Jasna Gora - Czestochowa, Jean Paul II, le 4 juin
1979
Homélie de Jean
Paul
II (Czestochowa,
4 juin 1979)
1. « Vierge
qui défends la claire Czestochowa...
»
Elles me reviennent à l'esprit ces paroles du poète
Mickiewicz qui, au début de son œuvre « Pan Tadeusz », a exprimé dans une
invocation à la Vierge
ce qui vibrait et qui vibre dans le cœur
de tous les Polonais, en se servant du langage de la foi
et de celui de la tradition nationale. Tradition qui remonte à environ six
cents ans, c'est-à-dire au temps de la bienheureuse reine Hedwige au début de
la dynastie Jagellonique. L'image de Jasna Góra exprime une tradition, un langage
de foi
encore plus ancien que notre histoire, et reflète en même temps tout le contenu
de la « Bogurodzica » que nous avons médité hier à Gniezno, en évoquant la mission
de saint Adalbert et en remontant aux premiers moments de l'annonce de
l'Évangile en terre polonaise.
Celle qui avait parlé autrefois par le chant a parlé
ensuite par cette image manifestant à travers elle sa présence maternelle dans
la vie de l'Église et de la patrie.
La vierge
de Jasna Góra a révélé sa sollicitude maternelle pour toute âme ; pour toute famille
; pour tout homme qui vit sur cette terre, qui travaille, lutte et tombe sur
les champs de bataille, qui est condamné à l'extermination, qui se combat lui
même, qui est vainqueur
ou vaincu ; pour tout homme qui doit laisser le sol de la patrie et émigrer,
pour tout homme...
Les Polonais se sont habitués à lier à ce lieu et à
ce sanctuaire les nombreuses vicissitudes de leur vie : les divers moments de joie
ou de tristesse, spécialement les moments solennels décisifs, les moments de
responsabilité comme le choix de l'orientation de la vie, le choix de la vocation,
la naissance des enfants, les examens de fin d'études... et tant d'autres
moments. Ils se sont habitués à venir avec leurs problèmes à Jasna Góra pour en
parler à leur Mère du ciel,
Celle qui a ici non seulement son image, son effigie l'une des plus connues et
des plus vénérées du monde - mais qui est ici particulièrement présente. Elle
est présente dans le mystère du Christ
et de l'Église, comme l'enseigne le Concile.
Elle est présente pour tous et pour chacun de ceux qui font le pèlerinage vers
elle, même seulement de cœur
et en esprit lorsqu'ils ne peuvent le faire physiquement.
Les Polonais sont habitués à cela.
Les peuples amis y sont habitués aussi comme les
peuples voisins. Et c'est toujours plus nombreux que viennent ici des hommes de
toute l'Europe et d'au-delà.
Au cours de la grande neuvaine, le cardinal primat
[le Cardinal Wyszinski] s'exprimait ainsi à propos de la signification du
sanctuaire de Czestochowa
dans la vie de l'Église :
« Que s'est-il passé à Jasna Góra ?
« Pour le moment, nous ne sommes pas en mesure de
donner une réponse adéquate. Il s'est passé quelque chose de plus que ce qu'on
pouvait imaginer... Jasna Góra s'est révélée comme un lien interne de la vie
polonaise, une force
qui touche profondément le cœur
et tient la nation entière dans l'attitude, humble mais forte, de fidélité à
Dieu, à l'Église et à sa hiérarchie... Pour nous tous, cela a été une grande
surprise de voir la puissance de la Reine de Pologne se manifester d'une
manière aussi magnifique. »
Il n'est donc nullement étonnant qu'aujourd'hui je
vienne ici moi aussi. De la Pologne, en effet, j'ai emporté avec moi, sur la
chaire de saint Pierre
à Rome,
cette « habitude » du cœur,
élaborée par la foi
de tant de générations confirmée par l'expérience chrétienne de tant de siècles
et profondément enracinée dans mon âme.
2. Le pape Pie XI s'est souvent rendu ici, non comme
pape, naturellement, mais en tant qu'Achille Ratti, premier nonce en Pologne,
après la reconquête de l'indépendance.
Lorsque après la mort de Pie XII, le Pape Jean
XXIII a été élu à la chaire de Pierre
les premières paroles que le nouveau pontife adressa au primat de Pologne,
après le Conclave, se référèrent à Jasna Góra. Il rappela ses visites ici,
durant les années où il était délégué apostolique
en Bulgarie, et il demanda surtout une prière incessante à la Mère de Dieu, à
toutes les intentions que lui donnait sa nouvelle mission.
Sa demande a été satisfaite tous les jours à Jasna Góra, et pas seulement
durant son pontificat mais aussi durant celui de ses successeurs.
Nous savons tous combien le pape Paul
VI aurait voulu venir ici en pèlerinage, lui qui était si lié à la Pologne
depuis sa première charge diplomatique auprès de la nonciature de Varsovie. Le
pape qui s'est tant dépensé pour normaliser la vie de l'Église en Pologne,
particulièrement en ce qui concerne l'organisation actuelle des terres de
l'ouest et du nord. Le pape de notre millénaire ! Pour ce millénaire, justement
il voulait se trouver ici en pèlerin, à côté des fils et des filles de la
nation polonaise.
Après que le Seigneur
eût rappelé à Lui le pape Paul
VI en la solennité de la Transfiguration
de l'année dernière, les cardinaux choisirent son successeur le 26 août, jour
où en Pologne, et surtout à Jasna Góra, on célèbre la solennité de la Madone de
Czestochowa.
La nouvelle de l'élection du nouveau pontife Jean-Paul
I° fut communiquée aux fidèles par l'évêque de Czestochowa
le jour même, lors de la célébration du soir.
Que dois-je dire de moi à qui, après le pontificat
d'à peine 33 jours de Jean-Paul
I°, il est revenu par un décret insondable de la Providence, d'en accepter
l'héritage et la succession apostolique
à la chaire de saint Pierre,
le 16 octobre 1978 ?
Que dois-je dire, moi, premier pape non italien
après 455 années ? Que dois-je dire, moi, Jean-Paul
II, premier pape polonais dans l'histoire de l'Église ?
II, premier pape polonais dans l'histoire de l'Église ?
Je vous dirai : en ce 16 octobre jour où le
calendrier liturgique de l'Église fait mémoire de Hedwige, je me reportais par
la pensée au 26 août, au conclave précédent et à cette élection survenue en la
solennité de N.-D. de Jasna Góra.
Je n'avais même pas besoin de dire, comme mes
prédécesseurs, que je comptais sur les prières faites aux pieds de l'image de
Jasna Góra. L'appel d'un fils de la nation polonaise à la chaire de Pierre
contient un lien évident et fort avec ce lieu saint, avec ce sanctuaire de
grande espérance : Totus tuus, ai-je murmuré tant de fois dans la prière devant
cette image !
3. Et voici qu'aujourd'hui je suis de nouveau avec
vous tous, frères et sœurs très chers ; avec vous, bien
aimés compatriotes, avec toi, cardinal primat de la Pologne, avec tout
l'épiscopat auquel j'ai appartenu pendant plus de vingt ans comme évêque,
archevêque métropolitain de Cracovie, comme cardinal. Nous sommes venus tant de
fois ici, en ce lieu, en une vigilante écoute pastorale, pour entendre battre
le cœur
de l'Église et celui de la patrie dans le cœur
de la Mère. Jasna Góra est en effet non seulement un but de pèlerinage pour les
Polonais de la mère patrie et du monde entier, mais c'est le sanctuaire de la
nation.
Il faut prêter l'oreille en ce lieu pour sentir comment
bat le cœur
de la nation dans le cœur
de sa Mère. Car nous savons que ce cœur
bat au rythme de tous les rendez-vous de l'histoire, de toutes les vicissitudes
de la vie nationale : combien de fois en effet n'a-t-il pas vibré avec les
plaintes des souffrances historiques de la Pologne, mais aussi avec les cris de
joie
et de victoire
! On peut écrire de diverses façons l'histoire de la Pologne, celle de ces
derniers siècles spécialement, on peut l'interpréter selon différentes clefs.
Toutefois, si nous voulons savoir comment le cœur
des Polonais l'interprète il faut venir ici, il faut tendre l'oreille vers ce
sanctuaire, il faut percevoir l'écho de la vie de la nation entière dans le cœur
de sa Mère et Reine ! Et si ce cœur
bat avec une note d'inquiétude, si en lui résonnent la sollicitude et l'appel à
la conversion
et au raffermissement des consciences il faut accueillir cette invitation Elle
naît en effet de l'amour
maternel qui détermine à sa manière les processus historiques sur la terre
polonaise.
Les dernières décennies ont confirmé et rendue plus
intense une telle union entre la nation polonaise et sa Reine.
- C'est devant la Vierge
de Czestochowa
que fut prononcée la consécration de la Pologne au Cœur
immaculé de Marie le 8 septembre 1946.
- Dix ans après, ont été renouvelés à Jasna Góra les
vœux du roi
Jean-Casimir
lors du troisième centenaire du jour où, après une période de « déluge »
(invasion des Suédois au XVII° siècle), il proclama la Mère de Dieu Reine du royaume
de Pologne.
- En cet anniversaire commença la grande neuvaine de
neuf ans pour préparer le millénaire du baptême de la Pologne.
- Et finalement, en l'année même du millénaire, le 3
mai 1966, ici, en ce lieu même, fut prononcé par le primat de Pologne l'acte de
servitude totale à la Mère de Dieu pour la liberté de l'Eglise
en Pologne et dans le monde entier. Cet acte historique fut prononcé ici,
devant Paul
VI, absent corporellement mais présent spirituellement, en témoignage de cette foi
vivante et forte qu'attend et qu'exige notre temps.
L'acte parle de la « servitude » et contient un
paradoxe semblable à celui des paroles de l'Évangile selon lesquelles il faut
perdre sa vie pour la trouver (cf. Mt 10, 39). L'amour,
en effet constitue l'accomplissement de la liberté, mais en même temps
l'appartenance, c'est-à-dire le fait de ne pas être libre, fait partie de son
essence. Toutefois, ce fait de « ne pas être libre » dans l'amour
n'est pas perçu comme un esclavage mais bien
comme une affirmation de liberté et comme son accomplissement. L'acte de
consécration dans l'esclavage indique donc une dépendance singulière et une
confiance sans limites. En ce sens, l'esclavage (la non-liberté) exprime la
plénitude de la liberté de la même manière que l'Évangile parle de la nécessité
de perdre sa vie pour la trouver dans sa plénitude.
Les paroles de cet acte, prononcées selon le langage
des expériences historiques de la Pologne, de ses souffrances et aussi de ses
victoires, ont une résonance précisément en ce moment de la vie de l'Eglise
et du monde, après la clôture du Concile
Vatican II
qui, comme nous le pensons justement, a ouvert une ère nouvelle.
[Vatican II]
Il a marqué le début d'une époque de connaissance approfondie de l'homme, de
ses joies et de ses espoirs, et aussi de ses tristesses et de ses angoisses,
comme l'affirment les premiers mots de la constitution pastorale Gaudium et
spes.
L'Église, consciente de sa grande dignité et de sa
magnifique vocation
dans le Christ,
désire aller à la rencontre de l'homme.
L'Église désire répondre aux interrogations
perpétuelles et en même temps toujours actuelles des cœurs et de l'histoire
humaine, et c'est pourquoi elle a accompli durant le Concile
un travail de connaissance approfondie d'elle-même, de sa nature, de sa mission,
de ses devoirs.
Le 3 mai 1966, l'épiscopat polonais ajoute à ce
travail fondamental du Concile
son acte propre de Jasna Góra : la consécration à la Mère de Dieu pour la
liberté de l'Église dans le monde et en Pologne. C'est un cri qui part du cœur
et de la volonté : un cri de tout l'être chrétien, de la personne
et de la communauté, pour le plein droit d'annoncer le message du salut-
un cri qui veut devenir efficace d'une manière universelle en s'enracinant dans
l'époque présente et dans l'avenir.
Tout à travers Marie ! Telle est l'interprétation
authentique de la présence de la Mère de Dieu dans le mystère du Christ
et de l'Église, comme le proclame le chapitre VIII de la constitution Lumen gentium. Cette
interprétation correspond à la tradition des saints, comme Bernard de
Clairvaux, Grignion de Montfort, Maximilien Kolbe.
4. Le pape Paul
VI accepta cet acte de consécration comme fruit de la célébration du millénaire
polonais de Jasna Góra, comme en fait foi
sa bulle qui se trouve près de l'image de la Madone noire de Czestochowa.
Aujourd'hui, son indigne successeur, en venant à
Jasna Góra désire le renouveler, le lendemain de la Pentecôte alors que dans
toute la Pologne se célèbre la fête de la Mère de l'Église.
Pour la première fois le pape fête cette solennité
en exprimant avec vous, vénérables et chers frères, sa reconnaissance
à son grand prédécesseur qui, depuis le temps du Concile,
a commencé à invoquer Marie sous le titre de Mère de l'Église.
Ce titre nous permet de pénétrer dans tout le
mystère de Marie depuis l'instant de sa Conception
immaculée, en passant par l'Annonciation,
la Visitation et la naissance de Jésus à Bethléem jusqu'au Calvaire. Il nous
permet à tous de nous retrouver - comme le rappelle la lecture d'aujourd'hui - au
Cénacle où les Apôtres, avec Marie, Mère de Jésus, sont assidus à la prière,
attendant, après l'Ascension
du Seigneur,
l'accomplissement de sa promesse, c'est-à-dire la venue de l'Esprit Saint,
afin que puisse naître l'Église ! A la naissance de l'Église participe d'une
manière particulière Celle à laquelle nous devons la naissance du Christ.
L'Église, née autrefois au Cénacle de la Pentecôte,
continue à naître dans chaque cénacle de prière. Elle naît pour devenir notre
Mère spirituelle à la ressemblance de la Mère du Verbe éternel. Elle naît pour
révéler les caractéristiques et la force
de la maternité - maternité de la Mère de Dieu - grâce à laquelle nous pouvons
être « appelés enfants de Dieu, car nous le sommes » (1 Jn 3, 1). En effet, la
paternité très de Dieu, dans son économie du salut
s'est servie de la maternité virginale de son humble servante pour accomplir
dans les enfants des hommes l'œuvre de l'auteur divin.
Chers compatriotes, vénérables et très chers frères
dans l'épiscopat, pasteurs de l'Église en Pologne, hôtes illustres et vous,
tous les fidèles, permettez que comme successeur de saint Pierre
ici présent avec vous, je confie toute l'Église à la Mère du Christ,
avec la même foi
vive, avec la même espérance héroïque avec lesquelles nous l'avons fait en ce
jour mémorable du 3 mai du millénaire polonais.
Permettez-moi d'apporter ici, comme je l'ai fait il
y a quelque temps dans la basilique romaine de -Marie-Majeure, puis au Mexique
dans le sanctuaire de Guadalupe,
les mystères des cœurs, les douleurs et les souffrances, et enfin les espoirs
et les attentes de cette dernière fraction du vingtième siècle de l'ère
chrétienne.
Permettez-moi de confier tout cela à Marie.
Permettez-moi de le lui confier d'une manière
nouvelle et solennelle.
Je suis un homme rempli d'une grande confiance.
C'est ici que j'ai appris à l'être.
Amen.
* * *
« Mère très grande, Mère de Dieu fait homme, Vierge
très , Notre-Dame de Jasna Góra...»
C'est avec ces paroles que les évêques polonais
s'adressèrent à Toi tant de fois à Jasna Góra, en portant dans leur coeur les
expériences et les peines, les joies et les douleurs, et par-dessus tout la foi,
l'espérance et la charité de leurs compatriotes.
Qu'il me soit permis de commencer aujourd'hui par
les mêmes paroles le nouvel acte de consécration à Notre-Dame de Jasna Góra: il
nait de la même foi,
de la même espérance et de la même charité, il naît de la tradition de notre
peuple, à laquelle j'ai eu part durant tant d'années, et cet acte naît en même
temps des nouveaux devoirs qui, grâce à toi, ô Marie, m'ont été confiés, à moi
homme indigne et en même temps ton fils adoptif.
C'est bien
ce que me disaient toujours les paroles que ton Fils, ce Fils né de toi, Jésus-Christ,
Rédempteur de l'homme, a adressées du haut de la croix
à Jean,
apôtre et évangéliste: « Femme, voici ton fils (Jn 19, 26). Dans ces paroles,
je trouvais toujours la place de tout homme et ma propre place.
Aujourd'hui présent ici selon les desseins
mystérieux de la divine Providence, je désire, en ce sanctuaire de Jasna Góra
dans ma patrie terrestre, la Pologne, confirmer avant tout les actes de
consécration et de confiance qui, à divers moments - bien
des fois et sous des formes variées - ont été prononcés par le cardinal primat
et par l'épiscopat polonais. D'une façon tout à fait particulière, je désire
confirmer et renouveler l'acte de consécration prononcé à Jasna Góra le 3 mai
1966, à l'occasion du millénaire de la Pologne ; par cet acte les évêques
polonais, en se donnant à Toi, Mère de Dieu, « dans ta maternelle servitude d'amour
», voulaient servir la grande cause de la liberté de l'Église, non seulement
dans leur propre patrie mais dans le monde entier. Quelques années après, le 7
juin 1976, ils t'ont consacré toute l'humanité, toutes les nations et tous les
peuples du monde contemporain, leurs frères proches par la foi,
par la langue et par le destin commun de l'histoire, en étendant cet acte de
confiance jusqu'aux frontières les plus lointaines de l'amour
comme l'exige ton coeur : coeur de la Mère qui embrasse chacun et tous partout
et toujours.
Je désire aujourd'hui, en arrivant à Jasna Góra
comme premier pape-pèlerin, renouveler tout ce patrimoine de confiance, de
consécration et d'espérance, qui, avec tant de magnanimité, a été accumulé par
mes frères dans l'épiscopat et mes compatriotes.
Et c'est pourquoi je Te confie, ô Mère de l'Église,
tous les problèmes de cette Église, toute sa mission,
tout son service, tandis que s'achève le second millénaire de l'histoire du
christianisme sur la terre.
Épouse de l'Esprit Saint
et Trône de la Sagesse!
À ton intercession, nous devons la magnifique vision et le programme du
renouveau de l'Église à notre époque exprimé dans l'enseignement du Concile
Vatican II.
Fais que nous fassions de cette vision et de ce programme l'objet de notre
action, de notre service, de notre enseignement, de notre pastorale, de notre
apostolat dans la vérité, la simplicité et la force
avec laquelle l'Esprit Saint
nous les a fait découvrir dans notre humble service.
Fais que l'Église entière se régénère à cette
nouvelle source de connaissance de sa nature et de sa mission,
et non pas à d'autres « citernes » étrangères ou empoisonnées (cf. Jr 8, 14).
Aide-nous dans le grand effort que nous allons faire
pour rencontrer de manière toujours plus mûre nos frères dans la foi,
auxquels nous unis sent tant de choses bien
qu'il y en ait qui nous divisent. Fais que, à travers tous les moyens de la
connaissance, du respect réciproque, de l'amour
de la collaboration dans les divers domaines, nous puissions découvrir
progressivement le dessein divin de cette unité dans laquelle nous devons
entrer nous-mêmes et introduire tous les hommes afin que l'unique bercail du Christ
reconnaisse et vive son unité sur la terre. O Mère de l'unité, enseigne-nous
toujours les chemins qui conduisent à elle.
Permets-nous d'aller dans l'avenir à la rencontre de
tous les hommes et de tous les peuples qui cherchent Dieu sur les chemins de diverses
religions et qui veulent le servir. Aide-nous tous à annoncer le Christ
et à révéler « la force
et la sagesse
divine » (1 Co 1, 24) cachées dans sa croix.
Toi qui l'a révélée d'abord à Bethléem non seulement aux bergers simples et
fidèles, mais aussi aux sages des pays lointains !
Mère du Bon Conseil
! Indique-nous toujours comment nous devons servir l'homme, l'humanité, dans
toutes les nations, comment le conduire sur les chemins du salut.
Comment protéger la justice
et la paix dans le monde continuellement menacé de divers côtés. Comme je
désire vivement, à l'occasion de la rencontre d'aujourd'hui, te confier tous les
difficiles problèmes des sociétés, des systèmes, et des États, problèmes qui ne
peuvent être résolus par la haine,
la guerre et l'autodestruction mais seulement par la paix, la justice,
le respect des droits des hommes et des nations.
O Mère de l'Église ! Fais que l'Église jouisse de la
liberté et de la paix dans l'accomplissement de sa mission
de salut
et qu'elle jouisse à cette fin d'une nouvelle maturité de foi
et d'unité intérieure ! Aide-nous à vaincre les oppositions et les difficultés
! Aide-nous à découvrir toute la simplicité et la dignité de la vocation
chrétienne ! Fais que les ouvriers ne manquent jamais à la vigne du Seigneur.
Sanctifie les familles ! Veille sur l'âme des jeunes et sur le cœur
des enfants ! Aide à surmonter les grandes menaces morales qui atteignent les
fondements de la vie et de l'amour.
Obtiens pour nous la grâce de nous renouveler continuellement par toute la
beauté du témoignage rendu à la croix
et à la résurrection de ton Fils.
Il y a tant de problèmes que j'aurais dû, ô Mère, te
présenter en cette rencontre, en les nommant l'un après l'autre. Je te les
confie tous, car tu les connais mieux et tu prends soin de tous.
Je le fais dans le lieu du grand acte de
consécration d'où l'on voit non seulement la Pologne, mais toute l'Église, à
travers les pays et les continents: toute l'Église dans ton cœur
maternel.
L'Église entière, dont je suis le premier serviteur,
je te l'offre et je te la confie ici, ô Mère, avec une immense confiance. Amen.
SOURCE :
http://www.mariedenazareth.com/jesus-mary-joseph/mary-fills-the-world/europe/poland/czestochowa-jasna-gora-jean-paul-ii-le-4-juin-1979/
Avec ses 4 à 5
millions de pèlerins par an (presqu'autant qu'à Lourdes et à Fatima...), le sanctuaire de Notre-Dame de Czestochowa qui abrite la Vierge Noire de Jasna Gora, en Silésie (Pologne méridionale,
ex République de Weimar), est un des plus célèbres de l'Europe
centrale. Son pèlerinage remonte au XIVe siècle.
Le cœur du sanctuaire de Jasna Gora est l'icône. C'est
l'icône elle-même qui attire les foules de pèlerins. Celui qui regarde l'icône
se trouve immergé dans le regard de Marie, il regarde Marie qui le regarde. Ce
sanctuaire a eu une importance dans l'identité nationale polonaise, mais son
rayonnement dépasse les frontières. En 1994, plus de 4 millions de personnes
provenant de 69 pays s'y sont rendues. De nombreux ex-votos témoignent des
grâces et des miracles reçus.(1). On attribuait alors 2 610 « interventions
miraculeuses » à la Vierge en ce lieu.
Czestochowa:
des origines jusqu’au roi Jean Casimir II
Czestochowa
(Jasna Gora) : de 1717 à 1980
En Pologne, Notre-Dame de Czestochowa
En
polonais, Jasna Gora veut dire "Montagne Lumineuse". Tout ce que
la Pologne comptait de grands personnages du Royaume allait prier au sanctuaire de Czestochowa, y compris ses rois qui avaient coutume
de s'y rendre après leur couronnement pour rendre hommage à la Madone
noire. La Vierge de Jasna Gora fût amenée en 1382 sur la colline dominant Czestochowa , par le roi Ladislas qui fit construire là un monastère pour les
moines de saint Paul. Deux ans après, en 1384, l'icône célèbre de la Vierge de Jasna Gora est installée dans le monastère.
La Vierge de Jasna Gora, peinte par saint Luc ?
D'où vient
la Vierge Noire de Jasna Gora ? La légende attribue la peinture
originale à Saint Luc, qui aurait utilisé la planche de la table sur
laquelle priait et prenait nourriture la Famille... Depuis le XVème siècle, de nombreuses copies du tableau
furent exécutées. Une centaine font l'objet de vénération et plus de dix furent
couronnées. En 1717, la Vierge de Jasna Gora sera la première de Pologne a être
couronnée des diadèmes papaux. Très vite, la "Montagne lumineuse" est
célèbre dans tout le royaume.
Le
principal centre de pèlerinage en Pologne
Dès la fin
du XIV siècle Jasna Gora est déjà le principal centre de pèlerinage en
Pologne. Jasna Gora est aussi l'objet des convoitises...:
- En 1430,
pendant les guerres que livrèrent les partisans des doctrines de Jan Hus,
réformateur religieux tchèque ( mort en 1415), le monastère fut totalement
ravagé, pillé et l'image de la Vierge profanée. Aujourd'hui encore, sur le visage de la Vierge noire on peut voir deux balafres laissées par les coups de
sabre...;
- En
1655, Le 1° avril 1656, le prince Casimir reconnaît dans l'attaque des
Russes et des Suédois le châtiment des injustices commises contre les paysans
réduits en esclavage. Il consacre le pays à a Vierge Marie. Il choisit Notre Dame de Czestochowa comme Reine et Patronne de la Pologne en promettant de
se dépenser pour réparer ces injustices.
- En 1809,
la forteresse résista aux Autrichiens, mais quatre ans plus tard elle dut se
rendre aux armées russes.
- A
l'occasion du millénaire de l'évangélisation (1966) de la Pologne, le cardinal
S. Wyszynski organisa le « pèlerinage » de maison en maison d'une
copie de l'image de Czestochowa (puis, lorsque cela fut interdit, le pèlerinage du
cadre vide mais évoquant toujours la présence mariale). Cette démarche dura
pendant des années (1957-1980), elle eut un impact populaire très fort et fut
le ferment de la résistance au communisme athée.
Le culte
de Notre Dame de Czestochowa se répand dans le monde entier
A l'époque,
des églises à son vocable commencent à être édifiées un peu partout . On en
décompte actuellement 350, dont 300 en Pologne. Le culte de Notre Dame
de Czestochowa se répand en Amérique du Nord, en Australie, en Afrique
et en Asie.
Jasna Gora - Czestochowa : introduction
(1) Site officiel : http://www.jasnagora.pl/
(2) Patrick Sbalchiero article « CZESTOCHOWA
I », dans : René Laurentin et Patrick Sbalchiero, Dictionnaire
encyclopédique des apparitions de la Vierge. Inventaire des origines à nos jours. Méthodologie,
prosopopée, approche interdisciplinaire, Fayard, Paris 2007
Czestochowa:
des origines jusqu’au roi Jean Casimir II
Origine
Le monastère situé sur la colline de Jasna Gora (ce qui
signiifie montagne lumineuse), à Czestochowa, fut fondé en 1382
par le roi Ladislao II (1330-1401).
Pour commencer la vie monastique, furent envoyés par la Hongrie des moines de
saint Paul ermite.
Deux ans
après, en 1384, fut installée dans le monastère l'icône célèbre de la Vierge de Jasna Gora, venue de
l'est et dont la légende attribue la peinture à Saint Luc,
qui aurait utilisé la planche de la table sur lequel priait et prenait
nourriture la Famille. Mais les spécialistes
pensent que l'icône originelle, d'origine byzantine, datait d'une période
comprise entre le VI° et le IX° siècle[1].
Avec la montée d'une nouvelle dynastie
polonaise, celle des Jagelloni, fondée par le couple d'Edwige () de Hongrie et
le grand duc de Lituanie Ladislao II (+1334), que j'appellerai le début du
"siècle d'or" de l'histoire de la Pologne, le sanctuaire se développa
considérablement, surtout à travers les nombreux bénéfices accordés par des familles
royales suivantes. Ainsi, le culte de Jasna Góra eut de plus en plus un
caractère national et la Vierge devint la protectrice de la nouvelle dynastie et le palladium du Royaume. Ainsi, à la fin du XIV° siècle Jasna Gora est déjà le
principal centre de pèlerinage en Pologne.
En 1430, les Hussites venus de Tchéquie
pillent le sanctuaire et balafrent l'icône, brisée en
trois morceaux. En 1523, après une tentative de restauration avortée cause à
des réactions chimiques entre la peinture et la cire, une
nouvelle œuvre est réalisée puis entaillée aux mêmes endroits pour
garder la mémoire du méfait. [2]
Devenue symbole identitaire de la Pologne, c'est à la Vierge de Jasna Gora que les grandes victoires de la nation sont attribuées:
contre les Tartares, en 1487 et en 1527, contre Moscou, en 1514, quand furent
remis à la Vierge noire les étendards pris à l'ennemi, et sur les Turcs de l'Islam, à Chocim
en 1621 et à Lwov ou Leopoli en 1675. Ce sont ces victoires qui ont valu à la
Pologne le titre d'Avant mur de la chrétienté à l'Est, comme ce fut le cas pour
l'Espagne à l'Ouest.
Décisifs dans l'histoire
politico-religieuse de la Pologne furent les trois "voeux", fait par
le roi Jan II Kazimierz, en 1656, devant l'icône de l'Oumilénie, dans la
cathédrale de Leopoli (Ukraine), pendant la messe solennelle célébrée par le nonce apostolique en Pologne.
- de prendre la Mère de Dieu comme Patronne personnelle et Reine des Polonais: "patronam meam, meorumque Dominiorum Reginam";
- de demander au saint Siège une messe en honneur de
Marie, Reine de la Couronne, voeux que les moines de Jasna Gora se sont
ensuite chargés d'acquitter;
- et de libérer les pauvres : un voeu extrêmement significatif fait avec
ces mots:
"Comme, avec extrême douleur, je
m'aperçois que ton Fils, juge équitable fustigea ce Royaume durant sept ans avec le fouet de la peste, des guerres et d'autres
calamités, je promets et je m'engage solennellement, à cause des larmes et de l'oppression des
paysans, qu'une fois la paix restaurée, je mettrai
tout mon soin et j'appliquerai tous les moyens pour libérer le peuple de mon Royaume des taxes injustes et des oppressions." [3]
[1] D. Aucremanne, « La dévotion
mariale à Czestochowa », La Dévotion mariale de l'an mil à nos jours. Etudes réunies par Bruno
Béthouart et Alain Lottin, Artois Presses Université, 2005, 132-136, p. 134.
[2] Patrick Sbalchiero article «
CZESTOCHOWA I », dans : René Laurentin et Patrick Sbalchiero, Dictionnaire
encyclopédique des apparitions de la Vierge. Inventaire des origines à nos jours. Méthodologie, prosopopée, approche
interdisciplinaire, Fayard, Paris 2007
[3]
Cf. Bogùmil LEWANDOWSKI, Tutti consacrati alla Madonna, Romagrafik, Roma
1988, p. 161-162 : texte complet en italien des vœux du roi Jean Casimir ; texte latin ap. K. MROCZEK, op. cit.,
p. 128
Clodovis BOFF
Czestochowa
(Jasna Gora) : de 1717 à 1980
Le 8 septembre
1717
Le 8 septembre 1717 la Vierge de Jasna Góra fut
officiellement couronnée comme "Reine" de la Pologne
avec les deux couronnes d'or envoyées par le Pape Clément XI, et qui en 1909
ont été volées. Ainsi Marie devint non seulement pour chaque Polonais mais aussi
pour la nation comme telle, comme le dit le pape Jean Paul II "l'incarnation de son autonomie,
de sa souveraineté, de son identité et de sa place parmi les nations du
monde." [1]
Plus tard, en 1926, les femmes polonaises, en signe de remerciement,
ajoutèrent aux côtés du saint tableau les insignes royaux : le sceptre et le
globe.
L'année 1946
En janvier 1945 les Allemands abandonnèrent le
sanctuaire. Mais la "libération" si désirée ne fut qu'une furtive
lueur ; la même année, tombe sur la Pologne la domination russe et communiste,
pour des décennies. Les difficultés considérables, au lieu d'affaiblir
l'identité religieuse et mariale du pays, ne firent que l'aiguiser.
En
1946, devant 700.000 pèlerins à Jasna Góra, s'accomplit l'acte de Consécration
de la Pologne au Coeur Immaculé de Marie.
Pour le 300º anniversaire des voeux du roi Jean II Casimir, c'est-à-dire
en 1956, se renouvellent, de manière actualisée, les mêmes voeux à travers un
texte très important rédigés par le Cardinal Wyszinski,
alors en prison. Ce document a été défini par Jean Paul II « la
chartre polonaise des droits de l'homme ».
En effet, après avoir avoué son "repentir... pour ne pas avoir
jusqu'à présent réalisé les voeux et les promesses de nos pères",
la nation s'engage devant Dieu à observer les droits de
la vie, du mariage indissoluble, de la
femme, du foyer domestique ;
elle promet de lutter contre les "défauts
nationaux": "l'insouciance, le gaspillage, l'ivresse, la
débauche" ;
elle promet de "travailler avec insistance pour que
les fils de la Nation vivent dans l'amour et dans la justice... ; de partager avec joie... les fruits de la terre
et les fruits du travail, pour que sous le toit commun... il y n'ait pas
d'affamés, de sans abris et de désespérés" ;
et finalement elle se consacre toute entière à Dieu par
Marie. [2]
La préparation du millénaire du bapteme en Pologne
Dans le cadre de la "Grande Neuvaine"
(1957-1966) pour le Sacrum Poloniae Millennium (1966), deux initiatives
pastorales de grande signification ont été lancées:
1. Le renouvellement de l'Appel de Jasna
Gora.
Cette pratique se répandit après la seconde Guerre, et
c'est devenue une habitude parmi les Polonais fidèles. Il consiste à réciter, à
21 heures - moment de fermeture de la journée du sanctuaire - soit dans le
sanctuaire même ou en union spirituelle, la prière suivante:
"Marie, Reine de la Pologne je suis près de toi, je
me rappelle de toi, je veille".
Relancé à l'occasion de la "Grande Neuvaine",
cet "appel" fut repris par le Pape en 1983 et il en profita pour
donner un discours d'empreinte sociale forte. [3]
2. La Peregrinatio Mariae (1957-1980).
Ce fut une autre idée du cardinal Wyszinski, consistant à
porter une copie de l'icône du Czestochowa en visite aux
différents endroits de la Pologne. Mais comme l'image était le symbole de l'unité de la nation
et servait de fil qui, en passant à travers tout le pays, cousait effectivement
cette unité. Le gouvernement communiste s'y opposa et mit l'image "sous
garde". Cette "incarcération" de la Vierge eut l'effet contraire:
au lieu de ralentir, les pérégrinations reprirent avec plus vigueur, animées
maintenant d'un symbole plus puissant encore :
un cadre vide...
Une mission universelle et un don
de soi radical
Pour l'année du Millénaire du baptême de la Pologne
(1966), l'église réalisa à Jasna Góra, avec la meilleure solennité,
"l'acte millénaire de consécration en esclavage* à Marie" dans lequel
on remarque la préoccupation de l'Église polonaise pour le sort "de
l'église dans le monde entier". Cette intention universaliste s'observe
mieux encore dans la Consécration de 1971 où est remise à la Vierge de Czestochowa "toute
l'humanité, toutes les nations et les peuples". Serait-ce un signe de la conscience que la
Pologne a au sujet de sa "mission universelle ?"
* Ce terme n'est surtout pas à prendre au sens habituel d'aliénation. Il
signifie le choix d'orienter la liberté vers Dieu, la lumière et la joie qui viennent de Marie.
Evidemment un tel esclavage laisse libre et on peut recommencer tous les matins
une consécration en esclavage à Dieu en Marie ! Tout cela est expliqué par
saint Louis-Marie de Montfort.
[1] Homélie
à Castel Gandolfo, 26/08/1985.
[2] Cf. Bogùmil LEWANDOWSKI, Tutti
consacrati alla Madonna, Romagrafik, Roma 1988, p. 161-162: texte complet en
italien des vœux du roi Jean Casimir, p. 165-168.
Madonna di Czestochowa
Il tesoro più prezioso di Jasna Gòra è il Quadro
Miracoloso della Madonna. Ciò che rese in breve tempo Jasna Gòra il più famoso
santuario del paese, che già contava numerosi luoghi di culto mariano, non fu
forza della tradizione che vuole l'Evangelista Luca autore del quadro, né la
perlazione dei reali che da sempre avevano cara Jasna Gòra: Ciò che rese questo
luogo famoso è la presenza miracolosa dell'Immagine che ha sempre richiamato
pellegrini da tutta la Polonia e dal mondo intero, come attestano i numerosissimi
ex-voto.
Sui dolci
pendii di Jasna Gòra, la “montagna luminosa”, che circonda la città di
Czestochowa, il santuario è adagiato su una collina di bianche rocce, nella
parte occidentale della città. I polacchi sono abituati a legare a questo
Santuario le numerose vicende della loro vita: i momenti lieti come quelli
tristi, le decisioni solenni, come la scelta del proprio indirizzo di vita, la
vocazione religiosa oppure il matrimonio, la nascita dei figli, gli esami di
maturità... Essi si sono abituati a venire con i loro problemi a Jasna Gòra per
confidarli alla Madre Celeste, davanti alla sua Immagine Miracolosa. Questa
Immagine si può dire che è il cuore del santuario di Jasna Gòra ed è anche
quella forza, misteriosa e profonda, che attira ogni anno folle sterminate di
pellegrini, dalla Polonia e da ogni altro luogo del mondo.
Il dipinto della Madonna ha una storia complessa. La tradizione dice infatti
che sia stato realizzato da San Luca su di un legno che formava il tavolo
adoperato per la preghiera e per il cibo dalla Sacra Famiglia. L’evangelista
avrebbe composto a Gerusalemme due quadri allo scopo di tramandare
l’incomparabile bellezza di Maria. Uno di essi, arrivato in
Italia, è tuttora oggetto di culto a Bologna; l’altro, fu dapprima portato a
Costantinopoli e deposto in un tempio dall’imperatore Costantino.
Successivamente fu donato al principe russo Leone, che prestava servizio
nell'esercito romano, il quale trasferì l’inestimabile reliquia in Russia dove,
per numerosi miracoli, fu intensamente venerata.
Nel corso
della guerra intrapresa da Casimiro il Grande, il quadro fu nascosto nel
castello di Beltz e finalmente affidato ai principe di Opole. Questi, alla
vigilia di una dura battaglia contro le truppe tartare e lituane che
assediavano Beltz, aveva invocato la sacra immagine e, dopo la sospirata
vittoria, indicò Maria come Madre e Regina. Si racconta anche che, durante
l’assedio, un tartaro ferisse con una freccia il bellissimo volto della Vergine
dalla parte destra e che, dopo la sacrilega profanazione, una fittissima
nebbia, sorta d'improvviso, mettesse in difficoltà gli assedianti. Il principe,
allora, approfittando del momento favorevole, si gettò con le truppe contro il
nemico e lo sconfisse.
Altri documenti assicurano che, terminata l’amministrazione del principe
Ladislao nella Russia, il quadro fu caricato su di un carro con l’intenzione di
portarlo nella Slesia ma, tra lo stupore di tutti, i cavalli, pur ripetutamente
sferzati, non si muovevano. Il principe ordinò allora di attaccarne di nuovi,
senza però ottenere alcun risultato. Sconvolto, si inginocchiò a terra e
promise di trasferire la venerata effigie sul colle di Czestochowa, nella
piccola chiesa di legno. In seguito egli avrebbe
innalzato una basilica nel medesimo luogo ad onore di Dio onnipotente, della
Vergine Maria e di tutti i Santi e, contemporaneamente realizzato un convento
per i frati eremiti dell’Ordine di San Paolo.
Ma le
vicissitudini della Madonna Nera non erano ancora finite. Nel 1430 alcuni
seguaci dell’eretico Giovanni Hus, provenienti dai confini della Boemia e
Moravia, sotto la guida dell’ucraino Federico Ostrogki, attaccarono e predarono
il convento. Il quadro fu strappato dall’altare e portato fuori dinanzi alla
cappella, tagliato con la sciabola in più parti e la sacra icona trapassata da
una spada. Gravemente danneggiato, fu perciò trasferito nella sede municipale
di Cracovia e affidato alla custodia del Consiglio della città; dopo un
accurato esame, il dipinto venne sottoposto ad un intervento del tutto
eccezionale per quei tempi, in cui l’arte del restauro era ancora agli inizi.
Ecco allora come si spiega che ancora oggi siano visibili nel quadro della
Madonna Nera gli sfregi arrecati al volto della Santa Vergine.
Secondo i critici d’arte il Quadro di Jasna Gòra sarebbe stato in origine
un’icona bizantina, del genere “Odigitria” (“Colei che indica e guida lungo la
strada”), databile tra il VI e il IX secolo. Dipinta su una tavola di legno,
raffigura il busto della Vergine con Gesù in braccio. Il volto di Maria domina
tutto il quadro, con l’effetto che chi lo guarda si trova immerso nello sguardo
di Maria: egli guarda Maria che, a sua volta, lo guarda.
Anche il volto del Bambino è rivolto al pellegrino, ma non il suo sguardo, che
risulta in qualche modo fisso altrove. I due volti hanno un’espressione seria,
pensierosa, che dà anche il tono emotivo a tutto il quadro. La guancia destra
della Madonna è segnata da due sfregi paralleli e da un terzo che li
attraversa; il collo presenta altre sei scalfitture, due delle quali visibili, quattro
appena percettibili.
Gesù, vestito di una tunica scarlatta, riposa sul braccio sinistro della Madre.
La mano sinistra tiene il libro, la destra è sollevata in gesto di sovranità e
benedizione. La mano destra della Madonna sembra indicare il Bambino. Sulla
fronte di Maria è raffigurata una stella a sei punte. Attorno ai volti della
Madonna e di Gesù risaltano le aureole, la cui luminosità contrasta con
l’incarnato dei loro visi.
Dopo la profanazione e il restauro, la fama del santuario crebbe enormemente e
aumentarono i pellegrinaggi, a tal punto che la chiesa originaria si rivelò
insufficiente a contenere il numero dei fedeli. Per questo motivo, già nella
seconda metà del secolo XV, accanto alla Cappella della Madonna, fu dato avvio
alla costruzione di una chiesa gotica a tre ampie navate.
Nel 1717 il quadro miracoloso della Madonna di Jasna Góra fu incoronato col
diadema papale e, a cominciare dal secolo scorso, numerose chiese a lei
dedicate furono erette in tutto il mondo: attualmente se ne contano circa 350,
di cui 300 soltanto nella Polonia.
La fama sempre crescente dell’immagine miracolosa della Madre di Dio fece sì
che l’antico monastero diventasse nel corso degli anni mèta costante di devoti
pellegrinaggi. Il culto della Madonna Nera di Czestochowa si
è esteso così fino al continente americano, in Australia, in Africa e anche in
Asia. Una devozione che non ha confini, che ha toccato il cuore di molti, e che
è stata particolarmente cara – come ogni polacco che si rispetti – al nostro
venerato Santo Padre, Giovanni Paolo II, che di Maria è sempre stato il devoto
più fedele.
Autore: Maria Di
Lorenzo