Juan
de Valdés Leal, Le
Couronnement de saint Joseph, 1665
Je
vous salue, Joseph,
Vous
que la grâce divine a comblé.
Le
sauveur a reposé entre vos bras et grandi sous vos yeux.
Vous
êtes béni entre tous les hommes et Jésus,
l’enfant
divin de votre virginale épouse est béni.
Saint
Joseph, donné pour père au Fils de Dieu,
priez
pour nous dans nos soucis de famille, de santé et de travail, jusqu’à nos
derniers jours,
et
daignez nous secourir à l’heure de notre mort.
Amen.
Salut,
gardien du Rédempteur,
époux
de la Vierge Marie.
À
toi Dieu a confié son Fils ;
en
toi Marie a remis sa confiance ;
avec
toi le Christ est devenu un homme.
Ô
bienheureux Joseph, montre-toi aussi un père pour nous,
et
conduis-nous sur le chemin de la vie.
Obtiens-nous
grâce, miséricorde et courage,
et
défends-nous de tout mal.
Amen
(Pape François)
José Luzán (1765-1770), Le Songe de Joseph, musée
des Beaux-Arts de Saragosse
SAINT JOSEPH
Saint Joseph, l’ombre du
Père ! celui sur qui l’ombre du Père tombait épaisse et profonde; saint Joseph,
l’homme du silence, celui de qui la parole approche à peine ! L’Évangile ne dit
de lui que quelques mots : « C’était un homme juste ! » l’Évangile, si sobre de
paroles, devient encore plus sobre quand il s’agit de saint Joseph. On dirait
que cet homme, enveloppé de silence, inspire le silence. Le silence de saint
Joseph fait le silence autour de saint Joseph. Le silence est sa louange, son
génie, son atmosphère. Là où il est, le silence règne. Quand l’aigle plane,
disent certains voyageurs, le pèlerin altéré devine une source á l’endroit où
tombe son ombre dans le désert. Le pèlerin creuse, l’eau jaillit. L’aigle avait
parlé son langage, il avait plané. Mais la chose belle avait été une chose
utile; et celui qui avait soif, comprenant le langage de l’aigle, avait fouillé
le sable et trouvé l’eau.
Quoi qu’il en soit de
cette magnifique légende et de sa vérité naturelle, que je n’ose garantir, elle
est féconde en symboles superbes. Quand l’ombre de saint Joseph tombe quelque
part, le silence n'est pas loin. Il faut creuser le sable, qui dans sa signification
symbolique représente la nature humaine ; il faut creuser le sable, et vous
verrez jaillir l’eau. L’eau, ce sera, si vous voulez, ce silence profond, où
toutes les paroles sont contenues, ce silence vivifiant, rafraîchissant,
apaisant, désaltérant, le silence substantiel ; là où est tombée l’ombre de
saint Joseph, la substance du silence jaillit, profonde et pure, de la nature
humaine creusée.
Pas une parole de lui
dans l’Écriture ! Mardochée, qui fit fleurir Esther á son ombre, est un de ses
précurseurs. Abraham, père d’Isaac, représente aussi le père putatif de Jésus.
Joseph, fils de Jacob, fut son image la plus expressive. Le premier Joseph
garda en Égypte le pain naturel. Le second Joseph garda en Égypte le pain
surnaturel Tous deux furent les hommes du mystère; et le rêve leur dit ses
secrets. Tous deux furent instruits en rêve, tous deux devinèrent les choses
cachées. Penchés sur l’abîme, leurs yeux voyaient à travers les ténèbres.
Voyageurs nocturnes, ils découvraient leurs routes á travers les mystères de
l’ombre. Le premier Joseph vit le soleil et la lune prosternés devant lui. Le
second Joseph commanda à Marie et à Jésus; Marie et Jésus obéissaient.
Dans quel abîme intérieur
devait résider l’homme qui sentait Jésus et Marie lui obéir, l’homme à qui de
tels mystères étaient familiers et à qui le silence révélait la profondeur du
secret dont il était gardien ! Quand il taillait ses morceaux de bois, quand il
voyait l’Enfant travailler sous ses ordres, ses sentiments, creusés par cette
situation inouïe, se livraient au silence qui les creusait encore ; et du fond
de la profondeur où il vivait avec son travail, il avait la force de ne pas
dire aux hommes : Le Fils de Dieu est ici.
Son silence ressemble á
un hommage rendu à l’inexprimable. C’était l’abdication de la Parole devant
l’Insondable et devant l’Immense. Cependant l’Évangile, qui dit si peu de mots,
a les siècles pour commentateurs ; je pourrais dire qu’il a les siècles pour
commentaires. Les siècles creusent ses paroles et font jaillir du caillou
l’étincelle vivante. Les siècles sont chargés d’amener à la lumière les choses
du secret. Saint Joseph a été longtemps ignoré; mais depuis sainte Thérèse,
particulièrement chargée de le trahir, il est beaucoup moins inconnu. Mais
voici quelque chose d’étrange : chaque siècle a deux faces, la face chrétienne
et la face antichrétienne ; la face chrétienne s’oppose en général á la face
antichrétienne par un contraste direct et frappant. Le dix-huitième siècle, le
siècle du rire, de la frivolité, de la légèreté, du luxe, posséda
Benoist-Joseph Labre. Ce mendiant arrive á la gloire, même á la gloire humaine;
et tous ceux qui brillaient de son temps sont descendus dans une honte
historique, qui ne ressemble à aucune autre et prés de laquelle les hontes ordinaires
sont de la gloire. Je ne sais ce que Dieu a fait de leurs âmes ; mais la
science humaine, malgré ses imperfections et ses lenteurs, a fait justice de
leurs noms. Les représentants du dix-huitième siècle sont enterrés dans un
oubli particulier.
Joseph Labre, qui est
leur contradiction vivante, éclate même aux yeux des hommes ; et ceux-là même
qui essayent de se moquer de lui sont obligés de le considérer comme un
personnage historique.
Le dix-neuvième siècle
est par-dessus tout, dans tous les sens du mot, le siècle de la Parole.
Bonne ou mauvaise, la Parole remplit notre air. Une des choses qui nous
caractérisent, c’est le tapage. Rien n’est bruyant comme l'homme moderne : il
aime le bruit, il veut en faire autour des autres, il veut surtout que les
autres en fassent autour de lui. Le bruit est sa passion, sa vie, son
atmosphère ; la publicité remplace pour lui mille autres passions qui meurent
étouffées sous cette passion dominante, à moins qu’elles ne vivent d’elle et ne
s’alimentent de sa lumière pour éclater plus violemment. Le dix-neuvième siècle
parle, pleure, crie, se vante et se désespère. Il fait étalage de tout. Lui qui
déteste la confession secrète, il éclate á chaque instant en confessions
publiques. II vocifère, il exagère, il rugit. Eh bien ! ce sera ce siècle, ce
siècle de vacarme, qui verra s'élever et grandir dans le ciel de l’Église la
gloire de saint Joseph. Saint Joseph vient d’être choisi officiellement pour
patron de l’Église pendant le bruit de l’orage. Il est plus connu, plus prié,
plus honoré qu’autrefois.
Au milieu du tonnerre et
des éclairs, la révélation de son silence se produit insensiblement.
Jusqu’où a-t-il pénétré
dans l’intimité de Dieu? Nous ne le savons pas ; mais nous sommes pénétrés, au
milieu du bruit qui nous entoure, par le sentiment de la paix immense dans
laquelle s’écoula sa vie : le contraste semble chargé de nous révéler la
grandeur cachée des choses. Beaucoup parlent qui n’ont rien á dire et
dissimulent, sous le fracas de leur langage et 1a turbulence de leur vie, le
néant de leurs pensées et de leurs sentiments. Saint Joseph, qui a tant à dire,
saint Joseph ne parle pas. Il garde au fond de lui les grandeurs qu’il
contemple : et les montagnes s’élèvent au fond de lui sur les montagnes, et les
montagnes font silence. Les hommes sont entrainés par l’ensorcellement de
la bagatelle. Mais saint Joseph reste en paix, maître de son âme et en
possession de son silence, parmi les ébranlements du voyage en Égypte, dans
cette fuite de Jésus-Christ déjà persécuté. Parmi les pensées, les sentiments,
les étrangetés, les incidente, les difficultés de ce voyage, celui qui
représentait Dieu le Père prend la fuite, comme s’il était à la fois faible et
coupable ; il fuit en Égypte, au pays de l’angoisse ; il revient dans ce lieu
terrible, d’où ses ancêtres sont sortis, sous la protection de l’Éternel. Il
fait la route qu’a faite Moïse, et il la fait en sens inverse. Et, pendant
qu’il va en Égypte, et qu’il est en Égypte, il se souvient d’avoir cherché une
place á l’hôtellerie et de ne pas l’avoir trouvée.
Pas de place á
l’hôtellerie !
L'histoire du monde est
dans ces trois mots; et cette histoire si abrégée, si substantielle, cette
histoire, on ne la lit pas; car lire c’est comprendre. Et l’éternité ne sera
pas trop longue pour prendre et donner la mesure de ce qui est écrit dans ces
mots: Pas de place á l’hôtellerie. II y en avait pour les autres voyageurs. Il
n’y en avait pas pour ceux-ci. La chose qui se donne á tous se refusait à Marie
et à Joseph; et dans quelques minutes Jésus-Christ allait naître ! L’Attendu
des nations frappe à la porte du monde, et il n’y avait pas de place pour lui
dans l’hôtellerie ! Le Panthéon romain, cette hôtellerie des idoles, donnait
place á trente mille démons, prenant des noms qu’on croyait divins. Mais Rome
ne donna pas place á Jésus-Christ dans son Panthéon. On eût dit qu’elle
devinait que Jésus-Christ ne voulait pas de cette place et de ce partage. Plus
on est insignifiant, plus on se case facilement. Celui qui porte une valeur
humaine a plus de peine à se placer- Celui qui porte une chose étonnante et
voisine de Dieu, plus de peine encore. Celui qui porte Dieu ne trouve pas de
place. II semble qu’on devine qu’il lui en faudrait une trop grande, et si
petit qu'il se fasse, il ne désarme pas l’instinct de ceux qui le repoussent.
II ne réussit pas à leur persuader qu’il ressemble aux autres hommes. Il a beau
cacher sa grandeur, elle éclate malgré lui, et les portes se ferment, à son
approche, instinctivement.
Ce petit mot tout court
: parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie, est
d’autant plus terrible qu’il est plus simple. Ce n’est pas l’accent de la
plainte, du reproche, de la récrimination : c’est le ton du récit. Les
réflexions sont supprimées. L’Évangile nous les laisse á faire. Quie non
erat eis locus in diversorio. Et ce mot diversorio : ce mot qui
indique la multiplicité? Les voyageurs ordinaires, les hommes qui font nombre,
avaient trouvé place dans l’hôtellerie. Mais Celui que portait Marie allait
naître dans une étable, car c’était lui qui devait dire un jour : « Une seule
chose est nécessaire, Unum est necessarium. »
Le diversorium lui avait
été fermé.
Il faudrait qu’un éclair
fendit notre nuit et montrât tous les siècles à la fois sur un point et en un
instant pour que ce mot si petit, si court, si simple, apparût comme il est,
pour que cette hôtellerie dans laquelle Marie et Joseph ne trouvent pas de
place apparût comme elle est. II faudrait un éclair montrant un abîme.
Qu’arriverait-il, si nos yeux s’ouvraient?
Le Père Faber se demande
ce qu’ont pensé les mères des innocents, qu’on égorgea peu de temps
après.
Il se demande si elles
n’ont pas fait quelques réflexions sur l’homme et la femme, qui n’avaient pas
trouvé place et sur l’Enfant qui n’avait eu qu’une crèche pour naître.
La terre ne devait pas
non plus lui donner une place sur elle pour mourir : elle devait au bout de
quelques années le rejeter sur une croix.
La planète fut comme
l’hôtellerie : elle fût inhospitalière.
Saint Joseph accomplit en
réalité ce qu’accomplissent les autres en figure. Après avoir gardé le Pain de
vie en Égypte et réalisé la chose dont le premier Joseph était l’ombre, il
revient à Nazareth et fait ce qu’avait fait Josué. Josué avait arrêté le soleil
; mais Celui qui était la lumière du monde avait quitté Marie et Joseph pour
faire á Jérusalem les affaires de son Père. Cependant Marie et Joseph le
retrouvent et le ramènent. Le soleil, qui avait paru commencer sa course, fut
arrêté dix-huit ans. De douze ans á trente, Jésus- Christ resta là. Quel âge
avait-il, quand mourut Joseph ? On n’en sait rien, mais il paraît que Joseph
était mort quand il quitta la maison. Que se passa-t-il dans cette maison ?
Quels mystères s’ouvrirent devant les yeux de cet homme, à qui Jésus-Christ
obéissait? Que voyait Joseph dans les actions de Jésus-Christ? Ces actions, par
leur simplicité même, prenaient sans doute à ses yeux des proportions
incommensurables. Dans le moindre mouvement, que voyait-il? Que voyait-il dans
son activité, restreinte en apparence? Que voyait-il dans son obéissance? De
quel son devait frémir au fond de son âme cette phrase : « Je commande et il
obéit ? Je tiens la place de Dieu le Père. » Et derrière cette phrase, au fond,
au-dessous, il devait y avoir quelque chose de plus profond qu’elle : c’était
le silence qui l’enveloppait ; et peut-être la phrase, qui aurait donné la
formule du silence, ne se formula jamais elle-même. Peut-être se cache-t-elle
dans le silence qui la contenait.
Quand les paroles
humaines, appelées tour à tour par l’homme, se réunissent, se déclarant les
unes après les autres incapables d’exprimer le fond de son âme, alors l’homme
tombe à genoux; et, du fond de l’abîme, le silence s’élève en lui. Et comme il
part du fond de l’abîme, le silence perce les nuages; il monte au trône de
Celui qui a pris les ténèbres pour retraite; il monte au trône de Dieu
avec les parfums de la nuit.
Le sommeil, ce grand
silence de la nature, fut le temple où les deux Joseph entendaient les voix du
ciel.
Le premier Joseph avait
été vendu á l’occasion d’un songe, il avait excité la haine et la jalousie de
ses frères. A l’occasion d’un songe, il avait été conduit en Égypte,
Saint Joseph reçut en
songe l’ordre de fuir en Égypte.
Il commanda. La mère et
l’enfant obéirent. Il me semble que le commandement dut inspirer à saint Joseph
des pensées prodigieuses. Il me semble que le nom de Jésus devait avoir pour
lui des secrets étonnants. II me semble que son humilité devait prendre, quand
il commandait, des proportions gigantesques, incommensurables avec les
sentiments connus. Son humilité devait rejoindre son silence, dans son lieu,
dans son abîme. Son silence et son humilité devaient grandir appuyés l’un sur
l’autre.
Saint Joseph échappe à
nos mesures. Elles sont surpassées par la hauteur de sa fonction. Le Dieu
jaloux luí a confié la sainte Vierge. Le Dieu jaloux lui a confié Jésus-Christ.
Et l’ombre du Père tombait chaque jour sur lui, Joseph, plus épaisse, si
épaisse que la parole ose à peine approcher.
Quand il était dans son
atelier, les grandes scènes patriarcales se présentaient-elles á lui ?
Abraham, Isaac, Jacob et Joseph, son image jetée devant lui, son ombre projetée
sur la terre par le soleil levant, Moïse et l’intérieur du désert où flamboyait
le buisson ardent, toutes les personnes et toutes les choses qui étaient la
figure des réalités présentes passaient-elles devant les yeux de son âme? Quand
son regard rencontrait l’Enfant qui attendait ses ordres pour l’aider dans son
travail, saint Joseph contemplait-il dans son esprit le nom de Dieu révélé á
Moïse? Était-il intérieurement ébloui par les souvenirs et les splendeurs du
TETRAGRAMMATON ?
La Vierge qui était là,
sous sa protection, était la femme promise ; à l’humanité par la voix des
prophètes; l’univers l’attendait, dressant un autel mystérieux ;
Virgini pariturae.
L’Enfant auquel il
donnait des ordres est celui dont il est dit ;
Per quem majestatem tuam
laudant Angeli, adorant Dominationes, tremunt Potestates.
C'est par Lui que
les Puissances tremblent ! L’habitude nous dérobe la sublimité de ce langage.
Sans le Médiateur, sans Jésus-Christ, que feraient les Puissances ! C’est par
lui qu'elles tremblent- Peut-être que sans lui, devant la majesté trois fois
épouvantable, elles n’oseraient pas même trembler !
Ernest HELLO. Physionomie
de saints
Gerard van Honthorst (1592–1656). L’Enfance du Christ, 137 x 185, vers
1620, Hermitage Museum
Joseph, ce saint qui
rayonne d’une splendeur particulière
Mathilde
de Robien - Publié le 18/03/21
Humble et discret, saint
Joseph aurait détesté ce coup de projecteur braqué sur lui. Mais le 19 mars est
le jour de sa fête, d’autant plus remarquable en cette année qui lui est
spécialement dédiée. Ne lui en déplaise, laissons-nous toucher par sa lumière,
comme l’a été la Vierge Marie, laissons-nous enseigner par celui qui a tant
appris à Jésus.
En déclarant une année
dédiée à saint Joseph, du 8 décembre 2020 au 8 décembre 2021, le pape
François souhaite permettre aux fidèles de redécouvrir ce « trésor »
de l’Église qu’est saint Joseph. « Le bonheur de Joseph n’est pas dans la
logique du sacrifice de soi, mais du don de soi. On ne perçoit jamais en cet
homme de la frustration, mais seulement de la confiance », écrit-il dans
sa lettre apostolique, Patris
corde, publiée à l’occasion du 150e anniversaire de la proclamation de
saint Joseph comme patron de l’Église universelle. Cette attitude d’abandon et
de confiance en Dieu, qui ne renonce pas pour autant à l’action, fait en effet
de saint Joseph un guide précieux pour notre temps.
Un « trésor »
découvert relativement récemment
Si la fête de saint
Joseph est fixée au 19 mars dès le XVe siècle par le pape Sixte IV, puis déclarée
chômée par le roi Louis XIV dans tout le royaume de France en 1661, ce
n’est vraiment qu’au XIXe que la dévotion populaire envers le père de Jésus ne
prend de l’ampleur, encouragée par les papes Pie IX puis Léon XIII. Une
dévotion relativement récente donc, résumée à travers ces
dix dates clés, et que saint John Henry Newman justifie ainsi dans une
lettre datée de 1865 : « A mesure que succédèrent des temps relativement
calmes, se levèrent dans le firmament de l’Église ces astres lumineux, plus
importants, plus augustes que tout ce qui les avait précédés, et qui se
levaient tard précisément parce qu’ils rayonnaient d’une splendeur
particulière. Saint Joseph en est l’exemple le plus frappant. »
Un puissant intercesseur
pour une multitude de causes
Saint patron des
familles, des pères, des travailleurs, des mourants et de l’Eglise universelle,
« saint
Joseph a le dos large et les épaules solides », remarque notre
chroniqueur, Frère Jean-Thomas de Beauregard, op. Souvent considéré
comme le saint le plus prié après la Vierge Marie, bon nombre de chrétiens
se tournent vers lui pour lui demander la grâce de rencontrer son mari ou sa femme,
de concevoir un enfant ou encore de trouver un logement, comme le racontent
à Aleteia Laurent et Claire. Les litanies
de saint Joseph le désignent également comme « Espérance des
malades », vertu en laquelle a profondément cru saint
André Bessette, « le thaumaturge du mont Royal », témoin de nombreuses
guérisons et conversions dont il attribuait la cause à saint Joseph. Enfin, ce
chaste époux de la Vierge Marie, père protecteur de Jésus, est connu pour être
la « terreur
des démons », titre cher au pape Léon XIII, en vertu duquel il
incitait les fidèles à réciter cette prière
spéciale pour chasser le diable et éloigner les tentations.
Un modèle pour les
hommes, les époux et les pères d’aujourd’hui
Chef de la sainte Famille
doté de grandes qualités d’âme, saint Joseph demeure un modèle pour les pères.
C’est en vivant aux côtés de cet « homme juste » que Jésus a grandi
et appris : « La délicatesse et la force, sa droiture et son courage
d’homme, Jésus a vu et appris tout cela du chêne aux côtés duquel il a grandi,
comme une jeune pousse », souligne
le cardinal Barbarin. Cette année dédiée au père adoptif de Jésus est
l’occasion de mieux le connaître et de le prendre pour modèle, afin
« qu’il inspire aux hommes de ce temps une paternité juste, chaste,
obéissante, protectrice et gardienne de l’enfance véritable qui est la
sainteté », telle que la définit Frère
Jean-Thomas de Beauregard, op.
Une figure qui ne cesse
d’inspirer
La dévotion à saint
Joseph a inspiré les peintres, comme en témoignent ces
chefs d’œuvre de la peinture, mais aussi les sculpteurs,
les médailleurs,
et même les botanistes.
Tous ont à cœur de rendre hommage à l’époux de Marie en proposant des objets,
ou des fleurs, pour l’honorer. Représenté sous les traits d’un jeune homme ou
d’un vieillard, en
marche ou endormi,
en tant qu’époux ou en tant que père, saint Joseph a cette faculté incroyable,
celle de s’adresser à tous les hommes. Comme le souligne le pape François dans Patris
corde, quel que soit son état de vie, « nous pouvons tous trouver en saint
Joseph l’homme qui passe inaperçu, l’homme de la présence quotidienne, discrète
et cachée, un intercesseur, un soutien et un guide dans les moments de
difficultés ». Lui qui a dû fuir en Egypte avec sa famille, « il nous
enseigne que, dans les tempêtes de la vie, nous ne devons pas craindre de
laisser à Dieu le gouvernail de notre bateau ».
Lire aussi :Saint
Joseph : une paternité unique dans l’Histoire
La Sainte Famille, Mariam
Thresia - മറിയം ത്രേസ്യ മ്യൂസിയത്തിന്റെ ചുമരിലെ ശില്പം
Pour mieux connaître,
mieux aimer saint Joseph
Dans le Bulletin de
l'Institut du mois de janvier 1953, nous pouvions lire des pages denses de
doctrine et de piété sur St. Joseph, dues à l'aimable collaboration du Rév. P.
Henri Rondet, excellent théologien de la Compagnie de Jésus et prédicateur de
la retraite des Supérieurs. Au cours de cette même année, le Révérend Père
publiait dans la Nouvelle Revue théologique une étude approfondie sur le
développement au cours des siècles du culte envers le Très Saint Époux de Marie
et le Père Virginal de Jésus.
Et voici qu'à la
Librairie Lethielleux de Paris parait l'ouvrage : Saint Joseph, textes anciens
avec une introduction par le Père Henri Rondet. Dans un bref avant-propos,
l'auteur écrit : « St. Joseph est encore un grand méconnu. Nombreux sont
cependant les fidèles qui lui sont dévots, nombreux les ouvrages de piété qui
cherchent à favoriser cette dévotion. Mais trop souvent le manque d'esprit
critique ou l'insuffisance théologique des hagiographes détournent d'autres
fidèles d'un culte cependant cher à l'Église. Ce petit livre voudrait aider les
uns et les autres à redécouvrir la place de St. Joseph dans l'économie du salut.
»
Et le Père d'indiquer
brièvement le contenu de son livre. Une introduction reproduira les pages
parues à la Nouvelle Revue théologique qu'accompagnera un florilège de textes
volontairement limité.
Il constate d'abord, par
l'histoire de l'art religieux, que « les artistes sont influencés par les
auteurs spirituels et les théologiens, mais que l'art peut lui aussi, en créant
une tradition populaire, agir indirectement sur le développement de la dévotion
». Il mentionne avec éloge les livres d'Emile Mâle sur l'art religieux, où l'on
peut se rendre compte, par exemple, par l'iconographie de St. Joseph, des
influences mutuelles de la théologie et de l'art. L'introduction sera comme une
esquisse d'une histoire qui ne semble pas avoir été encore retracée sérieusement.
I. Introduction.
L'auteur commence par
l'examen de la place occupée par St. Joseph dans les évangiles canoniques. Très
sobres de détails sur Notre-Dame, les évangiles sont plus silencieux encore sur
St. Joseph. Cependant St. Luc et St. Matthieu rapportent des faits dont la
piété chrétienne, la réflexion théologique et les décisions du magistère
découvriront les richesses théologiques.
Dans les récits de St.
Luc qui mettent en relief la Conception virginale de Notre-Dame, St. Joseph est
présenté comme associé à Marie pour son éducation. L'évangéliste met sur les
lèvres de Notre-Dame une parole d'une portée immense pour la théologie de St.
Joseph : « Vois, ton père et moi nous te cherchions tout affligés. » (II, 35.)
Les textes du troisième évangile ne permettent pas de tracer un portrait
psychologique de Joseph, encore moins de saisir les traits de son visage ou de
sa démarche. St. Matthieu, malgré sa brièveté, en dit davantage. Il souligne
comme Luc la conception et la naissance virginale. Joseph n'est pas le père de
Jésus, mais il apparaît nettement comme le chef de la Sainte Famille (Matth.,
I, 19 ; II, 11 ; II, 13,14 ; II, 22). Le portrait évangélique est tracé avec
une rare sobriété, mais le personnage est bien réel, nullement fictif, imaginé
à plaisir. Joseph est un artisan connu (Luc, IV, 12 ; Matth., XIII, 54 ; Jean,
VI, 42, cf. I, 45). Les Évangiles sont muets sur les circonstances de la mort
de St. Joseph.
Aucune tradition sérieuse
ne nous cite une parole de ce grand silencieux que fut Joseph. Sur ces brèves
notations, va se rattacher tout le développement postérieur du culte et de la
doctrine.
Dans les premiers siècles
chrétiens, St. Joseph disparaît dans le rayonnement de Notre-Seigneur et de
Notre-Dame. L'histoire de la théologie mariale nous apprend comment le culte de
Notre-Dame ne prend le pas sur les apôtres et les autres saints qu'au IV°
siècle.
La piété populaire,
insatisfaite du silence des Évangiles sur l'enfance de Jésus, prit plaisir à la
lecture de textes qu'on nomme évangiles apocryphes, où l'imagination et la
fantaisie se donnent carrière. Dans l'un de ces écrits le Protévangile de
Jacques, datant du II° siècle, St. Joseph apparaît avec un certain relief comme
un vieillard. Des explications sur son mariage, sur les frères de Jésus, etc.
..., d'ailleurs vigoureusement combattues par St. Jérôme, ne sont qu'un
démarquage romanesque des Évangiles canoniques que d'autres auteurs anonymes
essayèrent de mettre à neuf.
Que dit de St. Joseph la
tradition exprimée par les Pères de l'Église ? Au IV° siècle, des hérétiques
attaquent la Virginité perpétuelle de Marie. St. Ambroise, St. Jérôme, St.
Augustin ripostent énergiquement. De ces luttes exégétiques, la Virginité
perpétuelle de Joseph en ressort affirmée et le problème de la paternité virginale
est résolu par St. Jean Chrysostome et St. Augustin. Mais, pour ces Pères,
comme pour leurs contemporains, Joseph reste un personnage secondaire.
Cependant la piété
populaire ne se résigne pas au silence des Évangiles. Les récits apocryphes qui
provoquent la bile de St. Jérôme, plaisent aux foules. On remanie le
Protévangile de Jacques et d'autres récits : l'Évangile de l'Enfance,
l'histoire de Joseph le Charpentier, l'Évangile de la Nativité accréditent des
légendes populaires sur le voyage en Égypte, la mort et l'Assomption de la
Vierge, sur la mort de St. Joseph, etc.
Ce n'est que vers le IX°
siècle qu'en Orient on voit apparaître une fête de St. Joseph. En Occident, le
martyrologe de quelques Églises mentionnera, au x° siècle, le père nourricier
de Jésus.
Dans l'iconographie et
dans les drames liturgiques de cette époque, où les mystères de Noël ont leur
place, la figure de St. Joseph y est sans relief. La Vierge et l'Enfant, les
bergers et les Mages attirent davantage l'attention.
D'après les études
d'Émile Mâle sur l'art religieux aux XII° et XIII° siècles, tandis que la vie
des saints joue un rôle considérable dans la cité, dans l'immense procession
des saints Apôtres, des saints locaux dont se réclament les églises
particulières, St. Joseph semble n'avoir aucune place ; il continue à
disparaître dans le rayonnement de Jésus et de Marie. Il ne figure que dans les
scènes de l'enfance ou de la vie de Marie.
Parmi les auteurs
spirituels qui ont orienté la piété chrétienne vers le père nourricier de Notre-Seigneur,
on cite pour l'Orient, St. Jean Damascène, qui loue la virginité de Joseph dans
un sermon sur la nativité de Marie. En Occident on ne trouve des textes
significatifs qu'au XII° siècle.
St. Bernard, dans ses
homélies sur l'Annonciation, parle de la fidélité et de la sainteté de Joseph,
dont le Joseph de l'Ancien Testament est la figure.
Ste Gertrude, dans une
vision rapportée par le Livre des Révélations, vit les anges et les saints
donner des marques d'honneur à St. Joseph. St. François d'Assise exerça une
influence sur le Pseudo-Bonaventure, auteur des Méditations de la vie
du Christ. Ce lointain successeur des apocryphes brode sur les thèmes
évangéliques. Il écarte le merveilleux et s'essaye à imaginer le vraisemblable
dans les occupations de Joseph auprès de Jésus et de Marie.
Ces méditations, écrites
au XII° siècle, et retouchées dans la suite, donnent le branle à toute une
littérature pieuse. Ludolphe le Chartreux en est l'un des grands représentants.
Il cherche, avec plus de discrétion et de sens chrétien, à suppléer au silence
des Évangiles. On retrouve chez lui les vieilles traditions. Plus que tout
autre, il contribue à faire éclore la dévotion au père nourricier de Jésus.
Les artistes du XV°
siècle ont subi l'influence de ces auteurs spirituels.
Dans les mystères et
drames religieux de cette époque, St. Joseph apparaît jouant un rôle actif.
Vieillard à barbe blanche, il s'empresse, va et vient, apporte du bois, fait
chauffer de l'eau... L'art s'empare de ce pittoresque. Les auteurs de
méditations insistaient sur la psychologie des personnages ; mais, chez les
artistes, ceux-ci apparaissent en chair et en os. Joseph devient un personnage
vivant. C'est toujours un vieillard, mais il est en même temps le père de
famille qui fait l'éducation d'un enfant.
Cependant, à la fin du
moyen âge, où les saints deviennent les modèles d'un métier, d'une corporation,
Joseph reste encore caché. L'Église ne lui a pas fait encore dans sa liturgie
la place qu'il devrait avoir. Comme jadis Marie, il disparaît dans l'ombre du
Christ.
St. Bernard ne trouve pas
beaucoup d'écho chez les grands docteurs du XIII° siècle. St. Thomas d'Aquin,
pour qui la sainteté d'un personnage dépend du rôle que Dieu lui assigne dans
l'économie du salut, ne songe pas à tirer les conséquences de ce principe en ce
qui concerne St. Joseph. Après Marie, il donne la prééminence aux Apôtres, sans
songer à l'époux de la Mère de Dieu.
Mais, au commencement du
XV° siècle, la dévotion de quelques âmes d'élite attire soudain l'attention sur
Joseph, ce grand méconnu, et prépare son entrée dans l'histoire de la piété et
de la liturgie.
En Italie, Bernardin de
Sienne, ardent prédicateur du Nom de Jésus, est aussi le chantre de St. Joseph.
Ses sermons étudient les prérogatives de St. Joseph. En rappelant le principe
posé par St. Thomas, Bernardin montre que si la dette de l'Eglise envers Marie
est immense, c'est, après elle, Joseph qui a les plus grands titres à notre
reconnaissance. Tel sermon de St. Bernardin marque une date dans l'histoire.
L'Église a inséré une partie de ces textes dans les leçons du bréviaire.
St. Vincent Ferrier fut
grand dévot à St. Joseph. Pierre d'Ailly et Gerson, deux célèbres théologiens,
apportent à la dévotion l'appui de leur science. Gerson chante les louanges de
St. Joseph et demande l'institution d'une fête. Au Concile de Constance, en
1416, il prononce un sermon et propose l'institution d'une solennité spéciale
en l'honneur du saint patriarche pour faire cesser le schisme qui désolait
l'Église. Le vœu de Gerson ne devait être exaucé que quatre-vingt-cinq ans plus
tard par Sixte IV.
Au XVI siècle, les
traités et les opuscules de piété se multiplient.
Parmi les auteurs de
l'époque, une mention spéciale est due au Dominicain milanais Isidore Isolani.
Il adresse au pape Adrien VI son ouvrage : Somme des dons de St. Joseph et le
supplie d'instituer une fête pour l'Église universelle.
Pie IX devait réaliser
presque à la lettre une vision prophétique d'Isolani.
La dévotion alors gagne
les familles religieuses. Dans les Exercices Spirituels, St. Ignace de
Loyola parle avec modération de St. Joseph. Au début du XVII° siècle, le P.
Cotton dédie au saint une église à Lyon. Au milieu du siècle, les Jésuites :
Binet, du Barry, Jacquinot chantent la gloire de St. Joseph. Dans la Compagnie
de Jésus, la dévotion à St. Joseph sera désormais associée à la dévotion
mariale. Dominicains et Jésuites avaient été devancés par les Carmes qui
avaient rapporté d'Orient, dès le XIII° siècle, le culte du saint patriarche.
Un nom domine tous les autres, celui de sainte Thérèse. Tout le monde sait
comment la sainte se fit l'ardente propagatrice de la dévotion.
Chez les Franciscains, un
autre ami de Ste Thérèse se fait le propagateur de la dévotion à St. Joseph ;
en 1561, Pierre d'Alcantara place sa réforme sous le patronage de St. Joseph.
Le nom de St. François de
Sales est également important dans l'histoire de la dévotion à St. Joseph. Chez
lui, la théologie et la piété s'unissent d'une façon à la fois simple et sûre.
Il consacre l'un de ses célèbres Entretiens spirituels (le XIX°), que le P.
Rondet reproduit in extenso. Le Traité de l’Amour de Dieu est dédié à
Marie et à Joseph. Sa doctrine, exprimée sous le voile de la piété, est nette
et ferme.
Les Visitandines
héritèrent de la dévotion de leur Père pour celui qui fut l'époux de la Vierge
de la Visitation.
Les autres Ordres
religieux suivent le mouvement. Chez les Frères Prêcheurs, Cajetan, général de
l'Ordre, avait introduit la fête dans l'office dominicain.
On connaît la dévotion de
l'Oratoire, des disciples de M. Olier, de St. Vincent de Paul envers St.
Joseph.
C'est dans ce climat
qu'il faut situer les célèbres panégyriques de Bossuet. Les deux sermons que le
grand évêque a consacrés à St. Joseph sont parmi les plus belles pages écrites
à la louange du grand époux de Marie.
L'iconographie de St.
Joseph, à partir du Concile de Trente, sous l'influence de l'esprit critique
humaniste et des attaques protestantes, se débarrasse de traditions difficiles
à défendre. L'âne familier disparaît des tableaux qui représentent la fuite en
Égypte. D'autres progrès plus nécessaires sont réalisés.
Artistes et théologiens
se posent enfin la question de l'âge de St. Joseph. Une tradition, venant des
apocryphes, en faisait un vieillard chenu. Elle est mise en question par des
théologiens, tels que Salmerón, Tolet, Suarez, etc., qui veulent savoir la
vérité et optent pour une thèse révolutionnaire. Au lieu de l'octogénaire, on
se représente Joseph comme un homme relativement jeune.
Cette révolution
iconographique est importante. En même temps qu'elle découvre Joseph et le
magnifie, la piété chrétienne revient au texte de l'Évangile. Elle retrouve le
charpentier de Nazareth. Tandis que les peintres restaient dans la tradition
des apocryphes, Murillo, le grand peintre de St. Joseph, fait revivre la
simplicité de l'atelier. St. Joseph, étudié désormais pour lui-même, devient un
homme de chez nous qui ne laisse pas de vivre dans la familiarité divine. Et
l'auteur signale le tableau du peintre La Tour (XVII° siècle) reproduit en tête
de l'ouvrage, comme réalisant cet effort admirable d'humanisation, de
glorification du saint.
Les théologiens de
l'époque s'occupent de St. Joseph. Suarez en particulier, s'appuyant sur le
principe thomiste que la grandeur d'un saint est en dépendance de sa mission,
et sans d'ailleurs condamner l'opinion contraire, conclut que St. Joseph
l'emporte sur les Apôtres.
Piété et théologie ne
peuvent rien décider sans l'intervention du magistère. L'auteur indique les
étapes suivies par la fête liturgique, demandée par Gerson, accordée par Sixte
IV, en 1481, et dont le rite est successivement élevé par les Souverains
Pontifes. Des princes chrétiens placent leurs États sous la protection de St.
Joseph.
La France est consacrée
par Louis XIV à St. Joseph, sur les instances d'Anne d'Autriche.
C'est en ce jour
mémorable du 19 mars 1661 que Bossuet prononça l'un de ses panégyriques. St.
Joseph, longtemps méconnu, est, maintenant, fêté par l'Église universelle. Mais
son entrée tardive dans la liturgie pose des problèmes délicats qui soulèvent
de vives controverses et permet à Prosper Lambertini (devenu plus tard Benoît
XIV) d'écrire une savante dissertation historique et théologique.
Le XVIII° siècle voit
paraître un grand nombre d'ouvrages savants ou populaires sur le culte de St.
Joseph.
Après avoir noté que la
tempête révolutionnaire ralentit le progrès de la dévotion, l'auteur remarque
qu'elle reprend au XIV° siècle et, soutenue par le Pape, elle obtient une
nouvelle fête du Patronage, étendue à l'Église entière.
Pie IX, le 8 décembre
1870, proclame solennellement St. Joseph patron de l'Église universelle. Les
papes suivants affirment à leur tour leur dévotion à St. Joseph.
Les interventions
pontificales ont eu leur préparation ou leur écho dans la littérature pieuse ou
les mandements épiscopaux. Certains noms sont à rappeler : Card. Pie,
Mgr Gay, le P. Faber, le P. Macabiau, etc. ...
Le renouveau marial de
notre époque s'accompagne discrètement d'un approfondissement théologique du
rôle de St. Joseph dans l'économie du salut.
Dans un dernier
paragraphe, l'introduction part du plus grand événement de l'histoire humaine :
l'entrée de Dieu parmi les hommes par l'Incarnation et avec lui tous ceux qu'il
a prédestinés à lui servir de cortège.
L'histoire de
Notre-Seigneur Jésus-Christ, celle de l'Église, qui est son corps mystique,
donnent leur sens à tous les autres événements ; elles président au destin des
peuples et des civilisations (cf. Ephés., i, 3-12 ; Col., I, 15-20). C'est dans
cette lumière que se place le renouveau marial dont nous sommes les heureux
témoins et c'est aussi dans cette perspective qu'il faut situer le rôle de
Joseph. Il est l'époux de Marie, Mère de Jésus. Il est le père du Fils de Dieu
dans un sens à définir ; il est le protecteur de la Sainte Famille, image et
résumé de l'Église universelle. Ce sont ces vérités qu'il faut approfondir si
on veut donner à St. Joseph sa vraie place dans l'économie du salut de
l'humanité.
Et l'auteur d'aborder la
question qui occupe les théologiens de St. Joseph : comment le mariage virginal
a pu avoir les caractères qui sont ceux de toute union entre l'époux et
l'épouse ? D'où une étude délicate sur la part de la mère et du père dans
l'éducation de l'enfant, sur l'union spirituelle des âmes qui se réalisa
ineffablement entre Marie et Joseph.
En notant que la Sainte
Famille apparaît comme l'image de l'Église qui trouve en Joseph son
protecteur-né, l'introduction s'achève sur le rôle actuel de St. Joseph qui
implique la proclamation de son patronage universel. La dévotion à Joseph gagnera
en profondeur et la théologie mariale, actuellement en plein essor, s'annexera
un nouveau chapitre.
Après avoir été si
longtemps méconnu, St. Joseph est sorti de l'ombre où se cachait son humilité.
« Dans le monde moderne, dit le P. Rondet, à travers les révolutions et les
guerres, une classe sociale est en train de prendre conscience de sa vocation
historique. L'artisan, l'ouvrier, longtemps tenu à l'écart et quelque peu
méprisé s'avance sur la scène de l'histoire. Le travail manuel, jadis entaché d'une
certaine défaveur, apparaît aujourd'hui comme un titre de noblesse. La classe
ouvrière rêve d'une promotion collective. Certains s'en effrayent, d'autres
s'en réjouissent. Mais pour que la classe ouvrière accomplisse son œuvre et
qu'elle travaille efficacement à créer une civilisation meilleure, il lui
manque peut-être d'avoir redécouvert St. Joseph. »
II. Textes sur St.
Joseph.
Après cette magistrale
introduction, s'ouvre un délicieux florilège de textes sur St. Joseph. Le choix
en est limité. On n'en fera qu'une présentation très sommaire. Ce serait
mutiler de belles pages que d'en tenter un pâle résumé.
La première citation est
empruntée à une homélie de St. Jean Chrysostome sur l'Évangile do St. Matthieu.
Le grand évêque de Constantinople, en rapportant l'intervention de l'ange, fait
voir l'excellence de la vertu de Joseph, mise à l'épreuve.
Un second texte, tiré de
la deuxième homélie Super M issus est, de St. Bernard, essaie d'expliquer
pourquoi St. Joseph voulut renvoyer secrètement Marie... et donne les raisons
pour lesquelles Marie fut fiancée à Joseph. Un rapprochement suggestif est fait
ensuite avec l'ancien patriarche Joseph, fils de Jacob, et un autre passage
insiste sur le fait qu'il est de la maison de David ; qu'il est le vrai fils de
David, qui n'a pas dégénéré de son père ; son véritable fils non seulement par
la chair, mais par la foi, la sainteté, la piété.
L'auteur avoue ne pas
pouvoir omettre la page de Ste Thérèse d'Avila, devenue classique et reproduite
presque par tous les traités de la dévotion à St. Joseph, où la sainte
réformatrice du Carmel attribue à St. Joseph d'innombrables faveurs et invite
chaleureusement à faire l'expérience des secours spirituels qu'une fervente
dévotion au Père Virginal de Jésus obtient à ses fidèles et dévots serviteurs.
Peut-être y aurait-il
profit à relire au tome XVII, du Bulletin de l'Institut, les articles
consacrés au « grand méconnu », mais plus particulièrement celui du n° 120
(pages 69 à 84) qui montrent l'épanouissement de la dévotion à St. Joseph, à
partir du xvi° siècle. On saisit mieux l'effet des textes empruntés à St.
François de Sales et à Bossuet. Les Vrais Entretiens spirituels sont les
conférences, on pourrait dire les causeries, où le saint évêque de Genève, dans
la langue savoureuse qu'il s'était faite, donne à ses chères Visitandines des
trésors de piété, de doctrine, que son immense érudition lui permettait de
mettre à la portée des âmes simples avec une étonnante variété d'expression. Le
XIX° entretien, reproduit in extenso par le R. P. Rondet, est tout entier sur
St. Joseph. St. François de Sales prend son départ de l'introït de la Messe de
la fête Justus ut palma florebit! Il s'empare de l'image que lui offre le
texte liturgique et, la tournant et retournant de sa façon, il découvre dans
les propriétés attribuées à la palme les trois vertus de la virginité, de
l'humilité et celle de la constance et vaillance, vertus dans lesquelles le
glorieux St. Joseph a grandement excellé. Et le saint Docteur entreprend une
longue et délicate analyse pour montrer que la virginité de Notre-Dame et de
St. Joseph a été merveilleusement sauvegardée. Passant à la seconde propriété
qu'il trouve au palmier et en Joseph, François de Sales montre comment
l'humilité caractérise le rôle de St. Joseph. La grandeur d'un saint dépend de
la mission que Dieu lui confie ; or Joseph se vit confier la Sainte Famille
(cette Trinité de la terre !). Et à ces grands dons répondit aussi une humilité
extraordinaire.
L'humilité de Joseph, sa
soumission à la volonté de Dieu, fut plus grande que celle de tout autre saint,
Marie exceptée. Cette opinion avait été soutenue avant St. François de Sales,
par St. Bernardin de Sienne, Gerson, St. Vincent Ferrier.
Après avoir fait admirer
l'incompréhensible humilité de Joseph, François de Sales passe à la troisième
propriété qu'il remarque être en la palme : « qui est la vaillance, constance
et force, vertus, dit-il, qui se sont trouvées à un degré éminent en notre
saint ». Et le saint Docteur de noter les nuances qui existent entre la constance
et la persévérance, la force et la vaillance et d'affirmer que « notre glorieux
St. Joseph fut doué de toutes ces vertus et les exerça merveilleusement bien
». L'Entretien relève l'obéissance, la pauvreté de Joseph qui
travaille, peine pour la Sainte Famille, mais reste parfaitement uni à la
volonté de Dieu et y demeure conforme en tous les événements prospères ou
adverses.
Enfin, François de Sales,
partageant l'opinion de nombreux docteurs de l'époque, croit que St. Joseph a
été élevé au ciel en corps et en âme.
Quant aux deux
panégyriques de Bossuet, ce sont deux chefs-d'œuvre de piété et de doctrine
qu'il est souhaitable de voir entrer dans nos bibliothèques au rayon,
généralement si pauvre, de publications solides sur St. Joseph.
Le premier, Depositum
Custodi, est prononcé le 19 mars 1654, devant une imposante assemblée
d'évêques, groupés autour du cardinal Barberini. L'impression est profonde. Le
19 mars 1659, il le répète devant la reine-mère, Anne d'Autriche qui, répondant
au vœu des pasteurs et des fidèles, fait demander la célébration plus
solennelle de la fête du saint. Le 19 mars 1661, pour inaugurer la nouvelle
fête chômée, Anne d'Autriche veut entendre encore l'illustre prédicateur et
c'est le deuxième panégyrique, Le Seigneur s'est cherché un homme selon
son cœur, qui rappelle la vie humble, les vertus cachées de St. Joseph.
L'histoire de la
spiritualité donne Mgr Gay comme un des meilleurs auteurs de la fin du
XIX° siècle. Dans le florilège de textes, figurent des pages sur St. Joseph,
tirées des Elévations sur la vie et la doctrine de Notre-Seigneur
Jésus-Christ et où jaillissent des phrases éblouissantes : « Peut-être que
St. Joseph est le plus grand des hommes... » Et pour prouver cette primauté,
Mgr Gay fait remarquer « que la proclamation du Patronage de St. Joseph
sur l'Eglise universelle implique un dogme et s'y appuie. Si de par le
Saint-Siège, toute l'Église catholique peut et doit invoquer St. Joseph comme
son Patron attitré et spécial, c'est qu'il l'est de par Dieu. Or le Patron est
nécessairement supérieur à tous ceux qu'il patronne. En Joseph tout semble
immense à l'œil de l'âme. Son caractère et le premier aspect sous lequel on
l'aperçoit, c'est la profondeur. Les proportions de Joseph dépassent celles des
êtres terrestres. Dès ce monde, il est tout du ciel ; le ciel où il est, d'où
il est, le ciel de sa vie et de ses prodigieuses fonctions confine au ciel des
cieux qui est le séjour de la divinité ».
Et tout le discours tend
à mettre en lumière le rôle de l'unique grandeur dans l'effacement inouï voulu
par la Providence.
Les citations d'auteurs
s'achèvent par la Lettre « Quamquam plures » (15 août 1889),
encyclique de Léon XIII. Ce document du magistère contribua beaucoup à donner à
la dévotion et au culte de St. Joseph une vigoureuse impulsion. Rien ne vaut la
lecture méditée de la lettre pontificale que très peu de dévots à St. Joseph
ont la possibilité d'avoir à leur portée.
Tel est l'ouvrage qui,
selon l'espoir légitime du savant auteur, pourra permettre des études et des
recherches qui aideront les dévots de St. Joseph à redécouvrir sa place dans
l'économie du salut, c'est-à-dire dans le plan rédempteur de l'humanité, tel
que la Très Sainte Trinité a voulu le réaliser.
III. Pourquoi
présenter ce livre sur St. Joseph à la lecture des Petits Frères de
Marie ?
L'année mariale, dans les
desseins providentiels et selon les vœux ardents du Magistère suprême de
l'Église, aura produit dans le monde catholique un approfondissement de la
doctrine sur Notre-Dame, reine de l'Univers, et une intensification de la
dévotion individuelle et collective envers notre Mère du Ciel.
Mais l'histoire de la
spiritualité, étudiée avec attention, constate invariablement une connexion
entre les progrès réalisés dans la doctrine et la piété envers Notre-Dame et un
lent et discret développement du culte rendu à son Saint Époux.
De cette orientation de
la théologie vers les privilèges du grand méconnu, les Congrès marials ne s'en
sont-ils pas occupés ?
Un autre fait historique
à relever est que les Fondateurs d'Ordres religieux, inspirés par
l'Esprit-Saint et Notre-Dame, communiquent à leurs fils spirituels avec un
ardent amour pour la Sainte Vierge un culte sincère et fidèle pour le Chef de
la Sainte Famille.
Dans l'aube radieuse qui
se lève autour du Vén. Marcellin Champagnat nous aimons à saluer en lui un
fervent serviteur et apôtre de Marie. On nous redit en toute occasion qu'il a
voulu, ainsi que le Vén. P. Colin, son ami, inspirer aux Pères de la
Société de Marie (pour laquelle il a tant travaillé) et aux Petits Frères de
Marie (dont il avait à cœur la formation religieuse) un véritable et profond
esprit de Marie. Aspirer Marie et respirer Marie, telle est au fond la règle
d'or que les deux co-fondateurs ont voulu donner à leurs Fils spirituels.
(Voir dans L'Ame du
Vén. P. Colin le commentaire de l'article des Constitutions.)
Cet esprit de Marie est
magnifiquement synthétisé dans ce texte de St. Paul, parlant de la vie
chrétienne : « Vie cachée en Dieu avec le Christ Jésus ! » (Col., III, 3.)
Jamais âme chrétienne n'a
réalisé cet idéal comme Notre-Dame pendant toute son existence terrestre. Mais
ne faut-il pas en dire autant, avec la plus haute vraisemblance, de St. Joseph
qui, silencieusement, si longtemps, si humblement, si fidèlement a contemplé
sous les regards de Dieu : Jésus et Marie, ces deux chefs-d'œuvre de l'Esprit-Saint
?
Et nous ? Nous voulons
acquérir l'esprit de Marie ou y faire de sérieux progrès. Qui mieux que St.
Joseph peut nous en apprendre les voies ? Qui mieux que le Charpentier de
Nazareth a pratiqué l'oubli de soi qui est le tréfonds de l'humilité, de l'abnégation,
du renoncement à ce qui en nous heurte les desseins de Dieu ? St. Joseph est le
saint de la volonté de Dieu, accomplie dans la vocation providentielle, avec
une suprême délicatesse d'amour.
Pendant le mois de mars,
les âmes dévotes à St. Joseph envisagent un aspect de l'âme de leur glorieux
protecteur. Chaque mercredi, ils se souviennent de ses vertus et de ses
ineffables relations avec le Verbe Incarné et la Mère de Dieu.
Puissent les Petits
Frères de Marie, à l'exemple de leur Père en Dieu, et de tant de confrères
qu'une ardente dévotion au grand modèle de vie d'union à Jésus et Marie a
conduits à une haute vertu demander avec d'instantes supplications de
Toujours mieux connaître,
mieux aimer et mieux imiter le glorieux St. Joseph !
Bulletin de l'Institut,
vol. XXI, n. 157, janvier 1955, Pp. 357-369
SOURCE : http://www.champagnat.org/500.php?a=6b&id=2757
Simone Cantarini (1612–1648), La Sainte Famille, 85 x 67, circa 1640
Jésus, fils de Marie et
de Joseph
À la maison, Jésus ne
refusait aucun service à sa mère. Il soulageait par ses divines paroles saint
Joseph dans son travail, il lui rendait d’humbles soins, et le réjouissait par
la joie épanouie sur son visage. Combien de fois Jésus disait à Joseph qui
travaillait : « Ô mon père bien-aimé, je donnerai à ces travaux une
récompense éternelle. J’ai promis à mes élus des peines et des souffrances dans
ce monde. » Saint Joseph lui répondait : « Ô mon fils, ô Dieu
très-haut, le bonheur d’entendre vos paroles ne compense-t-il pas tous ces
travaux et ne surpasse-t-il pas toute récompense ? Votre voix a pour moi
une douceur extrême, et vos discours sont plus doux que le miel. Oh ! s’il
m’était permis de faire connaître aux hommes la beauté de votre majesté et
votre divinité, je vous élèverais des temples et des autels. Mais votre volonté
vaut mieux que tous les sacrifices. Recevez, ô Fils de Dieu, mes travaux
de charpentier, comme un hommage envers vous dont l’immense bonté m’a choisi
pour être regardé comme votre père. Dans le ciel ce sont les anges qui vous
servent, sur la terre c’est un homme, un charpentier. Vous, la félicité des
esprits bienheureux, vous ne dédaignez pas de charmer les peines d’un
charpentier.
Isidore Isolano, o.p.
Isidore Isolano († 1528),
dominicain de Milan, fut l’un des précurseurs du développement considérable de
la dévotion à saint Joseph à partir de la Renaissance. / Somme des dons de
saint Joseph, Avignon, Chaillot, 1861, p. 132.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/jeudi-8-septembre/meditation-de-ce-jour-1/
Je
vous salue, Joseph,
Vous
que la grâce divine a comblé.
Le
sauveur a reposé entre vos bras et grandi sous vos yeux.
Vous
êtes béni entre tous les hommes et Jésus,
l’enfant
divin de votre virginale épouse est béni.
Saint
Joseph, donné pour père au Fils de Dieu,
priez
pour nous dans nos soucis de famille, de santé et de travail, jusqu’à nos
derniers jours,
et
daignez nous secourir à l’heure de notre mort.
Amen.
Salut,
gardien du Rédempteur,
époux
de la Vierge Marie.
À
toi Dieu a confié son Fils ;
en
toi Marie a remis sa confiance ;
avec
toi le Christ est devenu un homme.
Ô
bienheureux Joseph, montre-toi aussi un père pour nous,
et
conduis-nous sur le chemin de la vie.
Obtiens-nous
grâce, miséricorde et courage,
et
défends-nous de tout mal.
Amen
(Pape François)
José Luzán (1765-1770), Le Songe de Joseph, musée des Beaux-Arts de Saragosse
SAINT JOSEPH
Saint Joseph, l’ombre du
Père ! celui sur qui l’ombre du Père tombait épaisse et profonde; saint Joseph,
l’homme du silence, celui de qui la parole approche à peine ! L’Évangile ne dit
de lui que quelques mots : « C’était un homme juste ! » l’Évangile, si sobre de
paroles, devient encore plus sobre quand il s’agit de saint Joseph. On dirait
que cet homme, enveloppé de silence, inspire le silence. Le silence de saint
Joseph fait le silence autour de saint Joseph. Le silence est sa louange, son
génie, son atmosphère. Là où il est, le silence règne. Quand l’aigle plane,
disent certains voyageurs, le pèlerin altéré devine une source á l’endroit où
tombe son ombre dans le désert. Le pèlerin creuse, l’eau jaillit. L’aigle avait
parlé son langage, il avait plané. Mais la chose belle avait été une chose
utile; et celui qui avait soif, comprenant le langage de l’aigle, avait fouillé
le sable et trouvé l’eau.
Quoi qu’il en soit de
cette magnifique légende et de sa vérité naturelle, que je n’ose garantir, elle
est féconde en symboles superbes. Quand l’ombre de saint Joseph tombe quelque
part, le silence n'est pas loin. Il faut creuser le sable, qui dans sa signification
symbolique représente la nature humaine ; il faut creuser le sable, et vous
verrez jaillir l’eau. L’eau, ce sera, si vous voulez, ce silence profond, où
toutes les paroles sont contenues, ce silence vivifiant, rafraîchissant,
apaisant, désaltérant, le silence substantiel ; là où est tombée l’ombre de
saint Joseph, la substance du silence jaillit, profonde et pure, de la nature
humaine creusée.
Pas une parole de lui
dans l’Écriture ! Mardochée, qui fit fleurir Esther á son ombre, est un de ses
précurseurs. Abraham, père d’Isaac, représente aussi le père putatif de Jésus.
Joseph, fils de Jacob, fut son image la plus expressive. Le premier Joseph
garda en Égypte le pain naturel. Le second Joseph garda en Égypte le pain
surnaturel Tous deux furent les hommes du mystère; et le rêve leur dit ses
secrets. Tous deux furent instruits en rêve, tous deux devinèrent les choses
cachées. Penchés sur l’abîme, leurs yeux voyaient à travers les ténèbres.
Voyageurs nocturnes, ils découvraient leurs routes á travers les mystères de
l’ombre. Le premier Joseph vit le soleil et la lune prosternés devant lui. Le
second Joseph commanda à Marie et à Jésus; Marie et Jésus obéissaient.
Dans quel abîme intérieur
devait résider l’homme qui sentait Jésus et Marie lui obéir, l’homme à qui de
tels mystères étaient familiers et à qui le silence révélait la profondeur du
secret dont il était gardien ! Quand il taillait ses morceaux de bois, quand il
voyait l’Enfant travailler sous ses ordres, ses sentiments, creusés par cette
situation inouïe, se livraient au silence qui les creusait encore ; et du fond
de la profondeur où il vivait avec son travail, il avait la force de ne pas
dire aux hommes : Le Fils de Dieu est ici.
Son silence ressemble á
un hommage rendu à l’inexprimable. C’était l’abdication de la Parole devant
l’Insondable et devant l’Immense. Cependant l’Évangile, qui dit si peu de mots,
a les siècles pour commentateurs ; je pourrais dire qu’il a les siècles pour
commentaires. Les siècles creusent ses paroles et font jaillir du caillou
l’étincelle vivante. Les siècles sont chargés d’amener à la lumière les choses
du secret. Saint Joseph a été longtemps ignoré; mais depuis sainte Thérèse,
particulièrement chargée de le trahir, il est beaucoup moins inconnu. Mais
voici quelque chose d’étrange : chaque siècle a deux faces, la face chrétienne
et la face antichrétienne ; la face chrétienne s’oppose en général á la face
antichrétienne par un contraste direct et frappant. Le dix-huitième siècle, le
siècle du rire, de la frivolité, de la légèreté, du luxe, posséda
Benoist-Joseph Labre. Ce mendiant arrive á la gloire, même á la gloire humaine;
et tous ceux qui brillaient de son temps sont descendus dans une honte
historique, qui ne ressemble à aucune autre et prés de laquelle les hontes ordinaires
sont de la gloire. Je ne sais ce que Dieu a fait de leurs âmes ; mais la
science humaine, malgré ses imperfections et ses lenteurs, a fait justice de
leurs noms. Les représentants du dix-huitième siècle sont enterrés dans un
oubli particulier.
Joseph Labre, qui est
leur contradiction vivante, éclate même aux yeux des hommes ; et ceux-là même
qui essayent de se moquer de lui sont obligés de le considérer comme un
personnage historique.
Le dix-neuvième siècle
est par-dessus tout, dans tous les sens du mot, le siècle de la Parole.
Bonne ou mauvaise, la Parole remplit notre air. Une des choses qui nous
caractérisent, c’est le tapage. Rien n’est bruyant comme l'homme moderne : il
aime le bruit, il veut en faire autour des autres, il veut surtout que les
autres en fassent autour de lui. Le bruit est sa passion, sa vie, son
atmosphère ; la publicité remplace pour lui mille autres passions qui meurent
étouffées sous cette passion dominante, à moins qu’elles ne vivent d’elle et ne
s’alimentent de sa lumière pour éclater plus violemment. Le dix-neuvième siècle
parle, pleure, crie, se vante et se désespère. Il fait étalage de tout. Lui qui
déteste la confession secrète, il éclate á chaque instant en confessions
publiques. II vocifère, il exagère, il rugit. Eh bien ! ce sera ce siècle, ce
siècle de vacarme, qui verra s'élever et grandir dans le ciel de l’Église la
gloire de saint Joseph. Saint Joseph vient d’être choisi officiellement pour
patron de l’Église pendant le bruit de l’orage. Il est plus connu, plus prié,
plus honoré qu’autrefois.
Au milieu du tonnerre et
des éclairs, la révélation de son silence se produit insensiblement.
Jusqu’où a-t-il pénétré
dans l’intimité de Dieu? Nous ne le savons pas ; mais nous sommes pénétrés, au
milieu du bruit qui nous entoure, par le sentiment de la paix immense dans
laquelle s’écoula sa vie : le contraste semble chargé de nous révéler la
grandeur cachée des choses. Beaucoup parlent qui n’ont rien á dire et
dissimulent, sous le fracas de leur langage et 1a turbulence de leur vie, le
néant de leurs pensées et de leurs sentiments. Saint Joseph, qui a tant à dire,
saint Joseph ne parle pas. Il garde au fond de lui les grandeurs qu’il
contemple : et les montagnes s’élèvent au fond de lui sur les montagnes, et les
montagnes font silence. Les hommes sont entrainés par l’ensorcellement de
la bagatelle. Mais saint Joseph reste en paix, maître de son âme et en
possession de son silence, parmi les ébranlements du voyage en Égypte, dans
cette fuite de Jésus-Christ déjà persécuté. Parmi les pensées, les sentiments,
les étrangetés, les incidente, les difficultés de ce voyage, celui qui
représentait Dieu le Père prend la fuite, comme s’il était à la fois faible et
coupable ; il fuit en Égypte, au pays de l’angoisse ; il revient dans ce lieu
terrible, d’où ses ancêtres sont sortis, sous la protection de l’Éternel. Il
fait la route qu’a faite Moïse, et il la fait en sens inverse. Et, pendant
qu’il va en Égypte, et qu’il est en Égypte, il se souvient d’avoir cherché une
place á l’hôtellerie et de ne pas l’avoir trouvée.
Pas de place á
l’hôtellerie !
L'histoire du monde est
dans ces trois mots; et cette histoire si abrégée, si substantielle, cette
histoire, on ne la lit pas; car lire c’est comprendre. Et l’éternité ne sera
pas trop longue pour prendre et donner la mesure de ce qui est écrit dans ces
mots: Pas de place á l’hôtellerie. II y en avait pour les autres voyageurs. Il
n’y en avait pas pour ceux-ci. La chose qui se donne á tous se refusait à Marie
et à Joseph; et dans quelques minutes Jésus-Christ allait naître ! L’Attendu
des nations frappe à la porte du monde, et il n’y avait pas de place pour lui
dans l’hôtellerie ! Le Panthéon romain, cette hôtellerie des idoles, donnait
place á trente mille démons, prenant des noms qu’on croyait divins. Mais Rome
ne donna pas place á Jésus-Christ dans son Panthéon. On eût dit qu’elle
devinait que Jésus-Christ ne voulait pas de cette place et de ce partage. Plus
on est insignifiant, plus on se case facilement. Celui qui porte une valeur
humaine a plus de peine à se placer- Celui qui porte une chose étonnante et
voisine de Dieu, plus de peine encore. Celui qui porte Dieu ne trouve pas de
place. II semble qu’on devine qu’il lui en faudrait une trop grande, et si
petit qu'il se fasse, il ne désarme pas l’instinct de ceux qui le repoussent.
II ne réussit pas à leur persuader qu’il ressemble aux autres hommes. Il a beau
cacher sa grandeur, elle éclate malgré lui, et les portes se ferment, à son
approche, instinctivement.
Ce petit mot tout court
: parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie, est
d’autant plus terrible qu’il est plus simple. Ce n’est pas l’accent de la
plainte, du reproche, de la récrimination : c’est le ton du récit. Les
réflexions sont supprimées. L’Évangile nous les laisse á faire. Quie non
erat eis locus in diversorio. Et ce mot diversorio : ce mot qui
indique la multiplicité? Les voyageurs ordinaires, les hommes qui font nombre,
avaient trouvé place dans l’hôtellerie. Mais Celui que portait Marie allait
naître dans une étable, car c’était lui qui devait dire un jour : « Une seule
chose est nécessaire, Unum est necessarium. »
Le diversorium lui avait
été fermé.
Il faudrait qu’un éclair
fendit notre nuit et montrât tous les siècles à la fois sur un point et en un
instant pour que ce mot si petit, si court, si simple, apparût comme il est,
pour que cette hôtellerie dans laquelle Marie et Joseph ne trouvent pas de
place apparût comme elle est. II faudrait un éclair montrant un abîme.
Qu’arriverait-il, si nos yeux s’ouvraient?
Le Père Faber se demande
ce qu’ont pensé les mères des innocents, qu’on égorgea peu de temps
après.
Il se demande si elles
n’ont pas fait quelques réflexions sur l’homme et la femme, qui n’avaient pas
trouvé place et sur l’Enfant qui n’avait eu qu’une crèche pour naître.
La terre ne devait pas
non plus lui donner une place sur elle pour mourir : elle devait au bout de
quelques années le rejeter sur une croix.
La planète fut comme
l’hôtellerie : elle fût inhospitalière.
Saint Joseph accomplit en
réalité ce qu’accomplissent les autres en figure. Après avoir gardé le Pain de
vie en Égypte et réalisé la chose dont le premier Joseph était l’ombre, il
revient à Nazareth et fait ce qu’avait fait Josué. Josué avait arrêté le soleil
; mais Celui qui était la lumière du monde avait quitté Marie et Joseph pour
faire á Jérusalem les affaires de son Père. Cependant Marie et Joseph le
retrouvent et le ramènent. Le soleil, qui avait paru commencer sa course, fut
arrêté dix-huit ans. De douze ans á trente, Jésus- Christ resta là. Quel âge
avait-il, quand mourut Joseph ? On n’en sait rien, mais il paraît que Joseph
était mort quand il quitta la maison. Que se passa-t-il dans cette maison ?
Quels mystères s’ouvrirent devant les yeux de cet homme, à qui Jésus-Christ
obéissait? Que voyait Joseph dans les actions de Jésus-Christ? Ces actions, par
leur simplicité même, prenaient sans doute à ses yeux des proportions
incommensurables. Dans le moindre mouvement, que voyait-il? Que voyait-il dans
son activité, restreinte en apparence? Que voyait-il dans son obéissance? De
quel son devait frémir au fond de son âme cette phrase : « Je commande et il
obéit ? Je tiens la place de Dieu le Père. » Et derrière cette phrase, au fond,
au-dessous, il devait y avoir quelque chose de plus profond qu’elle : c’était
le silence qui l’enveloppait ; et peut-être la phrase, qui aurait donné la
formule du silence, ne se formula jamais elle-même. Peut-être se cache-t-elle
dans le silence qui la contenait.
Quand les paroles
humaines, appelées tour à tour par l’homme, se réunissent, se déclarant les
unes après les autres incapables d’exprimer le fond de son âme, alors l’homme
tombe à genoux; et, du fond de l’abîme, le silence s’élève en lui. Et comme il
part du fond de l’abîme, le silence perce les nuages; il monte au trône de
Celui qui a pris les ténèbres pour retraite; il monte au trône de Dieu
avec les parfums de la nuit.
Le sommeil, ce grand
silence de la nature, fut le temple où les deux Joseph entendaient les voix du
ciel.
Le premier Joseph avait
été vendu á l’occasion d’un songe, il avait excité la haine et la jalousie de
ses frères. A l’occasion d’un songe, il avait été conduit en Égypte,
Saint Joseph reçut en
songe l’ordre de fuir en Égypte.
Il commanda. La mère et
l’enfant obéirent. Il me semble que le commandement dut inspirer à saint Joseph
des pensées prodigieuses. Il me semble que le nom de Jésus devait avoir pour
lui des secrets étonnants. II me semble que son humilité devait prendre, quand
il commandait, des proportions gigantesques, incommensurables avec les
sentiments connus. Son humilité devait rejoindre son silence, dans son lieu,
dans son abîme. Son silence et son humilité devaient grandir appuyés l’un sur
l’autre.
Saint Joseph échappe à
nos mesures. Elles sont surpassées par la hauteur de sa fonction. Le Dieu
jaloux luí a confié la sainte Vierge. Le Dieu jaloux lui a confié Jésus-Christ.
Et l’ombre du Père tombait chaque jour sur lui, Joseph, plus épaisse, si
épaisse que la parole ose à peine approcher.
Quand il était dans son
atelier, les grandes scènes patriarcales se présentaient-elles á lui ?
Abraham, Isaac, Jacob et Joseph, son image jetée devant lui, son ombre projetée
sur la terre par le soleil levant, Moïse et l’intérieur du désert où flamboyait
le buisson ardent, toutes les personnes et toutes les choses qui étaient la
figure des réalités présentes passaient-elles devant les yeux de son âme? Quand
son regard rencontrait l’Enfant qui attendait ses ordres pour l’aider dans son
travail, saint Joseph contemplait-il dans son esprit le nom de Dieu révélé á
Moïse? Était-il intérieurement ébloui par les souvenirs et les splendeurs du
TETRAGRAMMATON ?
La Vierge qui était là,
sous sa protection, était la femme promise ; à l’humanité par la voix des
prophètes; l’univers l’attendait, dressant un autel mystérieux ;
Virgini pariturae.
L’Enfant auquel il
donnait des ordres est celui dont il est dit ;
Per quem majestatem tuam
laudant Angeli, adorant Dominationes, tremunt Potestates.
C'est par Lui que
les Puissances tremblent ! L’habitude nous dérobe la sublimité de ce langage.
Sans le Médiateur, sans Jésus-Christ, que feraient les Puissances ! C’est par
lui qu'elles tremblent- Peut-être que sans lui, devant la majesté trois fois
épouvantable, elles n’oseraient pas même trembler !
Ernest HELLO. Physionomie
de saints
Gerard van Honthorst (1592–1656). L’Enfance du Christ, 137 x 185, vers
1620, Hermitage Museum
Joseph, ce saint qui
rayonne d’une splendeur particulière
Mathilde
de Robien - Publié le 18/03/21
Humble et discret, saint
Joseph aurait détesté ce coup de projecteur braqué sur lui. Mais le 19 mars est
le jour de sa fête, d’autant plus remarquable en cette année qui lui est
spécialement dédiée. Ne lui en déplaise, laissons-nous toucher par sa lumière,
comme l’a été la Vierge Marie, laissons-nous enseigner par celui qui a tant
appris à Jésus.
En déclarant une année
dédiée à saint Joseph, du 8 décembre 2020 au 8 décembre 2021, le pape
François souhaite permettre aux fidèles de redécouvrir ce « trésor »
de l’Église qu’est saint Joseph. « Le bonheur de Joseph n’est pas dans la
logique du sacrifice de soi, mais du don de soi. On ne perçoit jamais en cet
homme de la frustration, mais seulement de la confiance », écrit-il dans
sa lettre apostolique, Patris
corde, publiée à l’occasion du 150e anniversaire de la proclamation de
saint Joseph comme patron de l’Église universelle. Cette attitude d’abandon et
de confiance en Dieu, qui ne renonce pas pour autant à l’action, fait en effet
de saint Joseph un guide précieux pour notre temps.
Un « trésor »
découvert relativement récemment
Si la fête de saint
Joseph est fixée au 19 mars dès le XVe siècle par le pape Sixte IV, puis déclarée
chômée par le roi Louis XIV dans tout le royaume de France en 1661, ce
n’est vraiment qu’au XIXe que la dévotion populaire envers le père de Jésus ne
prend de l’ampleur, encouragée par les papes Pie IX puis Léon XIII. Une
dévotion relativement récente donc, résumée à travers ces
dix dates clés, et que saint John Henry Newman justifie ainsi dans une
lettre datée de 1865 : « A mesure que succédèrent des temps relativement
calmes, se levèrent dans le firmament de l’Église ces astres lumineux, plus
importants, plus augustes que tout ce qui les avait précédés, et qui se
levaient tard précisément parce qu’ils rayonnaient d’une splendeur
particulière. Saint Joseph en est l’exemple le plus frappant. »
Un puissant intercesseur
pour une multitude de causes
Saint patron des
familles, des pères, des travailleurs, des mourants et de l’Eglise universelle,
« saint
Joseph a le dos large et les épaules solides », remarque notre
chroniqueur, Frère Jean-Thomas de Beauregard, op. Souvent considéré
comme le saint le plus prié après la Vierge Marie, bon nombre de chrétiens
se tournent vers lui pour lui demander la grâce de rencontrer son mari ou sa femme,
de concevoir un enfant ou encore de trouver un logement, comme le racontent
à Aleteia Laurent et Claire. Les litanies
de saint Joseph le désignent également comme « Espérance des
malades », vertu en laquelle a profondément cru saint
André Bessette, « le thaumaturge du mont Royal », témoin de nombreuses
guérisons et conversions dont il attribuait la cause à saint Joseph. Enfin, ce
chaste époux de la Vierge Marie, père protecteur de Jésus, est connu pour être
la « terreur
des démons », titre cher au pape Léon XIII, en vertu duquel il
incitait les fidèles à réciter cette prière
spéciale pour chasser le diable et éloigner les tentations.
Un modèle pour les
hommes, les époux et les pères d’aujourd’hui
Chef de la sainte Famille
doté de grandes qualités d’âme, saint Joseph demeure un modèle pour les pères.
C’est en vivant aux côtés de cet « homme juste » que Jésus a grandi
et appris : « La délicatesse et la force, sa droiture et son courage
d’homme, Jésus a vu et appris tout cela du chêne aux côtés duquel il a grandi,
comme une jeune pousse », souligne
le cardinal Barbarin. Cette année dédiée au père adoptif de Jésus est
l’occasion de mieux le connaître et de le prendre pour modèle, afin
« qu’il inspire aux hommes de ce temps une paternité juste, chaste,
obéissante, protectrice et gardienne de l’enfance véritable qui est la
sainteté », telle que la définit Frère
Jean-Thomas de Beauregard, op.
Une figure qui ne cesse
d’inspirer
La dévotion à saint
Joseph a inspiré les peintres, comme en témoignent ces
chefs d’œuvre de la peinture, mais aussi les sculpteurs,
les médailleurs,
et même les botanistes.
Tous ont à cœur de rendre hommage à l’époux de Marie en proposant des objets,
ou des fleurs, pour l’honorer. Représenté sous les traits d’un jeune homme ou
d’un vieillard, en
marche ou endormi,
en tant qu’époux ou en tant que père, saint Joseph a cette faculté incroyable,
celle de s’adresser à tous les hommes. Comme le souligne le pape François dans Patris
corde, quel que soit son état de vie, « nous pouvons tous trouver en saint
Joseph l’homme qui passe inaperçu, l’homme de la présence quotidienne, discrète
et cachée, un intercesseur, un soutien et un guide dans les moments de
difficultés ». Lui qui a dû fuir en Egypte avec sa famille, « il nous
enseigne que, dans les tempêtes de la vie, nous ne devons pas craindre de
laisser à Dieu le gouvernail de notre bateau ».
Lire aussi :Saint
Joseph : une paternité unique dans l’Histoire
Pour mieux connaître,
mieux aimer saint Joseph
Dans le Bulletin de
l'Institut du mois de janvier 1953, nous pouvions lire des pages denses de
doctrine et de piété sur St. Joseph, dues à l'aimable collaboration du Rév. P.
Henri Rondet, excellent théologien de la Compagnie de Jésus et prédicateur de
la retraite des Supérieurs. Au cours de cette même année, le Révérend Père
publiait dans la Nouvelle Revue théologique une étude approfondie sur le
développement au cours des siècles du culte envers le Très Saint Époux de Marie
et le Père Virginal de Jésus.
Et voici qu'à la
Librairie Lethielleux de Paris parait l'ouvrage : Saint Joseph, textes anciens
avec une introduction par le Père Henri Rondet. Dans un bref avant-propos,
l'auteur écrit : « St. Joseph est encore un grand méconnu. Nombreux sont
cependant les fidèles qui lui sont dévots, nombreux les ouvrages de piété qui
cherchent à favoriser cette dévotion. Mais trop souvent le manque d'esprit
critique ou l'insuffisance théologique des hagiographes détournent d'autres
fidèles d'un culte cependant cher à l'Église. Ce petit livre voudrait aider les
uns et les autres à redécouvrir la place de St. Joseph dans l'économie du salut.
»
Et le Père d'indiquer
brièvement le contenu de son livre. Une introduction reproduira les pages
parues à la Nouvelle Revue théologique qu'accompagnera un florilège de textes
volontairement limité.
Il constate d'abord, par
l'histoire de l'art religieux, que « les artistes sont influencés par les
auteurs spirituels et les théologiens, mais que l'art peut lui aussi, en créant
une tradition populaire, agir indirectement sur le développement de la dévotion
». Il mentionne avec éloge les livres d'Emile Mâle sur l'art religieux, où l'on
peut se rendre compte, par exemple, par l'iconographie de St. Joseph, des
influences mutuelles de la théologie et de l'art. L'introduction sera comme une
esquisse d'une histoire qui ne semble pas avoir été encore retracée sérieusement.
I. Introduction.
L'auteur commence par
l'examen de la place occupée par St. Joseph dans les évangiles canoniques. Très
sobres de détails sur Notre-Dame, les évangiles sont plus silencieux encore sur
St. Joseph. Cependant St. Luc et St. Matthieu rapportent des faits dont la
piété chrétienne, la réflexion théologique et les décisions du magistère
découvriront les richesses théologiques.
Dans les récits de St.
Luc qui mettent en relief la Conception virginale de Notre-Dame, St. Joseph est
présenté comme associé à Marie pour son éducation. L'évangéliste met sur les
lèvres de Notre-Dame une parole d'une portée immense pour la théologie de St.
Joseph : « Vois, ton père et moi nous te cherchions tout affligés. » (II, 35.)
Les textes du troisième évangile ne permettent pas de tracer un portrait
psychologique de Joseph, encore moins de saisir les traits de son visage ou de
sa démarche. St. Matthieu, malgré sa brièveté, en dit davantage. Il souligne
comme Luc la conception et la naissance virginale. Joseph n'est pas le père de
Jésus, mais il apparaît nettement comme le chef de la Sainte Famille (Matth.,
I, 19 ; II, 11 ; II, 13,14 ; II, 22). Le portrait évangélique est tracé avec
une rare sobriété, mais le personnage est bien réel, nullement fictif, imaginé
à plaisir. Joseph est un artisan connu (Luc, IV, 12 ; Matth., XIII, 54 ; Jean,
VI, 42, cf. I, 45). Les Évangiles sont muets sur les circonstances de la mort
de St. Joseph.
Aucune tradition sérieuse
ne nous cite une parole de ce grand silencieux que fut Joseph. Sur ces brèves
notations, va se rattacher tout le développement postérieur du culte et de la
doctrine.
Dans les premiers siècles
chrétiens, St. Joseph disparaît dans le rayonnement de Notre-Seigneur et de
Notre-Dame. L'histoire de la théologie mariale nous apprend comment le culte de
Notre-Dame ne prend le pas sur les apôtres et les autres saints qu'au IV°
siècle.
La piété populaire,
insatisfaite du silence des Évangiles sur l'enfance de Jésus, prit plaisir à la
lecture de textes qu'on nomme évangiles apocryphes, où l'imagination et la
fantaisie se donnent carrière. Dans l'un de ces écrits le Protévangile de
Jacques, datant du II° siècle, St. Joseph apparaît avec un certain relief comme
un vieillard. Des explications sur son mariage, sur les frères de Jésus, etc.
..., d'ailleurs vigoureusement combattues par St. Jérôme, ne sont qu'un
démarquage romanesque des Évangiles canoniques que d'autres auteurs anonymes
essayèrent de mettre à neuf.
Que dit de St. Joseph la
tradition exprimée par les Pères de l'Église ? Au IV° siècle, des hérétiques
attaquent la Virginité perpétuelle de Marie. St. Ambroise, St. Jérôme, St.
Augustin ripostent énergiquement. De ces luttes exégétiques, la Virginité
perpétuelle de Joseph en ressort affirmée et le problème de la paternité virginale
est résolu par St. Jean Chrysostome et St. Augustin. Mais, pour ces Pères,
comme pour leurs contemporains, Joseph reste un personnage secondaire.
Cependant la piété
populaire ne se résigne pas au silence des Évangiles. Les récits apocryphes qui
provoquent la bile de St. Jérôme, plaisent aux foules. On remanie le
Protévangile de Jacques et d'autres récits : l'Évangile de l'Enfance,
l'histoire de Joseph le Charpentier, l'Évangile de la Nativité accréditent des
légendes populaires sur le voyage en Égypte, la mort et l'Assomption de la
Vierge, sur la mort de St. Joseph, etc.
Ce n'est que vers le IX°
siècle qu'en Orient on voit apparaître une fête de St. Joseph. En Occident, le
martyrologe de quelques Églises mentionnera, au x° siècle, le père nourricier
de Jésus.
Dans l'iconographie et
dans les drames liturgiques de cette époque, où les mystères de Noël ont leur
place, la figure de St. Joseph y est sans relief. La Vierge et l'Enfant, les
bergers et les Mages attirent davantage l'attention.
D'après les études
d'Émile Mâle sur l'art religieux aux XII° et XIII° siècles, tandis que la vie
des saints joue un rôle considérable dans la cité, dans l'immense procession
des saints Apôtres, des saints locaux dont se réclament les églises
particulières, St. Joseph semble n'avoir aucune place ; il continue à
disparaître dans le rayonnement de Jésus et de Marie. Il ne figure que dans les
scènes de l'enfance ou de la vie de Marie.
Parmi les auteurs
spirituels qui ont orienté la piété chrétienne vers le père nourricier de Notre-Seigneur,
on cite pour l'Orient, St. Jean Damascène, qui loue la virginité de Joseph dans
un sermon sur la nativité de Marie. En Occident on ne trouve des textes
significatifs qu'au XII° siècle.
St. Bernard, dans ses
homélies sur l'Annonciation, parle de la fidélité et de la sainteté de Joseph,
dont le Joseph de l'Ancien Testament est la figure.
Ste Gertrude, dans une
vision rapportée par le Livre des Révélations, vit les anges et les saints
donner des marques d'honneur à St. Joseph. St. François d'Assise exerça une
influence sur le Pseudo-Bonaventure, auteur des Méditations de la vie
du Christ. Ce lointain successeur des apocryphes brode sur les thèmes
évangéliques. Il écarte le merveilleux et s'essaye à imaginer le vraisemblable
dans les occupations de Joseph auprès de Jésus et de Marie.
Ces méditations, écrites
au XII° siècle, et retouchées dans la suite, donnent le branle à toute une
littérature pieuse. Ludolphe le Chartreux en est l'un des grands représentants.
Il cherche, avec plus de discrétion et de sens chrétien, à suppléer au silence
des Évangiles. On retrouve chez lui les vieilles traditions. Plus que tout
autre, il contribue à faire éclore la dévotion au père nourricier de Jésus.
Les artistes du XV°
siècle ont subi l'influence de ces auteurs spirituels.
Dans les mystères et
drames religieux de cette époque, St. Joseph apparaît jouant un rôle actif.
Vieillard à barbe blanche, il s'empresse, va et vient, apporte du bois, fait
chauffer de l'eau... L'art s'empare de ce pittoresque. Les auteurs de
méditations insistaient sur la psychologie des personnages ; mais, chez les
artistes, ceux-ci apparaissent en chair et en os. Joseph devient un personnage
vivant. C'est toujours un vieillard, mais il est en même temps le père de
famille qui fait l'éducation d'un enfant.
Cependant, à la fin du
moyen âge, où les saints deviennent les modèles d'un métier, d'une corporation,
Joseph reste encore caché. L'Église ne lui a pas fait encore dans sa liturgie
la place qu'il devrait avoir. Comme jadis Marie, il disparaît dans l'ombre du
Christ.
St. Bernard ne trouve pas
beaucoup d'écho chez les grands docteurs du XIII° siècle. St. Thomas d'Aquin,
pour qui la sainteté d'un personnage dépend du rôle que Dieu lui assigne dans
l'économie du salut, ne songe pas à tirer les conséquences de ce principe en ce
qui concerne St. Joseph. Après Marie, il donne la prééminence aux Apôtres, sans
songer à l'époux de la Mère de Dieu.
Mais, au commencement du
XV° siècle, la dévotion de quelques âmes d'élite attire soudain l'attention sur
Joseph, ce grand méconnu, et prépare son entrée dans l'histoire de la piété et
de la liturgie.
En Italie, Bernardin de
Sienne, ardent prédicateur du Nom de Jésus, est aussi le chantre de St. Joseph.
Ses sermons étudient les prérogatives de St. Joseph. En rappelant le principe
posé par St. Thomas, Bernardin montre que si la dette de l'Eglise envers Marie
est immense, c'est, après elle, Joseph qui a les plus grands titres à notre
reconnaissance. Tel sermon de St. Bernardin marque une date dans l'histoire.
L'Église a inséré une partie de ces textes dans les leçons du bréviaire.
St. Vincent Ferrier fut
grand dévot à St. Joseph. Pierre d'Ailly et Gerson, deux célèbres théologiens,
apportent à la dévotion l'appui de leur science. Gerson chante les louanges de
St. Joseph et demande l'institution d'une fête. Au Concile de Constance, en
1416, il prononce un sermon et propose l'institution d'une solennité spéciale
en l'honneur du saint patriarche pour faire cesser le schisme qui désolait
l'Église. Le vœu de Gerson ne devait être exaucé que quatre-vingt-cinq ans plus
tard par Sixte IV.
Au XVI siècle, les
traités et les opuscules de piété se multiplient.
Parmi les auteurs de
l'époque, une mention spéciale est due au Dominicain milanais Isidore Isolani.
Il adresse au pape Adrien VI son ouvrage : Somme des dons de St. Joseph et le
supplie d'instituer une fête pour l'Église universelle.
Pie IX devait réaliser
presque à la lettre une vision prophétique d'Isolani.
La dévotion alors gagne
les familles religieuses. Dans les Exercices Spirituels, St. Ignace de
Loyola parle avec modération de St. Joseph. Au début du XVII° siècle, le P.
Cotton dédie au saint une église à Lyon. Au milieu du siècle, les Jésuites :
Binet, du Barry, Jacquinot chantent la gloire de St. Joseph. Dans la Compagnie
de Jésus, la dévotion à St. Joseph sera désormais associée à la dévotion
mariale. Dominicains et Jésuites avaient été devancés par les Carmes qui
avaient rapporté d'Orient, dès le XIII° siècle, le culte du saint patriarche.
Un nom domine tous les autres, celui de sainte Thérèse. Tout le monde sait
comment la sainte se fit l'ardente propagatrice de la dévotion.
Chez les Franciscains, un
autre ami de Ste Thérèse se fait le propagateur de la dévotion à St. Joseph ;
en 1561, Pierre d'Alcantara place sa réforme sous le patronage de St. Joseph.
Le nom de St. François de
Sales est également important dans l'histoire de la dévotion à St. Joseph. Chez
lui, la théologie et la piété s'unissent d'une façon à la fois simple et sûre.
Il consacre l'un de ses célèbres Entretiens spirituels (le XIX°), que le P.
Rondet reproduit in extenso. Le Traité de l’Amour de Dieu est dédié à
Marie et à Joseph. Sa doctrine, exprimée sous le voile de la piété, est nette
et ferme.
Les Visitandines
héritèrent de la dévotion de leur Père pour celui qui fut l'époux de la Vierge
de la Visitation.
Les autres Ordres
religieux suivent le mouvement. Chez les Frères Prêcheurs, Cajetan, général de
l'Ordre, avait introduit la fête dans l'office dominicain.
On connaît la dévotion de
l'Oratoire, des disciples de M. Olier, de St. Vincent de Paul envers St.
Joseph.
C'est dans ce climat
qu'il faut situer les célèbres panégyriques de Bossuet. Les deux sermons que le
grand évêque a consacrés à St. Joseph sont parmi les plus belles pages écrites
à la louange du grand époux de Marie.
L'iconographie de St.
Joseph, à partir du Concile de Trente, sous l'influence de l'esprit critique
humaniste et des attaques protestantes, se débarrasse de traditions difficiles
à défendre. L'âne familier disparaît des tableaux qui représentent la fuite en
Égypte. D'autres progrès plus nécessaires sont réalisés.
Artistes et théologiens
se posent enfin la question de l'âge de St. Joseph. Une tradition, venant des
apocryphes, en faisait un vieillard chenu. Elle est mise en question par des
théologiens, tels que Salmerón, Tolet, Suarez, etc., qui veulent savoir la
vérité et optent pour une thèse révolutionnaire. Au lieu de l'octogénaire, on
se représente Joseph comme un homme relativement jeune.
Cette révolution
iconographique est importante. En même temps qu'elle découvre Joseph et le
magnifie, la piété chrétienne revient au texte de l'Évangile. Elle retrouve le
charpentier de Nazareth. Tandis que les peintres restaient dans la tradition
des apocryphes, Murillo, le grand peintre de St. Joseph, fait revivre la
simplicité de l'atelier. St. Joseph, étudié désormais pour lui-même, devient un
homme de chez nous qui ne laisse pas de vivre dans la familiarité divine. Et
l'auteur signale le tableau du peintre La Tour (XVII° siècle) reproduit en tête
de l'ouvrage, comme réalisant cet effort admirable d'humanisation, de
glorification du saint.
Les théologiens de
l'époque s'occupent de St. Joseph. Suarez en particulier, s'appuyant sur le
principe thomiste que la grandeur d'un saint est en dépendance de sa mission,
et sans d'ailleurs condamner l'opinion contraire, conclut que St. Joseph
l'emporte sur les Apôtres.
Piété et théologie ne
peuvent rien décider sans l'intervention du magistère. L'auteur indique les
étapes suivies par la fête liturgique, demandée par Gerson, accordée par Sixte
IV, en 1481, et dont le rite est successivement élevé par les Souverains
Pontifes. Des princes chrétiens placent leurs États sous la protection de St.
Joseph.
La France est consacrée
par Louis XIV à St. Joseph, sur les instances d'Anne d'Autriche.
C'est en ce jour
mémorable du 19 mars 1661 que Bossuet prononça l'un de ses panégyriques. St.
Joseph, longtemps méconnu, est, maintenant, fêté par l'Église universelle. Mais
son entrée tardive dans la liturgie pose des problèmes délicats qui soulèvent
de vives controverses et permet à Prosper Lambertini (devenu plus tard Benoît
XIV) d'écrire une savante dissertation historique et théologique.
Le XVIII° siècle voit
paraître un grand nombre d'ouvrages savants ou populaires sur le culte de St.
Joseph.
Après avoir noté que la
tempête révolutionnaire ralentit le progrès de la dévotion, l'auteur remarque
qu'elle reprend au XIV° siècle et, soutenue par le Pape, elle obtient une
nouvelle fête du Patronage, étendue à l'Église entière.
Pie IX, le 8 décembre
1870, proclame solennellement St. Joseph patron de l'Église universelle. Les
papes suivants affirment à leur tour leur dévotion à St. Joseph.
Les interventions
pontificales ont eu leur préparation ou leur écho dans la littérature pieuse ou
les mandements épiscopaux. Certains noms sont à rappeler : Card. Pie,
Mgr Gay, le P. Faber, le P. Macabiau, etc. ...
Le renouveau marial de
notre époque s'accompagne discrètement d'un approfondissement théologique du
rôle de St. Joseph dans l'économie du salut.
Dans un dernier
paragraphe, l'introduction part du plus grand événement de l'histoire humaine :
l'entrée de Dieu parmi les hommes par l'Incarnation et avec lui tous ceux qu'il
a prédestinés à lui servir de cortège.
L'histoire de
Notre-Seigneur Jésus-Christ, celle de l'Église, qui est son corps mystique,
donnent leur sens à tous les autres événements ; elles président au destin des
peuples et des civilisations (cf. Ephés., i, 3-12 ; Col., I, 15-20). C'est dans
cette lumière que se place le renouveau marial dont nous sommes les heureux
témoins et c'est aussi dans cette perspective qu'il faut situer le rôle de
Joseph. Il est l'époux de Marie, Mère de Jésus. Il est le père du Fils de Dieu
dans un sens à définir ; il est le protecteur de la Sainte Famille, image et
résumé de l'Église universelle. Ce sont ces vérités qu'il faut approfondir si
on veut donner à St. Joseph sa vraie place dans l'économie du salut de
l'humanité.
Et l'auteur d'aborder la
question qui occupe les théologiens de St. Joseph : comment le mariage virginal
a pu avoir les caractères qui sont ceux de toute union entre l'époux et
l'épouse ? D'où une étude délicate sur la part de la mère et du père dans
l'éducation de l'enfant, sur l'union spirituelle des âmes qui se réalisa
ineffablement entre Marie et Joseph.
En notant que la Sainte
Famille apparaît comme l'image de l'Église qui trouve en Joseph son
protecteur-né, l'introduction s'achève sur le rôle actuel de St. Joseph qui
implique la proclamation de son patronage universel. La dévotion à Joseph gagnera
en profondeur et la théologie mariale, actuellement en plein essor, s'annexera
un nouveau chapitre.
Après avoir été si
longtemps méconnu, St. Joseph est sorti de l'ombre où se cachait son humilité.
« Dans le monde moderne, dit le P. Rondet, à travers les révolutions et les
guerres, une classe sociale est en train de prendre conscience de sa vocation
historique. L'artisan, l'ouvrier, longtemps tenu à l'écart et quelque peu
méprisé s'avance sur la scène de l'histoire. Le travail manuel, jadis entaché d'une
certaine défaveur, apparaît aujourd'hui comme un titre de noblesse. La classe
ouvrière rêve d'une promotion collective. Certains s'en effrayent, d'autres
s'en réjouissent. Mais pour que la classe ouvrière accomplisse son œuvre et
qu'elle travaille efficacement à créer une civilisation meilleure, il lui
manque peut-être d'avoir redécouvert St. Joseph. »
II. Textes sur St.
Joseph.
Après cette magistrale
introduction, s'ouvre un délicieux florilège de textes sur St. Joseph. Le choix
en est limité. On n'en fera qu'une présentation très sommaire. Ce serait
mutiler de belles pages que d'en tenter un pâle résumé.
La première citation est
empruntée à une homélie de St. Jean Chrysostome sur l'Évangile do St. Matthieu.
Le grand évêque de Constantinople, en rapportant l'intervention de l'ange, fait
voir l'excellence de la vertu de Joseph, mise à l'épreuve.
Un second texte, tiré de
la deuxième homélie Super M issus est, de St. Bernard, essaie d'expliquer
pourquoi St. Joseph voulut renvoyer secrètement Marie... et donne les raisons
pour lesquelles Marie fut fiancée à Joseph. Un rapprochement suggestif est fait
ensuite avec l'ancien patriarche Joseph, fils de Jacob, et un autre passage
insiste sur le fait qu'il est de la maison de David ; qu'il est le vrai fils de
David, qui n'a pas dégénéré de son père ; son véritable fils non seulement par
la chair, mais par la foi, la sainteté, la piété.
L'auteur avoue ne pas
pouvoir omettre la page de Ste Thérèse d'Avila, devenue classique et reproduite
presque par tous les traités de la dévotion à St. Joseph, où la sainte
réformatrice du Carmel attribue à St. Joseph d'innombrables faveurs et invite
chaleureusement à faire l'expérience des secours spirituels qu'une fervente
dévotion au Père Virginal de Jésus obtient à ses fidèles et dévots serviteurs.
Peut-être y aurait-il
profit à relire au tome XVII, du Bulletin de l'Institut, les articles
consacrés au « grand méconnu », mais plus particulièrement celui du n° 120
(pages 69 à 84) qui montrent l'épanouissement de la dévotion à St. Joseph, à
partir du xvi° siècle. On saisit mieux l'effet des textes empruntés à St.
François de Sales et à Bossuet. Les Vrais Entretiens spirituels sont les
conférences, on pourrait dire les causeries, où le saint évêque de Genève, dans
la langue savoureuse qu'il s'était faite, donne à ses chères Visitandines des
trésors de piété, de doctrine, que son immense érudition lui permettait de
mettre à la portée des âmes simples avec une étonnante variété d'expression. Le
XIX° entretien, reproduit in extenso par le R. P. Rondet, est tout entier sur
St. Joseph. St. François de Sales prend son départ de l'introït de la Messe de
la fête Justus ut palma florebit! Il s'empare de l'image que lui offre le
texte liturgique et, la tournant et retournant de sa façon, il découvre dans
les propriétés attribuées à la palme les trois vertus de la virginité, de
l'humilité et celle de la constance et vaillance, vertus dans lesquelles le
glorieux St. Joseph a grandement excellé. Et le saint Docteur entreprend une
longue et délicate analyse pour montrer que la virginité de Notre-Dame et de
St. Joseph a été merveilleusement sauvegardée. Passant à la seconde propriété
qu'il trouve au palmier et en Joseph, François de Sales montre comment
l'humilité caractérise le rôle de St. Joseph. La grandeur d'un saint dépend de
la mission que Dieu lui confie ; or Joseph se vit confier la Sainte Famille
(cette Trinité de la terre !). Et à ces grands dons répondit aussi une humilité
extraordinaire.
L'humilité de Joseph, sa
soumission à la volonté de Dieu, fut plus grande que celle de tout autre saint,
Marie exceptée. Cette opinion avait été soutenue avant St. François de Sales,
par St. Bernardin de Sienne, Gerson, St. Vincent Ferrier.
Après avoir fait admirer
l'incompréhensible humilité de Joseph, François de Sales passe à la troisième
propriété qu'il remarque être en la palme : « qui est la vaillance, constance
et force, vertus, dit-il, qui se sont trouvées à un degré éminent en notre
saint ». Et le saint Docteur de noter les nuances qui existent entre la constance
et la persévérance, la force et la vaillance et d'affirmer que « notre glorieux
St. Joseph fut doué de toutes ces vertus et les exerça merveilleusement bien
». L'Entretien relève l'obéissance, la pauvreté de Joseph qui
travaille, peine pour la Sainte Famille, mais reste parfaitement uni à la
volonté de Dieu et y demeure conforme en tous les événements prospères ou
adverses.
Enfin, François de Sales,
partageant l'opinion de nombreux docteurs de l'époque, croit que St. Joseph a
été élevé au ciel en corps et en âme.
Quant aux deux
panégyriques de Bossuet, ce sont deux chefs-d'œuvre de piété et de doctrine
qu'il est souhaitable de voir entrer dans nos bibliothèques au rayon,
généralement si pauvre, de publications solides sur St. Joseph.
Le premier, Depositum
Custodi, est prononcé le 19 mars 1654, devant une imposante assemblée
d'évêques, groupés autour du cardinal Barberini. L'impression est profonde. Le
19 mars 1659, il le répète devant la reine-mère, Anne d'Autriche qui, répondant
au vœu des pasteurs et des fidèles, fait demander la célébration plus
solennelle de la fête du saint. Le 19 mars 1661, pour inaugurer la nouvelle
fête chômée, Anne d'Autriche veut entendre encore l'illustre prédicateur et
c'est le deuxième panégyrique, Le Seigneur s'est cherché un homme selon
son cœur, qui rappelle la vie humble, les vertus cachées de St. Joseph.
L'histoire de la
spiritualité donne Mgr Gay comme un des meilleurs auteurs de la fin du
XIX° siècle. Dans le florilège de textes, figurent des pages sur St. Joseph,
tirées des Elévations sur la vie et la doctrine de Notre-Seigneur
Jésus-Christ et où jaillissent des phrases éblouissantes : « Peut-être que
St. Joseph est le plus grand des hommes... » Et pour prouver cette primauté,
Mgr Gay fait remarquer « que la proclamation du Patronage de St. Joseph
sur l'Eglise universelle implique un dogme et s'y appuie. Si de par le
Saint-Siège, toute l'Église catholique peut et doit invoquer St. Joseph comme
son Patron attitré et spécial, c'est qu'il l'est de par Dieu. Or le Patron est
nécessairement supérieur à tous ceux qu'il patronne. En Joseph tout semble
immense à l'œil de l'âme. Son caractère et le premier aspect sous lequel on
l'aperçoit, c'est la profondeur. Les proportions de Joseph dépassent celles des
êtres terrestres. Dès ce monde, il est tout du ciel ; le ciel où il est, d'où
il est, le ciel de sa vie et de ses prodigieuses fonctions confine au ciel des
cieux qui est le séjour de la divinité ».
Et tout le discours tend
à mettre en lumière le rôle de l'unique grandeur dans l'effacement inouï voulu
par la Providence.
Les citations d'auteurs
s'achèvent par la Lettre « Quamquam plures » (15 août 1889),
encyclique de Léon XIII. Ce document du magistère contribua beaucoup à donner à
la dévotion et au culte de St. Joseph une vigoureuse impulsion. Rien ne vaut la
lecture méditée de la lettre pontificale que très peu de dévots à St. Joseph
ont la possibilité d'avoir à leur portée.
Tel est l'ouvrage qui,
selon l'espoir légitime du savant auteur, pourra permettre des études et des
recherches qui aideront les dévots de St. Joseph à redécouvrir sa place dans
l'économie du salut, c'est-à-dire dans le plan rédempteur de l'humanité, tel
que la Très Sainte Trinité a voulu le réaliser.
III. Pourquoi
présenter ce livre sur St. Joseph à la lecture des Petits Frères de
Marie ?
L'année mariale, dans les
desseins providentiels et selon les vœux ardents du Magistère suprême de
l'Église, aura produit dans le monde catholique un approfondissement de la
doctrine sur Notre-Dame, reine de l'Univers, et une intensification de la
dévotion individuelle et collective envers notre Mère du Ciel.
Mais l'histoire de la
spiritualité, étudiée avec attention, constate invariablement une connexion
entre les progrès réalisés dans la doctrine et la piété envers Notre-Dame et un
lent et discret développement du culte rendu à son Saint Époux.
De cette orientation de
la théologie vers les privilèges du grand méconnu, les Congrès marials ne s'en
sont-ils pas occupés ?
Un autre fait historique
à relever est que les Fondateurs d'Ordres religieux, inspirés par
l'Esprit-Saint et Notre-Dame, communiquent à leurs fils spirituels avec un
ardent amour pour la Sainte Vierge un culte sincère et fidèle pour le Chef de
la Sainte Famille.
Dans l'aube radieuse qui
se lève autour du Vén. Marcellin Champagnat nous aimons à saluer en lui un
fervent serviteur et apôtre de Marie. On nous redit en toute occasion qu'il a
voulu, ainsi que le Vén. P. Colin, son ami, inspirer aux Pères de la
Société de Marie (pour laquelle il a tant travaillé) et aux Petits Frères de
Marie (dont il avait à cœur la formation religieuse) un véritable et profond
esprit de Marie. Aspirer Marie et respirer Marie, telle est au fond la règle
d'or que les deux co-fondateurs ont voulu donner à leurs Fils spirituels.
(Voir dans L'Ame du
Vén. P. Colin le commentaire de l'article des Constitutions.)
Cet esprit de Marie est
magnifiquement synthétisé dans ce texte de St. Paul, parlant de la vie
chrétienne : « Vie cachée en Dieu avec le Christ Jésus ! » (Col., III, 3.)
Jamais âme chrétienne n'a
réalisé cet idéal comme Notre-Dame pendant toute son existence terrestre. Mais
ne faut-il pas en dire autant, avec la plus haute vraisemblance, de St. Joseph
qui, silencieusement, si longtemps, si humblement, si fidèlement a contemplé
sous les regards de Dieu : Jésus et Marie, ces deux chefs-d'œuvre de l'Esprit-Saint
?
Et nous ? Nous voulons
acquérir l'esprit de Marie ou y faire de sérieux progrès. Qui mieux que St.
Joseph peut nous en apprendre les voies ? Qui mieux que le Charpentier de
Nazareth a pratiqué l'oubli de soi qui est le tréfonds de l'humilité, de l'abnégation,
du renoncement à ce qui en nous heurte les desseins de Dieu ? St. Joseph est le
saint de la volonté de Dieu, accomplie dans la vocation providentielle, avec
une suprême délicatesse d'amour.
Pendant le mois de mars,
les âmes dévotes à St. Joseph envisagent un aspect de l'âme de leur glorieux
protecteur. Chaque mercredi, ils se souviennent de ses vertus et de ses
ineffables relations avec le Verbe Incarné et la Mère de Dieu.
Puissent les Petits
Frères de Marie, à l'exemple de leur Père en Dieu, et de tant de confrères
qu'une ardente dévotion au grand modèle de vie d'union à Jésus et Marie a
conduits à une haute vertu demander avec d'instantes supplications de
Toujours mieux connaître,
mieux aimer et mieux imiter le glorieux St. Joseph !
Bulletin de l'Institut,
vol. XXI, n. 157, janvier 1955, Pp. 357-369
SOURCE : http://www.champagnat.org/500.php?a=6b&id=2757
Simone Cantarini (1612–1648), La Sainte Famille, 85 x 67, circa 1640
Jésus, fils de Marie et
de Joseph
À la maison, Jésus ne
refusait aucun service à sa mère. Il soulageait par ses divines paroles saint
Joseph dans son travail, il lui rendait d’humbles soins, et le réjouissait par
la joie épanouie sur son visage. Combien de fois Jésus disait à Joseph qui
travaillait : « Ô mon père bien-aimé, je donnerai à ces travaux une
récompense éternelle. J’ai promis à mes élus des peines et des souffrances dans
ce monde. » Saint Joseph lui répondait : « Ô mon fils, ô Dieu
très-haut, le bonheur d’entendre vos paroles ne compense-t-il pas tous ces
travaux et ne surpasse-t-il pas toute récompense ? Votre voix a pour moi
une douceur extrême, et vos discours sont plus doux que le miel. Oh ! s’il
m’était permis de faire connaître aux hommes la beauté de votre majesté et
votre divinité, je vous élèverais des temples et des autels. Mais votre volonté
vaut mieux que tous les sacrifices. Recevez, ô Fils de Dieu, mes travaux
de charpentier, comme un hommage envers vous dont l’immense bonté m’a choisi
pour être regardé comme votre père. Dans le ciel ce sont les anges qui vous
servent, sur la terre c’est un homme, un charpentier. Vous, la félicité des
esprits bienheureux, vous ne dédaignez pas de charmer les peines d’un
charpentier.
Isidore Isolano, o.p.
Isidore Isolano († 1528),
dominicain de Milan, fut l’un des précurseurs du développement considérable de
la dévotion à saint Joseph à partir de la Renaissance. / Somme des dons de
saint Joseph, Avignon, Chaillot, 1861, p. 132.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/jeudi-8-septembre/meditation-de-ce-jour-1/
Statue
de Saint Joseph par les frères Duthoit (19ème siècle).
Chapelle
de la Mère-Dieu Anglesque ou de Notre-Dame Anglette (1291),
dite
de Saint-Joseph (1832), cathédrale Notre-Dame d'Amiens.
Le retour de saint Joseph
dans le cœur des fidèles
Mathilde
de Robien | 26 décembre 2018
Est-ce un hasard si
depuis quelques années la dévotion envers saint Joseph semble s’accroître ? En
pleine crise de la masculinité, bon nombre de pèlerinages, groupes de prière et
neuvaines implorent sa protection. Ils sont nombreux à se placer sous le
patronage de cet homme à la fois tendre et fort, choisi parmi tant d’autres
pour être le protecteur de Jésus et de la Vierge Marie.
Ces dernières années, il
est partout. À Vezelay, Pellevoisin, L’Île-Bouchard, Montligeon, le
Mont-Saint-Michel… Sur ces lieux de pèlerinage, la dévotion des hommes (et des
femmes) envers l’époux de Marie et le père de Jésus ne cesse de croître. En
témoignent les nombreuses prières, neuvaines, consécrations et pèlerinages qui
invoquent sa protection. À
Cotignac (Var), lieu d’une de ses apparitions au XVIIe siècle,
ils étaient simplement deux amis, en 1976, à marcher, discuter et prier sur le
Mont Bessillon. Ils sont des milliers aujourd’hui. À Paris, la première marche
de saint Joseph a rassemblé une centaine de pères, de grands-pères et d’hommes
célibataires en 2011. Ils
sont près de 2.500 désormais, chaque année vers le 19 mars, à marcher
ensemble.
Lire aussi :
La
prière du « Je vous salue Joseph
Importés d’Angleterre,
des groupes de « prière des pères » fleurissent désormais un peu
partout en France. Rien que cette année, il s’en est formé à Lyon,
Boulogne-sur-mer, Tarbes et Paris. Et enfin, difficile d’ignorer l’envolée de
la cote du prénom Joseph depuis quelques années. Si à peine 300 petits Joseph
naissaient chaque année en France entre 1980 et 2000, ils sont presque trois
fois plus nombreux depuis 2017 à voir le jour.
« Ce n’est pas un hasard
si saint Joseph nous est donné aujourd’hui »
Mais alors, comment
expliquer ce regain d’intérêt et de dévotion ? Le culte à saint Joseph remonte
pourtant aux premiers temps du christianisme. Mais saint Joseph a parfois
souffert d’une réputation d’un personnage un peu falot, ou tout du moins
discret. Jugé, à tort, ni tout à fait mari, ni tout à fait père, il est en
outre qualifié de grand silencieux dans la mesure où pas une seule phrase ne
lui est attribuée par les évangélistes. Pourtant, il n’est pas un saint comme
les autres. Dieu l’a choisi parmi tant d’autres pour veiller sur ses deux plus
grands trésors : Jésus et Marie. Dieu savait qu’il était l’homme le plus
capable au monde d’être la parfaite image du Père sur terre. De par sa mission
à l’égard de la Sainte Famille, il est déclaré patron de l’Église universelle
et des pères de famille le 8 décembre 1870 par le pape Pie IX.
Lire aussi :
Une
puissante prière à saint Joseph pour la conversion d’un proche
Pour l’abbé Philippe de
Maistre, curé de la paroisse Saint-André de l’Europe, à Paris, « ce n’est pas
un hasard si saint Joseph nous est donné aujourd’hui. À travers la crise de la
masculinité que traverse notre société, il est là pour nous rappeler le rôle du
père, de l’époux et de l’homme. Tout se passe comme si Dieu avait gardé en
réserve le mystère de Joseph, et à travers lui, le mystère de la paternité ».
Un patronage encouragé
depuis 130 ans
Ce n’est qu’au
XIXe siècle que la figure de saint Joseph est remise à sa juste place. Le
pape Léon XIII, dans son encyclique Quanquam
pluries (1889) consacrée à la dévotion à saint Joseph, exhorte pour la
première fois tous les catholiques à se placer sous son patronage. Il convenait
alors d’invoquer saint Joseph « à cause de la difficulté des temps » : « Nous
jugeons très utile que le peuple chrétien s’habitue à invoquer avec une grande
piété et une grande confiance, en même temps que la Vierge, Mère de Dieu, son
très chaste Époux, le bienheureux Joseph », souligne l’encyclique.
Lire aussi :
En
images : la fuite en Égypte vue par les plus grands artistes
Une dévotion relativement
récente donc, qui a fait dire au bienheureux cardinal anglais John Henry
Newman, protestant converti au catholicisme en 1845 : « Il y avait des saints
plus rapprochés de Notre Seigneur que les apôtres et les martyrs; mais comme si
ceux-là avaient été perdus dans le rayonnement de sa gloire, pendant longtemps
ils furent l’objet de moins d’attention. Puis, à mesure que succédèrent des
temps relativement calmes, se levèrent dans le firmament de l’Église ces astres
lumineux, plus importants, plus augustes que tout ce qui les avait précédés, et
qui se levaient tard précisément parce qu’ils rayonnaient d’une splendeur
particulière. Saint Joseph en est l’exemple le plus frappant. Proclamé saint
par l’Évangile, père nourricier de Notre Seigneur, il fut dès le commencement
un objet de foi absolue et universelle pour le monde chrétien; et cependant la
dévotion envers lui est relativement récente. Quand elle commença, les hommes
s’étonnèrent qu’on n’y eût pas songé plus tôt », écrit-il en 1865 à son
ami Pusey, resté protestant.
Un modèle en tant
qu’homme
Dans
l’encyclique Quanquam pluries, Léon XIII insiste sur la prééminence
de saint Joseph sur les autres saints, dans la mesure où il a été « de par la
volonté divine, le gardien du Fils de Dieu », et par son mariage avec la Vierge
Marie, « un participant de sa sublime dignité » : « Certes, la dignité de Mère
de Dieu est si haute qu’il ne peut être créé rien au-dessus. Mais comme Joseph
a été uni à la bienheureuse Vierge par le lien conjugal, il n’est pas douteux
qu’il ait approché, plus que personne, de cette dignité suréminente par
laquelle la Mère de Dieu surpasse de si haut toutes les autres créatures. »
Voilà pourquoi la doctrine admise par l’Église affirme que, de tous les saints,
saint Joseph est le plus élevé au ciel, après Jésus et Marie.
En images : le silence de
saint Joseph inspire les artistes
Lorsque saint Joseph
apparaît à Cotignac le 7 juin 1660, à un berger assoiffé nommé Gaspard Ricard,
ce dernier le décrit comme un homme d’une stature imposante. Joseph lui désigne
un lourd rocher en disant : « Je suis Joseph, enlève-le et tu boiras ».
Et en effet, sous la pierre coule une source qui même aujourd’hui n’est pas
tarie. Pour l’abbé Philippe de Maistre, ce geste est un symbole fort : « C’est
comme s’il y avait une source de la vigueur masculine que Joseph invite à
retrouver. D’homme à homme, il demande au berger de se lever, de soulever la
pierre, c’est-à-dire de faire preuve de force, pour retrouver la source du don
de la masculinité ».
Lire aussi :
Comment
vivre avec saint Joseph toute l’année ?
Aujourd’hui, selon
l’abbé, les hommes sont perdus dans leur identité, et saint Joseph est là pour
leur indiquer le chemin de la masculinité, pour faire rayonner la figure de
l’homme selon le cœur de Dieu, pour assumer sa force au service de la douceur,
au service de l’amour, de la même manière que Joseph a fait preuve de force
dans sa mission de protection envers Marie et Jésus.
Un modèle en tant que
père et époux
Avec les changements
sociétaux et familiaux, la place du père est malmenée de nos jours. Les pères
semblent être à la recherche d’une identité, non pas celle, ancestrale et
caricaturale, d’une autorité aveugle et primaire, mais celle dans laquelle
saint Joseph a excellé, où « la force est au service de l’amour »
comme la définit l’abbé Philippe de Maistre. Les nombreuses demandes de
protection et d’intercession à travers la figure de Joseph sont le signe d’une
réelle aspiration à retrouver la vraie dimension de la paternité et de la
masculinité.
Le mouvement de la Prière
des pères érige ainsi saint Joseph comme modèle : « Seigneur, donne-nous la
force et la lumière dont nous avons besoin pour remplir notre rôle et assumer
notre place de pères dans la société en suivant l’exemple de Joseph, l’époux de
Marie. »
Lire aussi :
Les
sept dimanches de saint Joseph
L’encyclique Quanquam
pluries fait écho de la charge magnifiquement portée et assumée par saint
Joseph tout au long de sa vie, et donne par là des repères concrets à tous les
pères du monde : « Joseph était le gardien, l’administrateur et le défenseur
légitime et naturel de la maison divine dont il était le chef. Il exerça de
fait ces charges et ces fonctions pendant tout le cours de sa vie mortelle. Il
s’appliqua à protéger avec un souverain amour et une sollicitude quotidienne
son Épouse et le divin Enfant ; il gagna régulièrement par son travail ce qui
était nécessaire à l’un et à l’autre pour la nourriture et le vêtement ; il
préserva de la mort l’Enfant menacé par la jalousie d’un roi, en lui procurant
un refuge ; dans les incommodités des voyages et les amertumes de l’exil, il
fut constamment le compagnon, l’aide et le soutien de la Vierge et de Jésus. »
L’abbé Philippe de
Maistre souligne qu’il n’y a que deux personnes à qui Jésus a dit « Abba » :
son Père céleste, et Joseph. « Jésus, le fils de Dieu, a eu besoin d’un homme
qui lui apprenne humainement ce qu’est la paternité. C’est Joseph qui a
enseigné à Jésus comment il sauverait le monde, qui lui a décodé les Écritures
saintes, qui a été le relais de Dieu pour faire entrer Jésus dans sa mission et
dans son identité », précise-t-il. Le père André Doze, dans son
livre Joseph, ombre du Père, désigne en ce sens Joseph comme le visage
humain du Père éternel pour Jésus.
Saint Joseph et le pape
François
Le regain de ferveur
vis-à-vis de saint Joseph n’est sans doute pas étranger au Pape François, qui
lui voue une affection toute particulière. Non seulement il a porté sur ses
armoiries pontificales une fleur de nard, symbole du père de Jésus, mais il a également
demandé à ce que soit mentionné le nom de « saint Joseph époux de
Marie », après celui de la Vierge Marie, dans les liturgies eucharistiques
II, III, et IV, par un décret datant
du 1er mai 2013 (le nom de saint Joseph était déjà mentionné dans la
prière eucharistique I depuis le pape Jean XXIII). En outre, le pape François a
consacré l’État de la Cité du Vatican à saint Joseph et à saint Michel Archange
le 5 juillet 2013.
Lire aussi :
Les
cinq signes de l’attachement du Pape à saint Joseph
Lors de sa messe
d’inauguration le 19 mars 2013, jour de la solennité de saint Joseph — clin
Dieu providentiel ! — il s’exprime sur la grande tendresse du père de Jésus : «
Dans les Évangiles, saint Joseph apparaît comme un homme fort, courageux,
travailleur, mais dans son cœur on voit une grande tendresse, qui n’est pas la
vertu du faible, mais au contraire, dénote une force d’âme et une capacité
d’attention, de compassion, de véritable ouverture à l’autre, d’amour. Nous ne
devons pas avoir peur de la bonté, de la tendresse ! »
« S’il y a un
problème, j’écris un petit mot à saint Joseph et je le mets sous sa statuette
que j’aie dans ma chambre pour qu’il le rêve… pour qu’il prie pour ce
problème » a aussi confié le pape François dans
un entretien accordé en février 2017 au quotidien italien à Corriere della
Sera : il glisse alors le morceau de papier avec sa prière sous une
statuette à l’effigie du saint patron des pères de famille. Cet attachement
remonte au jour où, à Buenos Aires, alors qu’il est âgé de 17 ans, il acquiert
la certitude qu’il deviendra prêtre. « Comme poussé par un étrange
besoin », confiera-t-il plus tard, il pénètre alors dans la basilique
Saint-Joseph.
Prières et consécrations
Saint Joseph, en tant que
saint patron des artisans, des charpentiers (plus largement des travailleurs),
des époux, de la bonne mort, de l’Église et des pères de famille, se voit
confier une multitude de causes, au travers de prières et neuvaines plus ou moins
connues. Parmi les prières à saint Joseph, il existe le Je
vous salue Joseph, cette ancienne
prière dite infaillible, des prières pour trouver du travail, un
logement, pour demander la grâce d’avoir un enfant, de mourir entre les bras de
Marie et Jésus… Il existe ainsi une trentaine de prières à Saint Joseph.
Statue
de Saint Joseph dans la crypte de L'Oratoire
Saint-Joseph du Mont-Royal
Statue
of Saint Joseph in the crypt of Saint Joseph's Oratory in Montreal, Canada.
SAINT JOSEPH, PATRON DU
CANADA
LA dévotion à saint
Joseph s’implante au Canada avec l’arrivée du premier missionnaire, le
Père Joseph Le Caron, l’un des récollets – nous dirions aujourd’hui
franciscains – obtenus de peine et de misère par Champlain en mai 1615, sept
ans après la fondation de la petite colonie de Québec.
Frère Thomas, dans son
article « Saint Joseph, gouverneur au saint Royaume de France », a
rappelé la dévotion traditionnelle des disciples du Poverello pour le Chef de
la Sainte Famille, mais chez le Père Le Caron celle-ci était très ardente.
Aussi lui consacra-t-il sa première mission chez les Hurons, quelques mois
après son arrivée à Québec.
LA CONSÉCRATION DU CANADA
À SAINT JOSEPH
Deux ans plus tard,
revenu auprès de Champlain et constatant les difficultés inextricables de la
colonie, c’est lui qui le persuada de consacrer le Canada à saint Joseph.
La cérémonie réunit tous
les colons, une bonne centaine, mais aussi bon nombre de sauvages qui
se trouvaient à Québec. On n’en connaît pas le jour exact, mais de différents
documents on déduit qu’elle dut avoir lieu entre le 16 juillet et le 15 août
1624. Le Père Le Caron et Champlain prononcèrent la consécration devant une
petite peinture sur cuivre (12 x 17 cm) représentant saint Joseph et
l’Enfant-Jésus, conservée au musée des Beaux-Arts de Québec. Leur ferveur
n’avait d’égale que la pauvreté, digne de l’étable de Bethléem.
Il n’en fallut pas
davantage pour que la dévotion à saint Joseph embrase les cœurs de nos
valeureux colons, en témoigne le nombre important de fiefs ou de lacs qui
reçurent son nom.
Mais surtout, saint
Joseph inaugura ses bienfaits pour la Nouvelle-France en obtenant qu’en 1625 le
jeune duc de Ventadour, pair de France, devienne Vice-roi de la Nouvelle-France
et la prenne à cœur. C’était un homme très pieux, qui s’était placé sous la
direction spirituelle des jésuites. Six ans plus tard, il quitta la cour de
France pour être ordonné prêtre tandis que son épouse, avec laquelle il n’avait
pas consommé le mariage, entrait au carmel. En 1627, il fut l’un des fondateurs
de la Compagnie du Saint-Sacrement, organisation secrète réunissant de
courageux chrétiens prêts à défendre, au péril de leur vie, le Saint-Sacrement
contre les actions sacrilèges des protestants. Cependant, très vite, ses
membres s’appliquèrent aussi à soutenir les œuvres de Contre-Réforme par leurs
dons ou leur influence. Québec aussi bien que Ville-Marie en seront les heureux
bénéficiaires.
Avant cela, une des
premières décisions du duc de Ventadour, prise sur les instances de Champlain,
fut d’interdire sur mer comme sur terre l’exercice de la religion prétendument
réformée. Ce fut déterminant pour l’avenir de la Nouvelle-France, car les
principales difficultés de Champlain pour faire de son implantation au cap
Diamant une véritable colonie venaient des protestants qui ne s’intéressaient
qu’au commerce.
LES JÉSUITES, DIGNES
HÉRITIERS DES RÉCOLLETS
Sur la recommandation du
Père Le Caron, le duc convainquit les jésuites de remplacer les récollets à
Québec pour une tâche qui était manifestement trop lourde pour eux. Cinq y
furent envoyés à ses frais. Ils seront pendant près de vingt ans les colonnes
de la Nouvelle-France, sans eux rien n’aurait été possible. Or, eux-aussi
vouaient un culte à saint Joseph : « Saint-Joseph n’avait-il pas
passé sa vie dans la compagnie de Jésus ? »
Dès leur premier séjour
en 1625, leur supérieur, le Père Lalemant fit vœu de donner le nom de Joseph au
premier indigène baptisé.
La dévotion à saint
Joseph eut aussi une place éminente dans la mission des Hurons. La liste des
grâces reçues de lui, dont les Relations des Jésuites nous ont gardé le
témoignage, serait longue. Citons simplement saint Jean de Brébeuf :
« Je vis par
plusieurs fois tout renversé et désespéré, jusqu’à ce que j’eus
particulièrement recours à Notre-Seigneur Jésus..., et que j’eus fait un vœu au
glorieux saint Joseph, nouveau patriarche des Hurons. [...] Nous
devons aussi beaucoup au glorieux saint Joseph, époux de Notre-Dame et
protecteur des Hurons, dont nous avons touché au doigt l’assistance plusieurs
fois. Ce fut une chose remarquable que, le jour de sa fête et durant l’octave,
les commodités nous venaient de toutes parts. »
Sa première mission en
Huronie fut placée sous la protection de saint Joseph, c’est là que le Père
Daniel mourut martyr dix ans plus tard. L’église réservée aux Amérindiens de
Sainte-Marie-des-Hurons fut consacrée à saint Joseph. Quoique très pauvre,
située pratiquement en plein bois et à un mois de canot de Québec, elle fut
élevée au rang de basilique par le pape Urbain VIII, avec tous les privilèges
et indulgences qui s’y trouvaient attachés, au profit de ces
chers sauvages baptisés ou encore catéchumènes.
Après le martyre de saint
Jean de Brébeuf et de saint Gabriel Lalemant, lorsque Sainte-Marie-des-Hurons
fut assiégée par les Iroquois, c’est en invoquant leur habituel protecteur,
promettant une messe par mois en son honneur, que les jésuites et les hurons
chrétiens qui y étaient réfugiés obtinrent leur délivrance miraculeuse, le 18
mars 1649 : dans la nuit, les Iroquois s’enfuirent, frappés d’une terreur
panique.
Ce n’était pas la
première fois que les missionnaires furent ainsi délivrés de périls mortels,
aussi mirent-ils sous la protection de saint Joseph leur rapatriement à Québec
et celui des Hurons survivants.
SAINT JOSEPH À QUÉBEC
Après l’arrivée des
disciples de saint Ignace, celle des Ursulines, avec à leur tête sainte Marie
de l’Incarnation, sera déterminante pour la colonie. L’intervention du Chef de
la Sainte Famille est, là encore, indubitable.
On se souvient qu’un
songe, à Noël 1633, avait éveillé le zèle missionnaire dans l’âme de cette
sainte religieuse cloîtrée. Ce n’est qu’en février 1635, que Notre-Seigneur lui
en donna l’explication : il lui avait montré le Canada dont le gardien
était saint Joseph : « Il faut que tu y ailles faire une maison à
Jésus et à Marie. » Le Ciel avait donc bien avalisé la consécration de la
colonie naissante.
Une jeune veuve, madame
de La Peltrie, se joignit à l’expédition dont elle assuma tous les frais, à la
suite d’un vœu à saint Joseph, sa grande dévotion, pour obtenir sa guérison
d’une grave maladie qui l’affligeait. Ce qui lui fut immédiatement accordé.
Une fois la fondation
décidée et financée, Marie de l’Incarnation désignée pour en prendre la tête et
le voyage organisé, une autre ursuline du couvent de Tours, sœur Marie de
Saint-Bernard, désira vivement partir elle aussi, ce qui paraissait impossible.
Elle promit tout simplement de changer son nom en Marie de Saint-Joseph si elle
était tout de même désignée ; il n’en fallut pas davantage pour que son
souhait se réalisât.
Pour achever de nous
convaincre que l’installation de cette congrégation à Québec était voulue par
le patron du Canada, rappelons la joie de nos religieuses lorsqu’elles
constatèrent que « Saint Joseph » était le nom de leur navire. Lors
de la traversée, celui-ci se trouva face à un iceberg : impossible
d’éviter une fatale collision. Tandis qu’un jésuite donnait une absolution
collective, sœur Marie de Saint-Joseph proposa un vœu : faire célébrer une
messe en l’honneur de saint Joseph. Aussitôt, et sans qu’on sache comment cela
arriva, la banquise fut en un instant derrière le bateau ; ce que tout
l’équipage attesta.
Ne nous étonnons pas
après cela que le monastère des Ursulines ait été consacré à saint Joseph, y
compris leur immense jardin qui assura pendant longtemps la subsistance des
sœurs, des élèves et de bien des pauvres.
À l’Hôtel-Dieu de Québec,
autre fondation des débuts de la Nouvelle-France, les chanoinesses de
Saint-Augustin et notamment la bienheureuse Catherine de Saint-Augustin ne
furent pas en reste. En hommage au Chef de la Sainte Famille, il était prévu
qu’elles accepteraient sans dot les postulantes pauvres qui désiraient devenir
des religieuses de chœur.
Le jour de l’Ascension
1657, Catherine de Saint-Augustin vit Notre-Seigneur arriver au Ciel et
distinguer saint Joseph parmi toute la cour céleste qui l’accueillait :
« Serviteur fidèle, comme vous avez été l’économe de ma maison en terre,
je veux qu’ici vous commandiez et que vous y ayez tout pouvoir. »
Le successeur de
Champlain, monsieur de Montmagny, donna le nom de Joseph au premier sauvage
converti dont il fut le parrain, « parce que ce saint avait été proclamé
le patron du pays ». Tous les gouverneurs suivirent son exemple.
La fête de saint Joseph,
le 19 mars, était toujours célébrée avec une pompe liturgique quasi égale à
celle du jour de Pâques. Les feux d’artifices – très à la mode à l’époque-et de
grands feux de joie étaient autorisés. Ces festivités impressionnaient vivement
les Indiens, qui tenaient à organiser leur propre fête avec feux de joie, même
lorsqu’ils étaient à la chasse dans les bois.
SAINT JOSEPH À
VILLE-MARIE
Il n’est pas étonnant non
plus que Ville-Marie fasse preuve d’une égale dévotion au patron du Canada
quand on sait les origines surnaturelles de sa fondation. Elle fut demandée à
monsieur de la Dauversière probablement dès 1630. Rien ne prédestinait à une
telle œuvre ce receveur des tailles à La Flèche, même si le Ciel lui avait déjà
annoncé qu’il fonderait une congrégation religieuse cloîtrée, les Sœurs
hospitalières de Saint-Joseph, ce qui se réalisa lorsqu’il fut administrateur de
l’Hôtel-Dieu de sa ville. Mais on comprend qu’il ait douté de sa mission :
fonder une colonie outre-Atlantique sans pouvoir s’y rendre lui-même ! Il
lui fallut donc, en 1635, une vision de la Sainte Famille à Notre-Dame de Paris
pour le décider à aller de l’avant.
En 1642, Ville-Marie
voyait le jour et son premier hôpital, édifié en 1645, fut consacré au patron
du Canada. En 1658, les Sœurs hospitalières de Saint-Joseph y remplacèrent la
vénérable Jeanne Mance.
Une anecdote nous montre
l’ardente dévotion de la Nouvelle-France pour saint Joseph. Lorsqu’un officier
canadien, M. Joseph de Villebon, alors en Acadie, apprit que des Anglais
avaient profané une statue de saint Joseph qui se trouvait à la proue d’un
navire dont ils s’étaient emparés, il résolut de l’acheter. Pour réparer les
outrages qu’elle avait subis, il organisa une procession solennelle pour porter
la statue dans une église où elle serait honorée. Ce qu’apprenant, les
religieuses de l’Hôtel-Dieu de Québec résolurent aussi de faire acte de réparation
parce que « nous sommes très particulièrement sous la protection de saint
Joseph, et que nous faisons profession de l’aimer et de l’honorer. » Par
conséquent, chaque religieuse fit une amende honorable et promit d’accomplir
une pénitence pour réparer cet affront. Elles supplièrent en outre le chef de
la Sainte Famille d’obtenir la conversion des Anglais hérétiques.
Cette ardeur de dévotion
fut entretenue au XVIIIe siècle par le grand orateur que fut ici le Père
Joseph de la Colombière, le frère cadet de saint Claude de la Colombière.
La confrérie de la bonne
mort, sous le patronage de saint Joseph, fut instituée en 1730.
C’est aussi à cette
époque qu’en reconnaissance de sa guérison miraculeuse, François Charon de la
Barre, riche négociant de Ville-Marie, y fonda un hospice et une école
d’apprentissage qu’il confia à une congrégation nouvelle : les frères
hospitaliers de la Croix et de saint Joseph. Ce fut un échec, mais saint Joseph
avait un autre plan, car l’institution des frères Charon devint le berceau de
l’œuvre de sainte Marguerite d’Youville, les Sœurs grises.
La conclusion
s’impose : au temps de la Nouvelle-France, le patronage de saint Joseph
présida à l’établissement d’une chrétienté paisible, dotée des institutions qui
favorisaient la pratique des vertus de la Sainte Famille. C’est bien cela que
le saint Patriarche voulait pour ce pays dont il est le gardien et pour lequel
il ne lésina pas sur les miracles et les protections.
PROTECTEUR DE LA
RENAISSANCE CATHOLIQUE
Après la Conquête, la
pratique religieuse et donc la foi des Canadiens français vont se trouver
asphyxiées peu à peu, jusqu’à ce que le Cœur Immaculé de Marie, répondant à la
prière du jeune mais déjà saint évêque de Montréal, Mgr Bourget, provoque leur
retour en masse vers l’Église en 1840.
Lui-même, très dévot à
saint Joseph, souhaitait lui établir un lieu de pèlerinage dans sa ville
épiscopale. L’aumônier des Sœurs grises le voulait chez elles ; afin de
forcer la main de son évêque, il commanda en France une grande et magnifique
statue de saint Joseph. Malheureusement, le bateau qui transportait l’objet de
ses pieux rêves sombra avec toute sa cargaison.
Un an plus tard, une
caisse, portant sur une étiquette la simple mention « Sœurs grises »,
flottait dans le port de Montréal. On la porta donc à leur maison la plus
proche du port, on l’ouvrit... c’était la fameuse statue ! Mgr Bourget, y
voyant évidemment la volonté clairement exprimée de saint Joseph, fit de cette
chapelle son sanctuaire diocésain ; il le resta jusqu’à la construction de
l’Oratoire sous l’impulsion du frère André, quarante ans plus tard.
Toutes les fondations
auxquelles l’infatigable évêque de Montréal présida, dans des conditions de
pauvreté souvent héroïques, profitèrent d’aides providentielles récompensant
leurs prières à saint Joseph.
Il en fut de même dans
les grandes Plaines de l’Ouest comme dans les vastes étendues enneigées du
Grand Nord canadien, au profit des Oblats de Marie Immaculée.
Dans ses mémoires, Mgr
Breynat, qui fut 42 ans durant l’évêque du Mackenzie, consacra tout un chapitre
aux interventions miraculeuses de saint Joseph en faveur de ses missionnaires.
La plus connue, car la plus extraordinaire pour ceux qui ont l’expérience du
Grand Nord, fut ce troupeau de caribous qui se présenta aux fusils des chasseurs
d’une mission et de son pensionnat au bord de la famine, alors qu’aucune trace
de harde n’avait été relevée de tout l’hiver.
C’est d’ailleurs à un
autre évêque de l’Ouest canadien, Mgr Grouard, que l’on doit l’introduction de
l’invocation à saint Joseph dans les louanges divines au Saint-Sacrement. Quant
à Mgr Grandin, il avait si souvent éprouvé sa protection qu’il décida que
chaque mission devait prendre en charge gratuitement un pauvre en l’honneur de
leur céleste protecteur.
Dans l’Ouest canadien
comme en Nouvelle-France, ou dans la province de Québec retrouvant sa foi, le
fruit principal de la consécration à saint Joseph fut de former une chrétienté
qui l’emportât par ses vertus sur les puissances adverses : la barbarie
des autochtones ou l’impiété du libéralisme américain. Saint-Joseph voulait
instaurer ou restaurer la chrétienté sur ce continent.
Or, celle-ci fut mise à
mal à partir de 1867, avec la fondation du Canada moderne, la Confédération
canadienne d’un océan à l’autre où les catholiques n’étaient plus qu’une forte
minorité. Face à cette situation, certains évêques préconisaient de ne voter
que pour les candidats qui s’engageraient à respecter les droits de l’Église,
comptant ainsi contraindre le gouvernement au respect de la Loi divine.
D’autres, au contraire, considéraient que le bien de l’Église passait par
l’entente avec le pouvoir politique majoritairement anglo-protestant. Ce
libéralisme provoqua une cassure qui s’avéra peu à peu fatale à la chrétienté
canadienne.
Si la Sainte Vierge
multiplia ses miracles au Cap-de-la-Madeleine pour soutenir les chefs de file
partisans du « programme catholique », saint Joseph, à Montréal,
contra pour un temps les funestes conséquences du libéralisme.
LE SAINT FRÈRE ANDRÉ
Alfred Bessette, né en
1845, apprit à aimer et à prier saint Joseph sur les genoux de sa mère ;
c’est qu’elle-même en avait reçu de grandes grâces depuis son veuvage. Après
une jeunesse pauvre et éprouvée, celui qu’on appela dès lors frère André, fut
admis en 1870 au noviciat des frères de Sainte-Croix sur la recommandation du
curé de saint Césaire qui avait remarqué sa piété. Ce que ce bon prêtre ne
savait pas, c’est qu’un jour le jeune Bessette avait été favorisé d’une
apparition de saint Joseph dans l’église paroissiale, venu lui apprendre à bien
faire le chemin de croix !
Cependant, son renvoi
avait été décidé à cause de sa mauvaise santé, lorsqu’à la faveur d’une visite
canonique, le novice rencontra en tête à tête Mgr Bourget. On ne sait rien de
cet entretien, sinon qu’ensuite, le conseil revint sur sa décision et le garda.
En 1871, on lui donna son obédience pour le collège Notre-Dame de la
Côte-des-Neiges à Montréal : il y fut l’homme à tout faire, avec une
totale abnégation.
En 1877, après la
démission de Mgr Bourget, les libéraux bientôt soutenus par Léon XIII vont
avoir le champ libre. Mais saint Joseph s’interposa : le 5 février 1878,
par l’intermédiaire du frère André, il guérit le frère Aldéric à la veille de
son amputation, or celui-ci avait fait la promesse de publier sa guérison. Ce
fut le premier miracle connu du petit frère, qui coïncida avec la première
prise de pouvoir des libéraux à Québec.
Les années suivantes,
frère André multiplia les miracles, mais uniquement au profit des élèves du
collège et de leurs familles. Sa notoriété s’étendit, mais resta localisée à la
Côte-des-Neiges.
En 1884, juste avant
qu’éclate dans l’Ouest la révolte des métis qui se termina par l’affaire Riel,
laquelle ouvrit aux libéraux la voie du gouvernement fédéral, une dame de la
haute société montréalaise fut instantanément guérie par un simple mot du petit
frère qui ne releva même pas la tête, tout occupé qu’il était à laver les
planchers. C’en fut fini de sa tranquillité : de ce jour, bon nombre de
gens vinrent quotidiennement lui confier leurs intentions et demander leur
guérison, et beaucoup repartaient guéris. Il en fut ainsi pendant dix ans, ce
qui n’allait pas sans perturber les activités scolaires. Aussi, à partir de
1894, il dut recevoir les quémandeurs dans l’abri de tramway.
Trois ans plus tard, la
congrégation acheta un vaste terrain sur « la montagne », le
Mont-Royal, en face du collège. Cela faisait des mois que frère André disait
que saint Joseph voulait y être honoré. Il eut la permission d’y construire un
petit oratoire qui fut béni le 19 octobre 1904. Frère André avait 59 ans :
depuis vingt ans déjà il faisait chaque jour des miracles !
L’ORATOIRE SAINT-JOSEPH
Durant ce temps, Montréal
avait bien changé : son port et l’industrie ferroviaire attiraient une
population ouvrière pauvre et délaissée ; tandis que tous les
gouvernements, qu’ils soient libéraux ou conservateurs, fixaient leur politique
qu’en considération des intérêts financiers.
Mgr Bruchési, un prélat
très intellectuel aux sympathies franchement libérales, était alors
l’archevêque de Montréal. Il n’était pas homme à s’opposer à cette emprise de
l’argent et du gouvernement sur la société canadienne-française. Aussi les
injustices sociales se multipliaient-elles jusqu’à provoquer une première grève
en 1903.
Mais le développement de
l’Oratoire Saint-Joseph, parallèle au développement des institutions
capitalistes et de la misère ouvrière à Montréal, va faire échec à la
déchristianisation des familles canadiennes-françaises déracinées, vivant dans
la plus grande pauvreté et subissant aussi bien la propagande libérale que
celle des syndicats anticléricaux, et même du communisme : le 1er mai
1907, les ouvriers défilèrent dans les rues de Montréal avec des drapeaux
rouges avant que les deux mille débardeurs du port se mettent en grève.
Certes, à la même époque
Henri Bourassa, mais surtout l’Action catholique de la jeunesse canadienne et
l’Action sociale catholique de Mgr Roy à Québec, firent renaître un courant
nationaliste dans l’esprit de saint Pie X ; ils dénonçaient l’action de la
franc-maçonnerie. Mais l’archevêque de Montréal ne les soutenait pas.
Pour que ce mouvement
nationaliste ratisse large, à l’initiative de l’abbé Groulx, on lui donna comme
modèle le héros de Ville-Marie, Dollard des Ormeaux. Quoique héroïquement
courageux, ce n’était pas un saint, et il est bien dommage qu’il ait éclipsé la
Sainte-Famille, dont la dévotion avait soutenu les colons de Nouvelle-France.
C’est toute l’ambiguïté du nationalisme de cette époque, qui s’accentua encore
sous Pie XI pour éviter ses foudres : même si pratiquement tous étaient
catholiques, le mouvement nationaliste en tant que tel se voulut laïc.
En outre, il se
cantonnait pour l’essentiel à la bourgeoisie. Si les ouvriers allaient encore à
la messe, si le Congrès eucharistique de Montréal en 1910 fut un succès
populaire considérable, c’est parce que pratiquement dans toutes les familles
de Montréal il y avait un miraculé de saint Joseph par le frère André !
À Montréal, bientôt dans
toute la Province et dans l’Est des États-Unis où les paroisses
canadiennes-françaises prospéraient, qui ne connaissait pas le frère
André ? Qui n’était pas allé prier à l’Oratoire, qui dut s’agrandir pour
faire face au flot des pèlerins toujours plus nombreux ? Si tous ne
renouaient pas avec une pratique religieuse régulière, tous savaient qu’il n’y
avait pas de guérison sans confession, avant ou après.
Survolons ce
développement de l’œuvre de saint Joseph, qui vint pallier l’inaction de
l’archevêque et les insuffisances du mouvement nationaliste :
En 1909, le frère André
fut nommé gardien de l’Oratoire, désormais ouvert toute l’année. Le secrétariat
reçut déjà cette année-là 29 500 lettres d’intentions de prières ou de
remerciements.
En janvier 1910, saint
Joseph prépara une nouvelle étape de sa contre-offensive par la guérison d’un
jeune ouvrier de Québec dont les deux jambes avaient été broyées par la chute
d’un bloc de marbre. Après quatre mois de souffrances, il s’était présenté au
bureau du frère André, en s’aidant de béquilles, ses deux membres complètement
déformés ne pouvant plus le soutenir. Arrivé ainsi devant une petite foule de
gens, il repartit sur ses deux jambes quelques minutes plus tard ! Les
témoins stupéfaits répandirent la nouvelle dans toute la Province. Saint Joseph
avait bien réussi : le Congrès eucharistique pouvait commencer, les
participants ne manqueraient pas d’aller à l’Oratoire ; on compta
20 000 pèlerins en deux semaines !
Mgr Bruchési se décida
alors à décréter une enquête canonique pour établir les faits, et examiner
canoniquement quatre miracles sélectionnés sur les centaines déjà attestés. Au
printemps 1911, ses conclusions favorables lui permirent de reconnaître
officiellement le pèlerinage, d’autoriser la construction de la maison des
chapelains et l’édition des Annales de Saint-Joseph. Mais déjà, on
envisageait l’édification d’une basilique. Le nombre de pèlerins était tel que,
sans attendre les plans définitifs de celle-ci, on décida de construire dès
1914 son soubassement, la crypte, qui pourra accueillir quatre mille personnes.
Pendant ce temps, frère
André continue modestement sa vie de prière, de pénitence et de dévouement
auprès des malades. Combien de scènes comme celle-ci :
Un ouvrier du chemin de
fer se traîne à l’aide de ses béquilles jusqu’à l’Oratoire, il souffre de
rhumatismes inflammatoires. Il attend son tour dans la salle d’attente, raconte
ses malheurs à ses voisins. C’est terrible parce qu’il en est à ses derniers sous,
il ne peut plus travailler et il n’a pas d’assurance maladie. « Je suis un
homme fini ». Arrive son tour, il entre dans le petit bureau du frère, à
peine cinq minutes plus tard, il en sort les béquilles à la main, marche
parfaitement, se dirige vers la chapelle en donnant des coups de pied sur les
cailloux : « Demain matin, crie-t-il, je retourne
travailler ! ». Un peu plus tard, le frère André prend une enfant sur
ses genoux ; c’est une petite bossue qui ne peut pas marcher :
« Allons, marche ! » – « Mais, cela fait mal
encore ! » Le frère renouvelle ses “ petites croix ” :
« Tu es plaigneuse, un peu », dit-il. Et la petite se jette
à terre : « Ça ne me fait plus mal. Je suis guérie » !
Saint Joseph sait bien
qu’il faut maintenant de tels prodiges pour garder la foi au peuple
canadien-français, puisque l’impiété envahit le pays sans que la hiérarchie
réagisse.
Montréal, au lendemain de
la Première Guerre mondiale, est alors une ville de 600 000 habitants, aux
industries prospères. Mais la situation des ouvriers ne s’est pas améliorée. Le
gouvernement inaugure timidement une législation sociale en obligeant les
patrons à assurer les accidents du travail, ou en limitant le temps de travail
à cinquante-cinq heures par semaine.
Pourtant, les
manifestations socialistes et syndicales ne font plus recette, c’est l’Oratoire
Saint-Joseph qui attire désormais les ouvriers : 50 000 pour la fête
du Travail en 1922, fête précédée d’un congrès sur la doctrine sociale de
l’Église réunissant les chefs des syndicats catholiques. L’exemple des pompiers
de Montréal est représentatif du changement de mentalité. Au lendemain de la
guerre, ils se sont syndiqués, tout comme les policiers de Montréal, en
s’affiliant à une organisation internationale. À l’issue d’une grève particulièrement
dure, le capitaine Gauthier est nommé chef des pompiers de Montréal ; or,
c’est un ami du frère André. Peu à peu, il convertit tous ses hommes qui,
désormais, assureront bénévolement le service d’ordre à l’Oratoire les jours de
grande affluence, et ils deviendront des fidèles du chemin de croix du vendredi
et de l’Heure sainte. Évidemment, on ne parlera plus de grève...
LE TRIOMPHE DE SAINT
JOSEPH DU MONT-ROYAL
La crise de 1929 se fait
durement sentir à Montréal : 25 % de la population est au chômage, et
les salaires diminuent de 40 %. L’État libéral en profite pour accroître
son emprise sur la société canadienne-française où une
mentalité laïque se répand de plus en plus. Mais saint Joseph
n’abandonne pas son peuple, car, en multipliant ses bienfaits, il le garde dans
l’Église. Le 19 mars 1929, on recense 20 000 pèlerins. Le 3 janvier
suivant, le contrat pour l’extraction de la pierre qui servira à la
construction de la basilique est signé. Et tandis que le nombre des pèlerins
américains dépasse maintenant le millier, des “ pèlerinages
sociaux ”, c’est-à-dire réunissant tous les employés d’un même
établissement, s’échelonnent tout au long de l’année. En 1931, donc en pleine
crise, 38 000 travailleurs viennent prier saint Joseph pour la fête du
Travail. En 1932, des pèlerinages de dizaines de chômeurs, parfois de
centaines, se multiplient : ils viennent à pied de paroisses assez
éloignées, comme celles de Terrebonne ou de Lachine. Saint Joseph n’y est pas
insensible puisqu’en 1933, c’est la reprise économique.
Les miracles continuent,
souvent bien touchants, comme celui-ci, pris parmi les milliers de témoignages
gardés aux archives de l’Oratoire ; il nous montre à quel point ce peuple
ouvrier, maintenant imbu de la dévotion à saint Joseph, était à mille lieues de
l’esprit révolutionnaire :
Un père de famille au
chômage prie saint Joseph, Puisque ce dernier était menuisier, il a l’idée de
mettre à fabriquer de petits meubles, quoiqu’il ne connaisse pas le métier.
« Dans la chambre où je travaillais se trouvait une image de saint Joseph
avec l’Enfant-Jésus dans ses bras. J’allais à la messe chaque matin, j’allais
faire chaque soir une heure d’adoration. » Mais sa femme est moins
patiente. « J’entendais chaque jour mon épouse qui murmurait que ces
meubles ne nous apporteraient pas à manger. Les premières fois, je restais
sourd. Un jour que ses murmures augmentaient, je lui répondis que je
travaillais avec saint Joseph. Elle me répondit que saint Joseph ne pouvait pas
nous apporter d’argent comme ça. Ayant toujours aimé la paix, je me suis arrêté
devant mon image de saint Joseph. J’implorai sa puissance auprès de Dieu et lui
demandai de nous apporter le nécessaire. Ma prière terminée, je suis sorti de
mon petit atelier, poussé, inspiré d’aller à telle place... Donc, je dis à ma
femme : “ Prépare-toi. On va y aller. ” Elle me dit :
“ Où veux-tu aller ? ” – “ Qu’importe, prépare-toi ”
On m’a donné un vieux cheval, un vieil harnais, une vieille voiture. Je suis
arrivé chez moi avec cet attelage... Quand mon épouse m’aperçut avec ces
vieilleries, ce qu’il y avait de pire, elle ne voulut pas embarquer. Elle
dit : “ Va chercher une autre voiture, ou bien je n’y vais
pas. ” Je lui dis de mettre son orgueil de côté, car saint Joseph et le
frère André avaient pratiqué tous les deux la vertu d’humilité. J’ajoutai qu’il
fallait avoir une grande confiance, si elle désirait les faveurs de saint
Joseph. Elle s’est soumise immédiatement. Nous sommes partis par un beau temps.
Nous riions tous les deux de notre attelage. Pendant notre voyage, nous avons
même fait allusion à la fuite en Égypte. »
Au bout de trois jours,
après bien des rebuffades, ils revenaient avec... cent dollars et la voiture
pleine de provisions. « Il ne nous restait qu’à remercier frère André et
saint Joseph, et je dois avouer que, depuis ce temps-là, saint Joseph et le
frère André ont enlevé la disette dans ma maison. »
Autre tradition de
l’Oratoire Saint-Joseph, les pèlerinages d’action de grâces, comme par exemple
celui de la paroisse Saint-Joseph-du-Lac, le 7 juin 1933, pour la guérison
miraculeuse d’un de ses fils. Mille paroissiens l’accompagnèrent à l’Oratoire,
dont quatre cents firent à pied le trajet d’une quarantaine de kilomètres,
derrière le porte-bannière de la paroisse âgé de 74 ans ! Il n’y eut que
six abandons.
Ce peuple protégé par
saint Joseph a gardé ou retrouvé les vertus de la Nouvelle-France, qui sont
celles de saint Joseph. À cette époque, le Canada français avait une puissance
conquérante sans proportion sur le monde anglo-protestant. Sans les coups de frein
de la politique de Pie XI, libérale et anglophile, l’Est des États-Unis se
serait converti ; déjà, dans plusieurs États les Franco-américains
commençaient à accéder aux plus hauts postes électifs, de même dans le centre
du pays et en Louisiane, provoquant les réactions anti-catholiques du Ku Klux
Klan. En Acadie comme dans l’Ouest canadien, les minorités franco-catholiques
retrouvaient une certaine vitalité qui tranchait avec la mentalité
états-unienne où l’argent est roi. Ainsi, le Canada-français sous la protection
de saint Joseph réalisait sa vocation originelle d’œuvrer à la conversion du
continent. Il en fut ainsi jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
À Montréal, malgré la
maladie qui empêche de plus en plus souvent le frère André de recevoir les
malades, la fréquentation de l’Oratoire ne baissait pas : les pèlerins
affluaient toujours : 50 000 ouvriers pour la fête du Travail de
1936.
Si la crise avait arrêté
la construction de la basilique, en 1936, elle put reprendre après que le frère
André eut demandé qu’on aille en procession déposer une statue de saint Joseph
dans une basilique... sans toit : « Si saint Joseph veut se couvrir,
il y veillera ». Ce qui fut fait le 4 novembre 1936. Or, de ce jour, les
difficultés financières trouvèrent une solution, et le 27 décembre 1936, tout
était réglé pour la reprise et l’achèvement des travaux.
Le même jour, frère André
attrapa une mauvaise grippe dont il ne se releva pas. Le 31, il était
hospitalisé et le 6 janvier 1937, il rendait sa belle âme à Dieu, mission
accomplie.
Saint Joseph, lui,
continua la sienne. Les funérailles du saint frère furent grandioses, le peuple
se précipita pour le voir une dernière fois, cent dix personnes à la minute, ce
qui représente 100 000 personnes par jour pendant 10 jours et certains
n’ont jamais pu atteindre le corps. Bien qu’il n’y ait pas eu d’embaumement,
trois jours après la mort il paraissait toujours comme endormi. Pendant la
procession ininterrompue des fidèles reconnaissants, il y eut encore des
miracles tandis que les confessionnaux étaient assiégés. Il y eut aussi des
miraculés parmi les personnes qui écoutaient les cérémonies à la radio !
Après la mort du
thaumaturge, tout continua comme avant. La première fête de saint Joseph sans
le frère André rassembla encore 25 000 personnes le 19 mars, et
92 000 durant la neuvaine. Les miracles de saint Joseph
continuaient : par exemple, du 17 janvier au 17 octobre 1937, le
secrétariat enregistra 933 miracles et 6700 faveurs ; de 1941 à
1943, 10 408 miracles. On ouvrit un bureau des constatations sur le
modèle de celui de Lourdes. En 1958, il avait étudié 791 cas et en avait retenu
40.
Pendant la guerre,
l’affluence augmenta encore : 138 000 personnes à la neuvaine de
1942. Durant les années 50, on estime à trois millions par an le nombre de
pèlerins. Le nombre de communions, lui, est précis : 267 000 en
1953, 328 000 en 1955, 397 000 en 1957. Dix mille messes
étaient célébrées chaque année et trente-deux chapelains étaient au service de
l’Oratoire.
L’apothéose de l’affluence
eut lieu le 13 octobre 1960. Ce jour-là, 12 000 personnes debout, serrées
les unes contre les autres, remplissaient la basilique tandis que les abords
étaient noirs de monde. Ils venaient prier Notre Dame de Fatima et attendaient
la révélation du troisième secret... que Jean XXIII refusa de rendre public. On
connaît la suite... l’Église allait devenir cette « grande ville à moitié
en ruines » décrite dans le 3e Secret de Fatima qui ne fut révélé
qu’en juin 2000.
SAINT JOSEPH
OUBLIÉ !
L’Oratoire Saint-Joseph
ne fut pas épargné. À partir de 1962, les chiffres de sa fréquentation baissent
constamment. En 1978, l’année de la mort du pape Paul VI, on n’évaluait plus le
nombre de pèlerins qu’à 525 000, cinq fois moins qu’avant le Concile.
Aujourd’hui... il s’agit surtout de touristes !
Pour la première fois de
son histoire, les portes de l’Oratoire ont été fermées pendant des semaines
durant la pandémie du Covid19. Du jamais vu, même pendant l’épidémie de grippe
espagnole. Mais surtout aucune autorité religieuse n’a pensé à faire prier
publiquement saint Joseph, à organiser un pèlerinage. Non. C’est l’indice le
plus incontestable de la disparition de la foi au Canada.
Que s’est-il passé ?
La révolution conciliaire doublée de la Révolution tranquille ! L’esprit du
monde dominé par l’argent, l’hédonisme, le personnalisme, le culte de l’homme
l’ont emporté sur le culte de Dieu, sur l’idéal de la vie de Nazareth. Même si
aujourd’hui encore des fidèles viennent prier saint Joseph, il est significatif
que plus aucun groupe de pèlerins, sauf celui de la CRC, ne demande à faire le
chemin de croix ; c’était pourtant la dévotion principale du frère André
que lui avait enseignée saint Joseph en personne dans l’église de
Saint-Césaire.
Saint Joseph, patron du
Canada, a présidé à la fondation et à l’essor de Nouvelle-France, il a
accompagné la renaissance catholique de Mgr Bourget avant de briser la vague
d’anticléricalisme et d’impiété du début du XXe, sur le roc de l’Oratoire du
Mont Royal où il manifesta sa bonté et sa puissance. Mais, devant l’actuelle
apostasie des gens d’Église, qui méprisent le Cœur Immaculé de Marie, il ne
veut plus faire de miracles ni protéger qui que ce soit, sinon ceux qui
embrassent cette dévotion que Dieu veut instituer dans le monde.
Ceux-ci, il les reconnaît
facilement : plutôt que de lui demander des faveurs pour eux, ils le
prient d’abord pour que, patron de l’Église universelle, il se tourne vers sa
chaste épouse afin qu’elle touche le cœur du Saint-Père et qu’il se soumette
aux volontés du Ciel révélées à Fatima.
En attendant, la vision
de saint Joseph bénissant le monde dans le ciel de Fatima, le 13 juillet 1917,
suffit à fortifier notre espérance. Viendra bientôt le temps de la renaissance.
Tout pourra être rebâti grâce à la puissance du Cœur Immaculé de Marie, auprès
duquel brillera tout glorieux, le Cœur du saint et puissant patron et
protecteur du Canada, qui convertira ce continent à lui confié.
LA RENAISSANCE
CATHOLIQUE, N° 258 – Décembre 2021. Rédaction : Maison Sainte-Thérèse
SOURCE https://crc-canada.net/liens-utiles/archives-de-notre-bulletin/saint-joseph-patron-du-canada.html
Bartolomé Esteban Murillo (1617–1682). The Holy Family with a Bird, circa 1650, 144 x
188, Museo del Prado
LA
GRANDEUR ET LA GLOIRE DE SAINT JOSEPH
Ubertin
de CASALE (1259-1329?) [1]
Joseph fut grand aussi
dans ses rapports avec le Père du Ciel. Quand le Seigneur choisit quelqu’un en
vue d’une mission particulière, Il donne à cette personne, avec grande
abondance, toutes les grâces qui la formeront et la rendront apte à remplir
cette mission. “Avec vigueur il faut conclure que toutes les vertus,
poussées à leur perfection, se trouvaient rassemblées sur le front de ce si
grand Joseph.”
Enfin, il ne faut pas
oublier qu’en Joseph se réalisèrent les espérances des patriarches de
l’Ancienne Loi. “Seul, il posséda réellement ce que la bonté de Dieu avait
promis aux autres...” Joseph est plus grand que le patriarche Joseph qui
sauva les peuples de la famine, car ”il a fait plus que de fournir aux
Égyptiens le pain de la vie matérielle; en nourrissant Jésus avec un soin très
vigilant, il a donné à tous les élus le Pain des Cieux, source de vie céleste.
“
Pierre
d’AILLY (1350-1420) [2]
Pierre d’Ailly rédigea un
long traité en latin: les douze gloires de Saint Joseph, dans
lequel il disserte sur les motifs de gloire de Saint Joseph, en insistant
particulièrement sur son rôle de témoin de la naissance et de l’enfance du
Christ: la grossesse de Marie, la naissance de Jésus et la venue des bergers
qui “racontèrent des choses admirables sur cet enfant.”
Puis viennent la
Circoncision, l’adoration des mages et l’offrande des présents
mystiques “par lesquels était préfigurés la foi en la Sainte
Trinité.” Ou encore la présentation au Temple pour y accomplir tout
ce qui était prescrit par la Loi de Moïse.
Enfin, et c’est la
douzième gloire, “c’est à Saint Joseph que furent soumis par une humble
obéissance, non seulement la Mère de Dieu, non seulement la Reine et la
Souveraine des anges, mais aussi le Fils de Dieu, le Roi et le Seigneur de
toutes choses, devant qui tout genou fléchit au Ciel, sur la terre et dans les
enfers...
Ô admirable et étonnante
nouveauté! Ô nouvelle et admirable humilité! Le Seigneur soumis à son
serviteur, Dieu humilié devant l’homme, le Seigneur éminent et le Dieu
tout-puissant se soumet et s’humilie devant son humble serviteur. Non pas
suivant sa divinité, mais suivant son humanité, comme le dit l’Apôtre: prenant
la forme d’esclave.”
Cependant, selon Pierre
d’Ailly, la plus grande gloire de Saint Joseph c’est d’avoir nourri par son
travail Jésus et Marie: “O prodige admirable! Il est nourri par le travail
de Joseph celui qui, par sa propre richesse, rassasie les affamés. Par le
travail de Joseph il peut manger son pain sur terre celui qui vit au Ciel sans
aucun besoin et dit:”Je suis le pain vivant descendu du Ciel,” En fait, parce
qu’il est descendu du cCel, il doit être nourri et sustenté sur terre par le
travail de Joseph.”
Saint
BERNARDIN de SIENNE(1380-1444)
Saint Bernardin de
Sienne, fils de Saint François, prédicateur de grand talent, fut un ardent
apôtre de Saint Joseph. Saint Bernardin de Sienne, à la suite d’Ubertin de
Casale, estime que “c’est une règle universelle, pour toutes les grâces
accordées à quelque créature raisonnable, que lorsque la bonté divine
choisit quelqu’un pour l’honorer d’une grâce singulière ou l’élever à un état
sublime, toujours elle accorde à cet élu tous les dons qui sont nécessaires à
sa personne et à l’accomplissement de sa mission, et elle l’orne libéralement
de ces dons... Ce principe s’est surtout vérifié en Saint Joseph...”
Pour Bernardin de Sienne,
la gloire de Saint Joseph peut se résumer en trois mots clés:
– sa nature, car Joseph est de race royale, descendant de David,
– -son état de
grâce, en raison de ses relations avec Marie (union matrimoniale, cohabitation
avec la toute Sainte et les services qu’il lui rendait),
– son état de grâce en raison de ses relations avec le Christ qui le
conduit à une grande pureté de vie, à une foi très vive, et à une très ardente
charité.
Écoutons encore Saint
Bernardin de Sienne: “Elevons nos pensées au ciel pour y découvrir le
faîte de la gloire de Saint Joseph... On ne peut douter que Jésus-Christ qui,
pendant sa vie mortelle, non content d’avoir admis Joseph à une intime
familiarité, lui rendait encore le respect et l’obéissance qu’un fils doit à
son père, ne lui ait conservé dans le Ciel ces sublimes prérogatives, qu’il ne
les ait même admirablement augmentées et perfectionnées... Si le Dieu Sauveur a
voulu, pour satisfaire sa piété filiale, glorifier le corps aussi bien que
l’âme de la très Sainte Vierge au jour de son Assomption, l’on peut et l’on
doit croire pieusement qu’il n’en a pas moins fait pour Joseph, si grand entre
les saints... Ainsi, cette Sainte Famille, qui avait été unie sur la terre dans
les souffrances de la vie et dans les liens de l’amour et de la grâce, règne
maintenant en corps et en âme dans l’amour et dans la gloire des cieux.”
Saint Bernardin de Sienne
écrit aussi, à propos de la gloire de Saint Joseph: “Je le crois, ce Saint
Joseph fut l’homme le plus pur en sa virginité, le plus profond en humilité, le
plus ardent en amour de Dieu et en charité, ainsi que très élevé en
contemplation. “ [3]
Et puis: “l’Église
entière doit une reconnaissance et une vénération singulière à Saint Joseph. Il
est comme la clé de l’Ancien Testament, car c’est en lui que le mérite des
Patriarches et des Prophètes a atteint le terme de ses espérances. Seul il
possède réellement ce que la bonté divine promit à ses justes des temps
anciens. Il est donc figuré avec raison par ce Patriarche Joseph, qui conserva
le froment aux peuples. Cependant il le surpasse, car il a fait plus que
fournir aux égyptiens le pain de la vie matérielle; en nourrissant Jésus avec
un soin très vigilant, il a procuré à tous les élus le Pain du Ciel qui
donne la vie céleste.” [4]
Il convient d’ajouter
que, pour saint Bernardin de Sienne, il ne fait pas de doute que Saint Joseph a
été glorifié dans son âme et dans son corps.
Le
Cardinal de BERULLE (1575-1629)
Bérulle, fondateur en
France, de la Congrégation de l’Oratoire, exerça sur la spiritualité française
une influence décisive. Il introduisit en France le Carmel réformé de Sainte
Thérèse et adopta sa grande dévotion envers Saint Joseph.
Le Cardinal de Bérulle a
peu écrit sur Saint Joseph. Toutefois, dans son ouvrage, “Les grandeurs de
Jésus” , on peut lire, dans le discours XI sur la seconde naissance de
Jésus:
“La naissance intérieure
de Jésus (à Nazareth) se passe sans éclat et sans bruit au
monde, se passe entre le Saint-Esprit, l’Ange et la Vierge, en
l’intime de son coeur, au secret de son sein, au cabinet de Nazareth,
tout le reste de la terre ignorant ce mystère, et Joseph même, qui toutefois
est un ange en la terre, choisi en la terre pour être le seul participant à ce
grand conseil, le tuteur du Fils, l’époux de la Mère, le chef de la famille et
de la maison du Père Éternel en la terre, comme étant établi de Dieu en la
puissance et principauté, et son lieutenant sur la partie la plus noble de son
État et de son empire; car le plus noble empire du Père Éternel, c’est Jésus et
Marie, et Joseph a puissance sur l’un et sur l’autre par le vouloir du
Père. Et toutefois cet ange, ce prince, cet époux, ce tuteur du Fils et de la
Mère de Dieu, n’est point appelé au secret de cette naissance intérieure de
Jésus. Secret qui adore le secret de la naissance éternelle, comme la résidence
intime du Fils en la Mère par cette naissance intérieure, va adorant la
résidence intime du Fils au Père par la naissance divine.”
Jean-Jacques
OLIER (1608-1657)
Jean-Jacques Olier,
fondateur de la Compagnie des Prêtres de Saint Sulpice, parlant de Saint
Joseph, s’exprime en ces termes: “Il faut considérer Saint Joseph comme la
chose du monde la plus grande, la plus célèbre, la plus incompréhensible, et
par proportion comme Dieu le Père caché et invisible en sa personne et
incompréhensible dans son être et dans sa perfection... A mon sens, ce saint
est hors d’état d’être compris par les esprits des hommes... L’excellence de ce
grand homme est incomparable.” [5]
Jean-Jacques Olier,
voulant honorer Saint Joseph, n’a pas hésité à écrire: [6]
“Le Fils de Dieu s’étant
rendu visible en prenant une chair humaine, il conversait et traitait
visiblement avec Dieu son Père, voilé sous la personne de Saint Joseph, par
lequel son Père se rendait visible à lui. La très Sainte Vierge et Saint Joseph
représentaient tous les deux ensemble une seule et même personne, celle de Dieu
le Père. C’étaient deux représentations sensibles de Dieu, deux images sous
lesquelles il adorait la plénitude de son père, soit dans sa fécondité
éternelle, soit dans sa Providence temporelle, soit dans son amour pour ce Fils
lui-même et son Église. C’était là comme le saint oratoire de Jésus-Christ et
l’objet sensible de toute sa dévotion... Il y voyait une figure vivante,
spirituelle et divine de toutes ses grandeurs et de ses perfections. Il voyait
en Joseph les secrets de son Père; il entendait par la bouche de ce grand Saint
la parole même de son Père, dont Saint Joseph était l’organe sensible.”
Car Saint Joseph est
incontestablement le modèle accompli de toute paternité humaine. “Si Dieu
le Père a pris ce Saint pour être l’idée et le caractère de ses perfections;
s’il a rendu visible en lui ce qui était caché en son essence de toute
éternité, s’il l’a choisi pour en faire l’image de sa sainteté, quelle idée
doit-on se former de Saint Joseph? Dieu lui donne avec abondance son esprit de
Père; il exprime sensiblement en lui toutes ses perfections divines, sa
sagesse, sa prudence, son amour, sa miséricorde; il en fait le caractère de
toutes ses beautés. Enfin, comme Dieu le Père est invisible en sa personne, et
même incompréhensible dans son être et dans ses productions, de là vient que,
s’étant choisi ce Saint pour qu’il fut son image en terre, il l’a rendu comme
invisible et caché à nos esprits et, à mon sens, hors d’état d’être compris par
les hommes.” [7]
Pour louer les grandeurs
de Saint Joseph, J.J. Olier devient lyrique:
“Quel objet amoureux pour
Jésus-Christ! Quel objet de complaisance! Quel sujet d’exercer ses amours! Que
de caresses et que de sentiments d’amoureuse tendresse! O Grand Saint, que vous
êtes heureux de fournir une si belle matière à l’amour de Jésus! O Dieu, que de
regards d’amour et que de complaisance! Bonté de mon Jésus! que Vous êtes
content d’avoir devant les yeux de quoi satisfaire vos amours! Heureux Joseph!
Heureux Jésus! Heureux Joseph, de fournir à Jésus le plus juste sujet de ses
délices! Bienheux, ô Jésus, de trouver en Joseph l’objet de vos saintes complaisances!
Les yeux de votre esprit voient en lui une image sensible de sa beauté, si bien
qu’en lui tout seul vous trouvez votre parfait contentement.”
En Joseph et Marie, Jésus
voyait la personne et les perfections de Dieu le Père. Marie et Joseph voyaient
en Jésus le Verbe de Dieu: “C’était un Ciel, un paradis sur la terre;
c’étaient des délices sans fin dans ce lieu de douleurs, l’abondance de tous
les biens de la terre au sein de la pauvreté; c’était une gloire commencée dans
la vileté, (sic), l’abjection et la petitesse de leur vie.
Ô Jésus, je ne m’étonne
pas si vous demeurez trente ans dans cette heureuse maison sans quitter Saint
Joseph... Dans la maison de Joseph qui est aussi celle de Marie, vous trouvez
les objets les plus délicieux de votre joie, les saintes sources de votre
vie...
Qui pourrait dire
l’excellence de notre Saint, le grand respect que Notre-Seigneur avait pour lui
et l’amour fort que la Sainte vierge lui portait; Jésus-Christ regardant en lui
le Père éternel comme son Père, et la Très Sainte Vierge considérant en sa
personne le même Père éternel comme son Époux.”
Et pour conclure, parlant
de la vie si humble et si cachée de Jésus à Nazareth, J.J. Olier ne craint pas
d’écrire: “Jésus ne refuse pas cette ignominie, il veut bien que cette injure
soit ajoutée à toutes les autres qu’il a souffertes, pourvu qu’en se cachant
avec Joseph et avec l’heureuse Marie, il nous apprenne par ce grand exemple,
que s’il se produit quelque jour au monde, ce sera par le désir de nous
profiter, et pour obéir à son Père; qu’en effet toute la grandeur consiste à
nous conformer aux ordres de Dieu, de quelque sorte qu’il lui plaise de
disposer de nous; et enfin, que cette obscurité que nous craignons tant, est si
illustre et si glorieuse qu’elle peut être choisie même par un
Dieu.” [8]
Pierre Floeur, oratorien,
cité par Éphraïm [9] contemple
les grandeurs de Saint Joseph choisi “pour être, en la terre,... le tuteur
du Fils, l’époux de la Mère, le chef de la famille et de la maison du Père
Éternel en la terre... comme étant établi de Dieu en puissance et principauté,
et son lieutenant sur la partie la plus noble de son État et de son empire; car
le plus noble empire du Père Éternel c’est Jésus et Marie, et Joseph a
puissance sur l’un et sur l’autre par le vouloir du Père.”
Louis d’Argentan va
encore plus loin quand il contemple les grandeurs de Saint Joseph, associées
aux grandeurs de Marie. Il écrit: “Pour moi, quand je regarde un Dieu
entre deux personnes humaines, Jésus entre Marie et Joseph, j’adore ce profond
mystère et je pense voir les deux chérubins qui étaient sur l’Arche
d’alliance... étendant leurs ailes pour couvrir, chacun de son côté, le
propitiatoire qui était la partie supérieure de l’Arche où Dieu se plaisait à
rendre ses oracles...”
Je ne pense pas me
tromper quand je dirai que le vrai propitiatoire, dont l’ancien n’était que la
figure, c’est Jésus-Christ... Marie et Joseph, liés ensemble par le lien d’un
sacré mariage sont les deux chérubins qui couvrent le propitiatoire avec leurs
ailes. L’un et l’autre tendaient les bras, et se donnaient les mains pour la
protection, le soutien, la garde et le service de l’Enfant-Jésus. L’un et
l’autre n’avaient des yeux que pour lui, et des coeurs que pour l’aimer
uniquement; et, sans se regarder directement l’un l’autre, ils se voyaient
toujours en lui comme dans le miroir de la divinité dans lequel tous les
bienheureux se connaissent et s’aiment très parfaitement.”
Le dessein de Bossuet
lorsqu’il prononça ses deux sermons Depositum
custodi et Quaesivit sibi Deus était de les consacrer aux
louanges de Saint Joseph, en s’appuyant sur une doctrine solide tirée des Écritures
et des Pères de l’Église. Il présenta ainsi, à ses auditeurs, “ce grand
Saint comme un homme que Dieu choisit parmi tous les autres, pour lui mettre en
mains son trésor et le rendre ici-bas son dépositaire... C’est la gloire de
Joseph que Dieu ait fait de lui le dépositaire, non seulement de la
bienheureuse Marie... mais encore de son propre Fils, l’unique objet de ses
complaisances et l’unique espérance de notre salut.... Si bien que la maison de
Joseph paraît un temple, puisqu’un Dieu y daigne habiter et s’y est mis
lui-même en dépôt, et Joseph a dû être consacré pour garder ce sacré trésor.”
Si Bossuet découvre dans
les Évangiles trois dépôts confiés au juste Joseph, il y trouve aussi trois
vertus qui les accompagnent.
“Le premier de tous les
dépôts... c’est la sainte virginité de Marie.” Et pour garder la virginité
de Marie sous le voile du mariage, Joseph fut doté de la pureté angélique, qui
paraît par sa continence, et“qui peut en quelque sorte, répondre à la pureté de
sa chaste épouse.”
“Le deuxième dépôt, le
plus auguste, c’est la personne de Jésus-Christ que le Père céleste dépose en
ses mains, afin qu’il serve de père à ce Saint Enfant...“ La vertu
nécessaire pour garder ce dépôt, c’est la fidélité, “une fidélité
inviolable, qui ne puisse être ébranlée par aucun péril.”
“ Le troisième dépôt,
c’est le secret admirable, l’Incarnation du Fils de Dieu. Car, c’est un conseil
de Dieu, de ne pas montrer Jésus-Christ au monde jusqu’à ce l’heure en fût
arrivée. et Joseph a été choisi, non seulement pour le conserver, mais
encore pour le cacher.” La troisième vertu qui accompagne ce dépôt,
c’est l’humilité.
Un jour on découvrira les
merveilles de la vie cachée de Saint Joseph. “Ah! sans doute il n’est pas
de ceux qui ont reçu leur récompense en ce monde: c’est pourquoi il paraîtra
alors, parce qu’il n’a pas paru; il éclatera parce qu’il n’a point éclaté. Dieu
réparera l’obscurité de sa vie; et sa gloire sera d’autant plus grande qu’elle
est réservée pour la vie future.”
Saint
Louis-Marie GRIGNON de MONTFORT (1673-1716)
Saint Louis-Marie Grignon
de Montfort, l’apôtre de la Vendée et de l’Ouest de la France, n’a écrit qu’un
seul cantique sur Saint Joseph, le patron que nous devons choisir pour obtenir
la divine sagesse. Tout l’art de Montfort est de brosser, en quelques phrases,
toute la grandeur de Saint Joseph.
Chantons
un cantique en l’honneur
De Saint Joseph, le protecteur
Et l’époux de Marie.
L’humble Joseph est peu connu.
Aucun ici-bas ne l’a vu,
Mais il ravit les bienheureux.
Que la terre s’unisse aux cieux,
Que tout le glorifie!
Grand
Saint, Dieu n’a trouvé que vous
Qui fut digne d’être l’époux
De sa Mère admirable.
Époux de la Reine des Cieux,
Ce privilège est merveilleux;
Le témoin de sa sainteté,
Le gardien de sa pureté,
Ô gloire incomparable!
Le Père Éternel vous a pris
Pour nourrir ici-bas son Fils,
pour être son vicaire.
...............................
Si trois mots de Marie ont pu
Sanctifier par leur vertu
Saint Jean avec sa Mère,
Que n’auront point produit en vous
Ses discours si saints et si doux!
Ses paroles vous ravissaient,
Sa présence vous remplissait
De grâce et de
lumière.
Réponse de Saint
Joseph :
Tâchez d’être en tout le dernier,
De vous cacher et dilater
En Jésus et Marie!
Cherchez ce que le monde fuit,
Et fuyez tout ce qu’il poursuit.
Ne vous réglez que par la foi,
Afin d’être heureux avec moi
En imitant ma vie.
Prière à Saint
Joseph :
Saint
Joseph soyez mon patron
Pour m’obtenir un très grand don:
La divine Sagesse!
Pour rendre gloire à mon Sauveur,
Pour convertir l’homme pécheur,
Pour aider les pauvres petits,
Pour terrasser mes ennemis.
La Charité vous presse. [11]
Saint
Léonard de PORT-MAURICE (1676-1751)
Que peut-on dire de plus
d’un homme sinon qu’il possède toutes les vertus à leur niveau le plus élevé?
C’est ce qu’exprime Saint Léonard de Port-Maurice quand il s’adresse aux plus
grands saints de la terre: “... Et vous, thaumaturges... sachez que toutes
vos prérogatives si nobles ne peuvent vous égaler à Saint Joseph; car ces
privilèges et ces vertus qui vous ont été distribuées par parties, Joseph
les a possédées tous, et dans un degré parfait. Tombez donc à ses pieds,
prophètes, patriarches, apôtres, martyrs, thaumaturges, vous tous grands du
cCel et de la terre...”
Citant Saint Thomas
d’Aquin qui présente les trois plus grandes choses que Dieu ait faites pour
nous: l’humanité de Jésus, cause de son union hypostatique avec le Verbe, la
gloire des élus, et l’incomparable Mère de Dieu, Saint Léonard de Port-Maurice
ajoute: “Vous pouvez ajouter, à la gloire de Joseph, que Dieu ne peut
faire un père plus grand que celui qui a Dieu pour fils.”
Saint
Alphonse de LIGUORI (1696-1787)
Il existe un autre titre
de gloire pour Saint Joseph, et c’est peut-être le plus grand: Jésus, le Verbe
de Dieu lui obéit. Écoutons Saint Alphonse de Liguori. “L’exemple seul de
Jésus-Christ qui, sur la terre, voulut faire preuve de tant de respect et d’obéissance
envers Saint Joseph, devrait nous animer tous à être de fervents zélateurs de
la dévotion envers ce grand Saint... Pendant tout ce temps, ce fut à Joseph de
commander, comme étant établi chef de cette petite famille... Cette humble
obéissance de Jésus-Christ fait connaître que la dignité de Joseph est
supérieure à celle de tous les saints, excepté celle de sa Mère.”
Dom
Prosper GUÉRANGER (1805-1875)
Sans compter les
avertissements célestes, et la présence constante, à ses côtés, de la Reine des
anges. “Non jamais aucun homme, en ce monde, ne pourra pénétrer toutes les
grandeurs de Joseph.”
Quel souverain et tendre
respect pour Marie votre épouse! quelle reconnaissance et quelles adorations
pour Jésus, votre enfant soumis! Ô mystère de Nazareth! Dieu habite parmi les
hommes, et il souffre d’être appelé le fils de Joseph!”
Dom
Bernard MARÉCHAUX (1849-1927)
Dom Bernard Maréchaux,
bénédictin fondateur de l’Abbaye Notre-Dame de la Sainte Espérance, estime que
Saint Joseph fut constamment conduit par l’Esprit-Saint: “Nous estimons
que Saint Joseph fut enrichi, dès le commencement de son existence, d’une grâce
exceptionnelle, germe de sa sainteté transcendante. Cette grâce était en
rapport avec les qualités d’époux de la Sainte Vierge et de père adoptif du
Fils de Dieu, qui devait lui appartenir en propre. Elle comportait, dit Saint
Bernardin, une très éclatante pureté, une très profonde humilité, une très
ardente charité, une vigilance pleine de zèle... Dès l’éveil de sa raison,
prévenu par une grâce très puissante, il dut sentir l’emprise du Dieu
tout-puissant sur son âme, et marcha, dès lors, en la présence du Seigneur,
rempli d’un esprit de crainte que tempérait une onction suave...
Sans aucun doute l’âme de
Saint Joseph fut créée par le Saint-Esprit plus large et plus profonde encore
que l’âme de Salomon, parce qu’il voulait y faire rayonner Marie, la créature
idéale et le Verbe de Dieu Incarné...
Admirons le travail
intérieur du Saint-Esprit en Saint Joseph, et comment il épanouissait en lui la
richesse de ses dons sacrés. Admirons l’incomparable docilité de Joseph, disciple
du Saint-Esprit. Aucune résistance, même la plus légère, ne contrarie en lui
l’opération de l’Esprit de vérité et d’amour.” [12]
Le R.P. Albert BESSIÈRE
(1877-1952), jésuite, présente Saint Joseph comme le “grand moule” de
Dieu :
D’abord par le
physique:“Même physiquement! C’est une théorie développée par maints ascètes
que Jésus ressemblait à Joseph. Ne descendaient-ils pas tous deux du même
ancêtre David? De plus, cette ressemblance de traits, d’attitudes, servait les
desseins divins. Jésus devait paraître fils de Joseph...”
Et par
l’autorité: “Joseph est le Chef incontesté. L’ordre de préséance, toujours
respecté, est à l’inverse de l’ordre d’excellence. Ainsi est affirmé le
principe hors duquel toutes les sociétés sombrent dans l’anarchie:
l’autorité se fonde sur un mandat divin, non sur une supériorité de force ou de
talent perpétuellement remise en question par les hommes ou les évènements.”
Et par le
pouvoir, “car le pouvoir est un service, une charge plus qu’un honneur.
l’humilité est donc nécessaire encore plus au maître qu’au sujet.” [13]
Chanoine
Maurice BOUVET (1880-1948)
On pourrait citer encore
le Chanoine Maurice Bouvet qui s’attarde sur la grandeur de Saint Joseph qui
est là,“dans la collaboration à l’oeuvre de la Rédemption: très humble
collaboration, en vérité, aussi humble que celle du frère lai à la haute vie
mystique du monastère, comme elle, toute matérielle, mais comme elle nécessaire
et autant sainte aux yeux de Dieu...” ou sur la richesse et la
profondeur du culte que l’on doit rendre à Saint Joseph.
Le T.R.P. BUZY (1883-
?) ayant longtemps vécu en Palestine a imaginé ce qu’a pu être la vie
quotidienne du charpentier Joseph. Il s’est aussi beaucoup plu à décrire la
dignité de ses fonctions. “S’il s’agit de la dignité des fonctions,
pourrions-nous hésiter à mettre Joseph au-dessus de tous les autres saints. Car
Joseph n’a pas eu à collaborer à l’oeuvre du Christ de son vivant ou après sa
mort: il a été chargé de veiller sur la personne même du Rédempteur. Après la
dignité de Mère de Dieu, il n’y a jamais eu sur la terre dignité plus haute.”
Et le Père Busy
d’expliquer pourquoi Saint Joseph est au-dessus de tous les saints:
– plus grand et plus saint que Saint Pierre, la pierre sur laquelle fut
bâtie l’Église de Jésus: “parce que si Pierre supporte l’édifice, Joseph a
porté dans ses bras le fondateur même de l’Église.”
– plus grand et plus saint que Saint Paul à qui il fut découvert des
mystères très élevés, parce que “Joseph vécut près de trente ans dans
l’intimité de Jésus et dans la contemplation permanente des mystères de
l’Homme-Dieu.”
– plus grand et plus saint que Saint Jean qui reposa une seule fois
sa tête sur la poitrine de Jésus, parce que maintes et maintes fois Joseph a
perçu contre son coeur les battements de ce petit coeur d’enfant.”
– plus grand et plus saint que Saint Jacques “qui fut mis à mort pour
la foi de son Maître, parce que Joseph n’a cessé de donner sa vie, son sang,
son temps, sa peine, pour élever l’auteur et le consommateur de la foi.”
– plus grand et plus saint que les apôtres qui répandirent de par le
monde, le nom de Jésus “tandis que Joseph a le premier décerné à son
fils ce nom adorable que les autres n’ont pu que propager.”
– plus grand et plus saint que les évangélistes qui ont écrit l’histoire
“que lui, Joseph, a eu le privilège d’aider à composer et à vivre.”
– plus grand et plus saint que Jean le Précurseur qui a marché devant le
Messie, “tandis que lui, Joseph, il a vécu avec lui et à côté de lui, dans
l’intimité et la douceur de la vie familiale...”
La règle généralement
admise est que la grâce est proportionnée à la vocation; “Cette exigence
intrinsèque s’impose surtout dans une vocation et un ministère tels que ceux de
Saint Joseph. Le ministère étant suprême, la grâce dut l’être aussi... et s’il
fut saint dès l’origine, que ne durent pas être par la suite ses progrès dans
la sainteté, au contact de Jésus?”
Joseph fut doté des plus
belles vertus, foi, espérance, charité, prudence, justice, force, tempérance,
pauvreté, chasteté, humilité, obéissance, paix, joie, plus les dons du
Saint-Esprit. “Et nous ne voyons pas que personne se soit jamais avisé de
comparer Saint Joseph à un autre saint, encore moins de le mettre au-dessous de
quelqu’un pour la grâce sanctifiante.” [14]
Nous ne pouvons pas
entrer dans l’Évangile sans entrer chez Joseph, l’héritier des Patriarches,
sans rencontrer Joseph. C’est par Joseph que nous pénétrons dans l’intimité de
Marie, son épouse. C’est à Joseph que l’Ange s’adresse comme chef de la Sainte
Famille. C’est Joseph qui fut investi de l’autorité que respectèrent de la
manière la plus parfaite, Jésus, et Marie. Et puis, “osons le dire, Jésus
marquait tellement sa déférence à l’égard du chef de famille, à l’égard du
Patriarche Joseph, qu’il fallut que Joseph fût appelé dans l’au-delà pour que
le Christ apparût aux hommes, en pleine lumière. En présence de Joseph, il
n’était que son petit enfant, que son fils.” [15]
Et
quand Jésus parle Lui-même de Saint Joseph
Il est exceptionnel
d’entendre Jésus parler de son père adoptif. Aussi le texte qui suit est-il
particulièrement précieux. Il est extrait du livre intitulé “MANDURIA,
Jésus, Roi de la Révélation, Marie, Vierge de l’Eucharistie, parlent à
Débora” [16]. Jésus
parle à la voyante Débora :
“Que dire de mon père
terrestre, Joseph, l’homme le plus cher à mon Sacré Coeur? Il fut mon père
adoptif et celui de l’humanité, en m’éduquant, Moi, qui rendis la dignité
royale à l’homme, et en me tenant serré dans un embrassement continuel sur le
chemin de la vie, hérissé d’embûches et fatigant.
J’ès-Haut, mais
humaineétais le Fils du Trment je fus le sien et je l’aimais au point de
pleurer lors de sa dernière heure, et aussi parce que je savais l’importance de
sa présence auprès de ma sainte Mère qui allait se préparer à un veuvage
d’autant plus grand et plus douloureux.
Homme juste parmi les
justes, travailleur, patient, doucement prévenant dans ses silences, à
l’esprit sage et prévoyant. Il fut choisi pour coopérer à l’oeuvre de la
Sainte Rénovation prédite par les prophètes de tous les temps. Personne
ne fut plus digne que lui d’assister le Fruit de Dieu chez Marie, ma Mère. Si
elle fut pleine de grâce, Joseph était rempli de la force de l’Esprit-Saint,
par qui il se laissait docilement guider, sans objection ni réticence, et qui
le conduisit à une haute sainteté.
Ainsi donc, je vous le
donne comme modèle, parents d’aujourd’hui, si vous croyez à la sainteté du
mariage et à l’indissolubilité de ce sacrement.” [17]
[1] ”Arbor
vitae crucifixae Jesu” Livre II, ch. VI “La fuite en Égypte” de
Ubertin de Casale. Cité par Mgr Villepelet dans “Les plus beaux textes sur
Saint Joseph” - Éditions du Vieux Colombier (1959)
[2] Cité
par Mgr VILLEPELET
[3] Cité
par Mrg VILLEPELET dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”
[4] Cité
par Mrg VILLEPELET dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”
[5] Cité
dans ”Saint Joseph patron des communautés religieuses” par le
Chanoine LAMOTHE-TENET. Editeur J. MARTEL ainé, Imprimeur de N.S.P. le
Pape. Montpellier (1879)
[6]
Jean-Jacques OLIER- Opuscule intitulé “Les Grandeurs de Saint Joseph:”
[7] J.J.
OLIER - Cité par Éphraïm
[8] Jean-Jacques
OLIER - Cité par André DOZE dans Joseph, ombre du Père
[9] Éphraïm “Joseph,
un père pour le nouveau millénaire” Éditions des Béatitudes
[10] Cité
par Éphraïm dans “Joseph, un père pour le nouveau
millénaire” Éditions des Béatitudes
[11] Cité
par Mrg Villepelet dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”
[12] Cité
par Mrg VILLEPELET dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”
[13]
Cité par Mrg VILLEPELET dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”
[14] Cité
par Mrg VILLEPELET dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”
[15] Mystère
de la paternité de Saint Joseph de D.J. LALLEMENT - Éditions TÉQUI
[16] “MANDURIA,
Jésus, Roi de la Révélation, Marie, Vierge del’Eucharistie, parlent à
Débora” Éditions du PARVIS
[17] On
peut croire ou ne pas croire aux révélations privées, surtout si elle
sont contemporaines. Il aurait cependant été dommage de se priver d’un tel
témoignage.
Paulette
LEBLANC, Saint Joseph, qui es-tu ?
SOURCE : http://voiemystique.free.fr/saint_joseph_08_2.htm#_ftn5
Julius
Schiller: "Coelum Stellatum Christianum", 1627, Image 34: Saint
Joseph
Placez vous sous la
protection de saint Joseph avec cette très belle dévotion
Philip
Kosloski | 16 janvier 2019
Parmi les nombreuses
dévotions à saint Joseph, il existe celle dite des "Cinq psaumes",
que l’on trouve dans un recueil de prières du début du XIXe siècle intitulé
Raccolta. Dite avec confiance, elle assure "la protection efficace de
saint Joseph dans la vie".
C’est une coutume que
l’on doit au pape Pie VII. En 1809, le successeur de Pierre autorise la prière
des « Cinq psaumes » afin « d’encourager les chrétiens à
pratiquer cette dévotion à saint Joseph pour qu’ils obtiennent sa protection
efficace dans la vie, mais plus encore dans la mort ». Il s’agit pour cela
de dire les antiennes et psaumes suivants, dans l’intention d’honorer saint
Joseph.
Première
antienne : Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qui
est appelé Christ.
Psaume 99 (Acclamez le
Seigneur, terre entière)
Répéter : Joseph,
l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qui est appelé Christ.
Deuxième
antienne : C’était Joseph, de la maison de David et cette Vierge
s’appelait Marie.
Psaume 46 (Tous les
peuples, battez des mains)
C’était Joseph, de la
maison de David et cette Vierge s’appelait Marie.
Troisième
antienne : Joseph, son mari, étant juste, et ne voulant pas la
déshonorer.
Psaume 128 (Que de mal
ils m’ont fait dès ma jeunesse)
Joseph, son mari, étant
juste, et ne voulant pas la déshonorer.
Quatrième
antienne :Joseph, fils de David, ne craignez point de prendre Marie pour
votre épouse.
Psaume 80 (Criez de joie
pour Dieu, notre force)
Joseph, fils de David, ne
craignez point de prendre Marie pour votre épouse.
Cinquième antienne : Joseph,
s’étant éveillé, fit ce que l’Ange lui avait ordonné.
Psaume 86 (Elle est
fondée sur les montagnes saintes)
Joseph, s’étant éveillé,
fit ce que l’Ange lui avait ordonné.
Puis conclure par cette
prière :
V/ Le Seigneur l’a établi
sur sa maison,
R/ Et lui a donné
l’autorité sur tout ce qu’Il possède.
Prions. Ô Dieu, qui
par une providence ineffable, avez daigné choisir le bienheureux saint Joseph
pour être l’époux de votre très sainte Mère ! Faites que nous méritions d’avoir
pour intercesseur dans le ciel ce grand patriarche, que nous honorons sur la
terre comme notre protecteur. Vous qui étant Dieu, vivez et régnez avec votre
Fils dans l’unité du Saint-Esprit pour les siècles des siècles. Amen.
Enfin, une hymne vient
clôturer cette dévotion, dont voici le premier couplet :
Ô vous, qui soupirez
après les dons célestes, sans pouvoir obtenir les grâces que vous sollicitez !
Invoquez le nom de Joseph, et implorez humblement son assistance.
Cette dévotion à saint
Joseph est assez peu connue. N’hésitez pas à la prier pour vous inspirer de son
exemple et invoquer son aide : c’est un excellent intercesseur auprès de
Dieu.
Bartolomé Esteban Murillo (1617–1682),
La Sainte Famille, circa 1660, 186 x 155, basilique Saint-Étienne de Pest
« Saint Joseph » selon
Saint Josémaria Escriva
Sermons
- Homélie - Méditations
Voici quelques réflexions
sur Saint Joseph, sa jeunesse, sa chasteté, son métier, … de Saint
Josémaria Escriva de Balaguer (1902-1975), Fondateur de l'Opus
Dei pour promouvoir chez les hommes et les femmes de tous les milieux
sociaux, un engagement personnel à suivre le Christ, à aimer son prochain et à
rechercher la Sainteté dans la vie quotidienne… comme Saint Joseph pour les
hommes !
Saint Josémaria
Escriva : « Pour vivre la vertu de la chasteté, il n'est pas
nécessaire d'attendre d'être vieux ou de manquer de force »
« Je ne suis pas
d'accord avec l'iconographie classique qui représente saint Joseph comme un
vieillard, même si elle s'explique par l'excellente intention de mettre en
valeur la virginité perpétuelle de Marie. Moi, je me l'imagine jeune, fort,
avec quelques années de plus que la Vierge peut-être, mais dans la plénitude de
l'âge et des forces humaines. Pour vivre la vertu de la chasteté, il n'est pas
nécessaire d'attendre d'être vieux ou de manquer de force. La chasteté naît de
l'amour et, pour un amour pur, la force et la joie de la jeunesse ne sont pas
un obstacle. Saint Joseph était jeune, de cœur et de corps, quand il épousa
Marie, quand il connut le mystère de sa Maternité divine et vécut près d'Elle,
en respectant l'intégrité que Dieu voulait léguer au monde comme un signe de
plus de sa venue parmi les créatures. Qui ne sait pas comprendre un tel amour
est bien ignorant de ce qu'est l'amour véritable, et méconnaît le sens chrétien
de la chasteté ».
Saint Josémaria
Escriva : « La figure de Saint Joseph dans
l'Évangile »
« La Sainte Ecriture
nous dit que Joseph était artisan ; plusieurs Pères de l'Eglise ajoutent
qu'il était charpentier, et saint Justin, en parlant de la vie de travail de
Jésus, affirme qu'il faisait des charrues et des jougs. C'est peut-être en se
fondant sur ces dires que saint Isidore de Séville en conclut qu'il était
forgeron. De toute façon, c'était un artisan qui travaillait au service de ses
concitoyens et dont l'habileté était le fruit d'années de durs efforts. La
forte personnalité humaine de Joseph se détache des récits évangéliques :
il n'apparaît jamais comme un homme timide ou craintif devant la vie ; il
sait au contraire faire face aux problèmes, sortir des situations difficiles et
assumer avec responsabilité et initiative les taches qui lui sont confiées.
Joseph, nous l'avons dit, était un artisan de Galilée, un homme comme tant
d'autres. Et que peut attendre de la vie un habitant d'un village perdu comme
Nazareth ? Rien d'autre que le travail, jour après jour, et toujours avec
le même effort ; et, à la fin de la journée, une maison petite et pauvre,
pour y refaire ses forces et recommencer sa tâche le jour suivant. Joseph était
en effet un homme ordinaire, auquel Dieu fit confiance pour accomplir de
grandes choses. Il sut vivre comme le Seigneur le lui demandait tous les
événements qui composèrent sa vie, et c'est pourquoi la Sainte Écriture loue
Joseph en disant qu'il était juste. Pour un Hébreu, juste veut dire pieux,
serviteur irréprochable de Dieu, fidèle à la volonté divine ; d'autres
fois, juste veut dire bon et charitable avec le prochain. En un mot, le juste
est celui qui aime Dieu et démontre cet amour en accomplissant ses
commandements au service de ses frères, les hommes. Les œuvres de l'Amour sont
toujours grandes, même s'il s'agit de choses qui semblent de peu
d'importance... Le Seigneur nous apprend que tout a de l'importance : les
actions que notre vision humaine nous fait juger grandes, ou celles pour
lesquelles, en revanche, nous avons peu d'estime ».
Saint Josémaria
Escriva : « Sanctifier le travail, se sanctifier dans le
travail, sanctifier par le travail »
« Vous devez vous
sanctifier, en aidant en même temps à la sanctification des autres, vos égaux,
en sanctifiant précisément votre travail et votre milieu : cette
profession ou ce métier qui occupe vos journées, qui donne à votre personnalité
humaine sa physionomie particulière, qui est votre manière d'être dans le
monde, ce foyer, cette famille qui est la vôtre, ce pays où vous êtes nés et
que vous aimez. Le travail est l'inévitable compagnon de la vie de l'homme sur
terre. Il s'accompagne d'effort, de lassitude, de fatigue, manifestations de la
douleur et de la lutte, qui font partie de notre vie présente et qui sont les
signes de la réalité du péché et de la nécessité de la Rédemption. Mais le
travail en soi n'est ni peine, ni malédiction, ni châtiment. Ceux qui le
prétendent n'ont pas bien lu la Sainte Écriture. Il est temps que nous, les
chrétiens, nous proclamions bien haut que le travail est un don de Dieu, et
qu'il n'est pas sensé de diviser les hommes en diverses catégories selon le
travail qu'ils réalisent, en considérant certaines tâches plus nobles que
d'autres. Le travail - tout travail - est témoignage de la dignité de l'homme
et de son emprise sur la création. C'est une occasion de perfectionner sa
personnalité. C'est un lien qui nous unit aux autres êtres, une source de
revenus pour assurer la subsistance de sa famille, un moyen de contribuer à
l'amélioration de la société et au progrès de l'humanité tout entière. Pour un
chrétien, ces perspectives s'élargissent et s'amplifient, car le travail lui
apparaît comme une participation à l'oeuvre créatrice de Dieu, qui, en créant
l'homme, le bénit en lui disant : Soyez féconds, multipliez-vous,
emplissez la terre et soumettez-la ; dominez les poissons de la mer, les
oiseaux du ciel, et tous les animaux qui rampent sur la terre. Car, pour avoir
été assumé par le Christ, le travail nous apparaît comme une réalité qui a été
rachetée à son tour. Ce n'est pas seulement le cadre de la vie de l'homme, mais
un moyen et un chemin de sainteté, une réalité qui sanctifie et que l'on peut
sanctifier ».
Saint Josémaria Escriva
de Balaguer (1902-1975)
Voir également à propos
de Saint Josémaria Escriva de Balaguer :
La Prière de Saint Josémaria
Escriva « Viens
Esprit-Saint ! »
La « Prière
pour les Enfants » de Saint Josémaria Escriva
L’Homélie de Saint
Josémaria Escriva pour aller vers la Sainteté « La
Volonté de Dieu, c'est que nous soyons des Saints »
La « Prière
d’intercession » à Saint Josémaria Escriva
La « Vie
et l’œuvre de Saint Josémaria Escriva de Balaguer » selon l’extrait du
bref apostolique de Béatification du Vénérable Serviteur de Dieu Josémaria
Escrivá du Vatican.
« Saint
Joseph » selon Saint Josémaria Escriva
La « Nativité
de Marie » selon Saint Josémaria Escriva
SOURCE : http://site-catholique.fr/index.php?post/Saint-Joseph-selon-Saint-Josemaria-Escriva
Carlo
Dolci (1616–1686), The Holy Family with God the Father and the
Holy Spirit, circa 1630, 28 x 23
QUAMQUAM PLURIES
ENCYCLICAL OF POPE LEO
XIII
ON DEVOTION TO ST. JOSEPH
To Our Venerable Brethren
the Patriarchs, Primates,
Archbishops, and other
Ordinaries, in Peace and Union with Holy See.
Although We have already
many times ordered special prayers to be offered up in the whole world, that
the interests of Catholicism might be insistently recommended to God, none will
deem it matter for surprise that We consider the present moment an opportune
one for again inculcating the same duty. During periods of stress and trial -
chiefly when every lawlessness of act seems permitted to the powers of darkness
- it has been the custom in the Church to plead with special fervour and
perseverance to God, her author and protector, by recourse to the intercession
of the saints - and chiefly of the Blessed Virgin, Mother of God - whose
patronage has ever been the most efficacious. The fruit of these pious prayers
and of the confidence reposed in the Divine goodness, has always, sooner or
later, been made apparent. Now, Venerable Brethren, you know the times in which
we live; they are scarcely less deplorable for the Christian religion than the
worst days, which in time past were most full of misery to the Church. We see
faith, the root of all the Christian virtues, lessening in many souls; we see
charity growing cold; the young generation daily growing in depravity of morals
and views; the Church of Jesus Christ attacked on every side by open force or
by craft; a relentless war waged against the Sovereign Pontiff; and the very
foundations of religion undermined with a boldness which waxes daily in
intensity. These things are, indeed, so much a matter of notoriety that it is
needless for Us to expatiate on the depths to which society has sunk in these
days, or on the designs which now agitate the minds of men. In
circumstances so unhappy and troublous, human remedies are insufficient, and it
becomes necessary, as a sole resource, to beg for assistance from the Divine
power.
2. This is the reason why
We have considered it necessary to turn to the Christian people and urge them
to implore, with increased zeal and constancy, the aid of Almighty God. At this
proximity of the month of October, which We have already consecrated to the
Virgin Mary, under the title of Our Lady of the Rosary, We earnestly exhort the
faithful to perform the exercises of this month with, if possible, even more
piety and constancy than heretofore. We know that there is sure help in the
maternal goodness of the Virgin, and We are very certain that We shall never
vainly place Our trust in her. If, on innumerable occasions, she has displayed
her power in aid of the Christian world, why should We doubt that she will now
renew the assistance of her power and favour, if humble and constant prayers
are offered up on all sides to her? Nay, We rather believe that her
intervention will be the more marvellous as she has permitted Us to pray to
her, for so long a time, with special appeals. But We entertain another object,
which, according to your wont, Venerable Brethren, you will advance with
fervour. That God may be more favourable to Our prayers, and that He may come
with bounty and promptitude to the aid of His Church, We judge it of deep
utility for the Christian people, continually to invoke with great piety and
trust, together with the Virgin-Mother of God, her chaste Spouse, the Blessed
Joseph; and We regard it as most certain that this will be most pleasing to the
Virgin herself. On the subject of this devotion, of which We speak publicly for
the first time to-day, We know without doubt that not only is the people
inclined to it, but that it is already established, and is advancing to full
growth. We have seen the devotion to St. Joseph, which in past times the Roman
Pontiffs have developed and gradually increased, grow into greater proportions
in Our time, particularly after Pius IX., of happy memory, Our predecessor,
proclaimed, yielding to the request of a large number of bishops, this holy
patriarch the patron of the Catholic Church. And as, moreover, it is of
high importance that the devotion to St. Joseph should engraft itself upon the
daily pious practices of Catholics, We desire that the Christian people should
be urged to it above all by Our words and authority.
3. The special motives
for which St. Joseph has been proclaimed Patron of the Church, and from which
the Church looks for singular benefit from his patronage and protection, are
that Joseph was the spouse of Mary and that he was reputed the Father of Jesus
Christ. From these sources have sprung his dignity, his holiness, his glory. In
truth, the dignity of the Mother of God is so lofty that naught created can
rank above it. But as Joseph has been united to the Blessed Virgin by the ties
of marriage, it may not be doubted that he approached nearer than any to the
eminent dignity by which the Mother of God surpasses so nobly all created
natures. For marriage is the most intimate of all unions which from its essence
imparts a community of gifts between those that by it are joined together. Thus
in giving Joseph the Blessed Virgin as spouse, God appointed him to be not only
her life's companion, the witness of her maidenhood, the protector of her
honour, but also, by virtue of the conjugal tie, a participator in her sublime
dignity. And Joseph shines among all mankind by the most august dignity, since
by divine will, he was the guardian of the Son of God and reputed as His father
among men. Hence it came about that the Word of God was humbly subject to
Joseph, that He obeyed him, and that He rendered to him all those offices that
children are bound to render to their parents. From this two-fold dignity
flowed the obligation which nature lays upon the head of families, so that
Joseph became the guardian, the administrator, and the legal defender of the
divine house whose chief he was. And during the whole course of his life he
fulfilled those charges and those duties. He set himself to protect with a
mighty love and a daily solicitude his spouse and the Divine Infant; regularly
by his work he earned what was necessary for the one and the other for
nourishment and clothing; he guarded from death the Child threatened by a
monarch's jealousy, and found for Him a refuge; in the miseries of the journey
and in the bitternesses of exile he was ever the companion, the assistance, and
the upholder of the Virgin and of Jesus. Now the divine house which Joseph
ruled with the authority of a father, contained within its limits the
scarce-born Church. From the same fact that the most holy Virgin is the mother
of Jesus Christ is she the mother of all Christians whom she bore on Mount
Calvary amid the supreme throes of the Redemption; Jesus Christ is, in a
manner, the first-born of Christians, who by the adoption and Redemption are
his brothers. And for such reasons the Blessed Patriarch looks upon the
multitude of Christians who make up the Church as confided specially to his
trust - this limitless family spread over the earth, over which, because he is
the spouse of Mary and the Father of Jesus Christ he holds, as it were, a
paternal authority. It is, then, natural and worthy that as the Blessed
Joseph ministered to all the needs of the family at Nazareth and girt it about
with his protection, he should now cover with the cloak of his heavenly
patronage and defend the Church of Jesus Christ.
4. You well understand,
Venerable Brethren, that these considerations are confirmed by the ,opinion
held by a large number of the Fathers, to which the sacred liturgy gives its
sanction, that the Joseph of ancient times, son of the patriarch Jacob, was the
type of St. Joseph, and the former by his glory prefigured the greatness of the
future guardian of the Holy Family. And in truth, beyond the fact that the same
name - a point the significance of which has never been denied - was given to
each, you well know the points of likeness that exist between them; namely,
that the first Joseph won the favour and especial goodwill of his master, and
that through Joseph's administration his household came to prosperity and
wealth; that (still more important) he presided over the kingdom with great
power, and, in a time when the harvests failed, he provided for all the needs of
the Egyptians with so much wisdom that the King decreed to him the title
"Saviour of the world." Thus it is that We may prefigure the new in
the old patriarch. And as the first caused the prosperity of his master's
domestic interests and at the same time rendered great services to the whole
kingdom, so the second, destined to be the guardian of the Christian religion,
should be regarded as the protector and defender of the Church, which is truly
the house of the Lord and the kingdom of God on earth. These are the reasons
why men of every rank and country should fly to the trust and guard of the
blessed Joseph. Fathers of families find in Joseph the best personification of
paternal solicitude and vigilance; spouses a perfect example of love, of peace,
and of conjugal fidelity; virgins at the same time find in him the model and
protector of virginal integrity. The noble of birth will earn of Joseph how to
guard their dignity even in misfortune; the rich will understand, by his
lessons, what are the goods most to be desired and won at the price of their
labour. As to workmen, artisans, and persons of lesser degree, their recourse
to Joseph is a special right, and his example is for their particular
imitation. For Joseph, of royal blood, united by marriage to the greatest and
holiest of women, reputed the father of the Son of God, passed his life in
labour, and won by the toil of the artisan the needful support of his family.
It is, then, true that the condition of the lowly has nothing shameful in it,
and the work of the labourer is not only not dishonouring, but can, if virtue
be joined to it, be singularly ennobled. Joseph, content with his slight
possessions, bore the trials consequent on a fortune so slender, with greatness
of soul, in imitation of his Son, who having put on the form of a slave, being
the Lord of life, subjected himself of his own free-will to the spoliation and
loss of everything.
5. Through these
considerations, the poor and those who live by the labour of their hands should
be of good heart and learn to be just. If they win the right of emerging from
poverty and obtaining a better rank by lawful means, reason and justice uphold them
in changing the order established, in the first instance, for them by the
Providence of God. But recourse to force and struggles by seditious paths to
obtain such ends are madnesses which only aggravate the evil which they aim to
suppress. Let the poor, then, if they would be wise, trust not to the
promises of seditious men, but rather to the example and patronage of the
Blessed Joseph, and to the maternal charity of the Church, which each day takes
an increasing compassion on their lot.
6. This is the reason why
- trusting much to your zeal and episcopal authority, Venerable Brethren, and
not doubting that the good and pious faithful will run beyond the mere letter
of the law - We prescribe that during the whole month of October, at the
recitation of the Rosary, for which We have already legislated, a prayer to St.
Joseph be added, the formula of which will be sent with this letter, and that
this custom should be repeated every year. To those who recite this prayer, We
grant for each time an indulgence of seven years and seven Lents. It is a
salutary practice and very praiseworthy, already established in some countries,
to consecrate the month of March to the honour of the holy Patriarch by daily
exercises of piety. Where this custom cannot be easily established, it is as
least desirable, that before the feast-day, in the principal church of each
parish, a triduo of prayer be celebrated. In those lands where
the 19th of March - the Feast of St. Joseph - is not a Festival of Obligation,
We exhort the faithful to sanctify it as far as possible by private pious
practices, in honour of their heavenly patron, as though it were a day of
Obligation.
7. And in token of
heavenly favours, and in witness of Our good-will, We grant most lovingly in
the Lord, to you, Venerable Brethren, to your clergy and to your people, the
Apostolic blessing.
Given from the Vatican,
August 15th, 1889, the 11th year of Our Pontificate.
LEO XIII
Prayer to Saint Joseph
To thee, O blessed
Joseph, we have recourse in our affliction, and having implored the help of thy
thrice holy Spouse, we now, with hearts filled with confidence, earnestly beg
thee also to take us under thy protection. By that charity wherewith thou
wert united to the Immaculate Virgin Mother of God, and by that fatherly love
with which thou didst cherish the Child Jesus, we beseech thee and we humbly
pray that thou wilt look down with gracious eye upon that inheritance which
Jesus Christ purchased by His blood, and wilt succor us in our need by thy
power and strength.
Defend, O most watchful
guardian of the Holy Family, the chosen off-spring of Jesus Christ. Keep from
us, O most loving Father, all blight of error and corruption. Aid us from on
high, most valiant defender, in this conflict with the powers of darkness. And
even as of old thou didst rescue the Child Jesus from the peril of His life, so
now defend God's Holy Church from the snares of the enemy and from all
adversity. Shield us ever under thy patronage, that, following thine example
and strengthened by thy help, we may live a holy life, die a happy death, and
attain to everlasting bliss in Heaven. Amen.
© Copyright - Libreria
Editrice Vaticana
Caesar van Everdingen (1616/1617–1678),
La Sainte Famille, circa 1660, 129 x 105, musée du couvent
Sainte-Catherine, Utrecht
St. Joseph
Life
Sources
The chief sources of
information on the life of St. Joseph are the first chapters of our first and third Gospels; they are
practically also the only reliable sources, for, whilst, on the holy patriarch's
life, as on many other points connected with the Saviour's history
which are left untouched by the canonical writings, the apocryphal literature is
full of details, the non-admittance of these works into the Canon of the Sacred Books casts
a strong suspicion upon their contents; and, even granted that some of the
facts recorded by them may be founded on trustworthy traditions, it is in most
instances next to impossible to discern and sift these particles of true history from
the fancies with which they are associated. Among these apocryphal productions
dealing more or less extensively with some episodes of St. Joseph's life may be
noted the so-called "Gospel
of James", the "Pseudo-Matthew",
the "Gospel of
the Nativity of the Virgin Mary", the "Story of Joseph the
Carpenter", and the "Life of the Virgin and Death of
Joseph".
Genealogy
St. Matthew (1:16) calls
St. Joseph the son of Jacob; according to St. Luke (3:23), Heli was his father. This is not the
place to recite the many and most various endeavours to solve the vexing
questions arising from the divergences between both genealogies; nor is
it necessary to
point out the explanation which meets best all the requirements of the problem
(see GENEALOGY OF CHRIST);
suffice it to remind the reader that, contrary to what was once advocated, most
modern writers readily admit that in both documents we possess the genealogy of
Joseph, and that it is quite possible to reconcile their data.
Residence
At any rate, Bethlehem, the city
of David and
his descendants, appears to have been the birth-place of Joseph. When, however,
the Gospel history
opens, namely, a few months before the Annunciation, Joseph was
settled at Nazareth.
Why and when he forsook his home-place to betake himself to Galilee is not
ascertained; some suppose — and the supposition is by no means improbable —
that the then-moderate circumstances of the family and
the necessity of
earning a living may have brought about the change. St. Joseph, indeed, was
a tekton, as we learn from Matthew 13:55,
and Mark 6:3.
The word means both mechanic in general and carpenter in particular; St. Justin vouches
for the latter sense (Dialogue
with Trypho 88), and tradition has
accepted this interpretation, which is followed in the English Bible.
Marriage
It is probably at Nazareth that
Joseph betrothed and
married her who was to become the Mother of God. When the
marriage took place, whether before or after the Incarnation, is no easy
matter to settle, and on this point the masters of exegesis have at
all times been at variance. Most modern commentators, following
the footsteps of St.
Thomas, understand that, at the epoch of the Annunciation, the Blessed Virgin was
only affianced to
Joseph; as St.
Thomas notices, this interpretation suits better all the evangelical data.
It will not be without
interest to recall here, unreliable though they are, the lengthy stories
concerning St. Joseph's marriage contained in the apocryphal writings.
When forty years of age, Joseph married a woman called Melcha
or Escha by some, Salome by others; they lived forty-nine years together and
had six children, two daughters and four sons, the youngest of whom was James (the
Less, "the
Lord's brother"). A year after his wife's death, as the priests announced
through Judea that
they wished to find in the tribe of Juda a
respectable man to espouse Mary, then twelve to
fourteen years of age. Joseph, who was at the time ninety years
old, went up to Jerusalem among the candidates; a miracle manifested
the choice God had
made of Joseph, and two years later the Annunciation took
place. These dreams, as St. Jerome styles
them, from which many a Christian artist
has drawn his inspiration (see, for instance, Raphael's "Espousals
of the Virgin"), are void of authority; they nevertheless acquired in the
course of ages some popularity; in them some ecclesiastical writers
sought the answer to the well-known difficulty arising from the mention in the
Gospel of "the
Lord's brothers"; from them also popular credulity has, contrary to
all probability, as well as to the tradition witnessed by old works of art, retained the belief that St.
Joseph was an old man at the time of marriage with the Mother of God.
The Incarnation
This marriage, true and
complete, was, in the intention of
the spouses, to be virgin marriage
(cf. St. Augustine,
"De cons. Evang.", II, i in P.L. XXXIV, 1071-72; "Cont.
Julian.", V, xii, 45 in P.L. XLIV, 810; St. Thomas, III:28; III:29:2). But soon was
the faith of
Joseph in his spouse to be sorely tried: she was with child. However painful
the discovery must have been for him, unaware as he was of the mystery of the Incarnation,
his delicate feelings forbade him to defame his affianced, and he resolved
"to put her away privately; but while he thought on these things, behold
the angel of the
Lord appeared to him in his sleep, saying: Joseph, son of David, fear not to take
unto thee Mary thy
wife, for that which is conceived in her, is of the Holy Ghost. . . And
Joseph, rising from his sleep, did as the angel of the Lord had
commanded him, and took unto him his wife" (Matthew 1:19, 20, 24).
The Nativity and the
flight to Egypt
A few months later,
the time came
for Joseph and Mary to go to Bethlehem, to be
enrolled, according to the decree issued by Caesar Augustus: a new
source of anxiety for Joseph, for "her days were accomplished, that she
should be delivered", and "there was no room for them in the inn (Luke 2:1-7). What
must have been the thoughts of the holy man at the
birth of the Saviour,
the coming of the shepherds and of the wise men, and at the
events which occurred at the time of the Presentation of Jesus in the Temple, we can merely
guess; St. Luke tells
only that he was "wondering at those things which were spoken concerning
him" (2:33).
New trials were soon to follow. The news that a king of the Jews was
born could not but kindle in the wicked heart of the old and bloody
tyrant, Herod,
the fire of jealousy.
Again "an angel
of the Lord appeared in sleep to Joseph, saying: Arise, and take
the child and
his mother, and
fly into Egypt:
and be there until I shall tell thee" (Matthew 2:13).
Return to Nazareth
The summons to go back to
Palestine came only after a few years, and the Holy Family settled again
at Nazareth. St.
Joseph's was henceforth the simple and uneventful life of an humble Jew, supporting himself
and his family by
his work, and faithful to the religious practices commanded by the Law or observed
by pious Israelites. The only
noteworthy incident recorded by the Gospel is the loss of, and anxious quest
for, Jesus, then
twelve years old, when He had strayed during the yearly pilgrimage to
the Holy City (Luke 2:42-51).
Death
This is the last we hear
of St. Joseph in the sacred
writings, and we may well suppose that Jesus's foster-father
died before the beginning of Savior's public
life. In several circumstances, indeed, the Gospels speak of
the latter's mother and brothers (Matthew 12:46; Mark 3:31; Luke 8:19; John 7:3), but never
do they speak of His father in connection with the rest of the family; they tell us
only that Our Lord,
during His public life, was referred to as the son of Joseph (John 1:45; 6:42; Luke 4:22) the
carpenter (Matthew
13:55). Would Jesus,
moreover, when about to die on the Cross, have entrusted His mother to John's
care, had St. Joseph been still alive?
According to the apocryphal "Story
of Joseph the Carpenter", the holy man reached
his hundred and eleventh year when he died, on 20 July (A.D. 18 or 19). St. Epiphanius gives
him ninety years of age at the time of his demise; and if we are to believe the Venerable Bede, he was
buried in the Valley
of Josaphat. In truth we do not know when St.
Joseph died; it is most unlikely that he attained the ripe old age spoken of by
the "Story of
Joseph" and St. Epiphanius. The
probability is that he died and was buried at Nazareth.
Devotion to Saint Joseph
Joseph was "a just
man". This praise bestowed by the Holy Ghost, and
the privilege of
having been chosen by God to
be the foster-father of Jesus and the
spouse of the Virgin
Mother, are the foundations of the honour paid to St.
Joseph by the Church.
So well-grounded are these foundations that it is not a little surprising that
the cult of St. Joseph was so slow in winning recognition. Foremost among the
causes of this is the fact that "during the first centuries of the Church's existence, it was only
the martyrs who
enjoyed veneration" (Kellner). Far from being ignored or passed over in
silence during the early Christian ages, St.
Joseph's prerogatives were occasionally descanted upon by the Fathers; even such
eulogies as cannot be attributed to the writers among whose works they found
admittance bear witness that the ideas and devotion
therein expressed were familiar, not only to the theologians and
preachers, and must have been readily welcomed by the people. The earliest
traces of public recognition of the sanctity of St.
Joseph are to be found in the East. His feast, if we may trust
the assertions of Papebroch, was kept by the Copts as early as
the beginning of the fourth century. Nicephorus Callistus tells likewise — on
what authority we do not know — that in the
great basilica erected
at Bethlehem by St.
Helena, there was a gorgeous oratory dedicated to
the honour of
our saint. Certain it is, at all events, that the feast of
"Joseph the Carpenter" is entered, on 20 July, in one of the old
Coptic Calendars in
our possession, as also in a Synazarium of the eighth
and ninth century published by Cardinal Mai (Script.
Vet. Nova Coll., IV, 15 sqq.). Greek menologies of a
later date at least mention St. Joseph on 25 or 26 December, and a
twofold commemoration of
him along with other saints was
made on the two Sundays next
before and after Christmas.
In the West the name of
the foster-father of Our
Lord (Nutritor Domini) appears in local martyrologies of
the ninth and tenth centuries, and we find in 1129, for the first time, a
church dedicated to
his honour at
Bologna. The devotion, then merely private, as it seems, gained a great impetus
owing to the influence and zeal of such saintly persons as St. Bernard, St. Thomas Aquinas, St. Gertrude (d.
1310), and St.
Bridget of Sweden (d. 1373). According to Benedict XIV (De
Serv. Dei beatif., I, iv, n. 11; xx, n. 17), "the general opinion of the
learned is that the Fathers of Carmel were the first to import from the East
into the West the
laudable practice of giving the fullest cultus to St. Joseph". His feast, introduced
towards the end shortly afterwards, into the Dominican Calendar,
gradually gained a foothold in various dioceses of Western Europe. Among
the most zealous promoters
of the devotion at that epoch, St. Vincent Ferrer (d.
1419), Peter d'Ailly (d.
1420), St. Bernadine
of Siena (d. 1444), and Jehan Charlier Gerson (d.
1429) deserve an especial mention. Gerson, who had, in
1400, composed an Office of the Espousals of Joseph particularly at the Council of Constance (1414),
in promoting the public recognition of the cult of St. Joseph. Only under the
pontificate of Sixtus
IV (1471-84), were the efforts of these holy men rewarded
by Roman Calendar (19
March). From that time the
devotion acquired greater and greater popularity, the dignity of the feast keeping pace
with this steady growth. At first only a festum simplex, it was soon
elevated to a double rite by Innocent VIII (1484-92),
declared by Gregory
XV, in 1621, a festival of obligation, at the
instance of the Emperors Ferdinand III and Leopold I and of King Charles II of
Spain, and raised to the rank of a double of the second class by Clement XI (1700-21).
Further, Benedict
XIII, in 1726, inserted the name into the Litany of the Saints.
One festival in the
year, however, was not deemed enough to satisfy the piety of the
people. The feast of
the Espousals of the Blessed Virgin and St. Joseph, so strenuously
advocated by Gerson,
and permitted first by Paul III to
the Franciscans,
then to other religious orders
and individual dioceses,
was, in 1725, granted to all countries that solicited it, a proper Office,
compiled by the Dominican Pietro
Aurato, being assigned, and the day appointed being 23 January. Nor was this
all, for the reformed Order
of Carmelites, into which St. Teresa had
infused her great devotion to the foster-father of Jesus, chose him, in
1621, for their patron,
and in 1689, were allowed to celebrate the feast of his
Patronage on the third Sunday after Easter. This feast, soon adopted
throughout the Spanish
Kingdom, was later on extended to all states and dioceses which
asked for the privilege.
No devotion, perhaps, has grown so universal, none seems to have appealed so
forcibly to the heart of the Christian people,
and particularly of the labouring classes, during the nineteenth century, as
that of St. Joseph.
This wonderful and
unprecedented increase of popularity called for a new lustre to be added to the
cult of the saint.
Accordingly, one of the first acts of the pontificate of Pius IX, himself
singularly devoted to St.
Joseph, was to extend to the whole Church the feast of the
Patronage (1847), and in December, 1870, according to the wishes of the bishops and of all
the faithful, he
solemnly declared the Holy Patriarch Joseph, patron of the Catholic Church, and enjoined
that his feast (19
March) should henceforth be celebrated as a double of the first class (but
without octave,
on account of Lent).
Following the footsteps of their predecessor, Leo XIII and Pius X have shown
an equal desire to add their own jewel to the crown of St. Joseph: the former,
by permitting on certain days the reading of the votive Office of
the saint; and
the latter by approving, on 18 March, 1909, a litany in honour of him
whose name he
had received in baptism.
Souvay,
Charles. "St. Joseph." The Catholic Encyclopedia. Vol.
8. New York: Robert Appleton
Company, 1910. <http://www.newadvent.org/cathen/08504a.htm>.
Transcription. This
article was transcribed for New Advent by Joseph P. Thomas. In memory of
Father Joseph Paredom.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. October 1, 1910. Remy Lafort, S.T.D.,
Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2023 by Kevin Knight.
Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : https://www.newadvent.org/cathen/08504a.htm
Gaetano Gandolfi (1734–1802), La
Sainte Famille, circa 1780, 48 x 62
QUAMQUAM PLURIES
LETTERA ENCICLICA DI
S.S. LEONE XIII
SULLA DEVOZIONE A SAN
GIUSEPPE
Ai Venerabili Fratelli
Patriarchi, Primati, Arcivescovi, Vescovi e agli altri Ordinarii territoriali
che sono in pace e comunione con la Sede Apostolica.
Il Papa Leone XIII.
Venerabili Fratelli, salute e Apostolica Benedizione.
Quantunque abbiamo già
ordinato più volte che si facessero in tutto il mondo particolari preghiere e
si raccomandassero a Dio nel modo più ampio gl’interessi della cattolicità,
tuttavia nessuno si stupirà se riteniamo opportuno anche oggi ribadire
nuovamente questo stesso dovere. Nei tempi funesti, soprattutto quando il
potere delle tenebre sembra possa osare tutto a danno della cattolicità, la
Chiesa è sempre stata solita supplicare Dio, suo autore e garante, con maggiore
fervore e perseveranza, invocando pure l’intercessione dei Santi e
particolarmente dell’augusta Vergine, madre di Dio, nel patrocinio dei quali
vede il massimo della propria sicurezza. Presto o tardi il frutto delle
preghiere e della speranza nella bontà divina si evidenzia.
Ora vi è ben noto,
Venerabili Fratelli, che il tempo presente non è meno calamitoso di quelli più
tristi già subiti dalla cristianità. Vediamo infatti perire in moltissimi la
fede, che è il principio di tutte le virtù cristiane; vediamo raffreddarsi la
carità, e la gioventù degradarsi nei costumi e nelle idee; dovunque si osteggia
con violenza e con perfidia la Chiesa di Gesù Cristo; si combatte atrocemente
il Pontificato; e con tracotanza ogni giorno più sfrontata si tenta di scalzare
le stesse fondamenta della religione. Dove si sia precipitati e che cosa ancora
si vada agitando negli animi è più noto di quanto sia necessario spiegarlo con
le parole.
In questa difficile e
miserabile situazione, poiché i mali sono più forti dei rimedi umani, non resta
che chiedere la guarigione alla potenza divina. Pertanto ritenemmo opportuno
spronare la pietà del popolo cristiano perché implori con nuovo fervore e nuova
costanza l’aiuto di Dio onnipotente. Quindi, avvicinandosi il mese di ottobre,
che in passato abbiamo già decretato sacro alla Vergine Maria del Rosario, vi
esortiamo calorosamente a che quest’anno tutto il mese suddetto venga celebrato
con la maggior devozione, pietà e partecipazione possibili. Sappiamo bene che
nella materna bontà della Vergine è pronto il rifugio, e siamo certi che le
Nostre speranze non sono invano riposte in Lei. Se tante volte Ella ci fu
propizia nei fortunosi tempi del cristianesimo, perché temere che non voglia
ripetere gli esempi del suo potere e della sua grazia, ove sia umilmente
costantemente invocata con preghiere comuni? Anzi, tanto più speriamo che in
mirabile modo ci assista, quanto più a lungo volle essere pregata.
Se non che un’altra cosa
Ci siamo pure proposta, e per essa voi, Venerabili Fratelli, Ci presterete,
come al solito, la vostra diligente cooperazione: per meglio rendere Iddio
favorevole alle nostre preci e perché Egli, supplicato da più intercessori,
porga più rapido e largo soccorso alla sua Chiesa, riteniamo che sia sommamente
conveniente che il popolo cristiano si abitui a pregare con singolare devozione
e animo fiducioso, insieme alla Vergine Madre di Dio, il suo castissimo sposo
San Giuseppe: il che abbiamo particolari motivi di credere che debba tornare
accetto e caro alla stessa Vergine.
Quanto a questo argomento
che per la prima volta trattiamo pubblicamente, ben sappiamo che la pietà
popolare, poco favorevole, venne successivamente aumentando da quando i romani
Pontefici, fin dai primi secoli, si impegnarono gradualmente a diffondere
maggiormente e per ogni dove il culto di Giuseppe: abbiamo visto che esso è
venuto aumentando ovunque in questi ultimi tempi, soprattutto da quando Pio IX,
Nostro antecessore di felice memoria, su richiesta di moltissimi Vescovi, ebbe
dichiarato il santissimo Patriarca patrono della Chiesa cattolica.
Nondimeno, poiché è di
tanto rilievo che il suo culto metta profonde radici nelle istituzioni e nelle
abitudini cattoliche, vogliamo che il popolo cristiano anzitutto riceva nuovo
impulso dalla Nostra voce e dalla Nostra autorità.
Le ragioni per cui il
beato Giuseppe deve essere patrono speciale della Chiesa, e la Chiesa
ripromettersi moltissimo dalla tutela e dal patrocinio di lui, nascono
principalmente dal fatto che egli fu sposo di Maria e padre putativo di Gesù
Cristo. Da qui derivarono tutta la sua grandezza, la grazia, la santità e la
gloria. Certamente la dignità di Madre di Dio è tanto in alto che nulla vi può
essere di più sublime. Ma poiché tra Giuseppe e la beatissima Vergine esistette
un nodo coniugale, non c’è dubbio che a quell’altissima dignità, per cui la
Madre di Dio sovrasta di gran lunga tutte le creature, egli si avvicinò quanto
nessun altro mai. Infatti il matrimonio costituisce la società, il vincolo
superiore ad ogni altro: per sua natura prevede la comunione dei beni dell’uno
con l’altro. Pertanto se Dio ha dato alla Vergine in sposo Giuseppe, glielo ha
dato pure a compagno della vita, testimone della verginità, tutore dell’onestà,
ma anche perché partecipasse, mercé il patto coniugale, all’eccelsa grandezza
di lei.
Così pure egli emerge tra
tutti in augustissima dignità, perché per divina disposizione fu custode e,
nell’opinione degli uomini, padre del Figlio di Dio. Donde consegue che il
Verbo di Dio modestamente si assoggettasse a Giuseppe, gli obbedisse e gli
prestasse quell’onore e quella riverenza che i figli debbono al padre loro.
Ora, da questa doppia
dignità scaturivano naturalmente quei doveri che la natura prescrive ai padri
di famiglia; per cui Giuseppe fu ad un tempo legittimo e naturale custode, capo
e difensore della divina famiglia. E questi compiti e uffici egli infatti
esercitò finché ebbe vita. S’impegnò a tutelare con sommo amore e quotidiana
vigilanza la sua consorte e la divina prole; procacciò loro di continuo con le
sue fatiche il necessario alla vita; allontanò da loro i pericoli minacciati
dall’odio di un re, portandoli al sicuro altrove; nei disagi dei viaggi e nelle
difficoltà dell’esilio fu compagno inseparabile, aiuto e conforto alla Vergine
e a Gesù.
Ora la casa divina, che
Giuseppe con quasi patria potestà governava, era la culla della nascente
Chiesa.
La Vergine santissima, in
quanto madre di Gesù Cristo, è anche madre di tutti i cristiani, da lei
generati, in mezzo alle atrocissime pene del Redentore sul Calvario; così pure
Gesù Cristo è come il primogenito dei cristiani, che gli sono fratelli per
adozione e redenzione.
Ne consegue che il
beatissimo Patriarca si consideri protettore, in modo speciale, della
moltitudine dei cristiani di cui è formata la Chiesa, cioè di questa
innumerevole famiglia sparsa in tutto il mondo sulla quale egli, come sposo di
Maria e padre di Gesù Cristo, ha un’autorità pressoché paterna. È dunque cosa
giusta e sommamente degna del beato Giuseppe che, come egli un tempo soleva
tutelare santamente in ogni evento la famiglia di Nazaret, così ora col suo celeste
patrocinio protegga e difenda la Chiesa di Cristo.
Queste cose, Venerabili
Fratelli, come sapete, trovano riscontro in ciò che pensarono parecchi Padri
della Chiesa, d’accordo con la sacra liturgia, e cioè che l’antico Giuseppe,
figlio del patriarca Giacobbe, anticipasse la persona e il ministero del
nostro, e col suo splendore simboleggiasse la grandezza del futuro custode
della divina famiglia. Per la verità, oltre all’avere entrambi lo stesso nome,
non privo di significato, corrono tra loro ben altre chiarissime rassomiglianze
a voi ben note: prima di tutte quella che l’antico Giuseppe si guadagnò in modo
singolare la benevolenza e la grazia del suo signore, e che, avendo da lui
avuto il governo della casa, tutte le prosperità e le benedizioni piovevano,
per riguardo a Giuseppe, sul suo padrone. Ma v’è di più: egli, per volontà del
monarca, governò con poteri sovrani tutto il regno, e nel tempo di pubblica
calamità, per mancati raccolti e per la carestia, sovvenne con così stupenda
provvidenza agli Egizi e ai popoli confinanti, che il re decretò si chiamasse
salvatore del mondo.
Così in quell’antico
Patriarca è possibile ravvisare la figura del nostro. Come quegli fu benefico e
salutare per la casa del suo padrone e poi per tutto il regno, così questi,
destinato alla custodia della cristianità, si deve reputare difensore e tutore
della Chiesa, la quale è veramente la casa del Signore e il regno di Dio in
terra.
Tutti i cristiani, di
qualsivoglia condizione e stato, hanno ben motivo di affidarsi e abbandonarsi
all’amorosa tutela di San Giuseppe. In Giuseppe i padri di famiglia hanno il
più sublime modello di paterna vigilanza e provvidenza; i coniugi un perfetto
esemplare d’amore, di concordia e di fede coniugale; i vergini un esempio e una
guida dell’integrità verginale. I nobili, posta dinanzi a sé l’immagine di
Giuseppe, imparino a serbare anche nell’avversa fortuna la loro dignità; i
ricchi comprendano quali siano i beni che è opportuno desiderare con ardente
bramosia e dei quali fare tesoro.
I proletari poi, gli
operai e quanti sono meno fortunati, debbono, per un titolo o per diritto loro
proprio, ricorrere a San Giuseppe, e da lui apprendere ciò che devono imitare.
Infatti egli, sebbene di stirpe regia, unito in matrimonio con la più santa ed
eccelsa tra le donne, e padre putativo del Figlio di Dio, nondimeno passa la
sua vita nel lavoro, e con l’opera e l’arte sua procura il necessario al
sostentamento dei suoi.
Se si riflette in modo
avveduto, la condizione abietta non è di chi è più in basso: qualsiasi lavoro
dell’operaio non solo non è disonorevole, ma associato alla virtù può molto, e
nobilitarsi. Giuseppe, contento del poco e del suo, sopportò con animo forte ed
elevato le strettezze inseparabili da quel fragilissimo vivere, dando esempio
al suo figliuolo, il quale, pur essendo signore di tutte le cose, vestì le
sembianze di servo, e volontariamente abbracciò una somma povertà e
l’indigenza.
Di fronte a queste
considerazioni, i poveri e quanti si guadagnano la vita col lavoro delle mani
debbono sollevare l’animo, e rettamente pensare. A coloro ai quali, se è vero
che la giustizia consente di potere affrancarsi dalla indigenza e levarsi a
migliore condizione, tuttavia né la ragione né la giustizia permettono di
sconvolgere l’ordine stabilito dalla provvidenza di Dio. Anzi, il trascendere
alla violenza e compiere aggressioni in genere e tumulti è un folle sistema che
spesso aggrava i mali stessi che si vorrebbero alleggerire. Quindi i proletari,
se hanno buon senso, non confidino nelle promesse di gente sediziosa, ma negli
esempi e nel patrocinio del beato Giuseppe, e nella materna carità della Chiesa
la quale si prende ogni giorno grande cura del loro stato.
Pertanto, Venerabili
Fratelli, ripromettendoci moltissimo dalla vostra autorità e dal vostro zelo
episcopale, né dubitando che le pie e buone persone intraprendano molte altre
cose, e anche maggiori di quelle comandate da Noi, decretiamo che in tutto il
mese di ottobre si aggiunga nella recita del Rosario, da Noi già prescritto
altre volte, l’orazione a San Giuseppe, il cui testo riceverete insieme con
quell’Enciclica, e così si faccia ogni anno in perpetuo.
A coloro, poi, che
devotamente reciteranno la suddetta orazione, concediamo ogni volta
l’indulgenza di sette anni e altrettante quarantene. È anche proficuo e
sommamente apprezzabile il consacrare, come già avviene in vari luoghi, con
giornalieri esercizi di pietà il mese di marzo in onore del Santo Patriarca.
Dove poi ciò non si possa fare agevolmente, sarebbe almeno desiderabile che
prima della sua festa, nel tempio principale di ciascun luogo, si celebrasse un
triduo di preghiere.
Raccomandiamo inoltre a
tutti i fedeli dei paesi nei quali il 19 marzo, giorno sacro a San Giuseppe,
non è compreso nel novero delle feste di precetto, che non trascurino tuttavia
per quanto è possibile, di santificarlo almeno privatamente, ad onore del
celeste Patrono, quasi fosse giorno festivo.
Frattanto, auspice dei
celesti doni e pegno della Nostra benevolenza verso di voi, Venerabili
Fratelli, impartiamo di tutto cuore nel Signore l’Apostolica Benedizione a voi,
al Clero e al vostro popolo.
Dato a Roma, presso San
Pietro, il 15 agosto 1889, anno duodecimo del Nostro Pontificato.
LEONE PP. XIII
Orazione a San Giuseppe
A te, o beato Giuseppe,
stretti dalla tribolazione ricorriamo, e fiduciosi invochiamo il tuo patrocinio
dopo quello della tua Santissima Sposa.
Deh! per quel sacro
vincolo di carità che ti strinse all’Immacolata Vergine Madre di Dio, e per
l’amore paterno che portasti al fanciullo Gesù, guarda, te ne preghiamo, con
occhio benigno la cara eredità che Gesù Cristo acquistò col suo sangue, e col
tuo potere ed aiuto sovvieni ai nostri bisogni.
Proteggi, o provvido
Custode della divina Famiglia, l’eletta prole di Gesù Cristo; allontana da noi,
o Padre amantissimo, la peste di errori e di vizi che ammorba il mondo;
assistici propizio dal cielo in questa lotta contro il potere delle tenebre, o
nostro fortissimo protettore; e come un tempo salvasti dalla morte la minacciata
vita del pargoletto Gesù, così ora difendi la santa Chiesa di Dio dalle ostili
insidie e da ogni avversità: e stendi ognora sopra ciascuno di noi il tuo
patrocinio, affinché sul tuo esempio, e mercé il tuo soccorso, possiamo vivere
virtuosamente, piamente morire, e conseguire l’eterna beatitudine in cielo.
Così sia.
© Copyright - Libreria
Editrice Vaticana
Giovanni Battista Salvi (1609–1685),
La Sainte Famille, circa 1640, 93 x 72, musée Condé
VISITA PASTORALE ALLA
DIOCESI DI LIVORNO
SANTA MESSA PER I
LIVORNESI
OMELIA DI GIOVANNI PAOLO
II
Livorno, 19 marzo
1982
Cari fratelli e sorelle!
1. Sono qui oggi, insieme
con voi per venerare san Giuseppe nel giorno in cui lo venera la
Chiesa intera. Essa lo venera come merita quell’ammirevole “uomo giusto”, sposo
– dinanzi alla legge – di Maria, Vergine di Nazaret, Madre del Figlio di Dio.
Contemporaneamente la
Chiesa venera Giuseppe di Nazaret come “artigiano”, come uomo del lavoro, forse
falegname di professione. Egli è stato il solo e l’unico – tra tutti gli uomini
del lavoro sulla terra – presso il cui banco di lavoro si presentava ogni
giorno Gesù Cristo, Figlio di Dio e Figlio dell’uomo. Proprio lui, Giuseppe,
gli ha fatto imparare il lavoro della sua professione, lo ha incamminato in
essa, gli ha insegnato a superare le difficoltà e la resistenza dell’elemento
“materiale” e a trarre dalla materia informe le opere dell’artigianato umano. È
lui, Giuseppe di Nazaret, che ha legato una volta per sempre il Figlio di Dio
al lavoro umano. Grazie a lui, lo stesso Cristo appartiene anche al mondo del
lavoro e rende testimonianza della sua altissima dignità dinanzi agli occhi di
Dio.
Livorno è un grande
ambiente di lavoro. Desideriamo proprio qui rendere venerazione a san
Giuseppe. Desideriamo esprimere in questo modo che il mondo affidato in compito
all’uomo dal Creatore sempre e in ogni luogo della terra, e in mezzo ad ogni
società e nazione, è “il mondo del lavoro”. “Mondo del lavoro” vuol dire
contemporaneamente “mondo umano”. Proprio su questo “mondo” si è pronunciato il
Concilio nella costituzione sulla Chiesa nel mondo contemporaneo,
intitolata Gaudium
et Spes, che indica il “mondo”, cioè il “mondo umano” (che in misura
principale è “il mondo del lavoro”), come il luogo della Chiesa e come oggetto
del suo compito pastorale.
La Chiesa è in questo mondo.
È mandata a questo mondo, perché “Dio ha tanto amato il mondo da dare il suo
Figlio unigenito” (Gv 3,16); e ciò è avvenuto, si è compiuto nel corso di
30 anni nella casa nazaretana di Giuseppe. Perciò veneriamo oggi in san
Giuseppe quel mondo, al quale sono mandati Cristo e la Chiesa.
2. E questo “uomo
giusto”, nello stesso tempo, rimane inserito con tutta la sua vita e la sua
vocazione nel mistero della Chiesa. Conosciamo la sua vita “nascosta” e la
sua vocazione “silenziosa”. La conosciamo sufficientemente dal Vangelo; ma non
leggiamo nel Vangelo nessuna parola pronunciata da san Giuseppe di Nazaret.
Invece siamo testimoni degli avvenimenti che dicono quanto profondamente Dio
stesso consolidò la vocazione di san Giuseppe nel mistero della Chiesa. Ne rendono
testimonianza in particolare le letture della Liturgia odierna.
Il mistero della Chiesa,
cioè la realtà della Chiesa è nata già in qualche modo dalla promessa che Dio
fece ad Abramo, e contemporaneamente da quella fede, con la quale Abramo
rispose alla chiamata di Dio. Giustamente, nel giorno di san Giuseppe, leggiamo
la seguente frase dalla lettera ai Romani: “Non infatti in virtù della legge fu
data ad Abramo e alla sua discendenza la promessa di diventare erede del mondo,
ma in virtù della giustizia che viene dalla fede... Eredi quindi si diventa per
la fede, perché ciò sia per grazia e così la promessa sia sicura per tutta la
discendenza, non soltanto per quella che deriva dalla legge, ma anche per
quella che deriva dalla fede di Abramo” (Rm 4,13-16).
E, più avanti, dello
stesso Abramo scrive l’Apostolo: egli “è padre di tutti noi. Infatti sta
scritto: ti ho costituito padre di molti popoli; è nostro padre davanti al Dio
nel quale credette, che dà vita ai morti e chiama all’esistenza le cose che ancora
non esistono” (Rm 4,16-17).
Di pari passo con la fede
va la speranza. Abramo è “padre” della nostra fede e della nostra speranza:
“Egli ebbe fede sperando contro ogni speranza e così divenne padre di molti
popoli” (Rm 4,18).
E san Paolo continua: “Ecco
perché gli fu accreditato come giustizia” (Rm 4,22).
3. Giustamente rileggiamo
queste parole nella Liturgia della festa odierna. Le rileggiamo con il pensiero
a san Giuseppe di Nazaret, il quale fu “uomo giusto”, a cui fu accreditato
“come giustizia” il fatto che credette nel Dio, “che dà vita ai morti e chiama
all’esistenza le cose che ancora non esistono”. Queste parole, scritte da Paolo
nei riguardi di Abramo, le rileggiamo oggi con il pensiero a Giuseppe di
Nazaret, che “ebbe fede, sperando contro ogni speranza”. Ciò avvenne nel
momento decisivo per la storia della salvezza, quando Dio, Padre eterno,
compiendo la promessa fatta ad Abramo, “ha mandato il suo Figlio al mondo”.
Proprio allora si è manifestata la fede di Giuseppe di Nazaret, e si è manifestata
a misura della fede di Abramo. Si è manifestata maggiormente quando il Verbo
del Dio Vivente si fece carne in Maria, sposa di Giuseppe, la quale
all’annuncio dell’Angelo “si trovò incinta per opera dello Spirito Santo”. E
questo avvenne – come scrive l’evangelista Matteo – dopo le nozze di Maria con
Giuseppe, ma “prima che andassero a vivere insieme”.
Così, dunque, la fede di
san Giuseppe si doveva manifestare dinanzi al mistero dell’Incarnazione del
Figlio di Dio.
Proprio allora Giuseppe
di Nazaret passò la grande prova della sua fede, così come l’aveva passata
Abramo.
È allora che Giuseppe,
“uomo giusto”, credette a Dio come a colui che “chiama all’esistenza le cose
che ancora non esistono”.
Infatti, Dio stesso, con
la potenza dello Spirito Santo, ha chiamato all’esistenza nel seno della
Vergine di Nazaret, Maria, promessa sposa di Giuseppe, l’umanità che fu propria
dell’unigenito Figlio di Dio, il Verbo Eterno del Padre.
Egli, Dio, è colui che
chiama all’esistenza le cose che ancora non esistono.
E Giuseppe di Nazaret
credette a Dio. Credette così come una volta già aveva fatto Abramo.
Credette quando Dio gli
parlò con la parola dell’Angelo del Signore. Queste parole suonano così:
“Giuseppe, figlio di Davide, non temere di prendere con te Maria, tua sposa,
perché quel che è generato in lei viene dallo Spirito Santo. Essa partorirà un
figlio e tu lo chiamerai Gesù: egli infatti salverà il suo popolo dai suoi
peccati” (Mt 1,20-22).
Giuseppe, che prima “non
volendo ripudiarla, decise di licenziarla in segreto” (Mt 1,19), ora “fece
come gli aveva ordinato l’Angelo del Signore” (Mt 1,24).
Prese con sé Maria – e
Quel che era stato generato in lei.
Si dimostrò così un vero
discendente di Abramo secondo la fede. Un discendente privilegiato.
Infatti gli fu dato di
diventare il testimone più diretto, e quasi il testimone oculare del compimento
della promessa, data una volta ad Abramo e accolta mediante la fede.
Questi “ebbe fede
sperando contro ogni speranza” – e Giuseppe credette in egual modo. Egli è
stato chiamato con la voce di Dio, perché la speranza della salvezza potesse
compiersi nel mondo.
4. La Chiesa vive dalla
eredità della fede di Abramo.
La Chiesa è sorta ed
esiste perché la promessa data una volta ad Abramo potesse compiersi nel mondo.
La Chiesa lega il suo inizio – il compimento della speranza nel mondo – anche
con la fede di Giuseppe di Nazaret.
Ciò che spira da tutta la
sua figura è la fede, la vera eredità della fede di Abramo. La sua fede è la
più vicina somiglianza e analogia con la fede di Maria di Nazaret. Ambedue –
Maria e Giuseppe – sono uniti con questo mirabile vincolo. Dinanzi agli uomini,
il loro vincolo è quello matrimoniale.
Dinanzi a Dio ed alla
Chiesa, sono le nozze nello Spirito Santo.
Mediante queste nozze
nella fede sono diventati ambedue, Maria e accanto a lei Giuseppe, i testimoni
e dispensatori del mistero, mediante il quale il mondo creato e soprattutto i
cuori umani diventano di nuovo dimora del Dio Vivente.
Giuseppe di Nazaret è
“uomo giusto”, perché totalmente “vive dalla fede”. È santo, perché la sua fede
è veramente eroica.
La Sacra Scrittura parla
poco di lui – poco più di quello che leggiamo nella Liturgia di oggi. Non
registra neanche una parola che abbia pronunciato Giuseppe, falegname di
Nazaret. E tuttavia, anche senza parole, egli dimostra la profondità della sua
fede, la sua grandezza.
San Giuseppe è grande con
lo spirito. È grande nella fede, non perché pronuncia parole proprie, ma
soprattutto perché ascolta le parole del Dio vivente.
Ascolta in silenzio. E il
suo cuore persevera incessantemente nella prontezza ad accettare la Verità
racchiusa nella parola del Dio vivente. Per accoglierla e compierla con amore.
Perciò, Giuseppe di
Nazaret diventa veramente un mirabile testimone del Mistero Divino. Diventa un
dispensatore del Tabernacolo, che Dio ha scelto per sé sulla terra per compiere
l’opera della salvezza.
5. Guardando oggi con
venerazione e con amore la figura di san Giuseppe, dobbiamo in questo sguardo
rinnovare la nostra propria fede. Vediamo come la Parola del Dio vivente cade
profondamente nell’anima di quell’Uomo – di quell’Uomo giusto.
E noi, sappiamo ascoltare
la Parola di Dio? Sappiamo assorbirla con la profondità del nostro “io” umano?
Apriamo dinanzi a questo verbo la nostra coscienza?
Oppure – al contrario –
ci fermiamo soltanto alla superficie della Parola di Dio? Non le dischiudiamo
un più profondo accesso all’anima? Non accogliamo questa Parola nel silenzio
della prontezza interiore, così come Giuseppe di Nazaret? Non creiamo le
condizioni perché essa possa agire dentro di noi e portare frutti?
Ascoltiamo la Parola di
Dio? Come l’ascoltiamo? Leggiamo la Sacra Scrittura? Partecipiamo alla
catechesi?
Abbiamo tanto bisogno
della fede!
È tanto necessaria la
fede all’uomo dei nostri tempi, della difficile epoca odierna!
È tanto necessaria una
grande fede!
Proprio oggi una grande
fede è necessaria agli uomini, alle famiglie, alle comunità, alla Chiesa.
Ed è proprio per
prepararci allo sguardo maturo della fede sui problemi della Chiesa e del mondo
contemporaneo che la Provvidenza Divina ci ha dato il Concilio Vaticano II, il
suo insegnamento e il suo orientamento.
È necessario che ora,
nelle singole comunità che pure sono le Chiese – almeno nelle “Chiese
domestiche” –, il lavoro perseveri sull’assimilazione di questo insegnamento.
Bisogna leggere, bisogna
ascoltare, e accettare nel silenzio della prontezza interiore quella Parola,
che lo Spirito Santo “dice alla Chiesa” dei nostri tempi.
So che in questo senso
lavora il Sinodo diocesano della Chiesa in Livorno.
Raccomando oggi a san
Giuseppe i frutti di tale lavoro.
6. “Giuseppe, figlio di
Davide, non temere di prendere con te Maria... perché quel che è generato in
lei viene dallo Spirito Santo (Mt 1,20).
Popolo di Dio! Chiesa
livornese!
Non temere di prendere,
insieme con Giuseppe di Nazaret, Maria. Non temere di prendere Gesù Cristo, il
suo Figlio, in tutta la tua vita.
Non temere di prenderlo
in una fede simile alla fede di Giuseppe.
Non temere di prenderlo
sotto i tetti delle tue case – così come Giuseppe ha accolto Gesù sotto il
tetto della casa nazaretana. Non temere di prendere Cristo nel tuo lavoro
quotidiano.
Non temere di prenderlo
nel tuo “mondo”.
Allora questo “mondo”
sarà veramente “umano”. Diventerà sempre più umano.
Infatti, soltanto il
Dio-Uomo può fare il nostro “mondo umano” pienamente “umano”.
© Copyright 1982 -
Libreria Editrice Vaticana
Giuseppe
Torretti. La Vergine col Bambino e San Giuseppe tra le nuvole, Chiesa di Santa Maria
degli Scalzi Venezia. Cappella Manin
Giuseppe
Torretti. La Vierge et l'Enfant avec saint Joseph Église Santa Maria degli Scalzi,Venise.
Chapelle Mani
Giuseppe
Torretti. The Virgin and Child with St. Joseph in the clouds Church Santa Maria degli Scalzi Venice. Chapel
Manin
19 MARZO FESTA DI S.
GIUSEPPE, PATRONO DELLA CHIESA UNIVERSALE
Celebrare la festa di san
Giuseppe del 19 marzo (i primi furono i monaci benedettini nel 1030, seguiti
dai Servi di Maria nel 1324 e dai Francescani nel 1399; venne infine promossa
dagli interventi dei papi Sisto IV e Pio V e resa obbligatoria nel 1621 da
Gregorio XV) significa rendere onore liturgico al Patrono universale della
Chiesa e all’avvocato di ogni famiglia. Oggi più che mai occorre pregare ed
implorare la sua intercessione per l’una e per l’altra realtà. Alla Vergine
Maria si tributa il culto di iperdulia (al di sopra di tutti i
Santi), mentre a san Giuseppe il culto di proto dulia (primo fra
tutti i Santi).
Santa Teresa d’Avila
affidò sempre a lui la risoluzione dei suoi problemi e dei suoi affanni e mai
San Giuseppe la deluse. Lasciò scritto la mistica spagnola: «Ad altri Santi
sembra che Dio abbia concesso di soccorrerci in questa o in quell’altra
necessità, mentre ho sperimentato che il glorioso san Giuseppe estende il suo
patrocinio su tutte. Con ciò il Signore vuol farci intendere che a quel modo
che era a lui soggetto in terra, dove egli come padre putativo gli poteva
comandare, così anche in cielo fa tutto quello che gli chiede». Perciò,
«qualunque grazia si domanda a S. Giuseppe verrà certamente concessa, chi vuol
credere faccia la prova affinché si persuada», infatti, «ho visto chiaramente
che il suo aiuto fu sempre più grande di quello che avrei potuto sperare»
(Vita, VI, 5-8).
Come implorarlo per le
necessità? La Chiesa invita a pregarlo, in particolare, praticando la devozione
del Sacro Manto di San Giuseppe (risalente al 22 agosto 1882, data in
cui l’Arcivescovo di Lanciano, Monsignor Francesco Maria Petrarca, la approvò:
orazioni da recitarsi per 30 giorni consecutivi in ricordo dei 30 anni del
casto sposo di Maria Santissima a fianco e a tutela di Gesù).
Un Manto che molto potrebbe ottenere nell’anno del centenario di
Nostra Signora di Fatima, perché, proprio a Fatima, anche san Giuseppe
apparve. Era il 13 ottobre 1917, ultima delle apparizioni mariane alla
Cova d’Iria.
Pioveva a dirotto.
Racconterà suor Lucia: «Arrivati (…) presso il leccio, spinta da un istinto
interiore, domandai alla gente che chiudesse gli ombrelli, per recitare la
Corona. Poco dopo, vedemmo il riflesso di luce e subito dopo la Madonna sopra
il leccio» (Quarta Memoria di Lucia dos Santos, in A.M. Martins
S.j., Documentos. Fátima, L.E. Rua Nossa Senhora de Fátima, Porto 1976, p.
349). «Cosa vuole da me?». «Voglio dirti che facciano qui una cappella in Mio
onore; che sono la Madonna del Rosario; che continuino sempre a dire la Corona
tutti i giorni» (Ivi, pp. 349; 351).
A questo punto Lucia
chiese se poteva guarire malati e convertire peccatori, la Madonna disse che
non tutti avrebbero ricevuto la grazia: «Devono emendarsi; chiedano perdono dei
loro peccati» e, con un aspetto più triste, non «offendano più Dio Nostro
Signore, che è già tanto offeso» (Ivi, p. 351). In seguito la Madonna aprì le
mani, che emanavano luce, e le fece riflettere e proiettare nel
sole. Lucia allora gridò a tutti di guardare l’astro in cielo. Mentre
la Madonna si elevava congedandosi, il riflesso della sua luce continuò a
proiettarsi nel sole. E accanto al sole apparvero ai veggenti: san Giuseppe, il
Bambino Gesù, la Madonna, vestita di bianco, con il manto azzurro. San Giuseppe
e il Bambino benedicevano il mondo: la Sacra Famiglia si presentò nel suo
splendore celeste per assicurare la protezione in terra. Poi Maria Vergine
divenne Addolorata, con aspetto simile alla Madonna del Carmine.
In seguito iniziò il
miracolo danzante del sole. Padre premuroso e sollecito, san Giuseppe, a
differenza di una certa letteratura modernista che lo tratteggia soltanto come
uomo di tenerezza, fu assai forte e coraggioso (si pensi all’aver preso in
sposa, contro il suo pubblico onore, la Vergine Maria in attesa di Gesù, oppure
alla fuga in Egitto) e fu uomo mistico, visto che in più occasioni gli fu dato
il privilegio di conoscere la volontà di Dio attraverso gli angeli. San
Giuseppe, che ebbe così alta dignità e così alta responsabilità di capo della
Sacra Famiglia, proteggendo la sua sposa e il Figlio di Dio, se invocato dai
credenti e, principalmente, dai puri di cuore e, dunque, in grazia di Dio, non
abbandonerà la Sposa di Cristo ai peccati e agli errori dei nostri tempi, sia
clericali che civili. Ricorrere a lui significa affidarsi al giusto difensore
celeste.
Il beato Pio IX, l’8
dicembre del 1870, quando proclamò san Giuseppe patrono della Chiesa universale,
disse: «In modo simile a come Dio mise a capo di tutta la terra d’Egitto quel
Giuseppe, figlio del patriarca Giacobbe, affinché immagazzinasse frumento per
il popolo, così, all’arrivo della pienezza dei tempi, quando stava per mandare
sulla terra suo Figlio unigenito Salvatore del mondo, scelse un altro Giuseppe,
del quale il primo era stato tipo e figura, che rese padrone e capo della sua
casa e del suo possesso e lo scelse come custode dei suoi principali tesori».
Allo stesso modo Leone
XIII, nell’enciclica Quamquampluries del 15 agosto 1889, afferma: «è
affermata l’opinione, in non pochi Padri della Chiesa, concordando su questo la
sacra liturgia, che quell’antico Giuseppe, nato dal patriarca Giacobbe, aveva
abbozzato la persona e i destini di questo nostro Giuseppe e aveva mostrato col
suo splendore, la grandezza del futuro custode della sacra famiglia». La stessa
interpretazione venne espressa da Pio XII quando istituì la festa di san
Giuseppe artigiano nel 1955. Possa il paterno discendente del Re Davide
infondere nei responsabili terreni della Chiesa e nei genitori un poco del suo
virile coraggio proveniente dalla sua indefettibile Fede.
Fonte: Cristina Siccardi
in Corrispondenza
Romana
SOURCE : https://cittacristiana.com/2019/03/19/19-marzo-festa-di-s-giuseppe-patrono-della-chiesa-universale/
Jerónimo Jacinto Espinosa (1600–),
Sagrada Familia en el taller de
carpintero / Sagrada Família a la fusteria, circa
1640, 205.5 x 162.5, musée des beaux-arts de
Valence
Saint Josémaria
ESCRIVA. « Dans
l'atelier de Joseph », Quand le Christ passe :
http://fr.escrivaworks.org/book/quand_le_christ_passe-chapitre-5.htm
Joseph-Marie
Verlinde (Auteur). Joseph de Nazareth, Artège, 2024 : https://www.editionsartege.fr/product/125100/joseph-de-nazareth/
Voir aussi : http://har22201.blogspot.com/2012/03/saint-joseph.html
http://www.maria-valtorta.org/Personnages/JosephJacob.htm
Le retour de saint Joseph
dans le cœur des fidèles
Mathilde
de Robien | 26 décembre 2018
Est-ce un hasard si
depuis quelques années la dévotion envers saint Joseph semble s’accroître ? En
pleine crise de la masculinité, bon nombre de pèlerinages, groupes de prière et
neuvaines implorent sa protection. Ils sont nombreux à se placer sous le
patronage de cet homme à la fois tendre et fort, choisi parmi tant d’autres
pour être le protecteur de Jésus et de la Vierge Marie.
Ces dernières années, il
est partout. À Vezelay, Pellevoisin, L’Île-Bouchard, Montligeon, le
Mont-Saint-Michel… Sur ces lieux de pèlerinage, la dévotion des hommes (et des
femmes) envers l’époux de Marie et le père de Jésus ne cesse de croître. En
témoignent les nombreuses prières, neuvaines, consécrations et pèlerinages qui
invoquent sa protection. À
Cotignac (Var), lieu d’une de ses apparitions au XVIIe siècle,
ils étaient simplement deux amis, en 1976, à marcher, discuter et prier sur le
Mont Bessillon. Ils sont des milliers aujourd’hui. À Paris, la première marche
de saint Joseph a rassemblé une centaine de pères, de grands-pères et d’hommes
célibataires en 2011. Ils
sont près de 2.500 désormais, chaque année vers le 19 mars, à marcher
ensemble.
Lire aussi :
La
prière du « Je vous salue Joseph
Importés d’Angleterre,
des groupes de « prière des pères » fleurissent désormais un peu
partout en France. Rien que cette année, il s’en est formé à Lyon,
Boulogne-sur-mer, Tarbes et Paris. Et enfin, difficile d’ignorer l’envolée de
la cote du prénom Joseph depuis quelques années. Si à peine 300 petits Joseph
naissaient chaque année en France entre 1980 et 2000, ils sont presque trois
fois plus nombreux depuis 2017 à voir le jour.
« Ce n’est pas un hasard
si saint Joseph nous est donné aujourd’hui »
Mais alors, comment
expliquer ce regain d’intérêt et de dévotion ? Le culte à saint Joseph remonte
pourtant aux premiers temps du christianisme. Mais saint Joseph a parfois
souffert d’une réputation d’un personnage un peu falot, ou tout du moins
discret. Jugé, à tort, ni tout à fait mari, ni tout à fait père, il est en
outre qualifié de grand silencieux dans la mesure où pas une seule phrase ne
lui est attribuée par les évangélistes. Pourtant, il n’est pas un saint comme
les autres. Dieu l’a choisi parmi tant d’autres pour veiller sur ses deux plus
grands trésors : Jésus et Marie. Dieu savait qu’il était l’homme le plus
capable au monde d’être la parfaite image du Père sur terre. De par sa mission
à l’égard de la Sainte Famille, il est déclaré patron de l’Église universelle
et des pères de famille le 8 décembre 1870 par le pape Pie IX.
Lire aussi :
Une
puissante prière à saint Joseph pour la conversion d’un proche
Pour l’abbé Philippe de
Maistre, curé de la paroisse Saint-André de l’Europe, à Paris, « ce n’est pas
un hasard si saint Joseph nous est donné aujourd’hui. À travers la crise de la
masculinité que traverse notre société, il est là pour nous rappeler le rôle du
père, de l’époux et de l’homme. Tout se passe comme si Dieu avait gardé en
réserve le mystère de Joseph, et à travers lui, le mystère de la paternité ».
Un patronage encouragé
depuis 130 ans
Ce n’est qu’au
XIXe siècle que la figure de saint Joseph est remise à sa juste place. Le
pape Léon XIII, dans son encyclique Quanquam
pluries (1889) consacrée à la dévotion à saint Joseph, exhorte pour la
première fois tous les catholiques à se placer sous son patronage. Il convenait
alors d’invoquer saint Joseph « à cause de la difficulté des temps » : « Nous
jugeons très utile que le peuple chrétien s’habitue à invoquer avec une grande
piété et une grande confiance, en même temps que la Vierge, Mère de Dieu, son
très chaste Époux, le bienheureux Joseph », souligne l’encyclique.
Lire aussi :
En
images : la fuite en Égypte vue par les plus grands artistes
Une dévotion relativement
récente donc, qui a fait dire au bienheureux cardinal anglais John Henry
Newman, protestant converti au catholicisme en 1845 : « Il y avait des saints
plus rapprochés de Notre Seigneur que les apôtres et les martyrs; mais comme si
ceux-là avaient été perdus dans le rayonnement de sa gloire, pendant longtemps
ils furent l’objet de moins d’attention. Puis, à mesure que succédèrent des
temps relativement calmes, se levèrent dans le firmament de l’Église ces astres
lumineux, plus importants, plus augustes que tout ce qui les avait précédés, et
qui se levaient tard précisément parce qu’ils rayonnaient d’une splendeur
particulière. Saint Joseph en est l’exemple le plus frappant. Proclamé saint
par l’Évangile, père nourricier de Notre Seigneur, il fut dès le commencement
un objet de foi absolue et universelle pour le monde chrétien; et cependant la
dévotion envers lui est relativement récente. Quand elle commença, les hommes
s’étonnèrent qu’on n’y eût pas songé plus tôt », écrit-il en 1865 à son
ami Pusey, resté protestant.
Un modèle en tant
qu’homme
Dans
l’encyclique Quanquam pluries, Léon XIII insiste sur la prééminence
de saint Joseph sur les autres saints, dans la mesure où il a été « de par la
volonté divine, le gardien du Fils de Dieu », et par son mariage avec la Vierge
Marie, « un participant de sa sublime dignité » : « Certes, la dignité de Mère
de Dieu est si haute qu’il ne peut être créé rien au-dessus. Mais comme Joseph
a été uni à la bienheureuse Vierge par le lien conjugal, il n’est pas douteux
qu’il ait approché, plus que personne, de cette dignité suréminente par
laquelle la Mère de Dieu surpasse de si haut toutes les autres créatures. »
Voilà pourquoi la doctrine admise par l’Église affirme que, de tous les saints,
saint Joseph est le plus élevé au ciel, après Jésus et Marie.
En images : le silence de
saint Joseph inspire les artistes
Lorsque saint Joseph
apparaît à Cotignac le 7 juin 1660, à un berger assoiffé nommé Gaspard Ricard,
ce dernier le décrit comme un homme d’une stature imposante. Joseph lui désigne
un lourd rocher en disant : « Je suis Joseph, enlève-le et tu boiras ».
Et en effet, sous la pierre coule une source qui même aujourd’hui n’est pas
tarie. Pour l’abbé Philippe de Maistre, ce geste est un symbole fort : « C’est
comme s’il y avait une source de la vigueur masculine que Joseph invite à
retrouver. D’homme à homme, il demande au berger de se lever, de soulever la
pierre, c’est-à-dire de faire preuve de force, pour retrouver la source du don
de la masculinité ».
Lire aussi :
Comment
vivre avec saint Joseph toute l’année ?
Aujourd’hui, selon
l’abbé, les hommes sont perdus dans leur identité, et saint Joseph est là pour
leur indiquer le chemin de la masculinité, pour faire rayonner la figure de
l’homme selon le cœur de Dieu, pour assumer sa force au service de la douceur,
au service de l’amour, de la même manière que Joseph a fait preuve de force
dans sa mission de protection envers Marie et Jésus.
Un modèle en tant que
père et époux
Avec les changements
sociétaux et familiaux, la place du père est malmenée de nos jours. Les pères
semblent être à la recherche d’une identité, non pas celle, ancestrale et
caricaturale, d’une autorité aveugle et primaire, mais celle dans laquelle
saint Joseph a excellé, où « la force est au service de l’amour »
comme la définit l’abbé Philippe de Maistre. Les nombreuses demandes de
protection et d’intercession à travers la figure de Joseph sont le signe d’une
réelle aspiration à retrouver la vraie dimension de la paternité et de la
masculinité.
Le mouvement de la Prière
des pères érige ainsi saint Joseph comme modèle : « Seigneur, donne-nous la
force et la lumière dont nous avons besoin pour remplir notre rôle et assumer
notre place de pères dans la société en suivant l’exemple de Joseph, l’époux de
Marie. »
Lire aussi :
Les
sept dimanches de saint Joseph
L’encyclique Quanquam
pluries fait écho de la charge magnifiquement portée et assumée par saint
Joseph tout au long de sa vie, et donne par là des repères concrets à tous les
pères du monde : « Joseph était le gardien, l’administrateur et le défenseur
légitime et naturel de la maison divine dont il était le chef. Il exerça de
fait ces charges et ces fonctions pendant tout le cours de sa vie mortelle. Il
s’appliqua à protéger avec un souverain amour et une sollicitude quotidienne
son Épouse et le divin Enfant ; il gagna régulièrement par son travail ce qui
était nécessaire à l’un et à l’autre pour la nourriture et le vêtement ; il
préserva de la mort l’Enfant menacé par la jalousie d’un roi, en lui procurant
un refuge ; dans les incommodités des voyages et les amertumes de l’exil, il
fut constamment le compagnon, l’aide et le soutien de la Vierge et de Jésus. »
L’abbé Philippe de
Maistre souligne qu’il n’y a que deux personnes à qui Jésus a dit « Abba » :
son Père céleste, et Joseph. « Jésus, le fils de Dieu, a eu besoin d’un homme
qui lui apprenne humainement ce qu’est la paternité. C’est Joseph qui a
enseigné à Jésus comment il sauverait le monde, qui lui a décodé les Écritures
saintes, qui a été le relais de Dieu pour faire entrer Jésus dans sa mission et
dans son identité », précise-t-il. Le père André Doze, dans son
livre Joseph, ombre du Père, désigne en ce sens Joseph comme le visage
humain du Père éternel pour Jésus.
Saint Joseph et le pape
François
Le regain de ferveur
vis-à-vis de saint Joseph n’est sans doute pas étranger au Pape François, qui
lui voue une affection toute particulière. Non seulement il a porté sur ses
armoiries pontificales une fleur de nard, symbole du père de Jésus, mais il a également
demandé à ce que soit mentionné le nom de « saint Joseph époux de
Marie », après celui de la Vierge Marie, dans les liturgies eucharistiques
II, III, et IV, par un décret datant
du 1er mai 2013 (le nom de saint Joseph était déjà mentionné dans la
prière eucharistique I depuis le pape Jean XXIII). En outre, le pape François a
consacré l’État de la Cité du Vatican à saint Joseph et à saint Michel Archange
le 5 juillet 2013.
Lire aussi :
Les
cinq signes de l’attachement du Pape à saint Joseph
Lors de sa messe
d’inauguration le 19 mars 2013, jour de la solennité de saint Joseph — clin
Dieu providentiel ! — il s’exprime sur la grande tendresse du père de Jésus : «
Dans les Évangiles, saint Joseph apparaît comme un homme fort, courageux,
travailleur, mais dans son cœur on voit une grande tendresse, qui n’est pas la
vertu du faible, mais au contraire, dénote une force d’âme et une capacité
d’attention, de compassion, de véritable ouverture à l’autre, d’amour. Nous ne
devons pas avoir peur de la bonté, de la tendresse ! »
« S’il y a un
problème, j’écris un petit mot à saint Joseph et je le mets sous sa statuette
que j’aie dans ma chambre pour qu’il le rêve… pour qu’il prie pour ce
problème » a aussi confié le pape François dans
un entretien accordé en février 2017 au quotidien italien à Corriere della
Sera : il glisse alors le morceau de papier avec sa prière sous une
statuette à l’effigie du saint patron des pères de famille. Cet attachement
remonte au jour où, à Buenos Aires, alors qu’il est âgé de 17 ans, il acquiert
la certitude qu’il deviendra prêtre. « Comme poussé par un étrange
besoin », confiera-t-il plus tard, il pénètre alors dans la basilique
Saint-Joseph.
Prières et consécrations
Saint Joseph, en tant que
saint patron des artisans, des charpentiers (plus largement des travailleurs),
des époux, de la bonne mort, de l’Église et des pères de famille, se voit
confier une multitude de causes, au travers de prières et neuvaines plus ou moins
connues. Parmi les prières à saint Joseph, il existe le Je
vous salue Joseph, cette ancienne
prière dite infaillible, des prières pour trouver du travail, un
logement, pour demander la grâce d’avoir un enfant, de mourir entre les bras de
Marie et Jésus… Il existe ainsi une trentaine de prières à Saint Joseph.
Statue
de Saint Joseph dans la crypte de L'Oratoire
Saint-Joseph du Mont-Royal
Statue
of Saint Joseph in the crypt of Saint Joseph's Oratory in Montreal, Canada.
SAINT JOSEPH, PATRON DU
CANADA
LA dévotion à saint
Joseph s’implante au Canada avec l’arrivée du premier missionnaire, le
Père Joseph Le Caron, l’un des récollets – nous dirions aujourd’hui
franciscains – obtenus de peine et de misère par Champlain en mai 1615, sept
ans après la fondation de la petite colonie de Québec.
Frère Thomas, dans son
article « Saint Joseph, gouverneur au saint Royaume de France », a
rappelé la dévotion traditionnelle des disciples du Poverello pour le Chef de
la Sainte Famille, mais chez le Père Le Caron celle-ci était très ardente.
Aussi lui consacra-t-il sa première mission chez les Hurons, quelques mois
après son arrivée à Québec.
LA CONSÉCRATION DU CANADA
À SAINT JOSEPH
Deux ans plus tard,
revenu auprès de Champlain et constatant les difficultés inextricables de la
colonie, c’est lui qui le persuada de consacrer le Canada à saint Joseph.
La cérémonie réunit tous
les colons, une bonne centaine, mais aussi bon nombre de sauvages qui
se trouvaient à Québec. On n’en connaît pas le jour exact, mais de différents
documents on déduit qu’elle dut avoir lieu entre le 16 juillet et le 15 août
1624. Le Père Le Caron et Champlain prononcèrent la consécration devant une
petite peinture sur cuivre (12 x 17 cm) représentant saint Joseph et
l’Enfant-Jésus, conservée au musée des Beaux-Arts de Québec. Leur ferveur
n’avait d’égale que la pauvreté, digne de l’étable de Bethléem.
Il n’en fallut pas
davantage pour que la dévotion à saint Joseph embrase les cœurs de nos
valeureux colons, en témoigne le nombre important de fiefs ou de lacs qui
reçurent son nom.
Mais surtout, saint
Joseph inaugura ses bienfaits pour la Nouvelle-France en obtenant qu’en 1625 le
jeune duc de Ventadour, pair de France, devienne Vice-roi de la Nouvelle-France
et la prenne à cœur. C’était un homme très pieux, qui s’était placé sous la
direction spirituelle des jésuites. Six ans plus tard, il quitta la cour de
France pour être ordonné prêtre tandis que son épouse, avec laquelle il n’avait
pas consommé le mariage, entrait au carmel. En 1627, il fut l’un des fondateurs
de la Compagnie du Saint-Sacrement, organisation secrète réunissant de
courageux chrétiens prêts à défendre, au péril de leur vie, le Saint-Sacrement
contre les actions sacrilèges des protestants. Cependant, très vite, ses
membres s’appliquèrent aussi à soutenir les œuvres de Contre-Réforme par leurs
dons ou leur influence. Québec aussi bien que Ville-Marie en seront les heureux
bénéficiaires.
Avant cela, une des
premières décisions du duc de Ventadour, prise sur les instances de Champlain,
fut d’interdire sur mer comme sur terre l’exercice de la religion prétendument
réformée. Ce fut déterminant pour l’avenir de la Nouvelle-France, car les
principales difficultés de Champlain pour faire de son implantation au cap
Diamant une véritable colonie venaient des protestants qui ne s’intéressaient
qu’au commerce.
LES JÉSUITES, DIGNES
HÉRITIERS DES RÉCOLLETS
Sur la recommandation du
Père Le Caron, le duc convainquit les jésuites de remplacer les récollets à
Québec pour une tâche qui était manifestement trop lourde pour eux. Cinq y
furent envoyés à ses frais. Ils seront pendant près de vingt ans les colonnes
de la Nouvelle-France, sans eux rien n’aurait été possible. Or, eux-aussi
vouaient un culte à saint Joseph : « Saint-Joseph n’avait-il pas
passé sa vie dans la compagnie de Jésus ? »
Dès leur premier séjour
en 1625, leur supérieur, le Père Lalemant fit vœu de donner le nom de Joseph au
premier indigène baptisé.
La dévotion à saint
Joseph eut aussi une place éminente dans la mission des Hurons. La liste des
grâces reçues de lui, dont les Relations des Jésuites nous ont gardé le
témoignage, serait longue. Citons simplement saint Jean de Brébeuf :
« Je vis par
plusieurs fois tout renversé et désespéré, jusqu’à ce que j’eus
particulièrement recours à Notre-Seigneur Jésus..., et que j’eus fait un vœu au
glorieux saint Joseph, nouveau patriarche des Hurons. [...] Nous
devons aussi beaucoup au glorieux saint Joseph, époux de Notre-Dame et
protecteur des Hurons, dont nous avons touché au doigt l’assistance plusieurs
fois. Ce fut une chose remarquable que, le jour de sa fête et durant l’octave,
les commodités nous venaient de toutes parts. »
Sa première mission en
Huronie fut placée sous la protection de saint Joseph, c’est là que le Père
Daniel mourut martyr dix ans plus tard. L’église réservée aux Amérindiens de
Sainte-Marie-des-Hurons fut consacrée à saint Joseph. Quoique très pauvre,
située pratiquement en plein bois et à un mois de canot de Québec, elle fut
élevée au rang de basilique par le pape Urbain VIII, avec tous les privilèges
et indulgences qui s’y trouvaient attachés, au profit de ces
chers sauvages baptisés ou encore catéchumènes.
Après le martyre de saint
Jean de Brébeuf et de saint Gabriel Lalemant, lorsque Sainte-Marie-des-Hurons
fut assiégée par les Iroquois, c’est en invoquant leur habituel protecteur,
promettant une messe par mois en son honneur, que les jésuites et les hurons
chrétiens qui y étaient réfugiés obtinrent leur délivrance miraculeuse, le 18
mars 1649 : dans la nuit, les Iroquois s’enfuirent, frappés d’une terreur
panique.
Ce n’était pas la
première fois que les missionnaires furent ainsi délivrés de périls mortels,
aussi mirent-ils sous la protection de saint Joseph leur rapatriement à Québec
et celui des Hurons survivants.
SAINT JOSEPH À QUÉBEC
Après l’arrivée des
disciples de saint Ignace, celle des Ursulines, avec à leur tête sainte Marie
de l’Incarnation, sera déterminante pour la colonie. L’intervention du Chef de
la Sainte Famille est, là encore, indubitable.
On se souvient qu’un
songe, à Noël 1633, avait éveillé le zèle missionnaire dans l’âme de cette
sainte religieuse cloîtrée. Ce n’est qu’en février 1635, que Notre-Seigneur lui
en donna l’explication : il lui avait montré le Canada dont le gardien
était saint Joseph : « Il faut que tu y ailles faire une maison à
Jésus et à Marie. » Le Ciel avait donc bien avalisé la consécration de la
colonie naissante.
Une jeune veuve, madame
de La Peltrie, se joignit à l’expédition dont elle assuma tous les frais, à la
suite d’un vœu à saint Joseph, sa grande dévotion, pour obtenir sa guérison
d’une grave maladie qui l’affligeait. Ce qui lui fut immédiatement accordé.
Une fois la fondation
décidée et financée, Marie de l’Incarnation désignée pour en prendre la tête et
le voyage organisé, une autre ursuline du couvent de Tours, sœur Marie de
Saint-Bernard, désira vivement partir elle aussi, ce qui paraissait impossible.
Elle promit tout simplement de changer son nom en Marie de Saint-Joseph si elle
était tout de même désignée ; il n’en fallut pas davantage pour que son
souhait se réalisât.
Pour achever de nous
convaincre que l’installation de cette congrégation à Québec était voulue par
le patron du Canada, rappelons la joie de nos religieuses lorsqu’elles
constatèrent que « Saint Joseph » était le nom de leur navire. Lors
de la traversée, celui-ci se trouva face à un iceberg : impossible
d’éviter une fatale collision. Tandis qu’un jésuite donnait une absolution
collective, sœur Marie de Saint-Joseph proposa un vœu : faire célébrer une
messe en l’honneur de saint Joseph. Aussitôt, et sans qu’on sache comment cela
arriva, la banquise fut en un instant derrière le bateau ; ce que tout
l’équipage attesta.
Ne nous étonnons pas
après cela que le monastère des Ursulines ait été consacré à saint Joseph, y
compris leur immense jardin qui assura pendant longtemps la subsistance des
sœurs, des élèves et de bien des pauvres.
À l’Hôtel-Dieu de Québec,
autre fondation des débuts de la Nouvelle-France, les chanoinesses de
Saint-Augustin et notamment la bienheureuse Catherine de Saint-Augustin ne
furent pas en reste. En hommage au Chef de la Sainte Famille, il était prévu
qu’elles accepteraient sans dot les postulantes pauvres qui désiraient devenir
des religieuses de chœur.
Le jour de l’Ascension
1657, Catherine de Saint-Augustin vit Notre-Seigneur arriver au Ciel et
distinguer saint Joseph parmi toute la cour céleste qui l’accueillait :
« Serviteur fidèle, comme vous avez été l’économe de ma maison en terre,
je veux qu’ici vous commandiez et que vous y ayez tout pouvoir. »
Le successeur de
Champlain, monsieur de Montmagny, donna le nom de Joseph au premier sauvage
converti dont il fut le parrain, « parce que ce saint avait été proclamé
le patron du pays ». Tous les gouverneurs suivirent son exemple.
La fête de saint Joseph,
le 19 mars, était toujours célébrée avec une pompe liturgique quasi égale à
celle du jour de Pâques. Les feux d’artifices – très à la mode à l’époque-et de
grands feux de joie étaient autorisés. Ces festivités impressionnaient vivement
les Indiens, qui tenaient à organiser leur propre fête avec feux de joie, même
lorsqu’ils étaient à la chasse dans les bois.
SAINT JOSEPH À
VILLE-MARIE
Il n’est pas étonnant non
plus que Ville-Marie fasse preuve d’une égale dévotion au patron du Canada
quand on sait les origines surnaturelles de sa fondation. Elle fut demandée à
monsieur de la Dauversière probablement dès 1630. Rien ne prédestinait à une
telle œuvre ce receveur des tailles à La Flèche, même si le Ciel lui avait déjà
annoncé qu’il fonderait une congrégation religieuse cloîtrée, les Sœurs
hospitalières de Saint-Joseph, ce qui se réalisa lorsqu’il fut administrateur de
l’Hôtel-Dieu de sa ville. Mais on comprend qu’il ait douté de sa mission :
fonder une colonie outre-Atlantique sans pouvoir s’y rendre lui-même ! Il
lui fallut donc, en 1635, une vision de la Sainte Famille à Notre-Dame de Paris
pour le décider à aller de l’avant.
En 1642, Ville-Marie
voyait le jour et son premier hôpital, édifié en 1645, fut consacré au patron
du Canada. En 1658, les Sœurs hospitalières de Saint-Joseph y remplacèrent la
vénérable Jeanne Mance.
Une anecdote nous montre
l’ardente dévotion de la Nouvelle-France pour saint Joseph. Lorsqu’un officier
canadien, M. Joseph de Villebon, alors en Acadie, apprit que des Anglais
avaient profané une statue de saint Joseph qui se trouvait à la proue d’un
navire dont ils s’étaient emparés, il résolut de l’acheter. Pour réparer les
outrages qu’elle avait subis, il organisa une procession solennelle pour porter
la statue dans une église où elle serait honorée. Ce qu’apprenant, les
religieuses de l’Hôtel-Dieu de Québec résolurent aussi de faire acte de réparation
parce que « nous sommes très particulièrement sous la protection de saint
Joseph, et que nous faisons profession de l’aimer et de l’honorer. » Par
conséquent, chaque religieuse fit une amende honorable et promit d’accomplir
une pénitence pour réparer cet affront. Elles supplièrent en outre le chef de
la Sainte Famille d’obtenir la conversion des Anglais hérétiques.
Cette ardeur de dévotion
fut entretenue au XVIIIe siècle par le grand orateur que fut ici le Père
Joseph de la Colombière, le frère cadet de saint Claude de la Colombière.
La confrérie de la bonne
mort, sous le patronage de saint Joseph, fut instituée en 1730.
C’est aussi à cette
époque qu’en reconnaissance de sa guérison miraculeuse, François Charon de la
Barre, riche négociant de Ville-Marie, y fonda un hospice et une école
d’apprentissage qu’il confia à une congrégation nouvelle : les frères
hospitaliers de la Croix et de saint Joseph. Ce fut un échec, mais saint Joseph
avait un autre plan, car l’institution des frères Charon devint le berceau de
l’œuvre de sainte Marguerite d’Youville, les Sœurs grises.
La conclusion
s’impose : au temps de la Nouvelle-France, le patronage de saint Joseph
présida à l’établissement d’une chrétienté paisible, dotée des institutions qui
favorisaient la pratique des vertus de la Sainte Famille. C’est bien cela que
le saint Patriarche voulait pour ce pays dont il est le gardien et pour lequel
il ne lésina pas sur les miracles et les protections.
PROTECTEUR DE LA
RENAISSANCE CATHOLIQUE
Après la Conquête, la
pratique religieuse et donc la foi des Canadiens français vont se trouver
asphyxiées peu à peu, jusqu’à ce que le Cœur Immaculé de Marie, répondant à la
prière du jeune mais déjà saint évêque de Montréal, Mgr Bourget, provoque leur
retour en masse vers l’Église en 1840.
Lui-même, très dévot à
saint Joseph, souhaitait lui établir un lieu de pèlerinage dans sa ville
épiscopale. L’aumônier des Sœurs grises le voulait chez elles ; afin de
forcer la main de son évêque, il commanda en France une grande et magnifique
statue de saint Joseph. Malheureusement, le bateau qui transportait l’objet de
ses pieux rêves sombra avec toute sa cargaison.
Un an plus tard, une
caisse, portant sur une étiquette la simple mention « Sœurs grises »,
flottait dans le port de Montréal. On la porta donc à leur maison la plus
proche du port, on l’ouvrit... c’était la fameuse statue ! Mgr Bourget, y
voyant évidemment la volonté clairement exprimée de saint Joseph, fit de cette
chapelle son sanctuaire diocésain ; il le resta jusqu’à la construction de
l’Oratoire sous l’impulsion du frère André, quarante ans plus tard.
Toutes les fondations
auxquelles l’infatigable évêque de Montréal présida, dans des conditions de
pauvreté souvent héroïques, profitèrent d’aides providentielles récompensant
leurs prières à saint Joseph.
Il en fut de même dans
les grandes Plaines de l’Ouest comme dans les vastes étendues enneigées du
Grand Nord canadien, au profit des Oblats de Marie Immaculée.
Dans ses mémoires, Mgr
Breynat, qui fut 42 ans durant l’évêque du Mackenzie, consacra tout un chapitre
aux interventions miraculeuses de saint Joseph en faveur de ses missionnaires.
La plus connue, car la plus extraordinaire pour ceux qui ont l’expérience du
Grand Nord, fut ce troupeau de caribous qui se présenta aux fusils des chasseurs
d’une mission et de son pensionnat au bord de la famine, alors qu’aucune trace
de harde n’avait été relevée de tout l’hiver.
C’est d’ailleurs à un
autre évêque de l’Ouest canadien, Mgr Grouard, que l’on doit l’introduction de
l’invocation à saint Joseph dans les louanges divines au Saint-Sacrement. Quant
à Mgr Grandin, il avait si souvent éprouvé sa protection qu’il décida que
chaque mission devait prendre en charge gratuitement un pauvre en l’honneur de
leur céleste protecteur.
Dans l’Ouest canadien
comme en Nouvelle-France, ou dans la province de Québec retrouvant sa foi, le
fruit principal de la consécration à saint Joseph fut de former une chrétienté
qui l’emportât par ses vertus sur les puissances adverses : la barbarie
des autochtones ou l’impiété du libéralisme américain. Saint-Joseph voulait
instaurer ou restaurer la chrétienté sur ce continent.
Or, celle-ci fut mise à
mal à partir de 1867, avec la fondation du Canada moderne, la Confédération
canadienne d’un océan à l’autre où les catholiques n’étaient plus qu’une forte
minorité. Face à cette situation, certains évêques préconisaient de ne voter
que pour les candidats qui s’engageraient à respecter les droits de l’Église,
comptant ainsi contraindre le gouvernement au respect de la Loi divine.
D’autres, au contraire, considéraient que le bien de l’Église passait par
l’entente avec le pouvoir politique majoritairement anglo-protestant. Ce
libéralisme provoqua une cassure qui s’avéra peu à peu fatale à la chrétienté
canadienne.
Si la Sainte Vierge
multiplia ses miracles au Cap-de-la-Madeleine pour soutenir les chefs de file
partisans du « programme catholique », saint Joseph, à Montréal,
contra pour un temps les funestes conséquences du libéralisme.
LE SAINT FRÈRE ANDRÉ
Alfred Bessette, né en
1845, apprit à aimer et à prier saint Joseph sur les genoux de sa mère ;
c’est qu’elle-même en avait reçu de grandes grâces depuis son veuvage. Après
une jeunesse pauvre et éprouvée, celui qu’on appela dès lors frère André, fut
admis en 1870 au noviciat des frères de Sainte-Croix sur la recommandation du
curé de saint Césaire qui avait remarqué sa piété. Ce que ce bon prêtre ne
savait pas, c’est qu’un jour le jeune Bessette avait été favorisé d’une
apparition de saint Joseph dans l’église paroissiale, venu lui apprendre à bien
faire le chemin de croix !
Cependant, son renvoi
avait été décidé à cause de sa mauvaise santé, lorsqu’à la faveur d’une visite
canonique, le novice rencontra en tête à tête Mgr Bourget. On ne sait rien de
cet entretien, sinon qu’ensuite, le conseil revint sur sa décision et le garda.
En 1871, on lui donna son obédience pour le collège Notre-Dame de la
Côte-des-Neiges à Montréal : il y fut l’homme à tout faire, avec une
totale abnégation.
En 1877, après la
démission de Mgr Bourget, les libéraux bientôt soutenus par Léon XIII vont
avoir le champ libre. Mais saint Joseph s’interposa : le 5 février 1878,
par l’intermédiaire du frère André, il guérit le frère Aldéric à la veille de
son amputation, or celui-ci avait fait la promesse de publier sa guérison. Ce
fut le premier miracle connu du petit frère, qui coïncida avec la première
prise de pouvoir des libéraux à Québec.
Les années suivantes,
frère André multiplia les miracles, mais uniquement au profit des élèves du
collège et de leurs familles. Sa notoriété s’étendit, mais resta localisée à la
Côte-des-Neiges.
En 1884, juste avant
qu’éclate dans l’Ouest la révolte des métis qui se termina par l’affaire Riel,
laquelle ouvrit aux libéraux la voie du gouvernement fédéral, une dame de la
haute société montréalaise fut instantanément guérie par un simple mot du petit
frère qui ne releva même pas la tête, tout occupé qu’il était à laver les
planchers. C’en fut fini de sa tranquillité : de ce jour, bon nombre de
gens vinrent quotidiennement lui confier leurs intentions et demander leur
guérison, et beaucoup repartaient guéris. Il en fut ainsi pendant dix ans, ce
qui n’allait pas sans perturber les activités scolaires. Aussi, à partir de
1894, il dut recevoir les quémandeurs dans l’abri de tramway.
Trois ans plus tard, la
congrégation acheta un vaste terrain sur « la montagne », le
Mont-Royal, en face du collège. Cela faisait des mois que frère André disait
que saint Joseph voulait y être honoré. Il eut la permission d’y construire un
petit oratoire qui fut béni le 19 octobre 1904. Frère André avait 59 ans :
depuis vingt ans déjà il faisait chaque jour des miracles !
L’ORATOIRE SAINT-JOSEPH
Durant ce temps, Montréal
avait bien changé : son port et l’industrie ferroviaire attiraient une
population ouvrière pauvre et délaissée ; tandis que tous les
gouvernements, qu’ils soient libéraux ou conservateurs, fixaient leur politique
qu’en considération des intérêts financiers.
Mgr Bruchési, un prélat
très intellectuel aux sympathies franchement libérales, était alors
l’archevêque de Montréal. Il n’était pas homme à s’opposer à cette emprise de
l’argent et du gouvernement sur la société canadienne-française. Aussi les
injustices sociales se multipliaient-elles jusqu’à provoquer une première grève
en 1903.
Mais le développement de
l’Oratoire Saint-Joseph, parallèle au développement des institutions
capitalistes et de la misère ouvrière à Montréal, va faire échec à la
déchristianisation des familles canadiennes-françaises déracinées, vivant dans
la plus grande pauvreté et subissant aussi bien la propagande libérale que
celle des syndicats anticléricaux, et même du communisme : le 1er mai
1907, les ouvriers défilèrent dans les rues de Montréal avec des drapeaux
rouges avant que les deux mille débardeurs du port se mettent en grève.
Certes, à la même époque
Henri Bourassa, mais surtout l’Action catholique de la jeunesse canadienne et
l’Action sociale catholique de Mgr Roy à Québec, firent renaître un courant
nationaliste dans l’esprit de saint Pie X ; ils dénonçaient l’action de la
franc-maçonnerie. Mais l’archevêque de Montréal ne les soutenait pas.
Pour que ce mouvement
nationaliste ratisse large, à l’initiative de l’abbé Groulx, on lui donna comme
modèle le héros de Ville-Marie, Dollard des Ormeaux. Quoique héroïquement
courageux, ce n’était pas un saint, et il est bien dommage qu’il ait éclipsé la
Sainte-Famille, dont la dévotion avait soutenu les colons de Nouvelle-France.
C’est toute l’ambiguïté du nationalisme de cette époque, qui s’accentua encore
sous Pie XI pour éviter ses foudres : même si pratiquement tous étaient
catholiques, le mouvement nationaliste en tant que tel se voulut laïc.
En outre, il se
cantonnait pour l’essentiel à la bourgeoisie. Si les ouvriers allaient encore à
la messe, si le Congrès eucharistique de Montréal en 1910 fut un succès
populaire considérable, c’est parce que pratiquement dans toutes les familles
de Montréal il y avait un miraculé de saint Joseph par le frère André !
À Montréal, bientôt dans
toute la Province et dans l’Est des États-Unis où les paroisses
canadiennes-françaises prospéraient, qui ne connaissait pas le frère
André ? Qui n’était pas allé prier à l’Oratoire, qui dut s’agrandir pour
faire face au flot des pèlerins toujours plus nombreux ? Si tous ne
renouaient pas avec une pratique religieuse régulière, tous savaient qu’il n’y
avait pas de guérison sans confession, avant ou après.
Survolons ce
développement de l’œuvre de saint Joseph, qui vint pallier l’inaction de
l’archevêque et les insuffisances du mouvement nationaliste :
En 1909, le frère André
fut nommé gardien de l’Oratoire, désormais ouvert toute l’année. Le secrétariat
reçut déjà cette année-là 29 500 lettres d’intentions de prières ou de
remerciements.
En janvier 1910, saint
Joseph prépara une nouvelle étape de sa contre-offensive par la guérison d’un
jeune ouvrier de Québec dont les deux jambes avaient été broyées par la chute
d’un bloc de marbre. Après quatre mois de souffrances, il s’était présenté au
bureau du frère André, en s’aidant de béquilles, ses deux membres complètement
déformés ne pouvant plus le soutenir. Arrivé ainsi devant une petite foule de
gens, il repartit sur ses deux jambes quelques minutes plus tard ! Les
témoins stupéfaits répandirent la nouvelle dans toute la Province. Saint Joseph
avait bien réussi : le Congrès eucharistique pouvait commencer, les
participants ne manqueraient pas d’aller à l’Oratoire ; on compta
20 000 pèlerins en deux semaines !
Mgr Bruchési se décida
alors à décréter une enquête canonique pour établir les faits, et examiner
canoniquement quatre miracles sélectionnés sur les centaines déjà attestés. Au
printemps 1911, ses conclusions favorables lui permirent de reconnaître
officiellement le pèlerinage, d’autoriser la construction de la maison des
chapelains et l’édition des Annales de Saint-Joseph. Mais déjà, on
envisageait l’édification d’une basilique. Le nombre de pèlerins était tel que,
sans attendre les plans définitifs de celle-ci, on décida de construire dès
1914 son soubassement, la crypte, qui pourra accueillir quatre mille personnes.
Pendant ce temps, frère
André continue modestement sa vie de prière, de pénitence et de dévouement
auprès des malades. Combien de scènes comme celle-ci :
Un ouvrier du chemin de
fer se traîne à l’aide de ses béquilles jusqu’à l’Oratoire, il souffre de
rhumatismes inflammatoires. Il attend son tour dans la salle d’attente, raconte
ses malheurs à ses voisins. C’est terrible parce qu’il en est à ses derniers sous,
il ne peut plus travailler et il n’a pas d’assurance maladie. « Je suis un
homme fini ». Arrive son tour, il entre dans le petit bureau du frère, à
peine cinq minutes plus tard, il en sort les béquilles à la main, marche
parfaitement, se dirige vers la chapelle en donnant des coups de pied sur les
cailloux : « Demain matin, crie-t-il, je retourne
travailler ! ». Un peu plus tard, le frère André prend une enfant sur
ses genoux ; c’est une petite bossue qui ne peut pas marcher :
« Allons, marche ! » – « Mais, cela fait mal
encore ! » Le frère renouvelle ses “ petites croix ” :
« Tu es plaigneuse, un peu », dit-il. Et la petite se jette
à terre : « Ça ne me fait plus mal. Je suis guérie » !
Saint Joseph sait bien
qu’il faut maintenant de tels prodiges pour garder la foi au peuple
canadien-français, puisque l’impiété envahit le pays sans que la hiérarchie
réagisse.
Montréal, au lendemain de
la Première Guerre mondiale, est alors une ville de 600 000 habitants, aux
industries prospères. Mais la situation des ouvriers ne s’est pas améliorée. Le
gouvernement inaugure timidement une législation sociale en obligeant les
patrons à assurer les accidents du travail, ou en limitant le temps de travail
à cinquante-cinq heures par semaine.
Pourtant, les
manifestations socialistes et syndicales ne font plus recette, c’est l’Oratoire
Saint-Joseph qui attire désormais les ouvriers : 50 000 pour la fête
du Travail en 1922, fête précédée d’un congrès sur la doctrine sociale de
l’Église réunissant les chefs des syndicats catholiques. L’exemple des pompiers
de Montréal est représentatif du changement de mentalité. Au lendemain de la
guerre, ils se sont syndiqués, tout comme les policiers de Montréal, en
s’affiliant à une organisation internationale. À l’issue d’une grève particulièrement
dure, le capitaine Gauthier est nommé chef des pompiers de Montréal ; or,
c’est un ami du frère André. Peu à peu, il convertit tous ses hommes qui,
désormais, assureront bénévolement le service d’ordre à l’Oratoire les jours de
grande affluence, et ils deviendront des fidèles du chemin de croix du vendredi
et de l’Heure sainte. Évidemment, on ne parlera plus de grève...
LE TRIOMPHE DE SAINT
JOSEPH DU MONT-ROYAL
La crise de 1929 se fait
durement sentir à Montréal : 25 % de la population est au chômage, et
les salaires diminuent de 40 %. L’État libéral en profite pour accroître
son emprise sur la société canadienne-française où une
mentalité laïque se répand de plus en plus. Mais saint Joseph
n’abandonne pas son peuple, car, en multipliant ses bienfaits, il le garde dans
l’Église. Le 19 mars 1929, on recense 20 000 pèlerins. Le 3 janvier
suivant, le contrat pour l’extraction de la pierre qui servira à la
construction de la basilique est signé. Et tandis que le nombre des pèlerins
américains dépasse maintenant le millier, des “ pèlerinages
sociaux ”, c’est-à-dire réunissant tous les employés d’un même
établissement, s’échelonnent tout au long de l’année. En 1931, donc en pleine
crise, 38 000 travailleurs viennent prier saint Joseph pour la fête du
Travail. En 1932, des pèlerinages de dizaines de chômeurs, parfois de
centaines, se multiplient : ils viennent à pied de paroisses assez
éloignées, comme celles de Terrebonne ou de Lachine. Saint Joseph n’y est pas
insensible puisqu’en 1933, c’est la reprise économique.
Les miracles continuent,
souvent bien touchants, comme celui-ci, pris parmi les milliers de témoignages
gardés aux archives de l’Oratoire ; il nous montre à quel point ce peuple
ouvrier, maintenant imbu de la dévotion à saint Joseph, était à mille lieues de
l’esprit révolutionnaire :
Un père de famille au
chômage prie saint Joseph, Puisque ce dernier était menuisier, il a l’idée de
mettre à fabriquer de petits meubles, quoiqu’il ne connaisse pas le métier.
« Dans la chambre où je travaillais se trouvait une image de saint Joseph
avec l’Enfant-Jésus dans ses bras. J’allais à la messe chaque matin, j’allais
faire chaque soir une heure d’adoration. » Mais sa femme est moins
patiente. « J’entendais chaque jour mon épouse qui murmurait que ces
meubles ne nous apporteraient pas à manger. Les premières fois, je restais
sourd. Un jour que ses murmures augmentaient, je lui répondis que je
travaillais avec saint Joseph. Elle me répondit que saint Joseph ne pouvait pas
nous apporter d’argent comme ça. Ayant toujours aimé la paix, je me suis arrêté
devant mon image de saint Joseph. J’implorai sa puissance auprès de Dieu et lui
demandai de nous apporter le nécessaire. Ma prière terminée, je suis sorti de
mon petit atelier, poussé, inspiré d’aller à telle place... Donc, je dis à ma
femme : “ Prépare-toi. On va y aller. ” Elle me dit :
“ Où veux-tu aller ? ” – “ Qu’importe, prépare-toi ”
On m’a donné un vieux cheval, un vieil harnais, une vieille voiture. Je suis
arrivé chez moi avec cet attelage... Quand mon épouse m’aperçut avec ces
vieilleries, ce qu’il y avait de pire, elle ne voulut pas embarquer. Elle
dit : “ Va chercher une autre voiture, ou bien je n’y vais
pas. ” Je lui dis de mettre son orgueil de côté, car saint Joseph et le
frère André avaient pratiqué tous les deux la vertu d’humilité. J’ajoutai qu’il
fallait avoir une grande confiance, si elle désirait les faveurs de saint
Joseph. Elle s’est soumise immédiatement. Nous sommes partis par un beau temps.
Nous riions tous les deux de notre attelage. Pendant notre voyage, nous avons
même fait allusion à la fuite en Égypte. »
Au bout de trois jours,
après bien des rebuffades, ils revenaient avec... cent dollars et la voiture
pleine de provisions. « Il ne nous restait qu’à remercier frère André et
saint Joseph, et je dois avouer que, depuis ce temps-là, saint Joseph et le
frère André ont enlevé la disette dans ma maison. »
Autre tradition de
l’Oratoire Saint-Joseph, les pèlerinages d’action de grâces, comme par exemple
celui de la paroisse Saint-Joseph-du-Lac, le 7 juin 1933, pour la guérison
miraculeuse d’un de ses fils. Mille paroissiens l’accompagnèrent à l’Oratoire,
dont quatre cents firent à pied le trajet d’une quarantaine de kilomètres,
derrière le porte-bannière de la paroisse âgé de 74 ans ! Il n’y eut que
six abandons.
Ce peuple protégé par
saint Joseph a gardé ou retrouvé les vertus de la Nouvelle-France, qui sont
celles de saint Joseph. À cette époque, le Canada français avait une puissance
conquérante sans proportion sur le monde anglo-protestant. Sans les coups de frein
de la politique de Pie XI, libérale et anglophile, l’Est des États-Unis se
serait converti ; déjà, dans plusieurs États les Franco-américains
commençaient à accéder aux plus hauts postes électifs, de même dans le centre
du pays et en Louisiane, provoquant les réactions anti-catholiques du Ku Klux
Klan. En Acadie comme dans l’Ouest canadien, les minorités franco-catholiques
retrouvaient une certaine vitalité qui tranchait avec la mentalité
états-unienne où l’argent est roi. Ainsi, le Canada-français sous la protection
de saint Joseph réalisait sa vocation originelle d’œuvrer à la conversion du
continent. Il en fut ainsi jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
À Montréal, malgré la
maladie qui empêche de plus en plus souvent le frère André de recevoir les
malades, la fréquentation de l’Oratoire ne baissait pas : les pèlerins
affluaient toujours : 50 000 ouvriers pour la fête du Travail de
1936.
Si la crise avait arrêté
la construction de la basilique, en 1936, elle put reprendre après que le frère
André eut demandé qu’on aille en procession déposer une statue de saint Joseph
dans une basilique... sans toit : « Si saint Joseph veut se couvrir,
il y veillera ». Ce qui fut fait le 4 novembre 1936. Or, de ce jour, les
difficultés financières trouvèrent une solution, et le 27 décembre 1936, tout
était réglé pour la reprise et l’achèvement des travaux.
Le même jour, frère André
attrapa une mauvaise grippe dont il ne se releva pas. Le 31, il était
hospitalisé et le 6 janvier 1937, il rendait sa belle âme à Dieu, mission
accomplie.
Saint Joseph, lui,
continua la sienne. Les funérailles du saint frère furent grandioses, le peuple
se précipita pour le voir une dernière fois, cent dix personnes à la minute, ce
qui représente 100 000 personnes par jour pendant 10 jours et certains
n’ont jamais pu atteindre le corps. Bien qu’il n’y ait pas eu d’embaumement,
trois jours après la mort il paraissait toujours comme endormi. Pendant la
procession ininterrompue des fidèles reconnaissants, il y eut encore des
miracles tandis que les confessionnaux étaient assiégés. Il y eut aussi des
miraculés parmi les personnes qui écoutaient les cérémonies à la radio !
Après la mort du
thaumaturge, tout continua comme avant. La première fête de saint Joseph sans
le frère André rassembla encore 25 000 personnes le 19 mars, et
92 000 durant la neuvaine. Les miracles de saint Joseph
continuaient : par exemple, du 17 janvier au 17 octobre 1937, le
secrétariat enregistra 933 miracles et 6700 faveurs ; de 1941 à
1943, 10 408 miracles. On ouvrit un bureau des constatations sur le
modèle de celui de Lourdes. En 1958, il avait étudié 791 cas et en avait retenu
40.
Pendant la guerre,
l’affluence augmenta encore : 138 000 personnes à la neuvaine de
1942. Durant les années 50, on estime à trois millions par an le nombre de
pèlerins. Le nombre de communions, lui, est précis : 267 000 en
1953, 328 000 en 1955, 397 000 en 1957. Dix mille messes
étaient célébrées chaque année et trente-deux chapelains étaient au service de
l’Oratoire.
L’apothéose de l’affluence
eut lieu le 13 octobre 1960. Ce jour-là, 12 000 personnes debout, serrées
les unes contre les autres, remplissaient la basilique tandis que les abords
étaient noirs de monde. Ils venaient prier Notre Dame de Fatima et attendaient
la révélation du troisième secret... que Jean XXIII refusa de rendre public. On
connaît la suite... l’Église allait devenir cette « grande ville à moitié
en ruines » décrite dans le 3e Secret de Fatima qui ne fut révélé
qu’en juin 2000.
SAINT JOSEPH
OUBLIÉ !
L’Oratoire Saint-Joseph
ne fut pas épargné. À partir de 1962, les chiffres de sa fréquentation baissent
constamment. En 1978, l’année de la mort du pape Paul VI, on n’évaluait plus le
nombre de pèlerins qu’à 525 000, cinq fois moins qu’avant le Concile.
Aujourd’hui... il s’agit surtout de touristes !
Pour la première fois de
son histoire, les portes de l’Oratoire ont été fermées pendant des semaines
durant la pandémie du Covid19. Du jamais vu, même pendant l’épidémie de grippe
espagnole. Mais surtout aucune autorité religieuse n’a pensé à faire prier
publiquement saint Joseph, à organiser un pèlerinage. Non. C’est l’indice le
plus incontestable de la disparition de la foi au Canada.
Que s’est-il passé ?
La révolution conciliaire doublée de la Révolution tranquille ! L’esprit du
monde dominé par l’argent, l’hédonisme, le personnalisme, le culte de l’homme
l’ont emporté sur le culte de Dieu, sur l’idéal de la vie de Nazareth. Même si
aujourd’hui encore des fidèles viennent prier saint Joseph, il est significatif
que plus aucun groupe de pèlerins, sauf celui de la CRC, ne demande à faire le
chemin de croix ; c’était pourtant la dévotion principale du frère André
que lui avait enseignée saint Joseph en personne dans l’église de
Saint-Césaire.
Saint Joseph, patron du
Canada, a présidé à la fondation et à l’essor de Nouvelle-France, il a
accompagné la renaissance catholique de Mgr Bourget avant de briser la vague
d’anticléricalisme et d’impiété du début du XXe, sur le roc de l’Oratoire du
Mont Royal où il manifesta sa bonté et sa puissance. Mais, devant l’actuelle
apostasie des gens d’Église, qui méprisent le Cœur Immaculé de Marie, il ne
veut plus faire de miracles ni protéger qui que ce soit, sinon ceux qui
embrassent cette dévotion que Dieu veut instituer dans le monde.
Ceux-ci, il les reconnaît
facilement : plutôt que de lui demander des faveurs pour eux, ils le
prient d’abord pour que, patron de l’Église universelle, il se tourne vers sa
chaste épouse afin qu’elle touche le cœur du Saint-Père et qu’il se soumette
aux volontés du Ciel révélées à Fatima.
En attendant, la vision
de saint Joseph bénissant le monde dans le ciel de Fatima, le 13 juillet 1917,
suffit à fortifier notre espérance. Viendra bientôt le temps de la renaissance.
Tout pourra être rebâti grâce à la puissance du Cœur Immaculé de Marie, auprès
duquel brillera tout glorieux, le Cœur du saint et puissant patron et
protecteur du Canada, qui convertira ce continent à lui confié.
LA RENAISSANCE
CATHOLIQUE, N° 258 – Décembre 2021. Rédaction : Maison Sainte-Thérèse
SOURCE https://crc-canada.net/liens-utiles/archives-de-notre-bulletin/saint-joseph-patron-du-canada.html
Bartolomé Esteban Murillo (1617–1682). The Holy Family with a Bird, circa 1650, 144 x
188, Museo del Prado
LA
GRANDEUR ET LA GLOIRE DE SAINT JOSEPH
Ubertin
de CASALE (1259-1329?) [1]
Joseph fut grand aussi
dans ses rapports avec le Père du Ciel. Quand le Seigneur choisit quelqu’un en
vue d’une mission particulière, Il donne à cette personne, avec grande
abondance, toutes les grâces qui la formeront et la rendront apte à remplir
cette mission. “Avec vigueur il faut conclure que toutes les vertus,
poussées à leur perfection, se trouvaient rassemblées sur le front de ce si
grand Joseph.”
Enfin, il ne faut pas
oublier qu’en Joseph se réalisèrent les espérances des patriarches de
l’Ancienne Loi. “Seul, il posséda réellement ce que la bonté de Dieu avait
promis aux autres...” Joseph est plus grand que le patriarche Joseph qui
sauva les peuples de la famine, car ”il a fait plus que de fournir aux
Égyptiens le pain de la vie matérielle; en nourrissant Jésus avec un soin très
vigilant, il a donné à tous les élus le Pain des Cieux, source de vie céleste.
“
Pierre
d’AILLY (1350-1420) [2]
Pierre d’Ailly rédigea un
long traité en latin: les douze gloires de Saint Joseph, dans
lequel il disserte sur les motifs de gloire de Saint Joseph, en insistant
particulièrement sur son rôle de témoin de la naissance et de l’enfance du
Christ: la grossesse de Marie, la naissance de Jésus et la venue des bergers
qui “racontèrent des choses admirables sur cet enfant.”
Puis viennent la
Circoncision, l’adoration des mages et l’offrande des présents
mystiques “par lesquels était préfigurés la foi en la Sainte
Trinité.” Ou encore la présentation au Temple pour y accomplir tout
ce qui était prescrit par la Loi de Moïse.
Enfin, et c’est la
douzième gloire, “c’est à Saint Joseph que furent soumis par une humble
obéissance, non seulement la Mère de Dieu, non seulement la Reine et la
Souveraine des anges, mais aussi le Fils de Dieu, le Roi et le Seigneur de
toutes choses, devant qui tout genou fléchit au Ciel, sur la terre et dans les
enfers...
Ô admirable et étonnante
nouveauté! Ô nouvelle et admirable humilité! Le Seigneur soumis à son
serviteur, Dieu humilié devant l’homme, le Seigneur éminent et le Dieu
tout-puissant se soumet et s’humilie devant son humble serviteur. Non pas
suivant sa divinité, mais suivant son humanité, comme le dit l’Apôtre: prenant
la forme d’esclave.”
Cependant, selon Pierre
d’Ailly, la plus grande gloire de Saint Joseph c’est d’avoir nourri par son
travail Jésus et Marie: “O prodige admirable! Il est nourri par le travail
de Joseph celui qui, par sa propre richesse, rassasie les affamés. Par le
travail de Joseph il peut manger son pain sur terre celui qui vit au Ciel sans
aucun besoin et dit:”Je suis le pain vivant descendu du Ciel,” En fait, parce
qu’il est descendu du cCel, il doit être nourri et sustenté sur terre par le
travail de Joseph.”
Saint
BERNARDIN de SIENNE(1380-1444)
Saint Bernardin de
Sienne, fils de Saint François, prédicateur de grand talent, fut un ardent
apôtre de Saint Joseph. Saint Bernardin de Sienne, à la suite d’Ubertin de
Casale, estime que “c’est une règle universelle, pour toutes les grâces
accordées à quelque créature raisonnable, que lorsque la bonté divine
choisit quelqu’un pour l’honorer d’une grâce singulière ou l’élever à un état
sublime, toujours elle accorde à cet élu tous les dons qui sont nécessaires à
sa personne et à l’accomplissement de sa mission, et elle l’orne libéralement
de ces dons... Ce principe s’est surtout vérifié en Saint Joseph...”
Pour Bernardin de Sienne,
la gloire de Saint Joseph peut se résumer en trois mots clés:
– sa nature, car Joseph est de race royale, descendant de David,
– -son état de
grâce, en raison de ses relations avec Marie (union matrimoniale, cohabitation
avec la toute Sainte et les services qu’il lui rendait),
– son état de grâce en raison de ses relations avec le Christ qui le
conduit à une grande pureté de vie, à une foi très vive, et à une très ardente
charité.
Écoutons encore Saint
Bernardin de Sienne: “Elevons nos pensées au ciel pour y découvrir le
faîte de la gloire de Saint Joseph... On ne peut douter que Jésus-Christ qui,
pendant sa vie mortelle, non content d’avoir admis Joseph à une intime
familiarité, lui rendait encore le respect et l’obéissance qu’un fils doit à
son père, ne lui ait conservé dans le Ciel ces sublimes prérogatives, qu’il ne
les ait même admirablement augmentées et perfectionnées... Si le Dieu Sauveur a
voulu, pour satisfaire sa piété filiale, glorifier le corps aussi bien que
l’âme de la très Sainte Vierge au jour de son Assomption, l’on peut et l’on
doit croire pieusement qu’il n’en a pas moins fait pour Joseph, si grand entre
les saints... Ainsi, cette Sainte Famille, qui avait été unie sur la terre dans
les souffrances de la vie et dans les liens de l’amour et de la grâce, règne
maintenant en corps et en âme dans l’amour et dans la gloire des cieux.”
Saint Bernardin de Sienne
écrit aussi, à propos de la gloire de Saint Joseph: “Je le crois, ce Saint
Joseph fut l’homme le plus pur en sa virginité, le plus profond en humilité, le
plus ardent en amour de Dieu et en charité, ainsi que très élevé en
contemplation. “ [3]
Et puis: “l’Église
entière doit une reconnaissance et une vénération singulière à Saint Joseph. Il
est comme la clé de l’Ancien Testament, car c’est en lui que le mérite des
Patriarches et des Prophètes a atteint le terme de ses espérances. Seul il
possède réellement ce que la bonté divine promit à ses justes des temps
anciens. Il est donc figuré avec raison par ce Patriarche Joseph, qui conserva
le froment aux peuples. Cependant il le surpasse, car il a fait plus que
fournir aux égyptiens le pain de la vie matérielle; en nourrissant Jésus avec
un soin très vigilant, il a procuré à tous les élus le Pain du Ciel qui
donne la vie céleste.” [4]
Il convient d’ajouter
que, pour saint Bernardin de Sienne, il ne fait pas de doute que Saint Joseph a
été glorifié dans son âme et dans son corps.
Le
Cardinal de BERULLE (1575-1629)
Bérulle, fondateur en
France, de la Congrégation de l’Oratoire, exerça sur la spiritualité française
une influence décisive. Il introduisit en France le Carmel réformé de Sainte
Thérèse et adopta sa grande dévotion envers Saint Joseph.
Le Cardinal de Bérulle a
peu écrit sur Saint Joseph. Toutefois, dans son ouvrage, “Les grandeurs de
Jésus” , on peut lire, dans le discours XI sur la seconde naissance de
Jésus:
“La naissance intérieure
de Jésus (à Nazareth) se passe sans éclat et sans bruit au
monde, se passe entre le Saint-Esprit, l’Ange et la Vierge, en
l’intime de son coeur, au secret de son sein, au cabinet de Nazareth,
tout le reste de la terre ignorant ce mystère, et Joseph même, qui toutefois
est un ange en la terre, choisi en la terre pour être le seul participant à ce
grand conseil, le tuteur du Fils, l’époux de la Mère, le chef de la famille et
de la maison du Père Éternel en la terre, comme étant établi de Dieu en la
puissance et principauté, et son lieutenant sur la partie la plus noble de son
État et de son empire; car le plus noble empire du Père Éternel, c’est Jésus et
Marie, et Joseph a puissance sur l’un et sur l’autre par le vouloir du
Père. Et toutefois cet ange, ce prince, cet époux, ce tuteur du Fils et de la
Mère de Dieu, n’est point appelé au secret de cette naissance intérieure de
Jésus. Secret qui adore le secret de la naissance éternelle, comme la résidence
intime du Fils en la Mère par cette naissance intérieure, va adorant la
résidence intime du Fils au Père par la naissance divine.”
Jean-Jacques
OLIER (1608-1657)
Jean-Jacques Olier,
fondateur de la Compagnie des Prêtres de Saint Sulpice, parlant de Saint
Joseph, s’exprime en ces termes: “Il faut considérer Saint Joseph comme la
chose du monde la plus grande, la plus célèbre, la plus incompréhensible, et
par proportion comme Dieu le Père caché et invisible en sa personne et
incompréhensible dans son être et dans sa perfection... A mon sens, ce saint
est hors d’état d’être compris par les esprits des hommes... L’excellence de ce
grand homme est incomparable.” [5]
Jean-Jacques Olier,
voulant honorer Saint Joseph, n’a pas hésité à écrire: [6]
“Le Fils de Dieu s’étant
rendu visible en prenant une chair humaine, il conversait et traitait
visiblement avec Dieu son Père, voilé sous la personne de Saint Joseph, par
lequel son Père se rendait visible à lui. La très Sainte Vierge et Saint Joseph
représentaient tous les deux ensemble une seule et même personne, celle de Dieu
le Père. C’étaient deux représentations sensibles de Dieu, deux images sous
lesquelles il adorait la plénitude de son père, soit dans sa fécondité
éternelle, soit dans sa Providence temporelle, soit dans son amour pour ce Fils
lui-même et son Église. C’était là comme le saint oratoire de Jésus-Christ et
l’objet sensible de toute sa dévotion... Il y voyait une figure vivante,
spirituelle et divine de toutes ses grandeurs et de ses perfections. Il voyait
en Joseph les secrets de son Père; il entendait par la bouche de ce grand Saint
la parole même de son Père, dont Saint Joseph était l’organe sensible.”
Car Saint Joseph est
incontestablement le modèle accompli de toute paternité humaine. “Si Dieu
le Père a pris ce Saint pour être l’idée et le caractère de ses perfections;
s’il a rendu visible en lui ce qui était caché en son essence de toute
éternité, s’il l’a choisi pour en faire l’image de sa sainteté, quelle idée
doit-on se former de Saint Joseph? Dieu lui donne avec abondance son esprit de
Père; il exprime sensiblement en lui toutes ses perfections divines, sa
sagesse, sa prudence, son amour, sa miséricorde; il en fait le caractère de
toutes ses beautés. Enfin, comme Dieu le Père est invisible en sa personne, et
même incompréhensible dans son être et dans ses productions, de là vient que,
s’étant choisi ce Saint pour qu’il fut son image en terre, il l’a rendu comme
invisible et caché à nos esprits et, à mon sens, hors d’état d’être compris par
les hommes.” [7]
Pour louer les grandeurs
de Saint Joseph, J.J. Olier devient lyrique:
“Quel objet amoureux pour
Jésus-Christ! Quel objet de complaisance! Quel sujet d’exercer ses amours! Que
de caresses et que de sentiments d’amoureuse tendresse! O Grand Saint, que vous
êtes heureux de fournir une si belle matière à l’amour de Jésus! O Dieu, que de
regards d’amour et que de complaisance! Bonté de mon Jésus! que Vous êtes
content d’avoir devant les yeux de quoi satisfaire vos amours! Heureux Joseph!
Heureux Jésus! Heureux Joseph, de fournir à Jésus le plus juste sujet de ses
délices! Bienheux, ô Jésus, de trouver en Joseph l’objet de vos saintes complaisances!
Les yeux de votre esprit voient en lui une image sensible de sa beauté, si bien
qu’en lui tout seul vous trouvez votre parfait contentement.”
En Joseph et Marie, Jésus
voyait la personne et les perfections de Dieu le Père. Marie et Joseph voyaient
en Jésus le Verbe de Dieu: “C’était un Ciel, un paradis sur la terre;
c’étaient des délices sans fin dans ce lieu de douleurs, l’abondance de tous
les biens de la terre au sein de la pauvreté; c’était une gloire commencée dans
la vileté, (sic), l’abjection et la petitesse de leur vie.
Ô Jésus, je ne m’étonne
pas si vous demeurez trente ans dans cette heureuse maison sans quitter Saint
Joseph... Dans la maison de Joseph qui est aussi celle de Marie, vous trouvez
les objets les plus délicieux de votre joie, les saintes sources de votre
vie...
Qui pourrait dire
l’excellence de notre Saint, le grand respect que Notre-Seigneur avait pour lui
et l’amour fort que la Sainte vierge lui portait; Jésus-Christ regardant en lui
le Père éternel comme son Père, et la Très Sainte Vierge considérant en sa
personne le même Père éternel comme son Époux.”
Et pour conclure, parlant
de la vie si humble et si cachée de Jésus à Nazareth, J.J. Olier ne craint pas
d’écrire: “Jésus ne refuse pas cette ignominie, il veut bien que cette injure
soit ajoutée à toutes les autres qu’il a souffertes, pourvu qu’en se cachant
avec Joseph et avec l’heureuse Marie, il nous apprenne par ce grand exemple,
que s’il se produit quelque jour au monde, ce sera par le désir de nous
profiter, et pour obéir à son Père; qu’en effet toute la grandeur consiste à
nous conformer aux ordres de Dieu, de quelque sorte qu’il lui plaise de
disposer de nous; et enfin, que cette obscurité que nous craignons tant, est si
illustre et si glorieuse qu’elle peut être choisie même par un
Dieu.” [8]
Pierre Floeur, oratorien,
cité par Éphraïm [9] contemple
les grandeurs de Saint Joseph choisi “pour être, en la terre,... le tuteur
du Fils, l’époux de la Mère, le chef de la famille et de la maison du Père
Éternel en la terre... comme étant établi de Dieu en puissance et principauté,
et son lieutenant sur la partie la plus noble de son État et de son empire; car
le plus noble empire du Père Éternel c’est Jésus et Marie, et Joseph a
puissance sur l’un et sur l’autre par le vouloir du Père.”
Louis d’Argentan va
encore plus loin quand il contemple les grandeurs de Saint Joseph, associées
aux grandeurs de Marie. Il écrit: “Pour moi, quand je regarde un Dieu
entre deux personnes humaines, Jésus entre Marie et Joseph, j’adore ce profond
mystère et je pense voir les deux chérubins qui étaient sur l’Arche
d’alliance... étendant leurs ailes pour couvrir, chacun de son côté, le
propitiatoire qui était la partie supérieure de l’Arche où Dieu se plaisait à
rendre ses oracles...”
Je ne pense pas me
tromper quand je dirai que le vrai propitiatoire, dont l’ancien n’était que la
figure, c’est Jésus-Christ... Marie et Joseph, liés ensemble par le lien d’un
sacré mariage sont les deux chérubins qui couvrent le propitiatoire avec leurs
ailes. L’un et l’autre tendaient les bras, et se donnaient les mains pour la
protection, le soutien, la garde et le service de l’Enfant-Jésus. L’un et
l’autre n’avaient des yeux que pour lui, et des coeurs que pour l’aimer
uniquement; et, sans se regarder directement l’un l’autre, ils se voyaient
toujours en lui comme dans le miroir de la divinité dans lequel tous les
bienheureux se connaissent et s’aiment très parfaitement.”
Le dessein de Bossuet
lorsqu’il prononça ses deux sermons Depositum
custodi et Quaesivit sibi Deus était de les consacrer aux
louanges de Saint Joseph, en s’appuyant sur une doctrine solide tirée des Écritures
et des Pères de l’Église. Il présenta ainsi, à ses auditeurs, “ce grand
Saint comme un homme que Dieu choisit parmi tous les autres, pour lui mettre en
mains son trésor et le rendre ici-bas son dépositaire... C’est la gloire de
Joseph que Dieu ait fait de lui le dépositaire, non seulement de la
bienheureuse Marie... mais encore de son propre Fils, l’unique objet de ses
complaisances et l’unique espérance de notre salut.... Si bien que la maison de
Joseph paraît un temple, puisqu’un Dieu y daigne habiter et s’y est mis
lui-même en dépôt, et Joseph a dû être consacré pour garder ce sacré trésor.”
Si Bossuet découvre dans
les Évangiles trois dépôts confiés au juste Joseph, il y trouve aussi trois
vertus qui les accompagnent.
“Le premier de tous les
dépôts... c’est la sainte virginité de Marie.” Et pour garder la virginité
de Marie sous le voile du mariage, Joseph fut doté de la pureté angélique, qui
paraît par sa continence, et“qui peut en quelque sorte, répondre à la pureté de
sa chaste épouse.”
“Le deuxième dépôt, le
plus auguste, c’est la personne de Jésus-Christ que le Père céleste dépose en
ses mains, afin qu’il serve de père à ce Saint Enfant...“ La vertu
nécessaire pour garder ce dépôt, c’est la fidélité, “une fidélité
inviolable, qui ne puisse être ébranlée par aucun péril.”
“ Le troisième dépôt,
c’est le secret admirable, l’Incarnation du Fils de Dieu. Car, c’est un conseil
de Dieu, de ne pas montrer Jésus-Christ au monde jusqu’à ce l’heure en fût
arrivée. et Joseph a été choisi, non seulement pour le conserver, mais
encore pour le cacher.” La troisième vertu qui accompagne ce dépôt,
c’est l’humilité.
Un jour on découvrira les
merveilles de la vie cachée de Saint Joseph. “Ah! sans doute il n’est pas
de ceux qui ont reçu leur récompense en ce monde: c’est pourquoi il paraîtra
alors, parce qu’il n’a pas paru; il éclatera parce qu’il n’a point éclaté. Dieu
réparera l’obscurité de sa vie; et sa gloire sera d’autant plus grande qu’elle
est réservée pour la vie future.”
Saint
Louis-Marie GRIGNON de MONTFORT (1673-1716)
Saint Louis-Marie Grignon
de Montfort, l’apôtre de la Vendée et de l’Ouest de la France, n’a écrit qu’un
seul cantique sur Saint Joseph, le patron que nous devons choisir pour obtenir
la divine sagesse. Tout l’art de Montfort est de brosser, en quelques phrases,
toute la grandeur de Saint Joseph.
Chantons
un cantique en l’honneur
De Saint Joseph, le protecteur
Et l’époux de Marie.
L’humble Joseph est peu connu.
Aucun ici-bas ne l’a vu,
Mais il ravit les bienheureux.
Que la terre s’unisse aux cieux,
Que tout le glorifie!
Grand
Saint, Dieu n’a trouvé que vous
Qui fut digne d’être l’époux
De sa Mère admirable.
Époux de la Reine des Cieux,
Ce privilège est merveilleux;
Le témoin de sa sainteté,
Le gardien de sa pureté,
Ô gloire incomparable!
Le Père Éternel vous a pris
Pour nourrir ici-bas son Fils,
pour être son vicaire.
...............................
Si trois mots de Marie ont pu
Sanctifier par leur vertu
Saint Jean avec sa Mère,
Que n’auront point produit en vous
Ses discours si saints et si doux!
Ses paroles vous ravissaient,
Sa présence vous remplissait
De grâce et de
lumière.
Réponse de Saint
Joseph :
Tâchez d’être en tout le dernier,
De vous cacher et dilater
En Jésus et Marie!
Cherchez ce que le monde fuit,
Et fuyez tout ce qu’il poursuit.
Ne vous réglez que par la foi,
Afin d’être heureux avec moi
En imitant ma vie.
Prière à Saint
Joseph :
Saint
Joseph soyez mon patron
Pour m’obtenir un très grand don:
La divine Sagesse!
Pour rendre gloire à mon Sauveur,
Pour convertir l’homme pécheur,
Pour aider les pauvres petits,
Pour terrasser mes ennemis.
La Charité vous presse. [11]
Saint
Léonard de PORT-MAURICE (1676-1751)
Que peut-on dire de plus
d’un homme sinon qu’il possède toutes les vertus à leur niveau le plus élevé?
C’est ce qu’exprime Saint Léonard de Port-Maurice quand il s’adresse aux plus
grands saints de la terre: “... Et vous, thaumaturges... sachez que toutes
vos prérogatives si nobles ne peuvent vous égaler à Saint Joseph; car ces
privilèges et ces vertus qui vous ont été distribuées par parties, Joseph
les a possédées tous, et dans un degré parfait. Tombez donc à ses pieds,
prophètes, patriarches, apôtres, martyrs, thaumaturges, vous tous grands du
cCel et de la terre...”
Citant Saint Thomas
d’Aquin qui présente les trois plus grandes choses que Dieu ait faites pour
nous: l’humanité de Jésus, cause de son union hypostatique avec le Verbe, la
gloire des élus, et l’incomparable Mère de Dieu, Saint Léonard de Port-Maurice
ajoute: “Vous pouvez ajouter, à la gloire de Joseph, que Dieu ne peut
faire un père plus grand que celui qui a Dieu pour fils.”
Saint
Alphonse de LIGUORI (1696-1787)
Il existe un autre titre
de gloire pour Saint Joseph, et c’est peut-être le plus grand: Jésus, le Verbe
de Dieu lui obéit. Écoutons Saint Alphonse de Liguori. “L’exemple seul de
Jésus-Christ qui, sur la terre, voulut faire preuve de tant de respect et d’obéissance
envers Saint Joseph, devrait nous animer tous à être de fervents zélateurs de
la dévotion envers ce grand Saint... Pendant tout ce temps, ce fut à Joseph de
commander, comme étant établi chef de cette petite famille... Cette humble
obéissance de Jésus-Christ fait connaître que la dignité de Joseph est
supérieure à celle de tous les saints, excepté celle de sa Mère.”
Dom
Prosper GUÉRANGER (1805-1875)
Sans compter les
avertissements célestes, et la présence constante, à ses côtés, de la Reine des
anges. “Non jamais aucun homme, en ce monde, ne pourra pénétrer toutes les
grandeurs de Joseph.”
Quel souverain et tendre
respect pour Marie votre épouse! quelle reconnaissance et quelles adorations
pour Jésus, votre enfant soumis! Ô mystère de Nazareth! Dieu habite parmi les
hommes, et il souffre d’être appelé le fils de Joseph!”
Dom
Bernard MARÉCHAUX (1849-1927)
Dom Bernard Maréchaux,
bénédictin fondateur de l’Abbaye Notre-Dame de la Sainte Espérance, estime que
Saint Joseph fut constamment conduit par l’Esprit-Saint: “Nous estimons
que Saint Joseph fut enrichi, dès le commencement de son existence, d’une grâce
exceptionnelle, germe de sa sainteté transcendante. Cette grâce était en
rapport avec les qualités d’époux de la Sainte Vierge et de père adoptif du
Fils de Dieu, qui devait lui appartenir en propre. Elle comportait, dit Saint
Bernardin, une très éclatante pureté, une très profonde humilité, une très
ardente charité, une vigilance pleine de zèle... Dès l’éveil de sa raison,
prévenu par une grâce très puissante, il dut sentir l’emprise du Dieu
tout-puissant sur son âme, et marcha, dès lors, en la présence du Seigneur,
rempli d’un esprit de crainte que tempérait une onction suave...
Sans aucun doute l’âme de
Saint Joseph fut créée par le Saint-Esprit plus large et plus profonde encore
que l’âme de Salomon, parce qu’il voulait y faire rayonner Marie, la créature
idéale et le Verbe de Dieu Incarné...
Admirons le travail
intérieur du Saint-Esprit en Saint Joseph, et comment il épanouissait en lui la
richesse de ses dons sacrés. Admirons l’incomparable docilité de Joseph, disciple
du Saint-Esprit. Aucune résistance, même la plus légère, ne contrarie en lui
l’opération de l’Esprit de vérité et d’amour.” [12]
Le R.P. Albert BESSIÈRE
(1877-1952), jésuite, présente Saint Joseph comme le “grand moule” de
Dieu :
D’abord par le
physique:“Même physiquement! C’est une théorie développée par maints ascètes
que Jésus ressemblait à Joseph. Ne descendaient-ils pas tous deux du même
ancêtre David? De plus, cette ressemblance de traits, d’attitudes, servait les
desseins divins. Jésus devait paraître fils de Joseph...”
Et par
l’autorité: “Joseph est le Chef incontesté. L’ordre de préséance, toujours
respecté, est à l’inverse de l’ordre d’excellence. Ainsi est affirmé le
principe hors duquel toutes les sociétés sombrent dans l’anarchie:
l’autorité se fonde sur un mandat divin, non sur une supériorité de force ou de
talent perpétuellement remise en question par les hommes ou les évènements.”
Et par le
pouvoir, “car le pouvoir est un service, une charge plus qu’un honneur.
l’humilité est donc nécessaire encore plus au maître qu’au sujet.” [13]
Chanoine
Maurice BOUVET (1880-1948)
On pourrait citer encore
le Chanoine Maurice Bouvet qui s’attarde sur la grandeur de Saint Joseph qui
est là,“dans la collaboration à l’oeuvre de la Rédemption: très humble
collaboration, en vérité, aussi humble que celle du frère lai à la haute vie
mystique du monastère, comme elle, toute matérielle, mais comme elle nécessaire
et autant sainte aux yeux de Dieu...” ou sur la richesse et la
profondeur du culte que l’on doit rendre à Saint Joseph.
Le T.R.P. BUZY (1883-
?) ayant longtemps vécu en Palestine a imaginé ce qu’a pu être la vie
quotidienne du charpentier Joseph. Il s’est aussi beaucoup plu à décrire la
dignité de ses fonctions. “S’il s’agit de la dignité des fonctions,
pourrions-nous hésiter à mettre Joseph au-dessus de tous les autres saints. Car
Joseph n’a pas eu à collaborer à l’oeuvre du Christ de son vivant ou après sa
mort: il a été chargé de veiller sur la personne même du Rédempteur. Après la
dignité de Mère de Dieu, il n’y a jamais eu sur la terre dignité plus haute.”
Et le Père Busy
d’expliquer pourquoi Saint Joseph est au-dessus de tous les saints:
– plus grand et plus saint que Saint Pierre, la pierre sur laquelle fut
bâtie l’Église de Jésus: “parce que si Pierre supporte l’édifice, Joseph a
porté dans ses bras le fondateur même de l’Église.”
– plus grand et plus saint que Saint Paul à qui il fut découvert des
mystères très élevés, parce que “Joseph vécut près de trente ans dans
l’intimité de Jésus et dans la contemplation permanente des mystères de
l’Homme-Dieu.”
– plus grand et plus saint que Saint Jean qui reposa une seule fois
sa tête sur la poitrine de Jésus, parce que maintes et maintes fois Joseph a
perçu contre son coeur les battements de ce petit coeur d’enfant.”
– plus grand et plus saint que Saint Jacques “qui fut mis à mort pour
la foi de son Maître, parce que Joseph n’a cessé de donner sa vie, son sang,
son temps, sa peine, pour élever l’auteur et le consommateur de la foi.”
– plus grand et plus saint que les apôtres qui répandirent de par le
monde, le nom de Jésus “tandis que Joseph a le premier décerné à son
fils ce nom adorable que les autres n’ont pu que propager.”
– plus grand et plus saint que les évangélistes qui ont écrit l’histoire
“que lui, Joseph, a eu le privilège d’aider à composer et à vivre.”
– plus grand et plus saint que Jean le Précurseur qui a marché devant le
Messie, “tandis que lui, Joseph, il a vécu avec lui et à côté de lui, dans
l’intimité et la douceur de la vie familiale...”
La règle généralement
admise est que la grâce est proportionnée à la vocation; “Cette exigence
intrinsèque s’impose surtout dans une vocation et un ministère tels que ceux de
Saint Joseph. Le ministère étant suprême, la grâce dut l’être aussi... et s’il
fut saint dès l’origine, que ne durent pas être par la suite ses progrès dans
la sainteté, au contact de Jésus?”
Joseph fut doté des plus
belles vertus, foi, espérance, charité, prudence, justice, force, tempérance,
pauvreté, chasteté, humilité, obéissance, paix, joie, plus les dons du
Saint-Esprit. “Et nous ne voyons pas que personne se soit jamais avisé de
comparer Saint Joseph à un autre saint, encore moins de le mettre au-dessous de
quelqu’un pour la grâce sanctifiante.” [14]
Nous ne pouvons pas
entrer dans l’Évangile sans entrer chez Joseph, l’héritier des Patriarches,
sans rencontrer Joseph. C’est par Joseph que nous pénétrons dans l’intimité de
Marie, son épouse. C’est à Joseph que l’Ange s’adresse comme chef de la Sainte
Famille. C’est Joseph qui fut investi de l’autorité que respectèrent de la
manière la plus parfaite, Jésus, et Marie. Et puis, “osons le dire, Jésus
marquait tellement sa déférence à l’égard du chef de famille, à l’égard du
Patriarche Joseph, qu’il fallut que Joseph fût appelé dans l’au-delà pour que
le Christ apparût aux hommes, en pleine lumière. En présence de Joseph, il
n’était que son petit enfant, que son fils.” [15]
Et
quand Jésus parle Lui-même de Saint Joseph
Il est exceptionnel
d’entendre Jésus parler de son père adoptif. Aussi le texte qui suit est-il
particulièrement précieux. Il est extrait du livre intitulé “MANDURIA,
Jésus, Roi de la Révélation, Marie, Vierge de l’Eucharistie, parlent à
Débora” [16]. Jésus
parle à la voyante Débora :
“Que dire de mon père
terrestre, Joseph, l’homme le plus cher à mon Sacré Coeur? Il fut mon père
adoptif et celui de l’humanité, en m’éduquant, Moi, qui rendis la dignité
royale à l’homme, et en me tenant serré dans un embrassement continuel sur le
chemin de la vie, hérissé d’embûches et fatigant.
J’ès-Haut, mais
humaineétais le Fils du Trment je fus le sien et je l’aimais au point de
pleurer lors de sa dernière heure, et aussi parce que je savais l’importance de
sa présence auprès de ma sainte Mère qui allait se préparer à un veuvage
d’autant plus grand et plus douloureux.
Homme juste parmi les
justes, travailleur, patient, doucement prévenant dans ses silences, à
l’esprit sage et prévoyant. Il fut choisi pour coopérer à l’oeuvre de la
Sainte Rénovation prédite par les prophètes de tous les temps. Personne
ne fut plus digne que lui d’assister le Fruit de Dieu chez Marie, ma Mère. Si
elle fut pleine de grâce, Joseph était rempli de la force de l’Esprit-Saint,
par qui il se laissait docilement guider, sans objection ni réticence, et qui
le conduisit à une haute sainteté.
Ainsi donc, je vous le
donne comme modèle, parents d’aujourd’hui, si vous croyez à la sainteté du
mariage et à l’indissolubilité de ce sacrement.” [17]
[1] ”Arbor
vitae crucifixae Jesu” Livre II, ch. VI “La fuite en Égypte” de
Ubertin de Casale. Cité par Mgr Villepelet dans “Les plus beaux textes sur
Saint Joseph” - Éditions du Vieux Colombier (1959)
[2] Cité
par Mgr VILLEPELET
[3] Cité
par Mrg VILLEPELET dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”
[4] Cité
par Mrg VILLEPELET dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”
[5] Cité
dans ”Saint Joseph patron des communautés religieuses” par le
Chanoine LAMOTHE-TENET. Editeur J. MARTEL ainé, Imprimeur de N.S.P. le
Pape. Montpellier (1879)
[6]
Jean-Jacques OLIER- Opuscule intitulé “Les Grandeurs de Saint Joseph:”
[7] J.J.
OLIER - Cité par Éphraïm
[8] Jean-Jacques
OLIER - Cité par André DOZE dans Joseph, ombre du Père
[9] Éphraïm “Joseph,
un père pour le nouveau millénaire” Éditions des Béatitudes
[10] Cité
par Éphraïm dans “Joseph, un père pour le nouveau
millénaire” Éditions des Béatitudes
[11] Cité
par Mrg Villepelet dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”
[12] Cité
par Mrg VILLEPELET dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”
[13]
Cité par Mrg VILLEPELET dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”
[14] Cité
par Mrg VILLEPELET dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”
[15] Mystère
de la paternité de Saint Joseph de D.J. LALLEMENT - Éditions TÉQUI
[16] “MANDURIA,
Jésus, Roi de la Révélation, Marie, Vierge del’Eucharistie, parlent à
Débora” Éditions du PARVIS
[17] On
peut croire ou ne pas croire aux révélations privées, surtout si elle
sont contemporaines. Il aurait cependant été dommage de se priver d’un tel
témoignage.
Paulette
LEBLANC, Saint Joseph, qui es-tu ?
SOURCE : http://voiemystique.free.fr/saint_joseph_08_2.htm#_ftn5
Julius
Schiller: "Coelum Stellatum Christianum", 1627, Image 34: Saint
Joseph
Placez vous sous la
protection de saint Joseph avec cette très belle dévotion
Philip
Kosloski | 16 janvier 2019
Parmi les nombreuses
dévotions à saint Joseph, il existe celle dite des "Cinq psaumes",
que l’on trouve dans un recueil de prières du début du XIXe siècle intitulé
Raccolta. Dite avec confiance, elle assure "la protection efficace de
saint Joseph dans la vie".
C’est une coutume que
l’on doit au pape Pie VII. En 1809, le successeur de Pierre autorise la prière
des « Cinq psaumes » afin « d’encourager les chrétiens à
pratiquer cette dévotion à saint Joseph pour qu’ils obtiennent sa protection
efficace dans la vie, mais plus encore dans la mort ». Il s’agit pour cela
de dire les antiennes et psaumes suivants, dans l’intention d’honorer saint
Joseph.
Première
antienne : Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qui
est appelé Christ.
Psaume 99 (Acclamez le
Seigneur, terre entière)
Répéter : Joseph,
l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qui est appelé Christ.
Deuxième
antienne : C’était Joseph, de la maison de David et cette Vierge
s’appelait Marie.
Psaume 46 (Tous les
peuples, battez des mains)
C’était Joseph, de la
maison de David et cette Vierge s’appelait Marie.
Troisième
antienne : Joseph, son mari, étant juste, et ne voulant pas la
déshonorer.
Psaume 128 (Que de mal
ils m’ont fait dès ma jeunesse)
Joseph, son mari, étant
juste, et ne voulant pas la déshonorer.
Quatrième
antienne :Joseph, fils de David, ne craignez point de prendre Marie pour
votre épouse.
Psaume 80 (Criez de joie
pour Dieu, notre force)
Joseph, fils de David, ne
craignez point de prendre Marie pour votre épouse.
Cinquième antienne : Joseph,
s’étant éveillé, fit ce que l’Ange lui avait ordonné.
Psaume 86 (Elle est
fondée sur les montagnes saintes)
Joseph, s’étant éveillé,
fit ce que l’Ange lui avait ordonné.
Puis conclure par cette
prière :
V/ Le Seigneur l’a établi
sur sa maison,
R/ Et lui a donné
l’autorité sur tout ce qu’Il possède.
Prions. Ô Dieu, qui
par une providence ineffable, avez daigné choisir le bienheureux saint Joseph
pour être l’époux de votre très sainte Mère ! Faites que nous méritions d’avoir
pour intercesseur dans le ciel ce grand patriarche, que nous honorons sur la
terre comme notre protecteur. Vous qui étant Dieu, vivez et régnez avec votre
Fils dans l’unité du Saint-Esprit pour les siècles des siècles. Amen.
Enfin, une hymne vient
clôturer cette dévotion, dont voici le premier couplet :
Ô vous, qui soupirez
après les dons célestes, sans pouvoir obtenir les grâces que vous sollicitez !
Invoquez le nom de Joseph, et implorez humblement son assistance.
Cette dévotion à saint
Joseph est assez peu connue. N’hésitez pas à la prier pour vous inspirer de son
exemple et invoquer son aide : c’est un excellent intercesseur auprès de
Dieu.
Bartolomé Esteban Murillo (1617–1682), La Sainte Famille, circa 1660, 186 x 155, basilique Saint-Étienne de Pest
« Saint Joseph » selon
Saint Josémaria Escriva
Sermons
- Homélie - Méditations
Voici quelques réflexions
sur Saint Joseph, sa jeunesse, sa chasteté, son métier, … de Saint
Josémaria Escriva de Balaguer (1902-1975), Fondateur de l'Opus
Dei pour promouvoir chez les hommes et les femmes de tous les milieux
sociaux, un engagement personnel à suivre le Christ, à aimer son prochain et à
rechercher la Sainteté dans la vie quotidienne… comme Saint Joseph pour les
hommes !
Saint Josémaria
Escriva : « Pour vivre la vertu de la chasteté, il n'est pas
nécessaire d'attendre d'être vieux ou de manquer de force »
« Je ne suis pas
d'accord avec l'iconographie classique qui représente saint Joseph comme un
vieillard, même si elle s'explique par l'excellente intention de mettre en
valeur la virginité perpétuelle de Marie. Moi, je me l'imagine jeune, fort,
avec quelques années de plus que la Vierge peut-être, mais dans la plénitude de
l'âge et des forces humaines. Pour vivre la vertu de la chasteté, il n'est pas
nécessaire d'attendre d'être vieux ou de manquer de force. La chasteté naît de
l'amour et, pour un amour pur, la force et la joie de la jeunesse ne sont pas
un obstacle. Saint Joseph était jeune, de cœur et de corps, quand il épousa
Marie, quand il connut le mystère de sa Maternité divine et vécut près d'Elle,
en respectant l'intégrité que Dieu voulait léguer au monde comme un signe de
plus de sa venue parmi les créatures. Qui ne sait pas comprendre un tel amour
est bien ignorant de ce qu'est l'amour véritable, et méconnaît le sens chrétien
de la chasteté ».
Saint Josémaria
Escriva : « La figure de Saint Joseph dans
l'Évangile »
« La Sainte Ecriture
nous dit que Joseph était artisan ; plusieurs Pères de l'Eglise ajoutent
qu'il était charpentier, et saint Justin, en parlant de la vie de travail de
Jésus, affirme qu'il faisait des charrues et des jougs. C'est peut-être en se
fondant sur ces dires que saint Isidore de Séville en conclut qu'il était
forgeron. De toute façon, c'était un artisan qui travaillait au service de ses
concitoyens et dont l'habileté était le fruit d'années de durs efforts. La
forte personnalité humaine de Joseph se détache des récits évangéliques :
il n'apparaît jamais comme un homme timide ou craintif devant la vie ; il
sait au contraire faire face aux problèmes, sortir des situations difficiles et
assumer avec responsabilité et initiative les taches qui lui sont confiées.
Joseph, nous l'avons dit, était un artisan de Galilée, un homme comme tant
d'autres. Et que peut attendre de la vie un habitant d'un village perdu comme
Nazareth ? Rien d'autre que le travail, jour après jour, et toujours avec
le même effort ; et, à la fin de la journée, une maison petite et pauvre,
pour y refaire ses forces et recommencer sa tâche le jour suivant. Joseph était
en effet un homme ordinaire, auquel Dieu fit confiance pour accomplir de
grandes choses. Il sut vivre comme le Seigneur le lui demandait tous les
événements qui composèrent sa vie, et c'est pourquoi la Sainte Écriture loue
Joseph en disant qu'il était juste. Pour un Hébreu, juste veut dire pieux,
serviteur irréprochable de Dieu, fidèle à la volonté divine ; d'autres
fois, juste veut dire bon et charitable avec le prochain. En un mot, le juste
est celui qui aime Dieu et démontre cet amour en accomplissant ses
commandements au service de ses frères, les hommes. Les œuvres de l'Amour sont
toujours grandes, même s'il s'agit de choses qui semblent de peu
d'importance... Le Seigneur nous apprend que tout a de l'importance : les
actions que notre vision humaine nous fait juger grandes, ou celles pour
lesquelles, en revanche, nous avons peu d'estime ».
Saint Josémaria
Escriva : « Sanctifier le travail, se sanctifier dans le
travail, sanctifier par le travail »
« Vous devez vous
sanctifier, en aidant en même temps à la sanctification des autres, vos égaux,
en sanctifiant précisément votre travail et votre milieu : cette
profession ou ce métier qui occupe vos journées, qui donne à votre personnalité
humaine sa physionomie particulière, qui est votre manière d'être dans le
monde, ce foyer, cette famille qui est la vôtre, ce pays où vous êtes nés et
que vous aimez. Le travail est l'inévitable compagnon de la vie de l'homme sur
terre. Il s'accompagne d'effort, de lassitude, de fatigue, manifestations de la
douleur et de la lutte, qui font partie de notre vie présente et qui sont les
signes de la réalité du péché et de la nécessité de la Rédemption. Mais le
travail en soi n'est ni peine, ni malédiction, ni châtiment. Ceux qui le
prétendent n'ont pas bien lu la Sainte Écriture. Il est temps que nous, les
chrétiens, nous proclamions bien haut que le travail est un don de Dieu, et
qu'il n'est pas sensé de diviser les hommes en diverses catégories selon le
travail qu'ils réalisent, en considérant certaines tâches plus nobles que
d'autres. Le travail - tout travail - est témoignage de la dignité de l'homme
et de son emprise sur la création. C'est une occasion de perfectionner sa
personnalité. C'est un lien qui nous unit aux autres êtres, une source de
revenus pour assurer la subsistance de sa famille, un moyen de contribuer à
l'amélioration de la société et au progrès de l'humanité tout entière. Pour un
chrétien, ces perspectives s'élargissent et s'amplifient, car le travail lui
apparaît comme une participation à l'oeuvre créatrice de Dieu, qui, en créant
l'homme, le bénit en lui disant : Soyez féconds, multipliez-vous,
emplissez la terre et soumettez-la ; dominez les poissons de la mer, les
oiseaux du ciel, et tous les animaux qui rampent sur la terre. Car, pour avoir
été assumé par le Christ, le travail nous apparaît comme une réalité qui a été
rachetée à son tour. Ce n'est pas seulement le cadre de la vie de l'homme, mais
un moyen et un chemin de sainteté, une réalité qui sanctifie et que l'on peut
sanctifier ».
Saint Josémaria Escriva
de Balaguer (1902-1975)
Voir également à propos
de Saint Josémaria Escriva de Balaguer :
La Prière de Saint Josémaria
Escriva « Viens
Esprit-Saint ! »
La « Prière
pour les Enfants » de Saint Josémaria Escriva
L’Homélie de Saint
Josémaria Escriva pour aller vers la Sainteté « La
Volonté de Dieu, c'est que nous soyons des Saints »
La « Prière
d’intercession » à Saint Josémaria Escriva
La « Vie
et l’œuvre de Saint Josémaria Escriva de Balaguer » selon l’extrait du
bref apostolique de Béatification du Vénérable Serviteur de Dieu Josémaria
Escrivá du Vatican.
« Saint
Joseph » selon Saint Josémaria Escriva
La « Nativité
de Marie » selon Saint Josémaria Escriva
SOURCE : http://site-catholique.fr/index.php?post/Saint-Joseph-selon-Saint-Josemaria-Escriva
Carlo
Dolci (1616–1686), The Holy Family with God the Father and the
Holy Spirit, circa 1630, 28 x 23
QUAMQUAM PLURIES
ENCYCLICAL OF POPE LEO XIII
ON DEVOTION TO ST. JOSEPH
To Our Venerable Brethren
the Patriarchs, Primates,
Archbishops, and other
Ordinaries, in Peace and Union with Holy See.
Although We have already
many times ordered special prayers to be offered up in the whole world, that
the interests of Catholicism might be insistently recommended to God, none will
deem it matter for surprise that We consider the present moment an opportune
one for again inculcating the same duty. During periods of stress and trial -
chiefly when every lawlessness of act seems permitted to the powers of darkness
- it has been the custom in the Church to plead with special fervour and
perseverance to God, her author and protector, by recourse to the intercession
of the saints - and chiefly of the Blessed Virgin, Mother of God - whose
patronage has ever been the most efficacious. The fruit of these pious prayers
and of the confidence reposed in the Divine goodness, has always, sooner or
later, been made apparent. Now, Venerable Brethren, you know the times in which
we live; they are scarcely less deplorable for the Christian religion than the
worst days, which in time past were most full of misery to the Church. We see
faith, the root of all the Christian virtues, lessening in many souls; we see
charity growing cold; the young generation daily growing in depravity of morals
and views; the Church of Jesus Christ attacked on every side by open force or
by craft; a relentless war waged against the Sovereign Pontiff; and the very
foundations of religion undermined with a boldness which waxes daily in
intensity. These things are, indeed, so much a matter of notoriety that it is
needless for Us to expatiate on the depths to which society has sunk in these
days, or on the designs which now agitate the minds of men. In
circumstances so unhappy and troublous, human remedies are insufficient, and it
becomes necessary, as a sole resource, to beg for assistance from the Divine
power.
2. This is the reason why
We have considered it necessary to turn to the Christian people and urge them
to implore, with increased zeal and constancy, the aid of Almighty God. At this
proximity of the month of October, which We have already consecrated to the
Virgin Mary, under the title of Our Lady of the Rosary, We earnestly exhort the
faithful to perform the exercises of this month with, if possible, even more
piety and constancy than heretofore. We know that there is sure help in the
maternal goodness of the Virgin, and We are very certain that We shall never
vainly place Our trust in her. If, on innumerable occasions, she has displayed
her power in aid of the Christian world, why should We doubt that she will now
renew the assistance of her power and favour, if humble and constant prayers
are offered up on all sides to her? Nay, We rather believe that her
intervention will be the more marvellous as she has permitted Us to pray to
her, for so long a time, with special appeals. But We entertain another object,
which, according to your wont, Venerable Brethren, you will advance with
fervour. That God may be more favourable to Our prayers, and that He may come
with bounty and promptitude to the aid of His Church, We judge it of deep
utility for the Christian people, continually to invoke with great piety and
trust, together with the Virgin-Mother of God, her chaste Spouse, the Blessed
Joseph; and We regard it as most certain that this will be most pleasing to the
Virgin herself. On the subject of this devotion, of which We speak publicly for
the first time to-day, We know without doubt that not only is the people
inclined to it, but that it is already established, and is advancing to full
growth. We have seen the devotion to St. Joseph, which in past times the Roman
Pontiffs have developed and gradually increased, grow into greater proportions
in Our time, particularly after Pius IX., of happy memory, Our predecessor,
proclaimed, yielding to the request of a large number of bishops, this holy
patriarch the patron of the Catholic Church. And as, moreover, it is of
high importance that the devotion to St. Joseph should engraft itself upon the
daily pious practices of Catholics, We desire that the Christian people should
be urged to it above all by Our words and authority.
3. The special motives
for which St. Joseph has been proclaimed Patron of the Church, and from which
the Church looks for singular benefit from his patronage and protection, are
that Joseph was the spouse of Mary and that he was reputed the Father of Jesus
Christ. From these sources have sprung his dignity, his holiness, his glory. In
truth, the dignity of the Mother of God is so lofty that naught created can
rank above it. But as Joseph has been united to the Blessed Virgin by the ties
of marriage, it may not be doubted that he approached nearer than any to the
eminent dignity by which the Mother of God surpasses so nobly all created
natures. For marriage is the most intimate of all unions which from its essence
imparts a community of gifts between those that by it are joined together. Thus
in giving Joseph the Blessed Virgin as spouse, God appointed him to be not only
her life's companion, the witness of her maidenhood, the protector of her
honour, but also, by virtue of the conjugal tie, a participator in her sublime
dignity. And Joseph shines among all mankind by the most august dignity, since
by divine will, he was the guardian of the Son of God and reputed as His father
among men. Hence it came about that the Word of God was humbly subject to
Joseph, that He obeyed him, and that He rendered to him all those offices that
children are bound to render to their parents. From this two-fold dignity
flowed the obligation which nature lays upon the head of families, so that
Joseph became the guardian, the administrator, and the legal defender of the
divine house whose chief he was. And during the whole course of his life he
fulfilled those charges and those duties. He set himself to protect with a
mighty love and a daily solicitude his spouse and the Divine Infant; regularly
by his work he earned what was necessary for the one and the other for
nourishment and clothing; he guarded from death the Child threatened by a
monarch's jealousy, and found for Him a refuge; in the miseries of the journey
and in the bitternesses of exile he was ever the companion, the assistance, and
the upholder of the Virgin and of Jesus. Now the divine house which Joseph
ruled with the authority of a father, contained within its limits the
scarce-born Church. From the same fact that the most holy Virgin is the mother
of Jesus Christ is she the mother of all Christians whom she bore on Mount
Calvary amid the supreme throes of the Redemption; Jesus Christ is, in a
manner, the first-born of Christians, who by the adoption and Redemption are
his brothers. And for such reasons the Blessed Patriarch looks upon the
multitude of Christians who make up the Church as confided specially to his
trust - this limitless family spread over the earth, over which, because he is
the spouse of Mary and the Father of Jesus Christ he holds, as it were, a
paternal authority. It is, then, natural and worthy that as the Blessed
Joseph ministered to all the needs of the family at Nazareth and girt it about
with his protection, he should now cover with the cloak of his heavenly
patronage and defend the Church of Jesus Christ.
4. You well understand,
Venerable Brethren, that these considerations are confirmed by the ,opinion
held by a large number of the Fathers, to which the sacred liturgy gives its
sanction, that the Joseph of ancient times, son of the patriarch Jacob, was the
type of St. Joseph, and the former by his glory prefigured the greatness of the
future guardian of the Holy Family. And in truth, beyond the fact that the same
name - a point the significance of which has never been denied - was given to
each, you well know the points of likeness that exist between them; namely,
that the first Joseph won the favour and especial goodwill of his master, and
that through Joseph's administration his household came to prosperity and
wealth; that (still more important) he presided over the kingdom with great
power, and, in a time when the harvests failed, he provided for all the needs of
the Egyptians with so much wisdom that the King decreed to him the title
"Saviour of the world." Thus it is that We may prefigure the new in
the old patriarch. And as the first caused the prosperity of his master's
domestic interests and at the same time rendered great services to the whole
kingdom, so the second, destined to be the guardian of the Christian religion,
should be regarded as the protector and defender of the Church, which is truly
the house of the Lord and the kingdom of God on earth. These are the reasons
why men of every rank and country should fly to the trust and guard of the
blessed Joseph. Fathers of families find in Joseph the best personification of
paternal solicitude and vigilance; spouses a perfect example of love, of peace,
and of conjugal fidelity; virgins at the same time find in him the model and
protector of virginal integrity. The noble of birth will earn of Joseph how to
guard their dignity even in misfortune; the rich will understand, by his
lessons, what are the goods most to be desired and won at the price of their
labour. As to workmen, artisans, and persons of lesser degree, their recourse
to Joseph is a special right, and his example is for their particular
imitation. For Joseph, of royal blood, united by marriage to the greatest and
holiest of women, reputed the father of the Son of God, passed his life in
labour, and won by the toil of the artisan the needful support of his family.
It is, then, true that the condition of the lowly has nothing shameful in it,
and the work of the labourer is not only not dishonouring, but can, if virtue
be joined to it, be singularly ennobled. Joseph, content with his slight
possessions, bore the trials consequent on a fortune so slender, with greatness
of soul, in imitation of his Son, who having put on the form of a slave, being
the Lord of life, subjected himself of his own free-will to the spoliation and
loss of everything.
5. Through these
considerations, the poor and those who live by the labour of their hands should
be of good heart and learn to be just. If they win the right of emerging from
poverty and obtaining a better rank by lawful means, reason and justice uphold them
in changing the order established, in the first instance, for them by the
Providence of God. But recourse to force and struggles by seditious paths to
obtain such ends are madnesses which only aggravate the evil which they aim to
suppress. Let the poor, then, if they would be wise, trust not to the
promises of seditious men, but rather to the example and patronage of the
Blessed Joseph, and to the maternal charity of the Church, which each day takes
an increasing compassion on their lot.
6. This is the reason why
- trusting much to your zeal and episcopal authority, Venerable Brethren, and
not doubting that the good and pious faithful will run beyond the mere letter
of the law - We prescribe that during the whole month of October, at the
recitation of the Rosary, for which We have already legislated, a prayer to St.
Joseph be added, the formula of which will be sent with this letter, and that
this custom should be repeated every year. To those who recite this prayer, We
grant for each time an indulgence of seven years and seven Lents. It is a
salutary practice and very praiseworthy, already established in some countries,
to consecrate the month of March to the honour of the holy Patriarch by daily
exercises of piety. Where this custom cannot be easily established, it is as
least desirable, that before the feast-day, in the principal church of each
parish, a triduo of prayer be celebrated. In those lands where
the 19th of March - the Feast of St. Joseph - is not a Festival of Obligation,
We exhort the faithful to sanctify it as far as possible by private pious
practices, in honour of their heavenly patron, as though it were a day of
Obligation.
7. And in token of
heavenly favours, and in witness of Our good-will, We grant most lovingly in
the Lord, to you, Venerable Brethren, to your clergy and to your people, the
Apostolic blessing.
Given from the Vatican,
August 15th, 1889, the 11th year of Our Pontificate.
LEO XIII
Prayer to Saint Joseph
To thee, O blessed
Joseph, we have recourse in our affliction, and having implored the help of thy
thrice holy Spouse, we now, with hearts filled with confidence, earnestly beg
thee also to take us under thy protection. By that charity wherewith thou
wert united to the Immaculate Virgin Mother of God, and by that fatherly love
with which thou didst cherish the Child Jesus, we beseech thee and we humbly
pray that thou wilt look down with gracious eye upon that inheritance which
Jesus Christ purchased by His blood, and wilt succor us in our need by thy
power and strength.
Defend, O most watchful
guardian of the Holy Family, the chosen off-spring of Jesus Christ. Keep from
us, O most loving Father, all blight of error and corruption. Aid us from on
high, most valiant defender, in this conflict with the powers of darkness. And
even as of old thou didst rescue the Child Jesus from the peril of His life, so
now defend God's Holy Church from the snares of the enemy and from all
adversity. Shield us ever under thy patronage, that, following thine example
and strengthened by thy help, we may live a holy life, die a happy death, and
attain to everlasting bliss in Heaven. Amen.
© Copyright - Libreria
Editrice Vaticana
Caesar van Everdingen (1616/1617–1678),
La Sainte Famille, circa 1660, 129 x 105, musée du couvent
Sainte-Catherine, Utrecht
St. Joseph
Life
Sources
The chief sources of
information on the life of St. Joseph are the first chapters of our first and third Gospels; they are
practically also the only reliable sources, for, whilst, on the holy patriarch's
life, as on many other points connected with the Saviour's history
which are left untouched by the canonical writings, the apocryphal literature is
full of details, the non-admittance of these works into the Canon of the Sacred Books casts
a strong suspicion upon their contents; and, even granted that some of the
facts recorded by them may be founded on trustworthy traditions, it is in most
instances next to impossible to discern and sift these particles of true history from
the fancies with which they are associated. Among these apocryphal productions
dealing more or less extensively with some episodes of St. Joseph's life may be
noted the so-called "Gospel
of James", the "Pseudo-Matthew",
the "Gospel of
the Nativity of the Virgin Mary", the "Story of Joseph the
Carpenter", and the "Life of the Virgin and Death of
Joseph".
Genealogy
St. Matthew (1:16) calls
St. Joseph the son of Jacob; according to St. Luke (3:23), Heli was his father. This is not the
place to recite the many and most various endeavours to solve the vexing
questions arising from the divergences between both genealogies; nor is
it necessary to
point out the explanation which meets best all the requirements of the problem
(see GENEALOGY OF CHRIST);
suffice it to remind the reader that, contrary to what was once advocated, most
modern writers readily admit that in both documents we possess the genealogy of
Joseph, and that it is quite possible to reconcile their data.
Residence
At any rate, Bethlehem, the city
of David and
his descendants, appears to have been the birth-place of Joseph. When, however,
the Gospel history
opens, namely, a few months before the Annunciation, Joseph was
settled at Nazareth.
Why and when he forsook his home-place to betake himself to Galilee is not
ascertained; some suppose — and the supposition is by no means improbable —
that the then-moderate circumstances of the family and
the necessity of
earning a living may have brought about the change. St. Joseph, indeed, was
a tekton, as we learn from Matthew 13:55,
and Mark 6:3.
The word means both mechanic in general and carpenter in particular; St. Justin vouches
for the latter sense (Dialogue
with Trypho 88), and tradition has
accepted this interpretation, which is followed in the English Bible.
Marriage
It is probably at Nazareth that
Joseph betrothed and
married her who was to become the Mother of God. When the
marriage took place, whether before or after the Incarnation, is no easy
matter to settle, and on this point the masters of exegesis have at
all times been at variance. Most modern commentators, following
the footsteps of St.
Thomas, understand that, at the epoch of the Annunciation, the Blessed Virgin was
only affianced to
Joseph; as St.
Thomas notices, this interpretation suits better all the evangelical data.
It will not be without
interest to recall here, unreliable though they are, the lengthy stories
concerning St. Joseph's marriage contained in the apocryphal writings.
When forty years of age, Joseph married a woman called Melcha
or Escha by some, Salome by others; they lived forty-nine years together and
had six children, two daughters and four sons, the youngest of whom was James (the
Less, "the
Lord's brother"). A year after his wife's death, as the priests announced
through Judea that
they wished to find in the tribe of Juda a
respectable man to espouse Mary, then twelve to
fourteen years of age. Joseph, who was at the time ninety years
old, went up to Jerusalem among the candidates; a miracle manifested
the choice God had
made of Joseph, and two years later the Annunciation took
place. These dreams, as St. Jerome styles
them, from which many a Christian artist
has drawn his inspiration (see, for instance, Raphael's "Espousals
of the Virgin"), are void of authority; they nevertheless acquired in the
course of ages some popularity; in them some ecclesiastical writers
sought the answer to the well-known difficulty arising from the mention in the
Gospel of "the
Lord's brothers"; from them also popular credulity has, contrary to
all probability, as well as to the tradition witnessed by old works of art, retained the belief that St.
Joseph was an old man at the time of marriage with the Mother of God.
The Incarnation
This marriage, true and
complete, was, in the intention of
the spouses, to be virgin marriage
(cf. St. Augustine,
"De cons. Evang.", II, i in P.L. XXXIV, 1071-72; "Cont.
Julian.", V, xii, 45 in P.L. XLIV, 810; St. Thomas, III:28; III:29:2). But soon was
the faith of
Joseph in his spouse to be sorely tried: she was with child. However painful
the discovery must have been for him, unaware as he was of the mystery of the Incarnation,
his delicate feelings forbade him to defame his affianced, and he resolved
"to put her away privately; but while he thought on these things, behold
the angel of the
Lord appeared to him in his sleep, saying: Joseph, son of David, fear not to take
unto thee Mary thy
wife, for that which is conceived in her, is of the Holy Ghost. . . And
Joseph, rising from his sleep, did as the angel of the Lord had
commanded him, and took unto him his wife" (Matthew 1:19, 20, 24).
The Nativity and the
flight to Egypt
A few months later,
the time came
for Joseph and Mary to go to Bethlehem, to be
enrolled, according to the decree issued by Caesar Augustus: a new
source of anxiety for Joseph, for "her days were accomplished, that she
should be delivered", and "there was no room for them in the inn (Luke 2:1-7). What
must have been the thoughts of the holy man at the
birth of the Saviour,
the coming of the shepherds and of the wise men, and at the
events which occurred at the time of the Presentation of Jesus in the Temple, we can merely
guess; St. Luke tells
only that he was "wondering at those things which were spoken concerning
him" (2:33).
New trials were soon to follow. The news that a king of the Jews was
born could not but kindle in the wicked heart of the old and bloody
tyrant, Herod,
the fire of jealousy.
Again "an angel
of the Lord appeared in sleep to Joseph, saying: Arise, and take
the child and
his mother, and
fly into Egypt:
and be there until I shall tell thee" (Matthew 2:13).
Return to Nazareth
The summons to go back to
Palestine came only after a few years, and the Holy Family settled again
at Nazareth. St.
Joseph's was henceforth the simple and uneventful life of an humble Jew, supporting himself
and his family by
his work, and faithful to the religious practices commanded by the Law or observed
by pious Israelites. The only
noteworthy incident recorded by the Gospel is the loss of, and anxious quest
for, Jesus, then
twelve years old, when He had strayed during the yearly pilgrimage to
the Holy City (Luke 2:42-51).
Death
This is the last we hear
of St. Joseph in the sacred
writings, and we may well suppose that Jesus's foster-father
died before the beginning of Savior's public
life. In several circumstances, indeed, the Gospels speak of
the latter's mother and brothers (Matthew 12:46; Mark 3:31; Luke 8:19; John 7:3), but never
do they speak of His father in connection with the rest of the family; they tell us
only that Our Lord,
during His public life, was referred to as the son of Joseph (John 1:45; 6:42; Luke 4:22) the
carpenter (Matthew
13:55). Would Jesus,
moreover, when about to die on the Cross, have entrusted His mother to John's
care, had St. Joseph been still alive?
According to the apocryphal "Story
of Joseph the Carpenter", the holy man reached
his hundred and eleventh year when he died, on 20 July (A.D. 18 or 19). St. Epiphanius gives
him ninety years of age at the time of his demise; and if we are to believe the Venerable Bede, he was
buried in the Valley
of Josaphat. In truth we do not know when St.
Joseph died; it is most unlikely that he attained the ripe old age spoken of by
the "Story of
Joseph" and St. Epiphanius. The
probability is that he died and was buried at Nazareth.
Devotion to Saint Joseph
Joseph was "a just
man". This praise bestowed by the Holy Ghost, and
the privilege of
having been chosen by God to
be the foster-father of Jesus and the
spouse of the Virgin
Mother, are the foundations of the honour paid to St.
Joseph by the Church.
So well-grounded are these foundations that it is not a little surprising that
the cult of St. Joseph was so slow in winning recognition. Foremost among the
causes of this is the fact that "during the first centuries of the Church's existence, it was only
the martyrs who
enjoyed veneration" (Kellner). Far from being ignored or passed over in
silence during the early Christian ages, St.
Joseph's prerogatives were occasionally descanted upon by the Fathers; even such
eulogies as cannot be attributed to the writers among whose works they found
admittance bear witness that the ideas and devotion
therein expressed were familiar, not only to the theologians and
preachers, and must have been readily welcomed by the people. The earliest
traces of public recognition of the sanctity of St.
Joseph are to be found in the East. His feast, if we may trust
the assertions of Papebroch, was kept by the Copts as early as
the beginning of the fourth century. Nicephorus Callistus tells likewise — on
what authority we do not know — that in the
great basilica erected
at Bethlehem by St.
Helena, there was a gorgeous oratory dedicated to
the honour of
our saint. Certain it is, at all events, that the feast of
"Joseph the Carpenter" is entered, on 20 July, in one of the old
Coptic Calendars in
our possession, as also in a Synazarium of the eighth
and ninth century published by Cardinal Mai (Script.
Vet. Nova Coll., IV, 15 sqq.). Greek menologies of a
later date at least mention St. Joseph on 25 or 26 December, and a
twofold commemoration of
him along with other saints was
made on the two Sundays next
before and after Christmas.
In the West the name of
the foster-father of Our
Lord (Nutritor Domini) appears in local martyrologies of
the ninth and tenth centuries, and we find in 1129, for the first time, a
church dedicated to
his honour at
Bologna. The devotion, then merely private, as it seems, gained a great impetus
owing to the influence and zeal of such saintly persons as St. Bernard, St. Thomas Aquinas, St. Gertrude (d.
1310), and St.
Bridget of Sweden (d. 1373). According to Benedict XIV (De
Serv. Dei beatif., I, iv, n. 11; xx, n. 17), "the general opinion of the
learned is that the Fathers of Carmel were the first to import from the East
into the West the
laudable practice of giving the fullest cultus to St. Joseph". His feast, introduced
towards the end shortly afterwards, into the Dominican Calendar,
gradually gained a foothold in various dioceses of Western Europe. Among
the most zealous promoters
of the devotion at that epoch, St. Vincent Ferrer (d.
1419), Peter d'Ailly (d.
1420), St. Bernadine
of Siena (d. 1444), and Jehan Charlier Gerson (d.
1429) deserve an especial mention. Gerson, who had, in
1400, composed an Office of the Espousals of Joseph particularly at the Council of Constance (1414),
in promoting the public recognition of the cult of St. Joseph. Only under the
pontificate of Sixtus
IV (1471-84), were the efforts of these holy men rewarded
by Roman Calendar (19
March). From that time the
devotion acquired greater and greater popularity, the dignity of the feast keeping pace
with this steady growth. At first only a festum simplex, it was soon
elevated to a double rite by Innocent VIII (1484-92),
declared by Gregory
XV, in 1621, a festival of obligation, at the
instance of the Emperors Ferdinand III and Leopold I and of King Charles II of
Spain, and raised to the rank of a double of the second class by Clement XI (1700-21).
Further, Benedict
XIII, in 1726, inserted the name into the Litany of the Saints.
One festival in the
year, however, was not deemed enough to satisfy the piety of the
people. The feast of
the Espousals of the Blessed Virgin and St. Joseph, so strenuously
advocated by Gerson,
and permitted first by Paul III to
the Franciscans,
then to other religious orders
and individual dioceses,
was, in 1725, granted to all countries that solicited it, a proper Office,
compiled by the Dominican Pietro
Aurato, being assigned, and the day appointed being 23 January. Nor was this
all, for the reformed Order
of Carmelites, into which St. Teresa had
infused her great devotion to the foster-father of Jesus, chose him, in
1621, for their patron,
and in 1689, were allowed to celebrate the feast of his
Patronage on the third Sunday after Easter. This feast, soon adopted
throughout the Spanish
Kingdom, was later on extended to all states and dioceses which
asked for the privilege.
No devotion, perhaps, has grown so universal, none seems to have appealed so
forcibly to the heart of the Christian people,
and particularly of the labouring classes, during the nineteenth century, as
that of St. Joseph.
This wonderful and
unprecedented increase of popularity called for a new lustre to be added to the
cult of the saint.
Accordingly, one of the first acts of the pontificate of Pius IX, himself
singularly devoted to St.
Joseph, was to extend to the whole Church the feast of the
Patronage (1847), and in December, 1870, according to the wishes of the bishops and of all
the faithful, he
solemnly declared the Holy Patriarch Joseph, patron of the Catholic Church, and enjoined
that his feast (19
March) should henceforth be celebrated as a double of the first class (but
without octave,
on account of Lent).
Following the footsteps of their predecessor, Leo XIII and Pius X have shown
an equal desire to add their own jewel to the crown of St. Joseph: the former,
by permitting on certain days the reading of the votive Office of
the saint; and
the latter by approving, on 18 March, 1909, a litany in honour of him
whose name he
had received in baptism.
Souvay,
Charles. "St. Joseph." The Catholic Encyclopedia. Vol.
8. New York: Robert Appleton
Company, 1910. <http://www.newadvent.org/cathen/08504a.htm>.
Transcription. This
article was transcribed for New Advent by Joseph P. Thomas. In memory of
Father Joseph Paredom.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. October 1, 1910. Remy Lafort, S.T.D.,
Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2023 by Kevin Knight.
Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : https://www.newadvent.org/cathen/08504a.htm
QUAMQUAM PLURIES
LETTERA ENCICLICA DI
S.S. LEONE XIII
SULLA DEVOZIONE A SAN
GIUSEPPE
Ai Venerabili Fratelli
Patriarchi, Primati, Arcivescovi, Vescovi e agli altri Ordinarii territoriali
che sono in pace e comunione con la Sede Apostolica.
Il Papa Leone XIII.
Venerabili Fratelli, salute e Apostolica Benedizione.
Quantunque abbiamo già
ordinato più volte che si facessero in tutto il mondo particolari preghiere e
si raccomandassero a Dio nel modo più ampio gl’interessi della cattolicità,
tuttavia nessuno si stupirà se riteniamo opportuno anche oggi ribadire
nuovamente questo stesso dovere. Nei tempi funesti, soprattutto quando il
potere delle tenebre sembra possa osare tutto a danno della cattolicità, la
Chiesa è sempre stata solita supplicare Dio, suo autore e garante, con maggiore
fervore e perseveranza, invocando pure l’intercessione dei Santi e
particolarmente dell’augusta Vergine, madre di Dio, nel patrocinio dei quali
vede il massimo della propria sicurezza. Presto o tardi il frutto delle
preghiere e della speranza nella bontà divina si evidenzia.
Ora vi è ben noto,
Venerabili Fratelli, che il tempo presente non è meno calamitoso di quelli più
tristi già subiti dalla cristianità. Vediamo infatti perire in moltissimi la
fede, che è il principio di tutte le virtù cristiane; vediamo raffreddarsi la
carità, e la gioventù degradarsi nei costumi e nelle idee; dovunque si osteggia
con violenza e con perfidia la Chiesa di Gesù Cristo; si combatte atrocemente
il Pontificato; e con tracotanza ogni giorno più sfrontata si tenta di scalzare
le stesse fondamenta della religione. Dove si sia precipitati e che cosa ancora
si vada agitando negli animi è più noto di quanto sia necessario spiegarlo con
le parole.
In questa difficile e
miserabile situazione, poiché i mali sono più forti dei rimedi umani, non resta
che chiedere la guarigione alla potenza divina. Pertanto ritenemmo opportuno
spronare la pietà del popolo cristiano perché implori con nuovo fervore e nuova
costanza l’aiuto di Dio onnipotente. Quindi, avvicinandosi il mese di ottobre,
che in passato abbiamo già decretato sacro alla Vergine Maria del Rosario, vi
esortiamo calorosamente a che quest’anno tutto il mese suddetto venga celebrato
con la maggior devozione, pietà e partecipazione possibili. Sappiamo bene che
nella materna bontà della Vergine è pronto il rifugio, e siamo certi che le
Nostre speranze non sono invano riposte in Lei. Se tante volte Ella ci fu
propizia nei fortunosi tempi del cristianesimo, perché temere che non voglia
ripetere gli esempi del suo potere e della sua grazia, ove sia umilmente
costantemente invocata con preghiere comuni? Anzi, tanto più speriamo che in
mirabile modo ci assista, quanto più a lungo volle essere pregata.
Se non che un’altra cosa
Ci siamo pure proposta, e per essa voi, Venerabili Fratelli, Ci presterete,
come al solito, la vostra diligente cooperazione: per meglio rendere Iddio
favorevole alle nostre preci e perché Egli, supplicato da più intercessori,
porga più rapido e largo soccorso alla sua Chiesa, riteniamo che sia sommamente
conveniente che il popolo cristiano si abitui a pregare con singolare devozione
e animo fiducioso, insieme alla Vergine Madre di Dio, il suo castissimo sposo
San Giuseppe: il che abbiamo particolari motivi di credere che debba tornare
accetto e caro alla stessa Vergine.
Quanto a questo argomento
che per la prima volta trattiamo pubblicamente, ben sappiamo che la pietà
popolare, poco favorevole, venne successivamente aumentando da quando i romani
Pontefici, fin dai primi secoli, si impegnarono gradualmente a diffondere
maggiormente e per ogni dove il culto di Giuseppe: abbiamo visto che esso è
venuto aumentando ovunque in questi ultimi tempi, soprattutto da quando Pio IX,
Nostro antecessore di felice memoria, su richiesta di moltissimi Vescovi, ebbe
dichiarato il santissimo Patriarca patrono della Chiesa cattolica.
Nondimeno, poiché è di
tanto rilievo che il suo culto metta profonde radici nelle istituzioni e nelle
abitudini cattoliche, vogliamo che il popolo cristiano anzitutto riceva nuovo
impulso dalla Nostra voce e dalla Nostra autorità.
Le ragioni per cui il
beato Giuseppe deve essere patrono speciale della Chiesa, e la Chiesa
ripromettersi moltissimo dalla tutela e dal patrocinio di lui, nascono
principalmente dal fatto che egli fu sposo di Maria e padre putativo di Gesù
Cristo. Da qui derivarono tutta la sua grandezza, la grazia, la santità e la
gloria. Certamente la dignità di Madre di Dio è tanto in alto che nulla vi può
essere di più sublime. Ma poiché tra Giuseppe e la beatissima Vergine esistette
un nodo coniugale, non c’è dubbio che a quell’altissima dignità, per cui la
Madre di Dio sovrasta di gran lunga tutte le creature, egli si avvicinò quanto
nessun altro mai. Infatti il matrimonio costituisce la società, il vincolo
superiore ad ogni altro: per sua natura prevede la comunione dei beni dell’uno
con l’altro. Pertanto se Dio ha dato alla Vergine in sposo Giuseppe, glielo ha
dato pure a compagno della vita, testimone della verginità, tutore dell’onestà,
ma anche perché partecipasse, mercé il patto coniugale, all’eccelsa grandezza
di lei.
Così pure egli emerge tra
tutti in augustissima dignità, perché per divina disposizione fu custode e,
nell’opinione degli uomini, padre del Figlio di Dio. Donde consegue che il
Verbo di Dio modestamente si assoggettasse a Giuseppe, gli obbedisse e gli
prestasse quell’onore e quella riverenza che i figli debbono al padre loro.
Ora, da questa doppia
dignità scaturivano naturalmente quei doveri che la natura prescrive ai padri
di famiglia; per cui Giuseppe fu ad un tempo legittimo e naturale custode, capo
e difensore della divina famiglia. E questi compiti e uffici egli infatti
esercitò finché ebbe vita. S’impegnò a tutelare con sommo amore e quotidiana
vigilanza la sua consorte e la divina prole; procacciò loro di continuo con le
sue fatiche il necessario alla vita; allontanò da loro i pericoli minacciati
dall’odio di un re, portandoli al sicuro altrove; nei disagi dei viaggi e nelle
difficoltà dell’esilio fu compagno inseparabile, aiuto e conforto alla Vergine
e a Gesù.
Ora la casa divina, che
Giuseppe con quasi patria potestà governava, era la culla della nascente
Chiesa.
La Vergine santissima, in
quanto madre di Gesù Cristo, è anche madre di tutti i cristiani, da lei
generati, in mezzo alle atrocissime pene del Redentore sul Calvario; così pure
Gesù Cristo è come il primogenito dei cristiani, che gli sono fratelli per
adozione e redenzione.
Ne consegue che il
beatissimo Patriarca si consideri protettore, in modo speciale, della
moltitudine dei cristiani di cui è formata la Chiesa, cioè di questa
innumerevole famiglia sparsa in tutto il mondo sulla quale egli, come sposo di
Maria e padre di Gesù Cristo, ha un’autorità pressoché paterna. È dunque cosa
giusta e sommamente degna del beato Giuseppe che, come egli un tempo soleva
tutelare santamente in ogni evento la famiglia di Nazaret, così ora col suo celeste
patrocinio protegga e difenda la Chiesa di Cristo.
Queste cose, Venerabili
Fratelli, come sapete, trovano riscontro in ciò che pensarono parecchi Padri
della Chiesa, d’accordo con la sacra liturgia, e cioè che l’antico Giuseppe,
figlio del patriarca Giacobbe, anticipasse la persona e il ministero del
nostro, e col suo splendore simboleggiasse la grandezza del futuro custode
della divina famiglia. Per la verità, oltre all’avere entrambi lo stesso nome,
non privo di significato, corrono tra loro ben altre chiarissime rassomiglianze
a voi ben note: prima di tutte quella che l’antico Giuseppe si guadagnò in modo
singolare la benevolenza e la grazia del suo signore, e che, avendo da lui
avuto il governo della casa, tutte le prosperità e le benedizioni piovevano,
per riguardo a Giuseppe, sul suo padrone. Ma v’è di più: egli, per volontà del
monarca, governò con poteri sovrani tutto il regno, e nel tempo di pubblica
calamità, per mancati raccolti e per la carestia, sovvenne con così stupenda
provvidenza agli Egizi e ai popoli confinanti, che il re decretò si chiamasse
salvatore del mondo.
Così in quell’antico
Patriarca è possibile ravvisare la figura del nostro. Come quegli fu benefico e
salutare per la casa del suo padrone e poi per tutto il regno, così questi,
destinato alla custodia della cristianità, si deve reputare difensore e tutore
della Chiesa, la quale è veramente la casa del Signore e il regno di Dio in
terra.
Tutti i cristiani, di
qualsivoglia condizione e stato, hanno ben motivo di affidarsi e abbandonarsi
all’amorosa tutela di San Giuseppe. In Giuseppe i padri di famiglia hanno il
più sublime modello di paterna vigilanza e provvidenza; i coniugi un perfetto
esemplare d’amore, di concordia e di fede coniugale; i vergini un esempio e una
guida dell’integrità verginale. I nobili, posta dinanzi a sé l’immagine di
Giuseppe, imparino a serbare anche nell’avversa fortuna la loro dignità; i
ricchi comprendano quali siano i beni che è opportuno desiderare con ardente
bramosia e dei quali fare tesoro.
I proletari poi, gli
operai e quanti sono meno fortunati, debbono, per un titolo o per diritto loro
proprio, ricorrere a San Giuseppe, e da lui apprendere ciò che devono imitare.
Infatti egli, sebbene di stirpe regia, unito in matrimonio con la più santa ed
eccelsa tra le donne, e padre putativo del Figlio di Dio, nondimeno passa la
sua vita nel lavoro, e con l’opera e l’arte sua procura il necessario al
sostentamento dei suoi.
Se si riflette in modo
avveduto, la condizione abietta non è di chi è più in basso: qualsiasi lavoro
dell’operaio non solo non è disonorevole, ma associato alla virtù può molto, e
nobilitarsi. Giuseppe, contento del poco e del suo, sopportò con animo forte ed
elevato le strettezze inseparabili da quel fragilissimo vivere, dando esempio
al suo figliuolo, il quale, pur essendo signore di tutte le cose, vestì le
sembianze di servo, e volontariamente abbracciò una somma povertà e
l’indigenza.
Di fronte a queste
considerazioni, i poveri e quanti si guadagnano la vita col lavoro delle mani
debbono sollevare l’animo, e rettamente pensare. A coloro ai quali, se è vero
che la giustizia consente di potere affrancarsi dalla indigenza e levarsi a
migliore condizione, tuttavia né la ragione né la giustizia permettono di
sconvolgere l’ordine stabilito dalla provvidenza di Dio. Anzi, il trascendere
alla violenza e compiere aggressioni in genere e tumulti è un folle sistema che
spesso aggrava i mali stessi che si vorrebbero alleggerire. Quindi i proletari,
se hanno buon senso, non confidino nelle promesse di gente sediziosa, ma negli
esempi e nel patrocinio del beato Giuseppe, e nella materna carità della Chiesa
la quale si prende ogni giorno grande cura del loro stato.
Pertanto, Venerabili
Fratelli, ripromettendoci moltissimo dalla vostra autorità e dal vostro zelo
episcopale, né dubitando che le pie e buone persone intraprendano molte altre
cose, e anche maggiori di quelle comandate da Noi, decretiamo che in tutto il
mese di ottobre si aggiunga nella recita del Rosario, da Noi già prescritto
altre volte, l’orazione a San Giuseppe, il cui testo riceverete insieme con
quell’Enciclica, e così si faccia ogni anno in perpetuo.
A coloro, poi, che
devotamente reciteranno la suddetta orazione, concediamo ogni volta
l’indulgenza di sette anni e altrettante quarantene. È anche proficuo e
sommamente apprezzabile il consacrare, come già avviene in vari luoghi, con
giornalieri esercizi di pietà il mese di marzo in onore del Santo Patriarca.
Dove poi ciò non si possa fare agevolmente, sarebbe almeno desiderabile che
prima della sua festa, nel tempio principale di ciascun luogo, si celebrasse un
triduo di preghiere.
Raccomandiamo inoltre a
tutti i fedeli dei paesi nei quali il 19 marzo, giorno sacro a San Giuseppe,
non è compreso nel novero delle feste di precetto, che non trascurino tuttavia
per quanto è possibile, di santificarlo almeno privatamente, ad onore del
celeste Patrono, quasi fosse giorno festivo.
Frattanto, auspice dei
celesti doni e pegno della Nostra benevolenza verso di voi, Venerabili
Fratelli, impartiamo di tutto cuore nel Signore l’Apostolica Benedizione a voi,
al Clero e al vostro popolo.
Dato a Roma, presso San
Pietro, il 15 agosto 1889, anno duodecimo del Nostro Pontificato.
LEONE PP. XIII
Orazione a San Giuseppe
A te, o beato Giuseppe,
stretti dalla tribolazione ricorriamo, e fiduciosi invochiamo il tuo patrocinio
dopo quello della tua Santissima Sposa.
Deh! per quel sacro
vincolo di carità che ti strinse all’Immacolata Vergine Madre di Dio, e per
l’amore paterno che portasti al fanciullo Gesù, guarda, te ne preghiamo, con
occhio benigno la cara eredità che Gesù Cristo acquistò col suo sangue, e col
tuo potere ed aiuto sovvieni ai nostri bisogni.
Proteggi, o provvido
Custode della divina Famiglia, l’eletta prole di Gesù Cristo; allontana da noi,
o Padre amantissimo, la peste di errori e di vizi che ammorba il mondo;
assistici propizio dal cielo in questa lotta contro il potere delle tenebre, o
nostro fortissimo protettore; e come un tempo salvasti dalla morte la minacciata
vita del pargoletto Gesù, così ora difendi la santa Chiesa di Dio dalle ostili
insidie e da ogni avversità: e stendi ognora sopra ciascuno di noi il tuo
patrocinio, affinché sul tuo esempio, e mercé il tuo soccorso, possiamo vivere
virtuosamente, piamente morire, e conseguire l’eterna beatitudine in cielo.
Così sia.
© Copyright - Libreria
Editrice Vaticana
Giovanni Battista Salvi (1609–1685),
La Sainte Famille, circa 1640, 93 x 72, musée Condé
VISITA PASTORALE ALLA
DIOCESI DI LIVORNO
SANTA MESSA PER I
LIVORNESI
OMELIA DI GIOVANNI PAOLO
II
Livorno, 19 marzo
1982
Cari fratelli e sorelle!
1. Sono qui oggi, insieme
con voi per venerare san Giuseppe nel giorno in cui lo venera la
Chiesa intera. Essa lo venera come merita quell’ammirevole “uomo giusto”, sposo
– dinanzi alla legge – di Maria, Vergine di Nazaret, Madre del Figlio di Dio.
Contemporaneamente la
Chiesa venera Giuseppe di Nazaret come “artigiano”, come uomo del lavoro, forse
falegname di professione. Egli è stato il solo e l’unico – tra tutti gli uomini
del lavoro sulla terra – presso il cui banco di lavoro si presentava ogni
giorno Gesù Cristo, Figlio di Dio e Figlio dell’uomo. Proprio lui, Giuseppe,
gli ha fatto imparare il lavoro della sua professione, lo ha incamminato in
essa, gli ha insegnato a superare le difficoltà e la resistenza dell’elemento
“materiale” e a trarre dalla materia informe le opere dell’artigianato umano. È
lui, Giuseppe di Nazaret, che ha legato una volta per sempre il Figlio di Dio
al lavoro umano. Grazie a lui, lo stesso Cristo appartiene anche al mondo del
lavoro e rende testimonianza della sua altissima dignità dinanzi agli occhi di
Dio.
Livorno è un grande
ambiente di lavoro. Desideriamo proprio qui rendere venerazione a san
Giuseppe. Desideriamo esprimere in questo modo che il mondo affidato in compito
all’uomo dal Creatore sempre e in ogni luogo della terra, e in mezzo ad ogni
società e nazione, è “il mondo del lavoro”. “Mondo del lavoro” vuol dire
contemporaneamente “mondo umano”. Proprio su questo “mondo” si è pronunciato il
Concilio nella costituzione sulla Chiesa nel mondo contemporaneo,
intitolata Gaudium
et Spes, che indica il “mondo”, cioè il “mondo umano” (che in misura
principale è “il mondo del lavoro”), come il luogo della Chiesa e come oggetto
del suo compito pastorale.
La Chiesa è in questo mondo.
È mandata a questo mondo, perché “Dio ha tanto amato il mondo da dare il suo
Figlio unigenito” (Gv 3,16); e ciò è avvenuto, si è compiuto nel corso di
30 anni nella casa nazaretana di Giuseppe. Perciò veneriamo oggi in san
Giuseppe quel mondo, al quale sono mandati Cristo e la Chiesa.
2. E questo “uomo
giusto”, nello stesso tempo, rimane inserito con tutta la sua vita e la sua
vocazione nel mistero della Chiesa. Conosciamo la sua vita “nascosta” e la
sua vocazione “silenziosa”. La conosciamo sufficientemente dal Vangelo; ma non
leggiamo nel Vangelo nessuna parola pronunciata da san Giuseppe di Nazaret.
Invece siamo testimoni degli avvenimenti che dicono quanto profondamente Dio
stesso consolidò la vocazione di san Giuseppe nel mistero della Chiesa. Ne rendono
testimonianza in particolare le letture della Liturgia odierna.
Il mistero della Chiesa,
cioè la realtà della Chiesa è nata già in qualche modo dalla promessa che Dio
fece ad Abramo, e contemporaneamente da quella fede, con la quale Abramo
rispose alla chiamata di Dio. Giustamente, nel giorno di san Giuseppe, leggiamo
la seguente frase dalla lettera ai Romani: “Non infatti in virtù della legge fu
data ad Abramo e alla sua discendenza la promessa di diventare erede del mondo,
ma in virtù della giustizia che viene dalla fede... Eredi quindi si diventa per
la fede, perché ciò sia per grazia e così la promessa sia sicura per tutta la
discendenza, non soltanto per quella che deriva dalla legge, ma anche per
quella che deriva dalla fede di Abramo” (Rm 4,13-16).
E, più avanti, dello
stesso Abramo scrive l’Apostolo: egli “è padre di tutti noi. Infatti sta
scritto: ti ho costituito padre di molti popoli; è nostro padre davanti al Dio
nel quale credette, che dà vita ai morti e chiama all’esistenza le cose che ancora
non esistono” (Rm 4,16-17).
Di pari passo con la fede
va la speranza. Abramo è “padre” della nostra fede e della nostra speranza:
“Egli ebbe fede sperando contro ogni speranza e così divenne padre di molti
popoli” (Rm 4,18).
E san Paolo continua: “Ecco
perché gli fu accreditato come giustizia” (Rm 4,22).
3. Giustamente rileggiamo
queste parole nella Liturgia della festa odierna. Le rileggiamo con il pensiero
a san Giuseppe di Nazaret, il quale fu “uomo giusto”, a cui fu accreditato
“come giustizia” il fatto che credette nel Dio, “che dà vita ai morti e chiama
all’esistenza le cose che ancora non esistono”. Queste parole, scritte da Paolo
nei riguardi di Abramo, le rileggiamo oggi con il pensiero a Giuseppe di
Nazaret, che “ebbe fede, sperando contro ogni speranza”. Ciò avvenne nel
momento decisivo per la storia della salvezza, quando Dio, Padre eterno,
compiendo la promessa fatta ad Abramo, “ha mandato il suo Figlio al mondo”.
Proprio allora si è manifestata la fede di Giuseppe di Nazaret, e si è manifestata
a misura della fede di Abramo. Si è manifestata maggiormente quando il Verbo
del Dio Vivente si fece carne in Maria, sposa di Giuseppe, la quale
all’annuncio dell’Angelo “si trovò incinta per opera dello Spirito Santo”. E
questo avvenne – come scrive l’evangelista Matteo – dopo le nozze di Maria con
Giuseppe, ma “prima che andassero a vivere insieme”.
Così, dunque, la fede di
san Giuseppe si doveva manifestare dinanzi al mistero dell’Incarnazione del
Figlio di Dio.
Proprio allora Giuseppe
di Nazaret passò la grande prova della sua fede, così come l’aveva passata
Abramo.
È allora che Giuseppe,
“uomo giusto”, credette a Dio come a colui che “chiama all’esistenza le cose
che ancora non esistono”.
Infatti, Dio stesso, con
la potenza dello Spirito Santo, ha chiamato all’esistenza nel seno della
Vergine di Nazaret, Maria, promessa sposa di Giuseppe, l’umanità che fu propria
dell’unigenito Figlio di Dio, il Verbo Eterno del Padre.
Egli, Dio, è colui che
chiama all’esistenza le cose che ancora non esistono.
E Giuseppe di Nazaret
credette a Dio. Credette così come una volta già aveva fatto Abramo.
Credette quando Dio gli
parlò con la parola dell’Angelo del Signore. Queste parole suonano così:
“Giuseppe, figlio di Davide, non temere di prendere con te Maria, tua sposa,
perché quel che è generato in lei viene dallo Spirito Santo. Essa partorirà un
figlio e tu lo chiamerai Gesù: egli infatti salverà il suo popolo dai suoi
peccati” (Mt 1,20-22).
Giuseppe, che prima “non
volendo ripudiarla, decise di licenziarla in segreto” (Mt 1,19), ora “fece
come gli aveva ordinato l’Angelo del Signore” (Mt 1,24).
Prese con sé Maria – e
Quel che era stato generato in lei.
Si dimostrò così un vero
discendente di Abramo secondo la fede. Un discendente privilegiato.
Infatti gli fu dato di
diventare il testimone più diretto, e quasi il testimone oculare del compimento
della promessa, data una volta ad Abramo e accolta mediante la fede.
Questi “ebbe fede
sperando contro ogni speranza” – e Giuseppe credette in egual modo. Egli è
stato chiamato con la voce di Dio, perché la speranza della salvezza potesse
compiersi nel mondo.
4. La Chiesa vive dalla
eredità della fede di Abramo.
La Chiesa è sorta ed
esiste perché la promessa data una volta ad Abramo potesse compiersi nel mondo.
La Chiesa lega il suo inizio – il compimento della speranza nel mondo – anche
con la fede di Giuseppe di Nazaret.
Ciò che spira da tutta la
sua figura è la fede, la vera eredità della fede di Abramo. La sua fede è la
più vicina somiglianza e analogia con la fede di Maria di Nazaret. Ambedue –
Maria e Giuseppe – sono uniti con questo mirabile vincolo. Dinanzi agli uomini,
il loro vincolo è quello matrimoniale.
Dinanzi a Dio ed alla
Chiesa, sono le nozze nello Spirito Santo.
Mediante queste nozze
nella fede sono diventati ambedue, Maria e accanto a lei Giuseppe, i testimoni
e dispensatori del mistero, mediante il quale il mondo creato e soprattutto i
cuori umani diventano di nuovo dimora del Dio Vivente.
Giuseppe di Nazaret è
“uomo giusto”, perché totalmente “vive dalla fede”. È santo, perché la sua fede
è veramente eroica.
La Sacra Scrittura parla
poco di lui – poco più di quello che leggiamo nella Liturgia di oggi. Non
registra neanche una parola che abbia pronunciato Giuseppe, falegname di
Nazaret. E tuttavia, anche senza parole, egli dimostra la profondità della sua
fede, la sua grandezza.
San Giuseppe è grande con
lo spirito. È grande nella fede, non perché pronuncia parole proprie, ma
soprattutto perché ascolta le parole del Dio vivente.
Ascolta in silenzio. E il
suo cuore persevera incessantemente nella prontezza ad accettare la Verità
racchiusa nella parola del Dio vivente. Per accoglierla e compierla con amore.
Perciò, Giuseppe di
Nazaret diventa veramente un mirabile testimone del Mistero Divino. Diventa un
dispensatore del Tabernacolo, che Dio ha scelto per sé sulla terra per compiere
l’opera della salvezza.
5. Guardando oggi con
venerazione e con amore la figura di san Giuseppe, dobbiamo in questo sguardo
rinnovare la nostra propria fede. Vediamo come la Parola del Dio vivente cade
profondamente nell’anima di quell’Uomo – di quell’Uomo giusto.
E noi, sappiamo ascoltare
la Parola di Dio? Sappiamo assorbirla con la profondità del nostro “io” umano?
Apriamo dinanzi a questo verbo la nostra coscienza?
Oppure – al contrario –
ci fermiamo soltanto alla superficie della Parola di Dio? Non le dischiudiamo
un più profondo accesso all’anima? Non accogliamo questa Parola nel silenzio
della prontezza interiore, così come Giuseppe di Nazaret? Non creiamo le
condizioni perché essa possa agire dentro di noi e portare frutti?
Ascoltiamo la Parola di
Dio? Come l’ascoltiamo? Leggiamo la Sacra Scrittura? Partecipiamo alla
catechesi?
Abbiamo tanto bisogno
della fede!
È tanto necessaria la
fede all’uomo dei nostri tempi, della difficile epoca odierna!
È tanto necessaria una
grande fede!
Proprio oggi una grande
fede è necessaria agli uomini, alle famiglie, alle comunità, alla Chiesa.
Ed è proprio per
prepararci allo sguardo maturo della fede sui problemi della Chiesa e del mondo
contemporaneo che la Provvidenza Divina ci ha dato il Concilio Vaticano II, il
suo insegnamento e il suo orientamento.
È necessario che ora,
nelle singole comunità che pure sono le Chiese – almeno nelle “Chiese
domestiche” –, il lavoro perseveri sull’assimilazione di questo insegnamento.
Bisogna leggere, bisogna
ascoltare, e accettare nel silenzio della prontezza interiore quella Parola,
che lo Spirito Santo “dice alla Chiesa” dei nostri tempi.
So che in questo senso
lavora il Sinodo diocesano della Chiesa in Livorno.
Raccomando oggi a san
Giuseppe i frutti di tale lavoro.
6. “Giuseppe, figlio di
Davide, non temere di prendere con te Maria... perché quel che è generato in
lei viene dallo Spirito Santo (Mt 1,20).
Popolo di Dio! Chiesa
livornese!
Non temere di prendere,
insieme con Giuseppe di Nazaret, Maria. Non temere di prendere Gesù Cristo, il
suo Figlio, in tutta la tua vita.
Non temere di prenderlo
in una fede simile alla fede di Giuseppe.
Non temere di prenderlo
sotto i tetti delle tue case – così come Giuseppe ha accolto Gesù sotto il
tetto della casa nazaretana. Non temere di prendere Cristo nel tuo lavoro
quotidiano.
Non temere di prenderlo
nel tuo “mondo”.
Allora questo “mondo”
sarà veramente “umano”. Diventerà sempre più umano.
Infatti, soltanto il
Dio-Uomo può fare il nostro “mondo umano” pienamente “umano”.
© Copyright 1982 -
Libreria Editrice Vaticana
Giuseppe
Torretti. La Vergine col Bambino e San Giuseppe tra le nuvole, Chiesa di Santa Maria
degli Scalzi Venezia. Cappella Manin
Giuseppe
Torretti. La Vierge et l'Enfant avec saint Joseph Église Santa Maria degli Scalzi,Venise.
Chapelle Mani
Giuseppe
Torretti. The Virgin and Child with St. Joseph in the clouds Church Santa Maria degli Scalzi Venice. Chapel
Manin
19 MARZO FESTA DI S.
GIUSEPPE, PATRONO DELLA CHIESA UNIVERSALE
Celebrare la festa di san
Giuseppe del 19 marzo (i primi furono i monaci benedettini nel 1030, seguiti
dai Servi di Maria nel 1324 e dai Francescani nel 1399; venne infine promossa
dagli interventi dei papi Sisto IV e Pio V e resa obbligatoria nel 1621 da
Gregorio XV) significa rendere onore liturgico al Patrono universale della
Chiesa e all’avvocato di ogni famiglia. Oggi più che mai occorre pregare ed
implorare la sua intercessione per l’una e per l’altra realtà. Alla Vergine
Maria si tributa il culto di iperdulia (al di sopra di tutti i
Santi), mentre a san Giuseppe il culto di proto dulia (primo fra
tutti i Santi).
Santa Teresa d’Avila
affidò sempre a lui la risoluzione dei suoi problemi e dei suoi affanni e mai
San Giuseppe la deluse. Lasciò scritto la mistica spagnola: «Ad altri Santi
sembra che Dio abbia concesso di soccorrerci in questa o in quell’altra
necessità, mentre ho sperimentato che il glorioso san Giuseppe estende il suo
patrocinio su tutte. Con ciò il Signore vuol farci intendere che a quel modo
che era a lui soggetto in terra, dove egli come padre putativo gli poteva
comandare, così anche in cielo fa tutto quello che gli chiede». Perciò,
«qualunque grazia si domanda a S. Giuseppe verrà certamente concessa, chi vuol
credere faccia la prova affinché si persuada», infatti, «ho visto chiaramente
che il suo aiuto fu sempre più grande di quello che avrei potuto sperare»
(Vita, VI, 5-8).
Come implorarlo per le
necessità? La Chiesa invita a pregarlo, in particolare, praticando la devozione
del Sacro Manto di San Giuseppe (risalente al 22 agosto 1882, data in
cui l’Arcivescovo di Lanciano, Monsignor Francesco Maria Petrarca, la approvò:
orazioni da recitarsi per 30 giorni consecutivi in ricordo dei 30 anni del
casto sposo di Maria Santissima a fianco e a tutela di Gesù).
Un Manto che molto potrebbe ottenere nell’anno del centenario di
Nostra Signora di Fatima, perché, proprio a Fatima, anche san Giuseppe
apparve. Era il 13 ottobre 1917, ultima delle apparizioni mariane alla
Cova d’Iria.
Pioveva a dirotto.
Racconterà suor Lucia: «Arrivati (…) presso il leccio, spinta da un istinto
interiore, domandai alla gente che chiudesse gli ombrelli, per recitare la
Corona. Poco dopo, vedemmo il riflesso di luce e subito dopo la Madonna sopra
il leccio» (Quarta Memoria di Lucia dos Santos, in A.M. Martins
S.j., Documentos. Fátima, L.E. Rua Nossa Senhora de Fátima, Porto 1976, p.
349). «Cosa vuole da me?». «Voglio dirti che facciano qui una cappella in Mio
onore; che sono la Madonna del Rosario; che continuino sempre a dire la Corona
tutti i giorni» (Ivi, pp. 349; 351).
A questo punto Lucia
chiese se poteva guarire malati e convertire peccatori, la Madonna disse che
non tutti avrebbero ricevuto la grazia: «Devono emendarsi; chiedano perdono dei
loro peccati» e, con un aspetto più triste, non «offendano più Dio Nostro
Signore, che è già tanto offeso» (Ivi, p. 351). In seguito la Madonna aprì le
mani, che emanavano luce, e le fece riflettere e proiettare nel
sole. Lucia allora gridò a tutti di guardare l’astro in cielo. Mentre
la Madonna si elevava congedandosi, il riflesso della sua luce continuò a
proiettarsi nel sole. E accanto al sole apparvero ai veggenti: san Giuseppe, il
Bambino Gesù, la Madonna, vestita di bianco, con il manto azzurro. San Giuseppe
e il Bambino benedicevano il mondo: la Sacra Famiglia si presentò nel suo
splendore celeste per assicurare la protezione in terra. Poi Maria Vergine
divenne Addolorata, con aspetto simile alla Madonna del Carmine.
In seguito iniziò il
miracolo danzante del sole. Padre premuroso e sollecito, san Giuseppe, a
differenza di una certa letteratura modernista che lo tratteggia soltanto come
uomo di tenerezza, fu assai forte e coraggioso (si pensi all’aver preso in
sposa, contro il suo pubblico onore, la Vergine Maria in attesa di Gesù, oppure
alla fuga in Egitto) e fu uomo mistico, visto che in più occasioni gli fu dato
il privilegio di conoscere la volontà di Dio attraverso gli angeli. San
Giuseppe, che ebbe così alta dignità e così alta responsabilità di capo della
Sacra Famiglia, proteggendo la sua sposa e il Figlio di Dio, se invocato dai
credenti e, principalmente, dai puri di cuore e, dunque, in grazia di Dio, non
abbandonerà la Sposa di Cristo ai peccati e agli errori dei nostri tempi, sia
clericali che civili. Ricorrere a lui significa affidarsi al giusto difensore
celeste.
Il beato Pio IX, l’8
dicembre del 1870, quando proclamò san Giuseppe patrono della Chiesa universale,
disse: «In modo simile a come Dio mise a capo di tutta la terra d’Egitto quel
Giuseppe, figlio del patriarca Giacobbe, affinché immagazzinasse frumento per
il popolo, così, all’arrivo della pienezza dei tempi, quando stava per mandare
sulla terra suo Figlio unigenito Salvatore del mondo, scelse un altro Giuseppe,
del quale il primo era stato tipo e figura, che rese padrone e capo della sua
casa e del suo possesso e lo scelse come custode dei suoi principali tesori».
Allo stesso modo Leone
XIII, nell’enciclica Quamquampluries del 15 agosto 1889, afferma: «è
affermata l’opinione, in non pochi Padri della Chiesa, concordando su questo la
sacra liturgia, che quell’antico Giuseppe, nato dal patriarca Giacobbe, aveva
abbozzato la persona e i destini di questo nostro Giuseppe e aveva mostrato col
suo splendore, la grandezza del futuro custode della sacra famiglia». La stessa
interpretazione venne espressa da Pio XII quando istituì la festa di san
Giuseppe artigiano nel 1955. Possa il paterno discendente del Re Davide
infondere nei responsabili terreni della Chiesa e nei genitori un poco del suo
virile coraggio proveniente dalla sua indefettibile Fede.
Fonte: Cristina Siccardi
in Corrispondenza
Romana
SOURCE : https://cittacristiana.com/2019/03/19/19-marzo-festa-di-s-giuseppe-patrono-della-chiesa-universale/
Jerónimo Jacinto Espinosa (1600–),
Sagrada Familia en el taller de
carpintero / Sagrada Família a la fusteria, circa
1640, 205.5 x 162.5, musée des beaux-arts de
Valence
Saint Josémaria
ESCRIVA. « Dans
l'atelier de Joseph », Quand le Christ passe :
http://fr.escrivaworks.org/book/quand_le_christ_passe-chapitre-5.htm
Joseph-Marie Verlinde (Auteur). Joseph de Nazareth, Artège, 2024 : https://www.editionsartege.fr/product/125100/joseph-de-nazareth/
Voir aussi : http://har22201.blogspot.com/2012/03/saint-joseph.html
http://www.maria-valtorta.org/Personnages/JosephJacob.htm