jeudi 27 décembre 2018

Saint JOSEPH, Époux de la Très Sainte Vierge Marie, confesseur et Patron de l'Église universelle (II)


Juan de Valdés Leal, Le Couronnement de saint Joseph, 1665

Je vous salue, Joseph,

Vous que la grâce divine a comblé.

Le sauveur a reposé entre vos bras et grandi sous vos yeux.

Vous êtes béni entre tous les hommes et Jésus,

l’enfant divin de votre virginale épouse est béni.

Saint Joseph, donné pour père au Fils de Dieu,

priez pour nous dans nos soucis de famille, de santé et de travail, jusqu’à nos derniers jours,

et daignez nous secourir à l’heure de notre mort.

Amen.

Salut, gardien du Rédempteur,

époux de la Vierge Marie.

À toi Dieu a confié son Fils ;

en toi Marie a remis sa confiance ;

avec toi le Christ est devenu un homme.

Ô bienheureux Joseph, montre-toi aussi un père pour nous,

et conduis-nous sur le chemin de la vie.

Obtiens-nous grâce, miséricorde et courage,

et défends-nous de tout mal.

Amen

(Pape François)

José Luzán (1765-1770), Le Songe de Joseph, musée des Beaux-Arts de Saragosse


SAINT JOSEPH

Saint Joseph, l’ombre du Père ! celui sur qui l’ombre du Père tombait épaisse et profonde; saint Joseph, l’homme du silence, celui de qui la parole approche à peine ! L’Évangile ne dit de lui que quelques mots : « C’était un homme juste ! » l’Évangile, si sobre de paroles, devient encore plus sobre quand il s’agit de saint Joseph. On dirait que cet homme, enveloppé de silence, inspire le silence. Le silence de saint Joseph fait le silence autour de saint Joseph. Le silence est sa louange, son génie, son atmosphère. Là où il est, le silence règne. Quand l’aigle plane, disent certains voyageurs, le pèlerin altéré devine une source á l’endroit où tombe son ombre dans le désert. Le pèlerin creuse, l’eau jaillit. L’aigle avait parlé son langage, il avait plané. Mais la chose belle avait été une chose utile; et celui qui avait soif, comprenant le langage de l’aigle, avait fouillé le sable et trouvé l’eau.

Quoi qu’il en soit de cette magnifique légende et de sa vérité naturelle, que je n’ose garantir, elle est féconde en symboles superbes. Quand l’ombre de saint Joseph tombe quelque part, le silence n'est pas loin. Il faut creuser le sable, qui dans sa signification symbolique représente la nature humaine ; il faut creuser le sable, et vous verrez jaillir l’eau. L’eau, ce sera, si vous voulez, ce silence profond, où toutes les paroles sont contenues, ce silence vivifiant, rafraîchissant, apaisant, désaltérant, le silence substantiel ; là où est tombée l’ombre de saint Joseph, la substance du silence jaillit, profonde et pure, de la nature humaine creusée.

Pas une parole de lui dans l’Écriture ! Mardochée, qui fit fleurir Esther á son ombre, est un de ses précurseurs. Abraham, père d’Isaac, représente aussi le père putatif de Jésus. Joseph, fils de Jacob, fut son image la plus expressive. Le premier Joseph garda en Égypte le pain naturel. Le second Joseph garda en Égypte le pain surnaturel Tous deux furent les hommes du mystère; et le rêve leur dit ses secrets. Tous deux furent instruits en rêve, tous deux devinèrent les choses cachées. Penchés sur l’abîme, leurs yeux voyaient à travers les ténèbres. Voyageurs nocturnes, ils découvraient leurs routes á travers les mystères de l’ombre. Le premier Joseph vit le soleil et la lune prosternés devant lui. Le second Joseph commanda à Marie et à Jésus; Marie et Jésus obéissaient.

Dans quel abîme intérieur devait résider l’homme qui sentait Jésus et Marie lui obéir, l’homme à qui de tels mystères étaient familiers et à qui le silence révélait la profondeur du secret dont il était gardien ! Quand il taillait ses morceaux de bois, quand il voyait l’Enfant travailler sous ses ordres, ses sentiments, creusés par cette situation inouïe, se livraient au silence qui les creusait encore ; et du fond de la profondeur où il vivait avec son travail, il avait la force de ne pas dire aux hommes : Le Fils de Dieu est ici.

Son silence ressemble á un hommage rendu à l’inexprimable. C’était l’abdication de la Parole devant l’Insondable et devant l’Immense. Cependant l’Évangile, qui dit si peu de mots, a les siècles pour commentateurs ; je pourrais dire qu’il a les siècles pour commentaires. Les siècles creusent ses paroles et font jaillir du caillou l’étincelle vivante. Les siècles sont chargés d’amener à la lumière les choses du secret. Saint Joseph a été longtemps ignoré; mais depuis sainte Thérèse, particulièrement chargée de le trahir, il est beaucoup moins inconnu. Mais voici quelque chose d’étrange : chaque siècle a deux faces, la face chrétienne et la face antichrétienne ; la face chrétienne s’oppose en général á la face antichrétienne par un contraste direct et frappant. Le dix-huitième siècle, le siècle du rire, de la frivolité, de la légèreté, du luxe, posséda Benoist-Joseph Labre. Ce mendiant arrive á la gloire, même á la gloire humaine; et tous ceux qui brillaient de son temps sont descendus dans une honte historique, qui ne ressemble à aucune autre et prés de laquelle les hontes ordinaires sont de la gloire. Je ne sais ce que Dieu a fait de leurs âmes ; mais la science humaine, malgré ses imperfections et ses lenteurs, a fait justice de leurs noms. Les représentants du dix-huitième siècle sont enterrés dans un oubli particulier.

Joseph Labre, qui est leur contradiction vivante, éclate même aux yeux des hommes ; et ceux-là même qui essayent de se moquer de lui sont obligés de le considérer comme un personnage historique.

Le dix-neuvième siècle est par-dessus tout, dans tous les sens du mot, le siècle de la Parole.  Bonne ou mauvaise, la Parole remplit notre air. Une des choses qui nous caractérisent, c’est le tapage. Rien n’est bruyant comme l'homme moderne : il aime le bruit, il veut en faire autour des autres, il veut surtout que les autres en fassent autour de lui. Le bruit est sa passion, sa vie, son atmosphère ; la publicité remplace pour lui mille autres passions qui meurent étouffées sous cette passion dominante, à moins qu’elles ne vivent d’elle et ne s’alimentent de sa lumière pour éclater plus violemment. Le dix-neuvième siècle parle, pleure, crie, se vante et se désespère. Il fait étalage de tout. Lui qui déteste la confession secrète, il éclate á chaque instant en confessions publiques. II vocifère, il exagère, il rugit. Eh bien ! ce sera ce siècle, ce siècle de vacarme, qui verra s'élever et grandir dans le ciel de l’Église la gloire de saint Joseph. Saint Joseph vient d’être choisi officiellement pour patron de l’Église pendant le bruit de l’orage. Il est plus connu, plus prié, plus honoré qu’autrefois.

Au milieu du tonnerre et des éclairs, la révélation de son silence se produit insensiblement.

Jusqu’où a-t-il pénétré dans l’intimité de Dieu? Nous ne le savons pas ; mais nous sommes pénétrés, au milieu du bruit qui nous entoure, par le sentiment de la paix immense dans laquelle s’écoula sa vie : le contraste semble chargé de nous révéler la grandeur cachée des choses. Beaucoup parlent qui n’ont rien á dire et dissimulent, sous le fracas de leur langage et 1a turbulence de leur vie, le néant de leurs pensées et de leurs sentiments. Saint Joseph, qui a tant à dire, saint Joseph ne parle pas. Il garde au fond de lui les grandeurs qu’il contemple : et les montagnes s’élèvent au fond de lui sur les montagnes, et les montagnes font silence. Les hommes sont entrainés par l’ensorcellement de la bagatelle. Mais saint Joseph reste en paix, maître de son âme et en possession de son silence, parmi les ébranlements du voyage en Égypte, dans cette fuite de Jésus-Christ déjà persécuté. Parmi les pensées, les sentiments, les étrangetés, les incidente, les difficultés de ce voyage, celui qui représentait Dieu le Père prend la fuite, comme s’il était à la fois faible et coupable ; il fuit en Égypte, au pays de l’angoisse ; il revient dans ce lieu terrible, d’où ses ancêtres sont sortis, sous la protection de l’Éternel. Il fait la route qu’a faite Moïse, et il la fait en sens inverse. Et, pendant qu’il va en Égypte, et qu’il est en Égypte, il se souvient d’avoir cherché une place á l’hôtellerie et de ne pas l’avoir trouvée.

Pas de place á l’hôtellerie !

L'histoire du monde est dans ces trois mots; et cette histoire si abrégée, si substantielle, cette histoire, on ne la lit pas; car lire c’est comprendre. Et l’éternité ne sera pas trop longue pour prendre et donner la mesure de ce qui est écrit dans ces mots: Pas de place á l’hôtellerie. II y en avait pour les autres voyageurs. Il n’y en avait pas pour ceux-ci. La chose qui se donne á tous se refusait à Marie et à Joseph; et dans quelques minutes Jésus-Christ allait naître ! L’Attendu des nations frappe à la porte du monde, et il n’y avait pas de place pour lui dans l’hôtellerie ! Le Panthéon romain, cette hôtellerie des idoles, donnait place á trente mille démons, prenant des noms qu’on croyait divins. Mais Rome ne donna pas place á Jésus-Christ dans son Panthéon. On eût dit qu’elle devinait que Jésus-Christ ne voulait pas de cette place et de ce partage. Plus on est insignifiant, plus on se case facilement. Celui qui porte une valeur humaine a plus de peine à se placer- Celui qui porte une chose étonnante et voisine de Dieu, plus de peine encore. Celui qui porte Dieu ne trouve pas de place. II semble qu’on devine qu’il lui en faudrait une trop grande, et si petit qu'il se fasse, il ne désarme pas l’instinct de ceux qui le repoussent. II ne réussit pas à leur persuader qu’il ressemble aux autres hommes. Il a beau cacher sa grandeur, elle éclate malgré lui, et les portes se ferment, à son approche, instinctivement.

Ce petit mot tout court : parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie, est d’autant plus terrible qu’il est plus simple. Ce n’est pas l’accent de la plainte, du reproche, de la récrimination : c’est le ton du récit. Les réflexions sont supprimées. L’Évangile nous les laisse á faire. Quie non erat eis locus in diversorio.  Et ce mot diversorio : ce mot qui indique la multiplicité? Les voyageurs ordinaires, les hommes qui font nombre, avaient trouvé place dans l’hôtellerie. Mais Celui que portait Marie allait naître dans une étable, car c’était lui qui devait dire un jour : « Une seule chose est nécessaire, Unum est necessarium. »

Le diversorium lui avait été fermé.

Il faudrait qu’un éclair fendit notre nuit et montrât tous les siècles à la fois sur un point et en un instant pour que ce mot si petit, si court, si simple, apparût comme il est, pour que cette hôtellerie dans laquelle Marie et Joseph ne trouvent pas de place apparût comme elle est. II faudrait un éclair montrant un abîme. Qu’arriverait-il, si nos yeux s’ouvraient?

Le Père Faber se demande ce qu’ont pensé les mères des innocents, qu’on égorgea peu de temps

après.

Il se demande si elles n’ont pas fait quelques réflexions sur l’homme et la femme, qui n’avaient pas trouvé place et sur l’Enfant qui n’avait eu qu’une crèche pour naître.

La terre ne devait pas non plus lui donner une place sur elle pour mourir : elle devait au bout de quelques années le rejeter sur une croix.

La planète fut comme l’hôtellerie : elle fût inhospitalière.

Saint Joseph accomplit en réalité ce qu’accomplissent les autres en figure. Après avoir gardé le Pain de vie en Égypte et réalisé la chose dont le premier Joseph était l’ombre, il revient à Nazareth et fait ce qu’avait fait Josué. Josué avait arrêté le soleil ; mais Celui qui était la lumière du monde avait quitté Marie et Joseph pour faire á Jérusalem les affaires de son Père. Cependant Marie et Joseph le retrouvent et le ramènent. Le soleil, qui avait paru commencer sa course, fut arrêté dix-huit ans. De douze ans á trente, Jésus- Christ resta là. Quel âge avait-il, quand mourut Joseph ? On n’en sait rien, mais il paraît que Joseph était mort quand il quitta la maison. Que se passa-t-il dans cette maison ? Quels mystères s’ouvrirent devant les yeux de cet homme, à qui Jésus-Christ obéissait? Que voyait Joseph dans les actions de Jésus-Christ? Ces actions, par leur simplicité même, prenaient sans doute à ses yeux des proportions incommensurables. Dans le moindre mouvement, que voyait-il? Que voyait-il dans son activité, restreinte en apparence? Que voyait-il dans son obéissance? De quel son devait frémir au fond de son âme cette phrase : « Je commande et il obéit ? Je tiens la place de Dieu le Père. » Et derrière cette phrase, au fond, au-dessous, il devait y avoir quelque chose de plus profond qu’elle : c’était le silence qui l’enveloppait ; et peut-être la phrase, qui aurait donné la formule du silence, ne se formula jamais elle-même. Peut-être se cache-t-elle dans le silence qui la contenait.

Quand les paroles humaines, appelées tour à tour par l’homme, se réunissent, se déclarant les unes après les autres incapables d’exprimer le fond de son âme, alors l’homme tombe à genoux; et, du fond de l’abîme, le silence s’élève en lui. Et comme il part du fond de l’abîme, le silence perce les nuages; il monte au trône de Celui qui a pris les ténèbres pour retraite; il monte au trône de Dieu avec les parfums de la nuit.

Le sommeil, ce grand silence de la nature, fut le temple où les deux Joseph entendaient les voix du ciel.

Le premier Joseph avait été vendu á l’occasion d’un songe, il avait excité la haine et la jalousie de ses frères. A l’occasion d’un songe, il avait été conduit en Égypte,

Saint Joseph reçut en songe l’ordre de fuir en Égypte.

Il commanda. La mère et l’enfant obéirent. Il me semble que le commandement dut inspirer à saint Joseph des pensées prodigieuses. Il me semble que le nom de Jésus devait avoir pour lui des secrets étonnants. II me semble que son humilité devait prendre, quand il commandait, des proportions gigantesques, incommensurables avec les sentiments connus. Son humilité devait rejoindre son silence, dans son lieu, dans son abîme. Son silence et son humilité devaient grandir appuyés l’un sur l’autre.

Saint Joseph échappe à nos mesures. Elles sont surpassées par la hauteur de sa fonction. Le Dieu jaloux luí a confié la sainte Vierge. Le Dieu jaloux lui a confié Jésus-Christ. Et l’ombre du Père tombait chaque jour sur lui, Joseph, plus épaisse, si épaisse que la parole ose à peine approcher.

Quand il était dans son atelier, les grandes scènes patriarcales se présentaient-elles á lui ?  Abraham, Isaac, Jacob et Joseph, son image jetée devant lui, son ombre projetée sur la terre par le soleil levant, Moïse et l’intérieur du désert où flamboyait le buisson ardent, toutes les personnes et toutes les choses qui étaient la figure des réalités présentes passaient-elles devant les yeux de son âme? Quand son regard rencontrait l’Enfant qui attendait ses ordres pour l’aider dans son travail, saint Joseph contemplait-il dans son esprit le nom de Dieu révélé á Moïse? Était-il intérieurement ébloui par les souvenirs et les splendeurs du TETRAGRAMMATON ?

La Vierge qui était là, sous sa protection, était la femme promise ; à l’humanité par la voix des prophètes; l’univers l’attendait, dressant un autel mystérieux ;

Virgini pariturae.

L’Enfant auquel il donnait des ordres est celui dont il est dit ;

Per quem majestatem tuam laudant Angeli, adorant Dominationes, tremunt Potestates.

C'est par Lui que les Puissances tremblent ! L’habitude nous dérobe la sublimité de ce langage. Sans le Médiateur, sans Jésus-Christ, que feraient les Puissances ! C’est par lui qu'elles tremblent- Peut-être que sans lui, devant la majesté trois fois épouvantable, elles n’oseraient pas même trembler !

Ernest HELLO. Physionomie de saints

Gerard van Honthorst  (1592–1656). L’Enfance du Christ, 137 x 185, vers 1620, Hermitage Museum


Joseph, ce saint qui rayonne d’une splendeur particulière

Mathilde de Robien - Publié le 18/03/21

Humble et discret, saint Joseph aurait détesté ce coup de projecteur braqué sur lui. Mais le 19 mars est le jour de sa fête, d’autant plus remarquable en cette année qui lui est spécialement dédiée. Ne lui en déplaise, laissons-nous toucher par sa lumière, comme l’a été la Vierge Marie, laissons-nous enseigner par celui qui a tant appris à Jésus.

En déclarant une année dédiée à saint Joseph, du 8 décembre 2020 au 8 décembre 2021, le pape François souhaite permettre aux fidèles de redécouvrir ce « trésor » de l’Église qu’est saint Joseph. « Le bonheur de Joseph n’est pas dans la logique du sacrifice de soi, mais du don de soi. On ne perçoit jamais en cet homme de la frustration, mais seulement de la confiance », écrit-il dans sa lettre apostolique, Patris corde, publiée à l’occasion du 150e anniversaire de la proclamation de saint Joseph comme patron de l’Église universelle. Cette attitude d’abandon et de confiance en Dieu, qui ne renonce pas pour autant à l’action, fait en effet de saint Joseph un guide précieux pour notre temps.

Un « trésor » découvert relativement récemment

Si la fête de saint Joseph est fixée au 19 mars dès le XVe siècle par le pape Sixte IV, puis déclarée chômée par le roi Louis XIV dans tout le royaume de France en 1661, ce n’est vraiment qu’au XIXe que la dévotion populaire envers le père de Jésus ne prend de l’ampleur, encouragée par les papes Pie IX puis Léon XIII. Une dévotion relativement récente donc, résumée à travers ces dix dates clés, et que saint John Henry Newman justifie ainsi dans une lettre datée de 1865 : « A mesure que succédèrent des temps relativement calmes, se levèrent dans le firmament de l’Église ces astres lumineux, plus importants, plus augustes que tout ce qui les avait précédés, et qui se levaient tard précisément parce qu’ils rayonnaient d’une splendeur particulière. Saint Joseph en est l’exemple le plus frappant. »

Un puissant intercesseur pour une multitude de causes

Saint patron des familles, des pères, des travailleurs, des mourants et de l’Eglise universelle, « saint Joseph a le dos large et les épaules solides », remarque notre chroniqueur, Frère Jean-Thomas de Beauregard, op. Souvent considéré comme le saint le plus prié après la Vierge Marie, bon nombre de chrétiens se tournent vers lui pour lui demander la grâce de rencontrer son mari ou sa femme, de concevoir un enfant ou encore de trouver un logement, comme le racontent à Aleteia Laurent et Claire. Les litanies de saint Joseph le désignent également comme « Espérance des malades », vertu en laquelle a profondément cru saint André Bessette, « le thaumaturge du mont Royal », témoin de nombreuses guérisons et conversions dont il attribuait la cause à saint Joseph. Enfin, ce chaste époux de la Vierge Marie, père protecteur de Jésus, est connu pour être la « terreur des démons », titre cher au pape Léon XIII, en vertu duquel il incitait les fidèles à réciter cette prière spéciale pour chasser le diable et éloigner les tentations.

Un modèle pour les hommes, les époux et les pères d’aujourd’hui

Chef de la sainte Famille doté de grandes qualités d’âme, saint Joseph demeure un modèle pour les pères. C’est en vivant aux côtés de cet « homme juste » que Jésus a grandi et appris : « La délicatesse et la force, sa droiture et son courage d’homme, Jésus a vu et appris tout cela du chêne aux côtés duquel il a grandi, comme une jeune pousse », souligne le cardinal Barbarin. Cette année dédiée au père adoptif de Jésus est l’occasion de mieux le connaître et de le prendre pour modèle, afin « qu’il inspire aux hommes de ce temps une paternité juste, chaste, obéissante, protectrice et gardienne de l’enfance véritable qui est la sainteté », telle que la définit Frère Jean-Thomas de Beauregard, op.

Une figure qui ne cesse d’inspirer

La dévotion à saint Joseph a inspiré les peintres, comme en témoignent ces chefs d’œuvre de la peinture, mais aussi les sculpteurs, les médailleurs, et même les botanistes. Tous ont à cœur de rendre hommage à l’époux de Marie en proposant des objets, ou des fleurs, pour l’honorer. Représenté sous les traits d’un jeune homme ou d’un vieillard, en marche ou endormi, en tant qu’époux ou en tant que père, saint Joseph a cette faculté incroyable, celle de s’adresser à tous les hommes. Comme le souligne le pape François dans Patris corde, quel que soit son état de vie, « nous pouvons tous trouver en saint Joseph l’homme qui passe inaperçu, l’homme de la présence quotidienne, discrète et cachée, un intercesseur, un soutien et un guide dans les moments de difficultés ». Lui qui a dû fuir en Egypte avec sa famille, « il nous enseigne que, dans les tempêtes de la vie, nous ne devons pas craindre de laisser à Dieu le gouvernail de notre bateau ».

Lire aussi :Saint Joseph : une paternité unique dans l’Histoire

SOURCE : https://fr.aleteia.org/2021/03/18/joseph-ce-saint-qui-rayonne-dune-splendeur-particuliere/?utm_campaign=Web_Notifications&utm_source=onesignal&utm_medium=notifications


La Sainte Famille, Mariam Thresia - മറിയം ത്രേസ്യ മ്യൂസിയത്തിന്റെ ചുമരിലെ ശില്പം


Pour mieux connaître, mieux aimer saint Joseph

Dans le Bulletin de l'Institut du mois de janvier 1953, nous pouvions lire des pages denses de doctrine et de piété sur St. Joseph, dues à l'aimable collaboration du Rév. P. Henri Rondet, excellent théologien de la Compagnie de Jésus et prédicateur de la retraite des Supérieurs. Au cours de cette même année, le Révérend Père publiait dans la Nouvelle Revue théologique une étude approfondie sur le développement au cours des siècles du culte envers le Très Saint Époux de Marie et le Père Virginal de Jésus.

Et voici qu'à la Librairie Lethielleux de Paris parait l'ouvrage : Saint Joseph, textes anciens avec une introduction par le Père Henri Rondet. Dans un bref avant-propos, l'auteur écrit : « St. Joseph est encore un grand méconnu. Nombreux sont cependant les fidèles qui lui sont dévots, nombreux les ouvrages de piété qui cherchent à favoriser cette dévotion. Mais trop souvent le manque d'esprit critique ou l'insuffisance théologique des hagiographes détournent d'autres fidèles d'un culte cependant cher à l'Église. Ce petit livre voudrait aider les uns et les autres à redécouvrir la place de St. Joseph dans l'économie du salut. »

Et le Père d'indiquer brièvement le contenu de son livre. Une introduction reproduira les pages parues à la Nouvelle Revue théologique qu'accompagnera un florilège de textes volontairement limité.

Il constate d'abord, par l'histoire de l'art religieux, que « les artistes sont influencés par les auteurs spirituels et les théologiens, mais que l'art peut lui aussi, en créant une tradition populaire, agir indirectement sur le développement de la dévotion ». Il mentionne avec éloge les livres d'Emile Mâle sur l'art religieux, où l'on peut se rendre compte, par exemple, par l'iconographie de St. Joseph, des influences mutuelles de la théologie et de l'art. L'introduction sera comme une esquisse d'une histoire qui ne semble pas avoir été encore retracée sérieusement.

I. Introduction.

L'auteur commence par l'examen de la place occupée par St. Joseph dans les évangiles canoniques. Très sobres de détails sur Notre-Dame, les évangiles sont plus silencieux encore sur St. Joseph. Cependant St. Luc et St. Matthieu rapportent des faits dont la piété chrétienne, la réflexion théologique et les décisions du magistère découvriront les richesses théologiques.

Dans les récits de St. Luc qui mettent en relief la Conception virginale de Notre-Dame, St. Joseph est présenté comme associé à Marie pour son éducation. L'évangéliste met sur les lèvres de Notre-Dame une parole d'une portée immense pour la théologie de St. Joseph : « Vois, ton père et moi nous te cherchions tout affligés. » (II, 35.) Les textes du troisième évangile ne permettent pas de tracer un portrait psychologique de Joseph, encore moins de saisir les traits de son visage ou de sa démarche. St. Matthieu, malgré sa brièveté, en dit davantage. Il souligne comme Luc la conception et la naissance virginale. Joseph n'est pas le père de Jésus, mais il apparaît nettement comme le chef de la Sainte Famille (Matth., I, 19 ; II, 11 ; II, 13,14 ; II, 22). Le portrait évangélique est tracé avec une rare sobriété, mais le personnage est bien réel, nullement fictif, imaginé à plaisir. Joseph est un artisan connu (Luc, IV, 12 ; Matth., XIII, 54 ; Jean, VI, 42, cf. I, 45). Les Évangiles sont muets sur les circonstances de la mort de St. Joseph.

Aucune tradition sérieuse ne nous cite une parole de ce grand silencieux que fut Joseph. Sur ces brèves notations, va se rattacher tout le développement postérieur du culte et de la doctrine.

Dans les premiers siècles chrétiens, St. Joseph disparaît dans le rayonnement de Notre-Seigneur et de Notre-Dame. L'histoire de la théologie mariale nous apprend comment le culte de Notre-Dame ne prend le pas sur les apôtres et les autres saints qu'au IV° siècle.

La piété populaire, insatisfaite du silence des Évangiles sur l'enfance de Jésus, prit plaisir à la lecture de textes qu'on nomme évangiles apocryphes, où l'imagination et la fantaisie se donnent carrière. Dans l'un de ces écrits le Protévangile de Jacques, datant du II° siècle, St. Joseph apparaît avec un certain relief comme un vieillard. Des explications sur son mariage, sur les frères de Jésus, etc. ..., d'ailleurs vigoureusement combattues par St. Jérôme, ne sont qu'un démarquage romanesque des Évangiles canoniques que d'autres auteurs anonymes essayèrent de mettre à neuf.

Que dit de St. Joseph la tradition exprimée par les Pères de l'Église ? Au IV° siècle, des hérétiques attaquent la Virginité perpétuelle de Marie. St. Ambroise, St. Jérôme, St. Augustin ripostent énergiquement. De ces luttes exégétiques, la Virginité perpétuelle de Joseph en ressort affirmée et le problème de la paternité virginale est résolu par St. Jean Chrysostome et St. Augustin. Mais, pour ces Pères, comme pour leurs contemporains, Joseph reste un personnage secondaire.

Cependant la piété populaire ne se résigne pas au silence des Évangiles. Les récits apocryphes qui provoquent la bile de St. Jérôme, plaisent aux foules. On remanie le Protévangile de Jacques et d'autres récits : l'Évangile de l'Enfance, l'histoire de Joseph le Charpentier, l'Évangile de la Nativité accréditent des légendes populaires sur le voyage en Égypte, la mort et l'Assomption de la Vierge, sur la mort de St. Joseph, etc.

Ce n'est que vers le IX° siècle qu'en Orient on voit apparaître une fête de St. Joseph. En Occident, le martyrologe de quelques Églises mentionnera, au x° siècle, le père nourricier de Jésus.

Dans l'iconographie et dans les drames liturgiques de cette époque, où les mystères de Noël ont leur place, la figure de St. Joseph y est sans relief. La Vierge et l'Enfant, les bergers et les Mages attirent davantage l'attention.

D'après les études d'Émile Mâle sur l'art religieux aux XII° et XIII° siècles, tandis que la vie des saints joue un rôle considérable dans la cité, dans l'immense procession des saints Apôtres, des saints locaux dont se réclament les églises particulières, St. Joseph semble n'avoir aucune place ; il continue à disparaître dans le rayonnement de Jésus et de Marie. Il ne figure que dans les scènes de l'enfance ou de la vie de Marie.

Parmi les auteurs spirituels qui ont orienté la piété chrétienne vers le père nourricier de Notre-Seigneur, on cite pour l'Orient, St. Jean Damascène, qui loue la virginité de Joseph dans un sermon sur la nativité de Marie. En Occident on ne trouve des textes significatifs qu'au XII° siècle.

St. Bernard, dans ses homélies sur l'Annonciation, parle de la fidélité et de la sainteté de Joseph, dont le Joseph de l'Ancien Testament est la figure.

Ste Gertrude, dans une vision rapportée par le Livre des Révélations, vit les anges et les saints donner des marques d'honneur à St. Joseph. St. François d'Assise exerça une influence sur le Pseudo-Bonaventure, auteur des Méditations de la vie du Christ. Ce lointain successeur des apocryphes brode sur les thèmes évangéliques. Il écarte le merveilleux et s'essaye à imaginer le vraisemblable dans les occupations de Joseph auprès de Jésus et de Marie.

Ces méditations, écrites au XII° siècle, et retouchées dans la suite, donnent le branle à toute une littérature pieuse. Ludolphe le Chartreux en est l'un des grands représentants. Il cherche, avec plus de discrétion et de sens chrétien, à suppléer au silence des Évangiles. On retrouve chez lui les vieilles traditions. Plus que tout autre, il contribue à faire éclore la dévotion au père nourricier de Jésus.

Les artistes du XV° siècle ont subi l'influence de ces auteurs spirituels.

Dans les mystères et drames religieux de cette époque, St. Joseph apparaît jouant un rôle actif. Vieillard à barbe blanche, il s'empresse, va et vient, apporte du bois, fait chauffer de l'eau... L'art s'empare de ce pittoresque. Les auteurs de méditations insistaient sur la psychologie des personnages ; mais, chez les artistes, ceux-ci apparaissent en chair et en os. Joseph devient un personnage vivant. C'est toujours un vieillard, mais il est en même temps le père de famille qui fait l'éducation d'un enfant.

Cependant, à la fin du moyen âge, où les saints deviennent les modèles d'un métier, d'une corporation, Joseph reste encore caché. L'Église ne lui a pas fait encore dans sa liturgie la place qu'il devrait avoir. Comme jadis Marie, il disparaît dans l'ombre du Christ.

St. Bernard ne trouve pas beaucoup d'écho chez les grands docteurs du XIII° siècle. St. Thomas d'Aquin, pour qui la sainteté d'un personnage dépend du rôle que Dieu lui assigne dans l'économie du salut, ne songe pas à tirer les conséquences de ce principe en ce qui concerne St. Joseph. Après Marie, il donne la prééminence aux Apôtres, sans songer à l'époux de la Mère de Dieu.

Mais, au commencement du XV° siècle, la dévotion de quelques âmes d'élite attire soudain l'attention sur Joseph, ce grand méconnu, et prépare son entrée dans l'histoire de la piété et de la liturgie.

En Italie, Bernardin de Sienne, ardent prédicateur du Nom de Jésus, est aussi le chantre de St. Joseph. Ses sermons étudient les prérogatives de St. Joseph. En rappelant le principe posé par St. Thomas, Bernardin montre que si la dette de l'Eglise envers Marie est immense, c'est, après elle, Joseph qui a les plus grands titres à notre reconnaissance. Tel sermon de St. Bernardin marque une date dans l'histoire. L'Église a inséré une partie de ces textes dans les leçons du bréviaire.

St. Vincent Ferrier fut grand dévot à St. Joseph. Pierre d'Ailly et Gerson, deux célèbres théologiens, apportent à la dévotion l'appui de leur science. Gerson chante les louanges de St. Joseph et demande l'institution d'une fête. Au Concile de Constance, en 1416, il prononce un sermon et propose l'institution d'une solennité spéciale en l'honneur du saint patriarche pour faire cesser le schisme qui désolait l'Église. Le vœu de Gerson ne devait être exaucé que quatre-vingt-cinq ans plus tard par Sixte IV.

Au XVI siècle, les traités et les opuscules de piété se multiplient.

Parmi les auteurs de l'époque, une mention spéciale est due au Dominicain milanais Isidore Isolani. Il adresse au pape Adrien VI son ouvrage : Somme des dons de St. Joseph et le supplie d'instituer une fête pour l'Église universelle.

Pie IX devait réaliser presque à la lettre une vision prophétique d'Isolani.

La dévotion alors gagne les familles religieuses. Dans les Exercices Spirituels, St. Ignace de Loyola parle avec modération de St. Joseph. Au début du XVII° siècle, le P. Cotton dédie au saint une église à Lyon. Au milieu du siècle, les Jésuites : Binet, du Barry, Jacquinot chantent la gloire de St. Joseph. Dans la Compagnie de Jésus, la dévotion à St. Joseph sera désormais associée à la dévotion mariale. Dominicains et Jésuites avaient été devancés par les Carmes qui avaient rapporté d'Orient, dès le XIII° siècle, le culte du saint patriarche. Un nom domine tous les autres, celui de sainte Thérèse. Tout le monde sait comment la sainte se fit l'ardente propagatrice de la dévotion.

Chez les Franciscains, un autre ami de Ste Thérèse se fait le propagateur de la dévotion à St. Joseph ; en 1561, Pierre d'Alcantara place sa réforme sous le patronage de St. Joseph.

Le nom de St. François de Sales est également important dans l'histoire de la dévotion à St. Joseph. Chez lui, la théologie et la piété s'unissent d'une façon à la fois simple et sûre. Il consacre l'un de ses célèbres Entretiens spirituels (le XIX°), que le P. Rondet reproduit in extenso. Le Traité de l’Amour de Dieu est dédié à Marie et à Joseph. Sa doctrine, exprimée sous le voile de la piété, est nette et ferme.

Les Visitandines héritèrent de la dévotion de leur Père pour celui qui fut l'époux de la Vierge de la Visitation.

Les autres Ordres religieux suivent le mouvement. Chez les Frères Prêcheurs, Cajetan, général de l'Ordre, avait introduit la fête dans l'office dominicain.

On connaît la dévotion de l'Oratoire, des disciples de M. Olier, de St. Vincent de Paul envers St. Joseph.

C'est dans ce climat qu'il faut situer les célèbres panégyriques de Bossuet. Les deux sermons que le grand évêque a consacrés à St. Joseph sont parmi les plus belles pages écrites à la louange du grand époux de Marie.

L'iconographie de St. Joseph, à partir du Concile de Trente, sous l'influence de l'esprit critique humaniste et des attaques protestantes, se débarrasse de traditions difficiles à défendre. L'âne familier disparaît des tableaux qui représentent la fuite en Égypte. D'autres progrès plus nécessaires sont réalisés.

Artistes et théologiens se posent enfin la question de l'âge de St. Joseph. Une tradition, venant des apocryphes, en faisait un vieillard chenu. Elle est mise en question par des théologiens, tels que Salmerón, Tolet, Suarez, etc., qui veulent savoir la vérité et optent pour une thèse révolutionnaire. Au lieu de l'octogénaire, on se représente Joseph comme un homme relativement jeune.

Cette révolution iconographique est importante. En même temps qu'elle découvre Joseph et le magnifie, la piété chrétienne revient au texte de l'Évangile. Elle retrouve le charpentier de Nazareth. Tandis que les peintres restaient dans la tradition des apocryphes, Murillo, le grand peintre de St. Joseph, fait revivre la simplicité de l'atelier. St. Joseph, étudié désormais pour lui-même, devient un homme de chez nous qui ne laisse pas de vivre dans la familiarité divine. Et l'auteur signale le tableau du peintre La Tour (XVII° siècle) reproduit en tête de l'ouvrage, comme réalisant cet effort admirable d'humanisation, de glorification du saint.

Les théologiens de l'époque s'occupent de St. Joseph. Suarez en particulier, s'appuyant sur le principe thomiste que la grandeur d'un saint est en dépendance de sa mission, et sans d'ailleurs condamner l'opinion contraire, conclut que St. Joseph l'emporte sur les Apôtres.

Piété et théologie ne peuvent rien décider sans l'intervention du magistère. L'auteur indique les étapes suivies par la fête liturgique, demandée par Gerson, accordée par Sixte IV, en 1481, et dont le rite est successivement élevé par les Souverains Pontifes. Des princes chrétiens placent leurs États sous la protection de St. Joseph.

La France est consacrée par Louis XIV à St. Joseph, sur les instances d'Anne d'Autriche.

C'est en ce jour mémorable du 19 mars 1661 que Bossuet prononça l'un de ses panégyriques. St. Joseph, longtemps méconnu, est, maintenant, fêté par l'Église universelle. Mais son entrée tardive dans la liturgie pose des problèmes délicats qui soulèvent de vives controverses et permet à Prosper Lambertini (devenu plus tard Benoît XIV) d'écrire une savante dissertation historique et théologique.

Le XVIII° siècle voit paraître un grand nombre d'ouvrages savants ou populaires sur le culte de St. Joseph.

Après avoir noté que la tempête révolutionnaire ralentit le progrès de la dévotion, l'auteur remarque qu'elle reprend au XIV° siècle et, soutenue par le Pape, elle obtient une nouvelle fête du Patronage, étendue à l'Église entière.

Pie IX, le 8 décembre 1870, proclame solennellement St. Joseph patron de l'Église universelle. Les papes suivants affirment à leur tour leur dévotion à St. Joseph.

Les interventions pontificales ont eu leur préparation ou leur écho dans la littérature pieuse ou les mandements épiscopaux. Certains noms sont à rappeler : Card. Pie, Mgr Gay, le P. Faber, le P. Macabiau, etc. ...

Le renouveau marial de notre époque s'accompagne discrètement d'un approfondissement théologique du rôle de St. Joseph dans l'économie du salut.

Dans un dernier paragraphe, l'introduction part du plus grand événement de l'histoire humaine : l'entrée de Dieu parmi les hommes par l'Incarnation et avec lui tous ceux qu'il a prédestinés à lui servir de cortège.

L'histoire de Notre-Seigneur Jésus-Christ, celle de l'Église, qui est son corps mystique, donnent leur sens à tous les autres événements ; elles président au destin des peuples et des civilisations (cf. Ephés., i, 3-12 ; Col., I, 15-20). C'est dans cette lumière que se place le renouveau marial dont nous sommes les heureux témoins et c'est aussi dans cette perspective qu'il faut situer le rôle de Joseph. Il est l'époux de Marie, Mère de Jésus. Il est le père du Fils de Dieu dans un sens à définir ; il est le protecteur de la Sainte Famille, image et résumé de l'Église universelle. Ce sont ces vérités qu'il faut approfondir si on veut donner à St. Joseph sa vraie place dans l'économie du salut de l'humanité.

Et l'auteur d'aborder la question qui occupe les théologiens de St. Joseph : comment le mariage virginal a pu avoir les caractères qui sont ceux de toute union entre l'époux et l'épouse ? D'où une étude délicate sur la part de la mère et du père dans l'éducation de l'enfant, sur l'union spirituelle des âmes qui se réalisa ineffablement entre Marie et Joseph.

En notant que la Sainte Famille apparaît comme l'image de l'Église qui trouve en Joseph son protecteur-né, l'introduction s'achève sur le rôle actuel de St. Joseph qui implique la proclamation de son patronage universel. La dévotion à Joseph gagnera en profondeur et la théologie mariale, actuellement en plein essor, s'annexera un nouveau chapitre.

Après avoir été si longtemps méconnu, St. Joseph est sorti de l'ombre où se cachait son humilité. « Dans le monde moderne, dit le P. Rondet, à travers les révolutions et les guerres, une classe sociale est en train de prendre conscience de sa vocation historique. L'artisan, l'ouvrier, longtemps tenu à l'écart et quelque peu méprisé s'avance sur la scène de l'histoire. Le travail manuel, jadis entaché d'une certaine défaveur, apparaît aujourd'hui comme un titre de noblesse. La classe ouvrière rêve d'une promotion collective. Certains s'en effrayent, d'autres s'en réjouissent. Mais pour que la classe ouvrière accomplisse son œuvre et qu'elle travaille efficacement à créer une civilisation meilleure, il lui manque peut-être d'avoir redécouvert St. Joseph. »

II. Textes sur St. Joseph.

Après cette magistrale introduction, s'ouvre un délicieux florilège de textes sur St. Joseph. Le choix en est limité. On n'en fera qu'une présentation très sommaire. Ce serait mutiler de belles pages que d'en tenter un pâle résumé.

La première citation est empruntée à une homélie de St. Jean Chrysostome sur l'Évangile do St. Matthieu. Le grand évêque de Constantinople, en rapportant l'intervention de l'ange, fait voir l'excellence de la vertu de Joseph, mise à l'épreuve.

Un second texte, tiré de la deuxième homélie Super M issus est, de St. Bernard, essaie d'expliquer pourquoi St. Joseph voulut renvoyer secrètement Marie... et donne les raisons pour lesquelles Marie fut fiancée à Joseph. Un rapprochement suggestif est fait ensuite avec l'ancien patriarche Joseph, fils de Jacob, et un autre passage insiste sur le fait qu'il est de la maison de David ; qu'il est le vrai fils de David, qui n'a pas dégénéré de son père ; son véritable fils non seulement par la chair, mais par la foi, la sainteté, la piété.

L'auteur avoue ne pas pouvoir omettre la page de Ste Thérèse d'Avila, devenue classique et reproduite presque par tous les traités de la dévotion à St. Joseph, où la sainte réformatrice du Carmel attribue à St. Joseph d'innombrables faveurs et invite chaleureusement à faire l'expérience des secours spirituels qu'une fervente dévotion au Père Virginal de Jésus obtient à ses fidèles et dévots serviteurs.

Peut-être y aurait-il profit à relire au tome XVII, du Bulletin de l'Institut, les articles consacrés au « grand méconnu », mais plus particulièrement celui du n° 120 (pages 69 à 84) qui montrent l'épanouissement de la dévotion à St. Joseph, à partir du xvi° siècle. On saisit mieux l'effet des textes empruntés à St. François de Sales et à Bossuet. Les Vrais Entretiens spirituels sont les conférences, on pourrait dire les causeries, où le saint évêque de Genève, dans la langue savoureuse qu'il s'était faite, donne à ses chères Visitandines des trésors de piété, de doctrine, que son immense érudition lui permettait de mettre à la portée des âmes simples avec une étonnante variété d'expression. Le XIX° entretien, reproduit in extenso par le R. P. Rondet, est tout entier sur St. Joseph. St. François de Sales prend son départ de l'introït de la Messe de la fête Justus ut palma florebit! Il s'empare de l'image que lui offre le texte liturgique et, la tournant et retournant de sa façon, il découvre dans les propriétés attribuées à la palme les trois vertus de la virginité, de l'humilité et celle de la constance et vaillance, vertus dans lesquelles le glorieux St. Joseph a grandement excellé. Et le saint Docteur entreprend une longue et délicate analyse pour montrer que la virginité de Notre-Dame et de St. Joseph a été merveilleusement sauvegardée. Passant à la seconde propriété qu'il trouve au palmier et en Joseph, François de Sales montre comment l'humilité caractérise le rôle de St. Joseph. La grandeur d'un saint dépend de la mission que Dieu lui confie ; or Joseph se vit confier la Sainte Famille (cette Trinité de la terre !). Et à ces grands dons répondit aussi une humilité extraordinaire.

L'humilité de Joseph, sa soumission à la volonté de Dieu, fut plus grande que celle de tout autre saint, Marie exceptée. Cette opinion avait été soutenue avant St. François de Sales, par St. Bernardin de Sienne, Gerson, St. Vincent Ferrier.

Après avoir fait admirer l'incompréhensible humilité de Joseph, François de Sales passe à la troisième propriété qu'il remarque être en la palme : « qui est la vaillance, constance et force, vertus, dit-il, qui se sont trouvées à un degré éminent en notre saint ». Et le saint Docteur de noter les nuances qui existent entre la constance et la persévérance, la force et la vaillance et d'affirmer que « notre glorieux St. Joseph fut doué de toutes ces vertus et les exerça merveilleusement bien ». L'Entretien relève l'obéissance, la pauvreté de Joseph qui travaille, peine pour la Sainte Famille, mais reste parfaitement uni à la volonté de Dieu et y demeure conforme en tous les événements prospères ou adverses.

Enfin, François de Sales, partageant l'opinion de nombreux docteurs de l'époque, croit que St. Joseph a été élevé au ciel en corps et en âme.

Quant aux deux panégyriques de Bossuet, ce sont deux chefs-d'œuvre de piété et de doctrine qu'il est souhaitable de voir entrer dans nos bibliothèques au rayon, généralement si pauvre, de publications solides sur St. Joseph.

Le premier, Depositum Custodi, est prononcé le 19 mars 1654, devant une imposante assemblée d'évêques, groupés autour du cardinal Barberini. L'impression est profonde. Le 19 mars 1659, il le répète devant la reine-mère, Anne d'Autriche qui, répondant au vœu des pasteurs et des fidèles, fait demander la célébration plus solennelle de la fête du saint. Le 19 mars 1661, pour inaugurer la nouvelle fête chômée, Anne d'Autriche veut entendre encore l'illustre prédicateur et c'est le deuxième panégyrique, Le Seigneur s'est cherché un homme selon son cœur, qui rappelle la vie humble, les vertus cachées de St. Joseph.

L'histoire de la spiritualité donne Mgr Gay comme un des meilleurs auteurs de la fin du XIX° siècle. Dans le florilège de textes, figurent des pages sur St. Joseph, tirées des Elévations sur la vie et la doctrine de Notre-Seigneur Jésus-Christ et où jaillissent des phrases éblouissantes : « Peut-être que St. Joseph est le plus grand des hommes... » Et pour prouver cette primauté, Mgr Gay fait remarquer « que la proclamation du Patronage de St. Joseph sur l'Eglise universelle implique un dogme et s'y appuie. Si de par le Saint-Siège, toute l'Église catholique peut et doit invoquer St. Joseph comme son Patron attitré et spécial, c'est qu'il l'est de par Dieu. Or le Patron est nécessairement supérieur à tous ceux qu'il patronne. En Joseph tout semble immense à l'œil de l'âme. Son caractère et le premier aspect sous lequel on l'aperçoit, c'est la profondeur. Les proportions de Joseph dépassent celles des êtres terrestres. Dès ce monde, il est tout du ciel ; le ciel où il est, d'où il est, le ciel de sa vie et de ses prodigieuses fonctions confine au ciel des cieux qui est le séjour de la divinité ».

Et tout le discours tend à mettre en lumière le rôle de l'unique grandeur dans l'effacement inouï voulu par la Providence.

Les citations d'auteurs s'achèvent par la Lettre « Quamquam plures » (15 août 1889), encyclique de Léon XIII. Ce document du magistère contribua beaucoup à donner à la dévotion et au culte de St. Joseph une vigoureuse impulsion. Rien ne vaut la lecture méditée de la lettre pontificale que très peu de dévots à St. Joseph ont la possibilité d'avoir à leur portée.

Tel est l'ouvrage qui, selon l'espoir légitime du savant auteur, pourra permettre des études et des recherches qui aideront les dévots de St. Joseph à redécouvrir sa place dans l'économie du salut, c'est-à-dire dans le plan rédempteur de l'humanité, tel que la Très Sainte Trinité a voulu le réaliser.

III. Pourquoi présenter ce livre sur St. Joseph à la lecture des Petits Frères de Marie ?

L'année mariale, dans les desseins providentiels et selon les vœux ardents du Magistère suprême de l'Église, aura produit dans le monde catholique un approfondissement de la doctrine sur Notre-Dame, reine de l'Univers, et une intensification de la dévotion individuelle et collective envers notre Mère du Ciel.

Mais l'histoire de la spiritualité, étudiée avec attention, constate invariablement une connexion entre les progrès réalisés dans la doctrine et la piété envers Notre-Dame et un lent et discret développement du culte rendu à son Saint Époux.

De cette orientation de la théologie vers les privilèges du grand méconnu, les Congrès marials ne s'en sont-ils pas occupés ?

Un autre fait historique à relever est que les Fondateurs d'Ordres religieux, inspirés par l'Esprit-Saint et Notre-Dame, communiquent à leurs fils spirituels avec un ardent amour pour la Sainte Vierge un culte sincère et fidèle pour le Chef de la Sainte Famille.

Dans l'aube radieuse qui se lève autour du Vén. Marcellin Champagnat nous aimons à saluer en lui un fervent serviteur et apôtre de Marie. On nous redit en toute occasion qu'il a voulu, ainsi que le Vén. P. Colin, son ami, inspirer aux Pères de la Société de Marie (pour laquelle il a tant travaillé) et aux Petits Frères de Marie (dont il avait à cœur la formation religieuse) un véritable et profond esprit de Marie. Aspirer Marie et respirer Marie, telle est au fond la règle d'or que les deux co-fondateurs ont voulu donner à leurs Fils spirituels.

(Voir dans L'Ame du Vén. P. Colin le commentaire de l'article des Constitutions.)

Cet esprit de Marie est magnifiquement synthétisé dans ce texte de St. Paul, parlant de la vie chrétienne : « Vie cachée en Dieu avec le Christ Jésus ! » (Col., III, 3.)

Jamais âme chrétienne n'a réalisé cet idéal comme Notre-Dame pendant toute son existence terrestre. Mais ne faut-il pas en dire autant, avec la plus haute vraisemblance, de St. Joseph qui, silencieusement, si longtemps, si humblement, si fidèlement a contemplé sous les regards de Dieu : Jésus et Marie, ces deux chefs-d'œuvre de l'Esprit-Saint ?

Et nous ? Nous voulons acquérir l'esprit de Marie ou y faire de sérieux progrès. Qui mieux que St. Joseph peut nous en apprendre les voies ? Qui mieux que le Charpentier de Nazareth a pratiqué l'oubli de soi qui est le tréfonds de l'humilité, de l'abnégation, du renoncement à ce qui en nous heurte les desseins de Dieu ? St. Joseph est le saint de la volonté de Dieu, accomplie dans la vocation providentielle, avec une suprême délicatesse d'amour.

Pendant le mois de mars, les âmes dévotes à St. Joseph envisagent un aspect de l'âme de leur glorieux protecteur. Chaque mercredi, ils se souviennent de ses vertus et de ses ineffables relations avec le Verbe Incarné et la Mère de Dieu.

Puissent les Petits Frères de Marie, à l'exemple de leur Père en Dieu, et de tant de confrères qu'une ardente dévotion au grand modèle de vie d'union à Jésus et Marie a conduits à une haute vertu demander avec d'instantes supplications de

Toujours mieux connaître, mieux aimer et mieux imiter le glorieux St. Joseph !

Bulletin de l'Institut, vol. XXI, n. 157, janvier 1955, Pp. 357-369

SOURCE : http://www.champagnat.org/500.php?a=6b&id=2757

Simone Cantarini  (1612–1648), La Sainte Famille, 85 x 67, circa 1640


Jésus, fils de Marie et de Joseph

À la maison, Jésus ne refusait aucun service à sa mère. Il soulageait par ses divines paroles saint Joseph dans son travail, il lui rendait d’humbles soins, et le réjouissait par la joie épanouie sur son visage. Combien de fois Jésus disait à Joseph qui travaillait : « Ô mon père bien-aimé, je donnerai à ces travaux une récompense éternelle. J’ai promis à mes élus des peines et des souffrances dans ce monde. » Saint Joseph lui répondait : « Ô mon fils, ô Dieu très-haut, le bonheur d’entendre vos paroles ne compense-t-il pas tous ces travaux et ne surpasse-t-il pas toute récompense ? Votre voix a pour moi une douceur extrême, et vos discours sont plus doux que le miel. Oh ! s’il m’était permis de faire connaître aux hommes la beauté de votre majesté et votre divinité, je vous élèverais des temples et des autels. Mais votre volonté vaut mieux que tous les sacrifices. Recevez, ô Fils de Dieu, mes travaux de charpentier, comme un hommage envers vous dont l’immense bonté m’a choisi pour être regardé comme votre père. Dans le ciel ce sont les anges qui vous servent, sur la terre c’est un homme, un charpentier. Vous, la félicité des esprits bienheureux, vous ne dédaignez pas de charmer les peines d’un charpentier.

Isidore Isolano, o.p.

Isidore Isolano († 1528), dominicain de Milan, fut l’un des précurseurs du développement considérable de la dévotion à saint Joseph à partir de la Renaissance. / Somme des dons de saint Joseph, Avignon, Chaillot, 1861, p. 132.

SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/jeudi-8-septembre/meditation-de-ce-jour-1/

Statue de Saint Joseph par les frères Duthoit (19ème siècle).

Chapelle de la Mère-Dieu Anglesque ou de Notre-Dame Anglette (1291),

dite de Saint-Joseph (1832), cathédrale Notre-Dame d'Amiens.


Le retour de saint Joseph dans le cœur des fidèles

Mathilde de Robien | 26 décembre 2018

Est-ce un hasard si depuis quelques années la dévotion envers saint Joseph semble s’accroître ? En pleine crise de la masculinité, bon nombre de pèlerinages, groupes de prière et neuvaines implorent sa protection. Ils sont nombreux à se placer sous le patronage de cet homme à la fois tendre et fort, choisi parmi tant d’autres pour être le protecteur de Jésus et de la Vierge Marie.

Ces dernières années, il est partout. À Vezelay, Pellevoisin, L’Île-Bouchard, Montligeon, le Mont-Saint-Michel… Sur ces lieux de pèlerinage, la dévotion des hommes (et des femmes) envers l’époux de Marie et le père de Jésus ne cesse de croître. En témoignent les nombreuses prières, neuvaines, consécrations et pèlerinages qui invoquent sa protection. À Cotignac (Var), lieu d’une de ses apparitions au XVIIe siècle, ils étaient simplement deux amis, en 1976, à marcher, discuter et prier sur le Mont Bessillon. Ils sont des milliers aujourd’hui. À Paris, la première marche de saint Joseph a rassemblé une centaine de pères, de grands-pères et d’hommes célibataires en 2011. Ils sont près de 2.500 désormais, chaque année vers le 19 mars, à marcher ensemble.

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Importés d’Angleterre, des groupes de « prière des pères » fleurissent désormais un peu partout en France. Rien que cette année, il s’en est formé à Lyon, Boulogne-sur-mer, Tarbes et Paris. Et enfin, difficile d’ignorer l’envolée de la cote du prénom Joseph depuis quelques années. Si à peine 300 petits Joseph naissaient chaque année en France entre 1980 et 2000, ils sont presque trois fois plus nombreux depuis 2017 à voir le jour.

« Ce n’est pas un hasard si saint Joseph nous est donné aujourd’hui »

Mais alors, comment expliquer ce regain d’intérêt et de dévotion ? Le culte à saint Joseph remonte pourtant aux premiers temps du christianisme. Mais saint Joseph a parfois souffert d’une réputation d’un personnage un peu falot, ou tout du moins discret. Jugé, à tort, ni tout à fait mari, ni tout à fait père, il est en outre qualifié de grand silencieux dans la mesure où pas une seule phrase ne lui est attribuée par les évangélistes. Pourtant, il n’est pas un saint comme les autres. Dieu l’a choisi parmi tant d’autres pour veiller sur ses deux plus grands trésors : Jésus et Marie. Dieu savait qu’il était l’homme le plus capable au monde d’être la parfaite image du Père sur terre. De par sa mission à l’égard de la Sainte Famille, il est déclaré patron de l’Église universelle et des pères de famille le 8 décembre 1870 par le pape Pie IX.

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Pour l’abbé Philippe de Maistre, curé de la paroisse Saint-André de l’Europe, à Paris, « ce n’est pas un hasard si saint Joseph nous est donné aujourd’hui. À travers la crise de la masculinité que traverse notre société, il est là pour nous rappeler le rôle du père, de l’époux et de l’homme. Tout se passe comme si Dieu avait gardé en réserve le mystère de Joseph, et à travers lui, le mystère de la paternité ».

Un patronage encouragé depuis 130 ans

Ce n’est qu’au XIXe siècle que la figure de saint Joseph est remise à sa juste place. Le pape Léon XIII, dans son encyclique Quanquam pluries (1889) consacrée à la dévotion à saint Joseph, exhorte pour la première fois tous les catholiques à se placer sous son patronage. Il convenait alors d’invoquer saint Joseph « à cause de la difficulté des temps » : « Nous jugeons très utile que le peuple chrétien s’habitue à invoquer avec une grande piété et une grande confiance, en même temps que la Vierge, Mère de Dieu, son très chaste Époux, le bienheureux Joseph », souligne l’encyclique.

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Une dévotion relativement récente donc, qui a fait dire au bienheureux cardinal anglais John Henry Newman, protestant converti au catholicisme en 1845 : « Il y avait des saints plus rapprochés de Notre Seigneur que les apôtres et les martyrs; mais comme si ceux-là avaient été perdus dans le rayonnement de sa gloire, pendant longtemps ils furent l’objet de moins d’attention. Puis, à mesure que succédèrent des temps relativement calmes, se levèrent dans le firmament de l’Église ces astres lumineux, plus importants, plus augustes que tout ce qui les avait précédés, et qui se levaient tard précisément parce qu’ils rayonnaient d’une splendeur particulière. Saint Joseph en est l’exemple le plus frappant. Proclamé saint par l’Évangile, père nourricier de Notre Seigneur, il fut dès le commencement un objet de foi absolue et universelle pour le monde chrétien; et cependant la dévotion envers lui est relativement récente. Quand elle commença, les hommes s’étonnèrent qu’on n’y eût pas songé plus tôt », écrit-il en 1865 à son ami Pusey, resté protestant.

Un modèle en tant qu’homme

Dans l’encyclique Quanquam pluries, Léon XIII insiste sur la prééminence de saint Joseph sur les autres saints, dans la mesure où il a été « de par la volonté divine, le gardien du Fils de Dieu », et par son mariage avec la Vierge Marie, « un participant de sa sublime dignité » : « Certes, la dignité de Mère de Dieu est si haute qu’il ne peut être créé rien au-dessus. Mais comme Joseph a été uni à la bienheureuse Vierge par le lien conjugal, il n’est pas douteux qu’il ait approché, plus que personne, de cette dignité suréminente par laquelle la Mère de Dieu surpasse de si haut toutes les autres créatures. » Voilà pourquoi la doctrine admise par l’Église affirme que, de tous les saints, saint Joseph est le plus élevé au ciel, après Jésus et Marie.

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Lorsque saint Joseph apparaît à Cotignac le 7 juin 1660, à un berger assoiffé nommé Gaspard Ricard, ce dernier le décrit comme un homme d’une stature imposante. Joseph lui désigne un lourd rocher en disant : « Je suis Joseph, enlève-le et tu boiras ». Et en effet, sous la pierre coule une source qui même aujourd’hui n’est pas tarie. Pour l’abbé Philippe de Maistre, ce geste est un symbole fort : « C’est comme s’il y avait une source de la vigueur masculine que Joseph invite à retrouver. D’homme à homme, il demande au berger de se lever, de soulever la pierre, c’est-à-dire de faire preuve de force, pour retrouver la source du don de la masculinité ».

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Aujourd’hui, selon l’abbé, les hommes sont perdus dans leur identité, et saint Joseph est là pour leur indiquer le chemin de la masculinité, pour faire rayonner la figure de l’homme selon le cœur de Dieu, pour assumer sa force au service de la douceur, au service de l’amour, de la même manière que Joseph a fait preuve de force dans sa mission de protection envers Marie et Jésus.

Un modèle en tant que père et époux

Avec les changements sociétaux et familiaux, la place du père est malmenée de nos jours. Les pères semblent être à la recherche d’une identité, non pas celle, ancestrale et caricaturale, d’une autorité aveugle et primaire, mais celle dans laquelle saint Joseph a excellé, où « la force est au service de l’amour » comme la définit l’abbé Philippe de Maistre. Les nombreuses demandes de protection et d’intercession à travers la figure de Joseph sont le signe d’une réelle aspiration à retrouver la vraie dimension de la paternité et de la masculinité.

Le mouvement de la Prière des pères érige ainsi saint Joseph comme modèle : « Seigneur, donne-nous la force et la lumière dont nous avons besoin pour remplir notre rôle et assumer notre place de pères dans la société en suivant l’exemple de Joseph, l’époux de Marie. »

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L’encyclique Quanquam pluries fait écho de la charge magnifiquement portée et assumée par saint Joseph tout au long de sa vie, et donne par là des repères concrets à tous les pères du monde : « Joseph était le gardien, l’administrateur et le défenseur légitime et naturel de la maison divine dont il était le chef. Il exerça de fait ces charges et ces fonctions pendant tout le cours de sa vie mortelle. Il s’appliqua à protéger avec un souverain amour et une sollicitude quotidienne son Épouse et le divin Enfant ; il gagna régulièrement par son travail ce qui était nécessaire à l’un et à l’autre pour la nourriture et le vêtement ; il préserva de la mort l’Enfant menacé par la jalousie d’un roi, en lui procurant un refuge ; dans les incommodités des voyages et les amertumes de l’exil, il fut constamment le compagnon, l’aide et le soutien de la Vierge et de Jésus. »

L’abbé Philippe de Maistre souligne qu’il n’y a que deux personnes à qui Jésus a dit « Abba » : son Père céleste, et Joseph. « Jésus, le fils de Dieu, a eu besoin d’un homme qui lui apprenne humainement ce qu’est la paternité. C’est Joseph qui a enseigné à Jésus comment il sauverait le monde, qui lui a décodé les Écritures saintes, qui a été le relais de Dieu pour faire entrer Jésus dans sa mission et dans son identité », précise-t-il. Le père André Doze, dans son livre Joseph, ombre du Père, désigne en ce sens Joseph comme le visage humain du Père éternel pour Jésus.

Saint Joseph et le pape François

Le regain de ferveur vis-à-vis de saint Joseph n’est sans doute pas étranger au Pape François, qui lui voue une affection toute particulière. Non seulement il a porté sur ses armoiries pontificales une fleur de nard, symbole du père de Jésus, mais il a également demandé à ce que soit mentionné le nom de « saint Joseph époux de Marie », après celui de la Vierge Marie, dans les liturgies eucharistiques II, III, et IV, par un décret datant du 1er mai 2013 (le nom de saint Joseph était déjà mentionné dans la prière eucharistique I depuis le pape Jean XXIII). En outre, le pape François a consacré l’État de la Cité du Vatican à saint Joseph et à saint Michel Archange le 5 juillet 2013.

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Lors de sa messe d’inauguration le 19 mars 2013, jour de la solennité de saint Joseph — clin Dieu providentiel ! — il s’exprime sur la grande tendresse du père de Jésus : « Dans les Évangiles, saint Joseph apparaît comme un homme fort, courageux, travailleur, mais dans son cœur on voit une grande tendresse, qui n’est pas la vertu du faible, mais au contraire, dénote une force d’âme et une capacité d’attention, de compassion, de véritable ouverture à l’autre, d’amour. Nous ne devons pas avoir peur de la bonté, de la tendresse ! »

« S’il y a un problème, j’écris un petit mot à saint Joseph et je le mets sous sa statuette que j’aie dans ma chambre pour qu’il le rêve… pour qu’il prie pour ce problème » a aussi confié le pape François dans un entretien accordé en février 2017 au quotidien italien à Corriere della Sera : il glisse alors le morceau de papier avec sa prière sous une statuette à l’effigie du saint patron des pères de famille. Cet attachement remonte au jour où, à Buenos Aires, alors qu’il est âgé de 17 ans, il acquiert la certitude qu’il deviendra prêtre. « Comme poussé par un étrange besoin », confiera-t-il plus tard, il pénètre alors dans la basilique Saint-Joseph.

Prières et consécrations

Saint Joseph, en tant que saint patron des artisans, des charpentiers (plus largement des travailleurs), des époux, de la bonne mort, de l’Église et des pères de famille, se voit confier une multitude de causes, au travers de prières et neuvaines plus ou moins connues. Parmi les prières à saint Joseph, il existe le Je vous salue Joseph, cette ancienne prière dite infaillible, des prières pour trouver du travail, un logement, pour demander la grâce d’avoir un enfant, de mourir entre les bras de Marie et Jésus… Il existe ainsi une trentaine de prières à Saint Joseph.

SOURCE : https://fr.aleteia.org/2018/12/26/le-retour-de-saint-joseph-dans-le-coeur-des-fideles/?utm_campaign=NL_fr&utm_source=daily_newsletter&utm_medium=mail&utm_content=NL_fr

Statue de Saint Joseph dans la crypte de L'Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal

Statue of Saint Joseph in the crypt of Saint Joseph's Oratory in Montreal, Canada.


SAINT JOSEPH, PATRON DU CANADA

LA dévotion à saint Joseph  s’implante au Canada avec l’arrivée du premier missionnaire, le Père Joseph Le Caron, l’un des récollets – nous dirions aujourd’hui franciscains – obtenus de peine et de misère par Champlain en mai 1615, sept ans après la fondation de la petite colonie de Québec.

Frère Thomas, dans son article « Saint Joseph, gouverneur au saint Royaume de France », a rappelé la dévotion traditionnelle des disciples du Poverello pour le Chef de la Sainte Famille, mais chez le Père Le Caron celle-ci était très ardente. Aussi lui consacra-t-il sa première mission chez les Hurons, quelques mois après son arrivée à Québec.

LA CONSÉCRATION DU CANADA À SAINT JOSEPH

Deux ans plus tard, revenu auprès de Champlain et constatant les difficultés inextricables de la colonie, c’est lui qui le persuada de consacrer le Canada à saint Joseph.

La cérémonie réunit tous les colons, une bonne centaine, mais aussi bon nombre de sauvages qui se trouvaient à Québec. On n’en connaît pas le jour exact, mais de différents documents on déduit qu’elle dut avoir lieu entre le 16 juillet et le 15 août 1624. Le Père Le Caron et Champlain prononcèrent la consécration devant une petite peinture sur cuivre (12 x 17 cm) représentant saint Joseph et l’Enfant-Jésus, conservée au musée des Beaux-Arts de Québec. Leur ferveur n’avait d’égale que la pauvreté, digne de l’étable de Bethléem.

Il n’en fallut pas davantage pour que la dévotion à saint Joseph embrase les cœurs de nos valeureux colons, en témoigne le nombre important de fiefs ou de lacs qui reçurent son nom.

Mais surtout, saint Joseph inaugura ses bienfaits pour la Nouvelle-France en obtenant qu’en 1625 le jeune duc de Ventadour, pair de France, devienne Vice-roi de la Nouvelle-France et la prenne à cœur. C’était un homme très pieux, qui s’était placé sous la direction spirituelle des jésuites. Six ans plus tard, il quitta la cour de France pour être ordonné prêtre tandis que son épouse, avec laquelle il n’avait pas consommé le mariage, entrait au carmel. En 1627, il fut l’un des fondateurs de la Compagnie du Saint-Sacrement, organisation secrète réunissant de courageux chrétiens prêts à défendre, au péril de leur vie, le Saint-Sacrement contre les actions sacrilèges des protestants. Cependant, très vite, ses membres s’appliquèrent aussi à soutenir les œuvres de Contre-Réforme par leurs dons ou leur influence. Québec aussi bien que Ville-Marie en seront les heureux bénéficiaires.

Avant cela, une des premières décisions du duc de Ventadour, prise sur les instances de Champlain, fut d’interdire sur mer comme sur terre l’exercice de la religion prétendument réformée. Ce fut déterminant pour l’avenir de la Nouvelle-France, car les principales difficultés de Champlain pour faire de son implantation au cap Diamant une véritable colonie venaient des protestants qui ne s’intéressaient qu’au commerce.

LES JÉSUITES, DIGNES HÉRITIERS DES RÉCOLLETS

Sur la recommandation du Père Le Caron, le duc convainquit les jésuites de remplacer les récollets à Québec pour une tâche qui était manifestement trop lourde pour eux. Cinq y furent envoyés à ses frais. Ils seront pendant près de vingt ans les colonnes de la Nouvelle-France, sans eux rien n’aurait été possible. Or, eux-aussi vouaient un culte à saint Joseph : « Saint-Joseph n’avait-il pas passé sa vie dans la compagnie de Jésus ? »

Dès leur premier séjour en 1625, leur supérieur, le Père Lalemant fit vœu de donner le nom de Joseph au premier indigène baptisé.

La dévotion à saint Joseph eut aussi une place éminente dans la mission des Hurons. La liste des grâces reçues de lui, dont les Relations des Jésuites nous ont gardé le témoignage, serait longue. Citons simplement saint Jean de Brébeuf :

« Je vis par plusieurs fois tout renversé et désespéré, jusqu’à ce que j’eus particulièrement recours à Notre-Seigneur Jésus..., et que j’eus fait un vœu au glorieux saint Joseph, nouveau patriarche des Hurons. [...] Nous devons aussi beaucoup au glorieux saint Joseph, époux de Notre-Dame et protecteur des Hurons, dont nous avons touché au doigt l’assistance plusieurs fois. Ce fut une chose remarquable que, le jour de sa fête et durant l’octave, les commodités nous venaient de toutes parts. »

Sa première mission en Huronie fut placée sous la protection de saint Joseph, c’est là que le Père Daniel mourut martyr dix ans plus tard. L’église réservée aux Amérindiens de Sainte-Marie-des-Hurons fut consacrée à saint Joseph. Quoique très pauvre, située pratiquement en plein bois et à un mois de canot de Québec, elle fut élevée au rang de basilique par le pape Urbain VIII, avec tous les privilèges et indulgences qui s’y trouvaient attachés, au profit de ces chers sauvages baptisés ou encore catéchumènes.

Après le martyre de saint Jean de Brébeuf et de saint Gabriel Lalemant, lorsque Sainte-Marie-des-Hurons fut assiégée par les Iroquois, c’est en invoquant leur habituel protecteur, promettant une messe par mois en son honneur, que les jésuites et les hurons chrétiens qui y étaient réfugiés obtinrent leur délivrance miraculeuse, le 18 mars 1649 : dans la nuit, les Iroquois s’enfuirent, frappés d’une terreur panique.

Ce n’était pas la première fois que les missionnaires furent ainsi délivrés de périls mortels, aussi mirent-ils sous la protection de saint Joseph leur rapatriement à Québec et celui des Hurons survivants.

SAINT JOSEPH À QUÉBEC

Après l’arrivée des disciples de saint Ignace, celle des Ursulines, avec à leur tête sainte Marie de l’Incarnation, sera déterminante pour la colonie. L’intervention du Chef de la Sainte Famille est, là encore, indubitable.

On se souvient qu’un songe, à Noël 1633, avait éveillé le zèle missionnaire dans l’âme de cette sainte religieuse cloîtrée. Ce n’est qu’en février 1635, que Notre-Seigneur lui en donna l’explication : il lui avait montré le Canada dont le gardien était saint Joseph : « Il faut que tu y ailles faire une maison à Jésus et à Marie. » Le Ciel avait donc bien avalisé la consécration de la colonie naissante.

Une jeune veuve, madame de La Peltrie, se joignit à l’expédition dont elle assuma tous les frais, à la suite d’un vœu à saint Joseph, sa grande dévotion, pour obtenir sa guérison d’une grave maladie qui l’affligeait. Ce qui lui fut immédiatement accordé.

Une fois la fondation décidée et financée, Marie de l’Incarnation désignée pour en prendre la tête et le voyage organisé, une autre ursuline du couvent de Tours, sœur Marie de Saint-Bernard, désira vivement partir elle aussi, ce qui paraissait impossible. Elle promit tout simplement de changer son nom en Marie de Saint-Joseph si elle était tout de même désignée ; il n’en fallut pas davantage pour que son souhait se réalisât.

Pour achever de nous convaincre que l’installation de cette congrégation à Québec était voulue par le patron du Canada, rappelons la joie de nos religieuses lorsqu’elles constatèrent que « Saint Joseph » était le nom de leur navire. Lors de la traversée, celui-ci se trouva face à un iceberg : impossible d’éviter une fatale collision. Tandis qu’un jésuite donnait une absolution collective, sœur Marie de Saint-Joseph proposa un vœu : faire célébrer une messe en l’honneur de saint Joseph. Aussitôt, et sans qu’on sache comment cela arriva, la banquise fut en un instant derrière le bateau ; ce que tout l’équipage attesta.

Ne nous étonnons pas après cela que le monastère des Ursulines ait été consacré à saint Joseph, y compris leur immense jardin qui assura pendant longtemps la subsistance des sœurs, des élèves et de bien des pauvres.

À l’Hôtel-Dieu de Québec, autre fondation des débuts de la Nouvelle-France, les chanoinesses de Saint-Augustin et notamment la bienheureuse Catherine de Saint-Augustin ne furent pas en reste. En hommage au Chef de la Sainte Famille, il était prévu qu’elles accepteraient sans dot les postulantes pauvres qui désiraient devenir des religieuses de chœur.

Le jour de l’Ascension 1657, Catherine de Saint-Augustin vit Notre-Seigneur arriver au Ciel et distinguer saint Joseph parmi toute la cour céleste qui l’accueillait : « Serviteur fidèle, comme vous avez été l’économe de ma maison en terre, je veux qu’ici vous commandiez et que vous y ayez tout pouvoir. »

Le successeur de Champlain, monsieur de Montmagny, donna le nom de Joseph au premier sauvage converti dont il fut le parrain, « parce que ce saint avait été proclamé le patron du pays ». Tous les gouverneurs suivirent son exemple.

La fête de saint Joseph, le 19 mars, était toujours célébrée avec une pompe liturgique quasi égale à celle du jour de Pâques. Les feux d’artifices – très à la mode à l’époque-et de grands feux de joie étaient autorisés. Ces festivités impressionnaient vivement les Indiens, qui tenaient à organiser leur propre fête avec feux de joie, même lorsqu’ils étaient à la chasse dans les bois.

SAINT JOSEPH À VILLE-MARIE

Il n’est pas étonnant non plus que Ville-Marie fasse preuve d’une égale dévotion au patron du Canada quand on sait les origines surnaturelles de sa fondation. Elle fut demandée à monsieur de la Dauversière probablement dès 1630. Rien ne prédestinait à une telle œuvre ce receveur des tailles à La Flèche, même si le Ciel lui avait déjà annoncé qu’il fonderait une congrégation religieuse cloîtrée, les Sœurs hospitalières de Saint-Joseph, ce qui se réalisa lorsqu’il fut administrateur de l’Hôtel-Dieu de sa ville. Mais on comprend qu’il ait douté de sa mission : fonder une colonie outre-Atlantique sans pouvoir s’y rendre lui-même ! Il lui fallut donc, en 1635, une vision de la Sainte Famille à Notre-Dame de Paris pour le décider à aller de l’avant.

En 1642, Ville-Marie voyait le jour et son premier hôpital, édifié en 1645, fut consacré au patron du Canada. En 1658, les Sœurs hospitalières de Saint-Joseph y remplacèrent la vénérable Jeanne Mance.

Une anecdote nous montre l’ardente dévotion de la Nouvelle-France pour saint Joseph. Lorsqu’un officier canadien, M. Joseph de Villebon, alors en Acadie, apprit que des Anglais avaient profané une statue de saint Joseph qui se trouvait à la proue d’un navire dont ils s’étaient emparés, il résolut de l’acheter. Pour réparer les outrages qu’elle avait subis, il organisa une procession solennelle pour porter la statue dans une église où elle serait honorée. Ce qu’apprenant, les religieuses de l’Hôtel-Dieu de Québec résolurent aussi de faire acte de réparation parce que « nous sommes très particulièrement sous la protection de saint Joseph, et que nous faisons profession de l’aimer et de l’honorer. » Par conséquent, chaque religieuse fit une amende honorable et promit d’accomplir une pénitence pour réparer cet affront. Elles supplièrent en outre le chef de la Sainte Famille d’obtenir la conversion des Anglais hérétiques.

Cette ardeur de dévotion fut entretenue au XVIIIe siècle par le grand orateur que fut ici le Père Joseph de la Colombière, le frère cadet de saint Claude de la Colombière.

La confrérie de la bonne mort, sous le patronage de saint Joseph, fut instituée en 1730.

C’est aussi à cette époque qu’en reconnaissance de sa guérison miraculeuse, François Charon de la Barre, riche négociant de Ville-Marie, y fonda un hospice et une école d’apprentissage qu’il confia à une congrégation nouvelle : les frères hospitaliers de la Croix et de saint Joseph. Ce fut un échec, mais saint Joseph avait un autre plan, car l’institution des frères Charon devint le berceau de l’œuvre de sainte Marguerite d’Youville, les Sœurs grises.

La conclusion s’impose : au temps de la Nouvelle-France, le patronage de saint Joseph présida à l’établissement d’une chrétienté paisible, dotée des institutions qui favorisaient la pratique des vertus de la Sainte Famille. C’est bien cela que le saint Patriarche voulait pour ce pays dont il est le gardien et pour lequel il ne lésina pas sur les miracles et les protections.

PROTECTEUR DE LA RENAISSANCE CATHOLIQUE

Après la Conquête, la pratique religieuse et donc la foi des Canadiens français vont se trouver asphyxiées peu à peu, jusqu’à ce que le Cœur Immaculé de Marie, répondant à la prière du jeune mais déjà saint évêque de Montréal, Mgr Bourget, provoque leur retour en masse vers l’Église en 1840.

Lui-même, très dévot à saint Joseph, souhaitait lui établir un lieu de pèlerinage dans sa ville épiscopale. L’aumônier des Sœurs grises le voulait chez elles ; afin de forcer la main de son évêque, il commanda en France une grande et magnifique statue de saint Joseph. Malheureusement, le bateau qui transportait l’objet de ses pieux rêves sombra avec toute sa cargaison.

Un an plus tard, une caisse, portant sur une étiquette la simple mention « Sœurs grises », flottait dans le port de Montréal. On la porta donc à leur maison la plus proche du port, on l’ouvrit... c’était la fameuse statue ! Mgr Bourget, y voyant évidemment la volonté clairement exprimée de saint Joseph, fit de cette chapelle son sanctuaire diocésain ; il le resta jusqu’à la construction de l’Oratoire sous l’impulsion du frère André, quarante ans plus tard.

Toutes les fondations auxquelles l’infatigable évêque de Montréal présida, dans des conditions de pauvreté souvent héroïques, profitèrent d’aides providentielles récompensant leurs prières à saint Joseph.

Il en fut de même dans les grandes Plaines de l’Ouest comme dans les vastes étendues enneigées du Grand Nord canadien, au profit des Oblats de Marie Immaculée.

Dans ses mémoires, Mgr Breynat, qui fut 42 ans durant l’évêque du Mackenzie, consacra tout un chapitre aux interventions miraculeuses de saint Joseph en faveur de ses missionnaires. La plus connue, car la plus extraordinaire pour ceux qui ont l’expérience du Grand Nord, fut ce troupeau de caribous qui se présenta aux fusils des chasseurs d’une mission et de son pensionnat au bord de la famine, alors qu’aucune trace de harde n’avait été relevée de tout l’hiver.

C’est d’ailleurs à un autre évêque de l’Ouest canadien, Mgr Grouard, que l’on doit l’introduction de l’invocation à saint Joseph dans les louanges divines au Saint-Sacrement. Quant à Mgr Grandin, il avait si souvent éprouvé sa protection qu’il décida que chaque mission devait prendre en charge gratuitement un pauvre en l’honneur de leur céleste protecteur.

Dans l’Ouest canadien comme en Nouvelle-France, ou dans la province de Québec retrouvant sa foi, le fruit principal de la consécration à saint Joseph fut de former une chrétienté qui l’emportât par ses vertus sur les puissances adverses : la barbarie des autochtones ou l’impiété du libéralisme américain. Saint-Joseph voulait instaurer ou restaurer la chrétienté sur ce continent.

Or, celle-ci fut mise à mal à partir de 1867, avec la fondation du Canada moderne, la Confédération canadienne d’un océan à l’autre où les catholiques n’étaient plus qu’une forte minorité. Face à cette situation, certains évêques préconisaient de ne voter que pour les candidats qui s’engageraient à respecter les droits de l’Église, comptant ainsi contraindre le gouvernement au respect de la Loi divine. D’autres, au contraire, considéraient que le bien de l’Église passait par l’entente avec le pouvoir politique majoritairement anglo-protestant. Ce libéralisme provoqua une cassure qui s’avéra peu à peu fatale à la chrétienté canadienne.

Si la Sainte Vierge multiplia ses miracles au Cap-de-la-Madeleine pour soutenir les chefs de file partisans du « programme catholique », saint Joseph, à Montréal, contra pour un temps les funestes conséquences du libéralisme.

LE SAINT FRÈRE ANDRÉ

Alfred Bessette, né en 1845, apprit à aimer et à prier saint Joseph sur les genoux de sa mère ; c’est qu’elle-même en avait reçu de grandes grâces depuis son veuvage. Après une jeunesse pauvre et éprouvée, celui qu’on appela dès lors frère André, fut admis en 1870 au noviciat des frères de Sainte-Croix sur la recommandation du curé de saint Césaire qui avait remarqué sa piété. Ce que ce bon prêtre ne savait pas, c’est qu’un jour le jeune Bessette avait été favorisé d’une apparition de saint Joseph dans l’église paroissiale, venu lui apprendre à bien faire le chemin de croix !

Cependant, son renvoi avait été décidé à cause de sa mauvaise santé, lorsqu’à la faveur d’une visite canonique, le novice rencontra en tête à tête Mgr Bourget. On ne sait rien de cet entretien, sinon qu’ensuite, le conseil revint sur sa décision et le garda. En 1871, on lui donna son obédience pour le collège Notre-Dame de la Côte-des-Neiges à Montréal : il y fut l’homme à tout faire, avec une totale abnégation.

En 1877, après la démission de Mgr Bourget, les libéraux bientôt soutenus par Léon XIII vont avoir le champ libre. Mais saint Joseph s’interposa : le 5 février 1878, par l’intermédiaire du frère André, il guérit le frère Aldéric à la veille de son amputation, or celui-ci avait fait la promesse de publier sa guérison. Ce fut le premier miracle connu du petit frère, qui coïncida avec la première prise de pouvoir des libéraux à Québec.

Les années suivantes, frère André multiplia les miracles, mais uniquement au profit des élèves du collège et de leurs familles. Sa notoriété s’étendit, mais resta localisée à la Côte-des-Neiges.

En 1884, juste avant qu’éclate dans l’Ouest la révolte des métis qui se termina par l’affaire Riel, laquelle ouvrit aux libéraux la voie du gouvernement fédéral, une dame de la haute société montréalaise fut instantanément guérie par un simple mot du petit frère qui ne releva même pas la tête, tout occupé qu’il était à laver les planchers. C’en fut fini de sa tranquillité : de ce jour, bon nombre de gens vinrent quotidiennement lui confier leurs intentions et demander leur guérison, et beaucoup repartaient guéris. Il en fut ainsi pendant dix ans, ce qui n’allait pas sans perturber les activités scolaires. Aussi, à partir de 1894, il dut recevoir les quémandeurs dans l’abri de tramway.

Trois ans plus tard, la congrégation acheta un vaste terrain sur « la montagne », le Mont-Royal, en face du collège. Cela faisait des mois que frère André disait que saint Joseph voulait y être honoré. Il eut la permission d’y construire un petit oratoire qui fut béni le 19 octobre 1904. Frère André avait 59 ans : depuis vingt ans déjà il faisait chaque jour des miracles !

L’ORATOIRE SAINT-JOSEPH

Durant ce temps, Montréal avait bien changé : son port et l’industrie ferroviaire attiraient une population ouvrière pauvre et délaissée ; tandis que tous les gouvernements, qu’ils soient libéraux ou conservateurs, fixaient leur politique qu’en considération des intérêts financiers.

Mgr Bruchési, un prélat très intellectuel aux sympathies franchement libérales, était alors l’archevêque de Montréal. Il n’était pas homme à s’opposer à cette emprise de l’argent et du gouvernement sur la société canadienne-française. Aussi les injustices sociales se multipliaient-elles jusqu’à provoquer une première grève en 1903.

Mais le développement de l’Oratoire Saint-Joseph, parallèle au développement des institutions capitalistes et de la misère ouvrière à Montréal, va faire échec à la déchristianisation des familles canadiennes-françaises déracinées, vivant dans la plus grande pauvreté et subissant aussi bien la propagande libérale que celle des syndicats anticléricaux, et même du communisme : le 1er mai 1907, les ouvriers défilèrent dans les rues de Montréal avec des drapeaux rouges avant que les deux mille débardeurs du port se mettent en grève.

Certes, à la même époque Henri Bourassa, mais surtout l’Action catholique de la jeunesse canadienne et l’Action sociale catholique de Mgr Roy à Québec, firent renaître un courant nationaliste dans l’esprit de saint Pie X ; ils dénonçaient l’action de la franc-maçonnerie. Mais l’archevêque de Montréal ne les soutenait pas.

Pour que ce mouvement nationaliste ratisse large, à l’initiative de l’abbé Groulx, on lui donna comme modèle le héros de Ville-Marie, Dollard des Ormeaux. Quoique héroïquement courageux, ce n’était pas un saint, et il est bien dommage qu’il ait éclipsé la Sainte-Famille, dont la dévotion avait soutenu les colons de Nouvelle-France. C’est toute l’ambiguïté du nationalisme de cette époque, qui s’accentua encore sous Pie XI pour éviter ses foudres : même si pratiquement tous étaient catholiques, le mouvement nationaliste en tant que tel se voulut laïc.

En outre, il se cantonnait pour l’essentiel à la bourgeoisie. Si les ouvriers allaient encore à la messe, si le Congrès eucharistique de Montréal en 1910 fut un succès populaire considérable, c’est parce que pratiquement dans toutes les familles de Montréal il y avait un miraculé de saint Joseph par le frère André !

À Montréal, bientôt dans toute la Province et dans l’Est des États-Unis où les paroisses canadiennes-françaises prospéraient, qui ne connaissait pas le frère André ? Qui n’était pas allé prier à l’Oratoire, qui dut s’agrandir pour faire face au flot des pèlerins toujours plus nombreux ? Si tous ne renouaient pas avec une pratique religieuse régulière, tous savaient qu’il n’y avait pas de guérison sans confession, avant ou après.

Survolons ce développement de l’œuvre de saint Joseph, qui vint pallier l’inaction de l’archevêque et les insuffisances du mouvement nationaliste :

En 1909, le frère André fut nommé gardien de l’Oratoire, désormais ouvert toute l’année. Le secrétariat reçut déjà cette année-là 29 500 lettres d’intentions de prières ou de remerciements.

En janvier 1910, saint Joseph prépara une nouvelle étape de sa contre-offensive par la guérison d’un jeune ouvrier de Québec dont les deux jambes avaient été broyées par la chute d’un bloc de marbre. Après quatre mois de souffrances, il s’était présenté au bureau du frère André, en s’aidant de béquilles, ses deux membres complètement déformés ne pouvant plus le soutenir. Arrivé ainsi devant une petite foule de gens, il repartit sur ses deux jambes quelques minutes plus tard ! Les témoins stupéfaits répandirent la nouvelle dans toute la Province. Saint Joseph avait bien réussi : le Congrès eucharistique pouvait commencer, les participants ne manqueraient pas d’aller à l’Oratoire ; on compta 20 000 pèlerins en deux semaines !

Mgr Bruchési se décida alors à décréter une enquête canonique pour établir les faits, et examiner canoniquement quatre miracles sélectionnés sur les centaines déjà attestés. Au printemps 1911, ses conclusions favorables lui permirent de reconnaître officiellement le pèlerinage, d’autoriser la construction de la maison des chapelains et l’édition des Annales de Saint-Joseph. Mais déjà, on envisageait l’édification d’une basilique. Le nombre de pèlerins était tel que, sans attendre les plans définitifs de celle-ci, on décida de construire dès 1914 son soubassement, la crypte, qui pourra accueillir quatre mille personnes.

Pendant ce temps, frère André continue modestement sa vie de prière, de pénitence et de dévouement auprès des malades. Combien de scènes comme celle-ci :

Un ouvrier du chemin de fer se traîne à l’aide de ses béquilles jusqu’à l’Oratoire, il souffre de rhumatismes inflammatoires. Il attend son tour dans la salle d’attente, raconte ses malheurs à ses voisins. C’est terrible parce qu’il en est à ses derniers sous, il ne peut plus travailler et il n’a pas d’assurance maladie. « Je suis un homme fini ». Arrive son tour, il entre dans le petit bureau du frère, à peine cinq minutes plus tard, il en sort les béquilles à la main, marche parfaitement, se dirige vers la chapelle en donnant des coups de pied sur les cailloux : « Demain matin, crie-t-il, je retourne travailler ! ». Un peu plus tard, le frère André prend une enfant sur ses genoux ; c’est une petite bossue qui ne peut pas marcher : « Allons, marche ! » – « Mais, cela fait mal encore ! » Le frère renouvelle ses “ petites croix ” : « Tu es plaigneuse, un peu », dit-il. Et la petite se jette à terre : « Ça ne me fait plus mal. Je suis guérie » !

Saint Joseph sait bien qu’il faut maintenant de tels prodiges pour garder la foi au peuple canadien-français, puisque l’impiété envahit le pays sans que la hiérarchie réagisse.

Montréal, au lendemain de la Première Guerre mondiale, est alors une ville de 600 000 habitants, aux industries prospères. Mais la situation des ouvriers ne s’est pas améliorée. Le gouvernement inaugure timidement une législation sociale en obligeant les patrons à assurer les accidents du travail, ou en limitant le temps de travail à cinquante-cinq heures par semaine.

Pourtant, les manifestations socialistes et syndicales ne font plus recette, c’est l’Oratoire Saint-Joseph qui attire désormais les ouvriers : 50 000 pour la fête du Travail en 1922, fête précédée d’un congrès sur la doctrine sociale de l’Église réunissant les chefs des syndicats catholiques. L’exemple des pompiers de Montréal est représentatif du changement de mentalité. Au lendemain de la guerre, ils se sont syndiqués, tout comme les policiers de Montréal, en s’affiliant à une organisation internationale. À l’issue d’une grève particulièrement dure, le capitaine Gauthier est nommé chef des pompiers de Montréal ; or, c’est un ami du frère André. Peu à peu, il convertit tous ses hommes qui, désormais, assureront bénévolement le service d’ordre à l’Oratoire les jours de grande affluence, et ils deviendront des fidèles du chemin de croix du vendredi et de l’Heure sainte. Évidemment, on ne parlera plus de grève...

LE TRIOMPHE DE SAINT JOSEPH DU MONT-ROYAL

La crise de 1929 se fait durement sentir à Montréal : 25 % de la population est au chômage, et les salaires diminuent de 40 %. L’État libéral en profite pour accroître son emprise sur la société canadienne-française où une mentalité laïque se répand de plus en plus. Mais saint Joseph n’abandonne pas son peuple, car, en multipliant ses bienfaits, il le garde dans l’Église. Le 19 mars 1929, on recense 20 000 pèlerins. Le 3 janvier suivant, le contrat pour l’extraction de la pierre qui servira à la construction de la basilique est signé. Et tandis que le nombre des pèlerins américains dépasse maintenant le millier, des “ pèlerinages sociaux ”, c’est-à-dire réunissant tous les employés d’un même établissement, s’échelonnent tout au long de l’année. En 1931, donc en pleine crise, 38 000 travailleurs viennent prier saint Joseph pour la fête du Travail. En 1932, des pèlerinages de dizaines de chômeurs, parfois de centaines, se multiplient : ils viennent à pied de paroisses assez éloignées, comme celles de Terrebonne ou de Lachine. Saint Joseph n’y est pas insensible puisqu’en 1933, c’est la reprise économique.

Les miracles continuent, souvent bien touchants, comme celui-ci, pris parmi les milliers de témoignages gardés aux archives de l’Oratoire ; il nous montre à quel point ce peuple ouvrier, maintenant imbu de la dévotion à saint Joseph, était à mille lieues de l’esprit révolutionnaire :

Un père de famille au chômage prie saint Joseph, Puisque ce dernier était menuisier, il a l’idée de mettre à fabriquer de petits meubles, quoiqu’il ne connaisse pas le métier. « Dans la chambre où je travaillais se trouvait une image de saint Joseph avec l’Enfant-Jésus dans ses bras. J’allais à la messe chaque matin, j’allais faire chaque soir une heure d’adoration. » Mais sa femme est moins patiente. « J’entendais chaque jour mon épouse qui murmurait que ces meubles ne nous apporteraient pas à manger. Les premières fois, je restais sourd. Un jour que ses murmures augmentaient, je lui répondis que je travaillais avec saint Joseph. Elle me répondit que saint Joseph ne pouvait pas nous apporter d’argent comme ça. Ayant toujours aimé la paix, je me suis arrêté devant mon image de saint Joseph. J’implorai sa puissance auprès de Dieu et lui demandai de nous apporter le nécessaire. Ma prière terminée, je suis sorti de mon petit atelier, poussé, inspiré d’aller à telle place... Donc, je dis à ma femme : “ Prépare-toi. On va y aller. ” Elle me dit : “ Où veux-tu aller ? ” – “ Qu’importe, prépare-toi ” On m’a donné un vieux cheval, un vieil harnais, une vieille voiture. Je suis arrivé chez moi avec cet attelage... Quand mon épouse m’aperçut avec ces vieilleries, ce qu’il y avait de pire, elle ne voulut pas embarquer. Elle dit : “ Va chercher une autre voiture, ou bien je n’y vais pas. ” Je lui dis de mettre son orgueil de côté, car saint Joseph et le frère André avaient pratiqué tous les deux la vertu d’humilité. J’ajoutai qu’il fallait avoir une grande confiance, si elle désirait les faveurs de saint Joseph. Elle s’est soumise immédiatement. Nous sommes partis par un beau temps. Nous riions tous les deux de notre attelage. Pendant notre voyage, nous avons même fait allusion à la fuite en Égypte. »

Au bout de trois jours, après bien des rebuffades, ils revenaient avec... cent dollars et la voiture pleine de provisions. « Il ne nous restait qu’à remercier frère André et saint Joseph, et je dois avouer que, depuis ce temps-là, saint Joseph et le frère André ont enlevé la disette dans ma maison. »

Autre tradition de l’Oratoire Saint-Joseph, les pèlerinages d’action de grâces, comme par exemple celui de la paroisse Saint-Joseph-du-Lac, le 7 juin 1933, pour la guérison miraculeuse d’un de ses fils. Mille paroissiens l’accompagnèrent à l’Oratoire, dont quatre cents firent à pied le trajet d’une quarantaine de kilomètres, derrière le porte-bannière de la paroisse âgé de 74 ans ! Il n’y eut que six abandons.

Ce peuple protégé par saint Joseph a gardé ou retrouvé les vertus de la Nouvelle-France, qui sont celles de saint Joseph. À cette époque, le Canada français avait une puissance conquérante sans proportion sur le monde anglo-protestant. Sans les coups de frein de la politique de Pie XI, libérale et anglophile, l’Est des États-Unis se serait converti ; déjà, dans plusieurs États les Franco-américains commençaient à accéder aux plus hauts postes électifs, de même dans le centre du pays et en Louisiane, provoquant les réactions anti-catholiques du Ku Klux Klan. En Acadie comme dans l’Ouest canadien, les minorités franco-catholiques retrouvaient une certaine vitalité qui tranchait avec la mentalité états-unienne où l’argent est roi. Ainsi, le Canada-français sous la protection de saint Joseph réalisait sa vocation originelle d’œuvrer à la conversion du continent. Il en fut ainsi jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

À Montréal, malgré la maladie qui empêche de plus en plus souvent le frère André de recevoir les malades, la fréquentation de l’Oratoire ne baissait pas : les pèlerins affluaient toujours : 50 000 ouvriers pour la fête du Travail de 1936.

Si la crise avait arrêté la construction de la basilique, en 1936, elle put reprendre après que le frère André eut demandé qu’on aille en procession déposer une statue de saint Joseph dans une basilique... sans toit : « Si saint Joseph veut se couvrir, il y veillera ». Ce qui fut fait le 4 novembre 1936. Or, de ce jour, les difficultés financières trouvèrent une solution, et le 27 décembre 1936, tout était réglé pour la reprise et l’achèvement des travaux.

Le même jour, frère André attrapa une mauvaise grippe dont il ne se releva pas. Le 31, il était hospitalisé et le 6 janvier 1937, il rendait sa belle âme à Dieu, mission accomplie.

Saint Joseph, lui, continua la sienne. Les funérailles du saint frère furent grandioses, le peuple se précipita pour le voir une dernière fois, cent dix personnes à la minute, ce qui représente 100 000 personnes par jour pendant 10 jours et certains n’ont jamais pu atteindre le corps. Bien qu’il n’y ait pas eu d’embaumement, trois jours après la mort il paraissait toujours comme endormi. Pendant la procession ininterrompue des fidèles reconnaissants, il y eut encore des miracles tandis que les confessionnaux étaient assiégés. Il y eut aussi des miraculés parmi les personnes qui écoutaient les cérémonies à la radio !

Après la mort du thaumaturge, tout continua comme avant. La première fête de saint Joseph sans le frère André rassembla encore 25 000 personnes le 19 mars, et 92 000 durant la neuvaine. Les miracles de saint Joseph continuaient : par exemple, du 17 janvier au 17 octobre 1937, le secrétariat enregistra 933 miracles et 6700 faveurs ; de 1941 à 1943, 10 408 miracles. On ouvrit un bureau des constatations sur le modèle de celui de Lourdes. En 1958, il avait étudié 791 cas et en avait retenu 40.

Pendant la guerre, l’affluence augmenta encore : 138 000 personnes à la neuvaine de 1942. Durant les années 50, on estime à trois millions par an le nombre de pèlerins. Le nombre de communions, lui, est précis : 267 000 en 1953, 328 000 en 1955, 397 000 en 1957. Dix mille messes étaient célébrées chaque année et trente-deux chapelains étaient au service de l’Oratoire.

L’apothéose de l’affluence eut lieu le 13 octobre 1960. Ce jour-là, 12 000 personnes debout, serrées les unes contre les autres, remplissaient la basilique tandis que les abords étaient noirs de monde. Ils venaient prier Notre Dame de Fatima et attendaient la révélation du troisième secret... que Jean XXIII refusa de rendre public. On connaît la suite... l’Église allait devenir cette « grande ville à moitié en ruines » décrite dans le 3e Secret de Fatima qui ne fut révélé qu’en juin 2000.

SAINT JOSEPH OUBLIÉ !

L’Oratoire Saint-Joseph ne fut pas épargné. À partir de 1962, les chiffres de sa fréquentation baissent constamment. En 1978, l’année de la mort du pape Paul VI, on n’évaluait plus le nombre de pèlerins qu’à 525 000, cinq fois moins qu’avant le Concile. Aujourd’hui... il s’agit surtout de touristes !

Pour la première fois de son histoire, les portes de l’Oratoire ont été fermées pendant des semaines durant la pandémie du Covid19. Du jamais vu, même pendant l’épidémie de grippe espagnole. Mais surtout aucune autorité religieuse n’a pensé à faire prier publiquement saint Joseph, à organiser un pèlerinage. Non. C’est l’indice le plus incontestable de la disparition de la foi au Canada.

Que s’est-il passé ? La révolution conciliaire doublée de la Révolution tranquille ! L’esprit du monde dominé par l’argent, l’hédonisme, le personnalisme, le culte de l’homme l’ont emporté sur le culte de Dieu, sur l’idéal de la vie de Nazareth. Même si aujourd’hui encore des fidèles viennent prier saint Joseph, il est significatif que plus aucun groupe de pèlerins, sauf celui de la CRC, ne demande à faire le chemin de croix ; c’était pourtant la dévotion principale du frère André que lui avait enseignée saint Joseph en personne dans l’église de Saint-Césaire.

Saint Joseph, patron du Canada, a présidé à la fondation et à l’essor de Nouvelle-France, il a accompagné la renaissance catholique de Mgr Bourget avant de briser la vague d’anticléricalisme et d’impiété du début du XXe, sur le roc de l’Oratoire du Mont Royal où il manifesta sa bonté et sa puissance. Mais, devant l’actuelle apostasie des gens d’Église, qui méprisent le Cœur Immaculé de Marie, il ne veut plus faire de miracles ni protéger qui que ce soit, sinon ceux qui embrassent cette dévotion que Dieu veut instituer dans le monde.

Ceux-ci, il les reconnaît facilement : plutôt que de lui demander des faveurs pour eux, ils le prient d’abord pour que, patron de l’Église universelle, il se tourne vers sa chaste épouse afin qu’elle touche le cœur du Saint-Père et qu’il se soumette aux volontés du Ciel révélées à Fatima.

En attendant, la vision de saint Joseph bénissant le monde dans le ciel de Fatima, le 13 juillet 1917, suffit à fortifier notre espérance. Viendra bientôt le temps de la renaissance. Tout pourra être rebâti grâce à la puissance du Cœur Immaculé de Marie, auprès duquel brillera tout glorieux, le Cœur du saint et puissant patron et protecteur du Canada, qui convertira ce continent à lui confié.

LA RENAISSANCE CATHOLIQUE, N° 258 – Décembre 2021. Rédaction : Maison Sainte-Thérèse

SOURCE https://crc-canada.net/liens-utiles/archives-de-notre-bulletin/saint-joseph-patron-du-canada.html

Bartolomé Esteban Murillo  (1617–1682). The Holy Family with a Bird, circa 1650, 144 x 188, Museo del Prado


LA GRANDEUR  ET LA GLOIRE DE SAINT JOSEPH

Ubertin de CASALE (1259-1329?) [1]

Joseph fut grand aussi dans ses rapports avec le Père du Ciel. Quand le Seigneur choisit quelqu’un en vue d’une mission particulière, Il donne à cette personne, avec grande abondance, toutes les grâces qui la formeront et la rendront apte à remplir cette mission. “Avec vigueur il faut conclure que toutes les vertus, poussées à leur perfection, se trouvaient rassemblées sur le front de ce si grand Joseph.”

Enfin, il ne faut pas oublier qu’en Joseph se réalisèrent les espérances des patriarches de l’Ancienne Loi. “Seul, il posséda réellement ce que la bonté de Dieu avait promis aux autres...” Joseph est plus grand que le patriarche Joseph qui sauva les peuples de la famine, car ”il a fait plus que de fournir aux Égyptiens le pain de la vie matérielle; en nourrissant Jésus avec un soin très vigilant, il a donné à tous les élus le Pain des Cieux, source de vie céleste. “

Pierre d’AILLY (1350-1420) [2] 

Pierre d’Ailly rédigea un long traité en latin: les douze gloires de Saint Joseph,  dans lequel il disserte sur les motifs de gloire de Saint Joseph, en insistant particulièrement sur son rôle de témoin de la naissance et de l’enfance du Christ: la grossesse de Marie, la naissance de Jésus et la venue des bergers qui “racontèrent des choses admirables sur cet enfant.” 

Puis viennent la Circoncision, l’adoration des mages et l’offrande des présents mystiques “par lesquels était préfigurés la foi en la Sainte Trinité.”  Ou encore la présentation au Temple pour y accomplir tout ce qui était prescrit par la Loi de Moïse.

Enfin, et c’est la douzième gloire, “c’est à Saint Joseph que furent soumis par une humble obéissance, non seulement la Mère de Dieu, non seulement la Reine et la Souveraine des anges, mais aussi le Fils de Dieu, le Roi et le Seigneur de toutes choses, devant qui tout genou fléchit au Ciel, sur la terre et dans les enfers...

Ô admirable et étonnante nouveauté! Ô nouvelle et admirable humilité! Le Seigneur soumis à son serviteur, Dieu humilié devant l’homme, le Seigneur éminent et le Dieu tout-puissant se soumet et s’humilie devant son humble serviteur. Non pas suivant sa divinité, mais suivant son humanité, comme le dit l’Apôtre: prenant la forme d’esclave.”

Cependant, selon Pierre d’Ailly, la plus grande gloire de Saint Joseph c’est d’avoir nourri par son travail Jésus et Marie: “O prodige admirable! Il est nourri par le travail de Joseph celui qui, par sa propre richesse, rassasie les affamés. Par le travail de Joseph il peut manger son pain sur terre celui qui vit au Ciel sans aucun besoin et dit:”Je suis le pain vivant descendu du Ciel,” En fait, parce qu’il est descendu du cCel, il doit être nourri et sustenté sur terre par le travail de Joseph.” 

Saint BERNARDIN de SIENNE(1380-1444)

Saint Bernardin de Sienne, fils de Saint François, prédicateur de grand talent, fut un ardent apôtre de Saint Joseph. Saint Bernardin de Sienne, à la suite d’Ubertin de Casale, estime que “c’est une règle universelle, pour toutes les grâces accordées  à quelque créature raisonnable, que lorsque la bonté divine choisit quelqu’un pour l’honorer d’une grâce singulière ou l’élever à un état sublime, toujours elle accorde à cet élu tous les dons qui sont nécessaires à sa personne et à l’accomplissement de sa mission, et elle l’orne libéralement de ces dons... Ce principe s’est surtout vérifié en Saint Joseph...”

Pour Bernardin de Sienne, la gloire de Saint Joseph peut se résumer en trois mots clés:

        – sa nature, car Joseph est de race royale, descendant de David,

– -son état de grâce, en raison de ses relations avec Marie (union matrimoniale, cohabitation avec la toute Sainte et les services qu’il lui rendait),

        – son état de grâce en raison de ses relations avec le Christ qui le conduit à une grande pureté de vie, à une foi très vive, et à une très ardente charité.

Écoutons encore Saint Bernardin de Sienne: “Elevons nos pensées au ciel pour y découvrir le faîte de la gloire de Saint Joseph... On ne peut douter que Jésus-Christ qui, pendant sa vie mortelle, non content d’avoir admis Joseph à une intime familiarité, lui rendait encore le respect et l’obéissance qu’un fils doit à son père, ne lui ait conservé dans le Ciel ces sublimes prérogatives, qu’il ne les ait même admirablement augmentées et perfectionnées... Si le Dieu Sauveur a voulu, pour satisfaire sa piété filiale, glorifier le corps aussi bien que l’âme de la très Sainte Vierge au jour de son Assomption, l’on peut et l’on doit croire pieusement qu’il n’en a pas moins fait pour Joseph, si grand entre les saints... Ainsi, cette Sainte Famille, qui avait été unie sur la terre dans les souffrances de la vie et dans les liens de l’amour et de la grâce, règne maintenant en corps et en âme dans l’amour et dans la gloire des cieux.”

Saint Bernardin de Sienne écrit aussi, à propos de la gloire de Saint Joseph: “Je le crois, ce Saint Joseph fut l’homme le plus pur en sa virginité, le plus profond en humilité, le plus ardent en amour de Dieu et en charité, ainsi que très élevé en contemplation. “ [3]

Et puis: “l’Église entière doit une reconnaissance et une vénération singulière à Saint Joseph. Il est comme la clé de l’Ancien Testament, car c’est en lui que le mérite des Patriarches et des Prophètes a atteint le terme de ses espérances. Seul il possède réellement ce que la bonté divine promit à ses justes des temps anciens. Il est donc figuré avec raison par ce Patriarche Joseph, qui conserva le froment aux peuples. Cependant il le surpasse, car il a fait plus que fournir aux égyptiens le pain de la vie matérielle; en nourrissant Jésus avec un soin très vigilant, il a procuré à tous les élus  le Pain du Ciel qui donne la vie céleste.” [4] 

Il convient d’ajouter que, pour saint Bernardin de Sienne, il ne fait pas de doute que Saint Joseph a été glorifié dans son âme et dans son corps.

Le Cardinal de BERULLE (1575-1629)

Bérulle, fondateur en France, de la Congrégation de l’Oratoire, exerça sur la spiritualité française une influence décisive. Il introduisit en France le Carmel réformé de Sainte Thérèse et adopta sa grande dévotion envers Saint Joseph.

Le Cardinal de Bérulle a peu écrit sur Saint Joseph. Toutefois, dans son ouvrage, “Les grandeurs de Jésus” , on peut lire, dans le discours XI sur la seconde naissance de Jésus:

“La naissance intérieure de Jésus  (à Nazareth) se passe sans éclat et sans bruit au monde, se passe  entre le Saint-Esprit, l’Ange et la Vierge, en l’intime  de son coeur, au secret de son sein, au cabinet de Nazareth, tout le reste de la terre ignorant ce mystère, et Joseph même, qui toutefois est un ange en la terre, choisi en la terre pour être le seul participant à ce grand conseil, le tuteur du Fils, l’époux de la Mère, le chef de la famille et de la maison du Père Éternel en la terre, comme étant établi de Dieu en la puissance et principauté, et son lieutenant sur la partie la plus noble de son État et de son empire; car le plus noble empire du Père Éternel, c’est Jésus et Marie, et  Joseph a puissance sur l’un et sur l’autre par le vouloir du Père. Et toutefois cet ange, ce prince, cet époux, ce tuteur du Fils et de la Mère de Dieu, n’est point appelé au secret de cette naissance intérieure de Jésus. Secret qui adore le secret de la naissance éternelle, comme la résidence intime du Fils en la Mère par cette naissance intérieure, va adorant la résidence intime du Fils au Père par la naissance divine.”

Jean-Jacques OLIER (1608-1657)

Jean-Jacques Olier, fondateur de la Compagnie des Prêtres de Saint Sulpice, parlant de Saint Joseph, s’exprime en ces termes: “Il faut considérer Saint Joseph comme la chose du monde la plus grande, la plus célèbre, la plus incompréhensible, et par proportion comme Dieu le Père caché et invisible en sa personne et incompréhensible dans son être et dans sa perfection... A mon sens, ce saint est hors d’état d’être compris par les esprits des hommes... L’excellence de ce grand homme est incomparable.” [5] 

Jean-Jacques Olier, voulant honorer Saint Joseph, n’a pas hésité à écrire: [6] 

“Le Fils de Dieu s’étant rendu visible en prenant une chair humaine, il conversait et traitait visiblement avec Dieu son Père, voilé sous la personne de Saint Joseph, par lequel son Père se rendait visible à lui. La très Sainte Vierge et Saint Joseph représentaient tous les deux ensemble une seule et même personne, celle de Dieu le Père. C’étaient deux représentations sensibles de Dieu, deux images sous lesquelles il adorait la plénitude de son père, soit dans sa fécondité éternelle, soit dans sa Providence temporelle, soit dans son amour pour ce Fils lui-même et son Église. C’était là comme le saint oratoire de Jésus-Christ et l’objet sensible de toute sa dévotion... Il y voyait une figure vivante, spirituelle et divine de toutes ses grandeurs et de ses perfections. Il voyait en Joseph les secrets de son Père; il entendait par la bouche de ce grand Saint la parole même de son Père, dont Saint Joseph était l’organe sensible.”

Car Saint Joseph est incontestablement le modèle accompli de toute paternité humaine. “Si Dieu le Père a pris ce Saint pour être l’idée et le caractère de ses perfections; s’il a rendu visible en lui ce qui était caché en son essence de toute éternité, s’il l’a choisi pour en faire l’image de sa sainteté, quelle idée doit-on se former de Saint Joseph? Dieu lui donne avec abondance son esprit de Père; il exprime sensiblement en lui toutes ses perfections divines, sa sagesse, sa prudence, son amour, sa miséricorde; il en fait le caractère de toutes ses beautés. Enfin, comme Dieu le Père est invisible en sa personne, et même incompréhensible dans son être et dans ses productions, de là vient que, s’étant choisi ce Saint pour qu’il fut son image en terre, il l’a rendu comme invisible et caché à nos esprits et, à mon sens, hors d’état d’être compris par les hommes.”  [7] 

Pour louer les grandeurs de Saint Joseph, J.J. Olier devient lyrique:

“Quel objet amoureux pour Jésus-Christ! Quel objet de complaisance! Quel sujet d’exercer ses amours! Que de caresses et que de sentiments d’amoureuse tendresse! O Grand Saint, que vous êtes heureux de fournir une si belle matière à l’amour de Jésus! O Dieu, que de regards d’amour et que de complaisance! Bonté de mon Jésus! que Vous êtes content d’avoir devant les yeux de quoi satisfaire vos amours! Heureux Joseph! Heureux Jésus! Heureux Joseph, de fournir à Jésus le plus juste sujet de ses délices! Bienheux, ô Jésus, de trouver en Joseph l’objet de vos saintes complaisances! Les yeux de votre esprit voient en lui une image sensible de sa beauté, si bien qu’en lui tout seul vous trouvez votre parfait contentement.”

En Joseph et Marie, Jésus voyait la personne et les perfections de Dieu le Père. Marie et Joseph voyaient en Jésus le Verbe de Dieu: “C’était un Ciel, un paradis sur la terre; c’étaient des délices sans fin dans ce lieu de douleurs, l’abondance de tous les biens de la terre au sein de la pauvreté; c’était une gloire commencée dans la vileté, (sic),  l’abjection et la petitesse de leur vie.

Ô Jésus, je ne m’étonne pas si vous demeurez trente ans dans cette heureuse maison sans quitter Saint Joseph... Dans la maison de Joseph qui est aussi celle de Marie, vous trouvez les objets les plus délicieux de votre joie, les saintes sources de votre vie...

Qui pourrait dire l’excellence de notre Saint, le grand respect que Notre-Seigneur avait pour lui et l’amour fort que la Sainte vierge lui portait; Jésus-Christ regardant en lui le Père éternel comme son Père, et la Très Sainte Vierge considérant en sa personne le même Père éternel comme son Époux.”

Et pour conclure, parlant de la vie si humble et si cachée de Jésus à Nazareth, J.J. Olier ne craint pas d’écrire: “Jésus ne refuse pas cette ignominie, il veut bien que cette injure soit ajoutée à toutes les autres qu’il a souffertes, pourvu qu’en se cachant avec Joseph et avec l’heureuse Marie, il nous apprenne par ce grand exemple, que s’il se produit quelque jour au monde, ce sera par le désir de nous profiter, et pour obéir à son Père; qu’en effet toute la grandeur consiste à nous conformer aux ordres de Dieu, de quelque sorte qu’il lui plaise de disposer de nous; et enfin, que cette obscurité que nous craignons tant, est si illustre et si glorieuse qu’elle peut être choisie même par un Dieu.”  [8]

Pierre FLOEUR (XVIIe siècle)

Pierre Floeur, oratorien, cité par Éphraïm [9] contemple les grandeurs de Saint Joseph choisi “pour être, en la terre,... le tuteur du Fils, l’époux de la Mère, le chef de la famille et de la maison du Père Éternel en la terre... comme étant établi de Dieu en puissance et principauté, et son lieutenant sur la partie la plus noble de son État et de son empire; car le plus noble empire du Père Éternel c’est Jésus et Marie, et Joseph a puissance sur l’un et sur l’autre par le vouloir du Père.”

Louis d’ARGENTAN (?) [10]

Louis d’Argentan va encore plus loin quand il contemple les grandeurs de Saint Joseph, associées aux grandeurs de Marie. Il écrit: “Pour moi, quand je regarde un Dieu entre deux personnes humaines, Jésus entre Marie et Joseph, j’adore ce profond mystère et je pense voir les deux chérubins qui étaient sur l’Arche d’alliance... étendant leurs ailes pour couvrir, chacun de son côté, le propitiatoire qui était la partie supérieure de l’Arche où Dieu se plaisait à rendre ses oracles...”

Je ne pense pas me tromper quand je dirai que le vrai propitiatoire, dont l’ancien n’était que la figure, c’est Jésus-Christ... Marie et Joseph, liés ensemble par le lien d’un sacré mariage sont les deux chérubins qui couvrent le propitiatoire avec leurs ailes. L’un et l’autre tendaient les bras, et se donnaient les mains pour la protection, le soutien, la garde et le service de l’Enfant-Jésus. L’un et l’autre n’avaient des yeux que pour lui, et des coeurs que pour l’aimer uniquement; et, sans se regarder directement l’un l’autre, ils se voyaient toujours en lui comme dans le miroir de la divinité dans lequel tous les bienheureux se connaissent et s’aiment très parfaitement.”

Bénigne BOSSUET (1627-1704)

Le dessein de Bossuet lorsqu’il prononça ses deux sermons Depositum custodi et Quaesivit sibi Deus  était de les consacrer aux louanges de Saint Joseph, en s’appuyant sur une doctrine solide tirée des Écritures et des Pères de l’Église. Il présenta ainsi, à ses auditeurs, “ce grand Saint comme un homme que Dieu choisit parmi tous les autres, pour lui mettre en mains son trésor et le rendre ici-bas son dépositaire... C’est la gloire de Joseph que Dieu ait fait de lui le dépositaire, non seulement de la bienheureuse Marie... mais encore de son propre Fils, l’unique objet de ses complaisances et l’unique espérance de notre salut.... Si bien que la maison de Joseph paraît un temple, puisqu’un Dieu y daigne habiter et s’y est mis lui-même en dépôt, et Joseph a dû être consacré pour garder ce sacré trésor.”

Si Bossuet découvre dans les Évangiles trois dépôts confiés au juste Joseph, il y trouve aussi trois vertus qui les accompagnent.

“Le premier de tous les dépôts... c’est la sainte virginité de Marie.” Et pour garder la virginité de Marie sous le voile du mariage, Joseph fut doté de la pureté angélique, qui paraît par sa continence, et“qui peut en quelque sorte, répondre à la pureté de sa chaste épouse.”

“Le deuxième dépôt, le plus auguste, c’est la personne de Jésus-Christ que le Père céleste dépose en ses mains, afin qu’il serve de père à ce Saint Enfant...“  La vertu nécessaire pour garder ce dépôt, c’est la fidélité, “une fidélité inviolable, qui ne puisse être ébranlée par aucun péril.”

“ Le troisième dépôt, c’est le secret admirable, l’Incarnation du Fils de Dieu. Car, c’est un conseil de Dieu, de ne pas montrer Jésus-Christ au monde jusqu’à ce l’heure en fût arrivée. et Joseph a été choisi, non seulement pour le  conserver, mais encore pour le cacher.”  La troisième vertu qui accompagne ce dépôt, c’est l’humilité.

Un jour on découvrira les merveilles de la vie cachée de Saint Joseph. “Ah! sans doute il n’est pas de ceux qui ont reçu leur récompense en ce monde: c’est pourquoi il paraîtra alors, parce qu’il n’a pas paru; il éclatera parce qu’il n’a point éclaté. Dieu réparera l’obscurité de sa vie; et sa gloire sera d’autant plus grande qu’elle est réservée pour la vie future.”

Saint Louis-Marie GRIGNON de MONTFORT (1673-1716)

Saint Louis-Marie Grignon de Montfort, l’apôtre de la Vendée et de l’Ouest de la France, n’a écrit qu’un seul cantique sur Saint Joseph, le patron que nous devons choisir pour obtenir la divine sagesse. Tout l’art de Montfort est de brosser, en quelques phrases, toute la grandeur de Saint Joseph.

        Chantons un cantique en l’honneur
        De Saint Joseph, le protecteur
        Et l’époux de Marie.
        L’humble Joseph est peu connu.
        Aucun ici-bas ne l’a vu,
        Mais il ravit les bienheureux.
        Que la terre s’unisse aux cieux,
        Que tout le glorifie!

        Grand Saint, Dieu n’a trouvé que vous
        Qui fut digne d’être l’époux
        De sa Mère admirable.
        Époux de la Reine des Cieux,
        Ce privilège est merveilleux;
        Le témoin de sa sainteté,
        Le gardien de sa pureté,
        Ô gloire incomparable!

        Le Père Éternel vous a pris
        Pour nourrir ici-bas son Fils,
        pour être son vicaire.

       ...............................

        Si trois mots de Marie ont pu
        Sanctifier par leur vertu
        Saint Jean avec sa Mère,
        Que n’auront point produit en vous
        Ses discours si saints et si doux!
        Ses paroles vous ravissaient,
        Sa présence vous remplissait
        De grâce et de lumière.   

 Réponse de Saint Joseph :

        Tâchez d’être en tout le dernier,
        De vous cacher et dilater
        En Jésus et Marie!
        Cherchez ce que le monde fuit,
        Et fuyez tout ce qu’il poursuit.
        Ne vous réglez que par la foi,
        Afin d’être heureux avec moi
        En imitant ma vie.

Prière à Saint Joseph :

        Saint Joseph soyez mon patron
        Pour m’obtenir un très grand don:
        La divine Sagesse!
        Pour rendre gloire à mon Sauveur,
        Pour convertir l’homme pécheur,
        Pour aider les pauvres petits,
        Pour terrasser mes ennemis.
        La Charité vous presse. [11] 

Saint Léonard de PORT-MAURICE (1676-1751)

Que peut-on dire de plus d’un homme sinon qu’il possède toutes les vertus à leur niveau le plus élevé? C’est ce qu’exprime Saint Léonard de Port-Maurice quand il s’adresse aux plus grands saints de la terre: “... Et vous, thaumaturges... sachez que toutes vos prérogatives si nobles ne peuvent vous égaler à Saint Joseph; car ces privilèges et ces vertus qui vous ont été distribuées par parties, Joseph les a possédées tous, et dans un degré parfait. Tombez donc à ses pieds, prophètes, patriarches, apôtres, martyrs, thaumaturges, vous tous grands du cCel et de la terre...”

Citant Saint Thomas d’Aquin qui présente les trois plus grandes choses que Dieu ait faites pour nous: l’humanité de Jésus, cause de son union hypostatique avec le Verbe, la gloire des élus, et l’incomparable Mère de Dieu, Saint Léonard de Port-Maurice ajoute: “Vous pouvez ajouter, à la gloire de Joseph, que Dieu ne peut faire un père plus grand que celui qui a Dieu pour fils.”

Saint Alphonse de LIGUORI (1696-1787)

Il existe un autre titre de gloire pour Saint Joseph, et c’est peut-être le plus grand: Jésus, le Verbe de Dieu lui obéit. Écoutons Saint Alphonse de Liguori. “L’exemple seul de Jésus-Christ qui, sur la terre, voulut faire preuve de tant de respect et d’obéissance envers Saint Joseph, devrait nous animer tous à être de fervents zélateurs de la dévotion envers ce grand Saint... Pendant tout ce temps, ce fut à Joseph de commander, comme étant établi chef de cette petite famille... Cette humble obéissance de Jésus-Christ fait connaître que la dignité de Joseph est supérieure à celle de tous les saints, excepté celle de sa Mère.”

Dom Prosper GUÉRANGER (1805-1875)

Sans compter les avertissements célestes, et la présence constante, à ses côtés, de la Reine des anges. “Non jamais aucun homme, en ce monde, ne pourra pénétrer toutes les grandeurs de Joseph.”

Quel souverain et tendre respect pour Marie votre épouse! quelle reconnaissance et quelles adorations pour Jésus, votre enfant soumis! Ô mystère de Nazareth! Dieu habite parmi les hommes, et il souffre d’être appelé le fils de Joseph!”  

Dom Bernard MARÉCHAUX (1849-1927)

Dom Bernard Maréchaux, bénédictin fondateur de l’Abbaye Notre-Dame de la Sainte Espérance, estime que Saint Joseph fut constamment conduit par l’Esprit-Saint: “Nous estimons que Saint Joseph fut enrichi, dès le commencement de son existence, d’une grâce exceptionnelle, germe de sa sainteté transcendante. Cette grâce était en rapport avec les qualités d’époux de la Sainte Vierge et de père adoptif du Fils de Dieu, qui devait lui appartenir en propre. Elle comportait, dit Saint Bernardin, une très éclatante pureté, une très profonde humilité, une très ardente charité, une vigilance pleine de zèle... Dès l’éveil de sa raison, prévenu par une grâce très puissante, il dut sentir l’emprise du Dieu tout-puissant sur son âme, et marcha, dès lors, en la présence du Seigneur, rempli d’un esprit de crainte que tempérait une onction suave...

Sans aucun doute l’âme de Saint Joseph fut créée par le Saint-Esprit plus large et plus profonde encore que l’âme de Salomon, parce qu’il voulait y faire rayonner Marie, la créature idéale et le Verbe de Dieu Incarné...

Admirons le travail intérieur du Saint-Esprit en Saint Joseph, et comment il épanouissait en lui la richesse de ses dons sacrés. Admirons l’incomparable docilité de Joseph, disciple du Saint-Esprit. Aucune résistance, même la plus légère, ne contrarie en lui l’opération de l’Esprit de vérité et d’amour.” [12] 

Le R.P. Albert BESSIÈRE (1877-1952), jésuite, présente Saint Joseph comme le “grand moule” de Dieu :

D’abord par le physique:“Même physiquement! C’est une théorie développée par maints ascètes que Jésus ressemblait à Joseph. Ne descendaient-ils pas tous deux du même ancêtre David? De plus, cette ressemblance de traits, d’attitudes, servait les desseins divins. Jésus devait paraître fils de Joseph...”

Et par l’autorité: “Joseph est le Chef incontesté. L’ordre de préséance, toujours respecté, est à l’inverse de l’ordre d’excellence. Ainsi est affirmé le principe hors duquel toutes les sociétés sombrent dans  l’anarchie: l’autorité se fonde sur un mandat divin, non sur une supériorité de force ou de talent perpétuellement remise  en question par les hommes ou les évènements.”

Et par le pouvoir, “car le pouvoir est un service, une charge plus qu’un honneur. l’humilité est donc nécessaire encore plus au maître qu’au sujet.”  [13] 

Chanoine Maurice BOUVET (1880-1948)

On pourrait citer encore le Chanoine Maurice Bouvet qui s’attarde sur la grandeur de Saint Joseph qui est là,“dans la collaboration à l’oeuvre de la Rédemption: très humble collaboration, en vérité, aussi humble que celle du frère lai à la haute vie mystique du monastère, comme elle, toute matérielle, mais comme elle nécessaire et autant sainte aux yeux de Dieu...”  ou sur la richesse et la profondeur du culte que l’on doit rendre à Saint Joseph.

Le T.R.P. BUZY (1883- ?) ayant longtemps vécu en Palestine a imaginé ce qu’a pu être la vie quotidienne du charpentier Joseph. Il s’est aussi beaucoup plu à décrire la dignité de ses fonctions. “S’il s’agit de la dignité des fonctions, pourrions-nous hésiter à mettre Joseph au-dessus de tous les autres saints. Car Joseph n’a pas eu à collaborer à l’oeuvre du Christ de son vivant ou après sa mort: il a été chargé de veiller sur la personne même du Rédempteur. Après la dignité de Mère de Dieu, il n’y a jamais eu sur la terre dignité plus haute.”

Et le Père Busy d’expliquer pourquoi Saint Joseph est au-dessus de tous les saints:

        – plus grand et plus saint que Saint Pierre, la pierre sur laquelle fut bâtie l’Église de Jésus: “parce que si Pierre supporte l’édifice, Joseph a porté dans ses bras le fondateur même de l’Église.”

        – plus grand et plus saint que Saint Paul à qui il fut découvert des mystères très élevés, parce que “Joseph vécut près de trente ans dans l’intimité de Jésus et dans la contemplation permanente des mystères de l’Homme-Dieu.”

        – plus grand et plus saint que Saint Jean qui reposa une seule fois sa tête sur la poitrine de Jésus, parce que maintes et maintes fois Joseph a perçu contre son coeur les battements de ce petit coeur d’enfant.”

        – plus grand et plus saint que Saint Jacques “qui fut mis à mort pour la foi de son Maître, parce que Joseph n’a cessé de donner sa vie, son sang, son temps, sa peine, pour élever l’auteur et le consommateur de la foi.”

        – plus grand et plus saint que les apôtres qui répandirent de par le monde, le nom de Jésus “tandis que Joseph a le premier décerné  à son fils ce nom adorable que les autres n’ont pu que propager.”

        – plus grand et plus saint que les évangélistes qui ont écrit l’histoire “que lui, Joseph, a eu le privilège d’aider à composer et à vivre.”

        – plus grand et plus saint que Jean le Précurseur qui a marché devant le Messie, “tandis que lui, Joseph, il a vécu avec lui et à côté de lui, dans l’intimité et la douceur de la vie familiale...”

La règle généralement admise est que la grâce est proportionnée à la vocation; “Cette exigence intrinsèque s’impose surtout dans une vocation et un ministère tels que ceux de Saint Joseph. Le ministère étant suprême, la grâce dut l’être aussi... et s’il fut saint dès l’origine, que ne durent pas être par la suite ses progrès dans la sainteté, au contact de Jésus?”

Joseph fut doté des plus belles vertus, foi, espérance, charité, prudence, justice, force, tempérance, pauvreté, chasteté, humilité, obéissance, paix, joie, plus les dons du Saint-Esprit.  “Et nous ne voyons pas que personne se soit jamais avisé de comparer Saint Joseph à un autre saint, encore moins de le mettre au-dessous de quelqu’un pour la grâce sanctifiante.” [14]

D.J. LALLEMENT (1894-1977)

Nous ne pouvons pas entrer dans l’Évangile sans entrer chez Joseph, l’héritier des Patriarches, sans rencontrer Joseph. C’est par Joseph que nous pénétrons dans l’intimité de Marie, son épouse. C’est à Joseph que l’Ange s’adresse comme chef de la Sainte Famille. C’est Joseph qui fut investi de l’autorité que respectèrent de la manière la plus parfaite, Jésus, et Marie. Et puis, “osons le dire, Jésus marquait tellement sa déférence à l’égard du chef de famille, à l’égard du Patriarche Joseph, qu’il fallut que Joseph fût appelé dans l’au-delà pour que le Christ apparût aux hommes, en pleine lumière. En présence de Joseph, il n’était que son petit enfant, que son fils.” [15] 

Et quand Jésus parle Lui-même de Saint Joseph

Il est exceptionnel d’entendre Jésus parler de son père adoptif. Aussi le texte qui suit est-il particulièrement précieux. Il est extrait du livre intitulé “MANDURIA, Jésus, Roi de la Révélation, Marie, Vierge de l’Eucharistie, parlent à Débora” [16]. Jésus parle à la voyante Débora :

“Que dire de mon père terrestre, Joseph, l’homme le plus cher à mon Sacré Coeur? Il fut mon père adoptif et celui de l’humanité, en m’éduquant, Moi, qui rendis la dignité royale à l’homme, et en me tenant serré dans un embrassement continuel sur le chemin de la vie, hérissé d’embûches et fatigant.

J’ès-Haut, mais humaineétais le Fils du Trment je fus le sien et je l’aimais au point de pleurer lors de sa dernière heure, et aussi parce que je savais l’importance de sa présence auprès de ma sainte Mère qui allait se préparer à un veuvage d’autant plus grand et plus douloureux.

Homme juste parmi les justes, travailleur, patient, doucement prévenant dans ses silences, à l’esprit  sage et prévoyant. Il fut choisi pour coopérer à l’oeuvre de la Sainte Rénovation prédite par les prophètes de tous les temps.  Personne ne fut plus digne que lui d’assister le Fruit de Dieu chez Marie, ma Mère. Si elle fut pleine de grâce, Joseph était rempli de la force de l’Esprit-Saint, par qui il se laissait docilement guider, sans objection ni réticence, et qui le conduisit à une haute sainteté.

Ainsi donc, je vous le donne comme modèle, parents d’aujourd’hui, si vous croyez à la sainteté du mariage et à l’indissolubilité de ce sacrement.”   [17]

[1]  ”Arbor vitae crucifixae Jesu” Livre II, ch. VI “La fuite en Égypte” de Ubertin de Casale. Cité par Mgr Villepelet dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”  - Éditions du Vieux Colombier (1959)

[2] Cité par Mgr VILLEPELET

[3] Cité par Mrg VILLEPELET dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”

[4] Cité par Mrg VILLEPELET dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”

[5] Cité dans ”Saint Joseph patron des communautés religieuses”  par le Chanoine LAMOTHE-TENET. Editeur J. MARTEL ainé, Imprimeur de N.S.P. le Pape.  Montpellier (1879)

[6]  Jean-Jacques OLIER- Opuscule intitulé “Les Grandeurs de Saint Joseph:”

[7] J.J. OLIER - Cité par Éphraïm

[8] Jean-Jacques OLIER - Cité par André DOZE dans Joseph, ombre du Père

[9] Éphraïm “Joseph, un père pour le nouveau millénaire”  Éditions des Béatitudes

[10] Cité par Éphraïm dans “Joseph, un père pour le nouveau millénaire” Éditions des Béatitudes

[11] Cité par Mrg Villepelet dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”

[12] Cité par Mrg VILLEPELET dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”

[13]  Cité par Mrg VILLEPELET dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”

[14] Cité par Mrg VILLEPELET dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”

[15] Mystère de la paternité de Saint Joseph de D.J. LALLEMENT - Éditions TÉQUI

[16] “MANDURIA, Jésus, Roi de la Révélation, Marie, Vierge del’Eucharistie, parlent à Débora”  Éditions du PARVIS

[17] On peut croire  ou ne pas croire aux révélations privées, surtout si elle sont contemporaines. Il aurait cependant été dommage de se priver d’un tel témoignage.

Paulette LEBLANC, Saint Joseph, qui es-tu ?

SOURCE : http://voiemystique.free.fr/saint_joseph_08_2.htm#_ftn5

Julius Schiller: "Coelum Stellatum Christianum", 1627, Image 34: Saint Joseph


Placez vous sous la protection de saint Joseph avec cette très belle dévotion

Philip Kosloski | 16 janvier 2019

Parmi les nombreuses dévotions à saint Joseph, il existe celle dite des "Cinq psaumes", que l’on trouve dans un recueil de prières du début du XIXe siècle intitulé Raccolta. Dite avec confiance, elle assure "la protection efficace de saint Joseph dans la vie".

C’est une coutume que l’on doit au pape Pie VII. En 1809, le successeur de Pierre autorise la prière des « Cinq psaumes » afin « d’encourager les chrétiens à pratiquer cette dévotion à saint Joseph pour qu’ils obtiennent sa protection efficace dans la vie, mais plus encore dans la mort ». Il s’agit pour cela de dire les antiennes et psaumes suivants, dans l’intention d’honorer saint Joseph.

Première antienne : Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qui est appelé Christ.

Psaume 99 (Acclamez le Seigneur, terre entière)

Répéter : Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qui est appelé Christ.

Deuxième antienne : C’était Joseph, de la maison de David et cette Vierge s’appelait Marie.

Psaume 46 (Tous les peuples, battez des mains)

C’était Joseph, de la maison de David et cette Vierge s’appelait Marie.

Troisième antienne : Joseph, son mari, étant juste, et ne voulant pas la déshonorer.

Psaume 128 (Que de mal ils m’ont fait dès ma jeunesse)

Joseph, son mari, étant juste, et ne voulant pas la déshonorer.

Quatrième antienne :Joseph, fils de David, ne craignez point de prendre Marie pour votre épouse.

Psaume 80 (Criez de joie pour Dieu, notre force)

Joseph, fils de David, ne craignez point de prendre Marie pour votre épouse.

Cinquième antienne : Joseph, s’étant éveillé, fit ce que l’Ange lui avait ordonné.

Psaume 86 (Elle est fondée sur les montagnes saintes)

Joseph, s’étant éveillé, fit ce que l’Ange lui avait ordonné.

Puis conclure par cette prière :

V/ Le Seigneur l’a établi sur sa maison,

R/ Et lui a donné l’autorité sur tout ce qu’Il possède.

Prions. Ô Dieu, qui par une providence ineffable, avez daigné choisir le bienheureux saint Joseph pour être l’époux de votre très sainte Mère ! Faites que nous méritions d’avoir pour intercesseur dans le ciel ce grand patriarche, que nous honorons sur la terre comme notre protecteur. Vous qui étant Dieu, vivez et régnez avec votre Fils dans l’unité du Saint-Esprit pour les siècles des siècles. Amen.

Enfin, une hymne vient clôturer cette dévotion, dont voici le premier couplet :

Ô vous, qui soupirez après les dons célestes, sans pouvoir obtenir les grâces que vous sollicitez ! Invoquez le nom de Joseph, et implorez humblement son assistance.

Cette dévotion à saint Joseph est assez peu connue. N’hésitez pas à la prier pour vous inspirer de son exemple et invoquer son aide : c’est un excellent intercesseur auprès de Dieu.

SOURCE : https://fr.aleteia.org/2019/01/16/placez-vous-sous-la-protection-de-saint-joseph-avec-cette-tres-belle-devotion/?utm_campaign=NL_fr&utm_source=weekly_newsletter&utm_medium=mail&utm_content=NL_fr


Bartolomé Esteban Murillo  (1617–1682), La Sainte Famille, circa 1660, 186 x 155, basilique Saint-Étienne de Pest


« Saint Joseph » selon Saint Josémaria Escriva

Sermons - Homélie - Méditations

Voici quelques réflexions sur Saint Joseph, sa jeunesse, sa chasteté, son métier, … de Saint Josémaria Escriva de Balaguer (1902-1975), Fondateur de l'Opus Dei pour promouvoir chez les hommes et les femmes de tous les milieux sociaux, un engagement personnel à suivre le Christ, à aimer son prochain et à rechercher la Sainteté dans la vie quotidienne… comme Saint Joseph pour les hommes !

Saint Josémaria Escriva : « Pour vivre la vertu de la chasteté, il n'est pas nécessaire d'attendre d'être vieux ou de manquer de force » 

« Je ne suis pas d'accord avec l'iconographie classique qui représente saint Joseph comme un vieillard, même si elle s'explique par l'excellente intention de mettre en valeur la virginité perpétuelle de Marie. Moi, je me l'imagine jeune, fort, avec quelques années de plus que la Vierge peut-être, mais dans la plénitude de l'âge et des forces humaines. Pour vivre la vertu de la chasteté, il n'est pas nécessaire d'attendre d'être vieux ou de manquer de force. La chasteté naît de l'amour et, pour un amour pur, la force et la joie de la jeunesse ne sont pas un obstacle. Saint Joseph était jeune, de cœur et de corps, quand il épousa Marie, quand il connut le mystère de sa Maternité divine et vécut près d'Elle, en respectant l'intégrité que Dieu voulait léguer au monde comme un signe de plus de sa venue parmi les créatures. Qui ne sait pas comprendre un tel amour est bien ignorant de ce qu'est l'amour véritable, et méconnaît le sens chrétien de la chasteté ». 

Saint Josémaria Escriva : « La figure de Saint Joseph dans l'Évangile » 

« La Sainte Ecriture nous dit que Joseph était artisan ; plusieurs Pères de l'Eglise ajoutent qu'il était charpentier, et saint Justin, en parlant de la vie de travail de Jésus, affirme qu'il faisait des charrues et des jougs. C'est peut-être en se fondant sur ces dires que saint Isidore de Séville en conclut qu'il était forgeron. De toute façon, c'était un artisan qui travaillait au service de ses concitoyens et dont l'habileté était le fruit d'années de durs efforts. La forte personnalité humaine de Joseph se détache des récits évangéliques : il n'apparaît jamais comme un homme timide ou craintif devant la vie ; il sait au contraire faire face aux problèmes, sortir des situations difficiles et assumer avec responsabilité et initiative les taches qui lui sont confiées. Joseph, nous l'avons dit, était un artisan de Galilée, un homme comme tant d'autres. Et que peut attendre de la vie un habitant d'un village perdu comme Nazareth ? Rien d'autre que le travail, jour après jour, et toujours avec le même effort ; et, à la fin de la journée, une maison petite et pauvre, pour y refaire ses forces et recommencer sa tâche le jour suivant. Joseph était en effet un homme ordinaire, auquel Dieu fit confiance pour accomplir de grandes choses. Il sut vivre comme le Seigneur le lui demandait tous les événements qui composèrent sa vie, et c'est pourquoi la Sainte Écriture loue Joseph en disant qu'il était juste. Pour un Hébreu, juste veut dire pieux, serviteur irréprochable de Dieu, fidèle à la volonté divine ; d'autres fois, juste veut dire bon et charitable avec le prochain. En un mot, le juste est celui qui aime Dieu et démontre cet amour en accomplissant ses commandements au service de ses frères, les hommes. Les œuvres de l'Amour sont toujours grandes, même s'il s'agit de choses qui semblent de peu d'importance... Le Seigneur nous apprend que tout a de l'importance : les actions que notre vision humaine nous fait juger grandes, ou celles pour lesquelles, en revanche, nous avons peu d'estime ». 

Saint Josémaria Escriva : « Sanctifier le travail, se sanctifier dans le travail, sanctifier par le travail » 

« Vous devez vous sanctifier, en aidant en même temps à la sanctification des autres, vos égaux, en sanctifiant précisément votre travail et votre milieu : cette profession ou ce métier qui occupe vos journées, qui donne à votre personnalité humaine sa physionomie particulière, qui est votre manière d'être dans le monde, ce foyer, cette famille qui est la vôtre, ce pays où vous êtes nés et que vous aimez. Le travail est l'inévitable compagnon de la vie de l'homme sur terre. Il s'accompagne d'effort, de lassitude, de fatigue, manifestations de la douleur et de la lutte, qui font partie de notre vie présente et qui sont les signes de la réalité du péché et de la nécessité de la Rédemption. Mais le travail en soi n'est ni peine, ni malédiction, ni châtiment. Ceux qui le prétendent n'ont pas bien lu la Sainte Écriture. Il est temps que nous, les chrétiens, nous proclamions bien haut que le travail est un don de Dieu, et qu'il n'est pas sensé de diviser les hommes en diverses catégories selon le travail qu'ils réalisent, en considérant certaines tâches plus nobles que d'autres. Le travail - tout travail - est témoignage de la dignité de l'homme et de son emprise sur la création. C'est une occasion de perfectionner sa personnalité. C'est un lien qui nous unit aux autres êtres, une source de revenus pour assurer la subsistance de sa famille, un moyen de contribuer à l'amélioration de la société et au progrès de l'humanité tout entière. Pour un chrétien, ces perspectives s'élargissent et s'amplifient, car le travail lui apparaît comme une participation à l'oeuvre créatrice de Dieu, qui, en créant l'homme, le bénit en lui disant : Soyez féconds, multipliez-vous, emplissez la terre et soumettez-la ; dominez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, et tous les animaux qui rampent sur la terre. Car, pour avoir été assumé par le Christ, le travail nous apparaît comme une réalité qui a été rachetée à son tour. Ce n'est pas seulement le cadre de la vie de l'homme, mais un moyen et un chemin de sainteté, une réalité qui sanctifie et que l'on peut sanctifier ». 

Saint Josémaria Escriva de Balaguer (1902-1975)

Voir également à propos de Saint Josémaria Escriva de Balaguer :

La Prière de Saint Josémaria Escriva « Viens Esprit-Saint ! »

La « Prière pour les Enfants » de Saint Josémaria Escriva 

L’Homélie de Saint Josémaria Escriva pour aller vers la Sainteté « La Volonté de Dieu, c'est que nous soyons des Saints »

La « Prière d’intercession » à Saint Josémaria Escriva

La « Vie et l’œuvre de Saint Josémaria Escriva de Balaguer » selon l’extrait du bref apostolique de Béatification du Vénérable Serviteur de Dieu Josémaria Escrivá du Vatican.

« Saint Joseph » selon Saint Josémaria Escriva

La « Nativité de Marie » selon Saint Josémaria Escriva 

SOURCE : http://site-catholique.fr/index.php?post/Saint-Joseph-selon-Saint-Josemaria-Escriva

Carlo Dolci  (1616–1686), The Holy Family with God the Father and the Holy Spirit, circa 1630, 28 x 23


QUAMQUAM PLURIES

ENCYCLICAL OF POPE LEO XIII 

ON DEVOTION TO ST. JOSEPH

To Our Venerable Brethren the Patriarchs, Primates, 

Archbishops, and other Ordinaries, in Peace and Union with Holy See.

Although We have already many times ordered special prayers to be offered up in the whole world, that the interests of Catholicism might be insistently recommended to God, none will deem it matter for surprise that We consider the present moment an opportune one for again inculcating the same duty. During periods of stress and trial - chiefly when every lawlessness of act seems permitted to the powers of darkness - it has been the custom in the Church to plead with special fervour and perseverance to God, her author and protector, by recourse to the intercession of the saints - and chiefly of the Blessed Virgin, Mother of God - whose patronage has ever been the most efficacious. The fruit of these pious prayers and of the confidence reposed in the Divine goodness, has always, sooner or later, been made apparent. Now, Venerable Brethren, you know the times in which we live; they are scarcely less deplorable for the Christian religion than the worst days, which in time past were most full of misery to the Church. We see faith, the root of all the Christian virtues, lessening in many souls; we see charity growing cold; the young generation daily growing in depravity of morals and views; the Church of Jesus Christ attacked on every side by open force or by craft; a relentless war waged against the Sovereign Pontiff; and the very foundations of religion undermined with a boldness which waxes daily in intensity. These things are, indeed, so much a matter of notoriety that it is needless for Us to expatiate on the depths to which society has sunk in these days, or on the designs which now agitate the minds of men. In circumstances so unhappy and troublous, human remedies are insufficient, and it becomes necessary, as a sole resource, to beg for assistance from the Divine power.

2. This is the reason why We have considered it necessary to turn to the Christian people and urge them to implore, with increased zeal and constancy, the aid of Almighty God. At this proximity of the month of October, which We have already consecrated to the Virgin Mary, under the title of Our Lady of the Rosary, We earnestly exhort the faithful to perform the exercises of this month with, if possible, even more piety and constancy than heretofore. We know that there is sure help in the maternal goodness of the Virgin, and We are very certain that We shall never vainly place Our trust in her. If, on innumerable occasions, she has displayed her power in aid of the Christian world, why should We doubt that she will now renew the assistance of her power and favour, if humble and constant prayers are offered up on all sides to her? Nay, We rather believe that her intervention will be the more marvellous as she has permitted Us to pray to her, for so long a time, with special appeals. But We entertain another object, which, according to your wont, Venerable Brethren, you will advance with fervour. That God may be more favourable to Our prayers, and that He may come with bounty and promptitude to the aid of His Church, We judge it of deep utility for the Christian people, continually to invoke with great piety and trust, together with the Virgin-Mother of God, her chaste Spouse, the Blessed Joseph; and We regard it as most certain that this will be most pleasing to the Virgin herself. On the subject of this devotion, of which We speak publicly for the first time to-day, We know without doubt that not only is the people inclined to it, but that it is already established, and is advancing to full growth. We have seen the devotion to St. Joseph, which in past times the Roman Pontiffs have developed and gradually increased, grow into greater proportions in Our time, particularly after Pius IX., of happy memory, Our predecessor, proclaimed, yielding to the request of a large number of bishops, this holy patriarch the patron of the Catholic Church. And as, moreover, it is of high importance that the devotion to St. Joseph should engraft itself upon the daily pious practices of Catholics, We desire that the Christian people should be urged to it above all by Our words and authority.

3. The special motives for which St. Joseph has been proclaimed Patron of the Church, and from which the Church looks for singular benefit from his patronage and protection, are that Joseph was the spouse of Mary and that he was reputed the Father of Jesus Christ. From these sources have sprung his dignity, his holiness, his glory. In truth, the dignity of the Mother of God is so lofty that naught created can rank above it. But as Joseph has been united to the Blessed Virgin by the ties of marriage, it may not be doubted that he approached nearer than any to the eminent dignity by which the Mother of God surpasses so nobly all created natures. For marriage is the most intimate of all unions which from its essence imparts a community of gifts between those that by it are joined together. Thus in giving Joseph the Blessed Virgin as spouse, God appointed him to be not only her life's companion, the witness of her maidenhood, the protector of her honour, but also, by virtue of the conjugal tie, a participator in her sublime dignity. And Joseph shines among all mankind by the most august dignity, since by divine will, he was the guardian of the Son of God and reputed as His father among men. Hence it came about that the Word of God was humbly subject to Joseph, that He obeyed him, and that He rendered to him all those offices that children are bound to render to their parents. From this two-fold dignity flowed the obligation which nature lays upon the head of families, so that Joseph became the guardian, the administrator, and the legal defender of the divine house whose chief he was. And during the whole course of his life he fulfilled those charges and those duties. He set himself to protect with a mighty love and a daily solicitude his spouse and the Divine Infant; regularly by his work he earned what was necessary for the one and the other for nourishment and clothing; he guarded from death the Child threatened by a monarch's jealousy, and found for Him a refuge; in the miseries of the journey and in the bitternesses of exile he was ever the companion, the assistance, and the upholder of the Virgin and of Jesus. Now the divine house which Joseph ruled with the authority of a father, contained within its limits the scarce-born Church. From the same fact that the most holy Virgin is the mother of Jesus Christ is she the mother of all Christians whom she bore on Mount Calvary amid the supreme throes of the Redemption; Jesus Christ is, in a manner, the first-born of Christians, who by the adoption and Redemption are his brothers. And for such reasons the Blessed Patriarch looks upon the multitude of Christians who make up the Church as confided specially to his trust - this limitless family spread over the earth, over which, because he is the spouse of Mary and the Father of Jesus Christ he holds, as it were, a paternal authority. It is, then, natural and worthy that as the Blessed Joseph ministered to all the needs of the family at Nazareth and girt it about with his protection, he should now cover with the cloak of his heavenly patronage and defend the Church of Jesus Christ.

4. You well understand, Venerable Brethren, that these considerations are confirmed by the ,opinion held by a large number of the Fathers, to which the sacred liturgy gives its sanction, that the Joseph of ancient times, son of the patriarch Jacob, was the type of St. Joseph, and the former by his glory prefigured the greatness of the future guardian of the Holy Family. And in truth, beyond the fact that the same name - a point the significance of which has never been denied - was given to each, you well know the points of likeness that exist between them; namely, that the first Joseph won the favour and especial goodwill of his master, and that through Joseph's administration his household came to prosperity and wealth; that (still more important) he presided over the kingdom with great power, and, in a time when the harvests failed, he provided for all the needs of the Egyptians with so much wisdom that the King decreed to him the title "Saviour of the world." Thus it is that We may prefigure the new in the old patriarch. And as the first caused the prosperity of his master's domestic interests and at the same time rendered great services to the whole kingdom, so the second, destined to be the guardian of the Christian religion, should be regarded as the protector and defender of the Church, which is truly the house of the Lord and the kingdom of God on earth. These are the reasons why men of every rank and country should fly to the trust and guard of the blessed Joseph. Fathers of families find in Joseph the best personification of paternal solicitude and vigilance; spouses a perfect example of love, of peace, and of conjugal fidelity; virgins at the same time find in him the model and protector of virginal integrity. The noble of birth will earn of Joseph how to guard their dignity even in misfortune; the rich will understand, by his lessons, what are the goods most to be desired and won at the price of their labour. As to workmen, artisans, and persons of lesser degree, their recourse to Joseph is a special right, and his example is for their particular imitation. For Joseph, of royal blood, united by marriage to the greatest and holiest of women, reputed the father of the Son of God, passed his life in labour, and won by the toil of the artisan the needful support of his family. It is, then, true that the condition of the lowly has nothing shameful in it, and the work of the labourer is not only not dishonouring, but can, if virtue be joined to it, be singularly ennobled. Joseph, content with his slight possessions, bore the trials consequent on a fortune so slender, with greatness of soul, in imitation of his Son, who having put on the form of a slave, being the Lord of life, subjected himself of his own free-will to the spoliation and loss of everything.

5. Through these considerations, the poor and those who live by the labour of their hands should be of good heart and learn to be just. If they win the right of emerging from poverty and obtaining a better rank by lawful means, reason and justice uphold them in changing the order established, in the first instance, for them by the Providence of God. But recourse to force and struggles by seditious paths to obtain such ends are madnesses which only aggravate the evil which they aim to suppress. Let the poor, then, if they would be wise, trust not to the promises of seditious men, but rather to the example and patronage of the Blessed Joseph, and to the maternal charity of the Church, which each day takes an increasing compassion on their lot.

6. This is the reason why - trusting much to your zeal and episcopal authority, Venerable Brethren, and not doubting that the good and pious faithful will run beyond the mere letter of the law - We prescribe that during the whole month of October, at the recitation of the Rosary, for which We have already legislated, a prayer to St. Joseph be added, the formula of which will be sent with this letter, and that this custom should be repeated every year. To those who recite this prayer, We grant for each time an indulgence of seven years and seven Lents. It is a salutary practice and very praiseworthy, already established in some countries, to consecrate the month of March to the honour of the holy Patriarch by daily exercises of piety. Where this custom cannot be easily established, it is as least desirable, that before the feast-day, in the principal church of each parish, a triduo of prayer be celebrated. In those lands where the 19th of March - the Feast of St. Joseph - is not a Festival of Obligation, We exhort the faithful to sanctify it as far as possible by private pious practices, in honour of their heavenly patron, as though it were a day of Obligation.

7. And in token of heavenly favours, and in witness of Our good-will, We grant most lovingly in the Lord, to you, Venerable Brethren, to your clergy and to your people, the Apostolic blessing.

Given from the Vatican, August 15th, 1889, the 11th year of Our Pontificate.

LEO XIII 

Prayer to Saint Joseph

To thee, O blessed Joseph, we have recourse in our affliction, and having implored the help of thy thrice holy Spouse, we now, with hearts filled with confidence, earnestly beg thee also to take us under thy protection. By that charity wherewith thou wert united to the Immaculate Virgin Mother of God, and by that fatherly love with which thou didst cherish the Child Jesus, we beseech thee and we humbly pray that thou wilt look down with gracious eye upon that inheritance which Jesus Christ purchased by His blood, and wilt succor us in our need by thy power and strength.

Defend, O most watchful guardian of the Holy Family, the chosen off-spring of Jesus Christ. Keep from us, O most loving Father, all blight of error and corruption. Aid us from on high, most valiant defender, in this conflict with the powers of darkness. And even as of old thou didst rescue the Child Jesus from the peril of His life, so now defend God's Holy Church from the snares of the enemy and from all adversity. Shield us ever under thy patronage, that, following thine example and strengthened by thy help, we may live a holy life, die a happy death, and attain to everlasting bliss in Heaven. Amen.

© Copyright - Libreria Editrice Vaticana

SOURCE : http://w2.vatican.va/content/leo-xiii/en/encyclicals/documents/hf_l-xiii_enc_15081889_quamquam-pluries.html

Caesar van Everdingen  (1616/1617–1678), La Sainte Famille, circa 1660, 129 x 105, musée du couvent Sainte-Catherine,  Utrecht


St. Joseph

Life

Sources

The chief sources of information on the life of St. Joseph are the first chapters of our first and third Gospels; they are practically also the only reliable sources, for, whilst, on the holy patriarch's life, as on many other points connected with the Saviour's history which are left untouched by the canonical writings, the apocryphal literature is full of details, the non-admittance of these works into the Canon of the Sacred Books casts a strong suspicion upon their contents; and, even granted that some of the facts recorded by them may be founded on trustworthy traditions, it is in most instances next to impossible to discern and sift these particles of true history from the fancies with which they are associated. Among these apocryphal productions dealing more or less extensively with some episodes of St. Joseph's life may be noted the so-called "Gospel of James", the "Pseudo-Matthew", the "Gospel of the Nativity of the Virgin Mary", the "Story of Joseph the Carpenter", and the "Life of the Virgin and Death of Joseph".

Genealogy

St. Matthew (1:16) calls St. Joseph the son of Jacob; according to St. Luke (3:23)Heli was his father. This is not the place to recite the many and most various endeavours to solve the vexing questions arising from the divergences between both genealogies; nor is it necessary to point out the explanation which meets best all the requirements of the problem (see GENEALOGY OF CHRIST); suffice it to remind the reader that, contrary to what was once advocated, most modern writers readily admit that in both documents we possess the genealogy of Joseph, and that it is quite possible to reconcile their data.

Residence

At any rate, Bethlehem, the city of David and his descendants, appears to have been the birth-place of Joseph. When, however, the Gospel history opens, namely, a few months before the Annunciation, Joseph was settled at Nazareth. Why and when he forsook his home-place to betake himself to Galilee is not ascertained; some suppose — and the supposition is by no means improbable — that the then-moderate circumstances of the family and the necessity of earning a living may have brought about the change. St. Joseph, indeed, was a tekton, as we learn from Matthew 13:55, and Mark 6:3. The word means both mechanic in general and carpenter in particular; St. Justin vouches for the latter sense (Dialogue with Trypho 88), and tradition has accepted this interpretation, which is followed in the English Bible.

Marriage

It is probably at Nazareth that Joseph betrothed and married her who was to become the Mother of God. When the marriage took place, whether before or after the Incarnation, is no easy matter to settle, and on this point the masters of exegesis have at all times been at variance. Most modern commentators, following the footsteps of St. Thomas, understand that, at the epoch of the Annunciation, the Blessed Virgin was only affianced to Joseph; as St. Thomas notices, this interpretation suits better all the evangelical data.

It will not be without interest to recall here, unreliable though they are, the lengthy stories concerning St. Joseph's marriage contained in the apocryphal writings. When forty years of age, Joseph married a woman called Melcha or Escha by some, Salome by others; they lived forty-nine years together and had six children, two daughters and four sons, the youngest of whom was James (the Less, "the Lord's brother"). A year after his wife's death, as the priests announced through Judea that they wished to find in the tribe of Juda a respectable man to espouse Mary, then twelve to fourteen years of age. Joseph, who was at the time ninety years old, went up to Jerusalem among the candidates; a miracle manifested the choice God had made of Joseph, and two years later the Annunciation took place. These dreams, as St. Jerome styles them, from which many a Christian artist has drawn his inspiration (see, for instance, Raphael's "Espousals of the Virgin"), are void of authority; they nevertheless acquired in the course of ages some popularity; in them some ecclesiastical writers sought the answer to the well-known difficulty arising from the mention in the Gospel of "the Lord's brothers"; from them also popular credulity has, contrary to all probability, as well as to the tradition witnessed by old works of art, retained the belief that St. Joseph was an old man at the time of marriage with the Mother of God.

The Incarnation

This marriage, true and complete, was, in the intention of the spouses, to be virgin marriage (cf. St. Augustine, "De cons. Evang.", II, i in P.L. XXXIV, 1071-72; "Cont. Julian.", V, xii, 45 in P.L. XLIV, 810; St. ThomasIII:28III:29:2). But soon was the faith of Joseph in his spouse to be sorely tried: she was with child. However painful the discovery must have been for him, unaware as he was of the mystery of the Incarnation, his delicate feelings forbade him to defame his affianced, and he resolved "to put her away privately; but while he thought on these things, behold the angel of the Lord appeared to him in his sleep, saying: Joseph, son of Davidfear not to take unto thee Mary thy wife, for that which is conceived in her, is of the Holy Ghost. . . And Joseph, rising from his sleep, did as the angel of the Lord had commanded him, and took unto him his wife" (Matthew 1:19, 20, 24).

The Nativity and the flight to Egypt

A few months later, the time came for Joseph and Mary to go to Bethlehem, to be enrolled, according to the decree issued by Caesar Augustus: a new source of anxiety for Joseph, for "her days were accomplished, that she should be delivered", and "there was no room for them in the inn (Luke 2:1-7). What must have been the thoughts of the holy man at the birth of the Saviour, the coming of the shepherds and of the wise men, and at the events which occurred at the time of the Presentation of Jesus in the Temple, we can merely guess; St. Luke tells only that he was "wondering at those things which were spoken concerning him" (2:33). New trials were soon to follow. The news that a king of the Jews was born could not but kindle in the wicked heart of the old and bloody tyrant, Herod, the fire of jealousy. Again "an angel of the Lord appeared in sleep to Joseph, saying: Arise, and take the child and his mother, and fly into Egypt: and be there until I shall tell thee" (Matthew 2:13).

Return to Nazareth

The summons to go back to Palestine came only after a few years, and the Holy Family settled again at Nazareth. St. Joseph's was henceforth the simple and uneventful life of an humble Jew, supporting himself and his family by his work, and faithful to the religious practices commanded by the Law or observed by pious Israelites. The only noteworthy incident recorded by the Gospel is the loss of, and anxious quest for, Jesus, then twelve years old, when He had strayed during the yearly pilgrimage to the Holy City (Luke 2:42-51).

Death

This is the last we hear of St. Joseph in the sacred writings, and we may well suppose that Jesus's foster-father died before the beginning of Savior's public life. In several circumstances, indeed, the Gospels speak of the latter's mother and brothers (Matthew 12:46Mark 3:31Luke 8:19John 7:3), but never do they speak of His father in connection with the rest of the family; they tell us only that Our Lord, during His public life, was referred to as the son of Joseph (John 1:456:42Luke 4:22) the carpenter (Matthew 13:55). Would Jesus, moreover, when about to die on the Cross, have entrusted His mother to John's care, had St. Joseph been still alive?

According to the apocryphal "Story of Joseph the Carpenter", the holy man reached his hundred and eleventh year when he died, on 20 July (A.D. 18 or 19). St. Epiphanius gives him ninety years of age at the time of his demise; and if we are to believe the Venerable Bede, he was buried in the Valley of Josaphat. In truth we do not know when St. Joseph died; it is most unlikely that he attained the ripe old age spoken of by the "Story of Joseph" and St. Epiphanius. The probability is that he died and was buried at Nazareth.

Devotion to Saint Joseph

Joseph was "a just man". This praise bestowed by the Holy Ghost, and the privilege of having been chosen by God to be the foster-father of Jesus and the spouse of the Virgin Mother, are the foundations of the honour paid to St. Joseph by the Church. So well-grounded are these foundations that it is not a little surprising that the cult of St. Joseph was so slow in winning recognition. Foremost among the causes of this is the fact that "during the first centuries of the Church's existence, it was only the martyrs who enjoyed veneration" (Kellner). Far from being ignored or passed over in silence during the early Christian ages, St. Joseph's prerogatives were occasionally descanted upon by the Fathers; even such eulogies as cannot be attributed to the writers among whose works they found admittance bear witness that the ideas and devotion therein expressed were familiar, not only to the theologians and preachers, and must have been readily welcomed by the people. The earliest traces of public recognition of the sanctity of St. Joseph are to be found in the East. His feast, if we may trust the assertions of Papebroch, was kept by the Copts as early as the beginning of the fourth century. Nicephorus Callistus tells likewise — on what authority we do not know — that in the great basilica erected at Bethlehem by St. Helena, there was a gorgeous oratory dedicated to the honour of our saint. Certain it is, at all events, that the feast of "Joseph the Carpenter" is entered, on 20 July, in one of the old Coptic Calendars in our possession, as also in a Synazarium of the eighth and ninth century published by Cardinal Mai (Script. Vet. Nova Coll., IV, 15 sqq.). Greek menologies of a later date at least mention St. Joseph on 25 or 26 December, and a twofold commemoration of him along with other saints was made on the two Sundays next before and after Christmas.

In the West the name of the foster-father of Our Lord (Nutritor Domini) appears in local martyrologies of the ninth and tenth centuries, and we find in 1129, for the first time, a church dedicated to his honour at Bologna. The devotion, then merely private, as it seems, gained a great impetus owing to the influence and zeal of such saintly persons as St. BernardSt. Thomas AquinasSt. Gertrude (d. 1310), and St. Bridget of Sweden (d. 1373). According to Benedict XIV (De Serv. Dei beatif., I, iv, n. 11; xx, n. 17), "the general opinion of the learned is that the Fathers of Carmel were the first to import from the East into the West the laudable practice of giving the fullest cultus to St. Joseph". His feast, introduced towards the end shortly afterwards, into the Dominican Calendar, gradually gained a foothold in various dioceses of Western Europe. Among the most zealous promoters of the devotion at that epoch, St. Vincent Ferrer (d. 1419), Peter d'Ailly (d. 1420), St. Bernadine of Siena (d. 1444), and Jehan Charlier Gerson (d. 1429) deserve an especial mention. Gerson, who had, in 1400, composed an Office of the Espousals of Joseph particularly at the Council of Constance (1414), in promoting the public recognition of the cult of St. Joseph. Only under the pontificate of Sixtus IV (1471-84), were the efforts of these holy men rewarded by Roman Calendar (19 March). From that time the devotion acquired greater and greater popularity, the dignity of the feast keeping pace with this steady growth. At first only a festum simplex, it was soon elevated to a double rite by Innocent VIII (1484-92), declared by Gregory XV, in 1621, a festival of obligation, at the instance of the Emperors Ferdinand III and Leopold I and of King Charles II of Spain, and raised to the rank of a double of the second class by Clement XI (1700-21). Further, Benedict XIII, in 1726, inserted the name into the Litany of the Saints.

One festival in the year, however, was not deemed enough to satisfy the piety of the people. The feast of the Espousals of the Blessed Virgin and St. Joseph, so strenuously advocated by Gerson, and permitted first by Paul III to the Franciscans, then to other religious orders and individual dioceses, was, in 1725, granted to all countries that solicited it, a proper Office, compiled by the Dominican Pietro Aurato, being assigned, and the day appointed being 23 January. Nor was this all, for the reformed Order of Carmelites, into which St. Teresa had infused her great devotion to the foster-father of Jesus, chose him, in 1621, for their patron, and in 1689, were allowed to celebrate the feast of his Patronage on the third Sunday after Easter. This feast, soon adopted throughout the Spanish Kingdom, was later on extended to all states and dioceses which asked for the privilege. No devotion, perhaps, has grown so universal, none seems to have appealed so forcibly to the heart of the Christian people, and particularly of the labouring classes, during the nineteenth century, as that of St. Joseph.

This wonderful and unprecedented increase of popularity called for a new lustre to be added to the cult of the saint. Accordingly, one of the first acts of the pontificate of Pius IX, himself singularly devoted to St. Joseph, was to extend to the whole Church the feast of the Patronage (1847), and in December, 1870, according to the wishes of the bishops and of all the faithful, he solemnly declared the Holy Patriarch Joseph, patron of the Catholic Church, and enjoined that his feast (19 March) should henceforth be celebrated as a double of the first class (but without octave, on account of Lent). Following the footsteps of their predecessor, Leo XIII and Pius X have shown an equal desire to add their own jewel to the crown of St. Joseph: the former, by permitting on certain days the reading of the votive Office of the saint; and the latter by approving, on 18 March, 1909, a litany in honour of him whose name he had received in baptism.

Souvay, Charles. "St. Joseph." The Catholic Encyclopedia. Vol. 8. New York: Robert Appleton Company, 1910. <http://www.newadvent.org/cathen/08504a.htm>.

Transcription. This article was transcribed for New Advent by Joseph P. Thomas. In memory of Father Joseph Paredom.

Ecclesiastical approbation. Nihil Obstat. October 1, 1910. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.

Copyright © 2023 by Kevin Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.

SOURCE : https://www.newadvent.org/cathen/08504a.htm


Gaetano Gandolfi  (1734–1802), La Sainte Famille, circa 1780, 48 x 62


QUAMQUAM PLURIES

LETTERA ENCICLICA DI

S.S. LEONE XIII

SULLA DEVOZIONE A SAN GIUSEPPE


Ai Venerabili Fratelli Patriarchi, Primati, Arcivescovi, Vescovi e agli altri Ordinarii territoriali che sono in pace e comunione con la Sede Apostolica.

Il Papa Leone XIII. Venerabili Fratelli, salute e Apostolica Benedizione.

Quantunque abbiamo già ordinato più volte che si facessero in tutto il mondo particolari preghiere e si raccomandassero a Dio nel modo più ampio gl’interessi della cattolicità, tuttavia nessuno si stupirà se riteniamo opportuno anche oggi ribadire nuovamente questo stesso dovere. Nei tempi funesti, soprattutto quando il potere delle tenebre sembra possa osare tutto a danno della cattolicità, la Chiesa è sempre stata solita supplicare Dio, suo autore e garante, con maggiore fervore e perseveranza, invocando pure l’intercessione dei Santi e particolarmente dell’augusta Vergine, madre di Dio, nel patrocinio dei quali vede il massimo della propria sicurezza. Presto o tardi il frutto delle preghiere e della speranza nella bontà divina si evidenzia.

Ora vi è ben noto, Venerabili Fratelli, che il tempo presente non è meno calamitoso di quelli più tristi già subiti dalla cristianità. Vediamo infatti perire in moltissimi la fede, che è il principio di tutte le virtù cristiane; vediamo raffreddarsi la carità, e la gioventù degradarsi nei costumi e nelle idee; dovunque si osteggia con violenza e con perfidia la Chiesa di Gesù Cristo; si combatte atrocemente il Pontificato; e con tracotanza ogni giorno più sfrontata si tenta di scalzare le stesse fondamenta della religione. Dove si sia precipitati e che cosa ancora si vada agitando negli animi è più noto di quanto sia necessario spiegarlo con le parole.

In questa difficile e miserabile situazione, poiché i mali sono più forti dei rimedi umani, non resta che chiedere la guarigione alla potenza divina. Pertanto ritenemmo opportuno spronare la pietà del popolo cristiano perché implori con nuovo fervore e nuova costanza l’aiuto di Dio onnipotente. Quindi, avvicinandosi il mese di ottobre, che in passato abbiamo già decretato sacro alla Vergine Maria del Rosario, vi esortiamo calorosamente a che quest’anno tutto il mese suddetto venga celebrato con la maggior devozione, pietà e partecipazione possibili. Sappiamo bene che nella materna bontà della Vergine è pronto il rifugio, e siamo certi che le Nostre speranze non sono invano riposte in Lei. Se tante volte Ella ci fu propizia nei fortunosi tempi del cristianesimo, perché temere che non voglia ripetere gli esempi del suo potere e della sua grazia, ove sia umilmente costantemente invocata con preghiere comuni? Anzi, tanto più speriamo che in mirabile modo ci assista, quanto più a lungo volle essere pregata.

Se non che un’altra cosa Ci siamo pure proposta, e per essa voi, Venerabili Fratelli, Ci presterete, come al solito, la vostra diligente cooperazione: per meglio rendere Iddio favorevole alle nostre preci e perché Egli, supplicato da più intercessori, porga più rapido e largo soccorso alla sua Chiesa, riteniamo che sia sommamente conveniente che il popolo cristiano si abitui a pregare con singolare devozione e animo fiducioso, insieme alla Vergine Madre di Dio, il suo castissimo sposo San Giuseppe: il che abbiamo particolari motivi di credere che debba tornare accetto e caro alla stessa Vergine.

Quanto a questo argomento che per la prima volta trattiamo pubblicamente, ben sappiamo che la pietà popolare, poco favorevole, venne successivamente aumentando da quando i romani Pontefici, fin dai primi secoli, si impegnarono gradualmente a diffondere maggiormente e per ogni dove il culto di Giuseppe: abbiamo visto che esso è venuto aumentando ovunque in questi ultimi tempi, soprattutto da quando Pio IX, Nostro antecessore di felice memoria, su richiesta di moltissimi Vescovi, ebbe dichiarato il santissimo Patriarca patrono della Chiesa cattolica.

Nondimeno, poiché è di tanto rilievo che il suo culto metta profonde radici nelle istituzioni e nelle abitudini cattoliche, vogliamo che il popolo cristiano anzitutto riceva nuovo impulso dalla Nostra voce e dalla Nostra autorità.

Le ragioni per cui il beato Giuseppe deve essere patrono speciale della Chiesa, e la Chiesa ripromettersi moltissimo dalla tutela e dal patrocinio di lui, nascono principalmente dal fatto che egli fu sposo di Maria e padre putativo di Gesù Cristo. Da qui derivarono tutta la sua grandezza, la grazia, la santità e la gloria. Certamente la dignità di Madre di Dio è tanto in alto che nulla vi può essere di più sublime. Ma poiché tra Giuseppe e la beatissima Vergine esistette un nodo coniugale, non c’è dubbio che a quell’altissima dignità, per cui la Madre di Dio sovrasta di gran lunga tutte le creature, egli si avvicinò quanto nessun altro mai. Infatti il matrimonio costituisce la società, il vincolo superiore ad ogni altro: per sua natura prevede la comunione dei beni dell’uno con l’altro. Pertanto se Dio ha dato alla Vergine in sposo Giuseppe, glielo ha dato pure a compagno della vita, testimone della verginità, tutore dell’onestà, ma anche perché partecipasse, mercé il patto coniugale, all’eccelsa grandezza di lei.

Così pure egli emerge tra tutti in augustissima dignità, perché per divina disposizione fu custode e, nell’opinione degli uomini, padre del Figlio di Dio. Donde consegue che il Verbo di Dio modestamente si assoggettasse a Giuseppe, gli obbedisse e gli prestasse quell’onore e quella riverenza che i figli debbono al padre loro.

Ora, da questa doppia dignità scaturivano naturalmente quei doveri che la natura prescrive ai padri di famiglia; per cui Giuseppe fu ad un tempo legittimo e naturale custode, capo e difensore della divina famiglia. E questi compiti e uffici egli infatti esercitò finché ebbe vita. S’impegnò a tutelare con sommo amore e quotidiana vigilanza la sua consorte e la divina prole; procacciò loro di continuo con le sue fatiche il necessario alla vita; allontanò da loro i pericoli minacciati dall’odio di un re, portandoli al sicuro altrove; nei disagi dei viaggi e nelle difficoltà dell’esilio fu compagno inseparabile, aiuto e conforto alla Vergine e a Gesù.

Ora la casa divina, che Giuseppe con quasi patria potestà governava, era la culla della nascente Chiesa.

La Vergine santissima, in quanto madre di Gesù Cristo, è anche madre di tutti i cristiani, da lei generati, in mezzo alle atrocissime pene del Redentore sul Calvario; così pure Gesù Cristo è come il primogenito dei cristiani, che gli sono fratelli per adozione e redenzione.

Ne consegue che il beatissimo Patriarca si consideri protettore, in modo speciale, della moltitudine dei cristiani di cui è formata la Chiesa, cioè di questa innumerevole famiglia sparsa in tutto il mondo sulla quale egli, come sposo di Maria e padre di Gesù Cristo, ha un’autorità pressoché paterna. È dunque cosa giusta e sommamente degna del beato Giuseppe che, come egli un tempo soleva tutelare santamente in ogni evento la famiglia di Nazaret, così ora col suo celeste patrocinio protegga e difenda la Chiesa di Cristo.

Queste cose, Venerabili Fratelli, come sapete, trovano riscontro in ciò che pensarono parecchi Padri della Chiesa, d’accordo con la sacra liturgia, e cioè che l’antico Giuseppe, figlio del patriarca Giacobbe, anticipasse la persona e il ministero del nostro, e col suo splendore simboleggiasse la grandezza del futuro custode della divina famiglia. Per la verità, oltre all’avere entrambi lo stesso nome, non privo di significato, corrono tra loro ben altre chiarissime rassomiglianze a voi ben note: prima di tutte quella che l’antico Giuseppe si guadagnò in modo singolare la benevolenza e la grazia del suo signore, e che, avendo da lui avuto il governo della casa, tutte le prosperità e le benedizioni piovevano, per riguardo a Giuseppe, sul suo padrone. Ma v’è di più: egli, per volontà del monarca, governò con poteri sovrani tutto il regno, e nel tempo di pubblica calamità, per mancati raccolti e per la carestia, sovvenne con così stupenda provvidenza agli Egizi e ai popoli confinanti, che il re decretò si chiamasse salvatore del mondo.

Così in quell’antico Patriarca è possibile ravvisare la figura del nostro. Come quegli fu benefico e salutare per la casa del suo padrone e poi per tutto il regno, così questi, destinato alla custodia della cristianità, si deve reputare difensore e tutore della Chiesa, la quale è veramente la casa del Signore e il regno di Dio in terra.

Tutti i cristiani, di qualsivoglia condizione e stato, hanno ben motivo di affidarsi e abbandonarsi all’amorosa tutela di San Giuseppe. In Giuseppe i padri di famiglia hanno il più sublime modello di paterna vigilanza e provvidenza; i coniugi un perfetto esemplare d’amore, di concordia e di fede coniugale; i vergini un esempio e una guida dell’integrità verginale. I nobili, posta dinanzi a sé l’immagine di Giuseppe, imparino a serbare anche nell’avversa fortuna la loro dignità; i ricchi comprendano quali siano i beni che è opportuno desiderare con ardente bramosia e dei quali fare tesoro.

I proletari poi, gli operai e quanti sono meno fortunati, debbono, per un titolo o per diritto loro proprio, ricorrere a San Giuseppe, e da lui apprendere ciò che devono imitare. Infatti egli, sebbene di stirpe regia, unito in matrimonio con la più santa ed eccelsa tra le donne, e padre putativo del Figlio di Dio, nondimeno passa la sua vita nel lavoro, e con l’opera e l’arte sua procura il necessario al sostentamento dei suoi.

Se si riflette in modo avveduto, la condizione abietta non è di chi è più in basso: qualsiasi lavoro dell’operaio non solo non è disonorevole, ma associato alla virtù può molto, e nobilitarsi. Giuseppe, contento del poco e del suo, sopportò con animo forte ed elevato le strettezze inseparabili da quel fragilissimo vivere, dando esempio al suo figliuolo, il quale, pur essendo signore di tutte le cose, vestì le sembianze di servo, e volontariamente abbracciò una somma povertà e l’indigenza.

Di fronte a queste considerazioni, i poveri e quanti si guadagnano la vita col lavoro delle mani debbono sollevare l’animo, e rettamente pensare. A coloro ai quali, se è vero che la giustizia consente di potere affrancarsi dalla indigenza e levarsi a migliore condizione, tuttavia né la ragione né la giustizia permettono di sconvolgere l’ordine stabilito dalla provvidenza di Dio. Anzi, il trascendere alla violenza e compiere aggressioni in genere e tumulti è un folle sistema che spesso aggrava i mali stessi che si vorrebbero alleggerire. Quindi i proletari, se hanno buon senso, non confidino nelle promesse di gente sediziosa, ma negli esempi e nel patrocinio del beato Giuseppe, e nella materna carità della Chiesa la quale si prende ogni giorno grande cura del loro stato.

Pertanto, Venerabili Fratelli, ripromettendoci moltissimo dalla vostra autorità e dal vostro zelo episcopale, né dubitando che le pie e buone persone intraprendano molte altre cose, e anche maggiori di quelle comandate da Noi, decretiamo che in tutto il mese di ottobre si aggiunga nella recita del Rosario, da Noi già prescritto altre volte, l’orazione a San Giuseppe, il cui testo riceverete insieme con quell’Enciclica, e così si faccia ogni anno in perpetuo.

A coloro, poi, che devotamente reciteranno la suddetta orazione, concediamo ogni volta l’indulgenza di sette anni e altrettante quarantene. È anche proficuo e sommamente apprezzabile il consacrare, come già avviene in vari luoghi, con giornalieri esercizi di pietà il mese di marzo in onore del Santo Patriarca. Dove poi ciò non si possa fare agevolmente, sarebbe almeno desiderabile che prima della sua festa, nel tempio principale di ciascun luogo, si celebrasse un triduo di preghiere.

Raccomandiamo inoltre a tutti i fedeli dei paesi nei quali il 19 marzo, giorno sacro a San Giuseppe, non è compreso nel novero delle feste di precetto, che non trascurino tuttavia per quanto è possibile, di santificarlo almeno privatamente, ad onore del celeste Patrono, quasi fosse giorno festivo.

Frattanto, auspice dei celesti doni e pegno della Nostra benevolenza verso di voi, Venerabili Fratelli, impartiamo di tutto cuore nel Signore l’Apostolica Benedizione a voi, al Clero e al vostro popolo.

Dato a Roma, presso San Pietro, il 15 agosto 1889, anno duodecimo del Nostro Pontificato.

LEONE PP. XIII

Orazione a San Giuseppe

A te, o beato Giuseppe, stretti dalla tribolazione ricorriamo, e fiduciosi invochiamo il tuo patrocinio dopo quello della tua Santissima Sposa.

Deh! per quel sacro vincolo di carità che ti strinse all’Immacolata Vergine Madre di Dio, e per l’amore paterno che portasti al fanciullo Gesù, guarda, te ne preghiamo, con occhio benigno la cara eredità che Gesù Cristo acquistò col suo sangue, e col tuo potere ed aiuto sovvieni ai nostri bisogni.

Proteggi, o provvido Custode della divina Famiglia, l’eletta prole di Gesù Cristo; allontana da noi, o Padre amantissimo, la peste di errori e di vizi che ammorba il mondo; assistici propizio dal cielo in questa lotta contro il potere delle tenebre, o nostro fortissimo protettore; e come un tempo salvasti dalla morte la minacciata vita del pargoletto Gesù, così ora difendi la santa Chiesa di Dio dalle ostili insidie e da ogni avversità: e stendi ognora sopra ciascuno di noi il tuo patrocinio, affinché sul tuo esempio, e mercé il tuo soccorso, possiamo vivere virtuosamente, piamente morire, e conseguire l’eterna beatitudine in cielo. Così sia.

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SOURCE : http://w2.vatican.va/content/leo-xiii/it/encyclicals/documents/hf_l-xiii_enc_15081889_quamquam-pluries.html

Giovanni Battista Salvi  (1609–1685), La Sainte Famille, circa 1640, 93 x 72, musée Condé


VISITA PASTORALE ALLA DIOCESI DI LIVORNO

SANTA MESSA PER I LIVORNESI

OMELIA DI GIOVANNI PAOLO II

Livorno, 19 marzo 1982 


Cari fratelli e sorelle!

1. Sono qui oggi, insieme con voi per venerare san Giuseppe nel giorno in cui lo venera la Chiesa intera. Essa lo venera come merita quell’ammirevole “uomo giusto”, sposo – dinanzi alla legge – di Maria, Vergine di Nazaret, Madre del Figlio di Dio.

Contemporaneamente la Chiesa venera Giuseppe di Nazaret come “artigiano”, come uomo del lavoro, forse falegname di professione. Egli è stato il solo e l’unico – tra tutti gli uomini del lavoro sulla terra – presso il cui banco di lavoro si presentava ogni giorno Gesù Cristo, Figlio di Dio e Figlio dell’uomo. Proprio lui, Giuseppe, gli ha fatto imparare il lavoro della sua professione, lo ha incamminato in essa, gli ha insegnato a superare le difficoltà e la resistenza dell’elemento “materiale” e a trarre dalla materia informe le opere dell’artigianato umano. È lui, Giuseppe di Nazaret, che ha legato una volta per sempre il Figlio di Dio al lavoro umano. Grazie a lui, lo stesso Cristo appartiene anche al mondo del lavoro e rende testimonianza della sua altissima dignità dinanzi agli occhi di Dio.

Livorno è un grande ambiente di lavoro. Desideriamo proprio qui rendere venerazione a san Giuseppe. Desideriamo esprimere in questo modo che il mondo affidato in compito all’uomo dal Creatore sempre e in ogni luogo della terra, e in mezzo ad ogni società e nazione, è “il mondo del lavoro”. “Mondo del lavoro” vuol dire contemporaneamente “mondo umano”. Proprio su questo “mondo” si è pronunciato il Concilio nella costituzione sulla Chiesa nel mondo contemporaneo, intitolata Gaudium et Spes, che indica il “mondo”, cioè il “mondo umano” (che in misura principale è “il mondo del lavoro”), come il luogo della Chiesa e come oggetto del suo compito pastorale.

La Chiesa è in questo mondo. È mandata a questo mondo, perché “Dio ha tanto amato il mondo da dare il suo Figlio unigenito” (Gv 3,16); e ciò è avvenuto, si è compiuto nel corso di 30 anni nella casa nazaretana di Giuseppe. Perciò veneriamo oggi in san Giuseppe quel mondo, al quale sono mandati Cristo e la Chiesa.

2. E questo “uomo giusto”, nello stesso tempo, rimane inserito con tutta la sua vita e la sua vocazione nel mistero della Chiesa. Conosciamo la sua vita “nascosta” e la sua vocazione “silenziosa”. La conosciamo sufficientemente dal Vangelo; ma non leggiamo nel Vangelo nessuna parola pronunciata da san Giuseppe di Nazaret. Invece siamo testimoni degli avvenimenti che dicono quanto profondamente Dio stesso consolidò la vocazione di san Giuseppe nel mistero della Chiesa. Ne rendono testimonianza in particolare le letture della Liturgia odierna.

Il mistero della Chiesa, cioè la realtà della Chiesa è nata già in qualche modo dalla promessa che Dio fece ad Abramo, e contemporaneamente da quella fede, con la quale Abramo rispose alla chiamata di Dio. Giustamente, nel giorno di san Giuseppe, leggiamo la seguente frase dalla lettera ai Romani: “Non infatti in virtù della legge fu data ad Abramo e alla sua discendenza la promessa di diventare erede del mondo, ma in virtù della giustizia che viene dalla fede... Eredi quindi si diventa per la fede, perché ciò sia per grazia e così la promessa sia sicura per tutta la discendenza, non soltanto per quella che deriva dalla legge, ma anche per quella che deriva dalla fede di Abramo” (Rm 4,13-16).

E, più avanti, dello stesso Abramo scrive l’Apostolo: egli “è padre di tutti noi. Infatti sta scritto: ti ho costituito padre di molti popoli; è nostro padre davanti al Dio nel quale credette, che dà vita ai morti e chiama all’esistenza le cose che ancora non esistono” (Rm 4,16-17).

Di pari passo con la fede va la speranza. Abramo è “padre” della nostra fede e della nostra speranza: “Egli ebbe fede sperando contro ogni speranza e così divenne padre di molti popoli” (Rm 4,18).

E san Paolo continua: “Ecco perché gli fu accreditato come giustizia” (Rm 4,22).

3. Giustamente rileggiamo queste parole nella Liturgia della festa odierna. Le rileggiamo con il pensiero a san Giuseppe di Nazaret, il quale fu “uomo giusto”, a cui fu accreditato “come giustizia” il fatto che credette nel Dio, “che dà vita ai morti e chiama all’esistenza le cose che ancora non esistono”. Queste parole, scritte da Paolo nei riguardi di Abramo, le rileggiamo oggi con il pensiero a Giuseppe di Nazaret, che “ebbe fede, sperando contro ogni speranza”. Ciò avvenne nel momento decisivo per la storia della salvezza, quando Dio, Padre eterno, compiendo la promessa fatta ad Abramo, “ha mandato il suo Figlio al mondo”. Proprio allora si è manifestata la fede di Giuseppe di Nazaret, e si è manifestata a misura della fede di Abramo. Si è manifestata maggiormente quando il Verbo del Dio Vivente si fece carne in Maria, sposa di Giuseppe, la quale all’annuncio dell’Angelo “si trovò incinta per opera dello Spirito Santo”. E questo avvenne – come scrive l’evangelista Matteo – dopo le nozze di Maria con Giuseppe, ma “prima che andassero a vivere insieme”.

Così, dunque, la fede di san Giuseppe si doveva manifestare dinanzi al mistero dell’Incarnazione del Figlio di Dio.

Proprio allora Giuseppe di Nazaret passò la grande prova della sua fede, così come l’aveva passata Abramo.

È allora che Giuseppe, “uomo giusto”, credette a Dio come a colui che “chiama all’esistenza le cose che ancora non esistono”.

Infatti, Dio stesso, con la potenza dello Spirito Santo, ha chiamato all’esistenza nel seno della Vergine di Nazaret, Maria, promessa sposa di Giuseppe, l’umanità che fu propria dell’unigenito Figlio di Dio, il Verbo Eterno del Padre.

Egli, Dio, è colui che chiama all’esistenza le cose che ancora non esistono.

E Giuseppe di Nazaret credette a Dio. Credette così come una volta già aveva fatto Abramo.

Credette quando Dio gli parlò con la parola dell’Angelo del Signore. Queste parole suonano così: “Giuseppe, figlio di Davide, non temere di prendere con te Maria, tua sposa, perché quel che è generato in lei viene dallo Spirito Santo. Essa partorirà un figlio e tu lo chiamerai Gesù: egli infatti salverà il suo popolo dai suoi peccati” (Mt 1,20-22).

Giuseppe, che prima “non volendo ripudiarla, decise di licenziarla in segreto” (Mt 1,19), ora “fece come gli aveva ordinato l’Angelo del Signore” (Mt 1,24).

Prese con sé Maria – e Quel che era stato generato in lei.

Si dimostrò così un vero discendente di Abramo secondo la fede. Un discendente privilegiato.

Infatti gli fu dato di diventare il testimone più diretto, e quasi il testimone oculare del compimento della promessa, data una volta ad Abramo e accolta mediante la fede.

Questi “ebbe fede sperando contro ogni speranza” – e Giuseppe credette in egual modo. Egli è stato chiamato con la voce di Dio, perché la speranza della salvezza potesse compiersi nel mondo.

4. La Chiesa vive dalla eredità della fede di Abramo.

La Chiesa è sorta ed esiste perché la promessa data una volta ad Abramo potesse compiersi nel mondo. La Chiesa lega il suo inizio – il compimento della speranza nel mondo – anche con la fede di Giuseppe di Nazaret.

Ciò che spira da tutta la sua figura è la fede, la vera eredità della fede di Abramo. La sua fede è la più vicina somiglianza e analogia con la fede di Maria di Nazaret. Ambedue – Maria e Giuseppe – sono uniti con questo mirabile vincolo. Dinanzi agli uomini, il loro vincolo è quello matrimoniale.

Dinanzi a Dio ed alla Chiesa, sono le nozze nello Spirito Santo.

Mediante queste nozze nella fede sono diventati ambedue, Maria e accanto a lei Giuseppe, i testimoni e dispensatori del mistero, mediante il quale il mondo creato e soprattutto i cuori umani diventano di nuovo dimora del Dio Vivente.

Giuseppe di Nazaret è “uomo giusto”, perché totalmente “vive dalla fede”. È santo, perché la sua fede è veramente eroica.

La Sacra Scrittura parla poco di lui – poco più di quello che leggiamo nella Liturgia di oggi. Non registra neanche una parola che abbia pronunciato Giuseppe, falegname di Nazaret. E tuttavia, anche senza parole, egli dimostra la profondità della sua fede, la sua grandezza.

San Giuseppe è grande con lo spirito. È grande nella fede, non perché pronuncia parole proprie, ma soprattutto perché ascolta le parole del Dio vivente.

Ascolta in silenzio. E il suo cuore persevera incessantemente nella prontezza ad accettare la Verità racchiusa nella parola del Dio vivente. Per accoglierla e compierla con amore.

Perciò, Giuseppe di Nazaret diventa veramente un mirabile testimone del Mistero Divino. Diventa un dispensatore del Tabernacolo, che Dio ha scelto per sé sulla terra per compiere l’opera della salvezza.

5. Guardando oggi con venerazione e con amore la figura di san Giuseppe, dobbiamo in questo sguardo rinnovare la nostra propria fede. Vediamo come la Parola del Dio vivente cade profondamente nell’anima di quell’Uomo – di quell’Uomo giusto.

E noi, sappiamo ascoltare la Parola di Dio? Sappiamo assorbirla con la profondità del nostro “io” umano? Apriamo dinanzi a questo verbo la nostra coscienza?

Oppure – al contrario – ci fermiamo soltanto alla superficie della Parola di Dio? Non le dischiudiamo un più profondo accesso all’anima? Non accogliamo questa Parola nel silenzio della prontezza interiore, così come Giuseppe di Nazaret? Non creiamo le condizioni perché essa possa agire dentro di noi e portare frutti?

Ascoltiamo la Parola di Dio? Come l’ascoltiamo? Leggiamo la Sacra Scrittura? Partecipiamo alla catechesi?

Abbiamo tanto bisogno della fede!

È tanto necessaria la fede all’uomo dei nostri tempi, della difficile epoca odierna!

È tanto necessaria una grande fede!

Proprio oggi una grande fede è necessaria agli uomini, alle famiglie, alle comunità, alla Chiesa.

Ed è proprio per prepararci allo sguardo maturo della fede sui problemi della Chiesa e del mondo contemporaneo che la Provvidenza Divina ci ha dato il Concilio Vaticano II, il suo insegnamento e il suo orientamento.

È necessario che ora, nelle singole comunità che pure sono le Chiese – almeno nelle “Chiese domestiche” –, il lavoro perseveri sull’assimilazione di questo insegnamento.

Bisogna leggere, bisogna ascoltare, e accettare nel silenzio della prontezza interiore quella Parola, che lo Spirito Santo “dice alla Chiesa” dei nostri tempi.

So che in questo senso lavora il Sinodo diocesano della Chiesa in Livorno.

Raccomando oggi a san Giuseppe i frutti di tale lavoro.

6. “Giuseppe, figlio di Davide, non temere di prendere con te Maria... perché quel che è generato in lei viene dallo Spirito Santo (Mt 1,20).

Popolo di Dio! Chiesa livornese!

Non temere di prendere, insieme con Giuseppe di Nazaret, Maria. Non temere di prendere Gesù Cristo, il suo Figlio, in tutta la tua vita.

Non temere di prenderlo in una fede simile alla fede di Giuseppe.

Non temere di prenderlo sotto i tetti delle tue case – così come Giuseppe ha accolto Gesù sotto il tetto della casa nazaretana. Non temere di prendere Cristo nel tuo lavoro quotidiano.

Non temere di prenderlo nel tuo “mondo”.

Allora questo “mondo” sarà veramente “umano”. Diventerà sempre più umano.

Infatti, soltanto il Dio-Uomo può fare il nostro “mondo umano” pienamente “umano”.

© Copyright 1982 - Libreria Editrice Vaticana

SOURCE : https://www.vatican.va/content/john-paul-ii/it/homilies/1982/documents/hf_jp-ii_hom_19820319_livorno.html

Giuseppe Torretti. La Vergine col Bambino e San Giuseppe tra le nuvole, Chiesa di Santa Maria degli Scalzi Venezia. Cappella Manin

Giuseppe Torretti. La Vierge et l'Enfant avec saint Joseph Église Santa Maria degli Scalzi,Venise. Chapelle Mani

Giuseppe Torretti. The Virgin and Child with St. Joseph in the clouds Church Santa Maria degli Scalzi Venice. Chapel Manin

19 MARZO FESTA DI S. GIUSEPPE, PATRONO DELLA CHIESA UNIVERSALE

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Celebrare la festa di san Giuseppe del 19 marzo (i primi furono i monaci benedettini nel 1030, seguiti dai Servi di Maria nel 1324 e dai Francescani nel 1399; venne infine promossa dagli interventi dei papi Sisto IV e Pio V e resa obbligatoria nel 1621 da Gregorio XV) significa rendere onore liturgico al Patrono universale della Chiesa e all’avvocato di ogni famiglia. Oggi più che mai occorre pregare ed implorare la sua intercessione per l’una e per l’altra realtà. Alla Vergine Maria si tributa il culto di iperdulia (al di sopra di tutti i Santi), mentre a san Giuseppe il culto di proto dulia (primo fra tutti i Santi).

Santa Teresa d’Avila affidò sempre a lui la risoluzione dei suoi problemi e dei suoi affanni e mai San Giuseppe la deluse. Lasciò scritto la mistica spagnola: «Ad altri Santi sembra che Dio abbia concesso di soccorrerci in questa o in quell’altra necessità, mentre ho sperimentato che il glorioso san Giuseppe estende il suo patrocinio su tutte. Con ciò il Signore vuol farci intendere che a quel modo che era a lui soggetto in terra, dove egli come padre putativo gli poteva comandare, così anche in cielo fa tutto quello che gli chiede». Perciò, «qualunque grazia si domanda a S. Giuseppe verrà certamente concessa, chi vuol credere faccia la prova affinché si persuada», infatti, «ho visto chiaramente che il suo aiuto fu sempre più grande di quello che avrei potuto sperare» (Vita, VI, 5-8).

Come implorarlo per le necessità? La Chiesa invita a pregarlo, in particolare, praticando la devozione del Sacro Manto di San Giuseppe (risalente al 22 agosto 1882, data in cui l’Arcivescovo di Lanciano, Monsignor Francesco Maria Petrarca, la approvò: orazioni da recitarsi per 30 giorni consecutivi in ricordo dei 30 anni del casto sposo di Maria Santissima a fianco e a tutela di Gesù). Un Manto che molto potrebbe ottenere nell’anno del centenario di Nostra Signora di Fatima, perché, proprio a Fatima, anche san Giuseppe apparve. Era il 13 ottobre 1917, ultima delle apparizioni mariane alla Cova d’Iria.

Pioveva a dirotto. Racconterà suor Lucia: «Arrivati (…) presso il leccio, spinta da un istinto interiore, domandai alla gente che chiudesse gli ombrelli, per recitare la Corona. Poco dopo, vedemmo il riflesso di luce e subito dopo la Madonna sopra il leccio» (Quarta Memoria di Lucia dos Santos, in A.M. Martins S.j., Documentos. Fátima, L.E. Rua Nossa Senhora de Fátima, Porto 1976, p. 349). «Cosa vuole da me?». «Voglio dirti che facciano qui una cappella in Mio onore; che sono la Madonna del Rosario; che continuino sempre a dire la Corona tutti i giorni» (Ivi, pp. 349; 351).

A questo punto Lucia chiese se poteva guarire malati e convertire peccatori, la Madonna disse che non tutti avrebbero ricevuto la grazia: «Devono emendarsi; chiedano perdono dei loro peccati» e, con un aspetto più triste, non «offendano più Dio Nostro Signore, che è già tanto offeso» (Ivi, p. 351). In seguito la Madonna aprì le mani, che emanavano luce, e le fece riflettere e proiettare nel sole. Lucia allora gridò a tutti di guardare l’astro in cielo. Mentre la Madonna si elevava congedandosi, il riflesso della sua luce continuò a proiettarsi nel sole. E accanto al sole apparvero ai veggenti: san Giuseppe, il Bambino Gesù, la Madonna, vestita di bianco, con il manto azzurro. San Giuseppe e il Bambino benedicevano il mondo: la Sacra Famiglia si presentò nel suo splendore celeste per assicurare la protezione in terra. Poi Maria Vergine divenne Addolorata, con aspetto simile alla Madonna del Carmine.

In seguito iniziò il miracolo danzante del sole. Padre premuroso e sollecito, san Giuseppe, a differenza di una certa letteratura modernista che lo tratteggia soltanto come uomo di tenerezza, fu assai forte e coraggioso (si pensi all’aver preso in sposa, contro il suo pubblico onore, la Vergine Maria in attesa di Gesù, oppure alla fuga in Egitto) e fu uomo mistico, visto che in più occasioni gli fu dato il privilegio di conoscere la volontà di Dio attraverso gli angeli. San Giuseppe, che ebbe così alta dignità e così alta responsabilità di capo della Sacra Famiglia, proteggendo la sua sposa e il Figlio di Dio, se invocato dai credenti e, principalmente, dai puri di cuore e, dunque, in grazia di Dio, non abbandonerà la Sposa di Cristo ai peccati e agli errori dei nostri tempi, sia clericali che civili. Ricorrere a lui significa affidarsi al giusto difensore celeste.

Il beato Pio IX, l’8 dicembre del 1870, quando proclamò san Giuseppe patrono della Chiesa universale, disse: «In modo simile a come Dio mise a capo di tutta la terra d’Egitto quel Giuseppe, figlio del patriarca Giacobbe, affinché immagazzinasse frumento per il popolo, così, all’arrivo della pienezza dei tempi, quando stava per mandare sulla terra suo Figlio unigenito Salvatore del mondo, scelse un altro Giuseppe, del quale il primo era stato tipo e figura, che rese padrone e capo della sua casa e del suo possesso e lo scelse come custode dei suoi principali tesori».

Allo stesso modo Leone XIII, nell’enciclica Quamquampluries del 15 agosto 1889, afferma: «è affermata l’opinione, in non pochi Padri della Chiesa, concordando su questo la sacra liturgia, che quell’antico Giuseppe, nato dal patriarca Giacobbe, aveva abbozzato la persona e i destini di questo nostro Giuseppe e aveva mostrato col suo splendore, la grandezza del futuro custode della sacra famiglia». La stessa interpretazione venne espressa da Pio XII quando istituì la festa di san Giuseppe artigiano nel 1955. Possa il paterno discendente del Re Davide infondere nei responsabili terreni della Chiesa e nei genitori un poco del suo virile coraggio proveniente dalla sua indefettibile Fede.

Fonte: Cristina Siccardi in Corrispondenza Romana

SOURCE : https://cittacristiana.com/2019/03/19/19-marzo-festa-di-s-giuseppe-patrono-della-chiesa-universale/


Saint Josémaria ESCRIVA. « Dans l'atelier de Joseph  », Quand le Christ passe :

http://fr.escrivaworks.org/book/quand_le_christ_passe-chapitre-5.htm

Joseph-Marie Verlinde (Auteur). Joseph de Nazareth, Artège, 2024 : https://www.editionsartege.fr/product/125100/joseph-de-nazareth/

Voir aussi http://har22201.blogspot.com/2012/03/saint-joseph.html

http://www.maria-valtorta.org/Personnages/JosephJacob.htm

Saint Joseph : notre père dans la foi - Knights of Columbus : https://www.kofc.org/fr/resources/cis/cis328.pdf