jeudi 21 février 2013

Saint PÉPIN de LANDEN, duc, maire du palais et confesseur

Saint Pépin de Landen

Duc de Brabant

(580-640)

Il se confessait fréquemment

Pépin de Landen nous montre d'une manière admirable, en sa personne, que la sainteté n'est point incompatible avec les plus hautes dignités de ce monde. Fils de prince, il fut maire du palais sous plusieurs rois de France, et se conduisit, dans cette haute charge, presque égale à la dignité royale elle-même, avec une prudence remarquable.

Souvent les rois ont à se plaindre de leurs sujets, et les sujets ont lieu de murmurer contre les rois: Pépin obligé par ses fonctions à maintenir l'ordre et la justice, agit avec une loyauté si parfaite, que jamais on ne le vit montrer de partialité, ni pour le roi, ni pour le peuple, et qu'il sut réprimer sans faiblesse les excès du peuple comme les excès de son roi.

Le roi Clotaire II ne se contenta pas de donner à ce noble prince la première charge de son royaume, il l'honora de toute sa confiance et mit entre ses mains l'éducation de son fils Dagobert. Pépin n'omit rien de ce qui pouvait imprimer au coeur du jeune prince la crainte de Dieu et l'amour de la justice. Il lui mettait souvent sous les yeux cette belle parole de nos Saints Livres: Le trône d'un roi qui rend justice aux pauvres ne sera jamais ébranlé.

Plus tard, le prince devenu roi de France, ayant oublié les leçons de son illustre maître, le fidèle et invincible Pépin ne craignit pas de lui en faire des reproches sévères; si bien que de vils flatteurs en profitèrent pour inspirer au roi de mettre à mort ce censeur gênant; mais Dagobert, d'abord irrité de cette leçon, rentra en lui-même, et il montra plus que jamais une vénération profonde pour le mérite et la vertu d'un si grand ministre.

Quand Pépin mourut, il fut pleuré à l'égal du meilleur des rois. Il laissa la réputation d'un saint, et chacun rappelait avec douceur et reconnaissance qu'il avait toujours été le gardien des lois, le soutien des faibles, l'ennemi des divisions, l'ornement de la cour, l'exemple des grands, le père de la patrie. A cette époque, estimée aujourd'hui barbare, la grâce de Dieu et la droiture naturelle ont fait de Pépin de Landen un ministre comme on en chercherait en vain aujourd'hui.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950


Saint Pépin de Landen

Maire du palais d'Austrasie sous Clotaire II et Dagobert I (✝ 640)

Confesseur.

Duc du Brabant, maire du palais sous Clotaire II et Dagobert, il était fidèle à son roi qui lui accordait toute sa confiance. Dans la corruption des plaisirs de son époque, il sut faire les nécessaires remontrances à son souverain. Ce "conducteur des rois", comme il fut surnommé, laissa un tel souvenir de sainteté qu'il fut considéré comme un saint bien qu'il n'ait été ni moine, ni prêtre, ni évêque, ni ermite. Par sa fille sainte Begge, il est l'ancêtre de Charlemagne.


PÉPIN DE LANDEN

Duc, Maire du Palais, Bienheureux

+ 647

Le bienheureux Pépin, premier de ce nom, était Teuton de nation, issu d'une très noble maison, fils de Carloman, maire du palais en Austrasie sous le roi Clotaire II. Sa mère s'appelait Emegarde. La jeunesse de notre Pépin fut accompagnée de toutes les vertus possibles, principalement à un jeune homme de sa qualité. Il la passa en la cour du roi Clotaire, qui le reconnaissant homme de bon jugement et d'une vie sans reproche, lorsqu'il donna le royaume d'Austrasie à son fils Dagobert, il le lui donna aussi pour le conseiller et le conduire en ses affaires, et le fit maire de sou palais, ainsi que l'avait été Carloman son père, auparavant en l'an 628.

Cette qualité de maire du palais était peu différente de la royale; d'autant que tout le gouvernement et toute la disposition du royaume était entre les mains des maires du palais. C'était donc une chose admirable de voir avec quelle prudence il se comportait en l'administration des affaires du royaume ; il se montrait courageux et vaillant en temps de guerre, faisant voir combien sa force et sa puissance étaient grandes, et rendait en temps de paix la justice à un chacun, tenant la main à ce qu'elle fût étroitement gardée par tout le royaume.

L'intégrité de sa vie était telle qu'il était très fidèle au service du roi, et nullement dissimulé pour ce qui concernait le bien du peuple; conservant également le droit de l'un et de l'autre, sans se laisser corrompre par le peuple, où il y allait de l'intérêt du roi ; ni par la faveur de sa majesté, à la ruine et à l'oppression du pauvre peuple. Il avait ton jours devant les yeux le commandement de Dieu, qui veut que l'on honore la personne du roi, et que l'on rende la justice au peuple ; aussi conformait-il toutes les sentences qu'il donnait en jugement au niveau de la justice divine, rendant au peuple ce qui était au peuple, et au roi ce qui lui appartenait.

Véritablement c'était un homme juste en toutes choses. Mais aussi s'était-il associé en ses conseils et en ses affaires un grand homme d'État, et très vertueux personnage, aimant et craignant Dieu, saint Arnould, évêque de Metz, que le roi Clotaire avait aussi donné à Dagobert, son fils, pour la conduite de ses affaires. De sorte que la communication et la grande équité d'un tel conseiller lui eût même donné de la retenue, quand il eût voulu négliger de rendre la justice ou abuser de la puissance royale. Après la mort de saint Arnould, il eut encore la communication d'un autre non moins vertueux personnage, saint Combert, archevêque de Cologne, que le roi avait appelé auprès de lui pour se servir de son conseil, en la place de saint Arnould. Prenez garde, s'il vous plaît, que ce n'est pas d'aujourd'hui qu'il y a des prélats dans le gouvernement de l'État.

Nous pouvons facilement juger de quel zèle et de quelle affection il se portait à conserver le droit de tout le monde, et à rendre la justice promptement et équitablement à ceux qui la demandaient, ayant pour conseillers des personnes si circonspectes et d'une telle intégrité de vie. Et en cela le bienheureux Pépin est d'autant plus louable de s'être servi du conseil de si saints personnages; parce que ses intentions étaient saintes et honnêtes, ayant en horreur la corruption, qui se rencontre trop souvent en vœux qui ont le gouvernement de l'État.

Le bienheureux Pépin eut pour femme Yduberge, surnommée Itte, princesse vertueuse, qui pour ses vertus a mérité d'être mise au rang des saints, sous le nom de la bienheureuse Itte: elle était sœur de saint Modoald, archevêque de Trêves. De cette femme il eut trois enfants : un fils, nommé Grimoald, et deux tilles, savoir : Gertrude et Beggue. Celle-là prit l'habit de religieuse, et vécut en grande sainteté ; celle-ci se maria, et épousa Ansegise, fils de saint Arnould, qui fut depuis évêque de Metz : elle vécut aussi saintement, et de ce mariage est venu Pépin le Jeune, neveu du bienheureux Pépin. Pépin le Jeune eut ensuite un fils, appelé Charles, surnommé Martel, qui eut aussi trois fils, Charles, Carloman le Jeune et Pépin, troisième du nom, qui fut depuis roi de France.

Le bienheureux Pépin, après avoir longtemps gouverné la maison royale et la Basse-Austrasie, dont il était duc, l'honneur et la gloire des Teutons, le miroir et la règle des Brabançons, et le modèle des saintes mœurs, passa de cette vie en l'autre, au grand regret de toute l'Austrasie, le 21 février, l'an de Notre-Seigneur 647.

Sa mort fut grandement regrettée tant par toute l'Austrasie que par nos rois, qui s'en attristèrent fort. Car il est vrai que sa vie était sans aucun reproche; c'était le temple de la sagesse, le trésor des conseils, la défense des lois, l'auteur de la paix, la force et le boulevard de la patrie, l'honneur de la cour, la joie des ducs, et la discipline des rois ; et il est vrai que s'il l'eût voulu, il eût pu s'attribuer à juste titre ce qui est dit dans la Sagesse, et dire : Les rois règnent et la justice s'exerce par moi.

Son corps fut honorablement inhumé en la ville de Landen,mais depuis il a été transporté à Nivelles pour être plus magnifiquement, et il est dans une châsse auprès des reliques de sainte Gertrude, sa fille. Tous les ans, aux Rogations, on le porte en procession par la ville. Une chose vraiment miraculeuse arriva le jour de sa translation. C'est que bien que les villes de Landen et de Nivelles soient éloignées l'une de l'autre, pas un seul cierge, dont il y en avait quantité, ne s'éteignit par le chemin.

Le cardinal Baronius rapporte, touchant son insigne piété et sa grande dévotion, que quand il allait à confesse il se déchaussait, et qu'il y allait nu-pieds. C'était là vraiment un grand signe de pénitence et une insigne dévotion d'un bon exemple, et d'autant plus édifiante qu'elle venait d'une personne si relevée.

Pedro de Ribadeneyra : Les vies des saints et fêtes de toute l'année, Volume 2 ; traduction : Timoléon Vassel de Fautereau.


Vie de Pépin le Vieux, dit de Landen, maire du palais en Austrasie

Notice sur la vie de pépin le Vieux

La vie de Pépin le Vieux appartient à une époque postérieure (à celle des Gesta Regum Francorum) ; on s'accorde à en placer l'auteur entre le neuvième et le onzième siècles. Mais indépendamment de son extrême brièveté, elle nous a paru de quelque intérêt ; d'abord, parce qu'elle est évidemment puisée dans des documents plus anciens, entre autres dans les Gesta Regum Francorum, ensuite parce qu'elle contient, sur la famille d'où les rois Carlovingiens sont issus, quelques détails plus moraux, il est vrai, qu'historiques, mais qui sont présentés avec assez de naïveté et de vie. La peinture du veuvage d'Itta et des motifs qui, après la mort de son mari, la portèrent à se consacrer à Dieu, fait assez bien connaître la grossièreté des mœurs du temps, et quelques unes des causes qui donnaient au clergé tant d'influence sur les esprits capables de sentiments un peu plus élevés et plus purs.

Ce petit ouvrage a pour titre : Vie du bienheureux duc Pépin, maire du Palais d'Austrasie, sous les puissants rois Clotaire, Dagobert et Sigebert. On ne s'étonnera pas d'y rencontrer le ton du panégyrique ; c'est celui de tous les historiens depuis la fin du septième siècle ; les descendants de Pepin régnaient.

François Guizot

Vie de Pépin le Vieux, dit de Landen, maire du palais en Austrasie

IL est bien connu et généralement répandu que Pépin a été le père de la bienheureuse et bien-aimée de Dieu, vierge Gertrude. Mais de lui, sauf son nom, ses actions et les autres choses de sa vie demeurent presque inconnues de ceux qui ignorent nos histoires. Nous en avons recueilli le peu de faits que nous avons trouvés épars çà et la dans les faits et gestes des Francs, et avons pris soin d'en composer une narration suivie, que nous voulons faire servir d'exorde à l’œuvre projetée par nous [i], afin que si quelqu'un désire connaître la race de cette noble vierge, il cherche plus naturellement à l'apprendre ici dans la vie de son père, qu'en aucun autre lieu. Pépin, fils de Carloman, fut duc et maire du palais, sous les très puissants rois Clotaire, Dagobert et Sigebert. Dans cette dignité, peu différente de la suprême grandeur des rois, il gouvernait toutes choses par les ordres les plus sages, et excellait en courage dans la guerre comme en justice durant la paix. Il conservait envers le roi une entière fidélité, envers le peuple une équité inflexible ; ferme à maintenir, d'un esprit judicieux, ce qui appartenait à l'un et à l'autre, sans jamais s'attacher, pour l'avantage du peuple, à entreprendre sur le droit des rois, ni s'appliquer à étouffer, en faveur des rois, la justice due au peuple ; car il préférait le Seigneur, roi souverain, aux rois des hommes, et savait que sa volonté défend d'adorer la face des puissants, et de tenir compte, dans les jugements, de la pauvreté ou de la richesse ; en sorte qu'il défendait pour le peuple ce qui était au peuple, et rendait à César ce qui était à César. Dans tous ses jugements, il s'étudiait à conformer ses arrêts aux règles de la divine justice ; chose attestée non seulement, comme nous le dirons ci-après, par le témoignage de tout le peuple, mais aussi et plus encore par le soin qu'il prit d'associer à tous ses conseils et à toutes ses affaires le bienheureux Arnoul, évêque de Metz, qu'il savait être éminent dans la crainte et l'amour de Dieu ; car s'il arrivait que, par ignorance des lettres, il fût moins en état de juger des choses, celui-ci, fidèle interprète de la divine volonté, la lui faisait connaître avec exactitude. Arnoul était homme en effet à expliquer le sens des saintes Écritures, et avant d'être évêque, il avait exercé sans reproche les fonctions de maire du palais. Soutenu d'un pareil appui, Pépin imposait au roi lui-même le frein de l'équité, lorsque, négligeant la justice, il voulait abuser de la puissance royale. Après la mort d'Arnoul, il fut attentif à s'adjoindre dans l'administration des affaires le bienheureux Chunibert, évêque de Cologne, également illustre par la renommée de sa sainteté. On peut juger de quelle ardeur d'équité était enflammé celui qui donnait à sa conduite des surveillants si diligents et de si incorruptibles arbitres. Ainsi, ennemi de toute méchanceté, il vécut soigneusement appliqué à la pratique du juste et de l'honnête, et, par les conseils des hommes saints, demeura constant dans l'exercice des saintes oeuvres.

Cet illustre prince, d'abord maire du palais sous le roi Clotaire, père de Dagobert, jouit auprès de lui d'un rare pouvoir et de la plus haute considération ; car le roi connaissait et sa droite piété envers le Seigneur notre Dieu, et son fidèle dévouement envers lui. Lorsqu'il se proposa de couronner son fils Dagobert roi d'une partie de ses vastes États, comme il ne se fiait point à son âge trop faible encore et à son esprit trop peu mûri, ce fut de Pépin qu'il fit choix entre tous les grands pour diriger l'âge tendre du jeune roi, et pourvoir à l'administration de son royaume [en 629]. L'adolescent lui fut donc remis entre les mains, et envoyé en Austrasie, pour y régner avec l'appui des conseils et de l'habileté d'un très sage gouverneur. Pépin s'appliqua non moins à inculquer au jeune homme dont il s'était chargé la crainte de Dieu et l'amour de la justice, qu'à l'orner d'habitudes excellentes, lui enseignant ce qui est écrit : Lorsqu'un roi juge les pauvres dans la vérité, son trône s'affermira pour jamais [ii]. Par sa sagesse, non seulement Dagobert gouverna heureusement cette partie du royaume de son père, mais, après la mort de celui-ci, il parvint à régner sur tous ses États qui étaient fort étendus. Son frère Charibert et plusieurs autres princes s'opposèrent à lui avec de grands efforts, chacun combattant pour faire tomber sur lui-même la puissance royale. Mais leur faction fut bientôt vaincue par les salutaires conseils du très habile duc [en 626]. Dagobert donc, bientôt affermi sur le trône, s'attacha étroitement tous ses sujets par sa libéralité, sa justice, sa douceur, et toutes les autres vertus qui conviennent à un roi. En sorte qu'il surpassa en noble renommée tous les rois ses prédécesseurs, et que tous le célébrèrent avec des louanges infinies. Il marcha dans cette royale voie, dans cette vertueuse direction, aussi longtemps qu'il conserva les saines doctrines de son très sage précepteur, et ne s'entoura pas de ministres choisis selon ses passions. Heureux si, selon l'avis du sage, entre ses mille fidèles, il n'eût pris qu'un seul conseiller ! Mais, à l'exemple de Salomon, il laissa enfin corrompre son cœur par les femmes ; et, comme une grande abondance et une liberté sans bornes inclinent d'ordinaire la nature humaine à consentir au péché, parvenu à l'affluence des richesses, et toutes choses lui tournant favorablement, le roi se détourna du bien et de l'honnête vers le mal, et ferma l'oreille aux avis salutaires. Il commença à s'enflammer d'avarice aussi bien que de luxure, et outre ses concubines, dont le nombre était fort considérable, il abusa, contre la loi canonique et la décence royale, des embrassements de trois épouses. De quoi Pépin, ému de douleur, le réprimandait avec une grande liberté de langage, lui reprochant son ingratitude aux grands bienfaits de Dieu. Mais lui, plus soumis à ses sales désirs qu'à de sages avis, aurait mieux aimé, comme un insensé qu'il était, faire périr d'une manière quelconque le médecin que de guérir de la fureur de son mal ; grandement excité au crime par les suggestions perverses d'hommes réprouvés, méchamment envieux des vertus de Pépin. Mais, semblable au saint animal qui porte des yeux devant et derrière, Pépin voyait de tous côtés autour de lui, et se conduisait prudemment avec tous. Cependant, pour me servir des propres expressions de l'histoire des Francs, l'amour de la justice et la crainte de Dieu qu'il aimait le délivrèrent du mal. Il n'y a pas lieu de s'étonner si, corrompu par une si éclatante situation, le roi, encore mal affermi dans la voie du Seigneur, se laissa choir de son obéissance dans la maison de fornication et dans les désirs homicides, puisque David, choisi selon le coeur de Dieu, et qui avait reçu l'enseignement de ses prophètes, aussitôt que vint à lui manquer le poids des afflictions, emporté par la légèreté d'un esprit lascif, se précipita dans les embrassements illicites de la femme d'autrui ; puis, pour couvrir l'infamie du crime qu'il avait commis, fit périr un soldat dévoué à son service, ajoutant ainsi le meurtre à l'adultère. Mais le Dieu très bon qui lava David de son crime par la pénitence, conserva, par une circonstance inespérée, le roi Dagobert innocent du sang du juste ; car, voyant qu'il ne pouvait faire tomber Pépin dans ses piéges, et considérant en même temps, par de plus sages réflexions, que sa dignité serait ébranlée s'il faisait périr un homme noble, puissant, agréable au peuple par sa fidélité et sa justice, il changea insensiblement de dessein, et commença à porter plus de respect à l'illustre duc.

Enfin la haine que le roi avait conçue s'apaisa et fut changée en bienveillance, tellement qu'il envoya sans aucune méfiance son fils Sigebert régner en Austrasie [en 633], sous la tutelle de celui dont la fidélité et l'utile habileté éprouvées par lui-même avaient, du vivant de son père, fait prospérer sous ses lois l'administration de cette partie de son royaume, et par qui, après la mort de celui-ci, tous ses ennemis vaincus, il était parvenu à la possession générale de ses États. Par les très sages conseils du même guide, la même prospérité passa à son fils, et durant le règne de Sigebert, mais sous la régence de Pépin et avec son secours, les Austrasiens défendirent vigoureusement leurs frontières contre les barbares qui jusqu'alors avaient coutume de les fatiguer de leurs incursions. Après la mort de Dagobert, Pépin aurait fait transférer à Sigebert tout le royaume des Francs [en 638], si, après une division de ce royaume, faite du temps de Dagobert, Sigebert ne s'était engagé envers son père à se contenter de l'Austrasie, et à laisser la France à son jeune frère Clovis. Cependant les riches trésors de Dagobert étaient demeurés tout entiers en la puissance de Clovis et de sa mère, la reine Nantéchilde. Pépin en réclama le partage avec l'évêque Chunibert, l'obtint comme il le souhaitait, reçut la part légitimement due au roi Sigebert, et la lui fit porter à Metz. Mais l'année accomplie, cet illustre chef, ce véritable père de la patrie, sortit des choses de ce monde [en 639]. Sa mort accabla l'Austrasie d'une telle douleur qu'elle en fit paraître un deuil dont n'approche point le deuil de la mort des rois ; car ç'avait été un homme de vie très honnête, très pur de renommée, demeure de sapience, trésor de sages avis, gardien des lois, borne ou se terminaient les querelles, rempart de la patrie, honneur des conseils, le modèle des ducs et l'instruction des rois, qui, si à l'exemple du saint homme Job, il eût voulu célébrer ses propres louanges, aurait pu, en toute vérité et exempt de blâme, dire, au nom de la sagesse. dont il était abondamment rempli : Les rois règnent par moi, et c'est par moi que les législateurs ordonnent ce qui est juste [iii]. »

Afin qu'on ne prenne pas ces faits de la vie du bienheureux duc pour quelque composition nouvelle, il ne sera pas hors de propos de rassembler ici, sous les yeux du lecteur, en témoignage de sa sainteté, les expressions textuelles insérées en divers lieux dans les faits et gestes des Francs. Les voici telles qu'elles sont. Depuis le moment où Dagobert commença à régner jusqu'au temps dont je parle, usant des conseils de Pépin, maire du palais, et du bienheureux Arnoul, évêque de la ville de Metz, il conduisit avec tant de bonheur l'administration des affaires du royaume d'Austrasie, qu'il obtenait de tous les peuples des louanges infinies. Et un peu plus loin : Après la mort du bienheureux Arnoul, il usa encore des conseils de Pépin, maire du palais, et de Chunibert, évêque de la ville de Cologne, et par eux vaillamment averti de son devoir, il gouverna, plein de prospérité et d'amour de la justice, tous les peuples qui lui étaient soumis, en telle sorte qu'aucun des rois Francs ses prédécesseurs ne l'avait surpassé en louable renommée.» Puis après avoir parlé des trois femmes et des concubines de Dagobert : Pépin voyant cela, comme il était plus prudent que tous les autres, très fécond en bons conseils, et tout rempli de fidélité, il se fit aimer de tous par son amour pour la justice dans lequel il avait conduit Dagobert tant que celui-ci avait pris ses conseils. Et sans mettre jamais pour son propre compte la justice en oubli, ni s'écarter des voies de l'honnêteté, lorsqu'il approchait de Dagobert, il agissait prudemment en toutes choses, et se montrait en tout rempli de circonspection. Les Austrasiens u s'armèrent contre lui d'une violente jalousie, tellement qu'ils s'efforcèrent de le rendre odieux à Dagobert, afin qu'il le fit périr ; mais l'amour de la justice, et la crainte de Dieu auquel il s'était dévoué, le délivrèrent du péril. Et un peu plus loin : Dagobert étant venu à la ville de Metz, par le conseil des évêques et des grands, éleva son fils Sigebert au trône d'Austrasie, et établit pour gouverneur du royaume l'évêque Chunibert, le duc Adalgise, et Pépin, maire du palais, par les efforts desquels furent, comme on sait, défendus avec succès, contre les Wénèdes, les frontières de l'Austrasie et le royaume des Francs. Et peu après: Après la mort de Dagobert, Pépin, maire du palais, et les autres grands d'Austrasie s'étant d'un consentement unanime réunis à Sigebert, Pépin et Chunibert liés déjà d'une amitié mutuelle, et qui récemment s'étaient engagés à conserver à jamais entre eux une solide alliance, attirèrent à eux, par prudence et douceur, tous les Leudes d'Austrasie, et gouvernèrent bénignement. Et ensuite : L'évêque Chunibert et Pépin, maire du palais, envoyés par Sigebert, vinrent à la ville de Compiègne, où par l'ordre de Nantéchilde et de Clovis, le trésor du roi Dagobert fut présenté devant eux et partagé également. Chunibert et Pépin firent conduire à Metz la part de Sigebert ; elle fut présentée à Sigebert, qui en fit faire l'inventaire. Enfin l'historien finit en ces termes l'éloge de cette très louable et très honorable vie : Après la révolution des années, Pépin mourut, et ce ne fût pas une petite douleur que celle qui naquit de sa mort dans toute l'Austrasie, parce qu'il lui « était cher, à cause de son amour pour la justice et de sa vertu. Quels témoignages pourrait-on désirer de plus de son habileté, de sa puissance et de sa vertu ? Maintenant que nous avons rapporté ces choses et la vie du très illustre duc Pépin, nous en redirons aussi quelque peu de sa femme et de ses enfants et petits enfants.

Sa femme Itta [iv] était issue d'une famille des plus nobles d'Aquitaine, comme nous le savons certainement par le transport qui nous a été fait de ses propriétés, que posséda notre église tant que fleurit la paix, et dont nos collecteurs avaient coutume d'apporter chaque année de fortes sommes d'argent. Mais les désordres des guerres devenant plus violents, comme cette propriété était éloignée et qu'on n'y pouvait aller sans danger, on commença peut à peu à la négliger, jusqu'à ce qu'enfin elle tombât en d'autres mains. Ce sera dire assez quelle fut cette femme pieuse que de raconter comment elle vécut après la mort de son pieux époux, afin que, par la manière dont elle usa de sa liberté, on connaisse combien elle se comporta religieusement sous le pouvoir de son mari. Veuve de la société de son pieux époux, la bienheureuse Itta résolut de ne pas recevoir d'autre amant qui pût la détourner de son premier attachement, et l'entraîner à de nouvelles coutumes et de nouvelles amours. Elle embrassa le projet d'une sainte continence, afin que si elle n'avait pu gagner la palme plus glorieuse de la pureté virginale, elle obtînt du moins le mérite de la viduité, qui touche et même égale presque celui de la virginité. Mais considérant avec prudence de combien de manières a coutume d'être attaquée la fermeté d'un vœu si saint, soit lorsque la femme, vaincue intérieurement par la concupiscence de nature, est contrainte de désirer l'homme ; soit lorsque, libre au dedans, elle est extérieurement forcée par la concupiscence de l'homme a subir ses embrassements, elle voulut se retrancher cette double occasion de tentations, tant intérieures qu'extérieures, celle-là en mortifiant la chair, celle-ci en se couvrant du voile sacré. Depuis longtemps cependant elle avait éteint la flamme de la concupiscence intérieure par une habituelle abondance de larmes. Mais la défense de sa chasteté contre les tentatives des hommes lui apportait plus de sollicitudes. Car quelques-uns la recherchaient à cause de l'honnêteté de ses mœurs, quelques autres à cause de la grande noblesse de sa race, d'autres aussi à cause de la grande quantité de champs qu'elle possédait, et de son nombreux domestique. Mais, selon le conseil de l'apôtre, la sainte femme, dégagée des liens d'un homme, ne voulait pas en prendre de nouveaux, elle qui avait eu un mari comme n'en ayant point, et avait usé de ce monde comme n'en usant point [v]. Tandis que d'une pensée assidue elle s'appliquait à résister, il arriva que le saint évêque Amand, vraiment digne de l'amour de Dieu et des hommes, se dirigea vers sa maison pour venir la consoler. Cet évêque, d'une éminente sainteté, était issu des plus nobles de l'Aquitaine. Conduit à Rome par le désir de la prière, il reçut dans une vision, du bienheureux Pierre, prince des apôtres, l'ordre de passer dans les Gaules, et de féconder dans les cœurs encore incultes des Gaulois, la semence de la parole céleste. Aussitôt obéissant humblement à cet ordre, il se transporta dans ces environs, et comme il accomplissait avec fidélité et dévotion la mission de prêcher qui lui avait été imposée, la renommée de ses saints travaux parvenue à la cour l'y fit appeler, et par l'ordre du roi Dagobert, il fut sacré évêque de Maëstricht. Ainsi la bienheureuse Itta reçut avec une grande joie le saint homme qui venait chez elle. Déjà du vivant de son mari, elle avait coutume de recevoir les pauvres dans sa maison, de laver les pieds des saints, de secourir ceux qu'affligeaient les tribulations, et d'exercer les autres oeuvres de piété que l'apôtre enjoint aux saintes veuves. Elle s'ouvrit au pieux consolateur des saintes résolutions de son âme, et sollicita de sa main le voile sacré en signe de chaste viduité et de dévote continence. Alors, élevant les mains et les yeux tournés vers le ciel, il bénit le Seigneur qui avait jeté dans l'esprit de sa servante un si saint désir qu’elle prévenait les exhortations qu'il était venu lui apporter. Je rends grâce à Dieu, dit-il, et à Notre Seigneur Jésus-Christ, qui a rende la gloire du monde méprisable à tes yeux ; au prix de son amour, et, chassant de ton cœur les attachements de la concupiscence charnelle, y a fixé les racines de sa sainte dilection. Accomplis, sainte femme, ce que tu as commencé par l'inspiration divine. Le temps des embrassements est passé, le temps est venu de se tenir éloignée des embrassements, car la figure de ce monde passe. C'est pourquoi tu as choisi un très sage conseil, ô mère sainte, de vouloir devenir l'épouse du Christ, et demeurer exempte de tous liens. Car, selon le témoignage de l'apôtre, la femme qui n'est point mariée s'occupe du soin des choses du Seigneur, afin d'être sainte de corps et d'esprit, mais celle qui est mariée s’occupe du soin des choses du monde, et de ce qu'elle doit faire pour plaire à son mari [vi] ; et le jugement que, tu en fais ne vient pas plus des paroles de l'apôtre, que de ce que tu as appris par ta propre expérience. Mets donc à fin, bienheureuse veuve, ce que ton esprit a conçu, et la miséricorde de Dieu, venue au devant de toi pour t'inspirer la volonté. de vivre dans la continence, t'accompagnera de son secours pour te donner le pouvoir de garder ton vœu dans toute sa pureté.

Affermie par les exhortations de cet homme vénérable dans le dessein qui la tournait vers Dieu, et encore plus animée à prononcer son vœu, Itta non seulement aliéna sa propre personne au service de Dieu, mais, par une libéralité encore plus grande, elle dévoua au Seigneur tout ce qu'elle pouvait avoir. Ainsi donc ses propres toits, après avoir reçu la consécration, furent changés en églises qu'elle dota de champs et embellit de divers genres d'ornements ; ensuite, avec toute la solennité des prières, elle reçut, des mains du vénérable pontife, le voile sacré et l'habit de religieuse ; puis, se rangeant au nombre des religieuses que, de ses propres biens, elle avait consacrées au service de Dieu, elle soumit sa noble tête au joug plus noble du divin servage : femme vraiment admirable et très digne d'être célébrée par des louanges infinies, qui, élevée à de telles gloires du monde qu'elles l'égalaient aux femmes des rois, sut les rejeter d'une âme si ferme qu'elle se fit la compagne de celles que, dans la grandeur de son premier état, elle aurait pu dédaigner pour ses servantes. C'est ainsi qu’elle ôta, à ceux qui désiraient s'unir avec elle en mariage, tonte espérance de l'épouser. Mais comme les persécutions qu'elle eut à souffrir à cause de son saint vœu de religion lui furent communes avec sa fille, la bienheureuse Gertrude, je les détaillerai plus au long lorsque, sous la conduite de la miséricorde divine, j'en viendrai à raconter la vie de cette glorieuse vierge.

Aussi longtemps qu'elle vécut dans cet état de sainteté, Itta ne cessa de servir Dieu. Elle était patiente dans son espérance, large dans sa charité, sublime dans sa foi, soumise dans son humilité, longuement appliquée au jeûne et à l'oraison, constamment assidue à la méditation des psaumes, et douée de la grâce éminente d'une continuelle abondance de larmes. Elle avait toujours devant les yeux sainte Anne en qui a commencé, dans le nouveau Testament, la continence du veuvage, et qui, dans sa viduité, ne quitta point le temple jusqu'à l'âge de quatre-vingts ans, observant jour et nuit le jeûne et l'oraison. Elle portait ainsi en son corps la mortification de Jésus, évitant avec un soin extrême l'infamie de l'arrêt prononcé par l'apôtre : La veuve qui vit dans les délices est morte [vii]. Dans la libéralité de ses aumônes, dans l'hospitalité qu'elle accordait aux pèlerins, elle ne suivait d'autre règle que de faire participer les pauvres à ses richesses, autant qu'elle avait de richesses à leur partager ; car celle qui avait donné à Dieu tous ses biens ne devait rien regarder comme lui appartenant plutôt qu'aux indigents. La perfection de toutes les vertus se trouvait en elle tellement accumulée que les soeurs en avaient commencé, dès les années de leur enfance, à user de son angélique entretien, observaient sa vie d'un esprit attentif, et en prirent un vivant exemple de sainteté. Elle parcourut, infatigable pendant douze ans après la mort de son pieux époux, le sentier des bonnes œuvres ; ensuite, la carrière de cette vie accomplie, elle reçut le prix de la félicité éternelle, et, passant à Dieu dans la soixantième année de son âge, elle reçut soixante fois le fruit dû à une viduité sainte. Elle fut ensevelie dans la basilique du bienheureux apôtre Pierre, et pleurée par la religieuse dévotion des fidèles comme la véritable et pieuse mère de ses frères et sœurs, des veuves et des orphelins, des aveugles, des boiteux, et de toutes les sortes de pauvres et d'infirmes. Après avoir dit ceci de la vie du bienheureux Pépin et de la bienheureuse Itta son épouse, nous allons, accompagnés de la grâce divine, passer à leurs enfants et petits-enfants.

Leurs enfants furent Grimoald et Begga et la vierge Gertrude, épouse choisie du roi des anges. Grimoald s'unit d'une étroite amitié avec l'évêque saint Chunibert. Comme c'était un homme fort et habile, et, ainsi que son père, aimé de beaucoup de gens, il fut maire du palais du roi Sigebert, et le gouvernement d'Austrasie fut fortement affermi dans sa main. Un certain Othon, son rival, qui, gonflé d'orgueil, s'efforçait, par une aveugle ambition, de lui enlever cette dignité et de la faire passer sur sa tête, fut tué pour l'amour de lui par Leuthaire, duc des Allemands [en 642]. Ce qui d'ailleurs peut faire juger tant de son pouvoir parmi les hommes que de sa dévotion envers Dieu, c'est qu'il ordonna, de concert avec Sigebert, qu'on élevât en l'honneur de Dieu deux illustres églises, le monastère de Stavelo et celui de Malmédi. Élevées et ornées par ses soins de toute la beauté possible, après leur dédicace et la célébration des offices de l'église, le maire du palais Grimoald les remit entre les mains du pontife Rémacle pour qu'il y établît une règle monastique. Le saint homme, saisissant cette occasion de fuir le tumulte des choses du siècle pour vaquer à Dieu seul, remit les fonctions épiscopales au bienheureux Théodard, ensuite martyr, et se retira en ce lieu, où il se dévoua à une vie de plus de continence et discipline, et plus avancée dans l'exercice de la vertu. Grimoald, appliqué à la sainte société, se sentant profiter chaque jour par sa doctrine et ses exemples, lui concéda, pour l'usage des frères consacrés en ce lieu au service de Dieu, les terres environnantes, cultivées et incultes, sur la longueur de douze lieues et autant de large, et revêtit cette concession du sceau du roi.

En voilà assez sur Grimoald ; mais le mérite respectable des vertus paternelles et maternelles, transmis avec plus d'abondance aux filles de Pépin, rapporta des fruits plus nombreux d'une génération tant charnelle que spirituelle ; car, sans compter pour le présent Gertrude, la glorieuse épouse du Christ, sa soeur Begga, unie d'un heureux mariage avec le duc Anségise, fut mère d'une généreuse famille et des plus illustres rois ; car d'elle naquit Pépin le Jeune [viii] qu'une vie de toute honnêteté rendit semblable à son aïeul, d'actes et de mœurs aussi bien que de nom. Le roi Childéric, sous lequel le bienheureux Lambert brilla par une éminente sainteté, étant mort sans enfants [en 673], Pépin, sans avoir le nom de roi, commença à régner en Austrasie avec la puissance royale, fit la guerre à Théodoric, roi des Francs, et le vainquit clans un grand combat avec son duc Berthaire [en 687]. Peu de temps après, Berthaire ayant été tué par les siens, Pépin força le roi par un traité de paix à lui céder sa principauté, et, la faisant passer à son fils Drogon, retourna vainqueur en Austrasie ; ensuite il fit beaucoup d'autres guerres contre Ratbod, duc païen, et d'autres princes, contre les Suives et plusieurs autres nations, dans lesquelles guerres il fut toujours vainqueur. Celui qui désirera en être plus complètement instruit doit les chercher écrites plus au long dans les faits et gestes des Francs. Il remit très honorablement dans son siége Lambert, chassé par la faction de Pharamond.

Ce Pépin laissa pour héritier [en 714], non seulement de sa dignité, par préférence à ses fils aînés, mais aussi de ses vertus, son fils Charles, guerrier herculéen, chef invaincu et même très victorieux, qui, dépassant les limites où s'étaient arrêtés ses pères, et ajoutant aux victoires paternelles de plus nobles victoires, triompha honorablement des chefs et des rois, des peuples et des nations barbares, tellement que, depuis les Esclavons et les Frisons jusqu'aux Espagnols et aux Sarrasins, nul de ceux qui s'étaient levés contre lui ne sortit de ses mains que prosterné sous son empire et accablé de son pouvoir. Il vainquit deux fois le roi des Francs, et imposa à la France un roi de son choix, jugeant plus glorieux de dominer ceux qui possédaient les royaumes que de les posséder lui-même. Les Sarrasins, trois de leurs rois vaincus, succombèrent sous lui avec un grand carnage. Vainqueur des Goths, il leur enleva leurs très fameuses villes de Narbonne et de Bordeaux, brûla les maisons et renversa les murailles jusqu'aux fondements. Après beaucoup d'autres et insignes victoires que je passe sous silence pour éviter l'ennui de la prolixité, il partagea le royaume entre ses deux fils ; après quoi reposa en paix ce prince très belliqueux et très victorieux.

Il eut pour fils Carloman et Pépin. Carloman, après plusieurs guerres et de nobles triomphes, quitta la milice. du siècle, et, devenu moine au Mont-Cassin, s'engagea parmi les soldats de Dieu [en 747] ; mais Pépin garda le pouvoir ; et Childéric, le dernier des rois de la race de Clovis qui ait régné sur la France, ayant été déposé, Pépin, par l'autorité et le jugement du pape Zacharie, le premier de sa famille, obtint le nom de roi [en 752], après avoir, tant lui que les autres, exercé le pouvoir et les fonctions de la royauté, sans en avoir le titre. Il reçut donc le premier l'onction royale de la main du bienheureux Boniface, archevêque de Mayence et martyr ; et ensuite, tant lui que sa femme et ses enfants furent confirmés à une nouvelle onction.

GRÉGOIRE DE TOURS. Vie de Pépin le Vieux, dit de Landen, maire du palais en Austrasie. Texte numérisé et mis en page par François-Dominique FOURNIER

SOURCE : http://remacle.org/bloodwolf/historiens/gregoire/pepin.htm


Blessed Pepin of Landen (AC)


(also known as Pippin)

Died February 21, c. 646. Pepin was, perhaps, the most important, powerful person in the empire during his age. As duke of Brabant and mayor of the palace (first minister) of kings Clotaire II, Dagobert I, and Sigebert III, he determined much of the policy of the Franks. Pepin, the ancestor of the Carolingian dynasty of French kings, was the husband of Blessed Itta and father Grimoald, of Saint Gertrude of Nivelles and Saint Begga. He is described as "a lover of peace and the constant defender of truth and justice," though it may not seem that way at first glance.


Pepin and Bishop Arnulf of Metz aided King Clotaire II of Neustria in overthrowing Queen Brunhilda of Austrasia in 613. In recognition of the important roles they played, Clotaire appointed them mayors of the palace to rule Austrasia for Clotaire's son Dagobert I from 623. When Pepin rebuked Dagobert (who had succeeded his father about 629) for his licentious life, Dagobert discharged him and he retired to Aquitaine. Dagobert still respected him enough to appoint him tutor of his three-year-old son Sigebert before his death in 638, and Pepin returned and ruled the kingdom until his own death the following year.

Pepin worked to spread the faith throughout the kingdom, defended Christian towns from Slavic invaders, and chose responsible men to fill vacant sees. The marriage of his daughter, Begga, and Bishop Arnulf's son, Segislius, produced Pepin of Herstal, the first of the Carolingian dynasty in France. Pepin of Landen was buried at Landen, but his relics were later translated to Nivelle, where they are now enshrined with those of his wife and daughter Gertrude. Here is feast is kept. Pepin was never canonized but is listed as a saint in some of the old Belgic martyrologies and a litany published by the authority of the archbishop of Mechlin (Benedictines, Delaney, Encyclopedia, Husenbeth).


Voir aussi : http://www.religion-orthodoxe.com/article-saint-pepin-de-landen-duc-de-brabant-640-67695650.html