde dicit Apostolus : Regnavit mors ab
Adam usque ad Moysen, etc. Novum est Christus de Virgine natus ; unde Propheta
dicit : Cantate Domino canticum novum ; quia homo novus venit ; nova præcepta
attulit, etc. Quæstiones, I, P. L., t. LXXXIII, col. 201.
8°Mysticorum expositiones sacramentorum, seu quæstiones in Vetus Testamentus.
Dans ce traité assez étendu, Isidore donne une interprétation mystique des
principaux évènements rapportés dans les livres de Moïse, de Josué, des Juges,
de Samuel, des Rois, d’Esdras et des Machabées : il y voit autant de figures de
l’avenir. C’est, selon sa constante méthode, une série d’emprunts, que tantôt
il abrège ou modifie, et auxquels il ajoute parfois. Veterum ecclesiasticorum
sententias congregantes. . veluti ex diversis prati flores lectos. . . et pauca
de multis breviter perstringentes, pleraque etiam adjicientes vel aliqua ex
parte mutantes. Præf., P. L., t. LXXXIII, col. 207. L’allégorie y est souvent
poussée jusqu’à l’excès, elle est du moins d’un ton très moralisant.
9° De fide catholica ex Veteri et Novo Testamento contra judæos. Ce titre
pourrait faire croire à un traité d’apologétique ou de controverse, mais il
n’en est pas tout à fait ainsi. Sans doute, dans son épître dédicatoire à sa
sœur Florentine, Isidore dit : Ut prophetarum auctoritas fidei gratiam firmet
et infidelium judæorum imperitiam probet, ce qui semble annoncer une thèse,
mais il ajoute : Hæc, sancta soror te petente, ob ædificationem studit tui tibi
dicavi, P. L., t. LXXXIII, col. 449 ; c’est, en effet, une exposition sereine
plutôt qu’une œuvre de polémique. Dans le premier livre, on traite, texte en
mains, de la personne du Christ, de son existence dans le sein du Père avant la
création, de son incarnation, de sa passion, de sa mort, de sa résurrection, de
son ascension et de retour futur pour le jugement, le tout terminé par cette
observation : Tenent ista omnia libri Hebræorum, legunt cuncta judæi sed non
intelligunt. Cont. judæos, I, 62, P. L., t. LXXXIII, col. 498. [col.104 fin /
col.105 début] Dans le second, on montre les suites de l’incarnation, à savoir
; la vocation des gentils, la dispersion des juifs et la cessation du sabbat ;
après quoi vient simplement cette exclamation : O infelicium judæorum defienda
demential. Cont. judæos, II, 28 ; ibid., col. 536. Cette manière d’argumenter
contre les juifs, quelque intérêt qu’elle offre pour l’époque, est loin de
rappeler le célèbre Dialogue avec Tryphon, de saint Justin.
10° Sententiarum libri tres. Autrement dit, ajoute Braulio, De summo bono.
Voici un manuel de doctrine et de pratique chrétiennes, empruntés surtout à
saint Augustin et à saint Grégoire le Grand. Il est divisé en trois livres.
Dans le Ier, il est question de Dieu et de ses attributs, de la création, de
l’origine du mal, des anges, de l’homme, de l’âme et des sens, du Christ, du
Saint-Esprit, de l’Eglise et des hérésies, de la loi, du symbole et de la
prière, du baptême et de la communion, du martyre, des miracles des saints, de
l’Antechrist, de la résurrection et du jugement, du châtiment des damnés et de
la récompense des justes. Dans le IIe, de la sagesse, de la foi, de la charité,
de l’espérance, de la grâce, de la prédestination, de l’exemple des saints, de
la confession des péchés et de la pénitence, du désespoir, de ceux que Dieu
abandonne, de la rechute, des vices et des vertus. Dans le IIIe, qui est d’une
grande utilité pratique, il s’agit des châtiments de Dieu et de la patience
qu’il faut avoir à les supporter, de la tentation, et de ses remèdes, prière,
lecture et étude, de la science sans la grâce, de la contemplation, de
l’action, de la vie des moines, des chefs de l’Eglise, des princes, des juges
et des jugements, de la brièveté de la vie et de la mort.
11° De ecclesiasticis officiis. Dédié à Fulgence († 620), frère du saint, ce
traité d’Isidore contient des renseignements précieux sur l’état du culte divin
et des fonctions ecclésiastiques dans l’Eglise gothique du VIIe siècle. Le
premier livre, relatif au culte, passe en revue les chants, les cantiques, les
psaumes, les hymnes, les antiennes, les prières, les répons, les leçons,
l’alléluia, les offertoires, l’ordre et les prières de la messe dans la
liturgie gallicane, cf. Duchesne, Les origines du culte chrétien, 2e édit.,
Paris, 1898, p. 189 sq., le symbole, les bénédictions, le sacrifice, les offres
de tierce, sexte, none, vêpres et complies, les vigiles, les matines, le
dimanche, le samedi, la Noël, l’Epiphanie, les Rameaux, les trois derniers
jours du carême, les fêtes de Pâques, de l’Ascension, de la Pentecôte, des
martyrs, de la dédicace ; les jeûnes du carême, de la Pentecôte, du septième
mois, des calendes de novembre et de janvier, l’abstinence. Le second livre,
relatif aux membres du clergé et aux diverses catégories de fidèles, traite des
clercs : évêques, archevêques, prêtres, diacres, sous-diacres, lecteurs,
chantres, exorcistes, acolytes, portiers ; des moines, des pénitents, des
vierges, des veuves, des personnes mariées, des catéchumènes, des compétents,
du symbole et de la règle de foi qui précèdent la collation du baptême, de la
chrismation, de l’imposition des mains ou de la confirmation.
12° Synonyma, de lamentatione animæ peccatricis. Ces deux titres, dont le
premier fit plutôt penser à quelque traité de grammaire, et dont le second des
gémissements d’un pécheur, se justifient également, l’un pour la forme, l’autre
pour le fond. En effet, chaque idée est présentée plusieurs fois par des
expressions différentes, mais équivalentes : de là le titre de Synonyma. Mais
comme il s’agit d’un pauvre pécheur qui gémit son propre état, le second titre
explique la matière du traité. C’est une sorte de soliloque ou plutôt de
dialogue intime entre l’homme et sa raison. L’homme, sous le poids des maux qui
l’oppriment, en vient à désirer la mort ; mais la raison intervient pour
relever son courage, lui rendre l’espoir du pardon, le ramener dans la bonne voie
et pousser jusqu’au som- [col.105 fin / col.106 début] met de la perfection. Il
a tort, en effet, de se plaindre, car les épreuves ont leur utilité : Dieu les
permet pour notre amendement, et elles sont la juste punition de nos fautes.
Mieux vaut donc lutter, se convertir, opposer de bonnes habitudes aux
mauvaises, persévérer dans la crainte de mourir comme un impie et d’encourir
les châtiments éternels : tel est l’objet du premier livre, au commencement
duquel se lit cette sentence : Melius est bene mori quam male vivere ; melius
est non esse quam infeliciter esse. Syn., I, 21, P. L., t. LXXXIII, col. 832.
Dans le second livre, la raison continue à donner des approprié et détaillés
pour conserver la chasteté, résister aux tentations, pratiquer la prière, la
vigilance, la mortification, et poursuivre la conquête des biens célestes,
etc., et elle conclut : Donum scientiæ acceptum retine, imple opere quod
didicisti prædicatione. Syn., II, 100, ibid., col. 868. Et le pécheur aussitôt
de remercier la raison. Cette œuvre de direction morale est, du point de vue de
la piété, la plus intéressante de saint Isidore.
13° Regula monachorum. Résumé de tout ce que l’on trouve épars dans les
ouvrages des Pères relativement à la disposition et à la distribution d’un monastère,
à l’élection de l’abbé et à la vie des moines.
14° Epistolæ. En dehors des lettres, qui servent de préface ou de dédicace à
cinq de ses ouvrages, on n’en a conservé que quelques autres : trois à Braulio,
évêque de Saragosse ; nue à Leudefeld, de Cordoue, concernant les membres et
les fonctions du clergé dans l’Eglise ; une à Massona, de Mérida, sur la
réintégration, après pénitence, des clercs tombés dans le péché ; une à
Helladius, sur la chute de l’évêque de Cordoue ; une au duc Claude, sur ses victoires
; une à l’archidiacre Redemptus, sur certains points de liturgie ; une autre
enfin à Eugène, sur l’éminente dignité des évêques, en tant que successeurs des
apôtres, et plus particulièrement du pontife romain, tête de l’Eglise.
15° De ordine creaturarum. Cet opuscule, retenu comme authentique par Arevalo,
traite d’abord de la Trinité, puis des créatures spirituelles, c’est-à-dire des
anges distribués en neuf chœurs, du diable et des démons, ensuite des eaux
supérieures du firmament, du soleil, de la lune, de l’espace supérieur et
inférieur, des eaux et de l’océan, du paradis, et enfin de l’homme après le
péché, de la diversité des pécheurs et du lieu de leur peine, du feu du
purgatoire et de la vie future.
16° De natura reum. Dédié au roi Sisebut, après avoir été composé sur sa
demande, ce petit travail résume tout ce que les anciens ont écrit sur le jour,
la nuit, la semaine, le mois, l’année, les saisons, le solstice et l’équinoxe,
le monde et ses parties, le ciel et les sept planètes alors connues, le cours
du soleil et de la lune, les éclipses, les étoiles filantes et les comètes, le
tonnerre et les éclairs, l’arc-en-ciel, les nuages, la pluie, la neige, la
grêle, les vents, les tremblements de terre, etc. Pour les diverses sources,
voir Becker, De natura rerum, Berlin, 1857.
17° Chronicon. Toujours fidèle à sa méthode, Isidore résume dans cette
chronique, en une suite de 122 paragraphes, les six âges de l’histoire du
monde, depuis la création jusqu'à l’an 654 de l’ère espagnole, c’est-à-dire jusqu’en
616, en empruntant ses matériaux aux travaux de Jules l’Africain, d’Eusèbe, de
saint Jérôme et de Victor de Tunnunum, et en y rajoutant quelques renseignement
sur l’histoire de l’Espagne. Il a soin, à la fin, de rappeler la victoire de
Léovigilde, sur les Suèves, le soulèvement d’Herménégilde, mais sans faire la
moindre allusion à sa mort violente, la conversion de Recarède et de tous les
Goths d’Espagne, et la part que prît à ce grand évènement son frère Léandre.
Pour les sources, voir Hertzberg, Ueber die Croniken des Isidorus von Sevilla,
dans [col.106 fin / col.107 début] Forschungen zur deutschen Geschichte, 1875,
t. XV, p. 289-360.
18° Historia de regibus Gothorum, Wandalorum et Suevorum. Ce résumé historique,
tout à l’honneur de l’Espagne dont il célèbre la richesse, la fécondité et la
gloire, est d’une valeur inappréciable et constitue la source principale pour
l’histoire des Visigoths, depuis leur origines jusqu’à la cinquième année du
règne de Suintila, en 621, c’est-à-dire pendant 256 années ; pour l’histoire
des Vandales, depuis leur entrée en Espagne sous Gundéric, en 408, jusqu’à
l’invasion de l’Afrique et la défaite de Gélimer, en 522 ; et enfin pour
l’histoire des Suèves, qui, entrés en Espagne en même temps que les Alains, les
Vandales s’y maintinrent jusqu’en 585, lors de leur incorporation au royaume
des Goths. Cf. Hertzberg, Die Historien und die Chroniken des Isidorus von
Sevilla, Gœttingue, 1874.
19° De viris illustribus. Sur une liste de 46 noms dont il est question dans ce
traité, treize appartiennent à des auteurs espagnols, ce qui nous vaut des
renseignements précieux sur plusieurs évêques d’Espagne, antérieurs au VIIe
siècle. On y trouve une note sévère sur la mort d’Osius et un éloge mérité de
Léandre au sujet de son influence religieuse et de la part qu’il prit à la
conversion des Goths.
1° Observation préliminaire. Sur l’Ecriture, le dogme, la
morale, la discipline et la liturgie, saint Isidore a résumé la science de son
temps ; mais c’est moins sa pensée qu’il nous donne que celle des autres. Il
s’est contenté d’être l’écho de la tradition, dont il a pris soin de recueillir
et de reproduire les témoignages, et, à ce point de vue ; son œuvre des plus
précieuse ; c’est celle d’un disciple très averti, d’un témoin autorisé, mais
ce n’est pas celle d’un initiateur ou d’un maître. S’en tenant trop
exclusivement à sa méthode de collectionneur et de rapporteur, il n’a pas
donné, dans quelque œuvre originale et forte, toute la mesure de son talent.
Dans ces conditions, il serait difficile de parler de son enseignement
personnel ; il suffira de signaler quelques points particuliers sur lesquels
son témoignage est bon à recueillir ou à propos desquels il a été l’objet
d’accusations injustifiées.
2° Sur l’Ecriture.
1. Le canon. Par trois fois, saint Isidore a donné le
catalogue des livres de la Bible. Etym., VI, I ; In libros Veteris et Novi
Testamenti proæmia, prol. 2-13 ; De officiis ecclesiasticis, I, XI, P. L., t.
LXXXIII, col. 150-160 ; 229 ; 746. Pour l’Ancien Testament, c’est la liste du
Prologus galeatus. Aux trois classes des protocanoniques, livres historiques,
prophétiques et hagiographes, Isidore joint celle des deut rocanoniques, la
Sagesse, l’Ecclésiastique, Tobie, Judith et les deux livres des Machabées, parce
que l’Eglise, dit-il, les tient pour des livres divins. Pour le Nouveau
testament, c’est l’ordo evangelicus ou les quatre Evangiles ; l’ordo
apostolicus : les quatorze épîtres de saint Paul, les sept Epîtres catholiques
rangées dans l’ordre suivant : Pierre, Jacques, Jean et Jude, et enfin les
Actes et l’Apocalypse. Ce dernier livre était encore contesté en Espagne, mais
Isidore eut soin, au IVe concile de Tolède, de faire porter ce décret : "
L’autorité de plusieurs conciles et les décrets synodaux des pontifes romains
déclarent que le livre de l’Apocalypse est de Jean l’Evangéliste et ordonnent
de le recevoir parmi les livres divins. Mais il y a beaucoup de gens qui
contestent son autorité et qui ne veulent pas l’expliquer dans l’Eglise de
Dieu. Si désormais quelqu’un ne le reçoit ou ne le prend pas pour texte
d’explication pendant la messe, de Pâques à la Pentecôte, il sera excommunié.
" Can. 17.
2. L’inspiration. Saint Isidore affirme le fait de l’inspiration divine
de tous les auteurs sacrés, mais sans en spécifier la nature ; il se contente
de dire : Auctor earumdem Scripturarum Spiritus Sanctus esse credit- [col.107
fin / col. 108 début] tur ; ipse enim scripsit qui prophetis suis scribenda
dictavit. De offic. eccle., I, XII, 13, P. L., t. LXXXIII, col. 750. Quant au
rôle et à la part de l’écrivain sacré dans la rédaction de son œuvre, il n’en
parle pas, cette question n’ayant pas encore été pleinement élucidée.
3. L’interprétation. Isidore connaît la multiple signification du texte
sacré ; il sait que l’on peut entendre au sens littéral et au sens spirituel,
au sens propre ou métaphorique. Scriptura non solum historialiter sed etiam
mysterio sensu, id est spiritualiter, sentienda est. De fide cath., II, XX, 1,
P. L., t. LXXXIII, col. 528. Scriptura sacra ratione tripartita intellegitur ;
d’abord secundum litteram sine ulla figurali intentione ; ensuite secundum
figuralem intellegentiam absque aliquo rerum respectu ; enfin salva historica
rerum narratione, mystica ratione. De ord. creat., X, 6-7, P. L., t. LXXXIII,
col. 939. Pour l’intelligence des passagers les plus obscurs, il rappelle, à la
suite de saint Augustin, mais sans y joindre les judicieuses réflexions de
l’évêque d’Hippone dans son De doctrina christiana, III, XXX-XXXVIII, 42-56,
les sept règles du donatiste Tichonius. Sent., I, IXI, P. L., t. LXXXIII, col.
581-586.
3° Sur le dogme. Deux points de doctrine ont paru répréhensibles dans
saint Isidore : l’un sur la prédestination, l’autre sur la transsubstantiation
; qu’en est-il ?
1. La prédestination. Saint Isidore parle dans un passage de la gemina
prædestinatio, sive electorum ad requiem, sive reproborum ad mortem. Sent., II,
VI, 1, P. L., t. LXXXIII, col. 606. Hincmar de Reims, au IXe siècle, a conclu
de là que l’évêque de Séville était un successeur des Gaulois qu’avait combattu
saint Augustin dans son De prædestinatione sanctorum et son De bono
perseverantiæ. C’est bien à tort, car il n’y a pas de preuve que le
prédestinatianisme ait paru en Espagne, soit de provenance gauloise, soit d’
ailleurs. L’erreur des prédestinatiens du IXe siècle fut de croire que Dieu
prédestine les pécheurs, non seulement à la damnation, mais aussi au péché. Or,
saint Isidore distingue avec raison l’une de l’autre, il nie la prédestination
au péché ; car Dieu ne veut pas le péché, il ne fait que le permettre ; et s’il
est question de l’endurcissement ou de l’aveuglement du pécheur, il faut
prendre garde au rôle négatif de Dieu. Obdurare dicitur Deus hominem, non ejus
faciendo duritiam, sed non auferendo eam, quam sibi ipse nutrivit. Non aliter
et obcæcare dicitur quosdam Deus, non ut in eis eamdem ipse cæcitatem eorum ab
eis ipse non auferat. Sent. II, V, 13, P. L., t. LXXXIII, col. 605. Quant à la
prédestination à la peine, Isidore l’enseigne : Miro modo æquus omnibus
Conditor alios prædestinando præeligit, alios in suis moribus pravis justo
judicio derelinquit ; quidam enim gratissimæ misericordiæ ejus prævenientis
dono salvantur, effecti vasa misericordiæ ; quidam vero reprobi habiti ad pœnam
prædestinati damnantur, effecti vasa iræ. Different., II, XXXII, 117-118, P.
L., t. LXXXIII, col. 88.
Au sens propre et rigoureux qu’il aura dans la langue théologique, le mot
de prédestination ne s’applique qu’à certaines créatures raisonnables qui
doivent avoir la gloire du ciel en partage ; c’est la prescience, non des
mérites de la créature, mais des bienfaits de Dieu ; c’est le plan éternel de
Dieu statuant en lui-même l’obtention du ciel pour ceux qui, en effet, doivent
un jour et pour l’éternité, être admis à ce bonheur. Il ne s’applique au
pécheur que dans un sens impropre ; car la réprobation implique de la part de
Dieu deux choses, d’abord la permission de la faute, ensuite la volonté de la
punir. Dieu permet le péché : pourquoi ? C’est le grand mystère, dont il n’est
point permis de demander compte à Dieu ; et Dieu très justement châtie le péché
non pardonné et non expié. Cf. Arevalo, Isidoriana, part. I, c. XXX, n. 1-14, P.
L., t. LXXXI, col. 150-157. [col.108 fin /
col.109 début]
2. La transsubstantiation. D’après Bingham, Origines eccles., l. XV, c.
V, sect. 4, Londres, 1710-1719, t. VI, p. 801, saint Isidore aurait nié la
transsubstantiation. S’il s’agit du mot, il est certain que saint Isidore ne
l’a pas employé, pour la bonne raison qu’il n’existait pas encore pour exprimer
la nature du changement qui s’opère au sacrifice de la messe par la
consécration ; mais s’il s’agit du sens exprimé si bien plus part par le mot de
transsubstantiation, on ne peut pas soutenir qu’Isidore ne l’a pas enseigné.
Car, dans un passage, il dit qu’on appelle corps et sang du Christ le pain et
le vin, quand ils sont sanctifiés et deviennent sacrement par l’invisible
opération du Saint-Esprit. Unde hoc, eo jubente corpus Christi et sanguinem
dicimus, quod, dum sit ex fructibus terræ, sanctificantur et fit sacramentum
operante invisibiliter Spiritu Dei. Etym., VI, XIX. Resteraient-ils pain et vin
tout en devenant sacrement ? Nullement, car, dans un autre passage, après avoir
dit comme saint Paul : panis, quem frangimus, corpus Christi est, il ajoute :
Hæc autem, dum sunt visibilia, sanctificata per Spiritum Sanctum, in
sacramentum divini corporis transeunt. De offic. eccl., I, XVIII. Transeunt,
qu’est-ce à dire ? Il s’agit bien d’un changement, d’une transformation, et
n’est-ce pas là l’équivalent du mot transsubstantiation ? Cf. Arevalo, Isidoriana,
part. I, c. XXX, n. 15-24, P. L., t. LXXXI, col. 157-160.
4° Sur les sacrements. Bingham, Origines
eccles., l. XII, c. I, accuse encore saint Isidore de n’avoir fait qu’un seul
sacrement du baptême et de la confirmation. En effet, l’évêque de Séville a
écrit : Sunt autem sacramenta baptismus et chrisma, corpus et sanguis. Etym.,
VI, XIX. D’où Bingham de conclure : de même que corpus et sanguis ne désignent
qu’un seul et même sacrement, de même baptismus et chrisma. Conclusion erronée,
car Isidore, loin de confondre le sacrement du baptême avec celui de la
confirmation, les distingue l’un de l’autre : Sicut in baptismo peccatorum
remissio datur, ita per unctionem sanctificatio Spiritus adhibetur, et il
traite ailleurs, De offic. eccles., II, XXV-XXVIII, P. L., t. LXXXIII, col.
822-826, séparément et distinctement du baptême, de la chrismatio et de
l’imposition des mains. Ce que l’on peut reprocher à son langage, c’est, tout
au plus, un certain manque de précision fort excusable à une époque où la
théorie sacramentaire n’était pas encore rigoureusement fixée. Cf. Arevalo, Isidoriana,
part. I, c. XXX, n. 22-25, P. L., t. LXXXI, col. 160-162.
5° Sur l’origine de l’âme des enfants
d’Adam. L’âme de l’enfant qui vient au monde a-t-elle été créée dès l’origine,
ou n’est-t-elle créée par Dieu qu’au moment de la conception, ou bien encore ne
serait-elle pas transmise du père au fils par voie de génération ? Autant de
questions soulevées parmi les Pères grecs et latins et résolues en sens divers.
Saint Augustin est mort sans avoir pu y trouver une solution qui le satisfît.
Saint Isidore, cela va sans dire, rappelle les opinions anciennes, en
constatant que la question est des plus difficiles et n’a pas été tranchée.
Differ., II, XXX, 105 ; De offic. eccl., II, XXIV, 3 ; De ord. creat., XV, 10,
P. L., t. LXXXIII, col. 85, 818, 952. Toutefois il se prononce pour la création
de l’âme au moment où elle doit animer un corps humain : Animam non esse partem
divinæ substantiæ, vel naturæ, nec esse eam priusquam corporis misceatur,
constat ; sed tunc creari eam quando et corpus creatur, cui admisceri videtur. Sent., I, XII, 4, P. L.,
t. LXXXIII, col. 562.
I. EDITIONS. Margarin de la Bigne fut le
premier à publier les œuvres de l’évêque de Séville sous ce titre : S. Isidori
Hispalensis episcopi opera omnia, Paris, 1580. Son édition était incomplète et
laissait à désirer. près de vingt ans après, Grial donna une autre édition
beaucoup plus soignée, mais qui est encore loin d’être satisfaisante : [col.109
fin/col.110 début] Divi Isidori Hispalensis episcopi opera, Madrid, 1599 ; 2
vol. 1778. Le bénédiction Jacques du Breuil, profitant du travail de ses
devanciers, améliora celle de Margarin de la Bigne et compléta celle de Grial
sans la rendre plus correcte : S. Isidori Hispalensis episcopi opera omnia,
Paris, 1601 ; Cologne, 1617. Au XVIIIe siècle, Ulloa reprit l’édition de Grial
et la publia à Madrid, en 1778, revue, corrigée et augmentée de notes de Gomez.
Mais il restait un examen critique à faire sur tous les ouvrages, authentiques
ou supposés, de saint Isidore ; ce fut l’œuvre d’Arevalo. Ce dernier, grâce à
un examen attentif et à une connaissance approfondie du sujet, passa en revue
les manuscrits et les éditions et ne retint comme authentique que les ouvrages
dont l’analyse a été donnée dans cet article, en suivant l’ordre de la dignité
des matières et, dans chaque matière, le genre d’abord, les espèces ensuite ;
c’est jusqu’ici la meilleure de toutes les éditions : S. Isidori Hispalensis
episcopi opera omnia, 4 vol., Rome, 1797-1803. Migne l’a reproduite : P. L., t.
LXXXI-LXXXIV, en y joignant la Collectio canonum attribuée à saint Isidore,
ainsi que la Liturgia mozarabica secundum regulam beati Isidori, P. L., t.
LXXXV-LXXXVI. Depuis lors quelques ouvrages de saint Isidore ont fait l’objet
d’éditions critiques nouvelles. La partie historique, sous ce titre : Isidori
junioris Hispalensis historia Gothorum, Wandalorum, Sueborum ad annum 624, a
été insérée dans les Monumenta Germaniæ historica. Auctores antiquissimi,
Berlin, 1894, t. XI, p. 304-390. G. Becker a donné une édition critique du De
natura rerum, Berlin, 1857. K. Weinhold, a publié quelques fragments en vieil
allemand de l’opuscule contre les juifs : Di altdeutschen Bruckstücke des
Tractats des Bischofs Isidorus von Sevilla De fide catholica contra judæos,
Paderborn, 1874. G. A. Hench, a publié un fac-similé du codex de Paris : Der
althochdeusche Isidor. Fac-Simile Ausgabe der Pariser Codex, nebst kritischen
Texte der Pariser und Monseer Bruchstücke, Strasbourg, 1893. Il reste encore
beaucoup à faire. W. M. Lindsay, Isidori Hispalensis Etymologiarum seu Originum
libri XX, 2 vol. Oxford, 1911 : Beer, Isidori Etymologiarum cod. Toletanus
phototypice editus, Leyde, 1909.
II. SOURCES. S. Braulio, évêque de Saragosse, contemporain et ami de
saint Isidore ; Prænotatio librorum divi Isidori, P. L., t. LXXXI, col. 15-17 ;
S. Ildefonse, De viris illustribus, IX, ibid., col. 27-28 ; un récit de la mort
de l’évêque de Séville, ibid., col. 30-32 ; Acta sanctorum, avril, t. I, p.
325-361.
III. TRAVAUX. Des biographies ont été publiées par Cajétan, Rome, 1616,
par Dumesnil, 1843, par l’abbé Colombet, 1846. Sur la vie et les œuvres de
saint Isidore, Noël Alexandre, Historia ecclesiastica, Paris, 1743, t. X, p.
195, 411-413 ; Dupin, Nouvelle bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, Mons,
1691, t. VI, p. 1-6 ; Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés et
ecclésiastiques, Paris, 1858-1868, t. XI, p. 720-728 ; N. Antonio, Bibliotheca
hispana vetus, Madrid, 1788, p. 321 sq. ; Florez, España sagrada, Madrid,
1754-1777, t. III, p. 101-109 ; t. V, p. 417-420 ; t. VI, P. 441-452, 477-482 ;
t. IX, p. 173, 406-412 ; Arevalo, Isidoriana, P. L., t. LXXXI ; Bourret, L’école
chrétienne de Séville sous la monarchie des Wisigoths, Paris, 1855 ; Gams, Die
Kirchengeschichte von Spanien, Ratisbonne, 1862-1874, t. II, sect. II, p.
102-113 ; Ebert, Histoire générale de la littérature du moyen âge en Occident,
trad. franç., Paris, 1883, t. I, p. 621-636 ; Teuffel, Geschichte der römischen
Litteratur, Leipzig, 1870 ; trad. franç., Paris, 1883, t. III, p. 337-345 ;
Dressel, De Isidori Originum fontibus, Turin, 1874 ; Hertzberg, Ueber die
Chroniken des Isidorus von Sevilla, dans les Forschungen zur deutschen
Geschichte, 1875, t. XV, p. 289-360 ; Menendez y Pelayo, S. Isidore et
l’importance de son rôle dans l’histoire intellectuelle de l’Espagne, trad.
franç., dans les Annales de philosophie chrétienne, 1882, t. VII, p. 258-269 ;
Manitius, Geschichte der christ.-latein. Poesie, Stuttgart, 1891, p. 414-420 ;
Klusmann, Excerpta Tertullianea in Isidori Hispa. Etymologiis, Hambourg, 1892 ;
Dzialowski, Isidor und Ildefons als Litterarhistoriker, Munster, 1899 ;
Bardenhewer, Patrologie, 3e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1910, p. 568 sq. ;
Realencyklopädie für protestantische Theologie und Kirche, 3e édit., Leipzig,
1901, t. IX, p. 447-453 ; Leclercq, L’Espagne chrétienne, Paris, 1906, p.
302-306 ; Kirchenlexicon, 2e édit., t. VI, p. 969, 976 ; Smith et Wace, A
dictionary of christian biography, t. III, p. 305-313 ; U. Chevalier,
Répertoire. Bio-bibliographie, t. I, p. 2283-2285 ; Schwarz, Observationes
criticæ in Isidori Hispalensis Origines, Hirschberg, 1895 ; Schulte, Studien
über den Schriftstellerkatalog des h. Isidorus, dans Kirchengeschitliche.
Abhandlugen de Sdralek, Breslau, 1902, [col.110 fin / col.111 début] t. VI ;
Endt, Isidor und Lukasscholien, dans Wiener Studien, 1909 ; Valenti, S.
Isidoro, noticia de sua vida y escritos, Valladolid, 1909 ; Schenk, De Isidori
Hispalensis de natura rerum libelli fontibus (diss.), Iéna, 1909 ; C. H.
Besson, Isidor Studien, Munich, 1913 ; J. Tixeront, Précis de patrologie,
Paris, 1918, p. 492-496.
G. BAREILLE.
Saint
Isidore de Séville et son élève Braule
de Saragosse.
04/04 St
Isidore de Séville, évêque, confesseur et docteur
Textes de la
Messe
Office
Dom Guéranger,
l’Année Liturgique
Bhx Cardinal
Schuster, Liber Sacramentorum
Dom Pius Parsch,
le Guide dans l’année liturgique
Benoît XVI,
catéchèses, 18 juin 2008
04/04 St
Isidore de Séville, évêque, confesseur et docteur
Mort à
Séville le 4 avril 636. Culte immédiat en Espagne.
Innocent
XIII inscrivit sa fête comme docteur, au rite double, en 1722.
Textes de la
Messe
die 4 aprilis
|
SANCTI ISIDORI
|
Ep., Conf. et Eccl. Doct.
|
III classis (ante CR 1960 : duplex)
|
|
Oratio C
|
Deus, qui pópulo tuo ætérnæ salútis
beátum Isidórum minístrum tribuísti : præsta, quǽsumus ; ut, quem
Doctórem vitæ habúimus in terris, intercessórem habére mereámur in cælis. Per
Dóminum.
|
Ante 1960 : Credo
|
Secreta C 1
|
Sancti Isidóri Pontíficis tui atque
Doctóris nobis, Dómine, pia non desit orátio : quæ et múnera nostra
concíliet ; et tuam nobis indulgéntiam semper obtíneat. Per Dóminum.
|
Postcommunio C 1
|
Ut nobis, Dómine, tua sacrifícia dent
salútem : beátus Isidórus Póntifex tuus et Doctor egrégius, quǽsumus,
precátor accédat. Per Dóminum nostrum.
|
(En Carême, on fait
seulement mémoire du Saint avec les trois oraisons de la Messe suivante)
|
le 4 avril
|
SAINT ISIDORE
|
Evêque, Confesseur et Docteur de l’Église
|
IIIème classe (avant 1960 : double)
|
|
Collecte C
|
O Dieu qui avez fait à votre peuple la
grâce d’avoir le bienheureux Isidore, pour ministre du salut éternel, faites,
nous vous en prions, que nous méritions d’avoir pour intercesseur dans les
cieux celui qui nous a donné sur terre la doctrine de vie.
|
|
Avant 1960 : Credo
|
|
Secrète C 1
|
Que la pieuse intercession de saint
Isidore, Pontife et Docteur, ne nous fasse point défaut, Seigneur, qu’elle
vous rende nos dons agréables et nous obtienne toujours votre indulgence.
|
|
Postcommunion C 1
|
Afin, Seigneur, que votre saint
sacrifice nous procure le salut, que le bienheureux Isidore, votre Pontife et
votre admirable Docteur intercède pour nous.
|
Office
Leçons des
Matines avant 1960
Au
deuxième nocturne.
Quatrième
leçon. Isidore, Docteur illustre, était Espagnol de nation ;
il naquit à Carthagène ; son père, Sévérien, était gouverneur de la
province. Les saints Évêques, Léandre de Séville, et Fulgence de Carthagène,
ses frères, prirent soin de lui enseigner la piété et les lettres. Formé aux
littératures latine, grecque et hébraïque, et instruit dans les lois divines et
humaines, il acquit à un degré éminent toutes les sciences et toutes les vertus
chrétiennes. Dès sa jeunesse, il combattit avec tant de courage l’hérésie
aérienne, depuis longtemps déjà répandue chez les Goths alors maîtres de
l’Espagne, que peu s’en fallut qu’il ne fût mis à mort par les hérétiques. Léandre
ayant quitté cette vie, Isidore fut élevé, malgré lui, au siège épiscopal de
Séville, sur les instances du roi Récarède, avec l’assentiment unanime du
clergé et du peuple. On rapporte que saint Grégoire le Grand ne se contenta pas
de confirmer cette élection par l’autorité apostolique, mais qu’il envoya,
selon l’usage, le pallium au nouvel élu, et l’établit son vicaire ainsi que
celui du Siège apostolique dans toute l’Espagne.
Cinquième
leçon. On ne peut dire combien Isidore fut, durant son épiscopat,
constant, humble, patient, miséricordieux, zélé pour !a restauration des
mœurs chrétiennes et de la discipline ecclésiastique, infatigable à les
soutenir par ses paroles et ses écrits, remarquable enfin par l’éclat de toutes
les vertus. Ardent promoteur et propagateur des institutions monastiques en
Espagne, il construisit plusieurs monastères et édifia également des collèges,
où, se livrant à la science sacrée et à l’enseignement, il instruisit un grand
nombre de disciples qui affluaient vers lui, et parmi lesquels brillèrent saint
Ildephonse, Évêque de Tolède, et saint Braulion, Évêque de Saragosse. Dans un
concile rassemblé à Séville, il réprima et écrasa par une discussion vive et
éloquente l’hérésie des Acéphales déjà menaçante. Isidore acquit auprès de tous
une telle renommée de sainteté et de science, que seize ans à peine après sa
mort, au milieu des applaudissements de tout un synode réuni à Tolède et
composé de cinquante-deux Évêques, et avec le suffrage de saint Ildephonse, il
mérita d’être appelé un Docteur excellent, la gloire la plus récente de
l’Église catholique, l’homme le plus docte de la-fin des temps ; et les
Prélats déclarèrent que son nom ne devait être prononcé qu’avec respect. Saint
Braulion ne se contente pas de le comparer à saint Grégoire, mais il estime que
le ciel l’avait donné à l’Espagne pour l’instruire, et tenir la place de
l’Apôtre saint Jacques.
Sixième
leçon. Isidore composa des livres sur les Étymologies, sur les
Offices ecclésiastiques, et beaucoup d’autres ouvrages si utiles pour la
discipline chrétienne et ecclésiastique, que le Pape Léon IV n’a pas hésité à
écrire aux Évêques de Bretagne, que l’on doit faire le même cas des paroles
d’Isidore que de celles de Jérôme et d’Augustin, lorsqu’il se présente une
difficulté nouvelle qui ne peut être résolue par les Canons. On voit plusieurs
sentences tirées de ses écrits placées parmi les lois canoniques de l’Église.
Le saint Évêque de Séville présida le quatrième concile de Tolède, le plus
célèbre de tous ceux d’Espagne. Enfin, après avoir banni de l’Espagne l’hérésie
arienne, prédit publiquement sa mort et la dévastation du royaume par les
armées des Sarrazins, et gouverné son Église environ quarante ans, il mourut à
Séville l’an six cent trente-six. Son corps fut d’abord inhumé, comme lui-même
l’avait demandé, entre son frère Léandre et sa sœur Florentine. Ferdinand Ier,
roi de Castille et de Léon, l’ayant racheté à grand’peine d’Enète prince
sarrazin alors maître de Séville, le transporta à Léon, et l’on a élevé en son
honneur une église où ses miracles l’ont rendu célèbre, et où le peuple
l’honore avec une grande dévotion.
Au
troisième nocturne.
Lecture
du saint Évangile selon saint Matthieu. Cap. 5, 13-19.
En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Vous êtes le sel de
la terre. Que si le sel perd sa vertu, avec quoi le salera-t-on ? Il n’est
plus bon qu’à être jeté dehors et foulé aux pieds par les hommes. Et le reste.
Homélie
de saint Isidore, Évêque.
Septième
leçon. Celui qui a la charge d’instruire les peuples et de les
former à la vertu doit de toute nécessité, avoir une sainteté accomplie, et se
montrer absolument irrépréhensible. Car pour reprendre les pécheurs, il faut
qu’il soit lui-même exempt de péché. Comment, en effet, oserait-il reprendre
ses subordonnés, exposé qu’il serait à s’entendre répondre : Commencez par
adresser à vous-même vos leçons de vertu. Celui qui se propose d’enseigner aux
autres à bien vivre doit donc d’abord régler sa propre conduite. Qu’en tout il
se montre un modèle de bonne vie, et que ses exemples comme sa doctrine
engagent au bien tous les hommes. La science des Écritures lui est également
nécessaire. Car la sainte vie de l’Évêque toute seule, ne serait profitable
qu’à lui-même, mais s’il y joint la science et la parole, il pourra encore
instruire les autres, donnant l’enseignement aux fidèles et combattant les
ennemis de la foi qui, s’ils ne sont réfutés et convaincus de fausseté, peuvent
trop facilement tromper les simples.
Huitième
leçon. La parole de l’Évêque doit être pure, simple, claire,
pleine de gravité et de noblesse, pleine de douceur et de grâce ; il doit
traiter des mystères de la loi, de la doctrine de la foi, de la modération
chrétienne, des règles de la justice. Son langage doit varier avec la
profession, la qualité, les mœurs de ses auditeurs ; il doit à l’avance
mesurer Si>n enseignement quant à l’objet, au temps, à la manière et aux
personnes. Avant tout, il doit, pour accomplir son office, lire la sainte Écriture,
étudier les Canons, imiter les exemples des Saints, s’adonner aux veilles, au
jeûne, à la prière ; il doit garder la paix avec tous ses frères, et ne
blesser aucun des membres du corps dont il est le chef, ne condamner personne
sans preuve, n’excommunier personne sans examen. Il doit unir dans la prélature
l’humilité à l’autorité ; qu’une humilité indiscrète ne favorise pas les
vices de ses subordonnés, qu’une sévérité immodérée n’accompagne point
l’exercice de sa puissance ; mais qu’envers ceux qui lui sont confiés, il
se montre d’autant plus rempli de sollicitude qu’il doit redouter du Christ
lui-même un examen plus sévère de sa vertu.
Neuvième
leçon. Il conservera la charité, cette vertu qui s’élève au-dessus
de tous les dons, et sans laquelle toutes les autres ne sont rien. Il mettra sa
chasteté sous la garde de la charité ; et le lieu où cette gardienne
habitera sera l’humilité. Il aura donc parmi tous ces biens l’excellence de la
chasteté, afin que son âme, donnée entièrement à Jésus-Christ, soit pure et libre
de toute souillure de la chair. Cependant il devra, prudent dispensateur,
prendre soin des pauvres, nourrir les affamés, vêtir ceux qui sont nus,
recevoir les étrangers, racheter les captifs, protéger les veuves et les
orphelins montrer en tout une vigilante sollicitude, une prudence pleine de
discrétion dans les distributions de chaque jour. Il exercera excellemment
l’hospitalité, recevant toute sorte de personnes avec bonté et chanté ;
car si tous les fidèles désirent entendre cette parole de l’Évangile :
« J’ai été sans asile et vous m’avez donné l’hospitalité », combien
plus l’Évêque, dont la demeure doit être un abri ouvert à tous ?
Dom Guéranger,
l’Année Liturgique
La
sainte Église nous présente aujourd’hui la douce et imposante figure d’un de
ses plus vertueux Pontifes. Isidore, le grand Évêque de Séville, le plus savant
homme de son siècle, mais plus recommandable encore par les effets de son zèle
sur sa noble patrie, vient nous encourager dans la carrière par ses exemples et
par son intercession.
Entre
toutes les provinces du Christianisme, il en est une qui a mérité par
excellence le nom de Catholique : c’est l’Espagne. Dès le commencement du
VIIIe siècle, la divine Providence la soumit à la plus dure épreuve, en
permettant que l’inondation sarrasine la submergeât presque tout entière :
en sorte qu’il fallut à ses héroïques enfants huit siècles de combats pour
recouvrer enfin leur patrie. Les vastes contrées de l’Asie et de l’Afrique qui,
à la même époque, subirent l’invasion musulmane, sont demeurées sous le joug de
l’Islamisme. D’où vient que l’Espagne a triomphé de ses oppresseurs, et que le
sentiment de la dignité humaine ne s’est jamais éteint dans la race qui
l’habite ? La réponse est facile à donner : l’Espagne, au moment de
l’invasion, était catholique ; la vie catholique animait cette vaste
région ; tandis que les peuples qui succombèrent sous le cimeterre
musulman avaient déjà rompu avec la chrétienté par l’hérésie ou par le schisme.
Dieu les délaissa, parce qu’ils avaient repoussé la vérité de la Foi, l’unité
de l’Église ; ils ne furent plus qu’une proie, et n’offrirent presque
aucune résistance à leurs farouches vainqueurs.
L’Espagne
cependant avait couru un immense danger. La race des Goths, en la subjuguant,
avait en même temps déposé l’hérésie dans son sein. L’Arianisme élevait dans
l’Ibérie ses autels sacrilèges ; mais Dieu ne permit pas que cette terre
privilégiée demeurât longtemps sous le joug de l’erreur. Avant l’arrivée du
Sarrasin, l’Espagne était déjà réconciliée avec l’Église ; une famille
aussi illustre que sainte avait eu la gloire de consommer ce grand œuvre. Le
voyageur qui parcourt, de nos jours encore, l’Andalousie, remarque avec un
pieux étonnement, à chacun des quatre angles des places publiques, une statue
correspondant à trois autres : ces statues représentent trois frères et
une sœur : saint Léandre, Évêque de Séville ; saint Isidore que nous
fêtons aujourd’hui ; saint Fulgence, Évêque de Carthagène ; et leur
sœur, sainte Florentine, vierge consacrée à Dieu. Par les efforts du zèle et de
l’éloquence de saint Léandre, le roi Récarède et toute la nation des Goths se
réunirent à la foi catholique, au concile de Tolède, en 589 ; la science
et le grand caractère de notre Isidore consolidèrent cette heureuse
révolution ; Fulgence la soutint par ses vertus et par sa doctrine ;
et Florentine apporta à cette œuvre si féconde pour l’avenir de sa patrie le
tribut de ses soupirs et de ses prières.
Isidore,
Pasteur fidèle, le peuple chrétien honore vos vertus et vos services ; il
se réjouit de la récompense dont le Seigneur a couronné vos mérites ;
soyez-lui donc propice en ces jours de salut. Sur la terre, votre vigilance
n’abandonna jamais l’heureux troupeau qui lui était confié ; regardez-nous
comme vos brebis, défendez-nous des loups ravissants qui nous menacent sans
cesse. Que vos prières obtiennent pour nous la plénitude tics grâces qui nous
sont nécessaires pour achever dignement cette sainte carrière qui s’avance vers
sa fin. Soutenez notre courage ; animez notre ardeur ; préparez-nous
à la célébration des grands mystères qui nous attendent. Nous avons regretté
nos offenses, expié, quoique bien faiblement, nos fautes ; l’œuvre de
notre conversion a fait un pas ; il faut maintenant qu’elle se consomme
par la contemplation des souffrances et de la mort de notre Rédempteur.
Assistez-nous, ô Pontife du Christ qui l’avez tant aime ; vous dont la vie
fut toujours si pure, prenez soin des pécheurs, et écoutez la prière de
l’Église qui se recommande à vous aujourd’hui. Du sein des joies éternelles,
souvenez-vous aussi de votre patrie terrestre ; bénissez l’Espagne qui
vous conserve un culte si fervent. Rendez-lui l’ardeur primitive de la
foi ; renouvelez en son sein les mœurs chrétiennes ; faites
disparaître l’ivraie qui s’est levée parmi le bon grain. L’Église entière
honore cette contrée pour sa fidélité dans la garde du dépôt de la doctrine du
salut ; sauvez-la de toute décadence, et arrêtez les maux dont elle
souffre ; qu’elle soit toujours fidèle, toujours digne du beau nom que
vous l’avez aidée à conquérir.
Bhx Cardinal
Schuster, Liber Sacramentorum
Le culte
de ce vrai Patriarche (+ 636) de l’Espagne au temps de la domination visigothe
est très ancien, et l’autorité dont il jouissait déjà dans l’Église durant le
haut moyen âge fut si indiscutable que Bédé le Vénérable et les encyclopédistes
de l’époque carolingienne lui sont en grande partie redevables de leur science
ecclésiastique. Le VIIIe synode de Tolède en 653 fait l’éloge suivant de saint
Isidore : Nostri saeculi doctor egregius, ecclesiae catholicae novissimum
decus, praecedentibus aetate postremus, doctrinae comparatione non infimus, et,
quod maius est, in saeculorum fine doctissimus [1].
Cependant,
son office liturgique dans le calendrier du Siège apostolique date seulement de
la Renaissance parce que, non seulement saint Isidore n’est pas Romain, mais
l’anniversaire de sa mort tombe presque toujours en Carême ou durant la semaine
pascale.
A Rome,
un monastère de Saint-Isidore est mentionné dans la biographie de Léon III, qui
l’enrichit d’un coffret d’argent du poids de deux livres. Une autre église de
Saint-Isidore existait derrière la diaconie de Sainte-Marie in Domnica, et elle
est mentionnée dans une bulle d’Innocent III [2].
Enfin, un oratoire de Saint-Isidore, également détruit à présent, s’élevait
près des thermes de Dioclétien là où, autrefois, étaient les dépôts de grains
confiés au praefectus annonae. Il s’agit donc d’un culte ancien et assez
répandu dont le saint Docteur était autrefois l’objet dans la Ville
éternelle ; c’est pourquoi la Renaissance, en insérant saint Isidore dans
le Calendrier romain, n’a fait que rétablir une vieille et traditionnelle
dévotion envers ce grand docteur de la catholique Espagne.
Dom Pius Parsch,
le Guide dans l’année liturgique
Recherchons
l’enseignement liturgique.
Saint
Isidore : Jour de mort : 4avril 636. — Tombeau : Il fut d’abord
dans la cathédrale de Séville ; depuis 1063, il est dans l’église
Saint-Isidore, à Léon (Espagne). Image : On le représente en évêque,
souvent en compagnie de saint Léandre. Vie : Saint Isidore, frère du saint
évêque Léandre, est considéré comme la figure la plus importante de l’Église
d’Espagne à cette époque. Il fut, en raison de sa sainteté manifeste, très aimé
de son peuple. On se pressait partout autour de lui dès qu’on l’apercevait.
« Les uns venaient pour entendre son enseignement salutaire ; les
autres, pour voir les miracles qu’il faisait au nom du Seigneur ; les
malades venaient pour être guéris de leurs maux, car la force de Dieu sortait
de lui et les guérissait tous » [3]. Il
est considéré comme le restaurateur de l’Église d’Espagne après le retour des
Wisigoths à la foi catholique. Il a aussi beaucoup fait pour la liturgie de rit
espagnol. Isidore présida le quatrième concile provincial de Tolède (633), le
plus important qui ait été tenu en Espagne. Il gouverna son Église pendant
quarante ans et mourut, en 636, riche de mérites.
Pratique :
L’oraison nomme saint Isidore un docteur de vie. Il fut, pour son temps, un
interprète excellent et un docteur éminent de la liturgie, à laquelle il était
attaché de toute son âme. C’est ce que nous voyons dans ses deux livres sur
l’office liturgique. — La messe (In medio) est du commun des docteurs.
Benoît XVI,
catéchèses, 18 juin 2008
Chers
frères et sœurs,
Je
voudrais parler aujourd’hui de saint Isidore de Séville : il était le
petit frère de Léandre, évêque de Séville, et grand ami du Pape Grégoire le
Grand. Ce fait est important, car il permet de garder à l’esprit un
rapprochement culturel et spirituel indispensable à la compréhension de la
personnalité d’Isidore. Il doit en effet beaucoup à Léandre, une personne très
exigeante, studieuse et austère, qui avait créé autour de son frère cadet un
contexte familial caractérisé par les exigences ascétiques propres à un moine
et par les rythmes de travail demandés par un engagement sérieux dans l’étude.
En outre, Léandre s’était préoccupé de prédisposer le nécessaire pour faire
face à la situation politico-sociale du moment : en effet, au cours de ces
décennies les Wisigoths, barbares et ariens, avaient envahi la péninsule
ibérique et s’étaient emparé des territoires qui avaient appartenu à l’empire
romain. Il fallait donc les gagner à la romanité et au catholicisme. La maison
de Léandre et d’Isidore était fournie d’une bibliothèque très riche en œuvres
classiques, païennes et chrétiennes. Isidore, qui se sentait attiré
simultanément vers les unes et vers les autres, fut donc éduqué à développer,
sous la responsabilité de son frère aîné, une très grande discipline en se
consacrant à leur étude, avec discrétion et discernement.
Dans
l’évêché de Séville, on vivait donc dans un climat serein et ouvert. Nous
pouvons le déduire des intérêts culturels et spirituels d’Isidore, tels qu’ils
apparaissent dans ses œuvres elles-mêmes, qui comprennent une connaissance
encyclopédique de la culture classique païenne et une connaissance approfondie
de la culture chrétienne. On explique ainsi l’éclectisme qui caractérise la production
littéraire d’Isidore, qui passe avec une extrême facilité de Martial à
Augustin, de Cicéron à Grégoire le Grand. La lutte intérieure que dut soutenir
le jeune Isidore, devenu successeur de son frère Léandre sur la chaire
épiscopale de Séville en 599, ne fut pas du tout facile. Peut-être doit-on
précisément à cette lutte constante avec lui-même l’impression d’un excès de
volontarisme que l’on perçoit en lisant les œuvres de ce grand auteur,
considéré comme le dernier des Pères chrétiens de l’antiquité. Quelques années
après sa mort, qui eut lieu en 636, le Concile de Tolède de 653 le
définit : "Illustre maître de notre époque, et gloire de l’Église
catholique".
Isidore
fut sans aucun doute un homme aux contrastes dialectiques accentués. Et,
également dans sa vie personnelle, il vécut l’expérience d’un conflit intérieur
permanent, très semblable à celui qu’avaient déjà éprouvé Grégoire le Grand et
saint Augustin, partagés entre le désir de solitude, pour se consacrer
uniquement à la méditation de la Parole de Dieu, et les exigences de la charité
envers ses frères, se sentant responsable de leur salut en tant qu’évêque. Il
écrit, par exemple, à propos des responsables des Églises : "Le
responsable d’une Église (vir ecclesiasticus) doit d’une part se laisser
crucifier au monde par la mortification de la chair et, de l’autre, accepter la
décision de l’ordre ecclésiastique, lorsqu’il provient de la volonté de Dieu,
de se consacrer au gouvernement avec humilité, même s’il ne voudrait pas le
faire" [4]. Il ajoute ensuite, à peine un paragraphe
après : "Les hommes de Dieu (sancti viri) ne désirent pas du tout se
consacrer aux choses séculières et gémissent lorsque, par un mystérieux dessein
de Dieu, ils sont chargés de certaines responsabilités... Ils font de tout pour
les éviter, mais ils acceptent ce qu’ils voudraient fuir et font ce qu’ils
auraient voulu éviter. Ils entrent en effet dans le secret du cœur et, à
l’intérieur de celui-ci, ils cherchent à comprendre ce que demande la
mystérieuse volonté de Dieu. Et lorsqu’ils se rendent compte de devoir se
soumettre aux desseins de Dieu, ils humilient le cou de leur cœur sous le joug
de la décision divine" [5].
Pour
mieux comprendre Isidore, il faut tout d’abord rappeler la complexité des
situations politiques de son temps dont j’ai déjà parlé : au cours des
années de son enfance, il avait dû faire l’expérience amère de l’exil. Malgré
cela, il était envahi par un grand enthousiasme apostolique : il éprouvait
l’ivresse de contribuer à la formation d’un peuple qui retrouvait finalement
son unité, tant sur le plan politique que religieux, avec la conversion
providentielle de l’héritier au trône wisigoth, Ermenégilde, de l’arianisme à
la foi catholique. Il ne faut toutefois pas sous-évaluer l’immense difficulté à
affronter de manière appropriée les problèmes très graves, tels que ceux des
relations avec les hérétiques et avec les juifs. Toute une série de problèmes
qui apparaissent très concrets aujourd’hui également, surtout si l’on considère
ce qui se passe dans certaines régions où il semble presque que l’on assiste à
nouveau à des situations très semblables à celles qui étaient présentes dans la
péninsule ibérique de ce VI siècle. La richesse des connaissances culturelles
dont disposait Isidore lui permettait de confronter sans cesse la nouveauté
chrétienne avec l’héritage classique gréco-romain, même s’il semble que plus
que le don précieux de la synthèse il possédait celui de la collatio,
c’est-à-dire celui de recueillir, qui s’exprimait à travers une extraordinaire
érudition personnelle, pas toujours aussi ordonnée qu’on aurait pu le désirer.
Il faut
dans tous les cas admirer son souci de ne rien négliger de ce que l’expérience
humaine avait produit dans l’histoire de sa patrie et du monde entier. Isidore
n’aurait rien voulu perdre de ce qui avait été acquis par l’homme au cours des
époques anciennes, qu’elles fussent païenne, juive ou chrétienne. On ne doit
donc pas s’étonner si, en poursuivant ce but, il lui arrivait parfois de ne pas
réussir à transmettre de manière adaptée, comme il l’aurait voulu, les
connaissances qu’il possédait à travers les eaux purificatrices de la foi
chrétienne. Mais de fait, dans les intentions d’Isidore, les propositions qu’il
fait restent cependant toujours en harmonie avec la foi pleinement catholique,
qu’il soutenait fermement. Dans le débat à propos des divers problèmes
théologiques, il montre qu’il en perçoit la complexité et il propose souvent
avec acuité des solutions qui recueillent et expriment la vérité chrétienne
complète. Cela a permis aux croyants au cours des siècles de profiter avec
reconnaissance de ses définitions jusqu’à notre époque. Un exemple significatif
en cette matière nous est offert par l’enseignement d’Isidore sur les relations
entre vie active et vie contemplative. Il écrit : "Ceux qui cherchent
à atteindre le repos de la contemplation doivent d’abord s’entraîner dans le
stade de la vie active ; et ainsi, libérés des scories des péchés, ils
seront en mesure d’exhiber ce cœur pur qui est le seul qui permette de voir
Dieu" [6]. Le réalisme d’un véritable pasteur le
convainc cependant du risque que les fidèles courent de n’être que des hommes à
une dimension. C’est pourquoi il ajoute : "La voie médiane, composée
par l’une et par l’autre forme de vie, apparaît généralement plus utile pour
résoudre ces tensions qui sont souvent accentuées par le choix d’un seul genre
de vie et qui sont, en revanche, mieux tempérées par une alternance des deux
formes" [7].
Isidore
recherche dans l’exemple du Christ la confirmation définitive d’une juste
orientation de vie : "Le sauveur Jésus nous offrit l’exemple de la
vie active, lorsque pendant le jour il se consacrait à offrir des signes et des
miracles en ville, mais il montrait la voie contemplative lorsqu’il se retirait
sur la montagne et y passait la nuit en se consacrant à la prière" [8]. A
la lumière de cet exemple du divin Maître, Isidore peut conclure avec cet
enseignement moral précis : "C’est pourquoi le serviteur de Dieu, en
imitant le Christ, doit se consacrer à la contemplation sans se refuser à la
vie active. Se comporter différemment ne serait pas juste. En effet, de même
que l’on aime Dieu à travers la contemplation, on doit aimer son prochain à
travers l’action. Il est donc impossible de vivre sans la présence de l’une et
de l’autre forme de vie à la fois, et il n’est pas possible d’aimer si l’on ne
fait pas l’expérience de l’une comme de l’autre" [9]. Je
considère qu’il s’agit là de la synthèse d’une vie qui recherche la
contemplation de Dieu, le dialogue avec Dieu dans la prière et dans la lecture
de l’Écriture Sainte, ainsi que l’action au service de la communauté humaine et
du prochain. Cette synthèse est la leçon que le grand évêque de Séville nous
laisse à nous aussi, chrétiens d’aujourd’hui, appelés à témoigner du Christ au
début d’un nouveau millénaire.
[1]
Mansi, SS. Conc. Coll., X, 1215.
[2]
ARMELLINI, op. cit., 503.
[3]
Bollandistes, Avril I, 340.
Saint Isidore de Séville présentant sa Défense de la foi
catholique contre les Juifs à sa sœur Florentine,
vers 800. BNF, Latin
13396, f.1v.
Soror mea Florentina accipe codicem Quem tibi
composui feliciter amen, Abbaye de Corbie
St. Isidore of Seville
Isidore was
the son of Severianus and Theodora. His elder brother Leander was his immediate predecessor in the Metropolitan See of
Seville; whilst a
younger brother St. Fulgentius presided over the Bishopric of
Astigi. His sister Florentina was a nun, and is said to have ruled over
forty convents and one thousand religious.
Isidore
received his elementary education in the Cathedral school of Seville. In this institution,
which was the first of its kind inSpain, the trivium and quadrivium were taught by a body of learned
men, among whom was the archbishop, Leander. With such diligence did he apply
himself to study that in a remarkably short time mastered Latin, Greek, and
Hebrew. Whether Isidore ever embraced monastic life or not is still an open
question, but though he himself may never have been affiliated with any of thereligious orders, he esteemed them highly. On
his elevation to the episcopate he immediately constituted himself protector of
themonks. In 619 he pronounced anathema against any ecclesiastic who should
in any way molest the monasteries.
On the death
of Leander, Isidore succeeded to the See of Seville. His long incumbency to this office
was spent in a period of disintegration and transition. The ancient
institutions and classic learning of the Roman Empire were fast disappearing.
In Spain a new civilization was beginning to
evolve itself from the blending racial elements that made up its population.
For almost two centuries the Goths had been in full control of Spain, and their barbarous manners and
contempt of learning threatened greatly to put back her progress in
civilization. Realizing that the spiritual as well as the material well-being
of the nation depended on the full assimilation of the foreign elements, St.
Isidore set himself to the task of welding into a homogeneous nation the
various peoples who made up the Hispano-Gothic kingdom. To this end he availed himself of
all the resources of religion and education. His efforts were attended with
complete success. Arianism, which had taken deep root among
the Visigoths, was eradicated, and the newheresy of Acephales was completely stifled at the very
outset; religious discipline was everywhere strengthened. Like Leander, he took a most prominent part in
the Councils of Toledo and Seville. In all justice it may be said that it was in a
great measure due to the enlightened statecraft of these two illustrious
brothers the Visigothic legislation, which emanated from
these councils, is regarded by modern historians as exercising a most important
influence on the beginnings of representative government. Isidore presided over
the Second Council of Seville, begun 13 November, 619, in the reign of Sisebut.
But it was the Fourth National Council of Toledo that afforded him the
opportunity of being of the greatest service to his county. At this council,
begun 5 December, 633, all the bishops of Spain were in attendance. St. Isidore,
though far advanced in years, presided over its deliberations, and was the
originator of most of its enactments. It was at this council and through his
influence that a decree waspromulgated commanding all bishops to establish seminaries in their Cathedral Cities, along the
lines of the school already existing at Seville. Within
his own jurisdiction he had availed himself of the
resources of education to counteract the growing influence
ofGothic barbarism. His was the quickening
spirit that animated the educational movement of which Seville was the
centre. The study of Greek and Hebrew as well as the liberal arts, was
prescribed. Interest in law and medicine was also
encouraged. Through the authority of the fourth council this policy of education was made obligatory upon all the bishops of the kingdom. Long before theArabs had awakened to an appreciation of
Greek Philosophy, he had introduced Aristotle to his countrymen. He was the firstChristian writer to essay the task of compiling
for his co-religionists a summa of universal knowledge. This encyclopedia epitomized all
learning, ancient as well as modern. In it many fragments of classical learning
are preserved which otherwise had been hopelessly lost. The fame of this work
imparted a new impetus to encyclopedic writing, which bore abundant fruit in
the subsequent centuries of the Middle Ages. His style, though simple and
lucid, cannot be said to be classical. It discloses most of the imperfections
peculiar to all ages of transition. It particularly reveals a growing Visigothic influence. Arévalo counts in all
Isidore's writing 1640 Spanish words.
Isidore was
the last of the ancient Christian Philosophers, as he was the last of
the great Latin Fathers. He was undoubtedly the most
learned man of his age and exercised a far-reaching and immeasurable influence
on the educational life of the Middle Ages. His contemporary and friend, Braulio, Bishop of Saragossa, regarded him as a man raised up by God to save the Spanish people from the
tidal wave of barbarism that threatened to inundate the ancient civilization of Spain, The Eighth Council of Toledo (653)
recorded its admiration of his character in these glowing terms: "The
extraordinary doctor, the latest ornament of the CatholicChurch, the most learned man of the latter
ages, always to be named with reverence, Isidore". This tribute was
endorsed by the Fifteenth Council of Toledo, held in 688.
Works
As a writer,
Isidore was prolific and versatile to an extraordinary degree. His voluminous
writings may be truly said to constitute the first chapter of Spanish
literature. It is not, however, in the capacity of an original and independent
writer, but as an indefatigable compiler of all existing knowledge, that literature is most deeply
indebted to him. The most important and by far the best-known of all his
writings is the "Etymologiae", or "Origines", as it is
sometimes called. This work takes its name from the subject-matter of one of
its constituent books. It was written shortly before his death, in the full
maturity of his wonderful scholarship, at the request. of his friend Braulio, Bishop of Saragossa. It is a vast storehouse in which
is gathered, systematized, and condensed, all the learning possessed by his
time. Throughout the greater part of the Middle Ages it was the textbook most in use in educational institutions. So highly was it regarded as a
depository of classical learning that in a great measure, it superseded the use
of the individual works of the classics themselves. Not even the Renaissance seemed to diminish the high esteem
in which it was held, and according to Arévalo, it was printed ten times
between 1470 and 1529. Besides these numerous reprints, the popularity of the
"Etymologiae" gave rise to many inferior imitations. It furnishes,
abundant evidence that the writer possessed a most intimateknowledge of the Greek and Latin poets. In
all, he quotes from one hundred and fifty-four authors, Christian and pagan. Many of these he had read in the
originals and the others he consulted in current compilations. In style this
encyclopedic work is concise and clear and in order, admirable. Braulio, to
whom Isidore sent it for correction, and to whom he dedicated it, divided it
into twenty books.
- The first three of these books are taken up with
the trivium and quadrivium. The entire first book is devoted to grammar,
including metre. Imitating the example of Cassiodorus and Boethius he preserves the logical tradition of the schools by reserving the second book for rhetoric and
dialectic.
- Book four, treats of medicine and libraries;
- book five, of law and chronology;
- book six, of ecclesiastical books and offices;
- book seven, of God and of the heavenly and earthly hierarchies;
- book eight, of the Church and of the sects, of which latter he numbers no less than
sixty-eight;
- book nine, of languages, peoples, kingdoms, and
official titles;
- book ten,
of etymology:
- book
eleven, of man;
- book twelve, of beasts and birds;
- book thirteen, of the world and its parts;
- book fourteen, of physical
geography;
- book fifteen, of public buildings and roadmaking;
- book sixteen, of stones and metals;
- book
seventeen, of agriculture;
- book eighteen, of the terminology of war, of jurisprudence, and public games;
- book nineteen, of ships, houses, and clothes;
- book twenty, of victuals, domestic and agricultural
tools, and furniture.
In the
second book, dealing with dialectic and rhetoric, Isidore is heavily indebted
to translations from the Greek by Boethius. Caelius Aurelianus contributes
generously to that part of the fourth book which deals with medicine.
Lactantius is the author most extensively quoted in the eleventh book,
concerning man. The twelfth, thirteenth, and fourteenth books are largely based
on the writings of Pliny and Solinus; whilst the lost "Prata" of
Suetonius seems to have inspired the general plan of the
"Etymologiae", as well as many of its details.
Similar in
its general character to the "Etymologiae" is a work entitled
"Libri duo differentiarum". The two books of which it is composed are
entitled respectively, "De differentiis verborum" and "De
differentiis rerum". The former is a dictionary of synonyms, treating of
the differences of words with considerable erudition, and not a little
ingenuity; the latter an exposition of theological and ascetical ideas, dealing in particular with the,
Trinity and with the Divine and human nature of Christ. It suggests, and probably was
inspired by, a similar work of Cato's, It is supplementary to the first two
books of the "Etymologiae". The "Synonyma", or, as it is
sometimes called on account of its peculiar treatment, "Liber lamentationum",
is in a manner illustrative of the first book of the "Differentiae".
It is cast in the form of a dialogue between Man and Reason. The general burden
of the dialogue is that Man mourns the condition to which he has been reduced
through sin, and Reason comforts him with the knowledge of how he may still realize eternal happiness. The second part of this work
consists of a dissertation on vice and virtue. The "De natura rerum" a
manual of elementary physics, was composed at the request of King Sisebut, to
whom it is dedicated. It treats of astronomy, geography, and miscellanea. It is
one of Isidore's best known books and enjoyed a wide popularity during the Middle Ages. The authenticity of "De
ordine creaturarum" has been questioned by some critics, though apparently
without good reason. Arévalo unhesitatingly attributes it to Isidore. It deals
with various spiritual and physical questions, such as the Trinity, the consequences
of sin, eternity, the ocean, the heavens, and the
celestial bodies.
The subjects
of history and biography are represented by three important works. Of these the
first, "Chronicon", is a universal chronicle. In its preface Isidore
acknowledges, his indebtedness to Julius Africanus; to St. Jerome's rendering of Eusebius; and to Victor of Tunnuna. The
"Historia de regibus Gothorum, Wandalorum, et Suevorum" concerns
itself chiefly with the Gothic kings whose conquests and government
deeply influenced the civilization of Spain. The history of the Vandals and the Suevi is treated in two
short appendixes. This work is regarded as the chief authority on Gothic
history in the West. It contains the interesting statement that the Goths descended from Gog and Magog. Like the other Historical writings
of Isidore, it is largely based on earlier works of history, of which it is a
compendium. It has come down to us in two recensions, one of which ends at the
death of Sisebut (621), and the other continues to the fifth year of the reign
of Swintila, his successor. "De viris illustribus" is a work of Christianbiography and constitutes a most
interesting chapter in the literature of patrology. To the number of
illustrious writers mentioned therein Braulio added the name of Isidore
himself. A short appendix containing a list of Spanish theologians was added by Braulio's disciple,
Ildephonsus of Toledo. It is the continuation of the work of Gennadius, a Semipelagian priest of Marseilles, who wrote between 467 and 480.
This work of Gennadius was in turn, but the continuation of
the work of St. Jerome.
Among the
scriptural and theological works of St. Isidore the following
are especially worthy of note:
- "De ortu et obitu patrum qui in Scriptura
laudibus efferuntur" is a work that treats of the more notable
Scriptural characters. It contains more than one passage that, in the
light of modern scholarship, is naive or fantastic. The question of authenticity
has been raised, though quite unreasonably, concerning it.
- "Allegoriae quaedam Sacrae Scripturae"
treats of the allegorical significance that attaches to the more
conspicuous characters of Scripture. In all some two hundred and fifty
personalities of the Old and New Testament are thus treated.
- "Liber numerorum qui in Sanctis Scripturis
occurrunt" is a curious dissertation on the mystical significance of
Scriptural numbers.
- "In libros Veteris et Novi Testamenti
prooemia", as its name implies, is a general introduction to the
Scriptures, with special introductions for particular books in the Old and New Testament.
- "De Veteri et Novo Testamento quastiones"
consists of a series of questions concerning the Scriptures.
- "Secretorum expositiones sacramentorum, seu
quaestiones in Vetus Testamentum" is a mystical rendering of the Old Testament books, of Genesis, Exodus, Leviticus, Numbers,
Deuteronomy, Josue, Judges, Kings, Esdras, and Machabees. It is based on
the writings of the early Fathers of the
Church.
- "De fide catholica ex Veteri et Novo
Testamento, contra Judaeos" is one of the best known and most
meritorious of Isidore's works. It is of an apologetico-polemical
character and is dedicated to Florentina, his sister, at whose request it is said to have
been written. Its popularity was unbounded in the Middle Ages, and it was translated into many of the
vernaculars of the period. It treats of the Messianic prophecies, the passing of the Old Law, and of the Christian Dispensation. The first part deals with the Second Person of
the Blessed Trinity, and His return for the final judgment. The
second part is taken up with the unbelief of the Jews, the calling of the Gentiles, and the passing of the Sabbath. In all, it is an appeal to the Jews to accept Christianity.
- "Sententiarum libri tres" is a
compendium of moral and dogmatic
theology. Gregory the
Great and St. Augustine are the most generous contributors to its
contents. The Divine
attributes, creation, evil, and miscellanea are the subjects treated in the
first book. The second is of a miscellaneous character; whilst the third
deals with ecclesiastical orders, the judgment and the chastisement of God. It is believed that this work greatly
influenced Peter Lombard in his famous "Book of Sentences",
- "De ecclesiasticis officiis" is divided
into two books, "De origine officiorum" and "De origine
ministrorum". In the first Isidore treats of Divine worship and
particularly the old Spanish Liturgy. It also Contains a lucid explanation
of the Holy, Eucharist. The second treats of the hierarchy of the Church and the various states of life. In it much
interesting information is to be found concerning the development of music
in general and its adaptation to the needs of the Ritual.
- "Regula monachorum" is a manner of life
prescribed for monks, and also deals in a general way with the monastic state. The writer furnishes abundant proof of the true Christian
democracy of the religious life by providing for the admission of men of every
rank and station of life. Not even slaves were debarred. "God",
he said, "has made no difference between the soul of the slave and that of the freedman." He
insists that in the monastery all are equal in the sight of God and of the Church.
The first
edition of the works of Isidore was published in folio by Michael Somnius
(Paris, 1580). Another edition that is quite complete is based upon the manuscripts of Gomez, with notes by Perez and
Grial (Madrid, 1599). Based largely upon the Madridedition is that published by Du
Breul (Paris, 1601; Cologne, 1617). The last edition of all the works of
Isidore, which is also regarded as the best, is that of Arévalo (7 vols., Rome,
1797-1803). It is found in P.L., LXXXI-LXXXIV. The "De natura rerum"
was edited by G. Becker (Berlin, 1857). Th. Mommsen edited the historical
writings of St. Isidore ("Mon. Germ. Hist.: Auct. antiquiss.",
Berlin, 1894). Coste produced a German translation of the "Historia de
regibus Gothorum, Wandalorum et Suevorum" (Leipzig, 1887).
O'Connor,
John Bonaventure. "St. Isidore of Seville." The Catholic
Encyclopedia. Vol. 8. New York: Robert Appleton Company, 1910. 5 Apr. 2018 <http://www.newadvent.org/cathen/08186a.htm>.
Transcription. This article
was transcribed for New Advent by Darl J. Dumont.
Ecclesiastical approbation. Nihil Obstat. October 1, 1910. Remy Lafort,
S.T.D., Censor. Imprimatur. +John
Cardinal Farley, Archbishop of New York.
Statue en marbre blanc de Saint Isidore de
Séville, sur les marches de la bibliothèque
nationale d'Espagne, à Madrid.
Isidore of
Seville B, Doctor (RM)
Born at Cartagena, Spain, c. 560; died in Seville, Spain, in April 4, 636;
canonized by Pope Clement VIII in 1598; and declared a Doctor of the Church by
Pope Innocent XIII in 1722.
Saint Isidore was born into a noble
Hispano-Roman family, which also produced SS. Leander, Fulgentius, and
Florentina. Their father was Severian, a Roman from Cartagena, who was closely
connected to the Visigothic kings. Though Isidore became one of the most
erudite men of his age, as a boy he hated his studies, perhaps because his
elder brother, Saint Leander, who taught him, was a strict task master.
It is probably that Isidore
assisted Leander in governing his diocese, because, in 601, Saint Isidore
succeeded his brother Leander to the archiepiscopal see of Seville. During his
long episcopate, Isidore strengthened the Spanish church by organizing
councils, establishing schools and religious houses, and continuing to turn the
Visigoths from Arianism. He presided over the Council of Seville in 619 and
that of Toledo in 633, where he was given precedence over the archbishop of
Toledo on the ground of his exceptional merit as the greatest teacher in Spain.
Aware of the great boon of education,
Isidore insisted that a cathedral school should be established in every diocese
in Spain-- centuries before Charlemagne issued a similar decree. He thought
that students should be taught law and medicine, Hebrew and Greek, as well as
the classics. These schools were similar to contemporary seminaries.
For centuries Isidore was known as
'the schoolmaster of the middle ages,' because he wrote a 20-volume Etymologies
or Origins, an encyclopedia of everything that was known in 7th century Europe.
His Chronica Majora summarized all the events in the world from creation to his
own time drawn from other church historians but with the addition of Spanish
history. Another book completed Saint Jerome's work of biographies of every
great man and woman mentioned in the Bible plus those of many Spanish notables.
His history of the Goths and Vandals is very valuable today. He also wrote new
rules for monasteries, including one that bears his name and was generally
followed throughout Spain, and books about astronomy, geography, and theology.
While not an original or critical
thinker, Saint Isidore's works were highly influential in the middle ages as
demonstrated by the very large number of manuscripts of his writings. Dante
mentions him in the Paradiso (x, 130), in the company of the Venerable Bede and
the Scottish Richard of Saint-Victor. In fact, at the time of his death, Bede
was working on a translation of extracts from Isidore's book On the wonders of
nature (De natura rerum).
Isidore longed to convert the Spanish
Goths, who were Arians. He rewrote the liturgies and breviaries of the Church
for their use (known as the Mozarabic Rite, which had been began by Leander),
and never wearied of preaching and teaching those in error during his 37 years
as archbishop. He also sought to convert the local Jews, but by highly
questionable methods.
This extraordinary man loved to
give to the poor, and towards the end of his life scarcely anyone could get
into his house in Seville, crowded as it was with beggars and the unfortunate
from the surrounding countryside.
When he felt that death was near,
he invited two bishops to visit. Together they went to the church where one of
them covered him with sackcloth and the other put ashes upon his head. Thus
clad in the habit of a penitent, he raised his hands to heaven and prayed
earnestly for forgiveness. Then he received the viaticum, asked for the prayers
of those present, forgave those who had sinned against him, exhorted all to
charity, bequeathed his earthly possessions to the poor, and gave up his soul
to God.
The archbishop of Seville was
considered the most learned man of his century. Not only for the reason that
the Church was able to proclaim him Doctor a short time after his death, or
because he is the author of the Etymologies, but because knowledge permeated
his whole being. The nexus of sanctity and learning gladdens this heart.
Learning did not turn Saint Isidore
away from sanctity. Indeed, it was sanctity that surely made such a learned man
of him. The saint, possessed by God, is full of gifts of the Holy Spirit; and
learning is one of them. This learning, the true science which contains all
other sciences, favors new discoveries and multiplies it in every domain that
is approached.
Saints are most exclusively the
savants of God and their private works are no less important. And savants are a
type of saint because any discovery discloses something of God. The philosopher
as well as the painter, the seeker as well as the poet, is a savant.
Recall another Spanish saint, John of
the Cross, whose works nearly brought a contemporary philosopher to the edges
of sanctity. The bird in Braque's last painting is a figure of grace. This
revelation leads me to believe that the patient hand that was the means of
painting could not have been anything other than that of a man on the way to
sanctity. One can paint birds without making them suggest such a presence as
Braque's painting does. This presence is not that of the artist, he has
absolutely effaced himself; it is the presence of that which finally transcends
him, the presence of God.
The most learned persons have
perceived the richness, the 'odor' of sanctity. Our age may see it flower; how
could it have a taste for anything else after having plumbed the depths of
nothingness and despair, if, of course, it still wants something to which it
can aspire. Our generation needs something solid, substantial. It is dying of
weariness and thirst.
A life-giving stream is still
running, all we need to do is bend down to drink it in order to renew the
ancient gestures and enter humbly, without hesitation or compromise, into that
which does not go out of fashion and does not age: into this Church in which
today we pray to Saint Isidore, who is the patron of savants. Saint Isidore,
pray for us and for them (Attwater, Benedictines, Bentley, Delaney,
Encyclopedia, Farmer, Walsh).
In art, Saint Isidore is an old
bishop with a prince at his feet. At times he may be depicted (1) with pen and
book (often his Etymologia); (2) with a beehive or bees (rare, but symbolizes
oratorical eloquence); or (3) with his brothers and sister, SS. Leander,
Fulgentius, and Florentina (Roeder).
SOURCE :
http://www.saintpatrickdc.org/ss/0404.shtml
Per questo motivo fondò un collegio ecclesiastico, prototipo dei futuri seminari, dedicando molto spazio della sua laboriosa giornata all'istruzione dei candidati al sacerdozio. La santità era di casa nella nobile famiglia, oriunda di Cartagena, che diede i natali verso il 560 a Isidoro: tre fratelli furono vescovi e santi, Leandro, Fulgenzio e il nostro Isidoro; e una sorella, Fiorentina, fu religiosa e santa. Leandro, il fratello maggiore, fu tutore e maestro di Isidoro, rimasto orfano in tenera età.
Il futuro dottore della Chiesa, autore di una immensa mole di libri che trattano di tutto lo scibile umano, dall'agronomia alla medicina, dalla teologia all'economia domestica, fu dapprima uno studente svogliato e poco propenso a stare chino sui libri di scuola. Come tanti coetanei marinava la scuola e vagava per la campagna. Un giorno si accostò a un pozzo per dissetarsi e notò dei profondi solchi scavati dalla fragile corda sulla dura pietra del bordo. Comprese allora che anche la costanza e la volontà dell'uomo possono aver ragione dei più duri scogli della vita.
Tornò con rinnovato amore ai suoi libri e progredì tanto avanti nello studio da meritare la reputazione di uomo più sapiente del suo tempo. Chierico a Siviglia, Isidoro successe al fratello Leandro nel governo episcopale della importante diocesi. Come il fratello, sarebbe stato il vescovo più popolare e autorevole della sua epoca, presiedendo pure l'importante quarto concilio di Toledo (nel 633). Formatosi alla lettura di S. Agostino e S. Gregorio Magno, pur senza avere la vigoria di un Boezio o il senso organizzativo di un Cassiodoro, con essi Isidoro condivide la gloria di essere stato il maestro dell'Europa medievale e il primo organizzatore della cultura cristiana. Un'amena leggenda racconta che nel primo mese di vita uno sciame d'api, invasa la sua culla, depositasse sulle labbra del piccolo Isidoro un rivoletto di miele, come auspicio del dolce e sostanzioso insegnamento che da quelle labbra sarebbe un giorno sgorgato. Sapienza, mai disgiunta da profonda umiltà e carità, gli hanno meritato il titolo di "doctor egregius" e l'aureola di santo.
Autore: Piero Bargellini
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/26600
Mercoledì, 18 giugno 2008
Ez a római út az apostolok sírjaihoz erősítsen meg benneteket hitben, reményben és szeretetben. Szívesen adom kedves mindnyájatokra apostoli áldásomat.
Dicsértessék a Jézus Krisztus!
Questa visita romana alle tombe degli Apostoli sia per voi un tempo di rinnovamento della fede, spe e carità. Volentieri imparto a tutti voi la Benedizione Apostolica.
Sia lodato Gesù Cristo!
Milí mladí, ďakujem vám za modlitby, ktorými sprevádzate moju službu Nástupcu svätého Petra a zo srdca žehnám vás i vašich drahých.
Pochválený buď Ježiš Kristus!
Cari giovani, vi ringrazio per le preghiere con le quali accompagnate il mio servizio di Successore di San Pietro e cordialmente benedico voi ed i vostri cari.
Sia lodato Gesù Cristo!
SOURCE : http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/it/audiences/2008/documents/hf_ben-xvi_aud_20080618.html
Sant' Isidoro di Siviglia Vescovo e dottore della Chiesa
-
Memoria Facoltativa
560? - 4 aprile.636
Ultimo
dei Padri latini, Isidoro di Siviglia (560-636) fu molto letto nel Medioevo,
soprattutto per le sue «Etimologie», un'utile "somma" della scienza
antica. Fu però soprattutto un vescovo zelante preoccupato della maturazione
culturale e morale del clero spagnolo. Per questo motivo fondò un collegio
ecclesiastico, prototipo dei futuri seminari, dedicando molto spazio della sua
laboriosa giornata all'istruzione dei candidati al sacerdozio. Dei suoi
fratelli due furono vescovi e santi, Fulgenzio e Leandro, che fece da tutore a
Isidoro, e una sorella, Fiorentina, fu religiosa e santa. Successe a Leandro
nel governo episcopale della diocesi di Siviglia. Presiedette l'importante
quarto concilio di Toledo (nel 633). Sapienza, mai disgiunta da profonda umiltà
e carità, gli hanno meritato il titolo di «doctor egregius» e l'aureola di
santo.
Etimologia: Isidoro = dono di Iside, dal greco
Emblema: Bastone pastorale
Martirologio Romano: Sant’Isidoro, vescovo e dottore della
Chiesa, che, discepolo di suo fratello Leandro, gli succedette nella sede di
Siviglia nell’Andalusia in Spagna; scrisse molte opere erudite, convocò e
presiedette vari concili e si adoperò sapientemente per il bene della fede
cattolica e per l’osservanza della disciplina ecclesiastica.
Ultimo dei Padri latini, S. Isidoro di Siviglia (560-636) ricapitola in
sè tutto il retaggio di acquisizioni dottrinali e culturali che l'epoca dei
Padri della Chiesa ha trasmesso ai secoli futuri. Scrittore enciclopedico,
Isidoro fu molto letto nel medioevo, soprattutto per le sue Etimologie,
un'utile "somma" della scienza antica, della quale con più zelo che
spirito critico condensò i principali risultati. Questo volgarizzatore dotatissimo della scienza antica, che avrebbe
esercitato su tutta la cultura medioevale un influsso considerevole, era
soprattutto un vescovo zelante preoccupato della maturazione culturale e morale
del clero spagnolo.
Per questo motivo fondò un collegio ecclesiastico, prototipo dei futuri seminari, dedicando molto spazio della sua laboriosa giornata all'istruzione dei candidati al sacerdozio. La santità era di casa nella nobile famiglia, oriunda di Cartagena, che diede i natali verso il 560 a Isidoro: tre fratelli furono vescovi e santi, Leandro, Fulgenzio e il nostro Isidoro; e una sorella, Fiorentina, fu religiosa e santa. Leandro, il fratello maggiore, fu tutore e maestro di Isidoro, rimasto orfano in tenera età.
Il futuro dottore della Chiesa, autore di una immensa mole di libri che trattano di tutto lo scibile umano, dall'agronomia alla medicina, dalla teologia all'economia domestica, fu dapprima uno studente svogliato e poco propenso a stare chino sui libri di scuola. Come tanti coetanei marinava la scuola e vagava per la campagna. Un giorno si accostò a un pozzo per dissetarsi e notò dei profondi solchi scavati dalla fragile corda sulla dura pietra del bordo. Comprese allora che anche la costanza e la volontà dell'uomo possono aver ragione dei più duri scogli della vita.
Tornò con rinnovato amore ai suoi libri e progredì tanto avanti nello studio da meritare la reputazione di uomo più sapiente del suo tempo. Chierico a Siviglia, Isidoro successe al fratello Leandro nel governo episcopale della importante diocesi. Come il fratello, sarebbe stato il vescovo più popolare e autorevole della sua epoca, presiedendo pure l'importante quarto concilio di Toledo (nel 633). Formatosi alla lettura di S. Agostino e S. Gregorio Magno, pur senza avere la vigoria di un Boezio o il senso organizzativo di un Cassiodoro, con essi Isidoro condivide la gloria di essere stato il maestro dell'Europa medievale e il primo organizzatore della cultura cristiana. Un'amena leggenda racconta che nel primo mese di vita uno sciame d'api, invasa la sua culla, depositasse sulle labbra del piccolo Isidoro un rivoletto di miele, come auspicio del dolce e sostanzioso insegnamento che da quelle labbra sarebbe un giorno sgorgato. Sapienza, mai disgiunta da profonda umiltà e carità, gli hanno meritato il titolo di "doctor egregius" e l'aureola di santo.
Autore: Piero Bargellini
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/26600
BENEDETTO XVI
UDIENZA GENERALE
Piazza San Pietro
Mercoledì, 18 giugno 2008
Sant'Isidoro di Siviglia
Cari fratelli e sorelle,
oggi vorrei parlare di sant’Isidoro di Siviglia:
era fratello minore di Leandro, Vescovo di Siviglia e grande amico del Papa
Gregorio Magno. Il rilievo è importante, perché permette di tenere presente un
accostamento culturale e spirituale indispensabile alla comprensione della
personalità di Isidoro. Egli deve infatti molto a Leandro, persona molto
esigente, studiosa e austera, che aveva creato intorno al fratello minore un
contesto familiare caratterizzato dalle esigenze ascetiche proprie di un monaco
e dai ritmi di lavoro richiesti da una seria dedizione allo studio. Inoltre
Leandro si era preoccupato di predisporre il necessario per far fronte alla
situazione politico-sociale del momento: in quei decenni infatti i Visigoti,
barbari e ariani, avevano invaso la penisola iberica e si erano impadroniti dei
territori appartenuti all’Impero romano. Occorreva conquistarli alla romanità e
al cattolicesimo. La casa di Leandro e di Isidoro era fornita di una biblioteca
assai ricca di opere classiche, pagane e cristiane. Isidoro, che si sentiva
attratto simultaneamente sia verso le une che verso le altre, fu educato perciò
a sviluppare, sotto la responsabilità del fratello maggiore, una disciplina
molto forte nel dedicarsi al loro studio, con discrezione e discernimento.
Nell’episcopio di Siviglia si viveva, perciò, in un
clima sereno ed aperto. Lo possiamo dedurre dagli interessi culturali e
spirituali di Isidoro, così come essi emergono dalle sue stesse opere, che
comprendono una conoscenza enciclopedica della cultura classica pagana e
un’approfondita conoscenza della cultura cristiana. Si spiega così l’eclettismo
che caratterizza la produzione letteraria di Isidoro, il quale spazia con
estrema facilità da Marziale ad Agostino, da Cicerone a Gregorio Magno. La lotta
interiore che dovette sostenere il giovane Isidoro, divenuto successore del
fratello Leandro sulla cattedra episcopale di Siviglia nel 599, non fu affatto
leggera. Forse si deve proprio a questa lotta costante con se stesso
l’impressione di un eccesso di volontarismo che s’avverte leggendo le opere di
questo grande autore, ritenuto l’ultimo dei Padri cristiani dell’antichità.
Pochi anni dopo la sua morte, avvenuta nel 636, il Concilio di Toledo del 653
lo definì: “Illustre maestro della nostra epoca, e gloria della Chiesa
cattolica”.
Isidoro fu senza dubbio un uomo dalle
contrapposizioni dialettiche accentuate. E, anche nella sua vita personale,
sperimentò un permanente conflitto interiore, assai simile a quello che avevano
avvertito già san Gregorio Magno e sant’Agostino, fra desiderio di solitudine,
per dedicarsi unicamente alla meditazione della Parola di Dio, ed esigenze
della carità verso i fratelli della cui salvezza si sentiva, come Vescovo,
incaricato. Scrive per esempio a proposito dei responsabili delle Chiese: “Il
responsabile di una Chiesa (vir ecclesiasticus) deve da una parte
lasciarsi crocifiggere al mondo con la mortificazione della carne e dall’altra
accettare la decisione dell’ordine ecclesiastico, quando proviene dalla volontà
di Dio, di dedicarsi al governo con umiltà, anche se non vorrebbe farlo” (Sententiarum
liber III, 33, 1: PL 83, col 705 B). Aggiunge poi
appena un paragrafo dopo: “Gli uomini di Dio (sancti viri) non
desiderano affatto di dedicarsi alle cose secolari e gemono quando, per un
misterioso disegno di Dio, vengono caricati di certe responsabilità… Essi fanno
di tutto per evitarle, ma accettano ciò che vorrebbero fuggire e fanno ciò che
avrebbero voluto evitare. Entrano infatti nel segreto del cuore e là dentro
cercano di capire che cosa chieda la misteriosa volontà di Dio. E quando si
rendono conto di doversi sottomettere ai disegni di Dio, umiliano il collo del
cuore sotto il giogo della decisione divina” (Sententiarum liber III,
33, 3: PL 83, coll. 705-706).
Per capire meglio Isidoro occorre ricordare,
innanzitutto, la complessità delle situazioni politiche del suo tempo, a cui ho
già accennato: durante gli anni della fanciullezza aveva dovuto sperimentare
l’amarezza dell’esilio. Ciò nonostante era pervaso di entusiasmo apostolico:
sperimentava l’ebbrezza di contribuire alla formazione di un popolo che
ritrovava finalmente la sua unità, sul piano sia politico che religioso, con la
provvidenziale conversione dell’erede al trono visigoto Ermenegildo
dall’arianesimo alla fede cattolica. Non si deve tuttavia sottovalutare
l’enorme difficoltà di affrontare in modo adeguato problemi assai gravi come
quelli dei rapporti con gli eretici e con gli Ebrei. Tutta una serie di
problemi che appaiono molto concreti anche oggi, soprattutto se si considera
ciò che avviene in certe regioni nelle quali sembra quasi di assistere al
riproporsi di situazioni assai simili a quelle presenti nella penisola iberica
in quel sesto secolo. La ricchezza delle conoscenze culturali di cui disponeva
Isidoro gli permetteva di confrontare continuamente la novità cristiana con
l’eredità classica greco-romana, anche se più che il dono prezioso della
sintesi sembra che egli avesse quello della collatio, cioè
della raccolta, che si esprimeva in una straordinaria erudizione personale, non
sempre ordinata come si sarebbe potuto desiderare.
Da ammirare è, in ogni caso, il suo assillo di non
trascurare nulla di ciò che l’esperienza umana aveva prodotto nella storia
della sua patria e del mondo intero. Isidoro non avrebbe voluto perdere nulla
di ciò che era stato acquisito dall’uomo nelle epoche antiche, fossero esse
pagane, ebraiche o cristiane. Non deve stupire pertanto se, nel perseguire
questo scopo, gli succedeva a volte di non riuscire a far passare
adeguatamente, come avrebbe voluto, le conoscenze che possedeva attraverso le
acque purificatrici della fede cristiana. Di fatto, tuttavia, nelle intenzioni
di Isidoro, le proposte che egli fa restano sempre in sintonia con la fede
cattolica, da lui sostenuta con fermezza. Nella discussione dei vari problemi
teologici, egli mostra di percepirne la complessità e propone spesso con
acutezza soluzioni che raccolgono ed esprimono la verità cristiana completa.
Ciò ha consentito ai credenti nel corso dei secoli di fruire con gratitudine
delle sue definizioni fino ai nostri tempi. Un esempio significativo in materia
ci è offerto dall’insegnamento di Isidoro sui rapporti tra vita attiva e vita
contemplativa. Egli scrive: “Coloro che cercano di raggiungere il riposo della
contemplazione devono allenarsi prima nello stadio della vita attiva; e così,
liberati dalle scorie dei peccati, saranno in grado di esibire quel cuore puro
che, unico, permette di vedere Dio” (Differentiarum Lib II,
34, 133: PL 83, col 91A). Il realismo di un vero pastore lo
convince però del rischio che i fedeli corrono di ridursi ad essere uomini ad
una dimensione. Perciò aggiunge: “La via media, composta dall’una e dall’altra
forma di vita, risulta normalmente più utile a risolvere quelle tensioni che
spesso vengono acuite dalla scelta di un solo genere di vita e vengono invece
meglio temperate da un’alternanza delle due forme” (o.c., 134: ivi, col
91B).
La conferma definitiva di un giusto orientamento di
vita Isidoro la cerca nell’esempio di Cristo e dice: “Il Salvatore Gesù ci
offrì l’esempio della vita attiva, quando durante il giorno si dedicava a
offrire segni e miracoli in città, ma mostrò la vita contemplativa quando si
ritirava sul monte e vi pernottava dedito alla preghiera” (o.c. 134: ivi).
Alla luce di questo esempio del divino Maestro, Isidoro può concludere con
questo preciso insegnamento morale: “Perciò il servo di Dio, imitando Cristo,
si dedichi alla contemplazione senza negarsi alla vita attiva. Comportarsi
diversamente non sarebbe giusto. Infatti come si deve amare Dio con la
contemplazione, così si deve amare il prossimo con l’azione. E’ impossibile
dunque vivere senza la compresenza dell’una e dell’altra forma di vita, né è
possibile amare se non si fa esperienza sia dell’una che dell’altra” (o.c., 135: ivi,
col 91C). Ritengo che questa sia la sintesi di una vita che cerca la
contemplazione di Dio, il dialogo con Dio nella preghiera e nella lettura della
Sacra Scrittura, come pure l’azione a servizio della comunità umana e del
prossimo. Questa sintesi è la lezione che il grande Vescovo di Siviglia lascia
a noi, cristiani di oggi, chiamati a testimoniare Cristo all’inizio di un nuovo
millennio.
Saluti:
Je suis heureux d’accueillir ce matin les pèlerins
de langue française. Je salue particulièrement les étudiants de l’Institut de
philosophie comparée, de Paris, la paroisse de Rodez, et tous les jeunes. Je
vous invite à faire dans votre vie l’unité entre la contemplation de Dieu et le
service de vos frères. Avec ma
Bénédiction apostolique.
I am pleased to
welcome the Missionary Sisters of Our Lady of Apostles gathered in Rome for
their General Chapter, and the participants in the Rome Seminar of the
Association of Catholic Colleges and Universities. I also warmly greet a
group of survivors of the Holocaust who are present at today’s
Audience. Upon all the English-speaking pilgrims, especially those from
England, South Africa, Australia, Vietnam and the United States, I
cordially invoke God’s blessings of joy and peace.
Mit Freude
begrüße ich die deutschsprachigen Pilger und Besucher hier auf dem Petersplatz.
Einen besonderen Gruß richte ich an die Wallfahrer der Suchthilfeeinrichtungen
des Deutschen Ordens und natürlich auch an die Marianische Kongregation aus
Köln. Achten auch wir darauf, dem Gebet und der Stille einen festen Platz in
unserem Tagesablauf einzuräumen, damit unsere zahlreichen Aufgaben einen tiefen
Sinn, eine Mitte erhalten und zu einem Ausdruck der Hingabe an Gott und unsere
Mitmenschen werden. Der Herr segne euch und eure Familien.
Saludo con afecto a los peregrinos de lengua
española, en particular, a las Religiosas Esclavas del Sagrado Corazón y a los
fieles procedentes de España, Portugal, México y de otros países latinoamericanos.
Que el ejemplo de San Isidoro de Sevilla os ayude a dar testimonio de Cristo al
comienzo de este milenio. Muchas gracias.
A todos os amados ouvintes de língua portuguesa,
com cordiais saudações, desejo felicidades, graça e paz no Senhor Jesus Cristo.
Saúdo em particular os peregrinos portugueses da Diocese de
Viana do Castelo: que a Virgem de Fátima vos acompanhe e ampare sempre na
caminhada da fé e no crescimento do amor pelo próximo, e consiga todo o bem
para os que vos são queridos. Com a minha Bênção Apostólica.
Saluto in lingua polacca:
Pozdrawiam pielgrzymów polskich. Mówiąc o Ojcach i
Doktorach Kościoła trzeba pamiętać, że byli oni ludźmi modlitwy. Ich aktywność,
twórcza inwencja, podejmowane dzieła płynęły z ducha kontemplacji. Przykładem
tego jest święty Izydor z Sewilli. Niech także nasze codzienne zadania, troska
o człowieka wyrastają z ducha modlitwy. Niech będzie pochwalony Jezus Chrystus.
Traduzione italiana:
Saluto i pellegrini Polacchi. Parlando dei Padri e
dei Dottori della Chiesa, bisogna ricordare che erano uomini di preghiera. La
loro attività, la loro creatività e le opere da loro realizzate derivavano dal
loro spirito di contemplazione: un esempio edificante ne è sant’Isidoro di
Siviglia. Che anche i nostri impegni quotidiani come la nostra attenzione ai
bisogni dell’uomo si ispirino dalla nostra preghiera. Sia lodato Gesù Cristo.
Saluto in lingua ungherese:
Szeretettel köszöntöm a magyar híveket,
különösen is a Tamási Áron Gimnázium tanulóit Székelyudvarhelyről.
Ez a római út az apostolok sírjaihoz erősítsen meg benneteket hitben, reményben és szeretetben. Szívesen adom kedves mindnyájatokra apostoli áldásomat.
Dicsértessék a Jézus Krisztus!
Traduzione
italiana:
Saluto con
affetto i fedeli di lingua ungherese, specialmente gli studenti del Liceo Áron
Tamási di Székelyudvarhely.
Questa visita romana alle tombe degli Apostoli sia per voi un tempo di rinnovamento della fede, spe e carità. Volentieri imparto a tutti voi la Benedizione Apostolica.
Sia lodato Gesù Cristo!
Saluto in lingua slovacca:
S láskou vítam pútnikov zo Slovenska: študentov
a pedagógov Gymnázia svätého Mikuláša v Starej
Ľubovni a Piaristického gymnázia Františka Hanáka w
Prievidzi.
Milí mladí, ďakujem vám za modlitby, ktorými sprevádzate moju službu Nástupcu svätého Petra a zo srdca žehnám vás i vašich drahých.
Pochválený buď Ježiš Kristus!
Traduzione italiana:
Con affetto do il benvenuto ai pellegrini
provenienti dalla Slovacchia: agli studenti ed agli insegnanti del Ginnasio “S.
Nicola” di Stará Ľubovňa e del Ginnasio “František Hanák“ dei Padri
Scolopi di Prievidza.
Cari giovani, vi ringrazio per le preghiere con le quali accompagnate il mio servizio di Successore di San Pietro e cordialmente benedico voi ed i vostri cari.
Sia lodato Gesù Cristo!
Saluto in lingua croata:
Poseban pozdrav upućujem hrvatskim hodočasnicima, a
osobito vjernicima župe Svetoga Ivana Apostola iz Zagreba. O skoroj petoj
obljetnici proglašenja Ivana Merza blaženim, potičem vas da i vi svoju vjeru
svakodnevno potvrđujete pobožnošću i djelima ljubavi. Hvaljen Isus i Marija!
Traduzione italiana:
Rivolgo ai pellegrini croati uno speciale saluto,
particolarmente ai fedeli della parrocchia di San Giovanni Apostolo di
Zagabria. Nell’imminente quinto anniversario della beatificazione di Ivan Merz,
vi esorto che anche voi confermiate quotidianamente la vostra fede con la
devozione e con le opere di carità. Siano lodati Gesù e Maria!
Saluto in lingua slovena:
Lepo pozdravljam romarje iz dekanije Jarenina v
Sloweniji! Nai vam bosta to vaŝe romanje in srećanje s Petrovim naslednikom u
spodbudo, da boste čedalje bolj napredovali v duhovnem veselju in v zvestobi
Kristusovemu nauku. Naj vas vedno spremlja moj blagoslov!
Traduzione italiana:
Rivolgo un cordiale saluto ai pellegrini del
Vicariato Foraneo di Jarenina in Slovenia! Questo vostro pellegrinaggio e
l’incontro con il Successore di Pietro vi siano di incoraggiamento affinché progrediate
sempre di più nella letizia spirituale e nella fedeltà agli insegnamenti di
Cristo. Vi accompagni la mia Benedizione!
* * *
Rivolgo un cordiale saluto ai pellegrini di lingua
italiana, in particolare ai sacerdoti novelli della diocesi di Brescia.
Carissimi, mentre prego il Signore affinché vi sostenga nel vostro ministero,
vi invito a diffondere intorno a voi quella gioia che nasce dalla generosa e
fedele corrispondenza alla divina chiamata. Saluto poi voi, cari fedeli
della parrocchia di San Pietro, in San Martino in Pensilis, ed
auspico che questo incontro susciti in ciascuno un rinnovato slancio
apostolico, per testimoniare ovunque Cristo e il Vangelo.
Il mio pensiero va, infine, ai giovani,
ai malati e agli sposi novelli. Siamo alle
soglie del periodo estivo, tempo di turismo e di pellegrinaggi, di ferie e di
riposo. Cari giovani, mentre penso ai vostri coetanei che stanno
ancora affrontando gli esami, auguro a voi già in vacanza di profittare
dell’estate per utili esperienze sociali e religiose. Auguro a voi, cari malati,
di trovare conforto e sollievo nella vicinanza dei vostri familiari. E a voi,
cari sposi novelli, rivolgo l’invito ad utilizzare questo periodo
estivo per approfondire sempre più il valore della missione nella Chiesa e
nella società.
Il mio pensiero va ora ai partecipanti al Congresso
Eucaristico Internazionale, che si sta svolgendo in questi giorni nella città
di Québec in Canada, sul tema “L’Eucaristia, dono di Dio per la vita del
mondo”. Mi rendo spiritualmente presente in così solenne incontro ecclesiale,
ed auspico che esso sia per le comunità cristiane canadesi e per la Chiesa
universale un tempo forte di preghiera, di riflessione e di contemplazione del
mistero della santa Eucaristia. Sia pure occasione propizia per riaffermare la
fede della Chiesa nella presenza reale di Cristo nel Santissimo Sacramento
dell’Altare. Preghiamo inoltre perché questo Congresso Eucaristico
Internazionale ravvivi nei credenti, non solo del Canada ma di tante altre
Nazioni nel mondo, la consapevolezza di quei valori evangelici e spirituali che
hanno forgiato la loro identità lungo il corso della storia.
©
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