La Dormition de la très Sainte Vierge Marie
Par ces paroles de son oraison de la messe du quinze août, l'Église dit clairement que la Vierge Marie est morte: «Nous reconnaissons qu'Elle est morte selon la condition de la chair.» Jésus-Christ est mort parce qu'Il S'était chargé de tous les péchés du monde et qu'Il avait accepté d'en porter toute la peine. Comme Sauveur et Rédempteur du genre humain, Il devait être puni pour les crimes de tous les hommes, mais pour la Sainte Vierge, Elle n'a point été chargée de nos péchés et Sa mort n'était point un moyen que Dieu avait choisi pour notre rédemption...
La très Sainte Marie reçut les apôtres rassemblés pour l'occasion de Son trépas, avec une joie et une humilité merveilleuses. Elevant Ses yeux et Son esprit vers le ciel, Elle remercia Dieu de la grâce qu'Il Lui faisait de voir ces dignes instruments de Sa puissance et ces glorieux prédicateurs de Son Evangile. Par un discours admirable, la Très Sainte Vierge consola les apôtres affligés de Son prochain départ. Elle leur donna Sa bénédiction plus que maternelle, et les exhorta à continuer de travailler avec courage à l'établissement de l'Eglise qu'Elle appelait Sa Mère... Elle leur promit de les assister puissamment du haut du ciel en employant tout Son crédit auprès de Son divin Fils afin de leur obtenir l'abondance des grâces qui leur étaient nécessaires pour s'acquitter dignement de leurs fonctions et pour achever l'oeuvre de leur propre sanctification.
Bien qu'âgée de soixante-douze ans, la Vierge Marie n'était nullement malade. Aucun signe de vieillesse n'apparaissait en Elle, Son doux visage s'étant toujours maintenu dans la même beauté. Sa face rayonnait de joie et trahissait Son bonheur d'aller rejoindre l'Epoux.
Au moment de rendre à Dieu Son âme bénie, Marie S'inclina modestement sur Sa couche, Se plaça dans la posture où Elle désirait être ensevelie, et répéta Son Fiat: "Qu'il Me soit fait selon Votre parole." Ayant ajouté cette divine parole de Son Fils en croix: "Je remets, Seigneur, Mon esprit entre Vos mains," la Très Sainte Vierge expira dans un élan d'amour inénarrable.
«Cette mort, dit saint Jean Damascène, fut sans aucune peine, de même que Son enfantement, lorsqu'Elle avait mis Jésus-Christ au monde, avait été sans douleur. Aussi Elle n'eut point d'autre cause que la véhémence de Son amour dont Sa nature ne put porter davantage le grand effort. La puissance de Dieu L'avait soutenue jusqu'alors au milieu de ce brasier, ce qui Lui avait conservé la vie, mais cette puissance ayant cessé pour un moment son opération, Elle cessa en même temps de vivre...» D'autres saints sont morts dans l'amour, c'est-à-dire en aimant Dieu actuellement, mais la Mère de la sainte dilection est morte par l'amour, et c'est l'amour qui Lui a ôté la vie naturelle pour Lui donner une vie de gloire.
Selon quelques Docteurs, Son divin Fils Lui offrit de ne point mourir, mais Marie choisit la mort par conformité à la mort du Rédempteur. Par ce sacrifice, Elle reçut un pouvoir souverain de procurer la grâce d'une sainte mort aux agonisants qui L'invoqueraient et de les assister dans leurs derniers combats. En mourant, la Très Sainte Vierge Marie est donc devenue l'Asile, l'Avocate et la Patronne de tous les mourants, diminuant et adoucissant ainsi la peine que nous éprouvons tous à mourir. Désormais, nous pouvons L'invoquer à notre dernière heure avec encore plus de confiance en Sa maternelle bonté.
D'après un résumé O.D.M.
SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/la_dormition.html
Marie a connu la mort – Jean-Paul II
Catéchèse sur l’un des aspects du mystère de la Dormition qu’est la mort de
Marie
Jean Paul II, audience générale du Mercredi 25 juin 1997,
trad. fr. Christus.
1. À propos de la fin de la vie terrestre de Marie, le Concile (NDLR : Vatican
II) a repris les termes de la définition de bulle du dogme de l’Assomption et
déclare :
La Vierge immaculée, préservée de toute tache du
péché originel, au cours de sa vie terrestre, a été pris dans la gloire
céleste, corps et âme (Lumen Gentium, 59).
Avec cette formule, la Constitution dogmatique Lumen Gentium, à la suite de mon vénéré prédécesseur Pie XII,
est muet sur la question de la mort de Marie. Pie XII n’a pas eu l’intention de
nier le fait de la mort, mais simplement ne juge pas opportun de déclarer
solennellement, comme une vérité d’être acceptée par tous les croyants, la mort
de la Mère de Dieu.
En fait, certains théologiens ont soutenu que la Vierge n’eut pas à mourir
et passa directement de la vie terrestre à la gloire céleste. Cependant, cette
opinion est inconnue jusqu’au XVIIème siècle, alors qu’il existe une tradition
commune qui voit dans la mort de Marie son entrée dans la gloire céleste.
2. Est-il possible que Marie de Nazareth ait vécu dans sa chair le drame de
la mort ? En réfléchissant sur le sort de Marie et de sa relation avec son
divin Fils, il semble légitime de répondre par l’affirmative : puisque le
Christ est mort, il serait difficile de prétendre le contraire pour la mère.
C’est dans ce sens qu’ont réfléchit les Pères de l’Église, qui n’avait
aucun doute à ce sujet. Il suffit de mentionner Saint Jacques de Saroug (+
521), pour qui :
Lorsque pour Marie fut arrivée « le temps de
parcourir le chemin de toutes les générations », c’est à dire les chemin
de la mort, « le chœur des douze Apôtres » se rassembla pour enterrer « le
corps virginal de la bienheureuse » (Discours sur la sépulture de la Sainte Mère de Dieu, 87-99 dans le C. VONA, Lateranum 19,
1953, 188).
Saint Modeste de Jérusalem (+ 634), après une longue évocation de la
Dormition « de la Sainte glorieuse Mère de Dieu », conclut sa louange en
vantant l’intervention miraculeuse du Christ qui l’a « relevée de la tombe »
afin de la prendre avec lui dans la gloire (Saint Modeste de Jérusalem, Enc. dormitionem dans Deiparae semperque
Virginis Mariae, nn.
7:14: PG 86 bis, 3293, 3311).
Saint Jean Damascène (+ 704) se demande pour sa part :
Comment se fait-il que celle, qui pour enfanter dépassa
toutes les limites de la nature, se plie maintenant à ses lois et que son corps
immaculé soit soumis à la mort ? (Et il répond :) Il est clair que la partie
mortelle a été déposée pour revêtir l’immortalité, puisque même le maître de la
nature n’a pas refusé l’expérience de la mort. En effet, il meurt selon la
chair et par la mort détruit la mort, la corruption devient incorruptibilité et
de la mort il donne la source de la résurrection (Saint Jean Damascène, Panégyrique sur la Dormition de la Mère de
Dieu, 10: SC 80,107).
3. Il est vrai que la mort est présentée dans l’Apocalypse comme une
punition pour le péché. Toutefois, le fait que l’Église proclame Marie libérée
du péché originel par un privilège singulier divin ne conduit pas à la
conclusion qu’elle a également reçu l’immortalité physique. La Mère n’est pas
supérieure au Fils qui a assumé la mort en lui donnant un sens nouveau et de la
transformant en instrument de salut.
Impliquée dans l’œuvre de rédemption et associée à l’offrande du Christ, Marie
a pu partager la souffrance et la mort en vue de la rédemption de l’humanité. À
elle s’applique également ce que Sévère d’Antioche dit à propos du Christ :
« Sans une mort préliminaire, comment la résurrection pourrait-elle avoir
lieu ? » (Sévère d’Antioche, Antijulianistica, Beyrouth 1931, 194s). Pour participer à
la résurrection du Christ, Marie devait d’abord en partager la mort.
4. Le Nouveau Testament ne fournit aucune information sur les circonstances
de la mort de Marie. Ce silence laisse supposer qu’il est arrivé naturellement,
sans aucun détail particulièrement remarquable. Si ce n’était pas le cas,
comment la nouvelle aurrait-elle put être cachée de ses contemporains et de ne
pas parvenir, d’une façon ou d’une autre, jusqu’à nous ?
Quant à la cause de la mort de Marie, les opinions qui voudraient exclure
des causes naturelles semblent sans fondement. Plus importante est la recherche
de l’attitude spirituelle de la Vierge au moment de son départ de ce monde. À
cet égard, saint François de Sales est d’avis que la mort de Marie a eu lieu à
la suite d’un transport d’amour. Il parle de la mort :
… dans l’amour, à cause de l’amour et par amour,
allant même à dire que la Mère de Dieu est morte d’amour pour son fils (Saint
François de Sales, Traité
de l’Amour de Dieu, Lib.
7, c. XIII-XIV).
Quelque soit le fait biologique ou organique qui causa, sur un plan
physique, la fin de la vie du corps, on peut dire que le passage de cette vie
l’autre fut pour Marie une maturation de la grâce dans la gloire, si bien que
jamais autant que dans ce cas, la mort ne put être considérée comme une
Dormition.
5. Chez certains Pères de l’Église, nous trouvons la description de Jésus
qui vient lui-même prendre sa mère au moment de la mort pour son introduction
dans la gloire céleste. Ils présentent ainsi la mort de Marie comme un
événement de l’amour qui l’a amenée à rejoindre son divin Fils pour partager sa
vie immortelle. À la fin de son existence terrestre, elle a connu, comme Paul
et plus que lui, le désir d’être libérée et d’être avec le Christ pour toujours
(cf. Ph 1, 23).
L’expérience de la mort a enrichi la personne de la Vierge à travers le
sort commun des hommes, elle est en mesure d’exercer plus efficacement sa
maternité spirituelle envers ceux qui atteignent l’heure suprême de la vie.
Note du Cathéchisme de l’Église Catholique
C.E.C § 1008 : La
mort est conséquence du péché. Interprète authentique des affirmations de la Sainte Écriture (cf. Gn 2,
17 ; 3, 3 ; 3, 19 ; Sg 1, 13 ; Rm 5, 12 ; 6, 23) et de la Tradition, le
Magistère de l’Église enseigne que la mort est entrée dans le monde à cause du
péché de l’homme (cf. DS 1511). Bien que l’homme possédât une nature mortelle,
Dieu le destinait à ne pas mourir. La mort fut donc contraire aux desseins de
Dieu Créateur, et elle entra dans le monde comme conséquence du péché (cf. Sg
2, 23-24). « La mort corporelle, à laquelle l’homme aurait été soustrait
s’il n’avait pas péché » (GS 18), est ainsi « le dernier
ennemi » de l’homme à devoir être vaincu (cf. 1 Co 15, 26).