lundi 12 mars 2012

Saint GRÉGOIRE le GRAND, Pape et Docteur de l'Église


Domenico Fetti, Saint Grégoire le Grand, palais des beaux-arts de Lille.

Saint Grégoire le Grand

Pape (64e) de 590 à 604 – Docteur de l’Église (+604)

- Saint Grégoire le Grand est, avec les saints AmbroiseJérôme et Augustin, l’un des quatre grands docteurs de l’Eglise d’Occident. Il aurait voulu mener une vie de moine, mais élu pape, il engage une profonde réforme dans l’Eglise. La grandeur de son œuvre lui vaut le titre de 'Grand'. (Saint Grégoire Le Grand, Pape et docteur de l’Église, site Vatican News)

Grégoire était un haut fonctionnaire romain, préfet de la Ville de Rome. A 35 ans, il abandonne honneurs et richesses pour entrer dans un monastère qu'il a fondé quelques années auparavant. Il ne veut plus que prier et obéir. Un homme de sa valeur morale et intellectuelle est trop utile à l'Église, surtout en cette période troublée par les invasions, c'est pourquoi le pape l'ordonne diacre et, puisqu'il connaît le grec, il l'envoie à Constantinople comme apocrisiaire (ambassadeur permanent).

A son retour, il reprend la vie monastique. Pas pour longtemps. En 590, le pape étant mort de la peste, on choisit Grégoire pour lui succéder; malgré ses protestations. Il se dévoue auprès des pestiférés et des misérables.

En même temps, il réorganise l'Église romaine, défendant les prérogatives du siège de Pierre et de Paul. Il fixe la liturgie, réforme la discipline ecclésiastique, propage l'ordre bénédictin, envoie des missionnaires en Angleterre.

Devant l'affaiblissement de l'empire d'Orient, il prend en main la défense de l'empire contre les Lombards, puis il décide de faire la paix avec eux, s'attirant l'hostilité de l'empereur. "J'attends plus de la miséricorde de Jésus, de qui vient la justice, que de votre piété." écrit-il à l'empereur Maurice. Le pape se tourne alors résolument vers les royaumes barbares de l'Occident, rompant le lien entre christianisme et romanité.

Il se consacre simultanément à l'enseignement. On lui doit de nombreuses œuvres spirituelles dont les "Dialogues", principale source sur la vie de saint Benoît.

Il mena toujours une vie austère. Il finit ses jours dans la souffrance, avec de fréquents accès de mélancolie.

Lors de l'audience du 4 juin 2008, Benoît XVI a repris sa catéchèse sur saint Grégoire le Grand pour évoquer l’œuvre de ce Docteur de l'Église, qui "ne s'est pas attaché à élaborer sa doctrine mais a suivi l'enseignement traditionnel de l'Église quant au chemin à suivre pour trouver Dieu". Lecteur passionné de la Bible et auteur d'homélies sur l'Évangile, Grégoire estimait que "le chrétien doit tirer de l'Écriture plus une nourriture quotidienne pour son âme que des connaissances théoriques... Il insistait sur cette fonction de la Bible car ne s'y intéresser que pour un personnel désir de connaissance veut dire céder à la tentation de l'orgueil".

"L'humilité intellectuelle est la règle première pour qui tente de pénétrer le surnaturel à partir de l'Écriture. Ceci, qui n'exclut toutefois pas d'étudier sérieusement, permet d'atteindre des résultats spirituels utiles... Et puis, lorsqu'il s'agit de la Parole de Dieu, comprendre est inutile si cette compréhension ne porte pas à agir". Dans son commentaire de Job, où il suit la tradition patristique, Grégoire "examine le texte à la lumière de son triple sens, littéraire, allégorique et moral... L'idéal moral qu'il commente consiste toujours dans la réalisation d'une intégration harmonieuse entre parole et action, pensée et engagement, prière et service de son état... Ce grand Pape -a ajouté Benoît XVI- trace également pour le vrai croyant un complet projet de vie, qui fut durant le Moyen-âge une sorte de somme de la morale chrétienne".

Son écrit le plus célèbre, la Règle pastorale, propose "un portrait de l'évêque idéal, maître et guide de son troupeau... Le pasteur est avant tout le prédicateur par excellence. C'est pourquoi il doit être avant tout un exemple". Puis le Saint-Père a souligné combien toute "action pastorale efficace doit bénéficier de la connaissance des destinataires et s'adapter à leur situation". Grégoire insistait aussi "sur le devoir qu'a l'évêque de reconnaître chaque jour sa misère afin que l'orgueil ne rende pas vaine l’œuvre accomplie aux yeux du grand Juge... Tous ces précieux conseils -a-t-il ajouté- montrent la haute conception qu'avait ce Pape du soin des âmes dans ce qu'il nommait l'Ars Artium, l'art des arts... Le dessein théologique qu'il développa dans son œuvre, le passé, le présent et l'avenir sont relativisés. Pour lui, ce qui compte avant tout est la séquence de l'histoire du salut qui se manifeste quels que soient les méandres du temps... Pour lui, les guides des communautés chrétiennes se doivent de lire les événements à la lumière de la Parole".

Enfin Benoît XVI a rappelé que parmi ses relations, Grégoire I avait favorisé celles avec les Patriarches d'Antioche et de Constantinople, "se préoccupant sans cesse d'en respecter les droits et évitant toute interférence risquant d'en limiter la légitime autonomie... Si pour des raisons politiques il s'opposa au titre œcuménique du Patriarche de Constantinople...il fut surtout préoccupé...pour l'unité fraternelle de l'Église universelle. Il était surtout profondément convaincu que l'humilité devait être la vertu première de tout évêque mais aussi des patriarches".

Au fond de lui, a également noté le Saint-Père, "Grégoire resta un simple moine contraire aux titres, voulant pour lui seulement être le Servus Servorum Dei, le serviteur des serviteurs de Dieu... Ému par l'extrême humilité de Dieu dans le Christ qui se fit notre serviteur...il estimait que tout évêque devait l'imiter". Si le vœu de ce Pape resta de "vivre en moine en contact avec la Parole, il sut -a conclu Benoît XVI- se faire le serviteur de tous en un temps de tribulations. Serviteur des serviteurs, il fut grand et nous enseigne encore ce qu'est la véritable grandeur".

A lire aussi sur le site des jeunes cathos: "Elu pape en 590, Grégoire le Grand se dévoue auprès des pestiférés et des misérables. En même temps, il réorganise l'Église romaine, fixe la liturgie, réforme la discipline ecclésiastique, propage l'ordre bénédictin, envoie des missionnaires en Angleterre."

Mémoire de saint Grégoire le Grand, pape et docteur de l'Église. Après avoir commencé la vie monastique, il fut chargé de mission à Constantinople et fut enfin élu en ce jour, en 590, au siège de Rome. Serviteur des serviteurs de Dieu, il organisa les affaires temporelles et veilla aux intérêts de la religion. Il se montra vrai pasteur en dirigeant l'Église, en subvenant de toutes les manières aux besoins des pauvres, en favorisant la vie monastique, en affermissant partout la foi ou en la propageant, et il écrivit aussi, beaucoup et excellemment, sur la morale et la pastorale. Il mourut le 12 mars 604.

Martyrologe romain

"Ce sont les vices de la chair et non pas la chair elle-même qu'il faut détruire. En effet si la chair est parfois séductrice, elle peut également constituer une aide pour le Bien." Saint Grégoire - Morales 2

SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/1787/Saint-Gregoire-le-Grand.html

Jacquemart de Hesdin, Pseudo-Jacquemart, Maître de la Mazarine. Saint Grégoire, Grandes Heures de Jean de Berry (fol. 100)


SAINT GRÉGOIRE LE GRAND.

C’était au sixième siècle, du temps de Justinien Ier et de Phocas. Je n’essayerai pas de tracer l’esquisse de la situation où se trouvait le monde, mais de saisir le caractère de saint Grégoire le Grand. Parmi les agitations terribles d’un siècle en fureur, un homme se rencontra qui mit le bonheur de sa vie dans la méditation et l’interprétation de l’Écriture sainte. La paix, cette source vive d’où coule la contemplation, la paix fut le don de cette âme si entourée d’agitations. Moine d'abord, il s’absorba dans la prière et la réflexion. Pendant la peste qui désola Rome, il fit faire pendant trois jours une procession générale où parurent pour la première fois tous les abbés avec tous leurs moines, toutes les abbesses avec toutes leurs religieuses. L’image de la sainte Vierge fut portée en cette solennité. Et l’on raconte que sur son passage l’air corrompu s’écartait pour lui faire place, et que, sur le sommet du mausolée de l'empereur Adrien, saint Grégoire aperçut un ange qui remettait son épée dans le fourreau. C’est á l’image de cet ange debout sur le monument que se rattache le nom que ce monument porte encore aujourd’hui. C'est le château Saint-Ange. Cependant, Grégoire était menacé du souverain Pontificat. Pour échapper au péril, il s’enfuit déguisé. La fuite fut inutile. II fut enlevé d’une caverne oú il s’était caché, amené á Rome malgré sa résistance et couronné Ic 3 septembre 590.

Aux lettres de félicitations qui lui arrivèrent de tous côtés il répondit par des larmes et des gémissements. « J’ai perdu, écrivait-il á la soeur de l’empereur-, tous les charmes du repos. Je parais monter au dehors, je suis tombé au dedans. Et d'ailleurs, je suis tellement accablé de douleur que je puis à peine parler. De quelle région tranquille je suis tombé, et dans quel abîme d’embarras ! »

I1 écrivait à son ami André : « Pleurez, si vous m’aimez, car il y a tant ici d’occupations temporelles, que je me trouve, par cette dignité, presque séparé de l’amour de Dieu. » Il disait au diacre Pierre : « Mon chagrin est toujours vieux par sa durée et toujours nouveau par sa croissance. Ma pauvre âme se rappelle ce quelle était autrefois au monastère, planant sur tout ce qui se passe et sur tout ce qui change, quand elle franchissait la prison du corps par la contemplation. Maintenant je supporte les mille affaires des hommes du siècle. Je suis souillé dans cette poussière, et quand je veux retrouver ma retraite intérieure, j’ y reviens amoindri. »

Et en effet, quel labeur sur lui! Quel poids sur ses épaules! En Afrique, le donatisme; en Espagne, l’arianisme ; en Angleterre, l’idolâtrie ; en Gaule, Frédégonde et Brunehaut; en Italie, Ies Lombards; en Orient, l’arrogance des patriarches de Constantinople. La sollicitude de saint Grégoire s’étendit partout. Elle était large et profonde comme l’Océan. Elle allait d’un bout du monde á l’autre, soignant toutes les plaies. Les pauvres du monde entier étaient l’objet direct de ses soins continuels. Il les recevait á table. Saint Grégoire le Grand dînait entouré de mendiants. Un jour qu’il allait lui-même chercher pour l’un d’entre eux ce qu’il faut pour se laver, pendant qu’il préparait le bassin, le pauvre disparut, mais la nuit suivante Jésus-Christ apparut á son Vicaire et lui dit : « Vous me recevez ordinairement en mes membres, mais hier c’est Moi-même que vous avez reçu. »

Saint Grégoire le Grand inaugura, pour signer ses lettres, la formule sublime : Serviteur des serviteurs de Dieu.

Pendant qu’il était moine, sa mère lui envoyait chaque jour pour sa nourriture quelques légumes dans une écuelle d’argent. Arrive un pauvre marchand qui dit avoir fait naufrage, avoir tout perdu, et qui demande secours. Saint Grégoire lui donne six pièces d’argent, puis six autres. Puis, après bien des dons, le pauvre se représentant toujours, saint Grégoire donne l’écuelle d’argent, dernier débris de son ancienne argenterie.

Bien des années se passèrent; saint Grégoire était Pape. « Invitez aujourd’hui douze pauvres à ma table, » avait-il dit á son intendant. II entre dans la salle á manger; au lieu de douze pauvres, il y en voit treize. II interroge l’intendant. «Pourquoi treize ? — Très-Saint Père, il n’y en a que douze. » Saint Grégoire en voyait treize. Mais l’un d’entre eux changea de visage pendant le repas : «c Votre nom? lui dit Grégoire; je vous supplie de me dire votre nom. — Pourquoi me demandez-vous mon nom, qui est admirable? répond le pauvre. Je suis ce marchand à qui vous avez donné l’écuelle de votre mère. Pour cette écuelle d’argent que vous m’avez donnée, Dieu vous a donné le trône et la chaire de saint Pierre. Je suis l’ange que Dieu avait envoyé vers vous pour éprouver votre miséricorde. »

A travers cette quantité d’oeuvres et ces prodiges de vie active, saint Grégoire alimentait en lui, par l’Écriture Sainte, la vie contemplative. J’arrive k ce qu’il a de particulier, d’intime, de spécíal. C’est l’interprétation symbolique de l’Écriture Sainte. Sans oublier, bien entendu, la réalité du sens historique, saint Grégoire approfondit le sens symbolique avec une profondeur et une audace vraiment extraordinaires. II faut traduire et citer quelques passages de son interprétation relative à Job et à Ezéchiel :

« Est-ce toi qui lèves á ton heure l’étoile du matin, et qui fais venir le soir sur les fils de la terre ?

« Est-ce á toi que sont ouvertes les portes de la mort?

« Est-ce toi qui as vu les entrées ténébreuses?

« Est-ce toi qui as donné tes ordres á la première lueur du jour et qui as dit á l’aurore : Voici

ta place?

« Qui done peut ces choses, sinon le Seigneur?

« Et cependant l’homme est interrogé, afin que son impuissance lui devienne plus évidente. Celui qui a grandi par d’immenses vertus et qui ne voit plus d’homme au-dessus de sa tête, il faut que celui-là, afin qu’il évite l'orgueil, soit comparé à Dieu pour être écrasé sous la comparaison. Mais, ô quelle puissante exaltation que cette humiliation qui tombe de si haut ! Quelle gloire pour cet homme, qui n’apparait petit que quand Dieu provoque avec lui-même une comparaison ! Comme il écrase les homme s du poids de sa grandeur, celui à qui Dieu dit : « Voilà mes témoins; tu es moins grand que moi. » A quelle puissance il faut être arrivé, pour être convaincu de son impuissance par une sublime interrogation! »

Saint Grégoire parle de justice et de miséricorde. Il s’interrompt tout à coup par une apparente digression !

« Voici, pendant que je vous parle, que Joseph frappe à la porte de mon esprit. II veut rendre témoignage à mes paroles. Quand il avait innocemment raconté á ses frères la vision de sa grandeur future, il avait excité leur envie. Vendu par ses mêmes frères aux Ismaélites et conduit en Égypte, il fut élevé au pouvoir par un effet merveilleux de la puissance divine. Ses frères, poussés en Égypte par la famine, se prosternèrent devant lui, le front contre terre. Ils l’avaient vendu, de peur de se prosterner, et ils se prosternèrent parce qu’ils l’avaient vendu. »

Les mots mystérieux de l’Écriture s’ouvrent mystérieusement à l’esprit de saint Grégoire.

« Tu sauras, dit Eliphaz á Job, tu sauras que ton tabernacle a la paix; et, visitant ton image tu ne pécheras pas. »

Le tabernacle, c'est le corps. « Mais, ajoute saint Grégoire, il n’est pas de chasteté sans douceur, L’image d’un homme, c’est un autre homme. Notre prochain est notre image; car il nous montre ce que nous sommes. La visite corporelle se fait avec les pieds , la visite spirituelle se fait avec le coeur. L’homme visite son image quand, porté sur les ailes de la tendresse, il se considère dans autrui et tire des réflexions qu’il fait sur lui-même la force de secourir le faible. La vérité a dit par la bouche de Moïse que la terre a produit une herbe et que chaque herbe se reproduit comme elle est, que le bois porte son fruit. »

« L’arbre produit en effet une semence semblable à lui, quand notre pensée transporte sur un autre la considération qu’elle a tirée d’elle-même et produit la semence d’un bienfait : « Faites aux autres ce que vous voulez qu’ils vous fassent. »

Et ailleurs :

« Que le Seigneur, dit Job, exauce mon désir ! Remarquez ce mot ; mon désir. La vraie prière n’est pas dans le son de la voix, mais dans la pensée du coeur. Ce ne sont pas nos paroles, ce sont nos désirs qui font, auprès des oreilles secrètes de Dieu, la forcé de nos cris. Si nous demandons de bouche la vie éternelle, sans la désirer du fond du coeur, notre cri est un silence. Si, sans parler, nous la désirons du fond du coeur, notre silence est un cri. »

Écoutez saint Grégoire sur les paroles de Dieu aux amis de Job : « Vous n’avez pas parlé juste devant moi, comme mon serviteur Job. »

« Ô Seigneur, quelle distance de notre obscurité à votre lumière ! Vous jugez que Job est vainqueur et bieuheureux; et nous, nous avions cru qu’il avait blasphémé ! Vous jugez que ses amis sont coupables, et nous avions cru qu’ils avaient plaidé votre cause ! Mais comment se fait-il done que tout à l’heure Dieu a paru blâmer Job? Maintenant il le glorifie. Il semble répéter la parole qu’il a dite à Satan : As-tu vu mon serviteur Job ? Je n’en ai pas de pareil sur la terre. Qu’est-ce que cela veut dire ? Dieu fait l’éloge de Job à Satan, Dieu fait l’éloge de Job á ses amis. Dieu reprend Job, quand il lui parle à lui-même. C’est que celui qui est excellent si on le compare aux autres, n’est pas sans tache aux yeux de Dieu. »

Saint Grégoire appuie sur ces noms et en tire de grandes lumières. Eliphaz signifie : mépris de Dieu, Il prend seulement la défense de Dieu, mais il le méprise, parce que, dit saint Grégoire, il le défend avec orgueil. Baldad veut dire : la vieillesse seule, parce que, dit saint Grégoire, le vieil homme parle seul par sa bouche. Sophar veut dire : destruction du miroir, parce que, dit saint Grégoire, il est hostile à la contemplation de Job.

Pour saint Grégoire, tous les mots portent.

II y avait sur la terre de Hus un homme nommé Job, simple et droit.

La (erre de Hus représente la gentilité; et le mérite de Job est relevé aux yeux de saint Grégoire par cette circonstance : il était entouré de païens.

Simple et droit.

II y en a qui sont simples et qui ne sont pas justes. Ceux-là abandonnent l’innocence de la simplicité, parce qu’ils ne s’élèvent pas á la puissance de la justice.

Saint Grégoire trouve tout dans l’Écriture. Elle est pour lui, dit-il, la tour d’où pendent mille boucliers.

II puise en elle ses hautes pensées sur la charité ; ií recommande á l’homme de s’aimer lui-même et d’avoir pitié de son âme, et d’aimer son prochain comme lui-même. Et comme il doit l’indignation à ses propres fautes, il la doit aux fautes de son prochain; s’il ne s’indigne pas contre son frère coupable, c’est qu’il ne l’aime pas.

Ainsi la colère de l’Amour, tant célébrée par de Maistre, était réclamée par saint Grégoire. De même, dit-il, nous pouvons sans aucune faute nous réjouir de la ruine de notre ennemi et nous affliger de son triomphe ; si sa chute fait du bien, nous devons nous en réjouir. Si son triomphe est le triomphe de l’injustice, nous devons le déplorer. Dans ces cas, notre joie ou notre tristesse ne va pas droit á lui, mais se déploie autour de lui. Mais il faut examiner avec soin quel est alors le point de départ de notre sentiment.

II est difficile de pousser plus loin que saint Grégoire l’esprit du symbolisme. Chaque personne, chaque chose nommée dans l’Écriture lui présente une signification spirituelle qui s’adapte singulièrement et ingénieusement á la nature humaine et á l’histoire, á l’individu, á la société, au peuple juif, à la gentilité.

Très souvent même les crimes les plus énormes que raconte l’Écriture se colorent pour lui d’une couleur surprenante et inattendue. II y voit la figure détournée des choses les plus divines. Saint Grégoire est d’une telle hardiesse dans ses aperçus, dans ses interprétations, dans ses contemplations, qu’on oserait á peine aujourd’hui traduire tout ce qu’il osait dire. On craint d’étonner le lecteur ; car la timidité est un des fléaux qui frappent une époque corrompue. L’extrême liberté du langage de saint Grégoire tient á l’innocence de ses pensées. Sa grande hardiesse vient de sa pureté. Tout est pur á ceux qui sont purs, et son regard plonge dans les abîmes pour y voir l’image renversée des choses qui sont sur les montagnes. Mais dans les intelligences misérables et abaissées, la suspicion règne en souveraine.

Saint Grégoire, simple et grand, a confiance dans sa simplicité et dans la grandeur de ceux qui le lisent et qui l’écoutent. Non-seulement il ose tout dire, même dans un sermon, mais il remplit ses auditeurs des lumières qu’il croit leur devoir. II explique magnifiquement cette magnifique correspondance entre le peuple chrétien et l’orateur chrétien, après s’être entouré lui-même des significations imprévues et profondes qu’il a trouvées dans Ezéchiel. « Très souvent, dit-il, quand je suis seul, je lis l’Écriture sainte et je ne la comprends pas, J’arrive au milieu de vous, mes frères, et tout à coup je comprends. Cette intelligence soudaine m’en fait désirer une autre. Je voudrais savoir quels sont ceux par les mérites de qui l’intelligence me vient tout á coup. Elle m’est donnée pour ceux en présence de qui elle m’est donnée. Aussi, par la grâce de Dieu, pendant que l’intelligence grandit en moi, l’orgueil baisse. Car c’est au milieu de vous que j’apprends ce que je vous enseigne. Je vais vous l’avouer, mes enfants, la plupart du temps, j’entends à mon oreille ce que je vous dis dans le moment où je vous le dis. Je ne fais que répéter. Quand je ne comprends pas Ezéchiel, alors je me reconnais; c’est bien moi, c’est l’aveugle. Quand je comprends, voilà le don de Dieu qui me vient á cause de vous. Quelquefois aussi je comprends l’Écriture dans le secret. Dans ces moments-là, c’est que je pleure mes fautes, les larmes seules me plaisent. Alors je suis ravi sur les ailes de la contemplation. »

Ainsi, seul ou entouré de ses chers auditeurs qu’il regarde comme ses inspirateurs, il scrute l’Écriture avec une audace qui épouvanterait nos misérables habitudes. Je cite des choses simples qui vont toutes seules; car je pense au lecteur; je supprime l’étonnant.

Les paroles de Dieu á Job retentissent aux oreilles de saint Grégoire dans tous les mondes: dans le monde physique, dans le monde intellectuel, dans le monde moral.

« Où étais-tu, dit le Seigneur, quand je posais les fondements de la terre? »

Les fondements de la terre signifient, entre autres choses, pour saint Grégoire, la crainte de

Dieu.

Et alors Dieu parle á l’homme à peu près en ces termes : Pendant que tu ne pensais pas á moi, je posais ma crainte au fond de ton âme. Par là je posais la pierre angulaire de l’Église future, de sa sainteté, de ton salut. Mais où étais-tu dans ce moment ? Tu ne pensais pas à moi. Ne t’attribue donc pas le mérite de ma grâce, puisque c'est moi qui l’ai prévenu.

As-tu pénétré dans les profondeurs de la vie ?

La vie, c’est le coeur humain. Dieu entre dans ses profondeurs quand il lui révèle sa misère, quand il lui étale sa confusion. Il pénètre au profond de l’abîme quand il convertit les désespérés.

T’es-tu promené dans les derniers Abîmes ?

L’abîme c’est nous-même, c’est notre cceur qui ne peut pas se comprendre, et qui est à lui-même une nuit très profonde. Quand l’homme se repent après de grands crimes, c’est qu’alors Dieu se promène dans les derniers abîmes. Il apaise les flots invisibles qui soulevaient l’océan profond du coeur-

Le prophète a vu cette promenade quand il a dit : Les démarches de Dieu me sont apparues, les démarches de mon Dieu et de mon Roi.

Celuí qui apaise les mouvements désordonnés de son âme par le souvenir des jugements de

Dieu contemple la promenade du Seigneur au fond de lui.

« Connais-tu la route du tonnerre qui gronde?

« Souvent, dit saint Grégoire, c’est le Dieu incarné qui est signifié parle tonnerre. II sort, pour se faire entendre á nous, du fond des prophéties, comme le tonnerre du choc des nuages. C’est pourquoi les saints Apôtres, fils de sa grâce, ont été appelés fils du tonnerre.

« Le prédicateur, qui, lui aussi, est le tonnerre, peut bien faire retentir ses paroles á vos oreilles; mais il ne peut pas ouvrir vos coeurs. Si le Dieu Tout-Puissant ne lui en livre pas l’entrée, sa parole retentit en vain. C’est pourquoi, le Seigneur, qu’il ouvre sa route á la foudre, parce que, pendant notre discours, il frappe vos âmes de sa terreur. Saint Paul le savait bien. Il connaissait son impuissance. Il demandait á ses disciples leurs prières, afin que le Seigneur lui ouvrit la porte du Verbe afin de porter le mystère du Christ. »

Il faudrait tout citer. A chaque mot du récit, saint Grégoire aperçoit une multitude immense de sens symboliques et moraux qui surgissent de tous côtés. « D’où viens-tu ? dit Dieu á Satan, au commencement du livre de Job » — Dieu interroge, comme s’il ne savait pas, parce que, pour Dieu, ignorer c’est maudire. Je ne vous connais pas : voilà, dans la bouche de Dieu, une des formules de malédiction.

Cet homme, immense par la pensée, s’occupait de chaque homme comme de lui-même et souffrait de toutes les souffrances du genre humain.

« Sachez, écrivait-il à un évêque, que ce n’est pas assez d’être retiré, studieux, homme d’oraison, si vous n’avez la main ouverte pour subvenir aux nécessités des pauvres ! Un évêque doit regarder la pauvreté d’autrui comme la sienne propre, C’est à tort que vous portez le nom d’Évêque, si vous faites autrement. »

Quant à lui saint Grégoire, ayant appris qu’un pauvre était mort dans un village écarté, sans qu’on sût au juste comment il était mort, craignant qu’il ne fût mort faute de nourriture ou de soins, il tomba dans une telle douleur que, cherchant pour lui-même une pénitence égale à la faute dont il se croyait coupable, il se condamna à passer plusieurs jours sans dire la messe.

Ernest Hello. Physionomies de saints



Saint Grégoire le Grand

Issu de la noble famille des Anicii, Grégoire dont le nom grec signifie esprit vif, éveillé à la vérité, est le fils de la pieuse Sylvie et du sénateur Gordien, administrateur d’un des sept arrondissements de Rome, qui compte parmi ses ancêtres le pape Félix III (mort en 492).

Après de solides études classiques, latines et grecques, maître ès lettres, dialecticien et rhétoricien, il est nommé, en 573, préfet de la cité : Dans notre pays, écrit-il alors, tout est livré au caprice des barbares : villes ruinées, citadelles renversées, provinces dépeuplées. En nos campagnes, plus de cultivateurs. Tous les jours, les idolâtres exercent leurs sévices par l’assassinat de chrétiens. Il signe, avec d’autres nobles romains, un engagement de fidélité au siège apostolique écrit par l’évêque Laurent II de Milan.

Deux ans plus tard, à la mort de son père, devenu un des plus riches propriétaires fonciers de Rome, Grégoire s’installe dans la maison paternelle, le Clivus Scauri, démissionne de ses charges et, sous la conduite du moine Valentino, forme une communauté religieuse : Ce furent, dira-t-il plus tard, les cinq années les plus heureuses de ma vie. En plus de ce monastère sous le vocable de saint André, il fonde six autres monastères dans les domaines familiaux de Sicile.

Sorti de son monastère dès l’élection de Pélage II (579), il est ordonné diacre à trente-cinq ans, puis il est nommé apocrisiaire, c’est-à-dire représentant extraordinaire du Pape à Constantinople, près de l’Empereur (Tibère II, puis Maurice) pour que celui-ci veuille bien envoyer des troupes pour protéger Rome et l’Italie des barbares. Ayant échoué, il est relevé de ses fonctions au printemps 586 et devient abbé au monastère romain Saint-André du Mont Cælius qu’il remet en ordre ; c’est pour ses moines qu’il commente le Livre de Job dont il tire d’opportunes leçons sur le mystère de la souffrance.

Après trois ans d’abbatiat, Pélage II l’appelle auprès de lui et lui confie l’organisation de son secrétariat. Cependant Grégoire veut partir évangéliser ce qui deviendra l’Angleterre ; il arrache au pape la permission de partir, mais, au dernier moment Pélage II se ravise et le rappelle près de lui.

Alors que, succédant à une terrible inondation qui a ruiné les greniers à blé, la peste sévit à Rome depuis six mois, le pape Pélage II est emporté par l’épidémie au début de février 590 ; le clergé, le sénat et le peuple romain, désignent Grégoire comme pape. Grégoire essaye de résister de tout son pouvoir contre cette élection et écrit à l’empereur Maurice de ne pas la ratifier, mais le préfet de Rome intercepte la lettre et lui substitue le rapport officiel de l’élection.

En attendant la réponse de l’Empereur, Grégoire prend en main l’administration du siège vacant et, comme la peste continuait ses ravages, il invite les fidèles à conjurer le fléau par un grand acte de pénitence.

Du haut de l’ambon de Saint-Jean du Latran, il s’écrie : Frères bien-aimés, la mort frappe à coups redoublés ... Nous à qui elle laisse encore le temps de pleurer, livrons-nous à la pénitence ! Puis il traça l’ordre et la manière dont devrait se faire la solennelle supplication : Le clergé partira de l’église des saints martyrs Côme et Damien, avec les prêtres de la sixième région ; les abbés et les moines partiront de l’église des saints Gervais et Protais avec les prêtres de la quatrième région ; les abbesses et leurs communautés partiront de l’église des saints Pierre et Marcellin avec les prêtres de la première région ; les enfants réunis dans l’église des saints Jean et Paul en sortiront avec les prêtres de la deuxième région ; les laïques assemblés dans l’église de saint Etienne, premier martyr, en sortiront avec les prêtres de la septième région ; les veuves partiront de l’église de sainte Euphémie avec les prêtres de la cinquième région ; enfin les femmes mariées partiront de l’église de saint Clément avec les prêtres de la troisième région. Dans cet ordre connu depuis sous le nom de Litanie septiforme, selon le témoignage de saint Grégoire de Tours, pendant trois jours, à partir de neuf heures, de chacune de ces églises nous sortirons en récitant des prières et en versant des larmes : nous nous rejoindrons tous à la basilique de la Sainte Vierge Marie, et nous continuerons là nos prières et nos supplications.

Le premier jour, quatre-vingt personnes meurent pendant la procession. Grégoire fait vénérer l’image de la Mère de Dieu, attribuée à saint Luc, puis, les jours suivants, pieds nus et couvert d’un sac, la porte en procession dans les rues de Rome, vers la basilique Saint-Pierre. Arrivés à la hauteur du mausolée d’Hadrien, tous perçoivent les accents d’un chœur angélique qui chante : Réjouissez-vous, Reine du ciel, Alléluia ! ; à quoi Grégoire répond : Car celui qu’il vous fut donné de porter est ressuscité comme il l’avait dit, Alléluia ! puis il s’écrie, imité par la foule : Priez pour nous, sainte Mère de Dieu, Alléluia ! L’archange saint Michel apparaît alors au sommet de l’édifice et remet son épée au fourreau ; la peste cesse et l’Eglise s’est enrichie d’une hymne à la Sainte Vierge, le Regina cæli, qu’elle chante toujours au temps de Pâques. Depuis, le mausolée d’Hadrien est appelé le château Saint-Ange.

Réélu triomphalement, Grégoire écrit de nouveau à l’empereur Maurice de ne pas ratifier l’élection et il s’enfuit dans une caverne quand arrive la réponse favorable au premier rapport du préfet de Rome. La foule le cherche pendant trois jours puis, guidée par une colonne de lumière, le trouve et le ramène à Rome où il est sacré le 3 septembre 590. Me voilà maintenant en plein milieu du monde, beaucoup plus que je ne l’étais comme laïc. J’ai perdu toute joie profonde : extérieurement c’est une promotion ; intérieurement, quelle chute ! Balloté par les vagues des affaires, j’entends la tempête qui gronde au-dessus de ma tête. Une fois remplie ma tâche journalière, j’essaie de faire mon examen de conscience. Impossible : des soucis tumultueux et vains m’accablent encore.

Dernier pape de l’Antiquité ou premier pape du Moyen-Age, le soixante-troisième successeur de Pierre conduit pendant près de quatorze ans l’Eglise d’une main de fer. Dans des conjonctures particulièrement difficiles pour l’Eglise et pour l’Italie, tout le pontificat de Grégoire est un long effort de redressement et de réorganisation. Il administre avec sagesse le vaste Patrimoine de Saint-Pierre. Dans les églises suburbicaires où le pape exerce l’autorité propre de métropolitain, il contrôle de près l’élection des évêques et leur administration (ainsi à Naples et en Sicile). Il réussit à résorber progressivement le schisme qui, après la condamnation des Trois Chapitres, avait séparé de Rome les évêques dépendant du métropolitain d’Aquilée. Les Lombards envahissent et dévastent l’Italie et menacent Rome (592) ; suppléant à l’inaction de l’exarque de Ravenne, Grégoire négocie et obtient une trêve qui sera renouvelée en 598 et en 603.

Se considérant comme le sujet du basileus de Constantinople, il maintient cependant l’indépendance de l’Eglise vis-à-vis du pouvoir civil et revendique les droits du successeur de saint Pierre. Il intervient à plusieurs reprises dans des questions relatives aux patriarcats d’Antioche et d’Alexandrie, ou même et Constantinople, et refuse avec intransigeance au patriarche de Constantinople le droit de se nomme patriarche œcuménique ; il voit dans ce titre un acte d’orgueil qui porterait atteinte à la dignité et aux droits des autres patriarches ; lui-même ne veut pas le porter et se contente du titre de servus servorum Dei (serviteur des serviteurs de Dieu), porté déjà par des évêques. On lui doit l’évangélisation de l’Angleterre. Il fait ajouter la récitation du Pater à la messe, compose un sacramentaire et une codification du chant liturgique qui porte son nom (chant grégorien). Il constitue une école de chantres chargés de former les maîtres qui enseigneront l’exécution correcte des mélodies grégoriennes.

Ce Consul de Dieu meurt à Rome le 12 mars 604 ; il est enterré dans la basilique Saint-Pierre.
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Lettre à tous les évêques, les prêtres et les fidèles de l’Église, 

pour le quatorzième centenaire de

l’élévation de saint Grégoire le Grand au pontificat


Au terme de l'Antiquité et à l'aurore du Moyen Age, saint Grégoire le Grand, à la fois issu du patriciat romain et du monachisme bénédictin, s'efforce, en réglementant le présent, de transmettre au futur les enseignements du passé et l’héritage de la tradition. Au début de son pontificat (février 590), les structures de l’empire romain, bouleversées par les invasions gothes, puis normandes, s’écroulent, tandis que renaît l’hérésie donatiste et que l’arianisme règne encore sur la plupart des barbares ; la discipline monastique s’est généralement relâchée et le clergé, souvent démoralisé, conduit des fidèles catastrophés par les invasions barbares : « Ballotté par les vagues des affaires, je sens la tempête gronder, au-dessus de ma tête. Avec le psaume1 je soupire : Dans l'abîme des eaux, je suis plongé et les flots me submergent.2 » Dirigeant la barque de saint Pierre menacée de naufrage, saint Grégoire le Grand, le consul de Dieu, va, d’une main ferme et assurée, redresser la barre pour transmettre à la postérité une culture ébranlée sous les coups des barbares mais toujours riche de ses précieux acquis où les leçons de l’Antiquité s’épanouissent à l’enseignement des Pères de l’Eglise, comme le montrent déjà les royaumes des Francs, convertis depuis près d’un siècle, les terres ibériques dont le roi wisigoth, Reccared, vient d’entrer dans le giron de l’Eglise catholique (587) ou les chefs de clan irlandais. Ainsi, prophète des temps nouveaux, autant que gardien des temps anciens, Grégoire le Grand, sur les ruines de l'empire romain, va-t-il faire se lever l'aube médiévale. Pasteur et missionnaire, théologien et maître spirituel, mais aussi diplomate et administrateur, le soixante-troisième successeur de Pierre construit une œuvre grandiose, à la fois politique, ecclésiastique et mystique, ne revendiquant qu'un seul titre, transmis à ses successeurs : « serviteur des serviteurs de Dieu. »

Grégoire (du grec grêgoros qui signifie esprit vif, éveillé à la vérité), de la noble famille des Anicii, est l'arrière petit-fils du pape Félix III (mort en 492) qui, veuf de la noble Petronia, entra dans les ordres mais resta le modèle et le protecteur de sa gens. Le père de Grégoire, le sénateur Gordien est l’administrateur d'un des sept arrondissements de l'Urbs (Rome), et sa mère, Sylvie, est une dame patronnesse appréciée de ses clientes. Tout naturellement destiné à être un grand commis de l'Etat, au service du S.P.Q.R. (le Sénat et le Peuple Romain), Grégoire fait des études classiques de lettres, de rhétorique et de dialectique à quoi, il ajoute une lecture méditative des saintes Ecritures.

En 573, il a trente-trois ans et il est præfectus Urbis (préfet de la ville), quand la mort du paterfamilias fait de lui, avec sa mère, l'un des plus opulents propriétaires de Rome. « Dans notre pays, tout est livré au caprice des barbares : villes ruinées, citadelles renversées, provinces dépeuplées. En nos campagnes, plus de cultivateurs. Tous les jours, les idolâtres exercent leurs sévices par l’assassinat de chrétiens.3 » Il signe, avec d’autres nobles romains, un engagement de fidélité au siège apostolique écrit par l’évêque Laurent II de Milan.

Deux ans plus tard, il décide de se faire moine et liquide ses biens en fondant six monastères sur ses terres siciliennes et un septième, dans sa maison romaine du Clivus Scauri, sur les pentes du Cælius qu’il dédie à saint André, où sous l'abbé Valentio, il devient un simple moine : « ce fut la période la plus heureuse de ma vie. » Devenu moine, Grégoire n'a conservé de tous ses biens, qu'une écuelle d'argent et, pour compléter, permissu Superiorum (avec la permission du supérieur), sa nourriture conventuelle, Sylvie lui fait parvenir, chaque jour, une maigre portion de légumes cuits à l'eau. Or, raconte Paul Diacre, un marchand passager demande Grégoire, à la porte du monastère pour lui confier : « J'ai fait naufrage. je n'ai même plus un sesterce. La charité, par pitié ! » Le moine appelle l'économe et lui commande : « Donnez-lui six sesterces ! » Comme le solliciteur murmure : « C'est bien peu », Grégoire ordonne : « Doublez la mise. » Charité reçue, le demandeur s'éloigne, apparemment satisfait, mais, trois jours après, il se représente : « J'ai tout dépensé ! Secourez-moi ! » Emu de compassion, Grégoire lui déclare : « Prends cette écuelle. C'est tout ce qui me reste. » Ce mendiant tenace est un ange venu le dépouiller de son dernier bien de la terre.

Dès son élection (août 579), Pélage II tire Grégoire de son monastère, l’ordonne diacre et le nomme apocrisaire, c’est-à-dire son représentant extraordinaire à Constantinople où il est chargé d'amadouer l'empereur Tibère II - alors en froid avec le patriarche Eutychios - et de l'intéresser à la cause romaine : « contre les barbares, protégez-nous ! » Après la mort de Tibère II et son remplacement par l’empereur Maurice, Grégoire rencontre l’évêque Léandre de Séville, venu à Constantinople pour plaider la cause d'Herménégild, prince catholique orthodoxe, persécuté par son père Léovigild, hérétique arien. De son côté, Rome incite pour l'obtention de renforts orientaux en Italie. Cette mission diplomatique infructueuse prend fin au printemps 586 ; l'archidiacre Laurent remplace Grégoire qui revient à Rome pour être nommé abbé de son monastère de Saint-André au mont Cœlius.

Cette période d’abbatiat est marquée par une solide discipline monastique. Grégoire pourchasse les moines qui, par fraude, amassent un pécule ; le moine Justus, après son décès, apparaît à son confrère Copiosus pour lui rappeler que « le ciel punit les religieux thésauriseurs.4 » Gregorio ducente (sous la conduite de Grégoire), nombre de bénédictins de Saint-André se sanctifient rapidement ; ils produiront de beaux fruits apostoliques, comme Maximin, le saint abbé, Marinien qui deviendra archevêque de Ravenne, Sabinus qui sera évêque de Galliopoli, et Augustin qui évangélisera les Angles. A cette époque, Grégoire écrit pour ses moines un commentaire du Livre de Job (« Morialia in Job », Morales dans le livre de Job) dont il tire d’opportunes leçons sur le mystère de la souffrance.

Un jour, sur le marché de Rome, Grégoire voit des esclaves venus des Iles britanniques ; il s’écrie : « Non angli, sed angeli » (ce ne sont pas des angles, ce sont des anges). En 589-590, l'abbé de Saint André est un proche collaborateur du pape Pélage mais il désire partir comme missionnaire en Angleterre et il en prend même le chemin, nanti d'une permission arrachée au pontife suprême. Cependant Pélage II se ravise et le rappelle.

Au cours de l'hiver, le Tibre déborde et l'inondation ruine les greniers à blé puis engendre la peste dont meurt le pape Pélage II (7 février 590). Grégoire, élu comme successeur de saint Pierre à l’unanimité des suffrages, se dérobe pendant six mois où il tente de convaincre l’empereur Maurice de refuser la confirmation de son élection, mais le préfet de Rome intercepte la lettre et lui substitue le rapport officiel de l’élection.

En attendant la réponse de l’Empereur, Grégoire prend en main l’administration du siège vacant, et comme la peste continue ses ravages, il invite les fidèles à conjurer le fléau par un grand acte de pénitence. Du haut de l’ambon de Saint-Jean du Latran, il s’écrie : « Frères bien-aimés, la mort frappe à coups redoublés ... Nous à qui elle laisse encore le temps de pleurer, livrons-nous à la pénitence ! » Puis il traça l’ordre et la manière dont devrait se faire, pendant trois jours, la solennelle procession de supplication. Le premier jour, quatre-vingt personnes meurent pendant la procession. Grégoire fait vénérer l’image de la Mère de Dieu, attribuée à saint Luc, puis, les jours suivants, pieds nus et couvert d’un sac, la porte en procession dans les rues de Rome, vers la basilique Saint-Pierre. Arrivés à la hauteur du mausolée d’Hadrien, tous perçoivent les accents d’un chœur angélique qui chante : « Réjouissez-vous, Reine du ciel, Alléluia ! » ; à quoi Grégoire répond : « Car celui qu’il vous fut donné de porter est ressuscité comme il l’avait dit, Alléluia ! » puis il s’écrie, imité par la foule : « Priez pour nous, sainte Mère de Dieu, Alléluia ! » L’archange saint Michel apparaît alors au sommet de l’édifice et remet son épée au fourreau ; la peste cesse et l’Eglise s’est enrichie d’une hymne à la Sainte Vierge, le Regina cæli, qu’elle chante toujours au temps de Pâques. Depuis, le mausolée d’Hadrien est appelé le château Saint-Ange.

Réélu triomphalement, Grégoire écrit de nouveau à l’empereur Maurice de ne pas ratifier l’élection et il s’enfuit dans une caverne quand arrive la réponse favorable au premier rapport du préfet de Rome. La foule le cherche pendant trois jours puis, guidée par une colonne de lumière, le trouve et le ramène à Rome où il est sacré le 3 septembre 590.

Ce premier pape sorti du cloître, introduit dans l'Eglise plusieurs usages conventuels et améliore la liturgie romaine : c’est à lui que l’on doit la manière de chanter, à la messe, le Kyrie et l’introduction, en dehors du temps pascal, de l'Alléluia, ainsi que la récitation du Pater noster, avant la fraction de l'hostie. Dans le sacramentaire, ancêtre du missel, le pontife conjugue le temporal (fêtes capitales de l'histoire du salut) et le sanctoral (commémoration des saints).

Pour régler le chant liturgique, il publie un antiphonaire (du grec anti, en face de et phonê, voix), livre liturgique qui rassemble les textes littéraires et musicaux des antiennes. Il y rassemble des mélodies admirables qui, sans permettre l'exhibitionnisme du chant, lui font au contraire dérouler un fastueux tapis de prières. Bien que l'attribut grégorien demeure discutable, on retiendra le constat du saint pape Pie X : « ces saintes mélodies dont la composition est attribuée par la tradition ecclésiastique depuis plusieurs siècles, à Grégoire le Grand, demeurent surtout le chant propre de l'église romaine. » Pour conserver et développer un si riche patrimoine de musique sacrée, Grégoire le Grand fonde et organise deux Scholæ cantorum (écoles de chant), l’une près de Saint-Pierre et l’autre près de Saint Jean-de-Latran, où il se rend volontiers, pour écouter et encourager les pueri cantores (petits chanteurs), en même temps qu'il félicite les clercs spécialisés dans l'importante fonction de chantres.

Il administre avec sagesse le vaste Patrimoine de Saint-Pierre et impose au diocèse de Rome une rigoureuse planification administrative (bureau de chant présidé par un diacre ; centres de bienfaisance pour distribuer vivres et secours aux nécessiteux). Dans les huit diocèses suburbicaires (Ostie, Porto, Silva, Candide, Sabine, Préneste, Tusculum et Albano), le pape Grégoire agit comme métropolitain (archevêque qui exerce juridiction), ainsi que, pour les autres églises d'Italie méridionale et des îles (Sicile, Sardaigne, Corse, Baléares), contrôlant de près l’élection des évêques et leur administration (ainsi à Naples et en Sicile). « Soyez certains que vous aurez un pasteur qui plaira à Dieu, si vous-mêmes vous plaisez à Dieu par vos actions. Voici que déjà nous assistons à la ruine de toutes les choses de se monde, alors que nous lisions dans les saintes Ecritures que cette ruine était pour l'avenir. Villes anéanties, fortifications abattues, églises détruites ... Considérez d'une âme attentive le jour prochain du Juge éternel et préparez-vous à ce jour terrible en faisant pénitence.5 » Patriarche d’Occident, il entretient de nombreux rapports avec les évêques comme avec les souverains, et envoie le moine Augustin évangéliser l’Angleterre.

Défenseur de l'orthodoxie (juste doctrine), il préside à la conversion de nombreux lombards et wisigoths ariens, condamne définitivement les donatistes et réagit vigoureusement contre la simonie (commerce des sacrements ou des bénéfices). Il réussit à résorber progressivement le schisme qui, après la condamnation des Trois Chapitres, avait séparé de Rome les évêques dépendant du métropolitain d’Aquilée

Dans des conjonctures particulièrement difficiles, tout le pontificat de Grégoire le Grand est un long effort de redressement et de réorganisation. « Je suis à mon poste secoué par les flots de ce monde qui sont si violents que je suis absolument incapable de conduire au port ce navire vétuste et pourri, que le dessein caché de Dieu m'a donné à gouverner. Au milieu de tout cela, troublé moi-même, je suis contraint tantôt de faire front et de tenir le gouvernail, tantôt, le navire penché sur le côté, d'esquiver en virant les menaces des flots. Je gémis parce que je sens que, par ma négligence, la sentine des vices va croissant et que, dans la tempête terrible que nous traversons, les planches pourries ont des craquements de naufrage.6 » Les Lombards dévastent l’Italie et menacent Rome (592) ; suppléant à l’inaction de l’exarque de Ravenne, Grégoire négocie et obtient une trêve qui sera renouvelée en 598 et en 603.

Se considérant comme le sujet du basileus de Constantinople, il maintient cependant l’indépendance de l’Eglise vis-à-vis du pouvoir civil et revendique les droits du successeur de saint Pierre. Il intervient à plusieurs reprises dans des questions relatives aux patriarcats d’Antioche et d’Alexandrie, ou même et Constantinople, et refuse avec intransigeance au patriarche de Constantinople le droit de se nommer patriarche œcuménique ; il voit dans ce titre un acte d’orgueil qui porterait atteinte à la dignité et aux droits des autres patriarches ; lui-même ne veut pas le porter et se contente du titre de servus servorum Dei (serviteur des serviteurs de Dieu), porté déjà par des évêques.

Prématurément atteint d'arthrose et de gastralgie, saint Grégoire le Grand, à partir de soixante ans, devient un véritable malade chronique : « Voilà presque deux ans que je suis grabataire, tourmenté par d'affreuses douleurs de goutte ; à peine puis-je me lever les jours de fête, pour célébrer la messe... Mon supplice permanent : mourir chaque jour, alors que je ne puis pourtant cesser de vivre.7 »

Le 12 mars 604, Grégoire le Grand, le consul de Dieu, est rappelé par l'empereur des cieux, son unique Seigneur. Il est enterré dans la basilique Saint-Pierre dont il a fait surélever le presbytérium pour que l’autel fût au-dessus du tombeau de saint Pierre devant lequel il dressa un petit autel, aujourd’hui à l’intérieur de celui de la chapelle Clémentine, l’autel ad caput qui a été conçu, sous Clément VIII Aldobrandini (1592-1605), par Giacomo della Porta pour le tombeau de saint Grégoire le Grand.

J’invoque la protection spéciale de saint Grégoire le Grand afin que, avec la multitude des saints pasteurs de l’Eglise de Rome, il veuille m’aider, et avec moi tous ceux qui partagent dans les différentes Eglises réparties à travers le monde la responsabilité du travail pastoral, à entrevoir les nouvelles exigences et les nouveaux problèmes, à prendre les moyens et les méthodes pour faire avancer l’Eglise vers le troisième millénaire chrétien, en conservant intact l’éternel message du salut et en l’offrant, comme incomparable patrimoine de grâce et de vérité, aux futures générations.

Puisse l’exemple, bien qu’éloigné dans le temps, de ce grand pontife, soutenir nos efforts et les rendre efficaces pour l’édification et le développement de l’Eglise du Christ.

Jean-Paul II (29 juin 1990)

1 Psaume XLI 8.

2 Saint Grégoire le Grand : lettre à l’évêque Léandre de Séville, datée d’avril 591.

3 Saint Grégoire le Grand : homélie sur le Livre d’Ezéchiel, II 6.

4 Saint Grégoire le Grand : « Dialogue », IV 55.

5 Saint Grégoire le Grand : lettre au clergé de Milan, datée d’avril 593.

6 Lettre de saint Grégoire le Grand à Léandre, évêque de Séville, datée d’avril 591.

7 Lettre de saint Grégoire le Grand à la reine Théodelinde, datée de décembre 603.

Lettre à Léandre

évêque de Séville, avril 591 (Ep. I 41)

Je suis à mon poste secoué par les flots de ce monde qui sont si violents que je suis absolument incapable de conduire au port ce navire vétuste et pourri, que le dessein caché de Dieu m'a donné à gouverner. Au milieu de tout cela, troublé moi-même, je suis contraint tantôt de faire front et de tenir le gouvernail, tantôt, le navire penché sur le côté, d'esquiver en virant les menaces des flots. Je gémis parce que je sens que, par ma négligence, la sentine des vices va croissant et que, dans la tempête terrible que nous traversons, les planches pourries ont des craquements de naufrage.

Saint Grégoire le Grand
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Morialia in Job, XXVII 11 (21)

Le Seigneur tout-puissant ... par l'éclat des miracles accomplis par les prédicateurs a conduit à la foi même les extrémités du monde. Voici en effet qu'il a pénétré le coeur de presque toutes les nations ; voici qu'il a réuni dans une même foi les limes de l'Orient et les limes de l'Occident ; voici que la langue de la Bretagne, qui ne savait que marmonner des choses barbares, initiée désormais à la louange de Dieu, commence de chanter l'Alleluia en hébreux. Voici que l'Océan, naguère gonflé de vagues, se met docilement au service des pieds des saints et les colères barbares, que les princes de la terre n'avaient pu dompter par le fer, les bouches des prêtres, par de simples paroles, les lient par la crainte de Dieu.

Saint Grégoire le Grand
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Lettre au clergé de Milan, avril 593 (Ep. III 29)

Soyez certains que vous aurez un pasteur qui plaira à Dieu, si vous-mêmes vous plaisez à Dieu par vos actions. Voici que déjà nous assistons à la ruine de toutes les choses de se monde, alors que nous lisions dans les saintes Ecritures que cette ruine était pour l'avenir. Villes anéanties, fortifications abattues, églises détruites ... Considérez d'une âme attentive le jour prochain du Juge éternel et préparez-vous à ce jour terrible en faisant pénitence.

Saint Grégoire le Grand
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Lettre à Ethelred, roi de Kent, juin 601 (Ep. XI 37).

Quant à vous, si vous voyez certains de ces signes se produire dans votre pays, que votre esprit ne se trouble en aucune façon, car ces signes concernant la fin des temps nous sont envoyés pour nous indiquer le devoir qui est le nôtre de nous préoccuper de nos âmes, d'attendre l'heure de la mort, de nous trouver prêts au jugement à venir grâce à nos bonnes actions.

Saint Grégoire le Grand

Fais ce que tu peux !

Messagers : vous aussi, si vous le voulez, vous pouvez mériter ce grand nom. Car si chacun de vous, selon ses capacités, selon qu’il a reçu la grâce d’une inspiration d’en haut, détourne son prochain du mal, prend soin de l’exhorter à bien agir, annonce à l’égaré le royaume ou le châtiment éternel, alors, du fait que sa parole porte la sainte annonce, il est un messager. Et que personne ne dise : « Je suis incapable de conseiller ; je suis inapte à exhorter. » Fais ce que tu peux, de peur qu’on ne te fasse rendre dans les tourments ce que tu avais reçu et lâchement conservé. Il n’avait pas reçu plus d’un talent, celui qui eut soin de le cacher plus que de le mettre en circulation.

Dans la mesure où vous pensez avoir progressé, entraînez aussi d’autres que vous. Désirez des compagnons sur la route de Dieu. Si l’un de vous, frères, se rend sur la place publique ou encore au bain et aperçoit un flâneur, il l’invite à venir avec lui. Alors, que votre action même dans la vie courante vous fasse vous rencontrer : si vous tendez vers Dieu, tâchez de ne pas aller seuls à lui.

St Grégoire le Grand

Saint Grégoire le Grand († 604), docteur de l’Église, fut préfet de Rome, moine et fondateur, diacre, légat, puis pape de 590 à 604. / Homélies sur les Évangiles, 6, 6, trad. R. Étaix, C. Morel et B. Judic, Paris, Cerf, 2005, Sources Chrétiennes, n° 485, p. 189-191.

SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/samedi-27-aout/meditation-de-ce-jour-1/

Si quelqu’un vient à moi

Il y a cette différence entre un édifice terrestre et un édifice céleste : le premier se construit en rassemblant des ressources, le second en les dispersant. On fait des frais pour celui-là en amassant ce que l’on n’avait pas, on fait des frais pour celui-ci en abandonnant ce qu’on possède. Ces frais, il ne put les faire, le riche qui possédait de grands biens et qui pria le maître en disant : « Bon maître, que dois-je faire pour acquérir la vie éternelle ? » (Mt 19, 16). Quand il eut entendu l’ordre de tout quitter, il s’en alla tout triste, le cœur d’autant plus serré qu’il était au-dehors plus au large dans ses possessions. Parce qu’en cette vie, il aimait les frais des grandeurs, il ne voulut pas, en marchant vers la patrie éternelle, des frais de l’humilité.

Que celui qui le peut quitte tout ! Que celui qui ne peut tout quitter envoie en ambassade, tant que le Roi est loin, le don de ses larmes, de ses aumônes, de ses saints sacrifices !

« Ainsi donc celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple » ; et pourtant le Seigneur apporte le remède qui fait espérer le salut, car celui dont la colère ne peut être supportée veut être apaisé par l’ambassade qui demande la paix.

St Grégoire le Grand

Docteur de l’Église, saint Grégoire le Grand fut pape de 590 à 604, date à laquelle il mourut. / Homélies sur l’Évangile I, 37, 6.10, trad. G. Blanc, R. Étaix et B. Judic, Paris, Cerf, coll. « Sources Chrétiennes » 522, 2008, p. 435-437, 447-449.

SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/dimanche-4-septembre/meditation-de-ce-jour-1/

D’étroite, elle devient large

Ce qui fait la grandeur des œuvres, c’est dans l’âme l’ampleur de la charité, qui leur donne leur large dimension. Il est écrit en effet de la charité : Large est ton commandement, très large (Ps 118, 96). Et le Psalmiste en dit encore : Tu as mis au large mes pas (Ps 30, 9).

Mais voici qu’une question me vient à l’esprit, tandis que je parle : comment est-elle large, la charité ? On parvient jusqu’à Dieu par la charité ; or la Vérité en personne déclare : « Entrez par la porte étroite » (Mt 7, 13 ; cf. Lc 13, 24). Comment la charité est-elle large, si la porte est étroite ?

Mais ce problème, la charité elle-même a tôt fait de le résoudre : le chemin de Dieu est étroit pour les commerçants, et large pour ceux qui mènent déjà la vie parfaite. Cet effort que se propose spirituellement notre cœur, contre l’habitude, est dur. Mais cependant le fardeau de Dieu est léger une fois que nous nous sommes mis à le prendre sur nous, au point que pour son amour nous trouvons bonne la persécution, et que toute affliction soufferte pour lui devient douceur pour l’âme, comme pour les saints Apôtres, qui se réjouissaient d’endurer les fouets pour le Seigneur. Cette porte étroite se fait donc large pour ceux qui aiment, ces durs chemins se font tapis moelleux pour ceux qui courent au souffle de l’Esprit : le cœur sait qu’en échange de souffrances passagères il reçoit des joies éternelles, et l’être affligé commence à aimer.

St Grégoire le Grand

Saint Grégoire le Grand († 604), docteur de l’Église, fut préfet de Rome, moine et fondateur, diacre, légat, puis pape de 590 à 604. / Homélies sur Ézéchiel, II, 5, 12-13, trad. Ch. Morel, Paris, Cerf, coll. « Sources Chrétiennes » 360, 1990, p 253-255.

SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/mercredi-26-octobre/meditation-de-ce-jour-1/



Doctrine pénitentielle selon Saint Grégoire

La pénitence peut être envisagée comme une série de sentiments et d’exercices privés dans lesquels le ministère ecclésiastique n’intervient pas et auxquels le fidèle se livre sous sa libre responsabilité ; il s’agit de la pratique de la vertu de pénitence. Cependant, la pénitence peut être aussi envisagée comme une discipline dont les conditions ont été déterminées par le Christ et dont les détails sont réglés par l’Eglise ; il s’agit du sacrement de pénitence. Le sacrement de pénitence se différencie surtout de la pénitence privée en ce qu’elle comporte, de la part du pénitent, un aveu de ses péchés fait au prêtre, la confession, et, de la part du prêtre, un pardon officiellement donné, l’absolution.

Bien des auteurs ecclésiastiques des premiers siècles ont parlé avec force de la pénitence, insisté sur sa nécessité absolue, fait ressortir ses effets salutaires, en ayant seulement en vue le regret et l’expiation privée des péchés commis, tant ils voulaient nous souligner que la confession n’est qu’un élément de la pénitence qui doit impérativement se conjuguer avec la contrition, le ferme propos de la résolution, la satisfaction ou l’expiation, sous peine de rendre nulle, voire sacrilège, l’absolution.

De fait, on trouve dans les œuvres de saint Grégoire le Grand de fréquentes exhortations à la pénitence qui n’ont pas trait, du moins expressément, à la pénitence canonique ou à l’administration du sacrement de pénitence. D’aucuns ne se sont pas fait faute d’en déduire que le saint pape négligeait la forme sacramentelle au point que dans la troisième partie du Pastoral, ouvrage écrit à l’usage des prédicateurs, il n’indique pas précisément la forme de la pénitence qu’ils doivent conseiller aux pécheurs ; c’est aller bien vite en besogne et oublier que le but de l’ouvrage n’est pas d’enseigner comment on doit effacer les péchés, mais ce qu’il faut faire pour n’y pas retomber et pour se corriger des vices qui y entraînent.

Selon saint Grégoire le Grand, la conversion du pécheur, singulièrement du pécheur endurci, débute par un sentiment de crainte. Le rouleau présenté à Ezéchiel, dit-il, contenait, en même temps que le cantique des justes dans le ciel, les lamentations des pénitents sur la terre ; mais, ces lamentations, le pécheur que les voluptés charnelles captivent ne peut s’y livrer qu’à la condition de considérer les malédictions que son état ne manquera pas d’attirer sur lui. Ainsi, conseille saint Grégoire le Grand, le prédicateur de la divine Parole, doit d’abord s’appliquer à provoquer chez le pécheur endurci la terreur des jugements de Dieu.

Cette terreur, selon lui, fera naître naturellement dans l’âme du pécheur le regret et la douleur des fautes commises, lui arrachant, dit-il, des soupirs, des gémissements et des larmes. Il s’agit proprement de la contrition, certes imparfaite, mais absolument nécessaire car, pour effacer les péchés passés, professe saint Grégoire le Grand, il ne suffit pas de n’en pas commettre de nouveaux, il faut d’abord pleurer ceux auxquels on s’est adonné : le scribe qui cesse d’écrire n’efface pas pour autant ce qu’il a écrit précédemment. Dieu, continue le Pontife, n’aime pas nos larmes et nos tristesses pour elles-mêmes, mais il les veut comme des remèdes aux plaisirs mauvais que nous nous sommes permis, et il ne saurait y avoir de pardon sans cela.

Or, si la crainte commence l’œuvre de justification, pour qu’elle soit efficace et salutaire, poursuit saint Grégoire le Grand, le pécheur repenti doit avoir l’espérance en la miséricorde divine. La crainte seule déprimerait l’âme et la précipiterait dans une tristesse sans issue si la foi ne lui montrait le Seigneur toujours prêt à accueillir le repentir et, mieux encore, le Seigneur qui, malgré les iniquités, poursuit l’âme, la prévient, l’appelle et l’attire à lui. Cette idée de la bonté inlassable de Dieu a inspiré à saint Grégoire le Grand quelques-unes de ses plus belles pages où il invite le pécheur, quelle que soit la multitude de ses fautes, à garder confiance, car la puissance de son médecin est plus grande que son mal.

Si le pécheur en reste à détester son péché uniquement parce qu’il redoute le châtiment, même si cette crainte le détourne de la pratique du mal, saint Grégoire le Grand dit qu’il n’est pas suffisamment détaché de l’affection au péché puisque, si le châtiment n’existait pas, il s’y laisserait encore aller ; sa disposition reste une servitude de crainte absolument opposée à la liberté de la grâce. La crainte n’est que d’une utilité passagère et ne vaut que comme faisant entrer dans la voie droite. Il recommande de s’inspirer de la crainte, mais il veut que l’on ne s’y arrête pas pour pouvoir arriver bientôt à cette crainte chaste qui est celle de la charité, de l’amour de Dieu, qui fait moins gémir le pénitent sur son propre malheur que sur l’offense à Dieu.

La crainte jointe à l’espérance et à l’amour conduit donc le pécheur aux gémissements et aux larmes qui ne seraient pas sincères si le pécheur repenti ne les accompagnait d’œuvres satisfactoires proportionnées aux fautes passées, avec la ferme résolution de mieux vivre à l’avenir.

Il est juste, selon saint Grégoire le Grand, que celui qui s’est naguère adonné aux plaisirs illicites se prive de certains plaisirs permis ; il est juste d’expier l’orgueil passé par des exercices d’humilité, la désobéissance par l’obéissance, la curiosité par le détachement, la gourmandise par la mortification ; par là, nous satisfaisons à notre Créateur dont nous avons enfreint les lois. Ainsi s’opère le changement de vie que saint Grégoire le Grand considère comme si essentiel à la pénitence qu’il le fait entrer dans sa définition. Le saint pape professe comme un principe absolu que tout péché doit toujours être puni et que Dieu fera expier au pénitent ce qu’il ne punit pas en lui-même.

Quant à nous, si nous attachons justement une très grande importance à l’acte sacramentel, il semble que, par je ne sais quelle tentation démoniaque, nous supposons trop souvent qu’il suffit de recevoir l’absolution des péchés avoués et d’exécuter la menue pénitence imposée par le prêtre, pour être pleinement rétablis dans l’amitié divine, comme si les paroles de l’acte de contrition que nous débitons plus ou moins dévotement ne nous engageait pas, pour être réellement réconciliés, à la satisfaction. Nul ne saurait s’arroger les qualités de la vraie repentance s’il ne prend aucun souci d’éviter les occasions de retomber dans son péché, il découvre, dit saint Grégoire le Grand, des blessures auxquelles il ne veut porter aucun remède et s’expose par là à s’envenimer.

Plus ou moins atteints par les déviations libérales, réputant Dieu si bon qu’il en devient injuste, voire gâteux, supposant que l’enfer est vide et le purgatoire fermé pour cause d’inventaire, nous avons perdu le sens de l’horreur du péché et, par tant, la crainte du châtiment. Il suffit que nous nous pardonnions à nous mêmes les offenses que nous lui avons faites pour croire que Dieu nous a pardonné.

Ce faisant, après avoir fait mentir le Christ et toute l’Ecriture avec lui, suivie du magistère de l’Eglise, nous nous fermons les chemins de l’amour de Dieu parce que nous ne nous convertissons pas en changeant de vie par les moyens de la pénitence, et, qu’au mieux, nos résolutions, bien légalistes, sont circonscrites à la simple observance.

Que de fois j’ai reçu à mon confessionnal des pécheurs qui avaient si peu le sens de l’offense à Dieu qu’ils ne se rappelaient même pas leurs péchés ! Que de foi j’ai entendu des pécheurs qui avaient si peu le sens du châtiment divin qu’ils s’imposaient des résolutions minimes sans aucun rapport avec les fautes accusées ! Que de fois j’ai subi des pécheurs qui avaient si peu de repentir qu’ils refusaient une réparation proportionnée à leurs fautes ! Que de fois j’ai supporté des pécheurs qui avaient si peu de ferme propos qu’ils ne songeaient même pas à éviter les occasions de leurs péchés ! Dieu sait que je ne suis pas un confesseur terroriste, mais je crains bien que beaucoup des absolutions que je risque restent inefficaces parce qu’elles ne sont guère suivies de justes réparations ni de changements de vie. Entendez saint Grégoire le Grand : Ceux qui s’irritent contre eux-mêmes reviennent par la pénitence à la vie ; ou bien : Ceux qui se convertissent de leurs péchés au Seigneur non seulement effacent par leurs larmes les iniquités qu’ils ont commises, mais encore s’élèvent aux hauteurs par leurs œuvres admirables.

Saint Grégoire le Grand considère la confession comme un des premiers actes que fait le pécheur désireux de se réconcilier avec Dieu, et, quand elle est accompagnée d’humilité, il la considère comme une preuve indubitable de la sincérité de la conversion. En effet, dit-il, le premier mouvement du coupable, tels Adam et Eve au paradis terrestre, est de s’excuser ; au contraire pour chaque pécheur le commencement de la lumière est une confession humble, parce que celui-là est résolu à ne pas s’épargner lui-même qui ne rougit pas d’avouer le mal qu’il a commis. Et le saint pontife de remarquer qu’à cause du respect humain, il faut souvent plus de courage pour avouer les péchés commis que pour éviter de les commettre. La confession bien faite, poursuit-il, est l’indice de la vie spirituelle que Dieu a rendue au pécheur, en lui inspirant le regret de ses fautes et le courage de les confesser.

Puissent nos cœurs accueillir le pardon du Seigneur en lui offrant le repentir, en recevant l’absolution et en se proposant une vraie satisfaction.

SOURCE : http://missel.free.fr/Sanctoral/09/03.php



SAINT GRÉGOIRE LE GRAND

Pape

(540-604)

C'est à bon droit que cet illustre Pape est appelé le Grand; il fut, en effet, grand par sa naissance, -- fils de sénateur, neveu d'une sainte, la vierge Tarsille; -- grand par sa science et par sa sainteté; -- grand par les merveilles qu'il opéra; -- grand par les dignités de cardinal, de légat, de Pape, où la Providence et son mérite l'élevèrent graduellement.

Grégoire était né à Rome. Il en occupa quelques temps la première magistrature, mais bientôt la cité, qui avait vu cet opulent patricien traverser ses rues en habits de soie, étincelants de pierreries, le vit avec bien plus d'admiration, couvert d'un grossier vêtement, servir les mendiants, mendiant lui-même, dans son palais devenu monastère et hôpital. Il n'avait conservé qu'un seul reste de son ancienne splendeur, une écuelle d'argent dans laquelle sa mère lui envoyait tous les jours de pauvres légumes pour sa nourriture; encore ne tarda-t-il pas de la donner à un pauvre marchand qui, après avoir tout perdu dans un naufrage, était venu solliciter sa charité si connue.

Grégoire se livra avec ardeur à la lecture des Livres Saints; ses veilles, ses mortifications étaient telles, que sa santé y succomba et que sa vie fut compromise. Passant un jour sur le marché, il vit de jeunes enfants d'une ravissante beauté que l'on exposait en vente. Apprenant qu'ils étaient Angles, c'est-à-dire du pays, encore païen, d'Angleterre: "Dites plutôt des Anges, s'écria-t-il, s'ils n'étaient pas sous l'empire du démon." Il alla voir le Pape, et obtint d'aller prêcher l'Évangile à ce peuple; mais les murmures de Rome forcèrent le Pape à le retenir.

Le Souverain Pontife étant venu à mourir, Grégoire dut courber ses épaules sous la charge spirituelle de tout l'univers. L'un des faits remarquables de son pontificat, c'est l'évangélisation de ce peuple anglais dont il eût voulu lui-même être l'apôtre.

Grégoire s'est rendu célèbre par la réforme de la liturgie et le perfectionnement du chant ecclésiastique. Il prêchait souvent au peuple de Rome, et lorsque la maladie lui ôtait cette consolation, il composait des sermons et des homélies qui comptent parmi les chefs-d'oeuvre de ce grand docteur. Son pontificat fut l'un des plus féconds dont s'honore l'Église. Grégoire mourut le 12 mars 604. On le représente écoutant une colombe qui lui parle à l'oreille. Il est regardé comme le patron des chantres.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.

SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/saint_gregoire_le_grand.html

Des miracles quotidiens qui passent inaperçus

Les miracles quotidiens de Dieu ont perdu leur valeur du fait de leur répétition. Voici que se cache, dans une seule graine d’une très petite semence, la masse entière de l’arbre qui naîtra. Mettons bien devant nos yeux l’étonnante grandeur d’un arbre, quel qu’il soit ; pensons au point d’où il a commencé de croître pour parvenir à cette imposante masse. Nous trouvons sans aucun doute son origine dans la très petite semence. Maintenant examinons où se cachent dans cette petite graine la force du bois, la rudesse de l’écorce, le piquant de la saveur et de l’odeur, l’abondance des fruits, la verdeur des feuilles. Au toucher, la graine n’est pas robuste : d’où vient donc la dureté du bois ? Elle n’est pas rugueuse : d’où sort la rudesse de l’écorce ? Elle est sans saveur : d’où vient la saveur des fruits ? Elle ne sent rien : d’où vient l’odeur qui s’exhale des fruits ? Elle ne montre rien de vert : d’où est sorti le vert des feuilles ? Tout est caché en même temps dans la semence, mais tout ne sort pas en même temps de la semence. La semence produit la racine, de la racine sort la pousse, de la pousse naît le fruit, et dans le fruit se reforme la semence. Ajoutons donc que la semence aussi se cache dans la semence. Qu’y a-t-il d’étonnant à ce qu’il fasse revenir de la poussière les os, les nerfs, la chair et les cheveux, celui qui chaque jour fait sortir d’une petite semence le bois, les fruits, les feuilles, dans la masse imposante d’un arbre ?

St Grégoire le Grand

Saint Grégoire le Grand († 604), docteur de l’Église, fut préfet de Rome, moine et fondateur, diacre, légat, puis pape de 590 à 604. / Homélies sur l’Évangile XXVI,12, trad. G. Blanc, R. Etaix et B. Judic, Paris, Cerf, 2008, Sources Chrétiennes 522, p. 157-159.

SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/dimanche-13-juin/meditation-de-ce-jour-1/



Saint Grégoire le Grand

Pape (540-604)

C’est à bon droit que cet illustre Pape est appelé le Grand ; il fut, en effet, grand par sa naissance, — fils de sénateur, neveu d’une sainte, la vierge Tarsille ; — grand par sa science et par sa sainteté ; — grand par les merveilles qu’il opéra ; — grand par les dignités de cardinal, de légat, de Pape, où la Providence et son mérite l’élevèrent graduellement.

Grégoire était né à Rome. Il en occupa quelques temps la première magistrature, mais bientôt la cité, qui avait vu cet opulent patricien traverser ses rues en habits de soie, étincelants de pierreries, le vit avec bien plus d’admiration, couvert d’un grossier vêtement, servir les mendiants, mendiant lui-même, dans son palais devenu monastère et hôpital. Il n’avait conservé qu’un seul reste de son ancienne splendeur, une écuelle d’argent dans laquelle sa mère lui envoyait tous les jours de pauvres légumes pour sa nourriture ; encore ne tarda-t-il pas de la donner à un pauvre marchand qui, après avoir tout perdu dans un naufrage, était venu solliciter sa charité si connue.

Grégoire se livra avec ardeur à la lecture des Livres Saints ; ses veilles, ses mortifications étaient telles, que sa santé y succomba et que sa vie fut compromise. Passant un jour sur le marché, il vit de jeunes enfants d’une ravissante beauté que l’on exposait en vente. Apprenant qu’ils étaient Angles, c’est-à-dire du pays, encore païen, d’Angleterre : "Dites plutôt des Anges, s’écria-t-il, s’ils n’étaient pas sous l’empire du démon." Il alla voir le Pape, et obtint d’aller prêcher l’Évangile à ce peuple ; mais les murmures de Rome forcèrent le Pape à le retenir.

Le Souverain Pontife étant venu à mourir, Grégoire dut courber ses épaules sous la charge spirituelle de tout l’univers. L’un des faits remarquables de son pontificat, c’est l’évangélisation de ce peuple anglais dont il eût voulu lui-même être l’apôtre.

Grégoire s’est rendu célèbre par la réforme de la liturgie et le perfectionnement du chant ecclésiastique. Il prêchait souvent au peuple de Rome, et lorsque la maladie lui ôtait cette consolation, il composait des sermons et des homélies qui comptent parmi les chefs-d’oeuvre de ce grand docteur. Son pontificat fut l’un des plus féconds dont s’honore l’Église. Grégoire mourut le 12 mars 604. On le représente écoutant une colombe qui lui parle à l’oreille. Il est regardé comme le patron des chantres.

SOURCE : http://viechretienne.catholique.org/saints/64-saint-gregoire-le-grand


BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 28 mai 2008


Grégoire le Grand pacificateur de l'Europe


Chers frères et sœurs,

Mercredi dernier j'ai parlé d'un Père de l'Eglise peu connu en Occident, Romanos le Mélode, je voudrais aujourd'hui présenter la figure de l'un des plus grands Pères dans l'histoire de l'Eglise, un des quatre docteurs de l'Occident, le Pape saint Grégoire, qui fut évêque de Rome entre 590 et 604, et auquel la tradition attribua le titre de Magnus/Grand. Grégoire fut vraiment un grand Pape et un grand Docteur de l'Eglise! Il naquit à Rome vers 540, dans une riche famille patricienne de la gens Anicia, qui se distinguait non seulement par la noblesse de son sang, mais également par son attachement à la foi chrétienne et par les services rendus au Siège apostolique. Deux Papes étaient issus de cette famille: Félix III (483-492), trisaïeul de Grégoire et Agapit (535-536). La maison dans laquelle Grégoire grandit s'élevait sur le Clivus Scauri, entourée par des édifices solennels qui témoignaient de la grandeur de la Rome antique et de la force spirituelle du christianisme. Des sentiments chrétiens élevés lui furent aussi inspirés par ses parents, Gordien et Silvia, tous deux vénérés comme des saints, et par deux tantes paternelles, Emiliana et Tarsilia, qui vécurent dans leur maison en tant que vierges consacrées sur un chemin partagé de prière et d'ascèse.

Grégoire entra très tôt dans la carrière administrative, que son père avait également suivie et, en 572, il en atteint le sommet, devenant préfet de la ville. Cette fonction, compliquée par la difficulté des temps, lui permit de se consacrer à large échelle à chaque type de problèmes administratifs, en en tirant des lumières pour ses futures tâches. Il lui resta en particulier un profond sens de l'ordre et de la discipline: devenu Pape, il suggérera aux évêques de prendre pour modèle dans la gestion des affaires ecclésiastiques la diligence et le respect des lois propres aux fonctionnaires civils. Toutefois, cette vie ne devait pas le satisfaire car, peu après, il décida de quitter toute charge civile, pour se retirer dans sa maison et commencer une vie de moine, transformant la maison de famille dans le monastère Saint André au Celio. De cette période de vie monastique, vie de dialogue permanent avec le Seigneur dans l'écoute de sa parole, il lui restera toujours la nostalgie, qui apparaît toujours à nouveau et toujours davantage dans ses homélies: face aux assauts des préoccupations pastorales, il la rappellera plusieurs fois dans ses écrits comme un temps heureux de recueillement en Dieu, de consécration à la prière, d'immersion sereine dans l'étude. Il put ainsi acquérir cette profonde connaissance de l'Ecriture Sainte et des Pères de l'Eglise dont il se servit ensuite dans ses œuvres.

Mais la retraite dans la clôture de Grégoire ne dura pas longtemps. La précieuse expérience mûrie dans l'administration civile à une époque chargée de graves problèmes, les relations entretenues dans cette charge avec les byzantins, l'estime universelle qu'il avait acquise, poussèrent le Pape Pélage à le nommer diacre et à l'envoyer à Constantinople comme son "apocrisaire", on dirait aujourd'hui "Nonce apostolique", pour permettre de surmonter les dernières séquelles de la controverse monophysite et, surtout, pour obtenir l'appui de l'empereur dans son effort pour contenir la poussée lombarde. Son séjour à Constantinople, où avec un groupe de moines il avait repris la vie monastique, fut très important pour Grégoire, car il lui donna l'occasion d'acquérir une expérience directe du monde byzantin, ainsi que d'approcher la question des Lombards, qui aurait ensuite mis à rude épreuve son habileté et son énergie au cours années de son pontificat. Après quelques années, il fut rappelé à Rome par le Pape, qui le nomma son secrétaire. Il s'agissait d'années difficiles: les pluies incessantes, le débordement des fleuves, la famine qui frappait de nombreuses zones d'Italie et Rome elle-même. A la fin, la peste éclata également, faisant de nombreuses victimes, parmi lesquelles le Pape Pélage II. Le clergé, le peuple et le sénat furent unanime en choisissant précisément lui, Grégoire, pour être son Successeur sur le Siège de Pierre. Il chercha à résister, tentant également la fuite, mais il n'y eut rien à faire: à la fin il dut céder. C'était l'année 590.

Reconnaissant la volonté de Dieu dans ce qui était arrivé, le nouveau Pontife se mit immédiatement au travail avec zèle. Dès le début, il révéla une vision particulièrement clairvoyante de la réalité avec laquelle il devait se mesurer, une extraordinaire capacité de travail pour affronter les affaires ecclésiastiques et civiles, un équilibre constant dans les décisions, parfois courageuses, que sa charge lui imposait. On possède une vaste documentation sur son gouvernement grâce au Registre de ses lettres (environ 800), dans lesquelles se reflète la confrontation quotidienne avec les problèmes complexes qui affluaient sur sa table. Il s'agissait de questions qui provenaient des évêques, des abbés, des clercs, et également des autorités civiles de tout ordre et degré. Parmi les problèmes qui affligeaient l'Italie et Rome à cette époque, il y en avait un d'une importance particulière dans le domaine civil et ecclésial: la question lombarde. Le Pape y consacra toutes les énergies possibles en vue d'une solution vraiment pacificatrice. A la différence de l'empereur byzantin qui partait du présupposé que les Lombards étaient seulement des individus grossiers et prédateurs à vaincre ou à exterminer, saint Grégoire voyait ces personnes avec les yeux du bon pasteur, préoccupé de leur annoncer la parole du salut, établissant avec eux des relations fraternelles en vue d'un avenir de paix fondé sur le respect réciproque et sur la coexistence sereine entre les italiens, les impériaux et les lombards. Il se préoccupa de la conversion des jeunes peuples et de la nouvelle organisation civile de l'Europe: les Wisigoths d'Espagne, les Francs, les Saxons, les immigrés en Britannia et les Lombards furent les destinataires privilégiés de sa mission évangélisatrice. Nous avons célébré hier la mémoire liturgique de saint Augustin de Canterbury, le chef d'un groupe de moines chargés par Grégoire de se rendre en Britannia pour évangéliser l'Angleterre.

Pour obtenir une paix effective à Rome et en Italie, le Pape s'engagea à fond - c'était un véritable pacificateur -, entreprenant des négociations serrées avec le roi lombard Agilulf. Ces négociations conduisirent à une période de trêve qui dura environ trois ans (598-601), après lesquels il fut possible de stipuler, en 603, un armistice plus stable. Ce résultat positif fut rendu possible également grâce aux contacts parallèles que, entre temps, le Pape entretenait avec la reine Théodelinde, qui était une princesse bavaroise et qui, à la différence des chefs des autres peuples germaniques, était catholique, profondément catholique. On conserve une série de lettres du Pape Grégoire à cette reine, dans lesquelles il révèle son estime et son amitié pour elle. Théodelinde réussit peu à peu à guider le roi vers le catholicisme, préparant ainsi la voie à la paix. Le Pape se soucia également de lui envoyer les reliques pour la basilique Saint-Jean-Baptiste qu'elle fit ériger à Monza, et il ne manqua pas de lui faire parvenir ses vœux et des dons précieux à l'occasion de la naissance et du baptême de son fils Adaloald. L'histoire de cette reine constitue un beau témoignage à propos de l'importance des femmes dans l'histoire de l'Eglise. Au fond, les objectifs auxquels Grégoire aspira constamment furent trois: contenir l'expansion des Lombards en Italie; soustraire la reine Théodelinde à l'influence des schismatiques et renforcer sa foi catholique; servir de médiateur entre les Lombards et les Byzantins en vue d'un accord pour garantir la paix dans la péninsule, en permettant dans le même temps d'accomplir une action évangélisatrice parmi les Lombards eux-mêmes. Son orientation constante dans cette situation complexe fut donc double: promouvoir des ententes sur le plan diplomatique et politique, diffuser l'annonce de la vraie foi parmi les populations.

A côté de son action purement spirituelle et pastorale, le Pape Grégoire fut également le protagoniste actif d'une activité sociale multiple. Avec les rentes de l'important patrimoine que le Siège romain possédait en Italie, en particulier en Sicile, il acheta et distribua du blé, il secourut ceux qui étaient dans le besoin, il aida les prêtres, les moines et les moniales qui vivaient dans l'indigence, il paya les rançons des citoyens devenus prisonniers des Lombards, il conclut des armistices et des trêves. En outre, il accomplit aussi bien à Rome que dans d'autres parties de l'Italie une œuvre soignée de réorganisation administrative, en donnant des instructions précises afin que les biens de l'Eglise, utiles à sa subsistance et à son œuvre évangélisatrice dans le monde, soient gérés avec une rectitude absolue et selon les règles de la justice et de la miséricorde. Il exigeait que les colons soient protégés des abus des concessionnaires des terres appartenant à l'Eglise et, en cas de fraude, qu'ils soient rapidement dédommagés, afin que le visage de l'Epouse du Christ ne soit pas défiguré par des profits malhonnêtes.

Cette intense activité fut accomplie par Grégoire malgré sa santé fragile, qui le poussait souvent à rester au lit pendant de longs jours. Les jeûnes pratiqués au cours des années de sa vie monastique lui avaient procuré de sérieux problèmes digestifs. En outre, sa voix était très faible, si bien qu'il était souvent obligé de confier au diacre la lecture de ses homélies, afin que les fidèles présents dans les basiliques romaines puissent l'entendre. Il faisait cependant tout son possible pour célébrer les jours de fête Missarum sollemnia, c'est-à-dire la Messe solennelle, et il rencontrait alors personnellement le peuple de Dieu, qui lui était très attaché, car il voyait en lui la référence autorisée à laquelle puiser son assurance: ce n'est pas par hasard que lui fut très vite attribué le titre de consul Dei. Malgré les conditions très difficiles dans lesquelles il dut œuvrer, il réussit à conquérir, grâce à sa sainteté de vie et à sa riche humanité, la confiance des fidèles, en obtenant pour son époque et pour l'avenir des résultats vraiment grandioses. C'était un homme plongé en Dieu: le désir de Dieu était toujours vivant au fond de son âme et c'est précisément pour cela qu'il était toujours très proche de son prochain, des besoins des personnes de son époque. A une époque désastreuse, et même désespérée, il sut établir la paix et donner l'espérance. Cet homme de Dieu nous montre où sont les véritables sources de la paix, d'où vient la véritable espérance et il devient ainsi un guide également pour nous aujourd'hui.

* * *

Je suis heureux de vous accueillir chers pèlerins francophones, en particulier les jeunes du Canada et les prêtres de Bruges. En cette fin du mois de mai, je vous confie à la Vierge Marie, Mère de l’Église et notre Mère. Avec ma Bénédiction apostolique.

© Copyright 2008 - Libreria Editrice Vaticana

SOURCE : http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2008/documents/hf_ben-xvi_aud_20080528_fr.html



BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 4 juin 2008


Chers frères et sœurs,

Je reviendrai aujourd'hui, à l'occasion de notre rencontre du mercredi, sur la figure extraordinaire du Pape Grégoire le Grand, pour tirer quelques lumières supplémentaires de la richesse de son enseignement. Malgré les multiples engagements liés à sa fonction d'évêque de Rome, il nous a laissé de nombreuses œuvres, auxquelles l'Eglise a puisé à pleines mains au cours des siècles suivants. Outre ses nombreuses lettres - le Registre que j'ai mentionné dans la dernière catéchèse contient plus de 800 lettres - il nous a surtout laissé des écrits à caractère exégétique, parmi lesquels se distinguent le Commentaire moral à Job - célèbre sous son titre latin de Moralia in Iob -, les Homélies sur Ezéchiel et les Homélies sur les Evangiles. Il y a aussi une importante œuvre de caractère hagiographique, les Dialogues, écrite par Grégoire pour l'édification de la reine lombarde Théodelinde. L'œuvre principale et la plus célèbre est sans aucun doute la Règle pastorale, que le Pape rédigea au début de son pontificat dans le but précis de présenter un programme.

En passant rapidement ces œuvres en revue, nous devons tout d'abord noter que, dans ses écrits, Grégoire ne se montre jamais préoccupé de tracer une doctrine qui soit "la sienne", qui soit originale. Il entend plutôt se faire l'écho de l'enseignement traditionnel de l'Eglise, il veut simplement être la bouche du Christ et de son Eglise, sur le chemin qu'il faut parcourir pour arriver à Dieu. Ses commentaires exégétiques sont exemplaires à ce propos. Il fut un lecteur passionné de la Bible, dont il s'approcha avec des intentions qui n'étaient pas simplement spéculatives: il pensait que le chrétien ne devait pas tellement tirer des connaissances théoriques de l'Ecriture Sainte, mais plutôt la nourriture quotidienne pour son âme, sa vie d'homme dans ce monde. Dans ses Homélies sur Ezéchiel, par exemple, il insiste fortement sur cette fonction du texte sacré: approcher l'Ecriture uniquement pour satisfaire son propre désir de connaissance signifie céder à la tentation de l'orgueil et s'exposer ainsi au risque de glisser dans l'hérésie. L'humilité intellectuelle est la première règle pour celui qui cherche à pénétrer les réalités surnaturelles en partant du livre sacré. L'humilité n'exclut pas du tout, bien sûr, l'étude sérieuse; mais si l'on veut que celle-ci soit spirituellement bénéfique, en permettant d'entrer réellement dans la profondeur du texte, l'humilité demeure indispensable. Ce n'est qu'avec cette attitude intérieure que l'on écoute réellement et que l'on perçoit enfin la voix de Dieu. D'autre part, lorsqu'il s'agit de la Parole de Dieu, comprendre n'est rien, si la compréhension ne conduit pas à l'action. Dans ces Homélies sur Ezéchiel on trouve également cette belle expression selon laquelle "le prédicateur doit tremper sa plume dans le sang de son cœur; il pourra ainsi arriver également jusqu'à l'oreille de son prochain". En lisant ses homélies on voit que Grégoire a réellement écrit avec le sang de son cœur et c'est la raison pour laquelle il nous parle encore aujourd'hui.

Grégoire développe également ce discours dans le Commentaire moral à Job. Suivant la tradition patristique, il examine le texte sacré dans les trois dimensions de son sens: la dimension littérale, la dimension allégorique et la dimension morale, qui sont des dimensions du sens unique de l'Ecriture Sainte. Grégoire attribue toutefois une nette priorité au sens moral. Dans cette perspective, il propose sa pensée à travers plusieurs binômes significatifs - savoir-faire, parler-vivre, connaître-agir - dans lesquels il évoque deux aspects de la vie humaine qui devraient être complémentaires, mais qui finissent souvent par être antithétiques. L'idéal moral, commente-t-il, consiste toujours à réaliser une intégration harmonieuse entre la parole et l'action, la pensée et l'engagement, la prière et le dévouement aux devoirs de son propre état: telle est la route pour réaliser cette synthèse grâce à laquelle le divin descend dans l'homme et l'homme s'élève jusqu'à l'identification avec Dieu. Le grand Pape trace ainsi pour le croyant authentique un projet complet de vie; c'est pourquoi le Commentaire moral à Job constituera au cours du Moyen-âge une sorte de Summa de la morale chrétienne.

D'une grande importance et d'une grande beauté sont également les Homélies sur les Evangiles. La première d'entre elles fut tenue dans la basilique Saint-Pierre au cours du temps de l'Avent de 590 et donc quelques mois après son élection au pontificat; la dernière fut prononcée dans la basilique Saint-Laurent, lors du deuxième dimanche de Pentecôte de 593. Le Pape prêchait au peuple dans les églises où l'on célébrait les "stations" - des cérémonies de prière particulières pendant les temps forts de l'année liturgique - ou les fêtes des martyrs titulaires. Le principe inspirateur, qui lie les diverses interventions ensemble, peut être synthétisé dans le terme "praedicator": non seulement le ministre de Dieu, mais également chaque chrétien, a la tâche de devenir le "prédicateur" de ce dont il a fait l'expérience en lui-même, à l'exemple du Christ qui s'est fait homme pour apporter à tous l'annonce du salut. L'horizon de cet engagement est l'horizon eschatologique: l'attente de l'accomplissement en Christ de toutes les choses est une pensée constante du grand Pontife et finit par devenir un motif inspirateur de chacune de ses pensées et de ses activités. C'est de là que naissent ses rappels incessants à la vigilance et à l'engagement dans les bonnes œuvres.

Le texte peut-être le plus organique de Grégoire le Grand est la Règle pastorale, écrite au cours des premières années de pontificat. Dans celle-ci, Grégoire se propose de tracer la figure de l'évêque idéal, maître et guide de son troupeau. Dans ce but, il illustre la gravité de la charge de pasteur de l'Eglise et les devoirs qu'elle comporte: c'est pourquoi, ceux qui n'ont pas été appelés à cette tâche ne doivent pas la rechercher avec superficialité, et ceux qui en revanche l'ont assumée sans la réflexion nécessaire doivent sentir naître dans leur âme une juste inquiétude. Reprenant un thème privilégié, il affirme que l'évêque est tout d'abord le "prédicateur" par excellence; comme tel il doit être, en premier lieu, un exemple pour les autres, de manière à ce que son comportement puisse constituer un point de référence pour tous. Une action pastorale efficace demande ensuite qu'il connaisse ses destinataires et qu'il adapte ses interventions à la situation de chacun: Grégoire s'arrête pour illustrer les différentes catégories de fidèles avec des annotations judicieuses et précises, qui peuvent justifier l'évaluation de ceux qui ont également vu dans cette œuvre un traité de psychologie. On comprend à partir de cela qu'il connaissait réellement son troupeau et parlait de tout avec les personnes de son temps et de sa ville.

Ce grand Pape insiste cependant sur le devoir que le pasteur a de reconnaître chaque jour sa propre pauvreté, de manière à ce que l'orgueil ne rende pas vain, devant les yeux du Juge suprême, le bien accompli. C'est pourquoi le chapitre final de la Règle est consacré à l'humilité: "Lorsqu'on se complaît d'avoir atteint de nombreuses vertus, il est bon de réfléchir sur ses propres manquements et de s'humilier: au lieu de considérer le bien accompli, il faut considérer celui qu'on a négligé d'accomplir". Toutes ces précieuses indications démontrent la très haute conception que saint Grégoire se fait du soin des âmes, qu'il définit "ars artium", l'art des arts. La Règle connut un grand succès, au point que, chose plutôt rare, elle fut rapidement traduite en grec et en anglo-saxon.

Son autre œuvre, les Dialogues, est également significative. Dans celle-ci, s'adressant à son ami et diacre Pierre, qui était convaincu que les mœurs étaient désormais tellement corrompues que la naissance de saints n'était plus possible comme par les époques passées, Grégoire démontre le contraire: la sainteté est toujours possible, même dans les temps difficiles. Il le prouve en racontant la vie de personnes contemporaines ou disparues depuis peu, que l'on pouvait tout à fait qualifier de saintes, même si elles n'avaient pas été canonisées. Le récit est accompagné par des réflexions théologiques et mystiques qui font du livre un texte hagiographique particulier, capable de fasciner des générations entières de lecteurs. La matière est tirée des traditions vivantes du peuple et a pour but d'édifier et de former, en attirant l'attention de celui qui lit sur une série de questions telles que le sens du miracle, l'interprétation de l'Ecriture, l'immortalité de l'âme, l'existence de l'enfer, la représentation de l'au-delà, des thèmes qui avaient besoin d'éclaircissements opportuns. Le livre II est entièrement consacré à la figure de Benoît de Nursie et est l'unique témoignage antique sur la vie du saint moine, dont la beauté spirituelle paraît dans ce texte avec une grande évidence.

Dans le dessein théologique que Grégoire développe dans ses œuvres, passé, présent et avenir sont relativisés. Ce qui compte le plus pour lui est le cours tout entier de l'histoire salvifique, qui continue à se dérouler parmi les obscures méandres du temps. Dans cette perspective, il est significatif qu'il insère l'annonce de la conversion des Angles au beau milieu du Commentaire moral à Job: à ses yeux, l'événement constituait une avancée du royaume de Dieu dont parle l'Ecriture; il pouvait donc à juste titre être mentionné dans le commentaire d'un livre sacré. Selon lui, les guides des communautés chrétiennes doivent sans cesse s'engager à relire les événements à la lumière de la parole de Dieu: c'est dans ce sens que le grand Pape ressent le devoir d'orienter les pasteurs et les fidèles sur l'itinéraire spirituel d'une lectio divina éclairée et concrète, inscrite dans le contexte de sa propre vie.

Avant de conclure, il est juste de prononcer un mot sur les relations que le Pape Grégoire cultiva avec les patriarches d'Antioche, d'Alexandrie et de Constantinople elle-même. Il se soucia toujours d'en reconnaître et d'en respecter les droits, en se gardant de toute interférence qui en limitât l'autonomie légitime. Si toutefois saint Grégoire, dans le contexte de sa situation historique, s'opposa au titre d'"oecuménique" que voulait le Patriarche de Constantinople, il ne le fit pas pour limiter ou nier cette autorité légitime, mais parce qu'il était préoccupé par l'unité fraternelle de l'Eglise universelle. Il le fit surtout en raison de sa profonde conviction que l'humilité devrait être la vertu fondamentale de tout évêque, et plus encore d'un Patriarche. Grégoire était resté un simple moine dans son cœur, et c'est pourquoi il était absolument contraire aux grands titres. Il voulait être - telle est son expression - servus servorum Dei. Ce terme forgé par lui n'était pas dans sa bouche une formule pieuse, mais la manifestation véritable de son mode de vivre et d'agir. Il était intimement frappé par l'humilité de Dieu, qui en Christ s'est fait notre serviteur, qui a lavé et lave nos pieds sales. Par conséquent, il était convaincu que notamment un évêque devrait imiter cette humilité de Dieu et suivre ainsi le Christ. Son désir fut véritablement de vivre en moine, dans un entretien constant avec la Parole de Dieu, mais par amour de Dieu il sut se faire le serviteur de tous à une époque pleine de troubles et de souffrances, se faire "serviteur des serviteurs". C'est précisément parce qu'il le fut qu'il est grand et qu'il nous montre également la mesure de la vraie grandeur.

* * *

Je salue les pèlerins francophones, en particulier le groupe de l’Université des Sciences humaines d’Orléans et les paroissiens de Grimbergen en Belgique. À l’image de saint Grégoire, puissiez-vous trouver chaque jour, dans la méditation de l’Écriture, la sagesse et la lumière pour guider votre action. Avec ma Bénédiction apostolique.

© Copyright 2008 - Libreria Editrice Vaticana

SOURCE : http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2008/documents/hf_ben-xvi_aud_20080604_fr.html


Le plus grand pape de l’histoire… ne voulait pas être pape

Aliénor Goudet | 02 septembre 2020

Doté d’une grande sagesse et d’une plume tout aussi aiguisée, le pape Grégoire Ier (590-604) a permis d’apporter un peu de répit à l’Italie du VIe siècle, agitée par les conflits et dévastée par la peste. C’est pourtant bien contre son gré que cet humble moine s’est retrouvé à la tête de l’Eglise. Avant de prendre place sur le trône de saint Pierre… il a bien tenté de fuir.

Monte Caelio, 590. Il y a bien longtemps que la nuit est tombée sur Rome et ses alentours. Malgré cela, quelqu’un ne dort toujours pas au monastère de Saint-André. Au lieu de chercher le sommeil, le père Grégoire fourre ses quelques vêtements et nombreux livres dans deux sac, à la seule lueur d’une petite bougie. Il doit se hâter, car l’escorte qui doit l’emmener à Rome ne tardera pas.

Qui a eu l’idée farfelue de le choisir comme successeur du saint pontife ? Lui, petit moine de rien du tout ? Mais ça, le peuple ne veut pas l’entendre. Même la missive qu’il a envoyé à l’empereur pour plaider sa cause a été intercepté. Enfin prêt, le monial enfile ses sacoches et quitte le monastère sur la pointe des pieds.

Il prend le chemin qui descend la colline en direction opposé de la ville du trône de saint Pierre. Heureusement, la lumière de la pleine lune lui donne une bonne visibilité. Avec un peu de chance, il atteindra le village avant l’aube. Après quelque temps, des claquements se font entendre. Un petit âne, chevaucher par une silhouette familière, trotte tranquillement pour le rattraper.

– Il est bien tard pour une balade nocturne, tu ne crois pas ? demande le père Valentin, ralentissant le pas de sa monture.

Bien sûr. Qui d’autre que Valentin, ami fidèle et père supérieur du monastère aurait pu deviner exactement où il se rendait ? Grégoire sait qu’il ne peut fuir, chargé comme il l’est. Mais il ne s’arrête pas.

– Tu sais aussi bien que moi que je ne suis pas digne de cette tâche. Je ne suis même pas évêque. J’ai choisi la vie monastique pour servir Dieu dans l’humilité et la paix.

À sa grande surprise, Valentin n’essaye pas de le raisonner ou de lui barrer le chemin. Au contraire, il descend de sa monture et marche à ses côtés.

– Pourtant tu refuses le chemin sur lequel il t’envoie, remarque ce dernier.

– Ce n’est pas Dieu mais les hommes qui m’ont élu.

– Ta clarté d’esprit a fait de toi le meilleur apocrisiaire (représentant de l’Église de Rome) de Constantinople. Rome est en péril. Tes dons de médiateurs sont nécessaires pour faire face à ces fléaux. Ne le vois-tu pas ? 

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Les paroles de Valentin ne laissent pas Grégoire de marbre mais il ne peut se résoudre à croire que c’est lui dont Rome a besoin. Les débordements du Tibre, la peste, les Lombards qui n’attendent que l’occasion d’attaquer à nouveau… Que peut-il contre un tel chaos ?

– Je ne suis bon qu’à prier et rédiger des œuvres pieuses. Comment puis-je faire cela depuis le trône de saint Pierre ?

Cette fois, Valentin fronce les sourcils.

– Si je t’entends bien, tu veux servir Dieu mais seulement de la manière qui te sied ? Prend garde Grégoire, ceci ne ressemble guère à de l’humilité. Rappelle-toi qu’il faut servir le Seigneur selon sa volonté, et non la tienne.

Ces mots éveille en Grégoire le souvenir de sa consécration à Dieu, et il s’arrête enfin. Son vœu n’était pas seulement un vœu de service, mais également d’obéissance. Que ce soit par peur ou par désir de confort, cette fuite le rendait encore plus indigne de Dieu qu’il ne se l’était déjà. Ah, quel benêt ! Le voici rouge de honte devant le Dieu qu’il aime tant.

Pourtant, l’angoisse ne le quitte pas. Certes, avec son expérience de conseiller auprès du pape défunt, il sait à quoi s’attendre mais ne peut s’imaginer résoudre de tels conflits.

– Ne crains rien, lui dit son fidèle ami. Tu ne seras jamais seul.

Des cris se font entendre en haut de la colline et des lueurs de torches apparaissent près du monastère. On le cherche pour l’escorter à Rome.

– Seigneur, songe-t-il, j’irai là où tu me voudras. Alors, par pitié, n’abandonne pas ton indigne serviteur.

Malgré sa réticence première, Grégoire Ier ne manque jamais à son devoir de pape. Il meurt le 12 mars 604 et est canonisé cinquante ans plus tard, après une vie de dévotion envers les malades, de réformes liturgiques, de négociations pour la paix, et de propagation de la foi au-delà des frontières. Il est au côté de saint Augustin, saint Ambroise et saint Jérôme, l’un des premiers docteurs de L’Église. En prenant place sur le trône de saint Pierre, ce pape s’est fait serviteur de tous. 

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SOURCE : https://fr.aleteia.org/2020/09/02/le-plus-grand-pape-de-lhistoire-ne-voulait-pas-etre-pape/?utm_campaign=Web_Notifications&utm_source=onesignal&utm_medium=notification


Saint Grégoire le Grand

Les hautes montagnes sont pour les cerfs, la pierre est le refuge des hérissons (Ps 103). Ceux qui sont capables des bonds de la contemplation possèdent les hautes montagnes de l’intelligence. Quant à nous, tout petits hérissons, que la pierre nous soit un refuge ! Tout petits et tout couverts des épines piquantes de nos péchés, nous ne pouvons saisir les choses élevées, mais cachés dans le refuge de notre pierre, la foi au Christ, nous sommes sauvés !

Hom. sur Ézéchiel 9, 31

Qu’enfermé de toutes parts à la manière de l’eau, l’esprit humain se recueille pour s’élever, tel le jet d’eau vers le ciel, tendant toujours à remonter là d’où à est descendu… en se dispersant, le jet d’eau se brise, il se répand alors sans profit ! La citadelle de l’esprit qui n’a pas des murs de silence s’offre aux coups de l’ennemi.

Pastoral III, 14

Il ne peut plus rechercher les petits ruisseaux, celui qui puise à la source même de la Vérité.

Moralia 30, 14, 49

I. Vie

Indiquons rapidement les étapes de la vie de Grégoire qui fut successivement laïc engagé, moine contemplatif et pasteur d’âmes : laïc, il fut préfet de Rome, il transforma ensuite sa vaste demeure du Coelius en monastère. Après y avoir vécu cinq ans, il fut nommé diacre et envoyé comme apocrisiaire à Constantinople de 579 à 586. Il devint pape en 590, vers l’âge de 50 ans. Il mourut en 604.

1. La famille

Grégoire naît à Rome vers 540. Sa famille est patricienne et chrétienne. Son arrière grand-père paternel - Félix III - avait été pape. Son Père Gordianus est sénateur et notaire régionaire - sa mère Silvia sera honorée comme sainte. Les trois sœurs de son père - Tharsilla, Emiliana et Gordiana sont consacrées à Dieu et vivent dans la maison familiale. Tharsilla et Emiliana seront, elles aussi, vénérées comme saintes. Quant à Gordiana pour qui Grégoire se montre sévère, elle ne persévéra pas et épousa un de ses fermiers. On pense que Grégoire avait un frère.

2. Le contexte historique

Le contexte historique est très sombre : en 540 sévit la guerre de reconquête de l’Italie contre les Ostrogoths. En 543 éclate une épidémie de peste noire. On ne sait rien de précis sur la formation intellectuelle de Grégoire. Il dut apprendre le droit et la jurisprudence. Il n’a rien d’un philosophe.

3. Préfet de Rome

Vers 572, Grégoire devint préfet de Rome, il présidait donc au Sénat, il était le plus haut magistrat de la ville.

4. Moine au Coelius

Après avoir longtemps hésité, Grégoire quitte le monde vers l’âge de trente-cinq ans, il distribue ses biens et se fait moine [1]. Il fonde dans sa maison paternelle un monastère dédié à saint André, le Clivus Scauri et fonde six monastères dans ses immenses domaines familiaux en Sicile. Grégoire n’est pas Abbé car un saint religieux nommé Valentin [2] était à la tête du monastère et ce serait un anachronisme de dire Grégoire bénédictin, il est moine et il demeure moine au Coelius plus ou moins cinq ans :

Quittant tout et non à la légère - car longtemps, longuement, j’ai différé la grâce de la conversion à l’état monastique - je gagnai le havre d’un monastère et laissant ce qui est du monde (hélas, je le croyais) je m’échappai nu du naufrage de cette vie.

Moralia, Préface

5. Diacre et apocrisiaire à Constantinople

Mais en 579, Grégoire est ordonné diacre.

Comme l’effort de la tempête lorsqu’elle s’augmente arrache souvent une barque de la rade la plus sûre quand on n’a pas assez soigneusement attaché les câbles, ainsi, soudain, sous le prétexte de mon ordination (au diaconat), je me trouvai tout d’un coup emporté dans la pleine mer des affaires du siècle.

Moralia, Préface

Le pape Pélage II envoie Grégoire comme apocrisiaire - nous dirions comme nonce - à Constantinople auprès de l’empereur Tibère Il auquel succède l’empereur Maurice. Grégoire ne sait pas le grec et il ne l’apprend pas. Il demeure six ans à Constantinople entouré d’un petit groupe de moines de Saint-André. On attend de Grégoire qu’il obtienne de l’empereur de l’aide pour l’Italie. Il écrit alors du moins en grande partie le livre des Moralia sur Job, à la demande de ses frères moines et de son ami Léandre de Séville qu’il connut à Constantinople.

Pour n’avoir pas conservé avec assez de fermeté la paix dont je jouissais dans le monastère, j’ai reconnu en la perdant de quelle importance il est de la conserver quand on la possède… Quoi que l’emploi pour lequel on m’avait obligé de sortir du monastère me fit comme mourir à la vie tranquille par l’épée des occupations extérieures, je ne laissais pas néanmoins, au milieu de ces dissipations importunes, d’aller tous les jours reprendre une vie nouvelle et ranimer mes sentiments de componction dans de saintes lectures et de salutaires entretiens avec mes frères.

Moralia, Préface

6. Retour à la vie monastique

Grégoire revint ensuite à son monastère du Clivus Scauri au Coelius où il resta encore à peu près cinq ans.

7. Le pontificat

En 590, le pape Pélage II mourut de la peste qui sévissait, suite à une inondation du Tibre. Grégoire est élu, il recevra la consécration épiscopale le 3 septembre 590, après une tentative de fuite et après avoir vainement sollicité le veto de l’empereur. Grégoire se dévoue aux pestiférés, institue de grandes processions. La famine sévit car les greniers à blé des bords du Tibre ont été emportés. Grégoire s’occupe très concrètement des malheureux : « Le patrimoine de l’Église est la propriété des pauvres », dit-il. Voici les trois grandes pensées du pontificat de Grégoire : • la défense de l’Italie, • la lutte contre la simonie et l’immoralité du clergé, • la conversion des anglo-saxons.

En somme, Grégoire est vice-roi d’Italie et même de l’Occident, de Constantinople à Séville, de Cantorbery à Alexandrie. Il s’occupe de l’Illyrie, de l’Espagne, de l’Afrique. Il essaie de conclure la paix avec les Lombards, son trait de génie fut d’ailleurs de dissocier le catholicisme de la civilisation romaine.

J’ai vu de mes propres yeux les Romains attachés comme des chiens, la corde au cou, on les menait en Gaule pour les vendre.

Moralia, Préface

Grégoire donnait ordre de racheter les captifs. Il devint le pasteur de l’Occident barbare. Il entretint avec les rois barbares une correspondance suivie. Ce fut en 596 qu’Augustin de Cantorbery fut envoyé aux pays des Angles.

La vie de Grégoire fut une longue souffrance ; sa santé était très déficiente ; mais surtout, accaparé par les misères des temps au point de confondre la fin d’un monde avec la fin du monde qu’il crut - imminente, Grégoire connut la souffrance du mystique vivant parmi les agitations. Il fut malade les trois ou quatre dernières années de sa vie et il mourut le 12 mars 604.



II. Œuvres

1. Relevé des œuvres

Les Moralia sur Job

Les Moralia reproduisent des conférences monastiques de Grégoire données aux quelques moines groupés à Constantinople autour de lui tandis qu’il était apocrisiaire. C’est un ouvrage très long, le plus étendu de toute l’œuvre de Grégoire. Ce commentaire oral fut retouché à plusieurs reprises, les dernières retouches qu’y fit Grégoire datent de la seconde moitié de son pontificat : Moralia 27, 21 par exemple fait allusion au succès de la mission d’Angleterre. La relation avec le texte biblique est très large, le titre indique d’ailleurs que ce livre est une suite d’exhortations morales.

Le Pastoral

Le Liber regulae pastoralis fut composé vers 591. L’évêque Jean de Ravenne reprochait à Grégoire d’avoir voulu se dérober à la charge d’évêque de Rome. Grégoire lui répond [3]. En trois parties d’inégale longueur, Grégoire étudie successivement les conditions requises pour bien exercer la charge pastorale (11 chapitres), les règles de vie du vrai pasteur (11 ch.), les règles de la prédication et de l’enseignement catéchétique (40 ch.). Il termine par un chapitre consacré à une réflexion sur son infirmité personnelle. Le Pastoral témoigne de la sagesse de Grégoire, de son esprit de modération si proche de l’esprit de discrétion qu’il reconnaissait à saint Benoît [4] et de son sens psychologique.

Les Homélies sur l’Évangile

Ces prédications sont destinées à la masse des fidèles, aussi sont-elles très simples et moralisantes. Elles furent prononcées au cours de la messe : inter sacra missarum solemnia. Grégoire estimait en effet qu’un des premiers devoirs de l’évêque était de commenter l’évangile lu à la messe. Ces quarante homélies, prononcées de 590 à 593, furent publiées dès 593. On sait que seules l’homélie 17 et les vingt dernières furent prononcées par le pape Grégoire, les 19 autres durent être lues par un secrétaire, car les crises d’estomac de Grégoire, qui nous renseigne avec grande simplicité sur sa santé, le rendaient aphone.

Les Homélies sur Ézéchiel

Les 22 homélies sur Ézéchiel furent rédigées pour un public à prédominance monastique. Grégoire cependant déclare les avoir prêchées devant le peuple - coram populo - mais il est certain qu’il les reprit et les corrigea à la demande de moines et à leur intention. C’est dans ces homélies, qui forment un vrai traité de la contemplation, que se trouvent les plus belles considérations mystiques de toute l’œuvre de Grégoire.

Les Dialogues

Les Dialogues traitent de la vie et des miracles des saints italiens. Cet ouvrage se présente sous forme de dialogues : une conversation s’échange entre le pape Grégoire et son jeune et ingénu diacre Pierre. On peut dater l’écrit de 593/594. Il se compose d’une suite de récits écrits pour de simples fidèles avides de merveilleux. L’œuvre, qui vise à l’édification populaire, est très attrayante. Si l’on admet et comprend le genre littéraire particulier, on est préparé par là même à le dépasser et à recueillir les pensées profondes de Grégoire.

Des quatre livres qui composent les Dialogues, le deuxième est entièrement consacré à présenter la personnalité de saint Benoît, en qui « réside l’esprit de tous les justes ».

Expositions sur le livre des Rois

Leur authenticité, qui a été contestée, est à nouveau démontrée [5]. Ce livre contient de longs développements sur la grâce de l’onction épiscopale.

Expositions sur le Cantique des Cantiques

Deux homélies authentiques [6]. On en avait longtemps contesté l’authenticité.

Le Registre des Lettres

Ce registre compte 868 lettres, quelques-unes d’entre elles sont attribuées à Pélage II, mais en fait elles sont bien écrites par Grégoire qui était le secrétaire du pape Pélage. Ces lettres permettent au lecteur d’apprécier l’œuvre de gouvernement de Grégoire, elles sont importantes aussi au point de vue de sa théologie morale. Leur qualité humaine et littéraire est exceptionnelle. Il est vrai cependant que dans ces lettres officielles Grégoire a su user, et on le lui reproche, du procédé bien connu de la captatio benevolentiae [7], il ne craint pas de se montrer bienveillant envers la reine Brunehaut ou envers l’empereur Phocas, assassin de l’empereur Maurice.

Œuvre liturgique

Il faut relever l’apport personnel de saint Grégoire dans la composition du formulaire qui porte le nom de Sacramentaire grégorien [8].

2. Le style

À la fin de la préface de ses Moralia sur Job, Grégoire écrit :

C’est une chose indigne de vouloir assujettir aux règles de Donat (le grammairien) les paroles des divins oracles [9].

On s’indigna d’un tel propos, on le prit au tragique ! On parla de la barbarie de Grégoire ! Or, il est évident que Grégoire voulut seulement se séparer du style recherché des décadents. « Ce ne sont pas les valeurs éternelles de l’humanisme que Grégoire refuse, mais les jeux d’une puérilité monstrueuse où se complaisent les derniers lettrés de son temps » [10]. Ce que refuse Grégoire, c’est le verbiage :
Tous nous savons bien que, lorsque les chaumes de moissons aux promesses trompeuses se développent en feuilles, les épis sont moins gonflés de grains.

Ep. miss. 5

La prose musicale de Grégoire est remarquable. Grégoire fait preuve d’une grande délicatesse naturelle et elle transparaît dans son style qu’il met au service de la pensée chrétienne. Ce style rythmé est savant par la structure étudiée des phrases, mais les images pittoresques qui l’émaillent donnent à l’expression un charme presque naïf. Rupert de Deutz (XIIe siècle) a dit très justement des écrits de Grégoire qu’ils ont à la fois une plénitude et une douceur dont l’alliance constitue leur grâce propre.



III. Doctrine spirituelle

Grégoire le Grand est, nous le verrons, le docteur du désir, le docteur de la contemplation dont le désir est l’âme. Toute la doctrine spirituelle de Grégoire s’ordonne autour de la recherche ardente de la contemplation, une contemplation qui n’est pas un bien jalousement gardé mais qui se communique à autrui dans la charité, une contemplation qui ne sera parfaite que dans l’au-delà mais qui est déjà expérience de la foi.

1. Deux thèmes importants

Les trois ordines

Tous les chrétiens sont appelés à la perfection, elle est l’idéal commun aux trois catégories de chrétiens, aux trois ordines : les personnes mariées (conjugati), les moines (continentes), les clercs (praedicatiores ou rectores).

D’une part, il y a le peuple chrétien (le laos d’après le mot grec, la plebs d’après le latin), de l’autre, les clercs, responsables du peuple chrétien : les praesules ou les praepositi. « l’Église est une diversité concordante »(Moralia 28).

Saint Jean Chrysostome déjà avait affirmé que gens du monde et moines ont le devoir d’atteindre le même sommet. Les moyens cependant diffèrent et la distinction des différentes catégories de chrétiens d’après leur état de vie respectif se base sur une différence de moyens déterminés par la différence des vocations. C’est à tous les chrétiens que s’adresse saint Grégoire lorsqu’il dit :

Traitez les affaires temporelles en tendant de toute votre âme aux réalités éternelles.

In Ez. II, 5, 19

Appelées à une même perfection, les trois catégories de chrétiens se distinguent cependant par les degrés de perfection de leur état de vie : gens mariés - moines ou célibataires consacrés à Dieu clercs voués à la prédication ou au service direct du peuple (laos) chrétien, c’est-à-dire des laïcs, voilà la hiérarchie ascendante de Grégoire car dans chacun de ces états de vie, il y a prédominance d’une forme de vie : vie active, vie contemplative, vie mixte et Grégoire met au sommet la vie mixte [11]
.
Vie active, vie contemplative, vie mixte

Parce que les gens mariés sont nécessairement engagés dans les affaires temporelles, il y a normalement chez eux prédominance de la forme de vie dite active, celle où l’on agit, où l’on s’affaire, mais aussi celle où l’on travaille à l’acquisition des vertus morales. Parce que les moines ont fui le monde [12] pour rechercher les conditions les meilleures à la contemplation ils sont voués à la recherche de la quies (l’hésychasme oriental) [13] et leur vie est une vie contemplative, la contemplation est donc leur privilège inamissible. Grégoire fut moine et le resta d’ailleurs, mais il fut appelé à quitter sa solitude et à devenir, selon l’expression qui est la sienne et qui signifie vraiment ce qu’elle dit, le serviteur des serviteurs de Dieu. Il en souffrit mais il n’y vit pas une perte, bien au contraire. Les clercs, les rectores ou praedicatores, sont entièrement voués au service des autres, leur vie est mixte, elle n’aurait aucun sens si elle ne transmettait aux autres, par l’action, les grâces puisées dans la contemplation : la vie mixte pour saint Grégoire ne se conçoit nullement comme une vie active qui s’interromprait pour se livrer par à coups à la contemplation, elle est la vie contemplative elle-même qui déborde en action.Il y a donc, encore qu’elle soit quelque peu artificielle, une corrélation entre les trois catégories de chrétiens et les trois états ou formes de vie. D’autre part, il faut dire qu’une vie active, purement et uniquement active, ne peut tout simplement pas se concevoir, d’après saint Grégoire. Toute vie chrétienne doit être contemplative. Une vie purement et uniquement contemplative peut à la limite se concevoir : elle serait anticipation de la vie de l’au-delà. Normalement, cependant, elle est réservée à l’au-delà [14], la faiblesse humaine ne permet guère d’y demeurer. Voici comment Grégoire parle à ce sujet aux rectores (les clercs qui mènent la vie mixte) :

Ne pouvant en cette vie rester longtemps dans la divine contemplation, ils ressemblent aux sauterelles (Ps 108 Excussus sum sicut locustae) après le saut qu’ils ont fait, ils se « reçoivent » dans leur chute et retournent aux exigences nécessaires de la vie active. Cependant ils ne sont pas satisfaits d’y demeurer et quand de nouveau, ils s’élancent avec ardeur vers la contemplation, ils recherchent pour ainsi dire l’air pour voler : ils passent leur vie comme les sauterelles, à prendre leur essor et à retomber ; alors que sans cesse, ils s’efforcent de ne jamais perdre de vue les réalités les plus élevées, ils sont rejetés sur eux-mêmes par le poids de leur nature corruptible.

Moralia 31, 49

La contemplation a toujours le pas sur l’action, mais les tendances active et contemplative sont complémentaires, elles ne peuvent se séparer ; chacun est appelé à respecter la tendance dominante de son tempérament (n’oublions pas que Grégoire est fin psychologue). La contemplation ne prouve son authenticité que dans le service des autres. Les clercs mènent donc, d’après leur état de vie, la vie mixte, la vie la plus parfaite, celle dont le Christ nous a montré l’exemple.

2. Trois conditions de la contemplation

L’ascèse

L’ascèse est un effort de purification tout ordonné à la contemplation. L’attention de Grégoire se porte sur l’intention et non sur des pratiques pénitentielles extérieures. Tout est centré sur la vie intérieure, sur la radix intentionis, la racine même de l’intention. L’ascèse est la garde du cœur : custodia cordis. Il faut remarquer cette insistance de Grégoire : tout part du cœur (cf. Mt 15, 19 etc. : c’est du cœur que procèdent mauvais desseins, meurtres etc.) - les expressions telles que « Oculus cordis, auris cordis, in ore cordis » affluent [15]. La conversion consiste d’ailleurs à « revenir à son cœur » - redire ad cor - telle est la façon de « faire retour au paradis », de revenir comme les mages par un autre chemin. Parmi les vertus, Grégoire recommande très spécialement la patience et l’humilité : elles sont deux aspects d’une même attitude de présence à Dieu et la présence à Dieu n’est-elle pas déjà la contemplation ? Grégoire avait été instruit par la maladie des limites de la nature humaine ; très psychologue, il en a toujours une conscience très vive, il insiste donc en matière d’ascèse pénitentielle sur la modération, sur la discrétion qu’il loua dans la Règle écrite par saint Benoît. Il est une ascèse plus fondamentale que celle qui consiste à accumuler des pratiques, c’est celle du renoncement à soi-même, du refus de suivre sa volonté propre. Par l’obéissance monastique, le moine se voue à cette ascèse, il se met à l’école sublime du Christ :

Le moine a décidé de se mettre à une plus sublime école, il se dispose à briser ses volontés les plus personnelles, il est prêt à renoncer même à ses bons désirs.

In I Reg. VI, 2, 22

Etre mort à soi-même par l’ascèse est d’ailleurs une condition de la vie mixte : comment sinon redresser les autres, être au service des autres pour les amener à la foi ?

La componction

On caractérise d’emblée la pensée de saint Grégoire sur la componction en disant qu’il la présente toujours comme une componction de contemplation. Elle est condition de la contemplation certes, mais déjà elle la suppose. En d’autres termes, on peut dire que saint Grégoire parle toujours d’une componction d’amour selon le sens plénier du mot, sens qui s’est toujours conservé en Orient [16]. À la suite de Saint Grégoire, voyons les étapes de la componction : Au point de départ de la conversion chrétienne se trouve une vive conscience de la misère de l’homme, une conscience vécue, éprouvée.

L’homme est tombé bien loin au-dessous de lui… ayant perdu la vue de son Créateur, il a en même temps perdu toute sa force et sa fermeté.

Moralia VIII, 8

De cette expérience naît l’humilité, la conscience de notre besoin de Dieu. Nous recevons alors de Dieu la componction, c’est-à-dire un choc salutaire, un coup, une piqûre, une brûlure. Le terme était d’origine médicale : un élancement. Au sens religieux, il signifie une douleur du fait de notre péché, de notre besoin de Dieu, de notre désir de Dieu.

Nous nous laissons entièrement consumer au feu de la douleur (offrant ainsi un holocauste pour nos péchés).

Moralia 32, 1

Quand Dieu entre dans une âme, son entrée est suivie des gémissements de la pénitence, en sorte que désormais la plus grande joie de l’âme est de répandre les pleurs du salut… C’est comme par un éclat de tonnerre qu’il nous frappe quand par sa grâce, il nous réveille de notre négligence et de notre assoupissement.

Moralia 27,40

Mais ce choc, cette voix tonnante de Dieu peut se faire chant intérieur, léger murmure, parole silencieuse (Moralia 30, 20-27, 42-45, 52) et les larmes de l’amour accompagnent toujours celles de la pénitence si bien que de plus en plus les larmes de joie dominent.

Ils ne cessent de désirer voir le Roi dans sa beauté et de pleurer d’amour chaque jour.

Hom. Ez., II, 10, 21

Grégoire lui-même a tracé le chemin de la componction : l’âme pense à ce qu’elle fut, au châtiment qui la menace, à ce qu’elle est, au lieu où elle n’est pas : elle chemine donc, de la contrition au désir :

Là où elle fut, là où elle sera, là où elle est, là où elle n’est pas.ubi fuit, ubi erit, ubi est, ubi non est.

Moralia 23, 41

Cassien aussi, avant Grégoire, insistait sur la componction d’amour.

Quel est l’homme qui pourrait exposer la variété des sentiments de componction qui embrasent le cœur d’une brûlante ardeur et lui font former des prières si pures et si ferventes… Je psalmodiais, un verset de psaume m’a jeté en cette prière toute de feu… Souvent, au souvenir de mes fautes, mes larmes ont coulé, et la visite du Seigneur m’a tellement vivifié de cette joie ineffable… que son immensité même me commandait de ne point désespérer de mon pardon.

Cassien, Conf. IX, 26-28

Grégoire est l’héritier authentique de la doctrine de l’Orient chrétien sur les larmes - le penthos - les prières catanyctiques [17]. On doit dire même qu’il l’enrichit. On comprend mieux le sens de la prière pour le don des larmes lorsqu’on découvre une doctrine aussi pénétrante. Grégoire nous conseille d’ailleurs de secouer (excuti) la componction de tristesse (Moralia 7, 13) pour nous arrêter au seul désir de Dieu qui s’exprime en cris désordonnés de joie dans le jubilus (si cher aussi à saint Augustin).

Beatus populus qui scit jubilationem (Ps 88) : l’âme est émue de pleurs de joie. L’esprit conçoit une joie ineffable qui ne peut plus être cachée et qu’aucun mot ne peut exprimer… Il n’est pas dit « Heureux le peuple qui dit sa joie », mais qui la connaît - cette joie qui peut être connue ne peut se dire. Elle est ressentie mais elle est bien au-delà de tout sentiment. La conscience de celui qui la ressent ne suffit pas à la contempler, comment pourrait-elle jamais l’exprimer. Je verrai ta face dans l’allégresse, et videbit faciem ejus in jubilo (Jb 33, 26).

Moralia 23, 10

Le désir

On appelle souvent saint Grégoire le docteur du désir. La componction et le désir sont des manifestations de l’amour qui tend sans cesse à la contemplation.

Celui qui de tout son esprit désire Dieu a déjà certainement celui qu’il aime.

Hom. in Evang. 30, 1

À la vingt-cinquième homélie sur l’Évangile se trouve le beau texte sur Marie-Madeleine où tous les thèmes se mêlent : recherche de Dieu, pleurs d’amour de la componction, le désir et sa croissance :

Elle pleurait en cherchant, enflammée du feu de son amour, elle brûlait de désir… À celle qui aime, il ne peut suffire de regarder une seule fois car la force de l’amour multiplie l’ardeur de la recherche… Les désirs dont la réalisation est différée croissent et ayant atteint toute leur croissance, ils deviennent capables de saisir ce qu’ils ont enfin trouvé.

Hom. in Evang. 25

La componction nous creuse et elle augmente notre capacité de Dieu. Aussi, nous ne sommes plus que désir et ce désir - qui est un état de prière - est la forme même de notre amour. « Anhelare, aspirare, suspirare » : Grégoire a tout un vocabulaire limpide, pur, très chaste, du désir.

Le désir, à mesure qu’il s’intensifie, est comblé par une possession de Dieu qui le fait croître encore. Plus encore que saint Augustin, et avec un autre accent, Grégoire a chanté à chaque page de ses écrits le désir de l’âme.

Le désir de Dieu suppose une purification des désirs.

La purification des désirs se réalise par l’ascèse. L’homme terrestre désire naturellement les délices terrestres et les choses spirituelles ne provoquent qu’ennui à celui qui les ignore :

L’absence des délices corporelles attise en nous un violent désir mais leur jouissance pour qui s’en nourrit tourne immédiatement en dégoût causé par la satiété. L’absence des délices spirituelles au contraire provoque le dégoût mais leur possession éveille le désir. Plus on en mange, plus on en a faim, et plus on en a faim, plus on s’en nourrit.

H. Ev. 36

Désirer Dieu, c’est se purifier d’autres désirs, c’est se détacher pour s’attacher. Le désir de Dieu exige de nous une lutte courageuse contre les tendances contraires en nous à ce désir. Les biens terrestres sont à notre usage (ad usum), ils ne peuvent nous dominer

Qu’elles soient possédées, les choses terrestres, qu’elles ne vous possèdent pas.

H. Ev. 36

Que surtout nous n’aimions pas nos désirs mauvais :

Nous ne voulons pas goûter au-dedans la douceur qui nous est préparée, préférant au-dehors, malheureux que nous sommes notre état d’affamés (amamus forismiserii famem nostram).

H. Ev. 36

Saint Grégoire poursuit en remarquant qu’il ne faut regarder que de côté tout ce qui passe :

Usez des choses temporelles durant votre pèlerinage, mais désirez les biens éternels pour le terme. Il faut ne regarder que de côté - ex latere - pour ainsi dire tout ce qui passe dans ce monde, les regards de notre âme doivent se porter devant nous tandis que de toute leur force ils considèrent ce à quoi nous devons parvenir.

H. Ev. 36

Le désir est l’âme de la prière

Ce qui rend nos voix puissantes (pénétrantes) aux oreilles très secrètes de Dieu, ce ne sont pas nos paroles mais nos désirs. Si nous demandons la vie éternelle de bouche (du bout des lèvres) mais que nous ne la désirons pas du fond du cœur, nous nous taisons malgré notre clameur (tacentes clamemus). C’est dans le désir que se trouve cette secrète clameur qui ne parvient pas aux oreilles humaines mais qui remplit l’ouïe du Créateur (auditum Creatoris replet).

Moralia XXII, 43

Le désir de Dieu apaise l’âme, harmonisant tout en elle, l’élevant au-dessus de l’immédiat :

Par le désir, transcendons toutes choses afin que puisse se recueillir en un seul objet notre cœur.

H. Ez. II, 10, 23

Le désir s’éclaire des lumières de la Révélation.

L’Incarnation du Verbe est révélatrice : la présence du Christ révèle l’Invisible si bien que notre désir « voit » déjà la Lumière qui nous est intérieure. Grégoire a des formules admirables et décisives pour parler de l’Incarnation révélatrice :

Par le mystère du Verbe incarné, tandis que nous connaissons Dieu sous une forme visible, nous sommes enlevés (rapiamur : c’est un rapt) dans l’amour des choses invisibles.

Préface de Noël

L’espèce humaine (que symbolise l’aveugle assis au bord de la route près de Jéricho) est illuminée par la présence de son Rédempteur afin qu’elle puisse voir déjà par le désir les joies de la Lumière intérieure (internae lucis gaudia jam per desiderium videat) et qu’elle puisse poser sur le chemin de la vie les pas de l’œuvre bonne.

Hom. 2 in Ev.

3. La contemplation d’après saint Grégoire

Rappelons ce qui a été dit plus haut à propos des états de vie : la vie active et la vie contemplative doivent, d’après saint Grégoire, se mêler, si bien que l’idéal est en somme la vie mixte, celle où la contemplation déborde en service du prochain. Aux états de vie correspondent des manières différentes d’unir l’action et la contemplation. Tous cependant sont appelés à la contemplation.

Le terme de vita contemplativa se retrouve jusqu’à 44 fois dans les Homélies sur Ézéchiel et 20 fois dans les Moralia. En voici une définition :

La vie contemplative consiste à conserver de tout son esprit la charité envers Dieu et le prochain, elle cherche à se reposer (quiescere) de l’action extérieure, à s’adonner au seul désir du Créateur, de telle sorte qu’on n’ait plus le goût d’exercer aucune action, dépassant tous les soucis, l’âme alors brûle du désir de voir la face de son Créateur.

Hom. Ez. II, 2, 8

Très fermement la condition première est posée : garder la charité - elle est le seul but - et sous son double aspect : envers Dieu, envers le prochain. Vient ensuite la description de la grande tendance contemplative : la recherche positive de l’otium, du repos. Grégoire fut dans l’action un contemplatif, sa vie fut une vie mixte, livrée au service du prochain, mais le désir de son âme ne cessa de l’entraîner vers la contemplation [18]. Mais cette contemplation elle-même à laquelle l’ascèse, la componction et le désir prédisposent et pour laquelle l’otium est requis, comment Grégoire la définit-il ? Elle est pour lui une mystique de la Vision. Elle est regard vers Dieu, désir incessant de le voir, bien plus elle est Vision mais vision de foi, vision de désir, vision nocturne. Le brouillard s’interpose, la foi et le désir le traversent : le regard s’arrête sur le mystère (arcana). Cet idéal : « voir Dieu » est une aspiration johannique (Jn 1, 14 ; 11, 40 ; 14, 9 etc.) qui fut admirablement reprise par saint Irénée déjà :

De même que ceux qui voient la lumière se trouvent dans la lumière et participent à son éclat, de même ceux qui voient Dieu sont en Dieu parce qu’ils participent à son éclat. La clarté les vivifie et ceux qui voient Dieu en reçoivent la vie.

Irénée, AH IV, 20, 5

La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant et la vie de l’homme c’est la vision de Dieu.

Irénée, AH IV, 20, 8

Et Grégoire de Nysse dit de même :

Voir Dieu, c’est la vie de l’âme.

Grégoire de Nysse, Traité des enfants morts sans baptême, PG 46, 176 a

Regarder et continuer de regarder avec un grand désir les « arcanes » de Dieu est un acte d’amour d’où résulte une possession : l’âme « perçoit » - elle « sent ». La prière rend possible la vision de désir. Dieu apparaît à Grégoire comme une lumière incirconscrite (lumen incircumscriptum). Sa perception de la transcendance divine est très vive mais faite de simplicité, de pureté, de limpidité ; devant Dieu l’âme se simplifie, elle se réjouit de sa pauvreté intérieure, « s’endort à tout le reste ». On connaît cette lumière invisible par le sentiment même qu’on éprouve de l’ignorer. Dieu est simple. Il est tout ce qu’il a :

Il a l’éternité, mais c’est lui-même qui est l’éternité. Il a la lumière mais c’est lui-même qui est sa propre lumière. Il a l’éclat mais c’est lui-même qui est son propre éclat.

Moralia 16, 54

Dieu est entièrement présent à lui-même, toujours, il est vie, vérité, force, sagesse, soleil, feu, source de lumière, principe de toute clarté.

Une contemplation chrétienne : par la Médiation du Christ.

La contemplation d’après saint Grégoire passe toujours par la Médiation du Christ. Les images que Grégoire utilise pour en parler sont souvent empruntées au thème de la lumière : le Christ nous illumine. Dans le Christ incarné, dit-il, la Lumière du Verbe se dissimule dans la chair comme dans un vase de terre (testa) mais c’est afin de ne pas nous éblouir. Le Christ est comme une figure de vermeil (quasi speciem electri) : l’argent et l’or s’y mêlent. Cet alliage rend l’argent de l’humanité plus brillant mais il tempère l’éclat de l’or de la divinité (Hom. Ez. 1, 8, 25). C’est dans le Christ que s’opère le passage du visible à l’invisible, de l’extérieur à l’intérieur, de la foi à l’intelligence de la foi, de l’humanité à la divinité : le Christ est notre Pâque. Le regard sur l’humanité du Christ est déjà, par la foi, regard sur la divinité. Ce regard que dès maintenant (Jam quidem) nous portons sur notre Médiateur est donc le commencement de la vie bienheureuse. Dieu dans le Christ élève l’homme jusqu’à lui : Dieu est venu à l’homme dans le Verbe incarné et l’Esprit du Père et du Fils vient dans l’homme y répandant ses sept dons par lesquels l’âme peut retourner à Dieu : la crainte servile devient filiale et engendre l’attitude religieuse de piété ; la science donne de discerner la volonté de Dieu et l’homme reçoit la force de réaliser le devoir discerné ; le don de conseil lui donne de ne pas préjuger de cette force ; enfin dans l’intelligence que l’âme a de Dieu et d’elle-même, elle atteint la sagesse qui est la forme la plus haute de l’illumination (de la lumen illuminans). (D’après Moralia XVIII, 81).



4. Quelques précisions sur le vocabulaire de la contemplation

La vision de Dieu

Le terme nous paraît très fort, aussi doit-il être replacé dans le contexte grégorien constant de désir, de recherche. Grégoire emprunte d’ailleurs le terme à saint Augustin mais il le vide de toute l’influence de l’intellectualisme grec. La vision de Dieu est bien pour saint Grégoire, l’acte même de la vie contemplative.

Ici-bas, au-delà

Il est important de remarquer que ces deux termes ne s’opposent nullement pour saint Grégoire. Il n’y a nulle rupture entre l’ici-bas et l’au-delà mais parfaite continuité, bien plus l’au-delà est ici-bas en ce sens qu’il est très réellement commencé. Notre contemplation est une contemplation inchoative. Marthe et Marie sont sœurs comme l’étaient Rachel et Léa. Pierre et Jean sont unis.

L’amour qui commence ici-bas se parfait par la vision de Dieu dans l’éternelle patrie.

Hom. in Ez. II, 9, 10

Les fenêtres obliques

Saint Grégoire affectionne cette image. Les fenêtres obliques sont des sortes de meurtrières, très étroites à l’extérieur, larges à l’intérieur :

Dans les fenêtres obliques, la partie par laquelle la lumière pénètre est étroite (angusta), mais la partie intérieure qui recueille cette lumière est large. Ainsi les âmes de ceux qui contemplent. Elles ne voient qu’une faible lueur de la véritable lumière (tenuiter) et cependant tout en elles semble se dilater. Sans doute ne peuvent-elles saisir que peu de choses de ce qu’elles regardent. Ce que, en contemplant, elles voient n’est presque rien (exiguum valde) mais ce rien suffit à dilater le sein des âmes (laxatur sinus mentium) et à augmenter leur ferveur et leur amour. Accueillant la lumière de la vérité comme au travers de meurtrières (quasi per angustias) tout chez elles semble s’élargir.

In Ez. II, 5, 17

La réverbération

La contemplation est pour Grégoire un état normal : son acte est très fréquent : saepe et cependant elle ne peut être que fugitive. L’âme est ravie hors d’elle-même, elle est élevée au-dessus d’elle-même (Moralia 24, 11), l’intelligence se transcende mais par moments furtifs (raptim, per transitum, quasi furtim), ensuite vient nécessairement la reverberatio. La violence de l’éclat de la lumière repousse l’âme :

Et cependant, repoussée, elle aime. Et tamen repulsus amat.

Moralia 10, 13

Cette contemplation qui est toujours reprise mais qui ne peut être parfaite et stable, saint Grégoire aime de la symboliser par ce silence d’une demi-heure qui se fait dans le ciel (Ap 8, 1) :

Ardemment commencée, la contemplation n’atteint pas sa perfection.

Moralia 30, 53

Il se fait un silence dans le ciel (= l’âme du juste) car le vacarme des actions terrestres s’apaise afin que l’âme puisse prêter l’oreille au secret intime. Mais cette quiétude de l’esprit ne peut être parfaite en cette vie, aussi on ne peut dire que dans le ciel il y eut un silence d’une heure mais comme (quasi) d’une demi-heure…

H. Ez. II, 2, 14

La disproportion est trop grande entre l’âme et la lumière de Dieu, l’âme est comme repoussée, foudroyée. On le sait, la pensée est augustinienne et elle appartient à Plotin et déjà à Platon. L’insertion de Grégoire dans la pensée grecque est bien inconsciente cependant.

Le vol de l’âme

Le vol de l’âme est un élan, un désir, non pas un mouvement intellectuel, mais un mouvement spirituel qui soulève l’esprit vers la contemplation. La notitia est transcendée par le volatus - ce mot enchante Grégoire - comme l’intelligence est transcendée par le cœur.

Par la contemplation, nous sommes portés au-dessus de nous, nous sommes comme soulevés dans les airs.

In Ez. I, 3, 1

Des mains humaines apparaissent sous leurs ailes.

Ézéchiel 1, 8

car « sous le vol de la contemplation », il y a « la vertu de l’œuvre bonne ». Et certes, la vie contemplative est meilleure mais elle doit être unie à la vie active et soutenue par elle (voir H. Ez. 1,3,7 etc.). Mais si haut que pût mener le vol de l’âme, il ne peut la mener au-delà de la foi. L’objet de la contemplation est bien souvent l’excellence Verbe :

Les cœurs humains ne pourraient prendre leur envol pour contempler le Verbe si le Verbe tout-puissant ne s’était, pour les hommes, fait homme.

In Ez. I, 3, 14



IV. L’Écriture lue par saint Grégoire
[19]

Les trois étapes de son exégèse

Saint Grégoire parcourt habituellement trois étapes d’exégèse dans ses commentaires d’Écriture sainte : il franchit l’étape l’histoire pour exposer le sens allégorique, il franchit l’étape l’allégorie afin d’exposer le sens tropologique. L’allégorie est la lecture du Nouveau Testament dans l’Ancien elle est la lecture du Christ partout découvert :

La connaissance du Christ puisée dans l’Écriture est comme un feu caché dans la pierre ; qu’on frappe cette pierre par le fer d’un regard perçant et le secret sera arraché.

d’après H. Ez. II, 10, 1

La tropologie est le « sens moral », elle est la démarche essentielle à la pleine intelligence de l’Écriture - c’est le Sermo conversus ad nos, ad mores nostros. La parole de Dieu y prend son sens actuel, pour nous. De l’histoire donc il faut aller à la tropologie en passant par l’allégorie qui est la vérité de l’histoire, son sens. Histoire, allégorie, tropologie tracent la ligne sans brisure de l’unique action rédemptrice car tout se consomme dans l’Église et dans chaque chrétien, microcosme de l’Église parfaite. Tout se consomme dans l’homme intérieur. « Tout ce qui arrive à l’Église arrive aussi à chaque chrétien » (Pascal). « Ce qui se passait alors historiquement se réalise aujourd’hui spirituellement » (Adam Seat). C’est dans un mystère d’intériorisation que s’achève nécessairement la lecture de l’Écriture Dans le même sens, Angelus Silesius écrivait au XVIIe siècle : « L’Écriture n’est que l’Écriture… que Dieu dise en moi sa Parole d’éternité » [20].

Le Dieu Tout-Puissant qui n’a pas à s’étendre pour atteindre les grandes choses et lui qui jamais n’est à l’étroit dans les plus petites parle de l’Église entière comme s’il parlait d’une seule âme et souvent rien n’empêche de comprendre de l’Église entière ce qu’il dit d’une seule âme. [÷H. Ez. II, 2, 15÷]

L’Écriture « progresse avec ceux qui la lisent » (Moralia XX, 1, 1)

Nul peut-être ne l’a dit de manière plus précise et plus poétique que Grégoire. Qu’on se souvienne du beau commentaire de l’Evangile des disciples d’Emmaüs :

La simple Vérité n’a donc rien fait par duplicité elle a imité corporellement le modèle de ce qu’elle était dans leur esprit. … Ce n’est pas en écoutant les préceptes divins, mais en les observant qu’ils sont illuminés. Celui-donc qui veut comprendre ce qu’il a entendu, qu’il se hâte d’accomplir pratiquement ce qu’il a déjà pu entendre.

H. Ev. 23

Cassien († vers 430/435) disait de même :

A mesure que, par la méditation des Écritures, notre esprit se renouvelle, la face des Écritures commence, elle aussi, à se renouveler et la beauté d’une signification plus sacrée se met à croître, pour ainsi dire, à la mesure de notre propre progrès.

Cassien, Conf., 14, 11

Voici, à ce sujet, comment saint Grégoire commente la vision des roues (Ézéchiel 1, 15) : les roues se trouvent à terre, elles représentent l’Écriture sainte que nous devons soulever, toutes les quatre ont même aspect et elles semblent constituées de telle sorte qu’une roue se trouve au milieu de l’autre parce que dans l’Ancien Testament se trouve déjà, caché au centre, le Nouveau Testament :

Lorsque les animaux (les quatre Vivants) avançaient, les roues avançaient auprès d’eux parce que les paroles divines croissent avec celui qui les lit… Si l’âme de celui qui lit ne s’élève pas en progressant vers les hauteurs, alors les mots divins gisent comme dans les bas fonds, car ils ne sont pas compris.

Hom. Ez. 1, 7, 8

Les quatre évangiles (les quatre Vivants)

Puisque nous parlons ici des homélies sur Ézéchiel relevons une exégèse chère à Grégoire, elle est subtile et ses cadres de pensée ne sont plus les nôtres mais la pensée elle-même est profonde. Les quatre Vivants (si souvent représentés aux tympans des cathédrales romanes, précisément dans leur rapport avec le Christ glorieux) sont des animaux allégoriques qui désignent à la fois : • les quatre évangélistes • les quatre évangiles • les quatre mystères de la vie du Christ • les quatre démarches de la vie chrétienne.

L’Evangile de Matthieu débute par la généalogie charnelle du Christ : HOMME Celui de Marc, par la clameur du désert : LION Celui de Luc, par l’offrande rituelle de Zacharie : TAUREAU Celui de Jean par l’évocation de la divinité de Jésus : AIGLE

Le Christ est : HOMME : Incarnation TAUREAU : Passion - offrande du sacrifice LION : Résurrection - le lion de la tribu de Juda a vaincu - et le lion dort, paraît-il, les yeux ouverts AIGLE : Ascension.

Mais le Chrétien est membre du Christ et il doit être : HOMME : par sa raison TAUREAU : par son sens du sacrifice LION : par sa force d’âme AIGLE : par la contemplation.

L’Écriture doit être lue dans l’Église.

Elle est un « pain ». Où la manger, dès lors, sinon « dans la maison », tels les frères et sœurs de Job :
C’est dans la sainte Église qu’ils se nourrissent de la moelle de la mystique Parole.

Moralia XXXV, 14, 26

Comme Augustin, Grégoire aime dire que l’Écriture sainte est pour nous un « miroir » : nous y découvrons notre laideur, notre beauté, notre progrès ou notre déchéance.

Plus on médite l’Écriture plus on l’aime.

Elle n’est ni fermée à en être décourageante, ni accessible à en devenir banale. Plus on la fréquente, moins on s’en lasse, plus on la médite, plus on l’aime.

Moralia XX, 1, 1

L’Écriture conduit à l’amour

Le seul but de Dieu en nous parlant tout au long de la sainte Écriture, c’est de nous attirer à l’amour de Dieu et du prochain.

In Ez. I, 10, 14

On découvre l’ineffable et merveilleuse puissance de la Parole sacrée quand l’esprit à sa lecture se sent tout pénétré de l’amour d’en-haut.

H. Ez. 1, 7, 8

L’Écriture est un chant dans la nuit

Saint Grégoire dit de l’Écriture qu’elle est un chant dans la nuit (carmen in nocte). À sa lecture, la nuit pour nous s’illumine (Cf. Ps138), l’éternelle lumière à venir scintille déjà, par elle, à travers nos ténèbres. Elle nous inonde de délices car elle est source de contemplation et Grégoire lui applique toutes les images qu’il applique à la contemplation.

Le chant dans la nuit, c’est la joie dans l’épreuve puisque même affligés par les tribulations, nous goûtons déjà par l’espérance les joies de l’éternité. C’est ce chant dans la nuit que célébrait Paul : « Ayez la joie dans l’espérance, la constance dans la tribulation » (Ro 12, 12). C’est ce chant dans la nuit qu’entonnait David : « Tu m’es un refuge dans le tourment qui m’assiège. O ma Joie, délivre-moi de ceux qui m’assiègent » (Ps 31, 7). Voici qu’il nomme la nuit un tourment et que pourtant au milieu des tribulations, il appelle son Libérateur sa Joie ! Au dehors, certes, c’était la nuit dans l’assaut de l’épreuve niais au dedans retentissaient les chants de consolation et de joie.

Moralia XXVI, 16, 26

Ezéchiel entendit à la voix des roues deux grands ébranlements successifs (Ez 3, 12-13) : componction de pénitence et componction d’amour à l’audition des paroles de l’Écriture :

Enflammés de l’amour de notre Créateur, embrasés du feu d’une intense ferveur, nous pleurons d’être encore bien loin de la Face du Tout-Puissant… aimant désormais celui que nous connaissons, nous ne cessons plus de le désirer dans les larmes… C’est ce qui donne aux paroles de la sainte Écriture tout leur, goût au cœur de celui qui la lit : c’est ce qui fait que ceux qui aiment les lisent le plus souvent dans le silence, comme à la dérobée et à voix basse.

In Ez., I, 10, 39

L’Écriture doit être lue chaque jour (lectio divina).

Mets-toi donc à l’étude, je t’en prie, et médite chaque jour les paroles de ton Créateur. Découvre le cœur de Dieu dans les paroles de Dieu. … Mais pour y parvenir, que le Dieu Tout-Puissant répande lui-même en toi l’Esprit Consolateur ! Qu’il emplisse ton âme de sa présence et qu’en l’emplissant, il l’élève.

Lettre 4 au médecin Théodore

Conclusion

Préfet de Rome, moine, diacre, apocrisiaire et pape, Grégoire fut un homme mêlé au monde, un contemplatif et un pasteur d’âmes. Moine arraché malgré lui à son monastère pour le bien des âmes, il demeura moine toujours par le constant regret de sa vit claustrale, par le désir, par des réalisations effectives - il groupait des moines autour de lui - et par son intense vie de prière.

Ce pasteur d’âmes est constamment un moraliste : jamais cependant la morale ne se dissocie chez lui de la doctrine christocentrique. Il eut le souci de s’adapter à chacun et il montra un sens psychologique très averti, un sens aigu aussi de la faiblesse humaine que son état souvent maladif affina encore.

À une époque de décadence, Grégoire sut recueillir et unifier l’héritage du passé. Il n’a rien cependant d’un génie métaphysique si bien que lorsqu’on le compare à saint Augustin, et on aime à le faire, on parle toujours d’un abaissement de la pensée. Il est vrai que Grégoire n’est ni philosophe, ni intellectuel, mais pourquoi comparer un génie aussi personnel à qui que ce soit ? Grégoire est autre, constamment original par sa liberté, sa poésie, son sens de l’humour !

Un seul mot peut vraiment caractériser Grégoire : Grégoire est un mystique. Dogme, morale, spiritualité sont entraînés chez lui par un « vol de l’âme » jusqu’aux régions de la contemplation.

Grégoire a choisi avec insistance la vie mixte comme la forme de vie la plus parfaite : c’est qu’il sait que sans la charité, une charité effective qui se dépense pour le prochain, la contemplation ne serait rien (cf. 1 Co 13 mais la contemplation est chez Grégoire le visage même de l’amour et il n’eut rien de meilleur à donner au peuple chrétien que l’expérience de sa foi.

Grégoire est un témoin des arcanes de Dieu ! Grégoire est 1a grande autorité invoquée par saint Thomas d’Aquin dans les questions relatives à la contemplation. Ce grand spirituel fut au Moyen Âge le « directeur des consciences chrétiennes ». Il mérite de 1e demeurer.

Comment ne pas recueillir avec avidité un tel message :

Les expériences de ces avant-coureurs, de ces enfants perdu de notre race, élancés vers le Bien sans ombre, ces expérience nous restent consignées par eux, comme les documents rapportés par les explorateurs des terres presque inaccessibles. Les grands mystiques sont les pionniers et les hérauts du plus beau, du plus désirable, du plus merveilleux des mondes… toute proportion et toute différence gardées, les grands mystiques peuvent dire ce que disait le disciple bien-aimé : « Ce que nous avons vu, ce que nous avons entendu, ce que nos mains ont touché, nous vous l’annonçons ». Et de les entendre nous le raconter, notre âme frémit d’espoir et d’attente. Ils sont ainsi les témoins de la présence amicale de Dieu dans l’humanité.

Léonce de Grandmaison, La religion personnelle, p. 178-179.

La lecture de saint Grégoire nous ouvre à la présence de l’invisible :

O monde invisible, nous te voyons, O monde intangible, nous te touchons, O monde inconnaissable, nous te connaissons, O monde insaisissable, nous t’étreignons ! [21]

Source :
Soeur Gabriel Peters, Lire les Pères de l’Église. Cours de patrologie, DDB, 1981. Avec l’aimable autorisation des Éditions Migne.

[1] On peut lire l’histoire de sa vocation dans la préface des Moralia.

[2] D’après les Dialogues 4, 21.

[3] Il faut signaler l’étroite parenté du Pastoral de Grégoire le Grand et du traité Du Sacerdoce de Jean Chrysostome. Ces deux œuvres ont d’ailleurs une même source : le discours Sur la fuite de Grégoire de Nazianze. Le mot célèbre de Grégoire le Grand : « La conduite des âmes est l’art des arts et la science des sciences » est emprunté textuellement à Grégoire de Nazianze.

[4] Au second livre des Dialogues.

[5] Voir Dom P. Verbraken, Revue bénédictine, t. 66, 1956, p. 159-217.

[6] Voir Dom B. Capelle, Revue bénédictine, t. 41, 1929, p. 204-217.

[7] Procédé oratoire destiné à se concilier la bienveillance des auditeurs.

[8] Voir Dom B. Capelle, Revue bénédictine, tome 49, 1937, p. 13-28.

[9] On se souvient que le grammairien Donat fut le maître de Jérôme.

[10] Voir H.-I. Marrou, Histoire de l’éducation dans l’antiquité, Paris 1948, p. 445.

[11] Voir l’article sur Grégoire le Grand au Dictionnaire de Spiritualité par Dom R. Gillet. Nous nous en inspirons.

[12] Il est clair que ce vocabulaire est bien celui de saint Grégoire. Les perspectives actuelles d’ouverture au monde nous obligent à réviser ce vocabulaire. Mais peut-être suffirait-il d’étudier la vie de Grégoire, de comprendre jusqu’à quel point cette vie, qui demeurait une vie monastique, fut livrée au service de tous, pour réaliser quel fut le sens réel de ce vocabulaire. Il reste vrai que Grégoire souhaitait pour les monastères des conditions de paix qu’assurait un « retrait » du monde.

[13] Le mot latin quies et le mot grec hésychia ont exactement le même sens : repos, calme, paix, solitude. Qu’on ne perde pas de vue que, malgré son ignorance de la langue grecque, Grégoire fut en contact étroit avec l’Orient (apocrisiaire à Constantinople).

[14] Telle est aussi la pensée constante de saint Augustin.

[15] L’œil, l’oreille, la bouche du cœur. Comme Origène, comme saint Augustin et tant d’autres, Grégoire reconnaît en l’homme la présence des cinq sens spirituels.

[16] Nous suivons ici Dom Jean Leclercq dans L’amour des lettres et le désir de Dieu, Paris 1957, p. 34-35. Voir aussi le Dictionnaire de Spiritualité au mot « Componction ». Nous recommandons le livre d’I. Hausherr, Penthos, La doctrine de la componction dans l’Orient chrétien, Rome 1944, « Orientalia christiana analecta », N° 132.

[17] Les prières catanyctiques, du mot grec katanux, signifient les prières de componction, les prières pénitentielles, les prières qui font pleurer. On peut voir en ce sens tout l’admirable recueil des Prières de Grégoire de Narek, le grand poète arménien, SC N° 78, Paris 1961.

[18] Lorsque saint Bernard rédige à l’intention du pape Eugène III le traité De Consideratione, il lui propose saint Grégoire le Grand comme modèle : « C’est perdre sa vie, lui écrit-il, que de passer toute sa vie sans réserver quelque temps à l’otium (au loisir de la contemplation), saint Grégoire recherchait cet otium à l’heure même où Rome allait être assiégée ». Voir De Consideratione, I, 9, 10.

[19] Nous nous inspirons ici des pages consacrées à saint Grégoire le Grand dans H. de Lubac, Exégèse médiévale, 1, Paris, Aubier 1959, p. 187 et sv.

[20] Voir A. Silesius, Pèlerin chérubinique, II, 137.

[21] Trouvé dans les papiers de Francis Thompson après sa mort.

SOURCE :
http://www.patristique.org/Les-Peres-de-l-Eglise-latine-V-Gregoire-le-Grand-540-604.html



Saint Grégoire le Grand

Mort le 12 mars 604 et inhumé dans l’atrium de Saint-Pierre. Son anniversaire fut depuis lors célébré continuellement mais on ignore quand cet anniversaire funéraire se transforma en célébration du natale d’un saint.

Sa fête est assurée à Rome dès le VIIIe siècle. En Occident elle se répand d’abord logiquement en Angleterre (Concile de Cloveshoë en 747), puis dans tout l’empire carolingien.

Leçons des Matines avant 1960

Quatrième leçon. Grégoire le Grand était romain et fils du sénateur Gordien. Il étudia la philosophie dans sa jeunesse, et exerça la charge de préteur. Après la mort de son père, il fonda six monastères en Sicile ; il en établit un septième à Rome sous le nom de Saint-André, dans sa propre maison, près de la Basilique des Saints-Jean-et-Paul, sur la pente dite de Scaurus. Là, sous la conduite d’Hilarion et de Maximien, il fit profession de la vie monastique, et devint ensuite Abbé. Créé Cardinal-Diacre, il fut envoyé par le pape Pelage à Constantinople, en qualité de légat auprès de l’empereur Tibère-Constantin. Pendant qu’il se trouvait à la cour de ce prince, son zèle eut un résultat mémorable : il convainquit si évidemment d’erreur le Patriarche Eutychius, qui avait écrit contre la vraie et tangible résurrection des corps, que l’empereur jeta son livre au feu. Aussi, Eutychius lui-même étant peu après tombé malade, et sur le point de mourir, touchant la peau de sa main, disait en présence de nombreux témoins : « Je confesse que nous ressusciterons tous dans cette chair ».

Cinquième leçon. De retour à Rome, Grégoire fut élu Pontife avec l’accord le plus unanime, pour succéder à Pelage que la peste avait enlevé. Il ne voulut pas accepter cet honneur, et le refusa aussi longtemps qu’il put. Sous un habit étranger il alla se cacher dans une caverne, mais une colonne de feu indiquant sa retraite l’y fit découvrir ; on le consacra à Saint-Pierre. Pendant son pontificat, ce Pape a laissé à ses successeurs de nombreux exemples de doctrine et de sainteté. Il admettait tous les jours des étrangers à sa table, et parmi eux, il lui arriva de recevoir un Ange, et même le Seigneur des Anges, sous la figure d’un pèlerin. Il nourrissait libéralement les pauvres de Rome et de l’étranger, et avait une liste des nécessiteux. Il rétablit la foi catholique en beaucoup d’endroits où elle était chancelante ; car il réprima les Donatistes en Afrique, les Ariens en Espagne, et expulsa les Agnoïtes d’Alexandrie. Il ne voulut pas donner le pallium à Syagrius, Évêque d’Autun, si celui-ci ne bannissait de la Gaule les hérétiques néophytes. Il obligea les Goths à abandonner l’hérésie arienne. Ayant envoyé dans la Grande-Bretagne, Augustin et d’autres moines doctes et saints, il convertit cette île à la foi de Jésus-Christ, ce qui l’a fait appeler avec raison l’Apôtre de l’Angleterre, par le vénérable Prêtre Béde. Il réprima l’audace de Jean, Patriarche de Constantinople, qui s’arrogeait le nom d’Évêque de l’Église universelle. L’empereur Maurice ayant défendu aux soldats de se faire moines, Grégoire l’amena à révoquer cet édit.

Sixième leçon. Cet illustre Pontife orna l’Église de plusieurs institutions et lois très saintes. Dans un concile rassemblé à Saint-Pierre, il fit plusieurs ordonnances ; il établit entre autres choses qu’à la Messe on répéterait neuf fois Kyrie eleison, que l’Alléluia se dirait toute l’année, hors le temps compris entre la Septuagésime et Pâques, qu’on ajouterait au Canon ces mots : Établissez nos jours dans votre paix, etc. Il augmenta les Litanies, le nombre des Stations, et l’Office ecclésiastique. Il voulait qu’on eût la même estime pour les quatre conciles de Nicée, de Constantinople, d’Éphèse et de Chalcédoine, que pour les quatre Évangiles. Il accorda aux Évêques de Sicile, qui, selon l’ancienne coutume de leurs Églises, se rendaient à Rome tous les trois ans, la liberté de n’y venir que tous les cinq ans. Le diacre Pierre atteste avoir vu souvent le Saint-Esprit, en forme de colombe, au-dessus de la tête du pieux Pontife, pendant qu’il dictait les nombreux ouvrages qu’il a composés. Ses paroles, ses actions, ses écrits, ses décrets, sont dignes d’admiration, surtout si l’on considère qu’il était toujours faible et souffrant. Enfin, ayant fait aussi beaucoup de miracles, il fut appelé au bonheur céleste, après treize ans, six mois et dix jours de pontificat, le quatre des ides de mars, jour où les Grecs eux-mêmes célèbrent sa Fête avec des honneurs particuliers, à cause de l’insigne sagesse et de la grande sainteté de ce Pontife. Son corps a été enseveli dans la basilique de Saint Pierre, près de la sacristie.


Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Entre tous les pasteurs que le Christ a donnés à l’Église universelle pour le représenter sur la terre, nul n’a surpassé les mérites et la renommée du saint Pape que nous célébrons aujourd’hui. Son nom est Grégoire, et signifie la vigilance ; son surnom est le Grand, dont il était déjà en possession, lorsque Dieu donna le septième Grégoire à son Église. Ces deux illustres pontifes sont frères ; et tout cœur catholique les confond dans un même amour et dans une commune admiration.

Celui dont nous honorons en ce jour la mémoire est déjà connu des fidèles qui s’appliquent à suivre l’Église dans la Liturgie. Mais ses travaux sur le service divin, dans tout le cours de Tannée, ne se sont pas bornés à enrichir nos Offices de quelques cantiques pleins d’onction et de lumière ; tout l’ensemble de la Liturgie Romaine le reconnaît pour son principal organisateur. C’est lui qui, recueillant et mettant en ordre les prières et les rites institués par ses prédécesseurs, leur a donné la forme qu’ils retiennent encore aujourd’hui. Le chant ecclésiastique a pareillement reçu de lui son dernier perfectionnement ; les sollicitudes du saint Pontife pour recueillir les antiques mélodies de l’Église, pour les assujettir aux règles, et les disposer selon les besoins du service divin, ont attaché pour jamais son nom à cette grande œuvre musicale qui ajoute tant à la majesté des fonctions sacrées, et qui contribue si puissamment à préparer Pâme du chrétien au respect des Mystères et au recueillement de la piété.

Mais le rôle de Grégoire ne s’est pas réduit à ces soins qui suffiraient à immortaliser un autre Pontife. Lorsqu’il fut donné à la chrétienté, l’Église latine comptait trois grands Docteurs : Ambroise, Augustin et Jérôme ; la science divine de Grégoire l’appelait à l’honneur de compléter cet auguste quaternaire. L’intelligence des saintes Écritures, la pénétration des mystères divins, l’onction et l’autorité, indices de l’assistance du Saint-Esprit, paraissent dans ses écrits avec plénitude ; et l’Église se réjouit d’avoir reçu en Grégoire un nouveau guide dans la doctrine sacrée.

Le respect qui s’attachait à tout ce qui sortait de la plume d’un si grand Pontife a préservé de la destruction son immense correspondance ; et l’on y peut voir qu’il n’est pas un seul point du monde chrétien que son infatigable regard n’ait visité, pas une question religieuse, même locale ou personnelle, dans l’Orient comme dans l’Occident, qui n’ait attiré les efforts de son zèle, et dans laquelle il n’intervienne comme pasteur universel. Éloquente leçon donnée par les actes d’un Pape du vie siècle à ces novateurs qui ont osé soutenir que la prérogative du Pontife Romain n’aurait eu pour base que des documents fabriqués plus de deux siècles après la mort de Grégoire !

Assis sur le Siège Apostolique, Grégoire y a paru l’héritier des Apôtres, non seulement comme dépositaire de leur autorité, mais comme associé à leur mission d’appeler à la foi des peuples entiers. L’Angleterre est là pour attester que si elle connaît Jésus-Christ, si elle a mérité durant tant de siècles d’être appelée l’Ile des Saints, elle le doit à Grégoire qui, touché de compassion pour ces Angles, dont il voulait, disait-il, faire des Anges, envoya dans leur île le saint moine Augustin avec ses quarante compagnons, tous enfants de saint Benoît, comme Grégoire lui-même. Le saint Pontife vécut encore assez longtemps pour recueillir la moisson évangélique, qui crût et mûrit en quelques jours sur ce sol où la foi, semée dès les premiers temps et germée à peine, avait presque été submergée sous l’invasion d’une race conquérante et infidèle. Qu’on aime à voir l’enthousiasme du saint vieillard, quand il emprunte le langage de la poésie, et nous montre « l’Alléluia et les Hymnes romaines répétées dans une langue accoutumée aux chants barbares, l’Océan aplani sous les pas des saints, des flots de peuples indomptés tombant calmés à la voix des prêtres [1] » !

Durant les treize années qu’il tint la place de Pierre, le monde chrétien sembla, de l’Orient à l’Occident, ému de respect et d’admiration pour les vertus de ce chef incomparable, et le nom de Grégoire fut grand parmi les peuples. La France a le devoir de lui garder un fidèle souvenir ; car il aima nos pères, et prophétisa la grandeur future de notre nation par la foi. De tous les peuples nouveaux qui s’étaient établis sur les ruines de l’empire romain, la race franque fut longtemps seule à professer la croyance orthodoxe ; et cet élément surnaturel lui valut les hautes destinées qui lui ont assuré une gloire et une influence sans égales. C’est assurément pour nous, Français, un honneur dont nous devons être saintement fiers, de trouver dans les écrits d’un Docteur de l’Église ces paroles adressées, dès le VIe siècle, à un prince de notre nation : « Comme la dignité royale s’élève au-dessus des autres hommes, ainsi domine sur tous les royaumes des peuples la prééminence de votre royaume. Être roi comme tant d’autres n’est pas chose rare : mais être roi catholique, alors que les autres sont indignes de l’être, c’est assez de grandeur. Comme brille par l’éclat de la lumière un lustre pompeux dans l’ombre d’une nuit obscure, ainsi éclate et rayonne la splendeur de votre foi, à travers les nombreuses perfidies des autres nations [2]. »

Mais qui pourrait dépeindre les vertus sublimes qui firent de Grégoire un prodige de sainteté ? Ce mépris du monde et de la fortune qui lui fit chercher un asile dans l’obscurité du cloître ; cette humilité qui le porta à fuir les honneurs du Pontificat, jusqu’à ce que Dieu révélât enfin par un prodige l’antre où se tenait caché celui dont les mains étaient d’autant plus dignes de tenir les clefs du ciel, qu’il en sentait davantage le poids ; ce zèle pour tout le troupeau dont il se regardait comme l’esclave et non comme le maître, s’honorant du titre immortel de serviteur des serviteurs de Dieu ; cette charité envers les pauvres, qui n’eut de bornes que l’univers ; cette sollicitude infatigable à laquelle rien n’échappe et qui subvient à tout, aux calamités publiques, aux dangers de la patrie comme aux infortunes particulières ; cette constance et cette aimable sérénité au milieu des plus grandes souffrances, qui ne cessèrent de peser sur son corps durant tout le cours de son laborieux pontificat ; cette fermeté à conserver le dépôt de la foi et à poursuivre l’erreur en tous lieux ; enfin cette vigilance sur la discipline, qui la renouvela et la soutint pour des siècles dans tout le corps de l’Église : tant de services, tant de grands exemples ont marqué la place de Grégoire dans la mémoire des chrétiens avec des traits qui ne s’effaceront jamais.

Nous placerons ici quelques Antiennes et quelques Répons extraits d’un Office approuvé par le Saint-Siège en l’honneur d’un si grand Pape.

ANTIENNES ET RÉPONS

Ant. Le bienheureux Grégoire, élevé sur la chaire de Pierre, réalisa par sa vigilance la signification de son nom.

Ant. Pasteur excellent, il fut le modèle de la vie pastorale, en même temps qu’il en traça les règles.

Ant. Un jour qu’il expliquait les mystères de la sainte Écriture, on vit près de lui une colombe plus blanche que la neige.

Ant. Grégoire, le miroir des moines, le père de Rome, les délices du monde entier.

Ant. Ayant arrêté ses regards sur de jeunes Anglais, Grégoire dit : « Ils ont des visages d’Anges, il est juste de les faire participer au sort des Anges dans le ciel. »

R/. Dès son adolescence, Grégoire se livra avec ferveur au service de Dieu : * Et il aspira de toute l’ardeur de ses désirs à la patrie de la vie céleste. V/. Ayant distribué aux pauvres ses richesses, il se mit pauvre à la suite du Christ qui s’est fait pauvre pour nous ; * Et il aspira de toute l’ardeur de ses désirs à la patrie de la vie céleste.

R/. Ayant établi six monastères en Sicile, il y réunit des frères pour le service du Christ ; il en fonda un septième dans l’enceinte de la ville de Rome : * Et c’est là qu’il s’enrôla dans les rangs de la céleste milice. V/. Dédaignant le monde en sa fleur, il n’eut plus d’attrait que pour sa chère solitude ; * Et c’est là qu’il s’enrôla dans les rangs de la céleste milice.

R/. Comme on le cherchait pour l’élever aux honneurs du Pontificat suprême, il s’enfuit à l’ombre des forêts et des antres ; * Mais une colonne lumineuse apparut, descendant du ciel en ligne directe jusque sur lui. V/. Dans son ardeur de posséder un si excellent pasteur, le peuple se livrait au jeune et aux prières ; * Mais une colonne lumineuse apparut, descendant du ciel en ligne directe jusque sur lui.

R/. Me voici donc maintenant battu des flots de la grande mer, brisé des tempêtes de la charge pastorale : * Et lorsque, au souvenir de ma vie antérieure, je jette mes regards derrière moi, à la vue du rivage qui s’éloigne, je soupire. V/. Plein de trouble, je me sens emporté par des vagues immenses ; à peine aperçois-je encore le port que j’ai quitté : * Et lorsque, au souvenir de ma vie antérieure, je jette mes regards derrière moi., à la vue du rivage qui s’éloigne, je soupire.

R/. Ayant puisé dans la source des Écritures l’enseignement moral et la doctrine mystique, Grégoire dirigea vers les peuples le fleuve de l’Évangile ; * Et après sa mort sa voix se fait entendre encore. V/. Il parcourt le monde comme l’aigle ; dans sa vaste charité, il pourvoit aux grands et aux petits. * Et après sa mort sa voix se fait entendre encore.

R/. Ayant vu des jeunes gens de la nation anglaise, Grégoire regrettait que des hommes d’un si beau visage fussent dans la possession du prince des ténèbres ; * Et que sous des traits si agréables se cachât une âme privée des joies intérieures. V/. Du fond de son cœur il poussait de profonds soupirs, déplorant que l’image de Dieu eût été ainsi souillée par l’ancien serpent. * Et que sous des traits si agréables se cachât une âme privée des joies intérieures.

R/. L’évêque Jean ayant voulu, dans son audace, porter atteinte aux droits du premier Siège, Grégoire se leva dans la force et la mansuétude ; * Tout éclatant de l’autorité apostolique, tout resplendissant d’humilité. V/. Il fut invincible dans la défense des clefs de Pierre, et préserva de toute atteinte la Chaire principale ; * Tout éclatant de l’autorité apostolique, tout resplendissant d’humilité.

R/. Pontife illustre par ses mérites comme par son nom, Grégoire renouvela les mélodies de la louange divine ; * Et il réunit dans un même concert la voix de l’Église militante aux accords de l’Épouse triomphante. V/. Ayant transcrit de sa plume mystique le livre des Sacrements, il fit passer à la postérité les formules sacrées des anciens Pères. * Et il réunit dans un même concert la voix de l’Église militante aux accords de l’Épouse triomphante.

R/. Il régla les Stations aux Basiliques et aux Cimetières des martyrs ; * Et l’armée du Seigneur s’avançait, suivant les pas de Grégoire. V/. Chef de la milice céleste, il distribuait à chacun les armes spirituelles. * Et l’armée du Seigneur s’avançait, suivant les pas de Grégoire.

Saint Pierre Damien, dont nous avons célébré la fête il y a quelques jours, a consacré à la gloire de notre grand Pontife l’Hymne suivante.

HYMNE

Apôtre des Anglais, maintenant compagnon des Anges, Grégoire, secourez les nations qui ont reçu la foi.

Vous avez méprisé l’opulence des richesses et toute la gloire du monde, pour suivre pauvre le Roi Jésus dans sa pauvreté.

Un malheureux naufragé se présente à vous : c’est un Ange qui, sous ces traits, vous demande l’aumône ; vous lui faites une double offrande, à laquelle vous ajoutez encore un vase d’argent.

Peu après, le Christ vous place à la tête de son Église ; imitateur de Pierre, vous montez sur son trône.

O Pontife excellent, gloire et lumière de l’Église ! n’abandonnez pas aux périls ceux que vous avez instruits par tant d’enseignements.

Vos lèvres distillent un miel qui est doux au cœur ; votre éloquence surpasse l’odeur des plus délicieux parfums.

Vous dévoilez d’une manière admirable les énigmes mystiques de la sainte Écriture ; la Vérité elle-même vous révèle les plus hauts mystères.

Vous possédez le rang et la gloire des Apôtres ; dénouez les liens de nos péchés ; restituez-nous au royaume des cieux.

Gloire au Père incréé ; honneur au Fils unique ; majesté souveraine à l’Esprit égal aux deux autres. Amen.

Père du peuple chrétien, Vicaire de la charité du Christ autant que de son autorité, Grégoire, Pasteur vigilant, le peuple chrétien que vous avez tant aimé et servi si fidèlement, s’adresse à vous avec confiance. Vous n’avez point oublié ce troupeau qui vous garde un si cher souvenir ; accueillez aujourd’hui sa prière. Protégez et dirigez le Pontife qui tient de nos jours la place de Pierre et la vôtre ; éclairez ses conseils, et fortifiez son courage. Bénissez tout le corps hiérarchique des Pasteurs, qui vous doit de si beaux préceptes et de si admirables exemples. Aidez-le à maintenir avec une inviolable fermeté le dépôt sacré de la foi ; secourez-le dans ses efforts pour le rétablissement de la discipline ecclésiastique, sans laquelle tout n’est que désordre et confusion. Vous avez été choisi de Dieu pour ordonner le service divin, la sainte Liturgie, dans la chrétienté ; favorisez le retour aux pieuses traditions de la prière qui s’étaient affaiblies chez nous, et menaçaient de périr. Resserrez de plus en plus le lien vital des Églises dans l’obéissance à la Chaire romaine, fondement de la foi et source de l’autorité spirituelle.

Vos yeux ont vu surgir le principe funeste du schisme désolant qui a séparé l’Orient de la communion catholique ; depuis, hélas ! Byzance a consommé la rupture ; et le châtiment de son crime a été l’abaissement et l’esclavage, sans que cette infidèle Jérusalem ait songé encore à reconnaître la cause de ses malheurs. De nos jours, son orgueil monte de plus en plus ; un auxiliaire a surgi de l’Aquilon, plein d’audace et les mains teintes du sang des martyrs. Dans son orgueil, il a juré de poser un pied sur le tombeau du Sauveur, et l’autre sur la Confession de saint Pierre : afin que toute créature humaine l’adore comme un dieu. Ranimez, ô Grégoire ! le zèle des peuples chrétiens, afin que ce faux Christ soit renversé, et que l’exemple de sa chute demeure comme un monument de la vengeance du véritable Christ notre unique Seigneur, et un accomplissement de la promesse qu’il a faite : que les portes de l’enfer ne prévaudront point contre la Pierre. Nous savons saint Pontife ! que cette parole s’accomplira ; mais nous osons demander que nos yeux en voient l’effet.

Souvenez-vous, ô Apôtre d’un peuple entier ! Souvenez-vous de l’Angleterre qui a reçu de vous la foi chrétienne. Cette île qui vous fut si chère, et au sein de laquelle fructifia si abondamment la semence que vous y aviez jetée, est devenue infidèle à la Chaire romaine, et toutes les erreurs se sont réunies dans son sein. Depuis trois siècles déjà, elle s’est éloignée de la vraie foi ; mais de nos jours, la divine miséricorde semble s’incliner vers elle. O Père ! aidez cette nation que vous avez enfantée à Jésus-Christ ; aidez-la à sortir des ténèbres qui la couvrent encore. C’est à vous de rallumer le flambeau qu’elle a laissé s’éteindre. Qu’elle voie de nouveau la lumière briller sur elle, et son peuple fournira comme autrefois des héros pour la propagation de la vraie foi et pour la sanctification du peuple chrétien.

En ces jours de la sainte Quarantaine, priez aussi, ô Grégoire, pour le troupeau fidèle qui parcourt religieusement la sainte carrière de la pénitence. Obtenez-lui la componction du cœur, l’amour de la prière, l’intelligence du service divin et de ses mystères. Nous lisons encore les graves et touchantes Homélies que vous adressiez, à cette époque, au peuple de Rome ; la justice de Dieu, comme sa miséricorde, est toujours la même : obtenez que nos cœurs soient remués par la crainte et consolés par la confiance. Notre faiblesse s’effraie souvent de la rigidité des lois de l’Église qui prescrivent le jeûne et l’abstinence ; rassurez nos courages, ranimez dans nos cœurs, l’esprit de mortification. Vos exemples nous éclairent, vos enseignements nous dirigent ; que votre intercession auprès de Dieu fasse de nous tous de vrais pénitents afin que nous puissions retrouver, avec la joie d’une conscience purifiée, le divin Alléluia que vous nous avez appris à chanter sur la terre, et que nous espérons répéter avec vous dans l’éternité.

Nos âmes sont désormais préparées ; l’Église peut ouvrir la carrière quadragésimale. Dans les trois semaines qui viennent de s’écouler, nous avons appris à connaître la misère de l’homme déchu, l’immense besoin qu’il a d’être sauvé par son divin auteur ; la justice éternelle contre laquelle le genre humain osa se soulever, et le terrible châtiment qui fut le prix de tant d’audace ; enfin, l’alliance du Seigneur, en la personne d’Abraham, avec ceux qui, dociles à sa voix, s’éloignent des maximes d’un monde pervers et condamné.

Maintenant nous allons voir s’accomplir les mystères sacrés et redoutables, par lesquels la blessure de notre chute a été guérie, la divine justice désarmée, la grâce qui nous affranchit du joug de Satan et du monde répandue sur nous avec surabondance.

L’Homme-Dieu, dont nous avons cessé un moment de suivre les traces, va reparaître à nos regards, courbé sous sa Croix, et bientôt immolé pour notre Rédemption. La douloureuse Passion que nos péchés lui ont imposée va se renouveler sous nos yeux dans le plus solennel des anniversaires.

Soyons attentifs, et purifions-nous. Marchons courageusement dans la voie de la pénitence ; que chaque jour allège le fardeau que nos péchés font peser sur nous ; et lorsque nous aurons participé au calice du Rédempteur par une sincère compassion pour ses douleurs, nos lèvres longtemps fermées aux chants d’allégresse seront déliées par l’Église, et nos cœurs, dans une ineffable jubilation, tressailliront tout à coup au divin Alléluia !



Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Cette fête, également célébrée par les Grecs, se trouve déjà dans le Sacramentaire grégorien du temps d’Hadrien Ier, et c’est une des rares qui aient pénétré dès l’antiquité dans le Calendrier romain durant la période quadragésimale. Nous savons même qu’à Rome, au IXe siècle, eius anniversaria solemnitas, cunctis... pernoctantibus,... celebratur. In qua pallium eius, et phylacteria, sed et balteus eius consuetudinaliter osculantur [3]. La célébrité de saint Grégoire (+ 604) et surtout le sens symbolique assumé par sa personnalité historique, alors que, au moyen âge, il incarna l’idéal de la papauté romaine dans la plus sublime expression de sa primauté sur toute l’Église, justifiaient cette exception. On peut dire en effet que le moyen âge tout entier vécut de l’esprit de saint Grégoire ; la liturgie romaine, le chant sacré, le droit canonique, l’ascèse monacale, l’apostolat chez les infidèles, la vie pastorale, en un mot toute l’activité ecclésiastique dérivait du saint Docteur, dont les écrits semblaient être devenus comme le code universel du catholicisme. Le très grand nombre d’anciennes églises dédiées à Rome au saint Pontife atteste la popularité de son culte, lequel, outre son antique monastère de Saint-André au Clivus Scauri, avait pour centre sa tombe vénérable dans la basilique vaticane.

Au IXe siècle, Jean Diacre nous atteste la piété avec laquelle on conservait encore à Rome tous les souvenirs de Grégoire, les Registres de ses aumônes, son pauvre lit, sa verge, le manuscrit de l’antiphonaire et sa ceinture monastique. Le culte de saint Grégoire Ier, grâce surtout à l’Ordre bénédictin dont il est une des gloires les plus brillantes, et aux nouveaux peuples anglo-saxons, qui reconnaissent dans le saint leur premier apôtre, devint très vite mondial.

En effet ; au lendemain de sa mort, celui qui dicta son épigraphe sépulcrale sous le portique de Saint-Pierre, ne sut mieux exprimer l’universalité de son action pastorale qu’en l’appelant — lui, le descendant des Consuls de la Rome éternelle — le Consul de Dieu, Dei Consul factus, laetare triumphis. L’expression ne pouvait être plus heureuse, comme d’ailleurs le vers implebat actu quidquid sermons docebat, de la même inscription.

La station de ce jour, dès le temps de Jean Diacre, était à Saint-Pierre, près de la tombe du Saint, où se célébraient aussi en son honneur les vigiles nocturnes. Au XVe siècle, en signe de fête, on ne convoquait pas même le consistoire papal en ce jour.

La messe [4], postérieure à la rédaction du recueil grégorien, tire ses chants d’autres messes plus anciennes. L’introït est du Commun des Martyrs Pontifes. Par une délicate allusion à l’humilité du cœur, opposée par Grégoire à l’orgueil du Jeûneur œcuménique, on y invite les humbles à bénir Dieu, à qui ils reconnaissent devoir tout ce qu’ils ont reçu de bien.

La prière est la suivante : « Seigneur, qui avez accordé la récompense de l’éternelle félicité à l’âme de votre serviteur Grégoire, faites que, nous sentant comme accablés sous le poids de nos péchés, nous soyons relevés par son intercession. ». A l’âme de votre serviteur Grégoire : on ne saurait mieux dire, puisque le caractère distinctif de la spiritualité de saint Grégoire, spiritualité qui le fait reconnaître d’emblée comme un moine de l’école du patriarche saint Benoît, est exprimé tout entier dans ce titre qu’il employa le premier : Grégoire, serviteur des serviteurs de Dieu. Maintenant encore, les papes, dans leurs actes les plus solennels, et à l’imitation de notre Saint, prennent le titre de Servus servorum Dei, qui signifiait toutefois primitivement pour Grégoire, moine du monastère de Saint-André : serviteur des serviteurs de Dieu, c’est-à-dire des moines (Servus Dei) ; en un mot : le dernier du monastère. La tradition ascétique bénédictine sur la vertu d’humilité s’est conservée toujours vivante chez tous les grands Docteurs formés dans le cloître de saint Benoît. Nous trouvons par exemple saint Pierre Damien qui signe habituellement : Ego Petrus peccator, episcopus hostiensis ; et Hildebrand qui, avant de devenir Grégoire VII, signe lui aussi : Ego Hildebrandus qualiscumque, S. R. E. archidiaconus.

L’épître et l’Évangile sont du Commun des Docteurs.

Le graduel est tiré du psaume 109 où est exalté le pontificat messianique du Christ : « Le Seigneur a juré et il ne se désistera pas : vous êtes le prêtre éternel selon le rite de Melchisédech. Le Seigneur a dit à mon Seigneur : — c’est-à-dire le Père éternel a dit au Christ, son Fils et le Fils de Marie, descendant de David — siège à ma droite » — comme mon égal dans la puissance et dans la majesté de la divinité.

Le verset de l’offertoire est tiré du psaume 88. « Ma fidélité et ma miséricorde sont avec lui. Sa puissance prévaudra en mon nom. » Tel est le secret du succès des entreprises des saints. Ils espèrent en Dieu et ne pourront donc pas ne pas réussir.

Le Sacramentaire Grégorien assigne à ce jour une préface propre : ... aeterne Deus ; qui sic tribuis Ecclesiam tuam sancti Gregorii Pontifias tui commemoratione gaudere, ut eam illius et festivitate laetifices, et exemplo piae conversationis exerceas, et verbo praedicationis erudias, grataque tibi supplicatione tuearis, per Christum, etc.

Au verset pour la Communion du peuple, le froment dont Grégoire a pourvu ses compagnons de service, c’est son activité pastorale de prédicateur infatigable, de maître très vigilant, de pontife sans tache.

Un artifice habituel du démon est de nous suggérer un idéal et une forme de perfection qui, en raison des circonstances, ne peut pas se réaliser. C’est ainsi qu’un grand nombre d’âmes, au lieu de changer leurs plans et de se sanctifier dans l’état de vie où les a placées la Providence, demeurent inactives, pleurant leur sort et soupirant toujours vers le type irréalisable de leur sainteté. Il advient qu’elles perdent de la sorte un temps très précieux, aigrissent leur cœur, nuisent à leur salut et ne sont utiles ni à elles-mêmes ni aux autres. Il ne faut pas que la perfection se réduise sûrement à une abstraction métaphysique, mais qu’elle pénètre, comme l’air, toutes les œuvres de notre vie. Peu importe que nous soyons riches ou pauvres, doctes ou ignorants, bien portants ou infirmes. Il faut servir le Seigneur dans les conditions où II nous a placés, et non dans celles où nous voudrions être. Un bel exemple de ce sens pratique dans la voie de la sainteté nous est offert par saint Grégoire. Son caractère méditatif le poussait à l’étude tranquille de la philosophie dans la paix du cloître. Dieu le voulut au contraire diplomate, pape, administrateur d’un immense patrimoine immobilier, et stratège même pour diriger les œuvres de défense des cités, italiennes assiégées par les Lombards ; vrai consul de Dieu, étendant au monde son activité et son pouvoir. Grégoire, très souvent retenu au lit par la goutte et par les maux d’estomac, sans laisser échapper une plainte, s’adapte merveilleusement à toutes ces fonctions, et dans le but de servir uniquement le Seigneur, il s’y consacre avec une si admirable maîtrise et perfection qu’il remplit de son esprit tout le moyen âge, et laisse des traces profondes de son génie dans la vie ultérieure du Pontificat romain.

Les Byzantins célèbrent eux aussi la sainteté de Grégoire, auquel ils donnent le titre de dialogista, à cause de ses quatre Livres des Dialogues traduits en grec par le pape Zacharie.

En l’honneur du Pontife qu’on peut presque considérer comme le père de la liturgie romaine et du chant ecclésiastique, nous rapportons ici une antique séquence à lui consacrée, publiée récemment par Bannister d’après un manuscrit du XVe siècle :

Organum spirituale

Tangat decus clericale,

Dum recolitur natale

Vigilis Gregorii.

Scriba Regis angelorum,

Floruit hic lux doctorum,

Et Apostolus Anglorum,

Qui prius inglorii.

Ex prosapia Romana,

Spreta mundi pompa vana,

In doctrina Christiana

Vigilanter studuit.

Rector magnus et urbanus,

Cuius pater Gordianus,

Felix Pontifex Romanus

Atavus resplenduit.

Virgo saeculo pusilla,

Eius amita Tarsilla,

Deo vigilans ancilla

Vidit Iesum dulciter.

Vivens Silvia caelestis,

Mater huius digna gestis,

Fixit cor aeternis festis,

Finiens feliciter.

Monasteria construxit,

Ac prudentia adfluxit,

Monachalem vitam duxit,

Derelinquens omnia.

Sed cum cuperet sincere

Mari cunctis et latere,

Cogebatur apparere

Ut flos inter lilia.

Eruditus in virtute

A primaeva iuventute,

Iter vadens viae tutae,

Devitavit crimina.

Retexendo cantilenas

Sublevavit febris poenas,

Odas addidit amoenas

Per Scripturae carmina.

Videns pueros Anglorum,

Pulchros vultu angelorum,

Mox misertus est eorum,

Suspirando graviter.

O Pontificem beatum,

Per columnam demonstratum,

Et a naufrage probatum,

Dignum mirabiliter.

Recta scribens, recte dixit,

Quo malivolos adflixit,

Sed correctis benedixit,

Pastor bonus omnibus.

Vigil iste Sanctus fuit,

Qui ut nubes magna pluit,

Et ut ros de caelo ruit,

Utilis fidelibus.

Monstra fecit in hac vita,

Verus hic Israelita,

Qttod cognovit eremita

Ex divina gratia.

Deus fecit Levi pactum,

Nec poenituit transactum,

Pacis atque vitae factum

Cum honoris gloria.

Æs in zonis non compegit,

Sed pauperibus redegit,

Quem Salvator praeelegit

Organum mellifluum.

Touchez l’orgue spirituel.

Ordre vénérable du clergé.

Pour fêter l’anniversaire

De Grégoire, le vigilant.

Il écrivait sous la dictée du Roi des Anges,

Fleur et lumière des Docteurs,

Apôtre des Anglais

Jusque-là dans les ténèbres.

Romain de vieille race,

Méprisant les vaines pompes du monde,

A la doctrine du Christ

Il a donné ses veilles studieuses, ses soins vigilants.

Premier magistrat de Rome,

Son père était Gordien ;

Le pontife romain Félix

Fut son illustre aïeul.

Vierge chétive aux yeux du monde,

Sa tante Tarsilla,

Servante attentive de Dieu,

Eut la douce vision de Jésus.

Silvia, vivant comme au ciel,

Digne de son fils par ses actes,

Le cœur fixé dans les joies éternelles

Eut un heureux trépas.

Il bâtit des monastères,

Il y montra sa prudence ;

Il mena la vie monastique,

Après avoir-renoncé à tout.

Lui qui désirait sincèrement

Mourir à tout et demeurer caché,

Il fut contraint de se montrer

Telle une fleur parmi les lis.

Formé à la vertu

Dès sa plus tendre jeunesse,

Il chemina dans la voie sûre

Et sut éviter les fautes.

En repassant les saints cantiques

Il calmait les douleurs de la fièvre ;

Il composa d’agréables poèmes

A l’aide de l’Écriture.

A la vue des jeunes Anglais,

Beaux comme des Anges,

Soudain pris de pitié

Il pousse de profonds soupirs.

O Pontife bienheureux,

Désigné par une colombe,

Éprouvé par le naufrage,

Digne d’admiration !

Vrai dans ses écrits, vrai dans ses paroles,

Il combattit les méchants,

Mais il bénit ceux qui se corrigeaient.

Pasteur plein de bonté pour tous.

Il fut le saint vigilant ;

Comme une nuée répand ses eaux.

Comme la rosée descend du ciel,

Il enrichit les fidèles.

Dès cette vie il a fait des prodiges,

C’était un véritable Israélite :

Tel ermite l’a su [5]

Par une faveur divine.

Dieu fit avec lui le pacte de Lévi,

Il n’eut pas à s’en repentir :

Pacte de paix et de vie,

Pacte d’honneur et de gloire.

Il n’a pas amassé l’argent.

Mais l’a distribué aux pauvres ;

Le Sauveur l’avait choisi

Pour son très suave instrument.

Demandons à ce Saint,

Nous qui vivons encore la vie présente,

De chanter le cantique de l’Agneau

Maintenant et à jamais.

Cette séquence forme l’acrostiche O Servum Servorum Dei.

Il existe une autre séquence beaucoup plus ancienne, qui sans avoir été à l’origine composée pour saint Grégoire le Grand, lui convient pourtant admirablement et fut en effet chantée lors de la solennelle Messe pontificale qu’en 1904 Pie X célébra à Saint-Pierre à l’occasion du XIIIe centenaire de la mort du grand Docteur. Le chœur des chantres comprenait pour cette circonstance plus d’un millier de voix, et le Pontife fut tellement impressionné par l’effet grandiose produit par cette mélodie, qu’à peine le saint Sacrifice terminé il ordonna de répéter le chant de la magnifique séquence. Consacrée par l’approbation de Pie X en cette occasion solennelle, elle a pour ainsi dire le droit d’être considérée comme appartenant à la liturgie romaine.

Voici le texte de cette importante composition médiévale, simplement rythmée sans rime, formée, comme les séquences primitives, sur le mélisme alléluiatique de la messe.

1) Alma cohors una

Laudum sonora

Nunc prome praeconia.

2) Quibus en insignis rutilat

Gregorius ut luna,

Solque sidera.

2a) Meritorum est mirifica

Radians idem sacra

Praerogativa.

3) Hunc nam Sophiae mystica

Ornarunt mire dogmata

Qua fulsit nitida

luculenter per ampla

orbis climata.

3a) Verbi necnon fructifera

Saevit divini semina

Mentium per arva,

pellendo quoque cuncta

noctis nubila.

4) Hic famina fundens diva,

Utpote caelestia

Ferens in se Numina,

4a) Sublimavit catholica

Vehementer culmina

Sancta per eloquia.

5) Is nempe celsa

Compos gloria,

Nunc exultat

Inter laetabunda

Coelicolarum ovans

contubernia.

5a)Sublimis extat

Sede superna,

Fruens vita

Semper inexhausta,

Sat per celeberrima

Christi pascua.

6) O dignum cuncta

laude, praeexcelsa

Praesulem tanta

Nactus gaudia,

Virtutum propter mérita,

Quibus viguit, ardens

Velui lampada.

6a)Nos voce clara

Hunc et iucunda

Dantes oremus

Preces et vota,

Qui nobis ferat commoda,

Impetret et aeterna

Poscens praemia.

7) Quod petit praesens caterva,

Praesulum gemma,

Devota rependens munia

Mente sincera,

Favens da

Sibi precum instantia,

Scilicet ut polorum

Intret lumina.

7a) Quo iam intra palatia

Stantem suprema,

Laeti gratulemur adeptii

Polorum régna,

Qui tua Praesul, sistentes hoc aula,

Iubilemus ingenti

Cum laetitia.

Chœur illustre, fais retentir à l’unisson les titres de louange

dont Grégoire est paré, resplendissant comme la lune, le soleil et les astres.

L’éclat de. ses mérites lui confère une gloire merveilleuse et sacrée.

Orné de la connaissance des dogmes les plus mystérieux de la Sagesse, sa lumière brillante atteint les confins de l’univers.

Il a jeté la semence féconde de la parole divine dans les sillons des âmes, et dissipé les ténèbres de la nuit.

Répandant la parole de Dieu comme investi de la puissance d’en-haut,

Il a élevé au plus haut point l’Église catholique par ses saints discours.

En possession maintenant de la gloire du ciel, il partage la joie, l’allégresse et le triomphe des élus.

Placé sur un trône élevé, il jouit d’une vie qui ne s’épuise pas, dans les abondants pâturages du Christ.

O Pontife digne des plus hautes louanges, comblé d’une telle joie en récompense des vertus dont il a jeté l’éclat comme une lampe.

D’une voix claire et mélodieuse adressons-lui nos prières et nos vœux pour qu’il nous accorde ses .faveurs et nous obtienne les récompenses éternelles.

Ce qu’implore cette assemblée, ô gemme des Pontifes, en vous offrant d’un cœur sincère l’hommage de sa dévotion, daignez-le-lui procurer par vos instantes prières : qu’elle soit admise dans la lumière du ciel !

Et qu’habitant .enfin les palais d’en haut, nous nous félicitions joyeux d’être entrés au royaume des cieux, nous qui, dans votre sanctuaire, ô Pontife, vous chantons avec tant d’allégresse,

Faisant retentir le doux et clair Alléluia.

Mais nous ne saurions nous éloigner d’un si insigne Pontife — dont le livre sur le gouvernement pastoral était devenu au moyen âge la règle des évêques, si bien qu’il entrait dans le catalogue officiel du mobilier de l’appartement papal — sans avoir rapporté ici l’éloge que les Romains gravèrent sur son tombeau primitif dans le portique de Saint-Pierre. De cette plaque de marbre il subsiste encore, après tant de siècles, quelques précieux fragments :

SVSCIPE • TERRA • TVO • CORPVS • DE • CORPORE • SVMPTVM

REDDERE • QVOD • VALEAS • VIVIFICANTE • DEO

SPIRITVS • ASTRA • PETIT • LETHI • NIL • IVRA • NOCEBVNT

CVI • VITAE • ALTERIVS • MORS • MAGIS • ILLA • VIA • EST

PONTIFICIS • SVMMI • HOC • CLAVDVNTVR • MEMBRA • SEPVLCHRO

QVI • INNVMERIS • SEMPER • VIVAT • VBIQVE • BONIS

ESVRIEM • DAPIBVS • SVPERAVIT • FRIGORA • VESTE

ATQVE • ANIMAS • MONITIS • TEXIT • AB • HOSTE • SACRIS

IMPLEBATQVE • ACTV • QVIDQVID • SERMONE • DOCEBAT

ESSET • VT • EXEMPLVM • MYSTICA • VERBA • LOQVENS

AD • CHRISTVM • ANGLOS • CONVERTIT • PIETATE • MAGISTRA

ACQVIRENS • FIDEI • AGMINA • GENTE • NOVA

HIC • LABOR • HOC • STVDIVM • HAEC • TIBI • CVRA • HOC • PASTOR • AGEBAS

VT • DOMINO • OFFERRES • PLVRIMA • LVCRA • GREGIS

HISQVE • DEI • CONSVL • FACTVS • LAETARE • TRIVMPHIS

NAM • MERCEDEM • OPERVM • IAM • SINE • FINE • TENES.

Reçois, ô terre, un corps tiré de ton sein,

Pour que tu le restitues à Dieu le jour de la résurrection.

L’âme s’est envolée au ciel, car l’enfer ne put faire valoir aucun droit

Sur celui pour qui la mort fut plutôt la voie conduisant à une vie meilleure.

En ce sépulcre gît la dépouille du grand Pontife,

Dont la renommée restera célèbre partout, en raison de ses immenses mérites.

Par des distributions de nourriture, il adoucit les horreurs de la famine ; avec des vêtements, la rigueur de l’hiver,

Et par ses saints avis, il tint le démon éloigné des âmes.

Il accomplissait par ses actes ce qu’il enseignait dans ses prédications,

En sorte que, en exposant les Écritures, il les réalisait par son propre exemple.

Il convertit au Christ les Anglais et les forma à la piété,

Gagnant à la foi un nouveau peuple.

Cela fut ton œuvre, ton vœu, ton souci, ton but, ô Pasteur,

présenter au Seigneur un fruit abondant dans le gouvernement du troupeau.

C’est pourquoi tu es devenu le Consul de Dieu ; en conséquence, sois heureux de tes triomphes,

Parce que désormais tu jouis pour l’éternité de la récompense de tes labeurs.

L’usage des séquences durant la messe fut accepté par Rome à la fin du moyen âge seulement ; de plus, la tradition franque médiévale ne peut se dire vraiment universelle. Il y avait cependant un autre chant en l’honneur de saint Grégoire : il servait comme de prélude à l’antiphonaire romain et on l’exécutait en de nombreux pays le premier dimanche de l’Avent, avant d’entonner l’introït. Le texte primitif peut remonter à Hadrien Ier mais il a été souvent remanié. Voici les hexamètres attribués à Hadrien II :

Gregorius Praesul, meritis et nomine dignus,

Unde genus ducit summum conscendit honorent.

Qui renovans monumenta Patrum iuniorque priorum,

Munere caelesti fretus, ornans sapienter,

Composuit Scholae Cantorum hunc rite libellum,

Désigné pour l’épiscopat par ses mérites comme par son nom [6],


Grégoire atteignit à l’honneur suprême de ses ancêtres.

Il restaura les monuments des Pères qui l’avaient précédé ;

Aidé de la grâce d’en-haut, il les embellit avec goût.

Et composa ce livre pour la Schola des chantres.

Pour qu’à deux chœurs elle modulât les louanges du Christ.

Toute la Ville éternelle, dont Grégoire fut le très vigilant pasteur, ses églises stationnales, les cimetières des martyrs, rappellent le zèle actif de l’incomparable Pontife. Néanmoins quelques sanctuaires romains revendiquent aujourd’hui l’honneur d’une fête spéciale ; ce sont, outre la basilique vaticane qui garde son corps, celle de Saint-André au Clivus Scauri où Grégoire fut moine d’abord, puis Abbé ; celle de Saint-Paul, que le Saint fit embellir et où était la tombe de sa famille ; le Latran, où il vécut les quatorze dernières années de son suprême pontificat. Au moyen âge, les quatorze régions urbaines rivalisèrent pour honorer Grégoire et pour dédier en son nom des temples et des chapelles ; c’est ainsi que nous avons les églises S. Gregorii ad Clivum Scauri, S. Gregorii de Cortina, S. Gregorii de Gradellis, S. Gregorii dei Muratori, S. Gregorii in Campo Martio, S. Gregorii de ponte ludaeorum, sans parler des oratoires très nombreux élevés sous son vocable. Une bulle de Grégoire III, conservée dans la basilique de Saint-Paul, mentionne une messe quotidienne que, dès ce temps, l’on célébrait en cet insigne sanctuaire apostolique sur l’autel S. Gregorii ad ianuas ; précisément comme à Saint-Pierre, où la tombe du Saint se trouvait dans le portique extérieur, prope secretarium.

L’épigraphe de Grégoire III à Saint-Paul représente sans doute un des plus anciens monuments relatifs au culte liturgique de saint Grégoire le Grand.

Maintenant encore, quand le Pape célèbre solennellement le divin Sacrifice à Saint-Pierre, le jour de son couronnement, il prend les ornements sacrés à l’autel qui recouvre la tombe de saint Grégoire. Ce fait revêt la signification d’une spéciale vénération envers le Saint qui a, pour ainsi dire, incarné en lui tout le plus sublime idéal contenu dans le concept catholique du pontificat romain. Il provient en outre de ce que, à l’origine, le sépulcre du grand Docteur, dans l’atrium de la basilique vaticane, était voisin du Secretarium ou sacristie, où les ministres sacrés se revêtaient des ornements liturgiques. Dans l’érection de la nouvelle basilique de Saint-Pierre, on tint à conserver à saint Grégoire cette place traditionnelle, à côté de la sacristie, et c’est ainsi qu’on garda également l’habitude de revêtir solennellement le Pape des ornements sacrés à l’autel du Saint. Les Grecs sont eux aussi pénétrés d’une grande dévotion pour saint Grégoire. Dans leur office ils l’appellent ainsi : Sacratissime Pastor, factus es successor in zelo et sede Coryphaei, populos purificans et ad Deum adducens. Successor in sede Principis Chori Discipulorum, unde verba, veluti fulgores, o Gregori, proferens, face illuminas fideles. Ecdesiarum Prima, cum Te ad pectus complexa esset, irrigat omnem terram quae sub sole est, piae doctrinae divinis fluentis. Telle est la foi antique de l’Église d’Orient relativement à la primauté pontificale sur l’Église universelle.

[1] Moral, in Job. Lib. XXVII, cap. XI.

[2] Regest. Lib. IV. Epist. VI ad Childebertum Regem.

[3] Ioh. diac., Vita P. S. Gregorii, L. IV, c. 80

[4] Ici, le Bhx Schuster décrit la messe antérieure à 1942.

[5] Il est fait allusion ici à une gracieuse légende. Un saint moine eut un jour la simplicité de demander au Seigneur à quel degré de sainteté il était déjà parvenu avec toute la rigueur de sa vie. Dieu lui répondit qu’il avait égalé le pape Grégoire. De quoi le moine s’offensa, car il vivait pauvrement dans une grotte, tandis que le Pontife commandait au monde, dans son magnifique patriarchium du Latran. Dieu fit alors observer au moine que Grégoire vivait plus détaché de la splendeur de sa dignité papale que lui ne l’était d’un petit chat qui lui tenait compagnie !

[6] L’aïeul de Grégoire avait été le pape Félix IV. Il existe un poème où il est dit de Damase, né lui aussi d’un personnage revêtu de la dignité épiscopale : NATVS • QVI • ANTISTES • SEDIS • APOSTOLICAE.



Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

« Pour moi, je considère la vertu de patience comme plus grande que les signes et les miracles. » (Paroles du saint).

Saint Grégoire 1er : Jour de mort : 12 mars 604. — Tombeau : à Saint-Pierre de Rome. Image : Représenté comme pape et docteur de l’Église, avec une colombe sur l’épaule. Vie : Le plus grand pape liturgique est né en 540 ; il fut préfet impérial de la ville en 571 ; vers 575, il se fit moine selon la règle de saint Benoît ; en 578, il fut nonce pontifical à la cour impériale de Constantinople. En 590, la voix unanime du peuple et du clergé l’élut pape. Il mourut en 604... L’Église qui, dans son livre des héros, le martyrologe, se montre peu prodigue d’éloges, dit de lui : « A Rome, saint Grégoire 1er, pape, confesseur et docteur éminent de l’Église. Pour ses actions remarquables et la conversion des Angles à la foi du Christ, il a été appelé Grand et Apôtre des Angles. » C’est surtout dans le domaine, de la liturgie qu’il fut sans doute le plus grand des papes. « Les modes puissants et mesurés, saints et sanctifiants, du choral liturgique de l’Église romaine, portent encore aujourd’hui son nom et le porteront pour tous les temps. Il a, aussi, puissamment contribué à la constitution du latin d’Église par son style naturel, plein d’onction et de sentiment. Ses quarante sermons sur des péricopes liturgiques de l’Évangile sont presque tous devenus des leçons du bréviaire. Aucun prêtre ne peut célébrer la sainte messe sans rencontrer à tout moment la trace de saint Grégoire. C’est lui qui a introduit, dans la seconde oraison avant la Consécration (Hanc igitur), ces trois prières si riches de sens : « et dispose nos jours dans la paix et ordonne que nous soyons arrachés à l’éternelle damnation et que nous soyons comptés dans le troupeau de tes élus ». Son missel est devenu, à peu de choses près, le missel de tout l’Occident et il l’est resté. Pour ce qui est du culte divin, Grégoire mérite aussi d’être appelé le Grand. » (Bihlmeyer.)

SOURCE : http://www.introibo.fr/12-03-St-Gregoire-le-Grand-pape



        BENEDICT XVI

    GENERAL AUDIENCE

        Wednesday, 28 May 2008


·        Saint Gregory the Great (1)

·        Dear Brothers and Sisters,

·        Last Wednesday I spoke of a Father of the Church little known in the West, Romanus the Melodist. Today I would like to present the figure of one of the greatest Fathers in the history of the Church, one of four Doctors of the West, Pope St Gregory, who was Bishop of Rome from 590 to 604, and who earned the traditional title of Magnus/the Great. Gregory was truly a great Pope and a great Doctor of the Church! He was born in Rome about 540 into a rich patrician family of the gens Anicia, who were distinguished not only for their noble blood but also for their adherence to the Christian faith and for their service to the Apostolic See. Two Popes came from this family: Felix III (483-492), the great-great grandfather of Gregory, and Agapetus (535-536). The house in which Gregory grew up stood on the Clivus Scauri, surrounded by majestic buildings that attested to the greatness of ancient Rome and the spiritual strength of Christianity. The example of his parents Gordian and Sylvia, both venerated as Saints, and those of his father's sisters, Aemiliana and Tharsilla, who lived in their own home as consecrated virgins following a path of prayer and self-denial, inspired lofty Christian sentiments in him.

·        In the footsteps of his father, Gregory entered early into an administrative career which reached its climax in 572 when he became Prefect of the city. This office, complicated by the sorry times, allowed him to apply himself on a vast range to every type of administrative problem, drawing light for future duties from them. In particular, he retained a deep sense of order and discipline: having become Pope, he advised Bishops to take as a model for the management of ecclesial affairs the diligence and respect for the law like civil functionaries . Yet this life could not have satisfied him since shortly after, he decided to leave every civil assignment in order to withdraw to his home to begin the monastic life, transforming his family home into the monastery of St Andrew on the Coelian Hill. This period of monastic life, the life of permanent dialogue with the Lord in listening to his word, constituted a perennial nostalgia which he referred to ever anew and ever more in his homilies. In the midst of the pressure of pastoral worries, he often recalled it in his writings as a happy time of recollection in God, dedication to prayer and peaceful immersion in study. Thus, he could acquire that deep understanding of Sacred Scripture and of the Fathers of the Church that later served him in his work.

·        But the cloistered withdrawal of Gregory did not last long. The precious experience that he gained in civil administration during a period marked by serious problems, the relationships he had had in this post with the Byzantines and the universal respect that he acquired induced Pope Pelagius to appoint him deacon and to send him to Constantinople as his "apocrisarius" - today one would say "Apostolic Nuncio" in order to help overcome the last traces of the Monophysite controversy and above all to obtain the Emperor's support in the effort to check the Lombard invaders. The stay at Constantinople, where he resumed monastic life with a group of monks, was very important for Gregory, since it permitted him to acquire direct experience of the Byzantine world, as well as to approach the problem of the Lombards, who would later put his ability and energy to the test during the years of his Pontificate. After some years he was recalled to Rome by the Pope, who appointed him his secretary. They were difficult years: the continual rain, flooding due to overflowing rivers, the famine that afflicted many regions of Italy as well as Rome. Finally, even the plague broke out, which claimed numerous victims, among whom was also Pope Pelagius II. The clergy, people and senate were unanimous in choosing Gregory as his successor to the See of Peter. He tried to resist, even attempting to flee, but to no avail: finally, he had to yield. The year was 590.

·        Recognising the will of God in what had happened, the new Pontiff immediately and enthusiastically set to work. From the beginning he showed a singularly enlightened vision of realty with which he had to deal, an extraordinary capacity for work confronting both ecclesial and civil affairs, a constant and even balance in making decisions, at times with courage, imposed on him by his office. 

Abundant documentation has been preserved from his governance thanks to the Register of his Letters (approximately 800), reflecting the complex questions that arrived on his desk on a daily basis. They were questions that came from Bishops, Abbots, clergy and even from civil authorities of every order and rank. Among the problems that afflicted Italy and Rome at that time was one of special importance both in the civil and ecclesial spheres: the Lombard question. The Pope dedicated every possible energy to it in view of a truly peaceful solution. Contrary to the Byzantine Emperor who assumed that the Lombards were only uncouth individuals and predators to be defeated or exterminated, St Gregory saw this people with the eyes of a good pastor, and was concerned with proclaiming the word of salvation to them, establishing fraternal relationships with them in view of a future peace founded on mutual respect and peaceful coexistence between Italians, Imperials and Lombards. He was concerned with the conversion of the young people and the new civil structure of Europe: the Visigoths of Spain, the Franks, the Saxons, the immigrants in Britain and the Lombards, were the privileged recipients of his evangelising mission. Yesterday we celebrated the liturgical memorial of St Augustine of Canterbury, the leader of a group of monks Gregory assigned to go to Britain to evangelise England.

·        The Pope - who was a true peacemaker - deeply committed himself to establish an effective peace in Rome and in Italy by undertaking intense negotiations with Agilulf, the Lombard King. This negotiation led to a period of truce that lasted for about three years (598-601), after which, in 603, it was possible to stipulate a more stable armistice. This positive result was obtained also thanks to the parallel contacts that, meanwhile, the Pope undertook with Queen Theodolinda, a Bavarian princess who, unlike the leaders of other Germanic peoples, was Catholic deeply Catholic. A series of Letters of Pope Gregory to this Queen has been preserved in which he reveals his respect and friendship for her. Theodolinda, little by little was able to guide the King to Catholicism, thus preparing the way to peace. The Pope also was careful to send her relics for the Basilica of St John the Baptist which she had had built in Monza, and did not fail to send his congratulations and precious gifts for the same Cathedral of Monza on the occasion of the birth and baptism of her son, Adaloald. The series of events concerning this Queen constitutes a beautiful testimony to the importance of women in the history of the Church. Gregory constantly focused on three basic objectives: to limit the Lombard expansion in Italy; to preserve Queen Theodolinda from the influence of schismatics and to strengthen the Catholic faith; and to mediate between the Lombards and the Byzantines in view of an accord that guaranteed peace in the peninsula and at the same time permitted the evangelisation of the Lombards themselves. Therefore, in the complex situation his scope was constantly twofold: to promote understanding on the diplomatic-political level and to spread the proclamation of the true faith among the peoples.

·        Along with his purely spiritual and pastoral action, Pope Gregory also became an active protagonist in multifaceted social activities. With the revenues from the Roman See's substantial patrimony in Italy, especially in Sicily, he bought and distributed grain, assisted those in need, helped priests, monks and nuns who lived in poverty, paid the ransom for citizens held captive by the Lombards and purchased armistices and truces. Moreover, whether in Rome or other parts of Italy, he carefully carried out the administrative reorganization, giving precise instructions so that the goods of the Church, useful for her sustenance and evangelising work in the world, were managed with absolute rectitude and according to the rules of justice and mercy. He demanded that the tenants on Church territory be protected from dishonest agents and, in cases of fraud, were to be quickly compensated, so that the face of the Bride of Christ was not soiled with dishonest profits.

·        Gregory carried out this intense activity notwithstanding his poor health, which often forced him to remain in bed for days on end. The fasts practised during the years of monastic life had caused him serious digestive problems. Furthermore, his voice was so feeble that he was often obliged to entrust the reading of his homilies to the deacon, so that the faithful present in the Roman Basilicas could hear him. On feast days he did his best to celebrate the Missarum sollemnia, that is the solemn Mass, and then he met personally with the people of God, who were very fond of him, because they saw in him the authoritative reference from whom to draw security: not by chance was the title consul Dei quickly attributed to him. Notwithstanding the very difficult conditions in which he had to work, he gained the faithful's trust, thanks to his holiness of life and rich humanity, achieving truly magnificent results for his time and for the future. He was a man immersed in God: his desire for God was always alive in the depths of his soul and precisely because of this he was always close to his neighbour, to the needy people of his time. Indeed, during a desperate period of havoc, he was able to create peace and give hope. This man of God shows us the true sources of peace, from which true hope comes. Thus, he becomes a guide also for us today.

·        To special groups

·        I offer a warm greeting and prayerful good wishes to the participants in the Christian-Hindu symposium being held these days in Castel Gandolfo. Upon all the English-speaking pilgrims, especially those from England, Scotland, Sweden, Australia, Hong Kong, India, Indonesia, Canada and the United States, I cordially invoke God's blessings of joy and peace.
·         
·        © Copyright 2008 - Libreria Editrice Vaticana

BENEDICT XVI

GENERAL AUDIENCE

Wednesday, 4 June 2008

Saint Gregory the Great (2)


Dear Brothers and Sisters,

Today, at our Wednesday appointment, I return to the extraordinary figure of Pope Gregory the Great to receive some additional light from his rich teaching. Notwithstanding the many duties connected to his office as the Bishop of Rome, he left to us numerous works, from which the Church in successive centuries has drawn with both hands. Besides the important correspondence - in last week's catechesis I cited the Register that contains over 800 letters - first of all he left us writings of an exegetical character, among which his Morals, a commentary on Job (known under the Latin title Moralia in Iob), the Homilies on Ezekiel and the Homilies on the Gospel stand out. Then there is an important work of a hagiographical character, the Dialogues, written by Gregory for the edification of the Lombard Queen Theodolinda. The primary and best known work is undoubtedly the Regula pastoralis (Pastoral Rule), which the Pope published at the beginning of his Pontificate with clearly programmatic goals.

Wanting to review these works quickly, we must first of all note that, in his writings, Gregory never sought to delineate "his own" doctrine, his own originality. Rather, he intended to echo the traditional teaching of the Church, he simply wanted to be the mouthpiece of Christ and of the Church on the way that must be taken to reach God. His exegetical commentaries are models of this approach. 

He was a passionate reader of the Bible, which he approached not simply with a speculative purpose: from Sacred Scripture, he thought, the Christian must draw not theoretical understanding so much as the daily nourishment for his soul, for his life as man in this world. For example, in the Homilies on Ezekiel, he emphasized this function of the sacred text: to approach the Scripture simply to satisfy one's own desire for knowledge means to succumb to the temptation of pride and thus to expose oneself to the risk of sliding into heresy. Intellectual humility is the primary rule for one who searches to penetrate the supernatural realities beginning from the sacred Book. Obviously, humility does not exclude serious study; but to ensure that the results are spiritually beneficial, facilitating true entry into the depth of the text, humility remains indispensable. Only with this interior attitude can one really listen to and eventually perceive the voice of God. On the other hand, when it is a question of the Word of God understanding it means nothing if it does not lead to action. In these Homilies on Ezekiel is also found that beautiful expression according which "the preacher must dip his pen into the blood of his heart; then he can also reach the ear of his neighbour". Reading his homilies, one sees that Gregory truly wrote with his life-blood and, therefore, he still speaks to us today.

Gregory also developed this discourse in the Book of Morals, a Commentary on Job. Following the Patristic tradition, he examined the sacred text in the three dimensions of its meaning: the literal dimension, the allegorical dimension and the moral dimension, which are dimensions of the unique sense of Sacred Scripture. Nevertheless, Gregory gave a clear prevalence to the moral sense. In this perspective, he proposed his thought by way of some dual meanings - to know-to do, to speak-to live, to know-to act - in which he evokes the two aspects of human life that should be complementary, but which often end by being antithetical. The moral ideal, he comments, always consists in realizing a harmonious integration between word and action, thought and deed, prayer and dedication to the duties of one's state: this is the way to realize that synthesis thanks to which the divine descends to man and man is lifted up until he becomes one with God. Thus the great Pope marks out a complete plan of life for the authentic believer; for this reason the Book of Morals, a commentary on Job, would constitute in the course of the Middle Ages a kind of summa of Christian morality.

Of notable importance and beauty are also the Homilies on the Gospel. The first of these was given in St Peter's Basilica in 590 during the Advent Season, hence only a few months after Gregory's election to the Papacy; the last was delivered in St Lawrence's Basilica on the Second Sunday after Pentecost in 593. The Pope preached to the people in the churches where the "stations" were celebrated - special prayer ceremonies during the important seasons of the liturgical year - or the feasts of titular martyrs. The guiding principle, which links the different homilies, is captured in the word "preacher": not only the minister of God, but also every Christian, has the duty "to preach" of what he has experienced in his innermost being, following the example of Christ who was made man to bring to all the good news of salvation. The horizon of this commitment is eschatological: the expectation of the fulfilment of all things in Christ was a constant thought of the great Pontiff and ended by becoming the guiding reason of his every thought and activity. From here sprang his incessant reminders to be vigilant and to perform good works.

Probably the most systematic text of Gregory the Great is the Pastoral Rule, written in the first years of his Pontificate. In it Gregory proposed to treat the figure of the ideal Bishop, the teacher and guide of his flock. To this end he illustrated the seriousness of the office of Pastor of the Church and its inherent duties. Therefore, those who were not called to this office may not seek it with superficiality, instead those who assumed it without due reflection necessarily feel trepidation rise within their soul. Taking up again a favourite theme, he affirmed that the Bishop is above all the "preacher" par excellence; for this reason he must be above all an example for others, so that his behaviour may be a point of reference for all. Efficacious pastoral action requires that he know his audience and adapt his words to the situation of each person: here Gregory paused to illustrate the various categories of the faithful with acute and precise annotations, which can justify the evaluation of those who have also seen in this work a treatise on psychology. From this one understands that he really knew his flock and spoke of all things with the people of his time and his city.

Nevertheless, the great Pontiff insisted on the Pastor's duty to recognize daily his own unworthiness in the eyes of the Supreme Judge, so that pride did not negate the good accomplished. For this the final chapter of the Rule is dedicated to humility: "When one is pleased to have achieved many virtues, it is well to reflect on one's own inadequacies and to humble oneself: instead of considering the good accomplished, it is necessary to consider what was neglected". All these precious indications demonstrate the lofty concept that St Gregory had for the care of souls, which he defined as the "ars artium", the art of arts. The Rule had such great, and the rather rare, good fortune to have been quickly translated into Greek and Anglo-Saxon.

Another significant work is the Dialogues. In this work addressed to his friend Peter, the deacon, who was convinced that customs were so corrupt as to impede the rise of saints as in times past, Gregory demonstrated just the opposite: holiness is always possible, even in difficult times. 

He proved it by narrating the life of contemporaries or those who had died recently, who could well be considered saints, even if not canonised. The narration was accompanied by theological and mystical reflections that make the book a singular hagiographical text, capable of enchanting entire generations of readers. The material was drawn from the living traditions of the people and intended to edify and form, attracting the attention of the reader to a series of questions regarding the meaning of miracles, the interpretation of Scripture, the immortality of the soul, the existence of Hell, the representation of the next world - all themes that require fitting clarification. Book II is wholly dedicated to the figure of Benedict of Nursia and is the only ancient witness to the life of the holy monk, whose spiritual beauty the text highlights fully.

In the theological plan that Gregory develops regarding his works, the past, present and future are compared. What counted for him more than anything was the entire arch of salvation history, that continues to unfold in the obscure meanderings of time. In this perspective it is significant that he inserted the news of the conversion of the Angles in the middle of his Book of Morals, a commentary on Job: to his eyes the event constituted a furthering of the Kingdom of God which the Scripture treats. Therefore, it could rightly be mentioned in the commentary on a holy book. According to him the leaders of Christian communities must commit themselves to reread events in the light of the Word of God: in this sense the great Pontiff felt he had the duty to orient pastors and the faithful on the spiritual itinerary of an enlightened and correct lectio divina, placed in the context of one's own life.

Before concluding it is necessary to say a word on the relationship that Pope Gregory nurtured with the Patriarchs of Antioch, of Alexandria and of Constantinople itself. He always concerned himself with recognizing and respecting rights, protecting them from every interference that would limit legitimate autonomy. Still, if St Gregory, in the context of the historical situation, was opposed to the title "ecumenical" on the part of the Patriarch of Constantinople, it was not to limit or negate this legitimate authority but rather because he was concerned about the fraternal unity of the universal Church. Above all he was profoundly convinced that humility should be the fundamental virtue for every Bishop, even more so for the Patriarch. Gregory remained a simple monk in his heart and therefore was decisively contrary to great titles. He wanted to be - and this is his expression - servus servorum Dei. Coined by him, this phrase was not just a pious formula on his lips but a true manifestation of his way of living and acting. He was intimately struck by the humility of God, who in Christ made himself our servant. He washed and washes our dirty feet. Therefore, he was convinced that a Bishop, above all, should imitate this humility of God and follow Christ in this way. His desire was to live truly as a monk, in permanent contact with the Word of God, but for love of God he knew how to make himself the servant of all in a time full of tribulation and suffering. He knew how to make himself the "servant of the servants". Precisely because he was this, he is great and also shows us the measure of true greatness.

* * *

I offer a warm welcome to all the English-speaking pilgrims and visitors here today, including the groups from England, Australia, Japan, the Philippines, Vietnam, Canada and the United States. I extend special greetings to the group of Episcopalian pilgrims from Jerusalem, and to the many student groups present at this audience. May God bless you all!

© Copyright 2008 - Libreria Editrice Vaticana


Saint Gregorius the Great. One among four 19th century statues of Doctors of the Church standing around the main (circular) hall of the church of San Carlo al Corso church in Milan. Picture by Giovanni Dall'Orto, June 22 2007.


Pope Saint Gregory the Great

Also known as

Gregory I

Gregory Dialogos

Gregory the Dialogist

Father of the Fathers

Gregorius I Magnus

Memorial

3 September (primary, based on his ascension to the papacy)

12 March (in RomeItaly at his grave in Saint Peter’s Basilica; some Protestant and Orthodox calendars)

25 January (translation of relics to the Jesuit church of São Roque in Lisbon, Portugal)

21 August (Ordinary Form, 1962 missal)

26 March (translation of relics to Gaul)

11 July (translation of relics to Soissons, France)

20 July (translation of relics to Cluny)

4 September (Paulines)

22 September (translation of relics to Melun)

13 March (Armenian calendar)

19 March on some calendars

30 March on some calendars

2 September on some calendars

15 October on some calendars

Profile

Son of Gordianus, a Roman regionarius, and Saint Silvia of Rome. Nephew of Saint Emiliana and Saint Tarsilla. Great-grandson of Pope Saint Felix IIIEducated by the finest teachers in RomeItaly. Prefect of Rome for a year, then he sold his possessions, turned his home into a Benedictine monastery, and used his money to build six monasteries in Sicily and one in RomeBenedictine monk. Upon seeing English children being sold in the Roman Forum, he became a missionary to England.

Elected 64th Pope by unanimous acclamation on 3 September 590, the first monk to be chosen. Sent Saint Augustine of Canterbury and a company of monks to evangelize England, and other missionaries to FranceSpain, and Africa. Collected the melodies and plain chant so associated with him that they are now known as Gregorian Chants. One of the four great Doctors of the Latin ChurchWrote seminal works on the Mass and Divine Office, several of them dictated to his secretarySaint Peter the Deacon.

Born

c.540 at RomeItaly

Papal Ascension

3 September 590

Died

12 March 604 at RomeItaly of natural causes

Canonized

Pre-Congregation

Patronage

against gout

against plague

choir boys

educators

masons

musicians

papacy

Popes

schoolchildren

singers

stone masons

stonecutters

students

teachers

 

England

West Indies

 

LegazpiPhilippinesdiocese of

 

Order of Knights of Saint Gregory

 

Consiglio di RumoItaly

KercemMalta

MontoneItaly

San Gregorio nelle AlpiItaly

Representation

crozier

dove

pope working on sheet music

pope writing

tiara

Additional Information

A Garner of Saints, by Allen Banks Hinds, M.A.

Book of Saints, by Father Lawrence George Lovasik, S.V.D.

Book of Saints, by the Monks of Ramsgate

Catholic Encyclopedia, by G Roger Huddleston

Encyclopedia Britannica

Golden Legend, by Jacobus de Voragine

Iucunda Sane: On Pope Saint Gregory the Great, by Pope Saint Pius X

Life of Our Most Holy Father Saint Benedict, by Saint Gregory

Little Lives of the Great Saints

Lives of the Saints, by Father Alban Butler

New Catholic Dictionary

Pictorial Lives of the Saints

Purgatory Explained

Saints of the Day, by Katherine Rabenstein

Saints of the Order of Saint Benedict, by Father Aegedius Ranbeck, O.S.B.

Short Lives of the Saints, by Eleanor Cecilia Donnelly

True Historical Stories for Catholic Children, by Josephine Portuondo

Pope Benedict XVI

General Audience28 May 2008

General Audience4 June 2008

The Life of Saint Gregory the Great, by A Sister of Notre Dame

read online

download in EPub format

books

Gregory the Great and His World, by R. A. Markus

Our Sunday Visitor’s Encyclopedia of Saints

Saints to Remember, by the Slaves of the Immaculate Heart of Mary

other sites in english

1001 Patron Saints and Their Feast Days, Australian Catholic Truth Society

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Catholic Online, by Terry Matz

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Earliest Life of Saint Gregory the Great, by a monk or nun of Whitby

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Popes in a Year

Saint Gregory the Great on Understanding Scripture, by Father Raniero Cantalamessa

Saints Stories for All Ages

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Saint Gregory: Pray for the Straying

Saint Gregory: Use God’s Gift in Moderation

Saint Gregory: When Things Go Well, Remember Who You Are

Saint Gregory: Learn to Repent from Judas

Saint Gregory: Put Things Right Before You Ask for Forgiveness

Saint Gregory: Be Thankful in Adversity as Well as in Prosperity

Saint Gregory: Lift Up Your Hearts

Saint Gregory: The Heavens Are Opened in the Eucharist

Saint Gregory: Sacrifice Yourself Along with the Eucharist

Saint Gregory: Trust God’s Promises, and Take What Comes

Saint Gregory: Learning Good Habits

Saint Gregory: Believe of What Christ Tells You

Saint Gregory: Live a Life Worth of the Resurrection

Saint Gregory: Find Your Strenth in Jesus’ Weakness

Saint Gregory: Learn to Suffer from Christ

Saint Gregory: Don’t Misjudge Christ’s Kingdom

Saint Gregory: Recognize Both Natures in Christ

Saint Gregory: Learn the Power of Humility

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On the Pastoral Office, by Saint Gregory

Library of the Fathers of the Holy Catholic Church: Morals on the Book of Job, v1, by Saint Gregory

Library of the Fathers of the Holy Catholic Church: Morals on the Book of Job, v2, by Saint Gregory

Library of the Fathers of the Holy Catholic Church: Morals on the Book of Job, v3a, by Saint Gregory

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Readings

The proof of love is in the works. Where love exists, it works great things. But when it ceases to act, it ceases to exist. – Saint Gregory the Great

If we knew at what time we were to depart from this world, we would be able to select a season for pleasure and another for repentance. But God, who has promised pardon to every repentant sinner, has not promised us tomorrow. Therefore we must always dread the final day, which we can never foresee. This very day is a day of truce, a day for conversion. And yet we refuse to cry over the evil we have done! Not only do we not weep for the sins we have committed, we even add to them…. If we are, in fact, now occupied in good deeds, we should not attribute the strength with which we are doing them to ourselves. We must not count on ourselves, because even if we know what kind of person we are today, we do not know what we will be tomorrow. Nobody must rejoice in the security of their own good deeds. As long as we are still experiencing the uncertainties of this life, we do not know what end may follow…we must not trust in our own virtues. – Saint Gregory the Great, from Be Friends of God

MLA Citation

“Pope Saint Gregory the Great“. CatholicSaints.Info. 31 August 2021. Web. 3 September 2021. <https://catholicsaints.info/pope-saint-gregory-the-great/>

SOURCE : https://catholicsaints.info/pope-saint-gregory-the-great/




Pope St. Gregory I ("the Great")
Doctor of the Church; born at Rome about 540; died 12 March 604. Gregory is certainly one of the most notable figures in Ecclesiastical History. He has exercised in many respects a momentous influence on the doctrine, the organization, and the discipline of the Catholic Church. To him we must look for an explanation of thereligious situation of the Middle Ages; indeed, if no account were taken of his work, the evolution of the form of medievalChristianity would be almost inexplicable. And further, in so far as the modern Catholic system is a legitimate development ofmedieval Catholicism, of this too Gregory may not unreasonably be termed the Father. Almost all the leading principles of the later Catholicism are found, at any rate in germ, in Gregory the Great. (F.H. Dudden, "Gregory the Great", 1, p. v).

This eulogy by a learned non-Catholic writer will justify the length and elaboration of the following article.

From birth to 574

Gregory's father was Gordianus, a wealthy patrician, probably of the famous gens Amicia, who owned large estates in Sicily and a mansion on the Caelian Hill in Rome, the ruins of which, apparently in a wonderful state of preservation, still await excavation beneath the Church of St. Andrew and St. Gregory. His mother Silvia appears also to have been of good family, but very little is known of her life. She ishonoured as a saint, her feast being kept on 3 November. Portraits of Gordianus and Silvia were painted by Gregory's order, in the atriumof St. Andrew's monastery, and a pleasing description of these may be found in John the Deacon (Vita, IV, lxxxiii).

Besides his mother, two of Gregory's aunts have been canonised, Gordianus's two sisters, Tarsilla and Æmiliana, so that John the Deaconspeaks of his education as being that of a saint among saints.

Of his early years we know nothing beyond what the history of the period tells us. Between the years 546 and 552 Rome was first captured by the Goths under Totila, and then abandoned by them; next it was garrisoned by Belisarius, and besieged in vain by the Goths, who took it again, however, after the recall of Belisarius, only to lose it once more to Narses. Gregory's mind and memory were both exceptionally receptive, and it is to the effect produced on him by these disasters that we must attribute the tinge of sadness which pervades his writings and especially his clear expectation of a speedy end to the world.

Of his education, we have no details. Gregory of Tours tells us that in grammar, rhetoric and dialectic he was so skilful as to be thought second to none in all Rome, and it seems certain also that he must have gone through a course of legal studies. Not least among theeducating influences was the religious atmosphere of his home. He loved to meditate on the Scriptures and to listen attentively to the conversations of his elders, so that he was "devoted to God from his youth up".

His rank and prospects pointed him out naturally for a public career, and he doubtless held some of the subordinate offices wherein a young patrician embarked on public life. That he acquitted himself well in these appears certain, since we find him about the year 573, when little more than thirty years old, filling the important office of prefect of the city of Rome. At that date the brilliant post was shorn of much of its old magnificence, and its responsibilities were reduced; still it remained the highest civil dignity in the city, and it was only after long prayer and inward struggle that Gregory decided to abandon everything and become a monk. This event took place most probably in 574.

His decision once taken, he devoted himself to the work and austerities of his new life with all the natural energy of his character. HisSicilian estates were given up to found six monasteries there, and his home on the Caelian Hill was converted into another under thepatronage of St. Andrew. Here he himself took the cowl, so that "he who had been wont to go about the city clad in the trabea and aglow with silk and jewels, now clad in a worthless garment served the altar of the Lord" (Gregory of Tours, X, i).

As monk and abbot (c. 574-590)

There has been much discussion as to whether Gregory and his fellow-monks at St. Andrew's followed the Rule of St. Benedict. Baroniusand others on his authority have denied this, while it has been asserted as strongly by Mabillon and the Bollandists, who, in the preface to the life of St. Augustine (26 May), retract the opinion expressed earlier in the preface to St. Gregory's life (12 March). The controversy is important only in view of the question as to the form of monasticism introduced by St. Augustine into England, and it may be said thatBaronius's view is now practically abandoned.

For about three years Gregory lived in retirement in the monastery of St. Andrew, a period to which he often refers as the happiestportion of his life. His great austerities during this time are recorded by the biographers, and probably caused the weak health from which he constantly suffered in later life.

However, he was soon drawn out of his seclusion, when, in 578, the pope ordained him, much against his will, as one of the sevendeacons (regionarii) of Rome. The period was one of acute crisis. The Lombards were advancing rapidly towards the city, and the only chance of safety seemed to be in obtaining help from the Emperor Tiberius at Byzantium. Pope Pelagius II accordingly dispatched a special embassy to Tiberius, and sent Gregory along with it as his apocrisiarius, or permanent ambassador to the Court of Byzantium. The date of this new appointment seems to have been the spring of 579, and it lasted apparently for about six years.

Nothing could have been more uncongenial to Gregory than the worldly atmosphere of the brilliant Byzantine Court, and to counteract its dangerous influence he followed the monastic life so far as circumstances permitted. This was made easier by the fact that several of his brethren from St. Andrew's accompanied him to Constantinople. With them he prayed and studied the Scriptures, one result of which remains in his "Morals", or series of lectures on the Book of Job, composed during this period at the request of St. Leander of Seville, whose acquaintance Gregory made during his stay in Constantinople.

Much attention was attracted to Gregory by his controversy with Eutychius, Patriarch of Constantinople, concerning the Resurrection.Eutychius had published a treatise on the subject maintaining that the risen bodies of the elect would be "impalpable, more light than air". To this view Gregory objected the palpability of Christ's risen body. The dispute became prolonged and bitter, till at length the emperor intervened, both combatants being summoned to a private audience, where they stated their views. The emperor decided that Gregory was in the right, and ordered Eutychius's book to the burned. The strain of the struggle had been so great that both fell ill. Gregory recovered, but the patriarch succumbed, recanting his error on his death bed.

Mention should be made of the curious fact that, although Gregory's sojourn at Constantinople lasted for six years, he seems never to have mastered even the rudiments of Greek. Possibly he found that the use of an interpreter had its advantages, but he often complains of the incapacity of those employed for this purpose. It must be owned that, so far as obtaining help for Rome was concerned, Gregory's stay at Constantinople was a failure. However, his period as ambassador taught him very plainly a lesson which was to bear great fruit later on when he ruled in Rome as pope. This was the important fact that no help was any longer to be looked for from Byzantium, with the corollary that, if Rome and Italy were to be saved at all, it could only be by vigorous independent action of the powers on the spot. Humanly speaking, it is to the fact that Gregory had acquired this conviction that his later line of action with all its momentous consequences is due.

In the year 586, or possibly 585, he was recalled to Rome, and with the greatest joy returned to St. Andrew's, of which he became abbotsoon afterwards. The monastery grew famous under his energetic rule, producing many monks who won renown later, and many vivid pictures of this period may be found in the "Dialogues".

Gregory gave much of his time to lecturing on the Holy Scripture and is recorded to have expounded to his monks the Heptateuch, Books of Kings, the Prophets, the Book of Proverbs, and the Canticle of Canticles. Notes of these lectures were taken at the time by a young student named Claudius, but when transcribed were found by Gregory to contain so many errors that he insisted on their being given to him for correction and revision. Apparently this was never done, for the existing fragments of such works attributed to Gregory are almost certainly spurious.

At this period, however, one important literary enterprise was certainly completed. This was the revision and publication of the "Magna Moralia", or lectures on the Book of Job, undertaken in Constantinople at the request of St. Leander. In one of his letters (Epistle 5.53) Gregory gives an interesting account of the origin of this work.

To this period most probably should be assigned the famous incident of Gregory's meeting with the English youths in the Forum. The first mention of the event is in the Whitby life (c, ix), and the whole story seems to be an English tradition. It is worth notice, therefore, that in the St. Gall manuscript the Angles do not appear as slave boys exposed for sale, but as men visiting Rome of their own free will, whom Gregory expressed a desire to see. It is Venerable Bede (Hist. Eccl., II, i) who first makes them slaves.

In consequence of this meeting Gregory was so fixed with desire to convert the Angles that he obtained permission from Pelagius II to go in person to Britain with some of his fellow-monks as missionaries. The Romans, however, were greatly incensed at the pope's act. Withangry words they demanded Gregory's recall, and messengers were at once dispatched to bring him back to Rome, if necessary by force. These men caught up with the little band of missionaries on the third day after their departure, and at once returned with them, Gregory offering no opposition, since he had received what appeared to him as a sign from heaven that his enterprise should be abandoned.

The strong feeling of the Roman populace that Gregory must not be allowed to leave Rome is a sufficient proof of the position he now held there. He was in fact the chief adviser and assistant of Pelagius II, towards whom he seems to have acted very much in the capacity of secretary (see the letter of the Bishop of Ravenna to Gregory, Epistle 3.66, "Sedem apostolicam, quam antae moribus nunc etiam honore debito gubernatis"). In this capacity, probably in 586, Gregory wrote his important letter to the schismatical bishops of Istria who had separated from communion with the Church on the question of the Three Chapters (Epp., Appendix, III, iii). This document, which is almost a treatise in length, is an admirable example of Gregory's skill, but it failed to produce any more effort than Pelagius's two previous letters had, and the schism continued.

The year 589 was one of widespread disaster throughout all the empire. In Italy there was an unprecedented inundation. Farms and houses were carried away by the floods. The Tiber overflowed its banks, destroying numerous buildings, among them the granaries of theChurch with all the store of corn. Pestilence followed on the floods, and Rome became a very city of the dead. Business was at a standstill, and the streets were deserted save for the wagons which bore forth countless corpses for burial in common pits beyond the city walls.

Then, in February, 590, as if to fill the cup of misery to the brim, Pelagius II died. The choice of a successor lay with the clergy and people of Rome, and without any hesitation they elected Gregory, Abbot of St. Andrew's. In spite of their unanimity Gregory shrank from the dignity thus offered him. He knew, no doubt, that its acceptance meant a final good-bye to the cloister life he loved, and so he not only refused to accede to the prayers of his fellow citizens but also wrote personally to the Emperor Maurice, begging him with all earnestness not to confirm the election. Germanus, prefect of the city, suppressed this letter, however, and sent instead of it the formal schedule of the election.

In the interval while awaiting the emperor's reply the business of the vacant see was transacted by Gregory, in commission with two or three other high officials. As the plague still continued unabated, Gregory called upon the people to join in a vast sevenfold processionwhich was to start from each of the seven regions of the city and meet at the Basilica of the Blessed Virgin, all praying the while for pardon and the withdrawal of the pestilence. This was accordingly done, and the memory of the event is still preserved by the name "Sant' Angelo" given to the mausoleum of Hadrian from the legend that the Archangel St. Michael was seen upon its summit in the act of sheathing his sword as a sign that the plague was over.

At length, after six months of waiting, came the emperor's confirmation of Gregory's election. The saint was terrified at the news and even meditated flight. He was seized, however, carried to the Basilica of St. Peter, and there consecrated pope on 3 September, 590. The story that Gregory actually fled the city and remained hidden in a forest for three days, when his whereabouts was revealed by asupernatural light, seems to be pure invention. It appears for the first time in the Whitby life (c. vii), and is directly contrary to the words of his contemporary, Gregory of Tours (Hist. Franc., X, i). Still he never ceased to regret his elevation, and his later writings contain numberless expressions of strong feeling on this point.

As pope (590-604)

Fourteen years of life remained to Gregory, and into these he crowded work enough to have exhausted the energies of a lifetime. What makes his achievement more wonderful is his constant ill-health. He suffered almost continually from indigestion and, at intervals, from attacks of slow fever, while for the last half of his pontificate he was a martyr to gout. In spite of these infirmities, which increased steadily, his biographer, Paul the Deacon, tells us "he never rested" (Vita, XV). His work as pope is of so varied a nature that it will be best to take it in sections, although this destroys any exact chronological sequence.

At the very outset of his pontificate Gregory published his "Liber pastoralis curae", or book on the office of a bishop, in which he lays down clearly the lines he considers it his duty to follow. The work, which regards the bishop pre-eminently as the physician of souls, is divided into four parts.
  • He points out in the first that only one skilled already as a physician of the soul is fitted to undertake the "supreme rule" of theepiscopate.
  • In the second he describes how the bishop's life should be ordered from a spiritual point of view;
  • in the third, how he ought to teach and admonish those under him,
  • and in the fourth how, in spite of his good works, he ought to bear in mind his own weakness, since the better his work the greater the danger of falling through self-confidence.
This little work is the key to Gregory's life as pope, for what he preached he practiced. Moreover, it remained for centuries the textbook of the Catholic episcopate, so that by its influence the ideal of the great pope has moulded the character of the Church, and his spirit has spread into all lands.


Life and work in Rome

As pope Gregory still lived with monastic simplicity. One of his first acts was to banish all the lay attendants, pages, etc., from theLateran palace, and substitute clerics in their place. There was now no magister militum living in Rome, so the control even of military matters fell to the pope. The inroads of the Lombards had filled the city with a multitude of indigent refugees, for whose support Gregory made provision, using for this purpose the existing machinery of the ecclesiastical districts, each of which had its deaconry or "office ofalms". The corn thus distributed came chiefly from Sicily and was supplied by the estates of the Church.

The temporal needs of his people being thus provided for, Gregory did not neglect their spiritual wants, and a large number of his sermonshave come down to us. It was he who instituted the "stations" still observed and noted in the Roman Missal. He met the clergy and peopleat some church previously agreed upon, and all together went in procession to the church of the station, where Mass was celebrated and the pope preached. These sermons, which drew immense crowds, are mostly simple, popular expositions of Scripture. Chiefly remarkable is the preacher's mastery of the Bible, which he quotes unceasingly, and his regular use of anecdote to illustrate the point in hand, in which respect he paves the way for the popular preachers of the Middle Ages. In July, 595, Gregory held his first synod in St. Peter's, which consisted almost wholly of the bishops of the suburbicarian sees and the priests of the Roman titular churches. Six decrees dealing withecclesiastical discipline were passed, some of them merely confirming changes already made by the pope on his own authority.

Much controversy still exists as to the exact extent of Gregory's reforms of the Roman Liturgy. All admit that he did make the following modifications in the pre-existing practice:
  • In the Canon of the Mass he inserted the words "diesque nostros in tua pace disponas, atque ab aeterna damnatione nos eripi, et in electorum tuorum jubeas grege numerari";
  • he ordered the Pater Noster to be recited in the Canon before the breaking of the Host;
  • he provided that the Alleluia should be chanted after the Gradual out of paschal time, to which period, apparently, the Roman use had previously confined it;
  • he prohibited the use of the chasuble by subdeacons assisting at Mass;
  • he forbade deacons to perform any of the musical portions of the Mass other than singing the Gospel.
Beyond these and some few minor points it seems impossible to conclude with certainty what changes Gregory did make. As to the much-disputed question of the Gregorian Sacramentary and the almost more difficult point of his relation to the plain song or chant of theChurch, for Gregory's connection with which matters the earliest authority seems to be John the Deacon (Vita, II, vi, Xvii), see GREGORIAN CHANT; SACRAMENTARY.

There is no lack of evidence, however, to illustrate Gregory's activity as manager of the patrimony of St. Peter. By his day the estates of the Church had reached vast dimensions. Varying estimates place their total area at from 1300 to 1800 square miles, and there seems no reason for supposing this to be an exaggeration, while the income arising therefrom was probably not less than $1,500,000 a year. The land lay in many places — Campania, Africa, Sicily, and elsewhere — and, as their landlord, Gregory displayed a skill in finance and estate management which excites our admiration no less than it did the surprise of his tenants and agents, who suddenly found that they had a new master who was not to be deceived or cheated.

The management of each patrimony was carried out by a number of agents of varying grades and duties under an official called the rectoror defensor of the patrimony. Previously the rectors had usually been laymen, but Gregory established the custom of appointingecclesiastics to the post. In doing this he probably had in view the many extra duties of an ecclesiastical nature which he called upon them to undertake. Thus examples may be found of such rectors being commissioned to undertake the filling up of vacant sees, holding of local synods, taking action against heretics, providing for the maintenance of churches and monasteries, rectifying abuses in the churchesof their district, with the enforcing of ecclesiastical discipline and even the reproof and correction of local bishops. Still Gregory never allowed the rectors to interfere in such matters on their own responsibility.

In the minutiae of estate management nothing was too small for Gregory's personal notice, from the exact number of sextarii in a modiusof corn, or how many solidi went to one golden pound, to the use of false weights by certain minor agents. He finds time to write instructions on every detail and leaves no complaint unattended to, even from the humblest of his multitude of tenants. Throughout the large number of letters which deal with the management of the patrimony, the pope's determination to secure a scrupulously righteous administration is evident. As bishop, he is the trustee of God and St. Peter, and his agents must show that they realize this by their conduct. Consequently, under his able management the estates of the Church increased steadily in value, the tenants were contented, and the revenues paid in with unprecedented regularity.

The only fault ever laid at his door in this matter is that, by his boundless charities, he emptied his treasury. But this, if a fault at all, was a natural consequence of his view that he was the administrator of the property of the poor, for whom he could never do enough.

Relations with the suburbicarian Churches

As patriarchs of the West the popes exercise a special jurisdiction over and above their universal primacy as successors of St. Peter; and among Western churches, this jurisdiction extends in a most intimate manner over the churches of Italy and the isles adjacent.

On the mainland much of this territory was in the hands of the Lombards, with whose Arian clergy Gregory was, of course, not in communion. Whenever opportunity offered, however, he was careful to provide for the needs of the faithful in these parts, frequently uniting them to some neighboring diocese, when they were too few to occupy the energies of a bishop.

On the islands, of which Sicily was by far the most important, the pre-existing church system was maintained. Gregory appointed a vicar, usually the metropolitan of the province, who exercised a general supervision over the whole church. He also insisted strongly on the holding of local synods as ordered by the Council of Nicaea, and letters of his exist addressed to bishops in Sicily, Sardinia, and Gaulreminding them of their duties in this respect.

The supreme instance of Gregory's intervention in the affairs of these dioceses occurs in the case of Sardinia, where the behaviour of Januarius the half-witted, aged Metropolitan of Cagliari, had reduced the church to a state of semi-chaos.

A large number of letters relate to the reforms instituted by the pope (Epistles 2.47; 3.36; 4.9; 4.23-27; 4.29; 5.2; 9.1; 9.11; 9.202-204;14.2). His care over the election of a new bishop whenever a vacancy occurs is shown in many cases, and if, after his examination of the elect, which is always a searching one, he finds him unfitted for the post, he has no hesitation in rejecting him and commanding another to be chosen (Epistles 1.15; 1.16; 7.38; 10.7).

With regard to discipline the pope was specially strict in enforcing the Church's laws as to the celibacy of the clergy (Epistles 1.42; 4.5;4.26; 4.34; 7.1; 9.110; 9.218; 10.19; 11.56; 13.38; 13.39); the exemption of clerics from lay tribunals (Epistles 1.39; 6.11; 9.53; 9.76;9.79; 10.4; 11.32; 13.1); and the deprivation of all ecclesiastics guilty of criminal or scandalous offences (Epistles 1.18; 1.42; 3.49; 4.26;5.17; 5.18; 7.39; 8.24; 9.25; 12.3; 12.10; 12.11; 14.2). He was also inflexible with regard to the proper application of church revenues, insisting that others should be as strict as he was in disposing of these funds for their proper ends (Epistles 1.10; 1.64; 2.20-22; 3.22;4.11; 5.12; 5.48; 8.7; 11.22; 11.56; 13.46; 14.2).

Relations with other Churches

With regard to the other Western Churches limits of space prevent any detailed account of Gregory's dealings, but the following quotation, all the more valuable as coming from a Protestant authority, indicates very clearly the line he followed herein:

"In his dealings with the Churches of the West, Gregory acted invariably on the assumption that all were subject to thejurisdiction of the Roman See. Of the rights claimed or exercised by his predecessors he would not abate one tittle; on the contrary, he did everything in his power to maintain, strengthen, and extend what he regarded as the just prerogatives of thepapacy. It is true that he respected the privileges of the Western metropolitans, and disapproved of unnecessary interference within the sphere of their jurisdiction canonically exercised. . . . But of his general principle there can be no doubt whatever" (Dudden, I, 475).


In view of later developments Gregory's dealings with the Oriental Churches, and with Constantinople in particular, have a special importance. There cannot be the smallest doubt that Gregory claimed for the Apostolic See, and for himself as pope, a primacy not ofhonor, but of supreme authority over the Church Universal. In Epistle 13.50, he speaks of "the Apostolic See, which is the head of allChurches", and in Epistle 5.154, he says: "I, albeit unworthy, have been set up in command of the Church." As successor of St. Peter, thepope had received from God a primacy over all Churches (Epistle 2.46; 3.30; 5.37; 7.37). His approval it was which gave force to thedecrees of councils or synods (Epistle 9.156), and his authority could annul them (Epistles 5.39, 5.41, 5.44). To him appeals might be made even against other patriarchs, and by him bishops were judged and corrected if need were (Epistles 2.50; 3.52; 3.63; 9.26; 9.27).

This position naturally made it impossible for him to permit the use of the title Ecumenical Bishop assumed by the Patriarch ofConstantinople, John the Faster, at a synod held in 588. Gregory protested, and a long controversy followed, the question still at issue when the pope died. A discussion of this controversy is needless here, but it is important as showing how completely Gregory regarded the Eastern patriarchs as being subject to himself; "As regards the Church of Constantinople," he writes in Epistle 9.12, "who can doubtthat it is subject to the Apostolic See? Why, both our most religious lord the emperor, and our brother the Bishop of Constantinoplecontinually acknowledge it."

At the same time the pope was most careful not to interfere with the canonical rights of the other patriarchs and bishops. With the otherOriental patriarchs his relations were most cordial, as appears from his letters to the patriarchs of Antioch and Alexandria.

Relations with the Lombards and the Franks

Gregory's consecration as pope preceded by a few days only the death of Authari, King of the Lombards, whose queen, the famous Theodelinde, then married Agilulf, Duke of Turin, a warlike and energetic prince. With Agilulf and the Dukes Ariulf of Spoleto and Arichis ofBenevento, Gregory soon had to deal, as, when difficulties arose, Romanus, the exarch, or representative, of the emperor, preferred to remain in sulky inactivity at Ravenna.

It soon became clear that, if any successful resistance was to be made against the Lombards, it must be by the pope's own exertions. How keenly he felt the difficulty and danger of his position appears in some of the earliest letters (Epistles 1.3, 1.8, 1.30); but no actual hostilities began till the summer of 592, when the pope received a threatening letter from Ariulf of Spoleto, which was followed almost immediately by the appearance of that chief before the walls of Rome. At the same time Arichis of Benevento advanced on Naples, which happened at the moment to have no bishop nor any officer of high rank in command of the garrison. Gregory at once took the surprising step of appointing a tribune on his own authority to take command of the city (Epistle 2.34), and, when no notice of this strong action was taken by the imperial authorities, the pope conceived the idea of himself arranging a separate peace with the Lombards (Epistle 2.45). No details of this peace have come down to us, but it seems certain that it was actually concluded (Epistle 5.36). Dr. Hodgkin (Italy and her Invaders, v, 366) pronounces Gregory's action herein to have been wise and statesmanlike, but, at the same time, undoubtedly ultra vires, being quite beyond any legal competency then possessed by the pope, who thus "made a memorable stride towards complete independence".

Gregory's independent action had the effect of rousing up Romanus the exarch. Wholly ignoring the papal peace, he gathered all his troops, attacked and regained Perugia, and then marched to Rome, where he was received with imperial honours. The next spring, however, he quitted the city and took away its garrison with him, so that both pope and citizens were now more exasperated against him than before. Moreover, the exarch's campaign had roused the Northern Lombards, and King Agilulf marched on Rome, arriving there probably some time in June, 593. The terror aroused by his advance is still mirrored for us in Gregory's homilies on the Prophet Ezechiel, which were delivered at this time. The siege of the city was soon abandoned, however, and Agilulf retired. The continuator of Prosper(Mon. Germ. SS. Antiq., IX, 339) relates that Agilulf met the pope in person on the steps of the Basilica of St. Peter, which was then outside the city walls, and "being melted by Gregory's prayers and greatly moved by the wisdom and religious gravity of this great man, he broke up the siege of the city"; but, in view of the silence both of Gregory himself and of Paul the Deacon on the point, the story seems scarcely probable. In Epistle 5.39, Gregory refers to himself as "the paymaster of the Lombards", and most likely a large payment from thepapal treasury was the chief inducement to raise the siege.

The pope's great desire now was to secure a lasting peace with the Lombards, which could only be achieved by a proper arrangement between the imperial authorities and the Lombard chiefs. On Queen Theodelinde, a Catholic and a personal friend, Gregory placed all his hopes. The exarch, however, looked at the whole affair in another light, and, when a whole year was passed in fruitless negotiations, Gregory began once again to mediate a private treaty. Accordingly, in May, 595, the pope wrote to a friend at Ravenna a letter (Epistle 5.34) threatening to make peace with Agilulf even without the consent of the Exarch Romanus. This threat was speedily reported toConstantinople, where the exarch was in high favour, and the Emperor Maurice at once sent off to Gregory a violent letter, now lost, accusing him of being both a traitor and a fool. This letter Gregory received in June, 595. Luckily, the pope's answer has been preserved to us (Epistle 5.36). It must be read in its entirety to be appreciated fully; probably very few emperors, if any, have ever received such a letter from a subject. Still, in spite of his scathing reply, Gregory seems to have realized that independent action could not secure what he wished, and we hear no more about a separate peace.

Gregory's relations with the Exarch Romanus became continually more and more strained until the latter's death in the year 596 or early in 597. The new exarch, Callinicus, was a man of far greater ability and well disposed towards the pope, whose hopes now revived. The official peace negotiations were pushed on, and, in spite of delays, the articles were at length signed in 599, to Gregory's great joy. This peace lasted two years, but in 601 the war broke out again through an aggressive act on the part of Callinicus, who was recalled two years later, when his successor, Smaragdus, again made a peace with the Lombards which endured until after Gregory's death.

Two points stand out for special notice in Gregory's dealings with the Lombards: first, his determination that, in spite of the apathy of the imperial authorities, Rome should not pass into the hands of some half-civilized Lombard duke and so sink into insignificance and decay; second, his independent action in appointing governors to cities, providing munitions of war, giving instructions to generals, sending ambassadors to the Lombard king, and even negotiating a peace without the exarch's aid. Whatever the theory may have been, there is no doubt about the fact that, besides his spiritual jurisdiction, Gregory actually exercised no small amount of temporal power.

Of Gregory's relations with the Franks there is no need to write at length, as the intercourse he established with the Frankish kings practically lapsed at his death, and was not renewed for about a hundred years. On the other hand he exercised a great influence onFrankish monasticism, which he did much to strengthen and reshape, so that the work done by the monasteries in civilizing the wild Franksmay be attributed ultimately to the first monk-pope.

Relations with the Imperial Government

The reign of Gregory the Great marks an epoch in papal history, and this is specially the case in respect to his attitude towards the imperial Government centered at Constantinople. Gregory seems to have looked upon Church and State as co-operating to form a united whole, which acted in two distinct spheres, ecclesiastical and secular. Over this commonwealth were the pope and the emperor, each supreme in his own department, care being taken to keep these as far as possible distinct and independent.

The latter point was the difficulty. Gregory definitely held that it was a duty of the secular ruler to protect the Church and preserve the "peace of the faith" (Mor., XXXI, viii), and so he is often found to call in the aid of the secular arm, not merely to suppress schism,heresy, or idolatry, but even to enforce discipline among monks and clergy (Epistles 1.72; 2.29; 3.59; 4.7; 4.32; 5.32; 8.4; 11.12; 11.37; 13.36). If the emperor interfered in church matters the pope's policy was to acquiesce if possible, unless obedience was sinful, according to the principle laid down in Epistle 11.29; "Quod ipse [se imperator] fecerit, si canonicum est, sequimur; si vero canonicum non est, in quantum sine peccato nostro, portamus." In taking this line Gregory was undoubtedly influenced by his deep reverence for the emperor, whom he regarded as the representative of God in all things secular, and must still be treated with all possible respect, even when he encroached on the borders of the papal authority.

On his side, although he certainly regarded himself as "superior in place and rank" to the exarch (Epistle 2.14), Gregory objected strongly to the interference of ecclesiastical authorities in matters secular. As supreme guardian of Christian justice, the pope was always ready to intercede for, or protect anyone who suffered unjust treatment (Epistles 1.35; 1.36; 1.47; 1.59; 3.5; 5.38; 9.4; 9.46; 9.55; 9.113; 9.182; 11.4), but at the same time he used the utmost tact in approaching the imperial officials. In Epistle 1.39, xxxix a, he explains for the benefit of his Sicilian agent the precise attitude to be adopted in such matters.

Still, in conjunction with all this deference, Gregory retained a spirit of independence which enabled him, when he considered it necessary, to address even the emperor in terms of startling directness. Space makes it impossible to do more than refer to the famous letters to the Emperor Phocas on his usurpation and the allusions in them to the murdered Emperor Maurice (Epistles 13.34, 13.41, 13.42). Every kind of judgement has been passed upon Gregory for writing these letters, but the question remains a difficult one. Probably the pope's conduct herein was due to two things: first, his ignorance of the way in which Phocus had reached the throne; and second, his view that the emperor was God's representative on earth, and therefore deserving of all possible respect in his official capacity, his personal characternot coming into the question at all. It should be noted, also, that he avoids any direct flattery towards the new emperor, merely using the exaggerated phrases of respect then customary, and expressing the high hopes he entertains of the new regime. Moreover, his allusions to Maurice refer to the sufferings of the people under his government, and do not reflect on the dead emperor himself.

Had the empire been sound instead of in a hopelessly rotten state when Gregory became pope, it is hard to say how his views might have worked out in practice. As it was, his line of strong independence, his efficiency, and his courage carried all before them, and when he died there was no longer any question as to who was the first power in Italy.

Missionary work

Gregory's zeal for the conversion of the heathen, and in particular of the Angles, has been mentioned already, and there is no need to dwell at length on the latter subject, as it has been fully treated under SAINT AUGUSTINE OF CANTERBURY. In justice to the great pope, however, it must be added that he lost no opportunity for the exercise of his missionary zeal, making every effort to root out paganism inGaul, Donatism in Africa, and the Schism of the Three Chapters in North Italy and Istria.

In his treatment of heretics, schismatics, and pagans his method was to try every means — persuasions, exhortations, threats — before resorting to force; but, if gentler treatment failed, he had no hesitation in accordance with the ideas of his age, in resorting to compulsion, and invoking the aid of the secular arm therein. It is curious, therefore, to find him acting as a champion and protector of theJews. In Epistle 1.14, he expressly deprecates the compulsory baptism of Jews, and many instances appear in which he insists on theirright to liberty of action, so far as the law permitted, both in civil affairs and in the worship of the synagogue (Epistles 1.34; 2.6; 8.25; 9.38; 9.195; 13.15). He was equally strong, however, in preventing the Jews from exceeding the rights granted to them by the imperiallaw, especially with regard to the ownership by them of Christian slaves (Epistles 2.6; 3.37; 4.9; 4.21; 6.29; 7.21; 8.21; 9.104; 9.213; 9.215). We shall probably be right, therefore, in attributing Gregory's protection of the Jews to his respect for law and justice, rather than to any ideas of toleration differing from those current at the time.

Gregory and monasticism

Although the first monk to become pope, Gregory was in no sense an original contributor to monastic ideals or practice. He tookmonasticism as he found it established by St. Benedict, and his efforts and influence were given to strengthening and enforcing the prescriptions of that greatest of monastic legislators. His position did indeed tend to modify St. Benedict's work by drawing it into a closer connection with the organization of the Church, and with the papacy in particular, but this was not deliberately aimed at by Gregory. Rather he was himself convinced that the monastic system had a very special value for the Church, and so he did everything in his power to diffuse and propagate it. His own property was consecrated to this end, he urged many wealthy people to establish or supportmonasteries, and he used the revenues of the patrimony for the same purpose.

He was relentless in correcting abuses and enforcing discipline, the letters on such matters being far too numerous for mention here, and the points on which he insists most are precisely those, such as stability and poverty, on which St. Benedict's recent legislation had laid special stress. Twice only do we find anything like direct legislation by the pope. The first point is that of the age at which a nun might be made abbess, which he fixes at "not less than sixty years" (Epistle 4.11). The second is his lengthening of the period of novitiate. St. Benedict had prescribed at least one year (Reg. Ben., lviii); Gregory (Epistle 10.9) orders two years, with special precautions in the case of slaves who wished to become monks.

More important was his line of action in the difficult question of the relation between monks and their bishop. There is plenty of evidence to show that many bishops took advantage of their position to oppress and burden the monasteries in their diocese, with the result that the monks appealed to the pope for protection. Gregory, while always upholding the spiritual jurisdiction of the bishop, was firm in support of the monks against any illegal aggression. All attempts on the part of a bishop to assume new powers over the monks in his diocesewere condemned, while at times the pope issued documents, called Privilegia, in which he definitely set forth certain points on which themonks were exempt from episcopal control (Epistles 5.49; 7.12; 8.17; 12.11; 12.12; 12.13). This action on Gregory's part undoubtedly began the long progress by which the monastic bodies have come to be under the direct control of the Holy See.

It should be mentioned that in Gregory's day the current view was that ecclesiastical work, such as the cure of souls, preaching, administering the sacraments, etc., was not compatible with the monastic state, and in this view the pope concurred. On the other hand a passage in Epistle 12.4, where he directs that a certain layman "should be tonsured either as a monk or a subdeacon", would suggest that the pope held the monastic state as in some way equivalent to the ecclesiastical; for his ultimate intention in this case was to promote the layman in question to the episcopate.

Death, canonization, relics, emblem

The last years of Gregory's life were filled with every kind of suffering. His mind, naturally serious, was filled with despondent forebodings, and his continued bodily pains were increased and intensified. His "sole consolation was the hope that death would come quickly" (Epistle 13.26). The end came on 12 March, 604, and on the same day his body was laid to rest in front of the sacristy in the portico of St. Peter's Basilica. Since then the relics have been moved several times, the most recent translation being that by Paul V in 1606, when they were placed in the chapel of Clement V near the entrance of the modern sacristy. There is some evidence that the body was taken toSoissons in France in the year 826, but probably only some large relic is meant.

Venerable Bede (Hist. Eccl., II, i) gives the epitaph placed on his tomb which contains the famous phrase referring to Gregory as consul Dei. His canonization by popular acclamation followed at once on his death, and survived a reaction against his memory which seems to have occurred soon afterwards.

In art the great pope is usually shown in full pontifical robes with the tiara and double cross. A dove is his special emblem, in allusion to the well-known story recorded by Peter the Deacon (Vita, xxviii), who tells that when the pope was dictating his homilies on Ezechiel a veil was drawn between his secretary and himself. As, however, the pope remained silent for long periods at a time, the servant made a hole in the curtain and, looking through, beheld a dove seated upon Gregory's head with its beak between his lips. When the dovewithdrew its beak the holy pontiff spoke and the secretary took down his words; but when he became silent the servant again applied his eye to the hole and saw the dove had replaced its beak between his lips. The miracles attributed to Gregory are very many, but space forbids even the barest catalogue of them.

Conclusion

It is beyond the scope of this notice to attempt any elaborate estimate of the work, influence, and character of Pope Gregory the Great, but some short focusing of the features given above is only just.
First of all, perhaps, it will be best to clear the ground by admitting frankly what Gregory was not. He was not a man of profound learning, not a philosopher, not a conversationalist, hardly even a theologian in the constructive sense of the term. He was a trained Roman lawyer and administrator, a monk, a missionary, a preacher, above all a physician of souls and a leader of men. His great claim to remembrance lies in the fact that he is the real father of the medieval papacy (Milman).

With regard to things spiritual, he impressed upon men's minds to a degree unprecedented the fact that the See of Peter was the one supreme, decisive authority in the Catholic Church. During his pontificate, he established close relations between the Church of Rome and those of Spain, Gaul, Africa, and Illyricum, while his influence in Britain was such that he is justly called the Apostle of the English. In theEastern Churches, too, the papal authority was exercised with a frequency unusual before his time, and we find no less an authority than the Patriarch of Alexandria submitting himself humbly to the pope's "commands". The system of appeals to Rome was firmly established, and the pope is found to veto or confirm the decrees of synods, to annul the decisions of patriarchs, and inflict punishment onecclesiastical dignitaries precisely as he thinks right.

Nor is his work less noteworthy in its effect on the temporal position of the papacy. Seizing the opportunity which circumstances offered, he made himself in Italy a power stronger than emperor or exarch, and established a political influence which dominated the peninsula for centuries. From this time forth the varied populations of Italy looked to the pope for guidance, and Rome as the papal capital continued to be the centre of the Christian world.

Gregory's work as a theologian and Doctor of the Church is less notable. In the history of dogmatic development he is important as summing up the teaching of the earlier Fathers and consolidating it into a harmonious whole, rather than as introducing new developments, new methods, new solutions of difficult questions. It was precisely because of this that his writings became to a great extent the compendium theologiae or textbook of the Middle Ages, a position for which his work in popularizing his great predecessors fitted him well. Achievements so varied have won for Gregory the title of "the Great", but perhaps, among our English-speaking races, he is honoured most of all as the pope who loved the bright-faced Angles, and taught them first to sing the Angels' song.

His writings

Genuine, doubtful, spurious

Of the writings commonly attributed to Gregory the following are now admitted as genuine on all hands: "Moralium Libri XXXV"; "Regulae Pastoralis Liber"; "Dialogorum Libri IV"; "Homiliarum in Ezechielem Prophetam Libri II"; "Homiliarum in Evangelia Libri II"; "Epistolarum Libri XIV". The following are almost certainly spurious: "In Librum Primum Regum Variarum Expositionum Libri VI"; "expositio super Cantica Canticorum"; "Expositio in VII Psalmos Poenitentiales"; "Concordia Quorundam Testimoniorum S. Scripturae". Besides the above there are attributed to Gregory certain liturgical hymns, the Gregorian Sacramentary, and the Antiphonary. (See ANTIPHONARY; SACRAMENTARY.)

Works of Gregory; complete or partial editions; translations, recensions, etc.

"Opera S. Gregorii Magni" (Editio princeps, Paris, 1518); ed. P. Tossianensis (6 vols., Rome, 1588-03); ed. P. Goussainville (3 vols., Paris, 1675); ed. Cong. S. Mauri (Sainte-Marthe) (4 vols., Paris, 1705); the last-named re-edited with additions by J. B. Gallicioli (17 vols., Venice, 1768-76) and reprinted in Migne, P.L., LXXV-LXXIX. "Epistolae", ed. P. Ewald and L. M. Hartmann in "Mon. Germ. Hist.: Epist.", I, II (Berlin, 1891-99); this is the authoritative edition of the text of the Epistles (all references given above are to this edition); Jaffe, "Regesta Pontif," (2nd ed., Rome, 1885), I, 143-219; II, 738; Turchi, "S. Greg. M. Epp. Selectae" (Rome, 1907); P. Ewald, "Studien zur Ausgabe des Registers Gregors I." in "Neues Archiv", III, 433-625; L.M. Hartmann in "Neues Archiv", XV, 411, 529; XVII, 493; Th. Mommsen in "Neues Archiv", XVII, 189; English translation: J. Barmby, "Selected Epistles" in "Nicene and Post-Nicene Fathers", 2nd Series, XII, XIII (Oxford and New York, 1895, 1898), "Regula Pastoralis Curae", ed. E. W. Westhoff (Munster, 1860); ed. H. Hurter, S.J., in "SS. Patr. Opuse. Select.", XX; ed. A.M. Micheletti (Tournai, 1904); ed. B. Sauter (Freiburg, 1904); English translations: "King Alfred's West Saxon Version of Gregory's Pastoral Care", ed. H. Sweet (London, 1871); "The Book of Pastoral Care" (tr. J. Barmby) in "Nicene and Post-Nicene Fathers", 2nd Series, XII (Oxford and New York, 1895). "Dialogorum Libri IV": very many editions of the whole work have appeared, and also of Bk. II, "Of the Life and Miracles of St. Benedict", separately; an old English translation has been reprinted by H. Coleridge, S.J., (London, 1874); L. Wiese, "Die Sprache der Dialoge" (Halle, 1900); H. Delehaye, "S. Gregoirele Grand dans Phagiographie Grecque" in "Analecta Bolland." (1904), 449-54; B. Sauter, "Der heilige Vater Benediktus nach St. Gregor dem Grossen" (Freiburg, 1904). "Hom. XL in Evangelia", ed. H. Hurter in "SS. Patrum Opusc. Select.", series II, Tom. VI (Innsbruck, 1892). G. Pfeilschifter Gregors der Gr." (Munich, 1900). "Magna Moralia", Eng. tr. in "Library of the Fathers" (4 vols., Oxford, 1844); Prunner, "Gnade und Sunde nach Gregors expositio in Job" (Eichstätt, 1855).

Sources

CHIEF SOURCES.—First of all come the writings of Gregory himself, of which a full account is given above, the most important from a biographical point of view being the fourteen books of his Letters and the four books of Dialogues. The other early authorities are ST. GREGORY OF TOURS (d. 594 or 595), Historia Francorum, Bk. X, and the Liber Pontificalis, both practically contemporary. To the seventh century belong ST. ISIDORE OF SEVILLE. De Viris Illustribus, XL, and ST. ILDEPHONSUS OF TOLEDO, De Viris Illustribus, I. Next come the Vita Antiquissima, by an anonymous monk of Whitby, written probably about 713, and of special interest as representing an essentially English tradition in regard to the saint; THE VEN. BEDE, Hist. Eccles., II, whose work was finished in 731; PAUL THE DEACON, who compiled a short Vita Gregorii Magni between 770 and 780, which may be supplemented from the same writers more famous work Historia Longobardorum; lastly JOHN THE DEACON, who, at the request of John VIII (872-882), produced his Vita Gregorii in answer to the complaint that no history of the saint had yet been produced in Rome. Besides these direct authorities considerable light on the period of St. Gregory's life may be gathered from the works of various contemporary chroniclers and historians.


WORKS ON GREGORY. — (1) General. — GREGORY OF TOURS, Historia Francorum, X, i, in P.L., LXXI; the best edition of this is by ARNDT AND KRUSCH in Mon. Germ. Hist.; Script. Rerum Meroving., I; Liber Pontificatis, ed. DUCHESNE (Paris, 1884), I, 312; ISIDORE OF SEVILLE, De Vir. Illustr., I, ibid., XCVII; Vita It. Papae Gregorii M. (MSS. Gallen, 567), written by a monk of Whitby, ed. GASQUET (Westminster, 1904): see also on same work EWALD, Die alteste Biographie Gregors I in Historische Aufsatze dem Andenken an G. Waitz gewidmet (Hanover, 1886), 17-54; VEN. BEDE, Hist. Eccles., I, xxiii-xxxiii; II, i-iii; V, xxv; in P.L., XCV; PAUL THE DEACON, Vita Gregorii M. in P.L., LXXV; IDEM, De Gestis Longobard., III, 24; IV, 5; In P.L., XCV; JOHN THE DEACON, Vita Gregorii M., ibid., LXXV; Acta SS., 12 March; VAN DEN ZYPE, S. Gregorius Magnus (Ypres, 1610); SAINTE_MARTHE, Histoire de S. Gregoire (Rouen, 1677); MAIMBOURG, Histoire du pontificat de S. Gregoire (Paris, 1687); BONUCCI, Istoria del B. Gregorio (Rome, 1711); WIETROWSKY, Hist. de gestis praecipuis in pontificatu S. Gregorii M. (Prague, 1726-30); POZZO, Istoria della vita di S. Gregorio M. (Rome, 1758); MARGGRAF, De Gregorii I. M. Vita (Berlin, 1844); BIANCHI-GIOVINI, Pontificato di S. Gregorio (Milan, 1844); LAU, Gregor I, der Grosse (Leipzig, 1845); PFAHLER, Gregor der Grosse (Frankfort, 1852); LUZARCHE, Vie du Pape Gregoire le Grand (Tours, 1857); ROMALTE, Vie de S. Gregoire (Limoges, 1862); PAGNON, Gregoire le Grand et son epoque (Rouen, 1869); BELMONTE, Gregorio M. e il suo tempo (Florence, 1871); BOHRINGER, Die Vater des Papsiiums, Leo I und Gregor I (Stuttgart, 1879): MAGGIO, Prolegomeni alla storia di Gregorio il Grande (Prato, 1879); BARMBY, Gregory the Great (London, 1879; reissue, 1892); CLAUSIER, S. Gregoire (Paris, 1886); BOUSMANN, Gregor I, der Grosse (Paderborn, 1890); WOLFSGRUBER, Gregor der Grosse (Saulgau, 1890); SNOW, St. Gregory, his Work and his Spirit (London, 1892); GRISAR, Roma alta fine del mondo antico (Rome, 1899), Pt. III; IDEM, San Gregorio Magno (Rome, 1904); DUDDEN, Gregory the Great, his Place in History and in Thought (2 vols., London, 1905); CAPELLO, Gregorio I e il suo pontificuto (Saluzzo, 1904); CEILLIER, Histoire general des auteurs ecclesiastique, XI, 420-587; MILMAN, History of Latin Christianity, Bk. III, vii; MONTALEMBERT, Monks of the West, tr. Bk. v; GREGOROVIUS, Rome in the Middle Ages, tr., II, 16-103; HODGKIN, Italy and her Invaders, V, vii-ix; GATTA, Un parallelo storico (Marco Aurelio, Gregorio Magno) (Milan, 1901); MANN, Lives of the Popes in the Early Middle Ages (London, 1902), I, 1-250.

(2) Special. (a) The Patrimony. — ORSI, Della origine del dominio temporate e della sovranita del Rom. Pontif. (2nd ed., Rome, 1754); BORGIA, Istoria del dominio temporale della Sede Apostolica nelle due Sicilie (Rome, 1789); MUZZARELLI, Dominio temporale del Papa (Rome, 1789); SUGENHEIM, Gesch. der Entstehung und Ausbildung des Kirchenstaates (Leipzig, 1854); SCHARPFF, Die Entstchung des Kirchenstaates (Freiburg im Br., 1860); GRISAR, Ein Rundgang durch die Patrimonien des hl. Stuhls i, J. 600, in Zeitschr, Kuth, Theol., I, 321; SCHWARZLOSE, Die Patrimonien d. rom. K. (Berlin, 1887); MOMMSEN, Die Bewirtschaftung der Kirchenguter unter Papst Gregor I, in Zeitsch, f. Socialund, Wirtschaftsgesch., I, 43; DOIZE, Deux etudes sur l'administration temporelle du Pape Gregoire le Grand (Paris, 1904).

 (b) Primacy and Relations with other Churches. — PFAFF, Dissertatio de titulo l'atriarchoe (Ecumenici (Tübingen, 1735); ORTLIEB, Essai sur le systeme eccles, de Gregoire le Grand (Strasburg, 1872); PINGAUD, La politique de S. Gregoire (Paris, 1872); LORENZ, Papstwahl und Kaisertum (Berlin, 1874), 23; CRIVELLUCCI, Storia della relazioni tra lo Stato e la Chiesa (Bologna, 1885), II, 301; GORRES, Papsi Gregor der Grosse und Kaiser Phocas in Zeitsche, fur wissenschaftliche Theol., CLIV, 592-602.

(c) Relations with Lombards and Franks. — BERNARDI, I Longobardi e S. Gregorio M. (Milan, 1843); Troya, Storia d'Italia del medio evo, IV: Codice diplomatico longobardo dal 568 al 774 (Naples, 1852); DIEHL, Etudes sur l'administration byzantine dans l'Exarchat de Ravenne (Paris, 1888); HARTMANN, Unters, z. Gesch. d. byzant, Verwaltung in Italien (Leipzig, 1889); LAMPE, Qui fuerint Gregorii M. p. temporibus in imperii byzantini parte occident, exarchi (Berlin, 1892); PERRY, The Franks (London, 1857); KELLERT, Pope Gregory the Great and his Relations with Gaul (Cambridge, 1889); GRISAR, Rom. u. d. frankische Kirche vorneehmlich im 6. Jahr. in Zeitschr. kath. Theol., 14.

(d) Monasticism and Missionary Work. — MABILLON, Dissertatio de monastica vita Gregorii Papoe (Paris, 1676); BUTLER, Was St. Augustine of Canterbury a Benedictine? in Downside Review, III, 45-61, 223-240; GRUTZMACHER, Die Bedeutung Benedikts von Nursia und seiner Regel in der Gesch. des Monchtums (Berlin, 1892); CUTTS, Augustine of Canterbury (London, 1895); GRAY, The Origin and Early History of Christianity in Britain (London, 1897); BRIGHT, Chapters on Early English Church History (Oxford, 1897); BENEDETTI, S. Gregorio Magno e la schiavitu (Rome, 1904).

(e) Writings. — ALZOO, Lehrb. der Patrologie (Freiburg im Br., 1876); HARNACK, Lehrb. der Dogmengeschichte, III (Freiburg im Br., 1890); LOOFS, Leits. zum Studium der Dogmengeschichte (Halle, 1893); SEEBERG, Lehrb. der Dogmengeschichte, II (Leipzig, 1898); BARDENHEWER, Patrology, tr. SHAHAN (Freiburg im Br., 1908).

Huddleston, Gilbert. "Pope St. Gregory I ("the Great")." The Catholic Encyclopedia. Vol. 6. New York: Robert Appleton Company, 1909. 29 Sept. 2015 <http://www.newadvent.org/cathen/06780a.htm>.

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SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/06780a.htm




St. Gregory the Great, Pope and Confessor

From his works, Bede, and Paul, deacon of Monte Cassino, towards the end of the eighth century. His life in four books, by John, deacon of Rome in the ninth age, is full of mistakes, as Baronius observes. See his history, compiled in French by Dom Dionysius of Sainte-Marthe, superior-general of the Maurist monks, printed at Rouen in 4to. 1697, and more accurately in Latin by the same author, in the 4to. tome of this father’s works, in 1705. See also Fleury, b. 34, 35, 36. Mabillon, Annal. Bened. l. 6. t. 1. Ceillier, t. 17. p. 128. F. Wietrowski, S. J. Historia de rebus in Pontifex, a criminationibus Oudini vindicatus. and Hieron. Muzio in Coro Pontificale.

A.D. 604

ST. GREGORY, from his illustrious actions and extraordinary virtues, surnamed the Great, was born at Rome, about the year 540. Gordianus, his father, enjoyed the dignity of a senator, and was very wealthy; but after the birth of our saint, renounced the world, and died Regionarius, that is, one of the seven cardinal deacons who took care of the ecclesiastical districts of Rome. His mother, Sylvia, consecrated herself to God in a little oratory near St. Paul’s. Our saint was called Gregory, which in Greek implies a watchman, as Vigilius and Vigilantius in Latin. In his youth he applied himself, with unabated diligence, to the studies of grammar, rhetoric, and philosophy; and after these first accomplishments, to the civil law and the canons of the church, in which he was perfectly skilled. He was only thirty-four years old when, in 574, he was made, by the emperor Justin the Younger, pretor, or governor and chief magistrate of Rome. By this dignity he was the chief judge of the city; his pomp and state differed little from that of a consul, and he was obliged to wear the Trabea, which was a rich robe of silk, magnificently embroidered, and sparkling with precious stones; a garment only allowed to the consuls and pretor. But he could say, with Esther, that his heart always detested the pride of the world. From his infancy he loved and esteemed only heavenly things, and it was his chief delight to converse with holy monks, or to be retired in his closet, or in the church at his devotions. After the death of his father, he built and endowed six monasteries in Sicily, out of the estates which he had in that island, and founded a seventh in his own house in Rome, which was the famous monastery of St. Andrew, on the hill Scarus, 1 now possessed by the Order of Camaldoli. The first abbot of this house was Hilarion, the second Valentinus, under whom St. Gregory himself took the monastic habit, in 575, being thirty-five years old. In this retirement, Gregory applied himself with such vigour to fasting and the study of the sacred writings, that he thereby contracted a great weakness in his stomach, and used to fall into fits of swooning if he did not frequently eat. What gave him the greatest affliction was his not being able to fast on an Easter-Eve, a day on which, says John the deacon, every one, not even excepting little children, are used to fast. His great desire of conforming to the universal practice on that day occasioned his applying to a monk of eminent sanctity, named Eleutherius, with whom having prayed, and besought God to enable him to fast at least on that sacred day, he found himself on a sudden so well restored, that he not only fasted that day, but quite forgot his illness as he himself relates. 2

It was before his advancement to the see of Rome, or even to the government of his monastery, that he first, as Paul the deacon testifies, projected the conversion of the English nation. This great blessing took its rise from the following occasion. 3 Gregory happened one day to walk through the market, and here taking notice that certain youths of fine features, and complexion, were exposed to sale, he inquired what countrymen they were, and was answered, that they came from Britain. He asked if the people of that country were Christians or heathens, and was told they were still heathens. Then Gregory drawing a deep sigh, said: “It was a lamentable consideration that the prince of darkness should be master of so much beauty, and have so comely persons in his possession; and that so fine an outside should have nothing of God’s grace to furnish it within.” 4 This incident made so great an impression upon him, that he applied himself soon after to Pope Benedict I. and earnestly requested that some persons might be sent to preach Christianity in Britain. And not finding any one disposed to undertake that mission, he made an offer of himself for the service, with the pope’s consent and approbation. Having obtained leave, he privately set forward on his journey, in company with several monks of his own monastery. But when his departure was known, the whole city was in an uproar, and the people ran in a body to the pope, whom they met going to St. Peter’s church. They cried out to him in the utmost consternation: “Apostolic father, what have you done? In suffering Gregory to go away, you have destroyed Rome: you have undone us, and offended St. Peter.” At these pressing instances the pope despatched messengers to recall him: and the saint being overtaken by them on the third day, was obliged, though with great reluctance, to return to Rome. Not long after the same pope, according to John the deacon, and the Benedictines, or as Paul the deacon, and Baronius say, his successor Pelagius II. made him one of the seven deacons of the church at Rome, who assisted the pope. Pelagius II. sent him to Constantinople in quality of Apocrisiarius, or Nuncio of the holy see, to the religious Emperor Tiberius, by whom the saint was received and treated with the highest distinction. This public employment did not make him lay aside the practices of a monastic life, in order to which he had taken with him certain monks of his house, with whom he might the better continue them, and by their example excite himself to recollection and prayer. At the request of St. Leander, bishop of Seville, whom he saw at Constantinople, he wrote in that city his thirty-five books of Morals upon Job, giving chiefly the moral and allegorical interpretations of the sacred book, in such a manner as to reduce into one body the most excellent principles of morality, and also of an interior life, of both which this admirable work hath been ever since regarded as the great storehouse and armory. Out of it St. Isidore, St. Thomas, and other masters of those holy sciences have chiefly drawn their sublime maxims. Mauritius having married the daughter of Tiberius, in 582, who had the empire for her dowry, St. Gregory was pitched upon to stand god-father to his eldest son. Eutychius was at that time patriarch of Constantinople. 5 This prelate, having suffered for the faith under Justinian, fell at length into an error, importing, that after the general resurrection the glorified bodies of the elect will be no longer palpable, but of a more subtile texture than air. This error he couched in a certain book which he wrote. St. Gregory was alarmed, and held several conferences with the patriarch upon that subject, both in private and before the emperor, and clearly demonstrated from the scriptures, that the glorified bodies of the saints will be the same which they had on earth, only delivered from the appendixes of mortality; and that they will be palpable as that of Christ was after his resurrection. 6 The good bishop being docile and humble, retracted his mistake, and shortly after falling sick, in presence of the emperor, who had honoured him with a visit, taking hold of his skin with his hand, said: “I profess the belief that we shall all rise in this very flesh.” 7

Pope Pelagius recalled St. Gregory in 684. He brought with him to Rome an arm of St. Andrew, and the head of St. Luke, which the emperor had given him. He placed both these relics in his monastery of St. Andrew, where the former remains to this day; but the latter has been removed thence to St. Peter’s where it still continues. The saint with joy saw himself restored to the tranquillity of his cell, where he eagerly desired to bury himself with regard to the world, from which he had fled naked into this secure harbour; because, as he signified to St. Leander, he saw how difficult a thing it is to converse with the world without contracting inordinate attachments. 8 Pope Pelagius also made him his secretary. He still continued to govern his monastery, in which he showed a remarkable instance of severity. Justus, one of his monks, had acquired and kept privately three pieces of gold, which he confessed on his death-bed. St. Gregory forbade the community to attend and pray by his bed-side, according to custom; but could not refuse him the assistance of a priest, which the council of Nice ordained that no one should be deprived of at the hour of death. Justus died in great sentiments of compunction; yet, in compliance with what the monastic discipline enjoins in such cases, in imitation of what St. Macarius had prescribed on the like occasion, he ordered his corpse to be buried under the dunghill, and the three pieces of money to be thrown into the grave with it. Nevertheless, as he died penitent, he ordered mass to be daily offered up for him during thirty days. 9 St. Gregory says, 10 that after the mass of the thirtieth day, Justus appearing to his brother Copiosus, assured him that he had been in torments, but was then released. Pope Pelagius II. dying in the beginning of the great pestilence, in January, 590, the clergy, senate, and Roman people unanimously agreed to choose St. Gregory for their bishop, although he opposed his election with all his power. It was then the custom at the election of a pope to consult the emperor as the head of the senate and people. Our saint, trusting to his friendship with Mauritius, to whose son he stood god-father, wrote to him privately to conjure him not to approve of this choice. He wrote also with great earnestness to John, patriarch of Constantinople, and to other powerful friends in that city, begging them to employ their interest with the emperor for that purpose; but complains in several letters afterwards that they had all refused to serve him. The governor of Rome intercepted his letters to the emperor, and sent others to him, in the name of the senate and people, to the contrary effect. In the mean time, the plague continued to rage at Rome with great violence; and, while the people waited for the emperor’s answer, St. Gregory took occasion from their calamities to exhort them to repentance. Having made them a pathetic sermon on the subject, 11 he appointed a solemn litany, or procession, in seven companies, with a priest at the head of each, who were to march from different churches, and all to meet in that of St. Mary Major; singing Kyrie Eleison as they went along the streets. During this procession there died in one hour’s time fourscore of those who assisted at it. But St. Gregory did not forbear to exhort the people, and to pray till such time as the distemper ceased. 12 During the public calamity, St. Gregory seemed to have forgotten the danger he was in of being exalted to the pontifical throne; for he feared as much to lose the security of his poverty as the most avaricious can do to lose their treasures. He had been informed that his letters to Constantinople had been intercepted; wherefore, not being able to go out of the gates of Rome, where guards were placed, he prevailed with certain merchants to carry him off disguised, and shut up in a wicker basket. Three days he lay concealed in the woods and caverns, during which time the people of Rome observed fasts and prayers. Being miraculously discovered 13 and no longer able, as he says himself, 14 to resist, after the manifestations of the divine will, he was taken, brought back to Rome with great acclamations, and consecrated on the 3rd of September, in 590. In this ceremony he was conducted, according to custom, to the confession of St. Peter, as his tomb is called; where he made a profession of his faith, which is still extant in his works. He sent also to the other patriarchs a synodal epistle, in which was contained the profession of his faith. 15 In it he declares, that he received the four general councils as the four gospels. He received congratulatory letters upon his exaltation; to all which he returned for answer rather tears than words, in the most feeling sentiments of profound humility. To Theoctista, the emperor’s sister he wrote thus: 16 “I have lost the comfort of my calm, and, appearing to be outwardly exalted, I am inwardly and really fallen.—My endeavours were to banish corporeal objects from my mind, that I might spiritually behold heavenly joys. Neither desiring nor fearing anything in the world, I seemed raised above the earth, but the storm had cast me on a sudden into alarms and fears; I am come into the depth of the sea, and the tempest hath drowned me.” He adds: “The emperor hath made an ape to be called a lion; but cannot make him become one.” In his letter to Narses, the patrician, he says: 17 “I am so overcome with grief, that I am scarcely able to speak. My mind is encompassed with darkness. All that the world thinks agreeable, brings to me trouble and affliction.” To St. Leander he writes: “I remember with tears that I have lost the calm harbour of my repose, and with many a sigh I look upon the firm land which I cannot reach. If you love me, assist me with your prayers.” He often invites others to weep with him, and conjures them to pray for him. John, archbishop of Ravenna, modestly reprehended his cowardice in endeavouring by flight, to decline the burden of the pastoral charge. In answer to his censure, and to instruct all pastors, soon after his exaltation, he wrote his incomparable book, On the Pastoral Care, setting forth the dangers, duties, and obligations, of that charge, which he calls, from St. Gregory Nazianzen, the art of arts, and science of sciences. So great was the reputation of this performance, as soon as it appeared, that the Emperor Mauritius sent to Rome for a copy; and Anastasius, the holy patriarch of Antioch, translated it into Greek. Many popes and councils have exhorted and commanded pastors of souls frequently to read it, and in it, as in a looking-glass, to behold themselves. 18 Our English saints made it always their rule, and King Alfred translated it into the Saxon tongue. In this book we read a transcript of the sentiments and conduct of our excellent pastor. His zeal for the glory of God, and the angelical function of paying him the constant tribute of praise in the church, moved him, in the beginning of his pontificate, to reform the church music. 19 Preaching he regarded as the principal and most indispensable function of every pastor of souls, as it is called by St. Thomas, and was most solicitous to feed his flock with the word of God. His forty homilies on the gospels, which are extant, show that he spoke in a plain and familiar style, and without any pomp of words; but with a surprising eloquence of the heart. The same may be said of his twenty-two homilies on Ezekiel, which he preached whilst Rome was besieged by the Lombards, in 592. In the nineteenth he, in profound humility, applies to himself, with tears, whatever the prophet spoke against slothful mercenary pastors. Paul the deacon relates, that after the saint’s death, Peter the deacon, his most intimate friend, testified that he had seen in a vision, as an emblem of the Holy Ghost, a dove appear on his head, applying his bill to his ear whilst he was writing on the latter part of Ezekiel.

This great pope always remembered, that, by his station, he was the common father of the poor. He relieved their necessities with so much sweetness and affability, as to spare them the confusion of receiving the alms; and the old men among them he, out of deference, called his fathers. He often entertained several of them at his own table. He kept by him an exact catalogue of the poor, called by the ancients matriculæ; and he liberally provided for the necessities of each. In the beginning of every month he distributed to all the poor, corn, wine, pulse, cheese, fish, flesh, and oil; he appointed officers for every street to send every day necessaries to all the needy sick; before he eat he always sent off meats from his own table to some poor persons. One day a beggar being found dead in a corner of a by-street, he is said to have abstained some days from the celebration of the divine mysteries condemning himself of a neglect in seeking the poor with sufficient care. He entertained great numbers of strangers both at Rome and in other countries, and had every day twelve at his own table whom his sacristan invited. He was most liberal in redeeming captives taken by the Lombards, for which he permitted the bishop of Fano to break and sell the sacred vessels 20 and ordered the bishop of Messana to do the same. 21 He extended his charity to the heretics, whom he sought to gain by mildness. He wrote to the bishop of Naples to receive and reconcile readily those who desired it, taking upon his own soul the danger, 22 lest he should be charged with their perdition if they should perish by too great severity. Yet he was careful not to give them an occasion of triumphing by any unreasonable condescension; and much more not to relax the severity of the law of God in the least tittle. 23 He showed great moderation to the schismatics of Istria, and to the very Jews. When Peter, bishop of Terracina, had taken from the latter their synagogue, St. Gregory ordered it to be restored to them, saying, they are not to be compelled, but converted by meekness and charity. 24 He repeated the same orders for the Jews of Sardinia, and for those of Sicily. 25 In his letters to his vicar in Sicily, and to the stewards of the patrimony of the Roman church in Africa, Italy, and other places, he recommends mildness and liberality towards his vassals and farmers; orders money to be advanced to those who were in distress, which they might repay by little and little, and most rigorously forbids any to be oppressed. He carefully computed and piously distributed the income of his revenues at four terms in the year. In his epistles, we find him continually providing for the necessities of all churches, especially of those in Italy, which the wars of the Lombards and other calamities had made desolate. Notwithstanding his meekness and condescension, his courage was undaunted, and his confidence in the divine assistance unshaken amidst the greatest difficulties. “You know me,” says he, 26 “and that I tolerate a long while, but when I have once determined to bear no longer, I go with joy against all dangers.” Out of sincere humility he styled himself “the basest of men, devoured by sloth and laziness.” 27 Writing to St. Leander, he says, 28 he always desired to be the contempt of men and the outcast of the people. He declares 29 “I am ready to be corrected by all persons, and him only do I look upon as my friend by whose tongue I learn to wash away the stains of my mind.” He subscribed himself in all his letters, Servant of the servants of God, which custom has been retained by his successors. Indeed what is a pastor or superior but the servant of those for whom he is to give a rigorous account to God? The works of St. Gregory were every where received with the greatest applause. Marinianus, archbishop of Ravenna, read his comments on Job to the people in the church. The saint was afflicted and confounded that his writings should be thought to deserve a place among the approved works of the fathers; and wrote to that prelate that his book was not proper for the church, admonishing him rather to read St. Austin on the psalms. 30 He was no less dead to himself in his great actions, and all other things. He saw nothing in himself but imperfections, and subjects of confusion and humiliation.

It is incredible how much he wrote, and, during the thirteen years that he governed the church, what great things he achieved for the glory of God, the good of the church, the reformation of manners, the edification of the faithful, the relief of the poor, the comfort of the afflicted, the establishment of ecclesiastical discipline, and the advancement of piety and religion. But our surprise redoubles upon us, when we remember his continual bad state of health and frequent sicknesses, and his assiduity in prayer and holy contemplation; though this exercise it was that gave always wings to his soul. In his own palace he would allow of no furniture but what was mean and simple, nor have any attendants near his person but clergymen or monks of approved virtue, learning, and prudence. His household was a model of christian perfection; and by his care, arts, sciences, and the heroic practice of piety, flourished, especially in the city of Rome. The state of Christendom was at that time on every side miserably distracted, and stood in need of a pastor, whose extraordinary sanctity, abilities, and courage should render him equal to every great enterprise. And such a one was Gregory. The eastern churches were wretchedly divided and shattered by the Nestorians, and the numerous spawn of the Eutychians, all which he repressed. In the west, England was buried in idolatry, and Spain, under the Visigoths, was overrun with the Arian heresy. These two flourishing countries owe their conversion, in a great measure, to his zeal, especially the former. In Africa he extirpated the Donatists, converted many schismatics in Istria and the neighbouring provinces; and reformed many grievous abuses in Gaul, whence he banished simony, which had almost universally infected that church. A great part of Italy was become a prey to the Lombards, 31 who were partly Arians, partly idolaters. St. Gregory often stopped the fury of their arms, and checked their oppressions of the people: by his zeal he also brought over many to the Catholic faith, and had the comfort to see Agilulph, their king, renounce the Arian heresy to embrace it. In 592, Romanus, exarch, or governor of Italy for the emperor, with a view to his own private interest, perfidiously broke the solemn treaty which he had made with the Lombards, 32 and took Perugia and several other towns. But the barbarians, who were much the stronger, revenged this insult with great cruelty, and besieged Rome itself. Saint Gregory neglected nothing to protect the oppressed, and raised troops for the defence of several places. At length, by entreaties and great presents, he engaged the Lombards to retire into their own territories. He reproved the exarch for his breach of faith, but to no other effect than to draw upon himself the indignation of the governor and his master. Such were the extortions and injustices of this and other imperial officers, that the yoke of the barbarians was lighter than the specious shadow of liberty under the tyranny of the empire: and with such rigour were the heaviest taxes levied, that to pay them, many poor inhabitants of Corsica were forced to sell their own children to the barbarians. These oppressions cried to heaven for vengeance: and St. Gregory wrote boldly to the empress Constantina, 33 entreating that the emperor, though he should be a loser by it, would not fill his exchequer by oppressing his people, nor suffer taxes to be levied by iniquitous methods which would be an impediment to his eternal salvation. He sent to this empress a brandeum, or veil, which had touched the bodies of the apostles, and assured her that miracles had been wrought by such relics.” 34 He promised to send her also some dust-filings of the chains of St. Paul; of which relics he makes frequent mention in his epistles. At Cagliari, a certain rich Jew, having been converted to the faith, had seized the synagogue in order to convert it into a church, and had set up in it an image of the Virgin Mary and a cross. Upon the complaint of the other Jews, St. Gregory ordered 35 the synagogue to be restored to them, but that the image and cross should be first removed with due veneration and respect. 36 Writing to Theodelinda, queen of the Lombards, he mentions, 37 that he sent her son, the young king, a little cross, in which was a particle of the wood of the true Cross, to carry about his neck. Secundinus, a holy hermit near Ravenna, god-father to this young king, begged of the pope some devout pictures. St. Gregory, in his answer, says: “We have sent you two cloths, containing the picture of God our Saviour, and of Mary the holy Mother of God, and of the blessed apostles Peter and Paul, and one cross: also for a benediction, a key which had been applied to the most holy body of St. Peter, the prince of the apostles, that you may remain defended from the enemy.” 38 But when Serenus, bishop of Marseilles, had broken certain sacred images which some persons, lately converted from idolatry, honoured with their former idolatrous superstitions, St. Gregory commended his zeal for suppressing this abuse, but reproved him for breaking the images. 39 When the archbishop of Ravenna used the pallium, not only at mass, but also in other functions, St. Gregory wrote him a severe reprimand, telling him that no ornament shines so bright on the shoulders of a bishop, as humility. 40 He extended his pastoral zeal and solicitude over all churches; and he frequently takes notice that the care of the churches of the whole world was entrusted to St. Peter, and his successors in the see of Rome. 41 This authority he exerted in the oriental patriarchates. A certain monk having been accused of Manicheism, and beaten by the order of John the patriarch of Constantinople, appealed to Pope Gregory, who sharply reprimanded the patriarch, exhorting him to eject a certain wicked young man by whom he suffered himself to be governed, and to do penance, and telling him: “If you do not keep the canons, I know not who you are.” 42 He absolved the monk, with his colleague, a priest, re-established them in their monastery, and sent them back into the East, having received their profession of faith. He also absolved John, a priest of Chalcedon, who had been unjustly condemned by the delegates of the patriarch. This patriarch, John, surnamed the Faster, usurped the arrogant title of œcumenical, or universal patriarch. This epithet was only used of a general council which represents the whole church. In this sense an œcumenical bishop should mean a bishop who represents the whole church, so that all other bishops are only his vicars. St. Gregory took the word in that sense: which would be blasphemy and heresy, and as such he condemned it. 43 John indeed only meant it in a limited sense for an archbishop over many, as we call him a general who commands many; but even so it savoured of arrogance and novelty. In opposition to this, St. Gregory took no other titles than those of humility. Gregoria, a lady of the bedchamber, to the empress, being troubled with scruples, wrote to St. Gregory, that she should never be at ease till he should obtain of God, by a revelation, an assurance that her sins were forgiven her. To calm her disturbed mind, he sent her the following answer. 44 “You ask what is both difficult and unprofitable.—Difficult, because I am unworthy to receive any revelation: unprofitable, because an absolute assurance of your pardon does not suit your state till you can no longer weep for your sins. You ought always to fear and tremble for them, and wash them away by daily tears. Paul had been taken up to the third heaven, yet trembled lest he should become a reprobate.—Security is the mother of negligence.”

The emperor forbade any to be admitted in monasteries, who, having been in office, had not yet given up their accounts, or who were engaged in the military service. This order he sent to each of the patriarchs, to be by them notified to all the bishops of their respective districts. St. Gregory, who was at that time sick, complied with the imperial mandate, so far as to order the edict to be signified to the western bishops, 45 as appears from a letter which he wrote to the emperor as soon as his health was re-established. We learn from another letter, which he wrote some years after to the bishops of the empire, that, on this occasion, he exhorted the bishops to comply with the first part, and as to the second, not to suffer persons engaged in the army to be admitted among the clergy or to the monastic habit, unless their vocation had been thoroughly tried for the space of three years, that it might be evident they were converted from the world, and sought not to change one kind of secular life for another. He made to Mauritius, the strongest remonstrances against this edict, saying, “It is not agreeable to God, seeing by it the way to heaven was shut to several; for many cannot be saved unless they forsake all things.” He, therefore, entreated the emperor to mitigate this law, approving the first article as most just, unless the monastery made itself answerable for the debts of such a person received in it. As to the second, he allows that the motives and sincerity of the conversion of such soldiers are to be narrowly examined before they ought to be admitted to the monastic habit. Mauritius, who had before conceived certain prejudices against St. Gregory, was offended at his remonstrances, and showed his resentment against him for some years, but at length agreed to the mitigations of each article proposed to St. Gregory: which the holy pope, with great pleasure, notified by a letter addressed to the bishops of the empire. 46

The emperor Mauritius, having broken his league with the Avari, a Scythian nation, then settled on the banks of the Danube, 47 was defeated, and obliged to purchase an ignominious peace. He also refused to ransom the prisoners they had taken, though they asked at first only a golden penny a head, and at last only a sixth part, or four farthings; which refusal so enraged the barbarians, that they put them all to the sword. Mauritius began then to be stung with remorse, gave large alms, and prayed that God would rather punish him in this life than in the next. His prayer was heard. His avarice and extortions had rendered him odious to all his subjects; and, in 602, he ordered the army to take winter quarters in the enemy’s country, and to subsist on freebooting, without pay. The soldiers exasperated at this treatment, chose one Phocas, a daring ambitions man, to be their leader, and marched to Constantinople, where he was crowned emperor. Mauritius had made his escape, but was taken with his family thirty miles out of the city, and brought back. His five sons were slain before his eyes at Chalcedon: he repeated all the while as a true penitent these words: “Thou art just, O Lord, and thy judgments are righteous.” 48 When the nurse offered her own child instead of his youngest, he would not suffer it. Last of all he himself was massacred after a reign of twenty years. His empress, Constantia, was confined with her three daughters, and murdered with them a few months after. The tyrant was slain by Heraclius, governor of Africa, after a tottering reign of eight years. When Phocas mounted the throne, his images were received and set up at Rome: nor could St. Gregory for the sake of the public good, omit writing to him letters of congratulation. 49 In them he makes some compliments to Phocas, which are not so much praises as respectful exhortations to a tyrant in power, and wishes of the public liberty, peace, and happiness. 50 The saint no where approved his injustices or tyranny, though he regarded him, like Jehu, as the instrument of God to punish other sinners. He blamed Mauritius, but in things truly blameable; and drew from his punishment a seasonable occasion of wholesome advice which he gave to Phocas, whom the public safety of all Italy obliged him not to exasperate.

This holy pope had laboured many years under a great weakness of his breast and stomach, and was afflicted with slow fevers, and frequent fits of the gout, which once confined him to his bed two whole years. On the 25th of January, 604, he gave to the church of St. Paul several parcels of land to furnish it with lights: the act of donation remains to this day engraved on a marble stone in the same church. God called him to himself on the 12th of March, the same year, about the sixty-fourth of his age, after he had governed the church thirteen years, six months, and ten days. His pallium, the reliquary which he wore about his neck, and his girdle were preserved long after his death, when John the deacon wrote, who describes his picture drawn from the life, then to be seen in the monastery of St. Andrew. 51 His holy remains rest in the Vatican church. Both the Greeks and Latins honour his name. The council of Clif, or Cloveshove, under archbishop Cuthbert, in 747, commanded his feast to be observed a holiday in all the monasteries in England; which the council of Oxford, in 1222, extended to the whole kingdom. This law subsisted till the change of religion. 52

Every superior, who is endued with the sincere spirit of humility and charity, looks upon himself with this great hope, as the servant of all, bound to labour and watch night and day, to bear every kind of affront, to suffer all manner of pains, to do all in his power, to put on every shape, and sacrifice, his own ease and life to procure the spiritual improvement of the least of those who are committed to his charge. He is incapable of imperious haughtiness, which alienates the minds of inferiors, and renders their obedience barely exterior and a forced hypocrisy. His commands are tender entreaties, and if he be obliged to exert his authority, this he does with secret repugnance, losing sight of himself, intent alone on God’s honour and his neighbour’s salvation, placing himself, in spirit, beneath all his subjects, and all mankind, and esteeming himself the last of all creatures. St. Paul, though vested with the most sublime authority, makes use of terms so mild and so powerfully ravishing, that they must melt the hardest heart. Instead of commanding in the name of God, see how he usually expresses himself: “I entreat you, O Timothy, by the love which you bear me. I conjure you, by the bowels of Jesus Christ. I beseech you, by the meekness of Christ. If you love me, do this.” And see how he directs us to reprove those who sin: “If any one should fall, do you who are spiritual remind him in the spirit of meekness, remembering that you may also fall,” and into a more grievous crime. St. Peter, who had received the keys of the kingdom of heaven, shed more tears of tender charity than he speaks words. What heart can be so savage and unnatural, as to refuse to obey him who, having authority to lay injunctions, and thunder out anathemas, weeps instead of commanding? If SS. Peter and Paul pour out the water of tears and mildness, St. John casts darts of fire into the hearts of those whom he commands. “My little children,” says he, “if you love Christ, do this. I conjure you, by Christ, our good Master, love affectionately, and this is enough. Love will teach you what to do. The unction of the Holy Ghost will instruct you.” This is the true spirit of governing; a method sure to gain the hearts of others, and to inspire them with a love of the precept itself and of virtue. St. Macarius of Egypt was styled the god of the monks, so affectionately and readily was he obeyed by them, because he never spoke a word with anger or impatience. Moses was chosen by God to be the leader and legislator of his people, because he was the meekest of men: and with what astonishing patience did he bear the murmers and rebellions of an ungrateful and stiff-necked people! David’s meekness towards Saul and others purchased him the crown, and was one of the principal virtues by which he was rendered a king according to God’s own heart. Those who command with imperious authority show they are puffed up with the empty wind of pride, which makes them feel an inordinate pleasure in the exercise of power, the seed of tyranny, and the bane of virtue in their souls. Anger and impatience, which are more dangerous, because usually canonised under the name of zeal, demonstrate persons to be very ill qualified for governing others, who are not masters of themselves or their own passions. How few are so crucified to themselves, and so perfectly grounded in humility, patience, meekness, and charity, that power and authority infect not their souls with the deadly poison of secret pride, or in whom no hurry, importunity, or perverseness can extinguish the spirit of meekness, in which, in all occurrences, they preserve the same evenness of mind, and the same angelical sweetness of countenance? Yet with this they are sons of thunder in resisting evil, and in watching against all the artifices of the most subtle and flattering passions of sinners, and are firm and inflexible in opposing every step towards any dangerous relaxation. St. Gregory, by his whole conduct, sets us an example of this perfect humility and meekness, which he requires as an essential qualification in every pastor, and in all who are placed over others. 53 He no less excelled in learning, with which, he says, that humility must be accompanied, lest the pastor should lead others astray. But above all other qualities for the pastoral charge, he requires an eminent gift of prayer and contemplation. Præ cæteris contemplatione suspensus. Pastor. Cura, part 2. c. 5.

Note 1. See Annot. at the end of the life, p. 145 infra. [back]

Note 2. Dial. l. 3. c. 33. [back]

Note 3. Hist. b. 2. c. 1. [back]

Note 4. Bede adds, that he again asked what was the name of that nation, and was answered, that they were called Angli or Angles. “Right,” said he, “for they have angelical faces, and it becomes such to be companions with the angels in heaven. What is the name (proceeded he) of the province from which they are brought?” It was replied, that the natives of that were called Deiri. “Truly Deiri, because withdrawn from wrath, and called to the mercy of Christ,” said he, alluding to the Latin De irâ Dei eruti. He asked further, “How is the king of that province called?” They told him his name was Alle; and he, making an allusion to the word, said: “Alleluiah, the praise of God the Creator, must be sung in those parts.” Some censure this conversation of St. Gregory as a piece of low punning. But the taste of that age must he considered. St. Austin found it necessary to play sometimes with words to please auditors whose ears had, by custom, caught an itch to be sometimes tickled by quibbles to their fancy. The ingenious author of the late life of the Lord Chancellor Bacon, thought custom an apology for the most vicious style of that great man, of whom he writes: “His style has been objected to as full of affectation, full of false eloquence. But that was the vice, not of the man, but of the times he lived in; and particularly of a court that delighted in the tinsel of wit and learning, in the poor ingenuity of punning and quibbling.” St. Gregory was a man of a fine genius and of true learning; yet in familiar converse might conform to the taste of the age. Far from censuring his wit, or the judgment of his historian, we ought to admire his piety, which from every circumstance, even from words, drew allusions to nourish devotion, and turn the heart to God. This we observe in other saints, and if it be a fault, we might more justly censure on this account the elegant epistles of St. Paulinus, or Sulpicius Severus, than this dialogue of St. Gregory. [back]

Note 5. Eutychius had formerly defended the Catholic faith with great zeal against the Eutychians and the errors of the emperor Justinian, who, though he condemned those heretics, yet adopted one part of their blasphemies, asserting that Christ assumed a body which was by its nature incorruptible, not formed of the Blessed Virgin, and subject to pain, hunger, or alteration, only by a miracle. This was called the heresy of the Incorrupticolæ, of which Justinian declared himself the abettor; and, after many great exploits to retrieve the ancient glory of the empire, tarnished his reputation by persecuting the Catholic church and banishing Eutychius. [back]

Note 6. St. Greg. Moral. l. 14. c. 76. t. 1. p. 465. [back]

Note 7. He died in 582, and is ranked by the Greeks among the saints. See the Bollandists in vitâ S. Eutychii ad 6 Apr. [back]

Note 8. Fleury thinks he was chosen abbot before his embassy to Constantinople; but Ceillier and others prove, that this only happened after his return. [back]

Note 9. It appears from the life of St. Theodosius the Cenobiarch, from Saint Ambrose’s funeral oration on Valentinian, and other monuments, that it was the custom, from the primitive ages, to keep the third, seventh, and thirtieth, or sometimes fortieth day after the decease of a Christian, with solemn prayers and sacrifices for the departed soul. From this fact of St. Gregory, a trental of masses for a soul departed are usually called the Gregorian masses, on which see Gavant and others. [back]

Note 10. Dial. l. 4. c. 55. p. 465. t. 2. [back]

Note 11. It is inserted by St. Gregory of Tours in his history. Greg. Touron. l. 10. c. 1. [back]

ote 12. Some moderns say, an angel was seen sheathing his sword on the stately pile of Adrian’s sepulchre. But no such circumstance is mentioned by Saint Gregory of Tours, Bede, Paul, or John. [back]

Note 13. Paul the deacon says, it was by a pillar of light appearing over the place where he lay concealed. [back]

Note 14. L. 1. ep. 21. l. 7. ep. 4. [back]

Note 15. L. 1. ep. 25. [back]

Note 16. L. 1. ep. 5. p. 491. [back]

Note 17. L. 1. ep. 6. p. 498. [back]

Note 18. Conc. 3. Touron. can. 3. See Dom Bulteau’s Preface to his French translation of St. Gregory’s Pastoral, printed in 1629. [back]

Note 19. He reformed the Sacramentary, or Missal and Ritual of the Roman Church. In the letters of SS. Innocent I., Celestine I., and St. Leo, we find mention made of a written Roman Order of the mass: in this the essential parts were always the same; but accidental alterations in certain prayers have been made. Pope Gelasius thus augmented and revised the liturgy, in 490; his genuine Sacramentary was published at Rome by Thomasi, in 1680. In it are mentioned the public veneration of the cross on Good Friday, the solemn benediction of the holy oils, the ceremonies of baptism, frequent invocation of saints, veneration shown to their relics, the benediction of holy water, votive masses for travellers, for the sick and the dead, masses on festivals of saints, and the like. The Sacramentary of St. Gregory differs from that of Gelasius only in some collects or prayers. The conformity between the present church office and the ancient appears from this work, and the saint’s Antiphonarius and Responsorium. The like ceremonies and benedictions are found in the apostolic constitutions, and all other ancient liturgic writings; out of which Grabe, Hickes, Deacon, and others have formed new liturgies very like the present Roman, and several of them have restored the idea of a true sacrifice. Dom Menard has enriched the Sacramentary of St. Gregory with most learned and curious notes.

  Besides his Comments or Morals on the Book of Job, which he wrote at Constantinople, about the year 582, in which we are not to look for an exposition of the text, but an excellent compilation of the main principles of morality, and an interior life, we have his exposition of Ezekiel, in twenty-two homilies. These were taken in short hand as he pronounced them, and were preached by him at Rome, in 592, when Agilulph the Lombard was laying waste the whole territory of Rome. See l. 2. in Ezech. hom. 6. and Paul the deacon, l. 4. hist. Longob. c. 8. The exposition of the text is allegorical, and only intended for ushering in the moral reflections, which are much shorter than in the books on Job. His forty homilies on the gospels he preached on several solemnities whilst he was pope. His incomparable book, on the Pastoral Care, which is an excellent instruction of pastors, and was drawn up by him when he saw himself placed in the pontificate, consists of four parts. In the first he treats of the dispositions requisite in one called to the pastoral charge; in the second of the duties of a pastor; in the third, on the instruction which he owes to his flock; and, in the fourth, on his obligation of watching over his own heart, and of diligent self-examination. In four books of dialogues, between himself and his disciple Peter, he recounts the miracles of his own times, upon the authority of vouchers, on whose veracity he thought he could rely. He so closely adheres to their relations, that the style is much lower than in his other writings. See the preface of the Benedictin editor on this work. His letters are published in fourteen books, and are a very interesting compilation. We have Saint Gregory’s excellent exposition of the book of Canticles, which Ceillier proves to be genuine against Oudin, the apostate, and some others. The six books on the First Book of Kings are a valuable work, but cannot be ascribed to St. Gregory the Great. The commentary on the Seven Penitential Psalms Ceillier thinks to be his work: but it seems doubtful. Paterius, a notary, one of St. Gregory’s auditors, compiled, out of his writings and sermons, several comments on the Scriptures. Claudius, abbot of Classius, a disciple of our saint, did the same. Alulphus, a monk at Tournay, in the eleventh and twelfth centuries, made the like compilations from his writings. Dom Dionysius of Saint Marthe, a Maurist Benedictin monk, favoured the world with an accurate edition of the works of St. Gregory the Great, published at Paris in four volumes folio, in 1705. This has been reprinted at Verona, and again at Ausburgh, in 1758, with the addition of the useful anonymous book, De Formula Prælatorum. 
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Note 20. L. 6. Ep. 35. [back]

Note 21. L. 7. Ep. 26. [back]

Note 22. Animæ nostra pericula, l. 1. Ep. 14. [back]

Note 23. L. 1. Ep. 35, &c. [back]

Note 24. L. 1. Ep. 35. [back]

Note 25. L. 7. Ep. 5. l. 12. Ep. 30. [back]

Note 26. L. 4. Ep. 47. [back]

Note 27. Præf. in Dial. [back]

Note 28. L. 9. Ep. 221. [back]

Note 29. L. 2. Ep. 121. [back]

Note 30. L. 12. Ep. 24. [back]

Note 31. The Lombards came originally from Scandinavia, and settled first in Pomerania, and afterwards with the Hunns in Pannonia, who had remained there when they returned out of Italy under Attila. Narses, the patrician, after having governed Italy sixteen years with great glory, was recalled by the emperor Justin the Younger. But, resenting this treatment, he invited the Lombards into that country. Those barbarians leaving Pannonia to the Hunns, entered Italy, easily made themselves masters of Milan, under their king Alboinus, in 568; and extending their dominions, often threatened Rome itself. In the reign of Charles the Fat, the Hunns were expelled from Pannonia by the Hongres, another swarm from the same northern hive, akin to the Hunns, who gave to that kingdom the name of Hungary. That the Lombards were so called, not from their long swords, as some have pretended, but from their long beards, see demonstrated from the express testimony of Paul the deacon, himself a Lombard, of Constantine Porphyrogenetta, by Jos. Assemani, Hist. Ital. scriptor. t. l. c. 3. p. 33. [back]

Note 32. Paul. Diac. de Gest. Longobard. l. 4. c. 8. S. Greg. l. 2. Ep. 46. [back]

Note 33. L. 5. Ep. 41. [back]

Note 34. L. 4. Ep. 30. [back]

Note 35. L. 9. Ep. 6. p. 930. [back]

Note 36. Sublatâ exinde, quâ par est veneratione, imagine et cruce. L. 9. Ep. 6. p. 930. [back]

Note 37. L. 14. Ep. 12. p. 1270. [back]

Note 38. These words are quoted by Paul the deacon, in the council of Rome, Conc. t. 6. p. 1462, and Pope Adrian I., in his letter to Charlemagne in defence of holy images. [back]

Note 39. L. 11. Ep. 13. [back]

Note 40. L. 3. Ep. 56. l. 3. Ep. 53. l. 9. Ep. 59. l. 6. Ep. 66. l. 7. Ep. 19. l. 5. En. 20.
  St. Gregory was always a zealous asserter of the celibacy of the clergy, which law he extended also to subdeacons, who had before been ranked among the clergy of the Minor orders. (1. 1. Ep. 44. l. 4. Ep. 34.) The Centuriators, Heylin, and others, mention a forged letter, under the name of Udalricus, said to be written to Pope Nicholas, concerning the heads of children found by St. Gregory in a pond. But a more ridiculous fable was never invented, as is demonstrated from many inconsistencies of that forged letter: and St. Gregory in his epistles everywhere mentions the law of the celibacy of the clergy as ancient and inviolable. Nor was any Pope Nicholas contemporary with St. Udalricus. See Baronius and Dom de Sainte Marthe, in his life of St. Gregory. 
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Note 41. L. 3. Ep. 39. l. 5. Ep. 13. [back]

Note 42. L. 6. Ep. 15, 16, 17. [back]

Note 43. L. 11. Ep. 28. olim. 58. p. 1180, &c. [back]

Note 44. L. 7. Ep. 25. [back]

Note 45. Some Protestants slander St. Gregory, as if by this publication of the imperial edict he had concurred to what he condemned as contrary to the divine law. Dr. Mercier, in his letter in favour of a law commanding silence, with regard to the constitution Unigenitus in France, in 1759, pretends that this holy pope thought obedience to the emperor a duty even in things of a like nature. But Dr. Launay, Réponse à la Lettre d’un Docteur de Sorbonne, partie 2. p. 51. and Dr. N. Examen de la Lettre d’un Docteur de Sorbonne sur la necessité de garder le silence sur la Constitution Unigenitus, p. 33. t. 1. demonstrate that St. Gregory regarded the matter, as it really is, merely as a point of discipline, and no where says the edict was contrary to the divine law, but only not agreeable to God, and tending to prejudice the interest of his greater glory. In matters of faith or essential obligation, he calls forth the zeal and fortitude of prelates to stand upon their guard in opposing unjust laws, even to martyrdom, as the same authors demonstrate. [back]

Note 46. Ep. 55. [back]

Note 47. Theophanes Chronogr. [back]

Note 48. Ps. 118. [back]

Note 49. L. 13. Ep. 31. 38. [back]

Note 50. We say the same of the compliments which he paid to the impious French queen Brunehalt, at which Lord Bolingbroke takes offence; but a respect is due to persons in power. St. Gregory no where flatters their vices, but admonishes by compliments those who could not be approached without them. Thus did St. Paul address Agrippa and Festus, &c. In refusing the sacraments of the church to impenitent wicked princes, and in checking their crimes by seasonable remonstrances, St. Gregory was always ready to exert the zeal of a Baptist: as he opposed the unjust projects of Mauritius, so would he have done those of Phocas when in his power. [back]

Note 51. The antiquarian will read with pleasure the curious notes of Angelus Rocca, and the Benedictins on the pictures of St. Gregory and his parents, and on this holy pope’s pious donations. [back]

Note 52. The antiquarian will read with pleasure the curious notes of Angelus Rocca, and the Benedictins on the pictures of St. Gregory and his parents, and on this holy pope’s pious donations. [back]

Note 53. Gregor. M. in l. 1. Reg. c. 16. v. 3 & 9. [back]

Rev. Alban Butler (1711–73).  Volume III: March. The Lives of the Saints.  1866.


March 12

Annotation on the Life of St. Gregory

BARONIUS thinks that his monastery of St. Andrew’s followed the rule of St. Equitius because its first abbots were drawn out of his province, Valeria. On another side, Dom. Mabillon (t. 1. Actor. Sanct. & t. 2. Analect. and Annal. Bened. l. 6.) maintains that it followed the rule of St. Benedict, which St. Gregory often commends and prefers to all other rules. His colleagues, in their life of St. Gregory, Natalis Alexander, in his Church History, and others, have written to support the same opinion: who all, with Mabillon, borrow all their arguments from the learned English Benedictin, Clemens Reynerus, in his Apostolatus Benedictinorum in Anglia. Others object that St. Gregory in his epistles ordains many things contrary to the rule of St. Benedict, and think he who has written so much concerning St. Benedict, would have mentioned by some epithet the circumstance of being his disciple, and would have called the rule of that patriarch his own. These antiquaries judge it most probable that the monastery of St. Andrew had its own rule prescribed by the first founders, and borrowed from different places: for this was the ordinary method of most monasteries in the west, till afterwards the rule of St. Benedict was universally received for better uniformity and discipline: to which the just commendations of St. Gregory doubtless contributed.

F. Clement Reyner, in the above-mentioned book, printed at Doway, in folio, in 1626, displays much erudition in endeavouring to prove that St. Austin, and the other monks sent by St. Gregory to convert the English, professed the order of St. Benedict. Mabillon borrows his arguments on this subject in his preface to the Acts of the Benedictins, against the celebrated Sir John Marsham, who in his long preface to the Monasticon, sets himself to show that the first English monks followed rules instituted by their own abbots often gleaned out of many. Dr. Hickes confirms this assertion against Mabillon with great erudition. (Diss. p. 67, 68.) which is espoused by Dr. Tanner, bishop of St. Asaph’s, in his preface to his exact Notitia Monastica, by the author of Biographia Britannica, in the life of Bede, (t. 1. p. 656.) and by the judicious William Thomas, in his additions to the new edition of Dugdale’s Antiquities of Warwickshire, (t. 1. p. 157.) These authors think that the rule of St. Benedict was not generally received by the English monks before the regulations of St. Dunstan; nor perfectly till after the Norman conquest. For Pope Constantine, in 709, in the bull wherein he establishes the rule of St. Benedict to be followed in the abbey of Evesham, says of it: “Which does not prevail in those parts.” “Quæ minus in illis partibus habetur.” In 747, Cuthbert, archbishop of Canterbury, in a synod held in presence of Ethelband, king of the Mercians, at Cloveshove, (which town some place in Kent, others more probably in Mercia, about Reading,) published Monastic Constitutions, which were followed by the English monks till the time of St. Dunstan. In these we find no mention of the rule of St. Benedict: nor in Bede. The charter of King Ethelbald which mentions the Black Monks, is a manifest forgery. Even that name was not known before the institution of the Camaldulenses, in 1020, and the Carthusians, who distinguished themselves by white habits. Dom. Mege, in his commentary on the rule of St. Benedict, shows that the first Benedictins wore white, not black. John of Glastenbury, and others, published by Hearne, who call the apostles of the English Black Monks, are too modern, unless they produce some ancient vouchers. The monastery of Evesham adopted the rule of St. Benedict, in 709. St. Bennet Biscop and St. Wilfrid both improved the monastic order in the houses which they founded, from the rule of St. Benedict, at least borrowing some constitutions from it. The devastations of the Danes scarcely left a convent of monks standing in England, except those of Glanstenbury and Abingdon, which was their state in the days of King Alfred, as Leland observes. St. Dunstan, St. Oswald, and St. Ethelwold, restored the monasteries, and propagated exceedingly the monastic state. St. Oswald had professed the order of St. Benedict in France, in the monastery of Fleury; and, together with the aforesaid two bishops, he established the same in a great measure in England. St. Dunstan published a uniform rule for the monasteries of this nation, entitled, Regularia Concordiæ Anglicæ Nationis, extant in Reyner, and Spelman, (in Spicilegio ad Eadmerum, p. 145,) in which he adopts, in a great measure, the rule of St. Benedict, joining with it many ancient monastic customs. Even after the Norman conquest the synod of London, under Lanfranc, in 1075, says, that the regulations of monks were drawn from the rule of St. Bennet and the ancient custom of regular places, as Baronius takes notice, which seems to imply former distinct institutes. From that time down to the dissolution, all the cathedral priories, except that of Carlile, and most of the rich abbeys in England were held by monks of the Benedictin order. See Dr. Brown Willis, in his separate histories of Cathedral Priories, Mitred Abbeys, &c.

Rev. Alban Butler (1711–73).  Volume III: March. The Lives of the Saints.  1866.

SOURCE : http://www.bartleby.com/210/3/122.html



San Gregorio I, detto Magno Papa e dottore della Chiesa

Roma, 540 - 12 marzo 604

(Papa dal 03/09/590 al 12/03/604)

Nacque verso il 540 dalla famiglia senatoriale degli Anici e alla morte del padre Gordiano, fu eletto, molto giovane, prefetto di Roma. Divenne poi monaco e abate del monastero di Sant'Andrea sul Celio. Eletto Papa, ricevette l'ordinazione episcopale il 3 settembre 590. Nonostante la malferma salute, esplicò una multiforme e intensa attività nel governo della Chiesa, nella sollecitudine caritativa, nell'azione missionaria. Autore e legislatore nel campo della liturgia e del canto sacro, elaborò un Sacramentario che porta il suo nome e costituisce il nucleo fondamentale del Messale Romano. Lasciò scritti di carattere pastorale, morale, omiletico e spirituale, che formarono intere generazioni cristiane specialmente nel Medio Evo. Morì il 12 marzo 604.
(Avvenire)

Patronato: Cantanti, Musicisti, Papi

Etimologia: Gregorio = colui che risveglia, dal greco

Emblema: Colomba, Gabbiano

Martirologio Romano: Memoria di san Gregorio Magno, papa e dottore della Chiesa: dopo avere intrapreso la vita monastica, svolse l’incarico di legato apostolico a Costantinopoli; eletto poi in questo giorno alla Sede Romana, sistemò le questioni terrene e come servo dei servi si prese cura di quelle sacre. Si mostrò vero pastore nel governare la Chiesa, nel soccorrere in ogni modo i bisognosi, nel favorire la vita monastica e nel consolidare e propagare ovunque la fede, scrivendo a tal fine celebri libri di morale e di pastorale. Morì il 12 marzo.

(12 marzo: A Roma presso san Pietro, deposizione di san Gregorio I, papa, detto Magno, la cui memoria si celebra il 3 settembre, giorno della sua ordinazione).


Fu uno dei più grandi Padri nella storia della Chiesa, uno dei quattro dottori dell’Occidente: Papa san Gregorio, che fu Vescovo di Roma tra il 590 e il 604, e che meritò dalla tradizione il titolo di Magnus/Grande. Gregorio fu veramente un grande Papa e un grande Dottore della Chiesa! Nacque a Roma, intorno al 540, da una ricca famiglia patrizia della gens Anicia, che si distingueva non solo per la nobiltà del sangue, ma anche per l’attaccamento alla fede cristiana e per i servizi resi alla Sede Apostolica. Da tale famiglia erano usciti due Papi: Felice III (483-492), trisavolo di Gregorio, e Agapito (535-536). La casa in cui Gregorio crebbe sorgeva sul Clivus Scauri, circondata da solenni edifici che testimoniavano la grandezza della Roma antica e la forza spirituale del cristianesimo. Ad ispirargli alti sentimenti cristiani vi erano poi gli esempi dei genitori Gordiano e Silvia, ambedue venerati come santi, e quelli delle due zie paterne, Emiliana e Tarsilia, vissute nella propria casa quali vergini consacrate in un cammino condiviso di preghiera e di ascesi.

Gregorio entrò presto nella carriera amministrativa, che aveva seguito anche il padre, e nel 572 ne raggiunse il culmine, divenendo prefetto della città. Questa mansione, complicata dalla tristezza dei tempi, gli consentì di applicarsi su vasto raggio ad ogni genere di problemi amministrativi, traendone lumi per i futuri compiti. In particolare, gli rimase un profondo senso dell’ordine e della disciplina: divenuto Papa, suggerirà ai Vescovi di prendere a modello nella gestione degli affari ecclesiastici la diligenza e il rispetto delle leggi propri dei funzionari civili. Questa vita tuttavia non lo doveva soddisfare se, non molto dopo, decise di lasciare ogni carica civile, per ritirarsi nella sua casa ed iniziare la vita di monaco, trasformando la casa di famiglia nel monastero di Sant’Andrea al Celio. Di questo periodo di vita monastica, vita di dialogo permanente con il Signore nell’ascolto della sua parola, gli resterà una perenne nostalgia che sempre di nuovo e sempre di più appare nelle sue omelie: in mezzo agli assilli delle preoccupazioni pastorali, lo ricorderà più volte nei suoi scritti come un tempo felice di raccoglimento in Dio, di dedizione alla preghiera, di serena immersione nello studio. Poté così acquisire quella profonda conoscenza della Sacra Scrittura e dei Padri della Chiesa di cui si servì poi nelle sue opere.

Ma il ritiro claustrale di Gregorio non durò a lungo. La preziosa esperienza maturata nell’amministrazione civile in un periodo carico di gravi problemi, i rapporti avuti in questo ufficio con i bizantini, l’universale stima che si era acquistata, indussero Papa Pelagio a nominarlo diacono e ad inviarlo a Costantinopoli quale suo “apocrisario”, oggi si direbbe “Nunzio Apostolico”, per favorire il superamento degli ultimi strascichi della controversia monofisita e soprattutto per ottenere l’appoggio dell’imperatore nello sforzo di contenere la pressione longobarda. La permanenza a Costantinopoli, ove con un gruppo di monaci aveva ripreso la vita monastica, fu importantissima per Gregorio, poiché gli diede modo di acquisire diretta esperienza del mondo bizantino, come pure di accostare il problema dei Longobardi, che avrebbe poi messo a dura prova la sua abilità e la sua energia negli anni del Pontificato. Dopo alcuni anni fu richiamato a Roma dal Papa, che lo nominò suo segretario. Erano anni difficili: le continue piogge, lo straripare dei fiumi, la carestia affliggevano molte zone d’Italia e la stessa Roma. Alla fine scoppiò anche la peste, che fece numerose vittime, tra le quali anche il Papa Pelagio II. Il clero, il popolo e il senato furono unanimi nello scegliere quale suo successore sulla Sede di Pietro proprio lui, Gregorio. Egli cercò di resistere, tentando anche la fuga, ma non ci fu nulla da fare: alla fine dovette cedere. Era l’anno 590.

Riconoscendo in quanto era avvenuto la volontà di Dio, il nuovo Pontefice si mise subito con lena al lavoro. Fin dall’inizio rivelò una visione singolarmente lucida della realtà con cui doveva misurarsi, una straordinaria capacità di lavoro nell’affrontare gli affari tanto ecclesiastici quanto civili, un costante equilibrio nelle decisioni, anche coraggiose, che l’ufficio gli imponeva. Si conserva del suo governo un’ampia documentazione grazie al Registro delle sue lettere (oltre 800), nelle quali si riflette il quotidiano confronto con i complessi interrogativi che affluivano sul suo tavolo. Erano questioni che gli venivano dai Vescovi, dagli Abati, dai clerici, e anche dalle autorità civili di ogni ordine e grado. Tra i problemi che affliggevano in quel tempo l’Italia e Roma ve n’era uno di particolare rilievo in ambito sia civile che ecclesiale: la questione longobarda. Ad essa il Papa dedicò ogni energia possibile in vista di una soluzione veramente pacificatrice. A differenza dell’Imperatore bizantino che partiva dal presupposto che i Longobardi fossero soltanto individui rozzi e predatori da sconfiggere o da sterminare, san Gregorio vedeva questa gente con gli occhi del buon pastore, preoccupato di annunciare loro la parola di salvezza, stabilendo con essi rapporti di fraternità in vista di una futura pace fondata sul rispetto reciproco e sulla serena convivenza tra italiani, imperiali e longobardi. Si preoccupò della conversione dei giovani popoli e del nuovo assetto civile dell’Europa: i Visigoti della Spagna, i Franchi, i Sassoni, gli immigrati in Britannia ed i Longobardi, furono i destinatari privilegiati della sua missione evangelizzatrice. Abbiamo celebrato ieri la memoria liturgica di sant’Agostino di Canterbury, il capo di un gruppo di monaci incaricati da Gregorio di andare in Britannia per evangelizzare l’Inghilterra.

Per ottenere una pace effettiva a Roma e in Italia, il Papa si impegnò a fondo - era un vero pacificatore - , intraprendendo una serrata trattativa col re longobardo Agilulfo. Tale negoziazione portò ad un periodo di tregua che durò per circa tre anni (598 - 601), dopo i quali fu possibile stipulare nel 603 un più stabile armistizio. Questo risultato positivo fu ottenuto anche grazie ai paralleli contatti che, nel frattempo, il Papa intratteneva con la regina Teodolinda, che era una principessa bavarese e, a differenza dei capi degli altri popoli germanici, era cattolica, profondamente cattolica. Si conserva una serie di lettere del Papa Gregorio a questa regina, nelle quali egli dimostra la sua stima e la sua amicizia per lei. Teodolinda riuscì man mano a guidare il re al cattolicesimo, preparando così la via alla pace. Il Papa si preoccupò anche di inviarle le reliquie per la basilica di S. Giovanni Battista da lei fatta erigere a Monza, né mancò di farle giungere espressioni di augurio e preziosi doni per la medesima cattedrale di Monza in occasione della nascita e del battesimo del figlio Adaloaldo. La vicenda di questa regina costituisce una bella testimonianza circa l’importanza delle donne nella storia della Chiesa. In fondo, gli obiettivi sui quali Gregorio puntò costantemente furono tre: contenere l’espansione dei Longobardi in Italia; sottrarre la regina Teodolinda all’influsso degli scismatici e rafforzarne la fede cattolica; mediare tra Longobardi e Bizantini in vista di un accordo che garantisse la pace nella penisola e in pari tempo consentisse di svolgere un’azione evangelizzatrice tra i Longobardi stessi. Duplice fu quindi il suo costante orientamento nella complessa vicenda: promuovere intese sul piano diplomatico-politico, diffondere l’annuncio della vera fede tra le popolazioni.

Accanto all’azione meramente spirituale e pastorale, Papa Gregorio si rese attivo protagonista anche di una multiforme attività sociale. Con le rendite del cospicuo patrimonio che la Sede romana possedeva in Italia, specialmente in Sicilia, comprò e distribuì grano, soccorse chi era nel bisogno, aiutò sacerdoti, monaci e monache che vivevano nell’indigenza, pagò riscatti di cittadini caduti prigionieri dei Longobardi, comperò armistizi e tregue. Inoltre svolse sia a Roma che in altre parti d’Italia un’attenta opera di riordino amministrativo, impartendo precise istruzioni affinché i beni della Chiesa, utili alla sua sussistenza e alla sua opera evangelizzatrice nel mondo, fossero gestiti con assoluta rettitudine e secondo le regole della giustizia e della misericordia. Esigeva che i coloni fossero protetti dalle prevaricazioni dei concessionari delle terre di proprietà della Chiesa e, in caso di frode, fossero prontamente risarciti, affinché non fosse inquinato con profitti disonesti il volto della Sposa di Cristo.

Questa intensa attività Gregorio la svolse nonostante la malferma salute, che lo costringeva spesso a restare a letto per lunghi giorni. I digiuni praticati durante gli anni della vita monastica gli avevano procurato seri disturbi all’apparato digerente. Inoltre, la sua voce era molto debole così che spesso era costretto ad affidare al diacono la lettura delle sue omelie, affinché i fedeli presenti nelle basiliche romane potessero sentirlo. Faceva comunque il possibile per celebrare nei giorni di festa Missarum sollemnia, cioè la Messa solenne, e allora incontrava personalmente il popolo di Dio, che gli era molto affezionato, perché vedeva in lui il riferimento autorevole a cui attingere sicurezza: non a caso gli venne ben presto attribuito il titolo di consul Dei. Nonostante le condizioni difficilissime in cui si trovò ad operare, riuscì a conquistarsi, grazie alla santità della vita e alla ricca umanità, la fiducia dei fedeli, conseguendo per il suo tempo e per il futuro risultati veramente grandiosi. Era un uomo immerso in Dio: il desiderio di Dio era sempre vivo nel fondo della sua anima e proprio per questo egli era sempre molto vicino al prossimo, ai bisogni della gente del suo tempo.
In un tempo disastroso, anzi disperato, seppe creare pace e dare speranza. Quest’uomo di Dio ci mostra dove sono le vere sorgenti della pace, da dove viene la vera speranza e diventa così una guida anche per noi oggi.

Nonostante i molteplici impegni connessi con la sua funzione di Vescovo di Roma, egli ci ha lasciato numerose opere, alle quali la Chiesa nei secoli successivi ha attinto a piene mani. Oltre al cospicuo epistolario – il Registro a cui accennavo nella scorsa catechesi contiene oltre 800 lettere – egli ci ha lasciato innanzitutto scritti di carattere esegetico, tra cui si distinguono il Commento morale a Giobbe - noto sotto il titolo latino di Moralia in Iob -, le Omelie su Ezechiele, le Omelie sui Vangeli. Vi è poi un’importante opera di carattere agiografico, i Dialoghi, scritta da Gregorio per l’edificazione della regina longobarda Teodolinda. L’opera principale e più nota è senza dubbio la Regola pastorale, che il Papa redasse all’inizio del pontificato con finalità chiaramente programmatiche.

Volendo passare in veloce rassegna queste opere, dobbiamo anzitutto notare che, nei suoi scritti, Gregorio non si mostra mai preoccupato di delineare una “sua” dottrina, una sua originalità. Piuttosto, egli intende farsi eco dell’insegnamento tradizionale della Chiesa, vuole semplicemente essere la bocca di Cristo e della sua Chiesa sul cammino che si deve percorrere per giungere a Dio. Esemplari sono a questo proposito i suoi commenti esegetici. Egli fu un appassionato lettore della Bibbia, a cui si accostò con intendimenti non semplicemente speculativi: dalla Sacra Scrittura, egli pensava, il cristiano deve trarre non tanto conoscenze teoriche, quanto piuttosto il nutrimento quotidiano per la sua anima, per la sua vita di uomo in questo mondo. Nelle Omelie su Ezechiele, ad esempio, egli insiste fortemente su questa funzione del testo sacro: avvicinare la Scrittura semplicemente per soddisfare il proprio desiderio di conoscenza significa cedere alla tentazione dell’orgoglio ed esporsi così al rischio di scivolare nell’eresia. L’umiltà intellettuale è la regola primaria per chi cerca di penetrare le realtà soprannaturali partendo dal Libro sacro. L’umiltà, ovviamente, non esclude lo studio serio; ma per far sì che questo risulti spiritualmente proficuo, consentendo di entrare realmente nella profondità del testo, l’umiltà resta indispensabile. Solo con questo atteggiamento interiore si ascolta realmente e si percepisce finalmente la voce di Dio. D’altra parte, quando si tratta di Parola di Dio, comprendere non è nulla, se la comprensione non conduce all’azione. In queste omelie su Ezechiele si trova anche quella bella espressione secondo cui “il predicatore deve intingere la sua penna nel sangue del suo cuore; potrà così arrivare anche all’orecchio del prossimo”. Leggendo queste sue omelie si vede che realmente Gregorio ha scritto con il sangue del suo cuore e perciò ancora oggi parla a noi.

Questo discorso Gregorio sviluppa anche nel Commento morale a Giobbe. Seguendo la tradizione patristica, egli esamina il testo sacro nelle tre dimensioni del suo senso: la dimensione letterale, la dimensione allegorica e quella morale, che sono dimensioni dell’unico senso della Sacra Scrittura. Gregorio tuttavia attribuisce una netta prevalenza al senso morale. In questa prospettiva, egli propone il suo pensiero attraverso alcuni binomi significativi - sapere-fare, parlare-vivere, conoscere-agire -, nei quali evoca i due aspetti della vita umana che dovrebbero essere complementari, ma che spesso finiscono per essere antitetici. L’ideale morale, egli commenta, consiste sempre nel realizzare un’armoniosa integrazione tra parola e azione, pensiero e impegno, preghiera e dedizione ai doveri del proprio stato: è questa la strada per realizzare quella sintesi grazie a cui il divino discende nell’uomo e l’uomo si eleva fino alla immedesimazione con Dio. Il grande Papa traccia così per l’autentico credente un completo progetto di vita; per questo il Commento morale a Giobbe costituirà nel corso del medioevo una specie di Summa della morale cristiana.

Di notevole rilievo e bellezza sono pure le Omelie sui Vangeli. La prima di esse fu tenuta nella basilica di San Pietro durante il tempo di Avvento del 590 e dunque pochi mesi dopo l’elezione al Pontificato; l’ultima fu pronunciata nella basilica di San Lorenzo nella seconda domenica dopo Pentecoste del 593. Il Papa predicava al popolo nelle chiese dove si celebravano le “stazioni” - particolari cerimonie di preghiera nei tempi forti dell’anno liturgico - o le feste dei martiri titolari. Il principio ispiratore, che lega insieme i vari interventi, si sintetizza nella parola “praedicator”: non solo il ministro di Dio, ma anche ogni cristiano, ha il compito di farsi “predicatore” di quanto ha sperimentato nel proprio intimo, sull’esempio di Cristo che s’è fatto uomo per portare a tutti l’annuncio della salvezza. L’orizzonte di questo impegno è quello escatologico: l’attesa del compimento in Cristo di tutte le cose è un pensiero costante del grande Pontefice e finisce per diventare motivo ispiratore di ogni suo pensiero e di ogni sua attività. Da qui scaturiscono i suoi incessanti richiami alla vigilanza e all’impegno nelle buone opere.

Il testo forse più organico di Gregorio Magno è la Regola pastorale, scritta nei primi anni di Pontificato. In essa Gregorio si propone di tratteggiare la figura del Vescovo ideale, maestro e guida del suo gregge. A tal fine egli illustra la gravità dell’ufficio di pastore della Chiesa e i doveri che esso comporta: pertanto, quelli che a tale compito non sono stati chiamati non lo ricerchino con superficialità, quelli invece che l’avessero assunto senza la debita riflessione sentano nascere nell’animo una doverosa trepidazione. Riprendendo un tema prediletto, egli afferma che il Vescovo è innanzitutto il “predicatore” per eccellenza; come tale egli deve essere innanzitutto di esempio agli altri, così che il suo comportamento possa costituire un punto di riferimento per tutti. Un’efficace azione pastorale richiede poi che egli conosca i destinatari e adatti i suoi interventi alla situazione di ognuno: Gregorio si sofferma ad illustrare le varie categorie di fedeli con acute e puntuali annotazioni, che possono giustificare la valutazione di chi ha visto in quest’opera anche un trattato di psicologia. Da qui si capisce che egli conosceva realmente il suo gregge e parlava di tutto con la gente del suo tempo e della sua città.

Il grande Pontefice, tuttavia, insiste sul dovere che il Pastore ha di riconoscere ogni giorno la propria miseria, in modo che l’orgoglio non renda vano, dinanzi agli occhi del Giudice supremo, il bene compiuto. Per questo il capitolo finale della Regola è dedicato all’umiltà: “Quando ci si compiace di aver raggiunto molte virtù è bene riflettere sulle proprie insufficienze ed umiliarsi: invece di considerare il bene compiuto, bisogna considerare quello che si è trascurato di compiere”. Tutte queste preziose indicazioni dimostrano l’altissimo concetto che san Gregorio ha della cura delle anime, da lui definita “ars artium”, l’arte delle arti.
La Regola ebbe grande fortuna al punto che, cosa piuttosto rara, fu ben presto tradotta in greco e in anglosassone.

Significativa è pure l’altra opera, i Dialoghi, in cui all’amico e diacono Pietro, convinto che i costumi fossero ormai così corrotti da non consentire il sorgere di santi come nei tempi passati, Gregorio dimostra il contrario: la santità è sempre possibile, anche in tempi difficili. Egli lo prova narrando la vita di persone contemporanee o scomparse da poco, che ben potevano essere qualificate sante, anche se non canonizzate. La narrazione è accompagnata da riflessioni teologiche e mistiche che fanno del libro un testo agiografico singolare, capace di affascinare intere generazioni di lettori. La materia è attinta alle tradizioni vive del popolo ed ha lo scopo di edificare e formare, attirando l’attenzione di chi legge su una serie di questioni quali il senso del miracolo, l’interpretazione della Scrittura, l’immortalità dell’anima, l’esistenza dell’inferno, la rappresentazione dell’aldilà, temi tutti che abbisognavano di opportuni chiarimenti. Il libro II è interamente dedicato alla figura di Benedetto da Norcia ed è l’unica testimonianza antica sulla vita del santo monaco, la cui bellezza spirituale appare nel testo in tutta evidenza.

Nel disegno teologico che Gregorio sviluppa attraverso le sue opere, passato, presente e futuro vengono relativizzati. Ciò che per lui conta più di tutto è l’arco intero della storia salvifica, che continua a dipanarsi tra gli oscuri meandri del tempo. In questa prospettiva è significativo che egli inserisca l’annunzio della conversione degli Angli nel bel mezzo del Commento morale a Giobbe: ai suoi occhi l’evento costituiva un avanzamento del Regno di Dio di cui tratta la Scrittura; poteva quindi a buona ragione essere menzionato nel commento ad un libro sacro. Secondo lui le guide delle comunità cristiane devono impegnarsi a rileggere gli eventi alla luce della Parola di Dio: in questo senso il grande Pontefice sente il dovere di orientare pastori e fedeli nell’itinerario spirituale di una lectio divina illuminata e concreta, collocata nel contesto della propria vita.

Prima di concludere è doveroso spendere una parola sulle relazioni che Papa Gregorio coltivò con i Patriarchi di Antiochia, di Alessandria e della stessa Costantinopoli. Si preoccupò sempre di riconoscerne e rispettarne i diritti, guardandosi da ogni interferenza che ne limitasse la legittima autonomia. Se tuttavia san Gregorio, nel contesto della sua situazione storica, si oppose al titolo di “ecumenico” assunto da parte del Patriarca di Costantinopoli, non lo fece per limitare o negare la sua legittima autorità, ma perché egli era preoccupato dell’unità fraterna della Chiesa universale. Lo fece soprattutto per la sua profonda convinzione che l’umiltà dovrebbe essere la virtù fondamentale di ogni Vescovo, ancora più di un Patriarca. Gregorio era rimasto semplice monaco nel suo cuore e perciò era decisamente contrario ai grandi titoli. Egli voleva essere - è questa la sua espressione - servus servorum Dei. Questa parola da lui coniata non era nella sua bocca una pia formula, ma la vera manifestazione del suo modo di vivere e di agire. Egli era intimamente colpito dall’umiltà di Dio, che in Cristo si è fatto nostro servo, ci ha lavato e ci lava i piedi sporchi. Pertanto egli era convinto che soprattutto un Vescovo dovrebbe imitare questa umiltà di Dio e così seguire Cristo. Il suo desiderio veramente era di vivere da monaco in permanente colloquio con la Parola di Dio, ma per amore di Dio seppe farsi servitore di tutti in un tempo pieno di tribolazioni e di sofferenze; seppe farsi “servo dei servi”. Proprio perché fu questo, egli è grande e mostra anche a noi la misura della vera grandezza.

Autore:
Papa Benedetto XVI (Udienza Generale 4.06.2008)

SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/24350



BENEDETTO XVI

UDIENZA GENERALE

Piazza San Pietro
Mercoledì, 28 maggio 2008

San Gregorio Magno


Cari fratelli e sorelle!

mercoledì scorso ho parlato di un Padre della Chiesa poco conosciuto in Occidente, Romano il Melode, oggi vorrei presentare la figura di uno dei più grandi Padri nella storia della Chiesa, uno dei quattro dottori dell’Occidente, il Papa san Gregorio, che fu Vescovo di Roma tra il 590 e il 604, e che meritò dalla tradizione il titolo di Magnus/Grande. Gregorio fu veramente un grande Papa e un grande Dottore della Chiesa! Nacque a Roma, intorno al 540, da una ricca famiglia patrizia della gens Anicia, che si distingueva non solo per la nobiltà del sangue, ma anche per l’attaccamento alla fede cristiana e per i servizi resi alla Sede Apostolica. Da tale famiglia erano usciti due Papi: Felice III (483-492), trisavolo di Gregorio, e Agapito (535-536). La casa in cui Gregorio crebbe sorgeva sul Clivus Scauri, circondata da solenni edifici che testimoniavano la grandezza della Roma antica e la forza spirituale del cristianesimo. Ad ispirargli alti sentimenti cristiani vi erano poi gli esempi dei genitori Gordiano e Silvia, ambedue venerati come santi, e quelli delle due zie paterne, Emiliana e Tarsilia, vissute nella propria casa quali vergini consacrate in un cammino condiviso di preghiera e di ascesi.

Gregorio entrò presto nella carriera amministrativa, che aveva seguito anche il padre, e nel 572 ne raggiunse il culmine, divenendo prefetto della città. Questa mansione, complicata dalla tristezza dei tempi, gli consentì di applicarsi su vasto raggio ad ogni genere di problemi amministrativi, traendone lumi per i futuri compiti. In particolare, gli rimase un profondo senso dell’ordine e della disciplina: divenuto Papa, suggerirà ai Vescovi di prendere a modello nella gestione degli affari ecclesiastici la diligenza e il rispetto delle leggi propri dei funzionari civili. Questa vita tuttavia non lo doveva soddisfare se, non molto dopo, decise di lasciare ogni carica civile, per ritirarsi nella sua casa ed iniziare la vita di monaco, trasformando la casa di famiglia nel monastero di Sant’Andrea al Celio. Di questo periodo di vita monastica, vita di dialogo permanente con il Signore nell’ascolto della sua parola, gli resterà una perenne nostalgia che sempre di nuovo e sempre di più appare nelle sue omelie: in mezzo agli assilli delle preoccupazioni pastorali, lo ricorderà più volte nei suoi scritti come un tempo felice di raccoglimento in Dio, di dedizione alla preghiera, di serena immersione nello studio. Poté così acquisire quella profonda conoscenza della Sacra Scrittura e dei Padri della Chiesa di cui si servì poi nelle sue opere.  

Ma il ritiro claustrale di Gregorio non durò a lungo. La preziosa esperienza maturata nell’amministrazione civile in un periodo carico di gravi problemi, i rapporti avuti in questo ufficio con i bizantini, l’universale stima che si era acquistata, indussero Papa Pelagio a nominarlo diacono e ad inviarlo a Costantinopoli quale suo “apocrisario”, oggi si direbbe “Nunzio Apostolico”, per favorire il superamento degli ultimi strascichi della controversia monofisita e soprattutto per ottenere l’appoggio dell’imperatore nello sforzo di contenere la pressione longobarda. La permanenza a Costantinopoli, ove con un gruppo di monaci aveva ripreso la vita monastica, fu importantissima per Gregorio, poiché gli diede modo di acquisire diretta esperienza del mondo bizantino, come pure di accostare il problema dei Longobardi, che avrebbe poi messo a dura prova la sua abilità e la sua energia negli anni del Pontificato. Dopo alcuni anni fu richiamato a Roma dal Papa, che lo nominò suo segretario. Erano anni difficili: le continue piogge, lo straripare dei fiumi, la carestia affliggevano molte zone d’Italia e la stessa Roma. Alla fine scoppiò anche la peste, che fece numerose vittime, tra le quali anche il Papa Pelagio II. Il clero, il popolo e il senato furono unanimi nello scegliere quale suo successore sulla Sede di Pietro proprio lui, Gregorio. Egli cercò di resistere, tentando anche la fuga, ma non ci fu nulla da fare: alla fine dovette cedere. Era l’anno 590. 

Riconoscendo in quanto era avvenuto la volontà di Dio, il nuovo Pontefice si mise subito con lena al lavoro. Fin dall’inizio rivelò una visione singolarmente lucida della realtà con cui doveva misurarsi, una straordinaria capacità di lavoro nell’affrontare gli affari tanto ecclesiastici quanto civili, un costante equilibrio nelle decisioni, anche coraggiose, che l’ufficio gli imponeva. Si conserva del suo governo un’ampia documentazione grazie al Registro delle sue lettere (oltre 800), nelle quali si riflette il quotidiano confronto con i complessi interrogativi che affluivano sul suo tavolo. Erano questioni che gli venivano dai Vescovi, dagli Abati, dai clerici, e anche dalle autorità civili di ogni ordine e grado. Tra i problemi che affliggevano in quel tempo l’Italia e Roma ve n’era uno di particolare rilievo in ambito sia civile che ecclesiale: la questione longobarda. Ad essa il Papa dedicò ogni energia possibile in vista di una soluzione veramente pacificatrice. A differenza dell’Imperatore bizantino che partiva dal presupposto che i Longobardi fossero soltanto individui rozzi e predatori da sconfiggere o da sterminare, san Gregorio vedeva questa gente con gli occhi del buon pastore, preoccupato di annunciare loro la parola di salvezza, stabilendo con essi rapporti di fraternità in vista di una futura pace fondata sul rispetto reciproco e sulla serena convivenza tra italiani, imperiali e longobardi. Si preoccupò della conversione dei giovani popoli e del nuovo assetto civile dell’Europa: i Visigoti della Spagna, i Franchi, i Sassoni, gli immigrati in Britannia ed i Longobardi, furono i destinatari privilegiati della sua missione evangelizzatrice. Abbiamo celebrato ieri la memoria liturgica di sant’Agostino di Canterbury, il capo di un gruppo di monaci incaricati da Gregorio di andare in Britannia per evangelizzare l’Inghilterra.

Per ottenere una pace effettiva a Roma e in Italia, il Papa si impegnò a fondo - era un vero pacificatore - , intraprendendo una serrata trattativa col re longobardo Agilulfo. Tale negoziazione portò ad un periodo di tregua che durò per circa tre anni (598 – 601), dopo i quali fu possibile stipulare nel 603 un più stabile armistizio. Questo risultato positivo fu ottenuto anche grazie ai paralleli contatti che, nel frattempo, il Papa intratteneva con la regina Teodolinda, che era una principessa bavarese e, a differenza dei capi degli altri popoli germanici, era cattolica, profondamente cattolica. Si conserva una serie di lettere del Papa Gregorio a questa regina, nelle quali egli rivela dimostrano la sua stima e la sua amicizia per lei. Teodolinda riuscì man mano a guidare il re al cattolicesimo, preparando così la via alla pace. Il Papa si preoccupò anche di inviarle le reliquie per la basilica di S. Giovanni Battista da lei fatta erigere a Monza, né mancò di farle giungere espressioni di augurio e preziosi doni per la medesima cattedrale di Monza in occasione della nascita e del battesimo del figlio Adaloaldo. La vicenda di questa regina costituisce una bella testimonianza circa l’importanza delle donne nella storia della Chiesa. In fondo, gli obiettivi sui quali Gregorio puntò costantemente furono tre: contenere l’espansione dei Longobardi in Italia; sottrarre la regina Teodolinda all’influsso degli scismatici e rafforzarne la fede cattolica; mediare tra Longobardi e Bizantini in vista di un accordo che garantisse la pace nella penisola e in pari tempo consentisse di svolgere un’azione evangelizzatrice tra i Longobardi stessi. Duplice fu quindi il suo costante orientamento nella complessa vicenda: promuovere intese sul piano diplomatico-politico, diffondere l’annuncio della vera fede tra le popolazioni.

Accanto all’azione meramente spirituale e pastorale, Papa Gregorio si rese attivo protagonista anche di una multiforme attività sociale. Con le rendite del cospicuo patrimonio che la Sede romana possedeva in Italia, specialmente in Sicilia, comprò e distribuì grano, soccorse chi era nel bisogno, aiutò sacerdoti, monaci e monache che vivevano nell’indigenza, pagò riscatti di cittadini caduti prigionieri dei Longobardi, comperò armistizi e tregue. Inoltre svolse sia a Roma che in altre parti d’Italia un’attenta opera di riordino amministrativo, impartendo precise istruzioni affinché i beni della Chiesa, utili alla sua sussistenza e alla sua opera evangelizzatrice nel mondo, fossero gestiti con assoluta rettitudine e secondo le regole della giustizia e della misericordia. Esigeva che i coloni fossero protetti dalle prevaricazioni dei concessionari delle terre di proprietà della Chiesa e, in caso di frode, fossero prontamente risarciti, affinché non fosse inquinato con profitti disonesti il volto della Sposa di Cristo.

Questa intensa attività Gregorio la svolse nonostante la malferma salute, che lo costringeva spesso a restare a letto per lunghi giorni. I digiuni praticati durante gli anni della vita monastica gli avevano procurato seri disturbi all’apparato digerente. Inoltre, la sua voce era molto debole così che spesso era costretto ad affidare al diacono la lettura delle sue omelie, affinché i fedeli presenti nelle basiliche romane potessero sentirlo. Faceva comunque il possibile per celebrare nei giorni di festa Missarum sollemnia, cioè la Messa solenne, e allora incontrava personalmente il popolo di Dio, che gli era molto affezionato, perché vedeva in lui il riferimento autorevole a cui attingere sicurezza: non a caso gli venne ben presto attribuito il titolo di consul Dei.  Nonostante le condizioni difficilissime in cui si trovò ad operare, riuscì a conquistarsi, grazie alla santità della vita e alla ricca umanità, la fiducia dei fedeli, conseguendo per il suo tempo e per il futuro risultati veramente grandiosi. Era un uomo immerso in Dio: il desiderio di Dio era sempre vivo nel fondo della sua anima e proprio per questo egli era sempre molto vicino al prossimo, ai bisogni della gente del suo tempo. In un tempo disastroso, anzi disperato, seppe creare pace e dare speranza. Quest’uomo di Dio ci mostra dove sono le vere sorgenti della pace, da dove viene la vera speranza e diventa così una guida anche per noi oggi.


Saluti:

Je suis heureux de vous accueillir chers pèlerins francophones, en particulier les jeunes du Canada et les prêtres de Bruges. En cette fin du mois de mai, je vous confie à la Vierge Marie, Mère de l’Église et notre Mère. Avec ma Bénédiction apostolique.

I offer a warm greeting and prayerful good wishes to the participants in the Christian-Hindu symposium being held these days in Castel Gandolfo. Upon all the English-speaking pilgrims, especially those from England, Scotland, Sweden, Australia, Hong Kong, India, Indonesia, Canada and the United States, I cordially invoke God’s blessings of joy and peace.

Gerne heiße ich alle deutschsprachigen Pilger in dieser Audienz willkommen. Nach dem Beispiel des heiligen Gregor des Großen wollen auch wir all unsere Fähigkeiten einsetzen, um die uns anvertrauten Aufgaben in Kirche und Welt zu erfüllen. Der Herr schenke euch dazu die Kraft und den Beistand des Heiligen Geistes.

Saludo con afecto a los peregrinos de lengua española, en particular, a los fieles procedentes de Alicante, Madrid, Sevilla y Navarra, así como a los venidos de Honduras, Brasil y otros países latinoamericanos. Que San Gregorio Magno os estimule con su ejemplo de santidad en el camino de la vida. Muchas gracias.

Saúdo cordialmente a quantos me escutam de língua portuguesa,  desejando-lhes todo o bem no Senhor. Em particular saúdo o numeroso grupo de peregrinos provindos de diversas partes do Brasil. Faço votos de que a visita à cidade, onde foram martirizados os Apóstolos São Pedro e São Paulo, reavive a fé em Cristo Jesus, que por amor nos redimiu e nos chamou filhos de Deus, para que vivamos na justiça e na paz. A todos de coração dou a minha Bênção, que faço extensiva aos vossos familiares e amigos.

Saluto in lingua slovacca:

S láskou vítam žiakov a pedagógov Základnej školy Antona Bernoláka z Nových Zámkov.

Bratia a sestry, Kristus je cesta k Otcovi a v Eucharistii sa ponúka každému z nás ako prameň božského života. Čerpajme vytrvalo z toho prameňa. S týmto želaním žehnám vás i vašich drahých.
Pochválený buď Ježiš Kristus!

Traduzione italiana:

Un affettuoso benvenuto agli allievi e insegnanti della Scuola elementare “Anton Bernolák” di Nové Zámky.

Fratelli e sorelle, Cristo è la via che conduce al Padre e nell’Eucaristia si offre ad ognuno di noi come sorgente di vita divina.
Attingiamone con perseveranza. Con questi voti benedico voi ed i vostri cari.
Sia lodato Gesù Cristo!

Saluto in lingua ucraina:

Вітаю делегацію українських військовослужбовців 50-го міжнародного військового паломництва, що відбулось у місті Люрд. Нехай Мир Божий єднає і сповняє ваше життя у християнському служінні своїй Батьківщині і миру у світі.

Traduzione italiana:

Saluto la delegazione dei militari ucraini del 50° Pellegrinaggio Internazionale Militare, svoltosi nella città di Lourdes. Che la pace di Dio vi unisca e riempia la vostra vita nel servizio cristiano alla Patria e alla pace nel mondo.

Saluto in lingua ceca:

Srdečně vítám a zdravím poutníky z České republiky, zejména z Hradce Králové, Hovězí, a vozíčkáře Petýrkova z Prahy 

Rád vám všem žehnám! Chvála Kristu!

Traduzione italiana:

Un cordiale benvenuto e saluti ai pellegrini provenienti dalla Repubblica Ceca, in particolare da Hradec Králové, Hovězí e portatori di handicap (Comunità Petýrkova), di Praga.
Volentieri vi benedico tutti. Sia lodato Gesù Cristo!

Saluto in lingua polacca:

Witam pielgrzymów z Polski. Pozdrawiam szczególnie obecnych tu neoprezbiterów. Wdzięczni Bogu za dar kapłaństwa wiernie głoście Ewangelię, sprawujcie sakramenty i podejmujcie posługę uświęcania siebie i innych. Pojutrze, w uroczystość Najświętszego Serca Pana Jezusa będziemy obchodzili dzień modlitw o świętość kapłanów. Wszystkich zachęcam do gorącej modlitwy w tej intencji. Niech wam Bóg błogosławi.

Traduzione italiana:

Do il benvenuto ai pellegrini provenienti dalla Polonia. Saluto in modo particolare i neopresbiteri qui presenti. Grati a Dio per il dono del sacerdozio fedelmente proclamate il Vangelo, amministrate i sacramenti e assumete il ministero di santificazione di voi stessi e degli altri. Dopodomani, nella solennità del Sacratissimo Cuore di Gesù celebreremo la giornata della preghiera per la santità dei sacerdoti. Invito tutti all’ardente preghiera secondo questa intenzione. Dio vi benedica.

Saluto in lingua croata:

Pozdravljam sve hrvatske hodočasnike, a posebno vjernike župa Svetoga Antuna Padovanskoga te Blaženoga Alojzija Stepinca iz Zagreba. Na izmaku ovog mjeseca posvećenoga nebeskoj Majci, želim vam da vas uvijek prati njezin zagovor i pomoć. Hvaljen Isus i Marija!

Traduzione italiana:

Saluto i pellegrini croati, particolarmente i fedeli delle parrocchie di Sant’Antonio di Padova e del Beato Luigi Stepinac di Zagabria. Nella prossimità della fine del mese dedicato alla Madre celeste, auspico che la sua intercessione e il suo aiuto vi accompagnino sempre. Siano lodati Gesù e Maria!

* * *

Rivolgo un cordiale benvenuto ai pellegrini di lingua italiana. In particolare, saluto i sacerdoti del Pontificio Collegio San Paolo apostolo, che hanno terminato gli studi nelle diverse Università Pontificie e stanno per ritornare nei rispettivi loro Paesi. Cari sacerdoti, vi esorto a vivere sempre con fedeltà il ministero pastorale, facendo tesoro della formazione ricevuta in questi anni a Roma.  Saluto poi gli insegnanti, gli alunni e i genitori che partecipano al pellegrinaggio delle Maestre Pie Filippini, in occasione del terzo centenario di apertura in Roma della prima scuola da parte di S. Lucia Filippini. Cari amici, e specialmente voi, care Suore, sull’esempio della vostra Fondatrice profittate di questa ricorrenza per contribuire, con rinnovato impegno, ad affrontare l’odierna emergenza educativa nella città di Roma, cuore della cristianità. Saluto inoltre i fedeli provenienti da Nola, accompagnati dal loro Pastore Mons. Beniamino Depalma. Cari fratelli e sorelle, vi invito a testimoniare quotidianamente il Vangelo della carità, sull’esempio del vostro patrono San Paolino da Nola.  

Mi rivolgo, infine, ai giovani, ai malati e agli sposi novelli. Sta per terminare il mese di maggio, e il pensiero va a Maria Santissima, Stella luminosa del nostro cammino cristiano. A lei, facciamo costante riferimento, contando nella sua materna intercessione, e potremo così percorrere con gioia e speranza il nostro quotidiano pellegrinaggio verso la Patria eterna
  
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BENEDETTO XVI

UDIENZA GENERALE

Piazza San Pietro

Mercoledì, 4 giugno 2008


San Gregorio Magno (2)


Cari fratelli e sorelle,

ritornerò oggi, in questo nostro incontro del mercoledì, alla straordinaria figura di Papa Gregorio Magno, per raccogliere qualche ulteriore luce dal suo ricco insegnamento. Nonostante i molteplici impegni connessi con la sua funzione di Vescovo di Roma, egli ci ha lasciato numerose opere, alle quali la Chiesa nei secoli successivi ha attinto a piene mani. Oltre al cospicuo epistolario – il Registro a cui accennavo nella scorsa catechesi contiene oltre 800 lettere – egli ci ha lasciato innanzitutto scritti di carattere esegetico, tra cui si distinguono il Commento morale a Giobbe - noto sotto il titolo latino di Moralia in Iob -, le Omelie su Ezechielele Omelie sui Vangeli. Vi è poi un’importante opera di carattere agiografico, i Dialoghi, scritta da Gregorio per l’edificazione della regina longobarda Teodolinda. L’opera principale e più nota è senza dubbio la Regola pastorale, che il Papa redasse all’inizio del pontificato con finalità chiaramente programmatiche.

Volendo passare in veloce rassegna queste opere, dobbiamo anzitutto notare che, nei suoi scritti, Gregorio non si mostra mai preoccupato di delineare una “sua” dottrina, una sua originalità. Piuttosto, egli intende farsi eco dell’insegnamento tradizionale della Chiesa, vuole semplicemente essere la bocca di Cristo e della sua Chiesa sul cammino che si deve percorrere per giungere a Dio. Esemplari sono a questo proposito i suoi commenti esegetici. Egli fu un appassionato lettore della Bibbia, a cui si accostò con intendimenti non semplicemente speculativi: dalla Sacra Scrittura, egli pensava, il cristiano deve trarre non tanto conoscenze teoriche, quanto piuttosto il nutrimento quotidiano per la sua anima, per la sua vita di uomo in questo mondo. Nelle Omelie su Ezechiele, ad esempio, egli insiste fortemente su questa funzione del testo sacro: avvicinare la Scrittura semplicemente per soddisfare il proprio desiderio di conoscenza significa cedere alla tentazione dell’orgoglio ed esporsi così al rischio di scivolare nell’eresia. L’umiltà intellettuale è la regola primaria per chi cerca di penetrare le realtà soprannaturali partendo dal Libro sacro. L’umiltà, ovviamente, non esclude lo studio serio; ma per far sì che questo risulti spiritualmente proficuo, consentendo di entrare realmente nella  profondità del testo, l’umiltà resta indispensabile. Solo con questo atteggiamento interiore si ascolta realmente e si percepisce finalmente la voce di Dio. D’altra parte, quando si tratta di Parola di Dio, comprendere non è nulla, se la comprensione non conduce all’azione. In queste omelie su Ezechiele si trova anche quella bella espressione secondo cui “il predicatore deve intingere la sua penna nel sangue del suo cuore; potrà così arrivare anche all’orecchio del prossimo”. Leggendo queste sue omelie si vede che realmente Gregorio ha scritto con il sangue del suo cuore e perciò ancora oggi parla  a noi.

Questo discorso Gregorio sviluppa anche nel Commento morale a Giobbe. Seguendo la tradizione patristica, egli esamina il testo sacro nelle tre dimensioni del suo senso: la dimensione letterale, la dimensione allegorica e quella morale, che sono dimensioni dell’unico senso della Sacra Scrittura. Gregorio tuttavia attribuisce una netta prevalenza al senso morale. In questa prospettiva, egli propone il suo pensiero attraverso alcuni binomi significativi - sapere-fare, parlare-vivere, conoscere-agire -, nei quali evoca i due aspetti della vita umana che dovrebbero essere complementari, ma che spesso finiscono per essere antitetici. L’ideale morale, egli commenta, consiste sempre nel realizzare un’armoniosa integrazione tra parola e azione, pensiero e impegno, preghiera e dedizione ai doveri del proprio stato: è questa la strada per realizzare quella sintesi grazie a cui il divino discende nell’uomo e l’uomo si eleva fino alla immedesimazione con Dio. Il grande Papa traccia così per l’autentico credente un completo progetto di vita; per questo il Commento morale a Giobbe costituirà nel corso del medioevo una specie di Summa della morale cristiana.

Di notevole rilievo e bellezza sono pure le Omelie sui Vangeli. La prima di esse fu tenuta nella basilica di San Pietro durante il tempo di Avvento del 590 e dunque pochi mesi dopo l’elezione al Pontificato; l’ultima fu pronunciata nella basilica di San Lorenzo nella seconda domenica dopo Pentecoste del 593. Il Papa predicava al popolo nelle chiese dove si celebravano le “stazioni” - particolari cerimonie di preghiera nei tempi forti dell’anno liturgico - o le feste dei martiri titolari. Il principio ispiratore, che lega insieme i vari interventi, si sintetizza nella parola “praedicator”: non solo il ministro di Dio, ma anche ogni cristiano, ha il compito di farsi “predicatore” di quanto ha sperimentato nel proprio intimo, sull’esempio di Cristo che s’è fatto uomo per portare a tutti l’annuncio della salvezza. L’orizzonte di questo impegno è quello escatologico: l’attesa del compimento in Cristo di tutte le cose è un pensiero costante del grande Pontefice e finisce per diventare motivo ispiratore di ogni suo pensiero e di ogni sua attività. Da qui scaturiscono i suoi incessanti richiami alla vigilanza e all’impegno nelle buone opere.

Il testo forse più organico di Gregorio Magno è la Regola pastorale, scritta nei primi anni di Pontificato. In essa Gregorio si propone di tratteggiare la figura del Vescovo ideale, maestro e guida del suo gregge. A tal fine egli illustra la gravità dell’ufficio di pastore della Chiesa e i doveri che esso comporta: pertanto, quelli che a tale compito non sono stati chiamati non lo ricerchino con superficialità, quelli invece che l’avessero assunto senza la debita riflessione sentano nascere nell’animo una doverosa trepidazione. Riprendendo un tema prediletto, egli afferma che il Vescovo è innanzitutto il “predicatore” per eccellenza; come tale egli deve essere innanzitutto di esempio agli altri, così che il suo comportamento possa costituire un punto di riferimento per tutti. Un’efficace azione pastorale richiede poi che egli conosca i destinatari e adatti i suoi interventi alla situazione di ognuno: Gregorio si sofferma ad illustrare le varie categorie di fedeli con acute e puntuali annotazioni, che possono giustificare la valutazione di chi ha visto in quest’opera anche un trattato di psicologia. Da qui si capisce che egli conosceva realmente il suo gregge e parlava di tutto con la gente del suo tempo e della sua città.

Il grande Pontefice, tuttavia, insiste sul dovere che il Pastore ha di riconoscere ogni giorno la propria miseria, in modo che l’orgoglio non renda vano, dinanzi agli occhi del Giudice supremo, il bene compiuto. Per questo il capitolo finale della Regola è dedicato all’umiltà: “Quando ci si compiace di aver raggiunto molte virtù è bene riflettere sulle proprie insufficienze ed umiliarsi: invece di considerare il bene compiuto, bisogna considerare quello che si è trascurato di compiere”. Tutte queste preziose indicazioni dimostrano l’altissimo concetto che san Gregorio ha della cura delle anime, da lui definita “ars artium”, l’arte delle arti. La Regola ebbe grande fortuna al punto che, cosa piuttosto rara, fu ben presto tradotta in greco e in anglosassone. 

Significativa è pure l’altra opera, i Dialoghi, in cui all’amico e diacono Pietro, convinto che i costumi fossero ormai così corrotti da non consentire il sorgere di santi come nei tempi passati, Gregorio dimostra il contrario: la santità è sempre possibile, anche in tempi difficili. Egli lo prova narrando la vita di persone contemporanee o scomparse da poco, che ben potevano essere qualificate sante, anche se non canonizzate. La narrazione è accompagnata da riflessioni teologiche e mistiche che fanno del libro un testo agiografico singolare, capace di affascinare intere generazioni di lettori. La materia è attinta alle tradizioni vive del popolo ed ha lo scopo di edificare e formare, attirando l’attenzione di chi legge su una serie di questioni quali il senso del miracolo, l’interpretazione della Scrittura, l’immortalità dell’anima, l’esistenza dell’inferno, la rappresentazione dell’aldilà, temi tutti che abbisognavano di opportuni chiarimenti. Il libro II è interamente dedicato alla figura di Benedetto da Norcia ed è l’unica testimonianza antica sulla vita del santo monaco, la cui bellezza spirituale appare nel testo in tutta evidenza.

Nel disegno teologico che Gregorio sviluppa attraverso le sue opere, passato, presente e futuro vengono relativizzati. Ciò che per lui conta più di tutto è l’arco intero della storia salvifica, che continua a dipanarsi tra gli oscuri meandri del tempo. In questa prospettiva è significativo che egli inserisca l’annunzio della conversione degli Angli nel bel mezzo del Commento morale a Giobbe: ai suoi occhi l’evento costituiva un avanzamento del Regno di Dio di cui tratta la Scrittura; poteva quindi a buona ragione essere menzionato nel commento ad un libro sacro. Secondo lui le guide delle comunità cristiane devono impegnarsi a rileggere gli eventi alla luce della Parola di Dio: in questo senso il grande Pontefice sente il dovere di orientare pastori e fedeli nell’itinerario spirituale di una lectio divina  illuminata e concreta, collocata nel contesto della propria vita.

Prima di concludere è doveroso spendere una parola sulle relazioni che Papa Gregorio coltivò con i Patriarchi di Antiochia, di Alessandria e della stessa Costantinopoli. Si preoccupò sempre di riconoscerne e rispettarne i diritti, guardandosi da ogni interferenza che ne limitasse la legittima autonomia. Se tuttavia san Gregorio, nel contesto della sua situazione storica, si oppose al titolo di “ecumenico” assunto da parte del Patriarca di Costantinopoli, non lo fece per limitare o negare la sua legittima autorità, ma perché egli era preoccupato dell’unità fraterna della Chiesa universale. Lo fece soprattutto per la sua profonda convinzione che l’umiltà dovrebbe essere la virtù fondamentale di ogni Vescovo, ancora più di un Patriarca. Gregorio era rimasto semplice monaco nel suo cuore e perciò era decisamente contrario ai grandi titoli. Egli voleva essere - come soleva sottoscriversi - servus servorum Dei. Questa espressione a lui cara non era nella sua bocca una pia formula, ma la vera manifestazione del suo modo di vivere e di agire. Egli era intimamente colpito dall’umiltà di Dio, che in Cristo si è fatto nostro servo, ci ha lavato e ci lava i piedi sporchi. Pertanto egli era convinto che soprattutto un Vescovo dovrebbe imitare questa umiltà di Dio e così seguire Cristo. Il suo desiderio veramente era di vivere da monaco in permanente colloquio con la Parola di Dio, ma per amore di Dio seppe farsi servitore di tutti in un tempo pieno di tribolazioni e di sofferenze; seppe farsi “servo dei servi”. Proprio perché fu questo, egli è grande e mostra anche a noi la misura della vera grandezza.



Saluti:

Je salue les pèlerins francophones, en particulier le groupe de l’Université des Sciences humaines d’Orléans et les paroissiens de Grimbergen en Belgique. À l’image de saint Grégoire, puissiez-vous trouver chaque jour, dans la méditation de l’Écriture, la sagesse et la lumière pour guider votre action. Avec ma Bénédiction apostolique.

I offer a warm welcome to all the English-speaking pilgrims and visitors here today, including the groups from England, Australia, Japan, the Philippines, Vietnam, Canada and the United States. I extend special greetings to the group of Episcopalian pilgrims from Jerusalem, and to the many student groups present at this audience. May God bless you all!

Einen herzlichen Gruß richte ich an die Pilger und Besucher deutscher Sprache; besonders an die Wallfahrer des Malteser-Hilfsdienstes - herzlich willkommen - und an die Gruppe des Bayerischen Roten Kreuzes. Der heilige Papst Gregor will auch uns heute sagen, daß im Licht des Wortes Gottes jede Lebenssituation einen Sinn hat. Wir sind in der Liebe des Gekreuzigten und Auferstandenen geborgen. Euch allen wünsche ich eine gesegnete Zeit hier in Rom!

Saludo cordialmente a los visitantes de lengua española. En particular, al grupo de peregrinos de la República Dominicana, acompañados por el Arzobispo de Santiago de los Caballeros, Monseñor Ramón de la Rosa, y al grupo de sacerdotes de Madrid. Saludo también a los peregrinos y grupos parroquiales venidos de Chile, Ecuador, España, México y de otros países latinoamericanos. Que el ejemplo de San Gregorio os ayude a meditar la Sagrada Escritura para encontrar en ella el alimento espiritual para vuestra vida cristiana. Que Dios os bendiga.

Saúdo, com fraterna amizade, os grupos do Brasil e demais peregrinos de língua portuguesa, cuja romagem se detém hoje junto do túmulo de São Pedro e nesta Audiência com o seu Sucessor: Obrigado pela vossa presença e oração! Peço a Cristo Senhor que guarde no seu Coração Sagrado as vossas famílias e comunidades cristãs, abençoando a todos com a sua paz e o seu amor.

Saluto in lingua polacca:

Pozdrawiam serdecznie pielgrzymów polskich. Wczoraj minęło 45 lat od śmierci błogosławionego papieża Jana XXIII. Nazywano go „Jan dobry”, „Dobry papież Jan”. Zwołał Sobór Watykański II, który rozpoczął odnowę Kościoła, reformę jego struktur i liturgii. Niech ta odnowa owocuje w nas i w Kościele trzeciego tysiąclecia. Niech będzie pochwalony Jezus Chrystus.

Traduzione italiana:

Saluto cordialmente i pellegrini polacchi. Ieri si sono compiuti i quarantacinque anni dalla morte del beato Papa Giovanni XXIII. Veniva chiamato dalla gente: “Giovanni il buono” oppure “Il buon papa Giovanni”. Era stato Lui a convocare il Concilio Vaticano II, il quale iniziò il rinnovamento della Chiesa, la riforma delle Sue strutture e l’aggiornamento della liturgia. Che questa riforma porti frutti in noi e nella Chiesa del terzo millennio. Sia lodato Gesù Cristo.

Saluto in lingua slovacca:

S láskou pozdravujem slovenských pútnikov z Nitry, Košíc, Slivníka, Smolníckej Huty a Švošova.
Bratia a sestry, modlite sa za vašich novokňazov, vysvätenych v tomto mesiaci, aby verne hlásali evanjelium a slávili Božie tajomstvá.

Ochotne žehnám vás, vaše rodiny aj všetkých novokňazov.

Pochválený buď Ježiš Kristus!

Traduzione italiana:

Con affetto saluto i pellegrini slovacchi provenienti da Nitra, Košice, Slivník, Smolnícka Huta e Švošov.

Fratelli e sorelle, pregate per i vostri sacerdoti novelli, ordinati in questo mese, perché fedelmente annunzino il Vangelo e celebrino i misteri divini.

 Volentieri benedico voi, le vostre famiglie e tutti i sacerdoti novelli.

Sia lodato Gesù Cristo!     

Saluto in lingua croata:

Od srca upućujem svoj pozdrav svim hrvatskim hodočasnicima, a osobito vjernicima iz Lupoglava. Raspirujte milosne darove Božje kako bi u snazi Duha, bez straha i s ljubavlju, služili Gospodinu i njegovoj Crkvi. Hvaljen Isus i Marija!

Traduzione italiana:

Rivolgo di cuore il mio saluto ai pellegrini croati, particolarmente ai fedeli di Lupoglav. Ravvivate i doni di Dio affinché nella forza dello Spirito, senza paura e con amore, serviate il Signore e la sua Chiesa. Siano lodati Gesù e Maria!

* * *

Rivolgo un cordiale benvenuto ai pellegrini di lingua italiana. In particolare saluto i religiosi Fratelli di San Giuseppe Benedetto Cottolengo e li incoraggio, sull’esempio del venerato Fondatore, ad essere sempre più segni eloquenti dell’amore di Dio, servendo con ardente carità i poveri e i bisognosi. Saluto con affetto i partecipanti al pellegrinaggio promosso dall’Ordine dei Chierici Regolari Minori, a conclusione dell’anno giubilare del loro fondatore San Francesco Caracciolo. Cari amici, formulo voti che questa significativa circostanza contribuisca a rinnovare in tutti il vivo desiderio di servire Cristo, seguendo gli insegnamenti di questo grande Santo, innamorato dell’Eucarestia, umile servitore dei poveri, asceta immerso costantemente nella contemplazione di Gesù crocifisso. Saluto gli atleti con la fiaccola della pace, che brillerà nel pellegrinaggio notturno da Macerata a Loreto, qui convenuti con i Vescovi Mons. Giancarlo Vecerrica e Mons. Claudio Giuliodori, ed auguro ogni migliore successo alla trentesima edizione di tale importante iniziativa pastorale.

Saluto infine i giovani, i malati e gli sposi novelli. Ricorre proprio oggi la memoria liturgica di San Francesco Caracciolo. La sua eroica testimonianza evangelica sostenga voi, cari giovani, nell'impegno di quotidiana fedeltà a Cristo; incoraggi voi, cari ammalati, a seguire pazientemente il Signore nel cammino della prova e della sofferenza; aiuti voi, cari sposi novelli, a fare della vostra famiglia un cenacolo di preghiera e di carità fraterna.
    
© Copyright 2008 - Libreria Editrice Vaticana

Limbourg brothers  (fl. 1402–1416), La Procession de saint Grégoire (partie gauche de la miniature, folio 71 verso), Sous le texte, une procession sort par d'une porte, devancé par une chasse, puis le pape Saint Grégoire qui voit apparaître au sommet du mausolée d'Hadrien un ange qui range son épée dans son fourreau, signe de la fin de l'épidémie de peste, 1411-1416, tempera on vellum, 29 x 21, Condé Museum , Raymond Cazelles et Johannes Rathofer (préf. Umberto Eco), Les Très Riches Heures du Duc de Berry, Tournai, La Renaissance du Livre, 2001 (1re éd. 1988), 238 p. (ISBN 2-8046-0582-5), p.68-69


GREGORIO I Magno, Santo

di G. Mochi Onori - Enciclopedia dell' Arte Medievale (1996)

GREGORIO I Magno, Santo

Dottore della Chiesa e papa (590-604), G. nacque a Roma nel 540 ca. da una famiglia dell'aristocrazia senatoria, la gens Anicia, alla quale erano anche appartenuti i papi Felice III (483-492) e Agapito I (535-536).Grazie al clima di rinnovamento civile e culturale che seguì la fine della guerra gotica (553), G. poté ricevere un'educazione di prim'ordine, incentrata sullo studio di grammatica, retorica, dialettica (Gregorio di Tours, Hist. Fr., X, 1) e probabilmente diritto, a giudicare dalla competenza successivamente dimostrata nell'ambito delle sue mansioni amministrative. Fu infatti avviato alla carriera di funzionario del governo bizantino di Roma e, nel 573 ca., raggiunse la carica di praefectus Urbis, la magistratura più alta della città. Di poco successiva fu la decisione di aderire alla vita monastica e di fondare sei monasteri in Sicilia, dotandoli di possedimenti provenienti dal suo patrimonio personale (Gregorio di Tours, Hist. Fr., X, 1). Similmente, a Roma G. trasformò la casa paterna sul clivus Scauri, la via romana che discendeva dal Celio, nel monastero di S. Andrea (Lib. Pont., I, p. 312; Giovanni Diacono, Vita Gr., I, 6), dove egli stesso si ritirò in meditazione e preghiera, seguendo una regola probabilmente molto simile a quella benedettina (Porcel, 1960). Consacrato diacono da papa Pelagio II, dal 579 G. iniziò una stretta collaborazione con il pontefice, prima come apocrisario presso la corte imperiale - dove iniziò la composizione della sua maggiore opera esegetica, i Moralia in Iob (o Expositio in Iob) -, poi come suo consigliere e segretario. Quando nel 590 il papa perì vittima della peste, G., pur riluttante, gli successe per l'unanime designazione di popolo e clero.Al nuovo pontefice si presentava una situazione difficilissima. Egli stesso in una delle omelie tenute all'inizio del suo pontificato, prendendo spunto dal testo del profeta Ezechiele, descrisse l'Italia devastata dalla guerra di occupazione longobarda: "Ubique luctus aspicimus, undique gemitus audiamus. Destructae urbes, eversa sunt castra, depopulati agri, in solitudine terra redacta est. Nullus in agris incola, pene nullus in urbibus habitator remansit. [...] Ipsa autem quae aliquando mundi domina esse videbatur qualis remanserit Roma conspicitis. Immensis doloribus multipliciter attrita, desolatione civium, impressione hostium, frequentia ruinarum" (Hom. in Ez., II, 6, 22). Si avverte in queste parole la percezione di vivere in un'epoca di decadenza e di catastrofi, nelle quali G., con forte convinzione escatologica, vedeva i segni dell'imminente fine del mondo (Manselli, 1954). Non per questo tuttavia egli assunse un atteggiamento passivo o puramente ascetico. I quattordici anni del suo pontificato furono infatti percorsi da un'attività instancabile, testimoniata dal Registrum epistolarum, un'imponente raccolta di ottocentoquattordici lettere, che costituisce un documento prezioso per la conoscenza della vita politica, sociale e religiosa dell'epoca. Vero consul Dei, come recitava l'iscrizione sepolcrale, di cui sono conservati due piccoli frammenti (Roma, S. Pietro in Vaticano, Grotte; Dufresne, 1902), G. fornì le basi della centralità della Chiesa di Roma nell'Occidente medievale e costituì un punto di riferimento continuo per la cultura cristiana successiva.Con particolare sollecitudine G. si dedicò all'opera di riorganizzazione della Chiesa. Seguì l'operato dei singoli vescovi per renderne più efficace l'azione pastorale, ispirandosi all'ideale di dedizione, umiltà e disinteresse per i beni temporali, che aveva delineato nella Regula pastoralis. Nominò amministratori fidati che si occupassero dell'utilizzazione produttiva dell'enorme patrimonio fondiario posseduto dalla Chiesa. La disponibilità di mezzi finanziari si rendeva infatti sempre più necessaria in un momento in cui, con l'indebolirsi della presenza bizantina, la Chiesa andava assumendo un ruolo di primo piano in ambito temporale. All'epoca del pontificato di G. l'approvvigionamento di Roma spettava ormai alla Chiesa, come pure la tutela dei cittadini e di coloro i quali, sempre più numerosi, si trovavano a fuggire le distruzioni della guerra. In due occasioni, nel 591 e nel 593, quando i Longobardi giunsero a minacciare direttamente Roma, G. riuscì a scongiurare il saccheggio della città grazie al pagamento di una cospicua somma di denaro e avviò, nonostante l'opposizione dell'esarca e dell'imperatore, il negoziato con il re longobardo Agilulfo (591-615) per il raggiungimento di una tregua.Rinunciando probabilmente a prendere possesso per conto della Chiesa degli edifici pubblici di Roma, sembra che G. si sia adoperato piuttosto per la diffusione delle diaconie, costruzioni alquanto semplici, provviste di un oratorio, nelle quali veniva offerto ricovero e sostentamento a poveri, ammalati e pellegrini. S. Maria in Cosmedin, S. Giorgio in Velabro, S. Teodoro e S. Maria in via Lata contengono testimonianze archeologiche che fanno ipotizzare una loro fondazione proprio negli anni del pontificato di G. (Krautheimer, 1980, trad. it. pp. 94, 100). L'accoglienza dei pellegrini stava d'altronde divenendo un compito tanto più importante per la Chiesa, quanto più Roma si avviava a essere il centro spirituale dell'Occidente anche perché luogo di sepoltura dei martiri, dove quindi si trovavano le preziose reliquie cui erano attribuiti poteri salvifici e apotropaici. Martiri e santi alle cui prodigiose vicende G. aveva appunto dedicato, con palese intento di edificazione, un'opera popolare come i Dialoghi.Probabilmente per regolamentare l'enorme afflusso di pellegrini in visita al sepolcro del santo, nella basilica di S. Pietro in Vaticano venne costruito, innalzando il presbiterio, un corridoio semicircolare con due accessi, che seguiva la curva interna dell'abside costantiniana. Da questo passaggio era possibile accedere alla camera dove si trovava la sepoltura del martire, che veniva così a collocarsi al di sotto dell'altare maggiore. Sebbene il Lib. Pont. (I, p. 312) testimoni che G., oltre ad aver donato un ciborio d'argento per l'altare, "fecit ut super corpus beati Petri missae celebrarentur", resta incerto il ruolo da lui avuto, perché Gregorio di Tours (De gloria martyrum, 28; PL, LXXI, col. 728) descrive il nuovo assetto della chiesa come compiuto nel 590. Questo prototipo di cripta semianulare, della quale a S. Pietro rimane solo qualche traccia, divenne il modello per innumerevoli riprese (Krautheimer, 1937-1980, V, pp. 265-267; v. Cripta). La committenza edilizia di G. sembra quindi articolarsi in pochi essenziali interventi, ai quali occorre però aggiungere l'attività svolta nel monastero sul Celio. Il complesso conventuale - che deve aver presto incorporato la biblioteca fondata dal papa Agapito nel 535 ca. - è stato descritto nel sec. 9° dal biografo di G., Giovanni Diacono, come composto da due oratori dedicati a Maria Vergine e a s. Barbara, da un triclinium, da un atrio con ritratti murali dei genitori di G., dalle celle, dalla cantina e da una piccola abside ove si trovava un tondo con il ritratto di G. (Vita Gr., IV, 83-84, 89). Sull'area occupata una volta dal convento sorge ora il monastero di S. Gregorio Magno con l'omonima chiesa ed è problematico stabilire l'ubicazione dei singoli fabbricati gregoriani. Le uniche parti conservate sono comunque da identificare, oltre che nella c.d. biblioteca di Agapito - i resti di un'aula a pianta basilicale degli inizi del sec. 5° o dei secc. 5°-6° -, negli avanzi di costruzioni romane e tardoromane comprese nelle attuali cappelle di S. Andrea e di S. Barbara, la quale, come vuole la tradizione, potrebbe essere il triclinium (Marrou, 1931; Krautheimer, 1937-1980, I, pp. 317-321). È però possibile sostenere su base documentaria che la chiesa di S. Gregorio, che pure non presenta elementi databili prima del sec. 12° (Krautheimer, 1937-1980, I, pp. 321-323), sia stata edificata da G. negli anni successivi al ritorno da Costantinopoli e da lui consacrata nel 595. Al sec. 12° si daterebbe così solamente un restauro, sostanziale ma rispettoso della costruzione preesistente (Pedrocchi, 1993, pp. 16-24).Il ruolo del vescovo di Roma non doveva tuttavia esaurirsi nella cura della città o del Patrimonium Petri. Con forza G. affermò il primato papale, basato sulla continuità con l'apostolato di s. Pietro, contestando al patriarca di Costantinopoli il diritto di attribuirsi il titolo di patriarca ecumenico (Ep., V, 37; 39). In tale prospettiva sono da considerare il forte dinamismo impresso all'opera di evangelizzazione con la missione in Britannia del monaco Agostino e i contatti con la regina cattolica dei Longobardi, Teodolinda, nella speranza di una conversione del suo popolo. Nel 603 la sovrana, in occasione del battesimo del figlio Adaloaldo, ricevette da G. una stauroteca "cum ligno sanctae crucis Domini" e un evangeliario racchiuso in una "theca persica" (Ep., XIV, 12), identificate dalla tradizione, in modo erroneo o non documentato, rispettivamente con il reliquiario della Vera Croce di Adaloaldo, in oro, niello e cristallo di rocca, e con la coperta di evangeliario della regina Teodolinda, in oro, gemme e cammei, entrambi del sec. 6°-7° (Monza, Mus. del Duomo; Frazer, 1988).Anche l'arte figurativa assumeva nel programma gregoriano il ruolo di un efficace strumento per la diffusione della fede. In due epistole indirizzate al vescovo di Marsiglia Sereno, colpevole di aver distrutto immagini sacre per impedire che i fedeli le adorassero, G. delineò, forse per la prima volta, i tratti di quella concezione didascalica della figurazione che sarebbe stata tipica del Medioevo occidentale. Egli scrisse: "Idcirco enim pictura in Ecclesiis adhibetur, ut hi qui litteras nesciunt, saltem in parietibus videndo legant quae legere in codicibus non valent" (Ep., IX, 209), perché "aliud est enim picturam adorare, aliud per picturae historiam quid sit adorandum addiscere [...]. Unde praecipue gentibus pro lectione pictura est" (Ep., XI, 10).

Iconografia

La grande fama di cui G. godette lungo tutto il Medioevo e la diffusione rapida e larghissima delle sue opere spiegano l'abbondanza della sua celebrazione figurativa. Le più antiche immagini conservate lo rappresentano giovane, a capo scoperto, cinto da un pallio, con l'attributo del libro e in posa frontale benedicente. Così appare nella pittura (sec. 7°-8°) sul lato interno del dittico eburneo di Boezio, dove compare insieme a s. Girolamo e s. Agostino (Brescia, Civ. Mus. Cristiano), in un affresco romano di S. Maria Antiqua datato agli inizi del sec. 8° e in una miniatura delle Omelie della fine del sec. 8° (Vercelli, Bibl. Capitolare, CXLVIII, c. 9v).Ben presto comparve l'attributo della colomba, simbolo dell'ispirazione dello Spirito Santo - per es. nella Regula pastoralis del sec. 9° (Roma, BAV, S. Maria Maggiore 43, c. 1v) -, spesso, sulla scorta di un episodio narrato da Paolo Diacono (Vita Gr., 13), in scene dove G. appare intento a dettare e il diacono Pietro, suo principale collaboratore e interlocutore nei Dialoghi, lo osserva da dietro una tenda - come in un sacramentario del sec. 9° (Parigi, BN, lat. 1141, c. 3r) o in una carta proveniente da un codice del Registrum Gregorii della fine del sec. 10° (Treviri, Stadtbibl., 171a; Ladner, 1941-1984, III, pp. 335-340) - magari forandola con lo stilo, come in un manoscritto del sec. 12° (Bruxelles, Bibl. Royale, 9916-17, c. 1v). Poco dopo si diffuse l'uso di raffigurare G. con la tiara, semplice, come nel rilievo proveniente dal portale dell'abbazia di Petershausen (Karlsruhe, Badisches Landesmus.) e in quello del portale meridionale della cattedrale di Chartres (1215-1220), o arricchita da una corona, come nei dipinti del 1315 e del 1320 ca. di Simone Martini (Siena, Palazzo Pubblico, Maestà, cimasa; Pisa, Mus. Naz. e Civ. di S. Matteo, polittico, predella). In un affresco ispirato ai Moralia nella cappella di S. Gregorio del Sacro Speco a Subiaco (1228) G. e Giobbe appaiono l'uno di fronte all'altro, tenendo in mano cartigli con versetti del libro di Giobbe (Gb. 1, 1, 21). Talvolta la colomba ispiratrice è sostituita da un angelo, per es. in un codice del 1022-1035 dei Moralia (Montecassino, Bibl., 73, c. 5r) o nel mosaico del battistero della basilica di S. Marco a Venezia (sec. 14°).Sul finire del Medioevo iniziò a diffondersi un tema iconografico basato sulla leggenda secondo la quale, durante una processione indetta da G., l'arcangelo Michele sarebbe apparso alla sommità del mausoleo di Adriano ringuainando la spada come segno della fine della pestilenza (Jacopo da Varazze, Legenda aurea, 46, 4). Le prime rappresentazioni della scena figurano su un pannello di predella del sec. 14° riferito da Gronau (1950) alla scuola di Agnolo Gaddi (Roma, Mus. Vaticani, Pinacoteca, depositi, già inv. nr. 13) e nell'affresco del 1363-1380 ca. di Spinello Aretino nella chiesa di S. Francesco ad Arezzo.

Bibl.:

Fonti. - Gregorio Magno, Moralia in Iob, a cura di M. Adriaen, in Corpus Christianorum Lat., CXLIII, 1-3, 1979-1985; id., Homiliae in Ezechielem prophetam, a cura di M. Adriaen, ivi, CXLII, 1971; id., Regula pastoralis, in PL, LXXVII, coll. 13-128; id., Dialogi, a cura di A. de Vogüé, in SC, CCLI, CCLX, CCLXV, 1978-1980; id., Registrum epistolarum, a cura di D. Norberg, in Corpus Christianorum Lat., CXL, 1-2, 1982; Paolo Diacono, Sancti Gregorii Magni Vita, in PL, LXXV, coll. 41-60; Giovanni Diacono, Sancti Gregorii Magni Vita, ivi, coll. 60-242.

Letteratura critica. - D. Dufresne, Les cryptes vaticanes, Paris-Roma 1902, pp. 66-67; H.J. Marrou, Autour de la Bibliothèque du Pape Agapit, MAH 48, 1931, pp. 124-169; R. Krautheimer, Corpus Basilicarum Christianarum Romae, 5 voll., Città del Vaticano 1937-1980; G.B. Ladner, Die Papstbildnisse des Altertums und des Mittelalters (Monumenti di antichità cristiana, s. II, 4), 3 voll., Città del Vaticano 1941-1984; O. Bertolini, Per la storia delle diaconie romane nell'alto medioevo sino alla fine del secolo VIII, Archivio della Società romana di storia patria 70, 1947, pp. 1-145 (rist. in id., Scritti scelti di storia medioevale, I, Livorno 1968, pp. 311-460); H.D. Gronau, A Dispersed Florentine Altarpiece and its Possible Origin, Proporzioni 3, 1950, pp. 41-47: 43, tav. XXVI; R. Manselli, L'escatologia di Gregorio Magno, Ricerche di storia religiosa 1, 1954, pp. 72-88; C. Porcel, San Gregorio Magno y el monacato. Cuestiones controvertidas, Montserrat 1960; J. Croquison, Les origines de l'iconographie gregorienne, CahA 12, 1962, pp. 249-262; V. Monachino, P. Cannata, s.v. Gregorio I, in Bibl.SS, VII, 1966, pp. 222-287; A Thomas, s.v. Gregor I. der Grosse, in LCI, VI, 1974, coll. 432-441; C. Leonardi, La 'Vita Gregorii' di Giovanni Diacono, in Roma e l'età carolingia, "Atti delle Giornate di studio, Roma 1976", Roma 1976, pp. 381-393; P. Amargier, La querelle des images à Marseille en 600, Marseille 117, 1979, pp. 90-91; R. Krautheimer, Rome. Profile of a City, 312-1308, Princeton 1980 (trad. it. Roma. Profilo di una città, 312-1308, Roma 1981, pp. 77-114); J. Richards, Consul of God. The Life and Times of Gregory the Great, London 1980 (trad. it. Il console di Dio. La vita e i tempi di Gregorio Magno, Firenze 1984); G. Arnaldi, L'approvvigionamento di Roma e l'amministrazione dei "Patrimoni di S. Pietro" al tempo di Gregorio Magno, Studi romani 34, 1986, pp. 25-39; M. Frazer, Oreficerie altomedievali, in Monza. Il Duomo e i suoi tesori, Milano 1988, pp. 15-48: 22-25; R. Godding, Bibliografia di Gregorio Magno, in Opere di Gregorio Magno. Complementi I, Roma 1990; G. Rapisarda, Per una storia dei rapporti fra produzione letteraria e produzione artistica nell'Alto Medioevo occidentale: Gregorio Magno e le epistole IX, 209 e XI, 10 a Sereno di Marsiglia, in Gregorio Magno. Il maestro della comunicazione spirituale e la tradizione gregoriana in Sicilia, "Atti del Convegno, Vizzini 1991", a cura di L. Giordano, Catania 1991, pp. 129-142; A.M. Pedrocchi, San Gregorio al Celio. Storia di una abbazia, Roma 1993.G. Mochi Onori

SOURCE : https://www.treccani.it/enciclopedia/gregorio-i-magno-santo_%28Enciclopedia-dell%27-Arte-Medievale%29/

San Gregorio, fine XV sec, Gasparo Cairano, chiesa di Santa Maria dei Miracoli (Brescia)


GREGORIO I papa, detto Magno, santo

di Ottorino BERTOLINI - Giampiero PUCCI - Enciclopedia Italiana (1933)

GREGORIO I papa, detto Magno, santo. - Nacque intorno al 535 in Roma. La madre Silvia era di nobile stirpe, discendente dall'illustre gens Anicia; il padre, Gordiano, anch'egli originario di famiglia imparentata con gli Anici, apparteneva all'ordo senatorius. Anche G., compiuti gli studî di grammatica e di diritto, entrò nella vita pubblica e copri il cospicuo ufficio di praefectus urbi (573?). Ma al suo, come a tanti altri spiriti superiori di quei tempi travagliati - esempio insigne Cassiodoro - l'angoscioso spettacolo delle miserie d'Italia e di Roma, in confronto con la passata gloriosa potenza, era motivo di dolorose meditazioni sulla caducità delle fortune terrene. La conquista longobarda e la lotta impegnata dai Bizantini per salvare dai Longobardi il loro recente dominio, si erano abbattute sull'Italia quando cominciava appena a risollevarsi dal terribile flagello della guerra greco-gotica, che per quasi vent'anni (535-553) l'aveva desolata. Roma stessa, dove tanti monumenti testimoniavano ancora l'antica potenza, vedeva stringersi attorno il cerchio minaccioso delle armi barbariche. Era l'età in cui la vita monastica, intesa, nello spirito e secondo le regole di S. Benedetto, come la manifestazione più alta e più pura di fede, appariva l'unica via degna di essere presa da chi voleva trovare in Dio il più saldo rifugio nella bufera travolgente. G., abbandonata ogni pompa mondana, fondò sei monasteri nei suoi possessi di Sicilia, largì ai poveri le sue ricchezze, e ridotto a monastero, che intitolò a S. Andrea, lo stesso sontuoso palazzo della famiglia sul Celio, vi si raccolse nella contemplazione delle eterne verità. Ma non vi rimase a lungo. Quando papa Pelagio II ebbe bisogno di persona capace di tutelare degnamente ed efficacemente gl'interessi materiali e spirituali della sede apostolica presso l'imperatore d'Oriente in così difficili momenti, fece cadere la sua scelta su G., che mandò da Tiberio come suo apocrisario, ossia legato (579). A Costantinopoli rimase G. fino al 586. Ebbe così modo di raccogliere preziose esperienze di uomini e di cose in quello che, oltre ad essere il centro politicamente più sensibile e importante dell'antico mondo romano, era anche tenebroso nido di torbide passioni e di raffinati intrighi. Colà strinse legami d'amicizia con illustri personaggi; l'imperatore Maurizio, successore di Tiberio, volle che egli tenesse a battesimo il suo primogenito Teodosio. D'altra parte la missione di fiducia aveva posto in rilievo le qualità di G., che tornato a Roma (586?) fu apprezzato consigliere del papa. Questo fatto, e la fama di pietà che circondava il suo nome, per il devoto raccoglimento in cui era sempre vissuto, lo designarono ai voti unanimi del clero e del popolo di Roma come il successore più degno di Pelagio II quando questi morì il 7 febbraio 590. G. nella sua umiltà fu assai riluttante ad accettare l'altissimo onore. La pia tradizione racconta di una lettera da lui scritta all'imperatore Maurizio, perché non acconsentisse all'avvenuta elezione, e che fu intercettata dal praefectus urbi Germano; di un suo tentativo di fuga; dice che solo a forza s'indusse a lasciarsi consacrare il 3 settembre 590. Saliva sulla cattedra di S. Pietro uno dei più grandi papi che abbiano illustrato, con l'altezza della mente e col fervore delle opere, la storia della Chiesa. Appena eletto, assolse con rapida energia il compito di combattere la peste e la fame, che infuriavano a Roma, triste strascico della rovinosa inondazione del Tevere nel gennaio di quell'anno. Oltre alla solenne processione espiatoria, che rimase famosa nella pia tradizione perché sarebbe allora apparso ai devoti, sugli estremi fastigi del mausoleo di Adriano, l'angelo rinfoderante la spada, a significare placata l'ira divina, G. usò, a risollevare il popolo dalle sue miserie, delle molteplici risorse materiali di cui disponeva la Chiesa, con le diaconie, che provvedevano a mensili distribuzioni di frumento, olio, vino e legumi; con le giornaliere distribuzioni di alimento al domicilio dei più bisognosi; con l'invio periodico di viveri a monasteri e ospedali. Né invocò invano il concorso delle sue influenti amicizie. L'attività di G. in aiuto della popolazione romana non si limitò alle strette della carestia e del morbo. Roma e il territorio intorno erano minacciati dai Longobardi di Spoleto e Benevento. Tarda e inefficace risultava l'azione dell'esarca. Dalla sua sede di Ravenna era già molto se riusciva a mantenere le comunicazioni con Roma attraverso l'Appennino centrale, continuamente esposto agli attacchi dei Longobardi di Spoleto. Nell'incalzare del pericolo, G. non esitò a prendere cgli stesso le disposizioni militari e politiche che sarebbero spettate alle autorità imperiali. Per suo ordine il capitano Leonzio e il maestro delle milizie Veloce mossero a minacciare da Nepi e da Perugia sul rovescio il duca di Spoleto, Ariulfo, che nel settembre del 591 si era spinto sino a Narni; e quando apparve che non vi era altro mezzo per salvare Roma, G. trattò con Ariulfo, che acconsentì ad allontanarsi dopo aver ottenuto un tributo di denaro (luglio 592). G. provvide anche alla difesa di Napoli, minacciata dal duca di Benevento Arechi, che si era impadronito di Capua, facendovi prontamente accorrere il tribuno Costanzio. Solo per breve tempo e con effimeri risultati la direzione delle operazioni militari nel territorio di Roma fu assunta dall'esarca Romano, che, risalendo la valle del Tevere, sgombrò dai barbari parte della Sabina, da Orte a Todi. Ma nel 593 lo stesso re dei Longobardi, Agilulfo, piombava su Roma col suo esercito. Non l'esarca, di nuovo lontano, o i suoi ufficiali salvarono la città dagli orrori di un assedio, ma il papa. G. incontrò animosamente Agilulfo, in un colloquio fuori delle mura, sui gradini della chiesa di S. Pietro, e lo indusse a ritirarsi; la città s'impegnava però a un tributo annuo di 500 libbre d'oro. Aspro rimprovero gliene venne da Costantinopoli; ma G., lungi dal cercare di sottrarsi alla responsabilità di quanto aveva fatto, se lo attribui giustameme ad onore in una fiera lettera all'imperatore Maurizio, tutta penetrata di caldo amor patrio per la sua Italia e per la sua Roma, e di profonda commozione per le miserie che ne piagavano le popolazioni. A dare finalmente ad esse un po' di pace G. si adoperò con tutte le sue energie. Col duca di Benevento riusci a stabilire rapporti cordiali, tanto che Arechi gli fece dono di travi per S. Pietro; il suo legato a Ravenna, il monaco Probo, abate di S. Andrea al Celio, poté ottenere che fra Agilulfo e i Bizantini fosse stipulata (599) una tregua biennale, che fu purtroppo solo una breve sosta nella lotta incessante per il dominio della penisola. Con sollecita cura G. assecondava la pia regina Teodolinda nei suoi sforzi per strappare i connazionali dall'eresia ariana, e salutò con gran gioia il battesimo che, quasi ad annunciare una nuova era, Agilulfo aveva fatto impartire nel 603 al figlio Adaloaldo. Né G. pensò solo a convertire i Longobardi, ma anche gli Angli e i Sassoni. Sotto l'impulso della sua volontà, una missione guidata dal monaco Agostino affrontò i disagi del lungo viaggio; superò il primo smarrimento, che, mentre si trovava con i compagni tuttavia in Provenza, aveva indotto Agostino a ritornarsene a Roma per impetrare dal papa in nome dei compagni l'abbandono dell'impresa; ottenne che nel Natale del 597 il re sassone Etelberto e il suo popolo si convertissero solennemente in Dorovernum (Canterbury). Inizio bene auspicante di un apostolato, che segnò una delle più belle vittorie dell'opera universale della Chiesa di Roma. In Gallia, G. difese con vigile cura la purità della fede, attraverso il suo legato in Austrasia, Vigilio, agendo personalmente presso Childeberto, Brunechilde, Cotario II, imponendo a Desiderio, vescovo di Vienne, d'informare l'insegnamento della grammatica nella sua scuola a uno spirito rigidamente religioso. Nella penisola iberica, nella parte in cui dominavano i Visigoti, sostenne con parola animatrice il re Reccaredo, convertitosi al cattolicesimo dopo la reazione ariana infierita con Leovigildo, il quale non aveva esitato a far perire lo stesso suo figlio Ermenegildo, tetragono nella fede cattolica sino al martirio, chc G. esaltò come magnifico esempio di testimonianza della verità; nella parte sud-orientale, riconquistata da Giustiniano all'Impero, intervenne direttamente nei conflitti tra quei vescovi e il governatore bizantino. Nell'Africa mediterranea, ritolta dai Bizantini ai Vandali, e in Italia, G. con mano sicura e insieme con finissimo tatto fu guida, consigliere, autorevole amico dei preposti alle varie diocesi. Così egli validamente affermava l'autorità del vescovo di Roma su tutto l'occidente romano-barbarico.

Nell'oriente bizantino aveva cercato di scuoterla il patriarca di Costantinopoli, Giovanni, arrogandosi il titolo di universale, favorito dall'imperatore Maurizio nell'interesse dei suoi disegni politici di fronte al persistere della non mai spenta tradizione imperiale occidentale, che faceva di Roma il suo centro. Ma con fermo contegno G., in difesa dell'unità della Chiesa con a capo il vicario di Cristo sulla cattedra di S. Pietro, si oppose alla pretesa del patriarca.

Larghi mezzi per la sua opera multiforme G. poté trarre dalle estese proprietà fondiarie che la Chiesa di Roma possedeva in tutta l'Italia, e che costituivano il cosiddetto Patrimonium S. Petri. Queste proprietà avevano un mirabile ordinamento amministrativo ed economico, che sotto G. fu particolarmente curato.

Erano raggruppate in complessi o patrimonia, che venivano distinti col nome della provincia o del centro urbano del territorio in cui si trovavano, e che al tempo di G. erano i seguenti: patrimonium Ravennae et Histriae, p. in Dalmatia, p. Tusciae, p. in Corsica, p. in Sardinia, p. Sabinense et Carseolanum, p. Appiae, p. Campaniae, p. Apuliae et Calabriae. p. Bruttiorum, p. Siciliae, poi diviso in p. Panormitanum, nella parte orientale dell'isola, e Syracusanum, nell'occidentale. In terre non italiane erano i patrimonî Galliarum e Africae. Ciascun patrimonio era amministrato da un rector, che aveva alle sue dipendenze come funzionarî subordinati notai, chartularii e agenti detti actionarii. Con G. ai rettori appaiono assegnate attribuzioni assai estese, che al di là della sfera economica entravano in quella giurisdizionale e spirituale, come l'assistenza ai poveri e alle vedove, la sorveglianza sul clero e sulle comunità monastiche, sui vescovi stessi. Talora i rettori acquistarono vera e propria veste di legati e vicarî pontifici, come in Sicilia, e di apocrisarî o inviati della S. Sede presso i metropoliti delle diocesi in cui i patrimonî da loro amministrati si trovavano; il rettore del patrimonio in Gallia ebbe addirittura funzioni di ambasciatore papale a quella corte. Quando si pensi che i rettori erano nominati dal papa, e che G., invece di sceglierli, come era uso, specie nei patrimonî più lontani da Roma o fuori d'Italia, fra i signori o i vescovi locali, li cercò di norma tra i membri del clero romano, e di solito tra i suddiaconi, i defensores, qualche volta anche tra i notai e chartularii della Chiesa di Roma, si comprende quale efficacissimo strumento nell'amministrazione del Patrimonium S. Petri, così intesa, egli abbia dato al potere papale per farsi sentire vivo e presente dovunque, come rigido tutore dell'ordine e della giustizia in un tempo in cui tutto era violenza, e le autorità civili apparivano incapaci di assolvere il loro ufficio, o lo esercitavano taglieggiando con tanta durezza le popolazioni, da render quasi preferibile, come ebbe a dire G., la spada longobarda. G. infatti, che seguiva personalmente l'amministrazione delle proprietà della Chiesa in tutti i suoi aspetti, e impartiva ai rettori istruzioni illuminate di ardente carità e mirabili di chiarezza e di spirito pratico, non solo difendeva con tutte le sue forze i coloni e i servi, che in esse vivevano, dalle sopraffazioni degli appaltatori o conductores e li proteggeva dalle prepotenze dei funzionarî imperiali, ma cercava di frenare la rapacità di questi ultimi anche in confronto di chi non era nella condizione privilegiata di trovarsi in un patrimonio della Chiesa di Roma.

Così il grande papa appariva a tutti il comune padre amorevole, e nuovi copiosi frutti si aggiungevano a quelli che G. raccoglieva nella sua inesausta opera, volta a purificare e rinvigorire il sentimento religioso, guidata da quello spirito di profonda fede che pervade i suoi scritti e ne fa uno dei maggiori padri della chiesa.

La figura morale e i doveri del vescovo come rector animarunt traccii, G. nel Liber regulae pastoralis, in quattro parti, composto nel 591 e dedicato a Giovanni vescovo di Ravenna. L'altissimo concetto in cui egli dimostra di avere il delicato ufficio, e il rigore con cui ne intendeva l'esercizio, sono la migliore spiegazione del suo esitare di fronte alle gravi responsabilità del pontificato al momento dell'elevazione. Le virtù cristiane come norma di vita e unica fonte dell'eterna salvezza propose G. ai fedeli nelle Homiliae quadraginta in Evangelia, pubblicate in due libri nel 593, e delle quali più della metà aveva dette egli stesso, con commossa parola, e le altre, perché malato, aveva fatte leggere al popolo raccolto nelle basiliche di Roma. Lo sgomento provocato dalla minaccia longobarda sospesa su Roma dall'esercito di Agilulfo comparso sotto le sue mura echeggia nella rievocazione della profezia della rovina di Gerusalemme, che G. fece argomento delle Viginti duae homiliae in Ezechielem, dedicate nel 593 a Mariniano vescovo di Ravenna. In quegli anni egli andava anche completando e rielaborando in forma di trattato il commento al libro di Giobbe, che mentre si trovava a Costantinopoli aveva costituito l'oggetto di amichevoli conversazioni con i giovani monaci che lo avevano colà accompagnato. Ne uscì l'ampia esegesi dei 35 Libri moralium o Expositio in librum Iob, compiuta nel 595, che egli dedicò a Leandro vescovo di Siviglia.

Intanto dalle tradizioni vive del popolo G. attingeva la materia, che tra il luglio 593 e il novembre 594 compose nei quattro libri dei Dialogi. Concepiti come esaltazione dei fatti portentosi, che si dicevano avvenuti qua e là per l'Italia specie sotto il regno di Totila e durante l'invasione longobarda; dei miracoli operati dai santi, specie da S. Benedetto, di cui è raccontata la vita nel secondo libro; della vita ultraterrena premio degli eletti, i Dialogi riuscirono un quadro parlante delle condizioni in cui vivevano le classi umili italiane nel sec. VI. Dal diretto contatto tra l'anima del grande papa e quella del popolo derivano la lingua stessa e lo stile, che risentono l'influsso del volgare ben più che non gli altri scritti di G., onde anche per questo i Dialogi hanno un carattere proprio in confronto con essi.

Imperituro monumento della sua azione come capo della Chiesa, della sua dottrina religiosa, della sua sapienza politica e amministrativa, G. ha lasciato nel suo epistolario. Non è giunto sino a noi completo; ma è pur sempre così copioso nei suoi quattordici libri - tanti quanti gli anni del pontificato - da costituire una fonte storica di primissimo ordine per lumeggiare non la sola figura del grande pontefice, ma tutta l'epoca in cui egli visse.

Da G. trae il nome di gregoriano il canto liturgico romano, al cui duraturo ordinamento il grande papa diede opera illuminata e tenace. In grazia di tale assestamento, già iniziato, del resto, fin dai tempi di Damaso I, la scuola di rito romano poté, nei tempi, diffondersi vittoriosa in tutta la chiesa latina (v. canto: Canto liturgico). G. morì il 12 marzo 604. Fino all'ultimo egli diede, con la sua opera, mirabile prova di ciò che vale la forza dello spirito illuminato dalla fede, anche se il fisico, come era quello del grande papa, sia debole e malaticcio.

Iconografia. - Ha i soliti attributi dei papi, tiara e pastorale con doppia croce, e come dottore della Chiesa tiene nella destra un libro, talvolta chiuso, talvolta aperto, in atto di leggervi o di scrivervi. Ma l'attributo suo caratteristico è una colomba che, posata sulla spalla, o ancora volante, gli si volge all'orecchio come per ispirarlo, secondo ciò che avrebbe visto una volta un suo scriba. Tra le storie della sua vita più raffigurate dall'arte: l'apparizione dell'angelo sopra la Mole Adriana; la leggenda dell'angelo introdottosi con i poveri alla mensa giornaliera imbandita loro dal papa (v., a es., un dipinto di Paolo Veronese in S. Maria del Monte a Vicenza); la salvazione dall'inferno dell'imperatore Traiano per intercessione del santo; la liberazione dal purgatorio del monaco Giusto. Andrea Sacchi dipinse per un altare di S. Pietro a Roma il miracolo del pannolino che aveva toccato le reliquie degli apostoli, dal quale, avendolo il papa squarciato con un coltello, uscì sangue. Grande fortuna ebbe, specie nel nord e nel sec. XV, la rappresentazione della "messa di S. Gregorio": il papa è figurato in atto di celebrare la messa: sull'altare appaiono Cristo piagato e spesso i simboli della Passione.

Fonti: Di G. M. si hanno tre biografie antiche, scritte, la prima da un anonimo monaco di Whitby, nel secondo decennio del sec. VIII (ed. da F. A. Gasquet, Londra 1904); la seconda da Paolo Diacono, tra il 770 e il 780 (edita da H. Grisar, in Zeitschrift für katholische Theologie, XI, 1887, pp. 158-173; la terza (872-882) da Giovanni Diacono, per invito di papa Giovanni VIII (ed. in Acta Sanctorum, marzo, II, pp. 137-211).

Ediz.: Completa in Migne, Patr. Lat., LXXV-LXXIX.V. inoltre: Liber regulae pastoralis, ed. di H. Hurter (Innsbruck 1872) e di A. M. Micheletti (Tournai 1904); Homiliae quadraginta in Evangelia, ed. di H. Hurter (in Sanct. Patrum opuscola selecta, s. 2ª, VI, Innsbruck 1892); Dialogi, ed. di U. Moricca (Roma 1924); Epistolae, ed. di P. Ewald e L. M. Hartmann (in Monum. Germ. Hist., Epist., I-II, Haxnover 18871889); Epistolae selectae, a cura di N. Turchi (Roma 1907).

Bibl.: Biografie moderne di G. M.: H. F. Dudden, Gregory the Great, his place in history and thought, voll. 2, Londra 1905: H. Grisar, S. G. M., traduz. di A. De Santi, Roma 1904: H. H. Howorth, St Gregory the Great, Londra 1912; W. Stuhlfath, Gregor de Grosse, Heidelberg 1913; T. Tarducci, Storia di G. M. e del suo tempo, Roma 1909; F. Ermini, G. M., Roma 1924; P. Batiffol, Saint Grégoire le Grand, 3ª ed., Parigi 1928. - Sulle questioni particolari. Sulle omelie: V. G. Pfeilschrifter, Die authentische Ausgabe der 40 Evangelienhomilien Gregors d. G., Monaco 1900; sull'epistolaio: W. M. Peitz, Das Register Gregors I, Friburgo in B. 1917; M. Tangl, Gregor-Register und Liber Diurnus, in Neues Archiv, XLI (1919), pp. 741-752; E. Posner, Das Register Gregors I, in Neues Archiv, XLIII (1921), pp. 243-315; sulla lingua e sui rapporti conla cultura classica: L. M. Hartmann, Ueber die Ortographie Papst Gregors I, in Neues Archiv, XV (1890), pp. 527-549; A. Sepulcri, G. M. e la sua scienza profana, in Atti della R. Acc. delle sc. di Torino, XXXIX (1904), pp. 962-976; R. Sabbadini, G. M. e la grammatica, in Boll. di filologia classica, VIII (1902), pp. 204-206, 259-60. V. anche: E. Spearing, The patrimony of the Roman Church in the time of G. the Great, Cambridge 1918.

SOURCE : https://www.treccani.it/enciclopedia/gregorio-i-papa-detto-magno-santo_%28Enciclopedia-Italiana%29/


Statue du pape Grégoire Ier (Gregorio Magno), patron de la ville de San Gregorio da Sassola, Italie


GREGORIO I, papa, santo

di Sofia Boesch Gajano - Dizionario Biografico degli Italiani - Volume 59 (2002)

GREGORIO I, papa, santo. - Nacque a Roma poco prima della metà del sec. VI, da famiglia appartenente all'élite sociale romana - "de senatoribus primis" lo definisce Gregorio di Tours -, quell'aristocrazia senatoria che aveva mantenuto prestigio sociale e potere economico, pur nella crisi delle istituzioni politiche. Non è invece in alcun modo provato il rapporto di parentela con la famiglia Anicia, sorta di luogo comune spesso usato per sancire l'identità sociale di un personaggio.

Il padre, Gordiano secondo il Liber pontificalis, sembra avere ricoperto una carica pubblica minore: "regionarius" lo definisce Giovanni Diacono (S. Gregorii Magni vita, IV, 83: anche in seguito, per le indicazioni bibliogr. complete si rinvia alla Enciclopedia dei papi, I, s.v.), da intendere forse come uno dei "curatores regionum", preposti all'ordine pubblico, mentre rimane solo un'ipotesi la carica di "defensor ecclesiae" (Richards, Markus). La madre, il cui nome, Silvia, è attestato solo dalle biografie posteriori, viene di solito considerata di origine siciliana e proprietaria di quei beni fondiari che G. devolverà ai sei monasteri da lui fondati nell'isola; si sarebbe ritirata presso il monastero di S. Saba, in luogo detto Cella Nova, a seguito della decisione di G. di fare della dimora paterna un monastero. La fisionomia sociale, religiosa e culturale della famiglia è confermata dalla parentela con il pontefice Felice III, definito dallo stesso G. come "atavus meus" (Homiliae XL in Evangelia, XXXVIII, 15; Dialogi, IV, 17): probabilmente suo bisnonno, come sembra provare la genealogia ricostruita sulla base di testimonianze epigrafiche, figlio di Felice presbitero del titolo "di Fasciola", e padre di Felice scriniario, padre di Gordiano e di altre figlie. Una zia materna, Pateria, è destinataria di un sussidio per il mantenimento degli schiavi, come risulta da una lettera diretta al suddiacono Antemio, rettore del Patrimonio di Campania (Registrum, I, n. 37, ed. Norberg: d'ora in poi indicata come Registrum). Le zie paterne sono: Gordiana, duramente giudicata per avere abbandonato la vita religiosa e per essersi sposata un "fattore dei suoi campi", dice spregiativamente G., quasi a simboleggiare la coincidenza fra decadenza morale e decadenza sociale; Emiliana e Tarsilla, consacratesi a Dio in una vita di rigida penitenza condotta nella loro stessa casa. Il racconto della morte di quest'ultima, con la sua visione del nonno Felice III che la invita nella casa celeste, e il coinvolgimento di Emiliana, a sua volta invitata dalla sorella a seguirla, diviene l'occasione per mostrare una rete familiare di esemplarità spirituale. La parentela con il pontefice Agapito non è invece provata se non dal comune ambiente sociale, e ancor più dalla vicinanza delle dimore familiari, entrambe poste sul Celio lungo il "clivus Scauri".

Quanto ad altri membri della famiglia, le testimonianze sono poche, alcune sicure, altre più incerte; tutte provano un alto senso della dignità familiare. Un fratello, senza indicazione del nome, è ricordato con sollecitudine come destinatario di denaro - forse in relazione ai beni posseduti dalla famiglia nell'isola - da parte di Pietro, rettore del Patrimonio di S. Pietro in Sicilia (ibid., n. 42), duramente rimproverato per il ritardo nell'adempimento dell'ordine; un (altro?) fratello a Roma aveva ricevuto in dono, da parte del tribuno della città di Otranto, uno schiavo panettiere, fuggito nella sua città, che il rettore del Patrimonio di Puglia e Calabria doveva prontamente recuperare e restituire al legittimo proprietario "in modo da non incorrere […] per negligenza e ritardo nei nostri rimproveri" (ibid., IX, n. 201). Un "glorioso nostro fratello" è indicato come colui che dovrebbe sottoscrivere nell'ottobre 598 al posto del pontefice la tregua con il re longobardo Agilulfo (ibid., n. 44), da identificare con ogni probabilità con il "glorioso mio fratello Palatino patrizio" che, insieme con il "consiliarius meus", il "vir magnificus" Teodoro, sono ricordati come informatori circa le malefatte di Leonzio ex console contro Libertino ex pretore (ibid., XI, n. 4). Più problematica la testimonianza di Gregorio di Tours: egli racconta (Storia dei Franchi, X, 1) che il prefetto della città "germanus eius anticipavit nuntium", bloccando la lettera con cui G. chiedeva all'imperatore di non ratificare la sua elezione e mandando invece all'imperatore la notizia del consenso ricevuto dal popolo. Il termine "germanus" è stato inteso sia da Paolo Diacono (Vita Gregorii Magni, 10), sia da Giovanni Diacono (S. Gregorii Magni vita, I, 40) come nome proprio, ma da tempo si ritiene (Fedele) che possa trattarsi proprio del fratello, ipotesi ormai accreditata (Martindale). L'esistenza di due fratelli attivi al suo fianco, Germano che lo avrebbe seguito nella carica di "praefectus urbi", e Palatino, "vir gloriosus" e "patricius", anch'egli impegnato in funzioni pubbliche, rafforza l'importanza del contesto familiare e sociale di Gregorio.

"Litteris grammaticis dialecticisque ac rethoricis ita est institutus, ut nulli in Urbe ipsa putaretur esse secundus", racconta ancora Gregorio di Tours. La lode non contribuisce a gettare luce sui luoghi e le modalità della sua formazione, data l'incerta sorte delle istituzioni scolastiche preposte all'insegnamento delle arti liberali a Roma nella seconda metà del VI secolo.

Quanto alla formazione culturale cristiana, se non si conosce la sorte della biblioteca fatta istituire da papa Ilaro presso S. Lorenzo in Damaso, più documentata è la biblioteca di papa Agapito "ad clivum Scauri", collocata in un edificio adiacente al palazzo di famiglia presso l'abside dell'attuale chiesa dei Ss. Giovanni e Paolo, destinata a raccogliere opere di santi padri latini e greci e finalizzata al progetto, elaborato in accordo con Cassiodoro, di fondare a Roma una scuola superiore di studi religiosi cristiani sul modello delle scuole religiose di Alessandria e di Nisibis in Siria. Tale biblioteca, anche per l'estrema vicinanza con la dimora paterna e quindi con il monastero in essa fondato da G., non fu certamente estranea alla sua formazione.

Se rimangono incerti i luoghi, non può in alcun modo essere messa in dubbio la sua formazione culturale di tradizione romana: tutte le sue opere provano - pur nell'originalità del linguaggio, dello stile, dei generi letterari - le sue competenze linguistiche e retoriche e la conoscenza di autori classici: Virgilio, Cicerone e Seneca e i "veteres philosophi" (Hofer). Non mancano testimonianze di conoscenze scientifiche e naturali, ma in modo tutto particolare va ricordata la sua conoscenza del diritto romano, ampiamente provata dai riferimenti impliciti ed espliciti delle sue opere, con citazioni tratte prevalentemente dal Codex e dalle Novellae.

Eppure il problema della sua formazione culturale è un nodo centrale della biografia di G., complicato (e spesso confuso) dal suo atteggiamento di condanna della cultura classica, il cui rifiuto nasce proprio da una indiscutibile approfondita conoscenza, come fa intendere il celebre passo della lettera-dedica premessa ai Moralia in Job, in cui dichiara di non avere volutamente rispettato l'"ars loquendi", "quia indignum vehementer existimo, ut verba caelestis oraculi restringam sub regulis Donati". La stessa condanna di questa cultura, espressa nell'altrettanto celebre lettera al vescovo Desiderio di Vienne, rimproverato di insegnare la grammatica e di unire, cosa "grave e nefanda per un vescovo", "le lodi a Giove con quelle a Cristo" (Registrum, XI, n. 34), è da ricondurre alle sue giuste proporzioni di intervento in una situazione specifica non generalizzabile, e non può costituire il pretesto per un'interpretazione di G. come testimone della decadenza delle lettere. La cultura antica di carattere profano costituisce uno strumento in funzione della comprensione e della comunicazione della verità divina contenuta nella Sacra Scrittura, in una linea di continuità con una tradizione che ha i suoi esponenti più illustri in Girolamo, Agostino e Cassiodoro.

Nell'ambito della sua formazione la conoscenza del greco costituisce un problema ulteriore che si inserisce in quello della progressiva diversificazione linguistica fra Oriente e Occidente (Dagron). A sostegno dell'ignoranza della lingua sono state utilizzate alcune affermazioni dello stesso G.; ma proprio quella più perentoria ("nos nec graece novimus nec aliquod opus aliquando graece conscripsimus", Registrum, XII, n. 55) va interpretata alla luce del contesto polemico di sconfessione della paternità di alcuni sermoni di contenuto non ortodosso a lui attribuiti. A imporre la conoscenza della lingua fu, dopo la probabile formazione scolastica, il prolungato soggiorno a Costantinopoli: qui G., oltre alla normale attività diplomatica e sociale, sostenne un impegnativo confronto teologico sulla resurrezione dei corpi con Eutichio patriarca di Costantinopoli, seguito da una convocazione dell'imperatore Tiberio (Moralia, XIV, 72-74): presumibilmente ognuno parlò nella propria lingua, senza dover ipotizzare (Bartelink) la presenza di traduttori. Le sue opere esegetiche provano infine, come si vedrà, l'uso della versione greca dei Settanta per verificare singoli passi del testo della Vulgata. Se la sua conoscenza del greco non fu tale da permettergli di scrivere opere letterarie, fu sicuramente sufficiente per leggere e comunicare oralmente.

Se non si può datare con precisione l'inizio dell'attività pubblica di G., si sa che nel 573 sottoscrisse la condanna dei Tre Capitoli da parte di Lorenzo vescovo di Milano, nella sua qualità di "praefectus urbi" (ibid., IV, n. 2). L'immagine di G. a passeggio per le vie di Roma vestito di seta e adorno di gemme, tratteggiata da Gregorio di Tours, è certamente efficace nel simboleggiare il prestigio inerente allo stato sociale e alla carica pubblica, in contrapposizione con la successiva scelta monastica.

Questa vocazione fu coltivata a lungo, pur restando egli coinvolto e anzi attratto dalle cure del mondo, come confessa nella lettera-dedica dei Moralia già ricordata, e si realizzò probabilmente dopo la morte del padre, intorno al 573. Potendo disporre del proprio patrimonio, decise di fondare sui propri possedimenti in Sicilia sei monasteri, dotandoli di beni, e di destinare la dimora paterna a una comunità monastica intitolata a S. Andrea, per la quale è stata erroneamente ipotizzata l'adozione della Regola di s. Benedetto. La fondazione, dotata anch'essa di beni, trasse origine da quelle esigenze spirituali largamente presenti nelle élites aristocratiche e vissute in forma sia individuale sia collettiva. G. istituì un nesso forte fra la propria tradizione familiare e la nuova comunità monastica, facendovi eseguire i ritratti dei genitori e di se stesso: quest'ultimo destinato secondo il committente a sottolineare i caratteri fisiognomici ripresi da entrambi i genitori. Il monastero attrasse persone di rango - come il fratello del "magister militum" Maurenzio - e uomini già esperti di vita monastica, come nel caso di Valenzione, abate di un monastero della provincia Valeria (Dialogi, IV, 22); fu luogo di formazione di validi collaboratori del pontefice, tra i quali Massimiano, vescovo di Siracusa, e Agostino, missionario e poi vescovo in Inghilterra: una comunità con cui G. divenuto pontefice manterrà un legame continuo e privilegiato.

La vocazione monastica rappresenta una componente fondamentale dell'identità biografica di Gregorio. Le espressioni di rimpianto, una costante delle sue opere, si accompagnano con l'amarezza per non avere difeso a sufficienza la sua vita monastica, come risulta dalla lettera-dedica dei Moralia, e permettono di correggere l'immagine apologetica di G. "strappato" contro la sua volontà alla quiete del chiostro. Pelagio II, poco dopo la sua elezione nel 579, lo ordinò diacono in vista del suo invio a Costantinopoli in qualità di apocrisario - forse in concomitanza con una legazione papale e una missione senatoria, volte a ottenere aiuti militari (Bertolini) - in un momento di grave crisi dell'Italia in generale e di Roma in particolare, a causa della pressione militare longobarda. L'assenza da Roma durò fino al 586-587: una lettera di Pelagio II testimonia che G. era ancora in Oriente nell'ottobre 584, mentre la donazione di G. a S. Andrea del 28 dic. 587 prova che egli era già tornato a Roma, dove rimase, vivendo nel suo monastero, fino all'elezione a pontefice.

A Costantinopoli si ricostituì intorno a lui una piccola comunità, percepita come baluardo spirituale di fronte alle incombenze della carica e come stimolo all'approfondimento esegetico. In questo contesto matura il commento al Libro di Giobbe, che molto deve anche alle sollecitazioni di Leandro, vescovo di Siviglia, a Costantinopoli per questioni relative al Regno visigoto, interlocutore nel corso della lunga stesura scritta dell'opera e infine suo destinatario. Frutto di un rapporto stretto fra esposizione orale e scrittura, come molte delle opere di G., i Moralia sono il risultato di diverse fasi di stesura e di revisione, concluse solo verso il 600, quando venivano inviati a Innocenzo prefetto del pretorio dell'Africa (Registrum, X, n. 16), come strumento atto a ricondurlo all'interiorità nel mezzo degli affari secolari. Nel 591, scrivendo a Leandro, l'autore conferma di avere trasformato i commenti fatti oralmente in un testo scritto, che tuttavia non era ancora in grado di mandargli, perché gli scribi lo stavano copiando (ibid., I, n. 41). Nel 594 nella lettera di dedica entrava maggiormente nei dettagli delle diverse fasi dell'elaborazione. La straordinaria cura editoriale era stata turbata dalla circolazione di un testo non rivisto dall'autore, una sorta di copia "pirata" (Fontaine), ricavata forse dalle note stenografiche prese su tavolette di cera. L'esistenza di edizioni "pirata", redatte a partire dalle note personali di G., o da quelle prese dai notai dal vivo, è stata confermata da frammenti dell'opera, presenti nel ms. conservato a Parigi, Bibliothèque nationale, Lat. 2342 del sec. XII, che non corrispondono al testo "edito" da G. (Meyvaert, Uncovering).

Oltre a rivendicare la patente di autenticità solo ed esclusivamente per la "sua" edizione dell'opera, quella conservata "in scrinio nostro", lo "scrinium" lateranense, contro il codice posseduto dal vescovo Mariniano di Ravenna, che avrebbe potuto generare confusione nei lettori (Registrum, XII, n. 6), G. evidentemente voleva controllare il corretto uso della sua opera, di cui non approvava la lettura pubblica, poiché non si trattava di un "opus populare" e poteva così causare più danno che giovamento "rudibus auditoribus", al contrario dei salmi, più idonei a invitare gli animi dei laici alle virtù. Egli si mostra così custode geloso dell'integrità testuale della propria opera, consapevole della sua originalità linguistica e stilistica.

La Scrittura, commentata avendo come testo base la Vulgata (Gribomont), confrontata in caso di dubbio con la Vetus e con la traduzione greca dei Settanta (Salmon), è il mezzo attraverso cui Dio si esprime, simile a un fiume "planus et altus, in quo et agnus ambulet et elephas natet", garanzia di "illimitata accessibilità di interpretazione" (Manselli). La tradizione esegetica basata sui tre sensi della Scrittura (storico, allegorico e morale), viene profondamente rinnovata, non solo con l'aggiunta del quarto senso, quell'"intelligentia contemplativa" o "coelestis", che riporta il discorso alla conoscenza di Dio (De Lubac), ma anche nei contenuti e nelle finalità, che stabiliscono una inedita circolarità fra progressi morali e spirituali e capacità interpretativa (Dagens). L'opera, nata come la "collatio" monastica di un abate ai suoi monaci, diventa di fatto "una vasta enciclica" per tutti i cristiani (Fontaine): certo così fu interpretata, come prova il suo immenso successo sia per quanto riguarda la tradizione manoscritta, sia le epitomi (Wasselynck; Braga).

L'insistito rimpianto per la vita monastica e l'impegno esegetico non devono falsare la nostra ottica. A Costantinopoli G. era andato con incarichi politico-diplomatici generali e particolari. Il 4 ott. 584 Pelagio II gli comunicava di avergli inviato, tramite persone ben informate, la relazione dei recenti eventi, in modo che G. potesse far presente all'imperatore le aggressioni subite da parte dei Longobardi e chiedere aiuti militari e in particolare un "magister militum" e un "dux", dato che l'esarca aveva fatto sapere di non potere intervenire nelle "partes Romanae", ormai prive di difesa (Registrum, ed. Ewald - Hartmann, II, 3, app. 2).

Il tono della lettera e i suoi contenuti si legano alla specifica carica di apocrisario, ma sembrano anche alludere a una certa facilità di accesso, di carattere più personale che ufficiale, alla corte imperiale. G. appare infatti inserito in una rete di rapporti in cui la dimensione politica ed ecclesiastica si intreccia con quella spirituale e personale: oltre a Leandro di Siviglia, conobbe l'allora diacono Costanzo, poi vescovo di Milano, ed ebbe rapporti di amicizia spirituale con alcune aristocratiche romane, destinatarie di lettere. Per quanto riguarda la famiglia imperiale e i membri della corte, la durata del soggiorno gli permise di conoscere entrambi gli imperatori, Tiberio (|_ 582) e Maurizio (582-602), con il quale ultimo fu in relazione stretta, tanto da essere padrino del suo primo figlio, nonché numerosi altri personaggi, con cui rimase in rapporti di familiarità anche dopo l'elezione. L'ambiente era caratterizzato tradizionalmente da appassionati dibattiti teologici e anche G. fu coinvolto nell'impegnativa discussione sulla resurrezione dei corpi con un avversario agguerrito come Eutichio, patriarca di Costantinopoli: questi aveva sostenuto in un libro la tesi del corpo resuscitato come corpo impalpabile, sottile come il vento e l'aria, in linea con una tradizione cui si erano già opposti Girolamo e Agostino; proprio Girolamo è la fonte principale di G., sostenitore fermo, anche se privo di sottigliezze argomentative, della reale resurrezione del corpo del defunto, così di Cristo come di tutti i cristiani (Moralia, XIV, 72-74). Il dibattito si concluse dinanzi all'imperatore, che finì per accettare la tesi di G., condannando il libro di Eutichio, che si sarebbe pentito in punto di morte (Duval).

G. lasciò Costantinopoli prima del dicembre 587, probabilmente richiamato dal pontefice Pelagio II, che intendeva avvalersi della sua collaborazione, divenuta particolarmente preziosa dopo il lungo soggiorno presso la corte imperiale.

Una collaborazione molto impegnativa per quanto concerne la questione dei Tre Capitoli, nella quale si sommavano problemi di natura prettamente teologica con altri di natura ecclesiastica e politica: la condanna, voluta da Giustiniano per riconciliarsi il favore dei monofisiti, e confermata dal V concilio di Costantinopoli, delle dottrine (riassunte in tre capitoli) dei vescovi Teodoro, Teodoreto e Ibas di netta antitesi al monofisismo, era apparsa come una sconfessione dei decreti del concilio di Calcedonia, che aveva sì condannato il monofisismo, ma non le tesi filonestoriane dei tre teologi. L'iniziale opposizione del papa Vigilio e poi di Pelagio I era rientrata, mentre era rimasta vivissima la reazione contro la condanna nelle diocesi dell'Italia settentrionale: i vescovi di Milano e Aquileia avevano rotto la comunione con Roma, creando una situazione che si era ulteriormente complicata per la divisione politico-territoriale determinatasi a seguito dell'invasione longobarda. Intorno al 585, in un momento di tregua con i Longobardi, Pelagio II aveva ripreso l'iniziativa per la soluzione dello scisma, indirizzando tre lettere a Elia, patriarca di Aquileia, che al momento dell'invasione aveva trasferito la sede da Aquileia a Grado, e ai vescovi dell'Istria. La terza fu scritta per conto di Pelagio II proprio da G. ancora diacono (Registrum, ed. Ewald - Hartmann, II, 3, app. 3), come già aveva detto Paolo Diacono (Storia dei Longobardi, III, 20) - forse sulla base della tradizione aquileiese o della conoscenza delle questioni connesse con l'epistolario di G., di cui Paolo curò una scelta per l'amico Adalardo di Corbie - e come ha confermato la critica più recente (Bognetti; Schieffer; Meyvaert, A letter). La lettera è molto più lunga ed elaborata delle altre, un vero e proprio trattato, con la confutazione puntuale degli argomenti degli scismatici, ma con una novità di rilievo non sul piano teologico, ma su quello diplomatico: l'accettazione di uno degli argomenti più forti degli scismatici - quello che la Sede pontificia si fosse opposta inizialmente alla condanna dei Tre Capitoli -, accompagnata dall'affermazione del diritto di cambiare parere nella ricerca della verità. Pur senza rivendicarne la paternità, G. fa riferimento a questa lettera come a un testo da lui completamente condiviso, tale da non volere più tornarvi sopra (Registrum, II, n. 43). Il precoce coinvolgimento di G. nella questione tricapitolina è anche testimoniato dalla sua sottoscrizione in qualità di "praefectus urbi" all'abiura del vescovo di Milano Lorenzo (ibid., IV, n. 2), già ricordata.

La partecipazione di G. all'attività politico-ecclesiastica del vescovo di Roma fornisce una chiave per interpretare la rapidità della sua elezione, al di là dei caratteri di eccezionalità, quando non di soprannaturalità, di cui è stata rivestita dalle fonti e dalla storiografia. Il 7 febbr. 590 Pelagio II morì di peste. La situazione di Roma tra la minaccia longobarda e le calamità naturali - l'inondazione del Tevere seguita dall'epidemia - era quanto mai difficile: la figura di G. doveva imporsi nella società romana per la cultura, la spiritualità, l'esperienza politica maturata proprio come collaboratore del pontefice prematuramente defunto. La sola testimonianza dettagliata delle vicende che precedettero e seguirono l'elezione di G. la dobbiamo a Gregorio di Tours (X, 1): un suo diacono di ritorno da Roma gli aveva riferito come nel novembre del 589 un'inondazione del Tevere avesse provocato danni gravissimi. Poiché la Chiesa non poteva rimanere senza una guida, "Gregorium diaconem plebs omnis elegit": carica cui l'eletto aveva tentato di sfuggire per umiltà; conoscendo la necessità del consenso imperiale all'elezione - disattesa solo nel caso del suo predecessore per le difficili condizioni militari dell'Italia e l'incombente minaccia longobarda su Roma -, G. avrebbe allora scritto una lettera all'imperatore Maurizio, pregandolo di non accordarlo. Il prefetto della città, con ogni probabilità, come si è detto, fratello di G., sarebbe riuscito a fermare il nunzio, a distruggere la lettera, a sostituirla con l'annuncio del consenso già dato dal popolo. L'elezione sembra avere raccolto un'approvazione generalizzata, mentre la lunga attesa della decisione imperiale - tanto che la consacrazione ebbe luogo il 3 settembre - farebbe ipotizzare qualche difficoltà politica, superata certamente anche per i legami con l'entourage dell'imperatore, come lascia intendere la lettera di G. dell'ottobre 590 a Giovanni, patriarca di Costantinopoli (Registrum, I, n. 4).

La statura religiosa e politica di G. trovò conferma nella predica e nella processione indetta a una settimana dalla morte del predecessore per implorare da Dio la fine dell'epidemia di peste, sempre narrata da Gregorio di Tours: un atto di forte valore simbolico, capace di coinvolgere l'intera comunità cittadina in una grande azione di rendimento di grazie. I cortei, distinti non su base territoriale bensì secondo quello "grosso modo tipicamente ecclesiale dei diversi gradi di perfezione", partendo da sette diverse chiese, dovevano convergere verso S. Maria Maggiore: essi disegnavano i percorsi della Roma cristiana, distinta ormai nelle sette regioni ecclesiastiche, che avevano sostituito dopo la fine della guerra greco-gotica le quattordici regioni augustee (Arnaldi, 1987). Non si hanno altre notizie dell'attività di G. fino alla consacrazione del 3 sett. 590.

Da questa data cominciano a essere registrate le sue prime lettere nel Registrum: la raccolta conservata in un apposito codice nello "scrinium sedis apostolicae", l'archivio del Laterano, struttura ormai consolidata dalla fine del V secolo con compiti di produzione, archiviazione e conservazione di lettere, privilegi, decreti conciliari dotata di un proprio personale, i "notarii", riuniti in una "schola notariorum", cui vennero attribuite da G. I anche funzioni di fiducia e di responsabilità, come quelle di rettori dei Patrimoni della Chiesa e di "defensores". Se l'uso di raccogliere le lettere dei pontefici è attestato già con Liberio e con Damaso, ciò che appare nuovo è la forma della conservazione in una vera e propria raccolta, di cui G. I stesso avrebbe fissato l'ordine dando il titolo di Registrum epistolarum, secondo quanto asserisce Ildefonso di Toledo (per le questioni relative al Registrum, v. Enc. dei papi, I, p. 552). Il Registrum permette di seguire le vicende del pontificato di G. I e i problemi che furono oggetto delle sue preoccupazioni, mostrando l'intreccio costante fra impegni amministrativi, cure ecclesiastiche e pastorali, interventi missionari, impegno politico e militare, senza dimenticare l'attività di scrittore. Il Registrum rivela una straordinaria progettualità organizzativa, volta a garantire un'amministrazione gerarchicamente disposta sotto il controllo diretto del papa, costituita da personale selezionato, incardinato nell'istituzione ecclesiastica, preparato sul piano culturale e controllato sul piano morale (Arnaldi, 1987).

La prima preoccupazione di G. I fu di assicurare un'amministrazione efficiente dei Patrimoni della Chiesa: "per procuratores ecclesiasticorum patrimoniorum, velut Argus quidam luminosissimus, per totius mundi latitudinem suae pastoralis sollicitudinis oculos circumtulerit", sintetizza efficacemente Giovanni Diacono (S. Gregorii Magni vita, II, 55).

Le pur scarse testimonianze relative alla storia dei beni ecclesiastici a partire da Costantino hanno permesso di giungere alla conclusione che i Patrimoni della Chiesa romana fossero i "patrimonia" della chiesa cattedrale della diocesi di Roma, cioè del Laterano (Marazzi). Si trattava di un patrimonio ingente, ma territorialmente non omogeneo, data l'origine da lasciti e donazioni di varia provenienza, anche se la denominazione geografica con cui i singoli Patrimoni vengono indicati permette di cogliere lo sviluppo di complessi territorialmente più omogenei rispetto "alla semplice somma dei dispersi beni preesistenti" (Arnaldi, 1986). A causa delle invasioni erano andati perduti i "patrimonia" della Dalmazia e dell'Illiria, il "patrimonium Alpium Cottiarum", il "patrimonium Liguriae" fra le Alpi, l'Adda e il Po, il "patrimonium Sanniticum", ormai nel territorio del Ducato longobardo di Benevento. Ma ne rimanevano molti altri di diversissima consistenza e redditività: piccoli ("patrimoniola"), come quello in Africa, i due nella penisola balcanica, quello della Gallia; in Italia fortemente diminuiti quelli di frontiera fra dominio bizantino e longobardo, come il "patrimonium Tusciae", quello sabino e carseolano, il "patrimonium Apulum"; ancora integri il "patrimonium" ravennate, il "patrimonium Piceni", il "patrimonium Appiae", e il "patrimonium urbanum", costituito dalle proprietà interne a Roma stessa; meno intaccati dalla conquista longobarda quello "Calabritanum" nella penisola salentina, quello della Campania, il "patrimonium Lucaniae et Bruttiorum"; infine i Patrimoni delle isole: "Corsicanum", "Sardiniae" e "Siciliae", quest'ultimo il più esteso, con circa 137.600 ettari, corrispondenti a circa un diciannovesimo della superficie dell'isola (Ruggini), tanto da essere da G. I diviso in due ("Panormitanum" e "Syracusanum"), e fonte principale per l'approvvigionamento di Roma.

Ogni Patrimonio era affidato a un amministratore nominato dal papa, il "rector", scelto tra il personale delle "scholae": suddiaconi, per i patrimoni più importanti, oppure notai o "defensores", operanti anche in funzione subordinata al "rector", come coadiutori insieme con gli "actionarii" per la sorveglianza della raccolta dei censi e dei canoni. Il rettore era nominato con un "praeceptum", prestava giuramento davanti al "sacratissimo" corpo di S. Pietro (Registrum, I, n. 70), riceveva un "pactum" o "capitulare" con le istruzioni, e aveva l'obbligo di un rendiconto finanziario annuale, riceveva l'estratto dal "polyptychum", conservato nello "scrinium" in Laterano, contenente l'elenco di tutti i redditi e pensioni relativamente al Patrimonio di sua competenza (Giovanni Diacono, S. Gregorii Magni vita, II, 24). Aveva una molteplicità di funzioni (valga come esempio per tutte Registrum, I, n. 42), tra cui quella di scegliere i "conductores", percettori dell'affitto ("pensio"), dell'imposta dovuta al fisco ("burdatio") e di altri contributi a beneficio proprio e del rettore, dovuti dai "coloni". I coloni coltivavano gli appezzamenti di terreno in cui era divisa la massa, i "fundi", con prestazioni scritte nei "libelli securitatis" (Vera), volti non solo a garantire il funzionamento della macchina burocratica ai suoi diversi livelli, ma anche ad assicurare la regolarità delle entrate in denaro e in natura evitando nel contempo abusi e soprusi. Gli interventi di G. I mostrano come l'organizzazione amministrativa fosse costantemente turbata da varie forme di scorrettezza e di ingiustizia a danno dei coloni (come l'esazione del solido di peso superiore a quello legale e l'uso della misura del moggio maggiorato di più del doppio rispetto alla misura legale), contro le quali il pontefice interveniva con puntigliosa meticolosità, introducendo anche l'uso di strumenti scritti (Arnaldi, 1987).

Una gestione attenta ai diritti e pronta ad atti di carità, considerata modello di amministrazione improntata a principî cristiani (Recchia, 1978), non impedisce di vedere le reali condizioni economiche e sociali dei "rustici", sottoposti giuridicamente a condizioni durissime, ulteriormente oppressi da pratiche economiche scorrette e ancora vittime della "comparatio" o "coemptio": la fornitura di derrate alimentari a prezzo di calmiere per soddisfare le esigenze dell'Annona. E neppure impedisce di cogliere le reali finalità della correttezza amministrativa: G. I si preoccupa di "assicurare un minimo di benessere ai coloni ecclesiastici, tanto per buona coscienza cristiana quanto per esigenze di avveduta amministrazione, dal momento che proprio questi "rustici" costituivano la sorgente prima di tutto il frumento fiscale e no, annualmente convogliato agli "horrea" provinciali e urbani della Chiesa. Il papa doveva vedere con inquietudine il fatto che i rustici […] si impegnassero in mutui ad alto interesse con i magistrati del fisco ["actionarii publici"] oppure che vendessero precipitosamente ad estranei il loro frumento a prezzo vile pur di procurarsi il denaro necessario" (Ruggini). A quei contadini, pur protetti dai soprusi, il pontefice poteva rivolgersi con toni molto duri per indurli a obbedire al "defensor", autorizzato a punire chi disobbediva o chi era contumace, ad applicare la legge in merito agli schiavi che si fossero nascosti e a eventuali appropriazioni indebite di terre confinanti. Così come con grande durezza interveniva per stroncare pratiche religiose tradizionali, bollate come insopportabili persistenze dell'antico paganesimo, da estirpare imponendo l'aumento del canone; o per indurre alla definitiva conversione quei "coloni" ebrei che si erano mostrati tenacemente legati alla loro religione, nei confronti dei quali il pontefice, dopo inutili tentativi di convinzione, invocava forme coercitive di natura economica (S. Boesch Gajano, Per una storia).

La cura nell'amministrazione dei Patrimoni appare strettamente legata alle preoccupazioni per l'approvvigionamento di Roma.

All'indomani della sua elezione (Registrum, I, n. 2) G. I faceva presente a Giustino, pretore della Sicilia, che Citonato, probabilmente il funzionario dell'amministrazione romana addetto alla sorveglianza dei pubblici granai, asseriva, diversamente dal pretore, che a Roma era stato inviato solo il grano relativo all'anno precedente, quel grano che, proveniente dai Patrimoni ecclesiastici in Sicilia, andava a riempire i granai pubblici di Roma e serviva per il sostentamento della popolazione. Nell'agosto 591 (ibid., n. 70) chiedeva al rettore Pietro di comprare - al di fuori del Patrimonio e in aggiunta all'invio regolare da farsi come ogni anno in settembre e ottobre - 50 libbre d'oro di frumento e di conservarlo in Sicilia in luoghi idonei, pronto per essere imbarcato per Roma nel mese di febbraio, o con le navi mandate dal papa, o con altre procurate in loco, perché il raccolto dei possedimenti vicini a Roma era così scarso che senza il grano di Sicilia si rischiava una tremenda carestia. Tutto il grano che arrivava a Roma, fosse esso destinato all'Annona civica o a quella militare oppure provenisse da acquisti effettuati per conto del papa, andava a finire nei granai della Chiesa: "il papa aveva assunto in proprio la responsabilità complessiva del vettovagliamento di Roma che andava ben aldilà dell'esigenza di provvedere alle erogazioni mensili di generi alimentari riservate ai poveri". Malgrado la presenza formale di funzionari imperiali e di strutture pubbliche, la Chiesa sembra ormai "subentrata all'amministrazione imperiale nella gestione dei servizi annonari dell'Urbe", cosa importante perché "l'organizzazione annonaria era stata da sempre uno dei tratti basilari (insieme alla presenza del Senato) dello statuto eccezionale del "caput orbis" rimasto in vigore anche molto dopo che Roma aveva cessato di essere la sede dell'imperatore" (Arnaldi, 1987).

L'approvvigionamento non era la sola necessità legata alla vita della Chiesa romana; oltre alle elargizioni al clero, ai monasteri, ai poveri, ma anche ai maggiorenti della città, vi era la manutenzione degli edifici.

La manutenzione sembra prevalere largamente sulle nuove costruzioni, come segnalano il Liber pontificalis e Giovanni Diacono (S. Gregorii Magni vita, IV, 68): oltre ai restauri annuali dei tetti delle chiese, furono compiuti lavori nelle aree presbiterali delle basiliche di S. Pietro e S. Paolo e nella basilica vaticana. Per quanto riguarda S. Paolo va ricordata - per la visibilità conferita alla munificenza del pontefice - la donazione, incisa su una grande lastra marmorea, affissa nell'atrio (Inscriptiones christianae urbis Romae.Nova series, II, n. 4790, p. 137). La ristrutturazione più rilevante sul piano simbolico - anche se riguardante solo una nuova decorazione musiva e pittorica - riguarda la chiesa ariana fatta costruire dal goto Ricimero nella Suburra tra 459 e 470, restituita al culto ortodosso, con la dedica a S. Agata (Dialogi, III, 30) e la deposizione delle reliquie della santa e di s. Sebastiano. Nel 593 un intervento analogo fu operato da G. I nella chiesa di culto ariano presso via Merulana, da lui dedicata a S. Severino, disponendo che fossero portate a Roma alcune delle reliquie del santo del Norico, sepolto a Napoli (Registrum, III, n. 19). Notevole fu l'impegno di G. I nella fondazione di monasteri, in conformità con la religiosità propria e del suo ambiente: oltre quello nella sua dimora familiare, il monastero femminile "ad Gallinas albas" non lontano da S. Agata; quello "iuxta thermas agrippinianas" non lontano dalla via Lata; il monastero di Renatus probabilmente sull'Esquilino (Dialogi, IV, 13), uno verosimilmente intitolato a S. Stefano presso S. Pietro (ibid., 14); un altro, dedicato a S. Vittore, presso la basilica cimiteriale di S. Pancrazio per garantire la custodia e l'officiatura regolare del santuario (Registrum, IV, n. 18). Declassata rispetto a Costantinopoli, ridotta a circa 90.000 abitanti, con ampie zone vuote, con l'aumento dei cimiteri urbani e il degrado dei monumenti antichi, cui G. I non sembra avere dedicato attenzione, Roma, con le sue basiliche, le chiese legate ai "tituli", i vari "xenodochia" od ospizi, e i monasteri assumeva perciò sempre più la fisionomia di "Roma christiana" (Pietri, 1991): una città di cui G. I può essere considerato l'"artefice" (Krautheimer, 1980).

Le cure rivolte all'approvvigionamento e ad altre necessità di Roma non fecero trascurare a G. I la vita religiosa della Chiesa a lui affidata. A essa rivolgeva il suo messaggio relativo alla decadenza del mondo e alla necessità del distacco dalla vita terrena e della preparazione alla morte con una vita conforme al Vangelo. G. I iniziò subito l'attività di predicazione: la parola posta al servizio della pastorale, una parola destinata a fissarsi nello scritto e a divenire, come già abbiamo visto per i Moralia, un'opera, le Homiliae XL in Evangelia, cui egli volle conferire il sigillo della sua autorità di vescovo e di scrittore.

Alcune omelie erano state esposte da un notaio sulla base di un testo già dettato da G. I, altre pronunciate direttamente da lui, con la concomitante trascrizione stenografica, e la conseguente riscrittura, priva ancora della sua approvazione. A questa fase di interferenza fra scritto e orale seguì la selezione di quaranta testi - un numero probabilmente simbolico - e la composizione di un'opera in due libri, ognuno di venti omelie, collocate in un ordine diverso rispetto a quello dei passi evangelici e a quello in cui erano stati "stenografati": a tale ordine il pontefice annetteva grande importanza se proibiva di modificarlo e anzi chiedeva di reintegrarlo, nel caso che si trovassero copie con un ordine diverso, secondo l'esemplare "d'autore" conservato nello "scrinium" lateranense, dal quale erano tratte le sole copie riconosciute come autentiche dall'autore. Che l'opera avesse assunto per G. I un valore che andava molto al di là dell'occasione e del primo pubblico romano lo mostrano sia la cura letteraria a essa dedicata, sia l'uso fattone di strumento di comunicazione spirituale (Registrum, IX, n. 148). Come per i Moralia l'imponente e complessa tradizione manoscritta dell'opera (427 manoscritti con l'intera opera, manoscritti con omelie isolate o frammenti; florilegi, a partire da quello di Paterio, notaio della Chiesa romana, composto vivente G. I) ha fatto ipotizzare (Étaix) due recensioni dell'opera, una trasmessa dalla gran massa dei manoscritti (circa 400), l'altra dai rimanenti 27, le cui varianti non sembrano frutto di correzioni di scribi, ma piuttosto varianti originarie, risalenti a fasi diverse dell'intervento dell'autore, in analogia con quanto avvenne, come si vedrà, per il Liber Regulae pastoralis e per le Homiliae in Hiezechielem prophetam.

Le omelie furono pronunciate tra il 12 nov. 590 e la fine di settembre 592, con precisi riferimenti ai luoghi - le principali basiliche e anche chiese più piccole e periferiche - e a eventi reali, di fronte a un pubblico indicato in alcuni casi come tanto numeroso da affollare la chiesa, in occasione di feste del temporale o del santorale (Judic, Grégoire le Grand). È dunque questa l'opera che per prima permette di cogliere il valore attribuito da G. I ai santi e al loro culto nella vita liturgica e nell'esperienza spirituale e devozionale dei fedeli, precorrendo i Dialogi, nei quali si ritroveranno molti riferimenti a personaggi o episodi citati in quest'opera. La riflessione teorica sulla funzione dei santi come strumento che rende visibile Dio, che abita nelle loro anime, si sostanzia di "exempla" relativi a martiri e santi e ai miracoli compiuti da loro e dalle loro reliquie. L'opera pone, in misura maggiore dei Moralia, il problema del rapporto fra oralità e scrittura e fra destinatari dell'una e dell'altra forma di comunicazione: se i contenuti furono sostanzialmente gli stessi e se l'uso sistematico di "exempla" poteva rendere più facilmente comprensibile il messaggio morale e spirituale, trasmesso certamente nella lingua ancora comprensibile a Roma, l'accuratezza retorica e stilistica non può che essere attribuita al testo scritto, destinato a un pubblico di fedeli colti e avvertiti, chierici e monaci in primo luogo o quei pii e aristocratici laici presenti nell'entourage di Gregorio I. Nell'opera si delinea la funzione del predicatore - oggetto di specifica attenzione nel Liber Regulae pastoralis - con la sua identità spirituale e morale e le indispensabili competenze tecniche; si combina l'esegesi con l'esortazione morale sostenuta dall'"exemplum"; si annuncia quella tensione escatologica che diverrà più esplicita in altre opere. Per il genere omiletico i modelli potevano essere tanti: il più vicino è Agostino, ma l'assenza di citazioni testuali e la contaminazione di passi diversi appaiono frutto di una "familiarità acquisita con la lettura assidua", e di una "libertà di uso" di un autore pur conosciuto e meditato "in un circuito di pensiero e di eloquio che sono strettamente personali" (Recchia, La memoria di Agostino). Il successo dell'opera (Dekkers), che crebbe particolarmente in età carolingia sia presso il clero, sia presso i monaci si spiega proprio in virtù della sua stessa identità espositiva semplice, lontana dalla complessità dell'esegesi e della teologia (Deleeuw).

I primi mesi del pontificato furono anche dedicati all'impegnativa stesura della lettera sinodica, che il vescovo di una delle cinque sedi patriarcali era solito inviare agli altri quattro al momento della sua elezione, per confermare l'unità nella fede. La lettera, in preparazione già nell'ottobre 590 (Registrum, I, n. 4), fu inviata solo nel febbraio 591 (ibid., n. 24) in copia conforme a Giovanni di Costantinopoli, Eulogio di Alessandria, Giovanni di Gerusalemme e Gregorio di Antiochia e a un quinto destinatario, l'ex patriarca di quest'ultima sede, Anastasio, deposto per volontà dell'imperatore, cui G. I, pur senza sconfessare formalmente la sua deposizione, offriva un sostegno anche personale (ibid., n. 7). Dopo avere espresso la propria inadeguatezza, G. I assumeva i toni di un vero e proprio manifesto programmatico. Sul piano teologico la lettera non riserva sorprese o novità: G. I dichiarava di "accettare e venerare i quattro concili come i quattro libri del Vangelo […] perché su di essi come su una pietra quadrata si erge tutta la struttura della santa fede", aggiungendo di venerare anche il V concilio con la relativa condanna delle opere di Ibas, Teodoro e Teodoreto, mentre nuova è la lunga trattazione relativa alla carica di vescovo, che ne tratteggia i lineamenti dal punto di vista delle qualità personali e dell'esercizio del suo incarico: conoscenza della natura umana, finezza psicologica, prudente equilibrio pastorale, rapporto fra silenzio e parola, uso della predicazione, attenta dialettica fra compassione per gli altri e contemplazione, fra umiltà e autorità.

Tutte queste considerazioni sono svolte in un costante confronto con la Scrittura e con la sua esegesi allegorica e morale. La lettera mostra una stringente affinità, confermata dalle numerose coincidenze testuali (Judic, Introduction all'ediz. della Regula pastoralis), con il Liber Regulae pastoralis scritto, dice G. I, agli inizi del suo episcopato (Registrum, V, n. 53), tanto che per le prime due parti si potrebbe pensare proprio ai mesi fra il settembre 590 e il febbraio 591. L'opera, dedicata a Giovanni, vescovo di Ravenna - non a Giovanni patriarca di Costantinopoli, come vuole Isidoro di Siviglia, seguito da Ildefonso di Toledo, dedica contraddetta dalle prime biografie -, fu inviata a molti "referenti", Colombano, Liciniano di Cartagine, Leandro di Siviglia, e fu probabilmente utilizzata dallo stesso G. I come manuale da donare in occasione delle consacrazioni vescovili. Tracce della sua fortuna nei secoli successivi si colgono per l'Inghilterra, dove, tramite il vescovo missionario Agostino, giunge fino a Beda, per l'Irlanda nel VII e VIII secolo, per la Francia con Alcuino, che gioca un ruolo considerevole nella sua diffusione, fino a Gregorio VII e a Graziano; parallelamente influenza i trattati morali e le Summae de arte praedicatoria.

Il Liber Regulae pastoralis è conservato in un codice coevo (Troyes, Bibliothèque municipale, ms. 504): si tratta di un prodotto di lusso, scritto in ambiente di Curia fra VI e VII secolo, con una grafia che riprende forme dell'epigrafia cristiana, rivelando un'attenta ricerca stilistica, un testimone d'eccezione della produzione libraria romana tra VI e VII secolo (Petrucci). Il manoscritto presenta molte correzioni, con un lavoro di revisione compiuto dall'autore stesso o da scribi a lui vicini, non in una sola volta (Dekkers): si conferma anche per quest'opera l'esistenza di diverse versioni, ognuna delle quali poteva essere copiata e avere una sua propria tradizione manoscritta, non senza frequenti "contaminazioni". La Regula, frequentemente ricordata nelle lettere, arrivò anche in Oriente su richiesta dell'imperatore e venne tradotta in greco dal diacono Anatolio (Registrum, XII, n. 6). Si tratta anche in questo caso di un'opera curata nello stile, influenzato dalle immagini bibliche, e segnata dalla lunga tradizione sia sul versante greco (Origene, con le omelie sull'esodo tradotte da Rufino, pur mai citato, Gregorio di Nazianzio, con i suoi Discorsi, tradotti da Rufino, forse Giovanni Crisostomo), sia su quello latino (Cicerone e Seneca sulle virtù, mediati con ogni probabilità attraverso Ambrogio, Ambrogio stesso, Cassiano, Martino di Braga e soprattutto Agostino [Paronetto, 1986], Leone Magno, Cesario di Arles e ancora le regole monastiche). L'opera è solidamente strutturata in quattro parti, con frequenti rinvii dall'una all'altra: la prima riguarda le caratteristiche morali e spirituali che deve avere chi accede alla carica; la seconda la vita che deve condurre il vescovo, dedita alla contemplazione e all'introspezione; la quarta sottolinea la necessità dell'esperienza interiore strettamente connessa al compito della predicazione; la terza esamina i modi con cui il pastore deve rivolgersi al suo gregge, considerato nelle sue diverse componenti di genere, di età, di stato sociale, di carattere, espressione di singolare finezza psicologica e di competenza "sociologica". Proprio la profondità morale e la sensibilità qui testimoniate rendono per contrasto più evidente la concezione del tutto conservatrice della società: un ordine sociale immutabile, la coincidenza fra ceto elevato e cariche ecclesiastiche per le caratteristiche culturali e le competenze richieste dalla funzione vescovile e predicatoria, la sanzione dei dislivelli economico-sociali e la loro rilevanza sul piano etico e spirituale.

L'impegno nel governo della Chiesa si sviluppò in concomitanza e a seguito della riflessione teorica, morale e pastorale attraverso una serie di interventi specifici di natura propriamente ecclesiastica (per esempio regolarità delle elezioni dei vescovi), dottrinale (principalmente lotta contro il donatismo in Africa e interventi per il recupero delle sedi legate allo scisma tricapitolino) e, infine, politica. La tradizionale divisione amministrativa fra Italia annonaria, gravitante sulle sedi metropolitiche di Milano e Aquileia, e Italia suburbicaria, posta sotto la giurisdizione metropolitica del vescovo di Roma, se non scompare del tutto, appare profondamente turbata a seguito dell'invasione longobarda, dello scisma tricapitolino, della nuova dislocazione del potere: il Registrum rivela che G. I scrive solo a vescovi situati in territori bizantini, con l'eccezione di Spoleto, evidenzia il peso politico assunto da Ravenna, sede dell'esarca (Registrum, II, n. 25), e prova più in generale come il suo raggio d'azione si estenda ben oltre l'ambito di stretta competenza del vescovo di Roma, indipendentemente da diritti giurisdizionali.

Per quanto riguarda il diritto ecclesiastico, il Registrum testimonia una varietà di casi, nei quali non è facile individuare una regola costante, anche se sembra di poter dire che G. I avochi a Roma le "causae maiores" (per es.: Registrum, VI, n. 24; IX, n. 27) e riconosca i poteri dei vescovi metropoliti (per es.: ibid., IX, n. 203) e dei tribunali sinodali, abilitati a giudicare nei confronti dei vescovi (per es.: ibid., I, n. 32; III, n. 8; V, n. 59). L'esercizio del suo potere sui vescovi si intrecciò subito con il problema del potere concretamente esercitato dai vescovi stessi nel campo della giurisdizione civile. Per ciò che concerne "l'opportunità, espressa nella Regula pastoralis e presente anche nei Moralia, che il vescovo deleghi ad altri la potestà di giudicare riconosciutagli dalla legge, è da ritenere che G., nel manifestarla con tanta insistenza, avesse presente non tanto la giurisdizione esercitata dai vescovi in materie di loro specifica competenza, come le devianze dottrinali e disciplinari di membri del clero e di semplici fedeli, quanto la giurisdizione speciale che le leggi imperiali avevano assegnato alla Chiesa nelle liti di natura privatistica, come le controversie in tema di atti volontari fra privati o in genere di affari" (Arnaldi, 1995). La giustizia era divenuta un terreno di confine e di possibile scontro con il potere politico, terreno saldamente difeso dal papa, reclamando i diritti del foro ecclesiastico - per es. nei confronti del duca Teodoro (Registrum, I, n. 59) - e ricordando ai vescovi l'obbligo dell'amministrazione della giustizia (ibid., VI, n. 11). La rivendicazione dei diritti giurisdizionali della gerarchia ecclesiastica si accompagnò tuttavia sempre in G. I con il pieno riconoscimento delle leggi romane, perfino nel caso in cui egli le giudicasse ingiuste, le criticasse violentemente, ne chiedesse all'imperatore l'abrogazione perché lesive della libertà di scelta religiosa (ibid., III, n. 61). Assai frequente è il richiamo puntuale alla legislazione romana e la sollecitazione alla sua utilizzazione: estratti dalle Novellae di Giustiniano, dal Codex e dal Digestum vengono inviati al "defensor" Giovanni, impegnato in una delicata missione nella porzione della Spagna riconquistata dall'Impero (ibid., XIII, n. 49). Ma non essendo G. I, come giustamente è stato detto, un teorico, conviene seguire il concreto esplicarsi della sua azione.

Due furono i fronti di particolare rilievo: l'Africa settentrionale e l'Italia settentrionale, divisa dallo scisma tricapitolino. Numerosi sono i suoi interventi negli anni 591-596, che attestano rapporti stretti tra vescovi africani e pontefice (ibid., II, n. 40; VIII, n. 31; X, n. 20). Per quanto riguarda il donatismo, è probabile che non si tratti di un reale revival dell'eresia (Markus) e che G. sia stato sollecitato a intervenire da informazioni allarmistiche - relative soprattutto alla pratica del doppio battesimo - avute dal vescovo numida Paolo, la cui mediazione fu fonte di molti problemi sia con le gerarchie ecclesiastiche locali, sia con il governo civile. (ibid., I, nn. 72, 73; IV, nn. 32, 35; VI, n. 62). La situazione si fece più complicata per i dissensi fra vescovi ed esarca, e G. I si rese conto dell'impotenza del suo intervento (ibid., n. 64). Questa sorta di resa coincise con l'affievolimento di interesse per il problema donatista.

Nella questione tricapitolina G. I era stato coinvolto, come si è visto, già prima della sua elezione. Dopo pochi mesi da questa, nel gennaio 591, convocava a Roma, perché si sottoponesse al giudizio di un sinodo, il vescovo Severo di Aquileia con i suoi seguaci: eletto nel 587 vescovo di Aquileia a Grado, dove la comunità cristiana, che aderiva allo scisma tricapitolino, si era rifugiata per sfuggire ai Longobardi, egli era stato portato dall'esarca Smaragdo a Ravenna insieme con tre vescovi suffraganei e qui era stato indotto ad allinearsi alle posizioni imperiali, ma una volta rientrato in sede era tornato in consonanza con la sua comunità, rimanendo poi sempre capo indiscusso dello scisma (ibid., XIII, n. 34). G. I aveva dato alla sua ambasceria un carattere che potremmo definire coercitivo, tale comunque da travalicare l'ambito puramente religioso ed essere sentita come "intimidatoria" dai vescovi istriani, che se ne lamentarono con l'imperatore (Registrum, ed. Ewald - Hartmann, I, 1, nn. 16 a, b). I pericoli della situazione politico-militare dell'Italia avevano indotto l'imperatore a richiamare il troppo interventista Smaragdo, sostituito da Romano, e a frenare gli interventi del papa (ibid., nn. 17-23).

G. I fece fronte comune con il vescovo di Ravenna, del cui impegno e ardore si rallegrava, assicurandogli che non avrebbe mancato di scrivere all'imperatore con sommo zelo e libertà e invitandolo a non agitarsi per la collera del patrizio Romano (Registrum, II, n. 38, del luglio 592); usò anche toni molto duri con gli scismatici che gli avevano scritto lamentando le persecuzioni cui erano sottoposti (ibid., n. 43), ricordando che la persecuzione quando non è sopportata razionalmente non giova alla salvezza, secondo l'insegnamento di Cipriano. Dopo il primo intervento deciso e forse troppo duro nei confronti di questa provincia ecclesiastica, il Registrum testimonia per gli anni successivi interventi sporadici, volti a favorire occasioni di dialogo: l'invito del luglio 595 a due vescovi istriani a venire a Roma con tutte le garanzie (ibid., V, n. 56), l'impegno per la protezione di coloro che tornavano all'ortodossia (ibid., IV, n. 14; VI, n. 38; IX, n. 151; VII, nn. 34, 117-118, 155, 161-162; XIII, n. 34), rimproveri a chi, come l'esarca Callinico, non favoriva le conversioni, sulla base dell'ordine imperiale a difesa degli scismatici (ibid., IX, nn. 142, 149). Lo scisma tricapitolino continuò in queste diocesi a essere ben radicato non solo nelle élites ecclesiastiche, ma in tutta la comunità cristiana.

Più mossa la situazione sul versante della provincia ecclesiastica di Milano, che poteva vantare un'antica opposizione alla condanna imperiale dei Tre Capitoli nella persona del vescovo Dazio e che aveva poi vissuto il trauma del trasferimento della sede a Genova a opera del vescovo Onorato, al momento dell'invasione longobarda. Il nuovo vescovo Lorenzo, sempre residente a Genova, si era trovato di fatto sotto il duplice controllo dell'imperatore e del papa, ma difficilmente il formale atto di adesione all'ortodossia di Lorenzo rispondeva a una sua convinzione e ancor più difficilmente poteva trovare il consenso dei suffraganei e dei fedeli, cosa di cui G. I sembra essere stato consapevole (ibid., IV, n. 37). Una conferma del dissidio con Roma verrebbe dall'assoluzione del presbitero Magno, già scomunicato da Lorenzo, e ancor più nella sua completa "riabilitazione", provata dall'incarico affidatogli dal pontefice di portare un messaggio sulle qualità necessarie alla carica vescovile al clero e al popolo milanese che in Genova doveva eleggere il successore di Lorenzo (ibid., III, n. 26). L'elezione di Costanzo, in rapporti con G. I dai tempi di Costantinopoli, è questione complessa, come rivela la lettera di G. I dell'aprile 593 (ibid., n. 29) ai presbiteri, ai diaconi e al clero della Chiesa di Milano, che risulta "senza sottoscrizione", ma portata da persone degne di fede come Magno e Ippolito, quest'ultimo intermediario con Teodolinda e residente a Milano (ibid., IV, nn. 2, 4), in una città da identificare più probabilmente con Genova. L'elezione fu certamente sostenuta dal pontefice, che nel settembre 593 otteneva da Costanzo non la semplice adesione alla condanna dei Tre Capitoli, ma anche la sua sottomissione a Roma. Egli diveniva da quel momento un intermediario politico con i Longobardi, in particolare con la regina Teodolinda, con i Franchi, con i Bizantini (ibid., n. 1; XI, n. 6), intervenendo anche di propria iniziativa (ibid., IV, n. 2). Quando tre vescovi si erano staccati dalla comunione con il metropolita e pure Teodolinda si era astenuta dalla comunione con la Chiesa, G. I aveva scritto alla regina nel settembre 593 (ibid., n. 4), ma Costanzo aveva evitato di far recapitare la lettera poiché, facendo essa riferimento al V concilio ecumenico, poteva essere controproducente; G. I non aveva esitato ad approvare l'operato del vescovo di Milano (ibid., n. 37), riscrivendo a Teodolinda nel luglio 594 in forma epurata (ibid., nn. 33, 52).

La dimensione politica dello scisma si colloca all'interno della complessiva politica italiana di G. I e soprattutto dei problemi posti dall'attività espansionistica del Regno longobardo e dei Ducati di Spoleto e di Benevento, che impegnarono il pontefice fra l'autunno del 591 e l'inizio del 594.

Il 5 sett. 590 (due giorni dopo la consacrazione di G. I) era morto il re Autari. La vedova Teodolinda sviluppava una politica di accordo con i Franchi e con i duchi di Spoleto e Benevento, recuperati al fronte antibizantino. A questo punto si assiste a un cambiamento della strategia imperiale: invece di una guerra offensiva volta alla riconquista dell'Italia settentrionale, si passa a una strategia soprattutto difensiva, volta ad assicurare le comunicazioni fra Ravenna e Roma e a organizzare secondo questo asse i territori ancora bizantini. È questo il contesto in cui si trova G. I subito dopo la sua elezione. Il suo primo intervento nei confronti dei Longobardi attiene alla sfera religiosa: interpretando la morte di Autari come punizione divina per avere proibito il battesimo dei figli dei Longobardi nella fede cattolica, invita tutti i vescovi d'Italia a impegnarsi per la conversione dalla fede ariana di quel popolo (ibid., I, n. 17). Che il problema longobardo fosse prioritario nelle sue preoccupazioni è testimoniato dall'espressione che usa nella lettera del febbraio 591 (ibid., n. 30), quando dice di sentirsi "vescovo dei Longobardi, per i quali i patti sono spade e la grazia una pena". Di qui l'urgenza di un impegno che dal piano religioso investe quello militare e politico-diplomatico, aprendo nuovi scenari alle responsabilità inerenti alla carica di vescovo di Roma.

Nel maggio 591 Agilulfo fu eletto re nell'assemblea dei duchi a Milano (Paolo Diacono, Storia dei Longobardi, III, 35). Per la prima volta attraverso le nozze con Teodolinda l'accesso alla regalità avvenne in modo indipendente dall'elezione dei guerrieri, ridotta a semplice acclamazione. Anche nei due Ducati di Spoleto e di Benevento vi furono nello stesso anno cambiamenti al vertice: nel primo il pagano Ariulfo era succeduto a Faroaldo, nel secondo Arichi a Zotto. Questo determinò una ripresa delle attività di conquista, che minacciavano da tutti i lati quello che si suole definire già ora come Ducato romano, i cui confini si stabilizzarono solo dopo il 595, non tanto come definizione di un ambito politico quanto come esito delle conquiste longobarde (Bavant); per un esame dei rapporti di G. I con i Longobardi nell'Italia centromeridionale, v. Enc. dei papi, I, p. 561.

Non è il Ducato romano in quanto entità politico-territoriale, della cui difesa G. I si preoccupa, quanto l'insieme dei territori bizantini collocati intorno a Roma, la cui caduta nelle mani dei Longobardi avrebbe significato un pericolo per la città. Il Ducato romano non rappresenta dunque un riferimento politico-territoriale per G. I, il cui orizzonte dal punto di vista politico è, oltre Roma, l'Italia. La dimensione romana e italiana della politica di G. I risulta evidente nel momento di maggiore drammaticità, fra l'autunno del 591 e i primi mesi del 594, per la ripresa dell'offensiva longobarda. Inserito saldamente nell'ambito dell'Impero, cui non manca di riaffermare costantemente la propria fedeltà, G. I assume tuttavia un ruolo di protagonista, con un impegno diretto nel controllo della situazione militare e perfino nella dislocazione delle truppe, constatando le deficienze dell'apparato militare bizantino, e la scarsa incisività della sua complessiva azione sul campo, in particolare per il problema vitale della difesa di Roma.

Tra il 591 e il 592 il pericolo maggiore venne dalle milizie del Ducato di Spoleto: il 27 sett. 591 (Registrum, II, n. 4) G. I inviava soldati al "magister militum" Velox - non senza esitazione a causa della marcia di Ariulfo verso Roma -, chiedendogli di "incalzarlo alle spalle", ed esortandolo a mettersi in contatto con gli altri "magistri militum" Mauricio e Vitaliano; nel gennaio 592 (ibid., n. 10) si fece carico della difesa di Nepi, inviando Leonzio, cui il clero e il popolo dovevano prestare obbedienza, proprio come fece pochi mesi dopo per Napoli. L'imminenza del pericolo è testimoniata anche dalla lettera del febbraio 592 a Giovanni vescovo di Velletri, in cui ordinò di trasferire la sua sede in altro luogo - S. Andrea, forse S. Andrea in Silice sulla via Appia - per "essere più al riparo dalle incursioni nemiche e ivi compiere le consuete celebrazioni liturgiche" (ibid., n. 13); e anche nella lettera dell'aprile 592 si fa riferimento "ai vescovi di nostra competenza che non possono venire a Roma per l'interporsi dei nemici" (ibid., n. 25). Nel giugno 592 la situazione sembra ancora aggravarsi: scrivendo ai "magistri militum" Mauricio e Vitaliano, oltre a fare presente il timore che i loro uomini cadessero nelle mani di Ariulfo, li incoraggiava a prendere alle spalle il duca, mentre il riferimento al "magister militum" Casto sembra indicare che a lui fosse affidata la difesa di Roma; in un'altra lettera riferisce della missiva ricevuta da Ariulfo, della situazione critica della città di Soana, della cui fedeltà il papa tendeva a dubitare; della conquista di Narni e dell'incombente ulteriore minaccia di avanzamento, di fronte alla quale il papa invitava a saccheggiare le terre di Ariulfo e a provvedere a far concentrare l'attacco sulle avanguardie (ibid., nn. 27 s.). Tragico è ancora il panorama delineato da G. I nella lettera del luglio 592 (ibid., n. 38) a Giovanni vescovo di Ravenna, che gli aveva scritto di non sapere a chi rivolgersi per impetrare aiuto, convenendo sulla passività dell'esarca Romano, che "da una parte trascura di combattere contro i nemici, dall'altra ci impedisce di fare la pace", pace che peraltro Ariulfo vincolava alla condizione che gli venissero versate le paghe spettanti alle truppe di Autari e Nordulfo, due capi militari longobardi, esattamente come quando erano al soldo dei Bizantini (presso i quali avevano prestato servizio, passando poi a quello dei Longobardi); Roma era sguarnita di milizie dopo l'invio di quelle mandate nell'Italia centrale di rinforzo al "magister militum" Velox nel settembre dell'anno precedente, e i soldati della "legio Theodosiacorum", così chiamata da Teodosio figlio di Maurizio, "a stento si dedicano alla custodia delle mura"; infine anche Napoli era minacciata da Arechi (I) duca di Benevento, che non aveva tenuto fede ai patti con l'Impero e, priva di un comandante, rischiava di cadere in mani longobarde. Per provvedere a questo vuoto di potere il papa intervenne direttamente attribuendo al tribuno Costanzo il compito di presiedere alla difesa della città e invitando tutti a prestargli obbedienza (ibid., n. 47: datata fra il settembre 591 e l'agosto 592).

In questo drammatico frangente G. I decise alla fine dell'estate 592 di rompere gli indugi e di prendere l'iniziativa di una tregua. La gravità della crisi, e forse l'impegno autonomo di G. I, indussero l'esarca Romano a riprendere tra la fine del 592 e l'inizio del 593 la campagna militare (Liber pontificalis; Paolo Diacono, Storia dei Longobardi, IV, 8, 9), che portò alla riconquista di Sutri, Bomarzo, Orte, Todi, Amelia, Perugia, Luceoli. Intervenne allora Agilulfo, che occupò Perugia, uccidendo Maurizio, duca longobardo passato dalla parte dei Bizantini, e pose l'assedio a Roma. La drammaticità del momento è testimoniata dall'assenza nel Registrum di lettere per i mesi di gennaio, febbraio e marzo dell'indizione XII, cioè i mesi iniziali del 594. Sopraffatto dall'angoscia per le distruzioni e le violenze, alla fine del 593 G. I interrompeva il ciclo di omelie sul libro di Ezechiele (Homiliae in Hiezechielem prophetam, II, 10, 24).

Le omelie furono pronunciate probabilmente a ritmo rapido, forse addirittura nello spazio di un solo mese, alla fine del 593, anche se un commento così ricco a un testo così complesso presuppone una lunga preparazione e - questo è sicuro - richiese un'accurata revisione, culminata otto anni dopo, nel 601, in un'opera in due libri: il primo, di dodici omelie, dedicato a Mariniano, vescovo di Ravenna, con una prefazione che, secondo il metodo consueto, fa riferimento alle note prese dai notai al momento in cui furono pronunciate e alla loro revisione tardiva, che non esclude un uso della primitiva stesura notarile (Paterio, nell'opera già ricordata, riporta diciannove passi non presenti nel testo attuale, probabilmente estratti dalle schede prima della revisione di G. I); il secondo, di dieci omelie, dedicato ai confratelli del monastero di S. Andrea, che avevano sollecitato la revisione. In questa seconda dedica sono presenti riferimenti non solo al drammatico momento in cui le omelie furono pronunciate, ma anche ai problemi posti dalla difficoltà del testo da commentare. Diverso è anche il pubblico rispetto a quello dei Moralia e delle Homiliae XL in Evangelia: non il largo pubblico delle festività religiose, ma neppure la sola ristrettissima comunità dei monaci di S. Andrea, che rimane tuttavia il gruppo più sicuramente identificabile come "committente" e come destinatario, quanto piuttosto un pubblico misto, fatto anche di membri del clero (cui probabilmente si riferiscono i consigli sulla predicazione), e forse anche di laici colti e religiosi, che non mancavano nell'entourage del pontefice. Il testo, conservato in otto manoscritti databili fra VII e VIII secolo e in numerosissimi altri dei secoli successivi, è scritto in una bella lingua, anche se con uno stile meno curato delle altre opere - a eccezione delle prefazioni -, più legato all'oralità, ma ben strutturato secondo la retorica antica (Recchia, 1992). I temi più importanti possono essere così riassunti: la contemplazione, con il confronto fra vita contemplativa e vita attiva, la profondità del male e la funzione di Cristo salvatore e dello Spirito Santo, e infine la centralità della predicazione e della funzione del "praedicator", che dalla contemplazione attinge la sua legittimazione e la sua capacità di essere strumento per guidare le anime al vertice della visione cristiana. La sua figura si salda nel commento di G. I con quella dello "speculator", che "semper in altitudine stat, ut quodquid venturum est longe prospiciat", e dunque sulla funzione profetica, proiettata quest'ultima nella prospettiva escatologica. Componente centrale nella sua visione religiosa, l'escatologia di G. I non va tuttavia intesa come prospettiva di breve termine, di reale imminenza della fine del mondo, ma come orizzonte spirituale e culturale, sempre presente e sempre rievocato di fronte ai drammi della storia, che ben può comporsi, nella fisionomia complessiva del pontefice, con il suo impegno nel fronteggiare la realtà e nel trasformarla.

Tra luglio 593 e novembre 594 si colloca anche la composizione dei Dialogi, la cui preparazione era tuttavia certamente cominciata molto prima (A. de Vogüé, introd. ai Dialogues), con la raccolta dei casi di esemplarità religiosa, alcuni già narrati nelle omelie sui Vangeli, e qui ripresi.

Se una lettera, con la richiesta di informazioni a Massimiano di Siracusa (Registrum, III, n. 50), fa riferimento alle sollecitazioni dei "fratres qui mecum familiater vivunt", il prologo dell'opera stessa parla di una richiesta rivolta dal diacono Pietro, già incontrato come persona intima del pontefice: in tutti i casi anche nella composizione di quest'opera si coglie l'importanza del gruppo di religiosi che circonda G. I e interagisce con la sua attività di governo, con la sua meditazione spirituale, con la sua produzione letteraria. La definizione dell'opera data da Beda (Historia ecclesiastica, II, 1) come raccolta di miracoli ha dato l'avvio a una sua interpretazione - prevalsa fino a tempi recenti - come opera "minore", popolare per i suoi contenuti e per il suo pubblico, e dunque diversa e inferiore rispetto alla qualità letteraria, alla competenza esegetica, alla profondità morale e dottrinale delle altre opere di G. I, e che ha finito addirittura per intaccare la certezza della sua paternità (Clark, 1987 e 1991). Confutata questa tesi estrema (de Vogüé, 1991), l'opera deve essere inserita a pieno titolo nella produzione gregoriana, e anzi considerata nei suoi caratteri di estrema originalità, che ne fanno forse il capolavoro di G. I: certo un'opera destinata a immenso successo (da segnalare la traduzione greca fatta da papa Zaccaria nel sec. VIII), come prova l'imponente tradizione manoscritta. L'opera, divisa in quattro libri, è strutturata in forma di dialogo fra G. I e il diacono Pietro. Il dialogo è strumento essenziale dell'alternanza tra racconti di virtù e di miracoli e riflessioni morali e dottrinali, e costituisce la struttura portante e distintiva dell'opera. I racconti si rivelano allora non concessioni a una presunta e mal individuabile "mentalità popolare", ma come momenti di una realtà religiosa vissuta in ambienti diversi sul piano sociale e culturale, che, narrati da testimoni degni di fede, vengono legittimati nella loro veridicità attraverso la mediazione religiosa e culturale del pontefice-scrittore, per divenire strumento della sua pastorale. L'originalità riguarda anche il contenuto in senso cronologico e geografico. Oggetto dell'attenzione di G. I non sono i martiri antichi, la cui esemplarità non era funzionale per il suo tempo, e le cui passioni, scritte in epoca ormai tanto lontana dalle vicende narrate, erano considerate del tutto fantasiose e addirittura atte a provocare il riso più che l'edificazione, ma i santi contemporanei, uguali e perfino superiori ai grandi esempi del passato (come prova il caso di Benedetto), con una vasta tipologia che va dai monaci e dagli abati alle tante figure di uomini e donne, eremiti o vissuti in piccole comunità, in campagna o in città, come le sante zie di G. I, già presenti nelle omelie sui Vangeli, e ancora i nuovi martiri, vittime dei Longobardi feroci e pagani, anzi veri e propri adoratori del demonio. Quanto alla dimensione geografica, sono i santi italiani quelli di cui G. I vuole conservare la memoria, in un'Italia che si identifica con le sue regioni centrali, Toscana, Umbria, Lazio, ma anche Campania e Sicilia, arricchendosi di qualche raro caso esterno, e ha il suo centro religioso in Roma, che assume un ruolo decisivo nel quarto e ultimo libro, come il luogo in cui si concentrano tanti casi di santità e teatro di tanti episodi, atti a provare con la forza della loro esemplarità la sopravvivenza dell'anima alla morte del corpo, il punto dottrinalmente più impegnativo tra quelli affrontati nell'opera. La storicità dei personaggi contribuisce a fare dei Dialogi una testimonianza affidabile per la storia della penisola tra V e VI secolo, per le sedi vescovili, le nascenti comunità monastiche, il paesaggio rurale e urbano, l'impatto delle popolazioni germaniche, Goti e Longobardi soprattutto, i primi ormai lontani e non più pericolosi, i secondi aggressivi e ancora irrecuperabili nella visione religiosa complessiva di G. I, che pure doveva con loro venire a patti e avviare una convivenza il più possibile pacifica. Anche per quest'opera si può parlare di grande originalità rispetto alla tradizione agiografica, pur certamente ben conosciuta, dalla Vita Antonii di Atanasio, alla Vita Martini e ai Dialogi di Sulpicio Severo, alle scritture agiografiche di Girolamo. All'originalità della struttura e del contenuto va aggiunta l'efficacia dello stile e della lingua (Bruzzone), in un perfetto equilibrio fra l'oralità dei suoi testimoni, la raffinatezza della sua cultura, la comprensibilità del messaggio. L'opera meditata e organicamente strutturata diveniva un prezioso strumento della pastorale, destinata in primo luogo al clero, non necessariamente di alta cultura, e attraverso la sua mediazione a un pubblico più vasto e socialmente differenziato.

Racconta Paolo Diacono che l'assedio a Roma fu tolto da Agilulfo, forse dietro pagamento di un tributo da parte di G. I, su suggerimento della regina Teodolinda che era stata spesso esortata in tal senso dal papa. L'iniziativa di quest'ultimo determinò una grave crisi nei rapporti con l'esarca Romano e con l'imperatore fra l'autunno 594 e l'estate 595.

L'atteggiamento dell'esarca non fu solo di rifiuto dell'accordo, ma anche di condanna del "praefectus urbi" e del "magister militum", di accusa del papa presso l'imperatore per avere provocato la morte di Malco, già rettore del Patrimonio in Dalmazia, quando era in prigione a Roma per l'inchiesta amministrativa; infine di appoggio al decreto imperiale relativo all'elezione del vescovo di Salona, cui G. I aveva posto il veto per indegnità: tutto questo rivela una lettera diretta al diacono Sabiniano, apocrisario a Costantinopoli, del settembre-ottobre 594 (Registrum, V, n. 6), nella quale il pontefice si difendeva con fermezza. Il confronto con l'imperatore assumeva toni particolarmente duri, anche se ammorbiditi da un linguaggio tra l'ironico e il deferente, nella lettera del giugno 595 (ibid., n. 36), nella quale G. I risponde alle accuse rivoltegli di "simplicitas", che, egli osservava, volevano in realtà significare che egli si era comportato da sciocco o addirittura da mentitore. La lettera si concludeva con un esplicito richiamo al rispetto dovuto ai sacerdoti, mostrato perfino dagli imperatori pagani.

Il confronto con l'imperatore gioca su un duplice registro: fedeltà costante e indiscussa all'Impero e all'autorità imperiale, fermezza nella condanna di posizioni non condivise o di leggi considerate lesive dei diritti della Chiesa e dei cristiani, con la richiesta perentoria di modifica o di abrogazione; difesa dalle critiche, non priva di pungente ironia, che gli consente di passare dalla formale obbedienza alla ferma rivendicazione della propria superiorità spirituale.

Com'è stato più volte sottolineato, G. I non è un teorico e la sua ideologia politica va ricostruita attraverso riflessioni, giudizi o comportamenti su questioni specifiche, anche se si possono individuare alcune linee portanti. L'autorità dell'imperatore si sostanzia di alcuni doveri, tra i quali la difesa dell'ortodossia cattolica, come ripete anche alla futura coppia imperiale (ibid., XIII, n. 40), secondo il modello di Costantino e di sua madre Elena, proposto anche ai nuovi sovrani che abbracciano la fede cristiana, e il controllo sulla moralità del clero (ibid., V, n. 37; VII, nn. 5 s.; IX, n. 136). Il potere politico si nutre alla greppia del Vangelo come un grosso animale addomesticato dall'enorme forza fisica, ma dal poco acume: il rinoceronte, che è messo all'aratro, finalmente fa buone leggi e garantisce la pace nella Chiesa (Moralia, XXXI, 4, 4-7). Anche in questo caso, oltre agli influssi, tra cui è stato valorizzato soprattutto quello dello Pseudo Dionigi (Straw, 1991), va colta la peculiarità del pensiero e dell'azione di G. I, sempre pronto a interagire con le situazioni concrete e a coniugare la consapevolezza della propria superiorità spirituale e la rivendicazione dei propri diritti con più realistiche valutazioni dei rapporti di potere.

Contemporaneamente al confronto legato alla sfera politica, si era avviato il confronto-scontro sulla questione del titolo ecumenico di cui si fregiava il patriarca di Costantinopoli (Registrum, V, n. 37). Il problema, cui si riferisce un gruppo di lettere tutte datate giugno 595 (ibid., nn. 39, indirizzata all'imperatrice Costantina; 41, ai vescovi Eulogio di Alessandria e Anastasio di Antiochia; 44, allo stesso Giovanni, patriarca di Costantinopoli, principale protagonista del conflitto; 45, al diacono Sabiniano), non era nuovo - si era infatti presentato già quando Giovanni il Digiunatore si era attribuito il titolo al sinodo di Costantinopoli del 587, trovando l'opposizione di Pelagio II -, ma G. I aveva deciso di intervenire al momento in cui aveva ricevuto gli atti di un giudizio sinodale, dove questo titolo compariva in tutta la sua ufficialità. Insieme con la condanna, esprimeva la propria concezione della Chiesa, della "distribuzione dei poteri" al suo interno, infine della posizione particolare rivestita dalla Chiesa di Roma, in quanto sede di Pietro e dei suoi successori. Pur senza risultati, G. I non rinunciò a sostenere la sua tesi anche col nuovo patriarca Ciriaco (ibid., VII, n. 24, giugno 597; VII, n. 30, giugno 597; VIII, nn. 28, luglio 598; 29, luglio 598), senza però giungere alla rottura dei rapporti, limitandosi ad ammonire i metropoliti dipendenti da Roma, convocati per il sinodo a Costantinopoli, a non accettare che il patriarca si fregiasse del titolo (ibid., IX, n. 157, maggio 599).

Per quanto riguarda la situazione politica in Italia, era cominciata una nuova stagione, caratterizzata da più articolati rapporti politici con i Longobardi.

Nel maggio 595 G. I cercava di indurre l'esarca a concludere la pace con i Longobardi, facendosi carico di garantire in certo modo le buone intenzioni di Agilulfo e insinuando la sua disponibilità a fare "una tregua speciale con noi" (ibid., V, n. 35). All'inizio del 596 la morte dell'esarca Romano lasciava un vuoto politico-militare, che fu colmato solo nella primavera del 597 con l'elezione del suo successore Callinico, con il quale si ebbe l'avvio delle trattative per la tregua, sempre fortemente voluta da G. I, in costante apprensione per gli attacchi longobardi, questa volta soprattutto a opera del duca di Benevento Arechi contro i territori bizantini dell'Italia meridionale. Nel 598 giunse l'annuncio dell'accordo raggiunto, non privo di nubi per il dubbio che i duchi di Spoleto e di Benevento non volessero accettarlo e per la persistente minaccia longobarda nei confronti di Terracina e di Cagliari, tanto che G. I ritenne più prudente non impegnarsi direttamente con la sua personale sottoscrizione, proponendo, come si è detto, il fratello Palatino (ibid., XI, n. 4). La tregua durò fino al 601, con la ripresa nei due anni successivi della guerra, che ebbe come teatro l'Italia settentrionale (Monselice, Cremona, Mantova, Brescello, l'Istria), fra i Bizantini e Agilulfo, alleato con Avari e Slavi: per questo probabilmente G. I non ritenne opportuno intervenire (Bertolini).

Il ringraziamento rivolto sia a Teodolinda, sia a Agilulfo alla fine del 598 (Registrum, IX, nn. 66, 68) pone il sigillo alla nuova stagione, nella quale la diplomazia gioca ormai un ruolo fondamentale. Anche per quanto concerne la questione tricapitolina, se essa rimane tra i problemi di G. I, i suoi interventi sono improntati a un'estrema prudenza, volta a non scoraggiare il possibile ritorno degli scismatici all'unità della fede. Una rete di mediatori favorisce i rapporti. Oltre al vescovo di Milano, Costanzo, Secondo di Non, sostenitore dei Tre Capitoli e padrino di Adaloaldo, figlio di Teodolinda e di Agilulfo, alla fine degli anni Novanta appare come corrispondente di G. I (Paolo Diacono, Storia dei Longobardi, IV, 27; Registrum, IX, n. 148), insieme con molti altri (ibid., V, nn. 6, 36; IX, nn. 66 s., 126). A Teodolinda scrisse per rallegrarsi del battesimo del figlio (ibid., XIV, n. 12). G. I manifestò dunque una larga tolleranza nei confronti della corte longobarda, che dava prova di grande capacità politico-religiosa. Se ancora nel 599 esprimeva preoccupazioni (ibid., IX, n. 240), per "il pericolo che sovrasta queste nostre regioni" e in particolare la città di Roma "afflitta da varie condizioni di debolezza al punto che i suoi abitanti non sono in condizione di custodire neppure le mura"; e se ancora nel luglio 603 (ibid., XIII, n. 39) faceva presente all'imperatore Foca "l'oppressione subita dalle spade longobarde", è anche vero che ormai egli si era convinto a cercare forme di convivenza pacifica: una evoluzione non tanto del suo giudizio profondo nei confronti dei Longobardi, che rimase sempre durissimo, quanto del suo atteggiamento politico.

A partire dal 595 il Registrum mostra un'attenzione crescente e continuativa del pontefice nei confronti dei Regni d'Occidente, resa possibile dalla situazione italiana e forse sollecitata dalle tensioni con l'Impero: una spia potrebbe essere l'ambasceria ad Arles del diacono Sabiniano, già apocrisario a Costantinopoli (Registrum, V, n. 58). Questa attenzione non va interpretata come frutto di una strategia strettamente politica, ma quale risultato di un progetto religioso ed ecclesiastico a largo raggio, che non può essere collocato nella tradizionale prospettiva romana e imperiale (Markus). Quel progetto si articola però in maniera diversa nei vari Regni, con distinte finalità, che vanno evidenziate proprio per non cadere in generalizzazioni fuorvianti.

Con la Spagna la conoscenza più antica: l'incontro a Costantinopoli con il vescovo Leandro di Siviglia permette di supporre che G. I fosse assai bene informato delle vicende di quel Regno, unificato con il Regno svevo e consapevole del proprio potere tanto da adottare simboli imperiali, ma ancora diviso etnicamente e religiosamente fra Goti ariani e Romani cattolici. L'avvio del processo di conversione risaliva a Ermenegildo, celebrato nei Dialogi (III, 31) come martire della fede - anche se la sua uccisione per ordine del padre fu dovuta piuttosto alla ribellione da lui guidata nella Betica -, e si era in sostanza compiuto con Reccaredo. G. I aveva espresso il suo compiacimento a Leandro nell'aprile 591 (Registrum, I, n. 41), intervenendo su sua richiesta sulla questione dell'unica immersione battesimale praticata nella Spagna visigotica, e la triplice, praticata a Roma e in genere altrove, con una posizione tollerante della diversità delle consuetudini. Si deve aspettare il luglio 595 per l'invio, già ricordato, delle sue opere a Leandro (ibid., V, n. 53), ma anche in seguito i contatti non furono frequenti, quasi che G. I si volesse astenere "dall'assumere posizioni che potessero essere percepite dall'interlocutore come un'indebita ingerenza nelle questioni della chiesa spagnola" (Azzara). Il Registrum non testimonia altri rapporti fino all'estate del 599 (ibid., IX, nn. 228 s.): la prima lettera in risposta a Leandro testimonia il riconoscimento della fama del pontefice da parte dell'"episcopus Spaniarum", cui invia il pallio a sanzione del suo ruolo; la seconda a Reccaredo univa alle lodi per la conversione del Regno, giudicata un grande miracolo, gli ammonimenti relativi alle virtù proprie del principe cristiano, e sanciva il rapporto con l'invio di una piccola chiave contenente il ferro delle catene di s. Pietro, perché "ciò che legò il suo collo andando al martirio liberi il vostro da tutti i peccati". La lettera a Reccaredo è corredata da un "postscriptum" - quasi a distinguere nettamente la sfera politica da quella religiosa - che testimonia le difficoltà fra il Regno e l'Impero e soprattutto il ruolo di possibile intermediario attribuito al pontefice e quello di "consigliere di parte" di fatto da lui assunto: alla richiesta di Reccaredo di scrivere all'imperatore "perché ricercasse nell'archivio i patti che una volta furono stipulati fra l'imperatore Giustiniano di pia memoria e le leggi del vostro regno" aveva infatti risposto negativamente non solo per l'impossibilità tecnica dovuta all'incendio dell'archivio, ma anche perché "non è il caso di dire a qualcuno: cercami, per favore, i documenti contro di te, che conservi nel tuo archivio e mettili a mia disposizione".

Anche la Gallia non è del tutto assente dall'orizzonte di G. I nei primi anni di pontificato, con particolare riferimento alla Provenza: si tratta di problemi religiosi, come il battesimo degli ebrei (Registrum, I, n. 45), e politico-diplomatici nel tentativo di avere informazioni sui contatti fra Agilulfo e i Franchi (ibid., IV, n. 2). Ma solo dal 595 l'interesse si accentua: nell'agosto 595 concede il pallio e la funzione vicaria a Virgilio, vescovo di Arles, su richiesta di Childeberto II, figlio di Brunilde, re di Austrasia, Burgundia e Aquitania, esprimendo nel contempo preoccupazione per la simonia e lamentando l'elezione vescovile di laici divenuti repentinamente sacerdoti (ibid., V, n. 58); questi contenuti si ripetono nella lettera indirizzata a tutti i vescovi (ibid., n. 59) e in quella a Childeberto (ibid., n. 60), mentre alla regina madre raccomanda il presbitero Candido, inviato per sovrintendere al Patrimonio della Gallia (ibid., VI, n. 5), ma, secondo la consuetudine già messa in evidenza, investito di ampi poteri in campo ecclesiastico e politico (ibid., VIII, n. 4). Dopo la morte di Childeberto nel 596 G. I rimase in contatto con i suoi due figli Teodoberto e Teodorico, con il re di Neustria Clotario II e soprattutto con Brunilde, reggente in Burgundia e Austrasia per i nipoti: a quest'ultima in numerose lettere chiese fedeltà a Calcedonia, lotta contro il paganesimo, impegno moralizzatore, interventi per irregolarità ecclesiastiche e nei confronti degli ebrei, e soprattutto impegno contro la simonia e per la riforma complessiva della Chiesa con la convocazione di un concilio, presieduto da Siagrio, cui dedicò ancora molti sforzi fino al novembre 602 (ibid., XIII, nn. 5, 7), quando dovette prendere atto che il "Regnum francorum" non rappresentava più una forza politica tale da offrire la possibilità di convocare un concilio generale a lungo auspicato (Pietri, 1991).

Dalle lettere emerge gradualmente la funzione per così dire "strumentale" della Gallia in vista della missione in Inghilterra. Un indizio si trova già nella lettera a Candido, in procinto di recarsi in Gallia come rettore del Patrimonio, con il riferimento ai "pueri angli", ancora pagani, che rischiano di morire per via (verso Roma?) senza battesimo (Registrum, VI, n. 10), riferimento che potrebbe essere all'origine della leggenda dell'ispirazione avuta da G. I alla vista degli schiavi "angelici" (Anonimo di Whitby e Beda). Un anno dopo il monaco Agostino del monastero di S. Andrea con un gruppo di compagni veniva inviato in missione, arrivando nel Kent, nell'isola di Thanet, nella primavera del 597. Il re Etelberto aveva sposato la principessa franca e dunque cattolica Berta, che aveva portato con sé il vescovo Liutrado; dopo un primo momento di sospetto i missionari furono autorizzati a utilizzare una chiesa dentro Canterbury come chiesa episcopale e a costruire non lontano dalla città un monastero (Beda). G. I descrive invece le popolazioni come pagane, "immerse nel culto di idoli di legno e di pietra", così da assimilare l'opera dei nuovi missionari a quella degli apostoli, entrambe circondate dallo splendore dei miracoli - ma Agostino era poi invitato a non insuperbirsi per la capacità di fare miracoli (Registrum, XI, n. 36, giugno 601) -, come scrive nel luglio 598 (ibid., VIII, n. 29) a Eulogio di Alessandria esaltando i successi della missione (più di 10.000 battesimi!) e dando notizia dell'elezione episcopale di Agostino a opera dei vescovi di Germania con il suo consenso, senza che sia possibile specificare dove e quando l'elezione sia avvenuta. Un folto gruppo di lettere permette di seguire lo sviluppo di una Chiesa organizzata su base territoriale diocesana (ibid., XI, n. 39) - Beda ne rivela il contrasto con l'organizzazione di tipo monastico propria del cristianesimo irlandese - il consolidarsi dei rapporti con la regina, paragonata a Elena madre di Costantino e invitata a esortare il marito alla fede e a preoccuparsi della conversione dei sudditi (ibid., n. 35), e infine le difficoltà incontrate e la contraddittorietà dei suggerimenti relativi ai metodi della pratica missionaria. Se il 22 giugno 601 (ibid., n. 37) G. I faceva presente al re Etelberto la necessità di ricorrere a tutti i mezzi per convertire il suo popolo, intendendo la distruzione di luoghi e oggetti di culto, forse indice nello stesso tempo di scarso impegno del re e di resistenze pagane, a pochi giorni di distanza (ibid., n. 56, 18 luglio 601), dopo lunga riflessione, raccomandava all'abate Mellito in partenza per l'Inghilterra con un secondo gruppo "di rinforzo", una serie di azioni esaugurali: i templi, dedicati al culto dei demoni, dovevano essere consacrati al culto cristiano con l'aspersione di acqua benedetta e la costruzione di altari dotati di reliquie, così che le popolazioni accorressero più facilmente a quei luoghi insieme antichi e nuovi; e ancora le feste liturgiche della dedicazione di una chiesa o delle ricorrenze del santorale dovevano essere celebrate con usi simili a quelli tradizionali delle popolazioni: tabernacoli ornati di rami, convivi religiosi, perfino sacrifici di animali, proprio come Dio aveva consentito al popolo d'Israele. Il radicale cambiamento rispetto alla lettera a Etelberto non consente di parlare di mutamento delle strategie missionarie papali, ma di vedere piuttosto nella contraddittorietà un segno di quella "flessibilità pastorale" (Markus) che permetteva a G. I di aderire alle diverse realtà; erano i diversi destinatari a fare la differenza: invitati ognuno a usare nel modo più efficace i poteri che erano loro propri, l'uno la violenza, l'altro la persuasione e tutti i suoi stratagemmi. In pochi anni la Chiesa inglese si era dotata di istituzioni funzionanti ed era pronta a ricevere, peraltro su richiesta dello stesso Agostino, una sorta di "decalogo", il Libellus responsionum trasmesso da Beda, relativo a una serie di questioni morali, dagli impedimenti matrimoniali derivanti dalla parentela ai comportamenti sessuali, ed ecclesiastiche, dal rapporto tra vita monastica e attività pastorale, alle norme per la consacrazione dei vescovi e ai rapporti fra Agostino e i vescovi della Gallia.

Tra il 595 e il 600, sullo sfondo dei rapporti con l'imperatore Maurizio e con il patriarca per il titolo di "ecumenico" e della costruzione di nuove relazioni con i Regni in Occidente, va collocata l'ultima produzione di G. I, elaborata sulla base delle note prese a Roma fra il 595 e il 598 da Claudio, abate di un monastero presso Classe, in contatto con G. I dal 592, di nuovo a Roma con probabilità dalla fine del 594 e sicuramente nel gennaio 596, dove fece parte del gruppo ristretto del "pubblico" dei suoi commentari esegetici, sulla cui fedeltà nella stesura dei testi G. esprimeva molte riserve (Registrum, XII, n. 6). L'Expositio in Canticum canticorum appare infatti come un testo "ripreso sub oculis, che riflette la parola orale" (Meyvaert, 1968).

Ildefonso di Toledo cita il commento al cantico come "omne opus", per cui è probabile che l'incompletezza del testo pervenuto sia dovuta a un incidente della tradizione manoscritta: gli esemplari più antichi portano nel titolo la divisione in due libri, applicata anche in seguito, quando dell'opera non rimaneva che il commento ai primi otto versetti. Il commento conferma l'interpretazione allegorica dell'amore come simbolo delle nozze di Cristo con l'anima o di Cristo con la Chiesa. Se la paternità di quest'opera non è più in discussione, il problema si complica per l'Expositio in Librum I Regum, testo che con la storia degli inizi della monarchia in Israele, con l'avvento di Saul e l'unzione di David, doveva attirare G. I, non solo in relazione ai problemi politici che stava vivendo, ma anche per la questione della funzione sacerdotale in rapporto alla contemplazione e al nesso predicazione-profezia. L'Expositio sembrava definitivamente recuperata con argomenti inoppugnabili tra le opere del pontefice (v. i saggi di Verbraken e di Meyvaert): oggetto come altre di un complesso processo di elaborazione e revisione in diverse fasi, testimoniato da una lettera di Colombano, degli stessi anni, nella quale, dopo aver letto la Regula pastoralis, richiedeva le Homiliae in Hiezechielem prophetam e la Expositio in Librum I Regum, precisandone le parti, come se di altre avesse già il testo, e sarebbe stata l'ultima opera di G. I, per questo priva di ampia diffusione e coinvolta nella crisi succeduta alla sua morte. Lo stesso de Vogüé (1996), che nel I vol. dell'edizione dell'opera l'aveva giudicata il testamento politico di G., è stato indotto a una rivisitazione del problema, dopo la scoperta di un manoscritto dell'abbazia di Cava che attribuisce l'opera a Pietro di Cava poi abate di Venosa (Houben). L'opera si presenta comunque come un insieme di passi gregoriani.

Una lunga tradizione ha attribuito a G. I la paternità di un sacramentario, cioè un messale contenente solo la parte destinata al prete officiante, conservato in tre manoscritti esemplati fra VII e VIII secolo, di cui uno inviato da Adriano I tra il 784 e il 791 a Carlo Magno. Non è certo che l'opera sia stata scritta da lui, anche se non è escluso che siano state da lui composte alcune preghiere, mentre una parte del materiale è molto più antica (Deshusses). Ma l'impegno nei confronti della liturgia, sottolineato da Giovanni Diacono, addirittura attraverso dettagli sugli interventi operati da G. I nei confronti del Gelasianum, contenente l'antica prassi liturgica romana (S. Gregorii Magni vita, II, 17), e con certezza comprovato dal potenziamento della schola cantorum all'interno della strutturazione dell'"episcopium" lateranense, rimase nel corso dei secoli uno dei primi meriti del papa.

Negli ultimi anni del suo pontificato G. I continuò a essere impegnato nelle questioni religiose, ecclesiastiche e politiche di cui si è già riferito. Per quanto riguarda Roma, un rilievo particolare assume la lettera del settembre 602 ai cittadini romani (Registrum, XIII, n. 1), non solo come conferma di un'attenzione specifica alla sua comunità, ma anche per l'emergere di un problema, finora inedito, relativo ai rapporti fra cristiani ed ebrei: la commistione di pratiche religiose, in questo caso il rispetto "cumulato" delle festività religiose proprie alle due religioni, il sabato e la domenica, che G. I vedeva come il segno più pericoloso dell'opera del demonio, preludio addirittura della venuta dell'Anticristo. L'atteggiamento di G. I nei confronti degli ebrei si caratterizza per quella dialettica fra teoria e pratica e per quella duttilità di comportamenti concreti, già vista operante anche in altri settori.

Dal punto di vista teologico la posizione rimane immutata rispetto ad Agostino: "testes veritatis", gli ebrei si convertiranno alla fine dei tempi, mentre la loro sopravvivenza deve essere sempre segnata dall'inferiorità derivante dalla loro colpevolezza religiosa. Sul piano della prassi, se duri furono gli interventi per completare l'omogeneizzazione religiosa nelle campagne, in particolare nelle proprietà della Chiesa, nella stessa linea seguita nei confronti di tradizioni cultuali considerate insopportabili persistenze pagane e spesso assimilate a culti diabolici (si pensi alla Sardegna e alla Gallia), larga tolleranza mostrò fin dall'inizio G. I nei confronti delle comunità urbane, forti e attive sul piano economico, compreso il commercio degli schiavi, protette contro le conversioni forzate, come ad Arles, e nei loro interessi, come a Napoli, con l'elaborazione di una accurata casistica volta a impedire eventuali abusi derivanti dalla conversione al cristianesimo sia degli schiavi sia dei padroni. La lettera relativa alla proibizione dell'osservanza del sabato apre uno squarcio sulla storia religiosa e sociale di Roma, mostrando le molte varianti possibili della convivenza religiosa, capace nel concreto di forme sincretiche, che ora da G. I e poi da tutta la tradizione cristiana furono viste come le più pericolose, perché mettevano in discussione quell'identità cristiana costruitasi proprio nella sua differenziazione dall'identità ebraica.

Un rinnovato interesse si manifesta negli ultimi anni nei confronti dei territori bizantini della penisola iberica. Un importante ruolo gioca qui il "defensor" Giovanni, investito, secondo quanto già constatato, di ampi poteri giurisdizionali - interventi in questioni ecclesiastiche come quelle relative al vescovo di Malaga, deposto da un rivale (Registrum, XIII, nn. 46-49), e di moralizzazione nei monasteri con conseguente comminazione di pene (ibid., n. 47) -, che doveva rendersi attento esecutore delle leggi, estratti delle quali (Novellae, Codex e Digestum) gli venivano inviate proprio da G. I (Registrum, XIII, n. 49). Ma oltre a questi interessi, presenti nel corso di tutto il pontificato, l'attenzione di G. I sembra potersi ricollegare anche all'iniziativa imperiale delle "recuperationes imperii": le lettere del 603 indicano che G. I poteva finalmente "mostrare l'esercizio della primazia romana in territorio imperiale e insieme far contenti i nemici di Maurizio" (Vilella Masana), tra cui il nuovo imperatore Foca.

I rinnovati rapporti con l'Impero bizantino concludono in un certo senso l'attività politica di G. I, mostrandone ancora l'aspetto prudente e diplomatico. L'elezione di Foca era avvenuta all'inizio del 603 a seguito dell'uccisione di Maurizio: se la cerimonia del 25 apr. 603 di acclamazione da parte del clero e dei membri del Senato nei confronti dei ritratti dell'imperatore e dell'imperatrice, accolti a Roma e collocati nell'oratorio di S. Cesario al Palatino, nell'antico palazzo imperiale, testimonia l'atteggiamento di riconoscimento della sovranità, sempre presente peraltro nel corso di tutto il pontificato, le lettere alla coppia imperiale rivelano, oltre al rispetto, alla fedeltà e alla speranza di migliori rapporti, anche una linea programmatica di governo ispirata ai principî cristiani, secondo i modelli di Costantino ed Elena. L'assenza dell'apocrisario veniva giustificata con le difficoltà incontrate negli ultimi anni per accedere al palazzo, e l'invio sollecito di un diacono "fresco di nomina" era il segno chiaro di una nuova stagione iniziata nella corte, che G. I sperava disposta a prestare ascolto alle vicende italiane (Registrum, XIII, n. 32).

Nell'agosto del 603 l'attenzione era di nuovo rivolta a Roma colpita dalla peste, con una cerimonia simile a quella seguita alla sua elezione. Il 12 marzo 604 G. I morì a Roma dopo un pontificato intensissimo destinato a segnare la storia della Chiesa e dell'Occidente. È stata questa per molti secoli, salvo eccezioni locali, la data della festività liturgica - il tradizionale diesnatalis -, spostata dal concilio Vaticano II, in quanto coincidente con il periodo quaresimale, al 3 settembre, data della consacrazione episcopale.

G. I venne sepolto, come dice il Liber pontificalis, nella basilica di S. Pietro "ante secretarium", cioè di fronte all'antica sacrestia; Giovanni Diacono (S. Gregorii Magni vita, IV, 68) precisa ulteriormente: "all'estremità del portico della basilica stessa" (da intendersi all'estremità della galleria occidentale del grande atrio davanti alla basilica), là dove erano già sepolti i pontefici Leone, Simplicio, Gelasio. Per quanto riguarda l'epigrafe funeraria, le reliquie, le successive ubicazioni del sepolcro e i luoghi romani legati alla memoria e al culto di G. I, v. Enc. dei papi, I, pp. 570 s.

La santità del pontefice veniva sancita già poco dopo la sua morte da numerosi testi non romani. Da ricordare in primo luogo la Storia dei Franchi di Gregorio di Tours; poi nella Spagna nel sec. VII i brevi medaglioni nelle opere De viris illustribus di Isidoro di Siviglia e di Ildefonso di Toledo; poi dagli inizi del sec. VIII le prime Vitae, scritte in Inghilterra, indipendentemente l'una dall'altra, con l'intento di celebrare il papa che aveva promosso la conversione di quella terra: a un anonimo monaco del monastero di Whitby si deve un'agiografia, che conosce le opere di G. I e il Liber pontificalis, e che si mostra interessata alla spiritualità e alla scelta monastica di G. I, e ancor più alle manifestazioni soprannaturali; quanto a Beda, si deve parlare di fonte storica importantissima, dato che la sua Historia ecclesiastica gentis Anglorum conserva il testo di lettere assenti dal Registrum. Alla fine del sec. VIII Paolo Diacono, monaco a Montecassino, oltre a ricordare il papa nella sua opera maggiore, la Storia dei Longobardi, ne scrive una Vita, una cui versione interpolata ebbe larga circolazione (Limone). Solo fra l'873 e l'876 fu scritta a Roma una vera e propria biografia di G. I a opera di Giovanni Diacono, esponente dell'élite culturale legata al pontefice Giovanni VIII: strutturata in quattro libri e costruita, come l'autore rivendica con orgoglio, a partire dalle informazioni fornite dalle opere dello stesso G. I, risulta di grande interesse storico, pur nella sua finalità politico-ideologica, volta a costruire un modello funzionale al Papato del suo tempo (Arnaldi, 1956).

Quanto alla liturgia, numerosi martirologi ne ricordano la festività, talvolta legata alla traslazione di reliquie. Per la storia del culto e dell'iconografia di G. si rimanda ancora a Enc. dei papi, I, p. 571

Le opere di G. I sono edite in J.-P. Migne, Patr. Lat., LXXV-LXXIX; Suppl., IV, a cura di A. Hamman, Paris 1967, coll. 1525-1585. Edizioni delle singole opere, con eventuali traduzioni: Dialogi libri IV, a cura di U. Moricca, Roma 1924; I dialoghi, a cura di E. Logi, Siena 1934; Dialogues, a cura di A. de Vogüé, I-III, Paris 1978-80. Expositiones in Canticum canticorum et in Librum primum Regum, a cura di P.P. Verbraken, Turnholti 1963; Commentaire sur le Cantique, a cura di R. Bélanger, Paris 1984. Commentaire sur le Premier Livre des Rois, I, a cura di A. de Vogüé, Paris 1989; II, a cura di Ch. Vuillaume, ibid. 1993; III (che indica nel frontespizio l'ipotizzata attribuzione a Pietro di Cava), a cura di A. de Vogüé, ibid. 1998. Homeliarum in Evangelia libri duo, a cura di H. Hurter, Oeniponte 1892; quest'edizione è stata ripresa con traduzione in Omelie sui Vangeli e Regola pastorale, a cura di G. Cremascoli, Torino 1968; altre traduzioni: Omelie sui Vangeli, a cura di O. Lari, Alba 1975; Omelie sui Vangeli, a cura di G. Cremascoli, Roma 1994 (Opere di Gregorio Magno, II). Homiliae in Ezechielem prophetam, a cura di M. Adriaen, Turnholti 1971; Homélies sur Ézéchiel, a cura di C. Morel, I-II, Paris 1986-90; Omelie su Ezechiele, a cura di V. Recchia, I-II, Roma 1992-93 (Opere di Gregorio Magno, III, 2). Moralia in Job, a cura di M. Adriaen, I-III, Turnholti 1979-85; Morales sur Job, Livres I-II, a cura di R. Gillet - A. de Gaudemaris, Paris 1952; Livres XI-XVI, a cura di A. Bocognano, ibid. 1974-75; Commento Morale a Giobbe, a cura di P. Siniscalco, I-III, Roma 1992-97 (Opere di Gregorio Magno, I, 1-3). La collezione delle lettere di G. I è stata pubblicata in: Registrum epistolarum, a cura di P. Ewald - L. Hartmann, in Mon. Germ. Hist., Epistolae, I-II, Berolini 1891-99; Registrum epistolarum, a cura di D. Norberg, Turnholti 1982; Registre des lettres, a cura di P. Minard, I-II (Livres I et II), Paris 1991; trad. italiana dell'ed. Norberg: Lettere, a cura di V. Recchia, I-IV, Roma 1996-99 (Opere di Gregorio Magno, V, 1-4); Regula pastoralis, a cura di B. Judic, I-II, Paris 1992. Repertori delle opere: Repert. fontium hist. Medii Aevi, V, pp. 227-230; E. Dekkers, Clavis patrum Latinorum, Steenburgis 1995, pp. 552-562. Strumenti: Thesaurus s. Gregorii Magni. Series A, Enumeratio formarum e Concordantia formarum, a cura del Centre de traitement électronique des documents de l'Université catholique de Louvain, Turnhout 1986.

Fonti e Bibl.: Si rinvia a S. Boesch Gajano, G. I, in Enciclopedia dei papi, I, Roma 2000, pp. 571-574. Si aggiungano: C. Leyser, Authority and ascetism from Augustin to Gregory the Great, Oxford 2000; R.A. Markus, G. Magno e il suo tempo, Milano 2000. Per ulteriori indicazioni v. Archivum historiae pontificiae, I (1963) e successivi e Medioevo latino, I (1979) e successivi.

SOURCE : https://www.treccani.it/enciclopedia/gregorio-i-papa-santo_%28Dizionario-Biografico%29/



SAINT GREGOIRE LE GRAND. Homélies sur les Evangiles pour le temps de l’Avent, des Gésimes et du Carême. © Abbaye de Bois Aubry :