Saint Grégoire le Grand
Pape (64e) de 590 à 604 – Docteur de l’Église (+604)
- Saint Grégoire le Grand est, avec les saints Ambroise, Jérôme et Augustin, l’un des quatre grands docteurs de l’Eglise d’Occident. Il aurait voulu mener une vie de moine, mais élu pape, il engage une profonde réforme dans l’Eglise. La grandeur de son œuvre lui vaut le titre de 'Grand'. (Saint Grégoire Le Grand, Pape et docteur de l’Église, site Vatican News)
A son retour, il reprend la vie monastique. Pas pour longtemps. En 590, le pape étant mort de la peste, on choisit Grégoire pour lui succéder; malgré ses protestations. Il se dévoue auprès des pestiférés et des misérables.
En même temps, il réorganise l'Église romaine, défendant les prérogatives du siège de Pierre et de Paul. Il fixe la liturgie, réforme la discipline ecclésiastique, propage l'ordre bénédictin, envoie des missionnaires en Angleterre.
Devant l'affaiblissement de l'empire d'Orient, il prend en main la défense de l'empire contre les Lombards, puis il décide de faire la paix avec eux, s'attirant l'hostilité de l'empereur. "J'attends plus de la miséricorde de Jésus, de qui vient la justice, que de votre piété." écrit-il à l'empereur Maurice. Le pape se tourne alors résolument vers les royaumes barbares de l'Occident, rompant le lien entre christianisme et romanité.
Il se consacre simultanément à l'enseignement. On lui doit de nombreuses œuvres spirituelles dont les "Dialogues", principale source sur la vie de saint Benoît.
Il mena toujours une vie austère. Il finit ses jours dans la souffrance, avec de fréquents accès de mélancolie.
Lors de l'audience du 4 juin 2008, Benoît XVI a repris sa catéchèse sur saint Grégoire le Grand pour évoquer l’œuvre de ce Docteur de l'Église, qui "ne s'est pas attaché à élaborer sa doctrine mais a suivi l'enseignement traditionnel de l'Église quant au chemin à suivre pour trouver Dieu". Lecteur passionné de la Bible et auteur d'homélies sur l'Évangile, Grégoire estimait que "le chrétien doit tirer de l'Écriture plus une nourriture quotidienne pour son âme que des connaissances théoriques... Il insistait sur cette fonction de la Bible car ne s'y intéresser que pour un personnel désir de connaissance veut dire céder à la tentation de l'orgueil".
"L'humilité intellectuelle est la règle première pour qui tente de pénétrer le surnaturel à partir de l'Écriture. Ceci, qui n'exclut toutefois pas d'étudier sérieusement, permet d'atteindre des résultats spirituels utiles... Et puis, lorsqu'il s'agit de la Parole de Dieu, comprendre est inutile si cette compréhension ne porte pas à agir". Dans son commentaire de Job, où il suit la tradition patristique, Grégoire "examine le texte à la lumière de son triple sens, littéraire, allégorique et moral... L'idéal moral qu'il commente consiste toujours dans la réalisation d'une intégration harmonieuse entre parole et action, pensée et engagement, prière et service de son état... Ce grand Pape -a ajouté Benoît XVI- trace également pour le vrai croyant un complet projet de vie, qui fut durant le Moyen-âge une sorte de somme de la morale chrétienne".
Son écrit le plus célèbre, la Règle pastorale, propose "un portrait de l'évêque idéal, maître et guide de son troupeau... Le pasteur est avant tout le prédicateur par excellence. C'est pourquoi il doit être avant tout un exemple". Puis le Saint-Père a souligné combien toute "action pastorale efficace doit bénéficier de la connaissance des destinataires et s'adapter à leur situation". Grégoire insistait aussi "sur le devoir qu'a l'évêque de reconnaître chaque jour sa misère afin que l'orgueil ne rende pas vaine l’œuvre accomplie aux yeux du grand Juge... Tous ces précieux conseils -a-t-il ajouté- montrent la haute conception qu'avait ce Pape du soin des âmes dans ce qu'il nommait l'Ars Artium, l'art des arts... Le dessein théologique qu'il développa dans son œuvre, le passé, le présent et l'avenir sont relativisés. Pour lui, ce qui compte avant tout est la séquence de l'histoire du salut qui se manifeste quels que soient les méandres du temps... Pour lui, les guides des communautés chrétiennes se doivent de lire les événements à la lumière de la Parole".
Enfin Benoît XVI a rappelé que parmi ses relations, Grégoire I avait favorisé celles avec les Patriarches d'Antioche et de Constantinople, "se préoccupant sans cesse d'en respecter les droits et évitant toute interférence risquant d'en limiter la légitime autonomie... Si pour des raisons politiques il s'opposa au titre œcuménique du Patriarche de Constantinople...il fut surtout préoccupé...pour l'unité fraternelle de l'Église universelle. Il était surtout profondément convaincu que l'humilité devait être la vertu première de tout évêque mais aussi des patriarches".
Au fond de lui, a également noté le Saint-Père, "Grégoire resta un simple moine contraire aux titres, voulant pour lui seulement être le Servus Servorum Dei, le serviteur des serviteurs de Dieu... Ému par l'extrême humilité de Dieu dans le Christ qui se fit notre serviteur...il estimait que tout évêque devait l'imiter". Si le vœu de ce Pape resta de "vivre en moine en contact avec la Parole, il sut -a conclu Benoît XVI- se faire le serviteur de tous en un temps de tribulations. Serviteur des serviteurs, il fut grand et nous enseigne encore ce qu'est la véritable grandeur".
A lire aussi sur le site des jeunes cathos: "Elu pape en 590, Grégoire le Grand se dévoue auprès des pestiférés et des misérables. En même temps, il réorganise l'Église romaine, fixe la liturgie, réforme la discipline ecclésiastique, propage l'ordre bénédictin, envoie des missionnaires en Angleterre."
Mémoire de saint Grégoire le Grand, pape et docteur de l'Église. Après avoir commencé
la vie monastique, il fut chargé de mission à Constantinople et fut enfin élu
en ce jour, en 590, au siège de Rome. Serviteur des serviteurs de Dieu, il
organisa les affaires temporelles et veilla aux intérêts de la religion. Il se
montra vrai pasteur en dirigeant l'Église, en subvenant de toutes les manières
aux besoins des pauvres, en favorisant la vie monastique, en affermissant
partout la foi ou en la propageant, et il écrivit aussi, beaucoup et
excellemment, sur la morale et la pastorale. Il mourut le 12 mars 604.
Martyrologe romain
"Ce sont les vices de la chair et non pas la chair elle-même qu'il faut détruire. En effet si la chair est parfois séductrice, elle peut également constituer une aide pour le Bien." Saint Grégoire - Morales 2
SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/1787/Saint-Gregoire-le-Grand.html
Jacquemart de Hesdin, Pseudo-Jacquemart, Maître de la Mazarine. Saint Grégoire, Grandes Heures de Jean de Berry (fol. 100)
SAINT GRÉGOIRE LE GRAND.
C’était au sixième siècle, du temps de Justinien Ier
et de Phocas. Je n’essayerai pas de tracer l’esquisse de la situation où se
trouvait le monde, mais de saisir le caractère de saint Grégoire le Grand.
Parmi les agitations terribles d’un siècle en fureur, un homme se rencontra qui
mit le bonheur de sa vie dans la méditation et l’interprétation de l’Écriture
sainte. La paix, cette source vive d’où coule la contemplation, la paix fut le
don de cette âme si entourée d’agitations. Moine d'abord, il s’absorba dans la
prière et la réflexion. Pendant la peste qui désola Rome, il fit faire pendant
trois jours une procession générale où parurent pour la première fois tous les
abbés avec tous leurs moines, toutes les abbesses avec toutes leurs
religieuses. L’image de la sainte Vierge fut portée en cette solennité. Et l’on
raconte que sur son passage l’air corrompu s’écartait pour lui faire place, et que,
sur le sommet du mausolée de l'empereur Adrien, saint Grégoire aperçut un ange
qui remettait son épée dans le fourreau. C’est á l’image de cet ange debout sur
le monument que se rattache le nom que ce monument porte encore aujourd’hui.
C'est le château Saint-Ange. Cependant, Grégoire était menacé du souverain
Pontificat. Pour échapper au péril, il s’enfuit déguisé. La fuite fut inutile.
II fut enlevé d’une caverne oú il s’était caché, amené á Rome malgré sa
résistance et couronné Ic 3 septembre 590.
Aux lettres de félicitations qui lui arrivèrent de tous
côtés il répondit par des larmes et des gémissements. « J’ai perdu,
écrivait-il á la soeur de l’empereur-, tous les charmes du repos. Je parais
monter au dehors, je suis tombé au dedans. Et d'ailleurs, je suis tellement
accablé de douleur que je puis à peine parler. De quelle région tranquille je
suis tombé, et dans quel abîme d’embarras ! »
I1 écrivait à son ami André : « Pleurez, si vous m’aimez,
car il y a tant ici d’occupations temporelles, que je me trouve, par cette
dignité, presque séparé de l’amour de Dieu. » Il disait au diacre Pierre : «
Mon chagrin est toujours vieux par sa durée et toujours nouveau par sa
croissance. Ma pauvre âme se rappelle ce quelle était autrefois au monastère,
planant sur tout ce qui se passe et sur tout ce qui change, quand elle
franchissait la prison du corps par la contemplation. Maintenant je supporte
les mille affaires des hommes du siècle. Je suis souillé dans cette poussière,
et quand je veux retrouver ma retraite intérieure, j’ y reviens amoindri. »
Et en effet, quel labeur sur lui! Quel poids sur ses épaules!
En Afrique, le donatisme; en Espagne, l’arianisme ; en Angleterre, l’idolâtrie
; en Gaule, Frédégonde et Brunehaut; en Italie, Ies Lombards; en Orient, l’arrogance
des patriarches de Constantinople. La sollicitude de saint Grégoire s’étendit
partout. Elle était large et profonde comme l’Océan. Elle allait d’un bout du monde
á l’autre, soignant toutes les plaies. Les pauvres du monde entier étaient
l’objet direct de ses soins continuels. Il les recevait á table. Saint Grégoire
le Grand dînait entouré de mendiants. Un jour qu’il allait lui-même chercher
pour l’un d’entre eux ce qu’il faut pour se laver, pendant qu’il préparait le
bassin, le pauvre disparut, mais la nuit suivante Jésus-Christ apparut á son
Vicaire et lui dit : « Vous me recevez ordinairement en mes membres, mais hier
c’est Moi-même que vous avez reçu. »
Saint Grégoire le Grand inaugura, pour signer ses
lettres, la formule sublime : Serviteur des serviteurs de Dieu.
Pendant qu’il était moine, sa mère lui envoyait chaque
jour pour sa nourriture quelques légumes dans une écuelle d’argent. Arrive un
pauvre marchand qui dit avoir fait naufrage, avoir tout perdu, et qui demande
secours. Saint Grégoire lui donne six pièces d’argent, puis six autres. Puis,
après bien des dons, le pauvre se représentant toujours, saint Grégoire donne
l’écuelle d’argent, dernier débris de son ancienne argenterie.
Bien des années se passèrent; saint Grégoire était
Pape. « Invitez aujourd’hui douze pauvres à ma table, » avait-il dit á son
intendant. II entre dans la salle á manger; au lieu de douze pauvres, il y en
voit treize. II interroge l’intendant. «Pourquoi treize ? — Très-Saint Père, il
n’y en a que douze. » Saint Grégoire en voyait treize. Mais l’un d’entre eux
changea de visage pendant le repas : «c Votre nom? lui dit Grégoire; je vous supplie
de me dire votre nom. — Pourquoi me demandez-vous mon nom, qui est admirable? répond
le pauvre. Je suis ce marchand à qui vous avez donné l’écuelle de votre mère.
Pour cette écuelle d’argent que vous m’avez donnée, Dieu vous a donné le trône
et la chaire de saint Pierre. Je suis l’ange que Dieu avait envoyé vers vous pour
éprouver votre miséricorde. »
A travers cette quantité d’oeuvres et ces prodiges de
vie active, saint Grégoire alimentait en lui, par l’Écriture Sainte, la vie
contemplative. J’arrive k ce qu’il a de particulier, d’intime, de spécíal. C’est
l’interprétation symbolique de l’Écriture Sainte. Sans oublier, bien entendu,
la réalité du sens historique, saint Grégoire approfondit le sens symbolique avec
une profondeur et une audace vraiment extraordinaires. II faut traduire et citer
quelques passages de son interprétation relative à Job et à Ezéchiel :
« Est-ce toi qui lèves á ton heure l’étoile du matin,
et qui fais venir le soir sur les fils de la terre ?
« Est-ce á toi que sont ouvertes les portes de la
mort?
« Est-ce toi qui as vu les entrées ténébreuses?
« Est-ce toi qui as donné tes ordres á la première
lueur du jour et qui as dit á l’aurore : Voici
ta place?
« Qui done peut ces choses, sinon le Seigneur?
« Et cependant l’homme est interrogé, afin que son
impuissance lui devienne plus évidente. Celui qui a grandi par d’immenses
vertus et qui ne voit plus d’homme au-dessus de sa tête, il faut que celui-là,
afin qu’il évite l'orgueil, soit comparé à Dieu pour être écrasé sous la
comparaison. Mais, ô quelle puissante exaltation que cette humiliation qui tombe
de si haut ! Quelle gloire pour cet homme, qui n’apparait petit que quand Dieu
provoque avec lui-même une comparaison ! Comme il écrase les homme s du poids
de sa grandeur, celui à qui Dieu dit : « Voilà mes témoins; tu es moins grand
que moi. » A quelle puissance il faut être arrivé, pour être convaincu de son
impuissance par une sublime interrogation! »
Saint Grégoire parle de justice et de miséricorde. Il
s’interrompt tout à coup par une apparente digression !
« Voici, pendant que je vous parle, que Joseph frappe
à la porte de mon esprit. II veut rendre témoignage à mes paroles. Quand il
avait innocemment raconté á ses frères la vision de sa grandeur future, il avait
excité leur envie. Vendu par ses mêmes frères aux Ismaélites et conduit en Égypte,
il fut élevé au pouvoir par un effet merveilleux de la puissance divine. Ses
frères, poussés en Égypte par la famine, se prosternèrent devant lui, le front
contre terre. Ils l’avaient vendu, de peur de se prosterner, et ils se prosternèrent
parce qu’ils l’avaient vendu. »
Les mots mystérieux de l’Écriture s’ouvrent
mystérieusement à l’esprit de saint Grégoire.
« Tu sauras, dit Eliphaz á Job, tu sauras que ton
tabernacle a la paix; et, visitant ton image tu ne pécheras pas. »
Le tabernacle, c'est le corps. « Mais, ajoute saint
Grégoire, il n’est pas de chasteté sans douceur, L’image d’un homme, c’est un
autre homme. Notre prochain est notre image; car il nous montre ce que nous sommes.
La visite corporelle se fait avec les pieds , la visite spirituelle se fait
avec le coeur. L’homme visite son image quand, porté sur les ailes de la
tendresse, il se considère dans autrui et tire des réflexions qu’il fait sur
lui-même la force de secourir le faible. La vérité a dit par la bouche de Moïse
que la terre a produit une herbe et que chaque herbe se reproduit comme elle
est, que le bois porte son fruit. »
« L’arbre produit en effet une semence semblable à
lui, quand notre pensée transporte sur un autre la considération qu’elle a
tirée d’elle-même et produit la semence d’un bienfait : « Faites aux autres ce
que vous voulez qu’ils vous fassent. »
Et ailleurs :
« Que le Seigneur, dit Job, exauce mon désir ! Remarquez
ce mot ; mon désir. La vraie prière n’est pas dans le son de la voix, mais dans
la pensée du coeur. Ce ne sont pas nos paroles, ce sont nos désirs qui font,
auprès des oreilles secrètes de Dieu, la forcé de nos cris. Si nous demandons
de bouche la vie éternelle, sans la désirer du fond du coeur, notre cri est un
silence. Si, sans parler, nous la désirons du fond du coeur, notre silence est
un cri. »
Écoutez saint Grégoire sur les paroles de Dieu aux
amis de Job : « Vous n’avez pas parlé juste devant moi, comme mon serviteur
Job. »
« Ô Seigneur, quelle distance de notre obscurité à
votre lumière ! Vous jugez que Job est vainqueur et bieuheureux; et nous, nous
avions cru qu’il avait blasphémé ! Vous jugez que ses amis sont coupables, et
nous avions cru qu’ils avaient plaidé votre cause ! Mais comment se fait-il
done que tout à l’heure Dieu a paru blâmer Job? Maintenant il le glorifie. Il
semble répéter la parole qu’il a dite à Satan : As-tu vu mon serviteur Job ? Je
n’en ai pas de pareil sur la terre. Qu’est-ce que cela veut dire ? Dieu fait
l’éloge de Job à Satan, Dieu fait l’éloge de Job á ses amis. Dieu reprend Job,
quand il lui parle à lui-même. C’est que celui qui est excellent si on le
compare aux autres, n’est pas sans tache aux yeux de Dieu. »
Saint Grégoire appuie sur ces noms et en tire de
grandes lumières. Eliphaz signifie : mépris de Dieu, Il prend seulement la
défense de Dieu, mais il le méprise, parce que, dit saint Grégoire, il le défend
avec orgueil. Baldad veut dire : la vieillesse seule, parce que, dit saint
Grégoire, le vieil homme parle seul par sa bouche. Sophar veut dire :
destruction du miroir, parce que, dit saint Grégoire, il est hostile à la
contemplation de Job.
Pour saint Grégoire, tous les mots portent.
II y avait sur la terre de Hus un homme nommé Job,
simple et droit.
La (erre de Hus représente la gentilité; et le mérite
de Job est relevé aux yeux de saint Grégoire par cette circonstance : il était
entouré de païens.
Simple et droit.
II y en a qui sont simples et qui ne sont pas justes.
Ceux-là abandonnent l’innocence de la simplicité, parce qu’ils ne s’élèvent pas
á la puissance de la justice.
Saint Grégoire trouve tout dans l’Écriture. Elle est pour
lui, dit-il, la tour d’où pendent mille boucliers.
II puise en elle ses hautes pensées sur la charité ;
ií recommande á l’homme de s’aimer lui-même et d’avoir pitié de son âme, et
d’aimer son prochain comme lui-même. Et comme il doit l’indignation à ses propres
fautes, il la doit aux fautes de son prochain; s’il ne s’indigne pas contre son
frère coupable, c’est qu’il ne l’aime pas.
Ainsi la colère de l’Amour, tant célébrée par de
Maistre, était réclamée par saint Grégoire. De même, dit-il, nous pouvons sans
aucune faute nous réjouir de la ruine de notre ennemi et nous affliger de son
triomphe ; si sa chute fait du bien, nous devons nous en réjouir. Si son triomphe
est le triomphe de l’injustice, nous devons le déplorer. Dans ces cas, notre
joie ou notre tristesse ne va pas droit á lui, mais se déploie autour de lui. Mais
il faut examiner avec soin quel est alors le point de départ de notre
sentiment.
II est difficile de pousser plus loin que saint
Grégoire l’esprit du symbolisme. Chaque personne, chaque chose nommée dans l’Écriture
lui présente une signification spirituelle qui s’adapte singulièrement et ingénieusement
á la nature humaine et á l’histoire, á l’individu, á la société, au peuple
juif, à la gentilité.
Très souvent même les crimes les plus énormes que
raconte l’Écriture se colorent pour lui d’une couleur surprenante et
inattendue. II y voit la figure détournée des choses les plus divines. Saint
Grégoire est d’une telle hardiesse dans ses aperçus, dans ses interprétations,
dans ses contemplations, qu’on oserait á peine aujourd’hui traduire tout ce
qu’il osait dire. On craint d’étonner le lecteur ; car la timidité est un des
fléaux qui frappent une époque corrompue. L’extrême liberté du langage de saint
Grégoire tient á l’innocence de ses pensées. Sa grande hardiesse vient de sa
pureté. Tout est pur á ceux qui sont purs, et son regard plonge dans les abîmes
pour y voir l’image renversée des choses qui sont sur les montagnes. Mais dans
les intelligences misérables et abaissées, la suspicion règne en souveraine.
Saint Grégoire, simple et grand, a confiance dans sa
simplicité et dans la grandeur de ceux qui le lisent et qui l’écoutent.
Non-seulement il ose tout dire, même dans un sermon, mais il remplit ses
auditeurs des lumières qu’il croit leur devoir. II explique magnifiquement
cette magnifique correspondance entre le peuple chrétien et l’orateur chrétien,
après s’être entouré lui-même des significations imprévues et profondes qu’il a
trouvées dans Ezéchiel. « Très souvent, dit-il, quand je suis seul, je lis l’Écriture
sainte et je ne la comprends pas, J’arrive au milieu de vous, mes frères, et
tout à coup je comprends. Cette intelligence soudaine m’en fait désirer une
autre. Je voudrais savoir quels sont ceux par les mérites de qui l’intelligence
me vient tout á coup. Elle m’est donnée pour ceux en présence de qui elle m’est
donnée. Aussi, par la grâce de Dieu, pendant que l’intelligence grandit en moi,
l’orgueil baisse. Car c’est au milieu de vous que j’apprends ce que je vous enseigne.
Je vais vous l’avouer, mes enfants, la plupart du temps, j’entends à mon
oreille ce que je vous dis dans le moment où je vous le dis. Je ne fais que
répéter. Quand je ne comprends pas Ezéchiel, alors je me reconnais; c’est bien
moi, c’est l’aveugle. Quand je comprends, voilà le don de Dieu qui me vient á
cause de vous. Quelquefois aussi je comprends l’Écriture dans le secret. Dans
ces moments-là, c’est que je pleure mes fautes, les larmes seules me plaisent.
Alors je suis ravi sur les ailes de la contemplation. »
Ainsi, seul ou entouré de ses chers auditeurs qu’il
regarde comme ses inspirateurs, il scrute l’Écriture avec une audace qui
épouvanterait nos misérables habitudes. Je cite des choses simples qui vont
toutes seules; car je pense au lecteur; je supprime l’étonnant.
Les paroles de Dieu á Job retentissent aux oreilles de
saint Grégoire dans tous les mondes: dans le monde physique, dans le monde
intellectuel, dans le monde moral.
« Où étais-tu, dit le Seigneur, quand je posais les fondements
de la terre? »
Les fondements de la terre signifient, entre autres
choses, pour saint Grégoire, la crainte de
Dieu.
Et alors Dieu parle á l’homme à peu près en ces termes
: Pendant que tu ne pensais pas á moi, je posais ma crainte au fond de ton âme.
Par là je posais la pierre angulaire de l’Église future, de sa sainteté, de ton
salut. Mais où étais-tu dans ce moment ? Tu ne pensais pas à moi. Ne t’attribue
donc pas le mérite de ma grâce, puisque c'est moi qui l’ai prévenu.
As-tu pénétré dans les profondeurs de la vie ?
La vie, c’est le coeur humain. Dieu entre dans ses
profondeurs quand il lui révèle sa misère, quand il lui étale sa confusion. Il
pénètre au profond de l’abîme quand il convertit les désespérés.
T’es-tu promené dans les derniers Abîmes ?
L’abîme c’est nous-même, c’est notre cceur qui ne peut
pas se comprendre, et qui est à lui-même une nuit très profonde. Quand l’homme
se repent après de grands crimes, c’est qu’alors Dieu se promène dans les
derniers abîmes. Il apaise les flots invisibles qui soulevaient l’océan profond
du coeur-
Le prophète a vu cette promenade quand il a dit : Les
démarches de Dieu me sont apparues, les démarches de mon Dieu et de mon Roi.
Celuí qui apaise les mouvements désordonnés de son âme
par le souvenir des jugements de
Dieu contemple la promenade du Seigneur au fond de
lui.
« Connais-tu la route du tonnerre qui gronde?
« Souvent, dit saint Grégoire, c’est le Dieu incarné
qui est signifié parle tonnerre. II sort, pour se faire entendre á nous, du
fond des prophéties, comme le tonnerre du choc des nuages. C’est pourquoi les
saints Apôtres, fils de sa grâce, ont été appelés fils du tonnerre.
« Le prédicateur, qui, lui aussi, est le tonnerre, peut
bien faire retentir ses paroles á vos oreilles; mais il ne peut pas ouvrir vos
coeurs. Si le Dieu Tout-Puissant ne lui en livre pas l’entrée, sa parole
retentit en vain. C’est pourquoi, le Seigneur, qu’il ouvre sa route á la foudre,
parce que, pendant notre discours, il frappe vos âmes de sa terreur. Saint Paul
le savait bien. Il connaissait son impuissance. Il demandait á ses disciples
leurs prières, afin que le Seigneur lui ouvrit la porte du Verbe afin de porter
le mystère du Christ. »
Il faudrait tout citer. A chaque mot du récit, saint
Grégoire aperçoit une multitude immense de sens symboliques et moraux qui
surgissent de tous côtés. « D’où viens-tu ? dit Dieu á Satan, au commencement du
livre de Job » — Dieu interroge, comme s’il ne savait pas, parce que, pour Dieu,
ignorer c’est maudire. Je ne vous connais
pas : voilà, dans la bouche de Dieu, une des formules de malédiction.
Cet homme, immense par la pensée, s’occupait de chaque
homme comme de lui-même et souffrait de toutes les souffrances du genre humain.
« Sachez, écrivait-il à un évêque, que ce n’est pas
assez d’être retiré, studieux, homme d’oraison, si vous n’avez la main ouverte
pour subvenir aux nécessités des pauvres ! Un évêque doit regarder la pauvreté
d’autrui comme la sienne propre, C’est à tort que vous portez le nom d’Évêque,
si vous faites autrement. »
Quant à lui saint Grégoire, ayant appris qu’un pauvre
était mort dans un village écarté, sans qu’on sût au juste comment il était
mort, craignant qu’il ne fût mort faute de nourriture ou de soins, il tomba
dans une telle douleur que, cherchant pour lui-même une pénitence égale à la
faute dont il se croyait coupable, il se condamna à passer plusieurs jours sans
dire la messe.
Ernest Hello. Physionomies de saints
Saint Grégoire le Grand
pour le quatorzième centenaire de
Fais ce que tu
peux !
Messagers : vous
aussi, si vous le voulez, vous pouvez mériter ce grand nom. Car si chacun de
vous, selon ses capacités, selon qu’il a reçu la grâce d’une inspiration d’en
haut, détourne son prochain du mal, prend soin de l’exhorter à bien agir,
annonce à l’égaré le royaume ou le châtiment éternel, alors, du fait que sa
parole porte la sainte annonce, il est un messager. Et que personne ne
dise : « Je suis incapable de conseiller ; je suis inapte à
exhorter. » Fais ce que tu peux, de peur qu’on ne te fasse rendre dans les
tourments ce que tu avais reçu et lâchement conservé. Il n’avait pas reçu plus
d’un talent, celui qui eut soin de le cacher plus que de le mettre en circulation.
Dans la mesure où vous
pensez avoir progressé, entraînez aussi d’autres que vous. Désirez des
compagnons sur la route de Dieu. Si l’un de vous, frères, se rend sur la place
publique ou encore au bain et aperçoit un flâneur, il l’invite à venir avec
lui. Alors, que votre action même dans la vie courante vous fasse vous
rencontrer : si vous tendez vers Dieu, tâchez de ne pas aller seuls à lui.
St Grégoire le Grand
Saint Grégoire le Grand
(† 604), docteur de l’Église, fut préfet de Rome, moine et fondateur, diacre,
légat, puis pape de 590 à 604. / Homélies sur les Évangiles, 6, 6, trad. R.
Étaix, C. Morel et B. Judic, Paris, Cerf, 2005, Sources Chrétiennes, n° 485, p.
189-191.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/samedi-27-aout/meditation-de-ce-jour-1/
Si quelqu’un vient à moi
Il y a cette différence
entre un édifice terrestre et un édifice céleste : le premier se construit
en rassemblant des ressources, le second en les dispersant. On fait des frais
pour celui-là en amassant ce que l’on n’avait pas, on fait des frais pour
celui-ci en abandonnant ce qu’on possède. Ces frais, il ne put les faire, le
riche qui possédait de grands biens et qui pria le maître en
disant : « Bon maître, que dois-je faire pour acquérir la vie
éternelle ? » (Mt 19, 16). Quand il eut entendu l’ordre de tout
quitter, il s’en alla tout triste, le cœur d’autant plus serré qu’il était
au-dehors plus au large dans ses possessions. Parce qu’en cette vie, il aimait
les frais des grandeurs, il ne voulut pas, en marchant vers la patrie
éternelle, des frais de l’humilité.
Que celui qui le peut
quitte tout ! Que celui qui ne peut tout quitter envoie en ambassade, tant
que le Roi est loin, le don de ses larmes, de ses aumônes, de ses saints
sacrifices !
« Ainsi donc celui
d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être
mon disciple » ; et pourtant le Seigneur apporte le remède qui fait
espérer le salut, car celui dont la colère ne peut être supportée veut être
apaisé par l’ambassade qui demande la paix.
St Grégoire le Grand
Docteur de l’Église, saint Grégoire le Grand fut pape de 590 à 604, date à laquelle il mourut. / Homélies sur l’Évangile I, 37, 6.10, trad. G. Blanc, R. Étaix et B. Judic, Paris, Cerf, coll. « Sources Chrétiennes » 522, 2008, p. 435-437, 447-449.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/dimanche-4-septembre/meditation-de-ce-jour-1/
D’étroite, elle devient
large
Ce qui fait la grandeur
des œuvres, c’est dans l’âme l’ampleur de la charité, qui leur donne leur large
dimension. Il est écrit en effet de la charité : Large est ton
commandement, très large (Ps 118, 96). Et le Psalmiste en dit
encore : Tu as mis au large mes pas (Ps 30, 9).
Mais voici qu’une
question me vient à l’esprit, tandis que je parle : comment est-elle
large, la charité ? On parvient jusqu’à Dieu par la charité ; or la
Vérité en personne déclare : « Entrez par la porte
étroite » (Mt 7, 13 ; cf. Lc 13, 24). Comment la charité
est-elle large, si la porte est étroite ?
Mais ce problème, la
charité elle-même a tôt fait de le résoudre : le chemin de Dieu est étroit
pour les commerçants, et large pour ceux qui mènent déjà la vie parfaite. Cet
effort que se propose spirituellement notre cœur, contre l’habitude, est dur.
Mais cependant le fardeau de Dieu est léger une fois que nous nous sommes mis à
le prendre sur nous, au point que pour son amour nous trouvons bonne la
persécution, et que toute affliction soufferte pour lui devient douceur pour
l’âme, comme pour les saints Apôtres, qui se réjouissaient d’endurer les fouets
pour le Seigneur. Cette porte étroite se fait donc large pour ceux qui aiment,
ces durs chemins se font tapis moelleux pour ceux qui courent au souffle de l’Esprit :
le cœur sait qu’en échange de souffrances passagères il reçoit des joies
éternelles, et l’être affligé commence à aimer.
St Grégoire le Grand
Saint Grégoire le Grand
(† 604), docteur de l’Église, fut préfet de Rome, moine et fondateur, diacre,
légat, puis pape de 590 à 604. / Homélies sur Ézéchiel, II, 5, 12-13, trad. Ch.
Morel, Paris, Cerf, coll. « Sources Chrétiennes » 360, 1990, p
253-255.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/mercredi-26-octobre/meditation-de-ce-jour-1/
SOURCE : http://missel.free.fr/Sanctoral/09/03.php
SAINT GRÉGOIRE LE GRAND
C'est à bon droit que cet illustre Pape est appelé le Grand; il fut, en effet, grand par sa naissance, -- fils de sénateur, neveu d'une sainte, la vierge Tarsille; -- grand par sa science et par sa sainteté; -- grand par les merveilles qu'il opéra; -- grand par les dignités de cardinal, de légat, de Pape, où la Providence et son mérite l'élevèrent graduellement.
Grégoire était né à Rome. Il en occupa quelques temps la première magistrature, mais bientôt la cité, qui avait vu cet opulent patricien traverser ses rues en habits de soie, étincelants de pierreries, le vit avec bien plus d'admiration, couvert d'un grossier vêtement, servir les mendiants, mendiant lui-même, dans son palais devenu monastère et hôpital. Il n'avait conservé qu'un seul reste de son ancienne splendeur, une écuelle d'argent dans laquelle sa mère lui envoyait tous les jours de pauvres légumes pour sa nourriture; encore ne tarda-t-il pas de la donner à un pauvre marchand qui, après avoir tout perdu dans un naufrage, était venu solliciter sa charité si connue.
Grégoire se livra avec ardeur à la lecture des Livres Saints; ses veilles, ses mortifications étaient telles, que sa santé y succomba et que sa vie fut compromise. Passant un jour sur le marché, il vit de jeunes enfants d'une ravissante beauté que l'on exposait en vente. Apprenant qu'ils étaient Angles, c'est-à-dire du pays, encore païen, d'Angleterre: "Dites plutôt des Anges, s'écria-t-il, s'ils n'étaient pas sous l'empire du démon." Il alla voir le Pape, et obtint d'aller prêcher l'Évangile à ce peuple; mais les murmures de Rome forcèrent le Pape à le retenir.
Le Souverain Pontife étant venu à mourir, Grégoire dut courber ses épaules sous la charge spirituelle de tout l'univers. L'un des faits remarquables de son pontificat, c'est l'évangélisation de ce peuple anglais dont il eût voulu lui-même être l'apôtre.
Grégoire s'est rendu célèbre par la réforme de la liturgie et le perfectionnement du chant ecclésiastique. Il prêchait souvent au peuple de Rome, et lorsque la maladie lui ôtait cette consolation, il composait des sermons et des homélies qui comptent parmi les chefs-d'oeuvre de ce grand docteur. Son pontificat fut l'un des plus féconds dont s'honore l'Église. Grégoire mourut le 12 mars 604. On le représente écoutant une colombe qui lui parle à l'oreille. Il est regardé comme le patron des chantres.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.
SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/saint_gregoire_le_grand.html
Des miracles quotidiens qui passent inaperçus
Les miracles quotidiens de Dieu ont perdu leur valeur
du fait de leur répétition. Voici que se cache, dans une seule graine d’une
très petite semence, la masse entière de l’arbre qui naîtra. Mettons bien
devant nos yeux l’étonnante grandeur d’un arbre, quel qu’il soit ; pensons
au point d’où il a commencé de croître pour parvenir à cette imposante masse.
Nous trouvons sans aucun doute son origine dans la très petite semence.
Maintenant examinons où se cachent dans cette petite graine la force du bois,
la rudesse de l’écorce, le piquant de la saveur et de l’odeur, l’abondance des
fruits, la verdeur des feuilles. Au toucher, la graine n’est pas robuste :
d’où vient donc la dureté du bois ? Elle n’est pas rugueuse : d’où
sort la rudesse de l’écorce ? Elle est sans saveur : d’où vient la
saveur des fruits ? Elle ne sent rien : d’où vient l’odeur qui
s’exhale des fruits ? Elle ne montre rien de vert : d’où est sorti le
vert des feuilles ? Tout est caché en même temps dans la semence, mais
tout ne sort pas en même temps de la semence. La semence produit la racine, de
la racine sort la pousse, de la pousse naît le fruit, et dans le fruit se
reforme la semence. Ajoutons donc que la semence aussi se cache dans la
semence. Qu’y a-t-il d’étonnant à ce qu’il fasse revenir de la poussière les
os, les nerfs, la chair et les cheveux, celui qui chaque jour fait sortir d’une
petite semence le bois, les fruits, les feuilles, dans la masse imposante d’un
arbre ?
St Grégoire le Grand
Saint Grégoire le Grand († 604), docteur de l’Église,
fut préfet de Rome, moine et fondateur, diacre, légat, puis pape de 590 à 604.
/ Homélies sur l’Évangile XXVI,12, trad. G. Blanc, R. Etaix et B. Judic, Paris,
Cerf, 2008, Sources Chrétiennes 522, p. 157-159.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/dimanche-13-juin/meditation-de-ce-jour-1/
SOURCE : http://viechretienne.catholique.org/saints/64-saint-gregoire-le-grand
SOURCE : http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2008/documents/hf_ben-xvi_aud_20080528_fr.html
Chers frères et sœurs,
SOURCE : http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2008/documents/hf_ben-xvi_aud_20080604_fr.html
Le plus grand pape de l’histoire… ne voulait pas être
pape
Aliénor
Goudet | 02 septembre 2020
Doté d’une grande sagesse et d’une plume tout aussi
aiguisée, le pape Grégoire Ier (590-604) a permis d’apporter un peu de répit à
l’Italie du VIe siècle, agitée par les conflits et dévastée par la peste. C’est
pourtant bien contre son gré que cet humble moine s’est retrouvé à la tête de
l’Eglise. Avant de prendre place sur le trône de saint Pierre… il a bien tenté
de fuir.
Monte Caelio, 590. Il y a bien longtemps que la nuit
est tombée sur Rome et ses alentours. Malgré cela, quelqu’un ne dort toujours
pas au monastère de Saint-André. Au lieu de chercher le sommeil, le père
Grégoire fourre ses quelques vêtements et nombreux livres dans deux sac, à la
seule lueur d’une petite bougie. Il doit se hâter, car l’escorte qui doit
l’emmener à Rome ne tardera pas.
Qui a eu l’idée farfelue de le choisir comme
successeur du saint pontife ? Lui, petit moine de rien du tout ? Mais ça, le peuple
ne veut pas l’entendre. Même la missive qu’il a envoyé à l’empereur pour
plaider sa cause a été intercepté. Enfin prêt, le monial enfile ses sacoches et
quitte le monastère sur la pointe des pieds.
Il prend le chemin qui descend la colline en direction
opposé de la ville du trône de saint Pierre. Heureusement, la lumière de la
pleine lune lui donne une bonne visibilité. Avec un peu de chance, il atteindra
le village avant l’aube. Après quelque temps, des claquements se font entendre.
Un petit âne, chevaucher par une silhouette familière, trotte tranquillement
pour le rattraper.
– Il est bien tard pour une balade nocturne, tu ne
crois pas ? demande le père Valentin, ralentissant le pas de sa monture.
Bien sûr. Qui d’autre que Valentin, ami fidèle et père
supérieur du monastère aurait pu deviner exactement où il se rendait ? Grégoire
sait qu’il ne peut fuir, chargé comme il l’est. Mais il ne s’arrête pas.
– Tu sais aussi bien que moi que je ne suis pas digne
de cette tâche. Je ne suis même pas évêque. J’ai choisi la vie monastique pour
servir Dieu dans l’humilité et la paix.
À sa grande surprise, Valentin n’essaye pas de le
raisonner ou de lui barrer le chemin. Au contraire, il descend de sa monture et
marche à ses côtés.
– Pourtant tu refuses le chemin sur lequel il
t’envoie, remarque ce dernier.
– Ce n’est pas Dieu mais les hommes qui m’ont élu.
– Ta clarté d’esprit a fait de toi le meilleur apocrisiaire (représentant de l’Église de Rome) de Constantinople. Rome est en péril. Tes dons de médiateurs sont nécessaires pour faire face à ces fléaux. Ne le vois-tu pas ?
Lire aussi :
Sainte Monique, les larmes d’une mère pour son enfant perdu
Les paroles de Valentin ne laissent pas Grégoire de
marbre mais il ne peut se résoudre à croire que c’est lui dont Rome a besoin.
Les débordements du Tibre, la peste, les Lombards qui n’attendent que
l’occasion d’attaquer à nouveau… Que peut-il contre un tel chaos ?
– Je ne suis bon qu’à prier et rédiger des œuvres
pieuses. Comment puis-je faire cela depuis le trône de saint Pierre ?
Cette fois, Valentin fronce les sourcils.
– Si je t’entends bien, tu veux servir Dieu mais
seulement de la manière qui te sied ? Prend garde Grégoire, ceci ne ressemble
guère à de l’humilité. Rappelle-toi qu’il faut servir le Seigneur selon sa
volonté, et non la tienne.
Ces mots éveille en Grégoire le souvenir de sa
consécration à Dieu, et il s’arrête enfin. Son vœu n’était pas seulement un vœu
de service, mais également d’obéissance. Que ce soit par peur ou par désir de
confort, cette fuite le rendait encore plus indigne de Dieu qu’il ne se l’était
déjà. Ah, quel benêt ! Le voici rouge de honte devant le Dieu qu’il aime tant.
Pourtant, l’angoisse ne le quitte pas. Certes, avec
son expérience de conseiller auprès du pape défunt, il sait à quoi s’attendre
mais ne peut s’imaginer résoudre de tels conflits.
– Ne crains rien, lui dit son fidèle ami. Tu ne seras
jamais seul.
Des cris se font entendre en haut de la colline et des
lueurs de torches apparaissent près du monastère. On le cherche pour l’escorter
à Rome.
– Seigneur, songe-t-il, j’irai là où tu me voudras.
Alors, par pitié, n’abandonne pas ton indigne serviteur.
Malgré sa réticence première, Grégoire Ier ne manque
jamais à son devoir de pape. Il meurt le 12 mars 604 et est canonisé cinquante
ans plus tard, après une vie de dévotion envers les malades, de réformes
liturgiques, de négociations pour la paix, et de propagation de la foi au-delà
des frontières. Il est au côté de saint Augustin, saint Ambroise et saint
Jérôme, l’un des premiers docteurs de L’Église. En prenant place sur le trône
de saint Pierre, ce pape s’est fait serviteur de tous.
Lire aussi :
La nuit qui fit basculer la vie de saint Louis
Hom. sur Ézéchiel 9, 31
Qu’enfermé de toutes parts à la manière de l’eau, l’esprit humain se recueille pour s’élever, tel le jet d’eau vers le ciel, tendant toujours à remonter là d’où à est descendu… en se dispersant, le jet d’eau se brise, il se répand alors sans profit ! La citadelle de l’esprit qui n’a pas des murs de silence s’offre aux coups de l’ennemi.
Pastoral III, 14
Il ne peut plus rechercher les petits ruisseaux, celui qui puise à la source même de la Vérité.
Moralia 30, 14, 49
I. Vie
Indiquons rapidement les étapes de la vie de Grégoire qui fut successivement laïc engagé, moine contemplatif et pasteur d’âmes : laïc, il fut préfet de Rome, il transforma ensuite sa vaste demeure du Coelius en monastère. Après y avoir vécu cinq ans, il fut nommé diacre et envoyé comme apocrisiaire à Constantinople de 579 à 586. Il devint pape en 590, vers l’âge de 50 ans. Il mourut en 604.
1. La famille
Grégoire naît à Rome vers 540. Sa famille est patricienne et chrétienne. Son arrière grand-père paternel - Félix III - avait été pape. Son Père Gordianus est sénateur et notaire régionaire - sa mère Silvia sera honorée comme sainte. Les trois sœurs de son père - Tharsilla, Emiliana et Gordiana sont consacrées à Dieu et vivent dans la maison familiale. Tharsilla et Emiliana seront, elles aussi, vénérées comme saintes. Quant à Gordiana pour qui Grégoire se montre sévère, elle ne persévéra pas et épousa un de ses fermiers. On pense que Grégoire avait un frère.
2. Le contexte historique
Le contexte historique est très sombre : en 540 sévit la guerre de reconquête de l’Italie contre les Ostrogoths. En 543 éclate une épidémie de peste noire. On ne sait rien de précis sur la formation intellectuelle de Grégoire. Il dut apprendre le droit et la jurisprudence. Il n’a rien d’un philosophe.
3. Préfet de Rome
Vers 572, Grégoire devint préfet de Rome, il présidait donc au Sénat, il était le plus haut magistrat de la ville.
4. Moine au Coelius
Après avoir longtemps hésité, Grégoire quitte le monde vers l’âge de trente-cinq ans, il distribue ses biens et se fait moine [1]. Il fonde dans sa maison paternelle un monastère dédié à saint André, le Clivus Scauri et fonde six monastères dans ses immenses domaines familiaux en Sicile. Grégoire n’est pas Abbé car un saint religieux nommé Valentin [2] était à la tête du monastère et ce serait un anachronisme de dire Grégoire bénédictin, il est moine et il demeure moine au Coelius plus ou moins cinq ans :
Quittant tout et non à la légère - car longtemps, longuement, j’ai différé la grâce de la conversion à l’état monastique - je gagnai le havre d’un monastère et laissant ce qui est du monde (hélas, je le croyais) je m’échappai nu du naufrage de cette vie.
Moralia, Préface
5. Diacre et apocrisiaire à Constantinople
Mais en 579, Grégoire est ordonné diacre.
Comme l’effort de la tempête lorsqu’elle s’augmente arrache souvent une barque de la rade la plus sûre quand on n’a pas assez soigneusement attaché les câbles, ainsi, soudain, sous le prétexte de mon ordination (au diaconat), je me trouvai tout d’un coup emporté dans la pleine mer des affaires du siècle.
Moralia, Préface
Le pape Pélage II envoie Grégoire comme apocrisiaire - nous dirions comme nonce - à Constantinople auprès de l’empereur Tibère Il auquel succède l’empereur Maurice. Grégoire ne sait pas le grec et il ne l’apprend pas. Il demeure six ans à Constantinople entouré d’un petit groupe de moines de Saint-André. On attend de Grégoire qu’il obtienne de l’empereur de l’aide pour l’Italie. Il écrit alors du moins en grande partie le livre des Moralia sur Job, à la demande de ses frères moines et de son ami Léandre de Séville qu’il connut à Constantinople.
Pour n’avoir pas conservé avec assez de fermeté la paix dont je jouissais dans le monastère, j’ai reconnu en la perdant de quelle importance il est de la conserver quand on la possède… Quoi que l’emploi pour lequel on m’avait obligé de sortir du monastère me fit comme mourir à la vie tranquille par l’épée des occupations extérieures, je ne laissais pas néanmoins, au milieu de ces dissipations importunes, d’aller tous les jours reprendre une vie nouvelle et ranimer mes sentiments de componction dans de saintes lectures et de salutaires entretiens avec mes frères.
Moralia, Préface
6. Retour à la vie monastique
Grégoire revint ensuite à son monastère du Clivus Scauri au Coelius où il resta encore à peu près cinq ans.
7. Le pontificat
En 590, le pape Pélage II mourut de la peste qui sévissait, suite à une inondation du Tibre. Grégoire est élu, il recevra la consécration épiscopale le 3 septembre 590, après une tentative de fuite et après avoir vainement sollicité le veto de l’empereur. Grégoire se dévoue aux pestiférés, institue de grandes processions. La famine sévit car les greniers à blé des bords du Tibre ont été emportés. Grégoire s’occupe très concrètement des malheureux : « Le patrimoine de l’Église est la propriété des pauvres », dit-il. Voici les trois grandes pensées du pontificat de Grégoire : • la défense de l’Italie, • la lutte contre la simonie et l’immoralité du clergé, • la conversion des anglo-saxons.
En somme, Grégoire est vice-roi d’Italie et même de l’Occident, de Constantinople à Séville, de Cantorbery à Alexandrie. Il s’occupe de l’Illyrie, de l’Espagne, de l’Afrique. Il essaie de conclure la paix avec les Lombards, son trait de génie fut d’ailleurs de dissocier le catholicisme de la civilisation romaine.
J’ai vu de mes propres yeux les Romains attachés comme des chiens, la corde au cou, on les menait en Gaule pour les vendre.
Moralia, Préface
Grégoire donnait ordre de racheter les captifs. Il devint le pasteur de l’Occident barbare. Il entretint avec les rois barbares une correspondance suivie. Ce fut en 596 qu’Augustin de Cantorbery fut envoyé aux pays des Angles.
La vie de Grégoire fut une longue souffrance ; sa santé était très déficiente ; mais surtout, accaparé par les misères des temps au point de confondre la fin d’un monde avec la fin du monde qu’il crut - imminente, Grégoire connut la souffrance du mystique vivant parmi les agitations. Il fut malade les trois ou quatre dernières années de sa vie et il mourut le 12 mars 604.
II. Œuvres
1. Relevé des œuvres
Les Moralia sur Job
Les Moralia reproduisent des conférences monastiques de Grégoire données aux quelques moines groupés à Constantinople autour de lui tandis qu’il était apocrisiaire. C’est un ouvrage très long, le plus étendu de toute l’œuvre de Grégoire. Ce commentaire oral fut retouché à plusieurs reprises, les dernières retouches qu’y fit Grégoire datent de la seconde moitié de son pontificat : Moralia 27, 21 par exemple fait allusion au succès de la mission d’Angleterre. La relation avec le texte biblique est très large, le titre indique d’ailleurs que ce livre est une suite d’exhortations morales.
Le Pastoral
Le Liber regulae pastoralis fut composé vers 591. L’évêque Jean de Ravenne reprochait à Grégoire d’avoir voulu se dérober à la charge d’évêque de Rome. Grégoire lui répond [3]. En trois parties d’inégale longueur, Grégoire étudie successivement les conditions requises pour bien exercer la charge pastorale (11 chapitres), les règles de vie du vrai pasteur (11 ch.), les règles de la prédication et de l’enseignement catéchétique (40 ch.). Il termine par un chapitre consacré à une réflexion sur son infirmité personnelle. Le Pastoral témoigne de la sagesse de Grégoire, de son esprit de modération si proche de l’esprit de discrétion qu’il reconnaissait à saint Benoît [4] et de son sens psychologique.
Les Homélies sur l’Évangile
Ces prédications sont destinées à la masse des fidèles, aussi sont-elles très simples et moralisantes. Elles furent prononcées au cours de la messe : inter sacra missarum solemnia. Grégoire estimait en effet qu’un des premiers devoirs de l’évêque était de commenter l’évangile lu à la messe. Ces quarante homélies, prononcées de 590 à 593, furent publiées dès 593. On sait que seules l’homélie 17 et les vingt dernières furent prononcées par le pape Grégoire, les 19 autres durent être lues par un secrétaire, car les crises d’estomac de Grégoire, qui nous renseigne avec grande simplicité sur sa santé, le rendaient aphone.
Les Homélies sur Ézéchiel
Les 22 homélies sur Ézéchiel furent rédigées pour un public à prédominance monastique. Grégoire cependant déclare les avoir prêchées devant le peuple - coram populo - mais il est certain qu’il les reprit et les corrigea à la demande de moines et à leur intention. C’est dans ces homélies, qui forment un vrai traité de la contemplation, que se trouvent les plus belles considérations mystiques de toute l’œuvre de Grégoire.
Les Dialogues
Les Dialogues traitent de la vie et des miracles des saints italiens. Cet ouvrage se présente sous forme de dialogues : une conversation s’échange entre le pape Grégoire et son jeune et ingénu diacre Pierre. On peut dater l’écrit de 593/594. Il se compose d’une suite de récits écrits pour de simples fidèles avides de merveilleux. L’œuvre, qui vise à l’édification populaire, est très attrayante. Si l’on admet et comprend le genre littéraire particulier, on est préparé par là même à le dépasser et à recueillir les pensées profondes de Grégoire.
Des quatre livres qui composent les Dialogues, le deuxième est entièrement consacré à présenter la personnalité de saint Benoît, en qui « réside l’esprit de tous les justes ».
Expositions sur le livre des Rois
Leur authenticité, qui a été contestée, est à nouveau démontrée [5]. Ce livre contient de longs développements sur la grâce de l’onction épiscopale.
Expositions sur le Cantique des Cantiques
Deux homélies authentiques [6]. On en avait longtemps contesté l’authenticité.
Le Registre des Lettres
Ce registre compte 868 lettres, quelques-unes d’entre elles sont attribuées à Pélage II, mais en fait elles sont bien écrites par Grégoire qui était le secrétaire du pape Pélage. Ces lettres permettent au lecteur d’apprécier l’œuvre de gouvernement de Grégoire, elles sont importantes aussi au point de vue de sa théologie morale. Leur qualité humaine et littéraire est exceptionnelle. Il est vrai cependant que dans ces lettres officielles Grégoire a su user, et on le lui reproche, du procédé bien connu de la captatio benevolentiae [7], il ne craint pas de se montrer bienveillant envers la reine Brunehaut ou envers l’empereur Phocas, assassin de l’empereur Maurice.
Œuvre liturgique
Il faut relever l’apport personnel de saint Grégoire dans la composition du formulaire qui porte le nom de Sacramentaire grégorien [8].
2. Le style
À la fin de la préface de ses Moralia sur Job, Grégoire écrit :
C’est une chose indigne de vouloir assujettir aux règles de Donat (le grammairien) les paroles des divins oracles [9].
On s’indigna d’un tel propos, on le prit au tragique ! On parla de la barbarie de Grégoire ! Or, il est évident que Grégoire voulut seulement se séparer du style recherché des décadents. « Ce ne sont pas les valeurs éternelles de l’humanisme que Grégoire refuse, mais les jeux d’une puérilité monstrueuse où se complaisent les derniers lettrés de son temps » [10]. Ce que refuse Grégoire, c’est le verbiage :
Tous nous savons bien que, lorsque les chaumes de moissons aux promesses trompeuses se développent en feuilles, les épis sont moins gonflés de grains.
Ep. miss. 5
La prose musicale de Grégoire est remarquable. Grégoire fait preuve d’une grande délicatesse naturelle et elle transparaît dans son style qu’il met au service de la pensée chrétienne. Ce style rythmé est savant par la structure étudiée des phrases, mais les images pittoresques qui l’émaillent donnent à l’expression un charme presque naïf. Rupert de Deutz (XIIe siècle) a dit très justement des écrits de Grégoire qu’ils ont à la fois une plénitude et une douceur dont l’alliance constitue leur grâce propre.
III. Doctrine spirituelle
Grégoire le Grand est, nous le verrons, le docteur du désir, le docteur de la contemplation dont le désir est l’âme. Toute la doctrine spirituelle de Grégoire s’ordonne autour de la recherche ardente de la contemplation, une contemplation qui n’est pas un bien jalousement gardé mais qui se communique à autrui dans la charité, une contemplation qui ne sera parfaite que dans l’au-delà mais qui est déjà expérience de la foi.
1. Deux thèmes importants
Les trois ordines
Tous les chrétiens sont appelés à la perfection, elle est l’idéal commun aux trois catégories de chrétiens, aux trois ordines : les personnes mariées (conjugati), les moines (continentes), les clercs (praedicatiores ou rectores).
D’une part, il y a le peuple chrétien (le laos d’après le mot grec, la plebs d’après le latin), de l’autre, les clercs, responsables du peuple chrétien : les praesules ou les praepositi. « l’Église est une diversité concordante »(Moralia 28).
Saint Jean Chrysostome déjà avait affirmé que gens du monde et moines ont le devoir d’atteindre le même sommet. Les moyens cependant diffèrent et la distinction des différentes catégories de chrétiens d’après leur état de vie respectif se base sur une différence de moyens déterminés par la différence des vocations. C’est à tous les chrétiens que s’adresse saint Grégoire lorsqu’il dit :
Traitez les affaires temporelles en tendant de toute votre âme aux réalités éternelles.
In Ez. II, 5, 19
Appelées à une même perfection, les trois catégories de chrétiens se distinguent cependant par les degrés de perfection de leur état de vie : gens mariés - moines ou célibataires consacrés à Dieu clercs voués à la prédication ou au service direct du peuple (laos) chrétien, c’est-à-dire des laïcs, voilà la hiérarchie ascendante de Grégoire car dans chacun de ces états de vie, il y a prédominance d’une forme de vie : vie active, vie contemplative, vie mixte et Grégoire met au sommet la vie mixte [11]
.
Vie active, vie contemplative, vie mixte
Parce que les gens mariés sont nécessairement engagés dans les affaires temporelles, il y a normalement chez eux prédominance de la forme de vie dite active, celle où l’on agit, où l’on s’affaire, mais aussi celle où l’on travaille à l’acquisition des vertus morales. Parce que les moines ont fui le monde [12] pour rechercher les conditions les meilleures à la contemplation ils sont voués à la recherche de la quies (l’hésychasme oriental) [13] et leur vie est une vie contemplative, la contemplation est donc leur privilège inamissible. Grégoire fut moine et le resta d’ailleurs, mais il fut appelé à quitter sa solitude et à devenir, selon l’expression qui est la sienne et qui signifie vraiment ce qu’elle dit, le serviteur des serviteurs de Dieu. Il en souffrit mais il n’y vit pas une perte, bien au contraire. Les clercs, les rectores ou praedicatores, sont entièrement voués au service des autres, leur vie est mixte, elle n’aurait aucun sens si elle ne transmettait aux autres, par l’action, les grâces puisées dans la contemplation : la vie mixte pour saint Grégoire ne se conçoit nullement comme une vie active qui s’interromprait pour se livrer par à coups à la contemplation, elle est la vie contemplative elle-même qui déborde en action.Il y a donc, encore qu’elle soit quelque peu artificielle, une corrélation entre les trois catégories de chrétiens et les trois états ou formes de vie. D’autre part, il faut dire qu’une vie active, purement et uniquement active, ne peut tout simplement pas se concevoir, d’après saint Grégoire. Toute vie chrétienne doit être contemplative. Une vie purement et uniquement contemplative peut à la limite se concevoir : elle serait anticipation de la vie de l’au-delà. Normalement, cependant, elle est réservée à l’au-delà [14], la faiblesse humaine ne permet guère d’y demeurer. Voici comment Grégoire parle à ce sujet aux rectores (les clercs qui mènent la vie mixte) :
Ne pouvant en cette vie rester longtemps dans la divine contemplation, ils ressemblent aux sauterelles (Ps 108 Excussus sum sicut locustae) après le saut qu’ils ont fait, ils se « reçoivent » dans leur chute et retournent aux exigences nécessaires de la vie active. Cependant ils ne sont pas satisfaits d’y demeurer et quand de nouveau, ils s’élancent avec ardeur vers la contemplation, ils recherchent pour ainsi dire l’air pour voler : ils passent leur vie comme les sauterelles, à prendre leur essor et à retomber ; alors que sans cesse, ils s’efforcent de ne jamais perdre de vue les réalités les plus élevées, ils sont rejetés sur eux-mêmes par le poids de leur nature corruptible.
Moralia 31, 49
La contemplation a toujours le pas sur l’action, mais les tendances active et contemplative sont complémentaires, elles ne peuvent se séparer ; chacun est appelé à respecter la tendance dominante de son tempérament (n’oublions pas que Grégoire est fin psychologue). La contemplation ne prouve son authenticité que dans le service des autres. Les clercs mènent donc, d’après leur état de vie, la vie mixte, la vie la plus parfaite, celle dont le Christ nous a montré l’exemple.
2. Trois conditions de la contemplation
L’ascèse
L’ascèse est un effort de purification tout ordonné à la contemplation. L’attention de Grégoire se porte sur l’intention et non sur des pratiques pénitentielles extérieures. Tout est centré sur la vie intérieure, sur la radix intentionis, la racine même de l’intention. L’ascèse est la garde du cœur : custodia cordis. Il faut remarquer cette insistance de Grégoire : tout part du cœur (cf. Mt 15, 19 etc. : c’est du cœur que procèdent mauvais desseins, meurtres etc.) - les expressions telles que « Oculus cordis, auris cordis, in ore cordis » affluent [15]. La conversion consiste d’ailleurs à « revenir à son cœur » - redire ad cor - telle est la façon de « faire retour au paradis », de revenir comme les mages par un autre chemin. Parmi les vertus, Grégoire recommande très spécialement la patience et l’humilité : elles sont deux aspects d’une même attitude de présence à Dieu et la présence à Dieu n’est-elle pas déjà la contemplation ? Grégoire avait été instruit par la maladie des limites de la nature humaine ; très psychologue, il en a toujours une conscience très vive, il insiste donc en matière d’ascèse pénitentielle sur la modération, sur la discrétion qu’il loua dans la Règle écrite par saint Benoît. Il est une ascèse plus fondamentale que celle qui consiste à accumuler des pratiques, c’est celle du renoncement à soi-même, du refus de suivre sa volonté propre. Par l’obéissance monastique, le moine se voue à cette ascèse, il se met à l’école sublime du Christ :
Le moine a décidé de se mettre à une plus sublime école, il se dispose à briser ses volontés les plus personnelles, il est prêt à renoncer même à ses bons désirs.
In I Reg. VI, 2, 22
Etre mort à soi-même par l’ascèse est d’ailleurs une condition de la vie mixte : comment sinon redresser les autres, être au service des autres pour les amener à la foi ?
La componction
On caractérise d’emblée la pensée de saint Grégoire sur la componction en disant qu’il la présente toujours comme une componction de contemplation. Elle est condition de la contemplation certes, mais déjà elle la suppose. En d’autres termes, on peut dire que saint Grégoire parle toujours d’une componction d’amour selon le sens plénier du mot, sens qui s’est toujours conservé en Orient [16]. À la suite de Saint Grégoire, voyons les étapes de la componction : Au point de départ de la conversion chrétienne se trouve une vive conscience de la misère de l’homme, une conscience vécue, éprouvée.
L’homme est tombé bien loin au-dessous de lui… ayant perdu la vue de son Créateur, il a en même temps perdu toute sa force et sa fermeté.
Moralia VIII, 8
De cette expérience naît l’humilité, la conscience de notre besoin de Dieu. Nous recevons alors de Dieu la componction, c’est-à-dire un choc salutaire, un coup, une piqûre, une brûlure. Le terme était d’origine médicale : un élancement. Au sens religieux, il signifie une douleur du fait de notre péché, de notre besoin de Dieu, de notre désir de Dieu.
Nous nous laissons entièrement consumer au feu de la douleur (offrant ainsi un holocauste pour nos péchés).
Moralia 32, 1
Quand Dieu entre dans une âme, son entrée est suivie des gémissements de la pénitence, en sorte que désormais la plus grande joie de l’âme est de répandre les pleurs du salut… C’est comme par un éclat de tonnerre qu’il nous frappe quand par sa grâce, il nous réveille de notre négligence et de notre assoupissement.
Moralia 27,40
Mais ce choc, cette voix tonnante de Dieu peut se faire chant intérieur, léger murmure, parole silencieuse (Moralia 30, 20-27, 42-45, 52) et les larmes de l’amour accompagnent toujours celles de la pénitence si bien que de plus en plus les larmes de joie dominent.
Ils ne cessent de désirer voir le Roi dans sa beauté et de pleurer d’amour chaque jour.
Hom. Ez., II, 10, 21
Grégoire lui-même a tracé le chemin de la componction : l’âme pense à ce qu’elle fut, au châtiment qui la menace, à ce qu’elle est, au lieu où elle n’est pas : elle chemine donc, de la contrition au désir :
Là où elle fut, là où elle sera, là où elle est, là où elle n’est pas.ubi fuit, ubi erit, ubi est, ubi non est.
Moralia 23, 41
Cassien aussi, avant Grégoire, insistait sur la componction d’amour.
Quel est l’homme qui pourrait exposer la variété des sentiments de componction qui embrasent le cœur d’une brûlante ardeur et lui font former des prières si pures et si ferventes… Je psalmodiais, un verset de psaume m’a jeté en cette prière toute de feu… Souvent, au souvenir de mes fautes, mes larmes ont coulé, et la visite du Seigneur m’a tellement vivifié de cette joie ineffable… que son immensité même me commandait de ne point désespérer de mon pardon.
Cassien, Conf. IX, 26-28
Grégoire est l’héritier authentique de la doctrine de l’Orient chrétien sur les larmes - le penthos - les prières catanyctiques [17]. On doit dire même qu’il l’enrichit. On comprend mieux le sens de la prière pour le don des larmes lorsqu’on découvre une doctrine aussi pénétrante. Grégoire nous conseille d’ailleurs de secouer (excuti) la componction de tristesse (Moralia 7, 13) pour nous arrêter au seul désir de Dieu qui s’exprime en cris désordonnés de joie dans le jubilus (si cher aussi à saint Augustin).
Beatus populus qui scit jubilationem (Ps 88) : l’âme est émue de pleurs de joie. L’esprit conçoit une joie ineffable qui ne peut plus être cachée et qu’aucun mot ne peut exprimer… Il n’est pas dit « Heureux le peuple qui dit sa joie », mais qui la connaît - cette joie qui peut être connue ne peut se dire. Elle est ressentie mais elle est bien au-delà de tout sentiment. La conscience de celui qui la ressent ne suffit pas à la contempler, comment pourrait-elle jamais l’exprimer. Je verrai ta face dans l’allégresse, et videbit faciem ejus in jubilo (Jb 33, 26).
Moralia 23, 10
Le désir
On appelle souvent saint Grégoire le docteur du désir. La componction et le désir sont des manifestations de l’amour qui tend sans cesse à la contemplation.
Celui qui de tout son esprit désire Dieu a déjà certainement celui qu’il aime.
Hom. in Evang. 30, 1
À la vingt-cinquième homélie sur l’Évangile se trouve le beau texte sur Marie-Madeleine où tous les thèmes se mêlent : recherche de Dieu, pleurs d’amour de la componction, le désir et sa croissance :
Elle pleurait en cherchant, enflammée du feu de son amour, elle brûlait de désir… À celle qui aime, il ne peut suffire de regarder une seule fois car la force de l’amour multiplie l’ardeur de la recherche… Les désirs dont la réalisation est différée croissent et ayant atteint toute leur croissance, ils deviennent capables de saisir ce qu’ils ont enfin trouvé.
Hom. in Evang. 25
La componction nous creuse et elle augmente notre capacité de Dieu. Aussi, nous ne sommes plus que désir et ce désir - qui est un état de prière - est la forme même de notre amour. « Anhelare, aspirare, suspirare » : Grégoire a tout un vocabulaire limpide, pur, très chaste, du désir.
Le désir, à mesure qu’il s’intensifie, est comblé par une possession de Dieu qui le fait croître encore. Plus encore que saint Augustin, et avec un autre accent, Grégoire a chanté à chaque page de ses écrits le désir de l’âme.
Le désir de Dieu suppose une purification des désirs.
La purification des désirs se réalise par l’ascèse. L’homme terrestre désire naturellement les délices terrestres et les choses spirituelles ne provoquent qu’ennui à celui qui les ignore :
L’absence des délices corporelles attise en nous un violent désir mais leur jouissance pour qui s’en nourrit tourne immédiatement en dégoût causé par la satiété. L’absence des délices spirituelles au contraire provoque le dégoût mais leur possession éveille le désir. Plus on en mange, plus on en a faim, et plus on en a faim, plus on s’en nourrit.
H. Ev. 36
Désirer Dieu, c’est se purifier d’autres désirs, c’est se détacher pour s’attacher. Le désir de Dieu exige de nous une lutte courageuse contre les tendances contraires en nous à ce désir. Les biens terrestres sont à notre usage (ad usum), ils ne peuvent nous dominer
Qu’elles soient possédées, les choses terrestres, qu’elles ne vous possèdent pas.
H. Ev. 36
Que surtout nous n’aimions pas nos désirs mauvais :
Nous ne voulons pas goûter au-dedans la douceur qui nous est préparée, préférant au-dehors, malheureux que nous sommes notre état d’affamés (amamus forismiserii famem nostram).
H. Ev. 36
Saint Grégoire poursuit en remarquant qu’il ne faut regarder que de côté tout ce qui passe :
Usez des choses temporelles durant votre pèlerinage, mais désirez les biens éternels pour le terme. Il faut ne regarder que de côté - ex latere - pour ainsi dire tout ce qui passe dans ce monde, les regards de notre âme doivent se porter devant nous tandis que de toute leur force ils considèrent ce à quoi nous devons parvenir.
H. Ev. 36
Le désir est l’âme de la prière
Ce qui rend nos voix puissantes (pénétrantes) aux oreilles très secrètes de Dieu, ce ne sont pas nos paroles mais nos désirs. Si nous demandons la vie éternelle de bouche (du bout des lèvres) mais que nous ne la désirons pas du fond du cœur, nous nous taisons malgré notre clameur (tacentes clamemus). C’est dans le désir que se trouve cette secrète clameur qui ne parvient pas aux oreilles humaines mais qui remplit l’ouïe du Créateur (auditum Creatoris replet).
Moralia XXII, 43
Le désir de Dieu apaise l’âme, harmonisant tout en elle, l’élevant au-dessus de l’immédiat :
Par le désir, transcendons toutes choses afin que puisse se recueillir en un seul objet notre cœur.
H. Ez. II, 10, 23
Le désir s’éclaire des lumières de la Révélation.
L’Incarnation du Verbe est révélatrice : la présence du Christ révèle l’Invisible si bien que notre désir « voit » déjà la Lumière qui nous est intérieure. Grégoire a des formules admirables et décisives pour parler de l’Incarnation révélatrice :
Par le mystère du Verbe incarné, tandis que nous connaissons Dieu sous une forme visible, nous sommes enlevés (rapiamur : c’est un rapt) dans l’amour des choses invisibles.
Préface de Noël
L’espèce humaine (que symbolise l’aveugle assis au bord de la route près de Jéricho) est illuminée par la présence de son Rédempteur afin qu’elle puisse voir déjà par le désir les joies de la Lumière intérieure (internae lucis gaudia jam per desiderium videat) et qu’elle puisse poser sur le chemin de la vie les pas de l’œuvre bonne.
Hom. 2 in Ev.
3. La contemplation d’après saint Grégoire
Rappelons ce qui a été dit plus haut à propos des états de vie : la vie active et la vie contemplative doivent, d’après saint Grégoire, se mêler, si bien que l’idéal est en somme la vie mixte, celle où la contemplation déborde en service du prochain. Aux états de vie correspondent des manières différentes d’unir l’action et la contemplation. Tous cependant sont appelés à la contemplation.
Le terme de vita contemplativa se retrouve jusqu’à 44 fois dans les Homélies sur Ézéchiel et 20 fois dans les Moralia. En voici une définition :
La vie contemplative consiste à conserver de tout son esprit la charité envers Dieu et le prochain, elle cherche à se reposer (quiescere) de l’action extérieure, à s’adonner au seul désir du Créateur, de telle sorte qu’on n’ait plus le goût d’exercer aucune action, dépassant tous les soucis, l’âme alors brûle du désir de voir la face de son Créateur.
Hom. Ez. II, 2, 8
Très fermement la condition première est posée : garder la charité - elle est le seul but - et sous son double aspect : envers Dieu, envers le prochain. Vient ensuite la description de la grande tendance contemplative : la recherche positive de l’otium, du repos. Grégoire fut dans l’action un contemplatif, sa vie fut une vie mixte, livrée au service du prochain, mais le désir de son âme ne cessa de l’entraîner vers la contemplation [18]. Mais cette contemplation elle-même à laquelle l’ascèse, la componction et le désir prédisposent et pour laquelle l’otium est requis, comment Grégoire la définit-il ? Elle est pour lui une mystique de la Vision. Elle est regard vers Dieu, désir incessant de le voir, bien plus elle est Vision mais vision de foi, vision de désir, vision nocturne. Le brouillard s’interpose, la foi et le désir le traversent : le regard s’arrête sur le mystère (arcana). Cet idéal : « voir Dieu » est une aspiration johannique (Jn 1, 14 ; 11, 40 ; 14, 9 etc.) qui fut admirablement reprise par saint Irénée déjà :
De même que ceux qui voient la lumière se trouvent dans la lumière et participent à son éclat, de même ceux qui voient Dieu sont en Dieu parce qu’ils participent à son éclat. La clarté les vivifie et ceux qui voient Dieu en reçoivent la vie.
Irénée, AH IV, 20, 5
La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant et la vie de l’homme c’est la vision de Dieu.
Irénée, AH IV, 20, 8
Et Grégoire de Nysse dit de même :
Voir Dieu, c’est la vie de l’âme.
Grégoire de Nysse, Traité des enfants morts sans baptême, PG 46, 176 a
Regarder et continuer de regarder avec un grand désir les « arcanes » de Dieu est un acte d’amour d’où résulte une possession : l’âme « perçoit » - elle « sent ». La prière rend possible la vision de désir. Dieu apparaît à Grégoire comme une lumière incirconscrite (lumen incircumscriptum). Sa perception de la transcendance divine est très vive mais faite de simplicité, de pureté, de limpidité ; devant Dieu l’âme se simplifie, elle se réjouit de sa pauvreté intérieure, « s’endort à tout le reste ». On connaît cette lumière invisible par le sentiment même qu’on éprouve de l’ignorer. Dieu est simple. Il est tout ce qu’il a :
Il a l’éternité, mais c’est lui-même qui est l’éternité. Il a la lumière mais c’est lui-même qui est sa propre lumière. Il a l’éclat mais c’est lui-même qui est son propre éclat.
Moralia 16, 54
Dieu est entièrement présent à lui-même, toujours, il est vie, vérité, force, sagesse, soleil, feu, source de lumière, principe de toute clarté.
Une contemplation chrétienne : par la Médiation du Christ.
La contemplation d’après saint Grégoire passe toujours par la Médiation du Christ. Les images que Grégoire utilise pour en parler sont souvent empruntées au thème de la lumière : le Christ nous illumine. Dans le Christ incarné, dit-il, la Lumière du Verbe se dissimule dans la chair comme dans un vase de terre (testa) mais c’est afin de ne pas nous éblouir. Le Christ est comme une figure de vermeil (quasi speciem electri) : l’argent et l’or s’y mêlent. Cet alliage rend l’argent de l’humanité plus brillant mais il tempère l’éclat de l’or de la divinité (Hom. Ez. 1, 8, 25). C’est dans le Christ que s’opère le passage du visible à l’invisible, de l’extérieur à l’intérieur, de la foi à l’intelligence de la foi, de l’humanité à la divinité : le Christ est notre Pâque. Le regard sur l’humanité du Christ est déjà, par la foi, regard sur la divinité. Ce regard que dès maintenant (Jam quidem) nous portons sur notre Médiateur est donc le commencement de la vie bienheureuse. Dieu dans le Christ élève l’homme jusqu’à lui : Dieu est venu à l’homme dans le Verbe incarné et l’Esprit du Père et du Fils vient dans l’homme y répandant ses sept dons par lesquels l’âme peut retourner à Dieu : la crainte servile devient filiale et engendre l’attitude religieuse de piété ; la science donne de discerner la volonté de Dieu et l’homme reçoit la force de réaliser le devoir discerné ; le don de conseil lui donne de ne pas préjuger de cette force ; enfin dans l’intelligence que l’âme a de Dieu et d’elle-même, elle atteint la sagesse qui est la forme la plus haute de l’illumination (de la lumen illuminans). (D’après Moralia XVIII, 81).
4. Quelques précisions sur le vocabulaire de la contemplation
La vision de Dieu
Le terme nous paraît très fort, aussi doit-il être replacé dans le contexte grégorien constant de désir, de recherche. Grégoire emprunte d’ailleurs le terme à saint Augustin mais il le vide de toute l’influence de l’intellectualisme grec. La vision de Dieu est bien pour saint Grégoire, l’acte même de la vie contemplative.
Ici-bas, au-delà
Il est important de remarquer que ces deux termes ne s’opposent nullement pour saint Grégoire. Il n’y a nulle rupture entre l’ici-bas et l’au-delà mais parfaite continuité, bien plus l’au-delà est ici-bas en ce sens qu’il est très réellement commencé. Notre contemplation est une contemplation inchoative. Marthe et Marie sont sœurs comme l’étaient Rachel et Léa. Pierre et Jean sont unis.
L’amour qui commence ici-bas se parfait par la vision de Dieu dans l’éternelle patrie.
Hom. in Ez. II, 9, 10
Les fenêtres obliques
Saint Grégoire affectionne cette image. Les fenêtres obliques sont des sortes de meurtrières, très étroites à l’extérieur, larges à l’intérieur :
Dans les fenêtres obliques, la partie par laquelle la lumière pénètre est étroite (angusta), mais la partie intérieure qui recueille cette lumière est large. Ainsi les âmes de ceux qui contemplent. Elles ne voient qu’une faible lueur de la véritable lumière (tenuiter) et cependant tout en elles semble se dilater. Sans doute ne peuvent-elles saisir que peu de choses de ce qu’elles regardent. Ce que, en contemplant, elles voient n’est presque rien (exiguum valde) mais ce rien suffit à dilater le sein des âmes (laxatur sinus mentium) et à augmenter leur ferveur et leur amour. Accueillant la lumière de la vérité comme au travers de meurtrières (quasi per angustias) tout chez elles semble s’élargir.
In Ez. II, 5, 17
La réverbération
La contemplation est pour Grégoire un état normal : son acte est très fréquent : saepe et cependant elle ne peut être que fugitive. L’âme est ravie hors d’elle-même, elle est élevée au-dessus d’elle-même (Moralia 24, 11), l’intelligence se transcende mais par moments furtifs (raptim, per transitum, quasi furtim), ensuite vient nécessairement la reverberatio. La violence de l’éclat de la lumière repousse l’âme :
Et cependant, repoussée, elle aime. Et tamen repulsus amat.
Moralia 10, 13
Cette contemplation qui est toujours reprise mais qui ne peut être parfaite et stable, saint Grégoire aime de la symboliser par ce silence d’une demi-heure qui se fait dans le ciel (Ap 8, 1) :
Ardemment commencée, la contemplation n’atteint pas sa perfection.
Moralia 30, 53
Il se fait un silence dans le ciel (= l’âme du juste) car le vacarme des actions terrestres s’apaise afin que l’âme puisse prêter l’oreille au secret intime. Mais cette quiétude de l’esprit ne peut être parfaite en cette vie, aussi on ne peut dire que dans le ciel il y eut un silence d’une heure mais comme (quasi) d’une demi-heure…
H. Ez. II, 2, 14
La disproportion est trop grande entre l’âme et la lumière de Dieu, l’âme est comme repoussée, foudroyée. On le sait, la pensée est augustinienne et elle appartient à Plotin et déjà à Platon. L’insertion de Grégoire dans la pensée grecque est bien inconsciente cependant.
Le vol de l’âme
Le vol de l’âme est un élan, un désir, non pas un mouvement intellectuel, mais un mouvement spirituel qui soulève l’esprit vers la contemplation. La notitia est transcendée par le volatus - ce mot enchante Grégoire - comme l’intelligence est transcendée par le cœur.
Par la contemplation, nous sommes portés au-dessus de nous, nous sommes comme soulevés dans les airs.
In Ez. I, 3, 1
Des mains humaines apparaissent sous leurs ailes.
Ézéchiel 1, 8
car « sous le vol de la contemplation », il y a « la vertu de l’œuvre bonne ». Et certes, la vie contemplative est meilleure mais elle doit être unie à la vie active et soutenue par elle (voir H. Ez. 1,3,7 etc.). Mais si haut que pût mener le vol de l’âme, il ne peut la mener au-delà de la foi. L’objet de la contemplation est bien souvent l’excellence Verbe :
Les cœurs humains ne pourraient prendre leur envol pour contempler le Verbe si le Verbe tout-puissant ne s’était, pour les hommes, fait homme.
In Ez. I, 3, 14
IV. L’Écriture lue par saint Grégoire
[19]
Les trois étapes de son exégèse
Saint Grégoire parcourt habituellement trois étapes d’exégèse dans ses commentaires d’Écriture sainte : il franchit l’étape l’histoire pour exposer le sens allégorique, il franchit l’étape l’allégorie afin d’exposer le sens tropologique. L’allégorie est la lecture du Nouveau Testament dans l’Ancien elle est la lecture du Christ partout découvert :
La connaissance du Christ puisée dans l’Écriture est comme un feu caché dans la pierre ; qu’on frappe cette pierre par le fer d’un regard perçant et le secret sera arraché.
d’après H. Ez. II, 10, 1
La tropologie est le « sens moral », elle est la démarche essentielle à la pleine intelligence de l’Écriture - c’est le Sermo conversus ad nos, ad mores nostros. La parole de Dieu y prend son sens actuel, pour nous. De l’histoire donc il faut aller à la tropologie en passant par l’allégorie qui est la vérité de l’histoire, son sens. Histoire, allégorie, tropologie tracent la ligne sans brisure de l’unique action rédemptrice car tout se consomme dans l’Église et dans chaque chrétien, microcosme de l’Église parfaite. Tout se consomme dans l’homme intérieur. « Tout ce qui arrive à l’Église arrive aussi à chaque chrétien » (Pascal). « Ce qui se passait alors historiquement se réalise aujourd’hui spirituellement » (Adam Seat). C’est dans un mystère d’intériorisation que s’achève nécessairement la lecture de l’Écriture Dans le même sens, Angelus Silesius écrivait au XVIIe siècle : « L’Écriture n’est que l’Écriture… que Dieu dise en moi sa Parole d’éternité » [20].
Le Dieu Tout-Puissant qui n’a pas à s’étendre pour atteindre les grandes choses et lui qui jamais n’est à l’étroit dans les plus petites parle de l’Église entière comme s’il parlait d’une seule âme et souvent rien n’empêche de comprendre de l’Église entière ce qu’il dit d’une seule âme. [÷H. Ez. II, 2, 15÷]
L’Écriture « progresse avec ceux qui la lisent » (Moralia XX, 1, 1)
Nul peut-être ne l’a dit de manière plus précise et plus poétique que Grégoire. Qu’on se souvienne du beau commentaire de l’Evangile des disciples d’Emmaüs :
La simple Vérité n’a donc rien fait par duplicité elle a imité corporellement le modèle de ce qu’elle était dans leur esprit. … Ce n’est pas en écoutant les préceptes divins, mais en les observant qu’ils sont illuminés. Celui-donc qui veut comprendre ce qu’il a entendu, qu’il se hâte d’accomplir pratiquement ce qu’il a déjà pu entendre.
H. Ev. 23
Cassien († vers 430/435) disait de même :
A mesure que, par la méditation des Écritures, notre esprit se renouvelle, la face des Écritures commence, elle aussi, à se renouveler et la beauté d’une signification plus sacrée se met à croître, pour ainsi dire, à la mesure de notre propre progrès.
Cassien, Conf., 14, 11
Voici, à ce sujet, comment saint Grégoire commente la vision des roues (Ézéchiel 1, 15) : les roues se trouvent à terre, elles représentent l’Écriture sainte que nous devons soulever, toutes les quatre ont même aspect et elles semblent constituées de telle sorte qu’une roue se trouve au milieu de l’autre parce que dans l’Ancien Testament se trouve déjà, caché au centre, le Nouveau Testament :
Lorsque les animaux (les quatre Vivants) avançaient, les roues avançaient auprès d’eux parce que les paroles divines croissent avec celui qui les lit… Si l’âme de celui qui lit ne s’élève pas en progressant vers les hauteurs, alors les mots divins gisent comme dans les bas fonds, car ils ne sont pas compris.
Hom. Ez. 1, 7, 8
Les quatre évangiles (les quatre Vivants)
Puisque nous parlons ici des homélies sur Ézéchiel relevons une exégèse chère à Grégoire, elle est subtile et ses cadres de pensée ne sont plus les nôtres mais la pensée elle-même est profonde. Les quatre Vivants (si souvent représentés aux tympans des cathédrales romanes, précisément dans leur rapport avec le Christ glorieux) sont des animaux allégoriques qui désignent à la fois : • les quatre évangélistes • les quatre évangiles • les quatre mystères de la vie du Christ • les quatre démarches de la vie chrétienne.
L’Evangile de Matthieu débute par la généalogie charnelle du Christ : HOMME Celui de Marc, par la clameur du désert : LION Celui de Luc, par l’offrande rituelle de Zacharie : TAUREAU Celui de Jean par l’évocation de la divinité de Jésus : AIGLE
Le Christ est : HOMME : Incarnation TAUREAU : Passion - offrande du sacrifice LION : Résurrection - le lion de la tribu de Juda a vaincu - et le lion dort, paraît-il, les yeux ouverts AIGLE : Ascension.
Mais le Chrétien est membre du Christ et il doit être : HOMME : par sa raison TAUREAU : par son sens du sacrifice LION : par sa force d’âme AIGLE : par la contemplation.
L’Écriture doit être lue dans l’Église.
Elle est un « pain ». Où la manger, dès lors, sinon « dans la maison », tels les frères et sœurs de Job :
C’est dans la sainte Église qu’ils se nourrissent de la moelle de la mystique Parole.
Moralia XXXV, 14, 26
Comme Augustin, Grégoire aime dire que l’Écriture sainte est pour nous un « miroir » : nous y découvrons notre laideur, notre beauté, notre progrès ou notre déchéance.
Plus on médite l’Écriture plus on l’aime.
Elle n’est ni fermée à en être décourageante, ni accessible à en devenir banale. Plus on la fréquente, moins on s’en lasse, plus on la médite, plus on l’aime.
Moralia XX, 1, 1
L’Écriture conduit à l’amour
Le seul but de Dieu en nous parlant tout au long de la sainte Écriture, c’est de nous attirer à l’amour de Dieu et du prochain.
In Ez. I, 10, 14
On découvre l’ineffable et merveilleuse puissance de la Parole sacrée quand l’esprit à sa lecture se sent tout pénétré de l’amour d’en-haut.
H. Ez. 1, 7, 8
L’Écriture est un chant dans la nuit
Saint Grégoire dit de l’Écriture qu’elle est un chant dans la nuit (carmen in nocte). À sa lecture, la nuit pour nous s’illumine (Cf. Ps138), l’éternelle lumière à venir scintille déjà, par elle, à travers nos ténèbres. Elle nous inonde de délices car elle est source de contemplation et Grégoire lui applique toutes les images qu’il applique à la contemplation.
Le chant dans la nuit, c’est la joie dans l’épreuve puisque même affligés par les tribulations, nous goûtons déjà par l’espérance les joies de l’éternité. C’est ce chant dans la nuit que célébrait Paul : « Ayez la joie dans l’espérance, la constance dans la tribulation » (Ro 12, 12). C’est ce chant dans la nuit qu’entonnait David : « Tu m’es un refuge dans le tourment qui m’assiège. O ma Joie, délivre-moi de ceux qui m’assiègent » (Ps 31, 7). Voici qu’il nomme la nuit un tourment et que pourtant au milieu des tribulations, il appelle son Libérateur sa Joie ! Au dehors, certes, c’était la nuit dans l’assaut de l’épreuve niais au dedans retentissaient les chants de consolation et de joie.
Moralia XXVI, 16, 26
Ezéchiel entendit à la voix des roues deux grands ébranlements successifs (Ez 3, 12-13) : componction de pénitence et componction d’amour à l’audition des paroles de l’Écriture :
Enflammés de l’amour de notre Créateur, embrasés du feu d’une intense ferveur, nous pleurons d’être encore bien loin de la Face du Tout-Puissant… aimant désormais celui que nous connaissons, nous ne cessons plus de le désirer dans les larmes… C’est ce qui donne aux paroles de la sainte Écriture tout leur, goût au cœur de celui qui la lit : c’est ce qui fait que ceux qui aiment les lisent le plus souvent dans le silence, comme à la dérobée et à voix basse.
In Ez., I, 10, 39
L’Écriture doit être lue chaque jour (lectio divina).
Mets-toi donc à l’étude, je t’en prie, et médite chaque jour les paroles de ton Créateur. Découvre le cœur de Dieu dans les paroles de Dieu. … Mais pour y parvenir, que le Dieu Tout-Puissant répande lui-même en toi l’Esprit Consolateur ! Qu’il emplisse ton âme de sa présence et qu’en l’emplissant, il l’élève.
Lettre 4 au médecin Théodore
Conclusion
Préfet de Rome, moine, diacre, apocrisiaire et pape, Grégoire fut un homme mêlé au monde, un contemplatif et un pasteur d’âmes. Moine arraché malgré lui à son monastère pour le bien des âmes, il demeura moine toujours par le constant regret de sa vit claustrale, par le désir, par des réalisations effectives - il groupait des moines autour de lui - et par son intense vie de prière.
Ce pasteur d’âmes est constamment un moraliste : jamais cependant la morale ne se dissocie chez lui de la doctrine christocentrique. Il eut le souci de s’adapter à chacun et il montra un sens psychologique très averti, un sens aigu aussi de la faiblesse humaine que son état souvent maladif affina encore.
À une époque de décadence, Grégoire sut recueillir et unifier l’héritage du passé. Il n’a rien cependant d’un génie métaphysique si bien que lorsqu’on le compare à saint Augustin, et on aime à le faire, on parle toujours d’un abaissement de la pensée. Il est vrai que Grégoire n’est ni philosophe, ni intellectuel, mais pourquoi comparer un génie aussi personnel à qui que ce soit ? Grégoire est autre, constamment original par sa liberté, sa poésie, son sens de l’humour !
Un seul mot peut vraiment caractériser Grégoire : Grégoire est un mystique. Dogme, morale, spiritualité sont entraînés chez lui par un « vol de l’âme » jusqu’aux régions de la contemplation.
Grégoire a choisi avec insistance la vie mixte comme la forme de vie la plus parfaite : c’est qu’il sait que sans la charité, une charité effective qui se dépense pour le prochain, la contemplation ne serait rien (cf. 1 Co 13 mais la contemplation est chez Grégoire le visage même de l’amour et il n’eut rien de meilleur à donner au peuple chrétien que l’expérience de sa foi.
Grégoire est un témoin des arcanes de Dieu ! Grégoire est 1a grande autorité invoquée par saint Thomas d’Aquin dans les questions relatives à la contemplation. Ce grand spirituel fut au Moyen Âge le « directeur des consciences chrétiennes ». Il mérite de 1e demeurer.
Comment ne pas recueillir avec avidité un tel message :
Les expériences de ces avant-coureurs, de ces enfants perdu de notre race, élancés vers le Bien sans ombre, ces expérience nous restent consignées par eux, comme les documents rapportés par les explorateurs des terres presque inaccessibles. Les grands mystiques sont les pionniers et les hérauts du plus beau, du plus désirable, du plus merveilleux des mondes… toute proportion et toute différence gardées, les grands mystiques peuvent dire ce que disait le disciple bien-aimé : « Ce que nous avons vu, ce que nous avons entendu, ce que nos mains ont touché, nous vous l’annonçons ». Et de les entendre nous le raconter, notre âme frémit d’espoir et d’attente. Ils sont ainsi les témoins de la présence amicale de Dieu dans l’humanité.
Léonce de Grandmaison, La religion personnelle, p. 178-179.
La lecture de saint Grégoire nous ouvre à la présence de l’invisible :
O monde invisible, nous te voyons, O monde intangible, nous te touchons, O monde inconnaissable, nous te connaissons, O monde insaisissable, nous t’étreignons ! [21]
Source :
Soeur Gabriel Peters, Lire les Pères de l’Église. Cours de patrologie, DDB, 1981. Avec l’aimable autorisation des Éditions Migne.
[1] On peut lire l’histoire de sa vocation dans la préface des Moralia.
[2] D’après les Dialogues 4, 21.
[3] Il faut signaler l’étroite parenté du Pastoral de Grégoire le Grand et du traité Du Sacerdoce de Jean Chrysostome. Ces deux œuvres ont d’ailleurs une même source : le discours Sur la fuite de Grégoire de Nazianze. Le mot célèbre de Grégoire le Grand : « La conduite des âmes est l’art des arts et la science des sciences » est emprunté textuellement à Grégoire de Nazianze.
[4] Au second livre des Dialogues.
[5] Voir Dom P. Verbraken, Revue bénédictine, t. 66, 1956, p. 159-217.
[6] Voir Dom B. Capelle, Revue bénédictine, t. 41, 1929, p. 204-217.
[7] Procédé oratoire destiné à se concilier la bienveillance des auditeurs.
[8] Voir Dom B. Capelle, Revue bénédictine, tome 49, 1937, p. 13-28.
[9] On se souvient que le grammairien Donat fut le maître de Jérôme.
[10] Voir H.-I. Marrou, Histoire de l’éducation dans l’antiquité, Paris 1948, p. 445.
[11] Voir l’article sur Grégoire le Grand au Dictionnaire de Spiritualité par Dom R. Gillet. Nous nous en inspirons.
[12] Il est clair que ce vocabulaire est bien celui de saint Grégoire. Les perspectives actuelles d’ouverture au monde nous obligent à réviser ce vocabulaire. Mais peut-être suffirait-il d’étudier la vie de Grégoire, de comprendre jusqu’à quel point cette vie, qui demeurait une vie monastique, fut livrée au service de tous, pour réaliser quel fut le sens réel de ce vocabulaire. Il reste vrai que Grégoire souhaitait pour les monastères des conditions de paix qu’assurait un « retrait » du monde.
[13] Le mot latin quies et le mot grec hésychia ont exactement le même sens : repos, calme, paix, solitude. Qu’on ne perde pas de vue que, malgré son ignorance de la langue grecque, Grégoire fut en contact étroit avec l’Orient (apocrisiaire à Constantinople).
[14] Telle est aussi la pensée constante de saint Augustin.
[15] L’œil, l’oreille, la bouche du cœur. Comme Origène, comme saint Augustin et tant d’autres, Grégoire reconnaît en l’homme la présence des cinq sens spirituels.
[16] Nous suivons ici Dom Jean Leclercq dans L’amour des lettres et le désir de Dieu, Paris 1957, p. 34-35. Voir aussi le Dictionnaire de Spiritualité au mot « Componction ». Nous recommandons le livre d’I. Hausherr, Penthos, La doctrine de la componction dans l’Orient chrétien, Rome 1944, « Orientalia christiana analecta », N° 132.
[17] Les prières catanyctiques, du mot grec katanux, signifient les prières de componction, les prières pénitentielles, les prières qui font pleurer. On peut voir en ce sens tout l’admirable recueil des Prières de Grégoire de Narek, le grand poète arménien, SC N° 78, Paris 1961.
[18] Lorsque saint Bernard rédige à l’intention du pape Eugène III le traité De Consideratione, il lui propose saint Grégoire le Grand comme modèle : « C’est perdre sa vie, lui écrit-il, que de passer toute sa vie sans réserver quelque temps à l’otium (au loisir de la contemplation), saint Grégoire recherchait cet otium à l’heure même où Rome allait être assiégée ». Voir De Consideratione, I, 9, 10.
[19] Nous nous inspirons ici des pages consacrées à saint Grégoire le Grand dans H. de Lubac, Exégèse médiévale, 1, Paris, Aubier 1959, p. 187 et sv.
[20] Voir A. Silesius, Pèlerin chérubinique, II, 137.
[21] Trouvé dans les papiers de Francis Thompson après sa mort.
SOURCE :
Abundant documentation has been preserved from his governance thanks to the Register of his Letters (approximately 800), reflecting the complex questions that arrived on his desk on a daily basis. They were questions that came from Bishops, Abbots, clergy and even from civil authorities of every order and rank. Among the problems that afflicted Italy and Rome at that time was one of special importance both in the civil and ecclesial spheres: the Lombard question. The Pope dedicated every possible energy to it in view of a truly peaceful solution. Contrary to the Byzantine Emperor who assumed that the Lombards were only uncouth individuals and predators to be defeated or exterminated, St Gregory saw this people with the eyes of a good pastor, and was concerned with proclaiming the word of salvation to them, establishing fraternal relationships with them in view of a future peace founded on mutual respect and peaceful coexistence between Italians, Imperials and Lombards. He was concerned with the conversion of the young people and the new civil structure of Europe: the Visigoths of Spain, the Franks, the Saxons, the immigrants in Britain and the Lombards, were the privileged recipients of his evangelising mission. Yesterday we celebrated the liturgical memorial of St Augustine of Canterbury, the leader of a group of monks Gregory assigned to go to Britain to evangelise England.
He was a passionate reader of the Bible, which he approached not simply with a speculative purpose: from Sacred Scripture, he thought, the Christian must draw not theoretical understanding so much as the daily nourishment for his soul, for his life as man in this world. For example, in the Homilies on Ezekiel, he emphasized this function of the sacred text: to approach the Scripture simply to satisfy one's own desire for knowledge means to succumb to the temptation of pride and thus to expose oneself to the risk of sliding into heresy. Intellectual humility is the primary rule for one who searches to penetrate the supernatural realities beginning from the sacred Book. Obviously, humility does not exclude serious study; but to ensure that the results are spiritually beneficial, facilitating true entry into the depth of the text, humility remains indispensable. Only with this interior attitude can one really listen to and eventually perceive the voice of God. On the other hand, when it is a question of the Word of God understanding it means nothing if it does not lead to action. In these Homilies on Ezekiel is also found that beautiful expression according which "the preacher must dip his pen into the blood of his heart; then he can also reach the ear of his neighbour". Reading his homilies, one sees that Gregory truly wrote with his life-blood and, therefore, he still speaks to us today.
He proved it by narrating the life of contemporaries or those who had died recently, who could well be considered saints, even if not canonised. The narration was accompanied by theological and mystical reflections that make the book a singular hagiographical text, capable of enchanting entire generations of readers. The material was drawn from the living traditions of the people and intended to edify and form, attracting the attention of the reader to a series of questions regarding the meaning of miracles, the interpretation of Scripture, the immortality of the soul, the existence of Hell, the representation of the next world - all themes that require fitting clarification. Book II is wholly dedicated to the figure of Benedict of Nursia and is the only ancient witness to the life of the holy monk, whose spiritual beauty the text highlights fully.
Saint Gregorius the Great. One among four 19th century statues of Doctors of the Church standing around the main (circular) hall of the church of San Carlo al Corso church in Milan. Picture by Giovanni Dall'Orto, June 22 2007.
Also known as
Gregory I
Gregory Dialogos
Gregory the Dialogist
Father of the Fathers
Gregorius I Magnus
3
September (primary, based on his ascension to the papacy)
12
March (in Rome, Italy at
his grave in Saint
Peter’s Basilica; some Protestant and Orthodox calendars)
25
January (translation of relics to
the Jesuit church of São
Roque in Lisbon, Portugal)
21
August (Ordinary Form, 1962 missal)
26 March (translation
of relics to Gaul)
11 July (translation
of relics to
Soissons, France)
20 July (translation
of relics to
Cluny)
4
September (Paulines)
22
September (translation of relics to
Melun)
13
March (Armenian calendar)
19
March on some calendars
30
March on some calendars
2
September on some calendars
15
October on some calendars
Profile
Son of Gordianus, a Roman regionarius, and Saint Silvia
of Rome. Nephew of Saint Emiliana and Saint Tarsilla.
Great-grandson of Pope Saint Felix
III. Educated by
the finest teachers in Rome, Italy.
Prefect of Rome for
a year, then he sold his possessions, turned his home into a Benedictine monastery,
and used his money to build six monasteries in Sicily and
one in Rome. Benedictine monk.
Upon seeing English children being
sold in the Roman Forum, he became a missionary to England.
Elected 64th Pope by
unanimous acclamation on 3
September 590,
the first monk to
be chosen. Sent Saint Augustine
of Canterbury and a company of monks to evangelize England,
and other missionaries to France, Spain,
and Africa.
Collected the melodies and plain chant so associated with him that they are now
known as Gregorian Chants. One of the four great Doctors
of the Latin Church. Wrote seminal
works on the Mass and Divine
Office, several of them dictated to his secretary, Saint Peter
the Deacon.
Born
Papal Ascension
12
March 604 at Rome, Italy of
natural causes
Legazpi, Philippines, diocese of
Order
of Knights of Saint Gregory
San
Gregorio nelle Alpi, Italy
Additional Information
A
Garner of Saints, by Allen Banks Hinds, M.A.
Book
of Saints, by Father Lawrence
George Lovasik, S.V.D.
Book
of Saints, by the Monks of
Ramsgate
Catholic
Encyclopedia, by G Roger Huddleston
Golden
Legend, by Jacobus
de Voragine
Iucunda
Sane: On Pope Saint Gregory
the Great, by Pope Saint Pius
X
Life
of Our Most Holy Father Saint Benedict, by Saint Gregory
Little
Lives of the Great Saints
Lives
of the Saints, by Father Alban
Butler
Saints
of the Day, by Katherine Rabenstein
Saints
of the Order of Saint Benedict, by Father Aegedius
Ranbeck, O.S.B.
Short
Lives of the Saints, by Eleanor Cecilia Donnelly
True
Historical Stories for Catholic Children, by Josephine Portuondo
The Life of Saint Gregory the Great, by A Sister of
Notre Dame
books
Gregory the Great and His World, by R. A. Markus
Our Sunday Visitor’s Encyclopedia of Saints
Saints to Remember, by the Slaves of the Immaculate
Heart of Mary
other sites in english
1001 Patron Saints and Their Feast Days, Australian
Catholic Truth Society
Catholic
Online, by Terry Matz
Christian Biographies, by James Keifer
Earliest Life of Saint Gregory the Great, by a monk or
nun of Whitby
Saint Gregory the Great on Understanding Scripture, by
Father Raniero Cantalamessa
Catholic Book Blogger
Saint Gregory: Pray for the Straying
Saint Gregory: Use God’s Gift in Moderation
Saint Gregory: When Things Go Well, Remember Who You Are
Saint Gregory: Learn to Repent from Judas
Saint Gregory: Put Things Right Before You Ask for
Forgiveness
Saint Gregory: Be Thankful in Adversity as Well as in
Prosperity
Saint Gregory: Lift Up Your Hearts
Saint Gregory: The Heavens Are Opened in the Eucharist
Saint Gregory: Sacrifice Yourself Along with the Eucharist
Saint Gregory: Trust God’s Promises, and Take What Comes
Saint Gregory: Learning Good Habits
Saint Gregory: Believe of What Christ Tells You
Saint Gregory: Live a Life Worth of the Resurrection
Saint Gregory: Find Your Strenth in Jesus’ Weakness
Saint Gregory: Learn to Suffer from Christ
Saint Gregory: Don’t Misjudge Christ’s Kingdom
Saint Gregory: Recognize Both Natures in Christ
Saint Gregory: Learn the Power of Humility
images
audio
Doctors of the Church, part 1
Doctors of the Church, part 2
video
e-books
Dialogues, by Saint Gregory
On the Pastoral Office, by Saint Gregory
Library of the Fathers of the Holy Catholic Church: Morals
on the Book of Job, v1, by Saint Gregory
Library of the Fathers of the Holy Catholic Church: Morals
on the Book of Job, v2, by Saint Gregory
Library of the Fathers of the Holy Catholic Church: Morals
on the Book of Job, v3a, by Saint Gregory
Library of the Fathers of the Holy Catholic Church: Morals
on the Book of Job, v3b, by Saint Gregory
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Martirologio Romano, 2001 edición
sites en français
Abbé Christian-Philippe Chanut
fonti in italiano
websites in nederlandse
Readings
The proof of love is in the works. Where love exists,
it works great things. But when it ceases to act, it ceases to
exist. – Saint Gregory
the Great
If we knew at what time we were to depart from this
world, we would be able to select a season for pleasure and another for
repentance. But God, who has promised pardon to every repentant sinner, has not
promised us tomorrow. Therefore we must always dread the final day, which we
can never foresee. This very day is a day of truce, a day for conversion. And
yet we refuse to cry over the evil we have done! Not only do we not weep for
the sins we have committed, we even add to them…. If we are, in fact, now
occupied in good deeds, we should not attribute the strength with which we are
doing them to ourselves. We must not count on ourselves, because even if we
know what kind of person we are today, we do not know what we will be tomorrow.
Nobody must rejoice in the security of their own good deeds. As long as we are
still experiencing the uncertainties of this life, we do not know what end may
follow…we must not trust in our own virtues. – Saint Gregory
the Great, from Be Friends of God
MLA Citation
“Pope Saint Gregory the
Great“. CatholicSaints.Info. 31 August 2021. Web. 3 September 2021.
<https://catholicsaints.info/pope-saint-gregory-the-great/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/pope-saint-gregory-the-great/
Pope St. Gregory I ("the Great")
From birth to 574
As monk and abbot (c. 574-590)
As pope (590-604)
- He points out in the first that only one skilled
already as a physician of the soul is fitted to undertake the "supreme rule" of theepiscopate.
- In the second he describes how the bishop's life should be ordered from a spiritual point of view;
- in the third, how he ought to teach and admonish
those under him,
- and in the fourth how, in spite of his good works, he ought to bear in mind his own weakness, since the better his work the greater the danger
of falling through self-confidence.
Life and work in
Rome
- In the Canon of the Mass he inserted the words "diesque nostros in
tua pace disponas, atque ab aeterna damnatione nos eripi, et in electorum
tuorum jubeas grege numerari";
- he ordered the Pater Noster to be recited in the Canon before the breaking of the Host;
- he provided that the Alleluia should be chanted after the Gradual out of paschal time, to
which period, apparently, the Roman use had previously confined it;
- he prohibited the use of the chasuble by subdeacons assisting at Mass;
- he forbade deacons to perform any of the musical portions of the Mass other than singing the Gospel.
Relations with
the suburbicarian Churches
Relations with
other Churches
Relations with
the Lombards and the Franks
Relations with the Imperial Government
Missionary work
Gregory and monasticism
Death, canonization, relics, emblem
Conclusion
His
writings
Genuine, doubtful, spurious
Works of Gregory; complete or partial editions; translations, recensions, etc.
"Pope St. Gregory I ("the Great")." The Catholic Encyclopedia. Vol. 6. New York: Robert Appleton Company, 1909. 29 Sept. 2015 <http://www.newadvent.org/cathen/06780a.htm>.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/06780a.htm
Besides his Comments or Morals on the Book of Job, which he wrote at Constantinople, about the year 582, in which we are not to look for an exposition of the text, but an excellent compilation of the main principles of morality, and an interior life, we have his exposition of Ezekiel, in twenty-two homilies. These were taken in short hand as he pronounced them, and were preached by him at Rome, in 592, when Agilulph the Lombard was laying waste the whole territory of Rome. See l. 2. in Ezech. hom. 6. and Paul the deacon, l. 4. hist. Longob. c. 8. The exposition of the text is allegorical, and only intended for ushering in the moral reflections, which are much shorter than in the books on Job. His forty homilies on the gospels he preached on several solemnities whilst he was pope. His incomparable book, on the Pastoral Care, which is an excellent instruction of pastors, and was drawn up by him when he saw himself placed in the pontificate, consists of four parts. In the first he treats of the dispositions requisite in one called to the pastoral charge; in the second of the duties of a pastor; in the third, on the instruction which he owes to his flock; and, in the fourth, on his obligation of watching over his own heart, and of diligent self-examination. In four books of dialogues, between himself and his disciple Peter, he recounts the miracles of his own times, upon the authority of vouchers, on whose veracity he thought he could rely. He so closely adheres to their relations, that the style is much lower than in his other writings. See the preface of the Benedictin editor on this work. His letters are published in fourteen books, and are a very interesting compilation. We have Saint Gregory’s excellent exposition of the book of Canticles, which Ceillier proves to be genuine against Oudin, the apostate, and some others. The six books on the First Book of Kings are a valuable work, but cannot be ascribed to St. Gregory the Great. The commentary on the Seven Penitential Psalms Ceillier thinks to be his work: but it seems doubtful. Paterius, a notary, one of St. Gregory’s auditors, compiled, out of his writings and sermons, several comments on the Scriptures. Claudius, abbot of Classius, a disciple of our saint, did the same. Alulphus, a monk at Tournay, in the eleventh and twelfth centuries, made the like compilations from his writings. Dom Dionysius of Saint Marthe, a Maurist Benedictin monk, favoured the world with an accurate edition of the works of St. Gregory the Great, published at Paris in four volumes folio, in 1705. This has been reprinted at Verona, and again at Ausburgh, in 1758, with the addition of the useful anonymous book, De Formula Prælatorum. [back]
St. Gregory was always a zealous asserter of the celibacy of the clergy, which law he extended also to subdeacons, who had before been ranked among the clergy of the Minor orders. (1. 1. Ep. 44. l. 4. Ep. 34.) The Centuriators, Heylin, and others, mention a forged letter, under the name of Udalricus, said to be written to Pope Nicholas, concerning the heads of children found by St. Gregory in a pond. But a more ridiculous fable was never invented, as is demonstrated from many inconsistencies of that forged letter: and St. Gregory in his epistles everywhere mentions the law of the celibacy of the clergy as ancient and inviolable. Nor was any Pope Nicholas contemporary with St. Udalricus. See Baronius and Dom de Sainte Marthe, in his life of St. Gregory. [back]
Nacque verso il 540 dalla famiglia senatoriale degli Anici e alla morte del padre Gordiano, fu eletto, molto giovane, prefetto di Roma. Divenne poi monaco e abate del monastero di Sant'Andrea sul Celio. Eletto Papa, ricevette l'ordinazione episcopale il 3 settembre 590. Nonostante la malferma salute, esplicò una multiforme e intensa attività nel governo della Chiesa, nella sollecitudine caritativa, nell'azione missionaria. Autore e legislatore nel campo della liturgia e del canto sacro, elaborò un Sacramentario che porta il suo nome e costituisce il nucleo fondamentale del Messale Romano. Lasciò scritti di carattere pastorale, morale, omiletico e spirituale, che formarono intere generazioni cristiane specialmente nel Medio Evo. Morì il 12 marzo 604. (Avvenire)
(12 marzo: A Roma presso san Pietro, deposizione di san Gregorio I, papa, detto Magno, la cui memoria si celebra il 3 settembre, giorno della sua ordinazione).
Gregorio entrò presto nella carriera amministrativa, che aveva seguito anche il padre, e nel 572 ne raggiunse il culmine, divenendo prefetto della città. Questa mansione, complicata dalla tristezza dei tempi, gli consentì di applicarsi su vasto raggio ad ogni genere di problemi amministrativi, traendone lumi per i futuri compiti. In particolare, gli rimase un profondo senso dell’ordine e della disciplina: divenuto Papa, suggerirà ai Vescovi di prendere a modello nella gestione degli affari ecclesiastici la diligenza e il rispetto delle leggi propri dei funzionari civili. Questa vita tuttavia non lo doveva soddisfare se, non molto dopo, decise di lasciare ogni carica civile, per ritirarsi nella sua casa ed iniziare la vita di monaco, trasformando la casa di famiglia nel monastero di Sant’Andrea al Celio. Di questo periodo di vita monastica, vita di dialogo permanente con il Signore nell’ascolto della sua parola, gli resterà una perenne nostalgia che sempre di nuovo e sempre di più appare nelle sue omelie: in mezzo agli assilli delle preoccupazioni pastorali, lo ricorderà più volte nei suoi scritti come un tempo felice di raccoglimento in Dio, di dedizione alla preghiera, di serena immersione nello studio. Poté così acquisire quella profonda conoscenza della Sacra Scrittura e dei Padri della Chiesa di cui si servì poi nelle sue opere.
Ma il ritiro claustrale di Gregorio non durò a lungo. La preziosa esperienza maturata nell’amministrazione civile in un periodo carico di gravi problemi, i rapporti avuti in questo ufficio con i bizantini, l’universale stima che si era acquistata, indussero Papa Pelagio a nominarlo diacono e ad inviarlo a Costantinopoli quale suo “apocrisario”, oggi si direbbe “Nunzio Apostolico”, per favorire il superamento degli ultimi strascichi della controversia monofisita e soprattutto per ottenere l’appoggio dell’imperatore nello sforzo di contenere la pressione longobarda. La permanenza a Costantinopoli, ove con un gruppo di monaci aveva ripreso la vita monastica, fu importantissima per Gregorio, poiché gli diede modo di acquisire diretta esperienza del mondo bizantino, come pure di accostare il problema dei Longobardi, che avrebbe poi messo a dura prova la sua abilità e la sua energia negli anni del Pontificato. Dopo alcuni anni fu richiamato a Roma dal Papa, che lo nominò suo segretario. Erano anni difficili: le continue piogge, lo straripare dei fiumi, la carestia affliggevano molte zone d’Italia e la stessa Roma. Alla fine scoppiò anche la peste, che fece numerose vittime, tra le quali anche il Papa Pelagio II. Il clero, il popolo e il senato furono unanimi nello scegliere quale suo successore sulla Sede di Pietro proprio lui, Gregorio. Egli cercò di resistere, tentando anche la fuga, ma non ci fu nulla da fare: alla fine dovette cedere. Era l’anno 590.
Riconoscendo in quanto era avvenuto la volontà di Dio, il nuovo Pontefice si mise subito con lena al lavoro. Fin dall’inizio rivelò una visione singolarmente lucida della realtà con cui doveva misurarsi, una straordinaria capacità di lavoro nell’affrontare gli affari tanto ecclesiastici quanto civili, un costante equilibrio nelle decisioni, anche coraggiose, che l’ufficio gli imponeva. Si conserva del suo governo un’ampia documentazione grazie al Registro delle sue lettere (oltre 800), nelle quali si riflette il quotidiano confronto con i complessi interrogativi che affluivano sul suo tavolo. Erano questioni che gli venivano dai Vescovi, dagli Abati, dai clerici, e anche dalle autorità civili di ogni ordine e grado. Tra i problemi che affliggevano in quel tempo l’Italia e Roma ve n’era uno di particolare rilievo in ambito sia civile che ecclesiale: la questione longobarda. Ad essa il Papa dedicò ogni energia possibile in vista di una soluzione veramente pacificatrice. A differenza dell’Imperatore bizantino che partiva dal presupposto che i Longobardi fossero soltanto individui rozzi e predatori da sconfiggere o da sterminare, san Gregorio vedeva questa gente con gli occhi del buon pastore, preoccupato di annunciare loro la parola di salvezza, stabilendo con essi rapporti di fraternità in vista di una futura pace fondata sul rispetto reciproco e sulla serena convivenza tra italiani, imperiali e longobardi. Si preoccupò della conversione dei giovani popoli e del nuovo assetto civile dell’Europa: i Visigoti della Spagna, i Franchi, i Sassoni, gli immigrati in Britannia ed i Longobardi, furono i destinatari privilegiati della sua missione evangelizzatrice. Abbiamo celebrato ieri la memoria liturgica di sant’Agostino di Canterbury, il capo di un gruppo di monaci incaricati da Gregorio di andare in Britannia per evangelizzare l’Inghilterra.
Per ottenere una pace effettiva a Roma e in Italia, il Papa si impegnò a fondo - era un vero pacificatore - , intraprendendo una serrata trattativa col re longobardo Agilulfo. Tale negoziazione portò ad un periodo di tregua che durò per circa tre anni (598 - 601), dopo i quali fu possibile stipulare nel 603 un più stabile armistizio. Questo risultato positivo fu ottenuto anche grazie ai paralleli contatti che, nel frattempo, il Papa intratteneva con la regina Teodolinda, che era una principessa bavarese e, a differenza dei capi degli altri popoli germanici, era cattolica, profondamente cattolica. Si conserva una serie di lettere del Papa Gregorio a questa regina, nelle quali egli dimostra la sua stima e la sua amicizia per lei. Teodolinda riuscì man mano a guidare il re al cattolicesimo, preparando così la via alla pace. Il Papa si preoccupò anche di inviarle le reliquie per la basilica di S. Giovanni Battista da lei fatta erigere a Monza, né mancò di farle giungere espressioni di augurio e preziosi doni per la medesima cattedrale di Monza in occasione della nascita e del battesimo del figlio Adaloaldo. La vicenda di questa regina costituisce una bella testimonianza circa l’importanza delle donne nella storia della Chiesa. In fondo, gli obiettivi sui quali Gregorio puntò costantemente furono tre: contenere l’espansione dei Longobardi in Italia; sottrarre la regina Teodolinda all’influsso degli scismatici e rafforzarne la fede cattolica; mediare tra Longobardi e Bizantini in vista di un accordo che garantisse la pace nella penisola e in pari tempo consentisse di svolgere un’azione evangelizzatrice tra i Longobardi stessi. Duplice fu quindi il suo costante orientamento nella complessa vicenda: promuovere intese sul piano diplomatico-politico, diffondere l’annuncio della vera fede tra le popolazioni.
Accanto all’azione meramente spirituale e pastorale, Papa Gregorio si rese attivo protagonista anche di una multiforme attività sociale. Con le rendite del cospicuo patrimonio che la Sede romana possedeva in Italia, specialmente in Sicilia, comprò e distribuì grano, soccorse chi era nel bisogno, aiutò sacerdoti, monaci e monache che vivevano nell’indigenza, pagò riscatti di cittadini caduti prigionieri dei Longobardi, comperò armistizi e tregue. Inoltre svolse sia a Roma che in altre parti d’Italia un’attenta opera di riordino amministrativo, impartendo precise istruzioni affinché i beni della Chiesa, utili alla sua sussistenza e alla sua opera evangelizzatrice nel mondo, fossero gestiti con assoluta rettitudine e secondo le regole della giustizia e della misericordia. Esigeva che i coloni fossero protetti dalle prevaricazioni dei concessionari delle terre di proprietà della Chiesa e, in caso di frode, fossero prontamente risarciti, affinché non fosse inquinato con profitti disonesti il volto della Sposa di Cristo.
Questa intensa attività Gregorio la svolse nonostante la malferma salute, che lo costringeva spesso a restare a letto per lunghi giorni. I digiuni praticati durante gli anni della vita monastica gli avevano procurato seri disturbi all’apparato digerente. Inoltre, la sua voce era molto debole così che spesso era costretto ad affidare al diacono la lettura delle sue omelie, affinché i fedeli presenti nelle basiliche romane potessero sentirlo. Faceva comunque il possibile per celebrare nei giorni di festa Missarum sollemnia, cioè la Messa solenne, e allora incontrava personalmente il popolo di Dio, che gli era molto affezionato, perché vedeva in lui il riferimento autorevole a cui attingere sicurezza: non a caso gli venne ben presto attribuito il titolo di consul Dei. Nonostante le condizioni difficilissime in cui si trovò ad operare, riuscì a conquistarsi, grazie alla santità della vita e alla ricca umanità, la fiducia dei fedeli, conseguendo per il suo tempo e per il futuro risultati veramente grandiosi. Era un uomo immerso in Dio: il desiderio di Dio era sempre vivo nel fondo della sua anima e proprio per questo egli era sempre molto vicino al prossimo, ai bisogni della gente del suo tempo. In un tempo disastroso, anzi disperato, seppe creare pace e dare speranza. Quest’uomo di Dio ci mostra dove sono le vere sorgenti della pace, da dove viene la vera speranza e diventa così una guida anche per noi oggi.
Nonostante i molteplici impegni connessi con la sua funzione di Vescovo di Roma, egli ci ha lasciato numerose opere, alle quali la Chiesa nei secoli successivi ha attinto a piene mani. Oltre al cospicuo epistolario – il Registro a cui accennavo nella scorsa catechesi contiene oltre 800 lettere – egli ci ha lasciato innanzitutto scritti di carattere esegetico, tra cui si distinguono il Commento morale a Giobbe - noto sotto il titolo latino di Moralia in Iob -, le Omelie su Ezechiele, le Omelie sui Vangeli. Vi è poi un’importante opera di carattere agiografico, i Dialoghi, scritta da Gregorio per l’edificazione della regina longobarda Teodolinda. L’opera principale e più nota è senza dubbio la Regola pastorale, che il Papa redasse all’inizio del pontificato con finalità chiaramente programmatiche.
Volendo passare in veloce rassegna queste opere, dobbiamo anzitutto notare che, nei suoi scritti, Gregorio non si mostra mai preoccupato di delineare una “sua” dottrina, una sua originalità. Piuttosto, egli intende farsi eco dell’insegnamento tradizionale della Chiesa, vuole semplicemente essere la bocca di Cristo e della sua Chiesa sul cammino che si deve percorrere per giungere a Dio. Esemplari sono a questo proposito i suoi commenti esegetici. Egli fu un appassionato lettore della Bibbia, a cui si accostò con intendimenti non semplicemente speculativi: dalla Sacra Scrittura, egli pensava, il cristiano deve trarre non tanto conoscenze teoriche, quanto piuttosto il nutrimento quotidiano per la sua anima, per la sua vita di uomo in questo mondo. Nelle Omelie su Ezechiele, ad esempio, egli insiste fortemente su questa funzione del testo sacro: avvicinare la Scrittura semplicemente per soddisfare il proprio desiderio di conoscenza significa cedere alla tentazione dell’orgoglio ed esporsi così al rischio di scivolare nell’eresia. L’umiltà intellettuale è la regola primaria per chi cerca di penetrare le realtà soprannaturali partendo dal Libro sacro. L’umiltà, ovviamente, non esclude lo studio serio; ma per far sì che questo risulti spiritualmente proficuo, consentendo di entrare realmente nella profondità del testo, l’umiltà resta indispensabile. Solo con questo atteggiamento interiore si ascolta realmente e si percepisce finalmente la voce di Dio. D’altra parte, quando si tratta di Parola di Dio, comprendere non è nulla, se la comprensione non conduce all’azione. In queste omelie su Ezechiele si trova anche quella bella espressione secondo cui “il predicatore deve intingere la sua penna nel sangue del suo cuore; potrà così arrivare anche all’orecchio del prossimo”. Leggendo queste sue omelie si vede che realmente Gregorio ha scritto con il sangue del suo cuore e perciò ancora oggi parla a noi.
Questo discorso Gregorio sviluppa anche nel Commento morale a Giobbe. Seguendo la tradizione patristica, egli esamina il testo sacro nelle tre dimensioni del suo senso: la dimensione letterale, la dimensione allegorica e quella morale, che sono dimensioni dell’unico senso della Sacra Scrittura. Gregorio tuttavia attribuisce una netta prevalenza al senso morale. In questa prospettiva, egli propone il suo pensiero attraverso alcuni binomi significativi - sapere-fare, parlare-vivere, conoscere-agire -, nei quali evoca i due aspetti della vita umana che dovrebbero essere complementari, ma che spesso finiscono per essere antitetici. L’ideale morale, egli commenta, consiste sempre nel realizzare un’armoniosa integrazione tra parola e azione, pensiero e impegno, preghiera e dedizione ai doveri del proprio stato: è questa la strada per realizzare quella sintesi grazie a cui il divino discende nell’uomo e l’uomo si eleva fino alla immedesimazione con Dio. Il grande Papa traccia così per l’autentico credente un completo progetto di vita; per questo il Commento morale a Giobbe costituirà nel corso del medioevo una specie di Summa della morale cristiana.
Di notevole rilievo e bellezza sono pure le Omelie sui Vangeli. La prima di esse fu tenuta nella basilica di San Pietro durante il tempo di Avvento del 590 e dunque pochi mesi dopo l’elezione al Pontificato; l’ultima fu pronunciata nella basilica di San Lorenzo nella seconda domenica dopo Pentecoste del 593. Il Papa predicava al popolo nelle chiese dove si celebravano le “stazioni” - particolari cerimonie di preghiera nei tempi forti dell’anno liturgico - o le feste dei martiri titolari. Il principio ispiratore, che lega insieme i vari interventi, si sintetizza nella parola “praedicator”: non solo il ministro di Dio, ma anche ogni cristiano, ha il compito di farsi “predicatore” di quanto ha sperimentato nel proprio intimo, sull’esempio di Cristo che s’è fatto uomo per portare a tutti l’annuncio della salvezza. L’orizzonte di questo impegno è quello escatologico: l’attesa del compimento in Cristo di tutte le cose è un pensiero costante del grande Pontefice e finisce per diventare motivo ispiratore di ogni suo pensiero e di ogni sua attività. Da qui scaturiscono i suoi incessanti richiami alla vigilanza e all’impegno nelle buone opere.
Il testo forse più organico di Gregorio Magno è la Regola pastorale, scritta nei primi anni di Pontificato. In essa Gregorio si propone di tratteggiare la figura del Vescovo ideale, maestro e guida del suo gregge. A tal fine egli illustra la gravità dell’ufficio di pastore della Chiesa e i doveri che esso comporta: pertanto, quelli che a tale compito non sono stati chiamati non lo ricerchino con superficialità, quelli invece che l’avessero assunto senza la debita riflessione sentano nascere nell’animo una doverosa trepidazione. Riprendendo un tema prediletto, egli afferma che il Vescovo è innanzitutto il “predicatore” per eccellenza; come tale egli deve essere innanzitutto di esempio agli altri, così che il suo comportamento possa costituire un punto di riferimento per tutti. Un’efficace azione pastorale richiede poi che egli conosca i destinatari e adatti i suoi interventi alla situazione di ognuno: Gregorio si sofferma ad illustrare le varie categorie di fedeli con acute e puntuali annotazioni, che possono giustificare la valutazione di chi ha visto in quest’opera anche un trattato di psicologia. Da qui si capisce che egli conosceva realmente il suo gregge e parlava di tutto con la gente del suo tempo e della sua città.
Il grande Pontefice, tuttavia, insiste sul dovere che il Pastore ha di riconoscere ogni giorno la propria miseria, in modo che l’orgoglio non renda vano, dinanzi agli occhi del Giudice supremo, il bene compiuto. Per questo il capitolo finale della Regola è dedicato all’umiltà: “Quando ci si compiace di aver raggiunto molte virtù è bene riflettere sulle proprie insufficienze ed umiliarsi: invece di considerare il bene compiuto, bisogna considerare quello che si è trascurato di compiere”. Tutte queste preziose indicazioni dimostrano l’altissimo concetto che san Gregorio ha della cura delle anime, da lui definita “ars artium”, l’arte delle arti. La Regola ebbe grande fortuna al punto che, cosa piuttosto rara, fu ben presto tradotta in greco e in anglosassone.
Significativa è pure l’altra opera, i Dialoghi, in cui all’amico e diacono Pietro, convinto che i costumi fossero ormai così corrotti da non consentire il sorgere di santi come nei tempi passati, Gregorio dimostra il contrario: la santità è sempre possibile, anche in tempi difficili. Egli lo prova narrando la vita di persone contemporanee o scomparse da poco, che ben potevano essere qualificate sante, anche se non canonizzate. La narrazione è accompagnata da riflessioni teologiche e mistiche che fanno del libro un testo agiografico singolare, capace di affascinare intere generazioni di lettori. La materia è attinta alle tradizioni vive del popolo ed ha lo scopo di edificare e formare, attirando l’attenzione di chi legge su una serie di questioni quali il senso del miracolo, l’interpretazione della Scrittura, l’immortalità dell’anima, l’esistenza dell’inferno, la rappresentazione dell’aldilà, temi tutti che abbisognavano di opportuni chiarimenti. Il libro II è interamente dedicato alla figura di Benedetto da Norcia ed è l’unica testimonianza antica sulla vita del santo monaco, la cui bellezza spirituale appare nel testo in tutta evidenza.
Nel disegno teologico che Gregorio sviluppa attraverso le sue opere, passato, presente e futuro vengono relativizzati. Ciò che per lui conta più di tutto è l’arco intero della storia salvifica, che continua a dipanarsi tra gli oscuri meandri del tempo. In questa prospettiva è significativo che egli inserisca l’annunzio della conversione degli Angli nel bel mezzo del Commento morale a Giobbe: ai suoi occhi l’evento costituiva un avanzamento del Regno di Dio di cui tratta la Scrittura; poteva quindi a buona ragione essere menzionato nel commento ad un libro sacro. Secondo lui le guide delle comunità cristiane devono impegnarsi a rileggere gli eventi alla luce della Parola di Dio: in questo senso il grande Pontefice sente il dovere di orientare pastori e fedeli nell’itinerario spirituale di una lectio divina illuminata e concreta, collocata nel contesto della propria vita.
Prima di concludere è doveroso spendere una parola sulle relazioni che Papa Gregorio coltivò con i Patriarchi di Antiochia, di Alessandria e della stessa Costantinopoli. Si preoccupò sempre di riconoscerne e rispettarne i diritti, guardandosi da ogni interferenza che ne limitasse la legittima autonomia. Se tuttavia san Gregorio, nel contesto della sua situazione storica, si oppose al titolo di “ecumenico” assunto da parte del Patriarca di Costantinopoli, non lo fece per limitare o negare la sua legittima autorità, ma perché egli era preoccupato dell’unità fraterna della Chiesa universale. Lo fece soprattutto per la sua profonda convinzione che l’umiltà dovrebbe essere la virtù fondamentale di ogni Vescovo, ancora più di un Patriarca. Gregorio era rimasto semplice monaco nel suo cuore e perciò era decisamente contrario ai grandi titoli. Egli voleva essere - è questa la sua espressione - servus servorum Dei. Questa parola da lui coniata non era nella sua bocca una pia formula, ma la vera manifestazione del suo modo di vivere e di agire. Egli era intimamente colpito dall’umiltà di Dio, che in Cristo si è fatto nostro servo, ci ha lavato e ci lava i piedi sporchi. Pertanto egli era convinto che soprattutto un Vescovo dovrebbe imitare questa umiltà di Dio e così seguire Cristo. Il suo desiderio veramente era di vivere da monaco in permanente colloquio con la Parola di Dio, ma per amore di Dio seppe farsi servitore di tutti in un tempo pieno di tribolazioni e di sofferenze; seppe farsi “servo dei servi”. Proprio perché fu questo, egli è grande e mostra anche a noi la misura della vera grandezza.
Autore: Papa Benedetto XVI (Udienza Generale 4.06.2008)
Mercoledì, 28 maggio 2008
Bratia a sestry, Kristus je cesta k Otcovi a v Eucharistii sa ponúka každému z nás ako prameň božského života. Čerpajme vytrvalo z toho prameňa. S týmto želaním žehnám vás i vašich drahých.
Pochválený buď Ježiš Kristus!
Fratelli e sorelle, Cristo è la via che conduce al Padre e nell’Eucaristia si offre ad ognuno di noi come sorgente di vita divina. Attingiamone con perseveranza. Con questi voti benedico voi ed i vostri cari.
Sia lodato Gesù Cristo!
Rád vám všem žehnám! Chvála Kristu!
Volentieri vi benedico tutti. Sia lodato Gesù Cristo!
Bratia a sestry, modlite sa za vašich novokňazov, vysvätenych v tomto mesiaci, aby verne hlásali evanjelium a slávili Božie tajomstvá.
Ochotne žehnám vás, vaše rodiny aj všetkých novokňazov.
Pochválený buď Ježiš Kristus!
Fratelli e sorelle, pregate per i vostri sacerdoti novelli, ordinati in questo mese, perché fedelmente annunzino il Vangelo e celebrino i misteri divini.
Volentieri benedico voi, le vostre famiglie e tutti i sacerdoti novelli.
Sia lodato Gesù Cristo!
Limbourg brothers (fl. 1402–1416),
La Procession de saint Grégoire (partie gauche de la miniature, folio 71 verso),
Sous le texte, une procession sort par d'une porte, devancé par une chasse,
puis le pape Saint Grégoire qui voit apparaître au sommet du mausolée d'Hadrien
un ange qui range son épée dans son fourreau, signe de la fin de l'épidémie de
peste, 1411-1416, tempera on vellum, 29 x
21, Condé Museum , Raymond Cazelles et Johannes
Rathofer (préf. Umberto Eco), Les Très Riches Heures du Duc de Berry,
Tournai, La Renaissance du Livre, 2001 (1re éd. 1988), 238 p. (ISBN 2-8046-0582-5), p.68-69
GREGORIO I Magno, Santo
di G. Mochi Onori - Enciclopedia dell' Arte Medievale
(1996)
GREGORIO I Magno, Santo
Dottore della Chiesa e papa (590-604), G. nacque a
Roma nel 540 ca. da una famiglia dell'aristocrazia senatoria, la gens Anicia,
alla quale erano anche appartenuti i papi Felice III (483-492) e Agapito I
(535-536).Grazie al clima di rinnovamento civile e culturale che seguì la fine
della guerra gotica (553), G. poté ricevere un'educazione di prim'ordine,
incentrata sullo studio di grammatica, retorica, dialettica (Gregorio di Tours,
Hist. Fr., X, 1) e probabilmente diritto, a giudicare dalla competenza
successivamente dimostrata nell'ambito delle sue mansioni amministrative. Fu
infatti avviato alla carriera di funzionario del governo bizantino di Roma e,
nel 573 ca., raggiunse la carica di praefectus Urbis, la magistratura più alta
della città. Di poco successiva fu la decisione di aderire alla vita monastica
e di fondare sei monasteri in Sicilia, dotandoli di possedimenti provenienti
dal suo patrimonio personale (Gregorio di Tours, Hist. Fr., X, 1). Similmente,
a Roma G. trasformò la casa paterna sul clivus Scauri, la via romana che
discendeva dal Celio, nel monastero di S. Andrea (Lib. Pont., I, p. 312;
Giovanni Diacono, Vita Gr., I, 6), dove egli stesso si ritirò in meditazione e
preghiera, seguendo una regola probabilmente molto simile a quella benedettina
(Porcel, 1960). Consacrato diacono da papa Pelagio II, dal 579 G. iniziò una
stretta collaborazione con il pontefice, prima come apocrisario presso la corte
imperiale - dove iniziò la composizione della sua maggiore opera esegetica, i
Moralia in Iob (o Expositio in Iob) -, poi come suo consigliere e segretario.
Quando nel 590 il papa perì vittima della peste, G., pur riluttante, gli
successe per l'unanime designazione di popolo e clero.Al nuovo pontefice si
presentava una situazione difficilissima. Egli stesso in una delle omelie
tenute all'inizio del suo pontificato, prendendo spunto dal testo del profeta
Ezechiele, descrisse l'Italia devastata dalla guerra di occupazione longobarda:
"Ubique luctus aspicimus, undique gemitus audiamus. Destructae urbes,
eversa sunt castra, depopulati agri, in solitudine terra redacta est. Nullus in
agris incola, pene nullus in urbibus habitator remansit. [...] Ipsa autem quae
aliquando mundi domina esse videbatur qualis remanserit Roma conspicitis.
Immensis doloribus multipliciter attrita, desolatione civium, impressione
hostium, frequentia ruinarum" (Hom. in Ez., II, 6, 22). Si avverte in
queste parole la percezione di vivere in un'epoca di decadenza e di catastrofi,
nelle quali G., con forte convinzione escatologica, vedeva i segni
dell'imminente fine del mondo (Manselli, 1954). Non per questo tuttavia egli
assunse un atteggiamento passivo o puramente ascetico. I quattordici anni del
suo pontificato furono infatti percorsi da un'attività instancabile,
testimoniata dal Registrum epistolarum, un'imponente raccolta di
ottocentoquattordici lettere, che costituisce un documento prezioso per la
conoscenza della vita politica, sociale e religiosa dell'epoca. Vero consul Dei,
come recitava l'iscrizione sepolcrale, di cui sono conservati due piccoli
frammenti (Roma, S. Pietro in Vaticano, Grotte; Dufresne, 1902), G. fornì le
basi della centralità della Chiesa di Roma nell'Occidente medievale e costituì
un punto di riferimento continuo per la cultura cristiana successiva.Con
particolare sollecitudine G. si dedicò all'opera di riorganizzazione della
Chiesa. Seguì l'operato dei singoli vescovi per renderne più efficace l'azione
pastorale, ispirandosi all'ideale di dedizione, umiltà e disinteresse per i
beni temporali, che aveva delineato nella Regula pastoralis. Nominò
amministratori fidati che si occupassero dell'utilizzazione produttiva
dell'enorme patrimonio fondiario posseduto dalla Chiesa. La disponibilità di
mezzi finanziari si rendeva infatti sempre più necessaria in un momento in cui,
con l'indebolirsi della presenza bizantina, la Chiesa andava assumendo un ruolo
di primo piano in ambito temporale. All'epoca del pontificato di G.
l'approvvigionamento di Roma spettava ormai alla Chiesa, come pure la tutela
dei cittadini e di coloro i quali, sempre più numerosi, si trovavano a fuggire
le distruzioni della guerra. In due occasioni, nel 591 e nel 593, quando i
Longobardi giunsero a minacciare direttamente Roma, G. riuscì a scongiurare il
saccheggio della città grazie al pagamento di una cospicua somma di denaro e
avviò, nonostante l'opposizione dell'esarca e dell'imperatore, il negoziato con
il re longobardo Agilulfo (591-615) per il raggiungimento di una
tregua.Rinunciando probabilmente a prendere possesso per conto della Chiesa
degli edifici pubblici di Roma, sembra che G. si sia adoperato piuttosto per la
diffusione delle diaconie, costruzioni alquanto semplici, provviste di un
oratorio, nelle quali veniva offerto ricovero e sostentamento a poveri,
ammalati e pellegrini. S. Maria in Cosmedin, S. Giorgio in Velabro, S. Teodoro
e S. Maria in via Lata contengono testimonianze archeologiche che fanno
ipotizzare una loro fondazione proprio negli anni del pontificato di G. (Krautheimer,
1980, trad. it. pp. 94, 100). L'accoglienza dei pellegrini stava d'altronde
divenendo un compito tanto più importante per la Chiesa, quanto più Roma si
avviava a essere il centro spirituale dell'Occidente anche perché luogo di
sepoltura dei martiri, dove quindi si trovavano le preziose reliquie cui erano
attribuiti poteri salvifici e apotropaici. Martiri e santi alle cui prodigiose
vicende G. aveva appunto dedicato, con palese intento di edificazione, un'opera
popolare come i Dialoghi.Probabilmente per regolamentare l'enorme afflusso di
pellegrini in visita al sepolcro del santo, nella basilica di S. Pietro in
Vaticano venne costruito, innalzando il presbiterio, un corridoio semicircolare
con due accessi, che seguiva la curva interna dell'abside costantiniana. Da
questo passaggio era possibile accedere alla camera dove si trovava la
sepoltura del martire, che veniva così a collocarsi al di sotto dell'altare
maggiore. Sebbene il Lib. Pont. (I, p. 312) testimoni che G., oltre ad aver
donato un ciborio d'argento per l'altare, "fecit ut super corpus beati
Petri missae celebrarentur", resta incerto il ruolo da lui avuto, perché
Gregorio di Tours (De gloria martyrum, 28; PL, LXXI, col. 728) descrive il
nuovo assetto della chiesa come compiuto nel 590. Questo prototipo di cripta
semianulare, della quale a S. Pietro rimane solo qualche traccia, divenne il
modello per innumerevoli riprese (Krautheimer, 1937-1980, V, pp. 265-267; v.
Cripta). La committenza edilizia di G. sembra quindi articolarsi in pochi
essenziali interventi, ai quali occorre però aggiungere l'attività svolta nel
monastero sul Celio. Il complesso conventuale - che deve aver presto
incorporato la biblioteca fondata dal papa Agapito nel 535 ca. - è stato
descritto nel sec. 9° dal biografo di G., Giovanni Diacono, come composto da
due oratori dedicati a Maria Vergine e a s. Barbara, da un triclinium, da un
atrio con ritratti murali dei genitori di G., dalle celle, dalla cantina e da
una piccola abside ove si trovava un tondo con il ritratto di G. (Vita Gr., IV,
83-84, 89). Sull'area occupata una volta dal convento sorge ora il monastero di
S. Gregorio Magno con l'omonima chiesa ed è problematico stabilire l'ubicazione
dei singoli fabbricati gregoriani. Le uniche parti conservate sono comunque da
identificare, oltre che nella c.d. biblioteca di Agapito - i resti di un'aula a
pianta basilicale degli inizi del sec. 5° o dei secc. 5°-6° -, negli avanzi di
costruzioni romane e tardoromane comprese nelle attuali cappelle di S. Andrea e
di S. Barbara, la quale, come vuole la tradizione, potrebbe essere il
triclinium (Marrou, 1931; Krautheimer, 1937-1980, I, pp. 317-321). È però
possibile sostenere su base documentaria che la chiesa di S. Gregorio, che pure
non presenta elementi databili prima del sec. 12° (Krautheimer, 1937-1980, I,
pp. 321-323), sia stata edificata da G. negli anni successivi al ritorno da
Costantinopoli e da lui consacrata nel 595. Al sec. 12° si daterebbe così
solamente un restauro, sostanziale ma rispettoso della costruzione preesistente
(Pedrocchi, 1993, pp. 16-24).Il ruolo del vescovo di Roma non doveva tuttavia
esaurirsi nella cura della città o del Patrimonium Petri. Con forza G. affermò
il primato papale, basato sulla continuità con l'apostolato di s. Pietro,
contestando al patriarca di Costantinopoli il diritto di attribuirsi il titolo
di patriarca ecumenico (Ep., V, 37; 39). In tale prospettiva sono da
considerare il forte dinamismo impresso all'opera di evangelizzazione con la
missione in Britannia del monaco Agostino e i contatti con la regina cattolica
dei Longobardi, Teodolinda, nella speranza di una conversione del suo popolo.
Nel 603 la sovrana, in occasione del battesimo del figlio Adaloaldo, ricevette
da G. una stauroteca "cum ligno sanctae crucis Domini" e un evangeliario
racchiuso in una "theca persica" (Ep., XIV, 12), identificate dalla
tradizione, in modo erroneo o non documentato, rispettivamente con il
reliquiario della Vera Croce di Adaloaldo, in oro, niello e cristallo di rocca,
e con la coperta di evangeliario della regina Teodolinda, in oro, gemme e
cammei, entrambi del sec. 6°-7° (Monza, Mus. del Duomo; Frazer, 1988).Anche
l'arte figurativa assumeva nel programma gregoriano il ruolo di un efficace
strumento per la diffusione della fede. In due epistole indirizzate al vescovo
di Marsiglia Sereno, colpevole di aver distrutto immagini sacre per impedire
che i fedeli le adorassero, G. delineò, forse per la prima volta, i tratti di
quella concezione didascalica della figurazione che sarebbe stata tipica del
Medioevo occidentale. Egli scrisse: "Idcirco enim pictura in Ecclesiis
adhibetur, ut hi qui litteras nesciunt, saltem in parietibus videndo legant
quae legere in codicibus non valent" (Ep., IX, 209), perché "aliud
est enim picturam adorare, aliud per picturae historiam quid sit adorandum
addiscere [...]. Unde praecipue gentibus pro lectione pictura est" (Ep.,
XI, 10).
Iconografia
La grande fama di cui G. godette lungo tutto il
Medioevo e la diffusione rapida e larghissima delle sue opere spiegano
l'abbondanza della sua celebrazione figurativa. Le più antiche immagini
conservate lo rappresentano giovane, a capo scoperto, cinto da un pallio, con
l'attributo del libro e in posa frontale benedicente. Così appare nella pittura
(sec. 7°-8°) sul lato interno del dittico eburneo di Boezio, dove compare
insieme a s. Girolamo e s. Agostino (Brescia, Civ. Mus. Cristiano), in un
affresco romano di S. Maria Antiqua datato agli inizi del sec. 8° e in una
miniatura delle Omelie della fine del sec. 8° (Vercelli, Bibl. Capitolare,
CXLVIII, c. 9v).Ben presto comparve l'attributo della colomba, simbolo
dell'ispirazione dello Spirito Santo - per es. nella Regula pastoralis del sec.
9° (Roma, BAV, S. Maria Maggiore 43, c. 1v) -, spesso, sulla scorta di un
episodio narrato da Paolo Diacono (Vita Gr., 13), in scene dove G. appare
intento a dettare e il diacono Pietro, suo principale collaboratore e
interlocutore nei Dialoghi, lo osserva da dietro una tenda - come in un
sacramentario del sec. 9° (Parigi, BN, lat. 1141, c. 3r) o in una carta
proveniente da un codice del Registrum Gregorii della fine del sec. 10°
(Treviri, Stadtbibl., 171a; Ladner, 1941-1984, III, pp. 335-340) - magari
forandola con lo stilo, come in un manoscritto del sec. 12° (Bruxelles, Bibl.
Royale, 9916-17, c. 1v). Poco dopo si diffuse l'uso di raffigurare G. con la
tiara, semplice, come nel rilievo proveniente dal portale dell'abbazia di
Petershausen (Karlsruhe, Badisches Landesmus.) e in quello del portale
meridionale della cattedrale di Chartres (1215-1220), o arricchita da una corona,
come nei dipinti del 1315 e del 1320 ca. di Simone Martini (Siena, Palazzo
Pubblico, Maestà, cimasa; Pisa, Mus. Naz. e Civ. di S. Matteo, polittico,
predella). In un affresco ispirato ai Moralia nella cappella di S. Gregorio del
Sacro Speco a Subiaco (1228) G. e Giobbe appaiono l'uno di fronte all'altro,
tenendo in mano cartigli con versetti del libro di Giobbe (Gb. 1, 1, 21).
Talvolta la colomba ispiratrice è sostituita da un angelo, per es. in un codice
del 1022-1035 dei Moralia (Montecassino, Bibl., 73, c. 5r) o nel mosaico del
battistero della basilica di S. Marco a Venezia (sec. 14°).Sul finire del
Medioevo iniziò a diffondersi un tema iconografico basato sulla leggenda
secondo la quale, durante una processione indetta da G., l'arcangelo Michele sarebbe
apparso alla sommità del mausoleo di Adriano ringuainando la spada come segno
della fine della pestilenza (Jacopo da Varazze, Legenda aurea, 46, 4). Le prime
rappresentazioni della scena figurano su un pannello di predella del sec. 14°
riferito da Gronau (1950) alla scuola di Agnolo Gaddi (Roma, Mus. Vaticani,
Pinacoteca, depositi, già inv. nr. 13) e nell'affresco del 1363-1380 ca. di
Spinello Aretino nella chiesa di S. Francesco ad Arezzo.
Bibl.:
Fonti. - Gregorio Magno, Moralia in Iob, a cura di M.
Adriaen, in Corpus Christianorum Lat., CXLIII, 1-3, 1979-1985; id., Homiliae in
Ezechielem prophetam, a cura di M. Adriaen, ivi, CXLII, 1971; id., Regula
pastoralis, in PL, LXXVII, coll. 13-128; id., Dialogi, a cura di A. de Vogüé,
in SC, CCLI, CCLX, CCLXV, 1978-1980; id., Registrum epistolarum, a cura di D.
Norberg, in Corpus Christianorum Lat., CXL, 1-2, 1982; Paolo Diacono, Sancti
Gregorii Magni Vita, in PL, LXXV, coll. 41-60; Giovanni Diacono, Sancti
Gregorii Magni Vita, ivi, coll. 60-242.
Letteratura critica. - D. Dufresne, Les cryptes
vaticanes, Paris-Roma 1902, pp. 66-67; H.J. Marrou, Autour de la Bibliothèque
du Pape Agapit, MAH 48, 1931, pp. 124-169; R. Krautheimer, Corpus Basilicarum
Christianarum Romae, 5 voll., Città del Vaticano 1937-1980; G.B. Ladner, Die
Papstbildnisse des Altertums und des Mittelalters (Monumenti di antichità
cristiana, s. II, 4), 3 voll., Città del Vaticano 1941-1984; O. Bertolini, Per
la storia delle diaconie romane nell'alto medioevo sino alla fine del secolo
VIII, Archivio della Società romana di storia patria 70, 1947, pp. 1-145 (rist.
in id., Scritti scelti di storia medioevale, I, Livorno 1968, pp. 311-460);
H.D. Gronau, A Dispersed Florentine Altarpiece and its Possible Origin,
Proporzioni 3, 1950, pp. 41-47: 43, tav. XXVI; R. Manselli, L'escatologia di
Gregorio Magno, Ricerche di storia religiosa 1, 1954, pp. 72-88; C. Porcel, San
Gregorio Magno y el monacato. Cuestiones controvertidas, Montserrat 1960; J.
Croquison, Les origines de l'iconographie gregorienne, CahA 12, 1962, pp.
249-262; V. Monachino, P. Cannata, s.v. Gregorio I, in Bibl.SS, VII, 1966, pp.
222-287; A Thomas, s.v. Gregor I. der Grosse, in LCI, VI, 1974, coll. 432-441;
C. Leonardi, La 'Vita Gregorii' di Giovanni Diacono, in Roma e l'età
carolingia, "Atti delle Giornate di studio, Roma 1976", Roma 1976,
pp. 381-393; P. Amargier, La querelle des images à Marseille en 600, Marseille
117, 1979, pp. 90-91; R. Krautheimer, Rome. Profile of a City, 312-1308,
Princeton 1980 (trad. it. Roma. Profilo di una città, 312-1308, Roma 1981, pp.
77-114); J. Richards, Consul of God. The Life and Times of Gregory the Great,
London 1980 (trad. it. Il console di Dio. La vita e i tempi di Gregorio Magno,
Firenze 1984); G. Arnaldi, L'approvvigionamento di Roma e l'amministrazione dei
"Patrimoni di S. Pietro" al tempo di Gregorio Magno, Studi romani 34,
1986, pp. 25-39; M. Frazer, Oreficerie altomedievali, in Monza. Il Duomo e i
suoi tesori, Milano 1988, pp. 15-48: 22-25; R. Godding, Bibliografia di
Gregorio Magno, in Opere di Gregorio Magno. Complementi I, Roma 1990; G.
Rapisarda, Per una storia dei rapporti fra produzione letteraria e produzione
artistica nell'Alto Medioevo occidentale: Gregorio Magno e le epistole IX, 209
e XI, 10 a Sereno di Marsiglia, in Gregorio Magno. Il maestro della
comunicazione spirituale e la tradizione gregoriana in Sicilia, "Atti del
Convegno, Vizzini 1991", a cura di L. Giordano, Catania 1991, pp. 129-142;
A.M. Pedrocchi, San Gregorio al Celio. Storia di una abbazia, Roma 1993.G.
Mochi Onori
San Gregorio, fine XV sec, Gasparo Cairano, chiesa di
Santa Maria dei Miracoli (Brescia)
GREGORIO I papa,
detto Magno, santo
di Ottorino BERTOLINI - Giampiero PUCCI - Enciclopedia Italiana (1933)
GREGORIO I papa, detto Magno, santo. - Nacque
intorno al 535 in Roma. La madre Silvia era di nobile stirpe, discendente
dall'illustre gens Anicia; il padre, Gordiano, anch'egli originario di
famiglia imparentata con gli Anici, apparteneva all'ordo senatorius. Anche G.,
compiuti gli studî di grammatica e di diritto, entrò nella vita pubblica e
copri il cospicuo ufficio di praefectus urbi (573?). Ma al suo, come
a tanti altri spiriti superiori di quei tempi travagliati - esempio insigne
Cassiodoro - l'angoscioso spettacolo delle miserie d'Italia e di Roma, in
confronto con la passata gloriosa potenza, era motivo di dolorose meditazioni
sulla caducità delle fortune terrene. La conquista longobarda e la lotta
impegnata dai Bizantini per salvare dai Longobardi il loro recente dominio, si
erano abbattute sull'Italia quando cominciava appena a risollevarsi dal
terribile flagello della guerra greco-gotica, che per quasi vent'anni (535-553)
l'aveva desolata. Roma stessa, dove tanti monumenti testimoniavano ancora
l'antica potenza, vedeva stringersi attorno il cerchio minaccioso delle armi
barbariche. Era l'età in cui la vita monastica, intesa, nello spirito e secondo
le regole di S. Benedetto, come la manifestazione più alta e più pura di fede,
appariva l'unica via degna di essere presa da chi voleva trovare in Dio il più
saldo rifugio nella bufera travolgente. G., abbandonata ogni pompa mondana,
fondò sei monasteri nei suoi possessi di Sicilia, largì ai poveri le sue
ricchezze, e ridotto a monastero, che intitolò a S. Andrea, lo stesso sontuoso
palazzo della famiglia sul Celio, vi si raccolse nella contemplazione delle
eterne verità. Ma non vi rimase a lungo. Quando papa Pelagio II ebbe bisogno di
persona capace di tutelare degnamente ed efficacemente gl'interessi materiali e
spirituali della sede apostolica presso l'imperatore d'Oriente in così
difficili momenti, fece cadere la sua scelta su G., che mandò da Tiberio come
suo apocrisario, ossia legato (579). A Costantinopoli rimase G. fino al 586.
Ebbe così modo di raccogliere preziose esperienze di uomini e di cose in quello
che, oltre ad essere il centro politicamente più sensibile e importante
dell'antico mondo romano, era anche tenebroso nido di torbide passioni e di
raffinati intrighi. Colà strinse legami d'amicizia con illustri personaggi;
l'imperatore Maurizio, successore di Tiberio, volle che egli tenesse a
battesimo il suo primogenito Teodosio. D'altra parte la missione di fiducia
aveva posto in rilievo le qualità di G., che tornato a Roma (586?) fu
apprezzato consigliere del papa. Questo fatto, e la fama di pietà che
circondava il suo nome, per il devoto raccoglimento in cui era sempre vissuto,
lo designarono ai voti unanimi del clero e del popolo di Roma come il
successore più degno di Pelagio II quando questi morì il 7 febbraio 590. G.
nella sua umiltà fu assai riluttante ad accettare l'altissimo onore. La pia
tradizione racconta di una lettera da lui scritta all'imperatore Maurizio,
perché non acconsentisse all'avvenuta elezione, e che fu intercettata
dal praefectus urbi Germano; di un suo tentativo di fuga; dice che
solo a forza s'indusse a lasciarsi consacrare il 3 settembre 590. Saliva sulla
cattedra di S. Pietro uno dei più grandi papi che abbiano illustrato, con
l'altezza della mente e col fervore delle opere, la storia della Chiesa. Appena
eletto, assolse con rapida energia il compito di combattere la peste e la fame,
che infuriavano a Roma, triste strascico della rovinosa inondazione del Tevere
nel gennaio di quell'anno. Oltre alla solenne processione espiatoria, che
rimase famosa nella pia tradizione perché sarebbe allora apparso ai devoti,
sugli estremi fastigi del mausoleo di Adriano, l'angelo rinfoderante la spada,
a significare placata l'ira divina, G. usò, a risollevare il popolo dalle sue
miserie, delle molteplici risorse materiali di cui disponeva la Chiesa, con le
diaconie, che provvedevano a mensili distribuzioni di frumento, olio, vino e
legumi; con le giornaliere distribuzioni di alimento al domicilio dei più
bisognosi; con l'invio periodico di viveri a monasteri e ospedali. Né invocò
invano il concorso delle sue influenti amicizie. L'attività di G. in aiuto
della popolazione romana non si limitò alle strette della carestia e del morbo.
Roma e il territorio intorno erano minacciati dai Longobardi di Spoleto e
Benevento. Tarda e inefficace risultava l'azione dell'esarca. Dalla sua sede di
Ravenna era già molto se riusciva a mantenere le comunicazioni con Roma
attraverso l'Appennino centrale, continuamente esposto agli attacchi dei
Longobardi di Spoleto. Nell'incalzare del pericolo, G. non esitò a prendere
cgli stesso le disposizioni militari e politiche che sarebbero spettate alle
autorità imperiali. Per suo ordine il capitano Leonzio e il maestro delle
milizie Veloce mossero a minacciare da Nepi e da Perugia sul rovescio il duca
di Spoleto, Ariulfo, che nel settembre del 591 si era spinto sino a Narni; e
quando apparve che non vi era altro mezzo per salvare Roma, G. trattò con Ariulfo,
che acconsentì ad allontanarsi dopo aver ottenuto un tributo di denaro (luglio
592). G. provvide anche alla difesa di Napoli, minacciata dal duca di Benevento
Arechi, che si era impadronito di Capua, facendovi prontamente accorrere il
tribuno Costanzio. Solo per breve tempo e con effimeri risultati la direzione
delle operazioni militari nel territorio di Roma fu assunta dall'esarca Romano,
che, risalendo la valle del Tevere, sgombrò dai barbari parte della Sabina, da
Orte a Todi. Ma nel 593 lo stesso re dei Longobardi, Agilulfo, piombava su Roma
col suo esercito. Non l'esarca, di nuovo lontano, o i suoi ufficiali salvarono
la città dagli orrori di un assedio, ma il papa. G. incontrò animosamente
Agilulfo, in un colloquio fuori delle mura, sui gradini della chiesa di S.
Pietro, e lo indusse a ritirarsi; la città s'impegnava però a un tributo annuo
di 500 libbre d'oro. Aspro rimprovero gliene venne da Costantinopoli; ma G.,
lungi dal cercare di sottrarsi alla responsabilità di quanto aveva fatto, se lo
attribui giustameme ad onore in una fiera lettera all'imperatore Maurizio,
tutta penetrata di caldo amor patrio per la sua Italia e per la sua Roma, e di
profonda commozione per le miserie che ne piagavano le popolazioni. A dare
finalmente ad esse un po' di pace G. si adoperò con tutte le sue energie. Col
duca di Benevento riusci a stabilire rapporti cordiali, tanto che Arechi gli
fece dono di travi per S. Pietro; il suo legato a Ravenna, il monaco Probo,
abate di S. Andrea al Celio, poté ottenere che fra Agilulfo e i Bizantini fosse
stipulata (599) una tregua biennale, che fu purtroppo solo una breve sosta
nella lotta incessante per il dominio della penisola. Con sollecita cura G.
assecondava la pia regina Teodolinda nei suoi sforzi per strappare i connazionali
dall'eresia ariana, e salutò con gran gioia il battesimo che, quasi ad
annunciare una nuova era, Agilulfo aveva fatto impartire nel 603 al figlio
Adaloaldo. Né G. pensò solo a convertire i Longobardi, ma anche gli Angli e i
Sassoni. Sotto l'impulso della sua volontà, una missione guidata dal monaco
Agostino affrontò i disagi del lungo viaggio; superò il primo smarrimento, che,
mentre si trovava con i compagni tuttavia in Provenza, aveva indotto Agostino a
ritornarsene a Roma per impetrare dal papa in nome dei compagni l'abbandono
dell'impresa; ottenne che nel Natale del 597 il re sassone Etelberto e il suo
popolo si convertissero solennemente in Dorovernum (Canterbury). Inizio bene
auspicante di un apostolato, che segnò una delle più belle vittorie dell'opera
universale della Chiesa di Roma. In Gallia, G. difese con vigile cura la purità
della fede, attraverso il suo legato in Austrasia, Vigilio, agendo
personalmente presso Childeberto, Brunechilde, Cotario II, imponendo a
Desiderio, vescovo di Vienne, d'informare l'insegnamento della grammatica nella
sua scuola a uno spirito rigidamente religioso. Nella penisola iberica, nella
parte in cui dominavano i Visigoti, sostenne con parola animatrice il re
Reccaredo, convertitosi al cattolicesimo dopo la reazione ariana infierita con
Leovigildo, il quale non aveva esitato a far perire lo stesso suo figlio
Ermenegildo, tetragono nella fede cattolica sino al martirio, chc G. esaltò
come magnifico esempio di testimonianza della verità; nella parte
sud-orientale, riconquistata da Giustiniano all'Impero, intervenne direttamente
nei conflitti tra quei vescovi e il governatore bizantino. Nell'Africa
mediterranea, ritolta dai Bizantini ai Vandali, e in Italia, G. con mano sicura
e insieme con finissimo tatto fu guida, consigliere, autorevole amico dei
preposti alle varie diocesi. Così egli validamente affermava l'autorità del
vescovo di Roma su tutto l'occidente romano-barbarico.
Nell'oriente bizantino aveva cercato di scuoterla il
patriarca di Costantinopoli, Giovanni, arrogandosi il titolo di universale,
favorito dall'imperatore Maurizio nell'interesse dei suoi disegni politici di
fronte al persistere della non mai spenta tradizione imperiale occidentale, che
faceva di Roma il suo centro. Ma con fermo contegno G., in difesa dell'unità
della Chiesa con a capo il vicario di Cristo sulla cattedra di S. Pietro, si
oppose alla pretesa del patriarca.
Larghi mezzi per la sua opera multiforme G. poté
trarre dalle estese proprietà fondiarie che la Chiesa di Roma possedeva in
tutta l'Italia, e che costituivano il cosiddetto Patrimonium
S. Petri. Queste proprietà avevano un mirabile ordinamento amministrativo
ed economico, che sotto G. fu particolarmente curato.
Erano raggruppate in complessi o patrimonia, che
venivano distinti col nome della provincia o del centro urbano del territorio
in cui si trovavano, e che al tempo di G. erano i seguenti: patrimonium
Ravennae et Histriae, p. in
Dalmatia, p. Tusciae, p. in Corsica, p. in
Sardinia, p. Sabinense et
Carseolanum, p. Appiae, p. Campaniae, p. Apuliae
et Calabriae. p. Bruttiorum, p. Siciliae, poi diviso
in p. Panormitanum, nella parte orientale dell'isola,
e Syracusanum, nell'occidentale. In terre non italiane erano i
patrimonî Galliarum e Africae. Ciascun patrimonio era
amministrato da un rector, che aveva alle sue dipendenze come funzionarî
subordinati notai, chartularii e agenti detti actionarii. Con G.
ai rettori appaiono assegnate attribuzioni assai estese, che al di là della
sfera economica entravano in quella giurisdizionale e spirituale, come
l'assistenza ai poveri e alle vedove, la sorveglianza sul clero e sulle
comunità monastiche, sui vescovi stessi. Talora i rettori acquistarono vera e
propria veste di legati e vicarî pontifici, come in Sicilia, e di apocrisarî o
inviati della S. Sede presso i metropoliti delle diocesi in cui i patrimonî da
loro amministrati si trovavano; il rettore del patrimonio in Gallia ebbe
addirittura funzioni di ambasciatore papale a quella corte. Quando si pensi che
i rettori erano nominati dal papa, e che G., invece di sceglierli, come era
uso, specie nei patrimonî più lontani da Roma o fuori d'Italia, fra i signori o
i vescovi locali, li cercò di norma tra i membri del clero romano, e di solito
tra i suddiaconi, i defensores, qualche volta anche tra i notai
e chartularii della Chiesa di Roma, si comprende quale efficacissimo
strumento nell'amministrazione del Patrimonium S. Petri, così intesa,
egli abbia dato al potere papale per farsi sentire vivo e presente dovunque,
come rigido tutore dell'ordine e della giustizia in un tempo in cui tutto era
violenza, e le autorità civili apparivano incapaci di assolvere il loro
ufficio, o lo esercitavano taglieggiando con tanta durezza le popolazioni, da
render quasi preferibile, come ebbe a dire G., la spada longobarda. G. infatti,
che seguiva personalmente l'amministrazione delle proprietà della Chiesa in
tutti i suoi aspetti, e impartiva ai rettori istruzioni illuminate di ardente
carità e mirabili di chiarezza e di spirito pratico, non solo difendeva con
tutte le sue forze i coloni e i servi, che in esse vivevano, dalle
sopraffazioni degli appaltatori o conductores e li proteggeva dalle
prepotenze dei funzionarî imperiali, ma cercava di frenare la rapacità di
questi ultimi anche in confronto di chi non era nella condizione privilegiata
di trovarsi in un patrimonio della Chiesa di Roma.
Così il grande papa appariva a tutti il comune padre
amorevole, e nuovi copiosi frutti si aggiungevano a quelli che G. raccoglieva
nella sua inesausta opera, volta a purificare e rinvigorire il sentimento
religioso, guidata da quello spirito di profonda fede che pervade i suoi
scritti e ne fa uno dei maggiori padri della chiesa.
La figura morale e i doveri del vescovo
come rector animarunt traccii, G. nel Liber regulae pastoralis,
in quattro parti, composto nel 591 e dedicato a Giovanni vescovo di Ravenna.
L'altissimo concetto in cui egli dimostra di avere il delicato ufficio, e il
rigore con cui ne intendeva l'esercizio, sono la migliore spiegazione
del suo esitare di fronte alle gravi responsabilità del pontificato al momento
dell'elevazione. Le virtù cristiane come norma di vita e unica fonte
dell'eterna salvezza propose G. ai fedeli nelle Homiliae quadraginta in
Evangelia, pubblicate in due libri nel 593, e delle quali più della metà aveva
dette egli stesso, con commossa parola, e le altre, perché malato, aveva fatte
leggere al popolo raccolto nelle basiliche di Roma. Lo sgomento provocato dalla
minaccia longobarda sospesa su Roma dall'esercito di Agilulfo comparso sotto le
sue mura echeggia nella rievocazione della profezia della rovina di
Gerusalemme, che G. fece argomento delle Viginti duae homiliae in
Ezechielem, dedicate nel 593 a Mariniano vescovo di Ravenna. In quegli anni
egli andava anche completando e rielaborando in forma di trattato il commento
al libro di Giobbe, che mentre si trovava a Costantinopoli aveva costituito
l'oggetto di amichevoli conversazioni con i giovani monaci che lo avevano colà
accompagnato. Ne uscì l'ampia esegesi dei 35 Libri
moralium o Expositio in librum Iob, compiuta nel 595, che egli dedicò
a Leandro vescovo di Siviglia.
Intanto dalle tradizioni vive del popolo G. attingeva
la materia, che tra il luglio 593 e il novembre 594 compose nei quattro libri
dei Dialogi. Concepiti come esaltazione dei fatti portentosi, che si
dicevano avvenuti qua e là per l'Italia specie sotto il regno di Totila e
durante l'invasione longobarda; dei miracoli operati dai santi, specie da S.
Benedetto, di cui è raccontata la vita nel secondo libro; della vita
ultraterrena premio degli eletti, i Dialogi riuscirono un quadro
parlante delle condizioni in cui vivevano le classi umili italiane nel sec. VI.
Dal diretto contatto tra l'anima del grande papa e quella del popolo derivano
la lingua stessa e lo stile, che risentono l'influsso del volgare ben più che
non gli altri scritti di G., onde anche per questo i Dialogi hanno un
carattere proprio in confronto con essi.
Imperituro monumento della sua azione come capo della
Chiesa, della sua dottrina religiosa, della sua sapienza politica e
amministrativa, G. ha lasciato nel suo epistolario. Non è giunto sino a noi
completo; ma è pur sempre così copioso nei suoi quattordici libri - tanti
quanti gli anni del pontificato - da costituire una fonte storica di primissimo
ordine per lumeggiare non la sola figura del grande pontefice, ma tutta l'epoca
in cui egli visse.
Da G. trae il nome di gregoriano il canto
liturgico romano, al cui duraturo ordinamento il grande papa diede opera
illuminata e tenace. In grazia di tale assestamento, già iniziato, del resto,
fin dai tempi di Damaso I, la scuola di rito romano poté, nei tempi,
diffondersi vittoriosa in tutta la chiesa latina (v. canto: Canto
liturgico). G. morì il 12 marzo 604. Fino all'ultimo egli diede, con la sua
opera, mirabile prova di ciò che vale la forza dello spirito illuminato dalla
fede, anche se il fisico, come era quello del grande papa, sia debole e
malaticcio.
Iconografia. - Ha i soliti attributi dei papi, tiara e
pastorale con doppia croce, e come dottore della Chiesa tiene nella destra un
libro, talvolta chiuso, talvolta aperto, in atto di leggervi o di scrivervi. Ma
l'attributo suo caratteristico è una colomba che, posata sulla spalla, o ancora
volante, gli si volge all'orecchio come per ispirarlo, secondo ciò che avrebbe
visto una volta un suo scriba. Tra le storie della sua vita più raffigurate
dall'arte: l'apparizione dell'angelo sopra la Mole Adriana; la leggenda
dell'angelo introdottosi con i poveri alla mensa giornaliera imbandita loro dal
papa (v., a es., un dipinto di Paolo Veronese in S. Maria del Monte a Vicenza);
la salvazione dall'inferno dell'imperatore Traiano per intercessione del santo;
la liberazione dal purgatorio del monaco Giusto. Andrea Sacchi dipinse per un
altare di S. Pietro a Roma il miracolo del pannolino che aveva toccato le
reliquie degli apostoli, dal quale, avendolo il papa squarciato con un
coltello, uscì sangue. Grande fortuna ebbe, specie nel nord e nel sec. XV, la
rappresentazione della "messa di S. Gregorio": il papa è figurato in
atto di celebrare la messa: sull'altare appaiono Cristo piagato e spesso i
simboli della Passione.
Fonti: Di G. M. si hanno tre biografie antiche,
scritte, la prima da un anonimo monaco di Whitby, nel secondo decennio del sec.
VIII (ed. da F. A. Gasquet, Londra 1904); la seconda da Paolo Diacono, tra il
770 e il 780 (edita da H. Grisar, in Zeitschrift für katholische
Theologie, XI, 1887, pp. 158-173; la terza (872-882) da Giovanni Diacono, per
invito di papa Giovanni VIII (ed. in Acta Sanctorum, marzo, II, pp. 137-211).
Ediz.: Completa in Migne, Patr. Lat.,
LXXV-LXXIX.V. inoltre: Liber regulae pastoralis, ed. di H. Hurter
(Innsbruck 1872) e di A. M. Micheletti (Tournai 1904); Homiliae
quadraginta in Evangelia, ed. di H. Hurter (in Sanct. Patrum opuscola
selecta, s. 2ª, VI, Innsbruck 1892); Dialogi, ed. di U. Moricca (Roma
1924); Epistolae, ed. di P. Ewald e L. M. Hartmann
(in Monum. Germ. Hist., Epist., I-II, Haxnover
18871889); Epistolae selectae, a cura di N. Turchi (Roma 1907).
Bibl.: Biografie moderne di G. M.: H. F.
Dudden, Gregory the Great, his place in history and thought, voll. 2,
Londra 1905: H. Grisar, S. G. M., traduz. di A. De Santi, Roma 1904: H. H.
Howorth, St Gregory the Great, Londra 1912; W. Stuhlfath, Gregor de
Grosse, Heidelberg 1913; T. Tarducci, Storia di G. M. e del suo tempo,
Roma 1909; F. Ermini, G. M., Roma 1924; P. Batiffol, Saint Grégoire
le Grand, 3ª ed., Parigi 1928. - Sulle questioni particolari. Sulle omelie: V.
G. Pfeilschrifter, Die authentische Ausgabe der 40 Evangelienhomilien Gregors
d. G., Monaco 1900; sull'epistolaio: W. M. Peitz, Das Register Gregors I,
Friburgo in B. 1917; M. Tangl, Gregor-Register und Liber Diurnus,
in Neues Archiv, XLI (1919), pp. 741-752; E. Posner, Das Register
Gregors I, in Neues Archiv, XLIII (1921), pp. 243-315; sulla lingua e sui
rapporti conla cultura classica: L. M. Hartmann, Ueber die Ortographie
Papst Gregors I, in Neues Archiv, XV (1890), pp. 527-549; A.
Sepulcri, G. M. e la sua scienza profana, in Atti della R. Acc. delle
sc. di Torino, XXXIX (1904), pp. 962-976; R. Sabbadini, G. M. e la
grammatica, in Boll. di filologia classica, VIII (1902), pp. 204-206,
259-60. V. anche: E. Spearing, The patrimony of the Roman Church in the
time of G. the Great, Cambridge 1918.
SOURCE : https://www.treccani.it/enciclopedia/gregorio-i-papa-detto-magno-santo_%28Enciclopedia-Italiana%29/
GREGORIO I, papa, santo
di Sofia Boesch Gajano - Dizionario Biografico degli
Italiani - Volume 59 (2002)
GREGORIO I, papa, santo. - Nacque a Roma poco prima
della metà del sec. VI, da famiglia appartenente all'élite sociale romana
- "de senatoribus primis" lo definisce Gregorio di Tours -,
quell'aristocrazia senatoria che aveva mantenuto prestigio sociale e potere
economico, pur nella crisi delle istituzioni politiche. Non è invece in alcun
modo provato il rapporto di parentela con la famiglia Anicia, sorta di luogo
comune spesso usato per sancire l'identità sociale di un personaggio.
Il padre, Gordiano secondo il Liber pontificalis,
sembra avere ricoperto una carica pubblica minore: "regionarius" lo
definisce Giovanni Diacono (S. Gregorii Magni vita, IV, 83: anche in seguito,
per le indicazioni bibliogr. complete si rinvia alla Enciclopedia dei
papi, I, s.v.), da intendere forse come uno dei "curatores
regionum", preposti all'ordine pubblico, mentre rimane solo un'ipotesi la
carica di "defensor ecclesiae" (Richards, Markus). La madre, il cui
nome, Silvia, è attestato solo dalle biografie posteriori, viene di solito
considerata di origine siciliana e proprietaria di quei beni fondiari che G.
devolverà ai sei monasteri da lui fondati nell'isola; si sarebbe ritirata
presso il monastero di S. Saba, in luogo detto Cella Nova, a seguito della decisione
di G. di fare della dimora paterna un monastero. La fisionomia sociale,
religiosa e culturale della famiglia è confermata dalla parentela con il
pontefice Felice III, definito dallo stesso G. come "atavus meus"
(Homiliae XL in Evangelia, XXXVIII, 15; Dialogi, IV, 17): probabilmente
suo bisnonno, come sembra provare la genealogia ricostruita sulla base di
testimonianze epigrafiche, figlio di Felice presbitero del titolo "di
Fasciola", e padre di Felice scriniario, padre di Gordiano e di altre
figlie. Una zia materna, Pateria, è destinataria di un sussidio per il
mantenimento degli schiavi, come risulta da una lettera diretta al suddiacono
Antemio, rettore del Patrimonio di Campania (Registrum, I, n. 37, ed. Norberg:
d'ora in poi indicata come Registrum). Le zie paterne sono: Gordiana,
duramente giudicata per avere abbandonato la vita religiosa e per essersi
sposata un "fattore dei suoi campi", dice spregiativamente G., quasi
a simboleggiare la coincidenza fra decadenza morale e decadenza sociale; Emiliana
e Tarsilla, consacratesi a Dio in una vita di rigida penitenza condotta nella
loro stessa casa. Il racconto della morte di quest'ultima, con la sua visione
del nonno Felice III che la invita nella casa celeste, e il coinvolgimento di
Emiliana, a sua volta invitata dalla sorella a seguirla, diviene l'occasione
per mostrare una rete familiare di esemplarità spirituale. La parentela con il
pontefice Agapito non è invece provata se non dal comune ambiente sociale, e
ancor più dalla vicinanza delle dimore familiari, entrambe poste sul Celio
lungo il "clivus Scauri".
Quanto ad altri membri della famiglia, le
testimonianze sono poche, alcune sicure, altre più incerte; tutte provano un
alto senso della dignità familiare. Un fratello, senza indicazione del nome, è
ricordato con sollecitudine come destinatario di denaro - forse in relazione ai
beni posseduti dalla famiglia nell'isola - da parte di Pietro, rettore del
Patrimonio di S. Pietro in Sicilia (ibid., n. 42), duramente rimproverato per
il ritardo nell'adempimento dell'ordine; un (altro?) fratello a Roma aveva
ricevuto in dono, da parte del tribuno della città di Otranto, uno schiavo
panettiere, fuggito nella sua città, che il rettore del Patrimonio di Puglia e
Calabria doveva prontamente recuperare e restituire al legittimo proprietario
"in modo da non incorrere […] per negligenza e ritardo nei nostri
rimproveri" (ibid., IX, n. 201). Un "glorioso nostro fratello" è
indicato come colui che dovrebbe sottoscrivere nell'ottobre 598 al posto del
pontefice la tregua con il re longobardo Agilulfo (ibid., n. 44), da
identificare con ogni probabilità con il "glorioso mio fratello Palatino
patrizio" che, insieme con il "consiliarius meus", il "vir
magnificus" Teodoro, sono ricordati come informatori circa le malefatte di
Leonzio ex console contro Libertino ex pretore (ibid., XI, n. 4). Più
problematica la testimonianza di Gregorio di Tours: egli racconta (Storia dei
Franchi, X, 1) che il prefetto della città "germanus eius anticipavit
nuntium", bloccando la lettera con cui G. chiedeva all'imperatore di non
ratificare la sua elezione e mandando invece all'imperatore la notizia del
consenso ricevuto dal popolo. Il termine "germanus" è stato inteso
sia da Paolo Diacono (Vita Gregorii Magni, 10), sia da Giovanni Diacono (S. Gregorii
Magni vita, I, 40) come nome proprio, ma da tempo si ritiene (Fedele) che possa
trattarsi proprio del fratello, ipotesi ormai accreditata (Martindale).
L'esistenza di due fratelli attivi al suo fianco, Germano che lo avrebbe
seguito nella carica di "praefectus urbi", e Palatino, "vir
gloriosus" e "patricius", anch'egli impegnato in funzioni
pubbliche, rafforza l'importanza del contesto familiare e sociale di Gregorio.
"Litteris grammaticis dialecticisque ac
rethoricis ita est institutus, ut nulli in Urbe ipsa putaretur esse
secundus", racconta ancora Gregorio di Tours. La lode non contribuisce a
gettare luce sui luoghi e le modalità della sua formazione, data l'incerta
sorte delle istituzioni scolastiche preposte all'insegnamento delle arti liberali
a Roma nella seconda metà del VI secolo.
Quanto alla formazione culturale cristiana, se non si
conosce la sorte della biblioteca fatta istituire da papa Ilaro presso S.
Lorenzo in Damaso, più documentata è la biblioteca di papa Agapito "ad
clivum Scauri", collocata in un edificio adiacente al palazzo di famiglia
presso l'abside dell'attuale chiesa dei Ss. Giovanni e Paolo, destinata a
raccogliere opere di santi padri latini e greci e finalizzata al progetto,
elaborato in accordo con Cassiodoro, di fondare a Roma una scuola superiore di
studi religiosi cristiani sul modello delle scuole religiose di Alessandria e
di Nisibis in Siria. Tale biblioteca, anche per l'estrema vicinanza con la
dimora paterna e quindi con il monastero in essa fondato da G., non fu certamente
estranea alla sua formazione.
Se rimangono incerti i luoghi, non può in alcun modo
essere messa in dubbio la sua formazione culturale di tradizione romana: tutte
le sue opere provano - pur nell'originalità del linguaggio, dello stile, dei
generi letterari - le sue competenze linguistiche e retoriche e la conoscenza
di autori classici: Virgilio, Cicerone e Seneca e i "veteres
philosophi" (Hofer). Non mancano testimonianze di conoscenze scientifiche
e naturali, ma in modo tutto particolare va ricordata la sua conoscenza del
diritto romano, ampiamente provata dai riferimenti impliciti ed espliciti delle
sue opere, con citazioni tratte prevalentemente dal Codex e
dalle Novellae.
Eppure il problema della sua formazione culturale è un
nodo centrale della biografia di G., complicato (e spesso confuso) dal suo
atteggiamento di condanna della cultura classica, il cui rifiuto nasce proprio
da una indiscutibile approfondita conoscenza, come fa intendere il celebre
passo della lettera-dedica premessa ai Moralia in Job, in cui dichiara di
non avere volutamente rispettato l'"ars loquendi", "quia
indignum vehementer existimo, ut verba caelestis oraculi restringam sub regulis
Donati". La stessa condanna di questa cultura, espressa nell'altrettanto
celebre lettera al vescovo Desiderio di Vienne, rimproverato di insegnare la
grammatica e di unire, cosa "grave e nefanda per un vescovo",
"le lodi a Giove con quelle a Cristo" (Registrum, XI, n. 34), è da
ricondurre alle sue giuste proporzioni di intervento in una situazione
specifica non generalizzabile, e non può costituire il pretesto per
un'interpretazione di G. come testimone della decadenza delle lettere. La
cultura antica di carattere profano costituisce uno strumento in funzione della
comprensione e della comunicazione della verità divina contenuta
nella Sacra Scrittura, in una linea di continuità con una tradizione che
ha i suoi esponenti più illustri in Girolamo, Agostino e Cassiodoro.
Nell'ambito della sua formazione la conoscenza del
greco costituisce un problema ulteriore che si inserisce in quello della
progressiva diversificazione linguistica fra Oriente e Occidente (Dagron). A
sostegno dell'ignoranza della lingua sono state utilizzate alcune affermazioni
dello stesso G.; ma proprio quella più perentoria ("nos nec graece novimus
nec aliquod opus aliquando graece conscripsimus", Registrum, XII, n.
55) va interpretata alla luce del contesto polemico di sconfessione della
paternità di alcuni sermoni di contenuto non ortodosso a lui attribuiti. A
imporre la conoscenza della lingua fu, dopo la probabile formazione scolastica,
il prolungato soggiorno a Costantinopoli: qui G., oltre alla normale attività
diplomatica e sociale, sostenne un impegnativo confronto teologico sulla
resurrezione dei corpi con Eutichio patriarca di Costantinopoli, seguito da una
convocazione dell'imperatore Tiberio (Moralia, XIV, 72-74): presumibilmente
ognuno parlò nella propria lingua, senza dover ipotizzare (Bartelink) la
presenza di traduttori. Le sue opere esegetiche provano infine, come si vedrà,
l'uso della versione greca dei Settanta per verificare singoli passi del testo
della Vulgata. Se la sua conoscenza del greco non fu tale da
permettergli di scrivere opere letterarie, fu sicuramente sufficiente per
leggere e comunicare oralmente.
Se non si può datare con precisione l'inizio
dell'attività pubblica di G., si sa che nel 573 sottoscrisse la condanna dei
Tre Capitoli da parte di Lorenzo vescovo di Milano, nella sua qualità di
"praefectus urbi" (ibid., IV, n. 2). L'immagine di G. a passeggio per
le vie di Roma vestito di seta e adorno di gemme, tratteggiata da Gregorio di
Tours, è certamente efficace nel simboleggiare il prestigio inerente allo stato
sociale e alla carica pubblica, in contrapposizione con la successiva scelta
monastica.
Questa vocazione fu coltivata a lungo, pur restando
egli coinvolto e anzi attratto dalle cure del mondo, come confessa nella
lettera-dedica dei Moralia già ricordata, e si realizzò probabilmente
dopo la morte del padre, intorno al 573. Potendo disporre del proprio
patrimonio, decise di fondare sui propri possedimenti in Sicilia sei monasteri,
dotandoli di beni, e di destinare la dimora paterna a una comunità monastica
intitolata a S. Andrea, per la quale è stata erroneamente ipotizzata l'adozione
della Regola di s. Benedetto. La fondazione, dotata anch'essa di
beni, trasse origine da quelle esigenze spirituali largamente presenti
nelle élites aristocratiche e vissute in forma sia individuale sia
collettiva. G. istituì un nesso forte fra la propria tradizione familiare e la
nuova comunità monastica, facendovi eseguire i ritratti dei genitori e di se
stesso: quest'ultimo destinato secondo il committente a sottolineare i
caratteri fisiognomici ripresi da entrambi i genitori. Il monastero attrasse
persone di rango - come il fratello del "magister militum" Maurenzio
- e uomini già esperti di vita monastica, come nel caso di Valenzione, abate di
un monastero della provincia Valeria (Dialogi, IV, 22); fu luogo di formazione
di validi collaboratori del pontefice, tra i quali Massimiano, vescovo di
Siracusa, e Agostino, missionario e poi vescovo in Inghilterra: una comunità
con cui G. divenuto pontefice manterrà un legame continuo e privilegiato.
La vocazione monastica rappresenta una componente
fondamentale dell'identità biografica di Gregorio. Le espressioni di rimpianto,
una costante delle sue opere, si accompagnano con l'amarezza per non avere
difeso a sufficienza la sua vita monastica, come risulta dalla lettera-dedica
dei Moralia, e permettono di correggere l'immagine apologetica di G.
"strappato" contro la sua volontà alla quiete del chiostro. Pelagio
II, poco dopo la sua elezione nel 579, lo ordinò diacono in vista del suo invio
a Costantinopoli in qualità di apocrisario - forse in concomitanza con una legazione
papale e una missione senatoria, volte a ottenere aiuti militari (Bertolini) -
in un momento di grave crisi dell'Italia in generale e di Roma in particolare,
a causa della pressione militare longobarda. L'assenza da Roma durò fino al
586-587: una lettera di Pelagio II testimonia che G. era ancora in Oriente
nell'ottobre 584, mentre la donazione di G. a S. Andrea del 28 dic. 587 prova
che egli era già tornato a Roma, dove rimase, vivendo nel suo monastero, fino
all'elezione a pontefice.
A Costantinopoli si ricostituì intorno a lui una
piccola comunità, percepita come baluardo spirituale di fronte alle incombenze
della carica e come stimolo all'approfondimento esegetico. In questo contesto
matura il commento al Libro di Giobbe, che molto deve anche alle sollecitazioni
di Leandro, vescovo di Siviglia, a Costantinopoli per questioni relative al
Regno visigoto, interlocutore nel corso della lunga stesura scritta dell'opera
e infine suo destinatario. Frutto di un rapporto stretto fra esposizione orale
e scrittura, come molte delle opere di G., i Moralia sono il
risultato di diverse fasi di stesura e di revisione, concluse solo verso il
600, quando venivano inviati a Innocenzo prefetto del pretorio dell'Africa
(Registrum, X, n. 16), come strumento atto a ricondurlo all'interiorità nel
mezzo degli affari secolari. Nel 591, scrivendo a Leandro, l'autore conferma di
avere trasformato i commenti fatti oralmente in un testo scritto, che tuttavia
non era ancora in grado di mandargli, perché gli scribi lo stavano copiando
(ibid., I, n. 41). Nel 594 nella lettera di dedica entrava maggiormente nei
dettagli delle diverse fasi dell'elaborazione. La straordinaria cura editoriale
era stata turbata dalla circolazione di un testo non rivisto dall'autore, una
sorta di copia "pirata" (Fontaine), ricavata forse dalle note
stenografiche prese su tavolette di cera. L'esistenza di edizioni
"pirata", redatte a partire dalle note personali di G., o da quelle
prese dai notai dal vivo, è stata confermata da frammenti dell'opera, presenti
nel ms. conservato a Parigi, Bibliothèque nationale, Lat. 2342 del
sec. XII, che non corrispondono al testo "edito" da G.
(Meyvaert, Uncovering).
Oltre a rivendicare la patente di autenticità solo ed
esclusivamente per la "sua" edizione dell'opera, quella conservata
"in scrinio nostro", lo "scrinium" lateranense, contro il
codice posseduto dal vescovo Mariniano di Ravenna, che avrebbe potuto generare
confusione nei lettori (Registrum, XII, n. 6), G. evidentemente voleva
controllare il corretto uso della sua opera, di cui non approvava la lettura
pubblica, poiché non si trattava di un "opus populare" e poteva così
causare più danno che giovamento "rudibus auditoribus", al contrario
dei salmi, più idonei a invitare gli animi dei laici alle virtù. Egli si mostra
così custode geloso dell'integrità testuale della propria opera, consapevole
della sua originalità linguistica e stilistica.
La Scrittura, commentata avendo come testo base
la Vulgata (Gribomont), confrontata in caso di dubbio con
la Vetus e con la traduzione greca dei Settanta (Salmon), è il mezzo
attraverso cui Dio si esprime, simile a un fiume "planus et altus, in quo
et agnus ambulet et elephas natet", garanzia di "illimitata
accessibilità di interpretazione" (Manselli). La tradizione esegetica
basata sui tre sensi della Scrittura (storico, allegorico e morale),
viene profondamente rinnovata, non solo con l'aggiunta del quarto senso,
quell'"intelligentia contemplativa" o "coelestis", che
riporta il discorso alla conoscenza di Dio (De Lubac), ma anche nei contenuti e
nelle finalità, che stabiliscono una inedita circolarità fra progressi morali e
spirituali e capacità interpretativa (Dagens). L'opera, nata come la
"collatio" monastica di un abate ai suoi monaci, diventa di fatto
"una vasta enciclica" per tutti i cristiani (Fontaine): certo così fu
interpretata, come prova il suo immenso successo sia per quanto riguarda la
tradizione manoscritta, sia le epitomi (Wasselynck; Braga).
L'insistito rimpianto per la vita monastica e
l'impegno esegetico non devono falsare la nostra ottica. A Costantinopoli G.
era andato con incarichi politico-diplomatici generali e particolari. Il 4 ott.
584 Pelagio II gli comunicava di avergli inviato, tramite persone ben
informate, la relazione dei recenti eventi, in modo che G. potesse far presente
all'imperatore le aggressioni subite da parte dei Longobardi e chiedere aiuti
militari e in particolare un "magister militum" e un "dux",
dato che l'esarca aveva fatto sapere di non potere intervenire nelle
"partes Romanae", ormai prive di difesa (Registrum, ed. Ewald -
Hartmann, II, 3, app. 2).
Il tono della lettera e i suoi contenuti si legano
alla specifica carica di apocrisario, ma sembrano anche alludere a una certa
facilità di accesso, di carattere più personale che ufficiale, alla corte imperiale.
G. appare infatti inserito in una rete di rapporti in cui la dimensione
politica ed ecclesiastica si intreccia con quella spirituale e personale: oltre
a Leandro di Siviglia, conobbe l'allora diacono Costanzo, poi vescovo di
Milano, ed ebbe rapporti di amicizia spirituale con alcune aristocratiche
romane, destinatarie di lettere. Per quanto riguarda la famiglia imperiale e i
membri della corte, la durata del soggiorno gli permise di conoscere entrambi
gli imperatori, Tiberio (|_ 582) e Maurizio (582-602), con il quale ultimo fu
in relazione stretta, tanto da essere padrino del suo primo figlio, nonché
numerosi altri personaggi, con cui rimase in rapporti di familiarità anche dopo
l'elezione. L'ambiente era caratterizzato tradizionalmente da appassionati
dibattiti teologici e anche G. fu coinvolto nell'impegnativa discussione sulla
resurrezione dei corpi con un avversario agguerrito come Eutichio, patriarca di
Costantinopoli: questi aveva sostenuto in un libro la tesi del corpo
resuscitato come corpo impalpabile, sottile come il vento e l'aria, in linea
con una tradizione cui si erano già opposti Girolamo e Agostino; proprio
Girolamo è la fonte principale di G., sostenitore fermo, anche se privo di
sottigliezze argomentative, della reale resurrezione del corpo del defunto,
così di Cristo come di tutti i cristiani (Moralia, XIV, 72-74). Il dibattito si
concluse dinanzi all'imperatore, che finì per accettare la tesi di G.,
condannando il libro di Eutichio, che si sarebbe pentito in punto di morte
(Duval).
G. lasciò Costantinopoli prima del dicembre 587,
probabilmente richiamato dal pontefice Pelagio II, che intendeva avvalersi
della sua collaborazione, divenuta particolarmente preziosa dopo il lungo
soggiorno presso la corte imperiale.
Una collaborazione molto impegnativa per quanto
concerne la questione dei Tre Capitoli, nella quale si sommavano problemi di
natura prettamente teologica con altri di natura ecclesiastica e politica: la
condanna, voluta da Giustiniano per riconciliarsi il favore dei monofisiti, e
confermata dal V concilio di Costantinopoli, delle dottrine (riassunte in tre
capitoli) dei vescovi Teodoro, Teodoreto e Ibas di netta antitesi al
monofisismo, era apparsa come una sconfessione dei decreti del concilio di
Calcedonia, che aveva sì condannato il monofisismo, ma non le tesi
filonestoriane dei tre teologi. L'iniziale opposizione del papa Vigilio e poi
di Pelagio I era rientrata, mentre era rimasta vivissima la reazione contro la
condanna nelle diocesi dell'Italia settentrionale: i vescovi di Milano e
Aquileia avevano rotto la comunione con Roma, creando una situazione che si era
ulteriormente complicata per la divisione politico-territoriale determinatasi a
seguito dell'invasione longobarda. Intorno al 585, in un momento di tregua con
i Longobardi, Pelagio II aveva ripreso l'iniziativa per la soluzione dello
scisma, indirizzando tre lettere a Elia, patriarca di Aquileia, che al momento
dell'invasione aveva trasferito la sede da Aquileia a Grado, e ai vescovi
dell'Istria. La terza fu scritta per conto di Pelagio II proprio da G. ancora
diacono (Registrum, ed. Ewald - Hartmann, II, 3, app. 3), come già aveva detto
Paolo Diacono (Storia dei Longobardi, III, 20) - forse sulla base della
tradizione aquileiese o della conoscenza delle questioni connesse con
l'epistolario di G., di cui Paolo curò una scelta per l'amico Adalardo di
Corbie - e come ha confermato la critica più recente (Bognetti; Schieffer;
Meyvaert, A letter). La lettera è molto più lunga ed elaborata delle
altre, un vero e proprio trattato, con la confutazione puntuale degli argomenti
degli scismatici, ma con una novità di rilievo non sul piano teologico, ma su
quello diplomatico: l'accettazione di uno degli argomenti più forti degli
scismatici - quello che la Sede pontificia si fosse opposta inizialmente alla
condanna dei Tre Capitoli -, accompagnata dall'affermazione del diritto di
cambiare parere nella ricerca della verità. Pur senza rivendicarne la
paternità, G. fa riferimento a questa lettera come a un testo da lui
completamente condiviso, tale da non volere più tornarvi sopra (Registrum, II,
n. 43). Il precoce coinvolgimento di G. nella questione tricapitolina è anche
testimoniato dalla sua sottoscrizione in qualità di "praefectus urbi"
all'abiura del vescovo di Milano Lorenzo (ibid., IV, n. 2), già ricordata.
La partecipazione di G. all'attività
politico-ecclesiastica del vescovo di Roma fornisce una chiave per interpretare
la rapidità della sua elezione, al di là dei caratteri di eccezionalità, quando
non di soprannaturalità, di cui è stata rivestita dalle fonti e dalla
storiografia. Il 7 febbr. 590 Pelagio II morì di peste. La situazione di Roma
tra la minaccia longobarda e le calamità naturali - l'inondazione del Tevere
seguita dall'epidemia - era quanto mai difficile: la figura di G. doveva
imporsi nella società romana per la cultura, la spiritualità, l'esperienza
politica maturata proprio come collaboratore del pontefice prematuramente
defunto. La sola testimonianza dettagliata delle vicende che precedettero e
seguirono l'elezione di G. la dobbiamo a Gregorio di Tours (X, 1): un suo
diacono di ritorno da Roma gli aveva riferito come nel novembre del 589
un'inondazione del Tevere avesse provocato danni gravissimi. Poiché la Chiesa
non poteva rimanere senza una guida, "Gregorium diaconem plebs omnis
elegit": carica cui l'eletto aveva tentato di sfuggire per umiltà;
conoscendo la necessità del consenso imperiale all'elezione - disattesa solo
nel caso del suo predecessore per le difficili condizioni militari dell'Italia
e l'incombente minaccia longobarda su Roma -, G. avrebbe allora scritto una
lettera all'imperatore Maurizio, pregandolo di non accordarlo. Il prefetto
della città, con ogni probabilità, come si è detto, fratello di G., sarebbe
riuscito a fermare il nunzio, a distruggere la lettera, a sostituirla con
l'annuncio del consenso già dato dal popolo. L'elezione sembra avere raccolto
un'approvazione generalizzata, mentre la lunga attesa della decisione imperiale
- tanto che la consacrazione ebbe luogo il 3 settembre - farebbe ipotizzare
qualche difficoltà politica, superata certamente anche per i legami con
l'entourage dell'imperatore, come lascia intendere la lettera di G.
dell'ottobre 590 a Giovanni, patriarca di Costantinopoli (Registrum, I, n. 4).
La statura religiosa e politica di G. trovò conferma
nella predica e nella processione indetta a una settimana dalla morte del
predecessore per implorare da Dio la fine dell'epidemia di peste, sempre
narrata da Gregorio di Tours: un atto di forte valore simbolico, capace di
coinvolgere l'intera comunità cittadina in una grande azione di rendimento di
grazie. I cortei, distinti non su base territoriale bensì secondo quello
"grosso modo tipicamente ecclesiale dei diversi gradi di perfezione",
partendo da sette diverse chiese, dovevano convergere verso S. Maria Maggiore:
essi disegnavano i percorsi della Roma cristiana, distinta ormai nelle sette
regioni ecclesiastiche, che avevano sostituito dopo la fine della guerra
greco-gotica le quattordici regioni augustee (Arnaldi, 1987). Non si hanno
altre notizie dell'attività di G. fino alla consacrazione del 3 sett. 590.
Da questa data cominciano a essere registrate le sue
prime lettere nel Registrum: la raccolta conservata in un apposito codice
nello "scrinium sedis apostolicae", l'archivio del Laterano,
struttura ormai consolidata dalla fine del V secolo con compiti di produzione,
archiviazione e conservazione di lettere, privilegi, decreti conciliari dotata
di un proprio personale, i "notarii", riuniti in una "schola
notariorum", cui vennero attribuite da G. I anche funzioni di fiducia e di
responsabilità, come quelle di rettori dei Patrimoni della Chiesa e di
"defensores". Se l'uso di raccogliere le lettere dei pontefici è
attestato già con Liberio e con Damaso, ciò che appare nuovo è la forma della
conservazione in una vera e propria raccolta, di cui G. I stesso avrebbe
fissato l'ordine dando il titolo di Registrum epistolarum, secondo quanto
asserisce Ildefonso di Toledo (per le questioni relative al Registrum,
v. Enc. dei papi, I, p. 552). Il Registrum permette di seguire
le vicende del pontificato di G. I e i problemi che furono oggetto delle sue
preoccupazioni, mostrando l'intreccio costante fra impegni amministrativi, cure
ecclesiastiche e pastorali, interventi missionari, impegno politico e militare,
senza dimenticare l'attività di scrittore. Il Registrum rivela una
straordinaria progettualità organizzativa, volta a garantire un'amministrazione
gerarchicamente disposta sotto il controllo diretto del papa, costituita da
personale selezionato, incardinato nell'istituzione ecclesiastica, preparato
sul piano culturale e controllato sul piano morale (Arnaldi, 1987).
La prima preoccupazione di G. I fu di assicurare
un'amministrazione efficiente dei Patrimoni della Chiesa: "per
procuratores ecclesiasticorum patrimoniorum, velut Argus quidam luminosissimus,
per totius mundi latitudinem suae pastoralis sollicitudinis oculos
circumtulerit", sintetizza efficacemente Giovanni Diacono (S. Gregorii
Magni vita, II, 55).
Le pur scarse testimonianze relative alla storia dei
beni ecclesiastici a partire da Costantino hanno permesso di giungere alla
conclusione che i Patrimoni della Chiesa romana fossero i
"patrimonia" della chiesa cattedrale della diocesi di Roma, cioè del
Laterano (Marazzi). Si trattava di un patrimonio ingente, ma territorialmente
non omogeneo, data l'origine da lasciti e donazioni di varia provenienza, anche
se la denominazione geografica con cui i singoli Patrimoni vengono indicati
permette di cogliere lo sviluppo di complessi territorialmente più omogenei
rispetto "alla semplice somma dei dispersi beni preesistenti"
(Arnaldi, 1986). A causa delle invasioni erano andati perduti i
"patrimonia" della Dalmazia e dell'Illiria, il "patrimonium
Alpium Cottiarum", il "patrimonium Liguriae" fra le Alpi, l'Adda
e il Po, il "patrimonium Sanniticum", ormai nel territorio del Ducato
longobardo di Benevento. Ma ne rimanevano molti altri di diversissima
consistenza e redditività: piccoli ("patrimoniola"), come quello in
Africa, i due nella penisola balcanica, quello della Gallia; in Italia
fortemente diminuiti quelli di frontiera fra dominio bizantino e longobardo,
come il "patrimonium Tusciae", quello sabino e carseolano, il
"patrimonium Apulum"; ancora integri il "patrimonium"
ravennate, il "patrimonium Piceni", il "patrimonium
Appiae", e il "patrimonium urbanum", costituito dalle proprietà
interne a Roma stessa; meno intaccati dalla conquista longobarda quello
"Calabritanum" nella penisola salentina, quello della Campania, il
"patrimonium Lucaniae et Bruttiorum"; infine i Patrimoni delle isole:
"Corsicanum", "Sardiniae" e "Siciliae",
quest'ultimo il più esteso, con circa 137.600 ettari, corrispondenti a circa un
diciannovesimo della superficie dell'isola (Ruggini), tanto da essere da G. I
diviso in due ("Panormitanum" e "Syracusanum"), e fonte
principale per l'approvvigionamento di Roma.
Ogni Patrimonio era affidato a un amministratore
nominato dal papa, il "rector", scelto tra il personale delle
"scholae": suddiaconi, per i patrimoni più importanti, oppure notai o
"defensores", operanti anche in funzione subordinata al
"rector", come coadiutori insieme con gli "actionarii" per
la sorveglianza della raccolta dei censi e dei canoni. Il rettore era nominato
con un "praeceptum", prestava giuramento davanti al "sacratissimo"
corpo di S. Pietro (Registrum, I, n. 70), riceveva un "pactum" o
"capitulare" con le istruzioni, e aveva l'obbligo di un rendiconto
finanziario annuale, riceveva l'estratto dal "polyptychum",
conservato nello "scrinium" in Laterano, contenente l'elenco di tutti
i redditi e pensioni relativamente al Patrimonio di sua competenza (Giovanni
Diacono, S. Gregorii Magni vita, II, 24). Aveva una molteplicità di
funzioni (valga come esempio per tutte Registrum, I, n. 42), tra cui
quella di scegliere i "conductores", percettori dell'affitto
("pensio"), dell'imposta dovuta al fisco ("burdatio") e di
altri contributi a beneficio proprio e del rettore, dovuti dai
"coloni". I coloni coltivavano gli appezzamenti di terreno in cui era
divisa la massa, i "fundi", con prestazioni scritte nei "libelli
securitatis" (Vera), volti non solo a garantire il funzionamento della
macchina burocratica ai suoi diversi livelli, ma anche ad assicurare la
regolarità delle entrate in denaro e in natura evitando nel contempo abusi e
soprusi. Gli interventi di G. I mostrano come l'organizzazione amministrativa
fosse costantemente turbata da varie forme di scorrettezza e di ingiustizia a
danno dei coloni (come l'esazione del solido di peso superiore a quello legale
e l'uso della misura del moggio maggiorato di più del doppio rispetto alla
misura legale), contro le quali il pontefice interveniva con puntigliosa
meticolosità, introducendo anche l'uso di strumenti scritti (Arnaldi, 1987).
Una gestione attenta ai diritti e pronta ad atti di
carità, considerata modello di amministrazione improntata a principî cristiani
(Recchia, 1978), non impedisce di vedere le reali condizioni economiche e
sociali dei "rustici", sottoposti giuridicamente a condizioni
durissime, ulteriormente oppressi da pratiche economiche scorrette e ancora
vittime della "comparatio" o "coemptio": la fornitura
di derrate alimentari a prezzo di calmiere per soddisfare le esigenze
dell'Annona. E neppure impedisce di cogliere le reali finalità della
correttezza amministrativa: G. I si preoccupa di "assicurare un minimo di
benessere ai coloni ecclesiastici, tanto per buona coscienza cristiana quanto
per esigenze di avveduta amministrazione, dal momento che proprio questi
"rustici" costituivano la sorgente prima di tutto il frumento fiscale
e no, annualmente convogliato agli "horrea" provinciali e urbani
della Chiesa. Il papa doveva vedere con inquietudine il fatto che i rustici […]
si impegnassero in mutui ad alto interesse con i magistrati del fisco
["actionarii publici"] oppure che vendessero precipitosamente ad
estranei il loro frumento a prezzo vile pur di procurarsi il denaro
necessario" (Ruggini). A quei contadini, pur protetti dai soprusi, il
pontefice poteva rivolgersi con toni molto duri per indurli a obbedire al
"defensor", autorizzato a punire chi disobbediva o chi era contumace,
ad applicare la legge in merito agli schiavi che si fossero nascosti e a
eventuali appropriazioni indebite di terre confinanti. Così come con grande
durezza interveniva per stroncare pratiche religiose tradizionali, bollate come
insopportabili persistenze dell'antico paganesimo, da estirpare imponendo
l'aumento del canone; o per indurre alla definitiva conversione quei
"coloni" ebrei che si erano mostrati tenacemente legati alla loro
religione, nei confronti dei quali il pontefice, dopo inutili tentativi di
convinzione, invocava forme coercitive di natura economica (S. Boesch
Gajano, Per una storia).
La cura nell'amministrazione dei Patrimoni appare
strettamente legata alle preoccupazioni per l'approvvigionamento di Roma.
All'indomani della sua elezione (Registrum, I, n. 2)
G. I faceva presente a Giustino, pretore della Sicilia, che Citonato,
probabilmente il funzionario dell'amministrazione romana addetto alla
sorveglianza dei pubblici granai, asseriva, diversamente dal pretore, che a
Roma era stato inviato solo il grano relativo all'anno precedente, quel grano
che, proveniente dai Patrimoni ecclesiastici in Sicilia, andava a riempire i
granai pubblici di Roma e serviva per il sostentamento della popolazione.
Nell'agosto 591 (ibid., n. 70) chiedeva al rettore Pietro di comprare - al di
fuori del Patrimonio e in aggiunta all'invio regolare da farsi come ogni anno
in settembre e ottobre - 50 libbre d'oro di frumento e di conservarlo in
Sicilia in luoghi idonei, pronto per essere imbarcato per Roma nel mese di
febbraio, o con le navi mandate dal papa, o con altre procurate in loco,
perché il raccolto dei possedimenti vicini a Roma era così scarso che senza il
grano di Sicilia si rischiava una tremenda carestia. Tutto il grano che
arrivava a Roma, fosse esso destinato all'Annona civica o a quella militare
oppure provenisse da acquisti effettuati per conto del papa, andava a finire
nei granai della Chiesa: "il papa aveva assunto in proprio la responsabilità
complessiva del vettovagliamento di Roma che andava ben aldilà dell'esigenza di
provvedere alle erogazioni mensili di generi alimentari riservate ai
poveri". Malgrado la presenza formale di funzionari imperiali e di
strutture pubbliche, la Chiesa sembra ormai "subentrata
all'amministrazione imperiale nella gestione dei servizi annonari
dell'Urbe", cosa importante perché "l'organizzazione annonaria era
stata da sempre uno dei tratti basilari (insieme alla presenza del Senato)
dello statuto eccezionale del "caput orbis" rimasto in vigore anche
molto dopo che Roma aveva cessato di essere la sede dell'imperatore"
(Arnaldi, 1987).
L'approvvigionamento non era la sola necessità legata
alla vita della Chiesa romana; oltre alle elargizioni al clero, ai monasteri,
ai poveri, ma anche ai maggiorenti della città, vi era la manutenzione degli
edifici.
La manutenzione sembra prevalere largamente sulle
nuove costruzioni, come segnalano il Liber pontificalis e Giovanni
Diacono (S. Gregorii Magni vita, IV, 68): oltre ai restauri annuali dei tetti
delle chiese, furono compiuti lavori nelle aree presbiterali delle basiliche di
S. Pietro e S. Paolo e nella basilica vaticana. Per quanto riguarda S. Paolo va
ricordata - per la visibilità conferita alla munificenza del pontefice - la
donazione, incisa su una grande lastra marmorea, affissa nell'atrio
(Inscriptiones christianae urbis Romae.Nova series, II, n. 4790, p. 137). La
ristrutturazione più rilevante sul piano simbolico - anche se riguardante solo
una nuova decorazione musiva e pittorica - riguarda la chiesa ariana fatta
costruire dal goto Ricimero nella Suburra tra 459 e 470, restituita al culto
ortodosso, con la dedica a S. Agata (Dialogi, III, 30) e la deposizione delle
reliquie della santa e di s. Sebastiano. Nel 593 un intervento analogo fu
operato da G. I nella chiesa di culto ariano presso via Merulana, da lui
dedicata a S. Severino, disponendo che fossero portate a Roma alcune delle
reliquie del santo del Norico, sepolto a Napoli (Registrum, III, n. 19).
Notevole fu l'impegno di G. I nella fondazione di monasteri, in conformità con
la religiosità propria e del suo ambiente: oltre quello nella sua dimora
familiare, il monastero femminile "ad Gallinas albas" non lontano da
S. Agata; quello "iuxta thermas agrippinianas" non lontano dalla via
Lata; il monastero di Renatus probabilmente sull'Esquilino (Dialogi,
IV, 13), uno verosimilmente intitolato a S. Stefano presso S. Pietro (ibid.,
14); un altro, dedicato a S. Vittore, presso la basilica cimiteriale di S. Pancrazio
per garantire la custodia e l'officiatura regolare del santuario (Registrum,
IV, n. 18). Declassata rispetto a Costantinopoli, ridotta a circa 90.000
abitanti, con ampie zone vuote, con l'aumento dei cimiteri urbani e il degrado
dei monumenti antichi, cui G. I non sembra avere dedicato attenzione, Roma, con
le sue basiliche, le chiese legate ai "tituli", i
vari "xenodochia" od ospizi, e i monasteri assumeva perciò
sempre più la fisionomia di "Roma christiana" (Pietri, 1991): una
città di cui G. I può essere considerato l'"artefice" (Krautheimer,
1980).
Le cure rivolte all'approvvigionamento e ad altre
necessità di Roma non fecero trascurare a G. I la vita religiosa della Chiesa a
lui affidata. A essa rivolgeva il suo messaggio relativo alla decadenza del
mondo e alla necessità del distacco dalla vita terrena e della preparazione
alla morte con una vita conforme al Vangelo. G. I iniziò subito l'attività
di predicazione: la parola posta al servizio della pastorale, una parola
destinata a fissarsi nello scritto e a divenire, come già abbiamo visto per
i Moralia, un'opera, le Homiliae XL in Evangelia, cui egli volle
conferire il sigillo della sua autorità di vescovo e di scrittore.
Alcune omelie erano state esposte da un notaio sulla
base di un testo già dettato da G. I, altre pronunciate direttamente da lui,
con la concomitante trascrizione stenografica, e la conseguente riscrittura,
priva ancora della sua approvazione. A questa fase di interferenza fra scritto
e orale seguì la selezione di quaranta testi - un numero probabilmente
simbolico - e la composizione di un'opera in due libri, ognuno di venti omelie,
collocate in un ordine diverso rispetto a quello dei passi evangelici e a
quello in cui erano stati "stenografati": a tale ordine il pontefice
annetteva grande importanza se proibiva di modificarlo e anzi chiedeva di
reintegrarlo, nel caso che si trovassero copie con un ordine diverso, secondo
l'esemplare "d'autore" conservato nello "scrinium"
lateranense, dal quale erano tratte le sole copie riconosciute come autentiche
dall'autore. Che l'opera avesse assunto per G. I un valore che andava molto al
di là dell'occasione e del primo pubblico romano lo mostrano sia la cura
letteraria a essa dedicata, sia l'uso fattone di strumento di comunicazione
spirituale (Registrum, IX, n. 148). Come per i Moralia l'imponente e
complessa tradizione manoscritta dell'opera (427 manoscritti con l'intera
opera, manoscritti con omelie isolate o frammenti; florilegi, a partire da
quello di Paterio, notaio della Chiesa romana, composto vivente G. I) ha fatto
ipotizzare (Étaix) due recensioni dell'opera, una trasmessa dalla gran massa
dei manoscritti (circa 400), l'altra dai rimanenti 27, le cui varianti non
sembrano frutto di correzioni di scribi, ma piuttosto varianti originarie,
risalenti a fasi diverse dell'intervento dell'autore, in analogia con quanto
avvenne, come si vedrà, per il Liber Regulae pastoralis e per
le Homiliae in Hiezechielem prophetam.
Le omelie furono pronunciate tra il 12 nov. 590 e la
fine di settembre 592, con precisi riferimenti ai luoghi - le principali
basiliche e anche chiese più piccole e periferiche - e a eventi reali, di
fronte a un pubblico indicato in alcuni casi come tanto numeroso da affollare
la chiesa, in occasione di feste del temporale o del santorale (Judic, Grégoire
le Grand). È dunque questa l'opera che per prima permette di cogliere il valore
attribuito da G. I ai santi e al loro culto nella vita liturgica e
nell'esperienza spirituale e devozionale dei fedeli, precorrendo
i Dialogi, nei quali si ritroveranno molti riferimenti a personaggi o
episodi citati in quest'opera. La riflessione teorica sulla funzione dei santi
come strumento che rende visibile Dio, che abita nelle loro anime, si sostanzia
di "exempla" relativi a martiri e santi e ai miracoli compiuti
da loro e dalle loro reliquie. L'opera pone, in misura maggiore
dei Moralia, il problema del rapporto fra oralità e scrittura e fra
destinatari dell'una e dell'altra forma di comunicazione: se i contenuti furono
sostanzialmente gli stessi e se l'uso sistematico di "exempla" poteva
rendere più facilmente comprensibile il messaggio morale e spirituale,
trasmesso certamente nella lingua ancora comprensibile a Roma, l'accuratezza
retorica e stilistica non può che essere attribuita al testo scritto, destinato
a un pubblico di fedeli colti e avvertiti, chierici e monaci in primo luogo o
quei pii e aristocratici laici presenti nell'entourage di Gregorio I.
Nell'opera si delinea la funzione del predicatore - oggetto di specifica
attenzione nel Liber Regulae pastoralis - con la sua identità
spirituale e morale e le indispensabili competenze tecniche; si combina
l'esegesi con l'esortazione morale sostenuta dall'"exemplum"; si
annuncia quella tensione escatologica che diverrà più esplicita in altre opere.
Per il genere omiletico i modelli potevano essere tanti: il più vicino è
Agostino, ma l'assenza di citazioni testuali e la contaminazione di passi
diversi appaiono frutto di una "familiarità acquisita con la lettura
assidua", e di una "libertà di uso" di un autore pur conosciuto
e meditato "in un circuito di pensiero e di eloquio che sono strettamente
personali" (Recchia, La memoria di Agostino). Il successo dell'opera
(Dekkers), che crebbe particolarmente in età carolingia sia presso il clero, sia
presso i monaci si spiega proprio in virtù della sua stessa identità espositiva
semplice, lontana dalla complessità dell'esegesi e della teologia (Deleeuw).
I primi mesi del pontificato furono anche dedicati
all'impegnativa stesura della lettera sinodica, che il vescovo di una delle
cinque sedi patriarcali era solito inviare agli altri quattro al momento della
sua elezione, per confermare l'unità nella fede. La lettera, in preparazione
già nell'ottobre 590 (Registrum, I, n. 4), fu inviata solo nel febbraio 591
(ibid., n. 24) in copia conforme a Giovanni di Costantinopoli, Eulogio di
Alessandria, Giovanni di Gerusalemme e Gregorio di Antiochia e a un quinto
destinatario, l'ex patriarca di quest'ultima sede, Anastasio, deposto per
volontà dell'imperatore, cui G. I, pur senza sconfessare formalmente la sua
deposizione, offriva un sostegno anche personale (ibid., n. 7). Dopo avere
espresso la propria inadeguatezza, G. I assumeva i toni di un vero e proprio
manifesto programmatico. Sul piano teologico la lettera non riserva sorprese o
novità: G. I dichiarava di "accettare e venerare i quattro concili come i
quattro libri del Vangelo […] perché su di essi come su una pietra quadrata si
erge tutta la struttura della santa fede", aggiungendo di venerare anche
il V concilio con la relativa condanna delle opere di Ibas, Teodoro e
Teodoreto, mentre nuova è la lunga trattazione relativa alla carica di vescovo,
che ne tratteggia i lineamenti dal punto di vista delle qualità personali e
dell'esercizio del suo incarico: conoscenza della natura umana, finezza
psicologica, prudente equilibrio pastorale, rapporto fra silenzio e parola, uso
della predicazione, attenta dialettica fra compassione per gli altri e
contemplazione, fra umiltà e autorità.
Tutte queste considerazioni sono svolte in un costante
confronto con la Scrittura e con la sua esegesi allegorica e morale.
La lettera mostra una stringente affinità, confermata dalle numerose
coincidenze testuali (Judic, Introduction all'ediz. della Regula
pastoralis), con il Liber Regulae pastoralis scritto, dice G. I, agli
inizi del suo episcopato (Registrum, V, n. 53), tanto che per le prime due
parti si potrebbe pensare proprio ai mesi fra il settembre 590 e il febbraio
591. L'opera, dedicata a Giovanni, vescovo di Ravenna - non a Giovanni patriarca
di Costantinopoli, come vuole Isidoro di Siviglia, seguito da Ildefonso di
Toledo, dedica contraddetta dalle prime biografie -, fu inviata a molti
"referenti", Colombano, Liciniano di Cartagine, Leandro di Siviglia,
e fu probabilmente utilizzata dallo stesso G. I come manuale da donare in
occasione delle consacrazioni vescovili. Tracce della sua fortuna nei secoli
successivi si colgono per l'Inghilterra, dove, tramite il vescovo missionario
Agostino, giunge fino a Beda, per l'Irlanda nel VII e VIII secolo, per la
Francia con Alcuino, che gioca un ruolo considerevole nella sua diffusione,
fino a Gregorio VII e a Graziano; parallelamente influenza i trattati morali e
le Summae de arte praedicatoria.
Il Liber Regulae pastoralis è conservato in
un codice coevo (Troyes, Bibliothèque municipale, ms. 504): si tratta di un
prodotto di lusso, scritto in ambiente di Curia fra VI e VII secolo, con una
grafia che riprende forme dell'epigrafia cristiana, rivelando un'attenta
ricerca stilistica, un testimone d'eccezione della produzione libraria romana
tra VI e VII secolo (Petrucci). Il manoscritto presenta molte correzioni, con
un lavoro di revisione compiuto dall'autore stesso o da scribi a lui vicini,
non in una sola volta (Dekkers): si conferma anche per quest'opera l'esistenza
di diverse versioni, ognuna delle quali poteva essere copiata e avere una sua
propria tradizione manoscritta, non senza frequenti "contaminazioni".
La Regula, frequentemente ricordata nelle lettere, arrivò anche in Oriente
su richiesta dell'imperatore e venne tradotta in greco dal diacono Anatolio
(Registrum, XII, n. 6). Si tratta anche in questo caso di un'opera curata nello
stile, influenzato dalle immagini bibliche, e segnata dalla lunga tradizione
sia sul versante greco (Origene, con le omelie sull'esodo tradotte da Rufino,
pur mai citato, Gregorio di Nazianzio, con i suoi Discorsi, tradotti da
Rufino, forse Giovanni Crisostomo), sia su quello latino (Cicerone e Seneca
sulle virtù, mediati con ogni probabilità attraverso Ambrogio, Ambrogio stesso,
Cassiano, Martino di Braga e soprattutto Agostino [Paronetto, 1986], Leone
Magno, Cesario di Arles e ancora le regole monastiche). L'opera è solidamente
strutturata in quattro parti, con frequenti rinvii dall'una all'altra: la prima
riguarda le caratteristiche morali e spirituali che deve avere chi accede alla
carica; la seconda la vita che deve condurre il vescovo, dedita alla
contemplazione e all'introspezione; la quarta sottolinea la necessità
dell'esperienza interiore strettamente connessa al compito della predicazione;
la terza esamina i modi con cui il pastore deve rivolgersi al suo gregge,
considerato nelle sue diverse componenti di genere, di età, di stato sociale,
di carattere, espressione di singolare finezza psicologica e di competenza "sociologica".
Proprio la profondità morale e la sensibilità qui testimoniate rendono per
contrasto più evidente la concezione del tutto conservatrice della società: un
ordine sociale immutabile, la coincidenza fra ceto elevato e cariche
ecclesiastiche per le caratteristiche culturali e le competenze richieste dalla
funzione vescovile e predicatoria, la sanzione dei dislivelli economico-sociali
e la loro rilevanza sul piano etico e spirituale.
L'impegno nel governo della Chiesa si sviluppò in
concomitanza e a seguito della riflessione teorica, morale e pastorale
attraverso una serie di interventi specifici di natura propriamente
ecclesiastica (per esempio regolarità delle elezioni dei vescovi), dottrinale
(principalmente lotta contro il donatismo in Africa e interventi per il
recupero delle sedi legate allo scisma tricapitolino) e, infine, politica. La
tradizionale divisione amministrativa fra Italia annonaria, gravitante sulle
sedi metropolitiche di Milano e Aquileia, e Italia suburbicaria, posta sotto la
giurisdizione metropolitica del vescovo di Roma, se non scompare del tutto,
appare profondamente turbata a seguito dell'invasione longobarda, dello scisma
tricapitolino, della nuova dislocazione del potere:
il Registrum rivela che G. I scrive solo a vescovi situati in
territori bizantini, con l'eccezione di Spoleto, evidenzia il peso politico
assunto da Ravenna, sede dell'esarca (Registrum, II, n. 25), e prova più in
generale come il suo raggio d'azione si estenda ben oltre l'ambito di stretta
competenza del vescovo di Roma, indipendentemente da diritti giurisdizionali.
Per quanto riguarda il diritto ecclesiastico,
il Registrum testimonia una varietà di casi, nei quali non è facile
individuare una regola costante, anche se sembra di poter dire che G. I avochi
a Roma le "causae maiores" (per es.: Registrum, VI, n. 24; IX,
n. 27) e riconosca i poteri dei vescovi metropoliti (per es.: ibid., IX,
n. 203) e dei tribunali sinodali, abilitati a giudicare nei confronti dei
vescovi (per es.: ibid., I, n. 32; III, n. 8; V, n. 59). L'esercizio del
suo potere sui vescovi si intrecciò subito con il problema del potere
concretamente esercitato dai vescovi stessi nel campo della giurisdizione
civile. Per ciò che concerne "l'opportunità, espressa nella Regula
pastoralis e presente anche nei Moralia, che il vescovo deleghi ad
altri la potestà di giudicare riconosciutagli dalla legge, è da ritenere che
G., nel manifestarla con tanta insistenza, avesse presente non tanto la
giurisdizione esercitata dai vescovi in materie di loro specifica competenza,
come le devianze dottrinali e disciplinari di membri del clero e di semplici
fedeli, quanto la giurisdizione speciale che le leggi imperiali avevano
assegnato alla Chiesa nelle liti di natura privatistica, come le controversie
in tema di atti volontari fra privati o in genere di affari" (Arnaldi,
1995). La giustizia era divenuta un terreno di confine e di possibile scontro
con il potere politico, terreno saldamente difeso dal papa, reclamando i
diritti del foro ecclesiastico - per es. nei confronti del duca Teodoro
(Registrum, I, n. 59) - e ricordando ai vescovi l'obbligo dell'amministrazione
della giustizia (ibid., VI, n. 11). La rivendicazione dei diritti
giurisdizionali della gerarchia ecclesiastica si accompagnò tuttavia sempre in
G. I con il pieno riconoscimento delle leggi romane, perfino nel caso in cui
egli le giudicasse ingiuste, le criticasse violentemente, ne chiedesse
all'imperatore l'abrogazione perché lesive della libertà di scelta religiosa
(ibid., III, n. 61). Assai frequente è il richiamo puntuale alla legislazione
romana e la sollecitazione alla sua utilizzazione: estratti
dalle Novellae di Giustiniano, dal Codex e
dal Digestum vengono inviati al "defensor" Giovanni,
impegnato in una delicata missione nella porzione della Spagna riconquistata
dall'Impero (ibid., XIII, n. 49). Ma non essendo G. I, come giustamente è stato
detto, un teorico, conviene seguire il concreto esplicarsi della sua azione.
Due furono i fronti di particolare rilievo: l'Africa
settentrionale e l'Italia settentrionale, divisa dallo scisma tricapitolino.
Numerosi sono i suoi interventi negli anni 591-596, che attestano rapporti
stretti tra vescovi africani e pontefice (ibid., II, n. 40; VIII, n. 31; X, n.
20). Per quanto riguarda il donatismo, è probabile che non si tratti di un
reale revival dell'eresia (Markus) e che G. sia stato sollecitato a
intervenire da informazioni allarmistiche - relative soprattutto alla pratica
del doppio battesimo - avute dal vescovo numida Paolo, la cui mediazione fu fonte
di molti problemi sia con le gerarchie ecclesiastiche locali, sia con il
governo civile. (ibid., I, nn. 72, 73; IV, nn. 32, 35; VI, n. 62). La
situazione si fece più complicata per i dissensi fra vescovi ed esarca, e G. I
si rese conto dell'impotenza del suo intervento (ibid., n. 64). Questa sorta di
resa coincise con l'affievolimento di interesse per il problema donatista.
Nella questione tricapitolina G. I era stato
coinvolto, come si è visto, già prima della sua elezione. Dopo pochi mesi da
questa, nel gennaio 591, convocava a Roma, perché si sottoponesse al giudizio
di un sinodo, il vescovo Severo di Aquileia con i suoi seguaci: eletto nel 587
vescovo di Aquileia a Grado, dove la comunità cristiana, che aderiva allo
scisma tricapitolino, si era rifugiata per sfuggire ai Longobardi, egli era
stato portato dall'esarca Smaragdo a Ravenna insieme con tre vescovi
suffraganei e qui era stato indotto ad allinearsi alle posizioni imperiali, ma
una volta rientrato in sede era tornato in consonanza con la sua comunità, rimanendo
poi sempre capo indiscusso dello scisma (ibid., XIII, n. 34). G. I aveva dato
alla sua ambasceria un carattere che potremmo definire coercitivo, tale
comunque da travalicare l'ambito puramente religioso ed essere sentita come
"intimidatoria" dai vescovi istriani, che se ne lamentarono con
l'imperatore (Registrum, ed. Ewald - Hartmann, I, 1, nn. 16 a, b). I pericoli
della situazione politico-militare dell'Italia avevano indotto l'imperatore a
richiamare il troppo interventista Smaragdo, sostituito da Romano, e a frenare
gli interventi del papa (ibid., nn. 17-23).
G. I fece fronte comune con il vescovo di Ravenna, del
cui impegno e ardore si rallegrava, assicurandogli che non avrebbe mancato di
scrivere all'imperatore con sommo zelo e libertà e invitandolo a non agitarsi
per la collera del patrizio Romano (Registrum, II, n. 38, del luglio 592); usò
anche toni molto duri con gli scismatici che gli avevano scritto lamentando le
persecuzioni cui erano sottoposti (ibid., n. 43), ricordando che la persecuzione
quando non è sopportata razionalmente non giova alla salvezza, secondo
l'insegnamento di Cipriano. Dopo il primo intervento deciso e forse troppo duro
nei confronti di questa provincia ecclesiastica,
il Registrum testimonia per gli anni successivi interventi sporadici,
volti a favorire occasioni di dialogo: l'invito del luglio 595 a due vescovi
istriani a venire a Roma con tutte le garanzie (ibid., V, n. 56), l'impegno per
la protezione di coloro che tornavano all'ortodossia (ibid., IV, n. 14; VI, n.
38; IX, n. 151; VII, nn. 34, 117-118, 155, 161-162; XIII, n. 34), rimproveri a
chi, come l'esarca Callinico, non favoriva le conversioni, sulla base
dell'ordine imperiale a difesa degli scismatici (ibid., IX, nn. 142, 149). Lo
scisma tricapitolino continuò in queste diocesi a essere ben radicato non solo
nelle élites ecclesiastiche, ma in tutta la comunità cristiana.
Più mossa la situazione sul versante della provincia
ecclesiastica di Milano, che poteva vantare un'antica opposizione alla condanna
imperiale dei Tre Capitoli nella persona del vescovo Dazio e che aveva poi
vissuto il trauma del trasferimento della sede a Genova a opera del vescovo
Onorato, al momento dell'invasione longobarda. Il nuovo vescovo Lorenzo, sempre
residente a Genova, si era trovato di fatto sotto il duplice controllo
dell'imperatore e del papa, ma difficilmente il formale atto di adesione
all'ortodossia di Lorenzo rispondeva a una sua convinzione e ancor più
difficilmente poteva trovare il consenso dei suffraganei e dei fedeli, cosa di
cui G. I sembra essere stato consapevole (ibid., IV, n. 37). Una conferma del
dissidio con Roma verrebbe dall'assoluzione del presbitero Magno, già
scomunicato da Lorenzo, e ancor più nella sua completa
"riabilitazione", provata dall'incarico affidatogli dal pontefice di
portare un messaggio sulle qualità necessarie alla carica vescovile al clero e
al popolo milanese che in Genova doveva eleggere il successore di Lorenzo
(ibid., III, n. 26). L'elezione di Costanzo, in rapporti con G. I dai tempi di
Costantinopoli, è questione complessa, come rivela la lettera di G. I
dell'aprile 593 (ibid., n. 29) ai presbiteri, ai diaconi e al clero della
Chiesa di Milano, che risulta "senza sottoscrizione", ma portata da
persone degne di fede come Magno e Ippolito, quest'ultimo intermediario con
Teodolinda e residente a Milano (ibid., IV, nn. 2, 4), in una città da
identificare più probabilmente con Genova. L'elezione fu certamente sostenuta
dal pontefice, che nel settembre 593 otteneva da Costanzo non la semplice
adesione alla condanna dei Tre Capitoli, ma anche la sua sottomissione a Roma.
Egli diveniva da quel momento un intermediario politico con i Longobardi, in
particolare con la regina Teodolinda, con i Franchi, con i Bizantini (ibid., n.
1; XI, n. 6), intervenendo anche di propria iniziativa (ibid., IV, n. 2).
Quando tre vescovi si erano staccati dalla comunione con il metropolita e pure
Teodolinda si era astenuta dalla comunione con la Chiesa, G. I aveva scritto
alla regina nel settembre 593 (ibid., n. 4), ma Costanzo aveva evitato di far
recapitare la lettera poiché, facendo essa riferimento al V concilio ecumenico,
poteva essere controproducente; G. I non aveva esitato ad approvare l'operato
del vescovo di Milano (ibid., n. 37), riscrivendo a Teodolinda nel luglio 594
in forma epurata (ibid., nn. 33, 52).
La dimensione politica dello scisma si colloca
all'interno della complessiva politica italiana di G. I e soprattutto dei
problemi posti dall'attività espansionistica del Regno longobardo e dei Ducati
di Spoleto e di Benevento, che impegnarono il pontefice fra l'autunno del 591 e
l'inizio del 594.
Il 5 sett. 590 (due giorni dopo la consacrazione di G.
I) era morto il re Autari. La vedova Teodolinda sviluppava una politica di
accordo con i Franchi e con i duchi di Spoleto e Benevento, recuperati al
fronte antibizantino. A questo punto si assiste a un cambiamento della
strategia imperiale: invece di una guerra offensiva volta alla riconquista
dell'Italia settentrionale, si passa a una strategia soprattutto difensiva, volta
ad assicurare le comunicazioni fra Ravenna e Roma e a organizzare secondo
questo asse i territori ancora bizantini. È questo il contesto in cui si trova
G. I subito dopo la sua elezione. Il suo primo intervento nei confronti dei
Longobardi attiene alla sfera religiosa: interpretando la morte di Autari come
punizione divina per avere proibito il battesimo dei figli dei Longobardi nella
fede cattolica, invita tutti i vescovi d'Italia a impegnarsi per la conversione
dalla fede ariana di quel popolo (ibid., I, n. 17). Che il problema longobardo
fosse prioritario nelle sue preoccupazioni è testimoniato dall'espressione che
usa nella lettera del febbraio 591 (ibid., n. 30), quando dice di sentirsi
"vescovo dei Longobardi, per i quali i patti sono spade e la grazia una
pena". Di qui l'urgenza di un impegno che dal piano religioso investe
quello militare e politico-diplomatico, aprendo nuovi scenari alle
responsabilità inerenti alla carica di vescovo di Roma.
Nel maggio 591 Agilulfo fu eletto re nell'assemblea dei
duchi a Milano (Paolo Diacono, Storia dei Longobardi, III, 35). Per la
prima volta attraverso le nozze con Teodolinda l'accesso alla regalità avvenne
in modo indipendente dall'elezione dei guerrieri, ridotta a semplice
acclamazione. Anche nei due Ducati di Spoleto e di Benevento vi furono nello
stesso anno cambiamenti al vertice: nel primo il pagano Ariulfo era succeduto a
Faroaldo, nel secondo Arichi a Zotto. Questo determinò una ripresa delle
attività di conquista, che minacciavano da tutti i lati quello che si suole
definire già ora come Ducato romano, i cui confini si stabilizzarono solo dopo
il 595, non tanto come definizione di un ambito politico quanto come esito
delle conquiste longobarde (Bavant); per un esame dei rapporti di G. I con i
Longobardi nell'Italia centromeridionale, v. Enc. dei papi, I, p. 561.
Non è il Ducato romano in quanto entità
politico-territoriale, della cui difesa G. I si preoccupa, quanto l'insieme dei
territori bizantini collocati intorno a Roma, la cui caduta nelle mani dei Longobardi
avrebbe significato un pericolo per la città. Il Ducato romano non rappresenta
dunque un riferimento politico-territoriale per G. I, il cui orizzonte dal
punto di vista politico è, oltre Roma, l'Italia. La dimensione romana e
italiana della politica di G. I risulta evidente nel momento di maggiore
drammaticità, fra l'autunno del 591 e i primi mesi del 594, per la ripresa
dell'offensiva longobarda. Inserito saldamente nell'ambito dell'Impero, cui non
manca di riaffermare costantemente la propria fedeltà, G. I assume tuttavia un
ruolo di protagonista, con un impegno diretto nel controllo della situazione
militare e perfino nella dislocazione delle truppe, constatando le deficienze
dell'apparato militare bizantino, e la scarsa incisività della sua complessiva
azione sul campo, in particolare per il problema vitale della difesa di Roma.
Tra il 591 e il 592 il pericolo maggiore venne dalle
milizie del Ducato di Spoleto: il 27 sett. 591 (Registrum, II, n. 4) G. I
inviava soldati al "magister militum" Velox - non senza esitazione a
causa della marcia di Ariulfo verso Roma -, chiedendogli di "incalzarlo
alle spalle", ed esortandolo a mettersi in contatto con gli altri
"magistri militum" Mauricio e Vitaliano; nel gennaio 592 (ibid., n. 10)
si fece carico della difesa di Nepi, inviando Leonzio, cui il clero e il popolo
dovevano prestare obbedienza, proprio come fece pochi mesi dopo per Napoli.
L'imminenza del pericolo è testimoniata anche dalla lettera del febbraio 592 a
Giovanni vescovo di Velletri, in cui ordinò di trasferire la sua sede in altro
luogo - S. Andrea, forse S. Andrea in Silice sulla via Appia - per "essere
più al riparo dalle incursioni nemiche e ivi compiere le consuete celebrazioni
liturgiche" (ibid., n. 13); e anche nella lettera dell'aprile 592 si fa
riferimento "ai vescovi di nostra competenza che non possono venire a Roma
per l'interporsi dei nemici" (ibid., n. 25). Nel giugno 592 la situazione
sembra ancora aggravarsi: scrivendo ai "magistri militum" Mauricio e
Vitaliano, oltre a fare presente il timore che i loro uomini cadessero nelle
mani di Ariulfo, li incoraggiava a prendere alle spalle il duca, mentre il
riferimento al "magister militum" Casto sembra indicare che a lui
fosse affidata la difesa di Roma; in un'altra lettera riferisce della missiva
ricevuta da Ariulfo, della situazione critica della città di Soana, della cui
fedeltà il papa tendeva a dubitare; della conquista di Narni e dell'incombente
ulteriore minaccia di avanzamento, di fronte alla quale il papa invitava a
saccheggiare le terre di Ariulfo e a provvedere a far concentrare l'attacco
sulle avanguardie (ibid., nn. 27 s.). Tragico è ancora il panorama delineato da
G. I nella lettera del luglio 592 (ibid., n. 38) a Giovanni vescovo di Ravenna,
che gli aveva scritto di non sapere a chi rivolgersi per impetrare aiuto,
convenendo sulla passività dell'esarca Romano, che "da una parte trascura
di combattere contro i nemici, dall'altra ci impedisce di fare la pace",
pace che peraltro Ariulfo vincolava alla condizione che gli venissero versate
le paghe spettanti alle truppe di Autari e Nordulfo, due capi militari
longobardi, esattamente come quando erano al soldo dei Bizantini (presso i
quali avevano prestato servizio, passando poi a quello dei Longobardi); Roma
era sguarnita di milizie dopo l'invio di quelle mandate nell'Italia centrale di
rinforzo al "magister militum" Velox nel settembre dell'anno
precedente, e i soldati della "legio Theodosiacorum", così chiamata
da Teodosio figlio di Maurizio, "a stento si dedicano alla custodia delle
mura"; infine anche Napoli era minacciata da Arechi (I) duca di Benevento,
che non aveva tenuto fede ai patti con l'Impero e, priva di un comandante,
rischiava di cadere in mani longobarde. Per provvedere a questo vuoto di potere
il papa intervenne direttamente attribuendo al tribuno Costanzo il compito di
presiedere alla difesa della città e invitando tutti a prestargli obbedienza
(ibid., n. 47: datata fra il settembre 591 e l'agosto 592).
In questo drammatico frangente G. I decise alla fine
dell'estate 592 di rompere gli indugi e di prendere l'iniziativa di una tregua.
La gravità della crisi, e forse l'impegno autonomo di G. I, indussero l'esarca
Romano a riprendere tra la fine del 592 e l'inizio del 593 la campagna militare
(Liber pontificalis; Paolo Diacono, Storia dei Longobardi, IV, 8, 9), che
portò alla riconquista di Sutri, Bomarzo, Orte, Todi, Amelia, Perugia, Luceoli.
Intervenne allora Agilulfo, che occupò Perugia, uccidendo Maurizio, duca
longobardo passato dalla parte dei Bizantini, e pose l'assedio a Roma. La
drammaticità del momento è testimoniata dall'assenza nel Registrum di
lettere per i mesi di gennaio, febbraio e marzo dell'indizione XII, cioè i mesi
iniziali del 594. Sopraffatto dall'angoscia per le distruzioni e le violenze,
alla fine del 593 G. I interrompeva il ciclo di omelie sul libro di Ezechiele
(Homiliae in Hiezechielem prophetam, II, 10, 24).
Le omelie furono pronunciate probabilmente a ritmo
rapido, forse addirittura nello spazio di un solo mese, alla fine del 593,
anche se un commento così ricco a un testo così complesso presuppone una lunga
preparazione e - questo è sicuro - richiese un'accurata revisione, culminata
otto anni dopo, nel 601, in un'opera in due libri: il primo, di dodici omelie,
dedicato a Mariniano, vescovo di Ravenna, con una prefazione che, secondo il
metodo consueto, fa riferimento alle note prese dai notai al momento in cui
furono pronunciate e alla loro revisione tardiva, che non esclude un uso della
primitiva stesura notarile (Paterio, nell'opera già ricordata, riporta
diciannove passi non presenti nel testo attuale, probabilmente estratti dalle
schede prima della revisione di G. I); il secondo, di dieci omelie, dedicato ai
confratelli del monastero di S. Andrea, che avevano sollecitato la revisione.
In questa seconda dedica sono presenti riferimenti non solo al drammatico
momento in cui le omelie furono pronunciate, ma anche ai problemi posti dalla
difficoltà del testo da commentare. Diverso è anche il pubblico rispetto a
quello dei Moralia e delle Homiliae XL in Evangelia: non il
largo pubblico delle festività religiose, ma neppure la sola ristrettissima
comunità dei monaci di S. Andrea, che rimane tuttavia il gruppo più sicuramente
identificabile come "committente" e come destinatario, quanto piuttosto
un pubblico misto, fatto anche di membri del clero (cui probabilmente si
riferiscono i consigli sulla predicazione), e forse anche di laici colti e
religiosi, che non mancavano nell'entourage del pontefice. Il testo,
conservato in otto manoscritti databili fra VII e VIII secolo e in
numerosissimi altri dei secoli successivi, è scritto in una bella lingua, anche
se con uno stile meno curato delle altre opere - a eccezione delle prefazioni
-, più legato all'oralità, ma ben strutturato secondo la retorica antica
(Recchia, 1992). I temi più importanti possono essere così riassunti: la
contemplazione, con il confronto fra vita contemplativa e vita attiva, la
profondità del male e la funzione di Cristo salvatore e dello Spirito Santo, e
infine la centralità della predicazione e della funzione del
"praedicator", che dalla contemplazione attinge la sua legittimazione
e la sua capacità di essere strumento per guidare le anime al vertice della
visione cristiana. La sua figura si salda nel commento di G. I con quella dello
"speculator", che "semper in altitudine stat, ut quodquid
venturum est longe prospiciat", e dunque sulla funzione profetica,
proiettata quest'ultima nella prospettiva escatologica. Componente centrale
nella sua visione religiosa, l'escatologia di G. I non va tuttavia intesa come
prospettiva di breve termine, di reale imminenza della fine del mondo, ma come
orizzonte spirituale e culturale, sempre presente e sempre rievocato di fronte
ai drammi della storia, che ben può comporsi, nella fisionomia complessiva del
pontefice, con il suo impegno nel fronteggiare la realtà e nel trasformarla.
Tra luglio 593 e novembre 594 si colloca anche la
composizione dei Dialogi, la cui preparazione era tuttavia certamente
cominciata molto prima (A. de Vogüé, introd. ai Dialogues), con la
raccolta dei casi di esemplarità religiosa, alcuni già narrati nelle omelie
sui Vangeli, e qui ripresi.
Se una lettera, con la richiesta di informazioni a
Massimiano di Siracusa (Registrum, III, n. 50), fa riferimento alle
sollecitazioni dei "fratres qui mecum familiater vivunt", il prologo
dell'opera stessa parla di una richiesta rivolta dal diacono Pietro, già
incontrato come persona intima del pontefice: in tutti i casi anche nella
composizione di quest'opera si coglie l'importanza del gruppo di religiosi che
circonda G. I e interagisce con la sua attività di governo, con la sua
meditazione spirituale, con la sua produzione letteraria. La definizione
dell'opera data da Beda (Historia ecclesiastica, II, 1) come raccolta di
miracoli ha dato l'avvio a una sua interpretazione - prevalsa fino a tempi
recenti - come opera "minore", popolare per i suoi contenuti e per il
suo pubblico, e dunque diversa e inferiore rispetto alla qualità letteraria,
alla competenza esegetica, alla profondità morale e dottrinale delle altre
opere di G. I, e che ha finito addirittura per intaccare la certezza della sua
paternità (Clark, 1987 e 1991). Confutata questa tesi estrema (de Vogüé, 1991),
l'opera deve essere inserita a pieno titolo nella produzione gregoriana, e anzi
considerata nei suoi caratteri di estrema originalità, che ne fanno forse il
capolavoro di G. I: certo un'opera destinata a immenso successo (da segnalare
la traduzione greca fatta da papa Zaccaria nel sec. VIII), come prova
l'imponente tradizione manoscritta. L'opera, divisa in quattro libri, è
strutturata in forma di dialogo fra G. I e il diacono Pietro. Il dialogo è
strumento essenziale dell'alternanza tra racconti di virtù e di miracoli e
riflessioni morali e dottrinali, e costituisce la struttura portante e
distintiva dell'opera. I racconti si rivelano allora non concessioni a una
presunta e mal individuabile "mentalità popolare", ma come momenti di
una realtà religiosa vissuta in ambienti diversi sul piano sociale e culturale,
che, narrati da testimoni degni di fede, vengono legittimati nella loro
veridicità attraverso la mediazione religiosa e culturale del
pontefice-scrittore, per divenire strumento della sua pastorale. L'originalità
riguarda anche il contenuto in senso cronologico e geografico. Oggetto
dell'attenzione di G. I non sono i martiri antichi, la cui esemplarità non era
funzionale per il suo tempo, e le cui passioni, scritte in epoca ormai tanto
lontana dalle vicende narrate, erano considerate del tutto fantasiose e
addirittura atte a provocare il riso più che l'edificazione, ma i santi
contemporanei, uguali e perfino superiori ai grandi esempi del passato (come
prova il caso di Benedetto), con una vasta tipologia che va dai monaci e dagli
abati alle tante figure di uomini e donne, eremiti o vissuti in piccole
comunità, in campagna o in città, come le sante zie di G. I, già presenti nelle
omelie sui Vangeli, e ancora i nuovi martiri, vittime dei Longobardi
feroci e pagani, anzi veri e propri adoratori del demonio. Quanto alla dimensione
geografica, sono i santi italiani quelli di cui G. I vuole conservare la
memoria, in un'Italia che si identifica con le sue regioni centrali, Toscana,
Umbria, Lazio, ma anche Campania e Sicilia, arricchendosi di qualche raro caso
esterno, e ha il suo centro religioso in Roma, che assume un ruolo decisivo nel
quarto e ultimo libro, come il luogo in cui si concentrano tanti casi di
santità e teatro di tanti episodi, atti a provare con la forza della loro
esemplarità la sopravvivenza dell'anima alla morte del corpo, il punto
dottrinalmente più impegnativo tra quelli affrontati nell'opera. La storicità
dei personaggi contribuisce a fare dei Dialogi una testimonianza
affidabile per la storia della penisola tra V e VI secolo, per le sedi
vescovili, le nascenti comunità monastiche, il paesaggio rurale e urbano,
l'impatto delle popolazioni germaniche, Goti e Longobardi soprattutto, i primi
ormai lontani e non più pericolosi, i secondi aggressivi e ancora
irrecuperabili nella visione religiosa complessiva di G. I, che pure doveva con
loro venire a patti e avviare una convivenza il più possibile pacifica. Anche
per quest'opera si può parlare di grande originalità rispetto alla tradizione
agiografica, pur certamente ben conosciuta, dalla Vita Antonii di
Atanasio, alla Vita Martini e ai Dialogi di Sulpicio
Severo, alle scritture agiografiche di Girolamo. All'originalità della
struttura e del contenuto va aggiunta l'efficacia dello stile e della lingua
(Bruzzone), in un perfetto equilibrio fra l'oralità dei suoi testimoni, la
raffinatezza della sua cultura, la comprensibilità del messaggio. L'opera
meditata e organicamente strutturata diveniva un prezioso strumento della
pastorale, destinata in primo luogo al clero, non necessariamente di alta
cultura, e attraverso la sua mediazione a un pubblico più vasto e socialmente
differenziato.
Racconta Paolo Diacono che l'assedio a Roma fu tolto
da Agilulfo, forse dietro pagamento di un tributo da parte di G. I, su
suggerimento della regina Teodolinda che era stata spesso esortata in tal senso
dal papa. L'iniziativa di quest'ultimo determinò una grave crisi nei rapporti
con l'esarca Romano e con l'imperatore fra l'autunno 594 e l'estate 595.
L'atteggiamento dell'esarca non fu solo di rifiuto
dell'accordo, ma anche di condanna del "praefectus urbi" e del
"magister militum", di accusa del papa presso l'imperatore per avere
provocato la morte di Malco, già rettore del Patrimonio in Dalmazia, quando era
in prigione a Roma per l'inchiesta amministrativa; infine di appoggio al
decreto imperiale relativo all'elezione del vescovo di Salona, cui G. I aveva
posto il veto per indegnità: tutto questo rivela una lettera diretta al diacono
Sabiniano, apocrisario a Costantinopoli, del settembre-ottobre 594 (Registrum,
V, n. 6), nella quale il pontefice si difendeva con fermezza. Il confronto con
l'imperatore assumeva toni particolarmente duri, anche se ammorbiditi da un
linguaggio tra l'ironico e il deferente, nella lettera del giugno 595 (ibid.,
n. 36), nella quale G. I risponde alle accuse rivoltegli di
"simplicitas", che, egli osservava, volevano in realtà significare
che egli si era comportato da sciocco o addirittura da mentitore. La lettera si
concludeva con un esplicito richiamo al rispetto dovuto ai sacerdoti, mostrato
perfino dagli imperatori pagani.
Il confronto con l'imperatore gioca su un duplice
registro: fedeltà costante e indiscussa all'Impero e all'autorità imperiale,
fermezza nella condanna di posizioni non condivise o di leggi considerate
lesive dei diritti della Chiesa e dei cristiani, con la richiesta perentoria di
modifica o di abrogazione; difesa dalle critiche, non priva di pungente ironia,
che gli consente di passare dalla formale obbedienza alla ferma rivendicazione
della propria superiorità spirituale.
Com'è stato più volte sottolineato, G. I non è un
teorico e la sua ideologia politica va ricostruita attraverso riflessioni,
giudizi o comportamenti su questioni specifiche, anche se si possono
individuare alcune linee portanti. L'autorità dell'imperatore si sostanzia di
alcuni doveri, tra i quali la difesa dell'ortodossia cattolica, come ripete
anche alla futura coppia imperiale (ibid., XIII, n. 40), secondo il modello di
Costantino e di sua madre Elena, proposto anche ai nuovi sovrani che
abbracciano la fede cristiana, e il controllo sulla moralità del clero (ibid.,
V, n. 37; VII, nn. 5 s.; IX, n. 136). Il potere politico si nutre alla greppia
del Vangelo come un grosso animale addomesticato dall'enorme forza
fisica, ma dal poco acume: il rinoceronte, che è messo all'aratro, finalmente
fa buone leggi e garantisce la pace nella Chiesa (Moralia, XXXI, 4, 4-7). Anche
in questo caso, oltre agli influssi, tra cui è stato valorizzato soprattutto
quello dello Pseudo Dionigi (Straw, 1991), va colta la peculiarità del pensiero
e dell'azione di G. I, sempre pronto a interagire con le situazioni concrete e
a coniugare la consapevolezza della propria superiorità spirituale e la
rivendicazione dei propri diritti con più realistiche valutazioni dei rapporti
di potere.
Contemporaneamente al confronto legato alla sfera
politica, si era avviato il confronto-scontro sulla questione del titolo
ecumenico di cui si fregiava il patriarca di Costantinopoli (Registrum, V, n.
37). Il problema, cui si riferisce un gruppo di lettere tutte datate giugno 595
(ibid., nn. 39, indirizzata all'imperatrice Costantina; 41, ai vescovi Eulogio
di Alessandria e Anastasio di Antiochia; 44, allo stesso Giovanni, patriarca di
Costantinopoli, principale protagonista del conflitto; 45, al diacono
Sabiniano), non era nuovo - si era infatti presentato già quando Giovanni il
Digiunatore si era attribuito il titolo al sinodo di Costantinopoli del 587,
trovando l'opposizione di Pelagio II -, ma G. I aveva deciso di intervenire al
momento in cui aveva ricevuto gli atti di un giudizio sinodale, dove questo
titolo compariva in tutta la sua ufficialità. Insieme con la condanna,
esprimeva la propria concezione della Chiesa, della "distribuzione dei
poteri" al suo interno, infine della posizione particolare rivestita dalla
Chiesa di Roma, in quanto sede di Pietro e dei suoi successori. Pur senza
risultati, G. I non rinunciò a sostenere la sua tesi anche col nuovo patriarca
Ciriaco (ibid., VII, n. 24, giugno 597; VII, n. 30, giugno 597; VIII, nn. 28,
luglio 598; 29, luglio 598), senza però giungere alla rottura dei rapporti,
limitandosi ad ammonire i metropoliti dipendenti da Roma, convocati per il
sinodo a Costantinopoli, a non accettare che il patriarca si fregiasse del
titolo (ibid., IX, n. 157, maggio 599).
Per quanto riguarda la situazione politica in Italia,
era cominciata una nuova stagione, caratterizzata da più articolati rapporti
politici con i Longobardi.
Nel maggio 595 G. I cercava di indurre l'esarca a
concludere la pace con i Longobardi, facendosi carico di garantire in certo
modo le buone intenzioni di Agilulfo e insinuando la sua disponibilità a fare
"una tregua speciale con noi" (ibid., V, n. 35). All'inizio del 596
la morte dell'esarca Romano lasciava un vuoto politico-militare, che fu colmato
solo nella primavera del 597 con l'elezione del suo successore Callinico, con
il quale si ebbe l'avvio delle trattative per la tregua, sempre fortemente
voluta da G. I, in costante apprensione per gli attacchi longobardi, questa
volta soprattutto a opera del duca di Benevento Arechi contro i territori
bizantini dell'Italia meridionale. Nel 598 giunse l'annuncio dell'accordo
raggiunto, non privo di nubi per il dubbio che i duchi di Spoleto e di
Benevento non volessero accettarlo e per la persistente minaccia longobarda nei
confronti di Terracina e di Cagliari, tanto che G. I ritenne più prudente non
impegnarsi direttamente con la sua personale sottoscrizione, proponendo, come
si è detto, il fratello Palatino (ibid., XI, n. 4). La tregua durò fino al 601,
con la ripresa nei due anni successivi della guerra, che ebbe come teatro
l'Italia settentrionale (Monselice, Cremona, Mantova, Brescello, l'Istria), fra
i Bizantini e Agilulfo, alleato con Avari e Slavi: per questo probabilmente G.
I non ritenne opportuno intervenire (Bertolini).
Il ringraziamento rivolto sia a Teodolinda, sia a
Agilulfo alla fine del 598 (Registrum, IX, nn. 66, 68) pone il sigillo alla
nuova stagione, nella quale la diplomazia gioca ormai un ruolo fondamentale.
Anche per quanto concerne la questione tricapitolina, se essa rimane tra i
problemi di G. I, i suoi interventi sono improntati a un'estrema prudenza,
volta a non scoraggiare il possibile ritorno degli scismatici all'unità della
fede. Una rete di mediatori favorisce i rapporti. Oltre al vescovo di Milano,
Costanzo, Secondo di Non, sostenitore dei Tre Capitoli e padrino di Adaloaldo,
figlio di Teodolinda e di Agilulfo, alla fine degli anni Novanta appare come
corrispondente di G. I (Paolo Diacono, Storia dei Longobardi, IV,
27; Registrum, IX, n. 148), insieme con molti altri (ibid., V, nn. 6, 36;
IX, nn. 66 s., 126). A Teodolinda scrisse per rallegrarsi del battesimo del
figlio (ibid., XIV, n. 12). G. I manifestò dunque una larga tolleranza nei
confronti della corte longobarda, che dava prova di grande capacità
politico-religiosa. Se ancora nel 599 esprimeva preoccupazioni (ibid., IX, n.
240), per "il pericolo che sovrasta queste nostre regioni" e in
particolare la città di Roma "afflitta da varie condizioni di debolezza al
punto che i suoi abitanti non sono in condizione di custodire neppure le
mura"; e se ancora nel luglio 603 (ibid., XIII, n. 39) faceva presente
all'imperatore Foca "l'oppressione subita dalle spade longobarde", è
anche vero che ormai egli si era convinto a cercare forme di convivenza pacifica:
una evoluzione non tanto del suo giudizio profondo nei confronti dei
Longobardi, che rimase sempre durissimo, quanto del suo atteggiamento politico.
A partire dal 595 il Registrum mostra
un'attenzione crescente e continuativa del pontefice nei confronti dei Regni
d'Occidente, resa possibile dalla situazione italiana e forse sollecitata dalle
tensioni con l'Impero: una spia potrebbe essere l'ambasceria ad Arles del
diacono Sabiniano, già apocrisario a Costantinopoli (Registrum, V, n. 58).
Questa attenzione non va interpretata come frutto di una strategia strettamente
politica, ma quale risultato di un progetto religioso ed ecclesiastico a largo
raggio, che non può essere collocato nella tradizionale prospettiva romana e
imperiale (Markus). Quel progetto si articola però in maniera diversa nei vari
Regni, con distinte finalità, che vanno evidenziate proprio per non cadere in
generalizzazioni fuorvianti.
Con la Spagna la conoscenza più antica: l'incontro a
Costantinopoli con il vescovo Leandro di Siviglia permette di supporre che G. I
fosse assai bene informato delle vicende di quel Regno, unificato con il Regno
svevo e consapevole del proprio potere tanto da adottare simboli imperiali, ma
ancora diviso etnicamente e religiosamente fra Goti ariani e Romani cattolici.
L'avvio del processo di conversione risaliva a Ermenegildo, celebrato
nei Dialogi (III, 31) come martire della fede - anche se la sua
uccisione per ordine del padre fu dovuta piuttosto alla ribellione da lui
guidata nella Betica -, e si era in sostanza compiuto con Reccaredo. G. I aveva
espresso il suo compiacimento a Leandro nell'aprile 591 (Registrum, I, n. 41),
intervenendo su sua richiesta sulla questione dell'unica immersione battesimale
praticata nella Spagna visigotica, e la triplice, praticata a Roma e in genere
altrove, con una posizione tollerante della diversità delle consuetudini. Si
deve aspettare il luglio 595 per l'invio, già ricordato, delle sue opere a
Leandro (ibid., V, n. 53), ma anche in seguito i contatti non furono frequenti,
quasi che G. I si volesse astenere "dall'assumere posizioni che potessero
essere percepite dall'interlocutore come un'indebita ingerenza nelle questioni
della chiesa spagnola" (Azzara). Il Registrum non testimonia
altri rapporti fino all'estate del 599 (ibid., IX, nn. 228 s.): la prima
lettera in risposta a Leandro testimonia il riconoscimento della fama del
pontefice da parte dell'"episcopus Spaniarum", cui invia il pallio a
sanzione del suo ruolo; la seconda a Reccaredo univa alle lodi per la
conversione del Regno, giudicata un grande miracolo, gli ammonimenti relativi
alle virtù proprie del principe cristiano, e sanciva il rapporto con l'invio di
una piccola chiave contenente il ferro delle catene di s. Pietro, perché
"ciò che legò il suo collo andando al martirio liberi il vostro da tutti i
peccati". La lettera a Reccaredo è corredata da un
"postscriptum" - quasi a distinguere nettamente la sfera politica da
quella religiosa - che testimonia le difficoltà fra il Regno e l'Impero e
soprattutto il ruolo di possibile intermediario attribuito al pontefice e
quello di "consigliere di parte" di fatto da lui assunto: alla
richiesta di Reccaredo di scrivere all'imperatore "perché ricercasse
nell'archivio i patti che una volta furono stipulati fra l'imperatore Giustiniano
di pia memoria e le leggi del vostro regno" aveva infatti risposto
negativamente non solo per l'impossibilità tecnica dovuta all'incendio
dell'archivio, ma anche perché "non è il caso di dire a qualcuno: cercami,
per favore, i documenti contro di te, che conservi nel tuo archivio e mettili a
mia disposizione".
Anche la Gallia non è del tutto assente dall'orizzonte
di G. I nei primi anni di pontificato, con particolare riferimento alla
Provenza: si tratta di problemi religiosi, come il battesimo degli ebrei
(Registrum, I, n. 45), e politico-diplomatici nel tentativo di avere
informazioni sui contatti fra Agilulfo e i Franchi (ibid., IV, n. 2). Ma solo
dal 595 l'interesse si accentua: nell'agosto 595 concede il pallio e la
funzione vicaria a Virgilio, vescovo di Arles, su richiesta di Childeberto II,
figlio di Brunilde, re di Austrasia, Burgundia e Aquitania, esprimendo nel
contempo preoccupazione per la simonia e lamentando l'elezione vescovile di
laici divenuti repentinamente sacerdoti (ibid., V, n. 58); questi contenuti si
ripetono nella lettera indirizzata a tutti i vescovi (ibid., n. 59) e in quella
a Childeberto (ibid., n. 60), mentre alla regina madre raccomanda il presbitero
Candido, inviato per sovrintendere al Patrimonio della Gallia (ibid., VI, n.
5), ma, secondo la consuetudine già messa in evidenza, investito di ampi poteri
in campo ecclesiastico e politico (ibid., VIII, n. 4). Dopo la morte di
Childeberto nel 596 G. I rimase in contatto con i suoi due figli Teodoberto e
Teodorico, con il re di Neustria Clotario II e soprattutto con Brunilde,
reggente in Burgundia e Austrasia per i nipoti: a quest'ultima in numerose
lettere chiese fedeltà a Calcedonia, lotta contro il paganesimo, impegno
moralizzatore, interventi per irregolarità ecclesiastiche e nei confronti degli
ebrei, e soprattutto impegno contro la simonia e per la riforma complessiva
della Chiesa con la convocazione di un concilio, presieduto da Siagrio, cui
dedicò ancora molti sforzi fino al novembre 602 (ibid., XIII, nn. 5, 7), quando
dovette prendere atto che il "Regnum francorum" non rappresentava più
una forza politica tale da offrire la possibilità di convocare un concilio
generale a lungo auspicato (Pietri, 1991).
Dalle lettere emerge gradualmente la funzione per così
dire "strumentale" della Gallia in vista della missione in
Inghilterra. Un indizio si trova già nella lettera a Candido, in procinto di
recarsi in Gallia come rettore del Patrimonio, con il riferimento ai
"pueri angli", ancora pagani, che rischiano di morire per via (verso
Roma?) senza battesimo (Registrum, VI, n. 10), riferimento che potrebbe essere
all'origine della leggenda dell'ispirazione avuta da G. I alla vista degli
schiavi "angelici" (Anonimo di Whitby e Beda). Un anno dopo il monaco
Agostino del monastero di S. Andrea con un gruppo di compagni veniva inviato in
missione, arrivando nel Kent, nell'isola di Thanet, nella primavera del 597. Il
re Etelberto aveva sposato la principessa franca e dunque cattolica Berta, che
aveva portato con sé il vescovo Liutrado; dopo un primo momento di sospetto i
missionari furono autorizzati a utilizzare una chiesa dentro Canterbury come
chiesa episcopale e a costruire non lontano dalla città un monastero (Beda). G.
I descrive invece le popolazioni come pagane, "immerse nel culto di idoli
di legno e di pietra", così da assimilare l'opera dei nuovi missionari a
quella degli apostoli, entrambe circondate dallo splendore dei miracoli - ma
Agostino era poi invitato a non insuperbirsi per la capacità di fare miracoli
(Registrum, XI, n. 36, giugno 601) -, come scrive nel luglio 598 (ibid., VIII,
n. 29) a Eulogio di Alessandria esaltando i successi della missione (più di
10.000 battesimi!) e dando notizia dell'elezione episcopale di Agostino a opera
dei vescovi di Germania con il suo consenso, senza che sia possibile
specificare dove e quando l'elezione sia avvenuta. Un folto gruppo di lettere
permette di seguire lo sviluppo di una Chiesa organizzata su base territoriale
diocesana (ibid., XI, n. 39) - Beda ne rivela il contrasto con l'organizzazione
di tipo monastico propria del cristianesimo irlandese - il consolidarsi dei
rapporti con la regina, paragonata a Elena madre di Costantino e invitata a
esortare il marito alla fede e a preoccuparsi della conversione dei sudditi
(ibid., n. 35), e infine le difficoltà incontrate e la contraddittorietà dei
suggerimenti relativi ai metodi della pratica missionaria. Se il 22 giugno 601
(ibid., n. 37) G. I faceva presente al re Etelberto la necessità di ricorrere a
tutti i mezzi per convertire il suo popolo, intendendo la distruzione di luoghi
e oggetti di culto, forse indice nello stesso tempo di scarso impegno del re e
di resistenze pagane, a pochi giorni di distanza (ibid., n. 56, 18 luglio 601),
dopo lunga riflessione, raccomandava all'abate Mellito in partenza per l'Inghilterra
con un secondo gruppo "di rinforzo", una serie di azioni esaugurali:
i templi, dedicati al culto dei demoni, dovevano essere consacrati al culto
cristiano con l'aspersione di acqua benedetta e la costruzione di altari dotati
di reliquie, così che le popolazioni accorressero più facilmente a quei luoghi
insieme antichi e nuovi; e ancora le feste liturgiche della dedicazione di una
chiesa o delle ricorrenze del santorale dovevano essere celebrate con usi
simili a quelli tradizionali delle popolazioni: tabernacoli ornati di rami,
convivi religiosi, perfino sacrifici di animali, proprio come Dio aveva
consentito al popolo d'Israele. Il radicale cambiamento rispetto alla lettera a
Etelberto non consente di parlare di mutamento delle strategie missionarie
papali, ma di vedere piuttosto nella contraddittorietà un segno di quella
"flessibilità pastorale" (Markus) che permetteva a G. I di aderire
alle diverse realtà; erano i diversi destinatari a fare la differenza: invitati
ognuno a usare nel modo più efficace i poteri che erano loro propri, l'uno la
violenza, l'altro la persuasione e tutti i suoi stratagemmi. In pochi anni la
Chiesa inglese si era dotata di istituzioni funzionanti ed era pronta a
ricevere, peraltro su richiesta dello stesso Agostino, una sorta di
"decalogo", il Libellus responsionum trasmesso da Beda,
relativo a una serie di questioni morali, dagli impedimenti matrimoniali
derivanti dalla parentela ai comportamenti sessuali, ed ecclesiastiche, dal
rapporto tra vita monastica e attività pastorale, alle norme per la
consacrazione dei vescovi e ai rapporti fra Agostino e i vescovi della Gallia.
Tra il 595 e il 600, sullo sfondo dei rapporti con
l'imperatore Maurizio e con il patriarca per il titolo di "ecumenico"
e della costruzione di nuove relazioni con i Regni in Occidente, va collocata
l'ultima produzione di G. I, elaborata sulla base delle note prese a Roma fra
il 595 e il 598 da Claudio, abate di un monastero presso Classe, in contatto
con G. I dal 592, di nuovo a Roma con probabilità dalla fine del 594 e
sicuramente nel gennaio 596, dove fece parte del gruppo ristretto del
"pubblico" dei suoi commentari esegetici, sulla cui fedeltà nella
stesura dei testi G. esprimeva molte riserve (Registrum, XII, n. 6).
L'Expositio in Canticum canticorum appare infatti come un testo
"ripreso sub oculis, che riflette la parola orale" (Meyvaert,
1968).
Ildefonso di Toledo cita il commento al cantico come
"omne opus", per cui è probabile che l'incompletezza del testo
pervenuto sia dovuta a un incidente della tradizione manoscritta: gli esemplari
più antichi portano nel titolo la divisione in due libri, applicata anche in
seguito, quando dell'opera non rimaneva che il commento ai primi otto versetti.
Il commento conferma l'interpretazione allegorica dell'amore come simbolo delle
nozze di Cristo con l'anima o di Cristo con la Chiesa. Se la paternità di
quest'opera non è più in discussione, il problema si complica per l'Expositio
in Librum I Regum, testo che con la storia degli inizi della monarchia in
Israele, con l'avvento di Saul e l'unzione di David, doveva attirare G. I, non
solo in relazione ai problemi politici che stava vivendo, ma anche per la
questione della funzione sacerdotale in rapporto alla contemplazione e al nesso
predicazione-profezia. L'Expositio sembrava definitivamente recuperata con
argomenti inoppugnabili tra le opere del pontefice (v. i saggi di Verbraken e
di Meyvaert): oggetto come altre di un complesso processo di elaborazione e
revisione in diverse fasi, testimoniato da una lettera di Colombano, degli
stessi anni, nella quale, dopo aver letto la Regula pastoralis, richiedeva
le Homiliae in Hiezechielem prophetam e la Expositio in Librum I
Regum, precisandone le parti, come se di altre avesse già il testo, e sarebbe stata
l'ultima opera di G. I, per questo priva di ampia diffusione e coinvolta nella
crisi succeduta alla sua morte. Lo stesso de Vogüé (1996), che nel I vol.
dell'edizione dell'opera l'aveva giudicata il testamento politico di G., è
stato indotto a una rivisitazione del problema, dopo la scoperta di un
manoscritto dell'abbazia di Cava che attribuisce l'opera a Pietro di Cava poi
abate di Venosa (Houben). L'opera si presenta comunque come un insieme di passi
gregoriani.
Una lunga tradizione ha attribuito a G. I la paternità
di un sacramentario, cioè un messale contenente solo la parte destinata al
prete officiante, conservato in tre manoscritti esemplati fra VII e VIII
secolo, di cui uno inviato da Adriano I tra il 784 e il 791 a Carlo Magno. Non
è certo che l'opera sia stata scritta da lui, anche se non è escluso che siano
state da lui composte alcune preghiere, mentre una parte del materiale è molto
più antica (Deshusses). Ma l'impegno nei confronti della liturgia, sottolineato
da Giovanni Diacono, addirittura attraverso dettagli sugli interventi operati
da G. I nei confronti del Gelasianum, contenente l'antica prassi liturgica
romana (S. Gregorii Magni vita, II, 17), e con certezza comprovato dal
potenziamento della schola cantorum all'interno della strutturazione
dell'"episcopium" lateranense, rimase nel corso dei secoli uno dei
primi meriti del papa.
Negli ultimi anni del suo pontificato G. I continuò a
essere impegnato nelle questioni religiose, ecclesiastiche e politiche di cui
si è già riferito. Per quanto riguarda Roma, un rilievo particolare assume la
lettera del settembre 602 ai cittadini romani (Registrum, XIII, n. 1), non solo
come conferma di un'attenzione specifica alla sua comunità, ma anche per
l'emergere di un problema, finora inedito, relativo ai rapporti fra cristiani
ed ebrei: la commistione di pratiche religiose, in questo caso il rispetto
"cumulato" delle festività religiose proprie alle due religioni, il
sabato e la domenica, che G. I vedeva come il segno più pericoloso dell'opera
del demonio, preludio addirittura della venuta dell'Anticristo. L'atteggiamento
di G. I nei confronti degli ebrei si caratterizza per quella dialettica fra
teoria e pratica e per quella duttilità di comportamenti concreti, già vista
operante anche in altri settori.
Dal punto di vista teologico la posizione rimane
immutata rispetto ad Agostino: "testes veritatis", gli ebrei si
convertiranno alla fine dei tempi, mentre la loro sopravvivenza deve essere
sempre segnata dall'inferiorità derivante dalla loro colpevolezza religiosa.
Sul piano della prassi, se duri furono gli interventi per completare
l'omogeneizzazione religiosa nelle campagne, in particolare nelle proprietà
della Chiesa, nella stessa linea seguita nei confronti di tradizioni cultuali
considerate insopportabili persistenze pagane e spesso assimilate a culti
diabolici (si pensi alla Sardegna e alla Gallia), larga tolleranza mostrò fin
dall'inizio G. I nei confronti delle comunità urbane, forti e attive sul piano
economico, compreso il commercio degli schiavi, protette contro le conversioni
forzate, come ad Arles, e nei loro interessi, come a Napoli, con l'elaborazione
di una accurata casistica volta a impedire eventuali abusi derivanti dalla
conversione al cristianesimo sia degli schiavi sia dei padroni. La lettera
relativa alla proibizione dell'osservanza del sabato apre uno squarcio sulla
storia religiosa e sociale di Roma, mostrando le molte varianti possibili della
convivenza religiosa, capace nel concreto di forme sincretiche, che ora da G. I
e poi da tutta la tradizione cristiana furono viste come le più pericolose,
perché mettevano in discussione quell'identità cristiana costruitasi proprio
nella sua differenziazione dall'identità ebraica.
Un rinnovato interesse si manifesta negli ultimi anni
nei confronti dei territori bizantini della penisola iberica. Un importante
ruolo gioca qui il "defensor" Giovanni, investito, secondo quanto già
constatato, di ampi poteri giurisdizionali - interventi in questioni
ecclesiastiche come quelle relative al vescovo di Malaga, deposto da un rivale
(Registrum, XIII, nn. 46-49), e di moralizzazione nei monasteri con conseguente
comminazione di pene (ibid., n. 47) -, che doveva rendersi attento esecutore
delle leggi, estratti delle quali (Novellae, Codex e Digestum)
gli venivano inviate proprio da G. I (Registrum, XIII, n. 49). Ma oltre a
questi interessi, presenti nel corso di tutto il pontificato, l'attenzione di
G. I sembra potersi ricollegare anche all'iniziativa imperiale delle
"recuperationes imperii": le lettere del 603 indicano che G. I poteva
finalmente "mostrare l'esercizio della primazia romana in territorio
imperiale e insieme far contenti i nemici di Maurizio" (Vilella Masana),
tra cui il nuovo imperatore Foca.
I rinnovati rapporti con l'Impero bizantino concludono
in un certo senso l'attività politica di G. I, mostrandone ancora l'aspetto
prudente e diplomatico. L'elezione di Foca era avvenuta all'inizio del 603 a
seguito dell'uccisione di Maurizio: se la cerimonia del 25 apr. 603 di
acclamazione da parte del clero e dei membri del Senato nei confronti dei
ritratti dell'imperatore e dell'imperatrice, accolti a Roma e collocati
nell'oratorio di S. Cesario al Palatino, nell'antico palazzo imperiale,
testimonia l'atteggiamento di riconoscimento della sovranità, sempre presente
peraltro nel corso di tutto il pontificato, le lettere alla coppia imperiale
rivelano, oltre al rispetto, alla fedeltà e alla speranza di migliori rapporti,
anche una linea programmatica di governo ispirata ai principî cristiani,
secondo i modelli di Costantino ed Elena. L'assenza dell'apocrisario veniva
giustificata con le difficoltà incontrate negli ultimi anni per accedere al
palazzo, e l'invio sollecito di un diacono "fresco di nomina" era il
segno chiaro di una nuova stagione iniziata nella corte, che G. I sperava disposta
a prestare ascolto alle vicende italiane (Registrum, XIII, n. 32).
Nell'agosto del 603 l'attenzione era di nuovo rivolta
a Roma colpita dalla peste, con una cerimonia simile a quella seguita alla sua
elezione. Il 12 marzo 604 G. I morì a Roma dopo un pontificato intensissimo
destinato a segnare la storia della Chiesa e dell'Occidente. È stata questa per
molti secoli, salvo eccezioni locali, la data della festività liturgica - il
tradizionale diesnatalis -, spostata dal concilio Vaticano II, in
quanto coincidente con il periodo quaresimale, al 3 settembre, data della
consacrazione episcopale.
G. I venne sepolto, come dice il Liber
pontificalis, nella basilica di S. Pietro "ante secretarium",
cioè di fronte all'antica sacrestia; Giovanni Diacono (S. Gregorii Magni vita,
IV, 68) precisa ulteriormente: "all'estremità del portico della basilica
stessa" (da intendersi all'estremità della galleria occidentale del grande
atrio davanti alla basilica), là dove erano già sepolti i pontefici Leone, Simplicio,
Gelasio. Per quanto riguarda l'epigrafe funeraria, le reliquie, le successive
ubicazioni del sepolcro e i luoghi romani legati alla memoria e al culto di G.
I, v. Enc. dei papi, I, pp. 570 s.
La santità del pontefice veniva sancita già poco dopo
la sua morte da numerosi testi non romani. Da ricordare in primo luogo
la Storia dei Franchi di Gregorio di Tours; poi nella Spagna nel sec.
VII i brevi medaglioni nelle opere De viris illustribus di Isidoro di
Siviglia e di Ildefonso di Toledo; poi dagli inizi del sec. VIII le
prime Vitae, scritte in Inghilterra, indipendentemente l'una dall'altra,
con l'intento di celebrare il papa che aveva promosso la conversione di quella
terra: a un anonimo monaco del monastero di Whitby si deve un'agiografia, che
conosce le opere di G. I e il Liber pontificalis, e che si mostra
interessata alla spiritualità e alla scelta monastica di G. I, e ancor più alle
manifestazioni soprannaturali; quanto a Beda, si deve parlare di fonte storica
importantissima, dato che la sua Historia ecclesiastica gentis
Anglorum conserva il testo di lettere assenti dal Registrum. Alla
fine del sec. VIII Paolo Diacono, monaco a Montecassino, oltre a ricordare il
papa nella sua opera maggiore, la Storia dei Longobardi, ne scrive
una Vita, una cui versione interpolata ebbe larga circolazione (Limone).
Solo fra l'873 e l'876 fu scritta a Roma una vera e propria biografia di G. I a
opera di Giovanni Diacono, esponente dell'élite culturale legata al
pontefice Giovanni VIII: strutturata in quattro libri e costruita, come
l'autore rivendica con orgoglio, a partire dalle informazioni fornite dalle
opere dello stesso G. I, risulta di grande interesse storico, pur nella sua
finalità politico-ideologica, volta a costruire un modello funzionale al Papato
del suo tempo (Arnaldi, 1956).
Quanto alla liturgia, numerosi martirologi ne
ricordano la festività, talvolta legata alla traslazione di reliquie. Per la
storia del culto e dell'iconografia di G. si rimanda ancora a Enc. dei
papi, I, p. 571
Le opere di G. I sono edite in J.-P. Migne, Patr.
Lat., LXXV-LXXIX; Suppl., IV, a cura di A. Hamman, Paris 1967, coll.
1525-1585. Edizioni delle singole opere, con eventuali traduzioni: Dialogi
libri IV, a cura di U. Moricca, Roma 1924; I dialoghi, a cura di E. Logi,
Siena 1934; Dialogues, a cura di A. de Vogüé, I-III, Paris
1978-80. Expositiones in Canticum canticorum et in Librum primum Regum, a
cura di P.P. Verbraken, Turnholti 1963; Commentaire sur le Cantique, a
cura di R. Bélanger, Paris 1984. Commentaire sur le Premier Livre des Rois,
I, a cura di A. de Vogüé, Paris 1989; II, a cura di Ch. Vuillaume, ibid. 1993;
III (che indica nel frontespizio l'ipotizzata attribuzione a Pietro di Cava), a
cura di A. de Vogüé, ibid. 1998. Homeliarum in Evangelia libri duo, a cura
di H. Hurter, Oeniponte 1892; quest'edizione è stata ripresa con traduzione
in Omelie sui Vangeli e Regola pastorale, a cura di G. Cremascoli, Torino
1968; altre traduzioni: Omelie sui Vangeli, a cura di O. Lari, Alba
1975; Omelie sui Vangeli, a cura di G. Cremascoli, Roma 1994 (Opere di
Gregorio Magno, II). Homiliae in Ezechielem prophetam, a cura di M.
Adriaen, Turnholti 1971; Homélies sur Ézéchiel, a cura di C. Morel, I-II,
Paris 1986-90; Omelie su Ezechiele, a cura di V. Recchia, I-II, Roma
1992-93 (Opere di Gregorio Magno, III, 2). Moralia in Job, a cura di M.
Adriaen, I-III, Turnholti 1979-85; Morales sur Job, Livres I-II, a
cura di R. Gillet - A. de Gaudemaris, Paris 1952; Livres XI-XVI, a cura di
A. Bocognano, ibid. 1974-75; Commento Morale a Giobbe, a cura di P. Siniscalco,
I-III, Roma 1992-97 (Opere di Gregorio Magno, I, 1-3). La collezione delle
lettere di G. I è stata pubblicata in: Registrum epistolarum, a cura di P.
Ewald - L. Hartmann, in Mon. Germ. Hist., Epistolae, I-II, Berolini
1891-99; Registrum epistolarum, a cura di D. Norberg, Turnholti
1982; Registre des lettres, a cura di P. Minard, I-II (Livres I et II),
Paris 1991; trad. italiana dell'ed. Norberg: Lettere, a cura di V.
Recchia, I-IV, Roma 1996-99 (Opere di Gregorio Magno, V, 1-4); Regula
pastoralis, a cura di B. Judic, I-II, Paris 1992. Repertori delle
opere: Repert. fontium hist. Medii Aevi, V, pp. 227-230; E.
Dekkers, Clavis patrum Latinorum, Steenburgis 1995, pp. 552-562.
Strumenti: Thesaurus s. Gregorii Magni. Series A, Enumeratio
formarum e Concordantia formarum, a cura del Centre de traitement
électronique des documents de l'Université catholique de Louvain, Turnhout
1986.
Fonti e Bibl.: Si rinvia a S. Boesch Gajano, G.
I, in Enciclopedia dei papi, I, Roma 2000, pp. 571-574. Si aggiungano: C.
Leyser, Authority and ascetism from Augustin to Gregory the Great, Oxford
2000; R.A. Markus, G. Magno e il suo tempo, Milano 2000. Per ulteriori
indicazioni v. Archivum historiae pontificiae, I (1963) e successivi
e Medioevo latino, I (1979) e successivi.
SOURCE : https://www.treccani.it/enciclopedia/gregorio-i-papa-santo_%28Dizionario-Biografico%29/