Article 9
" JE CROIS A LA SAINTE ÉGLISE CATHOLIQUE "
Paragraphe 1. L’ÉGLISE
DANS LE DESSEIN DE DIEU
Paragraphe 2. L’ÉGLISE
– PEUPLE DE DIEU, CORPS DU CHRIST, TEMPLE DE L’ESPRIT SAINT
Paragraphe 3. L’ÉGLISE
EST UNE, SAINTE, CATHOLIQUE ET APOSTOLIQUE
Paragraphe 4. LES
FIDELES DU CHRIST – HIERARCHIE, LAÏCS, VIE CONSACREE
Paragraphe 5. LA
COMMUNION DES SAINTS
Paragraphe 6. MARIE –
MERE DU CHRIST, MERE DE L’ÉGLISE
Article 9
" JE CROIS A LA
SAINTE ÉGLISE CATHOLIQUE "
748 " Le
Christ est la lumière des peuples : réuni dans l’Esprit Saint, le saint
Concile souhaite donc ardemment, en annonçant à toutes créatures la bonne
nouvelle de l’Évangile, répandre sur tous les hommes la clarté du Christ qui
resplendit sur le visage de l’Église "(LG 1). C’est sur ces paroles
que s’ouvre la " Constitution dogmatique sur l’Église " du
deuxième Concile du Vatican. Par là, le Concile montre que l’article de foi sur
l’Église dépend entièrement des articles concernant le Christ Jésus. L’Église
n’a pas d’autre lumière que celle du Christ ; elle est, selon une image
chère aux Pères de l’Église, comparable à la lune dont toute la lumière est
reflet du soleil.
749 L’article sur
l’Église dépend aussi entièrement de celui sur le Saint-Esprit qui le précède.
" En effet, après avoir montré que l’Esprit Saint est la source et le
donateur de toute sainteté, nous confessons maintenant que c’est Lui qui a doté
l’Église de sainteté " (Catech. R. 1, 10, 1). L’Église est, selon
l’expression des Pères, le lieu " où fleurit l’Esprit " (S.
Hippolyte, trad. ap. 35).
750 Croire que
l’Église est " Sainte " et " Catholique ",
et qu’elle est " Une " et
" Apostolique " (comme l’ajoute le Symbole de
Nicée-Constantinople) est inséparable de la foi en Dieu le Père, le Fils et le
Saint Esprit. Dans le Symbole des apôtres, nous faisons profession de croire
une Église Sainte (" Credo [...] Ecclesiam "), et non
pas en l’Église, pour ne pas confondre Dieu et ses œuvres et pour
attribuer clairement à la bonté de Dieu tous les dons qu’Il a mis
dans son Église (cf. Catech. R. 1, 10, 22).
Paragraphe 1. L’ÉGLISE
DANS LE DESSEIN DE DIEU
I. Les noms et les images
de l’Église
751 Le mot
" Église " [ekklèsia, du grec ek-kalein,
" appeler hors "] signifie
" convocation ". Il désigne des assemblées du peuple (cf.
Ac 19, 39), en général de caractère religieux. C’est le terme fréquemment
utilisé dans l’Ancien Testament grec pour l’assemblée du peuple élu devant
Dieu, surtout pour l’assemblée du Sinaï où Israël reçut la Loi et fut constitué
par Dieu comme son peuple saint (cf. Ex 19). En s’appelant
" Église ", la première communauté de ceux qui croyaient au
Christ se reconnaît héritière de cette assemblée. En elle, Dieu
" convoque " son Peuple de tous les confins de la terre. Le
terme Kyriakè dont sont dérivés church, Kirche, signifie
" celle qui appartient au Seigneur ".
752 Dans le langage
chrétien, le mot " Église " désigne l’assemblée liturgique
(cf. 1 Co 11, 18 ; 14, 19. 28. 34. 35), mais aussi la communauté locale
(cf. 1 Co 1, 2 ; 16, 1) ou toute la communauté universelle des croyants
(cf. 1 Co 15, 9 ; Ga 1, 13 ; Ph 3, 6). Ces trois significations sont
en fait inséparables. " L’Église ", c’est le Peuple que
Dieu rassemble dans le monde entier. Elle existe dans les communautés locales
et se réalise comme assemblée liturgique, surtout eucharistique. Elle vit de la
Parole et du Corps du Christ et devient ainsi elle-même Corps du Christ.
Les symboles de l’Église
753 Dans l’Écriture
Sainte, nous trouvons une foule d’images et de figures liées entre elles, par
lesquelles la révélation parle du mystère inépuisable de l’Église. Les images
prises de l’Ancien Testament constituent des variations d’une idée de fond,
celle du " Peuple de Dieu ". Dans le Nouveau Testament (cf.
Ep 1, 22 ; Col 1, 18), toutes ces images trouvent un nouveau centre par le
fait que le Christ devient " la Tête " de ce peuple (cf. LG
9) qui est dès lors son Corps. Autour de ce centre se sont groupés des images
" tirées soit de la vie pastorale ou de la vie des champs, soit du
travail de construction ou de la famille et des épousailles " (LG 6).
754 " L’Église,
en effet, est le bercail dont le Christ est l’entrée unique et
nécessaire (cf. Jn 10, 1-10). Elle est aussi le troupeau dont Dieu a proclamé
lui-même à l’avance qu’il serait le pasteur (cf. Is 40, 11 ; Ez 34,
11-31), et dont les brebis, quoiqu’elles aient à leur tête des pasteurs humains,
sont cependant continuellement conduites et nourries par le Christ même, Bon
Pasteur et Prince des pasteurs (cf. Jn 10, 11 ; 1 P 5, 4), qui a donné sa
vie pour ses brebis (cf. LG 6 ; Jn 10, 11-15) ".
755 " L’Église
est le terrain de culture, le champ de Dieu (1 Co 3, 9). Dans ce champ
croît l’antique olivier dont les patriarches furent la racine sainte et en
lequel s’opère et s’opérera la réconciliation entre Juifs et Gentils (cf. Rm
11, 13-26). Elle fut plantée par le Vigneron céleste comme une vigne choisie
(cf. Mt 21, 33-43 par. ; cf. Is 5, 1-7). La Vigne véritable, c’est le
Christ : c’est lui qui donne vie et fécondité aux rameaux que nous
sommes : par l’Église nous demeurons en lui, sans qui nous ne pouvons rien
faire (cf. Jn 15, 1-5) " (LG 6).
756 " Bien
souvent aussi, l’Église est dite la construction de Dieu (cf. 1 Co 3,
9). Le Seigneur lui-même s’est comparé à la pierre rejetée par les bâtisseurs
et devenue pierre angulaire (Mt 21, 42 par. ; cf. Ac 4, 11 ; 1 P 2,
7 ; Ps 118, 22). Sur ce fondement, l’Église est construite par les apôtres
(cf. 1 Co 3, 11), et de ce fondement elle reçoit fermeté et cohésion. Cette
construction est décorée d’appellations diverses : la maison de Dieu (cf.
1 Tm 3, 15), dans laquelle habite sa famille, l’habitation de Dieu dans
l’Esprit (cf. Ep 2, 19-22), la demeure de Dieu chez les hommes (cf. Ap 21, 3),
et surtout le temple saint, lequel, représenté par les sanctuaires de
pierres, est l’objet de la louange des saints Pères et comparé à juste titre
dans la liturgie à la Cité sainte, la nouvelle Jérusalem. En effet, nous sommes
en elle sur la terre comme les pierres vivantes qui entrent dans la
construction (cf. 1 P 2, 5). Cette Cité sainte, Jean la contemple descendant du
ciel d’auprès de Dieu à l’heure où se renouvellera le monde, prête comme une
fiancée parée pour son époux (cf. Ap 21, 1-2) "(LG 6).
757 " L’Église
s’appelle encore " la Jérusalem d’en haut " et
" notre mère " (Ga 4, 26 ; cf. Ap 12, 17) ; elle
est décrite comme l’épouse immaculée de l’Agneau immaculé (cf. Ap 19, 7 ;
21, 2. 9 ; 22, 17) que le Christ ‘a aimée, pour laquelle il s’est livré
afin de la sanctifier’ (Ep 5, 26), qu’il s’est associée par un pacte
indissoluble, qu’il ne cesse de ‘nourrir et d’entourer de soins’ (Ep 5,
29) " (LG 6).
II. Origine, fondation et
mission de l’Église
758 Pour scruter le
mystère de l’Église, il convient de méditer d’abord son origine dans le dessein
de la Très Sainte Trinité et sa réalisation progressive dans l’histoire.
Un dessein né dans le
cœur du Père
759 " Le
Père éternel par la disposition absolument libre et mystérieuse de sa sagesse
et de sa bonté a créé l’univers ; il a décidé d’élever les hommes à la
communion de sa vie divine ", à laquelle il appelle tous les hommes
dans son Fils : " Tous ceux qui croient au Christ, le Père a
voulu les appeler à former la sainte Église ". Cette
" famille de Dieu " se constitue et se réalise
graduellement au long des étapes de l’histoire humaine, selon les dispositions
du Père : en effet, l’Église a été " préfigurée dès l’origine du
monde ; elle a été merveilleusement préparée dans l’histoire du peuple
d’Israël et dans l’Ancienne Alliance ; elle a été instituée enfin en ces
temps qui sont les derniers ; elle est manifestée grâce à l’effusion de
l’Esprit Saint et, au terme des siècles, elle sera consommée dans la
gloire " (LG 2).
L’Église – préfigurée dès
l’origine du monde
760 " Le
monde fut créé en vue de l’Église ", disaient les chrétiens des
premiers temps (Hermas, vis. 2, 4, 1 ; cf. Aristide, apol. 16, 6 ;
Justin, apol. 2, 7). Dieu a créé le monde en vue de la communion à sa vie
divine, communion qui se réalise par la " convocation " des
hommes dans le Christ, et cette " convocation ", c’est
l’Église. L’Église est la fin de toutes choses (cf. S. Epiphane, hær. 1, 1,
5 : PG 41, 181C), et les vicissitudes douloureuses elles-mêmes, comme la
chute des Anges et le péché de l’homme, ne furent permises par Dieu que comme
occasion et moyen pour déployer toute la force de son bras, toute la mesure
d’amour qu’il voulait donner au monde :
De même que la volonté de
Dieu est un acte et qu’elle s’appelle le monde, ainsi son intention est le
salut des hommes, et elle s’appelle l’Église (Clément d’Alexandrie, pæd. 1, 6).
L’Église – préparée dans
l’Ancienne Alliance
761 Le rassemblement
du Peuple de Dieu commence à l’instant où le péché détruit la communion des
hommes avec Dieu et celle des hommes entre eux. Le rassemblement de l’Église
est pour ainsi dire la réaction de Dieu au chaos provoqué par le péché. Cette
réunification se réalise secrètement au sein de tous les peuples :
" En toute nation, Dieu tient pour agréable quiconque le craint et
pratique la justice " (Ac 10, 35 ; cf. LG 9 ; 13 ;
16).
762 La préparation lointaine
du rassemblement du Peuple de Dieu commence avec la vocation d’Abraham, à qui
Dieu promet qu’il deviendra le père d’un grand peuple (cf. Gn 12, 2 ; 15,
5-6). La préparation immédiate commence avec l’élection d’Israël comme Peuple
de Dieu (cf. Ex 19, 5-6 ; Dt 7, 6). Par son élection, Israël doit être le
signe du rassemblement futur de toutes les nations (cf. Is 2, 2-5 ; Mi 4,
1-4). Mais déjà les prophètes accusent Israël d’avoir rompu l’alliance et de
s’être comporté comme une prostituée (cf. Os 1 ; Is 1, 2-4 ; Jr
2 ; etc.). Ils annoncent une alliance nouvelle et éternelle (cf. Jr 31,
31-34 ; Is 55, 3). " Cette Alliance Nouvelle, le Christ l’a
instituée " (LG 9).
L’Église – instituée par
le Christ Jésus
763 Il appartient au
Fils de réaliser, dans la plénitude des temps, le plan de salut de son
Père ; c’est là le motif de sa " mission " (cf. LG
3 ; AG 3). " Le Seigneur Jésus posa le commencement de son
Église en prêchant l’heureuse nouvelle, l’avènement du Règne de Dieu promis
dans les Écritures depuis des siècles " (LG 5). Pour accomplir la
volonté du Père, le Christ inaugura le Royaume des cieux sur la terre. L’Église
" est le Règne du Christ déjà mystérieusement présent " (LG
3).
764 " Ce
Royaume brille aux yeux des hommes dans la parole, les œuvres et la présence du
Christ " (LG 5). Accueillir la parole de Jésus, c’est
" accueillir le Royaume lui-même " (ibid.). Le germe et le
commencement du Royaume sont le " petit troupeau " (Lc 12,
32) de ceux que Jésus est venu convoquer autour de lui et dont il est lui-même
le pasteur (cf. Mt 10, 16 ; 26, 31 ; Jn 10, 1-21). Ils constituent la
vraie famille de Jésus (cf. Mt 12, 49). A ceux qu’il a ainsi rassemblés autour
de lui, il a enseigné une " manière d’agir " nouvelle, mais
aussi une prière propre (cf. Mt 5-6).
765 Le Seigneur
Jésus a doté sa communauté d’une structure qui demeurera jusqu’au plein
achèvement du Royaume. Il y a avant tout le choix des Douze avec Pierre comme
leur chef (cf. Mc 3, 14-15). Représentant les douze tribus d’Israël (cf. Mt 19,
28 ; Lc 22, 30) ils sont les pierres d’assise de la nouvelle Jérusalem
(cf. Ap 21, 12-14). Les Douze (cf. Mc 6, 7) et les autres disciples (cf. Lc 10,
1-2) participent à la mission du Christ, à son pouvoir, mais aussi à son sort
(cf. Mt 10, 25 ; Jn 15, 20). Par tous ces actes, le Christ prépare et
bâtit son Église.
766 Mais l’Église
est née principalement du don total du Christ pour notre salut, anticipé dans
l’institution de l’Eucharistie et réalisé sur la Croix. " Le
commencement et la croissance de l’Église sont signifiés par le sang et l’eau
sortant du côté ouvert de Jésus crucifié " (LG 3). " Car
c’est du côté du Christ endormi sur la Croix qu’est né l’admirable sacrement de
l’Église toute entière " (SC 5). De même qu’Eve a été formée du côté
d’Adam endormi, ainsi l’Église est née du cœur transpercé du Christ mort sur la
Croix (cf. S. Ambroise, Luc. 2, 85-89 : PL 15, 1583-1586).
L’Église – manifestée par
l’Esprit Saint
767 " Une
fois achevée l’œuvre que le Père avait chargé son Fils d’accomplir sur la
terre, le jour de Pentecôte, l’Esprit Saint fut envoyé pour sanctifier l’Église
en permanence " (LG 4). C’est alors que " l’Église se
manifesta publiquement devant la multitude et que commença la diffusion de
l’Évangile avec la prédication " (AG 4). Parce qu’elle est
" convocation " de tous les hommes au salut, l’Église est,
par sa nature même, missionnaire envoyée par le Christ à toutes les nations
pour en faire des disciples (cf. Mt 28, 19-20 ; AG 2 ; 5-6).
768 Pour réaliser sa
mission, l’Esprit Saint " équipe et dirige l’Église grâce à la
diversité des dons hiérarchiques et charismatiques " (LG 4).
" Aussi l’Église, pourvue des dons de son fondateur, et fidèlement
appliquée à garder ses préceptes de charité, d’humilité et d’abnégation, reçoit
mission d’annoncer le Royaume du Christ et de Dieu et de l’instaurer dans
toutes les nations ; elle constitue de ce royaume le germe et le
commencement sur terre " (LG 5).
L’Église – consommée dans
la gloire
769 " L’Église
(...) n’aura sa consommation que dans la gloire céleste " (LG 48),
lors du retour glorieux du Christ. Jusqu’à ce jour, " l’Église avance
dans son pèlerinage à travers les persécutions du monde et les consolations de
Dieu " (S. Augustin, civ. 18, 51 ; cf. LG 8). Ici-bas, elle se
sait en exil, loin du Seigneur (cf. 2 Co 5, 6 ; LG 6), et elle aspire à
l’avènement plénier du Royaume, " l’heure où elle sera, dans la
gloire, réunie à son Roi " (LG 5). La consommation de l’Église, et à
travers elle, celle du monde, dans la gloire ne se fera pas sans de grandes
épreuves. Alors seulement, " tous les justes depuis Adam, depuis Abel
le juste jusqu’au dernier élu se trouveront rassemblés dans l’Église
universelle auprès du Père " (LG 2).
III. Le mystère de
l’Église
770 L’Église est
dans l’histoire, mais elle la transcende en même temps. C’est uniquement
" avec les yeux de la foi " (Catech. R. 1, 10, 20) que l’on
peut voir en sa réalité visible en même temps une réalité spirituelle, porteuse
de vie divine.
L’Église – à la fois
visible et spirituelle
771 " Le
Christ, unique médiateur, constitue et continuellement soutient son Église
sainte, communauté de foi, d’espérance et de charité, ici-bas, sur terre, comme
un tout visible par lequel il répand, à l’intention de tous, la vérité et la
grâce ". L’Église est à la fois :
– " société
dotée d’organes hiérarchiques et Corps Mystique du Christ ;
– assemblée visible et
communauté spirituelle ;
– Église terrestre et
Église parée de dons célestes ".
Ces dimensions
constituent ensemble " une seule réalité complexe, faite d’un double
élément humain et divin " (LG 8) :
Il appartient en propre à
l’Église d’être à la fois humaine et divine, visible et riche de réalités
invisibles, fervente dans l’action et occupée à la contemplation, présente dans
le monde et pourtant étrangère. Mais de telle sorte qu’en elle ce qui est
humain est ordonné et soumis au divin ; ce qui est visible, à
l’invisible ; ce qui relève de l’action, à la contemplation ; et ce
qui est présent, à la cité future que nous recherchons (SC 2).
Humilité !
Sublimité ! Tente de Cédar et sanctuaire de Dieu ; habitation
terrestre et céleste palais ; maison d’argile et cour royale ; corps
mortel et temple de lumière ; objet de mépris enfin pour les orgueilleux
et épouse du Christ ! Elle est noire mais belle, filles de Jérusalem,
celle qui, pâlie par la fatigue et la souffrance d’un long exil, a cependant
pour ornement la parure céleste (S. Bernard, Cant. 27, 7, 14 : PL 183,
920D).
L’Église – mystère de
l’union des hommes avec Dieu
772 C’est dans
l’Église que le Christ accomplit et révèle son propre mystère comme le but du
dessein de Dieu : " récapituler tout en Lui " (Ep 1,
10). S. Paul appelle " grand mystère " (Ep 5, 32) l’union
sponsale du Christ et de l’Église. Parce qu’elle est unie au Christ comme à son
Époux (cf. Ep 5, 25-27), l’Église devient elle-même à son tour mystère (cf. Ep
3, 9-11). Contemplant en elle le mystère, S. Paul s’écrit : " Le
Christ en vous, l’espérance de la gloire " (Col 1, 27).
773 Dans l’Église
cette communion des hommes avec Dieu par " la charité qui ne passe
jamais " (1 Co 13, 8) est la fin qui commande tout ce qui en elle est
moyen sacramentel lié à ce monde qui passe (cf. LG 48). " Sa
structure est complètement ordonnée à la sainteté des membres du Christ. Et la
sainteté s’apprécie en fonction du ‘grand mystère’ dans lequel l’Épouse répond
par le don de l’amour au don de l’Époux " (MD 27). Marie nous précède
tous dans la sainteté qui est le mystère de l’Église comme " l’Épouse
sans tâche ni ride " (Ep 5, 27). C’est pourquoi " la
dimension mariale de l’Église précède sa dimension pétrinienne " (MD
27).
L’Église – sacrement
universel du salut
774 Le mot
grec mysterion a été traduit en latin par deux
termes : mysterium et sacramentum. Dans
l’interprétation ultérieure, le terme sacramentum exprime davantage
le signe visible de la réalité cachée du salut, indiquée par le
terme mysterium. En ce sens, le Christ est Lui-même le mystère du
salut : " Non est enim aliud Dei mysterium, nisi
Christus " (" Il n’y a pas d’autre mystère que le
Christ ", S. Augustin, ep. 187, 11, 34 : PL 33, 845). L’œuvre
salvifique de son humanité sainte et sanctifiante est le sacrement du salut qui
se manifeste et agit dans les sacrements de l’Église (que les Églises d’Orient
appellent aussi " les saints mystères "). Les sept
sacrements sont les signes et les instruments par lesquels l’Esprit Saint répand
la grâce du Christ, qui est la Tête, dans l’Église qui est son Corps. L’Église
contient donc et communique la grâce invisible qu’elle signifie. C’est en ce
sens analogique qu’elle est appelée " sacrement ".
775 " L’Église
est, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le
signe et l’instrument de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le
genre humain " (LG 1) : Être le sacrement de l’union intime des
hommes avec Dieu : c’est là le premier but de l’Église. Parce que la
communion entre les hommes s’enracine dans l’union avec Dieu, l’Église est
aussi le sacrement de l’unité du genre humain. En elle, cette unité est
déjà commencée puisqu’elle rassemble des hommes " de toute nation,
race, peuple et langue " (Ap 7, 9) ; en même temps, l’Église est
" signe et instrument " de la pleine réalisation de cette
unité qui doit encore venir.
776 Comme sacrement,
l’Église est instrument du Christ. " Entre ses mains elle est
l’instrument de la Rédemption de tous les hommes " (LG 9),
" le sacrement universel du salut " (LG 48), par lequel le
Christ " manifeste et actualise l’amour de Dieu pour les
hommes " (GS 45, § 1). Elle " est le projet visible de
l’amour de Dieu pour l’humanité " (Paul VI, discours 22 juin 1973)
qui veut " que le genre humain tout entier constitue un seul Peuple
de Dieu, se rassemble dans le Corps unique du Christ, soit construit en un seul
temple du Saint-Esprit " (AG 7 ; cf. LG 17).
EN BREF
777 Le mot
" Église " signifie " convocation ". Il
désigne l’assemblée de ceux que la Parole de Dieu convoque pour former le
Peuple de Dieu et qui, nourris du Corps du Christ, deviennent eux-mêmes Corps
du Christ
778 L’Église est à
la fois chemin et but du dessein de Dieu : préfigurée dans la création,
préparée dans l’Ancienne Alliance, fondée par les paroles et les actions de
Jésus-Christ, réalisée par sa Croix rédemptrice et sa Résurrection, elle est
manifestée comme mystère de salut par l’effusion de l’Esprit Saint. Elle sera
consommée dans la gloire du ciel comme assemblée de tous les rachetés de la
terre (cf. Ap 14, 4).
779 L’Église est à
la fois visible et spirituelle, société hiérarchique et Corps Mystique du
Christ. Elle est une, formée d’un double élément humain et divin. C’est là son
mystère que seule la foi peut accueillir.
780 L’Église est dans
ce monde-ci le sacrement du salut, le signe et l’instrument de la communion de
Dieu et des hommes.
Paragraphe 2. L’ÉGLISE –
PEUPLE DE DIEU, CORPS DU CHRIST, TEMPLE DE L’ESPRIT SAINT
I. L’Église – Peuple de
Dieu
781 " A
toute époque, à la vérité, et en toute nation, Dieu a tenu pour agréable
quiconque le craint et pratique la justice. Cependant, il a plu à Dieu que les
hommes ne reçoivent pas la sanctification et le salut séparément, hors de tout
lien mutuel ; il a voulu au contraire en faire un Peuple qui le
connaîtrait selon la vérité et le servirait dans la sainteté. C’est pourquoi il
s’est choisi le Peuple d’Israël pour être son Peuple avec qui il a fait
alliance et qu’il a progressivement instruit (...). Tout cela cependant n’était
que pour préparer et figurer l’Alliance Nouvelle et parfaite qui serait conclue
dans le Christ (...). C’est la Nouvelle Alliance dans son sang, appelant un
Peuple, venu des Juifs et des païens, à se rassembler dans l’unité, non pas
selon la chair, mais dans l’Esprit " (LG 9).
Les caractéristiques du
Peuple de Dieu
782 Le Peuple de
Dieu a des caractéristiques qui le distinguent nettement de tous les
groupements religieux, ethniques, politiques ou culturels de l’histoire :
– Il est le
Peuple de Dieu : Dieu n’appartient en propre à aucun peuple. Mais Il
s’est acquis un peuple de ceux qui autrefois n’étaient pas un peuple :
" une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte " (1
P 2, 9).
– On
devient membre de ce Peuple non par la naissance physique, mais par
la " naissance d’en haut ", " de l’eau et de
l’Esprit " (Jn 3, 3-5), c’est-à-dire par la foi au Christ et le
Baptême.
– Ce Peuple a
pour Chef [Tête] Jésus le Christ [Oint, Messie] : parce que la
même Onction, l’Esprit Saint, découle de la Tête dans le Corps, il est
" le Peuple messianique ".
–
" La condition de ce Peuple, c’est la dignité de la liberté
des fils de Dieu : dans leurs cœurs, comme dans un temple, réside l’Esprit
Saint ".
–
" Sa loi, c’est le commandement nouveau d’aimer comme le Christ
lui-même nous a aimés (cf. Jn 13, 34) ". C’est la loi
" nouvelle " de l’Esprit Saint (Rm 8, 2 ; Ga 5, 25).
– Sa mission, c’est
d’être le sel de la terre et la lumière du monde (cf. Mt 5, 13-16).
" Il constitue pour tout le genre humain le germe le plus fort
d’unité, d’espérance et de salut ".
– Sa destinée,
enfin, c’est le Royaume de Dieu, commencé sur la terre par Dieu lui-même,
Royaume qui doit se dilater de plus en plus, jusqu’à ce que, à la fin des
temps, il soit achevé par Dieu lui-même " (LG 9).
Un Peuple sacerdotal,
prophétique et royal
783 Jésus-Christ est
celui que le Père a oint de l’Esprit Saint et qu’il a constitué
" Prêtre, Prophète et Roi ". Le Peuple de Dieu tout entier
participe à ces trois fonctions du Christ et il porte les responsabilités de
mission et de service qui en découlent (cf. RH 18-21).
784 En entrant dans
le Peuple de Dieu par la foi et le Baptême, on reçoit part à la vocation unique
de ce Peuple : à sa vocation sacerdotale : " Le
Christ Seigneur, grand prêtre pris d’entre les hommes a fait du Peuple nouveau
‘un royaume, des prêtres pour son Dieu et Père’. Les baptisés, en effet, par la
régénération et l’onction du Saint-Esprit, sont consacrés pour être
une demeure spirituelle et un sacerdoce saint " (LG 10).
785 " Le
Peuple saint de Dieu participe aussi à la fonction prophétique du
Christ ". Il l’est surtout :par le sens surnaturel de la foi qui
est celui du Peuple tout entier, laïcs et hiérarchie, lorsqu’il
" s’attache indéfectiblement à la foi transmise aux saints une fois
pour toutes " (LG 12) et en approfondit l’intelligence et devient
témoin du Christ au milieu de ce monde
786 Le Peuple de
Dieu participe enfin à la fonction royale du Christ. Le Christ exerce
sa royauté en attirant à soi tous les hommes par sa mort et sa Résurrection
(cf. Jn 12, 32). Le Christ, Roi et Seigneur de l’univers, s’est fait le
serviteur de tous, n’étant " pas venu pour être servi, mais pour
servir et pour donner sa vie en rançon pour la multitude " (Mt 20,
28). Pour le chrétien, " régner, c’est le servir " (LG 36),
particulièrement " dans les pauvres et les souffrants, dans lesquels
l’Église reconnaît l’image de son Fondateur pauvre et souffrant " (LG
8). Le Peuple de Dieu réalise sa " dignité royale " en
vivant conformément à cette vocation de servir avec le Christ.
De tous les régénérés
dans le Christ le signe de la Croix fait des rois, l’onction du Saint-Esprit
les consacre comme prêtres, afin que, mis à part le service particulier de
notre ministère, tous les chrétiens spirituels et usant de leur raison se
reconnaissent membres de cette race royale et participants de la fonction
sacerdotale. Qu’y a-t-il, en effet, d’aussi royal pour une âme que de gouverner
son corps dans la soumission à Dieu ? Et qu’y a-t-il d’aussi sacerdotal
que de vouer au Seigneur une conscience pure et d’offrir sur l’autel de son
cœur les victimes sans taches de la piété ? (S. Léon le Grand, serm. 4,
1 : PL 54, 149).
II. L’Église – Corps du
Christ
L’Église est communion
avec Jésus
787 Dès le début,
Jésus a associés ses disciples à sa vie (cf. Mc 1, 16-20 ; 3,
13-19) ; il leur a révélé le mystère du Royaume (cf. Mt 13, 10-17) ;
il leur a donné part à sa mission, à sa joie (cf. Lc 10, 17-20) et à ses
souffrances (cf. Lc 22, 28-30). Jésus parle d’une communion encore plus intime
entre Lui et ceux qui le suivraient : " Demeurez en moi, comme
moi en vous (...). Je suis le cep, vous êtes les sarments " (Jn 15,
4-5). Et Il annonce une communion mystérieuse et réelle entre son propre corps
et le nôtre : " Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en
moi et moi en lui " (Jn 6, 56).
788 Lorsque sa
présence visible leur a été enlevée, Jésus n’a pas laissé orphelins ses
disciples (cf. Jn 14, 18). Il leur a promis de rester avec eux jusqu’à la fin
des temps (cf. Mt 28, 20), il leur a envoyé son Esprit (cf. Jn 20, 22 ; Ac
2, 33). La communion avec Jésus en est devenue, d’une certaine façon, plus
intense : " En communiquant son Esprit à ses frères, qu’il
rassemble de toutes les nations, Il les a constitués mystiquement comme son
corps " (LG 7).
789 La comparaison
de l’Église avec le corps jette une lumière sur le lien intime entre l’Église
et le Christ. Elle n’est pas seulement rassemblée autour de
lui ; elle est unifiée en lui, dans son Corps. Trois
aspects de l’Église – Corps du Christ sont plus spécifiquement à relever :
l’unité de tous les membres entre eux par leur union au Christ ; le Christ
Tête du Corps ; l’Église, Épouse du Christ.
" Un seul
corps "
790 Les croyants qui
répondent à la Parole de Dieu et deviennent membres du Corps du Christ,
deviennent étroitement unis au Christ : " Dans ce corps la vie
du Christ se répand à travers les croyants que les sacrements, d’une manière
mystérieuse et réelle, unissent au Christ souffrant et glorifié " (LG
7). Ceci est particulièrement vrai du Baptême par lequel nous sommes unis à la
mort et à la Résurrection du Christ (cf. Rm 6, 4-5 ; 1 Co 12, 13), et de
l’Eucharistie, par laquelle, " participant réellement au corps du
Christ ", " nous sommes élevés à la communion avec Lui et
entre nous " (LG 7).
791 L’unité du corps
n’abolit pas la diversité des membres : " Dans l’édification du
corps du Christ règne une diversité de membres et de fonctions. Unique est
l’Esprit qui distribue des dons variés pour le bien de l’Église à la mesure de
ses richesses et des exigences des services " . L’unité du Corps
mystique produit et stimule entre les fidèles la charité :
" Aussi un membre ne peut souffrir, que tous les membres ne
souffrent, un membre ne peut être à l’honneur, que tous les membres ne se
réjouissent avec lui " (LG 7). Enfin, l’unité du Corps mystique est
victorieuse de toutes les divisions humaines : " Vous tous, en
effet, baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ ; il n’y a ni
Juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni
femme ; car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus " (Ga
3, 27-28).
" De ce Corps,
le Christ est la Tête "
792 Le Christ
" est la Tête du Corps qui est l’Église " (Col 1, 18). Il
est le Principe de la création et de la rédemption. Élevé dans la gloire du
Père, " Il a en tout la primauté " (Col 1, 18),
principalement sur l’Église par laquelle il étend son règne sur toute
chose :
793 Il nous unit à
sa Pâque : Tous les membres doivent s’efforcer de lui ressembler
" jusqu’à ce que le Christ soit formé en eux " (Ga 4, 19).
" C’est dans ce but que nous sommes introduits dans les mystères de
sa vie, (...) associés à ses souffrances comme le corps à la tête, unis à sa
passion pour être unis à sa gloire " (LG 7).
794 Il pourvoit à
notre croissance (cf. Col 2, 19) : Pour nous faire grandir vers lui,
notre Tête (cf. Ep 4, 11-16), le Christ dispose dans son corps, l’Église, les
dons et les services par lesquels nous nous aidons mutuellement sur le chemin
du salut.
795 Le Christ et
l’Église, c’est donc le " Christ total " (Christus totus).
L’Église est une avec le Christ. Les saints ont une conscience très vive de
cette unité :
Félicitons-nous donc et
rendons grâces de ce que nous sommes devenus, non seulement des chrétiens, mais
le Christ lui-même. Comprenez-vous, frères, la grâce que Dieu nous a faite en
nous donnant le Christ comme Tête ? Soyez dans l’admiration et
réjouissez-vous, nous sommes devenus le Christ. En effet, puisqu’il est la Tête
et que nous sommes les membres, l’homme tout entier, c’est lui et nous (...).
La plénitude du Christ, c’est donc la Tête et les membres ; qu’est-ce à
dire : la Tête et les membres ? Le Christ et l’Église (S. Augustin,
ev. Jo. 21, 8).
Notre Rédempteur s’est
montré comme une seule et même personne que l’Église qu’il a assumée (S.
Grégoire le Grand, mor. præf. 1, 6, 4 : PL 75, 525A).
Tête et membres, une
seule et même personne mystique pour ainsi dire (S. Thomas d’A., s. th. 3, 48,
2, ad 1).
Un mot de Ste Jeanne
d’Arc à ses juges résume la foi des saints Docteurs et exprime le bon sens du
croyant : " De Jésus-Christ et de l’Église, il m’est avis que
c’est tout un, et qu’il n’en faut pas faire difficulté " (Jeanne
d’Arc, proc.).
L’Église est l’Épouse du
Christ
796 L’unité du
Christ et de l’Église, Tête et membres du Corps, implique aussi la distinction
des deux dans une relation personnelle. Cet aspect est souvent exprimé par
l’image de l’époux et de l’épouse. Le thème du Christ Époux de l’Église a été
préparé par les prophètes et annoncé par Jean-Baptiste (cf. Jn 3, 29). Le
Seigneur s’est lui-même désigné comme " l’Époux " (Mc 2,
19 ; cf. Mt 22, 1-14 ; 25, 1-13). L’apôtre présente l’Église et
chaque fidèle, membre de son Corps, comme une Épouse
" fiancée " au Christ Seigneur, pour n’être avec Lui qu’un
seul Esprit (cf. 1 Co 6, 15-16 ; 2 Co 11, 2). Elle estl’Épouse immaculée
de l’Agneau immaculé (cf. Ap 22, 17 ; Ep 1, 4 ; 5, 27) que le Christ
a aimée, pour laquelle Il s’est livré " afin de la
sanctifier " (Ep 5, 26), qu’Il s’est associée par une alliance
éternelle, et dont Il ne cesse de prendre soin comme de son propre Corps (cf.
Ep 5, 29) :
Voilà le Christ total,
Tête et Corps, un seul formé de beaucoup. (...) Que ce soit la Tête qui parle,
que ce soit les membres, c’est le Christ qui parle. Il parle en tenant le rôle
de la Tête (ex persona capitis) ou bien en tenant le rôle du Corps (ex persona
corporis). Selon ce qui est écrit : " Ils seront deux en une
seule chair. C’est là un grand mystère, je veux dire en rapport avec le Christ
et l’Église " (Ep 5, 31-32). Et le Seigneur lui-même dans
l’Évangile : " Non plus deux, mais une seule chair "
(Mt 19, 6). Comme vous l’avez vu, il y a bien en fait deux personnes
différentes, et cependant, elles ne font qu’un dans l’étreinte conjugale.
(...) En tant que Tête il se dit " Époux ", en tant
que Corps il se dit " Épouse " (S. Augustin, Psal. 74,
4).
III. L’Église – Temple de
l’Esprit Saint
797 " Ce
que notre esprit, je veux dire notre âme, est à nos membres, l’Esprit Saint
l’est aux membres du Christ, au Corps du Christ, je veux dire
l’Église " (S. Augustin, serm. 267, 4 : PL 38, 1231D).
" C’est à l’Esprit du Christ comme à un principe caché qu’il faut
attribuer que toutes les parties du Corps soient reliées, aussi bien entre
elles qu’avec leur Tête suprême, puisqu’il réside tout entier dans la Tête,
tout entier dans le Corps, tout entier dans chacun de ses membres "
(Pie XII, Enc. " Mystici Corporis " : DS 3808).
L’Esprit Saint fait de l’Église " le Temple du Dieu
Vivant " (2 Co 6, 16 ; cf. 1 Co 3, 16-17 ; Ep 2, 21) :
C’est à l’Église
elle-même, en effet, qu’a été confié le Don de Dieu. (...) C’est en elle qu’a
été déposée la communion avec le Christ, c’est-à-dire l’Esprit Saint, arrhes de
l’incorruptibilité, confirmation de notre foi et échelle de notre ascension
vers Dieu (...) Car là où est l’Église, là est aussi l’Esprit de Dieu ; et
là où est l’Esprit de Dieu, là est l’Église et toute grâce (S. Irénée, hær. 3,
24, 1).
798 L’Esprit Saint
est " le Principe de toute action vitale et vraiment salutaire en
chacune des diverses parties du Corps " (Pie XII, enc.
" Mystici Corporis " : DS 3808). Il opère de multiples
manières l’édification du Corps tout entier dans la charité (cf. Ep 4,
16) : par la Parole de Dieu, " qui a la puissance de construire
l’édifice " (Ac 20, 32), par le Baptême par lequel il forme le Corps
du Christ (cf. 1 Co 12, 13) ; par les sacrements qui donnent croissance et
guérison aux membres du Christ ; par " la grâce accordée aux
apôtres qui tient la première place parmi ses dons " (LG 7), par les
vertus qui font agir selon le bien, enfin par les multiples grâces spéciales
[appelés " charismes "] par lesquels il rend les fidèles
" aptes et disponibles pour assumer les diverses charges et offices
qui servent à renouveler et à édifier davantage l’Église " (LG 12 ;
cf. AA 3).
Les charismes
799 Extraordinaires ou
simples et humbles, les charismes sont des grâces de l’Esprit Saint qui ont,
directement ou indirectement, une utilité ecclésiale, ordonnés qu’ils sont à
l’édification de l’Église, au bien des hommes et aux besoins du monde.
800 Les charismes sont à
accueillir avec reconnaissance par celui qui les reçoit, mais aussi par tous
les membres de l’Église. Ils sont, en effet, une merveilleuse richesse de grâce
pour la vitalité apostolique et pour la sainteté de tout le Corps du
Christ ; pourvu cependant qu’il s’agisse de dons qui proviennent
véritablement de l’Esprit Saint et qu’ils soient exercés de façon pleinement
conforme aux impulsions authentiques de ce même Esprit, c’est-à-dire selon la
charité, vraie mesure des charismes (cf. 1 Co 13).
801 C’est dans ce sens
qu’apparaît toujours nécessaire le discernement des charismes. Aucun charisme
ne dispense de la référence et de la soumission aux Pasteurs de l’Église.
" C’est à eux qu’il convient spécialement, non pas d’éteindre
l’Esprit, mais de tout éprouver pour retenir ce qui est bon " (LG
12), afin que tous les charismes coopèrent, dans leur diversité et leur
complémentarité, au " bien commun " (1 Co 12, 7) (cf. LG
30 ; CL 24).
EN BREF
802 " Le
Christ Jésus s’est livré pour nous afin de nous racheter de toute iniquité et
de purifier un Peuple qui lui appartienne en propre " (Tt 2,
14).
803 " Vous
êtes donc une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un Peuple
acquis " (1 P 2, 9).
804 On entre dans le
Peuple de Dieu par la foi et le Baptême. " Tous les hommes sont
appelés à faire partie du Peuple de Dieu " (LG 13), afin que, dans le
Christ, " les hommes constituent une seule famille et un seul Peuple
de Dieu " (AG 1).
805 L’Église est le
Corps du Christ. Par l’Esprit et son action dans les sacrements, surtout
l’Eucharistie, le Christ mort et ressuscité constitue la communauté des
croyants comme son Corps.
806 Dans l’unité de
ce Corps, il y a diversité de membres et des fonctions. Tous les membres sont
liés les uns aux autres, particulièrement à ceux qui souffrent, sont pauvres et
persécutés.
807 L’Église est ce
Corps dont le Christ est la Tête : elle vit de Lui, en Lui et pour
Lui ; Il vit avec elle et en elle.
808 L’Église est
l’Épouse du Christ : Il l’a aimée et s’est livré pour elle. Il l’a
purifiée par son sang. Il a fait d’elle la Mère féconde de tous les fils de
Dieu.
809 L’Église est le
Temple de l’Esprit Saint. L’Esprit est comme l’âme du Corps Mystique, principe
de sa vie, de l’unité dans la diversité et de la richesse de ses dons et
charismes.
810 " Ainsi
l’Église universelle apparaît comme ‘un Peuple qui tire son unité de l’unité du
Père et du Fils et de l’Esprit Saint’ (S. Cyprien, Dom. orat. 23 : PL
4, 535C-536A) " (LG 4).
Paragraphe 3. L’ÉGLISE
EST UNE, SAINTE, CATHOLIQUE ET APOSTOLIQUE
811 " C’est
là l’unique Église du Christ, dont nous professons dans le symbole qu’elle est
une, sainte, catholique et apostolique " (LG 8). Ces quatre
attributs, inséparablement liés entre eux (cf. DS 2888), indiquent des traits
essentiels de l’Église et de sa mission. L’Église ne les tient pas
d’elle-même ; c’est le Christ qui, par l’Esprit Saint, donne à son Église,
d’être une, sainte, catholique et apostolique, et c’est Lui encore qui
l’appelle à réaliser chacune de ces qualités.
812 Seule la foi
peut reconnaître que l’Église tient ces propriétés de sa source divine. Mais
leurs manifestations historiques sont des signes qui parlent aussi clairement à
la raison humaine. " L’Église, rappelle le premier Concile du
Vatican, en raison de sa sainteté, de son unité catholique, de sa constance
invaincue, est elle-même un grand et perpétuel motif de crédibilité et une
preuve irréfragable de sa mission divine " (DS 3013).
I. L’Église est une
" Le mystère
sacré de l’Unité de l’Église " (UR 2)
813 L’Église est une
de par sa source : " De ce mystère, le modèle suprême et le
principe est dans la trinité des personnes l’unité d’un seul Dieu Père, et
Fils, en ‘l’Esprit Saint " (UR 2). L’Église est une de par son
Fondateur : " Car le Fils incarné en personne a réconcilié
tous les hommes avec Dieu par sa Croix, rétablissant l’unité de tous en un seul
Peuple et un seul Corps " (GS 78, §3). L’Église est une de par
son " âme " : " L’Esprit Saint qui habite
dans les croyants, qui remplit et régit toute l’Église, réalise cette admirable
communion des fidèles et les unit tous si intimement dans le Christ, qu’il est
le principe de l’Unité de l’Église " (UR 2). Il est donc de l’essence
même de l’Église d’être une :
Quel étonnant
mystère ! Il y a un seul Père de l’univers, un seul Logos de l’univers et
aussi un seul Esprit Saint, partout identique ; il y a aussi une seule
vierge devenue mère, et j’aime l’appeler l’Église (S. Clément d’Alexandrie,
pæd. 1, 6).
814 Dès l’origine,
cette Église une se présente cependant avec une grande diversité qui
provient à la fois de la variété des dons de Dieu et de la multiplicité des
personnes qui les reçoivent. Dans l’unité du Peuple de Dieu se rassemblent les
diversités des peuples et des cultures. Entre les membres de l’Église existe
une diversité de dons, de charges, de conditions et de modes de vie ;
" au sein de la communion de l’Église il existe légitimement des
Églises particulières, jouissant de leurs traditions propres " (LG
13). La grande richesse de cette diversité ne s’oppose pas à l’unité de l’Église.
Cependant, le péché et le poids de ses conséquences menacent sans cesse le don
de l’unité. Aussi l’apôtre doit-il exhorter à " garder l’unité de
l’Esprit par le lien de la paix " (Ep 4, 3).
815 Quels sont ces
liens de l’unité ? " Par-dessus tout [c’est] la charité, qui est
le lien de la perfection " (Col 3, 14). Mais l’unité de l’Église
pérégrinante est assurée aussi par des liens visibles de communion :
– la profession d’une
seule foi reçue des apôtres ;
– la célébration commune
du culte divin, surtout des sacrements ;
– la succession
apostolique par le sacrement de l’ordre, maintenant la concorde fraternelle de
la famille de Dieu (cf. UR 2 ; LG 14 ; ⇒ CIC, can. 205).
816 " L’unique
Église du Christ, (...) est celle que notre Sauveur, après sa Résurrection,
remit à Pierre pour qu’il en soit le pasteur, qu’il lui confia, à lui et aux
autres apôtres, pour la répandre et la diriger (...). Cette Église comme
société constituée et organisée dans le monde est réalisée dans (subsistit in)
l’Église catholique gouvernée par le successeur de Pierre et les évêques qui
sont en communion avec lui " (LG 8) :
Le Décret sur
l’Œcuménisme du deuxième Concile du Vatican explicite : " C’est,
en effet, par la seule Église catholique du Christ, laquelle est ‘moyen général
de salut’, que peut s’obtenir toute la plénitude des moyens de salut. Car c’est
au seul collège apostolique, dont Pierre est le chef, que le Seigneur confia,
selon notre foi, toutes les richesses de la Nouvelle Alliance, afin de
constituer sur la terre un seul Corps du Christ auquel il faut que soient
pleinement incorporés tous ceux qui, d’une certaine façon, appartiennent déjà
au Peuple de Dieu " (UR 3).
Les blessures de l’unité
817 De fait,
" dans cette seule et unique Église de Dieu apparurent dès l’origine
certaines scissions, que l’apôtre réprouve avec vigueur comme
condamnables ; au cours des siècles suivants naquirent des dissensions
plus amples, et des communautés considérables furent séparées de la pleine
communion de l’Église catholique, parfois de par la faute des personnes de
l’une et de l’autre partie " (UR 3). Les ruptures qui blessent
l’unité du Corps du Christ (on distingue l’hérésie, l’apostasie et le schisme
[cf. ⇒ CIC, can. 751]) ne se font pas sans les
péchés des hommes :
Où se trouve le péché, là
aussi la multiplicité, là le schisme, là l’hérésie, là le conflit ; mais
où se trouve la vertu, là aussi l’unité, là l’union qui faisait que tous les
croyants n’avaient qu’un corps et une âme (Origène, hom. in Ezech. 9, 1).
818 Ceux qui
naissent aujourd’hui dans des communautés issues de telles ruptures
" et qui vivent la foi au Christ, ne peuvent être accusés de péché de
division, et l’Église catholique les entoure de respect fraternel et de charité
(...). Justifiés par la foi reçue au Baptême, incorporés au Christ, ils portent
à juste titre le nom de chrétiens, et les fils de l’Église catholique les
reconnaissent à bon droit comme des frères dans le Seigneur " (UR 3).
819 Au surplus,
" beaucoup d’éléments de sanctification et de vérité " (LG
8) existent en dehors des limites visibles de l’Église catholique :
" la parole de Dieu écrite, la vie de la grâce, la foi, l’espérance
et la charité, d’autres dons intérieurs du Saint-Esprit et d’autres éléments
visibles " (UR 3 ; cf. LG 15). L’Esprit du Christ se sert de ces
Églises et communautés ecclésiales comme moyens de salut dont la force vient de
la plénitude de grâce et de vérité que le Christ a confié à l’Église catholique.
Tous ces biens proviennent du Christ et conduisent à lui (cf. UR 3) et
appellent par eux-mêmes " l’unité catholique " (LG 8).
Vers l’unité
820 L’unité,
" le Christ l’a accordée à son Église dès le commencement. Nous
croyons qu’elle subsiste de façon inamissible dans l’Église catholique et nous
espérons qu’elle s’accroîtra de jour en jour jusqu’à la consommation des
siècles " (UR 4). Le Christ donne toujours à son Église le don de
l’unité, mais l’Église doit toujours prier et travailler pour maintenir, renforcer
et parfaire l’unité que le Christ veut pour elle. C’est pourquoi Jésus lui-même
a prié à l’heure de sa passion, et Il ne cesse de prier le Père pour l’unité de
ses disciples : " ... Que tous soient un. Comme Toi, Père, Tu es
en Moi et Moi en Toi, qu’eux aussi soient un en Nous, afin que le monde croie
que Tu M’as envoyé " (Jn 17, 21). Le désir de retrouver l’unité de
tous les chrétiens est un don du Christ et un appel de l’Esprit Saint (cf. UR
1).
821 Pour y répondre
adéquatement sont exigés :
– un renouveau permanent
de l’Église dans une fidélité plus grande à sa vocation. Cette rénovation est
le ressort du mouvement vers l’unité (cf. UR 6) ;
– la conversion du
cœur " en vue de vivre plus purement selon
l’Évangile " (cf. UR 7), car c’est l’infidélité des membres au don du
Christ qui cause les divisions ;
– la prière en
commun, car " la conversion du cœur et la sainteté de vie, unies aux
prières publiques et privées pour l’unité des chrétiens, doivent être regardées
comme l’âme de tout œcuménisme et peuvent être à bon droit appelées œcuménisme
spirituel " (UR 8) ;
– la connaissance
réciproque fraternelle (cf. UR 9) ;
– la formation
œcuménique des fidèles et spécialement des prêtres (cf. UR 10) ;
–
le dialogue entre les théologiens et les rencontres entre les
chrétiens des différentes Églises et communautés (cf. UR 4 ; 9 ;
11) ;
–
la collaboration entre chrétiens dans les divers domaines du service
des hommes (cf. UR 12).
822 Le souci de
réaliser l’union " concerne toute l’Église, fidèles et
pasteurs " (UR 5). Mais il faut aussi " avoir conscience
que ce projet sacré, la réconciliation de tous les chrétiens dans l’unité d’une
seule et unique Église du Christ, dépasse les forces et les capacités
humaines " C’est pourquoi nous mettons tout notre espoir
" dans la prière du Christ pour l’Église, dans l’amour du Père à
notre égard, et dans la puissance du Saint-Esprit " (UR 24).
II. L’Église est sainte
823 " L’Église
(...) est aux yeux de la foi indéfectiblement sainte. En effet le Christ, Fils
de Dieu, qui, avec le Père et l’Esprit, est proclamé ‘seul Saint’, a aimé
l’Église comme son épouse, il s’est livré pour elle afin de la sanctifier, il
se l’est unie comme son Corps et l’a comblée du don de l’Esprit Saint pour la
gloire de Dieu " (LG 39). L’Église est donc " le Peuple
saint de Dieu " (LG 12), et ses membres sont appelés
" saints " (cf. Ac 9, 13 ; 1 Co 6, 1 ; 16, 1).
824 L’Église, unie
au Christ, est sanctifiée par Lui ; par Lui et en Lui elle devient
aussi sanctifiante. " Toutes les œuvres de l’Église tendent
comme à leur fin, à la sanctification des hommes dans le Christ et à la
glorification de Dieu " (SC 10). C’est dans l’Église qu’est déposée
" la plénitude des moyens de salut " (UR 3). C’est en elle
que " nous acquérons la sainteté par la grâce de Dieu " (LG
48).
825 " Sur
terre, l’Église est parée d’une sainteté véritable, bien
qu’imparfaite " (LG 48). En ses membres, la sainteté parfaite est
encore à acquérir : " Pourvue de moyens salutaires d’une telle
abondance et d’une telle grandeur, tous ceux qui croient au Christ, quels que
soient leur condition et leur état de vie, sont appelés par Dieu chacun dans sa
route, à une sainteté dont la perfection est celle même du Père " (LG
11).
826 La charité est
l’âme de la sainteté à laquelle tous sont appelés : " Elle
dirige tous les moyens de sanctification, leur donne leur âme et les conduit à
leur fin " (LG 42) :
Je compris que si
l’Église avait un corps, composé de différents membres, le plus nécessaire, le
plus noble de tous ne lui manquait pas, je compris que l’Église avait un
Cœur, et que ce Cœur était brûlant d’amour. Je compris que l’Amour
seul faisait agir les membres de l’Église, que si l’Amour venait à
s’éteindre, les apôtres n’annonceraient plus l’Évangile, les Martyrs
refuseraient de verser leur sang (...). Je compris que l’Amour renfermait
toutes les vocations, que l’amour était tout, qu’il embrassait tous les temps
et tous les lieux (...) en un mot, qu’il est éternel ! (Ste. Thérèse
de l’Enfant-Jésus, ms. autob. B 3v).
827 " Tandis
que le Christ saint, innocent, sans tache, venu uniquement pour expier les
péchés du peuple, n’a pas connu le péché, l’Église, elle, qui renferme des
pécheurs dans son propre sein, est donc à la fois sainte et appelée à se
purifier, et poursuit constamment son effort de pénitence et de
renouvellement " (LG 8 ; cf. UR 3 ; 6). Tous les membres de
l’Église, ses ministres y compris, doivent se reconnaître pécheurs (cf. 1 Jn 1,
8-10). En tous, l’ivraie du péché se trouve encore mêlée au bon grain de
l’Évangile jusqu’à la fin des temps (cf. Mt 13, 24-30). L’Église rassemble donc
des pécheurs saisis par le salut du Christ mais toujours en voie de
sanctification :
L’Église est sainte tout
en comprenant en son sein des pécheurs, parce qu’elle n’a elle-même d’autre vie
que celle de la grâce : c’est en vivant de sa vie que ses membres se
sanctifient ; c’est en se soustrayant à sa vie qu’ils tombent dans les
péchés et les désordres qui empêchent le rayonnement de sa sainteté. C’est
pourquoi elle souffre et fait pénitence pour ces fautes, dont elle a le pouvoir
de guérir ses enfants par le sang du Christ et le don de l’Esprit Saint (SPF
19).
828 En canonisant certains
fidèles, c’est-à-dire en proclamant solennellement que ces fidèles ont pratiqué
héroïquement les vertus et vécu dans la fidélité à la grâce de Dieu, l’Église
reconnaît la puissance de l’Esprit de sainteté qui est en elle et elle soutient
l’espérance des fidèles en les leur donnant comme modèles et intercesseurs (cf.
LG 40 ; 48-51). " Les saints et les saintes ont toujours été source
et origine de renouvellement dans les moments les plus difficiles de l’histoire
de l’Église " (CL 16, 3). En effet, " la sainteté est la
source secrète et la mesure infaillible de son activité apostolique et de son
élan missionnaire " (CL 17, 3).
829 " En
la personne de la bienheureuse Vierge l’Église atteint déjà à la perfection qui
la fait sans tache ni ride. Les fidèles du Christ, eux, sont encore tendus dans
leur effort pour croître en sainteté par la victoire sur le péché : c’est
pourquoi ils lèvent leurs yeux vers Marie " (LG 65) : en elle,
l’Église est déjà la toute sainte.
III. L’Église est
Catholique
Que veut dire
" catholique " ?
830 Le mot
" catholique " signifie " universel "
dans le sens de " selon la totalité " ou " selon
l’intégralité ". L’Église est catholique dans un double sens :
Elle est catholique parce
qu’en elle le Christ est présent. " Là où est le Christ Jésus, là est
l’Église Catholique " (S. Ignace d’Antioche, Smyrn. 8, 2). En elle
subsiste la plénitude du Corps du Christ uni à sa Tête (cf. Ep 1, 22-23), ce
qui implique qu’elle reçoive de lui " la plénitude des moyens de
salut " (AG 6) qu’Il a voulus : confession de foi droite et
complète, vie sacramentelle intégrale et ministère ordonné dans la succession
apostolique. L’Église était, en ce sens fondamental, catholique au jour de la
Pentecôte (cf. AG 4) et elle le sera toujours jusqu’au jour de la Parousie.
831 Elle est
catholique parce qu’elle est envoyée en mission par le Christ à l’universalité
du genre humain (cf. Mt 28, 19) :
Tous les hommes sont
appelés à faire partie du Peuple de Dieu. C’est pourquoi ce Peuple, demeurant
un et unique, est destiné à se dilater aux dimensions de l’univers entier et à
toute la suite des siècles pour que s’accomplisse ce que s’est proposé la volonté
de Dieu créant à l’origine la nature humaine dans l’unité, et décidant de
rassembler enfin dans l’unité ses fils dispersés (...). Ce caractère
d’universalité qui brille sur le Peuple de Dieu est un don du Seigneur
lui-même, grâce auquel l’Église catholique, efficacement et perpétuellement,
tend à récapituler l’humanité entière avec tout ce qu’elle comporte de biens
sous le Christ chef, dans l’unité de son Esprit (LG 13).
Chaque Église
particulière est " catholique "
832 " L’Église
du Christ est vraiment présente en tous les légitimes groupements locaux de
fidèles qui, unis à leurs pasteurs, reçoivent, dans le Nouveau Testament, eux
aussi, le nom d’Églises (...). En elles, les fidèles sont rassemblés par la
prédication de l’Évangile du Christ, le mystère de la Cène du Seigneur est
célébré (...). Dans ces communautés, si petites et pauvres qu’elles puissent
être souvent ou dispersées, le Christ est présent par la vertu de qui se
constitue l’Église une, sainte, catholique et apostolique " (LG 26).
833 On entend par
Église particulière, qui est d’abord le diocèse (ou l’éparchie), une communauté
de fidèles chrétiens en communion dans la foi et les sacrements avec leur
évêque ordonné dans la succession apostolique (cf. CD 11 ; ⇒ CIC, can. 368-369; CCEO 177, 1 ;
178 ; 311, 1 ; 312). Ces Églises particulières " sont
formées à l’image de l’Église universelle ; c’est en elles et à partir
d’elles qu’existe l’Église catholique une et unique " (LG 23).
834 Les Églises
particulières sont pleinement catholiques par la communion avec l’une d’entre
elles : l’Église de Rome " qui préside à la charité "
(S. Ignace d’Antioche, Rom. 1, 1). " Car avec cette Église, en raison
de son origine plus excellente doit nécessairement s’accorder toute Église,
c’est-à-dire les fidèles de partout " (S. Irénée, hær. 3, 3, 2 :
repris par Cc. Vatican I : DS 3057). " En effet, dès la descente
vers nous du Verbe incarné, toutes les Églises chrétiennes de partout ont tenu
et tiennent la grande Église qui est ici [à Rome] pour unique base et fondement
parce que, selon les promesses mêmes du Sauveur, les portes de l’enfer n’ont
jamais prévalu sur elle " (S. Maxime le Confesseur, opusc. : PG
91, 137-140).
835 " L’Église
universelle ne doit pas être comprise comme une simple somme ou fédération
d’églises particulières. Mais c’est bien plus l’Église, universelle par
vocation et mission, qui prend racine dans une variété de terrains culturels,
sociaux et humains, prenant dans chaque partie du monde des aspects et des
formes d’expression diverses " (EN 62). La riche variété de
disciplines ecclésiastiques, de rites liturgiques, de patrimoines théologiques
et spirituels propres aux Églises locales " montre avec plus d’éclat,
par leur convergence dans l’unité, la catholicité de l’Église
indivise " (LG 23).
Qui appartient à l’Église
catholique ?
836 " A
l’unité catholique du Peuple de Dieu (...) tous les hommes sont appelés ;
à cette unité appartiennent sous diverses formes ou sont ordonnés, et les
fidèles catholiques et ceux qui, par ailleurs, ont foi dans le Christ, et
finalement tous les hommes sans exception que la grâce de Dieu appelle au
salut " (LG 13) :
837 " Sont
incorporés pleinement à la société qu’est l’Église ceux qui, ayant l’Esprit du
Christ, acceptent intégralement son organisation et tous les moyens de salut
institués en elle, et qui, en outre, grâce aux liens constitués par la
profession de foi, les sacrements, le gouvernement ecclésiastique et la communion,
sont unis, dans l’ensemble visible de l’Église, avec le Christ qui la dirige
par le Souverain Pontife et les évêques. L’incorporation à l’Église, cependant,
n’assure pas le salut pour celui qui, faute de persévérer dans la charité,
reste bien ‘de corps’ au sein de l’Église, mais non ‘de cœur’ "(LG
14).
838 " Avec
ceux qui, étant baptisés, portent le beau nom de chrétiens sans professer
pourtant intégralement la foi ou sans garder l’unité de communion avec le
successeur de Pierre, l’Église se sait unie pour de multiples
raisons " (LG 15). " Ceux qui croient au Christ et qui ont
reçu validement le Baptême, se trouvent dans une certaine communion, bien
qu’imparfaite, avec l’Église catholique " (UR 3). Avec les
Églises orthodoxes, cette communion est si profonde " qu’il lui
manque bien peu pour qu’elle atteigne la plénitude autorisant une célébration
commune de l’Eucharistie du Seigneur " (Paul VI, discours 14 décembre
1975 ; cf. UR 13-18).
L’Église et les
non-chrétiens
839 " Quant
à ceux qui n’ont pas encore reçu l’Évangile, sous des formes diverses, eux
aussi sont ordonnés au Peuple de Dieu " (LG 16) :
Le rapport de
l’Église avec le Peuple Juif. L’Église, Peuple de Dieu dans la Nouvelle
Alliance, découvre, en scrutant son propre mystère, son lien avec le Peuple
Juif (cf. NA 4). " à qui Dieu a parlé en premier " (MR,
Vendredi Saint 13 : oraison universelle VI). A la différence des autres
religions non-chrétiennes la foi juive est déjà réponse à la révélation de Dieu
dans l’Ancienne Alliance. C’est au Peuple Juif qu’" appartiennent
l’adoption filiale, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les
promesses et les patriarches, lui de qui est né, selon la chair le
Christ " (Rm 9, 4-5) car " les dons et l’appel de Dieu sont
sans repentance " (Rm 11, 29).
840 Par ailleurs,
lorsque l’on considère l’avenir, le Peuple de Dieu de l’Ancienne Alliance et le
nouveau Peuple de Dieu tendent vers des buts analogues : l’attente de la
venue (ou du retour) du Messie. Mais l’attente est d’un côté du retour du
Messie, mort et ressuscité, reconnu comme Seigneur et Fils de Dieu, de l’autre
de la venue du Messie, dont les traits restent voilés, à la fin des temps,
attente accompagnée du drame de l’ignorance ou de la méconnaissance du Christ
Jésus.
841 Les relations de
l’Église avec les musulmans. " Le dessein de salut enveloppe
également ceux qui reconnaissent le Créateur, en tout premier lieu les
musulmans qui, en déclarant qu’ils gardent la foi d’Abraham, adorent avec nous
le Dieu unique, miséricordieux, juge des hommes au dernier jour " (LG
16 ; cf. NA 3).
842 Le lien de
l’Église avec les religions non-chrétiennes est d’abord celui de l’origine
et de la fin communes du genre humain :
En effet, tous les
peuples forment une seule communauté ; ils ont une seule origine, puisque
Dieu a fait habiter toute la race humaine sur la face de la terre ; ils
ont aussi une seule fin dernière, Dieu, dont la providence, les témoignages de
bonté et les desseins de salut s’étendent à tous, jusqu’à ce que les élus
soient réunis dans la cité sainte (NA 1).
843 L’Église
reconnaît dans les autres religions la recherche, " encore dans les
ombres et sous des images ", du Dieu inconnu mais proche puisque
c’est Lui qui donne à tous vie, souffle et toutes choses et puisqu’il veut que
tous les hommes soient sauvés. Ainsi, l’Église considère tout ce qui peut se
trouver de bon et de vrai dans les religions " comme une préparation
évangélique et comme un don de Celui qui illumine tout homme pour que,
finalement, il ait la vie " (LG 16 ; cf. NA 2 ; EN 53).
844 Mais dans leur
comportement religieux, les hommes montrent aussi des limites et des erreurs
qui défigurent en eux l’image de Dieu :
Bien souvent, trompés par
le malin, ils se sont égarés dans leurs raisonnements, ils ont échangé la
vérité de Dieu contre le mensonge, en servant la créature de préférence au
Créateur ou bien vivant et mourant sans Dieu en ce monde, ils sont exposés à
l’extrême désespoir (LG 16).
845 C’est pour
réunir de nouveau tous ses enfants que le péché a dispersés et égarés que le Père
a voulu convoquer toute l’humanité dans l’Église de son Fils. L’Église est le
lieu où l’humanité doit retrouver son unité et son salut. Elle est
" le monde réconcilié " (S. Augustin, serm. 96, 7, 9 :
PL 38, 588). Elle est ce navire qui " navigue bien en ce monde au
souffle du Saint-Esprit sous la pleine voile de la Croix du
Seigneur " (S. Ambroise, virg. 18, 118 : PL 16, 297B) ;
selon une autre image chère aux Pères de l’Église, elle est figurée par l’Arche
de Noé qui seule sauve du déluge (cf. déjà 1 P 3, 20-21).
" Hors de
l’Église point de salut "
846 Comment faut-il
entendre cette affirmation souvent répétée par les Pères de l’Église ?
Formulée de façon positive, elle signifie que tout salut vient du Christ-Tête
par l’Église qui est son Corps :
Appuyé sur la Sainte
Écriture et sur la Tradition, le Concile enseigne que cette Église en marche
sur la terre est nécessaire au salut. Seul, en effet, le Christ est médiateur
et voie de salut : or, il nous devient présent en son Corps qui est
l’Église ; et en nous enseignant expressément la nécessité de la foi et du
Baptême, c’est la nécessité de l’Église elle-même, dans laquelle les hommes
entrent par la porte du Baptême, qu’il nous a confirmée en même temps. C’est
pourquoi ceux qui refuseraient soit d’entrer dans l’Église catholique, soit d’y
persévérer, alors qu’ils la sauraient fondée de Dieu par Jésus-Christ comme
nécessaire, ceux-là ne pourraient être sauvés (LG 14).
847 Cette
affirmation ne vise pas ceux qui, sans leur faute, ignorent le Christ et son
Église :
En effet, ceux qui, sans
faute de leur part, ignorent l’Évangile du Christ et son Église, mais cherchent
pourtant Dieu d’un cœur sincère et s’efforcent, sous l’influence de sa grâce,
d’agir de façon à accomplir sa volonté telle que leur conscience la leur révèle
et la leur dicte, ceux-là peuvent arriver au salut éternel (LG 16 ; cf. DS
3866-3872).
848 " Bien
que Dieu puisse par des voies connues de lui seul amener à la foi ‘sans
laquelle il est impossible de plaire à Dieu’ (He 11, 6) des hommes qui, sans
faute de leur part, ignorent l’Évangile, l’Église a le devoir en même temps que
le droit sacré d’évangéliser " (AG 7) tous les hommes.
La mission – une exigence
de la catholicité de l’Église
849 Le mandat
missionnaire. " Envoyée par Dieu aux nations pour être le
sacrement universel du salut, l’Église, en vertu des exigences intimes de sa
propre catholicité et obéissant au commandement de son fondateur est tendue de
tout son effort vers la prédication de l’Évangile à tous les hommes "
(AG 1) : " Allez donc, de toutes les nations faites des
disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur
apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec
vous pour toujours, jusqu’à la fin du monde " (Mt 28, 19-20).
850 L’origine et le
but de la mission. Le mandat missionnaire du Seigneur a sa source ultime
dans l’amour éternel de la Très Sainte Trinité : " De par sa
nature, l’Église, durant son pèlerinage sur terre, est missionnaire, puisqu’elle-même
tire son origine de la mission du Fils et de la mission du Saint-Esprit, selon
le dessein de Dieu le Père " (AG 2). Et but dernier de la mission
n’est autre que de faire participer les hommes à la communion qui existe entre
le Père et le Fils dans leur Esprit d’amour (cf. Jean-Paul II, RM 23).
851 Le motif de la
mission.. C’est de l’amour de Dieu pour tous les hommes que
l’Église a de tout temps tiré l’obligation et la force de son élan
missionnaire : " car l’amour du Christ nous
presse... " (2 Co 5, 14 ; cf. AA 6 ; RM 11). En effet,
" Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la
connaissance de la vérité " (1 Tm 2, 4). Dieu veut le salut de tous
par la connaissance de la vérité. Le salut se trouve dans la vérité. Ceux
qui obéissent à la motion de l’Esprit de vérité sont déjà sur le chemin du
salut ; mais l’Église à qui cette vérité a été confiée, doit aller à la
rencontre de leur désir pour la leur apporter. C’est parce qu’elle croit au
dessin universel de salut qu’elle doit être missionnaire.
852 Les chemins de
la mission." L’Esprit Saint est le protagoniste de toute la mission
ecclésiale " (RM 21). C’est lui qui conduit l’Église sur les chemins
de la mission. Celle-ci" continue et développe au cours de l’histoire
la mission du Christ lui-même, qui fut envoyé pour annoncer aux pauvres la
Bonne Nouvelle ; c’est donc par la même route qu’a suivi le Christ
lui-même que, sous la poussée de l’Esprit du Christ, l’Église doit marcher,
c’est-à-dire par la route de la pauvreté, de l’obéissance, du service et de l’immolation
de soi jusqu’à la mort, dont il est sorti victorieux par sa
résurrection " (AG 5). C’est ainsi que " le sang des
martyrs est une semence de chrétiens " (Tertullien, apol. 50).
853 Mais dans son
pèlerinage l’Église fait aussi l’expérience de la " distance qui
sépare le message qu’elle révèle et la faiblesse humaine de ceux auxquels cet
Évangile est confié " (GS 43, § 6). Ce n’est qu’en avançant sur le
chemin " de la pénitence et du renouvellement " (LG
8 ; cf. 15) et " par la porte étroite de la Croix "
(AG 1) que le Peuple de Dieu peut étendre le règne du Christ (cf. RM 12-20). En
effet, " comme c’est dans la pauvreté et la persécution que le Christ
a opéré la Rédemption, l’Église elle aussi est appelée à entrer dans cette même
voie pour communiquer aux hommes les fruits du salut " (LG 8).
854 Par sa mission même
" l’Église fait route avec toute l’humanité et partage le sort
terrestre du monde ; elle est comme le ferment et, pour ainsi dire, l’âme
de la société humaine appelée à être renouvelée dans le Christ et transformée
en famille de Dieu " (GS 40, § 2). L’effort missionnaire exige
donc la patience. Il commence par l’annonce de l’Évangile aux peuples et
aux groupes qui ne croient pas encore au Christ (cf. RM 42-47) ; il se poursuit
dans l’établissement de communautés chrétiennes qui soient des
" signes de la présence de Dieu dans le monde " (AG 15), et
dans la fondation d’Églises locales (cf. RM 48-49) ; il engage un
processus d’inculturation pour incarner l’Évangile dans les cultures des
peuples (cf. RM 52-54) ; il ne manquera pas de connaître aussi des échecs.
" En ce qui concerne les hommes, les groupes humains et les peuples,
l’Église ne les atteint et ne les pénètre que progressivement, et les assume
ainsi dans la plénitude catholique " (AG 6).
855 La mission de
l’Église appelle l’effort vers l’unité des chrétiens (cf. RM 50). En
effet " les divisions entre chrétiens empêchent l’Église de réaliser
la plénitude de catholicité qui lui est propre en ceux de ses fils qui, certes,
lui appartiennent par le Baptême, mais se trouvent séparés de sa pleine
communion. Bien plus, pour l’Église elle-même, il devient plus difficile
d’exprimer sous tous ses aspects la plénitude de la catholicité dans la réalité
même de sa vie " (UR 4).
856 La tâche
missionnaire implique un dialogue respectueux avec ceux qui
n’acceptent pas encore l’Évangile (cf. RM 55). Les croyants peuvent tirer
profit pour eux-mêmes de ce dialogue en apprenant à mieux connaître
" tout ce qui se trouvait déjà de vérité et de grâce chez les nations
comme par une secrète présence de Dieu " (AG 9). S’ils annoncent la
Bonne Nouvelle à ceux qui l’ignorent, c’est pour consolider, compléter et
élever la vérité et le bien que Dieu a répandus parmi les hommes et les
peuples, et pour les purifier de l’erreur et du mal " pour la gloire
de Dieu, la confusion du démon et le bonheur de l’homme " (AG 9).
IV. L’Église est
apostolique
857 L’Église est
apostolique parce qu’elle est fondée sur les apôtres, et ceci en un triple
sens :
– elle a été et demeure
bâtie sur " le fondement des apôtres " (Ep 2, 20 ; Ap
21, 14), témoins choisis et envoyés en mission par le Christ lui-même (cf. Mt
28, 16-20 ; Ac 1, 8 ; 1 Co 9, 1 ; 15, 7-8 ; Ga 1, 1 ;
etc.) ;
– elle garde et transmet,
avec l’aide de l’Esprit qui habite en elle, l’enseignement (cf. Ac 2, 42), le
bon dépôt, les saines paroles entendues des apôtres (cf. 2 Tm 1, 13-14) ;
– elle continue à être
enseignée, sanctifiée et dirigée par les apôtres jusqu’au retour du Christ
grâce à ceux qui leurs succèdent dans leur charge pastorale : le collège
des évêques, " assisté par les prêtres, en union avec le successeur
de Pierre, pasteur suprême de l’Église " (AG 5) :
Père éternel, tu
n’abandonnes pas ton troupeau, mais tu le gardes par tes bienheureux apôtres
sous ta constante protection. Tu le diriges encore par ces mêmes pasteurs qui
continuent aujourd’hui l’œuvre de ton Fils (MR, Préface des apôtres).
La mission des apôtres
858 Jésus est
l’Envoyé du Père. Dès le début de son ministère, il " appela à lui
ceux qu’il voulut, et il en institua Douze pour être avec lui et pour les
envoyer prêcher " (Mc 3, 13-14). Dès lors, ils seront ses
" envoyés " (ce que signifie le mot grec apostoloi).
En eux continue sa propre mission : " Comme le Père m’a envoyé,
moi aussi je vous envoie " (Jn 20, 21 ; cf. 13, 20 ; 17,
18). Leur ministère est donc la continuation de sa propre mission :
" Qui vous accueille, M’accueille ", dit-il aux Douze (Mt
10, 40 ; cf. Lc 10, 16).
859 Jésus les unit à
sa mission reçue du Père : comme " le Fils ne peut rien faire de
Lui-même " (Jn 5, 19. 30), mais reçoit tout du Père qui l’a envoyé,
ainsi ceux que Jésus envoie ne peuvent rien faire sans Lui (cf. Jn 15, 5) de
qui ils reçoivent le mandat de mission et le pouvoir de l’accomplir. Les
apôtres du Christ savent donc qu’ils sont qualifiés par Dieu comme
" ministres d’une alliance nouvelle " (2 Co 3, 6),
" ministres de Dieu " (2 Co 6, 4), " en ambassade
pour le Christ " (2 Co 5, 20), " serviteurs du Christ et
dispensateurs des mystères de Dieu " (1 Co 4, 1).
860 Dans la charge
des apôtres, il y a un aspect intransmissible : être les témoins choisis
de la Résurrection du Seigneur et les fondements de l’Église. Mais il y a aussi
un aspect permanent de leur charge. Le Christ leur a promis de rester avec
eux jusqu’à la fin des temps (cf. Mt 28, 20). " La mission
divine confiée par Jésus aux apôtres est destinée à durer jusqu’à la fin des
siècles, étant donné que l’Évangile qu’ils doivent transmettre est pour
l’Église principe de toute sa vie, pour toute la durée du temps. C’est pourquoi
les apôtres prirent soin d’instituer (...) des successeurs " (LG 20).
Les évêques successeurs
des apôtres
861 " Pour
que la mission qui leur avait été confiée pût se continuer après leur mort, les
apôtres donnèrent mandat, comme par testament, à leurs coopérateurs immédiats
d’achever leur tâche et d’affermir l’œuvre commencée par eux, leur recommandant
de prendre garde au troupeau dans lequel l’Esprit Saint les avait institués
pour paître l’Église de Dieu. Ils instituèrent donc des hommes de ce genre, et
disposèrent par la suite qu’après leur mort d’autres hommes éprouvés
recueilleraient leur ministère " (LG 20 ; cf. S. Clément de
Rome, Cor. 42 ; 44).
862 " De
même que la charge confiée personnellement par le Seigneur à Pierre, le premier
des apôtres, et destinée à être transmise à ses successeurs, constitue une
charge permanente, permanente est également la charge confiée aux apôtres
d’être les pasteurs de l’Église, charge dont l’ordre sacré des évêques doit
assurer la pérennité ". C’est pourquoi l’Église enseigne que
" les évêques, en vertu de l’institution divine, succèdent aux
apôtres, comme pasteurs de l’Église, en sorte que, qui les écoute, écoute le
Christ, qui les rejette, rejette le Christ et celui qui a envoyé le
Christ " (LG 20).
L’apostolat
863 Toute l’Église
est apostolique en tant qu’elle demeure, à travers les successeurs de S. Pierre
et des apôtres, en communion de foi et de vie avec son origine. Toute l’Église
est apostolique en tant qu’elle est " envoyée " dans le
monde entier ; tous les membres de l’Église, toutefois de diverses
manières, ont part à cet envoi. " La vocation chrétienne est aussi
par nature vocation à l’apostolat ". On appelle
" apostolat " " toute activité du Corps
mystique " qui tend à " étendre le règne du Christ à toute
la terre " (AA 2).
864 " Le
Christ envoyé par le Père étant la source et l’origine de tout l’apostolat de
l’Église ", il est évident que la fécondité de l’apostolat, celui des
ministres ordonnés comme celui des laïcs, dépend de leur union vitale avec le
Christ (cf. Jn 15, 5 ; AA 5). Selon les vocations, les appels du temps,
les dons variés du Saint-Esprit, l’apostolat prend les formes les plus
diverses. Mais c’est toujours la charité, puisée surtout dans l’Eucharistie,
" qui est comme l’âme de tout apostolat " (AA 3).
865 L’Église
est une, sainte, catholique et apostolique dans son identité profonde
et ultime, parce que c’est en elle qu’existe déjà et sera accompli à la fin des
temps " le Royaume des cieux ", " le Règne de Dieu "
(cf. Ap 19, 6), advenu dans la Personne du Christ et grandissant
mystérieusement au cœur de ceux qui Lui sont incorporés, jusqu’à sa pleine
manifestation eschatologique. Alors tous les hommes rachetés par Lui,
rendus en lui " saints et immaculés en présence de Dieu dans
l’Amour " (cf. Ep 1, 4), seront rassemblés
comme l’unique Peuple de Dieu, " l’Épouse de
l’Agneau " (Ap 21, 9), " la Cité Sainte descendant du Ciel,
de chez Dieu, avec en elle la Gloire de Dieu " (Ap 21, 10-11) ;
et " le rempart de la ville repose sur les douze assises portant
chacune le nom de l’un des douze apôtres de l’Agneau " (Ap 21,
14).
EN BREF
866 L’Église
est une : Elle a un seul Seigneur, elle confesse une seule foi,
elle naît d’un seul Baptême, elle ne forme qu’un Corps, vivifié par un seul
Esprit, en vue d’une unique espérance (cf. Ep 4, 3-5) au terme de laquelle
seront surmontées toutes les divisions.
867 L’Église
est sainte : Le Dieu très saint est son auteur ; le Christ,
son Époux, s’est livré pour elle pour la sanctifier ; l’Esprit de sainteté
la vivifie. Encore qu’elle comprenne des pécheurs, elle est " la
sans-péché faite de pécheurs ". Dans les saints brille sa
sainteté ; en Marie elle est déjà la toute sainte.
868 L’Église
est catholique : Elle annonce la totalité de la foi ; elle
porte en elle et administre la plénitude des moyens de salut ; elle est
envoyée à tous les peuples ; elle s’adresse à tous les hommes ; elle
embrasse tous les temps ; " elle est, de par sa nature même,
missionnaire " (AG 2).
869 L’Église
est apostolique : Elle est bâtie sur des assises durables :
" les douze apôtres de l’Agneau " (Ap 21, 14) ; elle
est indestructible (cf. Mt 16, 18) ; elle est infailliblement tenue dans
la vérité : le Christ la gouverne par Pierre et les autres apôtres,
présents en leurs successeurs, le Pape et le collège des évêques.
870 " L’unique
Église du Christ, dont nous professons dans le Symbole qu’elle est une, sainte,
catholique et apostolique, (...) c’est dans l’Église catholique qu’elle existe,
gouvernée par le successeur de Pierre et par les évêques qui sont en communion
avec lui, encore que des éléments nombreux de sanctification et de vérité
subsistent hors de ses structures " (LG 8).
Andrea di Bonaiuto, Allégorie
de l’Église militante et triomphante, 1365-1367, Florence, Basilica of Santa Maria Novella
Paragraphe 4. LES FIDELES
DU CHRIST – HIERARCHIE, LAÏCS, VIE CONSACREE
871 " Les
fidèles du Christ sont ceux qui, en tant qu’incorporés au Christ par le
Baptême, sont constitués en peuple de Dieu et qui, pour cette raison,
participant à leur manière à la fonction sacerdotale, prophétique et royale du
Christ, sont appelés à exercer, chacun selon sa condition propre, la mission
que Dieu a confiée à l’Église pour qu’elle l’accomplisse dans le
monde " (⇒ CIC, can. 204, §1; cf. LG 31).
872 " Entre
tous les fidèles du Christ, du fait de leur régénération dans le Christ, il
existe, quant à la dignité et à l’activité, une véritable égalité en vertu de
laquelle tous coopèrent à l’édification du Corps du Christ, selon la condition
et la fonction propre de chacun " (⇒ CIC, can. 208; cf. LG 32).
873 Les différences
mêmes que le Seigneur a voulu mettre entre les membres de son Corps servent son
unité et sa mission. Car " il y a dans l’Église diversité de
ministères, mais unité de mission. Le Christ a confié aux apôtres et à leurs
successeurs la charge d’enseigner, de sanctifier et de gouverner en son nom et
par son pouvoir. Mais les laïcs rendus participants de la charge sacerdotale,
prophétique et royale du Christ assument, dans l’Église et dans le monde, leur
part dans ce qui est la mission du Peuple de Dieu tout entier " (AA
2). Enfin il y a " des fidèles qui appartiennent à l’une et l’autre
catégorie [hiérarchie et laïcs] et qui, par la profession des conseils
évangéliques (...) sont consacrés à Dieu et concourent à la mission salvatrice
de l’Église à leur manière propre " (⇒ CIC, can. 207, § 2).
I. La constitution
hiérarchique de l’Église
Pourquoi le ministère
ecclésial ?
874 Le Christ est
lui-même la source du ministère dans l’Église. Il l’a instituée, lui a donné
autorité et mission, orientation et finalité :
Le Christ Seigneur, pour
assurer au Peuple de Dieu des pasteurs et les moyens de sa croissance, a
institué dans son Église des ministères variés qui tendent au bien de tout le
corps. En effet, les ministres qui disposent du pouvoir sacré, sont au service
de leurs frères, pour que tous ceux qui appartiennent au Peuple de Dieu (...)
parviennent au salut (LG 18).
875 " Comment
croire sans d’abord entendre ? Et comment entendre sans prédicateur ?
Et comment prêcher sans être d’abord envoyé ? " (Rm 10, 14-15).
Personne, aucun individu ni aucune communauté, ne peut s’annoncer à lui-même
l’Évangile. " La foi vient de l’écoute " (Rm 10, 17).
Personne ne peut se donner lui-même le mandat et la mission d’annoncer
l’Évangile. L’envoyé du Seigneur parle et agit non pas par autorité propre,
mais en vertu de l’autorité du Christ ; non pas comme membre de la
communauté, mais parlant à elle au nom du Christ. Personne ne peut se conférer
à lui-même la grâce, elle doit être donnée et offerte. Cela suppose des
ministres de la grâce, autorisés et habilités de la part du Christ. De Lui, les
évêques et les prêtres reçoivent la mission et la faculté (le
" pouvoir sacré ") d’agir in persona Christi Capitis,
les Diacres, la force de servir le peuple de Dieu dans la
" diaconie " de la liturgie, de la parole et de la charité,
en communion avec l’évêque et son presbytérium. Ce ministère, dans lequel les
envoyés du Christ font et donnent par don de Dieu ce qu’ils ne peuvent faire et
donner d’eux-mêmes, la tradition de l’Église l’appelle
" sacrement ". Le ministère de l’Église est conféré par un
sacrement propre.
876 Intrinsèquement
lié à la nature sacramentelle du ministère ecclésial est son caractère de
service. En effet, entièrement dépendant du Christ qui donne mission et
autorité, les ministres sont vraiment " esclaves du
Christ " (Rm 1, 1), à l’image du Christ qui a pris librement pour
nous " la forme d’esclave " (Ph 2, 7). Parce que la parole
et la grâce dont ils sont les ministres ne sont pas les leurs, mais celles du
Christ qui les leurs a confiées pour les autres, ils se feront librement
esclaves de tous (cf. 1 Co 9, 19).
877 De même, il est
de la nature sacramentelle du ministère ecclésial qu’il ait un caractère
collégial. En effet, dès le début de son ministère, le Seigneur Jésus institua
les Douze, " les germes du Nouvel Israël et en même temps l’origine
de la hiérarchie sacrée " (AG 5). Choisis ensemble, ils sont aussi
envoyés ensemble, et leur unité fraternelle sera au service de la communion
fraternelle de tous les fidèles ; elle sera comme un reflet et un
témoignage de la communion des personnes divines (cf. Jn 17, 21-23). Pour cela,
tout évêque exerce son ministère au sein du collège épiscopal, en communion
avec l’évêque de Rome, successeur de S. Pierre et chef du collège ; les
prêtres exercent leur ministère au sein du presbyterium du diocèse, sous la
direction de leur évêque.
878 Enfin il est de
la nature sacramentelle du ministère ecclésial qu’il ait un caractère
personnel. Si les ministres du Christ agissent en communion, ils agissent
toujours aussi de façon personnelle. Chacun est appelé personnellement :
" Toi, suis-moi " (Jn 21, 22 ; cf. Mt 4, 19. 21 ;
Jn 1, 43) pour être, dans la mission commune, témoin personnel, portant
personnellement responsabilité devant Celui qui donne la mission, agissant
" en Sa personne " et pour des personnes :
" Je te baptise au nom du Père... " ; " Je
te pardonne... ".
879 Le ministère
sacramentel dans l’Église est donc un service exercé au nom du Christ. Il a un
caractère personnel et une forme collégiale. Cela se vérifie dans les liens
entre le collège épiscopal et son chef, le successeur de S. Pierre, et dans le
rapport entre la responsabilité pastorale de l’évêque pour son Église
particulière et la sollicitude commune du collège épiscopal pour l’Église
Universelle.
Le collège épiscopal et
son chef, le Pape
880 Le Christ, en
instituant les Douze, " leur donna la forme d’un collège,
c’est-à-dire d’un groupe stable, et mit à leur tête Pierre, choisi parmi
eux " (LG 19). " De même que S. Pierre et les autres
apôtres constituent, de par l’institution du Seigneur, un seul collège
apostolique, semblablement le Pontife romain, successeur de Pierre et les
évêques, successeurs des apôtres, forment entre eux un tout " (LG
22 ; cf. ⇒ CIC, can. 330).
881 Le Seigneur a
fait du seul Simon, auquel Il donna le nom de Pierre, la pierre de son Église.
Il lui en a remis les clefs (cf. Mt 16, 18-19) ; Il l’a institué pasteur
de tout le troupeau (cf. Jn 21, 15-17). " Mais cette charge de lier
et de délier qui a été donnée à Pierre a été aussi donnée, sans aucun doute, au
collège des apôtres unis à leur chef " (LG 22). Cette charge
pastorale de Pierre et des autres apôtres appartient aux fondements de
l’Église. Elle est continuée par les évêques sous la primauté du Pape.
882 Le Pape,
évêque de Rome et successeur de S. Pierre, " est principe perpétuel
et visible et fondement de l’unité qui lie entre eux soit les évêques, soit la
multitude des fidèles " (LG 23). " En effet, le Pontife
romain a sur l’Église, en vertu de sa charge de Vicaire du Christ et de Pasteur
de toute l’Église, un pouvoir plénier, suprême et universel qu’il peut toujours
librement exercer " (LG 22 ; cf. CD 2 ; 9).
883 " Le collège
ou corps épiscopal n’a d’autorité que si on l’entend comme uni au Pontife
romain, comme à son chef ". Comme tel, ce collège est " lui
aussi le sujet d’un pouvoir suprême et plénier sur toute l’Église, pouvoir
cependant qui ne peut s’exercer qu’avec le consentement du Pontife romain "
(LG 22 ; cf. ⇒ CIC, can. 336).
884 " Le
Collège des Évêques exerce le pouvoir sur l’Église tout entière de manière
solennelle dans le Concile Œcuménique " (⇒ CIC, can. 337, §1). " Il n’y a pas
de Concile Œcuménique s’il n’est comme tel confirmé ou tout au moins accepté
par le successeur de Pierre " (LG 22).
885 " Par
sa composition multiple, ce collège exprime la variété et l’universalité du
Peuple de Dieu ; il exprime, par son rassemblement sous un seul chef,
l’unité du troupeau du Christ " (LG 22).
886 " Les évêques sont,
chacun pour sa part, principe et fondement de l’unité dans leurs Églises
particulières " (LG 23). Comme tels ils " exercent leur
autorité pastorale sur la portion du Peuple de Dieu qui leur a été
confiée " (LG 23), assistés des prêtres et des diacres. Mais, comme
membres du collège épiscopal chacun d’entre eux a part à la sollicitude pour
toutes les Églises (cf. CD 3), qu’ils exercent d’abord " en
gouvernant bien leur propre Église comme une portion de l’Église
universelle ", contribuant ainsi " au bien de tout le Corps
mystique qui est aussi le Corps des Églises " (LG 23). Cette
sollicitude s’étendra particulièrement aux pauvres (cf. Ga 2, 10), aux
persécutés pour la foi, ainsi qu’aux missionnaires qui œuvrent sur toute la
terre.
887 Les Églises
particulières voisines et de culture homogène forment des provinces ecclésiastiques
ou des ensembles plus vastes appelés patriarcats ou régions (cf. Canon des
Apôtres 34). Les évêques de ces ensembles peuvent se réunir en synodes ou en
conciles provinciaux. " De même, les Conférences épiscopales peuvent,
aujourd’hui, contribuer de façon multiple et féconde à ce que l’esprit
collégial se réalise concrètement " (LG 23).
La charge d’enseigner
888 Les évêques,
avec les prêtres, leurs coopérateurs, " ont pour première tâche
d’annoncer l’Évangile de Dieu à tous les hommes " (PO 4), selon
l’ordre du Seigneur (cf. Mc 16, 15). Ils sont " les hérauts de la
foi, qui amènent au Christ de nouveaux disciples, les docteurs
authentiques " de la foi apostolique, " pourvus de
l’autorité du Christ " (LG 25).
889 Pour maintenir
l’Église dans la pureté de la foi transmise par les apôtres, le Christ a voulu
conférer à son Église une participation à sa propre infaillibilité, Lui qui est
la Vérité. Par le " sens surnaturel de la foi ", le Peuple
de Dieu " s’attache indéfectiblement à la foi ", sous la
conduite du Magistère vivant de l’Église (cf. LG 12 ; DV 10).
890 La mission du
Magistère est liée au caractère définitif de l’alliance instaurée par Dieu dans
le Christ avec son Peuple ; il doit le protéger des déviations et des
défaillances, et lui garantir la possibilité objective de professer sans erreur
la foi authentique. La charge pastorale du Magistère est ainsi ordonnée à
veiller à ce que le Peuple de Dieu demeure dans la vérité qui libère. Pour
accomplir ce service, le Christ a doté les pasteurs du charisme
d’infaillibilité en matière de foi et de mœurs. L’exercice de ce charisme peut
revêtir plusieurs modalités :
891 " De
cette infaillibilité, le Pontife romain, chef du collège des évêques, jouit du
fait même de sa charge quand, en tant que pasteur et docteur suprême de tous
les fidèles, et chargé de confirmer ses frères dans la foi, il proclame, par un
acte définitif, un point de doctrine touchant la foi et les mœurs (...).
L’infaillibilité promise à l’Église réside aussi dans le corps des évêques quand
il exerce son Magistère suprême en union avec le successeur de
Pierre ", surtout dans un Concile Œcuménique (LG 25 ; cf.
Vatican I : DS 3074). Lorsque par son Magistère suprême, l’Église propose
quelque chose " à croire comme étant révélé par Dieu " (DV
10) et comme enseignement du Christ, " il faut adhérer dans
l’obéissance de la foi à de telles définitions " (LG 25). Cette
infaillibilité s’étend aussi loin que le dépôt lui-même de la Révélation divine
(cf. LG 25).
892 L’assistance
divine est encore donnée aux successeurs des apôtres, enseignant en communion
avec le successeur de Pierre, et, d’une manière particulière, à l’évêque de
Rome, Pasteur de toute l’Église, lorsque, sans arriver à une définition
infaillible et sans se prononcer d’une " manière définitive ",
ils proposent dans l’exercice du Magistère ordinaire un enseignement qui
conduit à une meilleure intelligence de la Révélation en matière de foi et de
mœurs. A cet enseignement ordinaire les fidèles doivent " donner
l’assentiment religieux de leur esprit " (LG 25) qui, s’il se
distingue de l’assentiment de la foi, le prolonge cependant.
La charge de sanctifier
893 L’évêque porte
aussi " la responsabilité de dispenser la grâce du suprême
sacerdoce " (LG 26), en particulier dans l’Eucharistie qu’il offre
lui-même ou dont il assure l’oblation par les prêtres, ses coopérateurs. Car
l’Eucharistie est le centre de la vie de l’Église particulière. L’évêque et les
prêtres sanctifient l’Église par leur prière et leur travail, par le ministère
de la parole et des sacrements. Ils la sanctifient par leur exemple,
" non pas en faisant les seigneurs à l’égard de ceux qui vous sont
échus en partage, mais en devenant les modèles du troupeau " (1 P 5,
3). C’est ainsi " qu’ils parviennent, avec le troupeau qui leur est
confié, à la vie éternelle " (LG 26).
La charge de régir
894 " Les
évêques dirigent leurs Églises particulières comme vicaires et légats du Christ
par leurs conseils, leurs encouragements, leurs exemples, mais aussi par leur
autorité et par l’exercice de leur pouvoir sacré " (LG 27), qu’ils
doivent cependant exercer pour édifier, dans l’esprit de service qui est celui
de leur Maître (cf. Lc 22, 26-27).
895 " Ce
pouvoir qu’ils exercent personnellement au nom du Christ est un pouvoir propre,
ordinaire et immédiat : il est soumis cependant dans son exercice à la
régulation dernière de l’autorité suprême de l’Église " (LG 27). Mais
on ne doit pas considérer les évêques comme des vicaires du Pape dont
l’autorité ordinaire et immédiate sur toute l’Église n’annule pas, mais au
contraire confirme et défend la leur. Celle-ci doit s’exercer en communion avec
toute l’Église sous la conduite du Pape.
896 Le Bon Pasteur
sera le modèle et la " forme " de la charge pastorale de
l’évêque. Conscient de ses faiblesses, " l’évêque peut se montrer
indulgent envers les ignorants et les égarés. Qu’il ne répugne pas à écouter
ceux qui dépendent de lui, les entourant comme de vrais fils (...). Quant aux
fidèles, ils doivent s’attacher à leur évêque comme l’Église à Jésus-Christ et
comme Jésus-Christ à son Père " (LG 27) :
Suivez tous l’évêque,
comme Jésus-Christ [suit] son Père, et le presbytérium comme les apôtres ;
quant aux diacres, respectez-les comme la loi de Dieu. Que personne ne fasse en
dehors de l’évêque rien de ce qui regarde l’Église (S. Ignace d’Antioche,
Smyrn. 8, 1).
II. Les fidèles laïcs
897 " Sous
le nom de laïcs, on entend ici l’ensemble des chrétiens excepté les membres de
l’ordre sacré et de l’état religieux reconnu par l’Église, c’est-à-dire les
chrétiens qui, étant incorporés au Christ par le baptême, intégrés au Peuple de
Dieu, faits participants à leur manière de la fonction sacerdotale, prophétique
et royale du Christ, exercent pour leur part, dans l’Église et dans le monde,
la mission qui est celle de tout le peuple chrétien " (LG 31).
La vocation des laïcs
898 " La
vocation propre des laïcs consiste à chercher le règne de Dieu précisément à
travers la gérance des choses temporelles qu’ils ordonnent selon Dieu (...).
C’est à eux qu’il revient, d’une manière particulière, d’éclairer et d’orienter
toutes les réalités temporelles auxquelles ils sont étroitement unis, de telle
sorte qu’elles se fassent et prospèrent constamment selon le Christ et soient à
la louange du Créateur et Rédempteur " (LG 31).
899 L’initiative des
chrétiens laïcs est particulièrement nécessaire lorsqu’il s’agit de découvrir,
d’inventer des moyens pour imprégner les réalités sociales, politiques,
économiques, les exigences de la doctrine et de la vie chrétiennes. Cette
initiative est un élément normal de la vie de l’Église :
Les fidèles laïcs se
trouvent sur la ligne la plus avancée de la vie de l’Église ; par eux,
l’Église est le principe vital de la société. C’est pourquoi eux surtout
doivent avoir une conscience toujours plus claire, non seulement d’appartenir à
l’Église, mais d’être l’Église, c’est-à-dire la communauté des fidèles sur la
terre sous la conduite du Chef commun, le Pape, et des Évêques en communion
avec lui. Ils sont l’Église (Pie XII, discours 20 février 1946 : cité par
Jean-Paul II, CL 9).
900 Parce que, comme
tous les fidèles, ils sont chargés par Dieu de l’apostolat en vertu du baptême
et de la confirmation, les laïcs sont tenus par l’obligation et jouissent du
droit, individuellement ou groupés en associations, de travailler à ce que le
message divin du salut soit connu et reçu par tous les hommes et par toute la
terre ; cette obligation est encore plus pressante lorsque ce n’est que
par eux que les hommes peuvent entendre l’Évangile et connaître le Christ. Dans
les communautés ecclésiales, leur action est si nécessaire que, sans elle,
l’apostolat des pasteurs ne peut, la plupart du temps, obtenir son plein effet
(cf. LG 33)..
La participation des
laïcs à la charge sacerdotale du Christ
901 " Les
laïcs, en vertu de leur consécration au Christ et de l’onction de l’Esprit
Saint, reçoivent la vocation admirable et les moyens qui permettent à l’Esprit
de produire en eux des fruits toujours plus abondants. En effet, toutes leurs
activités, leurs prières et leurs entreprises apostoliques, leur vie conjugale
et familiale, leurs labeurs quotidiens, leurs détentes d’esprit et de corps,
s’ils sont vécus dans l’Esprit de Dieu, et même les épreuves de la vie, pourvu
qu’elles soient patiemment supportées, tout cela devient ‘offrande spirituelle,
agréable à Dieu par Jésus-Christ’ (1 P 2, 5) ; et dans la célébration
eucharistique, ces offrandes rejoignent l’oblation du Corps du Seigneur pour
être offertes en toute piété au Père. C’est ainsi que les laïcs consacrent à
Dieu le monde lui-même, rendant partout à Dieu dans la sainteté de leur vie un
culte d’adoration " (LG 34 ; cf. LG 10).
902 De façon
particulière, les parents participent de la charge de sanctification
" lorsqu’ils mènent une vie conjugale selon l’esprit chrétien et
procurent à leurs enfants une éducation chrétienne " (⇒ CIC, can. 835, § 4).
903 Les laïcs, s’ils
ont les qualités requises, peuvent être admis de manière stable aux ministères
de lecteurs et d’acolyte (cf. ⇒ CIC, can. 230, § 1). " Là où le
besoin de l’Église le demande par défaut de ministres, les laïcs peuvent aussi,
même s’ils ne sont ni lecteurs ni acolytes, suppléer à certaines de leurs
fonctions, à savoir exercer le ministère de la parole, présider les prières
liturgiques, conférer le baptême et distribuer la sainte communion, selon les
dispositions du droit " (⇒ CIC, can. 230, § 3).
Leur participation à la
charge prophétique du Christ
904 " Le
Christ (...) accomplit sa fonction prophétique non seulement par la hiérarchie
(...) mais aussi par les laïcs dont il fait pour cela des témoins en les
pourvoyant du sens de la foi et de la grâce de la parole " (LG
35) :
Enseigner quelqu’un pour
l’amener à la foi est la tâche de chaque prédicateur et même de chaque croyant
(S. Thomas d’A., s. th. 3 71, 4, ad 3).
905 Leur mission
prophétique, les laïcs l’accomplissent aussi par l’évangélisation,
" c’est-à-dire l’annonce du Christ faite par le témoignage de la vie
et par la parole ". Chez les laïcs, " cette action
évangélisatrice (...) prend un caractère spécifique et une particulière
efficacité du fait qu’elle s’accomplit dans les conditions communes du
siècle " (LG 35) :
Cet apostolat ne consiste
pas dans le seul témoignage de la vie : le véritable apôtre cherche les
occasions d’annoncer le Christ par la parole, soit aux incroyants (...), soit
aux fidèles (AA 6 ; cf. AG 15).
906 Ceux d’entre les
fidèles laïcs qui en sont capables et qui s’y forment peuvent aussi prêter leur
concours à la formation catéchétique (cf. ⇒ CIC, can. 774; ⇒ 776; ⇒ 780), à l’enseignement des sciences sacrées
(cf. ⇒ CIC, can. 229), aux moyens de communication
sociale (cf. ⇒ CIC, can. 823, § 1).
907 " Selon
le devoir, la compétence et le prestige dont ils jouissent, ils ont le droit et
même parfois le devoir de donner aux Pasteurs sacrés leur opinion sur ce qui
touche le bien de l’Église et de la faire connaître aux autres fidèles, restant
sauves l’intégrité de la foi et des mœurs et la révérence due aux pasteurs, et
tenant compte de l’utilité commune et de la dignité des personnes " (⇒ CIC, can. 212, § 3).
Leur participation à la
charge royale du Christ
908 Par son
obéissance jusqu’à la mort (cf. Ph 2, 8-9), le Christ a communiqué à ses
disciples le don de la liberté royale, " pour qu’ils arrachent au
péché son empire en eux-mêmes par leur abnégation et la sainteté de leur
vie " (LG 36) :
Celui qui soumet son
propre corps et régit son âme, sans se laisser submerger par les passions est
son propre maître : il peut être appelé roi parce qu’il est capable de
régir sa propre personne ; il est libre et indépendant et ne se laisse
captiver par un esclavage coupable (S. Ambroise, Psal. 118, 14, 30 : PL
15, 1403A).
909 " Que
les laïcs, en outre, unissant leurs forces, apportent aux institutions et aux
conditions de vie dans le monde, quand elles provoquent au péché, les
assainissements convenables, pour qu’elles deviennent toutes conformes aux
règles de la justice et favorisent l’exercice de la vertu au lieu d’y faire
obstacle. En agissant ainsi ils imprègnent de valeur morale la culture et les œuvres
humaines " (LG 36).
910 " Les
laïcs peuvent aussi se sentir appelés ou être appelés à collaborer avec les
pasteurs au service de la communauté ecclésiale, pour la croissance et la vie
de celle-ci, exerçant des ministères très diversifiés, selon la grâce et les
charismes que le Seigneur voudra bien déposer en eux " (EN 73).
911 Dans l’Église,
" les fidèles laïcs peuvent coopérer selon le droit à l’exercice du
pouvoir de gouvernement " (⇒ CIC, can. 129, § 2). Ainsi de leur présence
dans les Conseils particuliers (can. 443, § 4), les Synodes diocésains (can.
463, §§ 1. 2), les Conseils pastoraux (can. 511 ; 536) ; dans
l’exercice de la charge pastorale d’une paroisse (can. 517, § 2) ; la collaboration
aux Conseils des affaires économiques (can. 492, § 1 ; 536) ; la
participation aux tribunaux ecclésiastiques (can. 1421, § 2), etc.
912 Les fidèles
doivent " distinguer avec soin entre les droits et devoirs qui leur
incombent en tant que membres de l’Église et ceux qui leur reviennent comme
membres de la société humaine. Qu’ils s’efforcent d’accorder harmonieusement
les uns et les autres entre eux, se souvenant que la conscience chrétienne doit
être leur guide en tous domaines temporels, car aucune activité humaine,
fut-elle d’ordre temporel, ne peut être soustraite à l’empire de
Dieu " (LG 36).
913 " Ainsi
tout laïc, en vertu des dons qui lui ont été faits, constitue un témoin et en
même temps un instrument vivant de la mission de l’Église elle-même ‘à la
mesure du don du Christ’ (Ep 4, 7) " (LG 33).
III. La vie consacrée
914 " L’état
de vie constitué par la profession des conseils évangéliques, s’il ne concerne
pas la structure hiérarchique de l’Église, appartient cependant sans conteste à
sa vie et à sa sainteté " (LG 44).
Conseils évangéliques,
vie consacrée
915 Les conseils
évangéliques sont, dans leur multiplicité, proposés à tout disciple du Christ.
La perfection de la charité à laquelle tous les fidèles sont appelés comporte
pour ceux qui assument librement l’appel à la vie consacrée, l’obligation de
pratiquer la chasteté dans le célibat pour le Royaume, la pauvreté et
l’obéissance. C’est la profession de ces conseils dans un état de vie
stable reconnu par l’Église, qui caractérise la " vie
consacrée " à Dieu (cf. LG 42-43 ; PC 1).
916 L’état de la vie
consacrée apparaît dès lors comme l’une des manières de connaître une
consécration " plus intime ", qui s’enracine dans le
Baptême et dédie totalement à Dieu (cf. PC 5). Dans la vie consacrée, les
fidèles du Christ se proposent, sous la motion de l’Esprit Saint, de suivre le
Christ de plus près, de se donner à Dieu aimé par-dessus tout et, poursuivant
la perfection de la charité au service du Royaume, de signifier et d’annoncer
dans l’Église la gloire du monde à venir (cf. ⇒ CIC, can. 573).
Un grand arbre, de
multiples rameaux
917 " Comme
un arbre qui se ramifie de façons admirables et multiples dans le champ du
Seigneur, à partir d’un germe semé par Dieu, ainsi se développèrent des formes
variées de vie solitaire ou commune, des familles diverses dont le capital
spirituel profite à la fois aux membres de ces familles et au bien de tout le
Corps du Christ " (LG 43).
918" Dès les
origines de l’Église, il y eut des hommes et des femmes qui voulurent, par la
pratique des conseils évangéliques, suivre plus librement le Christ et l’imiter
plus fidèlement et qui, chacun à sa manière, menèrent une vie consacrée à Dieu.
Beaucoup parmi eux, sous l’impulsion du Saint-Esprit, vécurent dans la
solitude, ou bien fondèrent des familles religieuses que l’Église accueillit
volontiers et approuva de son autorité " (PC 1).
919 Les évêques
s’efforceront toujours de discerner les nouveaux dons de vie consacrée confiés
par l’Esprit Saint à son Église ; l’approbation de nouvelles formes de vie
consacrée est réservée au Siège Apostolique (cf. ⇒ CIC, can. 605).
La vie érémitique
920 Sans toujours
professer publiquement les trois conseils évangéliques, les ermites,
" dans un retrait plus strict du monde, dans le silence de solitude,
dans la prière assidue et la pénitence, vouent leur vie à la louange de Dieu et
au salut du monde " (⇒ CIC, can. 603, § 1).
921 Ils montrent à
chacun cet aspect intérieur du mystère de l’Église qu’est l’intimité personnelle
avec le Christ. Cachée aux yeux des hommes, la vie de l’ermite est prédication
silencieuse de Celui auquel il a livré sa vie, parce qu’Il est tout pour lui.
C’est là un appel particulier à trouver au désert, dans le combat spirituel
même, la gloire du Crucifié.
Les vierges et les veuves
consacrées
922 Dès les temps
apostoliques, des vierges (cf. 1 Co 7, 34-36) et des veuves chrétiennes (cf.
Jean-Paul II, exh. ap. Vita Consecrata, 7), appelées par le Seigneur à
s’attacher à Lui sans partage dans une plus grande liberté de cœur, de corps et
d’esprit, ont pris la décision, approuvée par l’Église, de vivre,
respectivement, dans l’état de la virginité ou de la chasteté perpétuelle
" à cause du Royaume des cieux " (Mt 19, 12).
923 " Exprimant
le propos sacré de suivre le Christ de plus près, [des vierges] sont consacrées
à Dieu par l’évêque diocésain selon le rite liturgique approuvé, sont épousées
mystiquement par le Christ Fils de Dieu et sont vouées au service de
l’Église " (⇒ CIC, can. 604, § 1). Par ce rite solennel
(Consecratio virginum), " la vierge est constituée personne
consacrée, " signe transcendant de l’amour de l’Église envers le
Christ, image eschatologique de cette Épouse du Ciel et de la vie
future " (OCV prænotanda 1).
924 " Proche
des autres formes de vie consacrée " (⇒ CIC, can. 604, § 1), l’ordre des vierges
établit la femme vivant dans le monde (ou la moniale) dans la prière, la
pénitence, le service de ses frères et le travail apostolique, selon l’état et
les charismes respectifs offerts à chacune (OCV prænotanda 2). Les vierges
consacrées peuvent s’associer pour garder plus fidèlement leur propos
(cf. ⇒ CIC, can. 604, § 2).
La vie religieuse
925 Née en Orient
dans les premiers siècles du christianisme (cf. UR 15) et vécue dans les
instituts canoniquement érigés par l’Église (cf. ⇒ CIC, can. 573), la vie religieuse se
distingue des autres formes de la vie consacrée par l’aspect cultuel, la
profession publique des conseils évangéliques, la vie fraternelle menée en
commun, le témoignage rendu à l’union du Christ et de l’Église (cf. ⇒ CIC, can. 607).
926 La vie
religieuse relève du mystère de l’Église. Elle est un don que l’Église reçoit
de son Seigneur et qu’elle offre comme un état de vie stable au fidèle appelé
par Dieu dans la profession des conseils. Ainsi l’Église peut-elle à la fois
manifester le Christ et se reconnaître Épouse du Sauveur. La vie religieuse est
invitée à signifier, sous ses formes variées, la charité même de Dieu, dans le
langage de notre temps.
927 Tous les
religieux, exempts ou non (cf. ⇒ CIC, can. 591), prennent place parmi les
coopérateurs de l’évêque diocésain dans sa charge pastorale (cf. CD 33-35).
L’implantation et l’expansion missionnaire de l’Église requièrent la présence
de la vie religieuse sous toutes ses formes dès les débuts de l’évangélisation
(cf. AG 18 ; 40). " L’histoire atteste les grands mérites des
familles religieuses dans la propagation de la foi et dans la formation de
nouvelles Églises, depuis les antiques Institutions monastiques et les Ordres
médiévaux jusqu’aux Congrégations modernes " (Jean-Paul II, RM 69).
Les instituts séculiers
928 " L’institut
séculier est un institut de vie consacrée où les fidèles vivant dans le monde
tendent à la perfection de la charité et s’efforcent de contribuer surtout de
l’intérieur à la sanctification du monde " (⇒ CIC, can. 710).
929 Par une
" vie parfaitement et entièrement consacrée à [cette]
sanctification " (Pie XII, const. ap. " Provida
Mater "), les membres de ces instituts participent à la tâche
d’évangélisation de l’Église, " dans le monde et à partir du
monde ", où leur présence agit " à la manière d’un
ferment " (PC 11). Leur témoignage de vie chrétienne vise à ordonner
selon Dieu les réalités temporelles et pénétrer le monde de la force de
l’Évangile. Ils assument par des liens sacrés les conseils évangéliques et
gardent entre eux la communion et la fraternité propres à leur mode de vie
séculier (cf. ⇒ CIC, can. 713).
Les sociétés de vie
apostolique
930 Au côté des
formes diverses de vie consacrée " prennent place les sociétés de vie
apostolique dont les membres, sans les vœux religieux, poursuivent la fin
apostolique propre de leur société et, menant la vie fraternelle en commun,
tendent, selon leur mode de vie propre, à la perfection de la charité par
l’observation des constitutions. Il y a parmi elles des sociétés dont les
membres assument les conseils évangéliques ", selon leurs
constitutions (⇒ CIC, can. 731, §§ 1. 2).
Consécration et
mission : annoncer le Roi qui vient
931 Livré à Dieu
suprêmement aimé, celui que le Baptême avait déjà voué à Lui se trouve ainsi
consacré plus intimement au service divin et dédié au bien de l’Église. Par
l’état de consécration à Dieu, l’Église manifeste le Christ et montre comment
l’Esprit Saint agit en elle de façon admirable. Ceux qui professent les
conseils évangéliques ont donc d’abord pour mission de vivre leur consécration.
Mais puisqu’ils se vouent au service de l’Église en vertu même de leur
consécration, ils sont tenus par obligation de travailler de manière spéciale à
l’œuvre missionnaire, selon le mode propre à leur Institut " (⇒ CIC, can. 783; cf. RM 69).
932 Dans l’Église
qui est comme le sacrement, c’est-à-dire le signe et l’instrument de la vie de
Dieu, la vie consacrée apparaît comme un signe particulier du mystère de la
Rédemption. Suivre et imiter le Christ " de plus près ",
manifester " plus clairement " son anéantissement, c’est se
trouver " plus profondément " présent, dans le cœur du
Christ, à ses contemporains. Car ceux qui sont dans cette voie " plus
étroite " stimulent leurs frères par leur exemple, ils rendent ce
témoignage éclatant " que le monde ne peut être transfiguré et offert
à Dieu sans l’esprit des béatitudes " (LG 31).
933 Que ce
témoignage soit public, comme dans l’état religieux, ou plus discret, ou même
secret, la venue du Christ demeure pour tous les consacrés l’origine et
l’orient de leur vie :
Comme le Peuple de Dieu
n’a pas ici-bas de cité permanente, [cet état] (...) manifeste pour tous les
croyants la présence, déjà dans ce siècle, des biens célestes ; il
témoigne de la vie nouvelle et éternelle acquise par la Rédemption du Christ,
il annonce la résurrection future et la gloire céleste (LG 44).
EN BREF
934 " D’institution
divine, il y a dans l’Église parmi les fidèles des ministres sacrés, qui en
droit sont aussi appelés clercs ; quant aux autres, ils sont nommés
laïcs ". Il y a enfin des fidèles qui appartiennent à l’une et
l’autre catégorie et qui, par la profession des conseils évangéliques, se sont
consacrés à Dieu et servent ainsi la mission de l’Église (⇒ CIC, can. 207, § 1. 2).
935 Pour annoncer la
foi et pour implanter son Règne, le Christ envoie ses apôtres et leurs
successeurs. Il leur donne part à sa mission. De lui ils reçoivent le pouvoir
d’agir en sa personne.
936 Le Seigneur a
fait de S. Pierre le fondement visible de son Église. Il lui en a remis les
clefs. L’évêque de l’Église de Rome, successeur de S. Pierre, est
" le chef du Collège des Évêques, Vicaire du Christ et Pasteur de
l’Église toute entière sur cette terre " (⇒ CIC, can. 331).
937 Le Pape
" jouit, par institution divine, du pouvoir suprême, plénier,
immédiat, universel pour la charge des âmes " (CD 2).
938 Les évêques,
établis par l’Esprit Saint, succèdent aux apôtres. Ils sont, " chacun
pour sa part, principe visible et fondement de l’unité dans leurs Églises
particulières " (LG 23).
939 Aidés des
prêtres, leurs coopérateurs, et des diacres, les évêques ont la charge
d’enseigner authentiquement la foi, de célébrer le culte divin, surtout
l’Eucharistie, et de diriger leur Église en vrais pasteurs. A leur charge
appartient aussi le souci de toutes les Églises, avec et sous le Pape.
940 " Le
propre de l’état des laïcs étant de mener leur vie au milieu du monde et des
affaires profanes, ils sont appelés par Dieu à exercer leur apostolat dans le
monde à la manière d’un ferment, grâce à la vigueur de leur esprit
chrétien " (AA 2).
941 Les laïcs
participent au sacerdoce du Christ : de plus en plus unis à Lui, ils
déploient la grâce du Baptême et de la Confirmation dans toutes les dimensions
de la vie personnelle, familiale, sociale et ecclésiale, et réalisent ainsi
l’appel à la sainteté adressé à tous les baptisés.
942 Grâce à leur
mission prophétique les laïcs " sont aussi appelés à être, en toute
circonstance et au cœur même de la communauté humaine, les témoins du
Christ " (GS 43, § 4).
943 Grâce à leur
mission royale, les laïcs ont le pouvoir d’arracher au péché son empire en
eux-mêmes et dans le monde par leur abnégation et la sainteté de leur vie (cf.
LG 36).
944 La vie consacrée
à Dieu se caractérise par la profession publique des conseils évangéliques de
pauvreté, de chasteté et d’obéissance dans un état de vie stable reconnu par
l’Église.
945 Livré à Dieu
suprêmement aimé, celui que le Baptême avait déjà destiné à Lui se trouve, dans
l’état de vie consacrée, voué plus intimement au service divin et dédié au bien
de toute l’Église.
Paragraphe 5. LA
COMMUNION DES SAINTS
946 Après avoir
confessé " la sainte Église catholique ", le Symbole des
apôtres ajoute " la communion des saints ". Cet article
est, d’une certaine façon, une explicitation du précédent :
" Qu’est-ce que l’Église sinon l’assemblée de tous les
saints ? " (Nicétas, symb. 10 : PL 52, 871B). La communion
des saints est précisément l’Église.
947 " Puisque
tous les croyants forment un seul corps, le bien des uns est communiqué aux
autres (...) Il faut de la sorte croire qu’il existe une communion des biens
dans l’Église. Mais le membre le plus important est le Christ, puisqu’Il est la
tête (...) Ainsi, le bien du Christ est communiqué à tous les membres, et cette
communication se fait par les sacrements de l’Église " (S. Thomas
d’A., symb. 13). " Comme cette Église est gouvernée par un seul et
même Esprit, tous les biens qu’elle a reçus deviennent nécessairement un fonds
commun " (Catech. R. 1, 10, 24).
948 Le terme
" communion des saints " a dès lors deux significations,
étroitement liées : " communion aux choses
saintes, sancta " et " communion entre les personnes
saintes, sancti ".
" Sancta
sanctis ! (Ce qui est saint pour ceux qui sont saints) " est
proclamé par le célébrant dans la plupart des liturgies orientales lors de
l’élévation des saints Dons avant le service de la communion. Les fidèles
(sancti) sont nourris du Corps et du Sang du Christ (sancta) afin de croître
dans la communion de l’Esprit Saint (Koinônia) et de la communiquer au monde.
I. La communion des biens
spirituels
949 Dans la
communauté primitive de Jérusalem, les disciples " se montraient
assidus à l’enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la
fraction du pain et aux prières " (Ac 2, 42) :
La communion dans la
foi. La foi des fidèles est la foi de l’Église reçue des apôtres,
trésor de vie qui s’enrichit en étant partagé.
950 La communion
des sacrements. " Le fruit de tous les sacrements appartient à
tous. Car les sacrements, et surtout le Baptême qui est comme la porte par
laquelle les hommes entrent dans l’Église, sont autant de liens sacrés qui les
unissent tous et les attachent à Jésus-Christ. La communion des saints, c’est
la communion des sacrements (...). Le nom de communion peut s’appliquer à
chacun d’eux, car chacun d’eux nous unit à Dieu (...). Mais ce nom convient
mieux à l’Eucharistie qu’à tout autre, parce que c’est elle principalement qui
consomme cette communion " (Catech. R. 1, 10, 24).
951 La communion
des charismes : Dans la communion de l’Église, l’Esprit Saint
" distribue aussi parmi les fidèles de tous ordres (...) les grâces
spéciales " pour l’édification de l’Église (LG 12). Or, " à
chacun la manifestation de l’Esprit est donnée en vue du bien
commun " (1 Co 12, 7).
952 " Ils
mettaient tout en commun " (Ac 4, 32) : " Tout ce
que le vrai chrétien possède, il doit le regarder comme un bien qui lui est
commun avec tous, et toujours il doit être prêt et empressé à venir au secours
de l’indigent et de la misère du prochain " (Catech. R. 1, 10, 27).
Le chrétien est un administrateur des biens du Seigneur (cf. Lc 16, 1. 3).
953 La communion
de la charité : dans la sanctorum communio " nul
d’entre nous ne vit pour soi-même, comme nul ne meurt pour soi-même "
(Rm 14, 7). " Un membre souffre-t-il ? tous les membres
souffrent avec lui. Un membre est-il à l’honneur ? tous les membres
prennent part à sa joie. Or vous êtes le Corps du Christ, et membres chacun pour
sa part " (1 Co 12, 26-27). " La charité ne cherche pas ce
qui est à elle " (1 Co 13, 5 ; cf. 10, 24). Le moindre de nos
actes fait dans la charité retentit au profit de tous, dans cette solidarité
avec tous les hommes, vivants ou morts, qui se fonde sur la communion des
saints. Tout péché nuit à cette communion.
II. La communion de
l’Église du ciel et de la terre
954 Les trois états
de l’Église. " En attendant que le Seigneur soit venu dans sa
majesté accompagné de tous les anges et que la mort détruite, tout lui soit
soumis, les uns parmi ses disciples continuent sur terre leur pèlerinage ;
d’autres, ayant achevé leur vie, se purifient encore ; d’autres enfin sont
dans la gloire contemplant ‘dans la pleine lumière, tel qu’il est, le Dieu un en
trois Personnes’ " (LG 49) :
Tous cependant, à des
degrés divers et sous des formes diverses, nous communions dans la même charité
envers Dieu et envers le prochain, chantant à notre Dieu le même hymne de
gloire. En effet, tous ceux qui sont du Christ et possèdent son Esprit,
constituent une seule Église et se tiennent mutuellement comme un tout dans le
Christ (LG 49).
955 " L’union
de ceux qui sont encore en chemin avec leurs frères qui se sont endormis dans
la paix du Christ ne connaît pas la moindre intermittence ; au contraire,
selon la foi constante de l’Église, cette union est renforcée par l’échange des
biens spirituels " (LG 49).
956 L’intercession
des saints. " Étant en effet plus intimement liés avec le
Christ, les habitants du ciel contribuent à affermir plus solidement l’Église
en sainteté (...). Ils ne cessent d’intercéder pour nous auprès du Père,
offrant les mérites qu’ils ont acquis sur terre par l’unique Médiateur de Dieu
et des hommes, le Christ Jésus (...). Ainsi leur sollicitude fraternelle est du
plus grand secours pour notre infirmité " (LG 49) :
Ne pleurez pas, je vous
serai plus utile après ma mort et je vous aiderai plus efficacement que pendant
ma vie (S. Dominique, mourant, à ses frères, cf. Jourdain de Saxe, lib. 93).
Je passerai mon ciel à faire
du bien sur la terre (Ste. Thérèse de l’Enfant-Jésus, verba).
957 La communion
avec les saints. " Nous ne vénérons pas seulement au titre de
leur exemple la mémoire des habitants du ciel ; nous cherchons bien
davantage par là à renforcer l’union de toute l’Église dans l’Esprit grâce à
l’exercice de la charité fraternelle. Car tout comme la communion entre les
chrétiens de la terre nous approche de plus près du Christ, ainsi la communauté
avec les saints nous unit au Christ de qui découlent, comme de leur chef, toute
grâce et la vie du Peuple de Dieu lui-même " (LG 50) :
Le Christ, nous
l’adorons, parce qu’il est le fils de Dieu ; quant aux martyrs, nous les
aimons comme disciples et imitateurs du Seigneur, et c’est juste, à cause de
leur dévotion incomparable envers leur roi et maître ; puissions-nous,
nous aussi, être leurs compagnons et leurs condisciples (S. Polycarpe, mart.
17).
958 La communion
avec les défunts. " Reconnaissant dès l’abord cette communion
qui existe à l’intérieur de tout le corps mystique de Jésus-Christ, l’Église en
ses membres qui cheminent sur terre a entouré de beaucoup de piété la mémoire
des défunts dès les premiers temps du christianisme en offrant aussi pour eux
ses suffrages ; car ‘la pensée de prier pour les morts, afin qu’ils soient
délivrés de leurs péchés, est une pensée sainte et pieuse’ (2 M 12,
45) " (LG 50). Notre prière pour eux peut non seulement les aider
mais aussi rendre efficace leur intercession en notre faveur.
959 Dans l’unique
famille de Dieu. " Lorsque la charité mutuelle et la louange
unanime de la Très Sainte Trinité nous font communier les uns aux autres, nous
tous, fils de Dieu qui ne faisons dans le Christ qu’une seule famille, nous
répondons à la vocation profonde de l’Église " (LG 51).
EN BREF
960 L’Église est
" communion des saints " : cette expression désigne
d’abord les " choses saintes " (sancta), et avant
tout l’Eucharistie, par laquelle " est représentée et réalisée
l’unité des fidèles qui, dans le Christ, forment un seul Corps " (LG
3).
961 Ce terme désigne
aussi la communion des " personnes
saintes " (sancti) dans le Christ qui est " mort
pour tous ", de sorte que ce que chacun fait ou souffre dans et pour
le Christ porte du fruit pour tous.
962 " Nous
croyons à la communion de tous les fidèles du Christ, de ceux qui sont pèlerins
sur la terre, des défunts qui achèvent leur purification, des bienheureux du
ciel, tous ensemble formant une seule Église, et nous croyons que dans cette
communion l’amour miséricordieux de Dieu et de ses saints est toujours à
l’écoute de nos prières " (SPF 30).
Simone Cantarini (1612–1648), Madonna
of the Rosary, 1640, Tosio Martinengo Gallery, Museo di Santa
Giulia
Paragraphe 6. MARIE –
MERE DU CHRIST, MERE DE L’ÉGLISE
963 Après avoir
parlé du rôle de la Vierge Marie dans le mystère du Christ et de l’Esprit, il
convient de considérer maintenant sa place dans le mystère de l’Église.
" En effet, la Vierge Marie (...) est reconnue et honorée comme la
véritable Mère de Dieu et du Rédempteur (...). Elle est aussi vraiment ‘Mère
des membres [du Christ] (...) ayant coopéré par sa charité à la naissance dans
l’Église des fidèles qui sont les membres de ce Chef’ (S. Augustin, virg.
6 : PL 40, 399) " (LG 53). " ... Marie Mère du Christ,
Mère de l’Église " (Paul VI, discours 21 novembre 1964).
I. La maternité de Marie
envers l’Église
Toute unie à son Fils...
964 Le rôle de Marie
envers l’Église est inséparable de son union au Christ, elle en découle
directement. " Cette union de Marie avec son Fils dans l’œuvre du
salut est manifeste dès l’heure de la conception virginale du Christ, jusqu’à
sa mort " (LG 57). Elle est particulièrement manifeste à l’heure de
sa passion :
La bienheureuse Vierge
avança dans son pèlerinage de foi, gardant fidèlement l’union avec son Fils
jusqu’à la Croix où, non sans un dessein divin, elle était debout, souffrant
cruellement avec son Fils unique, associée d’un cœur maternel à son sacrifice,
donnant à l’immolation de la victime, née de sa chair, le consentement de son
amour, pour être enfin, par le même Christ Jésus mourant sur la Croix, donnée
comme sa Mère au disciple par ces mots : " Femme, voici ton
fils " (Jn 19, 26-27) (LG 58).
965 Après
l’Ascension de son Fils, Marie a " assisté de ses prières l’Église
naissante " (LG 69). Réunie avec les apôtres et quelques femmes,
" on voit Marie appelant elle aussi de ses prières le don de l’Esprit
qui, à l’Annonciation, l’avait déjà elle-même prise sous son ombre "
(LG 59).
... aussi dans son
Assomption...
966 " Enfin
la Vierge immaculée, préservée par Dieu de toute atteinte de la faute
originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et
âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme la Reine de
l’univers, pour être ainsi plus entièrement conforme à son Fils, Seigneur des
seigneurs, victorieux du péché et de la mort " (LG 59 ; cf. la
proclamation du dogme de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie par le
Pape Pie XII en 1950 : DS 3903). L’Assomption de la Sainte Vierge est une
participation singulière à la Résurrection de son Fils et une anticipation de
la résurrection des autres chrétiens :
Dans ton enfantement tu
as gardé la virginité, dans ta dormition tu n’as pas quitté le monde, ô Mère de
Dieu : tu as rejoint la source de la Vie, toi qui conçus le Dieu vivant et
qui, par tes prières, délivreras nos âmes de la mort (Liturgie byzantine,
Tropaire de la fête de la Dormition [15 août]).
... elle est notre Mère
dans l’ordre de la grâce
967 Par son adhésion
entière à la volonté du Père, à l’œuvre rédemptrice de son Fils, à toute motion
de l’Esprit Saint, la Vierge Marie est pour l’Église le modèle de la foi et de
la charité. Par là elle est " membre suréminent et absolument unique
de l’Église " (LG 53), elle constitue même " la réalisation
exemplaire ", typus, de l’Église (LG 63).
968 Mais son rôle
par rapport à l’Église et à toute l’humanité va encore plus loin.
" Elle a apporté à l’œuvre du Sauveur une coopération absolument sans
pareil par son obéissance, sa foi, son espérance, son ardente charité, pour que
soit rendue aux âmes la vie surnaturelle. C’est pourquoi elle est devenue pour
nous, dans l’ordre de la grâce, notre Mère " (LG 61).
969 " A
partir du consentement qu’elle apporta par sa foi au jour de l’Annonciation et
qu’elle maintint dans sa fermeté sous la Croix, cette maternité de Marie dans
l’économie de la grâce se continue sans interruption jusqu’à la consommation
définitive de tous les élus. En effet, après son Assomption au ciel, son rôle
dans le salut ne s’interrompt pas : par son intercession répétée elle
continue à nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel. (...) C’est
pourquoi la bienheureuse Vierge est invoquée dans l’Église sous les titres
d’avocate, d’auxiliatrice, de secourable, de médiatrice " (LG 62).
970 " Le
rôle maternel de Marie à l’égard des hommes n’offusque cependant et ne diminue
en rien l’unique médiation du Christ : il en manifeste au contraire la
vertu. Car toute influence salutaire de la part de la bienheureuse Vierge (...)
découle de la surabondance des mérites du Christ ; elle s’appuie sur sa
médiation, dont elle dépend en tout et d’où elle tire toute sa
vertu " (LG 60). " Aucune créature en effet ne peut jamais
être mise sur le même plan que le Verbe incarné et rédempteur. Mais tout comme
le sacerdoce du Christ est participé sous formes diverses, tant par les
ministres que par le peuple fidèle, et tout comme l’unique bonté de Dieu se répand
réellement sous des formes diverses dans les créatures, ainsi l’unique
médiation du Rédempteur n’exclut pas, mais suscite au contraire une coopération
variée de la part des créatures, en dépendance de l’unique source "
(LG 62).
II. Le culte de la Sainte
Vierge
971 " Toutes
les générations me diront bienheureuse " (Lc 1, 48) :
" La piété de l’Église envers la Saint Vierge est intrinsèque au
culte chrétien " (MC 56). La sainte Vierge " est légitimement
honorée par l’Église d’un culte spécial. Et de fait, depuis les temps les plus
reculés, la bienheureuse Vierge est honorée sous le titre de ‘Mère de
Dieu’ ; les fidèles se réfugient sous sa protection, l’implorant dans tous
leurs dangers et leurs besoins (...). Ce culte (...) bien que présentant un caractère
absolument unique (...) n’en est pas moins essentiellement différent du culte
d’adoration qui est rendu au Verbe incarné ainsi qu’au Père et à l’Esprit
Saint ; il est éminemment apte à le servir " (LG 66) ; il
trouve son expression dans les fêtes liturgiques dédiées à la Mère de Dieu (cf.
SC 103) et dans la prière mariale, telle le Saint Rosaire, " abrégé
de tout l’Évangile " (cf. MC 42).
III. Marie – Icône
eschatologique de l’Église
972 Après avoir
parlé de l’Église, de son origine, de sa mission et de sa destinée, nous ne
saurions mieux conclure qu’en tournant le regard vers Marie pour contempler en
elle ce qu’est l’Église dans son mystère, dans son " pèlerinage de la
foi ", et ce qu’elle sera dans la patrie au terme de sa marche, où
l’attend, " dans la gloire de la Très Sainte et indivisible
Trinité ", " dans la communion de tous les
saints " (LG 69), celle que l’Église vénère comme la Mère de son
Seigneur et comme sa propre Mère :
Tout comme dans le ciel
où elle est déjà glorifiée corps et âme, la Mère de Jésus représente et
inaugure l’Église en son achèvement dans le siècle futur, de même sur terre, en
attendant la venue du jour du Seigneur, elle brille déjà comme un signe
d’espérance assurée et de consolation devant le Peuple de Dieu en pèlerinage
(LG 68).
EN BREF
973 En prononçant le
" fiat " de l’Annonciation et en donnant son consentement
au mystère de l’Incarnation, Marie collabore déjà à toute l’œuvre que doit
accomplir son Fils. Elle est mère partout où Il est Sauveur et Tête du Corps
mystique.
974 La Très Sainte
Vierge Marie, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut enlevée corps et
âme à la gloire du ciel, où elle participe déjà à la gloire de la résurrection
de son Fils, anticipant la résurrection de tous les membres de son Corps.
975 " Nous
croyons que la Très Sainte Mère de Dieu, nouvelle Eve, Mère de l’Église,
continue au ciel son rôle maternel à l’égard des membres du Christ "
(SPF 15).
CATÉCHISME DE L'ÉGLISE
CATHOLIQUE