lundi 13 août 2012

La DORMITION DE LA TRÈS SAINTE VIERGE MARIE


La Dormition de la très Sainte Vierge Marie

Par ces paroles de son oraison de la messe du quinze août, l'Église dit clairement que la Vierge Marie est morte: «Nous reconnaissons qu'Elle est morte selon la condition de la chair.» Jésus-Christ est mort parce qu'Il S'était chargé de tous les péchés du monde et qu'Il avait accepté d'en porter toute la peine. Comme Sauveur et Rédempteur du genre humain, Il devait être puni pour les crimes de tous les hommes, mais pour la Sainte Vierge, Elle n'a point été chargée de nos péchés et Sa mort n'était point un moyen que Dieu avait choisi pour notre rédemption...

La très Sainte Marie reçut les apôtres rassemblés pour l'occasion de Son trépas, avec une joie et une humilité merveilleuses. Elevant Ses yeux et Son esprit vers le ciel, Elle remercia Dieu de la grâce qu'Il Lui faisait de voir ces dignes instruments de Sa puissance et ces glorieux prédicateurs de Son Evangile. Par un discours admirable, la Très Sainte Vierge consola les apôtres affligés de Son prochain départ. Elle leur donna Sa bénédiction plus que maternelle, et les exhorta à continuer de travailler avec courage à l'établissement de l'Eglise qu'Elle appelait Sa Mère... Elle leur promit de les assister puissamment du haut du ciel en employant tout Son crédit auprès de Son divin Fils afin de leur obtenir l'abondance des grâces qui leur étaient nécessaires pour s'acquitter dignement de leurs fonctions et pour achever l'oeuvre de leur propre sanctification.

Bien qu'âgée de soixante-douze ans, la Vierge Marie n'était nullement malade. Aucun signe de vieillesse n'apparaissait en Elle, Son doux visage s'étant toujours maintenu dans la même beauté. Sa face rayonnait de joie et trahissait Son bonheur d'aller rejoindre l'Epoux.

Au moment de rendre à Dieu Son âme bénie, Marie S'inclina modestement sur Sa couche, Se plaça dans la posture où Elle désirait être ensevelie, et répéta Son Fiat: "Qu'il Me soit fait selon Votre parole." Ayant ajouté cette divine parole de Son Fils en croix: "Je remets, Seigneur, Mon esprit entre Vos mains," la Très Sainte Vierge expira dans un élan d'amour inénarrable.

«Cette mort, dit saint Jean Damascène, fut sans aucune peine, de même que Son enfantement, lorsqu'Elle avait mis Jésus-Christ au monde, avait été sans douleur. Aussi Elle n'eut point d'autre cause que la véhémence de Son amour dont Sa nature ne put porter davantage le grand effort. La puissance de Dieu L'avait soutenue jusqu'alors au milieu de ce brasier, ce qui Lui avait conservé la vie, mais cette puissance ayant cessé pour un moment son opération, Elle cessa en même temps de vivre...» D'autres saints sont morts dans l'amour, c'est-à-dire en aimant Dieu actuellement, mais la Mère de la sainte dilection est morte par l'amour, et c'est l'amour qui Lui a ôté la vie naturelle pour Lui donner une vie de gloire.

Selon quelques Docteurs, Son divin Fils Lui offrit de ne point mourir, mais Marie choisit la mort par conformité à la mort du Rédempteur. Par ce sacrifice, Elle reçut un pouvoir souverain de procurer la grâce d'une sainte mort aux agonisants qui L'invoqueraient et de les assister dans leurs derniers combats. En mourant, la Très Sainte Vierge Marie est donc devenue l'Asile, l'Avocate et la Patronne de tous les mourants, diminuant et adoucissant ainsi la peine que nous éprouvons tous à mourir. Désormais, nous pouvons L'invoquer à notre dernière heure avec encore plus de confiance en Sa maternelle bonté.

D'après un résumé O.D.M.

SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/la_dormition.html

Marie a connu la mort – Jean-Paul II

Catéchèse sur l’un des aspects du mystère de la Dormition qu’est la mort de Marie

Jean Paul II, audience générale du Mercredi 25 juin 1997, trad. fr. Christus.

1. À propos de la fin de la vie terrestre de Marie, le Concile (NDLR : Vatican II) a repris les termes de la définition de bulle du dogme de l’Assomption et déclare :

La Vierge immaculée, préservée de toute tache du péché originel, au cours de sa vie terrestre, a été pris dans la gloire céleste, corps et âme (Lumen Gentium, 59).

Avec cette formule, la Constitution dogmatique Lumen Gentium, à la suite de mon vénéré prédécesseur Pie XII, est muet sur la question de la mort de Marie. Pie XII n’a pas eu l’intention de nier le fait de la mort, mais simplement ne juge pas opportun de déclarer solennellement, comme une vérité d’être acceptée par tous les croyants, la mort de la Mère de Dieu.

En fait, certains théologiens ont soutenu que la Vierge n’eut pas à mourir et passa directement de la vie terrestre à la gloire céleste. Cependant, cette opinion est inconnue jusqu’au XVIIème siècle, alors qu’il existe une tradition commune qui voit dans la mort de Marie son entrée dans la gloire céleste.

2. Est-il possible que Marie de Nazareth ait vécu dans sa chair le drame de la mort ? En réfléchissant sur le sort de Marie et de sa relation avec son divin Fils, il semble légitime de répondre par l’affirmative : puisque le Christ est mort, il serait difficile de prétendre le contraire pour la mère.

C’est dans ce sens qu’ont réfléchit les Pères de l’Église, qui n’avait aucun doute à ce sujet. Il suffit de mentionner Saint Jacques de Saroug (+ 521), pour qui :

Lorsque pour Marie fut arrivée « le temps de parcourir le chemin de toutes les générations », c’est à dire les chemin de la mort, « le chœur des douze Apôtres » se rassembla pour enterrer « le corps virginal de la bienheureuse » (Discours sur la sépulture de la Sainte Mère de Dieu, 87-99 dans le C. VONA, Lateranum 19, 1953, 188).

Saint Modeste de Jérusalem (+ 634), après une longue évocation de la Dormition « de la Sainte glorieuse Mère de Dieu », conclut sa louange en vantant l’intervention miraculeuse du Christ qui l’a « relevée de la tombe » afin de la prendre avec lui dans la gloire (Saint Modeste de Jérusalem, Enc. dormitionem dans Deiparae semperque Virginis Mariae, nn. 7:14: PG 86 bis, 3293, 3311).
Saint Jean Damascène (+ 704) se demande pour sa part :

Comment se fait-il que celle, qui pour enfanter dépassa toutes les limites de la nature, se plie maintenant à ses lois et que son corps immaculé soit soumis à la mort ? (Et il répond :) Il est clair que la partie mortelle a été déposée pour revêtir l’immortalité, puisque même le maître de la nature n’a pas refusé l’expérience de la mort. En effet, il meurt selon la chair et par la mort détruit la mort, la corruption devient incorruptibilité et de la mort il donne la source de la résurrection (Saint Jean Damascène, Panégyrique sur la Dormition de la Mère de Dieu, 10: SC 80,107).

3. Il est vrai que la mort est présentée dans l’Apocalypse comme une punition pour le péché. Toutefois, le fait que l’Église proclame Marie libérée du péché originel par un privilège singulier divin ne conduit pas à la conclusion qu’elle a également reçu l’immortalité physique. La Mère n’est pas supérieure au Fils qui a assumé la mort en lui donnant un sens nouveau et de la transformant en instrument de salut.

Impliquée dans l’œuvre de rédemption et associée à l’offrande du Christ, Marie a pu partager la souffrance et la mort en vue de la rédemption de l’humanité. À elle s’applique également ce que Sévère d’Antioche dit à propos du Christ : « Sans une mort préliminaire, comment la résurrection pourrait-elle avoir lieu ? » (Sévère d’Antioche, Antijulianistica, Beyrouth 1931, 194s). Pour participer à la résurrection du Christ, Marie devait d’abord en partager la mort.

4. Le Nouveau Testament ne fournit aucune information sur les circonstances de la mort de Marie. Ce silence laisse supposer qu’il est arrivé naturellement, sans aucun détail particulièrement remarquable. Si ce n’était pas le cas, comment la nouvelle aurrait-elle put être cachée de ses contemporains et de ne pas parvenir, d’une façon ou d’une autre, jusqu’à nous ?

Quant à la cause de la mort de Marie, les opinions qui voudraient exclure des causes naturelles semblent sans fondement. Plus importante est la recherche de l’attitude spirituelle de la Vierge au moment de son départ de ce monde. À cet égard, saint François de Sales est d’avis que la mort de Marie a eu lieu à la suite d’un transport d’amour. Il parle de la mort :

… dans l’amour, à cause de l’amour et par amour, allant même à dire que la Mère de Dieu est morte d’amour pour son fils (Saint François de Sales, Traité de l’Amour de Dieu, Lib. 7, c. XIII-XIV).

Quelque soit le fait biologique ou organique qui causa, sur un plan physique, la fin de la vie du corps, on peut dire que le passage de cette vie l’autre fut pour Marie une maturation de la grâce dans la gloire, si bien que jamais autant que dans ce cas, la mort ne put être considérée comme une Dormition.

5. Chez certains Pères de l’Église, nous trouvons la description de Jésus qui vient lui-même prendre sa mère au moment de la mort pour son introduction dans la gloire céleste. Ils présentent ainsi la mort de Marie comme un événement de l’amour qui l’a amenée à rejoindre son divin Fils pour partager sa vie immortelle. À la fin de son existence terrestre, elle a connu, comme Paul et plus que lui, le désir d’être libérée et d’être avec le Christ pour toujours (cf. Ph 1, 23).

L’expérience de la mort a enrichi la personne de la Vierge à travers le sort commun des hommes, elle est en mesure d’exercer plus efficacement sa maternité spirituelle envers ceux qui atteignent l’heure suprême de la vie.
Note du Cathéchisme de l’Église Catholique
C.E.C § 1008 : La mort est conséquence du péché. Interprète authentique des affirmations de la Sainte Écriture (cf. Gn 2, 17 ; 3, 3 ; 3, 19 ; Sg 1, 13 ; Rm 5, 12 ; 6, 23) et de la Tradition, le Magistère de l’Église enseigne que la mort est entrée dans le monde à cause du péché de l’homme (cf. DS 1511). Bien que l’homme possédât une nature mortelle, Dieu le destinait à ne pas mourir. La mort fut donc contraire aux desseins de Dieu Créateur, et elle entra dans le monde comme conséquence du péché (cf. Sg 2, 23-24). « La mort corporelle, à laquelle l’homme aurait été soustrait s’il n’avait pas péché » (GS 18), est ainsi « le dernier ennemi » de l’homme à devoir être vaincu (cf. 1 Co 15, 26).