571 Le mystère pascal de la Croix et de la Résurrection du Christ est au centre de la Bonne Nouvelle que les apôtres, et l’Église à leur suite, doivent annoncer au monde. Le dessein sauveur de Dieu s’est accompli " une fois pour
toutes " (He 9, 26) par la mort rédemptrice de son Fils Jésus-Christ.
572 L’Église reste fidèle à " l’interprétation de toutes les Écritures " donnée par Jésus lui-même avant comme après sa Pâque : " Ne fallait-il pas
que le Messie endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire ? " (Lc 24, 26-27. 44-45). Les souffrances de Jésus ont pris leur forme historique concrète du fait qu’il a été " rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes " (Mc8, 31) qui l’ont " livré aux païens pour être bafoué, flagellé et mis en croix " (Mt 20, 19).
573 La foi peut donc essayer de scruter les circonstances de la mort de Jésus, transmises fidèlement par les Évangiles (cf. DV 19) et éclairées par d’autres sources historiques, pour mieuxcomprendre le sens de la Rédemption.
Paragraphe 1. JESUS ET ISRAËL
574 Dès les débuts du ministère public de Jésus, des Pharisiens et des partisans d’Hérode, avec des prêtres et des scribes, se sont mis d’accord pour
le perdre (cf. Mc 3, 6). Par certains de ses actes (expulsions de démons, cf. Mt 12, 24 ; pardon des péchés, cf. Mc 2, 7 ; guérisons le jour du sabbat, cf. Mc 3, 1-6 ; interprétation originale des préceptes de pureté de la Loi, cf. Mc 7, 14-23 ; familiarité avec
les publicains et les pécheurs publics, cf. Mc 2, 14-17) Jésus a semblé à certains,
mal intentionnés, suspect de possession (cf. Mc 3, 22 ; Jn 8, 48 ; 10, 20). On l’accuse de blasphème (cf. Mc 2, 7 ; Jn 5, 18 ; 10, 33) et de faux prophétisme (cf. Jn 7, 12 ; 7, 52), crimes religieux que la Loi châtiait par
la peine de mort sous forme de lapidation (cf. Jn 8, 59 ; 10, 31).
575 Bien des actes et des paroles de Jésus ont donc été
un " signe de contradiction "
(Lc 2, 34) pour les autorités religieuses de Jérusalem, celles que l’Évangile de S. Jean appelle souvent " les Juifs " (cf. Jn 1, 19 ; 2, 18 ; 5, 10 ; 7, 13 ; 9, 22 ; 18, 12 ; 19, 38 ; 20, 19), plus encore que pour le commun du Peuple de Dieu (cf. Jn 7, 48-49). Certes, ses rapports avec les Pharisiens ne furentpas uniquement polémiques. Ce sont
des Pharisiens qui le préviennent du danger qu’il court (cf. Lc 13, 31). Jésus loue certains d’entre eux comme le scribe de Mc 12, 34 et il mange àplusieurs reprises chez des Pharisiens (cf. Lc 7, 36 ; 14, 1). Jésus confirme des doctrines partagées par cette élite religieuse du Peuple de Dieu : la résurrection des morts (cf. Mt 22, 23-34 ; Lc20, 39), les formes de piété (aumône, jeûne et prière, cf. Mt 6, 18) et l’habitude de s’adresser à Dieu comme Père, le caractère central du commandement de l’amour de Dieu et du prochain (cf. Mc 12, 28-34).
576 Aux yeux de beaucoup en Israël, Jésus semble agir contre les institutions essentielles du Peuple élu :
– La soumission à la Loi dans l’intégralité de ses préceptes écrits et, pour les Pharisiens, dans l’interprétation de la tradition orale.
– La centralité du Temple de Jérusalem comme lieu saint où Dieu habite d’une manière privilégiée.
577 Jésus a fait
une mise en garde solennelle au début du Sermon sur la Montagne où Il a présenté la Loi donnée par Dieu au Sinaï lors de la Première alliance à la lumière de la grâce de la Nouvelle Alliance :
N’allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir mais accomplir. Car je vous le dis en vérité, avant que ne passent le ciel et la terre, pas un i, pas un point sur l’i ne passera de la Loi, que tout ne soit réalisé. Celui donc qui violera l’un de ces moindres préceptes, sera tenu pour moindre dans le Royaume des cieux ; au contraire, celui qui les exécutera et les enseignera, celui-là sera tenu pour grand dans le Royaume de cieux " (Mt 5, 17-19).
N’allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir mais accomplir. Car je vous le dis en vérité, avant que ne passent le ciel et la terre, pas un i, pas un point sur l’i ne passera de la Loi, que tout ne soit réalisé. Celui donc qui violera l’un de ces moindres préceptes, sera tenu pour moindre dans le Royaume des cieux ; au contraire, celui qui les exécutera et les enseignera, celui-là sera tenu pour grand dans le Royaume de cieux " (Mt 5, 17-19).
578 Jésus, le Messie d’Israël, le plus grand donc dans le Royaume des cieux, se devait d’accomplir la Loi en l’exécutant dans son intégralité jusque dans ses moindres préceptes selon sespropres paroles. Il est même le seul à avoir pu le faire parfaitement (cf. Jn 8, 46). Les Juifs, de leur propre aveu, n’ont jamais pu accomplir la Loi dans son intégralité sans en violer le moindreprécepte (cf. Jn 7, 19 ; Ac 13, 38-41 ; 15, 10). C’est pourquoi à chaque fête annuelle de l’Expiation, les enfants d’Israël demandent à Dieu pardon pour leurs transgressions de la Loi. En effet, la Loi constitue un tout et, comme le rappelle S. Jacques, " aurait-on observé la Loi tout entière, si l’on commet un écart sur un seul point, c’est du tout que l’on devient justiciable " (Jc 2, 10 ; cf. Ga 3, 10 ; 5, 3).
579 Ce principe de l’intégralité de l’observance de la Loi, non seulement dans sa lettre mais dans son esprit, était cher aux Pharisiens. En le dégageant pour Israël, ils ont conduit beaucoup de Juifs du temps de Jésus à un zèle religieux extrême (cf. Rm 10, 2). Celui-ci, s’il ne voulait pas se résoudre en
une casuistique " hypocrite "
(cf. Mt 15, 3-7 ; Lc 11, 39-54), ne pouvait que préparer le Peuple à cette intervention de Dieu inouïe que sera l’exécution parfaite de la Loi par le seul Juste à la place de tous les pécheurs (cf. Is 53, 11 ; He 9, 15).
580 L’accomplissement parfait de la Loi ne pouvait être l’œuvre que du divin Législateur né sujet de la Loi en la personne du Fils (cf. Ga 4, 4). En Jésus, la Loi n’apparaît plus gravée sur des tables de pierre mais " au fond du cœur " (Jr 31, 33) du Serviteur qui, parce qu’il " apporte fidèlement le droit " (Is 42, 3) est devenu " l’alliance du peuple " (Is 42, 6). Jésus accomplit la Loijusqu’à prendre sur Lui " la malédiction de la Loi " (Ga 3, 13) encourue par ceux qui ne " pratiquent pas tous les préceptes de la Loi " (Ga 3, 10) car " la mort du Christ a eu lieu pour racheterles transgressions de la Première alliance " (He 9, 15).
581 Jésus est apparu aux yeux des Juifs et de leurs chefs spirituels comme un " rabbi "
(cf. Jn 11, 38 ; 3, 2 ; Mt 22, 23-24. 34-36). Il a souvent argumenté dans
le cadre de l’interprétationrabbinique de la Loi (cf. Mt 12, 5 ; 9, 12 ; Mc 2, 23– 27 ; Lc 6, 6-9 ; Jn 7, 22-23). Mais en même temps, Jésus ne pouvait que heurter les docteurs de la Loi car il ne se contentait pas de proposer son interprétation parmi les leurs, " il enseignait comme quelqu’un qui a autorité et non pas comme les scribes " (Mt 7, 28-29). En lui, c’est la même Parole de Dieu qui avait retentiau Sinaï pour donner à Moïse la Loi écrite qui se fait entendre de nouveau sur la Montagne des Béatitudes (cf. Mt 5, 1). Elle n’abolit pas la Loi mais l’accomplit en fournissant de manièredivine son interprétation ultime : " Vous avez appris qu’il a été dit aux ancêtres (...) moi je vous dis " (Mt 5, 33-34). Avec cette même autorité divine, il désavoue certaines " traditionshumaines " (Mc 7, 8) des Pharisiens qui " annulent la Parole de Dieu " (Mc 7, 13).
582 Allant plus
loin, Jésus accomplit la Loi sur la pureté des aliments, si importante dans la vie quotidienne juive, en dévoilant son sens " pédagogique " (cf. Ga 3, 24) par une interprétationdivine : " Rien de ce qui pénètre du dehors dans l’homme ne peut le souiller (...)
– ainsi il déclarait purs tous les aliments. Ce qui sort de l’homme, voilà ce qui souille l’homme. Car c’est dudedans, du cœur des hommes que sortent les desseins pervers " (Mc 7, 18-21). En délivrant avec autorité divine l’interprétation définitive de la Loi, Jésus s’est trouvé affronté à certainsdocteurs de la Loi qui ne recevaient pas son interprétation de la Loi garantie pourtant par les signes divins qui l’accompagnaient (cf. Jn 5, 36 ; 10, 25. 37-38 ; 12, 37). Ceci vautparticulièrement pour la question du sabbat : Jésus rappelle, souvent avec des arguments rabbiniques (cf. Mc 2, 25-27 ; Jn 7, 22-24), que le repos du sabbat n’est pas troublé par le service de Dieu (cf. Mt 12, 5 ; Nb 28, 9) ou du prochain (cf. Lc 13, 15-16 ; 14, 3-4) qu’accomplissent ses guérisons.
583 Jésus, comme les prophètes avant lui, a professé pour le Temple de Jérusalem le plus profond respect. Il y a été présenté par Joseph et Marie quarante jours après sa naissance (cf. Lc 2, 22-39). A l’âge de douze ans, il décide de rester dans le Temple pour rappeler à ses parents qu’il se doit aux affaires de son Père (cf. Lc 2, 46-49). Il y est monté chaque année au moins pour la Pâque pendant sa vie cachée (cf. Lc 2, 41) ; son ministère public lui-même a été rythmé par
ses pèlerinages à Jérusalem pour les grandes fêtes juives (cf. Jn 2, 13-14 ; 5, 1. 14 ; 7, 1. 10. 14 ; 8, 2 ; 10, 22-23).
584 Jésus est monté au Temple comme au lieu privilégié de la rencontre de Dieu. Le Temple est pour lui la demeure de son Père, une maison de prière, et il s’indigne de ce que son parvisextérieur soit devenu un lieu de trafic (cf. Mt 21, 13). S’il chasse les marchands du Temple, c’est par amour jaloux pour son Père : " Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce. Ses disciples se rappelèrent qu’il
est écrit : ‘Le zèle pour ta maison me dévorera’ (Ps 69, 10) " (Jn 2, 16-17). Après sa Résurrection, les apôtres ont gardé un respect religieux pour le Temple (cf. Ac 2, 46 ; 3, 1 ; 5, 20. 21 ; etc.).
585 Au seuil de sa passion, Jésus a cependant annoncé la ruine de
ce splendide édifice dont il ne restera plus pierre sur pierre (cf. Mt 24, 1-2). Il y a ici annonce d’un signe des derniers temps qui vont s’ouvrir avec sa propre Pâque (cf. Mt 24, 3 ; Lc 13, 35). Mais cette prophétie a pu être rapportée de manière déformée par de faux témoins lors de son interrogatoire chez le grand prêtre (cf. Mc 14, 57-58) et lui être renvoyée comme injure lorsqu’il était cloué sur la croix (cf. Mt 27, 39-40).
586 Loin d’avoir été hostile au Temple (cf. Mt 8, 4 ; 23, 21 ; Lc 17, 14 ; Jn 4, 22) où il a donné l’essentiel de son enseignement (cf. Jn 18, 20), Jésus a voulu payer l’impôt du Temple en s’associant Pierre (cf. Mt 17, 24-27) qu’il venait de poser comme fondement pour son Église à venir (cf. Mt 16, 18). Plus encore, il s’est identifié au Temple en se présentant comme la demeure définitive de Dieu parmi les hommes (cf. Jn 2, 21 ; Mt 12, 6). C’est pourquoi sa mise à mort corporelle (cf. Jn 2, 18-22) annonce la destruction du Temple qui manifestera l’entréedans un nouvel âge de l’histoire du salut : " L’heure vient où ce n’est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père " (Jn 4, 21 ; cf. Jn 4, 23-24 ; Mt 27, 51 ; He 9, 11 ; Ap 21, 22).
587 Si la Loi et le Temple de Jérusalem ont pu être occasion de " contradiction " (cf. Lc 2, 34) de la part de Jésus pour les autorités religieuses d’Israël, c’est son rôle dans la rédemption des péchés, œuvre divine par excellence, qui a été pour elles la véritable pierre d’achoppement (cf. Lc 20, 17-18 ; Ps 118, 22).
588 Jésus a scandalisé les Pharisiens en mangeant avec
les publicains et les pécheurs (cf. Lc 5, 30) aussi familièrement qu’avec eux-mêmes (cf. Lc 7, 36 ; 11, 37 ; 14, 1). Contre ceux d’entre eux " qui se flattaient d’être
des justes et n’avaient que mépris pour les autres " (Lc 18, 9 ; cf. Jn 7, 49 ; 9, 34), Jésus a affirmé : " Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs au repentir " (Lc 5, 32). Il est allé plus loin en proclamant face aux Pharisiens que, le péché étant universel (cf. Jn 8, 33-36), ceux qui prétendent ne pas avoir besoin de salut s’aveuglent sur eux-mêmes (cf. Jn 9, 40-41).
589 Jésus a surtout scandalisé parce qu’Il a identifié sa conduite miséricordieuse envers les pécheurs avec l’attitude de Dieu Lui-même à leur égard (cf. Mt 9, 13 ; Os 6, 6). Il est allé jusqu’à laisser entendre qu’en partageant la table des pécheurs (cf. Lc 15, 1-2), Il les admettait au banquet messianique (cf. Lc 15, 23-32). Mais c’est tout particulièrement en pardonnant les péchés que Jésus a mis les autorités religieuses d’Israël devant un dilemme.
Ne diraient-elles pas avec justesse dans leur effroi : " Dieu seul peut pardonner les péchés " (Mc 2, 7) ? En pardonnant les péchés, ou bien Jésus blasphème car c’est un homme qui se fait l’égal de Dieu (cf. Jn 5, 18 ; 10, 33), ou bien Il dit vrai et sa personne rend présent et révèle le nom de Dieu (cf. Jn 17, 6. 26).
590 Seule l’identité divine de la personne de Jésus peut justifier une exigence aussi absolue que celle-ci : " Celui qui n’est pas avec
moi est contre moi " (Mt 12, 30) ; de même quand Il dit qu’il y a en Lui
" plus que Jonas, (...) plus que Salomon " (Mt 12, 41-42), " plus que le Temple " (Mt 12, 6) ; quand Il rappelle à son sujet que David a appelé le Messie son Seigneur (cf. Mt 12, 36. 37), quand Il affirme : " Avant qu’Abraham fut, Je Suis " (Jn 8, 58) ; et même : " Le Père et moi nous sommes un " (Jn 10, 30).
591 Jésus a demandé aux autorités religieuses de Jérusalem de croire en Lui à cause des œuvres de son Père qu’Il accomplit (cf. Jn 10, 36-38). Mais un tel acte de foi devait passer par une mystérieuse mort à soi-même pour une nouvelle " naissance d’en haut " (Jn 3, 7) dans l’attirance de la grâce divine (cf. Jn 6, 44). Une telle exigence de conversion face à un accomplissementsi surprenant des promesses (cf. Is 53, 1) permet de comprendre la tragique méprise du Sanhédrin estimant que Jésus méritait la mort comme blasphémateur (cf. Mc 3, 6 ; Mt 26, 64-66). Ses membres agissaient ainsi à
la fois par ignorance (cf. Lc 23, 34 ; Ac 3, 17-18) et par l’endurcissement (cf. Mc 3, 5 ; Rm 11, 25) de l’incrédulité (cf. Rm 11, 20).
EN BREF
592 Jésus n’a pas aboli la Loi du Sinaï, mais Il l’a accomplie (cf. Mt 5, 17-19) avec une telle perfection (cf. Jn 8, 46) qu’Il en révèle le sens ultime (cf. Mt 5, 33) et qu’Il rachète lestransgressions contre elle (cf. He 9, 15).
593 Jésus a vénéré le Temple en y montant aux fêtes juives de pèlerinage et Il a aimé d’un amour jaloux cette demeure de Dieu parmi les hommes. Le Temple préfigure son mystère. S’Il annonce sa destruction, c’est comme manifestation de sa propre mise à mort et de l’entrée dans un nouvel âge de l’histoire du salut, où son Corps sera le Temple définitif.
594 Jésus a posé des actes, tel le pardon des péchés, qui L’ont manifesté comme étant le Dieu Sauveur lui-même (cf. Jn 5, 16-18). Certains Juifs, qui, ne reconnaissant pas le Dieu fait homme(cf. Jn 1, 14), voyaient en Lui un homme qui se fait Dieu (cf. Jn 10, 33), L’ont jugé comme un blasphémateur.
595 Parmi les autorités religieuses de Jérusalem, non
seulement il s’est trouvé le pharisien Nicodème (cf. Jn 7, 52) ou le notable Joseph d’Arimathie pour être en secret disciples de Jésus (cf. Jn19, 38-39), mais il
s’est produit pendant
longtemps des dissensions au sujet de Celui-ci (cf. Jn 9, 16-17 ; 10, 19-21) au point qu’à
la veille même de sa passion, S. Jean peut dire
d’eux qu’" un bon nombre crut en
lui ", quoique d’une manière très imparfaite (Jn 12, 42). Cela n’a rien d’étonnant si
l’on tient compte qu’au lendemain de
la Pentecôte " une multitude de prêtres obéissait à
la foi "
(Ac 6, 7) et que " certains du parti des Pharisiens étaient devenus croyants " (Ac 15, 5) au point que
S. Jacques peut
dire à S. Paul que
" plusieurs milliers de Juifs ont embrassé la foi et ce sont tous d’ardents partisans de
la Loi "
(Ac 21, 20).
596 Les autorités religieuses de Jérusalem n’ont pas été unanimes dans
la conduite à tenir vis-à-vis de Jésus (cf. Jn 9, 16 ; 10, 19). Les pharisiens ont menacé d’excommunication ceux qui le suivraient (cf. Jn 9, 22).
A ceux qui craignaient que " tous croient en Jésus et que les Romains viennent détruire notre Lieu Saint et notre nation " (Jn 11, 48), le grand prêtre Caïphe proposa enprophétisant :
" Il est de votre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple et que
la nation ne périsse pas
tout entière " (Jn 11, 49-50). Le Sanhédrin, ayant déclaré Jésus " passible de mort " (Mt 26, 66)
en tant que blasphémateur, mais ayant perdu le droit
de mise à mort (cf. Jn 18, 31), livre Jésus aux Romains en l’accusant de révolte politique (cf. Lc 23, 2) ce qui mettra celui-ci en parallèle avec Barrabas accusé de " sédition " (Lc 23, 19). Ce sont aussi des menaces politiques que les grands prêtres exercent sur Pilate pour
qu’il condamne Jésus à mort (cf. Jn 19, 12. 15. 21).
Les Juifs ne
sont pas collectivement responsables de la mort de Jésus
597 En tenant compte de la complexité historique du procès de Jésus manifestée dans
les récits évangéliques, et quel que puisse être le péché personnel des acteurs du procès (Judas, le Sanhédrin, Pilate) que seul Dieu connaît, on ne peut en attribuer la responsabilité à
l’ensemble des Juifs de Jérusalem, malgré les cris d’une foule manipulée (cf. Mc 15, 11)
et les reprochesglobaux contenus dans les appels à la conversion après la Pentecôte (cf. Ac 2, 23. 36 ; 3, 13-14 ; 4, 10 ; 5, 30 ; 7, 52 ; 10, 39 ; 13, 27-28 ; 1 Th 2, 14-15). Jésus lui-même en pardonnant sur la croix (cf. Lc 23, 34) et Pierre à sa suite ont fait droit à " l’ignorance " (Ac 3, 17) des Juifs de Jérusalem et même de leurs chefs. Encore moins peut-on, à partir du cri du peuple :
" Que son sangsoit sur
nous et sur nos enfants " (Mt 27, 25) qui signifie une formule de ratification (cf. Ac 5, 28 ; 18, 6), étendre la responsabilité aux autres Juifs dans l’espace et dans
le temps :
Aussi bien l’Église a-t-elle déclaré au Concile Vatican II : " Ce qui a été commis durant la passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les Juifs vivant alors, ni aux Juifsde notre temps. (...) Les Juifs ne doivent pas être présentés comme réprouvés par Dieu, ni maudits comme si cela découlait de la Sainte Écriture " (NA 4).
Aussi bien l’Église a-t-elle déclaré au Concile Vatican II : " Ce qui a été commis durant la passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les Juifs vivant alors, ni aux Juifsde notre temps. (...) Les Juifs ne doivent pas être présentés comme réprouvés par Dieu, ni maudits comme si cela découlait de la Sainte Écriture " (NA 4).
598 L’Église, dans le Magistère de
sa foi et
dans le témoignage de
ses saints, n’a
jamais oublié que
" les pécheurs eux-mêmes furent les auteurs et comme les instruments de toutes les peinesqu’endura le divin Rédempteur "
(Catech. R. 1, 5, 11 ; cf. He 12, 3). Tenant compte du fait que
nos péchés atteignent le Christ Lui-même (cf. Mt 25, 45 ; Ac 9, 4-5), l’Église n’hésite pas à imputer aux chrétiens la responsabilité la plus grave dans le supplice de Jésus, responsabilité dont
ils ont trop souvent accablé uniquement les Juifs :
Nous devons regarder comme coupables de cette horrible faute, ceux qui continuent à retomber dans leurs péchés. Puisque ce sont nos crimes qui ont fait subir à Notre-SeigneurJésus-Christ le supplice de la croix, à coup sûr ceux qui se plongent dans les désordres et dans le mal " crucifient de nouveau dans leur cœur, autant qu’il est en eux, le Fils de Dieu par leurs péchés et le couvrent de confusion " (He 6, 6). Et il faut le reconnaître, notre crime à nous dans ce cas est plus grand que celui des Juifs. Car eux, au témoignagede l’apôtre, " s’ils avaient connu le Roi de gloire, ils ne l’auraient jamais crucifié " (1 Co 2, 8). Nous, au contraire, nous faisons profession de Le connaître. Et lorsque nous Le renions par nos actes, nous portons en quelque sorte sur Lui nos mains meurtrières (Catech. R. 1, 5, 11).
Et les démons, ce ne sont pas eux qui L’ont crucifié ; c’est toi qui avec eux L’as crucifié et Le crucifies encore, en te délectant dans les vices et les péchés (S. François d’Assise, admon. 5, 3).
Nous devons regarder comme coupables de cette horrible faute, ceux qui continuent à retomber dans leurs péchés. Puisque ce sont nos crimes qui ont fait subir à Notre-SeigneurJésus-Christ le supplice de la croix, à coup sûr ceux qui se plongent dans les désordres et dans le mal " crucifient de nouveau dans leur cœur, autant qu’il est en eux, le Fils de Dieu par leurs péchés et le couvrent de confusion " (He 6, 6). Et il faut le reconnaître, notre crime à nous dans ce cas est plus grand que celui des Juifs. Car eux, au témoignagede l’apôtre, " s’ils avaient connu le Roi de gloire, ils ne l’auraient jamais crucifié " (1 Co 2, 8). Nous, au contraire, nous faisons profession de Le connaître. Et lorsque nous Le renions par nos actes, nous portons en quelque sorte sur Lui nos mains meurtrières (Catech. R. 1, 5, 11).
Et les démons, ce ne sont pas eux qui L’ont crucifié ; c’est toi qui avec eux L’as crucifié et Le crucifies encore, en te délectant dans les vices et les péchés (S. François d’Assise, admon. 5, 3).
599 La mort violente de Jésus n’a pas été le fruit du hasard dans
un concours malheureux de circonstances.
Elle appartient au mystère du dessein de Dieu, comme S. Pierre l’explique aux Juifsde Jérusalem dès
son premier discours de Pentecôte :
" Il avait été livré selon le dessein bien arrêté et la prescience de Dieu " (Ac 2, 23). Ce langage biblique ne signifie pas que
ceux qui ont " livré Jésus " (Ac 3, 13) n’ont été que
les exécutants passifs d’un scénario écrit d’avance par Dieu.
600 A Dieu tous les moments du temps sont présents dans
leur actualité. Il établit donc
son dessein éternel de " prédestination "
en y incluant la réponse libre de
chaque homme à
sa grâce : " Oui, vraiment, ils se sont rassemblés dans cette ville contre ton saint serviteur Jésus, que tu as oint, Hérode et Ponce Pilate avec les nations païennes et les peuples d’Israël (cf. Ps 2, 1-2), de telle sorte qu’ils ont accompli tout ce
que, dans ta puissance et ta sagesse, tu avais prédestiné " (Ac 4, 27-28). Dieu a permis les actes issus de leur aveuglement (cf. Mt 26, 54 ; Jn 18, 36 ; 19, 11) en vue d’accomplir son dessein de salut (cf. Ac 3, 17-18).
601 Ce dessein divin de salut par la mise à mort du
" Serviteur, le Juste " (Is 53, 11 ; cf. Ac 3, 14) avait été annoncé par avance dans l’Écriture comme un mystère de rédemption universelle, c’est-à-dire de rachat qui libère les hommes de l’esclavage du péché (cf. Is 53, 11-12 ; Jn 8, 34-36). S. Paul professe, dans une confession de foi qu’il dit avoir " reçue " (1 Co 15, 3)
que " le Christ est mort pour
nos péchés selon les Écritures " (ibidem ; cf. aussi Ac 3, 18 ; 7, 52 ; 13, 29 ; 26, 22-23). La mort rédemptrice de Jésus accomplit en particulier la prophétie du Serviteursouffrant (cf. Is 53, 7-8 et Ac 8, 32-35). Jésus lui-même a présenté le sens de sa vie et de sa mort à la lumière du Serviteur souffrant (cf. Mt 20, 28). Après sa Résurrection, il
a donné cette interprétation des Écritures aux disciples d’Emmaüs (cf. Lc 24, 25-27), puis aux apôtres eux-mêmes (cf. Lc 24, 44-45).
602 S. Pierre peut
en conséquence formuler ainsi la foi apostolique dans
le dessein divin de salut :
" Vous avez été affranchis de la vaine conduite héritée de vos pères par un sang précieux, comme
d’un agneau sans reproche et sans tache, le Christ, discerné avant la fondation du
monde et manifesté dans
les derniers temps
à cause de vous " (1 P 1, 18-20).
Les péchés des hommes, consécutifs au péché originel, sont sanctionnés par
la mort (cf. Rm 5, 12 ; 1 Co 15, 56). En envoyant son propre Fils dans
la condition d’esclave (cf. Ph 2, 7), celle d’une humanité déchue et vouée à
la mort à cause du péché (cf. Rm 8, 3),
" Dieu l’a
fait péché pour
nous, lui qui n’avait pas connu le péché, afin qu’en lui
nous devenions justice pour Dieu " (2 Co 5, 21).
603 Jésus n’a pas connu la réprobation comme
s’il avait lui-même péché (cf. Jn 8, 46). Mais dans
l’amour rédempteur qui l’unissait toujours
au Père (cf. Jn 8, 29), il nous a assumé dans
l’égarement de notre péché par rapport à Dieu au point de pouvoir dire en notre nom sur la croix : " Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné "
(Mc 15, 34 ; Ps 22, 1). L’ayant renduainsi solidaire de
nous pécheurs, " Dieu n’a pas épargné son propre Fils mais
l’a livré pour nous tous " (Rm 8, 32) pour que nous soyons " réconciliés avec
Lui par la mort de
son Fils " (Rm 5,10).
604 En livrant son Fils pour nos péchés, Dieu manifeste que
son dessein sur nous est un dessein d’amour bienveillant qui précède tout mérite de notre part : " En ceci consiste l’amour : ce n’est pas nous qui
avons aimé Dieu, mais c’est lui qui
nous a aimés et
qui a envoyé son
Fils en victime de propitiation pour
nos péchés "
(1 Jn 4, 10 ; cf. 4, 19).
" La preuve que Dieu nous aime, c’est que
le Christ, alors que nous étions encore pécheurs, est mort pour
nous " (Rm 5, 8).
605 Cet amour est
sans exclusion Jésus l’a rappelé en conclusion de
la parabole de
la brebis perdue : " Ainsi on ne veut pas, chez votre Père qui est
aux cieux, qu’un seul de ses petits ne se perde " (Mt 18, 14). Il affirme " donner
sa vie en rançon pour la multitude "
(Mt 20, 28) ;
ce dernier terme n’est
pas restrictif : il oppose l’ensemble de l’humanité à l’unique personne du Rédempteur qui
se livre pour
la sauver (cf. Rm 5, 18-19). L’Église, à la suite des apôtres (cf. 2 Co 5, 15 ; 1 Jn 2, 2), enseigne que le Christ est mort pour tous
les hommes sans exception :
" Il n’y a, il n’y a eu et il n’y aura aucun homme pour qui
le Christ n’ait pas souffert "
(Cc. Quiercy en 853 : DS 624).
606 Le Fils de Dieu, " descendu du ciel non pour
faire sa volonté mais celle de son Père qui l’a envoyé " (Jn 6, 38),
" dit en entrant dans
le monde : (...) Voici je viens (...) pour faire ô Dieu ta volonté. (...) C’est
en vertu de
cette volonté que nous sommes sanctifiés par
l’oblation du corps de Jésus-Christ, une fois
pour toutes " (He 10, 5-10).
Dès le premier instant de
son Incarnation,
le Fils épouse le dessein de salut divin dans sa mission rédemptrice :
" Ma nourriture est
de faire la volonté de
celui qui m’a envoyé et de mener son œuvre à bonne fin " (Jn 4, 34). Le sacrificede Jésus " pour les péchés du
monde entier "
(1 Jn 2, 2) est l’expression de sa communion d’amour au Père :
" Le Père m’aime parce que je donne ma vie " (Jn 10, 17). " Il faut que le monde sache que j’aime le Père et que
je fais comme
le Père m’a commandé " (Jn 14, 31).
607 Ce désir d’épouser le dessein d’amour rédempteur de
son Père anime toute
la vie de Jésus (cf. Lc 12, 50 ; 22, 15 ; Mt 16, 21-23) car sa passion rédemptrice est la raison d’être de
son Incarnation :
" Père, sauve-moi de
cette heure ! Mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure " (Jn 12, 27). " La coupe que
m’a donnée le Père ne la boirai-je pas ? " (Jn 18, 11).
Et encore sur la croix avant que " tout soit accompli " (Jn 19, 30),
il dit : " J’ai soif " (Jn 19, 28).
608 Après avoir accepté de Lui
donner le Baptême à la suite des pécheurs (cf. Lc 3, 21 ; Mt 3, 14-15), Jean-Baptiste a vu et montré en Jésus l’Agneau de Dieu, qui enlève les péchés du monde (cf. Jn 1, 29. 36). Il manifeste ainsi
que Jésus est
à la fois le Serviteur souffrant qui, silencieux, se laisse mener à l’abattoir (cf. Is 53, 7 ; Jr 11, 19) et porte le péché des multitudes (cf. Is 53, 12), et l’agneau Pascal symbole de la rédemption d’Israël lors de la première Pâque (cf. Ex 12, 3-14 ; Jn 19, 36 ; 1 Co 5, 7). Toute la vie du Christ exprime sa mission : servir et donner sa vieen rançon pour la multitude (cf. Mc 10, 45).
609 En épousant dans
son cœur humain l’amour
du Père pour les hommes, Jésus " les
a aimés jusqu’à la
fin " (Jn 13, 1) " car il n’y a pas de plus grand
amour que de donner sa vie pour ceux
qu’on aime " (Jn 15, 13). Ainsi dans la souffrance et dans la mort, son humanité est devenue l’instrument libre et parfait de son
amour divin qui veut le salut des hommes (cf. He 2, 10. 17-18 ; 4, 15 ; 5, 7-9). En effet, il a librement accepté sa passion et
sa mort par amour de son Père et des hommes que Celui-ci veut sauver :
" Personne ne m’enlève la vie, mais je la donne de moi-même "
(Jn 10, 18). D’où la souveraine liberté du Fils
de Dieu quand
il va lui-même vers la mort (cf. Jn 18, 4-6 ; Mt 26, 53).
610 Jésus a exprimé suprêmement l’offrande libre de Lui-même dans le repas pris avec
les douze apôtres (cf. Mt 26, 20), dans
" la nuit où Il fut livré " (1 Co 11, 23). La veille de
sa passion, alors qu’Il était encore libre, Jésus a fait de
cette dernière Cène avec
ses apôtres le mémorial de
son offrande volontaire au Père (cf. 1 Co 5, 7) pour le salut des hommes : " Ceci est mon corpsdonné pour vous " (Lc 22, 19). " Ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés " (Mt 26, 28).
611 L’Eucharistie qu’il institue à ce moment sera le " mémorial " (1 Co 11, 25) de son sacrifice. Jésus inclut les apôtres dans sa propre offrande et leur demande de la perpétuer (cf. Lc 22, 19). Par là, Jésus institue ses apôtres prêtres de l’Alliance Nouvelle :
" Pour eux Je me consacre afin qu’ils soient eux aussi consacrés dans
la vérité "
(Jn 17, 19 ; cf. Cc. Trente : DS 1752 ; 1764).
L’agonie à Gethsémani
612 La coupe de la Nouvelle Alliance, que Jésus a anticipée à la Cène en s’offrant lui-même (cf. Lc 22, 20), il l’accepte ensuite des mains du Père dans son agonie à Gethsémani (cf. Mt 26, 42) en se faisant " obéissant jusqu’à la mort " (Ph 2, 8 ; cf. He 5, 7-8). Jésus prie : " Mon Père, s’il est possible que cette coupe passe loin de moi... " (Mt 26, 39). Il exprime ainsi l’horreur que représente la mort pour sa nature humaine. En effet celle-ci, comme la nôtre, est destinée à la vie éternelle ; en plus, à la différence de la nôtre, elle est parfaitement exempte du péché (cf. He 4, 15) qui cause la mort (cf. Rm 5, 12) ; mais surtout elle est assumée par la personne divine du " Prince de la Vie " (Ac 3, 15), du " Vivant " (Ap 1, 17 ; cf. Jn 1, 4 ; 5, 26). En acceptant dans sa volonté humaine que la volonté du Père soit faite (cf. Mt 26, 42), il accepte sa mort en tant que rédemptrice pour " porter lui-même nos fautes dans son corps sur le bois " (1 P 2, 24).
613 La mort du Christ est à la fois le sacrifice Pascal qui accomplit la rédemption définitive des hommes (cf. 1 Co 5, 7 ; Jn 8, 34-36) par l’Agneau qui porte le péché du monde (cf. Jn 1, 29 ; 1P 1, 19) et le sacrifice de la Nouvelle Alliance (cf. 1 Co 11, 25) qui remet l’homme en communion avec Dieu (cf. Ex 24, 8) en le réconciliant avec Lui par le sang répandu pour la multitude enrémission des péchés (cf. Mt 26, 28 ; Lv 16, 15-16).
614 Ce sacrifice du Christ est unique, il achève et dépasse tous les sacrifices (cf. He 10, 10). Il est d’abord un don de Dieu le Père lui-même : c’est le Père qui livre son Fils pour nous réconcilier avec lui (cf. 1 Jn 4, 10). Il est en même temps offrande du Fils de Dieu fait homme qui, librement et par amour (cf. Jn 15, 13), offre sa vie (cf. Jn 10, 17-18) à son Père par l’EspritSaint (cf. He 9, 14), pour réparer notre désobéissance.
615 " Comme par la désobéissance d’un seul la multitude a été constituée pécheresse, ainsi par l’obéissance d’un seul la multitude sera constituée juste " (Rm 5, 19). Par son obéissance jusqu’à la mort, Jésus a accompli la substitution du Serviteur souffrant qui " offre sa vie en sacrifice expiatoire ", " alors qu’il portait le péché des multitudes " " qu’il justifie en s’accablant lui-mêmede leurs fautes " (Is 53, 10-12). Jésus a réparé pour
nos fautes et satisfait au Père pour nos péchés (cf. Cc. Trente : DS 1529).
616 C’est " l’amour jusqu’à la fin " (Jn 13, 1) qui confère sa valeur de rédemption et de réparation, d’expiation et de satisfaction au sacrifice du Christ. Il nous a tous connus et aimés dans l’offrande de sa vie (cf. Ga 2, 20 ; Ep 5, 2. 25). " L’amour du Christ nous presse, à la pensée que, si un seul est mort pour tous, alors tous sont morts " (2 Co 5, 14). Aucun homme, fût-il le plus saint, n’était en mesure de prendre sur lui les péchés de tous les hommes et de s’offrir en sacrifice pour tous. L’existence dans le Christ de la Personne divine du Fils, qui dépasse et, en mêmetemps, embrasse toutes les personnes humaines, et qui le constitue Tête de toute l’humanité, rend possible son sacrifice rédempteur pour tous.
617 " Par sa sainte passion, sur le bois de la Croix, Il nous a mérité la justification " enseigne le Concile de Trente (DS 1529) : soulignant le caractère unique du sacrifice du Christ comme " principe de salut éternel " (He 5, 9). Et l’Église vénère la Croix en chantant : " Salut, O Croix, notre unique espérance " (Hymne " Vexilla Regis ").
Notre participation au sacrifice du Christ
618 La Croix est l’unique sacrifice du Christ " seul médiateur entre Dieu et les hommes " (1 Tm 2, 5). Mais, parce que, dans sa Personne divine incarnée, " il
s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme " (GS 22, § 2), il " offre à tous les hommes, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associés au mystère pascal " (GS 22, § 5). Il appelle ses disciples à " prendreleur croix et à le suivre " (Mt 16, 24) car " il a souffert pour nous, il nous a tracé le chemin afin que nous suivions ses
pas " (1 P 2, 21). Il veut en effet associer à son sacrifice rédempteur ceux-là même qui en sont les premiers bénéficiaires (cf. Mc 10, 39 ; Jn 21, 18-19 ; Col 1, 24). Cela s’accomplit suprêmement pour sa Mère, associée plus intimement que tout autre au mystère de sa souffrance rédemptrice (cf. Lc 2, 35) :
En dehors de la Croix il n’y a pas d’autre échelle par où monter au ciel (Ste. Rose de Lima, vita).
En dehors de la Croix il n’y a pas d’autre échelle par où monter au ciel (Ste. Rose de Lima, vita).
EN BREF
620 Notre salut découle de l’initiative d’amour de Dieu envers nous car " c’est lui qui nous
a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés " (1 Jn 4, 10). " C’est Dieu qui dans le Christ se réconciliait le monde " (2 Co 5, 19).
621 Jésus s’est offert librement pour notre salut. Ce don, il le signifie et le réalise à l’avance pendant la dernière cène : " Ceci est mon corps, qui va être donné pour vous " (Lc 22, 19).
622 En ceci consiste la rédemption du Christ : il " est venu donner sa vie en rançon pour la multitude " (Mt 20, 28), c’est-à-dire " aimer les siens jusqu’à la fin " (Jn 13, 1) pour qu’ils soient" affranchis de la vaine conduite héritée de leurs pères " (1 P 1, 18).
623 Par son obéissance aimante au Père, " jusqu’à la mort de la croix " (Ph 2, 8), Jésus accomplit la mission expiatrice (cf. Is 53, 10) du Serviteur souffrant qui " justifie les multitudes en s’accablant lui-même de leurs fautes " (Is 53, 11 ; cf. Rm 5, 19).
624 " Par
la grâce de Dieu, au bénéfice de
tout homme, il a goûté la mort " (He 2, 9). Dans son dessein de salut, Dieu a disposé que
son Fils non seulement " mourrait pour
nos péchés "
(1 Co15, 3) mais aussi qu’il
" goûterait la mort ", c’est-à-dire connaîtrait l’état de mort, l’état de séparation entre
son âme et
son corps, durant le
temps compris entre
le moment où il a expiré sur la croix et le moment où il est ressuscité. Cet état du Christ mort est le mystère du sépulcre et de la descente aux enfers. C’est
le mystère du Samedi Saint où le Christ déposé au tombeau (cf. Jn19, 42) manifeste le
grand repos sabbatique de Dieu (cf. He 4, 7-9) après l’accomplissement (cf. Jn 19, 30) du salut des hommes qui met en paix l’univers entier (cf. Col 1, 18-20).
625 Le séjour du Christ au tombeau constitue le lien réel entre l’état passible du Christ avant Pâque et son actuel état glorieux de Ressuscité. C’est
la même personne du
" Vivant "
qui peut dire : " J’ai été mort et me voici vivant pour
les siècles des siècles " (Ap 1, 18) :
Dieu [le Fils] n’a pas empêché la mort de séparer l’âme du corps, selon l’ordre nécessaire à la nature, mais il les a de nouveau réunis l’un à l’autre par la Résurrection, afin d’être lui-même dans sa personne le point de rencontre de la mort et de la vie en arrêtant en lui la décomposition de la nature produite par la mort et en devenant lui-même principe de réunion pour les parties séparées (S. Grégoire de Nysse, or. catech. 16 : PG 45, 52B).
Dieu [le Fils] n’a pas empêché la mort de séparer l’âme du corps, selon l’ordre nécessaire à la nature, mais il les a de nouveau réunis l’un à l’autre par la Résurrection, afin d’être lui-même dans sa personne le point de rencontre de la mort et de la vie en arrêtant en lui la décomposition de la nature produite par la mort et en devenant lui-même principe de réunion pour les parties séparées (S. Grégoire de Nysse, or. catech. 16 : PG 45, 52B).
626 Puisque le
" Prince de la vie " qu’on
a mis à mort (Ac 3, 15) est bien le même que " le Vivant qui
est ressuscité "
(Lc 24, 5-6), il faut que la personne divine du Fils
de Dieu ait continué à assumer son âme et son corps séparés entre
eux par la mort :
Du fait qu’à la mort du Christ l’âme a été séparée de la chair, la personne unique ne s’est pas trouvée divisée en deux personnes ; car le corps et l’âme du Christ ont existé au même titre dès le début dans la personne du Verbe ; et dans la mort, quoique séparés l’un de l’autre, ils sont restés chacun avec la même et unique personne du Verbe (S. JeanDamascène, f. o. 3, 27 : PG 94, 1098A).
Du fait qu’à la mort du Christ l’âme a été séparée de la chair, la personne unique ne s’est pas trouvée divisée en deux personnes ; car le corps et l’âme du Christ ont existé au même titre dès le début dans la personne du Verbe ; et dans la mort, quoique séparés l’un de l’autre, ils sont restés chacun avec la même et unique personne du Verbe (S. JeanDamascène, f. o. 3, 27 : PG 94, 1098A).
" Tu ne laisseras pas
ton saint voir la corruption "
627 La mort du Christ a été
une vraie mort en tant
qu’elle a mis fin
à son existence humaine terrestre. Mais à cause de l’union que la Personne du Fils
a gardé avec son Corps, il n’est pasdevenu une dépouille mortelle comme
les autres car " il n’était pas possible qu’il fût retenu en son pouvoir (de la mort) " (Ac 2, 24). C’est pourquoi
" la vertu divine a préservé le corps du Christ de la corruption "
(S. Thomas d’A.,
s. th. 3, 51, 3).
Du Christ on
peut dire à la fois : " Il a été retranché de
la terre des vivants " (Is 53, 8) ; et :
" Ma chair reposera dans l’espérance que tu n’abandonneras pas
mon âme aux enfers et
ne laisseras pas
ton saint voir la corruption " (Ac 2, 26-27 ; cf. Ps 16, 9-10). La Résurrection de Jésus " le troisième jour " (1 Co 15, 4 ; Lc 24, 46 ; cf. Mt 12, 40 ; Jon 2, 1 ; Os 6, 2)
en était la preuve car la corruption était censée se manifester à partir du quatrième jour (cf. Jn 11, 39).
628 Le Baptême, dont le signe originel et plénier est l’immersion, signifie efficacement la descente au tombeau du chrétien qui meurt au péché avec
le Christ en vue d’une vie nouvelle : " Nous avons
été ensevelis avec
le Christ par
le Baptême dans
la mort, afin que, comme
le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions nous
aussi dans une vie nouvelle "
(Rm 6, 4 ; cf. Col 2, 12 ; Ep 5, 26).
EN BREF
629 Au bénéfice de
tout homme Jésus a goûté la mort (cf. He 2, 9). C’est vraiment le Fils de Dieu fait homme qui
est mort et
qui a été enseveli.
630 Pendant le séjour du Christ au tombeau sa Personne divine a continué à assumer tant son âme que son corps séparés pourtant entre
eux par la mort.
C’est pourquoi le corps du Christmort " n’a
pas vu la corruption " (Ac 12, 37).
Cathéchisme
de l’Église Catholique
SOURCE : http://www.vatican.va/archive/FRA0013/_P1J.HTM
Les instruments de la
Passion, église Saint-Pierre de Collonges-la-Rouge.
Thème 10 - La Passion et la mort en Croix
Jésus est
mort pour nos péchés (cf. Rm 4, 25) afin de nous en délivrer et de nous faire
vivre de la vie de Dieu.
RÉSUMÉ DE LA FOI CHRÉTIENNE1 fév. 2014
La
Passion et la mort en Croix
Le sens
général de la Croix du Christ.
Application
au mystère de la Croix
1.1.Quelques
prémices
Le mystère de la Croix se situe
dans le cadre général du projet de Dieu et de la venue de Jésus au monde. Le
sens de la création est donné par sa finalité surnaturelle, qui consiste en
l’union à Dieu. Cependant, le péché a profondément altéré l’ordre de la
création ; l’homme a cessé de voir le monde comme une œuvre pleine de bonté et
en a fait une réalité équivoque. Il a mis son espérance dans les créatures et
s’est donné pour but de fausses finalités terrestres.
La venue de Jésus-Christ au monde a comme finalité
de réimplanter dans le monde le projet de Dieu et de le conduire efficacement à
sa destination d’union avec Lui. Pour cela, Jésus, véritable Chef du genre
humain[1], a assumé toute la réalité humaine
dégradée par le péché. Il l’a faite sienne et l’a offerte filialement au Père.
De cette façon, Jésus restitue à chaque relation et situation humaine son vrai
sens, dans sa dépendance de Dieu le Père.
Ce sens ou but de la venue de Jésus se réalise par
toute sa vie, en chacun de ses mystères, dans lesquels Jésus glorifie
pleinement le Père. Chaque événement et chaque étape de la vie du Christ
possède une finalité spécifique en vue de cet objectif de salut[2].
La finalité propre au mystère de
la Croix est d’effacer le péché du monde (cf. Jn 1, 29), chose absolument
nécessaire pour que puisse se réaliser l’union filiale avec Dieu. Cette union
est, comme nous l’avons dit, l’objectif ultime du plan de Dieu (cf. Rm 8,
28-30).
Jésus efface le péché du monde en le chargeant sur
ses épaules et en l’annulant dans la justice de son cœur saint[3]. C’est en cela que consiste
essentiellement le mystère de la Croix :
a) Il s’est chargé de nos péchés. Cela
est indiqué, en premier lieu, par l’histoire de sa passion et de sa mort rapportée
dans les Évangiles. Ces faits appartenant à l’histoire du Fils de Dieu incarné
et non pas d’un homme quelconque, plus ou moins saint, ont une valeur et une
efficacité universelles qui s’appliquent à tout le genre humain. En eux, nous
voyons que Jésus est livré par le Père aux mains des pécheurs (cf. Mt 26, 45)
et que lui-même permet volontairement que leur méchanceté détermine en tout son
sort. Comme le dit Isaïe en présentant son impressionnante figure de Jésus[4]: « Maltraité, il s'humilie, il n'ouvre
pas la bouche : comme un agneau conduit à l'abattoir, comme une brebis muette
devant les tondeurs, il n'ouvre pas la bouche » (Is 53, 7). Agneau sans tache,
il accepte librement les souffrances physiques et morales imposées par
l’injustice des pécheurs et, en elles, il prend sur lui tous les péchés des
hommes, toute offense à Dieu. Chaque offense humaine est, d’une certaine façon,
cause de la mort du Christ. Nous disons, dans ce sens, que Jésus s’est « chargé
» de nos péchés au Golgotha (cf. 1 P 2, 24).
b) Il élimine le péché par son offrande.
Mais le Christ ne s’est pas limité à porter nos péchés. Il les a aussi
détruits, éliminés. En effet, il a accepté les souffrances dans la
justice filiale, dans l’union obéissante et aimante envers son Père
Dieu, et dans la justice innocente de qui aime le pécheur même
si ce dernier ne le mérite pas, de qui cherche à pardonner les offenses par
amour (cf. Lc 22, 42 ; 23, 34). Il a offert au Père ses souffrances et sa mort
en notre faveur, pour notre pardon : « C'est par ses blessures que nous sommes
guéris » (Is 53, 5).
· La Croix révèle la miséricorde et
la justice de Dieu en Jésus Christ
L’élimination du péché est donc
le fruit de la Croix. L’homme s’approprie ce fruit au moyen des sacrements
(spécialement grâce à la confession sacramentelle) ; et il se l’appropriera
définitivement après cette vie, s’il est fidèle à Dieu. De la Croix découle la
possibilité pour tous les hommes de vivre éloignés du péché et d’intégrer les
souffrances et la mort dans leur propre chemin vers la sainteté.
Dieu a voulu sauver le monde par le chemin de la
Croix, mais non parce qu’il aime la douleur ou la souffrance. Dieu n’aime que
le bien et faire le bien. Il n’a pas voulu la Croix de façon inconditionnelle
comme il veut, par exemple, qu’existent les créatures. Il l’a voulue præviso
peccato, prévoyant le péché. La Croix est là parce que le péché existe.
Mais aussi parce que l’Amour existe. La Croix est le fruit de l’amour de Dieu
confronté au péché des hommes.
Dieu a voulu envoyer son Fils
dans le monde afin qu’il réalise le salut des hommes par le sacrifice de sa
propre vie, et ceci en dit long d’abord sur Dieu lui-même. Concrètement, la
Croix révèle la miséricorde et la justice de Dieu :
a) La miséricorde. La Sainte Écriture
affirme fréquemment que le Père a livré son Fils aux mains des pécheurs (cf. Mt
26, 54), qu’il n’a pas épargné son propre Fils. De par l’unité des Personnes
divines dans la Trinité, en Jésus-Christ, Verbe incarné, se trouve toujours présent
le Père qui l’envoie. Pour cette raison, derrière la décision libre de Jésus de
donner sa vie pour nous, se trouve le don que le Père nous fait de son Fils
bien-aimé, le remettant aux pécheurs. Cette offrande manifeste plus qu’aucun
autre geste de l’histoire du salut l’amour et la miséricorde de Dieu le Père
pour les hommes.
b) La Croix nous révèle aussi la justice de
Dieu. Celle-ci ne consiste pas tant à faire payer l’homme pour le péché qu’à
remettre l’homme sur le chemin de la vérité et du bien, en restaurant les biens
que le péché a détruits. La fidélité, l’obéissance et l’amour du Christ à Dieu,
son Père; la générosité, la charité et le pardon de Jésus à ses frères, les
hommes; sa véracité, sa justice et son innocence, maintenues et affirmées à l’heure
de sa passion et de sa mort, accomplissent cette fonction : vider le péché de
sa force condamnatoire et ouvrir nos cœurs à la sainteté et à la justice,
puisqu’Il se livre pour nous. Dieu nous délivre de nos péchés par le chemin de
la justice, par la justice du Christ. Comme fruit du sacrifice du Christ et par
la présence de sa force salvatrice, nous pouvons toujours nous comporter comme
des enfants de Dieu, en toute situation.
· La Croix dans sa réalisation
historique
Jésus connaissait dès le début et
de manière adéquate au progrès de sa mission et de sa conscience humaine que le
cours de sa vie le conduisait à la Croix. Il a accepté pleinement cela : il
était venu accomplir la volonté du Père jusque dans les plus petits détails
(cf. Jn 19, 28-30), et cet accomplissement l’a amené à « donner sa vie en
rançon pour la multitude » (Mc 10, 45).
Dans la réalisation de la tâche dont le Père
l’avait chargé, Jésus se heurta à l’opposition des autorités religieuses
d’Israël qui voyaient en lui un imposteur. Aussi « certains chefs d’Israël ont
accusé Jésus d’agir contre la Loi, contre le temple de Jérusalem et en
particulier contre la foi au Dieu unique, parce qu’il se proclamait Fils de
Dieu. C’est pourquoi ils le livrèrent à Pilate afin qu’il fût condamné à mort »
(Compendium, 113).
Ceux qui ont condamné Jésus ont péché en rejetant
la Vérité qui est le Christ. En réalité, tout péché est un rejet de Jésus et de
la vérité qu’il nous apporte de la part de Dieu. Dans ce sens, tout péché
contribue à la Passion de Jésus. « La passion et la mort de Jésus ne peuvent
être imputées indistinctement ni à tous les Juifs alors vivants, ni aux Juifs
venus ensuite dans le temps et dans l’espace. Tout pécheur individuel,
c’est-à-dire tout homme, est réellement la cause et l’instrument des
souffrances du Rédempteur. Sont plus gravement coupables ceux qui, surtout
s’ils sont chrétiens, retombent souvent dans le péché et se complaisent dans
les vices » (Compendium, 117).
· Sacrifice et Rédemption
Jésus est mort pour nos péchés
(cf. Rm 4, 25) afin de nous en délivrer et de nous racheter de l’esclavage que
le péché introduit dans la vie humaine. La Sainte Écriture affirme que la
passion et la mort du Christ sont : a) un sacrifice d’alliance, b) un sacrifice
d’expiation, c) un sacrifice de propitiation et de réparation pour les péchés,
d) un acte de rédemption et de libération des hommes.
a) Jésus, en offrant sa vie à Dieu sur la Croix,
institue la Nouvelle Alliance, c'est-à-dire la nouvelle forme
d’union de Dieu avec les hommes qui avait été prophétisée par Isaïe (cf. Is 42,
6), Jérémie (cf. Jr 31, 31-33) et Ézéchiel (cf. Ez 37, 26). Le nouveau Pacte
est l’alliance scellée par le corps du Christ livré et son sang versé pour nous
(cf. Mt 26, 27-28).
b) Le sacrifice du Christ sur la Croix a valeur
d’expiation, c’est-à-dire d’élimination et de purification du péché (cf. Rm
3, 25 ; He 1, 3 ; 1 Jn 2, 2 ; 4, 10).
c) La Croix est un sacrifice de
propitiation et de réparation pour le péché (cf. Rm 3, 25 ; He 1, 3 ;
1 Jn 2, 2 ; 4, 10). Le Christ manifeste envers le Père l’amour et l’obéissance
que les hommes lui avaient refusés par leurs péchés. Il fait ainsi justice et
offre satisfaction à l’amour paternel de Dieu rejeté depuis l’origine de
l’histoire.
d) La Croix du Christ est un acte de
rédemption et de libération de l’homme. Jésus a payé pour notre
liberté le prix de son sang, c’est-à-dire de ses souffrances et de sa mort (cf.
1 P 1, 18). Il a ainsi mérité notre salut afin de nous incorporer au royaume
des cieux : « Nous arrachant au pouvoir des ténèbres, il nous a placés dans le
royaume de son Fils bien-aimé. En Lui nous avons la rédemption, le pardon des
péchés ». (Col 1, 13-14).
· Les effets de la Croix
L’effet principal de la Croix est d’éliminer le
péché et tout ce qui s’oppose à l’union de l’homme à Dieu. La Croix, en plus
d’éliminer les péchés, nous délivre aussi du démon qui
dirige sournoisement la trame du péché, ainsi que de la mort éternelle.
Le démon ne peut rien contre celui qui est uni au Christ (cf. Rm 8, 31-39) et
la mort cesse d’être une séparation éternelle de Dieu pour devenir porte
d’accès à la destinée ultime (cf. 1 Co 15, 55-56).
Ayant enlevé tous ces obstacles,
la Croix ouvre à l’humanité le chemin du salut, la possibilité universelle de
la grâce.
Avec la Résurrection du Christ et
sa glorieuse Exaltation, la Croix est cause de la justification de l’homme,
c’est-à-dire non seulement de l’élimination du péché et des autres obstacles,
mais encore du don de la vie nouvelle: la grâce du Christ qui sanctifie l’âme.
Chaque sacrement est une façon diverse de participer à la Pâque du Christ et de
s’approprier le salut qui en découle. Le Baptême, concrètement, nous libère de
la mort introduite par le péché originel et nous permet de vivre la vie
nouvelle du Ressuscité.
Jésus est la cause unique et
universelle du salut de l’homme, l’unique médiateur entre Dieu et les hommes.
Toute grâce de salut donnée aux hommes provient de sa vie et, en particulier,
de son mystère pascal.
· Co-racheter avec le Christ
Comme nous venons de le dire, la
Rédemption réalisée par le Christ sur la Croix est universelle, elle s’étend à
tout le genre humain. Mais le fruit et les mérites de la Passion et de la Mort
du Christ doivent être appliqués à chacun, principalement au moyen de la foi et
des sacrements.
Notre Seigneur Jésus-Christ est l’unique médiateur
entre Dieu et les hommes (cf. 1 Tm 2, 5). Mais Dieu le Père a voulu que nous ne
soyons pas seulement rachetés mais aussi corédempteurs (cf. Catéchisme,
618). Il invite chacun à prendre sa croix et à le suivre (cf. Mt 16, 24), lui
qui « a souffert pour vous et vous a laissé son exemple afin que vous suiviez
ses traces » (1 P 2, 21).
Saint Paul écrit :
a) « Avec le Christ, je suis fixé
à la Croix : je vis, mais ce n'est plus moi, c'est le Christ qui vit en moi »
(Ga 2, 19-20) : pour atteindre l’identification au Christ, il faut embrasser la
Croix
b) « Ce qu'il reste à souffrir
des épreuves du Christ, je l'accomplis dans ma propre chair, pour son corps qui
est l'Église » (Col 1, 24) : nous pouvons être corédempteurs avec le Christ.
Dieu n’a pas voulu nous délivrer
de toutes les pénalités de cette vie afin qu’en les acceptant, nous nous
identifiions au Christ, nous méritions la vie éternelle et coopérions à la
tâche de porter aux autres les fruits de la Rédemption. La maladie et la
douleur, offertes à Dieu en union au Christ atteignent une grande valeur
rédemptrice, tout comme la mortification corporelle pratiquée dans le même
esprit que celui du Christ souffrant librement et volontairement sa Passion :
par amour, pour nous racheter en expiant pour nos péchés.
Sur la Croix, Jésus-Christ nous
donne l’exemple de toutes les vertus :
a) de charité : « Il n'y a pas de
plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15, 13) ;
b) d’obéissance : il s’est fait «
obéissant jusqu'à mourir, et à mourir sur une croix » (Ph 2, 8) ;
c) d’humilité, de douceur et de
patience : il a supporté les souffrances sans les esquiver ni les alléger,
comme un doux agneau (cf. Jr 11, 19) ;
d) de détachement des choses
créées : le Roi des rois et Seigneur des seigneurs apparaît sur la Croix
dépouillé de tout, raillé, rejeté, roué de coups, couronné d’épines, par Amour.
Le Seigneur a voulu associer sa Mère, plus
intimement que quiconque, au mystère de ses souffrances rédemptrices (cf. Lc 2,
35 ; Catéchisme, 618). La Vierge Marie nous enseigne à rester
auprès de la Croix de son Fils[5].
Antonio
Ducay
Bibliographie
de base
Catéchisme
de l’Église catholique, 599-618.
Compendium
du Catéchisme de l’Église catholique, 112-124.
Jean Paul
II, La valeur rédemptrice de la Passion du Christ, catéchèses du 7
et 28 septembre, et du 5, 19 et 26 octobre 1988.
Jean Paul
II, La mort du Christ : son caractère rédempteur, catéchèses du 14
décembre 1988 et du 11 janvier 1989.
Lectures
recommandées
Saint
Josémaria, Homélie La mort du Christ, vie du chrétien, dans Quand
le Christ passe, 95-101.
[1]Il est notre Chef (Tête) parce
qu’il est le fils de Dieu et parce qu’il s’est rendu solidaire avec nous en
tout excepté le péché (cf. He 4, 15)
[2]L’enfance de Jésus, sa vie de
travail, son baptême dans le Jourdain, sa prédication, tout contribue à la
Rédemption des hommes. Se référant à la vie du Christ dans le village de
Nazareth, saint Josémaria disait : « Ces années cachées de la vie du Seigneur
ne sont pas sans signification; elles ne sont pas non plus une simple
préparation des années à venir, celles de sa vie publique. Depuis 1928, j'ai
clairement compris que Dieu désire que les chrétiens prennent pour exemple la
vie du Seigneur tout entière. J'ai compris tout spécialement sa vie cachée, sa
vie de travail courant au milieu des hommes; le Seigneur veut, en effet, que
beaucoup d'âmes trouvent leur voie dans ces années de vie cachée et sans éclat
», Quand le Christ passe, 20
[4]Les quatre poèmes du mystérieux «
Serviteur de Yahvé » constituent une splendide prophétie vétérotestamentaire de
la Passion du Christ (Is 42, 1-9 ; 49, 1-9 ; 50, 4-9; 52, 13; 53, 12)
La Crucifixion du Christ, Évangiles
de Rabula, 586,
33, 5 X 25,5, Florence, Bibliothèque Médicéo-Laurentine.
Venerdì Santo - Passione del Signore
Il Venerdi Santo e il giorno della Croce. In tutta la vicenda umana e storica di Gesù, la « Passione » designa da sempre l’insieme degli avvenimenti dolorosi che lo colpirono fino alla morte in croce.
Quante e quante volte i nostri occhi si sono posati su un Crocifisso o una semplice croce, in questo mondo distratto, superattivo, superficiale?
Quante volte entrando in una chiesa o passando davanti a delle edicole religiose agli angoli delle strade, sui sentieri di campagna o di montagna, o mettendola al collo sia per devozione, sia per moda, i nostri occhi hanno visto la Croce; quante volte sin da bambini ci siamo segnati con il segno della Croce, recitando una preghiera o guardando il Crocifisso appeso alla parete della nostra stanza da letto, iniziando e terminando così la nostra giornata.
La Croce simbolo del cristianesimo, presente nella nostra vita sin dalla nascita, nei segni del rito del Battesimo, nell’assoluzione nel Sacramento della Penitenza, nelle benedizioni ricevute e date in ogni nostro atto devozionale e sacramentale; fino all’ultimo segno tracciato dal sacerdote nel Sacramento degli Infermi, nella croce astile che precede il funerale e nella croce di marmo o altro materiale, poggiata sulla tomba.
Così presente nella nostra vita e pur tante volte ignorata e guardata senza che ci dica niente, con occhio distratto e abituato; eppure la Croce è il supremo simbolo della sofferenza e della morte di Gesù, vero Dio e vero uomo, che con il Suo sacrificio ci ha riscattato dalla morte del peccato, indicandoci la vera Vita che passa attraverso la sofferenza.
Gesù stesso con le Sue parabole insegnò che il seme va sotterrato, marcisce e muore, per dare nuova vita alla pianta che da lui nascerà.
In tutta la vicenda umana e storica di Gesù, la “Passione” culminata nel Venerdì Santo, designa da sempre l’insieme degli avvenimenti dolorosi che lo colpirono fino alla morte in croce. E questo insieme di atti progressivi e dolorosi prese il nome di “Via Crucis” (pratica extraliturgica, introdotta in Europa dal domenicano beato Alvaro, (†1402), e dopo di lui dai Frati Minori Francescani); che la Chiesa Cattolica, ricorda in ogni suo tempio con le 14 ‘Stazioni’; quadretti attaccati alle pareti, oppure lungo i crinali delle colline dove sorgono Santuari, meta di pellegrinaggi; con edicole, gruppi statuari o cappelle, che invitano alla meditazione e penitenza; in ognuna di queste ‘Stazioni’ sono raffigurati con varie espressioni artistiche, momenti della dolorosa “Via Crucis” e Passione di Gesù; espressione di alta simbologia ed arte, sono ad esempio i Sacri Monti come quelli di Varallo e di Varese, e i celebri Calvari bretoni.
La “Passione” di Gesù cominciò dopo l’Ultima Cena tenuta con gli Apostoli, dove Egli diede all’umanità il dono più grande che si potesse: sé stesso nel Sacramento dell’Eucaristia, inoltre l’istituzione del Sacerdozio cristiano e la grande lezione di umiltà e di amore verso il prossimo con la lavanda dei piedi dei Dodici Apostoli.
I Vangeli raccontano gli avvenimenti in modo abbastanza preciso e concorde; nella primavera dell’anno 30, Gesù discese con i suoi discepoli dalla Galilea a Gerusalemme, in occasione della Pasqua ebraica, l’annuale “memoriale” della prodigiosa liberazione del popolo ebreo dall’Egitto.
Qui tenne l’Ultima Cena, dove di fatto fu sostituito il vecchio “memoriale” con il nuovo, da rinnovare nel tempo fino al suo ritorno: “Questo è il mio corpo, che è dato per voi”; “Questo calice è la nuova alleanza nel mio sangue che viene versato per voi”; “Fate questo in memoria di me!”.
Nella “redenzione dal peccato” si deve ricercare in buona parte, il senso della ‘Passione’ di Cristo e di questo trattano i racconti evangelici, nel susseguirsi degli avvenimenti che seguirono l’Ultima Cena; è bene ricordare che lo stesso Gesù preannunziò ciò che sarebbe accaduto ai suoi discepoli per ben tre volte, preparandoli al suo destino di sofferenze e di gloria; in particolare la terza volta (Luca 18, 31-33).
Ma il suo sacrificio, è presentato nei Vangeli anche come l’attuazione della parola dei profeti, contenuta nelle Scritture e si delinea una grande verità, consegnandosi mite e benevole nelle mani di uomini che faranno di lui quello che vorranno, l’”Agnello di Dio” ha preso su di sé e ha ‘tolto’ il peccato del mondo (Giovanni 1,29).
Per questo si nota che nel racconto evangelico della Passione, ogni atto è presentato come malvagio, ingiusto e crudele; anche tutti coloro che intervengono nei confronti di Gesù sono cattivi o meglio peccatori, come una sequenza impressionante dei peccati degli uomini contro di Lui.
È necessario che il male ed il peccato si scateni contro Gesù, portandolo fino alla morte e dando la sensazione di aver vinto il Bene; finché con la Sua Resurrezione alla fine si vedrà che la vittoria finale sul male, è la sua.
La ‘Passione’ si svolge con una sequenza di immagini drammatiche, prima di tutto il tradimento di Giuda, che lo vende e lo denuncia con un bacio nel giardino posto al di là del torrente Cedron, dove si era ritirato a pregare con i suoi discepoli, e dove Gesù, aveva avuto la visione angosciante della prossima fine, sudando sangue e al punto di chiedere al Padre di far passare, se era possibile, questo calice amaro di sofferenza, ma nel contempo accettò di fare la Sua volontà.
Segue l’arresto notturno da parte dei soldati e delle guardie fornite dai sommi sacerdoti e dai farisei; Gesù subisce l’interrogatorio di Anna, ex sommo sacerdote molto potente e suocero del sommo sacerdote in carica Caifa; poi il giudizio del Sinedrio giudaico capeggiato da Caifa, che formula ad ogni costo un’accusa che consenta la sua condanna a morte, che però per la legge vigente a Gerusalemme, non poteva essere attuata dalle autorità ebraiche.
Nel contempo si concreta il triplice rinnegamento del suo primo discepolo Pietro; poi Gesù viene condotto dal governatore romano Ponzio Pilato, accusato di essersi proclamato re dei Giudei, commettendo quindi un delitto di lesa maestà verso l’imperatore romano.
Nel confronto con Pilato, Gesù afferma la sua Regalità; nonostante che non si ravvisa in lui colpa alcuna, l’attaccamento al potere, la colpevole viltà del governatore, non fanno prendere una decisione a Pilato, che secondo il Vangelo di Luca (23,6) non volendo pronunciarsi, lo manda da re Erode, presente in quei giorni a Gerusalemme; il quale dopo un’inutile interrogatorio e istigato dai sommi sacerdoti e scribi, lo schernisce insultandolo, poi rivestito di una splendida veste lo rimanda da Pilato.
Ancora una volta Pilato titubante chiede al popolo che colpa ha quest’uomo, perché lui non ne trova; alle grida di condanna lo fa flagellare, pensando che così si calmassero, ma questi gridarono sempre più forte di crocifiggerlo; allora Pilato secondo le consuetudini locali, potendo liberare un prigioniero in occasione della Pasqua, chiese al popolo se intendevano scegliere fra Gesù e un ribelle prigioniero di nome Barabba, che aveva molti morti sulla coscienza, ma anche in questa scelta il popolo si espresse gridando a favore di Barabba.
Non potendo fare altro, il governatore simbolicamente si lavò le mani e condannò a morte Gesù, tramite la crocifissione, pena capitale praticata in quell’epoca e lo consegnò ai soldati.
I soldati con feroce astuzia, posero sul capo di Gesù, schernendolo, una corona di spine pungenti e caricarono sulle sue spalle, già straziate da una lacerante flagellazione, il “patibulum”, avviandosi verso la collina del Golgota o Calvario, luogo dell’esecuzione.
La “Via Crucis” di Gesù presenta alcuni incontri non tutti riportati concordemente dai quattro evangelisti, come l’incontro con Simone di Cirene, obbligato dai soldati a portare la croce di Gesù o a condividerne il peso; l’incontro con le donne di Gerusalemme alle quali dice con toni apocalittici di piangere su loro stesse; l’incontro con la Veronica, le cadute sull’erta salita.
Arrivati sulla cima del calvario, viene dai soldati spogliato delle sue vesti, che vennero tirate a sorte fra gli stessi soldati, poi crocifisso con chiodi alla croce, tortura orribile e atroce, che conduce Gesù alla morte dopo qualche ora, sempre fra insulti e offese, alla fine invece di spezzargli le gambe per accelerarne la morte per soffocamento, essendo già morto, la lancia di un centurione gli perforerà il costato per accertarsene.
C’è ancora tutta una serie di episodi che si verificano prima e dopo la sua morte, come il suicidio di Giuda, lo scambio di parole con i due ladroni, crocifissi anche loro in quell’occasione, lo squarcio del Velo del Tempio di Gerusalemme, il terremoto, lo sconvolgimento degli elementi atmosferici, la presenza ai piedi della Croce di Maria sua madre, di Maria di Magdala (Maddalena), di Maria di Cleofa, madre di Giacomo il Minore e Giuseppe, di Salome madre dei figli di Zebedeo e da Giovanni il più giovane degli apostoli; l’affidamento reciproco fra Maria e Giovanni; le sue ultime parole prima di morire.
La ‘Passione’ si conclude, dopo la deposizione affrettata per l’approssimarsi della festività del sabato, con la sepoltura del suo corpo mortale in una tomba data da Giuseppe d’Arimatea, anche lui diventato suo discepolo, avvolto in un candido lenzuolo e cosparso degli oli e aromi usuali, poi la tomba scavata nella roccia, venne chiusa da una grossa pietra.
In questo contesto finale s’inserisce l’esistenza e la venerazione per la Sacra Sindone, conservata nel Duomo di Torino, prova tangibile dei patimenti e del metodo crudele subito da Gesù per la crocifissione.
Dato il poco spazio disponibile, si è dovuto necessariamente essere veloci nel descrivere praticamente la ‘Passione di Nostro Signore’, ma questo storico evento lo si può meditare ampliamente, partecipando ai riti della Settimana Santa, che da millenni la Chiesa cattolica e le altre Chiese Cristiane celebrano.
Aggiungiamo solo che Gesù ha voluto con la sofferenza e la sua morte, prendere su di sé le sofferenze e i dolori di ogni genere dell’umanità, quasi un “chiodo scaccia chiodo”; indicando nel contempo che la sofferenza è un male necessario, perché iscritto nella storia di ogni singolo uomo, come lo è la morte del corpo, come conseguenza del peccato, ma essa può essere trasformata in una luce di speranza, di compartecipazione con le sofferenze degli altri nostri fratelli, che condividono con noi, ognuno nella sua breve o lunga vita terrena, il cammino verso la patria celeste.
Questo concetto e valorizzazione del dolore fu nei millenni cristiani, ben compreso ed assimilato da tante anime mistiche, al punto di non desiderare altro che condividere i dolori della ‘Passione’; ottenendo da Cristo di portare nel loro corpo i segni visibili e tormentati di tanto dolore; come pure per tanti ci fu il sacrificio della loro vita, seguendo l’esempio del Redentore, per l’affermazione della loro fede in Lui e nei suoi insegnamenti.
Ecco allora la schiera immensa dei martiri che a partire sin dai primi giorni dopo la morte di Gesù e fino ai nostri giorni, patirono e morirono violentemente, con metodi anche forse più strazianti della crocifissione, come quello di essere dilaniati vivi dalle belve feroci; bruciati vivi sui roghi; fatti a pezzi dai selvaggi nelle Missioni; scorticati vivi, ecc.
Poi riferendoci a quando prima accennato ai segni della ‘Passione’ sul proprio corpo, solo per citarne qualcuno: Le Stimmate di s. Francesco di Assisi, di s. Pio da Pietrelcina, la spina in fronte di s. Rita da Cascia, ecc.
La triste e dolorosa vicenda della ‘Passione’, ha ispirato da sempre la pietà popolare a partecipare ai riti del Venerdì Santo, con manifestazioni di grande suggestione e penitenza, con le processioni dei ‘Misteri’, grandi e piccole raffigurazioni, con statue per lo più di cartapesta, dei vari episodi della ‘Via Crucis’, in particolare l’incontro di Gesù che trasporta la croce con sua madre e le pie donne; oppure con Gesù morto, condotto al sepolcro, seguito dall’effige della Vergine Addolorata.
In tutte le chiese, a partire dal Colosseo con il papa, si svolgono le ‘Vie Crucis’, anche per le strade dei Paesi e nei rioni delle città; in alcuni casi per secolare tradizione esse sono svolte da fedeli con i costumi dell’epoca e giungono fino ad una finta crocifissione; in altri casi da secoli si svolgono cortei penitenziali di Confraternite con persone incappucciate o no, che si flagellano o si pungono con oggetti acuminati e così insanguinati proseguono nella processione penitenziale, come nella celebre penitenza di Guardia Sanframondi.
Ci vorrebbe un libro per descriverle tutte, ma non si può dimenticare di citare i riti barocchi del Venerdì Santo di Siviglia.
Alla ‘Passione’ di Gesù è associata l’immagine della Vergine Addolorata, che i più grandi artisti hanno rappresentato insieme alla Crocifissione, ai piedi della Croce, o con Cristo adagiato fra le sue braccia dopo la deposizione, come la celebre ‘Pietà’ di Michelangelo, il ‘Compianto sul Cristo morto’ di Giotto, la ‘Crocifissione’ di Masaccio, per citarne alcuni.
Il soggetto della ‘Passione’, ha continuato ad essere rappresentato anche con le moderne tecnologie, le quali utilizzando attori capaci, scenografie naturali e drammaticità delle espressioni dolorose; ha portato ad un più vasto pubblico nazionale ed internazionale l’intera vicenda terrena di Gesù.
È il caso soprattutto del cinema, con tanti filmati di indubbio valore emotivo, come “Il Vangelo secondo Matteo” di Pier Paolo Pasolini; il “Gesù di Nazareth” di Franco Zeffirelli, la serie di quelli storici e colossali, come “Il Re dei re”, “La tunica”, ecc. fino all’ultimo grandioso per la sua drammaticità “La Passione di Cristo” di Mel Gibson.
Inoltre la televisione presente ormai in ogni casa, ha riproposto ad un pubblico ancor più vasto le produzioni televisive ed i tanti films con questo soggetto, che per questioni economiche e per la crisi delle sale cinematografiche, non sarebbero stati più visti.
Il Venerdì Santo è il giorno della Croce, di questo simbolo che è di guida ai cristiani e nel contempo tiene lontani altri da questa religione, che per tanti versi ha al suo centro il dolore e la sofferenza, seppure accettata e trasfigurata; e si sa che a nessuno piace soffrire e tutti vorrebbero tendere alla felicità senza prima soffrire.
A conclusione si riportano i soggetti delle XIV Stazioni della Via Crucis:
I = Il processo e la condanna;
II = Il carico sulle spalle della croce;
III = La prima caduta;
IV = L’incontro con la Madre;
V = L’aiuto del Cireneo;
VI = L’incontro con la Veronica;
VII = Seconda caduta;
VIII = L’incontro con le donne di Gerusalemme;
IX = Terza caduta;
X = Gesù denudato e posto sulla croce;
XI = La crocifissione;
XII = La morte in Croce;
XIII = La deposizione;
XIV = La sepoltura nella tomba.
Autore: Antonio Borrelli
église
paroissiale Saint-Martin, Nouans-les-Fontaines, département de l'Indre-et-Loire
Michel-Ange Pietà, 1498-1499, basilique
Saint-Pierre du Vatican à Rome,
représentant le thème biblique de la « Vierge Marie douloureuse » (Mater dolorosa en latin ou Pietà),
avant sa Mise au tombeau, sa Résurrection et son Ascension.
Caravage. La Mise
au tombeau, 1602-1604,Musées du Vatican, Rome.
Domenico Beccafumi, Descente du Christ aux Enfers. Pinacothèque nationale de Sienne.
Sabato Santo
Nel Sabato Santo
predomina il silenzio, il raccoglimento, la meditazione, per Gesù che giace nel
sepolcro ; poi verrrà la gioia della sera con la Veglia Pasquale e con la
Resurrezione di Cristo, Figlio di Dio.
Nella Settimana Santa
della Liturgia cristiana, che va dalla Domenica delle Palme alla Domenica di
Pasqua, vi sono tre giorni che primeggiano per la loro solennità ed unicità, ed
è il “Triduo Pasquale”, nel quale si commemora la crocifissione, sepoltura e
Resurrezione di Gesù Cristo ed incomincia con la Messa vespertina del Giovedì
Santo, prosegue con i riti del Venerdì Santo; al suo centro c’è la Veglia
pasquale e si chiude ai Vespri della Domenica di Pasqua.
Se nel Giovedì Santo predomina la solennità dell’istituzione dell’Eucaristia,
dell’istituzione del Sacerdozio e della Chiesa di Cristo; se nel Venerdì Santo
predomina la mestizia, il dolore e la penitenza, nel ricordare la Passione e
morte di Gesù, con la sua sepoltura; nel Sabato Santo invece predomina il
silenzio, il raccoglimento, la meditazione, per Gesù che giace nel sepolcro;
poi verrà la gioia della Domenica di Pasqua con la sua Resurrezione, ma nel
sabato incombe il silenzio del riposo della morte.
Con la nostra meditazione, andiamo col pensiero, alla disperazione e
disorientamento degli Apostoli e degli amici di Gesù, che dopo averlo seguito
nei suoi itinerari in Galilea, assistito ai suoi prodigi, ascoltato i suoi insegnamenti,
così pieni di speranza e innovativi per quell’epoca, l’avevano visto poi morire
così tragicamente, senza che qualcosa o qualcuno, tanto meno Lui stesso, abbia
bloccato questo ingiusto e assurdo evento.
Tutto prenderà poi un’altra luce, il peso che opprime il loro animo si
trasformerà in gioia e sollievo, alla notizia della Sua Resurrezione, ma il
Sabato, cioè il giorno dopo la morte, che per gli Ebrei era il giorno sacro e
del più assoluto riposo, resterà cupo e pieno di sgomento per loro, che ignoravano
ciò che sarebbe avvenuto dopo.
Ma nella liturgia, non sempre è stato così, a partire dal IV secolo in alcuni
luoghi, in questo giorno i candidati al Battesimo (Catecumeni), facevano la
loro pubblica professione di fede, prima di venire ammessi nella Chiesa, rito
che avveniva poi nella Veglia di Pasqua.
Verso il XVI secolo, si cominciò con un’anticipazione della Vigilia alla
mattina del Sabato Santo, forse perché non era consigliabile stare di notte
fuori casa, ad ogni modo questa anticipazione al mattino del Sabato, è durata
fino agli ultimi anni Cinquanta del XX secolo; ricordo personalmente che la
“Gloria” si “scioglieva” verso le 10-11 del mattino del sabato, con il suono
delle campane, appunto “sciolte” dai legami messi la sera del Giovedì Santo.
Poi con la riforma liturgica Conciliare, tutto è ritornato come alle origini e
il Sabato ha ripreso il significato del giorno della meditazione e penitenza;
l’oscurità nelle chiese è totale, non vi sono celebrazioni liturgiche, né Sante
Messe; è l’unico giorno dell’anno che non si può ricevere la S. Comunione,
tranne nel caso di Viatico per gli ammalati gravi.
Tutto è silenzio nell’attesa dell’evento della Resurrezione. Quanto tempo restò
sepolto nel sepolcro Gesù? Furono tre giorni non interi, dalla sera del Venerdì
fino all’alba del giorno dopo la festa del Sabato ebraico, che oggi è la
Domenica di Pasqua, ma che per gli Ebrei era il primo giorno della settimana;
in tutto durò circa 40 ore.
Bisogna dire che con la liturgia odierna, la “Veglia Pasquale” è prevista in
buona parte delle nostre chiese e cattedrali, con inizio verso le 22,30-23 del
sabato; ma la “Veglia”, madre di tutte le Veglie celebrate dalla Liturgia
cristiana, pur iniziando nell’ultima ora del sabato, di fatto appartiene alla
Liturgia solenne della Pasqua.
Durante la “Veglia” viene benedetto il fuoco, il ‘cero pasquale’, l’acqua
battesimale; cercando di far coincidere il canto del ‘Gloria’, con il suono
delle campane a festa, verso mezzanotte. In altre zone la “Veglia” inizia verso
mezzanotte e quindi la liturgia eucaristica prosegue nelle prime ore notturne.
La cerimonia della “Veglia” è riportata nella scheda del sito alla voce “Pasqua
di Resurrezione” (ID 20260).
Autore: Antonio Borrelli