Message du pape François
aux catholiques chinois et à l'Église universelle
26 septembre 2018
« Éternel est son amour,
sa fidélité demeure d'âge
en âge »
Ps 100 (99), 5
Chers frères dans
l’épiscopat, prêtres, personnes consacrées et tous les fidèles de l’Eglise
catholique en Chine, remercions le Seigneur parce qu’éternelle est sa
miséricorde, et reconnaissons qu’« il nous a faits, et nous sommes à lui, nous,
son peuple, son troupeau ! » (Ps 100 [99] 3).
En ce moment retentissent
en mon âme les paroles par lesquelles mon vénéré Prédécesseur dans
sa lettre
du 27 mai 2007 vous exhortait : « Église catholique en Chine, petit
troupeau présent et agissant dans le vaste territoire d'un peuple immense qui
marche dans l'histoire, comme elles résonnent pour toi, encourageantes et
provocantes, les paroles de Jésus: “Sois sans crainte, petit troupeau, car
votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume” (Lc 12, 32)![…] : c'est
pourquoi, “que votre lumière brille devant les hommes: alors en voyant ce que
vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux” »
(Mt 5, 16) (Benoît XVI, Lettre
aux Catholiques chinois, 27 mai 2007, n. 5).
1. Ces derniers temps,
ont circulé de nombreuses voix discordantes sur le présent et, surtout, sur
l’avenir des communautés catholiques en Chine. Je suis conscient qu’un tel
tourbillon d’opinions et de considérations puisse avoir créé beaucoup de
confusion, suscitant dans beaucoup de cœurs des sentiments opposés. Pour
certains, se lèvent doutes et perplexité ; d’autres ont la sensation d’avoir
été comme abandonnés par le Saint-Siège et en même temps, ils se posent la
question poignante sur la valeur des souffrances affrontées pour vivre dans la
fidélité au Successeur de Pierre. Chez beaucoup d’autres, au contraire,
prévalent des attentes positives et des réflexions animées par l’espérance d’un
avenir plus serein pour un témoignage fécond de la foi en terre chinoise.
Cette situation a été
accentuée surtout en référence à l’Accord Provisoire entre le Saint-Siège et la
République Populaire de Chine qui, comme vous le savez, a été signé les jours
derniers à Pékin. Dans une circonstance très significative pour la vie de
l’Eglise, par ce bref Message, je désire, avant tout, vous assurer que vous
êtes quotidiennement présents dans ma prière et partager avec vous les
sentiments qui habitent mon cœur.
Ce sont des sentiments de
remerciement au Seigneur et de sincère admiration – qui est l’admiration de
l’Eglise catholique tout entière – pour le don de votre fidélité, de la
constance dans l’épreuve, de la confiance enracinée dans la Providence de Dieu,
même quand certains événements se sont montrés particulièrement défavorables et
difficiles.
Ces expériences
douloureuses appartiennent au trésor spirituel de l’Eglise en Chine et de tout
le Peuple de Dieu en pèlerinage sur la terre. Je vous assure que le Seigneur,
justement à travers le creuset des épreuves, ne manque jamais de nous remplir
de ses consolations et de nous préparer à une joie plus grande. Avec le Psaume
126 [125] nous sommes plus que certains que « celui qui sème dans les larmes
moissonne dans la joie » ! (v. 5).
Continuons, donc, à fixer
le regard sur l’exemple de nombreux fidèles et Pasteurs qui n’ont pas hésité à
offrir leur « beau témoignage » (cf. 1Tm 6, 13) à
l’Evangile, jusqu’au don de leur propre vie. Ils sont à considérer comme vrais
amis de Dieu !
2. Pour ma part, j’ai
toujours regardé la Chine comme une terre riche de grandes opportunités et le
Peuple chinois comme artisan et gardien d’un inestimable patrimoine de culture
et de sagesse, qui s’est raffiné en résistant aux adversités et en intégrant
les diversités, et qui, non par hasard, depuis les temps anciens est entré en
contact avec le message chrétien. Comme le disait avec une grande sagacité le
P. Matteo Ricci, S.J., nous défiant de la vertu de la confiance, « avant de
contracter amitié, il faut observer; après l’avoir contractée, il faut faire
confiance » (De Amicitia, 7).
C’est aussi ma conviction
que la rencontre ne peut être authentique et féconde seulement si elle arrive à
travers la pratique du dialogue, qui signifie se connaître, se respecter et «
marcher ensemble » pour construire un avenir commun de plus haute harmonie.
Dans ce sillon se place
l’Accord Provisoire, qui est le fruit du long et complexe dialogue
institutionnel du Saint-Siège avec les Autorités gouvernementales chinoises,
inauguré déjà par saint
Jean-Paul II et poursuivi par le Pape
Benoît XVI. A travers ce parcours, le Saint-Siège n’avait pas – et n’a pas
– à l’esprit autre chose que de réaliser les finalités spirituelles et
pastorales propres de l’Eglise, et c’est-à-dire soutenir et promouvoir
l’annonce de l’Evangile, et atteindre et conserver la pleine et visible unité
de la communauté catholique en Chine.
Sur la valeur de cet
Accord et sur ses finalités je voudrais vous proposer quelques réflexions, vous
offrant aussi quelques points de spiritualité pastorale pour le chemin que, en
cette nouvelle phase, nous sommes appelés à parcourir.
Il s’agit d’un chemin
qui, comme la section précédente « demande du temps et présuppose la bonne
volonté des Parties » (Benoît XVI, Lettre
aux Catholiques chinois, 27 mai 2007, n. 4), mais pour l’Eglise, à
l’intérieur et à l’extérieur de la Chine, il ne s’agit pas seulement d’adhérer
à des valeurs humaines, mais de répondre à une vocation spirituelle : sortir de
soi-même pour embrasser « les joies et les espoirs, les tristesses et les
angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui
souffrent » (Concile Œcuménique Vatican II, Constitution
apostolique ‘Gaudium et Spes’, n. 1) et les défis du présent que Dieu lui
confie. Il y a, par conséquent, un appel ecclésial à se faire pèlerins sur les
sentiers de l’histoire, faisant confiance avant tout à Dieu et à ses promesses,
comme le firent Abraham et nos Pères dans la foi.
Abraham, appelé par Dieu,
obéit en partant pour une terre inconnue qu’il devait recevoir en héritage,
sans connaître le chemin qui s’ouvrait devant lui. Si Abraham avait exigé des
conditions, sociales et politiques, idéales avant de sortir de sa terre,
peut-être qu’il ne serait jamais parti. Lui, au contraire, a fait confiance à
Dieu, et sur sa Parole il a laissé sa maison et ses propres sécurités. Ce ne
furent donc pas les changements historiques qui lui permirent de faire
confiance à Dieu, mais ce fut sa foi pure qui provoqua un changement dans
l’histoire. La foi, en effet, est « la garantie des biens que l’on espère, la
preuve des réalités qu’on ne voit pas. C’est elle qui a valu aux anciens un bon
témoignage » (Lettre aux Hébreux : 11, 1-2).
3. Comme Successeur de Pierre,
je désire vous confirmer dans cette foi (cf.Lc 22, 32) – dans la foi
d’Abraham, dans la foi de la Vierge Marie, dans la foi que vous avez reçue –
vous invitant à mettre avec une conviction toujours plus grande votre confiance
dans le Seigneur de l’histoire et dans le discernement de sa volonté accomplie
par l’Eglise. Invoquons le don de l’Esprit, afin qu’il illumine les esprits et
réchauffe les cœurs et nous aide à comprendre où il veut nous conduire, à
dépasser les inévitables moments de désarroi et à avoir la force de poursuivre
avec décision sur la route qui s’ouvre devant nous.
Justement dans le but de
soutenir et de promouvoir l’annonce de l’Evangile en Chine et de reconstruire
la pleine et visible unité dans l’Eglise, il était fondamental d’affronter, en
premier lieu, la question des nominations épiscopales. Il est connu de tous
que, malheureusement, l’histoire récente de l’Eglise catholique en Chine a été
douloureusement marquée par de profondes tensions, blessures et divisions, qui
se sont polarisées surtout autour de la figure de l’Evêque comme gardien de
l’authenticité de la foi et garant de la communion ecclésiale.
Lorsque, dans le passé,
on a prétendu déterminer aussi la vie interne des communautés catholiques,
imposant le contrôle direct au-delà des compétences légitimes de l’Etat, dans
l’Eglise en Chine est apparu le phénomène de la clandestinité. Une telle
expérience – on doit le souligner – ne rentre pas dans la normalité de la vie
de l’Eglise et « l'histoire montre que Pasteurs et fidèles y ont recours
uniquement avec le désir tourmenté de maintenir intègre leur propre foi »
(Benoît XVI, Lettre
aux Catholiques chinois, 27 mai 2007, n. 8).
Je voudrais vous faire
savoir que, depuis que m’a été confié le ministère pétrinien, j’ai éprouvé de
grandes consolations en constatant le désir sincère des Catholiques chinois de
vivre leur foi en pleine communion avec l’Eglise universelle et avec le
Successeur de Pierre, qui est « le principe perpétuel et visible et le
fondement de l’unité qui lie entre eux soit les évêques, soit la multitude des
fidèles » (Concile œcuménique Vatican II, Constitution
Apostolique ‘Lumen Gentium’, n. 23). De ce désir me sont parvenus au
cours de ces années de nombreux signes et témoignages concrets, même de la part
de ceux, y compris des Evêques, qui ont blessé la communion dans l’Eglise, à
cause de faiblesse et d’erreurs, mais aussi, souvent, par de fortes et indues
pressions extérieures.
C’est pourquoi, après
avoir attentivement examiné chaque situation particulière personnelle et écouté
divers avis, j’ai beaucoup réfléchi et prié cherchant le vrai bien de l’Eglise
en Chine. Enfin, devant le Seigneur et avec sérénité de jugement, en continuité
avec l’orientation de mes Prédécesseurs immédiats, j’ai décidé d’accorder la
réconciliation aux sept Evêques « officiels » restant, ordonnés sans Mandat
Pontifical et, ayant supprimé toute sanction canonique relative à leurs cas, de
les réadmettre dans la pleine communion ecclésiale. En même temps, je leur
demande d’exprimer, par des gestes concrets et visibles, l’unité retrouvée avec
le Siège apostolique et avec les Eglises répandues dans le monde, et de s’y
maintenir fidèles malgré les difficultés.
4. En la sixième année de
mon Pontificat, que j’ai mis depuis ses premiers pas sous le signe de l’Amour
miséricordieux de Dieu, j’invite en conséquence tous les Catholiques chinois à
se faire artisans de réconciliation, se rappelant avec une passion apostolique
toujours renouvelée les paroles de Paul : « Dieu nous a réconciliés avec lui
par le Christ et nous a confié le ministère de la réconciliation » (Deuxième
Lettre aux Corinthiens : 5, 18).
En effet, comme j’ai eu
l’occasion de l’écrire à la fin du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde : «
Aucune loi ni précepte ne peut empêcher Dieu d’embrasser de nouveau le fils qui
revient vers lui reconnaissant s’être trompé mais décidé à recommencer au
début. Ne s’arrêter qu’à la loi, c’est rendre vaines la foi et la miséricorde
divine. […]. Même dans les cas les plus difficiles, où l’on est tenté de faire
prévaloir une justice qui vient seulement des normes, on doit croire en la
force qui jaillit de la grâce divine » (Lettre Apostolique Misericordia
et Misera, 20 novembre 2016, n. 11).
Dans cet esprit et avec
les décisions prises, nous pouvons commencer un parcours inédit, qui nous
l’espérons aidera à guérir les blessures du passé, à rétablir la pleine
communion de tous les Catholiques chinois et à ouvrir une phase de
collaboration plus fraternelle, pour assumer avec un engagement renouvelé la
mission de l’annonce de l’Evangile. En effet, l’Eglise existe pour témoigner de
Jésus Christ et de l’Amour pardonnant et salvifique du Père.
5. L’Accord Provisoire
paraphé avec les Autorités chinoises, tout en se limitant à quelques aspects de
la vie de l’Eglise et étant nécessairement perfectible, peut contribuer – pour
sa part – à écrire cette page nouvelle de l’Eglise catholique en Chine. Pour la
première fois, il introduit des éléments stables de collaboration entre les
Autorités de l’Etat et le Siège Apostolique, avec l’espérance d’assurer à la
Communauté catholique de bons Pasteurs.
Dans ce contexte, le
Saint-Siège entend faire jusqu’au bout la part qui est de sa compétence, mais
aussi à vous, Evêques, prêtres, personnes consacrées et fidèles laïcs, revient
un rôle important : chercher ensemble de bons candidats qui soient en mesure
d’assumer dans l’Eglise le délicat et important service épiscopal. Il ne s’agit
pas, en effet, de nommer des fonctionnaires pour la gestion des questions
religieuses, mais d’avoir d’authentiques Pasteurs selon le cœur de Jésus,
engagés à agir généreusement au service du Peuple de Dieu, spécialement des
plus pauvres et des plus faibles, mettant à profit les paroles du Seigneur : «
Celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, et celui qui
voudra être le premier parmi vous, sera l’esclave de tous » (Marc : 10,
43-44).
A ce sujet, il apparaît
évident qu’un Accord n’est rien d’autre qu’un instrument et ne pourra à lui
seul résoudre tous les problèmes existants. Au contraire, il s’avèrerait
inefficace et stérile, au cas où il ne serait pas accompagné d’un profond
engagement de renouveau des attitudes personnelles et des comportements
ecclésiaux.
6. Sur le plan pastoral,
la Communauté catholique en Chine est appelée à être unie, pour dépasser les
divisions du passé que tant de souffrances ont causées et causent au cœur de
nombreux Pasteurs et fidèles. Que tous les chrétiens, sans distinction, posent
maintenant des gestes de réconciliation et de communion. A ce sujet, mettons à
profit l’avertissement de saint Jean de la Croix : « Au crépuscule de la vie,
nous serons jugés sur l’Amour ! » (Paroles de lumière et d’amour : 1, 57).
Sur le plan civil et
politique, que les Catholiques chinois soient de bons citoyens, aiment
pleinement leur Patrie et servent leur pays avec engagement et honnêteté, selon
leurs propres capacités. Sur le plan éthique, qu’ils soient conscients que
beaucoup de concitoyens s’attendent de leur part à une mesure plus haute dans
le service du bien commun et du développement harmonieux de la société tout
entière. En particulier, que les Catholiques sachent offrir cette contribution
prophétique et constructive qu’ils tirent de leur foi dans le Règne de Dieu.
Cela peut leur demander aussi l’effort de dire une parole critique, non par
opposition stérile mais dans le but d’édifier une société plus juste, plus
humaine et plus respectueuse de la dignité de toute personne.
7. Je m’adresse à vous
tous, bien-aimés confrères Evêques, prêtres et personnes consacrées, qui «
servez le Seigneur dans la joie » ! (Psaume 100 [99], 2).
Reconnaissons-nous disciples du Christ dans le service du Peuple de Dieu.
Vivons la charité pastorale comme boussole de notre ministère. Dépassons les
oppositions du passé, la recherche de l’affirmation d’intérêts personnels, et
prenons soin des fidèles faisant nôtres leurs joies et leurs souffrances.
Engageons-nous humblement pour la réconciliation et l’unité. Reprenons avec
énergie et enthousiasme le chemin de l’évangélisation, comme indiqué par le
Concile œcuménique Vatican II.
A vous tous je répète
avec affection : « L’exemple de nombreux prêtres, religieuses, religieux et
laïcs qui se consacrent à évangéliser et à servir avec grande fidélité, bien
des fois en risquant leurs vies et sûrement au prix de leur confort, nous
galvanise. Leur témoignage nous rappelle que l’Église n’a pas tant besoin de
bureaucrates et de fonctionnaires, que de missionnaires passionnés, dévorés par
l’enthousiasme de transmettre la vraie vie. Les saints surprennent, dérangent,
parce que leurs vies nous invitent à sortir de la médiocrité tranquille et
anesthésiante » (Gaudete
et exsultate, 19 mars 2018, n. 138).
Avec conviction je vous
invite à demander la grâce de ne pas hésiter quand l’Esprit exige de nous que
nous fassions un pas en avant : « Demandons le courage apostolique d’annoncer
l’Évangile aux autres et de renoncer à faire de notre vie chrétienne un musée
de souvenirs. De toute manière, laissons l’Esprit Saint nous faire contempler
l’histoire sous l’angle de Jésus ressuscité. Ainsi, l’Église, au lieu de
stagner, pourra aller de l’avant en accueillant les surprises du Seigneur »
(Ibidem, n. 139).
8. En cette année, où
toute l’Eglise célèbre le Synode
des Jeunes, je désire m’adresser spécialement à vous, jeunes catholiques
chinois, qui franchissez les portes de la Maison du Seigneur « en rendant
grâce, en chantant louange » (Psaume 100 [99], 4). Je vous demande de
collaborer à la construction de l’avenir de votre pays avec les capacités
personnelles que vous avez reçues en don et avec la jeunesse de votre foi. Je
vous exhorte à porter à tous, avec votre enthousiasme, la joie de l’Evangile.
Soyez prêts à accueillir
la conduite sûre de l’Esprit Saint, qui indique au monde d’aujourd’hui le
chemin vers la réconciliation et la paix. Laissez-vous surprendre par la force
rénovatrice de la grâce, même quand il peut vous sembler que le Seigneur
demande un engagement supérieur à vos forces. N’ayez pas peur d’écouter sa voix
qui vous demande fraternité, rencontre, capacité de dialogue et de pardon, et
esprit de service, malgré tant d’expériences douloureuses du passé récent et
les blessures encore ouvertes.
Ouvrez grand le cœur et
l’esprit pour discerner le dessein miséricordieux de Dieu, qui demande de
dépasser les préjugés personnels et les oppositions entre les groupes et les
communautés, pour ouvrir un chemin courageux et fraternel à la lumière d’une
authentique culture de la rencontre.
Nombreuses sont,
aujourd’hui, les tentations : l’orgueil du succès mondain, la fermeture dans
ses propres certitudes, le primat donné aux choses matérielles comme si Dieu
n’existait pas. Allez à contre-courant et demeurez solides dans le Seigneur : «
Il est bon, le Seigneur », seul « éternel est son amour », seule « sa fidélité
» demeure « d’âge en âge » (Ibidem, 5).
9. Chers frères et sœurs
de l’Eglise universelle, tous nous sommes appelés à reconnaître parmi les
signes de notre temps tout ce qui se passe aujourd’hui dans la vie de l’Eglise
en Chine. Nous avons une tâche importante : accompagner avec une fervente
prière et une fraternelle amitié nos frères et nos sœurs en Chine. En effet,
ils doivent sentir que sur le chemin, qui en ce moment s’ouvre devant eux, ils
ne sont pas seuls. Il est nécessaire qu’ils soient accueillis et soutenus comme
partie vivante de l’Eglise : « Voyez ! Qu’il est bon, qu’il est doux d’habiter
en frères tous ensemble » ! (Psaume 133 [132], 1).
Que chaque communauté
catholique locale, dans le monde entier, s’engage à valoriser et à accueillir
le trésor spirituel et culturel propre des Catholiques chinois. Le temps est
venu de goûter ensemble les fruits authentiques de l’Évangile semé dans le sein
de l’antique « Empire du Milieu » et d’élever vers le Seigneur Jésus Christ le
cantique de la foi et de l’action de grâce, enrichi de notes authentiquement
chinoises.
10. Je m’adresse avec
respect à ceux qui conduisent la République Populaire de Chine et je renouvelle
l’invitation à poursuivre, avec confiance, courage et clairvoyance, le dialogue
entrepris depuis longtemps. Je désire assurer que le Saint-Siège continuera à
œuvrer sincèrement pour grandir dans l’authentique amitié avec le Peuple
chinois.
Les contacts actuels
entre le Saint-Siège et le Gouvernement chinois se sont montrés utiles pour
dépasser les oppositions du passé, même récent, et pour écrire une page de
collaboration plus sereine et concrète dans la conviction commune que «
l’incompréhension ne sert ni les Autorités chinoises, ni l'Église catholique en
Chine » (Benoît XVI, Lettre
aux Catholiques chinois, 27 mai 2007, n. 4).
De cette manière, la
Chine et le Siège Apostolique, appelés par l’histoire à une tâche ardue mais
fascinante, pourront agir plus positivement pour la croissance ordonnée et
harmonieuse de la Communauté catholique en terre chinoise, mettront tout en
œuvre pour promouvoir le développement intégral de la société, assurant un plus
grand respect de la personne humaine y compris dans le domaine religieux, ils
travailleront concrètement pour préserver l’environnement dans lequel nous
vivons et pour édifier un avenir de paix et de fraternité entre les peuples.
En Chine, il est
d’importance fondamentale que, même au niveau local, soient toujours plus
fructueuses les relations entre les Responsables des communautés ecclésiales et
les Autorités civiles, par un dialogue franc et une écoute sans préjugés qui
permette de dépasser des attitudes réciproques d’hostilité. Il y a à apprendre
un nouveau style de collaboration simple et quotidienne entre les Autorités
locales et les Autorités ecclésiastiques – Évêques, prêtres, Anciens des
communautés – de manière à garantir le déroulement ordonné des activités
pastorales, en harmonie entre les légitimes attentes des fidèles et les
décisions qui sont du ressort des Autorités.
Cela aidera à comprendre
que l’Eglise en Chine n’est pas étrangère à l’histoire chinoise, ni ne demande
aucun privilège : sa finalité dans le dialogue avec les Autorités civiles est
de « parvenir à une relation empreinte de respect réciproque et de connaissance
approfondie » (Idem).
11. Au nom de toute
l’Eglise j’implore du Seigneur le don de la paix, tandis que je vous invite
tous à invoquer avec moi la protection maternelle de la Vierge Marie :
Mère du Ciel, écoute la
voix de tes enfants, qui humblement invoquent ton nom.
Vierge de l’espérance,
nous te confions le chemin des croyants sur la noble terre de Chine. Nous te
prions de présenter au Seigneur de l’histoire les tribulations et les efforts,
les supplications et les attentes des fidèles qui te prient, ô Reine du Ciel !
Mère de l’Église, nous te
consacrons le présent et l’avenir des familles et de nos communautés.
Protège-les et soutiens-les dans la réconciliation entre frères et dans le
service des pauvres qui bénissent ton nom, ô Reine du Ciel !
Consolatrice des
affligés, nous nous adressons à toi pour que tu sois un refuge pour tous ceux
qui pleurent dans l’épreuve. Veille sur tes enfants qui louent ton nom, fais
qu’ils portent unis l’annonce de l’Évangile. Accompagne leurs pas pour un monde
plus fraternel, fais qu’ils portent à tous la joie du pardon, ô Reine du Ciel !
Marie, Aide des
Chrétiens, pour la Chine nous te demandons des jours de bénédiction et de
paix.
Amen.
Du Vatican, le 26
septembre 2018
SOURCE : http://seletlumieretv.org/blogfeed/getpost.php?id=22078