Sainte Elisabeth de la Trinité
Elisabeth Catez, carmélite française (+ 1906)
Elle veut vivre 'en oraison continuelle', puisque Dieu est présent en son cœur. Malgré sa mère très possessive, elle peut entrer au Carmel de Dijon 'pour se livrer à la vie des Trois, à l'union à Dieu'. Cinq ans d'union intime avec le Dieu-Trinité qui lui confère paix, joie et gaieté malgré la grave maladie qui l'accable bientôt et l'emportera à 26 ans dans l'amour éternel qu'elle a cherché.
Martyrologe romain
Pacifiez mon âme, a-t-elle écrit, faites-en votre
ciel, votre demeure aimée et le lieu de votre repos. Que je ne vous y laisse
jamais seul, mais que je sois là toute entière, toute éveillée en foi, toute
adorante, toute livrée à votre action créatrice.
SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/71/Sainte-Elisabeth-de-la-Trinite.html
2016-10-16 11:27:00
Publié le 14 octobre 2016 par Christophe Herinckx -
Modifié le 18 mars 2020 - 9 minutes
Ce dimanche 16 octobre, le pape François canonisera
sept bienheureux. Parmi eux, la religieuse carmélite française Elisabeth de la
Trinité, qui a laissé un héritage spirituel majeur pour l’Eglise, et pour notre
temps. Une Belge de Malmedy, Marie-Paul Stevens, a été guérie miraculeusement
par l’intercession de la future sainte.
Elisabeth de la Trinité, née Elisabeth Catez en 1880,
ne vécut que cinq années au carmel de Dijon. A l’image de sa presque exacte
contemporaine Thérèse de Lisieux, elle aussi carmélite, Elisabeth, tout en
étant profondément incarnée, a découvert et vécu, au cours de sa courte
existence, une intimité exceptionnelle avec Dieu. Intimité exceptionnelle, mais
néanmoins accessible à toutes et tous, et très actuelle.
Connue pour sa prière « Ô mon Dieu, Trinité que
j’adore », soeur Elisabeth de la Trinité, décédée en 1906, à l’âge de
vingt-six ans, a été béatifiée par le saint pape Jean-Paul II en
1984. Chantre de la miséricorde de Dieu, Elisabeth n’a cessé de dire et
d’écrire combien nous sommes aimés d’un Dieu proche, à la tendresse toute
maternelle. La sainte a développé toute sa spiritualité sur ce que l’Eglise
appelle l »inhabitation de la Trinité« : la foi et l’expérience selon
laquelle Dieu, Trinité, habite au fond de notre être. Une expérience décrite
notamment, il y a cinq siècles, par une autre sainte carmélite: Thérèse
d’Avila.
Née en 1880, Elisabeth grandit à Dijon avec sa sœur
Marguerite. A l’âge de 7 ans, son père meurt subitement dans ses bras. Elisabeth
est une enfant tout feu tout flamme, mais montre de réelles dispositions
à la prière. De caractère affirmé, elle peut tout aussi bien se montrer
colérique, un penchant contre lequel elle décide de lutter résolument à partir
de sa première communion. Dès lors, son désir de devenir religieuse ne cesse de
se renforcer. Sa première communion marque un tournant dans sa vie, puisque
c’est ce jour-là que la supérieure du Carmel, Mère Marie de Jésus, lui offre
une image expliquant le sens de son prénom.
En hébreu, « Elisabeth » signifie
« Maison de Dieu« . De là va naître toute sa spiritualité.
Progressivement, la jeune fille prend conscience que la Trinité habite en elle
et en chaque être humain. Parallèlement, elle suit l’itinéraire d’une jeune
fille de son âge, coquette et talentueuse au piano, au point d’obtenir le
premier prix du conservatoire à 13 ans. Malgré une vie mondaine agréable,
Elisabeth se sent attirée par le Carmel et s’engage à vivre toujours plus unie
au Christ.
La vocation pour Dieu, le Carmel
Entrer au Carmel est un vrai désir chez Elisabeth, un
désir qui a eu le temps de mûrir et de s’affermir du fait de l’opposition de sa
mère qui souhaite la marier. Lorsqu’elle a 19 ans, Elisabeth obtient le
consentement de sa mère qui l’autorise à entrer au Carmel lorsqu’elle aura 21
ans, âge de la majorité.
Pendant ce temps de préparation à l’entrée au Carmel,
elle connaît « des moments d’extases sublimes où le Maître a daigné
[l]’élever si souvent« . Puis, la foi d’Elisabeth est mise à l’épreuve,
car après avoir connu de grands élans mystiques, elle se dit « insensible
comme une bûche« . Les signes sensibles diminuant, elle doit poser des
actes de foi pure, comme l’ont fait avant elle tous les grands mystiques.
Entrée au noviciat le 2 août 1901, Elisabeth reçoit
beaucoup de grâces spirituelles pendant quatre mois, mais après sa prise
d’habit en décembre, les doutes l’assaillent, elle semble perdue. Ce sont ses
lectures de saint Jean de la Croix, sainte Catherine de Sienne et de la petite
Thérèse qui vont alors l’accompagner et modeler progressivement sa
spiritualité. Cette nuit de la foi et les doutes très forts qui l’accablent
seront dissipés au cours de l’oraison, la veille de sa profession
perpétuelle: « En la nuit qui précéda le grand jour, tandis que
j’étais au chœur dans l’attente de l’Epoux, j’ai compris que mon ciel
commençait sur la terre, le ciel dans la foi, avec la souffrance et
l’immolation pour Celui que j’aime. »
L’inhabitation de la Trinité
« Même au milieu du monde, on peut L’écouter dans
le silence d’un cœur qui ne veut être qu’à Lui. C’est là, tout au fond dans le
ciel de mon âme que j’aime Le trouver, puisqu’Il ne me quitte jamais« ,
écrit Elisabeth.
Les lettres et les écrits d’Elisabeth permettent de
comprendre sa spiritualité. A sa mère, elle écrit: « Pense que ton âme,
c’est le temple de Dieu, à tout instant du jour et de la nuit, les trois
personnes demeurent en toi. » Pour elle, c’est « la maison paternelle
dont nous ne devons jamais sortir« . A ses amies, elle décrit la vie
religieuse: »La vie d’une carmélite, c’est une communion à Dieu du matin
au soir et du soir au matin. S’Il ne remplissait pas nos cellules et nos
cloîtres, comme ce serait vide! Mais à travers tout nous Le voyons, car nous Le
portons en nous et notre vie est un ciel anticipé. »
Le silence est une dimension fondamentale pour
Elisabeth, car c’est la condition pour écouter. « Ce n’est
pas une séparation matérielle des choses extérieures, mais une solitude de
l’esprit, un dégagement de tout ce qui n’est pas Dieu« , dit-elle. Faire
taire le bruit et être « seule avec le Seul« .
Le partage de ses découvertes spirituelles
Elisabeth livre également une série de conseils
pratiques et accessibles, témoignant d’une grande confiance en la miséricorde
divine. « Rappelle-toi qu’un abîme appelle un autre abîme et que l’abîme
de ta misère attire l’abîme de sa miséricorde« , écrit-elle dans sa lettre
198.
Enfin, Elisabeth veille toujours à accompagner chacun
avec délicatesse et de manière personnelle. Dans sa lettre 93, elle se veut
rassurante: « Ne te trouble pas quand tu es prise comme maintenant et que
tu ne peux faire tous tes exercices: on peut prier le bon Dieu en agissant, il
suffit de penser à Lui. Alors tout devient doux et facile, puisque l’on n’est
pas seul à agir et que Jésus est là. »
L’offrande de sa maladie
Pendant le Carême 1906, Sœur Elisabeth de la Trinité
est atteinte de la maladie d’Addison qui progresse rapidement. Tombée en
syncope le dimanche des Rameaux, elle connaît une rémission à partir du Samedi
saint. « Je m’affaiblis de jour en jour et je sens que le Maître ne
tardera plus beaucoup à venir me chercher. Je goûte, j’expérimente des joies
inconnues: les joies de la douleur… Avant de mourir, je rêve d’être transformée
en Jésus crucifié« .
Après neuf jours d’agonie, Elisabeth meurt le 9
novembre 1906, dans son carmel de Dijon.
Un miracle en Belgique
A l’âge de 39 ans, Marie-Paul Stevens contracte une
grave maladie, le syndrome Gougerot-Sjogren, qui ne lui laisse aucun espoir de
guérison. Une paralysie des membres inférieurs va l’empêcher de poursuivre son
métier d’enseignante de religion.
Admiratrice d’Elisabeth de la Trinité depuis sa
jeunesse, Marie-Paul Stevens veut, avant de mourir, se rendre là où vécut la
religieuse. C’est là que sa guérison va se produire, de manière fulgurante. »
L’inattendu, bouleversant, d’un coup j’ai senti que toute la douleur, tout ce
qui ne fonctionnait plus, s’en est allé, comme un poids de plomb, de mes
épaules vers la terre, et j’ai été délivrée. Je me regardais stupéfaite, et je
ne comprenais pas« , racontera plus tard Marie-Paul.
Cette guérison a été observée par des témoins et son
médecin, le docteur Michel Scheuren, et a ensuite été examinée à Rome par la
Congrégation pour la cause des Saints, dans le cadre du procès en canonisation
d’Elisabeth de la Trinité. La congrégation a reconnu le caractère miraculeux de
cette guérison,et soumis cet avis au pape, qui l’a officiellement reconnu en
tant que tel.
S’exprimant sur ce miracle en mars dernier, l’évêque
de Liège, Jean-Pierre Delville, a insisté sur deux éléments: « Il
fallait prouver deux choses: primo que la guérison était bel et bien
inexplicable et continue, médicalement parlant, et que la bénéficiaire avait
vraiment une dévotion et une confiance dans cette Elisabeth de la Trinité. »
La reconnaissance officielle de ce miracle, attribué à
Elisabeth de la Trinité, par l’Eglise catholique, a contribué à sa canonisation
ce dimanche 16 octobre.
Six autres bienheureux seront proclamés saints par le
pape: Salomon Leclercq, Frère des écoles chrétiennes exécuté par les forces
révolutionnaires françaises en 1792; l’évêque espagnol Manuel González
García; les prêtres italiens Lodovico Pavoni et Alfonso Maria Fusco; le
jeune Mexicain José Sánchez del Río (1913-1928), martyr de la guerre des
Cristeros, et enfin, le prêtre argentin Jose Gabriel del Rosario Brochero
(1840-1914). En canonisant le « curé Brochero », toujours très
populaire en Argentine, le pape François canonisera le premier saint originaire
de son pays.
Source: Hélène de Vilpian, Radio Vatican, rtbf.be.
SOURCE : https://www.cathobel.be/2016/10/elisabeth-de-trinite-spirituelle-temps/
Ô mon Dieu, Trinité que j’adore
Ô mon Christ aimé
crucifié par amour, je voudrais être une épouse pour votre Cœur, je voudrais
vous couvrir de gloire, je voudrais vous aimer… jusqu’à en mourir ! Mais je
sens mon impuissance et je vous demande de me « revêtir de vous-même », d’identifier
mon âme à tous les mouvements de votre âme, de me submerger, de m’envahir, de
vous substituer à moi, afin que ma vie ne soit qu’un rayonnement de votre Vie.
Venez en moi comme Adorateur, comme Réparateur et comme Sauveur.
Ô Verbe éternel, Parole
de mon Dieu, je veux passer ma vie à vous écouter, je veux me faire tout
enseignable, afin d’apprendre tout de vous. Puis, à travers toutes les nuits,
tous les vides, toutes les impuissances, je vous vous fixer toujours et
demeurer sous votre grande lumière ; ô mon Astre aimé, fascinez-moi pour que je
ne puisse plus sortir de votre rayonnement.
Sainte Élisabeth de la
Trinité, 1904
« Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait »
Soyez saints, parce que je suis saint (Lv 19, 1). Quel est donc celui qui peut donner un tel commandement ? Il a révélé lui-même son nom, ce nom qui lui est propre, que lui seul peut porter : Je suis, dit-il à Moïse, celui qui suis (Ex 3, 14), le seul vivant, le principe de tous les autres êtres. En lui, dit l’Apôtre, nous avons le mouvement, l’être et la vie (Ac 17, 28) ; Soyez saints, parce que je suis saint ! C’est bien, il me semble, la même volonté qui s’exprime qu’au jour de la création alors que Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance » (Gn 1, 26). C’est toujours le désir du Créateur de s’identifier, de s’associer sa créature ! Saint Pierre dit que nous avons été faits participants de la nature divine (2 P 1, 4) ; saint Paul recommande que nous conservions ce commencement de son Être qu’il nous a donné (cf. Ep 1, 14 ; Col 1, 18) ; et le disciple de l’amour nous dit : Dès maintenant nous sommes enfants de Dieu ; et on n’a pas encore vu ce que nous serons. Nous savons que lorsqu’il se montrera, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est. Et quiconque a cette espérance en lui se sanctifie comme lui-même est saint (1 Jn 3, 2-3). Être saint comme Dieu est saint, telle est, semble-t-il, la mesure des enfants de son amour ! Le Maître n’a-t-il pas dit : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » ?
Ste Élisabeth de la Trinité
Élisabeth de la Trinité († 1906) était une carmélite de Dijon. Sa doctrine est centrée sur l’habitation de Dieu dans la personne humaine. Elle a été canonisée le 16 octobre 2016. / Œuvres complètes, Paris, Cerf, 1991, p. 170.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/mardi-14-juin/meditation-de-ce-jour-1/
C’est lui qui nous a
choisis
Sainte Élisabeth de la
Trinité écrit à l’une de ses amies en dehors du carmel.
Il m’a aimé, il s’est
livré pour moi (Ga 2, 20). Il me semble que toute la doctrine de l’amour,
celui qui est vrai et fort, est renfermée en ces quelques mots. Notre Seigneur
aux jours de sa vie mortelle disait : « Parce que j’aime mon
Père, je fais toujours ce qui lui plaît » (Jn 14, 31), « aussi,
ajoute-t-il, il ne m’a point laissé seul, il est toujours avec moi » (Jn
8, 29). Nous aussi, par tous nos actes disons-lui notre amour en faisant
toujours ce qui lui plaît, et il ne nous laissera pas seules, mais il demeurera
au centre de notre âme pour être lui-même notre fidélité : par nous-mêmes
nous ne sommes que néant et péché, mais lui, il est le seul Saint, et il habite
en nous afin de nous sauver, de nous purifier, de nous transformer en lui.
Je ne vous parle pas de
mon bonheur malgré la joie que j’aurais de vous voir un jour le partager, car
je ne veux pas influencer votre chère petite âme, et puis du reste notre
vocation est si belle, si divine, Dieu seul peut la donner : « Ce
n’est pas nous qui l’avons choisi, mais c’est lui qui nous a choisies. »
Ce que je lui demande, c’est de vous faire toujours plus sienne.
Ste Élisabeth de la
Trinité
Élisabeth de la Trinité
(† 1906) était une carmélite de Dijon. Sa doctrine est centrée sur
l’habitation de Dieu dans la personne humaine. Elle a été canonisée le 16 octobre
2016. / Œuvres complètes, Paris, Cerf, 1991, p. 637-638.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/vendredi-20-mai/meditation-de-ce-jour-1/
«Les saints entrent jusqu’au fond dans le mystère de
la prière»
Le Pape François a présidé, ce dimanche 16 octobre
2016 place Saint-Pierre, la messe de canonisation de sept bienheureux, dont
deux Français, Salomon Leclercq, des Frères des écoles chrétiennes, martyr, et
Elisabeth de la Trinité, carmélite originaire de Dijon, en France. Dans son
homélie, le Saint-Père a insisté sur la force de la prière. «Les saints
sont des hommes et des femmes qui entrent jusqu’au fond dans le mystère de la
prière. Des hommes et des femmes qui luttent avec la prière, laissant l’Esprit
Saint prier et lutter en eux ; ils luttent jusqu’au bout, avec toutes
leurs forces, et ils vainquent, mais pas tout seuls : le Seigneur vainc en
eux et avec eux» a affirmé le Pape soulignant que «ces sept témoins
qui ont été canonisés aujourd’hui, ont combattu la bonne bataille de la foi et
de l’amour avec la prière».
Traduction de l'homélie du Pape François en français
Messe des canonisations
Dimanche 16 octobre 2016
Homélie du Saint-Père
Au début de la célébration d’aujourd’hui, nous avons
adressé au Seigneur cette prière : « Crée en nous un cœur généreux et
fidèle afin que nous puissions toujours te servir avec loyauté et pureté de
cœur » (Oraison de la collecte)
Nous tout seuls, nous ne sommes pas capables de nous
former un tel cœur, Dieu seul peut le faire, et pour cela nous le demandons
dans la prière, nous l’invoquons de Lui comme un don, comme sa “création”. De
cette manière nous sommes introduits dans le thème de la prière, qui est au
centre des lectures bibliques de ce dimanche et qui nous interpelle nous aussi,
nous qui sommes rassemblés pour la canonisation de nouveaux Saints et Saintes.
Ils ont atteint le but, ils ont eu un cœur généreux et fidèle, grâce à la
prière : ils ont prié avec toutes leurs forces, ils ont lutté, et ils ont
vaincu.
Prier, donc. Comme Moïse, qui a été surtout un homme
de Dieu, un homme de prière. Nous le voyons aujourd’hui dans l’épisode de la
bataille contre Amalec, debout sur la colline avec les mains levées ; mais
à chaque fois, à cause du poids, les mains retombaient, et dans ces moments le
peuple avait le dessous ; alors Aaron et Hour firent asseoir Moïse sur une
pierre et ils soutenaient ses mains levées, jusqu’à la victoire finale.
Voilà le style de vie spirituelle que nous demande
l’Église : non pour gagner la guerre, mais pour gagner la paix !
Dans l’épisode de Moïse, il y a un message
important : l’engagement de la prière demande de nous soutenir l’un
l’autre. La fatigue est inévitable, parfois nous n’en pouvons plus, mais avec
le soutien des frères, notre prière peut aller de l’avant, jusqu’à ce que le
Seigneur porte son œuvre à son terme.
Saint Paul, écrivant à son disciple et collaborateur
Timothée, lui recommande de demeurer ferme dans ce qu’il a appris et dans ce en
quoi il croit fermement (cf. 2 Tm 3, 14). Toutefois, Timothée lui aussi ne
pouvait pas y arriver tout seul : la “bataille” de la persévérance ne se remporte
pas sans la prière. Mais pas une prière sporadique, en dents de scie, mais
faite comme Jésus l’enseigne dans l’Évangile d’aujourd’hui :
« toujours prier, sans se décourager » (Lc 18, 1). C’est la manière
d’agir chrétienne : être fermes dans la prière pour rester fermes dans la
foi et dans le témoignage. Et voici de nouveau une voix au dedans de
nous : “Mais Seigneur, comment est-il possible de ne pas se
décourager ? Nous sommes des êtres humains… Moïse aussi s’est
découragé ! …”. C’est vrai, chacun de nous se décourage. Mais nous ne
sommes pas seuls, nous faisons partie d’un Corps ! Nous sommes membres du
Corps du Christ, l’Église, dont les mains sont levées jour et nuit vers le ciel
grâce à la présence du Christ ressuscité et de son Saint Esprit. Et seulement
dans l’Église et grâce à la prière de l’Église, nous pouvons rester fermes dans
la foi et dans le témoignage.
Nous avons écouté la promesse de Jésus dans
l’Évangile : Dieu fera justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit
(cfr Lc 18, 7). C’est le mystère de la prière : crier, ne pas se
décourager, et si tu te décourages, demander de l’aide pour tenir les mains
levées. C’est la prière que Jésus nous a révélée et nous a donnée dans l’Esprit
Saint. Prier ce n’est pas se réfugier dans un monde idéal, ce n’est pas
s’évader dans une fausse quiétude égoïste. Au contraire, prier c’est lutter,
c’est aussi laisser l’Esprit Saint prier en nous. C’est l’Esprit Saint qui nous
enseigne à prier, qui nous guide dans la prière, qui nous fait prier comme des
enfants.
Les saints sont des hommes et des femmes qui entrent
jusqu’au fond dans le mystère de la prière. Des hommes et des femmes qui
luttent avec la prière, laissant l’Esprit Saint prier et lutter en eux ;
ils luttent jusqu’au bout, avec toutes leurs forces, et ils vainquent, mais pas
tout seuls : le Seigneur vainc en eux et avec eux. Ainsi ces sept témoins
qui ont été canonisés aujourd’hui, ont combattu la bonne bataille de la foi et
de l’amour avec la prière. C’est pourquoi ils sont restés fermes dans la foi,
avec le cœur généreux et fidèle. Que par leur exemple et leur intercession,
Dieu nous accorde à nous aussi d’être des hommes et des femmes de prière ;
de crier jour et nuit vers Dieu sans nous décourager ; de laisser l’Esprit
Saint prier en nous, et de prier en nous soutenant les uns les autres pour
rester les mains levées, jusqu’à ce que vainque la Divine Miséricorde.
Elisabeth de la Trinité : « j’ai trouvé mon Ciel
sur la terre puisque le Ciel c’est Dieu, et Dieu c’est mon âme »
Canonisée par le pape François, le 16 octobre 2016,
Elisabeth de la Trinité a, très tôt, eu un désir profond de radicalité en
voulant entrer au Carmel ; « ce n’est pas tout d’entendre cette
parole, il faut encore la garder » disait-elle.
Un désir de vocation dès l’âge de 11 ans
Née à Avord, près de Bourges, en 1880, où son père est
en garnison, Elisabeth Catez arrive à Dijon en 1882. C’est une enfant pleine de
vie, coléreuse même, énergique et délicieuse. Petite fille, très tôt elle
connaît la souffrance : son grand-père meurt quand elle a 7 ans, et quelques
mois plus tard survient la mort de son père. Sa vie est celle de toutes les
jeunes filles bourgeoises de son temps. De caractère vif, enthousiaste, elle
montre beaucoup de sensibilité.
A 11 ans, elle a décidé de se faire religieuse. Sa
mère s’oppose à cette vocation si précoce et lui demande d’attendre sa majorité
pour entrer au Carmel. « Qu’importe, écrit Elisabeth dans son journal,
je puis être carmélite en-dedans. »
Élisabeth excelle au piano. Elle méritera très jeune,
à treize ans, le premier prix de piano au Conservatoire de Dijon. Son âme
vibrante et poétique s’exprimait dans sa musique.
Le jour même de sa première communion, Madame Catez
avait conduit sa fille, en « communiante », faire une visite au
Carmel. La supérieure révèle à cette enfant le sens de son nom : « Maison de
Dieu » ce qui émerveille Élisabeth.
A quatorze ans un jour après avoir reçu le corps du
Christ, Elisabeth se sent irrésistiblement poussée à lui vouer toute sa vie et
elle prononce un vœu de virginité perpétuelle. Un peu plus tard, son projet de
vie religieuse se précisera.
A l’âge adulte, elle se questionne sur elle-même :
« Sans orgueil je crois que l’ensemble de ma personne n’est pas
déplaisant. Je suis brune et, dit-on, assez grande pour mon âge. J’ai des yeux
noirs pétillants, mes épais sourcils me donnent un air sévère. Le reste de ma
personne est insignifiant. Je dirai que j’ai un assez bon caractère. Je suis
gaie et, je dois l’avouer, un peu étourdie. J’ai bon coeur. Je suis de nature
coquette. ‘Il faut l’être un peu’, dit-on. Je ne suis pas paresseuse. Je sais
que le travail rend heureux. Sans être un modèle de patience, je sais
généralement me contenir. Je n’ai pas de rancune. J’ai mes défauts, hélas peu
de qualités !… J’espère en acquérir ! »
Les années qui restent avant l’entrée au Carmel (1901)
sont pour elle des années de mûrissement intense, et son église tient une
grande place : les paroissiens sont frappés par son exactitude, son maintien et
la grâce qui émane de cette jeune fille discrète et fidèle. Elle donne
beaucoup d’elle-même aux activités paroissiales : retraite pour jeunes filles,
choeur de chant, préparation à la première communion de certains enfants,
visite à leurs familles, patronage destiné à rassembler des jeunes sans
occupation. Elle bénéficie d’une direction spirituelle avisée.
Le 2 août 1901, elle entre enfin au Carmel
« Nous allons communier à la Messe de 8 heures
et, après cela, quand Il sera dans mon coeur, maman me conduira à la porte de
clôture ! J’aime ma mère comme jamais je ne l’ai aimée, et au moment de
consommer le sacrifice qui va me séparer de ces deux créatures chéries qu’il
m’a choisies si bonnes, si vous saviez quelle paix inonde mon âme ! Ce n’est
déjà plus la terre, je sens que je suis toute sienne, que je ne garde rien, je
me jette en ses bras comme un petit enfant. »
Elle gardera au Carmel le prénom de son baptême. Sa
vie de carmélite à Dijon ne durera que cinq années. Tout en raccommodant
humblement les robes de la communauté, Elisabeth étudie saint Paul. Elle y
découvre les mots « être louange de gloire » qui seront l’expression
de toute sa spiritualité. Elle écrit beaucoup, à sa famille, à ses amis, et
tient un journal spirituel. L’écoute de la Parole de Dieu la conduit au silence
intérieur : « Ce n’est pas tout d’entendre cette Parole, il faut
encore la garder ».
La maladie d’Addison emporte prématurément Elisabeth
en 1906, après de grandes souffrances.
Elle a été béatifiée par le pape Jean-Paul Il le 25
novembre 1984. Ce dernier confiera à son propos : « l’une des filles
de France qui avait la plus grande influence sur ma vie ».
Une forte influence spirituelle
À la mort d’Élisabeth de la Trinité, la supérieure du
Carmel de Dijon décide de publier une petite biographie posthume de
14 pages et diffusée aux différents carmels. Cette circulaire est
très vite épuisée, et Mère Germaine décide alors de publier un livre sur
Élisabeth de la Trinité, intitulé « Souvenirs », qui est publié en
1909 à 1 500 exemplaires. Le succès du livre conduit à sa réimpression,
25 000 exemplaires sont vendus en 1919, puis 80 000 exemplaires en
1935 et plus de 100 000 exemplaires en 1956.
Le dominicain Marie-Michel Philipon décide de faire sa
thèse de théologie sur la conception de l’ « habitation de la
Trinité » dans les écrits d’Élisabeth de la Trinité dès 1933. L’étude
de Marie-Michel Philipon contribue à confirmer l’analyse de Mgr Charles-Paul
Sagot du Vauroux, évêque d’Agen, qui affirme que « le plus
remarquable dans la vie de sœur Élisabeth de la Trinité, c’est l’exacte
conformité de ses vues, de ses attraits, de sa vie intérieure, de ses paroles,
avec les principes les plus sûrs de la théologie mystique « .
La prière Ô mon Dieu, Trinité que j’adore, et la
publication du livre de Marie-Michel Philipon, qui connait quinze éditions en
français et est traduit en neuf langues, contribuent à accréditer et répandre
la richesse mystique d’Élisabeth de la Trinité.
Le théologien Hans Urs Von Balthasar, proche de Benoît
XVI, écrit un livre sur la théologie d’Élisabeth de la Trinité affirmant
que « la structure de son univers spirituel, le contenu et le style
de sa pensée théologique, sont d’une densité, d’une consistance sans
défaut ».
La prière à la Sainte Trinité : un résumé de son
message spirituel
Ô mon Dieu, Trinité que j’adore (21 novembre
1904)
Ô mon Dieu, Trinité que j’adore, aidez-moi à
m’oublier entièrement pour m’établir en vous, immobile et paisible comme si
déjà mon âme était dans l’éternité. Que rien ne puisse troubler ma paix, ni me
faire sortir de vous, ô mon Immuable, mais que chaque minute m’emporte plus
loin dans la profondeur de votre Mystère. Pacifiez mon âme, faites-en votre
ciel, votre demeure aimée et le lieu de votre repos. Que je ne vous y laisse
jamais seul, mais que je sois là tout entière, tout éveillée en ma foi, tout
adorante, toute livrée à votre Action créatrice.
Ô mon Christ aimé crucifié par amour, je voudrais
être une épouse pour votre Cœur, je voudrais vous couvrir de gloire, je
voudrais vous aimer… jusqu’à en mourir ! Mais je sens mon impuissance et
je vous demande de me « revêtir de vous même », d’identifier mon âme
à tous les mouvements de votre âme, de me submerger, de m’envahir, de vous
substituer à moi, afin que ma vie ne soit qu’un rayonnement de votre Vie. Venez
en moi comme Adorateur, comme Réparateur et comme Sauveur.
Ô Verbe éternel, Parole de mon Dieu, je veux
passer ma vie à vous écouter, je veux me faire tout enseignable, afin
d’apprendre tout de vous. Puis, à travers toutes les nuits, tous les vides,
toutes les impuissances, je veux vous fixer toujours et demeurer sous votre
grande lumière; ô mon Astre aimé, fascinez-moi pour que je ne puisse plus
sortir de votre rayonnement.
Ô Feu consumant, Esprit d’amour, « survenez
en moi » afin qu’il se fasse en mon âme comme une incarnation du
Verbe : que je Lui sois une humanité de surcroît en laquelle Il renouvelle
tout son Mystère. Et vous, ô Père, penchez-vous vers votre pauvre petite
créature, « couvrez-la de votre ombre », ne voyez en elle que le
« Bien-Aimé en lequel vous avez mis toutes vos complaisances ».
Ô mes Trois, mon Tout, ma Béatitude, Solitude infinie,
Immensité où je me perds, je me livre à vous comme une proie. Ensevelissez-vous
en moi pour que je m’ensevelisse en vous, en attendant d’aller contempler en
votre lumière l’abîme de vos grandeurs.
Quelques citations
« Il me semble que j’ai trouvé mon Ciel sur la
terre puisque le Ciel c’est Dieu, et Dieu, c’est mon âme. Le jour où j’ai
compris cela, tout s’est illuminé en moi et je voudrais dire ce secret tout bas
à ceux que j’aime afin qu’eux aussi, à travers tout, adhèrent toujours à
Dieu »
« Ah, je voudrais pouvoir dire à toutes les âmes
quelles sources de force, de paix et aussi de bonheur elles trouveraient si
elles consentaient à vivre en cette intimité »
« Lorsque le poids du corps se fait sentir et
fatigue votre âme, ne vous découragez pas, mais allez par la foi et l’amour à
Celui qui a dit Venez à moi et je vous soulagerai. Pour ce qui regarde le moral
ne vous laissez pas abattre par la pensée de vos misères. Le grand saint Paul a
dit Où le péché abonde, la grâce surabonde ».
Quel est le message d’Élisabeth de la Trinité ?
Depuis le 16 octobre 2016, nous avons une nouvelle
sainte, une jeune carmélite du Carmel de Dijon, à qui nous devons une très
belle prière à la Trinité. Mais quel est son message ? La réponse de
Didier-Marie Golay, carme. Une émission de radio Notre Dame avec Sophie de
Villeneuve.
Propos recueillis par Sophie de Villeneuve,
le 24/11/2016 à 10:07
Modifié le 24/11/2016 à 10:26
C'est d'abord le message de la présence de la Trinité
en nous. C'est un message qu'elle a élaboré peu à peu. Elle a d'abord été
séduite par le Christ, et par le Christ de l'eucharistie. Dans un de ses
poèmes, elle parle du bien-aimé de l'eucharistie, et ce bien-aimé va l'inviter
à plonger dans ce qu'elle appellera dans une de ses lettres le beau silence du
dedans. Peu à peu, elle découvre que l'on est habité par la Trinité sainte.
Lorsque sa nièce, Zabette, sera baptisée, elle écrira à sa sœur et à sa mère : «
J'aimerais savoir l'heure du baptême pour m'unir à l'instant où la Trinité
sainte viendra faire sa demeure dans ma petite nièce. »
Fait-elle bien la différence, au sujet de cette
Trinité que nous avons bien du mal à comprendre, entre le Père, le Christ Jésus
et l'Esprit saint ?
D.-M. G. : Oui, elle fait bien la différence et si
vous lisez sa prière à la Trinité, Ô mon Dieu Trinité que j'adore, vous verrez qu'elle
commence par l'humanité de Jésus : "Ô mon bien-aimé crucifié par
amour". Ensuite ce bien-aimé devient le Verbe, qui dans l'Esprit saint
passe au Père. Élisabeth a bien la notion des trois personnes de la Trinité,
elle veut qu'on soit entraîné dans cet amour qui entraîne les trois personnes.
Elle passe de l'une à l'autre très facilement. Pour elle, il y a un être qui
est l'amour et qui veut vivre en communion avec nous.
Quand on lit ses écrits, on sent un discours
d'amoureuse auquel on est peu habitué...
D.-M. G. : C'est vrai, elle a écrit un texte
magnifique qu'elle a intitulé Être épouse, au moment oùsa sœur se mariait, dans
lequel elle vibre très fort au titre d'épouse du Christ.
Qu'est-ce que cela veut dire ?
D.-M. G. : Cela veut dire qu'il y a entre elle et le
Christ une union sponsale. Elle veut être son épouse pour lui être conforme.
Quand elle sera malade, atteinte de la maladie d'Addison qui la fait mourir de
faim et de soif, elle dira que c'est une maladie qui la conforme à Jésus
crucifié, non pas dans la souffrance, mais pour travailler avec lui au salut
des âmes
.Peut-on voir des concordances avec Thérèse de Lisieux
?
D.-M. G. : Les deux jeunes filles ont vécu quasiment à
la même époque, Élisabeth étant née sept ans après Thérèse et morte neuf ans
après elle. Elles vivent au Carmel dans les mêmes conditions, si ce n'est que
le Carmel de Dijon était vraisemblablement plus pauvre encore que celui de
Lisieux. Mais la manière dont elles vont donner leur message est différente.
Élisabeth sera une première lectrice de Thérèse, de la première version de
l'Histoire d'une âme. Mais quand elle lit ce texte, elle est déjà formée
spirituellement, et elle puise chez elle des expressions, elle la donne en
exemple, mais on ne peut pas dire que Thérèse a informé le message d’Élisabeth.
Je dirais que Thérèse est une tête chercheuse, elle se pose des questions, elle
va sans cesse chercher dans les Écritures des réponses à ses questions.
Élisabeth est plus contemplative, c'est une femme intérieure qui laisse tomber
en elle la Parole et les perspectives que l'Écriture lui ouvre.
Elle connaissait bien les Écritures ?
D.-M. G. : Elle les connaissait parfaitement. La
facilité avec laquelle elle cite les Écritures est étonnante. Très souvent elle
ne met même pas de guillemets, tellement elle est habitée par la Parole. Elle
allait à la messe, donc elle entendait les Écritures. Au Carmel elle avait son
Manuel du chrétien, qu'on lisait une demi-heure chaque jour. Elle a été nourrie
par les Évangiles et par saint Paul, et comme elle avait une excellente
mémoire, l'Écriture a pénétré en elle comme dans un terrain béni. Et elle
écrira des textes magnifiques. Une de ses lettres à sa sœur Guitte est un
enchevêtrement de citations de saint Paul pour dire à sa sœur que ce qu'elle
vit au Carmel, sa sœur comme épouse et mère de deux enfants peut le vivre en plein
monde. Elle n'est pas une bonne sœur encapuchonnée, elle est un être vibrant
d'amour qui communique à ses amis cette vibration, leur disant que ce qu'elle
vit en plein cloître, ils peuvent le vivre au cœur du monde.
Elle est atteinte de la terrible maladie d'Addison qui
touche les glandes surrénales, qu'on ne savait pas soigner à l'époque, et voilà
encore une jeune sainte qui va mourir dans des souffrances indescriptibles.
Cette maladie avait-elle un lien avec l'intensité de sa vie mystique ?
D.-M. G. : Elle continue dans la maladie à vivre sa
vie mystique avec cette parole de saint Paul : "J'achève dans mon
corps ce qui manque aux souffrances du Christ pour son corps qui est
l’Église". Ce qui donnera sens pour elle à ses souffrances. Cette
souffrance la conforme au Christ crucifié. Elle ne demande pas la souffrance
pour la souffrance, mais elle accueille cette souffrance parce qu'elle la rend
conforme à son Seigneur crucifié. Son moteur, c'est l'amour. L'amour de Jésus,
l'amour du salut des âmes. Ses lettres sont d'une grande actualité car elles
ont été écrites pour des amis dans le monde, pour des prêtres... je recommande
d'ailleurs aux prêtres d'aujourd'hui la lecture de ses lettres à ses amis
prêtres, car elles sont très nourrissantes pour la vie sacerdotale. Celles
qu'elle écrit à sa sœur nourriront des femmes mariées avec des enfants... Elles
montrent comment, dans la vie ordinaire, on peut être présent à la Trinité qui
nous habite.
Elle était tout de même très jeune pour écrire tout
cela... Elle devait avoir une maturité qui s'est imposée très rapidement..
.D.-M. G. : Je crois que la maturité est venue très
vite, quand son père est mort dans ses bras d'une crise cardiaque alors qu'elle
n'avait que huit ans. A quatorze ans, elle entend dans son cœur le mot Carmel,
et plus rien ne l'en détournera. C'est quelqu'un qui a su se prendre en main
pour se donner au Christ.
< Trois regards d’écrivains sur Élisabeth de la Trinité
Élisabeth de la Trinité « À la lumière de
l’éternité ». Aldino
Cazzago,
Si Emmanuel Kant avait été sur la place Saint-Pierre
le dimanche 16 octobre 2016, il n’aurait pas été très heureux. Car devant des
milliers de personnes, le pape François a proclamé sainte la bienheureuse
Élisabeth Catez, moniale carmélite française morte à Dijon le 9 novembre 1906,
à peine âgée de 26 ans, et connue surtout sous le nom d’Élisabeth « de la
Trinité ». Le philosophe de Königsberg aurait pu voir dans cette
canonisation un modeste démenti, mais démenti lourd de sens, de sa célèbre déclaration
sur l’inutilité pratique du dogme chrétien de la Trinité. Selon lui,
du dogme de la trinité, pris à la lettre, on ne peut
absolument rien faire pour le pratique, quand bien même on croirait
la comprendre, mais encore moins si l’on s’aperçoit qu’il dépasse véritablement
tous nos concepts.
Puis il poursuivait :
Si nous avons à honorer dans la divinité trois ou dix
personnes, le novice l’admettra aussi facilement sur parole, parce qu’il n’a
véritablement aucun concept d’un Dieu en plusieurs personnes (hypostases), mais
encore plus parce que de cette diversité il ne peut tirer à vrai dire des
règles de conduite différentes.
Pour Élisabeth, le dogme de la Trinité sur lequel elle
a construit sa vie ne fut pas l’une des nombreuses vérités abstraites apprises au
catéchisme, et qui finissent par glisser aux marges de notre vie ; il fut,
au contraire, le centre mystique, « l’océan » dans lequel elle
s’immergea, et d’où elle tira la force et le soutien pour apporter son
témoignage, témoignage limité dans le temps mais hautement persuasif, et, pour
employer le terme de Kant, pour sa « conduite ».
La vie
Si on la compare à la vie de Thérèse d’Avila – vie
longue, pleine de voyages pour fonder des monastères et dotée d’innombrables
grâces mystiques – l’existence d’Élisabeth Catez [2] fut
beaucoup plus brève, et dépourvue de phénomènes mystiques extraordinaires.
7Orpheline de père à sept ans, un caractère impétueux
quand il n’est pas colérique, elle grandit, entourée de l’affection de sa mère
et de sa petite sœur. Elle est dotée d’un talent musical : fortement
incitée par sa mère, elle étudie le piano au conservatoire de Dijon [3]
avec des résultats flatteurs : elle joue également en public en de
nombreuses occasions.
Elle rencontre pour la première fois le Carmel à 11
ans, en 1891 : le jour de sa première communion, elle se rend au
monastère, qui se trouve à deux cents mètres à peine de chez elle, et entend la
mère prieure lui dire que son nom « Élisabeth » signifie « la
maison de Dieu [4] ».
En 1897, à 17 ans, elle décide de révéler le désir qu’elle cultive depuis trois
ans au plus profond de son cœur : entrer au Carmel de Dijon. Elle obtient
pour toute réponse un refus catégorique. Même si, deux ans plus tard,
l’opposition de sa mère se mitige sensiblement, elle ne peut franchir le seuil
du monastère qu’en août 1901, alors qu’elle vient juste, quelques jours plus
tôt, d’avoir 21 ans, le 18 juillet. Elle peut à présent accomplir finalement le
voyage, fort court, qui l’entraînera à « [m’] enfoncer dans la profondeur
du Mystère » de la Trinité (Lettres 158, p. 468).
À partir du printemps 1905, de violentes douleurs à
l’estomac se manifestent, ainsi qu’une fatigue continuelle, inexplicable. Ce
n’est qu’en mars de l’année suivante que l’on comprendra qu’il s’agit du mal
d’Addison, incurable à l’époque [5].
Les huit derniers mois de sa vie, Élisabeth les passe à l’infirmerie du
monastère, ne s’alimentant qu’avec un peu de lait.
S’il est vrai que les vertus théologales et cardinales
peuvent devenir quasiment une seconde nature en nous, nous ne pouvons,
toutefois, annuler la première. Après l’une de ces nuits si nombreuses où la
douleur s’est faite particulièrement lancinante, au médecin non croyant qui la
soigne, Élisabeth fait cette confidence :
J’ai tellement souffert cette nuit que j’étais tentée
de me jeter par la fenêtre ; mais je me suis dit : ce n’est pas ainsi
qu’une Carmélite doit souffrir [6] 12À
la mère supérieure qui est en train de sortir de l’infirmerie, Élisabeth
demande si cela ne la préoccupe pas de la laisser toute seule dans sa chambre.
La voyant surprise devant cette question, elle ajoute :
Je souffre tant que je comprends maintenant le
suicide. Mais soyez tranquille : Dieu est là, et il me garde [7].
Icône de la vie chrétienne
Que peut donc enseigner aux chrétiens d’aujourd’hui
une carmélite cloîtrée, morte il y a plus d’un siècle ? Les hommes et
l’Église de nos jours ne vivent-ils pas des situations, sensibilités
anthropologiques, des problématiques sociales et religieuses, totalement
inconnues il y a cent ans ? Certes, nier qu’il existe une différence
radicale entre ces deux contextes historiques et religieux relèverait de la
myopie. Mais une fois cette diversité constatée, nous pensons que l’expérience
spirituelle d’Élisabeth, qu’elle raconte elle-même dans ses écrits [8],
peut encore nous aider à aller vers ce qui aujourd’hui encore est essentiel
pour la foi chrétienne. S’il n’en était pas ainsi, les paroles prononcées par
le pape Jean-Paul II le 25 novembre 1984, jour de la béatification d’Élisabeth,
seraient dépourvues de fondement :
Nous l’invoquons : disciple de Thérèse de Jésus
et de Jean de la Croix : […] qu’elle
aide de nombreux hommes et femmes, dans la vie laïque ou consacrée [9], à
recevoir et à partager les fruits et les « ondes » de charité
infinie qu’elle puisait à la « Fontaine de la Vie ».
C’est une opinion assez répandue que les rapports
sociaux d’une religieuse de clôture sont très limités : quelques
religieuses d’autres monastères, des frères et des prêtres, et, dans une
moindre mesure, quelques laïcs qui fréquentent habituellement l’église du
monastère. Élisabeth incarne un démenti de ce lieu commun. Parmi ses cinquante
neuf correspondants, on ne compte que six prêtres ou séminaristes, treize
religieux, et pas moins de quarante laïcs, dont trente et un en simple relation
épistolaire. Il suffit de lire ses nombreuses lettres pour comprendre qu’elle
parle à tous, laïcs inclus, de ce que nous pourrions définir l’abc de la vie
chrétienne : de Dieu qui, étant pur amour, nous crée pour se donner à
nous ; de notre libre réponse à Lui dans la même logique d’amour ;
des « Trois [10] »,
les personnes de la Trinité, qui ici, sur terre, font de notre âme le
« ciel » où elles habitent (Lettre 122, p. 408) ; du fait
de se reconnaître enfants pour expérimenter leur amour ; des sacrements,
avec une référence particulière à l’eucharistie ; de notre amour vers
notre prochain, de notre destin éternel, et tout cela appliqué à chaque état,
condition et âge de la vie.
Elle peut parler à tous de la même réalité, de la même
foi, parce qu’elle a choisi de regarder la vie, le monde et les personnes non
de points de vue partiels, mais du point de vue de Dieu, ou, comme elle
l’écrira elle-même quelques jours avant de mourir, « à la lumière de
l’éternité » (Lettre 333, p. 790, ainsi que Lettres 324 et
340). Une des lettres si nombreuses à sa sœur Marguerite, qui est mère de deux
petites filles, contient bon nombre des thèmes cités plus haut. Elle
écrit :
Je viens de lire dans saint Paul des choses splendides
sur le mystère de l’adoption divine. Naturellement, j’ai pensé à toi, ce serait
bien extraordinaire qu’il en fût autrement. Toi qui es mère et qui sais quelles
profondeurs d’amour le bon Dieu a mises en ton cœur pour tes enfants, tu peux
saisir la grandeur de ce mystère : enfants de Dieu, ma Guite, est-ce que
cela ne te fait pas tressaillir ? Écoute parler mon cher saint Paul :
« Dieu nous a élus en Lui, avant la création. Il nous a prédestinés à
l’adoption des enfants pour faire éclater la gloire de sa grâce [11]»,
c’est-à-dire qu’en sa toute-puissance Il semble ne pouvoir rien faire de plus
grand. […] N’est-ce pas que c’est simple, que c’est consolant ? À travers
tout, parmi tes sollicitudes maternelles, tandis que tu es toute aux petits
anges, tu peux te retirer en cette solitude pour te livrer à
l’Esprit Saint afin qu’Il te transforme en Dieu, qu’Il imprime en ton âme
l’Image de la Beauté divine, afin que le Père en se penchant sur toi ne voie
plus que son Christ, et qu’Il puisse dire : « Celle-ci est ma fille
bien-aimée, en qui j’ai mis toutes mes complaisances [12] ».
Quelques lignes plus loin, elle poursuit :
Si Jésus semble dormir, oh, reposons-nous aussi près
de Lui ; soyons bien calmes et silencieuses ; ne le réveillons pas
mais attendons dans la foi. Lorsque Sabeth et Odette [les deux nièces] sont
dans les bras de leur chère maman, je crois qu’elles s’inquiètent peu s’il fait
du soleil ou s’il pleut ; imitons les chères petites, vivons dans les bras
du bon Dieu avec la même simplicité (Lettre 239, p. 612-613).
La vie cloîtrée d’Élisabeth a été extrêmement
brève : à peine plus de cinq ans. Cela signifie que, dans ce laps de
temps, à côté de nouvelles connaissances d’ordre spirituel puisées dans la
fréquentation du Nouveau Testament, en particulier de saint Paul [13]
elle a approfondi tout particulièrement certains aspects de la vie chrétienne
qu’elle vivait quand elle était une jeune française toute simple, bien insérée
dans son milieu social.
De la mystique à la morale
La « lumière de l’éternité » a été pour
Élisabeth le point de référence sur lequel se fixer pour vivre et penser le
mystère même de Dieu, et encore davantage pour « se penser » en Dieu.
Pour elle, Dieu n’est pas avant tout un but à atteindre, une récompense à
obtenir au terme d’un chemin moral et ascétique long et fatigant. La mystique,
entendue comme participation dans le Christ au « mystère de la Trinité [14] »,
vient avant la morale parce que l’amour infini et parfait que Dieu est, et
qu’il donne à chacun de nous, vient avant celui, limité et imparfait, que nous,
nous lui offrons. Voilà pourquoi, dans la vie chrétienne, la sainteté
ontologique, reçue à travers le baptême au nom de la Trinité, vient avant la
sainteté morale. Le premier acte moral demandé au chrétien n’est pas de
« faire » quelque chose, mais de prendre toujours davantage
conscience de cette primauté, et cette conscience, Élisabeth l’a.
Écrivant au beau-frère de sa sœur, séminariste du
diocèse de Dijon, et parlant de « l’étreinte du Dieu tout Amour »,
elle ajoute :
Élisabeth ne prononce pas ces mots au terme de son
bref voyage dans le Carmel, mais le 8 décembre 1901, le jour de sa prise
d’habit, quatre mois après son entrée au monastère.
Un jour, l’une des sœurs, parlant de son propre
rapport à Dieu, lui dit :
Pour moi, la vertu passe avant tout. Je veux me
vaincre moi-même, et ensuite, après avoir exercé les vertus, je parviendrai à
l’amour et à l’union.
Élisabeth, après avoir rapporté cette phrase à sœur
Marie de la Trinité, ajouta :
Je crois que cette sœur a raison : la vertu doit
passer avant tout ; néanmoins, je sens en moi un si grand fond de misères
que je ne pourrais pas procéder ainsi. Ce n’est qu’en étant unie à Dieu que je
me sens forte et capable de vaincre mes défauts et de pratiquer la vertu…Par le
fait d’être unie à Dieu, de combien de choses on se sent délivrés et dans
quelle paix cette union vous établit [16]!
« Rester
unie à Dieu » pour Élisabeth est la conséquence ascétique et spirituelle
de se savoir habitée, « enveloppée [17] »
par le Dieu Trinité. Sans ce préalable, ces mots que cite une autre religieuse,
« Je veux que, en me voyant, on pense à Dieu [18] »,
sembleraient comme une prétention de type strictement volontariste.
Le centre le plus profond
Cette certitude d’avoir été saisie par le Dieu
Trinité, Élisabeth en a conscience bien avant d’entrer au Carmel. Pour s’en
convaincre, il suffit de voir comment elle signe la lettre qu’elle envoie, le
1er juillet 1900, à son amie Marguerite Gollot, treize mois avant son
entrée au Carmel : « Marie-Élisabeth de la Trinité » (Lettre 28,
p. 262).
À moins de deux mois de son entrée au monastère, le 2
août 1901, elle écrit au chanoine Angles cette réflexion :
C’est là, tout au fond, dans le ciel de mon âme, que
j’aime le trouver puisqu’Il ne me quitte jamais. « Dieu en moi, moi en
Lui », oh ! C’est ma vie ! […]. Vous ai-je jamais dit mon nom au
Carmel : « Marie- Élisabeth de la Trinité ». Il me semble
que ce nom indique une vocation particulière, n’est-ce pas qu’il est
beau ? J’aime tant ce mystère de la Sainte Trinité, c’est un abîme dans
lequel je me perds ! … (Lettre 62, p. 312.).
Après avoir reçu la visite de sa sœur Marguerite et de
quelques amies précisément le jour de la fête liturgique de la Sainte Trinité,
elle écrit à sa sœur :
Oh oui, ma Guite, cette fête des Trois est bien la
mienne, pour moi il n’en est pas une semblable. […] je n’avais jamais si bien
compris le Mystère et toute la vocation qu’il y a dans mon nom (Lettre 113,
p.398).
Une de ses amies, Germaine de Gemeaux, n’avait pu
entrer au Carmel du fait de l’opposition de sa mère. Elle aurait voulu elle
aussi choisir le nom « de la Trinité ». Élisabeth lui écrit, le 25
août 1903 :
C’est toute la Trinité qui repose en nous, tout ce
mystère qui sera notre vision dans le Ciel : que ce soit votre cloître.
[…] je suis « Élisabeth de la Trinité », c’est-à-dire Élisabeth
disparaissant, se perdant, se laissant envahir par les Trois (Lettre 172,
p. 492).
Élisabeth ne fait pas dépendre sa vie chrétienne de
l’attachement à des formes particulières de dévotion parce que le mystère qui
la fait vivre est inscrit dans son nom même, et que celui-ci lui rappelle
constamment sa « vocation ». De même qu’est indissoluble le lien avec
son propre nom, de même est indissoluble son lien avec Dieu. Ainsi le 19 juin
1902 communique-t-elle à son amie d’enfance Françoise de Sourdon, en un langage
qui a gardé toute son actualité :
La vie d’une carmélite c’est une communion à Dieu du
matin au soir, et du soir au matin. S’Il ne remplissait pas nos cellules et nos
cloîtres, ah ! comme ce serait vide, mais à travers tout [nous] le voyons
car nous le portons en nous et notre vie est un Ciel anticipé. Je demande au
bon Dieu de t’apprendre tous ces secrets (Lettre 123, p. 409).
Elle est au Carmel depuis moins d’un mois qu’elle
écrit déjà à sa sœur Marguerite : au Carmel, « il n’y a que Lui
partout. On le vit, on le respire. “C’est pourquoi” on trouve le bon
Dieu à la lessive comme à l’oraison » (Lettre 89, p. 360-361).
Le sommet de cette communion dans la Trinité,
Élisabeth l’a vécu et confessé, avant tout à Dieu, et puis, heureusement, à
nous aussi, dans sa célèbre Prière à la Trinité [19]
Le fait que cette prière n’ait été découverte qu’après sa mort [20] nous
en fait saisir le caractère absolument intime et réservé. C’est une
supplication et c’est une louange qui expriment un besoin et un désir auxquels
seule la parole peut donner forme. Nous ne pouvons ici qu’y faire très
brièvement allusion.
La prière peut se scander en cinq paragraphes,
introduits chacun par l’invocation « Ô ». Le premier s’adresse à Dieu
dans son unité : « Ô mon Dieu, Trinité que j’adore » ; le
deuxième, le troisième et le quatrième se tournent respectivement vers le
Christ, l’Esprit et le Père, saisis dans leur mode spécifique de se rapporter à
elle, et, pour elle, de se rapporter à eux : le « Christ aimé »
et « crucifié par amour » qu’elle prie afin qu’il devienne une seule
chose avec elle, de sorte que sa « vie » (celle d’Élisabeth) devienne
un « rayonnement » de la « Vie » du Christ. Lui,
« Réparateur » et « Sauveur », est aussi « Verbe
éternel » et « Parole » de Dieu. Et elle, docile, veut
« passer sa vie » à l’écouter ; à l’Esprit qui est « Feu
consumant » et « amour », elle demande de disposer son âme à
devenir « comme une incarnation du Verbe » et « une humanité de
surcroît » de sorte qu’en elle, « Il (le Verbe) renouvelle tout son
Mystère » ; au Père, elle demande de se pencher sur elle,
« pauvre petite créature » afin que, couverte de son
« ombre », il ne voie en elle que « le Bien-Aimé en qui il a mis
toutes ses complaisances ».
Dans le dernier paragraphe, Élisabeth voudrait
embrasser, mais en réalité pour se faire à son tour embrasser, les Trois
Personnes divines vues à présent dans leur communion : « Ô mes Trois,
mon Tout, […], Immensité où je me perds, […]. Ensevelissez-vous en moi pour que
je m’ensevelisse en Vous ».
Pour apprécier la valeur théologique de l’itinéraire
spirituel d’Élisabeth, à peine esquissé ici à ses débuts, il suffit de lire le Catéchisme
de l’Église catholique au n. 259, « Toute la vie chrétienne est
communion avec chacune des Personnes divines, sans les séparer en aucune
manière », et, au n. 260 : « La fin ultime de l’économie divine
tout entière est que toutes les créatures entrent dans l’unité parfaite de la
Bienheureuse Trinité. Mais dès à présent, nous sommes appelés à être habités
par la Très Sainte Trinité ». Ce n’est donc pas un hasard si la personne
qui a écrit matériellement cette partie du catéchisme a décidé de terminer le
commentaire de la section consacrée à Dieu comme « père » en citant
précisément la première partie de cette prière célèbre d’Élisabeth. Quand, le
21 novembre 1904, au terme des Exercices spirituels de toute la communauté, la
jeune moniale carmélite écrivait d’un seul jet – avec une seule, minime,
correction – sa prière [21],
elle était loin d’imaginer que près d’un siècle plus tard, celle-ci se
retrouverait dans le Catéchisme de l’Église Catholique, citée comme une
expérience convaincante de foi, et pour le bien de tous les chrétiens.
Conclusion
L’existence chrétienne d’Élisabeth de la Trinité nous
lègue en héritage deux enseignements significatifs. Le premier porte sur le
lien entre dogmatique et vie spirituelle, que le Catéchisme de l’Église
catholique au n. 89 explique ainsi : « Il y a entre les dogmes
et notre vie spirituelle un lien organique. Les dogmes sont des lumières sur le
chemin de notre foi, ils l’éclairent et le rendent sûr. Inversement, si notre
vie est droite, notre intelligence et notre cœur seront ouverts, prêts à
accueillir la lumière des dogmes de la foi ». Pour bon nombre de
chrétiens, les vérités de la foi, et en particulier le dogme de la Trinité,
sont incompréhensibles et, de ce fait, inutiles, ou simples reliques des temps
passés. Le résultat est une vie chrétienne (?) construite sur le
sable, ou toujours ondoyante au gré des opinions à la mode du moment.
Élisabeth de la Trinité, elle, a su édifier la
sainteté de sa vie, la vie dans l’Esprit, en l’enracinant dans le dogme central
de la révélation chrétienne, celui du mystère trinitaire. Ce faisant, sa foi a
grandi en proportion de sa capacité de faire sien ce mystère et de le vivre
jusque dans ses dernières conséquences, par exemple, dans son désir de
participer aux souffrances du Christ pour le bien de l’Église (Lettres
294 ; 300 ; 324 ; dernière retraite, cinquième jour). Il nous
semble que c’est aussi à elle que pense Henri de Lubac lorsqu’il écrit :
L’expérience mystique […] est le fruit de la
foi. Ce n’est pas un essai d’évasion par l’intérieur : c’est le
christianisme même ». Un peu plus loin, il boucle ainsi son
raisonnement : « La mystique est l’intériorité de la foi par
intériorisation du mystère, mais à mesure que le mystère est intériorisé, la
foi dans ce mystère renvoie le mystique hors de lui [22]
Le second enseignement nous permet de voir en elle une
petite mais complète réalisation du « grand modèle du
christianisme ». Comme Hans Urs von Balthasar l’a relevé,
On trouve de temps à autre des chrétiens (on les
appelle des saints, et ils ont plus ou moins de succès) dont l’existence permet
de voir comme sur un modèle réduit en quoi consiste l’idéal du christianisme.
Ils sont les meilleurs décanteurs que l’Église connaisse. Ils sont
transparents à la totalité, au don que Dieu nous fait, ils vivent dans ce don,
pour lequel ils essaient de rendre grâce par toute leur vie. Ils se consacrent
si totalement à cette action de grâce qu’ils ne trouvent ni le temps ni
l’occasion de se livrer à des observations critiques en restant eux-mêmes sur
la touche [23]
Au milieu de notre vie, si souvent bousculée par des
rythmes frénétiques et des déchirements humains et spirituels qui, du corps,
arrivent jusqu’à l’âme, la vie sainte d’Élisabeth est un défi salutaire à ne
pas perdre de vue ce qui est essentiel dans le rapport avec Dieu.
« … si
je recommençais ma vie, oh, comme je voudrais n’en plus perdre un
instant ! » (Lettre 135, p. 793).
Plus qu’à Élisabeth, c’est à chacun de nous que
s’adressent ces mots.
Notes
[*] Titre original : Elisabetta della Trinità : “Alla luce dell’eternità”
[1]
E. Kant, Le conflit des facultés, in Œuvres philosophiques,
Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1986, tome 3, p.841.
[2]
Dans une lettre à sa mère, en septembre 1903, Élisabeth lui rappelle que c’est
elle-même qui lui a enseigné à aimer Thérèse d’Avila dès son enfance.
Voir Lettres dans Élisabeth de la Trinité, Œuvres
complètes, (Édition critique réalisée par le Père Conrad De Meester),
Paris, Éditions du Cerf, 2002, ici Lettre 178, p. 503. Dorénavant, la
référence de la lettre figurera dans le texte.
[3]
Son professeur de piano rappellera toujours la “volonté de fer” de sa jeune
élève.
[4]
De toute évidence la mère supérieure se trompait : en hébreu, le nom
d’Élisabeth évoque l’idée de plénitude et d’abondance. Pour une première
introduction à la vie et à la spiritualité d’Élisabeth de la Trinité,
voir Élisabeth de la Trinité. Sources, expérience théologale, rayonnement (sous
la direction de Jean Clapier), Éditions du Carmel, Toulouse 2006, 836 p. ;
C. de Meester, Élisabeth de la Trinité : biographie, Paris,
2006, 741 p. ; A. Sicari, Élisabeth de la Trinité. La logique de la
foi, Éditions du Carmel, Toulouse 2016, 334 p.
[5]
L’un des effets les plus douloureux de cette maladie est l’impossibilité progressive
de s’alimenter.
[6]
Témoignage de Sœur Agnès de Jésus Marie. Voir Sacra Congregatio pro causis
sanctorum, Beatificationis et canonizationis Servae Dei Elisabeth a SS.Trinitate.
Positio super virtutibus, Rome 1979, p. 190.
[7]
Témoignage de Sœur Germaine de Jésus, Ibid. p.93.
[8]
Ses écrits, qui rapportent son expérience personnelle, sont le Journal (1899-1900),
près de 350 Lettres, quatre Traités spirituels (“Le Ciel
dans la foi”, “La grandeur de notre vocation”, “ Dernière retraite” et
“Laisse-moi t’aimer”), 123 Poésies, et deux séries de Notes, dont
la seconde contient la célèbre Prière à la Trinité.
[9]
C’est nous qui soulignons.
[10]
Poème 74, p.995.
[11]
Éphésiens 1, 4.5.6.
[12]
Voir Matthieu 3, 17.
[13]
”Mon cher saint Paul”, comme elle le fait écrire à la Mère Germaine dans la
lettre au docteur Barbier quelques jours avant sa mort. Dans la même lettre,
elle prie le docteur de bien vouloir accepter en don une copie des lettres de
saint Paul. Elle y a, dit-elle, “puisé tant de force pour l’épreuve” (Lettre 340,p.
796).
[14]
Voir à ce propos l’intéressant paragraphe 2014 du Catéchisme de l’Église
Catholique.
[15]
Témoignage de Sœur Marie de la Très Sainte Trinité, voir Sacra Congregatio pro
causis sanctorum, beatificationis et canonizationis Servae Dei Elisabeth a SS.
Trinitate. Position super virtutibus, p. 75.
[16]
Ibid, p.64.
[17] “Comme Dieu est là ! Comme il est présent ! Comme il m’enveloppe ! ” Tels sont les mots qu’Élisabeth prononce lorsqu’elle franchit le seuil du monastère, le 2 août 1901. Témoignage de Sœur Marie de la Très Sainte Trinité, Ibid. p. 62.
[18]
Témoignage de Sœur Anne-Marie de l’Enfant Jésus, Ibid. p. 106.
[19]
Voir Ô mon Dieu, Trinité que j’adore. Notes intimes 15, p. 907-908.
En réalité, Élisabeth ne donna jamais aucun titre à cette prière. Pour un
commentaire approfondi nous renvoyons à R. Fornara, Abitare il segreto del
tuo volto : Elisabetta e la Trinita : ”faccia a faccia
nelle tenebre”, Edizioni OCD, Roma 2016, p. 282.
[20]
Chez les carmélites, l’usage était de rédiger un bref portrait de la religieuse
défunte et de l’expédier aux autres monastères de la même province. Celui
d’Élisabeth fut écrit le 18 décembre, il comptait quatorze pages. Aucune
mention n’y est faite de cette prière. Il faudra attendre 1909 pour la voir
mentionnée dans les Souvenirs écrits par Sœur Germaine de Jésus pour
répondre à qui voulait mieux connaître la vie et la spiritualité d’Élisabeth de
la Trinité.
[21]
Les éditions actuelles de cette prière prennent soin d’en relever les
nombreuses assonances et allusions bibliques. Il est bon toutefois de rappeler
que la version originale ne présente aucun renvoi explicite à des textes de
l’Écriture [voir Œuvres complètes, op. cit, p.908-913].
[22]
L’essai de H. de Lubac, publié en 1965, a été repris dans Mystique et
Mystères, in Théologies d’occasion, Paris 1984, paragraphe 4,
p.61.
[23]
Hans Urs von Balthasar, Points de repère, traduit de l’allemand par
Bernard Kapp, Fayard, coll. Le Signe, 1973, chapitre 1.
Élisabeth de la Trinité « À la lumière de
l’éternité ». Aldino
Cazzago, Traduit de l’italien par Viviane
Ceccarelli,. Dans Communio 2017/1 (N° 249),
pages 107 à 116
SOURCE : https://www.cairn.info/revue-communio-2017-1-page-107.htm
Saint Elizabeth of the
Trinity
Also known as
Elizabeth Catez
Élisabeth…
9
November on some calendars
Profile
Daughter of Captain Joseph Catez and Marie Catez. Her father died when
the girl was seven, leaving her mother to
raise Elizabeth and her sister Marguerite. Noted as a lively, popular girl,
extremely stubborn, given to fits of rage, with great reverence for God,
and an early attraction to a life of prayer and
reflection. Gifted pianist.
She visited the sick and taught catechism to children.
Much against her mother‘s
wishes, she entered the Discalced
Carmelite monastery in Dijon, France on 2
August 1901.
Though noted for great spiritual growth, she was also plagued with periods of
powerful darkness, and her spiritual director expressed doubts over Elizabeth’s
vocation. She completed her noviate,
and took her final vows on 11
January 1903.
She became a spiritual director for many, and left a legacy of letters and
retreat guides. Her dying words: I
am going to Light, to Love, to Life!
Born
Sunday 18
July 1880 in
a military camp in the diocese of Bourges, France as Elizabeth
Catez
9
November 1906 at Dijon,
Côte-d’Or, France of
Addison’s disease, a hormone disorder whose side effects are painful and
exhausting
12
July 1982 by Pope John
Paul II (decree of heroic
virtues)
25
November 1984 by Pope John
Paul II
16
October 2016 by Pope Francis
Storefront
Books
by or about Saint Elizabeth
Additional Information
Prayer
to the Trinity, by Saint Elizabeth
other sites in english
images
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sitios en español
Martirologio Romano, 2001 edición
fonti in italiano
Congregazione delle Cause dei Santi
nettsteder i norsk
Readings
I think that in Heaven my mission will be to draw
souls by helping them to go out of themselves in order to cling to God by a
wholly simple and loving movement, and to keep them in this great silence
within which will allow God to communicate Himself to them and to transform
them into Himself. –Saint Elizabeth
of the Trinity
Make a little cell in
your heart for Jesus of the Agony; take refuge there, when you hear Him
outraged by men, try to make reparation; you, at least, love Him and keep your
heart quite pure for Him. Oh! If you only knew how the good God love pure
hearts! It is there that He loves to reign. – Saint Elizabeth
of the Trinity
Remain in Me, Pray in Me, adore in Me, love in me,
suffer in me, work and act in Me. – Saint Elizabeth
of the Trinity
A praise of glory is a soul of silence that remains
like a lyre under the mysterious touch of the Holy Spirit so that he may draw
from it divine harmonies. – Saint Elizabeth
of the Trinity
It seems to me that I have found my Heaven on earth,
since Heaven is God and God is in my soul. The day I understood that,
everything became clear to me. I wish to tell this secret to those whom I love
so that they also, through everything, may also cling to God through
everything. – Saint Elizabeth
of the Trinity
I think that in Heaven my mission will be to draw
souls be helping them go out of themselves to cling to God be a wholly simple
and loving movement, and to keep them in this great silence within that will
allow God to communicate himself to them and transform them into himself. – Saint Elizabeth
of the Trinity
O my God, Trinity whom I adore, help me to become
utterly forgetful of myself so that I may establish myself in you, as
changeless and calm as though my soul were already in eternity. Let nothing
disturb my peace nor draw me forth f from you, O my unchanging God, but at
every moment may I penetrate more deeply into the depths of your mystery. Give
peace to my soul; make it your heaven, your cherished dwelling-place and the
place of your repose. Let me never leave you there alone, but keep me there,
wholly attentive, wholly alert in my faith, wholly adoring and fully given up
to your creative action.
O my beloved Christ, crucified for love, I long to be
the bride of your heart. I long to cover you with glory, to love you even unto
death! Yet I sense my powerlessness and beg you to clothe me with yourself.
Identify my soul with all the movements of your soul, submerge me, overwhelm
me, substitute yourself for me, so that my life may become a reflection of your
life. Come into me as Adorer, as Redeemer and as Saviour.
O Eternal Word, utterance of my God, I want to spend
my life listening to you, to become totally teachable so that I might learn all
from you. Through all darkness, all emptiness, all powerlessness, I want to
keep my eyes fixed on you and to remain under your great light. O my Beloved
Star, so fascinate me that I may never be able to leave your radiance.
O Consuming Fire, Spirit of Love, overshadow me so
that the Word may be, as it were incarnate again in my soul. May I be for him a
new humanity in which he can renew all his mystery.
And you, O Father, bend down towards your poor little
creature. Cover her with your shadow, see in her only your beloved son in who
you are well pleased.
O my “Three”, my All, my Beatitude, infinite Solitude,
Immensity in which I lose myself, I surrender myself to you as your prey.
Immerse yourself in me so that I may be immersed in you until I go to
contemplate in your light the abyss of your splendour! – Saint Elizabeth
of the Trinity
MLA Citation
“Saint Elizabeth of the Trinity“. CatholicSaints.Info.
28 August 2021. Web. 8 November 2021. <https://catholicsaints.info/saint-elizabeth-of-the-trinity/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/saint-elizabeth-of-the-trinity/
Elizabeth of the Trinity: A Saint for Our Time
COMMENTARY: ‘Mystic of Dijon’ reminds us to be
anchored in prayerful presence of God amid politics and social upheaval.
Anthony Lilles FeaturesOctober 16, 2016
The Church celebrates St. Elizabeth of the Trinity —
canonized Oct. 16 — on her feast day of Nov. 8. Her spiritual mission is to
help us pass through the difficulties of our time with a certain greatness of
soul, a fitting reminder for Election Day 2016.
In her own words, “We must be mindful of how God is in
us in the most intimate way and go about everything with him. Then life is
never banal. Even in ordinary tasks, because you do not live for these things,
you will go beyond them.”
On Nov. 9, 1906, at the age of 26, she succumbed to
the final stages of Addison’s disease, an adrenal disorder which, at the time,
was incurable. Her death came amid great social uncertainty for the Church and
her Carmelite community in Dijon, France. Earlier that spring, the French
government turned against the Church, by advancing a more aggressive
secularism. The local Church was already racked with scandal, the local bishop
having been removed from office by the Holy See. The state was taking legal
action to confiscate Church property and put the Carmelites in exile. Anxiety
over social concerns affected daily life for many — except for, perhaps, St.
Elizabeth, her Carmel and those to whom she wrote.
When everything seemed to be falling down around her,
St. Elizabeth of the Trinity witnessed to the power of the presence of God to
establish deep peace in souls. In every lucid moment before her death, even if
it was just for a moment, she did everything she could to encourage those she
loved. Whether in whispered conversations or responding to letters she
received, her messages were tender and filled with compassion. She managed to
write a retreat for her sister, a young mother, a second retreat for her
Carmelite community and numerous letters.
In the midst of their own questions and concerns,
Elizabeth helped her friends discover the mysterious and transforming ways God
discloses himself even surrounded by distress. As she explained, “Everything is
a sacrament that gives us God.”
St. Elizabeth of the Trinity first discovered the
transforming power of God’s presence through her parents and first holy
Communion. Hailing from a military family and the elder of two sisters, she was
born and baptized at a military camp in 1880. Afterward, the family moved to
Dijon, where she grew up and entered a Carmelite monastery.
Joseph Catez, her father, a self-made decorated
officer and former POW, died in 1887, when Elizabeth was still a child, but
left her with a desire for heaven. Her mother, Marie Rolland, had a profound
conversion before her marriage and deeply influenced her husband’s piety.
As a widow with two young girls, Marie moved to an
affordable part of town, a few blocks from the parish church of Saint-Michel
and across the street from the Carmel that Elizabeth would someday join.
Together with her sister, Marguerite, piano, prayer and pilgrimages were
important parts of Elizabeth’s upbringing. Also important were vacations with
friends and family.
Young Elizabeth had a fiery temper. In a special way,
her parent’s faith helped her gain a degree of self-mastery, and this was
especially true at her first Communion. Witnesses testified to a profound
change after Mass. The mystery of Christ’s presence drew her to prayer. In St.
Elizabeth’s own words, she was no longer hungry because “God has fed me.”
Her deep prayerfulness impressed the nuns of her
community even before she entered. As a teenager, she self-identified with
Teresa of Avila’s descriptions of the prayer of union. She was also among the
first to read an early version of Therese of Lisieux’s Story of a Soul.
After reading this work, she resolved to be a Carmelite nun even over the
objections of her mother. She had come to see herself as a bride of Christ.
This devotion to Christ moved her to be very involved
with her parish before she entered Carmel. She catechized troubled children,
first by befriending them and then by teaching them how to draw close to God in
prayer. In Dijon, she is honored as much for this work as she is for her
spiritual writings.
According to one of the former pastors of
Saint-Michel, some of the descendants of the young people that she instructed
helped to build a private school now named after her.
In her final days, Addison’s disease had emaciated
Elizabeth, rendering her unable to eat or drink except for a few drops of
water. Difficult thoughts sometimes tormented her as her whole body burned with
pain. Yet, throughout everything, she remained devoted to Christ crucified and
was completely focused on others. She promised that it would increase her joy
in heaven if her friends asked for her help. She was convinced that her mission
would be to help souls get out of self-occupation and enter into deep silence
in order to encounter the Lord in a transformative way. To this end, she
advocated faith in “the all-loving God dwelling in our souls.”
Elizabeth regarded the Trinity as the furnace of
an excessive love. When her prayer evokes “My God, My Three,” she
invites us to take personal possession of the Trinity. The Trinity is, for her,
an interpersonal and dynamic mystery: the Father beholding the Son in the fire
of the Holy Spirit. She insisted that, in silent stillness before God, the
loving gaze of the Father shines within our hearts until God contemplates the
likeness of his Son in the soul. Through the creative action of the Holy
Spirit, the more the soul accepts the Father’s gaze of love, the more it is
transformed into the likeness of the Word made flesh.
Tradition calls this loving awareness and silent
surrender to the gaze of the Father mental prayer or contemplation. Elizabeth
roots this in adoration and recollection and advocates its fruitfulness.
Through this prayer, we gain access to our true home, the dwelling place of
love for which we are created — and this is not in some future moment, but
already in the present moment of time, which Elizabeth calls “eternity begun
and still in progress.”
Such prayer not only sets the soul apart and makes it
holy, but it glorifies the Father and even extends the saving work of Christ in
the world. She called this “the praise of Glory” and understood this to be her
great vocation.
By canonizing Elizabeth of the Trinity, the Church has
not only validated her mission, but re-proposed the importance of silent prayer
for our time. While she was not engaged in politics, St. Elizabeth was
certainly concerned for her friends who were immersed in it. There is power in
her prayer. Her community was never evicted or exiled, but moved years later
only because it outgrew its original location. The Carmel remains a place of
spiritual refreshment to this day.
Through the witness of St. Elizabeth, the Carmelites
and her friends chose to allow God to establish them “immovable” in his
presence. No political or cultural power deserves an absolute claim over our
existence. If we call on St. Elizabeth, the Church affirms that the “Mystic of
Dijon” can also help us become “the Praise of Glory,” a sign of hope for others
even in the midst of social rancor.
Anthony Lilles is
the academic dean for St. John’s Seminary in Camarillo, California.
He completed his graduate and post-graduate studies in
Rome at the Pontifical University of St. Thomas,
and his dissertation researched St. Elizabeth of the
Trinity.
SOURCE : https://www.ncregister.com/features/elizabeth-of-the-trinity-a-saint-for-our-time
What Every Catholic Should Know About Soon-to-be-Saint
Élisabeth of the Trinity
Anthony Lilles BlogsMarch 13, 2016
Last Friday, March 4, Pope
Francis issued a decree approving the healing of Miss Marie-Paul Stevens as a
miracle. Both local officials and Pope Francis recognized that a
religion teacher afflicted with Sjögren's Syndrome while on a pilgrimage to
Blessed Élisabeth's convent in Flavignerot, just outside of Dijon, was healed
in 2002. Over the summer of 2011, the Archdiocese of Dijon opened the process
for the canonization of Blessed Élisabeth of the Trinity, the Carmelite
Mystic of Dijon, France (1880-1906). A formal announcement of her canonization
date is expected in the next few weeks.
At her beatification in 1984, Saint John Paul II
identified her as a strong influence on his spiritual life. Cardinal
Albert Decourtray, at the time Bishop of Dijon, attributed his own healing to
her intercession at the time. Yet even more wonderful are the many conversions
to a deeper life of prayer attributed to her intercession and spiritual mission
in the life of the Church. Centennial celebrations throughout France ten
years ago indicated that many have discovered devotion to the Blessed Trinity
and deeper contemplative prayer through her life, writings and intercession.
For many, her canonization would express and deepen their sense of gratitude to
this pianist who became a nun at the turn of the last century.
As a child, after the loss of her father and
grandfather, Élisabeth Catez struggled with a powerful temper. It was her
openness to the grace of Christ in this struggle that allowed God to do something
very beautiful in her life. Her love for her mother and her sister gave her
additional motivation to gain self-control. It was, however, especially through
the help of a good confessor and her love for the Mass that she not only
learned self-control but also developed a profound life of prayer. Even
at her first Communion, her friends remarked that she was visibly caught up in
Christ’s presence.
Sabeth, as she was nicknamed, was very popular and
influential with her friends. A natural leader and the source of a
lot of fun for everyone around her, she loved to play croquet and many
other games. She was also an award-winning pianist who showed remarkable
promise in her interpretations of the work of the great composers of her
time. Yet in all of this, it was her love for the Lord that most impressed
those who knew her.
Her mother vacillated when Blessed Élisabeth revealed
her desire to become a Carmelite. As a widow who deeply loved her two
daughters, the idea of being separated from her seemed to be too painful.
Her little “Sabeth” however did not get discouraged but believed that God
was using this to prepare her for a deeper life of prayer. In fact, her
desire for Carmel only grew. She declined a perfect match even though
this disappointed both the young military officer and her own mother. Through
involvement at her parish, she also devoted herself to catechizing children
from troubled backgrounds who lived in a neighborhood reform school. Her
empathy and charming personality won many of them over. In all of this,
she patiently waited for her mother to change her mind and when she did,
Élisabeth Catez entered the Carmelite Monastery to become Sister Élisabeth of
the Trinity.
As a religious, Sister Élisabeth wrote to her friends
and family to encourage them to a deeper devotion to God and openness to His
love. She loved the Scriptures and quoted the Bible to help her friends receive
the Word of God in a deeper way. To go deep into God's Word, she spoke of
becoming free of ourselves and vulnerable to the immensity of love that the
Lord is waiting to impart to us. In fact, the writings of Saint Paul were so
alive for her that she believed that God revealed the name she would have in
heaven through his Letter to the Ephesians. Where Saint Paul proposed that we
are predestined in Christ to become the Praise of God’s glorious grace, Blessed
Élisabeth began to sign her letters, “Praise of Glory.”
Although suddenly gripped with Addison’s Disease, at
the time untreatable, the encouragement and prayers she was offering others in
this life she came to believe would continue in the life to come. Addison’s was
incurable and she endured a crucible of physical suffering. There was
also a mysterious spiritual suffering, which she interpreted as a total identification
with Christ crucified. Somehow her own sufferings, she held, were
extending the saving work of Christ in the world. This secret work was
something that she invited others to participate in as well. To do so, all they
needed to do was allow themselves to be loved by God. She spoke about prayer as
“a wholly loving movement” that availed the soul of this amazing grace.
She, in fact, believed that she was being consumed by the love of God,
and to the very last, she was completely impassioned that this divine love
needed to be made known and shared. In the last letter she was able to
write, she told a friend that it would actually increase her joy if she was
called on from heaven to help. She died at the age of 26 in 1906.
Blessed Élisabeth died as the French government
attempted to close down her monastery and confiscate its land. At the
time, the local Church was in total chaos and rocked by all kinds of scandals.
Her faith in Christ and conviction about her spiritual mission was undaunted, even
as she came in and out of a coma. Her friends and family were convinced of her
holiness and put her counsels into practice. People’s lives were changed,
and even though France would suffer through two World Wars and aggressive
secularization throughout the 20th Century, the Church of Dijon remains alive
and well.
Today there is a parochial school named after Blessed
Élisabeth at her home parish of Saint Michel in Dijon. In a conversation
with the pastor there in 2004, he explained that it was in fact many of the
descendants of the children that Blessed Élisabeth catechized that helped build
the school. The convent also not only survived but flourished. The Carmelite
nuns moved out of the city only because Dijon had become too noisy and their
buildings too dilapidated. They also moved Blessed Élisabeth’s
belongings into their new monastery in the countryside in Flavignerot,
where the miracle happened. More importantly, these sisters have
collaborated with scholars and hosted an endless stream of pilgrims who are
drawn by the witness and teachings of the Mystic of Dijon.
Although her intercession has cured a bishop of cancer
and healed a school teacher from Sjögren's Syndrome, my own studies have lead
me to believe that Élisabeth of the Trinity is more passionate about interior
miracles—those wonders that can happen in the life of prayer. Just
as she discovered in her personal devotion the strength that she needed
for a deeper self-control, she wants us to allow the Holy Trinity to establish
us in the sacred stillness of love. Her mission from heaven is to help us focus
less on our own inadequacies and more on the radiance of Christ's presence in
our lives. If someone desires a deeper life of prayer, Élisabeth of the Trinity
is always ready to intercede. Anyone who takes the time to read her writings
will soon discover spiritual food that strengthens the effort to pray. She in
fact believes in a contemplation that opens the soul “to unexpected horizons.”
In the narrow confines of our work-a-day world, we need these horizons, and in
the spiritual mission of Blessed Élisabeth of the Trinity, we have a heavenly
friend who wants to help us find them.
St. Elizabeth of the Trinity
SOURCE : https://catholicfire.blogspot.com/2016/11/st-elizabeth-of-trinity.html
LET YOUR PRAYER LIFE EXPLODE WITH BLESSED ELIZABETH OF
THE TRINITY
Posted by Patti Maguire Armstrong | May
24, 2014 | In
the Spotlight, Prayer
/ Spiritual Life |
I know I should carve out more time for family and
sleep. And prayer. Especially prayer.
If only I prayed more, then everything else would go
smoother.
So I make the effort.
And then my phone rings. Or the dogs bark at
something. Or… well, you get the picture.
Recently, however, something has changed for me. I’ve
met Blessed Elizabeth of the Trinity. She has inspired me not just to pray
more, but to pray better.
St. John Paul II beatified Elizabeth in 1984, five
years into his papacy. He identified her as one of the most influential
mystics in his spiritual life. What does a cloistered Carmelite nun and mystic
who died in 1906 at the age of 26 have to teach about navigating the modern
world as a contemplative? Blessed Elizabeth understood that the Holy
Spirit is timeless and holiness is an equal opportunity venture.
During the last months of her life, Blessed Elizabeth
wrote down theological reflections that she believed would help people grow in
prayer. She also wrote a 10-day retreat for her biological sister Margaret, a
young mother. Blessed Elizabeth believed a contemplative life was possible
for anyone who opened his or her heart. She wanted Catholics to enter
deep into the mystery of God in order to have a transforming encounter with
Christ and change the way they encountered the world.
HEAVEN IN FAITH
In the Beginning
to Pray with Blessed Elizabeth of the Trinity podcasts, Dr. Anthony
Liles presents a 10-day spiritual retreat written by Blessed Elizabeth.
Dr. Lilles is a Catholic husband and father of three who teaches Spiritual
Theology at St. John Vianney Theological Seminary. His expertise is in the
spiritual doctrine of Blessed Elizabeth of the Trinity and the Carmelite
Doctors of the Church: St. Teresa of Avila, St. John of the Cross and St.
Thérèse of Lisieux. He is the author of Hidden Mountain, Secret Garden: A Theological Contemplation on
Prayer.
The retreat has been called “Heaven in Faith.”
Here is the first prayer of the first day with a brief summary of her
reflection as explained by Dr. Lilles:
“‘Father, I will that where I am, they also whom you
have given me may be with me in order that they may behold my glory which you
have given me because you have loved me since before the creation of the
world.’ Such is Christ’s last wish, his supreme prayer before returning to his
Father. He wills that where he is we will be also. Not only for eternity but
already in time which is eternity begun and still in progress. It is important
then to know where we must live with him in order to realize his divine
dream. The place where the Son of God is hidden is the bosom of the
Father or the Divine Essence, invisible to every mortal eye, unattainable by
every human intellect, as Isaiah said, ‘Truly you are a hidden God.’ And yet,
his will is that we should be established in him, that we should live where he
lives in the unity of love, that we should be, so to speak, his own shadow. By
baptism, says St. Paul, we have been united to Jesus Christ. And again, God
seeded us together in heaven in Christ Jesus, that he might show in the ages to
come the riches of his grace, and further on, you are no longer guests or
strangers but you belong to the city of saints and the house of God.”
THE SUPREME DESIRE OF JESUS
In her reflections, Blessed Elizabeth explains that
prayer is about an interpersonal communion of friendship, a kind of sharing of
hearts with Jesus. She illuminates the deepest more supreme desire in the heart
of Jesus given that the night before he died he prayed: “Father, I will that
where I am, they also whom you have given me may be with me in order that they
may behold my glory which you have given me because you have loved me since
before the creation of the world.”
“Jesus desire is for us to be with him in communion.
This is what he aches for, his deepest desire that he prays for. This is
what Jesus was doing the night before he died.” Blessed Elizabeth calls
this Jesus’s last wish, his supreme prayer. Out of this deep desire, he utters
this prayer to the Father. She wants our hearts to be informed by this desire
and to share this desire. “If we do, our spiritual lives and prayer will
explode,” she wrote. “Our thoughts will be soaked with God. Because if we
realize that if this is the Son of God—he is the word spoken by the father that
has become flesh and this is Jesus’ deepest desire, it ought to evoke in us a
desire that responds to it.”
Blessed Elizabeth wanted our faith to be to desire
communion with God. That it is exactly what Jesus said he wants with us.
We don’t have to take the afternoon off and bury ourselves in religious books
and hours of prayer on our knees according to her. To be contemplative, she
explained, we need to understand the simplicity of wanting to be united with
Jesus and at the same time, the deepness. “Our omnipotent God, the creator of
the World, wants most to be united with his poor limited frail creatures. He
yearns for us to live with him.”
Blessed Elizabeth tapped into the understanding that
we are made for something more than this world. In the midst of
achievement, people are still empty, we are made for more, to dwell in union
with God and God wants to dwell with us. When we live in unity with God,
we have faith and we find our home with God. “The peace we were made to
enjoy is found only by faith in Jesus Christ because Jesus Christ is the only
one who can lead me into the bosom of the Trinity into the heart of the Father
and in the heart of the Father my heart finds rest and I find the fullness of
my humanity and the joy that God created me for becomes mine.”
Dr. Anthony Lilles and Dan Burke, founder of Avila
Institute for Spiritual Formation will host a webinar on Saturday, May 31, 2014
at 9:30 EST on Blessed Elizabeth of the Trinity. It will cover her life, work
and witness of the contemplative life. You can register
here.
SOURCE : https://integratedcatholiclife.org/2014/05/patti-armstrong-blessed-elizabeth-of-the-trinity/
Elizabeth of the Trinity, Our Newest Saint!
Posted by Brian Williams
On October 16, 2016 the Catholic Church will raise to
the altars the Carmelite mystic Elizabeth of the Trinity. Much like
another French sister of Carmel, St. Therese of Lisieux, Elizabeth’s time on
earth was brief: she died at the young age of 26. However, her dedication to
prayer, devotion to the Trinity, and desire to instruct others on the
indwelling presence of God make her a gift for the ages.
Dr. Anthony Lilles, academic dean of St. John’s
Seminary in Camarillo has said that St. Elizabeth believed she had a “spiritual
mission” to help guide souls to a “deeper encounter with Christ Jesus.” He
further noted:
“You could call it contemplative prayer, or even
mystical prayer. She said her mission was to lead souls out of themselves and
into a great silence, where God could imprint himself in them, on their souls,
so that they became more God-like.”
Elizabeth Catez entered the Dijon Carmel in France on
August 2, 1901 at the age of 21. She would die a mere 5 years later from
Addison’s disease. During her brief time there she lived a life of mystical
prayer and even lead spiritual retreats. At her death St. Elizabeth’s last
words were: “I am going to Light, to Love, to Life!”
Today she is best known for her prayer to the Holy
Trinity. She is also the only 20th century mystic quoted in the Catechism
of the Catholic Church. Many of her writings can also be found in Fr. Gabriel’s
pre-conciliar classic Divine Intimacy, a book of daily meditations based
on the traditional liturgical calendar and Carmelite spirituality.
It’s fitting to end with her most famous offering, her
prayer to the Trinity. Written in September 1904, just 2 years before her
death, it reveals both her deep love for God and an immense spiritual
maturity.
Prayer to the Trinity
O my God, Trinity whom I adore, help me to become
utterly forgetful of myself so that I may establish myself in you, as
changeless and calm as though my soul were already in eternity. Let nothing
disturb my peace nor draw me forth from you, O my unchanging God, but at every
moment may I penetrate more deeply into the depths of your mystery. Give peace
to my soul; make it your heaven, your cherished dwelling-place and the place of
your repose. Let me never leave you there alone, but keep me there, wholly
attentive, wholly alert in my faith, wholly adoring and fully given up to your
creative action.
O my beloved Christ, crucified for love, I long to be
the bride of your heart. I long to cover you with glory, to love you even unto
death! Yet I sense my powerlessness and beg you to clothe me with yourself.
Identify my soul with all the movements of your soul, submerge me, overwhelm
me, substitute yourself for me, so that my life may become a reflection of your
life. Come into me as Adorer, as Redeemer and as Saviour.
O Eternal Word, utterance of my God, I want to spend
my life listening to you, to become totally teachable so that I might learn all
from you. Through all darkness, all emptiness, all powerlessness, I want to
keep my eyes fixed on you and to remain under your great light. O my Beloved
Star, so fascinate me that I may never be able to leave your radiance.
O Consuming Fire, Spirit of Love, overshadow me so
that the Word may be, as it were incarnate again in my soul. May I be for him a
new humanity in which he can renew all his mystery.
And you, O Father, bend down towards your poor little
creature. Cover her with your shadow, see in her only your beloved son in who
you are well pleased
O my `Three’, my All, my Beatitude, infinite Solitude,
Immensity in which I lose myself, I surrender myself to you as your prey.
Immerse yourself in me so that I may be immersed in you until I go to
contemplate in your light the abyss of your splendour!
St. Elizabeth of the Trinity, pray for us!
SOURCE : https://liturgyguy.com/2016/10/16/elizabeth-of-the-trinity-our-newest-saint/
Santa Elisabetta della Trinità (Elisabeth
Catez) Vergine carmelitana
Bourges, Francia, 18 luglio 1880 - Digione, Francia, 9
novembre 1906
Elisabeth Catez nacque il 18 luglio 1880 nel Campo
d’Avor presso Bourges in Francia e fu battezzata quattro giorni dopo. Nel 1887
la famiglia si trasferì a Digione; quello stesso anno le morì il padre. Il 19
aprile 1890 ricevette la Prima Comunione, l'anno dopo il sacramento della
Confermazione. Nel 1894 emise il voto privato di verginità. Sentendosi chiamata
alla vita religiosa, chiese alla madre il permesso di poter entrare al Carmelo:
poté riuscirci solo al compimento della maggiore età. Il 2 agosto 1901
Elisabeth entrò quindi nel Carmelo di Digione dove l'8 dicembre 1901 vestì
l'abito religioso, assumendo il nome di suor Elisabetta della Trinità. Pochi mesi
dopo aver emesso la professione religiosa, avvenuta l’11 gennaio 1903, le si
manifestarono i sintomi del morbo di Addison: l’accettò col sorriso, certa di
essere immersa nell’unione delle Tre Persone divine. Morì ventiseienne il 9
novembre 1906. È stata beatificata da san Giovanni Paolo II il 25 settembre
1984 in piazza San Pietro a Roma. Il 3 marzo 2016 papa Francesco ha autorizzato
la promulgazione del decreto che riconosceva un miracolo ottenuto per
intercessione di lei, aprendole quindi la via per la canonizzazione, che è
stata fissata a domenica 16 ottobre 2016.
Martirologio Romano: A Digione in Francia, beata Elisabetta della Santissima Trinità Catez, vergine dell’Ordine delle Carmelitane Scalze, che sin dalla fanciullezza cercò e contemplò nel profondo del cuore il mistero della Trinità e, ancora giovane, tra molte tribolazioni, giunse, come aveva desiderato, all’amore, alla luce, alla vita.
I primi anni
Elisabeth Catez nacque nel campo militare di Avor
presso Bourges in Francia il 18 luglio 1880. In seguito si trasferì con la
famiglia prima ad Auxonne e poi a Digione, dove nell’ottobre 1887 rimase orfana
di padre.
Dotata di un carattere piuttosto duro, volitivo,
impetuoso, ardente, estroverso, dovette lavorare a lungo e un poco alla volta
per dominarsi o come diceva lei, di “vincersi per amore”. Quel percorso
cominciò dalla Prima Comunione, ricevuta il 19 aprile 1891, e proseguì con la
Cresima, il 18 giugno successivo.
Senza frequentare mai scuole vere e proprie, ebbe i
primi rudimenti del sapere, dello scrivere e delle scienze da due istitutrici,
con una infarinatura di letteratura. Fin da piccola, inoltre, frequentò il
conservatorio di Digione, trovando nella musica una forma di donazione e di
preghiera; ottenne anche alcuni premi per le sue esecuzioni al pianoforte.
Attratta da Cristo
In piena adolescenza, cominciò a sentirsi attratta da
Cristo. Racconta lei stessa: «Senza attendere mi legai a Lui con il voto di
verginità; non ci dicemmo nulla, ma ci donammo l’uno all’altra in un amore
tanto forte, che la risoluzione d’essere tutta sua divenne per me ancor più
definitiva».
Sentì risuonare nel suo spirito la parola “Carmelo”,
per cui non ebbe altro pensiero che ritirarsi in tale sacra struttura. Trovò
tuttavia una forte opposizione nella madre, la quale, rimasta vedova così
giovane, aveva riposto la possibilità di avere un aiuto nella vita tramite la
figlia e le sue possibilità musicali.
Le proibì quindi di frequentare il Carmelo di Digione,
proponendole invece il matrimonio. Elisabeth le ubbidì, pur ribadendo la sua
immutata volontà. Solo quando raggiunse i 19 anni la vedova Catez cedette,
ponendo tuttavia una condizione: la ragazza avrebbe potuto entrare nel Carmelo
solo nel 1901, quando avrebbe compiuto i 21 anni, ossia sarebbe diventata
maggiorenne. Nel frattempo la conduceva a varie feste danzanti della buona
società, con la speranza che potesse cambiare idea.
Prima di uscire per queste feste, Elisabeth
s’inginocchiava in casa, pregava e si offriva alla Madonna. Poi, con
naturalezza e con un sorriso, viveva queste occasioni di festa gioiosa.
Rendendosi estranea e insensibile a tutto quello che accadeva intorno a lei,
non aveva altro pensiero che quello della Comunione che avrebbe ricevuto il
mattino successivo. Si preparò così alla vita monastica, ma anche insegnando il
catechismo ai piccoli della parrocchia e soccorrendo i poveri più abbandonati,
in comunione stretta con la Trinità e con la Madonna.
Infine, il 2 agosto 1901, entrò nel Carmelo di Digione
e l’8 dicembre ne vestì l’abito. Dopo un fervoroso anno di noviziato, pronunciò
i voti l’11 gennaio 1903, prendendo il nome di suor Elisabetta della Trinità.
La malattia come mezzo di configurazione al Crocifisso
La gioia di aver raggiunto la meta desiderata, dopo un
inizio pieno di speranze e promesse, fu presto interrotta. Il 1° luglio 1903 si
manifestò, nella giovane professa, uno strano male, non diagnosticato
correttamente e curato con terapie sbagliate. Nessuno del monastero, né i
medici avvertirono subito la gravità del male, non conoscendone allora sintomi
e terapia: si trattava del morbo di Addison, che colpisce le ghiandole
surrenali. Suor Elisabetta della Trinità accettava tutto con il sorriso e
l’abbandono alla volontà di Dio, manifestando la sua «gioia di configurarsi al
Crocifisso per amore» e diventando veramente «lode di gloria della Trinità».
Da un suo scritto, datato venerdì 24 febbraio 1899,
rileviamo la conoscenza che lei aveva del suo male oscuro e la trasformazione
della sofferenza in sublimazione: «Poiché mi è quasi impossibile impormi altre
sofferenze, devo pure persuadermi che la sofferenza fisica e corporale non è
che un mezzo, prezioso del resto, per arrivare alla mortificazione interiore e
al pieno distacco da sé stessi. Aiutami Gesù, mia vita, mio amore, mio Sposo».
Il 21 novembre del 1904 si era offerta «come preda» alla Trinità con la celebre
invocazione: «O mio Dio, Trinità che adoro», uscita di getto dalla sua anima.
Sofferenze fisiche e interiori
Gli anni dal 1900 al 1905 trascorsero tra alti e bassi
della malattia, ma nel 1906 la situazione precipitò. Le crisi si susseguivano
opprimendola e soffocandola, mentre le viscere davano la sensazione di essere
dilaniate da bestie feroci; non riusciva ad assumere né cibo né bevande.
Ciononostante, non smise mai di sorridere.
Nell’estate del 1906, obbedendo alla priora, scrisse
le sue meditazioni, frutto di quei mesi terribili, nell’ «Ultimo ritiro di
Laudem gloriae» e nel «Come trovare il cielo sulla terra». La progressione del
male ormai la consumava e, scrivendo alla madre, diceva: «Il mio Sposo vuole
che io gli sia una umanità aggiunta nella quale Egli possa soffrire ancora per
la gloria del Padre e per aiutare la Chiesa… Egli ha scelto la tua figlia per
associarla alla grande opera della Redenzione».
Parlava comunque e stranamente di gioia, eppure al
martirio del corpo si era aggiunto quello dello spirito, con un senso di vuoto
e di abbandono da parte di Dio, che tutti i mistici hanno conosciuto; ebbe
persino tentazioni di suicidio, superate nella fede dell’amore per Cristo.
Verso la luce
Il morbo ebbe un decorso piuttosto lungo e doloroso,
ma verso l’autunno sembrò avviarsi verso la fine. Il 1° novembre, suor
Elisabetta pronunciò le sue ultime considerazioni: «Tutto passa! Alla sera
della vita resta solo l’amore. Bisogna fare tutto per amore…». Fu in stato
precomatoso per i nove giorni seguenti, finché, in un ritornare momentaneo
della coscienza, fu udita mormorare: «Vado alla luce, all’amore, alla vita». Morì
il mattino del 9 novembre 1906, a soli 26 anni.
Come la sua consorella e contemporanea santa Teresa di
Gesù Bambino, anche Elisabetta della Trinità fu una grande mistica, che seppe
penetrare l’essenza dell’Amore «troppo grande» di Dio, in intima comunione con
i suoi «Tre», come lei si esprimeva familiarmente parlando della Santissima
Trinità, il perno della sua vita.
Pur essendo vissuta nel monastero poco più di cinque
anni, di cui tre in una condizione di ammalata grave e irreversibile, quindi
con pochi contatti con l’esterno, godette subito di una fama di santità, che
fece pensare ben presto alla sua glorificazione.
La causa di beatificazione
Per diversi motivi il primo processo informativo si
ebbe negli anni 1931-‘41 a Digione e il 25 ottobre 1961 venne introdotta la
causa. Il 12 luglio 1982 san Giovanni Paolo II autorizzò la promulgazione del
decreto con cui, riconosciuta l’eroicità delle virtù di suor Elisabetta, le
veniva attribuito il titolo di Venerabile. Lo stesso Pontefice l’ha beatificata
il 25 novembre 1984.
Il Martirologio Romano riporta la sua memoria al 9
novembre, mentre nel calendario dell'ordine carmelitano scalzo è ricordata il
giorno precedente.
Il miracolo e la canonizzazione
Ricevendo il cardinal Angelo Amato nel pomeriggio del
3 marzo 2016, papa Francesco ha autorizzato la promulgazione del decreto che
riconosceva come miracolosa e ottenuta per intercessione della Beata Elisabetta
della Trinità la guarigione, avvenuta nel 2002, di Marie-Paule Stevens,
insegnante, dalla sindrome di Goujerot-Sjögren, una malattia del sistema
immunitario.
Nel Concistoro ordinario del 20 giugno 2016, la data della
sua canonizzazione è stata fissata a domenica 16 ottobre 2016.
Autore: Antonio Borrelli
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/76725
Den hellige Elisabeth Catez (1880-1906)
Minnedag: 8.
november
Den hellige Elisabeth Catez (fr: Élisabeth; kjælenavn
Sabeth) ble født den 18. juli 1880 i Farges-en-Septaine ved militærleiren Camp
d’Avor ved Avord i departementet Cher og bispedømmet Bourges i regionen Centre
i Frankrike (fra 2015: Centre-Val de Loire). Hun var eldste barn av kaptein i
hæren François-Joseph Catez og hans hustru Marie-Emilie Rolland. Hun ble døpt
den 22. juli med navnene Maria Josefina Elisabeth (fr:
Marie-Joséphine-Élisabeth).
Familien bodde en tid i Auxonne før de i 1882 flyttet
til Dijon i departementet Côte-d’Or i regionen Bourgogne (fra 2016:
Bourgogne-Franche-Comté) da faren ble overført dit. Der fikk familien en ny
datter, Marguerite, som ble født den 20. februar 1883. Etter bestemorens død
den 8. mai 1882 kom bestefaren for å bo hos sine barn, og han døde den 24.
januar 1887. Kaptein Catez døde uventet allerede den 2. oktober 1887, da
Elisabeth var bare syv år gammel og søsteren fire, og etterlot hustruen alene
med to små døtre.
Elisabeth fikk en
respektabel borgerlig oppdragelse, slik det var vanlig på slutten av
1800-tallet. Det ser ut til at hun hadde en vanskelig karakter, for
som barn var hun livlig, heftig og intens, men også sta og vanskelig – søsteren
beskrev henne på et stadium som «en liten djevel». Men hennes første kommunion
den 19. april 1891 hadde en dyp virkning på henne uten å endre hennes
personlighet. Denne virkningen ble forsterket av fermingens sakrament
(konfirmasjonen), som hun mottok den 18. juni samme år. Ved hjelp av en god
skriftefar og sin kjærlighet til messen lærte hun ikke bare selvkontroll, men
utviklet også et dypt bønneliv.
Til tross for sin unge alder begynte hun å bli klar
over et kall til indre stillhet og meditasjon og at hun hadde fått gaven av
kontemplativ bønn, som med tiden skulle gripe henne fullstendig. Men i
mellomtiden fortsatte barndommen og oppveksten. Selv om hun ikke fikk noen
egentlig skolegang, ga to guvernanter henne rudimenter av kunnskap, inkludert
en flyktig introduksjon til litteratur. Hun var svært populær og hadde stor
innflytelse over sine venner. Hun var en naturlig leder og kilde til mye moro
for alle rundt henne, og hun elsket å spille krokket og mange andre spill.
Hennes betydelige
musikalske evner ble også utviklet, og hun studerte fra 1888 piano ved
konservatoriet i Dijon og vant flere priser, og i musikken fant hun en
tilfredsstillende form for selvutfoldelse og bønn. Hun
var usedvanlig lovende i sine tolkninger av tidens store komponister, og hun
var spesielt glad i Fredrik Chopin, Franz Liszt og Robert Schumann.
Da Elisabeth var fjorten år gammel i 1894, følte hun
seg «uimotståelig beveget» til å velge Kristus som sin brudgom, og uten å nøle bandt
hun seg til Ham med et kyskhetsløfte. Snart var hennes eneste ambisjon å tre
inn som uskodd karmelitt i klosteret som lå bare 200 meter fra hennes hjem i
Dijon. Hennes mor hadde håpet å få litt økonomisk støtte gjennom Elisabeths
musikalske aktivitet, så hun forbød henne å ha noe kontakt med
karmelittklosteret i Dijon. I stedet begynte hun å introdusere datteren for
passende unge menn, men Elisabeth ignorerte dem. Senere skrev hun: «Mens jeg
som de andre danset og spilte kvadrilje, var mitt hjerte helt i Karmel, som
trakk meg til seg».
Samtidig som
Elisabeth adlød morens ordre når det gjaldt klosteret i Dijon, gjorde hun det
klart at hennes bestemmelse sto urokkelig fast. Til slutt ga fru
Catez etter i 1899 på betingelse av at Elisabeth ventet til hun ble 21 år.
Elisabeth aksepterte dette med glede, og i de neste to årene fortsatte hun
livet som før. Hun underviste barna i menigheten i katekismen, engasjerte seg i
de fattiges behov og gikk på de dansetilstelningene og andre sosiale
begivenheter som hennes stadig håpefulle mor tok henne med på. Hun avviste det
som virket som et perfekt giftemål, selv om dette skuffet både den unge
offiseren og hennes egen mor.
I en alder av 21 år trådte Elisabeth den 2. august
1901 inn i karmelittordenens reformerte «uskodde» gren (Ordo Sororum
Discalceatarum Beatae Mariae Virginis de Monte Carmelo – OCD) i Dijon med
ordensnavnet Elisabeth av den hellige Treenighet (Élisabeth de la
Trinité). Den 8. desember 1901 mottok hun drakten, og hun avla sine løfter den
11. januar 1903. Hun fikk en stadig dypere bevissthet om hemmeligheten med den
treenige Guds nærvær i hennes sjel. Et spesielt bevis på dette er hennes
gripende «Bønn til den hellige Treenighet», som hun skrev ned i et strekk den
21. november 1904, helt uten korrektur, ansporet av Guds nåde.
Men nå forløp ikke hennes liv så harmonisk som før.
Den 1. juli 1903, syv måneder etter at hun avla løftene, viste hun de første
symptomene på det som senere skulle diagnostiseres som Addisons sykdom, en
sjelden tilstand som skyldes en funksjonssvikt i binyrene og som det på den
tiden ikke fantes noen kjent behandling for. Sykdommen ble oppdaget i 1855 av
den engelske lege Thomas Addison (1793-1860), som ga den sitt navn. Elisabeth
aksepterte sine lidelser med stort mot, og de neste to årene forløp fredelig. I
begynnelsen av fasten 1906 fikk hun symptomer på en alvorlig magesykdom, og
palmesøndag ble hennes tilstand betydelig forverret gjennom en blodstyrtning. I
lydighet mot sin priorinne skrev hun ned sine tanker på denne tiden i to
notatbøker, som senere ble publisert.
Jo mer hun led fysisk, jo mer snakket hun om glede.
Mot slutten ble de fysiske lidelsene, som nå var nesten uutholdelige, fulgt av
åndelige smerter, inkludert en følelse av forlatthet og tanker på selvmord. I
begynnelsen av november var det klart at hun ikke hadde lenge igjen. Hun døde
om morgenen den 9. november 1906 i Dijon, bare 26 år gammel. Hennes siste ord
var: «Jeg drar til lyset, til kjærligheten, til livet!» Elisabeth døde på et
tidspunkt da den franske regjeringen forsøkte å stenge hennes kloster og
konfiskere klosterets land. På den tiden var den lokale kirken i fullstendig
kaos og rystet av alle slags skandaler. Men selv om Frankrike måtte lide mye
gjennom to verdenskriger og aggressiv sekularisering gjennom hele 1900-tallet,
er Kirken i Dijon fortsatt i live og sunn.
Bortsett fra de to notatbøkene og et betydelig antall
brev etterlot Elisabeth seg få skrifter. Hun så ikke på seg selv som lærer, i
stedet var det hennes liv som var hennes lære. Hennes liv ble kjent gjennom
bøker av slike fremstående personer som den sveitsiske teologen Hans Urs von
Balthasar (1905-88) og den betydelige dominikanerteologen Michel-Marie
Philipon. Hennes spiritualitet er bemerkelsesverdig lik hennes samtidige og
medsøster i ordenen, den hellige Teresa av Lisieux (1873-97)
med ordensnavnet Sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face. De
to karmelitthelgenene deler en glød for kontemplasjon og sjelenes frelse.
Kort etter Elisabeths død bestemte superioren for
karmelittklosteret i Dijon, Mor Germaine, å publisere en liten biografi om
henne på fjorten sider, som hun sendte til ulike karmelittklostre. Denne ble
svært snart revet bort, og Mor Germaine bestemte seg da for å publisere en bok
om Élisabeth de la Trinité, med tittelen Souvenirs, som ble utgitt i 1909
i 1 500 eksemplarer. Bokens suksess førte til nye opplag, og 25 000
eksemplarer var solgt i 1919, i 1935 var opplaget kommet opp i 80 000 og i
1956 mer enn 100 000 eksemplarer.
Elisabeths ry for hellighet vokste, og den 23. mai
1931 åpnet Pierre-André-Charles Petit de Julleville (1876-1947), biskop av
Dijon (1927-36) og senere erkebiskop av Rouen (1936-47), kardinal fra 1946,
informativprosessen med sikte på hennes saligkåring. Biskopen samlet alle
skrifter av Elisabeth, som ble transkribert i 1931 av fire søstre fra
karmelittklosteret. Informativprosessen på bispedømmenivå foregikk fra 1931 til
1941 i Dijon, og den 25. oktober 1961 ble hennes saligkåringsprosess åpnet. Den
apostoliske prosessen ble åpnet i 1963 og avsluttet i 1965, og dekretet om
gyldigheten av informativprosessen og den apostoliske prosessen ble utstedt den
5. juli 1969 og 13. mars 1970. Den 12. juli 1982 ble hennes «heroiske dyder»
anerkjent av den hellige pave Johannes Paul II (1978-2005)
og hun fikk tittelen Venerabilis («Ærverdig»).
Den 17. februar 1984 undertegnet samme pave dekretet
fra Helligkåringskongregasjonen som anerkjente et mirakel på Elisabeths
forbønn. Det gjaldt helbredelsen av Dom Jean Chanut OCSO (1909-80), munk i
trappistenes abbedi Cîteaux og da novisemester. I 1938 ble han rammet av
tuberkulose i nyrene. Til tross for at en nyre ble fjernet, satt sykdommen
igjen i hele det urogenitale systemet. Pasienten led mye og kunne ikke lenger
utføre sine oppgaver, og han gikk mot døden. Etter råd fra en retrettpredikant
begynte kommuniteten i Cîteaux i januar 1943 en novene med tillitsfull bønn om
Sr. Elisabeths forbønn. Etter novenen følte p. Chanut et oppsving av energi og
kunne gjenoppta en full overholdelse av regelen, inkludert våkenetter og hard
faste. Fra den dagen viste laboratorietester stadig fravær av
tuberkulosebakterier. Dom Chanut ble senere prior og deretter abbed av Cîteaux
som Jean XIII Chanut (1963-69). Han døde i Afrika av et hjerteinfarkt i 1980,
uten noen gang å ha hatt tilbakefall av tuberkulose.
Hun ble saligkåret den 25. november 1984 i
Peterskirken av pave Johannes Paul II sammen med to andre, de salige Daniel Alex Brottier CSsP
(1872-1936) og Josef
Manyanet y Vivès SF (1833-1901), sistnevnte helligkåret den 16. mai
2004. Ved saligkåringen identifiserte paven henne som en sterk innflytelse på
hans åndelige liv. Kardinal Albert Florent Augustin Decourtray (1923-94), som
da var biskop av Dijon (1974-81) og senere erkebiskop av Lyon (1981-94) og
kardinal fra 1985, tilskrev sin egen helbredelse hennes forbønn. I 1980 ble han
rammet av en smertefull kreft i stemmebåndene, som gjorde ham stum i flere
måneder og etterlot hans stemme varig svekket. I 1981 så det ut som om han
måtte trekke seg tilbake. I denne perioden med påtvunget retrett fordypet han
seg i mystikeren Elisabeths skrifter. Han beundret hennes «flammende
temperament og kvaliteten fullstendig hengivenhet». Han prøvde uten suksess å
få paven til å saligkåre henne. Han døde av en hjerneblødning i 1994.
I juli 2011 ble
det åpnet en granskning av en ny uforklarlig helbredelse, og den 25. august
2012 ble denne prosessen avsluttet i karmelittklosteret i Flavignerot. Den
3. mars 2016 undertegnet pave Frans dekretet fra Helligkåringskongregasjonen
som anerkjente denne helbredelsen som et mirakel på Elisabeths forbønn, noe som
åpnet veien for en snarlig helligkåring. Helbredelsen skjedde med Marie-Paul
Stevens. Hun underviste i religion ved maristbrødrenes institutt i Malmédy i
Belgia i mai 1997, da hun begynte å får problemer med å snakke og andre
symptomer. Noen uker senere, etter å ha gjennomgått medisinske tester etter råd
fra en venn, oppdaget Marie-Paul at hun hadde Sjøgrens syndrom, en kronisk
betennelse som rammer kroppens kjertler, særlig tårekjertlene og
spyttkjertlene. Da hennes sykdom ble verre, ba myndighetene henne om å
førtidspensjonere seg.
Mange mennesker ba en novene til den salige Elisabeth
for å be om at Marie-Paul skulle bli frisk igjen. Selv om pasienten fikk
kjemoterapi og behandling med kortikosteroider, ble hennes helse stadig verre.
Mens Marie-Paul bevegde seg nærmere døden, ba hun om å få dra på valfart til
Elisabeths celle i karmelittklosteret i Flavignerot, som fortsatt var bevart
siden hennes død i 1906 og tatt med på flyttelasset, for å takke Elisabeth for
å ha gitt henne styrke under sin sykdom. Dette var den salige Elisabeth
kommunitet, for søstrene hadde flyttet i 1979 fra Dijon til nærliggende
Flavignerot. De flyttet ikke ut fra byen fordi noen tvang dem, men bare fordi
Dijon hadde blitt for bråkete og deres bygninger altfor forfalne. De flyttet
også Elisabeths eiendeler med seg til det nye klosteret på landet i
Flavignerot.
Den 2. april 2002 ba Marie-Paul i kapellet i klosteret
og takket Elisabeth. Etterpå hvilte hun sittende på en av steinene utenfor
klosterets parkeringsplass. De to vennene som hadde fulgt henne til klosteret,
ble forbløffet da hun plutselig reiste seg, løftet sine hender mot himmelen og
ropte ut i forbløffelse og lykke: «Jeg er ikke lenger syk!» Siden den dagen har
hun vært frisk.
Bispedømmeprosessen for å undersøke dette angivelige
miraklet ble formelt åpnet den 11. juli 2011 kapellet til Roland Minnerah (f.
1946), erkebiskop av Dijon (2004- ) og avsluttet i kapellet i
karmelittklosteret i Flavignerot den 25. august 2012. Marie-Paul Stevens var selv
tilstede ved avslutningsseremonien sammen med etterkommere av Elisabeths søster
Marguerite, kjent som «Guite».
Elisabeth ble helligkåret av pave Frans på
Petersplassen den 16. oktober 2016 sammen med seks andre, de hellige Manuel González García (1877-1940), Salomo Leclercq FSC
(1745-92), Ludvig
Pavoni (1784-1849), Alfons Maria Fusco (1839-1910), Josef Gabriel del Rosario
Brochero (1840-1914) og Josef Sánchez del Río (1913-1928).
Hennes minnedag i den nyeste utgaven av Martyrologium
Romanum (2004) er dødsdagen 9. november:
Divióne in Gállia, beátæ Elísabeth a Sanctíssima
Trinitáte Catez, vírginis ex Ordine Carmelitárum Discalceatárum, quæ a puerítia
ad Trinitátem in imo corde inquiréndam et contemplándam stúduit et adhuc
iúvenis, multis afflícta cruciátibus, «ad amórem, ad lucem, ad vitam», sicut
optáverat, perréxit.
I Dijon i Frankrike, den salige Elisabeth av den
helligste Treenighet Catez, jomfru fra ordenen De uskodde karmelittene, som
helt fra barndommen søkte og kontemplerte Treenighetens mysterium dypt i sitt
hjerte, blant mange prøvelser kom kjærlighet, lys og liv, som hun hadde ønsket.
De uskodde karmelittene feirer henne den 8. november,
ettersom 9. november er reservert for vigslingen av Lateranbasilikaen. Noen
kaller henne «Elisabeth av Dijon». Hennes relikvier æres i sognekirken
Saint-Michel i Dijon. Den sveitsiske teologen Hans Urs von Balthasar (1905-88)
skrev en bok om Teresa og Elisabeth: Schwestern im Geist: Therese von
Lisieux und Elisabeth von Dijon (1970), hvor han viser hvordan den ene
kompletterer den andres kontemplative liv.
SOURCE : http://www.katolsk.no/biografier/historisk/etreenig
Voir aussi : https://vodeus.tv/video/elisabeth-de-la-trinite-crois-toujours-a-lamour-1882
https://elisabeth-dijon.org/fr/vie1.html
https://lecarmel.org/_elisabeth-de-la-trinite_pensees