BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Palais pontifical de Castel
Gandolfo
Mercredi 1er septembre 2010
Sainte Hildegarde de Bingen
Chers frères et sœurs,
En 1988, à l’occasion de l’Année mariale, le
vénérable Jean-Paul II a écrit une Lettre apostolique
intitulée Mulieris dignitatem, traitant du rôle
précieux que les femmes ont accompli et accomplissent dans la vie de l’Eglise.
«L'Eglise — y lit-on — rend grâce pour toutes les manifestations du génie
féminin apparues au cours de l'histoire, dans tous les peuples et dans
toutes les nations; elle rend grâce pour tous les charismes dont l'Esprit Saint
a doté les femmes dans l'histoire du Peuple de Dieu, pour toutes les victoires
remportées grâce à leur foi, à leur espérance et à leur amour: elle rend grâce
pour tous les fruits de la sainteté féminine» (n. 31).
Egalement, au cours des siècles de l’histoire que
nous appelons habituellement Moyen Age, diverses figures de femmes se
distinguent par la sainteté de leur vie et la richesse de leur enseignement.
Aujourd’hui, je voudrais commencer à vous présenter l’une d’entre elles: sainte
Hildegarde de Bingen, qui a vécu en Allemagne au XIIe siècle. Elle
naquit en 1098 en Rhénanie, probablement à Bermersheim, près d’Alzey, et mourut
en 1179, à l’âge de 81 ans, en dépit de ses conditions de santé depuis toujours
fragiles. Hildegarde appartenait à une famille noble et nombreuse, et dès sa
naissance, elle fut vouée par ses parents au service à Dieu. A l’âge de huit
ans, elle fut offerte à l’état religieux (selon la Règle de saint Benoît, chap.
59) et, afin de recevoir une formation humaine et chrétienne appropriée, elle
fut confiée aux soins de la veuve consacrée Uda de Göllheim puis de Judith de
Spanheim, qui s’était retirée en clôture dans le monastère bénédictin
Saint-Disibod. C’est ainsi que se forma un petit monastère féminin de clôture,
qui suivait la Règle de saint Benoît. Hildegarde reçut le voile des mains de
l’évêque Othon de Bamberg et en 1136, à la mort de mère Judith, devenue magistra
(Prieure) de la communauté, ses concours l’appelèrent à lui succéder. Elle
accomplit cette charge en mettant à profit ses dons de femme cultivée,
spirituellement élevée et capable d’affronter avec compétence les aspects liés
à l’organisation de la vie de clôture. Quelques années plus tard, notamment en
raison du nombre croissant de jeunes femmes qui frappaient à la porte du
monastère, Hildegarde se sépara du monastère masculin dominant de Saint-Disibod
avec la communauté à Bingen, dédiée à saint Rupert, où elle passa le reste de
sa vie. Le style avec lequel elle exerçait le ministère de l’autorité est
exemplaire pour toute communauté religieuse: celui-ci suscitait une sainte
émulation dans la pratique du bien, au point que, comme il ressort des
témoignages de l’époque, la mère et les filles rivalisaient de zèle dans
l’estime et le service réciproque.
Déjà au cours des années où elle était magistra du
monastère Saint-Disibod, Hildegarde avait commencé à dicter ses visions
mystiques, qu’elle avait depuis un certain temps, à son conseiller spirituel,
le moine Volmar, et à sa secrétaire, une consœur à laquelle elle était très
attachée Richardis de Strade. Comme cela est toujours le cas dans la vie des
véritables mystiques, Hildegarde voulut se soumettre aussi à l’autorité de
personnes sages pour discerner l’origine de ses visions, craignant qu’elles
soient le fruit d’illusions et qu’elles ne viennent pas de Dieu. Elle s’adressa
donc à la personne qui, à l’époque, bénéficiait de la plus haute estime dans
l’Eglise: saint Bernard de Clairvaux, dont j’ai déjà parlé dans certaines
catéchèses. Celui-ci rassura et encouragea Hildegarde. Mais en 1147, elle reçut
une autre approbation très importante. Le Pape Eugène III, qui présidait un
synode à Trèves, lut un texte dicté par Hildegarde, qui lui avait été présenté
par l’archevêque Henri de Mayence. Le Pape autorisa la mystique à écrire ses
visions et à parler en public. A partir de ce moment, le prestige spirituel
d’Hildegarde grandit toujours davantage, d’autant plus que ses contemporains
lui attribuèrent le titre de «prophétesse teutonique». Tel est, chers amis, le
sceau d’une expérience authentique de l’Esprit Saint, source de tout charisme:
la personne dépositaire de dons surnaturels ne s’en vante jamais, ne les
affiche pas, et surtout, fait preuve d’une obéissance totale à l’autorité
ecclésiale. En effet, chaque don accordé par l’Esprit Saint est destiné à
l’édification de l’Eglise, et l’Eglise, à travers ses pasteurs, en reconnaît
l’authenticité.
Je parlerai encore une fois mercredi prochain de
cette grande femme «prophétesse», qui nous parle avec une grande actualité
aujourd’hui aussi, à travers sa capacité courageuse à discerner les signes des
temps, son amour pour la création, sa médecine, sa poésie, sa musique, qui est
aujourd’hui reconstruite, son amour pour le Christ et pour son Eglise, qui
souffrait aussi en ce temps-là, blessée également à cette époque par les péchés
des prêtres et des laïcs, et d’autant plus aimée comme corps du Christ. Ainsi,
sainte Hilegarde nous parle-t-elle; nous l’évoquerons encore mercredi prochain.
Merci pour votre attention.
* * *
Je salue avec joie les pèlerins francophones, en
particulier l’aumônerie des jeunes travailleurs du Golfe de Saint Tropez. À la
suite de Sainte Hildegarde dont je parlerai plus amplement prochainement,
puissiez-vous, chers frères et sœurs, vous laisser instruire par l’Esprit
Saint. Vous découvrirez alors les dons que le Seigneur vous fait pour le
service de l’Église et du monde entier. Bon pèlerinage à tous et bonne rentrée
à ceux qui vont reprendre leur travail ou le chemin des études. Je pense
particulièrement aux enfants et aux jeunes.
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Editrice Vaticana
SOURCE : http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20100901.html
BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Salle Paul VI
Mercredi 8 septembre 2010
Sainte Hildegarde (2)
Chers frères et sœurs,
Je voudrais aujourd’hui reprendre et poursuivre la
réflexion sur sainte Hildegarde de Bingen, figure importante de femme au Moyen
âge, qui se distingua par sa sagesse spirituelle et la sainteté de sa vie. Les visions
mystiques d’Hildegarde ressemblent à celles des prophètes de l’Ancien
Testament: s’exprimant à travers les expressions culturelles et religieuses de
son époque, elle interprétait à la lumière de Dieu les Saintes Ecritures, les
appliquant aux diverses circonstances de la vie. Ainsi, tous ceux qui
l’écoutaient se sentaient exhortés à pratiquer un style d’existence chrétienne
cohérent et engagé. Dans une lettre à saint Bernard, la mystique de Rhénanie
confesse: «La vision envahit tout mon être: je ne vois plus avec les yeux du
corps, mais elle m’apparaît dans l’esprit des mystères... Je connais la
signification profonde de ce qui est exposé dans le psautier, dans l’Evangile,
et d’autres livres, qui m’apparaissent en vision. Celle-ci brûle comme une flamme
dans ma poitrine et dans mon âme, et m’enseigne à comprendre en profondeur le
texte» (Epitolarium pars prima I-XC: CCCM 91).
Les visions mystiques d’Hildegarde sont riches de
contenus théologiques. Elles font référence aux événements principaux de l’histoire
du salut, et adoptent un langage principalement poétique et symbolique. Par
exemple, dans son œuvre la plus célèbre, intitulée Scivias, c’est-à-dire
«Connais les voies», elle résume en trente-cinq visions les événements de
l’histoire du salut, de la création du monde à la fin des temps. Avec les
traits caractéristiques de la sensibilité féminine, Hildegarde, précisément
dans la partie centrale de son œuvre, développe le thème du mariage mystique
entre Dieu et l’humanité réalisé dans l’Incarnation. Sur l’arbre de la Croix
s’accomplissent les noces du Fils de Dieu avec l’Eglise, son épouse, emplie de
grâce et rendue capable de donner à Dieu de nouveaux fils, dans l’amour de
l’Esprit Saint (cf. Visio tertia: PL 197, 453c).
A partir de ces brèves évocations, nous voyons déjà
que la théologie peut également recevoir une contribution particulière des
femmes, car elles sont capables de parler de Dieu et des mystères de la foi à
travers leur intelligence et leur sensibilité particulières. J’encourage donc
toutes celles qui accomplissent ce service à l’accomplir avec un profond esprit
ecclésial, en nourrissant leur réflexion à la prière et en puisant à la grande
richesse, encore en partie inexplorée, de la tradition mystique médiévale,
surtout celle représentée par des modèles lumineux, comme le fut précisément
Hildegarde de Bingen.
La mystique rhénane est aussi l'auteur d'autres
écrits, dont deux particulièrement importants parce qu'ils témoignent, comme le
Scivias, de ses visions mystiques: ce sont le Liber vitae meritorum
(Livre des mérites de la vie) et le Liber divinorum operum (Livre des
œuvres divines), appelé aussi De operatione Dei. Dans le premier est
décrite une unique et vigoureuse vision de Dieu qui vivifie l’univers par sa
force et sa lumière. Hildegarde souligne la profonde relation entre l'homme et
Dieu et nous rappelle que toute la création, dont l'homme est le sommet, reçoit
la vie de la Trinité. Cet écrit est centré sur la relation entre les vertus et
les vices, qui fait que l'être humain doit affronter chaque jour le défi des
vices, qui l'éloignent dans son cheminement vers Dieu et les vertus, qui le
favorisent. L'invitation est de s'éloigner du mal pour glorifier Dieu et pour
entrer, après une existence vertueuse, dans la vie «toute de joie». Dans la
seconde œuvre, considérée par beaucoup comme son chef-d'œuvre, elle décrit
encore la création dans son rapport avec Dieu et la place centrale de l’homme,
en manifestant un fort christocentrisme aux accents bibliques et patristiques.
La sainte, qui présente cinq visions inspirées par le Prologue de l'Evangile de
saint Jean, rapporte les paroles que le Fils adresse au Père: «Toute l’œuvre
que tu as voulue et que tu m'as confiée, je l'ai menée à bien, et voici que je
suis en toi, et toi en moi, et que nous sommes un» (Pars III, Visio X:
PL 197, 1025a).
Dans d’autres écrits, enfin, Hildegarde manifeste
la versatilité des intérêts et la vivacité culturelle des monastères féminins
du Moyen âge, à contre-courant des préjugés qui pèsent encore sur l'époque. Hildegarde
s'occupa de médecine et de sciences naturelles, ainsi que de musique, étant
doté de talent artistique. Elle composa aussi des hymnes, des antiennes et des
chants, réunis sous le titre de Symphonia Harmoniae Caelestium Revelationum
(Symphonie de l'harmonie des révélations célestes), qui étaient joyeusement
interprétés dans ses monastères, diffusant un climat de sérénité, et qui sont
également parvenus jusqu'à nous. Pour elle, la création tout entière est une
symphonie de l'Esprit Saint, qui est en soi joie et jubilation.
La popularité dont Hildegarde jouissait poussait de
nombreuses personnes à l’interpeller. C’est pour cette raison que nous
disposons d’un grand nombre de ses lettres. Des communautés monastiques
masculines et féminines, des évêques et des abbés s’adressaient à elle. De
nombreuses réponses restent valable également pour nous. Par exemple,
Hildegarde écrivit ce qui suit à une communauté religieuse féminine: «La vie
spirituelle doit faire l’objet de beaucoup de dévouement. Au début, la fatigue
est amère. Car elle exige la renonciation aux manifestations extérieures, au
plaisir de la chair et à d’autres choses semblables. Mais si elle se laisse
fasciner par la sainteté, une âme sainte trouvera doux et plein d’amour le
mépris même du monde. Il suffit seulement, avec intelligence, de faire
attention à ce que l’âme ne se fane pas» (E. Gronau, Hildegard. Vita di una
donna profetica alle origini dell’età moderna, Milan 1996, p. 402). Et
lorsque l’empereur Frédéric Barberousse fut à l’origine d’un schisme ecclésial
opposant trois antipapes au Pape légitime Alexandre III, Hildegarde, inspirée
par ses visions, n’hésita pas à lui rappeler qu’il était lui aussi sujet au
jugement de Dieu. Avec l’audace qui caractérise chaque prophète, elle écrivit à
l’empereur ces mots de la part de Dieu: «Attention, attention à cette mauvaise
conduite des impies qui me méprisent! Prête-moi attention, ô roi, si tu veux
vivre! Autrement mon épée te transpercera!» (ibid., p. 142).
Avec l’autorité spirituelle dont elle était dotée,
au cours des dernières années de sa vie, Hildegarde se mit en voyage, malgré
son âge avancé et les conditions difficiles des déplacements, pour parler de
Dieu aux populations. Tous l’écoutaient volontiers, même lorsqu’elle prenait un
ton sévère: ils la considéraient comme une messagère envoyée par Dieu. Elle
rappelait surtout les communautés monastiques et le clergé à une vie conforme à
leur vocation. De manière particulière, Hildegarde s’opposa au mouvement des cathares
allemands. Ces derniers — littéralement cathares signifie «purs» —
prônaient une réforme radicale de l’Eglise, en particulier pour combattre les
abus du clergé. Elle leur reprocha sévèrement de vouloir renverser la nature
même de l’Eglise, en leur rappelant qu’un véritable renouvellement de la
communauté ecclésiale ne s’obtient pas tant avec le changement des structures,
qu’avec un esprit de pénitence sincère et un chemin actif de conversion. Il
s’agit là d’un message que nous ne devrions jamais oublier. Invoquons toujours
l’Esprit Saint afin qu’il suscite dans l’Eglise des femmes saintes et
courageuses, comme sainte Hildegarde de Bingen, qui, en valorisant les dons
reçus par Dieu, apportent leur contribution précieuse et spécifique à la
croissance spirituelle de nos communautés!
* * *
Je salue les pèlerins
francophones présents particulièrement les pèlerins venus de Metz et de Saint
Just d’Arbois. Je ne désire pas oublier le Secrétaire et les membres de
l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe qui ont tenu à être présent ce
matin, ainsi que des membres de l’association des retraités du Ministère des
Affaires Etrangères. Puissiez-vous à l’exemple de sainte Hildegarde continuer à
chercher Dieu! Bon pèlerinage à tous!
MESSAGE VIDÉO POUR LA VISITE AU ROYAUME-UNI
J’attends avec beaucoup de plaisir ma visite au
Royaume-Uni dans une semaine, et j’adresse des salutations sincères à tout le
peuple de Grande-Bretagne. Je suis conscient qu’un immense travail a été
accompli en vue de la préparation de ma visite, non seulement par la communauté
catholique, mais par le gouvernement, les autorités locales en Ecosse, à
Londres et à Birmingham, les moyens de communications et les services de
sécurité, et je voudrais dire combien j’apprécie les efforts qui ont été
accomplis afin de garantir que les divers événements au programme soient des
célébrations véritablement joyeuses. Je remercie avant tout les innombrables
personnes qui ont prié pour le succès de cette visite et pour une abondante
effusion de la grâce de Dieu sur l’Eglise et sur les habitants de votre nation.
Ce sera en particulier une joie pour moi de
béatifier le vénérable John Henry Newman à Birmingham, le dimanche 19
septembre. Cet Anglais remarquable a vécu une vie sacerdotale exemplaire et, à
travers ses écrits, a apporté une contribution durable à l’Eglise et à la
société dans son pays natal et dans de nombreuses autres parties du monde. Je
forme le vœu et la prière que toujours plus de personnes bénéficient de sa
sagesse et soient inspirées par son exemple d’intégrité et de sainteté de vie.
J’attends avec plaisir de rencontrer les
représentants des nombreuses et diverses traditions religieuses et culturelles,
qui composent la population britannique, ainsi que les responsables civils et
politiques. Je suis profondément reconnaissant à Sa Majesté la reine et à Sa
Grâce l’archevêque de Canterbury de me recevoir, et j’attends avec plaisir de
les rencontrer. Tandis que je regrette de ne pouvoir visiter de nombreux lieux
et rencontrer de nombreuses personnes, je vous assure tous de mes prières. Dieu
bénisse le peuple du Royaume-Uni!
© Copyright 2010 - Libreria
Editrice Vaticana
SOURCE : http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20100908.html
Décret
apostolique pour la proclamation de sainte Hildegarde de Bingen Docteur de l’Église
Benoît XVI, pape
en perpétuelle mémoire.
1. « Lumière de sa
nation et de son temps » : c’est par ces mots que notre prédécesseur,
le bienheureux Jean-Paul II, saluait en 1979 Ste Hildegarde, à l’occasion du 800e anniversaire de la mort de la mystique allemande.
Effectivement, cette femme éminente se détache sur l’horizon de l’Histoire par
la sainteté de sa vie et l’originalité de son enseignement. Oui, comme c’est le
cas pour toute expérience humaine et théologale authentique, son autorité
dépasse vraiment le cadre d’une époque et d’une société, et abstraction faite
de la distance chronologique et culturelle, sa pensée apparaît toujours
actuelle.
La vie quotidienne de Ste
Hildegarde se révèle en parfaite harmonie avec son enseignement. Chez elle
s’expriment la recherche de la volonté de Dieu et la suite du Christ comme une
constante mise en pratique des vertus, qu’elle cultive avec le plus grand soin
et nourrit aux sources bibliques, liturgiques et patristiques, ainsi qu’à la
lumière de la Règle de St Benoît. En elle rayonne de façon toute particulière
l’exercice persévérant de l’obéissance, de la simplicité, de la charité et de
l’hospitalité. Dans son adhésion totale à Dieu, elle s’est distinguée par ses
dons humains singuliers, son intelligence vive ainsi que par sa capacité à
scruter les réalités divines.
2. Hildegarde est née en
1098 à Bermersheim près d’Alzey ; ses parents étaient de nobles
propriétaires fonciers. À l’âge de huit ans, Hildegarde fut confiée comme
oblate à l’abbaye bénédictine du Disibodenberg, où elle prononça ses vœux en
1115. À la mort de Jutta de Sponheim, en 1136, Hildegarde fut nommée pour lui
succéder comme magistra. De faible constitution physique mais
dotée d’un puissant esprit, elle se consacra avec un soin spécial au renouveau
de la vie religieuse. Le fondement de sa spiritualité était la Règle
bénédictine, qui trace un chemin vers la sainteté fait d’équilibre et d’ascèse
mesurée. En raison du nombre croissant des moniales, ce qu’il convient
d’attribuer avant tout à la haute estime liée à sa personne, elle fonda en 1150
un monastère sur une colline – le Rupertsberg près de Bingen – où elle se
rendit avec vingt sœurs. Elle fonda en 1165 un autre monastère à Eibingen, de
l’autre côté du Rhin. Elle était abbesse des deux monastères.
Au sein du monastère,
elle prit soin du bien-être spirituel et matériel de ses sœurs en favorisant
spécialement la vie commune, la culture et la liturgie. En dehors du monastère,
elle s’efforça de fortifier la foi chrétienne et d’affermir la pratique
religieuse en s’opposant aux tendances hérétiques des Cathares ; elle
favorisa par ses écrits et prédications la réforme de l’Église et contribua à
l’amélioration de la discipline et de la vie du clergé. À l’invitation de
Hadrien IV et ensuite d’Alexandre III, Hildegarde exerça un apostolat fécond –
ce qui n’était guère usuel à l’époque pour une femme – , elle entreprit de
nombreux voyages, qui n’étaient pas sans dangers ni difficultés, afin
d’exhorter aussi sur les places publiques et dans quelques cathédrales, entre
autres Cologne, Trêves, Lüttich, Mayence, Metz, Bamberg et Würzburg. La
profonde spiritualité de ses écrits exerce une influence notable sur les
fidèles et les hautes personnalités de son temps, car elle s’intègre dans un
puissant renouvellement de la théologie, de la liturgie, des sciences et de la
musique.
Atteinte durant l’été
1179 d’une grave maladie, Hildegarde mourut en odeur de sainteté le 17
septembre 1179 au monastère du Rupertsberg, près de Bingen, entourée de ses
sœurs.
3. Dans ses nombreux
écrits, Hildegarde se consacre exclusivement à l’exposé de la révélation divine
et à l’annonce de Dieu dans la clarté de son amour. Son enseignement se
distingue par la hauteur et la droiture de ses interprétations comme aussi par
l’originalité de ses visions. Ses textes paraissent animés d’une authentique
« intelligence d’amour » et expriment leur profondeur et fraîcheur
dans la contemplation du mystère de la Très Sainte Trinité, de l’Incarnation,
de l’Église, de l’Humanité et de la Nature qui, en tant qu’œuvre de Dieu, doit
être estimée et respectée.
Ses œuvres sont le fruit
d’une expérience mystique profonde et offrent une réflexion effective sur le
mystère de Dieu. Déjà enfant, le Seigneur l’avait gratifiée d’une série de
visions, dont elle avait raconté le contenu au moine Volmar, son secrétaire et
directeur spirituel, ainsi qu’à une sœur, la moniale Richardis de Stade.
Particulièrement éclairant reste cependant le jugement de St Bernard de
Clairvaux, qui l’encouragea, et surtout celui du pape Eugène III, lequel
l’autorisa en 1147 à écrire et à parler en public. La réflexion théologique
permit à Hildegarde d’exposer de façon thématique le contenu de ses visions et,
au moins en parti, de les comprendre. En dehors de livres de théologie et de mystique,
elle rédigea aussi des œuvres consacrées à la médecine et à la Science. Ses
lettres sont aussi très nombreuses – environ 400 – , qu’elle adressa à des gens
simples, des communautés religieuses, des papes, des évêques et aux autorités
séculières de son temps. Elle fut aussi compositrice de musique spirituelle.
Par son ampleur, sa qualité et sa variété, le recueil de ses écrits est sans
comparaison chez les femmes du Moyen-Âge.
Les œuvres majeures
sont : le Scivias (Sache les voies), le Liber
vitae meritorum (le Livre des mérites de la vie) et le Liber
divinorum operum (le Livre des œuvres divines). Tous racontent ses visions
et le commandement reçu du Seigneur de les mettre par écrit. Ses Lettres
n’ont pas moins d’intérêt, comme Hildegarde l’estime elle-même, car elles
manifestent son attention pour les événements de son temps, qu’elle interprète
à la lumière des mystères divins. Il convient d’ajouter 58 Sermons,
adressés exclusivement à ses sœurs. Il s’agit d’Expositiones
evangeliorum (explications des Évangiles), qui contiennent un commentaire
littéral et moral pour les péricopes évangéliques lues aux grandes fêtes de
l’année liturgique. Les travaux de caractère artistique et scientifique se
concentrent de façon particulière au domaine de la musique, avec la Symphonia
armoniae caelestium revelationum ; au domaine de la science avec les Physica ; au domaine de la médecine avec le Liber
subtilitatum diversarum naturarum creaturarum et l’œuvre Causae
et curae. Enfin, il importe de mentionner des écrits de caractère
philologique, comme la Lingua ignota et les Litterae
ignotae, dans lesquels apparaissent des mots dans une langue inconnue
inventée par Hildegarde seule, mais qui sont composés principalement de
phonèmes présents dans la langue allemande.
La langue de Hildegarde,
caractérisée par un style original et fortement expressif, puise volontiers
dans un registre poétique à la force symbolique puissante, avec des intuitions
lumineuses, des analogies concises et des métaphores saisissantes.
4. Hildegarde dirige son
regard sur l’événement de la Révélation avec une sensibilité aiguë, sage et
prophétique. Son étude se déploie à partir de la Bible, à laquelle elle reste
fermement attachée au cours des phases suivantes. Le regard de la mystique de
Bingen ne se limite pas à résoudre quelques questions, elle veut au contraire
offrir une synthèse de toute la foi chrétienne. Elle résume ainsi, dans ses
visions et les réflexions suivantes, toute l’Histoire du Salut à partir du
commencement de l’univers jusqu’au dernier jour. La décision de Dieu de
réaliser l’œuvre de la Création est le premier pas de cet immense chemin, qui
se déroule, à la lumière de la Sainte Écriture, de la constitution de la
hiérarchie céleste jusqu’à la chute de l’ange et au péché originel de nos
premiers parents. À cette image des commencements succèdent l’œuvre salutaire
du Fils de Dieu, l’action de l’Église, qui poursuit dans le temps le mystère de
l’Incarnation et la lutte contre Satan. La venue finale du Règne de Dieu et le
Jugement dernier seront le couronnement de cette œuvre.
Hildegarde se demande, à
elle-même et à nous aussi, s’il est possible de connaître Dieu ; c’est la
tâche fondamentale de la théologie. Sa réponse est des plus affirmative :
par la foi, comme par une porte, l’homme est dans la mesure de s’approcher de
cette connaissance. Dieu, cependant, se réserve toujours un lieu de mystère
insondable. Il est connaissable dans la création qui, de son côté, n’est pas
entièrement connue si elle est séparée de Dieu. En effet, la nature considérée
en elle-même ne fournit que des informations partielles, et il n’est pas rare
qu’elles soient motifs d’erreurs ou d’abus. C’est pourquoi, dans la dynamique
de la connaissance naturelle, a-t-on besoin de la foi, sinon la connaissance
est limitée, peu satisfaisante et source d’égarement.
La Création est un acte
d’amour, par lequel l’univers peut surgir du néant : c’est pourquoi
l’ensemble des créatures s’écoule comme un fleuve de l’amour divin. Parmi les
créatures, Dieu aime spécialement l’homme et lui confie une dignité
particulière en lui offrant la gloire que les anges déchus ont perdue.
L’humanité peut ainsi être considérée comme le dixième chœur de la hiérarchie
angélique. L’homme est dans la mesure de connaître Dieu en lui-même,
c’est-à-dire son essence individuelle dans la trinité des personnes. Hildegarde
aborde le mystère de la Ste Trinité selon une approche que proposait déjà St
Augustin : par une ressemblance avec sa constitution de créature
raisonnable, l’homme est en mesure de se forger au moins une image de la
réalité intime de Dieu. Mais c’est seulement dans l’économie de l’Incarnation
et de l’histoire humaine du Fils de Dieu que ce mystère devient accessible à la
foi et à la conscience de l’homme. La Trinité et suprême unité sainte et ineffable
demeure cachée aux serviteurs de la Loi ancienne, mais, dans le régime de la
grâce, elle a été dévoilée à ceux qui ont été délivrés de la servitude. La
Trinité a été révélée de façon toute particulière dans la Croix du Fils.
Un deuxième
« lieu », où Dieu se fait connaître, est sa Parole contenue dans les
livres de l`Ancien et du Nouveau Testament. C’est justement parce que Dieu
« parle » que l’homme est appelé à écouter. Cette approche donne à
Hildegarde l’occasion d’exposer son enseignement sur le chant, spécialement le
chant liturgique. L’écho des paroles divines est créateur de vie et se révèle
dans les créatures. Même les créatures non raisonnables sont intégrées dans la
dynamique créatrice grâce à la parole qui crée. Mais c’est naturellement l’homme
qui est la créature pouvant, avec sa voix, répondre à la voix du Créateur, et
il peut le faire principalement de deux manières : in voce oris
– avec la voix orale, c’est-à-dire dans la célébration de la liturgie – et in voce cordis, avec la voix du cœur, c’est-à-dire par une vie
vertueuse et sainte. L’ensemble de la vie humaine peut ainsi être interprétée
comme une symphonie et une harmonie.
5. L’anthropologie de
Hildegarde prend comme point de départ le récit biblique de la création de
l’homme à l’image et à la ressemblance de Dieu (Gn 1, 26). Selon la cosmologie
de Hildegarde fondée sur la Bible, l’homme contient tous les éléments du monde,
parce qu’il est formé de la même matière que la création et résume en lui
l’ensemble de l’univers. C’est pourquoi il peut entrer en relation avec Dieu de
façon tout à fait consciente. Cela ne se réalise pas par une vision directe,
mais, selon la célèbre expression de Paul, « comme en un miroir » (1
Co 13, 12). L’image divine en l’homme consiste en sa nature raisonnable, qui se
compose d’intelligence et de volonté. Par l’intelligence, l’homme est capable
de discerner le bien et le mal ; par la volonté, il est entraîné à agir.
L’homme est envisagé
comme une union d’un corps et d’une âme. On constate chez la mystique allemande
une disposition positive vis-à-vis du corps, et elle réussit même à voir dans
la fragilité du corps une valeur providentielle : le corps n’est pas un
fardeau dont il faut se libérer, et même s’il est faible et fragile, il
« éduque » l’homme à l’humilité et à sa condition de créature en le
protégeant de l’orgueil et de l’arrogance. Dans un vision, Hildegarde voit les
âmes des bienheureux au Paradis, qui attendent d’être unis à nouveau à leur
corps. En effet, comme pour le corps du Christ, nos corps sont destinés, par
une transformation radicale, à la Résurrection glorieuse. La vision de Dieu, en
laquelle consiste la vie éternelle, ne peut être définitivement atteinte sans
le corps.
L’homme existe comme
homme et femme. Hildegarde reconnaît que dans cette structure ontologique de la
condition humaine s’enracinent une relation de complémentarité ainsi qu’une
égalité essentielle entre l’homme et la femme. Cependant, dans l’être de
l’homme habite aussi le mystère du péché, qui entre pour la première fois dans
l’histoire justement dans cette relation entre Adam et Ève. À l’inverse
d’autres auteurs médiévaux, qui voyaient la cause de la chute originelle dans
la faiblesse d’Ève, Hildegarde comprend cette chute avant tout comme une
passion immodérée d’Adam pour Ève.
Même dans son état de
pécheur, l’homme reste par la suite destiné à recevoir l’amour de Dieu, parce
que cet amour est sans conditions et revêt, après le péché originel, le visage
de la miséricorde. La peine elle-même, que Dieu impose à l’homme et la femme,
laisse poindre l’amour miséricordieux du Créateur. En ce sens, la description
la plus correcte de la créature est celle d’un être en chemin, d’un homo
viator. Dans ce pèlerinage vers la patrie céleste, l’homme est appelé à
combattre pour pouvoir sans cesse choisir le bien et éviter le mal.
Le choix continuel du
bien produit une existence vertueuse. Le Fils de Dieu fait homme est porteur de
toutes les vertus, c’est pourquoi l’imitation du Christ dans une vie vertueuse
consiste dans la communion avec le Christ. La force des vertus provient de
l’Esprit-Saint, répandu dans les cœurs des croyants : il rend possible une
constante disposition vertueuse. C’est le but de l’existence humaine. L’homme
expérimente de cette manière sa perfection christiforme.
6. Pour pouvoir atteindre
ce but, le Seigneur a donné les Sacrements à l’Église. Le Salut et la
perfection de l’homme ne s’atteignent pas en effet à la seule force de la
volonté, mais par un don gracieux, que Dieu accorde à son Église.
L’Église elle-même est le
premier sacrement, que Dieu place dans le monde afin de communiquer son Salut
aux hommes. Elle est « l’édifice d’âmes vivantes » et peut à bon
droit être considérée comme vierge, épouse et mère ; dès lors s’établit
une étroite comparaison avec la figure historique et mystique de la Mère de
Dieu. L’Église transmet le Salut avant tout par l’annonce des deux grands
mystères de la Trinité et de l’Incarnation, qui sont comme les
« sacrements premiers », ensuite par l’administration des autres
sacrements. Le sommet du caractère sacramentel de l’Église est l’eucharistie.
Les sacrements pourvoient à la sainteté des fidèles, au Salut et à la
purification des pécheurs, à la Rédemption, à l’amour et aux autres vertus.
Mais l’Église vit encore, parce que Dieu exprime en elle son amour
intra-trinitaire. Le Seigneur Jésus est le Médiateur par excellence. Du sein de
la Trinité, il vient à la rencontre des hommes, et du sein de Marie il vient à
la rencontre de Dieu : comme Fils de Dieu, il est l’amour fait
chair ; en tant que fils de Marie, il est le représentant de l’humanité
devant le trône de Dieu.
Enfin, l’homme peut faire
même l’expérience de Dieu. La relation avec Lui ne s’épuise pas en effet dans
le seul domaine de la pensée rationnelle, mais intègre l’ensemble de la personne.
Tous les sens, intérieurs et extérieurs de Dieu, sont participants de
l’expérience de Dieu : « Homo autem ad imaginem et similitudinem Dei
factus est, ut quinque sensibus corporis sui opererur ; per quos etiam
divisus non est, sed per eos est sapiens et sciens et intelligens opera sua
adimplere. […] Sed et per hoc, quod homo sapiens, sciens et intellegens est,
creaturas conosci ; itaque per creaturas et per magna opera sua, quae
etiam quinque sensibus suis vix comprehendit, Deum cognoscit, quem nisi in fide
videre non valet » [« L’homme a été en effet créé à l’image et à la
ressemblance de Dieu, pour agir avec les cinq sens de son corps ; il n’est
pas divisé par eux, mais par eux il est sage, doué de science et
d’intelligence, pour réaliser ce qu’il doit faire. (…) Mais du fait que l’homme
est sage, doué de science et d’intelligence, il connaît les créatures ;
c’est pourquoi, par le biais des créatures et par les grandes œuvres qu’il
comprend aussi avec peine par ses cinq sens, il connaît Dieu, qu’on ne peut
voir que dans la foi »] (Explanatio Symboli Sancti Athanasii :
PL 197, 1066). Cette voie faite d’expérience trouve son accomplissement de
nouveau dans la participation aux sacrements.
Hildegarde voit aussi les
contradictions présentes dans la vie des croyants et dénonce les situations les
plus blâmables. Elle souligne tout spécialement que l’individualisme dans
l’enseignement et la pratique aussi bien des laïcs que des personnes consacrées
est une expression d’orgueil et représente l’obstacle majeur à l’œuvre
d’évangélisation des non-chrétiens.
Un des sommets de
l’enseignement de Hildegarde est l’invitation claire à la vie vertueuse
adressée précisément à ceux qui vivent dans un état consacré. Sa compréhension
de la vie consacrée est une véritable « métaphysique théologique »,
parce qu’elle s’enracine fortement dans la vertu théologale de foi, qui est la
source et la motivation constante pour s’engager totalement dans l’obéissance,
la pauvreté et la chasteté. Par la pratique des conseils évangéliques, la
personne consacrée partage l’expérience du Christ pauvre, chaste et obéissant,
et suit ses pas dans la vie quotidienne. C’est la caractéristique essentielle
de la vie consacrée.
7. L’enseignement
remarquable de Hildegarde reflète l’enseignement des apôtres, de la littérature
patristique et des œuvres d’auteurs de son époque, tandis qu’elle trouve dans
la Règle de St Benoît de Nursie un continuel point de référence.
La liturgie monastique et l’assimilation de la Sainte Écriture représentent les
lignes directrices de sa pensée, qui se concentre sur le mystère de
l’Incarnation et, en même temps, trouve son expression dans une profonde unité
stylistique, qui parcourt toutes ses œuvres.
L’enseignement de la
sainte bénédictine se présente comme un guide pour l’homo viator.
Son message apparaît extraordinairement actuel dans le monde d’aujourd’hui, qui
est particulièrement attiré par tout ce qu’elle a proposé et vécu. Nous pensons
spécialement à la capacité charismatique et spéculative de Hildegarde, qui se
présente comme un stimulant vivant pour la recherche théologique ; à sa
réflexion sur le mystère du Christ contemplé dans sa beauté ; au dialogue
de l’Église et de la théologie avec la culture, la science et les arts
contemporains ; à l’idéal de la vie consacrée comme possibilité de
réalisation humaine ; à la mise en valeur de la liturgie comme fête de la
vie ; à l’idée d’une réforme de l’Église, conçue non pas comme un
changement stérile des structures, mais comme une conversion du cœur ; à sa
sensibilité pour la nature, dont les lois sont à protéger et ne sauraient être
violées.
Dès lors, la
reconnaissance du titre de docteur de l’Église à Hildegarde de Bingen a une
grande signification pour le monde d’aujourd’hui, spécialement pour les femmes.
Chez Hildegarde s’expriment les valeurs féminines les plus nobles : c’est
pourquoi Hildegarde jette une lumière spéciale sur la présence des femmes dans
l’Église et la société, aussi bien du point de vue de la recherche scientifique
que de l’action pastorale. Sa capacité de parler à ceux qui se tiennent loin de
la foi et de l’Église fait de Hildegarde un témoin crédible de la nouvelle
évangélisation.
En raison de sa
réputation de sainteté et de son enseignement remarquable, le 6 mars 1979, le
cardinal Joseph Höffner, archevêque de Cologne et président de la conférence
épiscopale allemande, en accord avec les cardinaux, archevêques et évêques de
cette conférence, à laquelle nous aussi, alors cardinal et archevêque de Munich
et Freising, nous faisions partie, adressa au bienheureux Jean-Paul II la
Supplique suivante : que Hildegarde de Bingen puisse être déclarée docteur
de l’Église. Notre vénérable frère soulignait dans la Supplique l’orthodoxie de
l’enseignement de Hildegarde, reconnue au XIIe siècle par le
pape Eugène III, sa sainteté continuellement reconnue et célébrée par le peuple
fidèle, la valeur de ses traités. Au fil des années, d’autres Suppliques sont
venues s’ajouter à celle de la conférence épiscopale allemande, en premier lieu
celle des moniales du monastère d’Eibingen, placé sous le patronage de
Hildegarde. À la demande générale du Peuple de Dieu que Hildegarde soit
déclarée sainte, s’est donc ajoutée la demande de l’élever au rang de
« docteur de l’Église universelle ».
Avec notre accord, la
Congrégation pour la Cause des Saints a donc préparé avec attention une Positio super Canonizatione et Concessione tituli Doctoris Ecclesiae
universalis pour la mystique de Bingen. Puisqu’il s’agit d’un maître
éminent en théologie, à laquelle ont été consacrées des études nombreuses et
reconnues, nous avons accordé la dispense de l’article 73 de la constitution
apostolique Pastor bonus. Le 20 mars 2012, ce cas a été examiné
et unanimement approuvé par les cardinaux et évêques lors d’une assemblée
plénière, sous la présidence du cardinal Angelo Amato, préfet de la
Congrégation pour la Cause des Saints. Lors de l’audience du 10 mai 2012, le
cardinal Amato nous a lui-même informé en détail du status
quaestionis et du vote unanime des évêques lors de l’assemblée plénière de
la Congrégation pour la Cause des Saints évoquée ci-dessus. Le 27 mai 2012,
dimanche de Pentecôte, sur la place St Pierre, au moment où commençait le
synode des évêques et à la veille de « l’année de la foi », nous
avions la joie d’annoncer à la foule des pélerins venus du monde entier la
nouvelle de la reconnaissance du titre de docteur de l’Église à Ste Hildegarde
de Bingen et à St Jean d’Avila.
C’est ce qui est arrivé
aujourd’hui, avec l’aide de Dieu et l’approbation de l’ensemble de l’Église.
Sur la place St Pierre, en présence de nombreux cardinaux et évêques de la
Curie romaine et du monde entier, nous avons confirmé cette décision et comblé
ainsi les vœux des postulateurs en prononçant au cours de l’Eucharistie les
paroles suivantes :
« Nous, à la demande
de plusieurs frères dans l’épiscopat et de nombreux fidèles du monde, après
avoir reçu l’avis de la Congrégation pour la Cause des Saints, ayant longuement
réfléchi et en toute connaissance de cause, en vertu de l’autorité apostolique,
nous déclarons docteurs de l’Église St Jean d’Avila, prêtre diocésain, et Ste
Hildegarde de Bingen, moniale de l’Ordre de St Benoît. Au nom du Père et du
Fils et du Saint-Esprit. »
Nous le décidons et
l’ordonnons, en décrétant ces Lettres fermes, légitimes et efficaces, en
établissant qu’elles portent leur effet de façon pleine et entière et qu’on les
reçoive en conséquence. Nous décidons et décrétons par ailleurs qu’est nul et
non avenu tout changement conscient ou inconscient qui y serait porté, par qui
que ce soit ou en vertu de quelque autorité que ce soit.
Donné à Rome, près St
Pierre, muni du sceau du pêcheur, le 7 octobre 2012, en la huitième année de
mon pontificat.
Übersetzung
aus dem Lateinischen : P. Xavier Batllo OSB, Solesmes
SOURCE : http://www.abtei-st-hildegard.de/?p=3741
Sainte
Hildegarde de Bingen : 4e femme docteur de l'Eglise
Maîtresse en
théologie, experte en sciences naturelles et en musique
27 mai 2012 |
Anne Kurian
ROME, dimanche 27 mai 2012 (ZENIT.org)
– Benoît XVI a annoncé qu’il proclamera sainte Hildegarde de Bingen (1089-1179)
docteur de l’Eglise, le 7 octobre 2012, en même temps que saint Jean d’Avila.
Le pape a fait cette
annonce avant la prière du Regina Coeli, qu’il présidait ce dimanche 27 mai,
place Saint-Pierre, à Rome.
Sainte Hildegarde sera la
quatrième femme à être proclamée docteur de l’Eglise, après sainte Catherine de
Sienne, sainte Thérèse d’Avila et sainte Thérèse de Lisieux.
« Je suis heureux
d’annoncer que le 7 octobre prochain, au commencement de l’Assemblée ordinaire
du synode des évêques, je proclamerai saint Jean d’Avila et sainte Hildegarde
de Bingen docteurs de l’Eglise universelle », a déclaré Benoît XVI sous
les applaudissements.
« Hildegarde, a
ajouté Benoît XVI, fut une moniale bénédictine au cœur de l’Allemagne
médiévale, authentique maîtresse en théologie et grande experte des sciences
naturelles et de la musique ».
Pour le pape, la
« sainteté de la vie et la profondeur de la doctrine » de Jean
d’Avila et Hildegarde les rendent « toujours actuels »: par
l’Esprit-Saint, ils sont témoins d’une « expérience de compréhension
pénétrante de la révélation divine » et d’un « dialogue intelligent
avec le monde ».
Ces deux expériences, a
précisé Benoît XVI, « constituent l’horizon permanent de la vie et de
l’action de l’Eglise ». C’est pourquoi « ces deux figures de saints
et docteurs sont d’une importance et d’une actualité majeures ».
Benoît XVI a récemment
étendu à toute l’Eglise le culte rendu à sainte Hildegarde (cf Zenit du 10 mai 2012),
reconnaissant ainsi la tradition multiséculaire qui avait inscrit la mystique
rhénane au martyrologe romain, sans même que son procès de canonisation n’ait
abouti. Sainte Hildegarde de Bingen est fêtée le 17 septembre.
Avec Hildegarde de Bingen
et Jean d’Avila, les docteurs de l’Eglise seront au nombre de 35.
(27
mai 2012) © Innovative Media Inc.
SOURCE :
http://www.zenit.org/fr/articles/sainte-hildegarde-de-bingen-4e-femme-docteur-de-l-eglise
Qui était sainte Hildegarde?
Hildegarde de Bingen, docteur de l'Église
publié
dans nouvelles
de chrétienté le 8 octobre 2012
Notre-Seigneur Jésus-Christ enseigne que la foi est une condition nécessaire au salut éternel : « Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné » (Marc XVI,16). Hildegarde écrit à sa suite que celui qui veut être sauvé ne doutera point de la foi catholique et de sa rectitude. Par l’ablution du baptême l’homme reçoit la rémission des péchés et la grâce, ainsi que le plus grand bonheur, parce qu’il a été immergé dans la foi catholique et que rien ne peut changer la grâce du baptême. Souvent, elle nomme les catholiques des « confesseurs de la Très Sainte Trinité » : « Ne vénère pas le Père celui qui renonce au Fils et n’aime pas le Fils celui qui méprise le Père, et ne vénère pas le Fils celui qui rejette l’Esprit-Saint, et ne reçoit pas l’Esprit-Saint celui qui ne vénère pas le Père et le Fils » . La lumière de la foi catholique est tombée sur la terre au moment de l’Incarnation du Verbe dans le sein de la Vierge, pour guérir la cécité de l’homme, trompé par le diable. L’homme, par contre, ne doit pas scruter les mystères au-delà ce que la Majesté Divine veut lui révéler. On se sanctifie déjà lorsque l’on dit en soi même : « Je crois en Dieu ».
Hildegarde de Bingen, vierge, appelée par le pape Benoît XVI praeclara theologiae magistra et dignissima Christi discipula – très célébre maîtresse de théologie et la plus digne disciple du Christ- , est proclamée Docteur de l’Eglise universelle, elle qui « après avoir reçu l’autorisation de nos prédécesseurs Hadrien IV et Alexandre III, a eu un apostolat très fécond, ce qui était très rare à son époque, et a commencé à partir de 1159 les voyages lui permettant de prêcher sur les places publiques et dans plusieurs cathédrales ». Déjà, le bienheureux pape Eugène III avait reconnu pleinement l’orthodoxie de la doctrine hildegardienne, qui de nos jours éclaire encore l’Eglise entière – cette doctrine qui vient de la « Lumière vivante ». En cette Année de la foi, donc, Ste Hildegarde nous rappelle que la vraie foi n’est que la foi catholique ; hors d’elle il n’y a que des croyances créées par l’homme ou des croyances d’origine démoniaque pour tromper les âmes. De nos jours l’Abbesse de Bingen, dans la gloire apostolique, nous enseigne qu’il n’y a point de salut hors de la vraie foi de l’Eglise de Jésus-Christ.
En invitant le lecteur à approfondir sa foi à l’école d’Hildegarde, véritable maîtresse, il nous paraît être juste de citer en conclusion Guillaume d’Auxerre : Hildegardis scripta non continent verba humana, sed divina – « Les écrits d’Hildegarde ne renferment pas de paroles humaines, mais des paroles divines ».
Pape : Alexandre III.
CULTE ET RELIQUES
Qui était sainte Hildegarde?
Qui
était donc sainte Hildegarde de Bingen, cette étonnante moniale fondatrice de
monastères, naturaliste, musicienne, peintre et visionnaire ? Mis à jour le 23
décembre 2015.
Dixième enfant d’une famille noble de
Bemersheim, en Rhénanie, Hildegarde reçoit, dès l’âge de trois ans, des
visions. Et cela durera soixante dix-huit ans ! C’est peut-être en partie pour
cette raison que ses parents la confient très tôt – à huit ans – au
couvent dépendant du monastère bénédictin de Disibodenberg, à soixante kilomètres
de là, tout près de Mayence. La mère supérieure du couvent, Jutta de Sponheim,
une amie de ses parents, veille à son instruction. Hildegarde prononce ses vœux
perpétuels au couvent et reçoit, vers l’âge de quinze ans, le voile monastique
des mains de son évêque. À la mort de Jutta de Sponheim, Hildegarde a 38 ans.
Elle est élue, par les sœurs du monastère, abbesse du couvent. Toutes ces
années lui ont permis de se former à la vie monastique, rythmée par le travail,
l’étude et la prière liturgique, et aussi d’acquérir une érudition immense –
même si elle se dit volontiers ignare.
Des visions incandescentes
Au cours d’une vision, à l’âge de 42 ans et sept
mois (c’est elle qui précise !), Hildegarde reçoit de Dieu l’ordre de rendre
ses visions publiques. Écris ce que tu vois et ce que tu entends ! Hildegarde
doit vaincre de fortes résistances intérieures pour obéir à l’ordre reçu. Elle
raconte elle-même qu’il a fallu qu’elle tombe malade pour commencer enfin, avec
l’aide du moine Volmar qui écrit sous sa dictée, à composer son premier livre,
le Scivias(Connais les voies). Suivent alors dix années d’un travail monumental
traversées de beaucoup de doutes et d’hésitations. Hildegarde va même jusqu’à
solliciter l’avis du pape. Pour cela elle demande son aide à Bernard de
Clairvaux. En 1148, lors du grand synode de Trèves, devant toute l’assemblée
des cardinaux, des évêques et des prêtres réunis, Eugène III prend un des
écrits d’ Hildegarde, le lit à voix haute et conclut à son adresse : «Écrivez
donc ce que Dieu vous inspire».
Mais qu’y a-t-il donc dans ce livre plein de
lumières, de couleurs et de visions étranges ? En réalité, Hildegarde retrace
dans cet ouvrage l’histoire sainte depuis la création du monde jusqu’à la
rédemption finale en passant par l’Incarnation, la crucifixion, la Résurrection
et l’édification de l’Église. À chaque chapitre, elle décrit la vision,
l’interprète et lui donne son sens spirituel. Elle le fait avec les codes de
son temps – qui sont les codes bibliques – enrichis par la lecture des Pères de
l’Église. Elle y ajoute une vigueur et une audace de style tout à fait
étonnantes. On comprend que ces pages incandescentes aient inspiré Dante
Alighieri, lorsqu’il composa, deux siècles plus tard, la Divine Comédie, le
chef-d’œuvre de la langue italienne naissante.
Son couvent rayonne
Pendant toutes ces années, le petit couvent
féminin de Disbodenberg continue de vivre à l’ombre du monastère
bénédictin masculin dont il dépend. Pourtant, le couvent rayonne, les
vocations se multiplient et c’est lui, sans doute à cause du rayonnement
d’Hildegarde, qui attire les dons. Hildegarde, logiquement, veut fonder sa
propre abbaye. Le père abbé s’y oppose. Hildegarde tombe malade et son état
s’aggrave. Après quelque résistance, le père abbé laisse la supérieure du petit
couvent voler de ses propres ailes. Mais c’est l’indépendance qu’elle
veut, pas l’exil. Elle s’installe à quelques kilomètres de là, près de Bingen,
à Ruperstberg où elle terminera sa longue vie. Et lorsqu’il s’agira pour elle,
devant l’afflux des vocations, de fonder une autre abbaye, elle n’ira pas non
plus bien loin. Le monastère d’Eibingen, qu’elle ouvre environ vingt ans plus
tard, est lui aussi tout proche. Ainsi, celle dont les paroles ont franchi les
frontières du temps et de l’espace ne sortit pas, de son vivant, d’un tout
petit quadrilatère de quelques dizaines de kilomètres, au cœur de la Rhénanie.
Mais Hildegarde n’est pas seulement une
visionnaire, c’est aussi une musicienne. Elle compose des pièces liturgiques,
77 pour être exact, dont certaines sont aujourd’hui disponibles en CD ! Car ces
pièces sont parmi les premières à nous avoir été transmises intégralement.
Ainsi, le drame de l’Ordo Virtutum(L’Ordre des vertus), entièrement composé par
Hildegarde et mis en scène au monastère de Ruperstberg en 1152 par les
religieuses du couvent naissant, sera joué à Cologne en 1982, huit cents ans
plus tard.
Au centre de ses recherches, l’Homme
Hildegarde n’a pas fini de nous surprendre. Elle
est femme de son temps, libre des préjugés que les siècles suivants imposeront
aux femmes. Elle dirige, commande, fonde, acquiert, discute pied à pied avec
les autorités religieuses et politiques. Mais surtout, chose étonnante chez
cette femme recluse et qui n’a pas quitté sa Rhénanie natale, elle se met en
route pour prêcher. Ainsi, de 1158 à 1170, elle prêche en public à Mayence,
Wurtzburg, Bamberg, Trèves et Cologne.
Mais surtout, inlassablement, elle écrit. Selon
l’ordre jadis reçu, elle consigne ses visions. Le Livre des mérites de la vie
l’occupe quatre ans, le Livre des œuvres de Dieu, onze ans. Pendant cette
époque, elle écrit une Physiqueet un livre sur les causes des maladies et la
manière de les soigner. Ce sont les deux seuls ouvrages médicaux qui nous
soient parvenus du XIIe siècle. Certains y ont vu la partie émergée d’une
science d’initiés. Mais il s’agit beaucoup plus sûrement de faire droit, avec
les connaissances du temps, au souci de soigner l’homme global. Car c’est
l’homme qui est au centre de la théologie d’ Hildegarde, l’homme-Dieu bien sûr,
le Christ, mais qui rejoint à jamais l’homme concret. Hildegarde a retranscrit
ses visions dans de superbes enluminures au symbolisme lumineux. Trois siècles
avant Léonard de Vinci, elle représente dans une de ses visions l’homme aux
bras étendus situé au centre du cosmos. Il a été créé libre. Il peut, à l’image
de son créateur s’élever vers Lui.
Telle est sans doute la leçon que l’on peut
tirer de la vie de cette grande mystique aux multiples dons et au destin hors
du commun qui meurt à 81 ans dans son monastère de Rupertsberg, entourée de ses
sœurs et dont la renommée est si grande vers la fin de son existence que le
récit de sa vie a déjà été commencé de son vivant. Puis oubliée par des siècles
trop sages et masculins, elle fut redécouverte à la fin des années 80. Elle
devint le porte-parole de toute une littérature hermétique, l’enseigne de certaines
médecines parallèles et d’une vision holistique et féminine du monde et de Dieu
même.
Jean-Pierre Rosa
Hildegarde de Bingen, docteur de l'Église
Le 7 octobre 2012, Hildegarde de Bingen devient la quatrième femme
docteur de l'Eglise après Thérèse d'Avila, Catherine de Sienne et Thérèse de
Lisieux. Que siginifie être docteur de l'Eglise ?
Hildegarde de Bingen a été
reconnue comme le 35 ème docteur de l'Eglise.
Ce titre "docteur de
l'Eglise" ne doit pas être confondu avec le titre "Père de
l'Eglise", traditionnellement attribuée aux grands auteurs des premiers
siècles du christianisme, considérés par la postérité comme les pères fondateurs
de la doctrine chrétienne.
Une autorité exceptionnelle
Les docteurs de l'Eglise, eux,
sont des hommes et femmes baptisés, nommés par le Pape. L'Eglise catholique -
représentée par ce dernier - leur reconnaît une autorité exceptionnelle dans le
domaine de la théologie et de la foi. Ces "docteurs" ont en général,
à travers leurs écrits, participé au développement de la doctrine chrétienne.
Ils sont tous canonisés. Jusqu'en 1970, seuls des hommes avaient été nommés.
C'est Paul VI qui le premier osa proclamer une femme, docteur de l'Eglise. Ce
fut Thérèse d'Avila.
Le pape Benoît XVI a décidé de
proclamer Hildegarde de Bingen, docteur de l' Eglise en raison de son
"expérience de compréhension pénétrante de la Révélation divine" et
d'un "dialogue intelligent avec le monde". Ainsi le plus connu
des écrits de sainte Hildegarde : Le Scivias ( "Connais
les voies du Seigneur") résume en 35 visions les évènements de
l'histoire du Salut, de la création du monde à la fin des temps.
Evelyne Montigny
publié
dans nouvelles
de chrétienté le 8 octobre 2012
La foi dans la doctrine de sainte Hildegarde de Bingen
par M l’abbé Karol Zaleski, séminariste du séminaire saint Vincent de
Paul de Courtalain.
Ste Hildegarde de Bingen, qui fut
proclamée docteur de l’Eglise universelle, hier, le dimanche 7 octobre
2012, a été canonisée par le décret de Benoît XVI du 10 mai 2012. Ce décret,
qui porte le titre significatif de Spiritum Sanctum, loue en
les termes les plus sublimes la sainteté, la sagesse et la foi de cette abbesse
bénédictine du XIIème siècle. « Coram Domino ipsa (Hildegardis)
continenter fuit, ut confestim eius voluntatem reciperet – « Hildegarde
demeurait constamment devant Dieu pour recevoir sans delai sa volonté ».
La doctrine d’Hildegarde sera ainsi
proposée à toute l’Eglise catholique au début de l’Année de la foi, pendant
laquelle nous sommes invités à approfondir la doctrine catholique.
Remarquons aussi que cette année demandée
par Benoît XVI commémore l’ouverture du Concile Oecuménique Vatican II.
L’objectif fixé par le pape Jean XXIII dans le discours inaugural du concile
était précisément de « transmettre dans son intégrité, sans
l’affaiblir ni l’altérer, la doctrine catholique ; que cette doctrine certaine
et immuable, qui doit être respectée fidèlement, soit approfondie et présentée
d’une façon qui réponde aux exigences de notre époque ».
Cinquante ans après ces paroles, nous
pouvons nous demander si vraiment ce concile a répondu à l’appel du Pape, mais
cette question dépasse le sujet de cet article.
Par contre, on peut
répondre à la question : quel est le rapport entre une abbesse du XIIème siècle
et l’approfondissement de la doctrine réclamé par Benoît XVI particulièrement
pendant cette année de la foi ?
En premier lieu, les
écrits d’Hildegarde de Bingen renferment toute la doctrine catholique.
« La doctrine d’Hildegarde excelle tantôt par la profondeur et la correction de
ses interprétations, tantôt par le caractère inaccoutumé de ses visions qui
excèdent les limites de l’histoire de l’époque ; ses textes, qui sont imprégnés
par la vraie ‘charité de l’intellect’, portent avec eux, lorsqu’on les
contemple, une fraîcheur et une vigueur particulière au sujet du mystère de la
Très Sainte Trinité, de l’Incarnation, de l’Eglise, de l’humanité, de la nature
des choses, au point qu’ils doivent être considérés et conservés comme des
créatures de Dieu ».
La bénédictine éclairée par la « Lumière
vivante » voit en cette Lumière les mystères de la foi et l’univers entier,
comme autrefois son père spirituel, s. Benoît, a vu toute la création dans un
rayon de la même Lumière. « Et, c’est arrivé en l’an 1141 à partir de
l’Incarnation de Jésus-Christ Fils de Dieu, quand j’ai eue quarante deux ans,
que les cieux se sont ouvert et que la lumière de feu, avec un éclat
extraordinaire, s’est versée sur tout mon cerveau, et sur tout mon cœur, et sur
toute ma poitrine (…). Et soudainement j’ai compris la
signification des explication des livres, c’est-à-dire du Psautier, de
l’Evangile et des autres écrits catholiques, de l’Ancien et du Nouveau
Testament » .
Ensuite, Ste Hildegarde parle à maintes
reprises de la vertu théologale de la foi dans son chef-d’oeuvre, Scivias
– « Connais les voie du Seigneur ».
Notre-Seigneur Jésus-Christ enseigne que la foi est une condition nécessaire au salut éternel : « Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné » (Marc XVI,16). Hildegarde écrit à sa suite que celui qui veut être sauvé ne doutera point de la foi catholique et de sa rectitude. Par l’ablution du baptême l’homme reçoit la rémission des péchés et la grâce, ainsi que le plus grand bonheur, parce qu’il a été immergé dans la foi catholique et que rien ne peut changer la grâce du baptême. Souvent, elle nomme les catholiques des « confesseurs de la Très Sainte Trinité » : « Ne vénère pas le Père celui qui renonce au Fils et n’aime pas le Fils celui qui méprise le Père, et ne vénère pas le Fils celui qui rejette l’Esprit-Saint, et ne reçoit pas l’Esprit-Saint celui qui ne vénère pas le Père et le Fils » . La lumière de la foi catholique est tombée sur la terre au moment de l’Incarnation du Verbe dans le sein de la Vierge, pour guérir la cécité de l’homme, trompé par le diable. L’homme, par contre, ne doit pas scruter les mystères au-delà ce que la Majesté Divine veut lui révéler. On se sanctifie déjà lorsque l’on dit en soi même : « Je crois en Dieu ».
Ste Hildegarde exhorte
les fidèles à faire attention face aux hérétiques qui d’après ses
propres termes sont « les entrailles du diable et la graine qui annonce les
fils de damnation (…). Ils attaquent l’Eglise par leur apostasie, dans les
hérésies et par la multitude des péchés, parce que dans leurs pièges affreux
ils se moquent du baptême et du sacrement du Corps et du Sang du Fils, et du
reste de la doctrine de l’Eglise. Mais à cause de leur peur des hommes ils ne
combattent pas ouvertement la doctrine, mais ils l’ignorent complètement dans
leurs cœurs et leurs actions » .
Dieu le Créateur est
digne de toute louange, dans la plus grande foi. La foi, forte et
solide, possédée par le peuple chrétien, est comme un trône royal, et Dieu même
y trouve son repos. Cette foi ne désire pas regarder avec audace en Dieu, mais
elle le touche avec la plus profonde piété. La foi, qui était pâle dans
l’Ancien Testament, a resplendi dans l’Incarnation du Fils de Dieu. Par la foi les fidèles peuvent agir avec confiance en la bonté du Père,
et croire que celui qui a vaincu un ennemi si fort est le Dieu tout-puissant.
Enfin la foi a été donnée pour que les fidèles, élevés par elle, puissent
obtenir la gloire éternelle.
La Trinité est au centre
de la doctrine hildegardienne sur la foi. L’homme gardera la foi
catholique partout et avec la même piété et un respect inchangé s’il vénère le
Fils avec le Père et l’Esprit-Saint : « Le Fils fait toutes choses dans le Père
et l’Esprit-Saint (…). Selon la volonté du Père, le Fils a sauvé l’homme par
son Incarnation (…). Le Père a décidé que son Fils sera conçu de l’Esprit-Saint
et naîtra de la Vierge, qu’il recevra l’humanité par amour pour l’homme pour le
salut des hommes (…). De cette façon, l’homme participera à la vie divine,
grâce à laquelle il pourra être sauvé par lui-même dans la vraie foi
catholique. Et par la foi il faut connaître le Père et le Fils
et l’Esprit-Saint, le Dieu unique et vrai » . La foi donne donc
l’augmentation des vertus, tandis que par les mêmes vertus la foi est fortifiée
et élevée comme une cité.
Ste Hildegarde enseigne
la doctrine catholique dans son intégrité en montrant enfin que la foi est
inutile sans les œuvres : « L’aile de la colère divine frappe les
croyants qui, dans leur volonté, ne font pas de bonnes et justes œuvres ; ils
voient clairement la foi et la justice divine, mais ils restent dans les
ténèbres de leurs mauvaises œuvres (…). Cependant Dieu ne permet pas que leurs
affaires se passent selon leur volonté ; lorsqu’ils sont tellement plongés dans
les ténèbres, lorsqu’ils oublient Dieu et qu’ils le délaissent avec plaisir,
Dieu les punit par sa vengeance » .
Ceux qui dans le peuple chrétien se
détournent et rejettent « la plus juste foi catholique » seront ainsi coupés et
brûlés par « la plus juste Divinité de la Trinité ». Ces gens sont ceux qui
suivent plutôt les affaires terrestres que les éternelles : « Ils passent d’un
mal à l’autre, entourés par les choses vaines ils ne regardent pas en haut,
dans le miroir de la foi catholique (…) » .
La foi se présente aussi
dans le Scivias de façon personnifiée.
Elle s’adresse à nous en disant : « Il faut vénérer dans une gloire égale Dieu
un en trois Personnes, qui ont même nature. J’aurai donc la foi et la confiance
dans le Seigneur et je ne rayerai jamais son Nom de mon cœur » . La personne de
la Foi porte autour du cou un collier rouge, parce qu’en chaque circonstance
elle demeure confiante et forte et elle reçoit le prix du martyre.
Dans la vision XIème, qui
concerne les temps derniers l’abbesse de Bingen parle de façon prophétique de
la crise de la foi à l’époque de l’Antéchrist : « Les gens diront avec
une grande tristesse : Où est ce qu’on dit de Jésus? Est-ce la vérité, ou non?»
. Mais, après la victoire sur le Fils de damnation, grâce aussi aux témoignages
d’Hénoch et d’Elie, le Fils de Dieu brillera dans la foi catholique, comme le
plus clair et le plus beau.
Ste Hildegarde, qui est morte en 1179,
sera proclamée Docteur de l’Eglise exactement 833 ans plus tard. Elle a elle-même décrit le rôle des docteurs pour la conservation et le
renforcement de la foi. Ces maîtres touchent les profondeurs des
mystères célestes, la foi en Dieu unique est allumée en eux par le feu de
l’Esprit-Saint. Cette foi des docteurs est tellement claire que grâce à sa
clarté, elle resplendit devant Dieu et devant le monde.
Hildegarde de Bingen, vierge, appelée par le pape Benoît XVI praeclara theologiae magistra et dignissima Christi discipula – très célébre maîtresse de théologie et la plus digne disciple du Christ- , est proclamée Docteur de l’Eglise universelle, elle qui « après avoir reçu l’autorisation de nos prédécesseurs Hadrien IV et Alexandre III, a eu un apostolat très fécond, ce qui était très rare à son époque, et a commencé à partir de 1159 les voyages lui permettant de prêcher sur les places publiques et dans plusieurs cathédrales ». Déjà, le bienheureux pape Eugène III avait reconnu pleinement l’orthodoxie de la doctrine hildegardienne, qui de nos jours éclaire encore l’Eglise entière – cette doctrine qui vient de la « Lumière vivante ». En cette Année de la foi, donc, Ste Hildegarde nous rappelle que la vraie foi n’est que la foi catholique ; hors d’elle il n’y a que des croyances créées par l’homme ou des croyances d’origine démoniaque pour tromper les âmes. De nos jours l’Abbesse de Bingen, dans la gloire apostolique, nous enseigne qu’il n’y a point de salut hors de la vraie foi de l’Eglise de Jésus-Christ.
En invitant le lecteur à approfondir sa foi à l’école d’Hildegarde, véritable maîtresse, il nous paraît être juste de citer en conclusion Guillaume d’Auxerre : Hildegardis scripta non continent verba humana, sed divina – « Les écrits d’Hildegarde ne renferment pas de paroles humaines, mais des paroles divines ».
Deux nouveaux maîtres de
sagesse pour notre siècle
La modernité de Jean
d’Avila et Hildegarde de Bingen
Propos recueillis par Anita
Bourdin
ROME, dimanche 7 octobre 2012
(ZENIT.org)
– Les chrétiens vont parfois chercher dans des sagesses étrangères à la foi
biblique des enseignements pour la vie quotidienne. Or Benoît XVI vient de
proclamer, ce dimanche matin, 7 octobre, sur le parvis de la basilique
vaticane, deux docteurs de l’Eglise, deux maîtres pour aujourd’hui, deux
témoins de la fécondité de l’Evangile : leurs immenses portraits ont été
dévoilés sur la façade de Saint-Pierre.
Natalia Bottineau,
spécialiste de la vie des saints, a bien voulu répondre aux questions de Zenit
pour comprendre le geste de Benoît XVI qui a proclamé ces deux saints comme
docteurs de l’Eglise au seuil du synode sur la nouvelle évangélisation et de
l’Année de la foi.
Zenit – Qu’est-ce qui
permet qu’un baptisé soit proclamé docteur de l’Eglise ?
Natalia Bottineau - Tout
d’abord, la sainteté de la vie. La vie de ces docteurs de l’Eglise – 35 dont 4
femmes, à ce jour – ont auparavant été examinées, ainsi que les miracles
qui ont été attribués à leur intercession, et ils ont peu à peu été déclarés
bienheureux puis saints, puis docteurs. Trente-neuf en deux mille ans, beaucoup
moins que nos académiciens : l’Eglise est sobre, et cela met d’autant plus
en lumière le rayonnement de ces grands « enseignants », leur
« splendeur » a dit le cardinal Amato. Jean d’Avila était un prêtre
diocésain espagnol (1499 -1569), et Hildegarde une moniale bénédictine
allemande (1098-1179).
Mais Hildegarde a été
déclarée sainte par Benoît XVI seulement récemment …
Sainte Hildegarde était honorée par les
fidèles catholiques – qui ont reçu le don d’intelligence de l’Esprit Saint à
leur baptême ! - comme sainte, mais son culte n’était pas étendu à toute
l’Eglise.
Le pape, ami de saint Benoît, l’a étendu
au monde entier le 10 mai dernier, reconnaissant ainsi la tradition
multiséculaire qui avait inscrit la mystique rhénane au martyrologe romain,
sans même que son procès de canonisation n’ait abouti.
Mais la sainteté ne
suffit pas : tous les saints théologiens ne sont pas des
« docteurs »!
Ensuite, effectivement, il a fallu que
leur enseignement ait un rayonnement très large et que les évêques et le peuple
de Dieu demandent au pape ce titre pour eux.
On se souvient par exemple de la
mobilisation pour le « doctorat » de sainte Thérèse de Lisieux dans
le monde entier. Et elle montre que tous les docteurs ne sont pas
« théologiens », au sens académique. Que l’on pense aussi à Catherine
de Sienne. Mais tous aiment le Christ et l’Eglise d’un immense amour :
c’est le secret de leur intelligence de la foi et de leur fécondité spirituelle.
En annonçant les deux doctorats, le 27
mai dernier, Benoît XVI avait résumé ainsi les motivations de sa décision,
soulignant l’actualité de l’enseignement d’Hildegarde : « Hildegarde
fut une moniale bénédictine au cœur de l’Allemagne médiévale, authentique maîtresse
en théologie et grande experte en sciences naturelles et en musique ».
C’est aussi le pape musicien qui parlait.
Ce matin, ce qui a été souligné dans la
présentation de sa vie et de son enseignement par une moniale bénédictine
allemande, au début de la célébration, c’est son enseignement sur la place de
l’homme au coeur de la création, particulièrement d’actualité en ce XXIe siècle
sensible à la beauté de la création et à l’urgence de la sauvegarder pour
sauvegarder l’homme.
Pour le pape, la « sainteté de la
vie et la profondeur de la doctrine » de Jean d’Avila et d’Hildegarde les
rendent « toujours actuels »: par l’Esprit-Saint, ils sont témoins
d’une « expérience de compréhension pénétrante de la révélation
divine » et d’un « dialogue intelligent avec le monde », ainsi
« ces deux figures de saints et docteurs sont d’une importance et d’une
actualité majeures ».
Comment résumer cette
« actualité » ?
Le mot qui est revenu plusieurs fois dans
la présentation du cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les
causes des saints, au début de la célébration, et aussi dans la présentation de
Jean d’Avila – je souligne, par une femme laïque -, c’est la
« sagesse », la « sabiduria ». Il a été un « apôtre
infatigable de l’amour de Dieu », même en prison où il a mûrit son
enseignement : un docteur de l’Eglise qui a goûté à la prison pour sa
doctrine, ce n’est pas banal. Il a ensuite été lavé de toute accusation.
L’œuvre de Hildegarde de Bingen est
immense. Mais elle est avant tout une « sagesse », pas un savoir
encyclopédique desséché. La « postulatrice » de son doctorat a
souligné combien elle est «centrée sur le Christ », aimé d’un amour sans
partage. Une sagesse faite de foi, d’espérance et d’amour, et qui pour cela
peut nourrir encore aujourd’hui et éclairer la vie des hommes en dépit de
contextes – politiques, sociaux, culturels, économiques – aussi différents que
le moyen âge rhénan, le siècle d’or espagnol et ce début de troisième
millénaire à l’enseigne de la mondialisation.
C’est la fécondité sans cesse renouvelée
de l’Esprit-Saint dans la vie du baptisé à chaque génération.
Pourquoi cette
proclamation solennelle comme premier acte du synode pour la nouvelle
évangélisation ?
Le cardinal Amato a employé cette
image liturgique : cette proclamation fait au coeur de la grande
prière de l’Eglise, au début de l’eucharistie, en présence de plus de 250
évêques, cardinaux et patriarches du monde entier, constitue comme une
« antienne » du synode, et de l’Année de la foi que le pape
ouvrira jeudi prochain, 11 octobre. Il a aussi souligné que la demande était
faite pour « bien de l’Eglise » et la « joie » des
baptisés. Le pape donne un homme et une femme comme référence pour vivre ces
deux événements invitant à faire comme eux : « regarder vers le
Christ ». La « postulatrice » du doctorat de Jean d’Avila a
conclu sa présentation en disant que qu’il était un « docteur pour la
nouvelle évangélisation ».
Il me semble que ce ne sont pas seulement
leurs œuvres mais toute leur vie qui fait partie de cette sagesse à recueillir.
Celle d’Hildegarde était toute nourrie de l’Ecriture et de la liturgie, source
de sa vie d’union avec le Christ et d’amour de ses contemporains et de
l’Eglise, comme l’a souligné sa « postulatrice » : elle a
toujours obéi à l’Eglise, une obéissance faite d’amour, de prudence, de
liberté, féconde en œuvres bonnes. Elle montre aux jeunes d’aujourd’hui la
fécondité et la sagesse recueillie à cette source – monument de la culture
européenne – qu’est la Règle de saint Benoît.
Qui sont les femmes
« docteurs de l’Eglise » ?
Sainte Hildegarde, bénédictine, est la
quatrième femme à être proclamée docteur de l’Eglise, après sainte Catherine de
Sienne, tertiaire dominicaine, sainte Thérèse d’Avila et sainte Thérèse de
Lisieux, toutes deux carmélites.
Mais aujourd’hui, le pape ne donne pas
deux femmes ou deux hommes, mais un homme et une femme – chacun selon son
génie propre - pour éclairer par leur sagesse la marche de l’Eglise,
communion dans la foi dans le Dieu d’amour, Père, Fils et Saint-Esprit,
« Dieu un ».
Lecture.
Ô feu de L’Esprit Paraclet, vie de la vie de toute créature, tu es saint, toi
qui vivifies l’aspect des choses. Tu es saint, toi qui couvres de ton baume les
fractures douloureuses, et saint toi qui bandes les plaies gangrenées.
Souffle de sainteté, feu d’amour, saveur de miel dans les cœurs et
rafraîchissante rosée de nos âmes, parfum des vertus.
Fontaine d’infinie pureté où Dieu se laisse voir, soucieux de rassembler les
étrangers et de chercher les égarés.
Protecteur de la vie, espérance de l’union de tous les hommes, creuset de la
beauté, sauve tes créatures !
Par ta grâce courent les nuages, plane l’air, tandis que les pierres se
couvrent d’humidité, que les eaux deviennent des ruisseaux et que la terre
transpire la sève qui monte en toute végétation.
C’est toi encore qui ne cesses de guider les savants et qui les combles de joie
quand tu leur inspires la connaissance.
Louange à toi, qui fais retentir la louange et facilites joyeusement la route :
à toi l’espérance, l’honneur et la force.
Louange à toi qui nous donnes la lumière.
(Hildegarde de Bingen, Ô feu de l’Esprit Paraclet)
Prière
Dieu de Miséricorde, qui as donné à ta servante Hildegarde la grâce de te
servir d’un cœur unifié et de t’aimer par-dessus toute chose : fais que, après
avoir renouvelé par ce Sacrement notre Communion avec Toi, nous renoncions à
tout ce qui nous entrave dans notre suite du Christ et qu’en croissant de
gloire en gloire nous te ressemblions.
17 septembre. Sainte Hildegarde de Bingen,
vierge et abbesse du Mont Saint-Rupert. 1179.
Pape : Alexandre III.
Empereur d'Allemagne : Frédéric Barberousse.
Roi de France : Louis VII le Jeune.
" L'espérance est comme l'oeil de la charité, l'amour céleste est comme son coeur, et l'abstinence comme leur liaison."
" L'espérance est comme l'oeil de la charité, l'amour céleste est comme son coeur, et l'abstinence comme leur liaison."
Sainte Hildegarde.
Sainte
Hildegarde naquit en 1098, à Bickelnheim, bourg d'Allemagne, au comte, de
Spanheim. Son père, qui se nommait Hildebert, et sa mère, appelée Melchtide,
tous deux considérables par leur noblesse et par leurs grands biens, ayant
reconnu, par plusieurs indices, qu'elle était appelée à une singulière
familiarité avec Dieu, et que toutes ses inclinations la portaient au seul
amour de Jésus-Christ et au mépris du monde, la mirent, dès l'âge de huit ans,
sous la conduite d'une sainte vierge, nommée Jutte, qui lui donna l'habit de
l'Ordre de Saint-Benoît. Cette illustre fille, qui était sœur de Méginhard,
comte de Spanheim, à la cour duquel vivait Hildebert, demeurait recluse dans un
ermitage, sur le mont de Saint-Disibode. Elle eut un soin extraordinaire pour
l'élever dans l'innocence et dans l'humilité et, pour toute science, elle lui
apprit les psaumes de David, afin qu'elle pût les réciter et les chanter à la
louange de Dieu.
Hildegarde protita admirablement à une si sainte école, et, par les progrès qu'elle fit dans la vertu aussi bien que par les lumières divines qu'elle recevait sans cesse du ciel, elle se confirma dans le dessein de ne rechercher que les choses célestes. Mais Dieu, pour l'épurer encore davantage et éprouver sa fidélité, lui envoya de grandes maladies ; car elle était dans une langueur continuelle accompagnée de douleurs très aiguës. Rarement elle pouvait marcher, et son corps devint si exténué, qu'elle n'était plus qu'un squelette et une image de la mort. Cependant, plus elle s'affaiblissait extérieurement, plus son esprit se fortifiait par les intimes communications qu'elle avait avec Dieu ; de sorte que la chaleur ne semblait se retirer de ses membres que pour échauffer de plus en plus son cœur et augmenter la ferveur de son amour pour Jésus-Christ.
Hildegarde protita admirablement à une si sainte école, et, par les progrès qu'elle fit dans la vertu aussi bien que par les lumières divines qu'elle recevait sans cesse du ciel, elle se confirma dans le dessein de ne rechercher que les choses célestes. Mais Dieu, pour l'épurer encore davantage et éprouver sa fidélité, lui envoya de grandes maladies ; car elle était dans une langueur continuelle accompagnée de douleurs très aiguës. Rarement elle pouvait marcher, et son corps devint si exténué, qu'elle n'était plus qu'un squelette et une image de la mort. Cependant, plus elle s'affaiblissait extérieurement, plus son esprit se fortifiait par les intimes communications qu'elle avait avec Dieu ; de sorte que la chaleur ne semblait se retirer de ses membres que pour échauffer de plus en plus son cœur et augmenter la ferveur de son amour pour Jésus-Christ.
Comme elle
était ainsi uniquement appliquée à Dieu, auquel seul elle tâchait de se rendre
agréable, elle entendit une voix divine qui lui commanda de mettre à l'avenir
par écrit toutes les choses qu'on lui ferait connaître. Le délai qu'elle
apporta à obéir à cet ordre du ciel, de peur de n'être pas approuvée des
hommes, fut cause que sa maladie redoubla. L'inquiétude où elle se trouva
là-dessus l'obligea d'avoir recours à un religieux elle lui découvrit le sujet
de son infirmité et le commandement qu'elle avait reçu et, par le conseil qu'il
lui donna, après avoir proposé l'affaire à son abbé et à d'autres personnes
spirituelles, elle fut entièrement déterminée à suivre cette céleste
inspiration. Dès qu'elle se fut mise en devoir de commencer, ses forces lui
revinrent tout à coup et quoiqu'elle n'eût jamais appris à écrire, elle fit un
livre des visions et des révélations qu'elle avait eues jusqu'alors, et le mit
entre les mains de l'abbé pour l'examiner.
Il ne se fia point à son propre jugement dans une matière si délicate et si importante mais il alla à Mayence pour en conférer avec l'archevêque et les savants de son Eglise. De là il alla à Trèves, où il sut que le pape Eugène III s'était rendu après le concile de Reims, auquel il avait présidé. Ce Pape, pour ne rien décider sans une mûre délibération, envoya vers Hildegarde l'évêque de Verdun avec d'autres personnes fort éclairées, afin d'examiner par quel esprit elle avait découvert tant de merveilles. Ils rapportèrent que l'humilité et la simplicité de la Sainte étaient des marques assurées qu'elle n'était conduite que par l'Esprit de Dieu ainsi il lut lui-même ces divins écrits en présence d'Adalbéron, archevêque de Trèves, des cardinaux et de tout le clergé, et il n'y eut personne de cette savante compagnie qui ne fût ravi de leur solidité, et qui ne bénît la bonté de Dieu de s'être communiqué d'une manière si rare et si admirable a une simple fille. Saint Bernard, abbé de Clairvaux, qui était de l'assemblée, représenta au Pape qu'il ne devait pas laisser dans l'obscurité une personne à qui Dieu communiquait tant de belles lumières, mais qu'il devait employer son autorité pour confirmer ce qu'elle avait déjà dicté, et pour l'exciter à continuer d'écrire des choses semblables. Eugène, acquiesçant à ce sentiment, lui écrivit une lettre pour l'exhorter à recueillir soigneusement toutes les choses que le Saint-Esprit lui révélerait ; et, afin de l'autoriser davantage, il en écrivit une autre à l'abbé et aux religieux, pour leur faire savoir la bonne opinion qu'il avait de la sainte recluse.
L'abbé Trithème dit que saint Bernard alla la voir lui-même pour avoir le bonheur de l'entretenir ; qu'il en fut pleinement satisfait, confessa hautement qu'elle était inspirée de Dieu, l'exhorta a la persévérance, la fortifia dans les voies de son attrait, et lia même avec elle une sainte amitié, qu'il entretint par plusieurs lettres qu'il les lui écrivit, soit pour la consoler dans les continuelles maladies dont elle était attaquée, soit pour lui donner les instructions qu'il jugeait lui être nécessaires dans la conduite extraordinaire que la divine Providence gardait sur elle. Mais le P. Stilting, au tome V de septembre des Acta sanctorum, a démontré que ce fait était tout à fait faux.
Il ne se fia point à son propre jugement dans une matière si délicate et si importante mais il alla à Mayence pour en conférer avec l'archevêque et les savants de son Eglise. De là il alla à Trèves, où il sut que le pape Eugène III s'était rendu après le concile de Reims, auquel il avait présidé. Ce Pape, pour ne rien décider sans une mûre délibération, envoya vers Hildegarde l'évêque de Verdun avec d'autres personnes fort éclairées, afin d'examiner par quel esprit elle avait découvert tant de merveilles. Ils rapportèrent que l'humilité et la simplicité de la Sainte étaient des marques assurées qu'elle n'était conduite que par l'Esprit de Dieu ainsi il lut lui-même ces divins écrits en présence d'Adalbéron, archevêque de Trèves, des cardinaux et de tout le clergé, et il n'y eut personne de cette savante compagnie qui ne fût ravi de leur solidité, et qui ne bénît la bonté de Dieu de s'être communiqué d'une manière si rare et si admirable a une simple fille. Saint Bernard, abbé de Clairvaux, qui était de l'assemblée, représenta au Pape qu'il ne devait pas laisser dans l'obscurité une personne à qui Dieu communiquait tant de belles lumières, mais qu'il devait employer son autorité pour confirmer ce qu'elle avait déjà dicté, et pour l'exciter à continuer d'écrire des choses semblables. Eugène, acquiesçant à ce sentiment, lui écrivit une lettre pour l'exhorter à recueillir soigneusement toutes les choses que le Saint-Esprit lui révélerait ; et, afin de l'autoriser davantage, il en écrivit une autre à l'abbé et aux religieux, pour leur faire savoir la bonne opinion qu'il avait de la sainte recluse.
L'abbé Trithème dit que saint Bernard alla la voir lui-même pour avoir le bonheur de l'entretenir ; qu'il en fut pleinement satisfait, confessa hautement qu'elle était inspirée de Dieu, l'exhorta a la persévérance, la fortifia dans les voies de son attrait, et lia même avec elle une sainte amitié, qu'il entretint par plusieurs lettres qu'il les lui écrivit, soit pour la consoler dans les continuelles maladies dont elle était attaquée, soit pour lui donner les instructions qu'il jugeait lui être nécessaires dans la conduite extraordinaire que la divine Providence gardait sur elle. Mais le P. Stilting, au tome V de septembre des Acta sanctorum, a démontré que ce fait était tout à fait faux.
Cette
enquête ordonnée par le Pape, et suivie d'une approbation si authentique,
répandit partout le bruit de la sainteté d'Hildegarde l'odeur de ses vertus lui
attira bientôt après un grand nombre de personnes, qui vinrent la consulter sur
les difficultés de leur conscience, sur les moyens de faire leur salut et
d'avancer dans la perfection. Plusieurs jeunes. Elles lui demandèrent l'habit
religieux, et il s'en présenta un si grand nombre que son ermitage, dont sainte
Jutte l'avait laissée supérieure, ne pouvant les contenir toutes, elle fut
obligée d'en faire bâtir un plus spacieux. Le mont de Saint-Robert ou Rupert
(près de Bingen), ainsi appelé parce qu'il était du domaine de ce saint duc, et
qu'il y avait saintement fini ses jours avec la bienheureuse Berthe, sa mère,
et saint Guibert, confesseur, fut le lieu de cette nouvelle retraite, qui lui
fut montré divinement dans une vision.
Le comte Méginhard, dont la fille, nommée Hiltrude, s'était faite religieuse sous la conduite de notre Sainte, lui en fit la donation, après l'avoir acheté des chanoines de Mayence et du comte de Hildesheim, dont il dépendait. L'abbé et les religieux eurent bien de la peine à consentir qu'elle quittât leur voisinage; ils s'y opposèrent quelque temps mais elle tomba dans une langueur surnaturelle qui la réduisit à ne pouvoir plus se remuer ; cela lui arrivait ordinairement lorsqu'on l'empêchait d'exécuter les ordres qu'elle recevait du ciel, ou qu'elle dilférait elle-même de le faire tandis que, quand elle se mettait en état de s'y conformer, et qu'on ne la contrariait plus, ses forces lui revenaient tout à coup. L'abbé lui permit donc de se rendre au nouveau monastère de Saint-Rupert alors elle se leva de son lit, comme si elle n'eût point été malade, et s'y rendit. Ce changement causa autant de douleur aux personnes qu'elle quittait, qu'il apporta de joie à celles qu'elle allait honorer de sa présence.
Dieu continua, dans cette nouvelle demeure, de l'éclairer de ses lumières célestes. Il serait impossible d'expliquer par d'autres paroles que par les siennes de quelle manière elle les recevait ; voici ce qu'elle en dit dans une lettre à un religieux de Gemblac :
Le comte Méginhard, dont la fille, nommée Hiltrude, s'était faite religieuse sous la conduite de notre Sainte, lui en fit la donation, après l'avoir acheté des chanoines de Mayence et du comte de Hildesheim, dont il dépendait. L'abbé et les religieux eurent bien de la peine à consentir qu'elle quittât leur voisinage; ils s'y opposèrent quelque temps mais elle tomba dans une langueur surnaturelle qui la réduisit à ne pouvoir plus se remuer ; cela lui arrivait ordinairement lorsqu'on l'empêchait d'exécuter les ordres qu'elle recevait du ciel, ou qu'elle dilférait elle-même de le faire tandis que, quand elle se mettait en état de s'y conformer, et qu'on ne la contrariait plus, ses forces lui revenaient tout à coup. L'abbé lui permit donc de se rendre au nouveau monastère de Saint-Rupert alors elle se leva de son lit, comme si elle n'eût point été malade, et s'y rendit. Ce changement causa autant de douleur aux personnes qu'elle quittait, qu'il apporta de joie à celles qu'elle allait honorer de sa présence.
Dieu continua, dans cette nouvelle demeure, de l'éclairer de ses lumières célestes. Il serait impossible d'expliquer par d'autres paroles que par les siennes de quelle manière elle les recevait ; voici ce qu'elle en dit dans une lettre à un religieux de Gemblac :
" Je suis toujours pénétrée d'une sainte frayeur, parce que je ne
reconnais en moi aucun pouvoir de faire le bien mais j'étends vers Dieu mes
mains comme deux ailes, et, le vent de sa grâce soufflant au milieu, je me sens
puissamment soutenue de sa force divine. Depuis mon enfance jusqu'à présent,
que j'ai soixante-dix ans, j'ai sans cesse dans mon esprit cette vision il me
semble que je suis élevée jusqu'au firmament et que je me répands dans l'air
vers les régions fort éloignées, et, en cet état, je vois dans mon âme de
grandes merveilles qui me sont manifestées; je ne les vois point des yeux du
corps je ne les entends point de mes oreilles je ne les découvre point par
aucun de mes sens, non pas même par les pensées de mon cœur, ni par des
extases, car je n'en ai jamais eu mais, ayant les yeux ouverts et étant parfaitement
éveillée, je les vois clairement, jour et nuit, dans le plus profond de mon
âme."
Il ne faut
pas s'étonner si, dans cette heureuse disposition, elle avait tant de facilité
à mettre par écrit toutes les choses que le Saint-Esprit lui révélait, non
seulement dans l'ordre naturel, mais aussi dans l'ordre surnaturel.
Cet état de
contemplation continuelle ne l'empêchait point de s'acquitter des fonctions de
la vie active et de travailler, autant qu'il lui était possible, au salut des
âmes. Elle écoutait les personnes qui venaient la trouver, pénétrait le fond de
leur conscience et leur donnait toujours des avis salutaires et conformes à la
situation de leur cœur. Elle répondait aux autres qui la consultaient par
lettres. Le religieux Wilbert lui proposa trente questions très-épineuses,
qu'elle résolut par des lumières si profondes et si sublimes, qu'on ne peut
lire cet écrit sans admiration. A l'instance de l'abbé et des religieux de
Saint-Disibode, elle écrivit la vie de ce saint confesseur, et, à la prière de
quelques autres, elle fit celle de saint Rupert.
Elle composa sur tous les évangiles de l'année des homélies dont la lecture fait voir qu'elle ne parlait que par l'inspiration divine. Elle expliqua particulièrement l'Evangile de saint Jean dont les mystères sont incompréhensibles aux plus grands génies. Elle écrivit plus de deux cent cinquante lettres pour exhorter diverses personnes à des actes héroïques de vertu. Elle y découvre, par un don singulier de Dieu, les secrets de leur intérieur, et y donne des instructions convenables à leur état. Celles qu'elle adressa aux archevêques de Trèves, de Mayence et de Cologne contiennent plusieurs prédictions sur les calamités qui devaient arriver dans le monde.
En un mot, il n'y eut point de personnes considérables de son temps à qui elle ne donnât des conseils tout divins. Elle écrivit à Eugène III, à Anastase IV, à Adrien IV et à Alexandre III, souverains pontifes aux empereurs Conrad III et Frédéric Ier ; aux évêques de Bamberg, de Spire, de Worms, de Constance, de Liége, de Maëstricht, de Prague et de toute la Germanie ; à l'évêque de Jérusalem, à plusieurs prélats de France et d'Italie à un grand nombre d'abbés ; à sainte Elisabeth de l'Ordre de Cîteaux ; à une quantité de prêtres, de théologiens et de philosophes de l'Europe ; toutes ces épîtres sont remplies de mystères et de secrets que le Saint-Esprit lui avait révélés, et les réponses de tant de grands hommes ont été conservées au monastère de Saint-Rupert.
Elle parcourut plusieurs villes d'Allemagne pour annoncer aux ecclésiastiques et au peuple des choses que Dieu lui avait ordonné de leur manifester. Les plus pauvres avaient part à ses lumières, aussi bien que les puissants du siècle elle ne leur refusait point des lettres de consolation, quand ils lui en demandaient, et, par ses prières, elle obtenait pour eux les grâces dont ils avaient besoin dans leurs maladies, leurs misères et leurs afflictions.
Elle composa sur tous les évangiles de l'année des homélies dont la lecture fait voir qu'elle ne parlait que par l'inspiration divine. Elle expliqua particulièrement l'Evangile de saint Jean dont les mystères sont incompréhensibles aux plus grands génies. Elle écrivit plus de deux cent cinquante lettres pour exhorter diverses personnes à des actes héroïques de vertu. Elle y découvre, par un don singulier de Dieu, les secrets de leur intérieur, et y donne des instructions convenables à leur état. Celles qu'elle adressa aux archevêques de Trèves, de Mayence et de Cologne contiennent plusieurs prédictions sur les calamités qui devaient arriver dans le monde.
En un mot, il n'y eut point de personnes considérables de son temps à qui elle ne donnât des conseils tout divins. Elle écrivit à Eugène III, à Anastase IV, à Adrien IV et à Alexandre III, souverains pontifes aux empereurs Conrad III et Frédéric Ier ; aux évêques de Bamberg, de Spire, de Worms, de Constance, de Liége, de Maëstricht, de Prague et de toute la Germanie ; à l'évêque de Jérusalem, à plusieurs prélats de France et d'Italie à un grand nombre d'abbés ; à sainte Elisabeth de l'Ordre de Cîteaux ; à une quantité de prêtres, de théologiens et de philosophes de l'Europe ; toutes ces épîtres sont remplies de mystères et de secrets que le Saint-Esprit lui avait révélés, et les réponses de tant de grands hommes ont été conservées au monastère de Saint-Rupert.
Elle parcourut plusieurs villes d'Allemagne pour annoncer aux ecclésiastiques et au peuple des choses que Dieu lui avait ordonné de leur manifester. Les plus pauvres avaient part à ses lumières, aussi bien que les puissants du siècle elle ne leur refusait point des lettres de consolation, quand ils lui en demandaient, et, par ses prières, elle obtenait pour eux les grâces dont ils avaient besoin dans leurs maladies, leurs misères et leurs afflictions.
Elle
convainquit des Juifs qui la vinrent interroger sur la loi et les Prophètes, et
leur prouva que le mystère de l'Incarnation, qu'ils attendaient encore, était
accompli. Elle connaissait le cœur de ceux qui venaient à elle par un esprit do
curiosité, et leur disait des vérités si touchantes, qu'ils changeaient
aussitôt de sentiment. Elle donnait des remèdes aux personnes qui la
consultaient sur leurs maladies corporelles ou spirituelles. Elle avait souvent
des révélations touchant le salut ou la damnation de ceux qui venaient la
visiter. Elle voyait la gloire à laquelle les uns devaient être élevés dans le
ciel, et les peines que d'autres devaient souffrir dans les enfers. Elle se
servait utilement de ce discernement des esprits et des consciences pour
gouverner ses religieuses. Elle prévenait leurs petits différends, leur
tristesse dans leur vocation, leur paresse et leur lâcheté dans leurs fonctions
régulières. Tout ce qu'elle disait était accompagné de tant de douceur et
d'onction, que l'on ne pouvait résister aux impressions qu'elle faisait jusque
dans. le plus intime des âmes.
Mais, quoique Notre Seigneur Jésus-Christ favorisât sa bien-aimée Hildegarde par des grâces si extraordinaires et des bénédictions si abondantes, et qu'il l'honorât presque continuellement de ses saintes visites, il ne laissa pas de permettre qu'elle fût extrêmement persécutée et affligée de plusieurs manières. Elle eut des maladies que l'on peut dire avoir été au-dessus de la nature. Elle fut une fois trente jours dans un état si pitoyable, que l'on ne savait si elle était morte, ou si son âme animait encore ses membres, tant ils paraissaient desséchés et raides. D'autres fois son corps était réduit à une telle faiblesse, qu'on n'osait pas même le toucher, de crainte de la faire mourir. Tantôt il était flétri et comme gelé, tantôt il était tout en feu par l'ardeur des fièvres violentes qui la tourmentaient. C'était néanmoins dans ces cuisantes douleurs qu'elle avait les plus belles visions et que Dieu lui communiquait de plus grandes lumières.
Nous avons déjà remarqué que son mal augmentait visiblement lorsqu'elle n'exécutait pas promptement ce qui lui était prescrit dans ses révélations. Un jour, elle devint aveugle pour n'avoir pas manifesté une chose qu'elle avait eu ordre de déclarer, et elle ne recouvra la vue qu'après y avoir satisfait. Elle souffrit aussi beaucoup de la part des démons, qui employèrent tous leurs artifices pour lui ravir son humilité, pour ébranler sa patience et pour lui faire perdre sa confiance en Jésus-Christ. Ils l'attaquèrent par d'horribles tentations de blasphème et par des pensées de désespoir. Ils se mêlèrent, par permission divine, dans ses maladies, et la traitèrent, sans pourtant toucher à son âme, avec toute la cruauté que leur rage leur put suggérer ; mais elle eut la consolation de voir des anges destinés pour la défendre contre leur fureur. Elle vit plusieurs fois un chérubin, avec un glaive de feu à la main, qui les chassait de sa présence et les obligeait de se retirer dans les enfers. Elle voyait souvent ces esprits de ténèbres dans des furies effroyables, de ce qu'au lieu de remporter la moindre victoire sur sa faiblesse, elle triomphait toujours de leur malice et s'en servait pour s'unir davantage à son Dieu.
Mais, quoique Notre Seigneur Jésus-Christ favorisât sa bien-aimée Hildegarde par des grâces si extraordinaires et des bénédictions si abondantes, et qu'il l'honorât presque continuellement de ses saintes visites, il ne laissa pas de permettre qu'elle fût extrêmement persécutée et affligée de plusieurs manières. Elle eut des maladies que l'on peut dire avoir été au-dessus de la nature. Elle fut une fois trente jours dans un état si pitoyable, que l'on ne savait si elle était morte, ou si son âme animait encore ses membres, tant ils paraissaient desséchés et raides. D'autres fois son corps était réduit à une telle faiblesse, qu'on n'osait pas même le toucher, de crainte de la faire mourir. Tantôt il était flétri et comme gelé, tantôt il était tout en feu par l'ardeur des fièvres violentes qui la tourmentaient. C'était néanmoins dans ces cuisantes douleurs qu'elle avait les plus belles visions et que Dieu lui communiquait de plus grandes lumières.
Nous avons déjà remarqué que son mal augmentait visiblement lorsqu'elle n'exécutait pas promptement ce qui lui était prescrit dans ses révélations. Un jour, elle devint aveugle pour n'avoir pas manifesté une chose qu'elle avait eu ordre de déclarer, et elle ne recouvra la vue qu'après y avoir satisfait. Elle souffrit aussi beaucoup de la part des démons, qui employèrent tous leurs artifices pour lui ravir son humilité, pour ébranler sa patience et pour lui faire perdre sa confiance en Jésus-Christ. Ils l'attaquèrent par d'horribles tentations de blasphème et par des pensées de désespoir. Ils se mêlèrent, par permission divine, dans ses maladies, et la traitèrent, sans pourtant toucher à son âme, avec toute la cruauté que leur rage leur put suggérer ; mais elle eut la consolation de voir des anges destinés pour la défendre contre leur fureur. Elle vit plusieurs fois un chérubin, avec un glaive de feu à la main, qui les chassait de sa présence et les obligeait de se retirer dans les enfers. Elle voyait souvent ces esprits de ténèbres dans des furies effroyables, de ce qu'au lieu de remporter la moindre victoire sur sa faiblesse, elle triomphait toujours de leur malice et s'en servait pour s'unir davantage à son Dieu.
Aussi, ce ne
furent point là les plus sanglantes persécutions qu'elle souffrit, quoiqu'elles
paraissent si terribles les traits des langues médisantes lui furent bien
sensibles, parce qu'elles combattaient les faveurs insignes qu'elle recevait de
son Epoux. Elle était honorée, applaudie et approuvée de la manière que nous
avons dite cependant la Providence permit encore au démon de susciter plusieurs
personnes qui lui causèrent d'étranges peines intérieures. Les uns doutaient si
ces révélations n'étaient pas plutôt des illusions que des inspirations
divines. Les autres disaient hautement qu'elle était trompée et séduite, et,
qu'au reste, ce n'était point à une fille simple, ignorante et sans lettres, à
se mêler de composer des ouvrages de piété que ses prétendues familiarités avec
le Saint-Esprit n'étaient que des imaginations creuses que les visions qu'elle
débitait ne devaient passer que pour des idées chimériques, sans aucun
fondement valable, et qu'enfin il fallait l'empêcher de parler, au lieu de la
consulter comme un oracle. Quelques-unes même de ces religieuses se laissèrent
emporter au murmure contre elle, se plaignant de son exactitude, comme trop
scrupuleuse, à leur faire garder les observances régulières, et lui reprochant
que, par une rêverie plutôt que par une vision, elle les avait retirées du mont
de Saint-Disibode, où rien ne leur manquait, et qui était la demeure du monde
la plus agréable, pour les transférer sur la colline de Saint-Rupert, lieu
malsain et marécageux à cause du voisinage de la rivière de Naha, qui se
décharge dans le Rhin, et où elles manquaient de toutes choses.
Mais Hildegarde demeura toujours ferme, constante et tranquille au milieu de ces tempêtes. Et si elles furent assez violentes pour la toucher à leur début, elles n'eurent jamais la force de l'abattre, ni même de l'ébranler. Comme elle ne s'était pas élevée lorsqu'on lui avait donné des louanges, elle ne se laissa pas abattre quand elle se vit calomniée. Elle regarda cette adversité du même œil qu'elle avait envisagé la prospérité, adorant sans cesse en l'une et en l'autre la divine Providence, de laquelle seule elle attendait tout son secours. Aussi Dieu, prenant sa défense en main, la mit au-dessus de l'envie il fit paraître son innocence avec éclat, châtia ses persécuteurs et les obligea de reconnaître leur faute enfin, il montra, par plusieurs merveilles, qu'elle ne faisait et n'avait rien fait que par le mouvement et la conduite de son Esprit-Saint.
Elle guérit plusieurs malades qui implorèrent, son assistance, délivra un enfant de sept mois d'une étrange tumeur qui l'affligeait dans tous ses membres, et rendit la santé à une jeune fille et à un jeune homme moribonds, en leur faisant boire de l'eau qu'elle avait auparavant bénite. Deux femmes qui avaient perdu l'esprit le recouvrèrent par ses mérites. Une autre, d'Italie, travaillée d'un flux de sang, fut guérie par une de ses lettres.
Mais Hildegarde demeura toujours ferme, constante et tranquille au milieu de ces tempêtes. Et si elles furent assez violentes pour la toucher à leur début, elles n'eurent jamais la force de l'abattre, ni même de l'ébranler. Comme elle ne s'était pas élevée lorsqu'on lui avait donné des louanges, elle ne se laissa pas abattre quand elle se vit calomniée. Elle regarda cette adversité du même œil qu'elle avait envisagé la prospérité, adorant sans cesse en l'une et en l'autre la divine Providence, de laquelle seule elle attendait tout son secours. Aussi Dieu, prenant sa défense en main, la mit au-dessus de l'envie il fit paraître son innocence avec éclat, châtia ses persécuteurs et les obligea de reconnaître leur faute enfin, il montra, par plusieurs merveilles, qu'elle ne faisait et n'avait rien fait que par le mouvement et la conduite de son Esprit-Saint.
Elle guérit plusieurs malades qui implorèrent, son assistance, délivra un enfant de sept mois d'une étrange tumeur qui l'affligeait dans tous ses membres, et rendit la santé à une jeune fille et à un jeune homme moribonds, en leur faisant boire de l'eau qu'elle avait auparavant bénite. Deux femmes qui avaient perdu l'esprit le recouvrèrent par ses mérites. Une autre, d'Italie, travaillée d'un flux de sang, fut guérie par une de ses lettres.
Le seul
attouchement de ses habits et des choses qui lui avaient servi opérait des
guérisons admirables. Elle chassa les démons du corps des possédés, et rendit
la vue à un enfant aveugle.
Une jeune personne, nommée Lutgarde, eut une passion si violente, qu'elle tomba
dans une langueur qui la mit à deux doigts de la mort. Ses parents, apprenant
de sa propre bouche la cause de sa maladie, l'envoyèrent vers la Sainte pour
lui découvrir son mal et lui demander le secours de ses prières. Hildegarde se
mit aussitôt en oraison, puis elle bénit du pain, l'arrosa de ses larmes et
l'envoya à la malade. La jeune fille n'en eut pas plus tôt goûté qu'elle fut
entièrement délivrée de la passion qui la desséchait.
Enfin notre Sainte fit quantité d'autres miracles qu'il serait trop long de rapporter ici. Il faut observer avec une tendre dévotion que, quand elle avait fait quelque action miraculeuse, Dieu permettait que ses douleurs et ses maladies augmentassent extraordinairemeni, afin, comme elle-même le confesse dans ses écrits, qu'elle se maintînt toujours dans les sentiments d'une véritable humilité et que la grandeur de ses révélations et l'éclat des merveilles qu'elle opérait ne fissent point naître dans son esprit des pensées d'orgueil et de bonne estime d'elle-même.
Voilà quelle, fut la vie de sainte Hildegarde jusqu'à l'âge de quatre-vingt-deux ans ; après avoir prédit sa mort, par une révélation qu'elle en eut, elle alla rejoindre son Epoux céleste, qu'elle avait uniquement recherché sur la terre. Ce fut le 17 septembre, l'an de Notre-Seigneur 1179.
A l'heure de son décès, qui arriva à la pointe du jour, on vit dans le ciel deux arcs-en-ciel, se croisant l'un sur l'autre sur tout l'hémisphère, vers les quatre parties du monde et, au point de leur jonction, il paraissait un corps lumineux de la grandeur du disque de la lune, du milieu duquel il sortait une croix qui, d'abord, était assez petite, mais ensuite s'élargissait sans mesure et était encore environnée d'autres cercles lumineux, chargés aussi de croix éclatantes il en jaillissait une clarté merveilleuse dont toute la montagne était illuminée. Dieu voulait sans doute montrer par ces symboles combien cette sainte vierge avait souffert pendant sa vie, combien, par ses souffrances, elle s'était rendue agréable à Notre Seigneur Jésus-Christ, et de quelle gloire elle était récompensée dans le ciel.
Son corps, qui exhalait une très-suave odeur, fut très honorablement inhumé au monastère d'Eibingen ou Bingen, qu'elle avait si longtemps sanctifié parla pratique des plus excellentes vertus. Son tombeau a été honoré de plusieurs miracles.
Enfin notre Sainte fit quantité d'autres miracles qu'il serait trop long de rapporter ici. Il faut observer avec une tendre dévotion que, quand elle avait fait quelque action miraculeuse, Dieu permettait que ses douleurs et ses maladies augmentassent extraordinairemeni, afin, comme elle-même le confesse dans ses écrits, qu'elle se maintînt toujours dans les sentiments d'une véritable humilité et que la grandeur de ses révélations et l'éclat des merveilles qu'elle opérait ne fissent point naître dans son esprit des pensées d'orgueil et de bonne estime d'elle-même.
Voilà quelle, fut la vie de sainte Hildegarde jusqu'à l'âge de quatre-vingt-deux ans ; après avoir prédit sa mort, par une révélation qu'elle en eut, elle alla rejoindre son Epoux céleste, qu'elle avait uniquement recherché sur la terre. Ce fut le 17 septembre, l'an de Notre-Seigneur 1179.
A l'heure de son décès, qui arriva à la pointe du jour, on vit dans le ciel deux arcs-en-ciel, se croisant l'un sur l'autre sur tout l'hémisphère, vers les quatre parties du monde et, au point de leur jonction, il paraissait un corps lumineux de la grandeur du disque de la lune, du milieu duquel il sortait une croix qui, d'abord, était assez petite, mais ensuite s'élargissait sans mesure et était encore environnée d'autres cercles lumineux, chargés aussi de croix éclatantes il en jaillissait une clarté merveilleuse dont toute la montagne était illuminée. Dieu voulait sans doute montrer par ces symboles combien cette sainte vierge avait souffert pendant sa vie, combien, par ses souffrances, elle s'était rendue agréable à Notre Seigneur Jésus-Christ, et de quelle gloire elle était récompensée dans le ciel.
Son corps, qui exhalait une très-suave odeur, fut très honorablement inhumé au monastère d'Eibingen ou Bingen, qu'elle avait si longtemps sanctifié parla pratique des plus excellentes vertus. Son tombeau a été honoré de plusieurs miracles.
On la
représente :
1. au moment où, rendant le dernier soupir, une croix éclatante apparut dans le
ciel ;
2. portant une église, comme fondatrice d'un monastère, celui d'Eibingen ;
3. visitée par un solitaire
4. donnant un calice et de l'argent à un pauvre prêtre ou ermite.
CULTE ET RELIQUES
Sainte Hildegarde fut ensevelie au monastère de Saint-Rupert, où on lui éleva
un riche mausolée. Ce monastère ayant été pillé et brûlé, en 1632, par les
protestants suédois, les religieuses bénédictines qui l'occupaient se
retirèrent et emportèrent avec elles les reliques de leur sainte abbesse au
prieuré d'Eibingen, au diocèse de Mayence, dont sainte Hiidegarde était la
fondatrice.
C'est là qu'elle a reçu depuis les honneurs que le grand nombre de ses miracles lui ont fait rendre. Son nom est célèbre dans les fastes de l'Eglise d'Allemagne. Sa canonisation, deux fois reprise, n'a pas été terminée pour des raisons secondaires et qui ne saurait mettre en cause son haut degré de sainteté ; mais son culte est permis et le décret de béatification a été rendu. Son nom est inséré dans le martyrologe romain.
C'est là qu'elle a reçu depuis les honneurs que le grand nombre de ses miracles lui ont fait rendre. Son nom est célèbre dans les fastes de l'Eglise d'Allemagne. Sa canonisation, deux fois reprise, n'a pas été terminée pour des raisons secondaires et qui ne saurait mettre en cause son haut degré de sainteté ; mais son culte est permis et le décret de béatification a été rendu. Son nom est inséré dans le martyrologe romain.
ÉCRITS
Signalons que bien des ésotéristes contemporains, la tête farcie de fausses et de mauvaises sciences et de ruineuses fantaisies de toutes sortes, sont férus de certains ouvrages de sainte Hildegarde. Ils en donnent, dans l'édition comme sur l'Internet, des interprétations truffées de sottises obscures et dangereuses.
D'autres, au fil du temps ont composé des faux qu'ils ont attribué à notre grande Sainte. D'autres reproduisent incomplètement, retranche, ajoute, etc. aux textes de l'abbesse du Mont-Rupert. On s'éloignera bien entendu de toutes les variétés d'escrocs correspondant à ces caractéristiques et à ces pratiques.
Les ouvrages que nous avons de sainte Hildegarde sont :
Signalons que bien des ésotéristes contemporains, la tête farcie de fausses et de mauvaises sciences et de ruineuses fantaisies de toutes sortes, sont férus de certains ouvrages de sainte Hildegarde. Ils en donnent, dans l'édition comme sur l'Internet, des interprétations truffées de sottises obscures et dangereuses.
D'autres, au fil du temps ont composé des faux qu'ils ont attribué à notre grande Sainte. D'autres reproduisent incomplètement, retranche, ajoute, etc. aux textes de l'abbesse du Mont-Rupert. On s'éloignera bien entendu de toutes les variétés d'escrocs correspondant à ces caractéristiques et à ces pratiques.
Les ouvrages que nous avons de sainte Hildegarde sont :
1. ses Lettres, au nombre de cent quarante-cinq, en y comprenant celles que
diverses personnes lui adressèrent ;
2. les Scivias, ou ses visions et ses révélations, en trois livres ;
3. le livre des Ouvrages divins de l'homme simple, ou Visions sur tous le
points de la théologie, en trois parties :
4. la Solution de trente-huit questions ;
5. l'explication de la Règle de saint Benoît ;
6. l'explication du symbole de saint Athanase ;
7. la Vie de saint Rupert ou Robert ;
8. la Vie de saint Disibode ;
9. Des subtilités des diverses natures des créatures, en neuf livres.
Tous ces ouvrages sont réunis au tome CXCVII de la Patrologie latine de Migne par les soins et avec les notes du docteur Heuss.
Tous ces ouvrages sont réunis au tome CXCVII de la Patrologie latine de Migne par les soins et avec les notes du docteur Heuss.
St.
Hildegard
The life
of Hildegard as child, religious,
and superioress was an
extraordinary one. Left much to herself on account of her ill health, she led
an interior life, trying to make
use of everything for her own sanctification. From her earliest years she was
favoured with visions. She says
of herself:
Up to my
fifteenth year I saw much, and related some of the things seen to others, who
would inquire with astonishment, whence such things might come. I also wondered
and during my sickness I asked one of my nurses whether she also saw similar
things. When she answered no, a great fear
befell me. Frequently, in my conversation, I would relate future things, which
I saw as if present, but, noting the amazement of my listeners, I became more
reticent.
This
condition continued to the end
of her life. Jutta had noticed
her gifts and made them known to
a monk of the neighbouring abbey, but, it seems, nothing was done at the time.
When about forty years of age Hildegard received a command to publish to the
world what she saw and heard. She hesitated, dreading what people might think
or say, though she herself was fully convinced of the Divine character
of the revelations. But,
continually urged, rebuked, and threatened by the inner voice, she manifested
all to her spiritual director, and through him to the abbot under whose jurisdiction her community was placed. Then a monk was ordered to put in writing whatever she
related; some of her nuns also frequently assisted her. The
writings were submitted to the bishop (Henry, 1145-53) and clergy of Mainz, who pronounced them as coming from God. The matter
was also brought to the notice of Eugene III
(1145-53) who was at Trier in 1147. Albero of Cluny, Bishop of Verdun, was commissioned to investigate and made a
favourable report. Hildegard continued her writings. Crowds
of people flocked to her from the neighbourhood and from all parts of Germany and Gaul,
to hear words of wisdom from her lips, and to receive advice and help in
corporal and spiritual ailments.
These were not only from the common people, but men and women of note in Church and State were drawn by the report of her wisdom and sanctity. Thus we read that Archbishop
Heinrich of Mainz, Archbishop
Eberhard of Salzburg and Abbot
Ludwig of St. Eucharius at Trier, paid her visits. St. Elizabeth of Schönau was an intimate friend and frequent
visitor. Trithemius in his "Chronicle" speaks of a visit
of St. Bernard of Clairvaux, but this probably was not correct.
Not only at home did she give counsel, but also abroad. Many persons of all stations
of life wrote to her and received answers, so that her correspondence is quite
extensive. Her great love for the Church and its interests
caused her to make many
journeys; she visited at intervals the houses of Disenberg
and Eibingen; on invitation she
came to Ingelheim to see Emperor
Frederick; she travelled to Würzburg, Bamberg, and the vicinity of Ulm, Cologne, Werden,
Trier, and Metz. It is not true, however, that she saw Paris or the grave of St.
Martin at Tours.
In the last year of
her life Hildegard had to undergo a very severe trial. In the cemetery
adjoining her convent a young man was buried
who had once been under excommunication. The ecclesiastical authorities of Mainz demanded that she have the body removed. She
did not consider herself bound to obey
since the young man had received the last sacraments and was therefore supposed to have been
reconciled to the Church. Sentence
of interdict was placed on her convent by the chapter
of Mainz, and the sentence
was confirmed by the bishop, Christian
(V) Buch, then in Italy. After much worry and
correspondence she succeeded in having the interdict removed. She died a holy
death and was buried in the church
of Rupertsberg.
Hildegard was
greatly venerated in life
and after death. Her biographer, Theodoric, calls her saint,
and many miracles are said to have been wrought through her intercession.
Gregory IX (1227-41) and Innocent IV (1243-54) ordered a process of information
which was repeated by Clement V (1305-14) and John XXII (1316-34). No formal canonization has ever taken place, but her name is in the Roman
Martyrology and her feast is celebrated in the Dioceses
of Speyer, Mainz, Trier, and Limburg,
also in the Abbey of Solesmes, where a proper office is said (Brev. Monast.
Tornac., 18 Sept.). When the convent on the Rupertsberg
was destroyed in 1632 the relics of the saint were brought to Cologne
and then to Eibingen. At the secularization
of this convent they were placed in the parish church
of the place. In 1857 an official recognition was made by the Bishop of Limburg and the relics were placed on an altar
specially built. At this occasion the town of Eibingen
chose her as patron. On 2 July,
1900, the cornerstone was here
laid for a new convent of St. Hildegard. The
work was begun and completed through the munificence of Prince
Karl of Löwenstein
and Benedictine nuns from St. Gabriel's at Prague
entered the new home (17 Sept., 1904).
All the manuscripts found in the convent at Eibingen
were in 1814 transferred to the state library at Wiesbaden. Of this collection
the first and greatest work of St. Hildegard is called
"Scivias" (Scire or vias Domini, or
vias lucis), parts of which had been shown to the Archbishop of Mainz. She began it in 1141 and worked at it for ten
years. It is an extraordinary production and hard to understand, prophetic
throughout and admonitory after
the manner of Ezechiel and the Apocalypse.
In the introduction she speaks of herself and describes the nature
of her visions. Then follow
three books, the first containing six visions,
the second giving seven visions,
and about double the size of the first; the third, equal in size to both the
others, has thirteen visions.
The "Scivias" represents God on His Holy
Mountain with mankind at its base; tells of the original condition
of man, his fall and redemption, the human
soul and its struggles, the Holy Sacrifice of the Mass, the times to come, the son of perdition
and the end of the world. The visions
are interspersed with salutary admonitions
to live in the fear of the Lord.
Manuscripts of the
"Scivias" are also at Cues
and Oxford. It was printed for
the first time at Paris (1513) in a book which contains
also the writings of several other persons. It was again printed at Cologne
in 1628, and reproduced in Migne, PL 197. The "Liber vitae meritorum"
written between 1158 and 1163, is a picturesque description of a Christian's life of
virtue and its opposite. It was
printed for the first time in Pitra,
"Analecta Sacra", VIII (Monte Cassino,
1882). The "Liber divinorum operum" (1163-70) is a contemplation
of all nature in the light of faith. Sun, moon, and stars, the planets, the winds,
animals, and man,
are in her visions expressive of
something supernatural and spiritual,
and as they come from God should lead back to Him (Migne, loc. cit.). Mansi, in "Baluzii Missell." (Lucca,
1761), II, 337, gives it from a manuscript lost since then. Her "Letter to the Prelates
of Mainz" in regard to the interdict placed upon her convent is placed here among her works by the
Wiesbaden manuscript; in others it is bound among her
letters. To it the Wiesbaden manuscript annexes nine small essays: on the Creation
and fall of man; God's treatment of the renegade; on the priesthood and the Holy Eucharist; on the covenant between Christ and the Church; on the Creation
and Redemption; on the duties of secular
judges; on the praises of God with intermingled prayers. "Liber Epistolarum et Orationum";
the Wiesbaden manuscript contains letters to and from Eugene III, Anastasius
IV, Adrian IV, and Alexander III, King Conrad III, Emperor
Frederick, St. Bernard, ten archbishops, nine bishops, forty-nine abbots and provosts
of monasteries or chapters,
twenty-three abbesses, many priests, teachers, monks, nuns, and religious communities (P.L., loc. cit.). Pitra
has many additions; L. Clarus
edited them in a German translation (Ratisbon, 1854).
"Vita S. Disibodi" and "Vita S. Ruperti";
these "Vitae", which Hildegard claims also to be revelations,
were probably made up from local traditions and, especially for St. Rupert, the sources being very meagre, have only legendary
value. "Expositio Evangeliorum" fifty homilies in allegory (Pitra, loc. cit.). "Lingua
Ignota", the manuscript, in eleven folios was a list of
nine hundred words of an unknown language, mostly nouns and only a few adjectives,
a Latin, and in a few cases a German,
explanation, together with an unknown alphabet
of twenty-three letters printed in Pitra.
A collection of seventy hymns and their melodies. A manuscript of this is also at Afflighem, printed in Roth
(Wiesbaden, 1880) and in Pitra.
Not only in this work, but elsewhere Hildegard exhibits high poetical gifts,
transfigured by her intimate
persuasion of a Divine mission. "Liber Simplicis Medicinae"
and "Liber Compositae Medicinae";
the first was edited in 1533 by Schott
at Strasburg as "Physica S Hildegardis",
Dr. Jessen (1858) found a manuscript of it in the library of Wolfenbuttel.
It consists of nine books treating of plants, elements, trees, stones, fishes, birds,
quadrupeds, reptiles, metals, printed in Migne as "Subtilitatum Diversarum Naturarum
Libri Novem". In 1859, Jessen
succeeded in obtaining from Copenhagen
a manuscript entitled "Hildegardis Curae et
Causae", and on examination
felt satisfied that it was the second medical
work of the saint. It is in five books and treats of
the general divisions of created
things, of the human body and
its ailments, of the causes,
symptoms, and treatment of diseases. "38 Solutiones
Quaestionum" are answers to
questions proposed by the monks of Villars through Gilbert of Gembloux on several texts of Scripture
(P.L., loc. cit.). "Explanatio Regulae
S. Benedicti", also called a revelation,
exhibits the rule as understood and applied in those days by an intelligent
and mild superior. "Explanatio Symboli S. Athanasii",
an exhortation addressed to her sisters in religion.
The "Revelatio Hildegardis
de Fratribus Quatuor Ordinum Mendicantium",
and the other prophecies against
the Mendicants, etc., are forgeries.
The "Speculum futurorum temporum" is a free adaptation of texts
culled from her writings by Gebeno, prior of Eberbach
(Pentachronicon, 1220). Some would impugn the genuineness
of her writings, among others Preger
in his "Gesch. der deutchen Mystik",
1874, but without sufficient reason.
(See Hauck in "Kirchengesch. Deutschl.", IV,398 sqq.). Her
correspondence is to be read with caution; three letters from popes have been proved spurious by Von
Winterfeld in "Neue Archiv", XXVII, 297.
The first biography
of St. Hildegard was written by the contemporary monks Gottfried and Theodoric. Guibert of Gembloux
commenced another.
Transcription. This article was transcribed for New
Advent by Michael C. Tinkler. In honor of
Professor Donna Sadler.
Ecclesiastical approbation. Nihil
Obstat. June 1, 1910. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New
York.
St. Hildegardis, Virgin and Abbess
SHE was born of most noble parentage in 1098, in the county of Spanheim,
in the Lower Palatinate of the Rhine, and educated, from the eighth year of her
age, in the monastery of the Mount of St. Disibode, under the care of a very
pious nun called Jutta, her relation, and sister to the Count of Spanheim.
Hildegardis excited herself to a contempt of the world, by representing to
herself the phrenzy which possesses a great part of mankind in the world, by
what springs they are moved, how in pursuit of empty imaginary honour or
profit, they are driven into the most laborious and hazardous attempts, how
easily they swallow the most bitter and poisonous pills when they are gilt over
by ambition or avarice, how eagerly they hunt after the troubles of worldly
greatness, and basely adore the gawdy nothings of this life. Full of gratitude
to God, who had rescued her out of that region of darkness, she gave herself to
serve him with her whole heart. She was favoured with heavenly visions, and St.
Bernard, who preached the crusade in that country, examined and approved her
prophetic spirit. 1 It belongs only to God to vouchsafe to certain souls such favours;
which are to us more a subject of admiration than of edification. For any one
to fall into foolish desires of walking in such wonderful ways, is a certain
mark of pride and presumption, and a dangerous illusion. Simplicity with
humility is the character of true piety, which aims not at extraordinary gifts
above itself. Hence the patience, the mortification, the profound humility and
devotion of which this saint sets us the most wonderful examples, are what it
concerns us chiefly to study in her life
Being chosen abbess she seemed still to live always in the presence of
God, always united to God, always conversing interiorly with God; and with Mary
at the feet of Jesus, listening to his divine instructions; yet applying
herself with Martha to the active life, serving him in his spiritual daughters
with so much sweetness, and attention, as if this care took up all her thought.
Her community becoming much too numerous for the hermitage of Mount St.
Disibode, she removed with it to Mount St. Rupert, near Binghem, so called
because St. Rupert or Robert, duke of Binghem, there ended his mortal
pilgrimage. St. Hildegardis wrote the life of that saint, that of St. Disibode,
and several letters to the Popes Eugenius III., Anastasius IV., Adrian IV., and
Alexander III., the Emperors Conrad III. and Frederic I., and other great
personages. She changed the habit of St. Bennet for that of the Cistercians,
and died on the 17th of September, in the year 1179, of her age eighty-two. See
her life compiled by Theodoric, a monk, thirty years after her death: Cave, Hist.
Littér. t. 2, p. 242, and her epistles Bibl. Patr. t. 23. See also Fabricius
Bibl. med. et Infirmæ Latinit. vol. 3, p. 773. Stilting, the Bollandist,
t. 5, Sept. p. 630, &c.
Note 1. Trithemius, (Chron. Hirsang. ad an. 1147,) and after him Baillet, relate
that St. Bernard visited St. Hildergardis at Mount St. Rupert. But they are
solidly refuted by Stilting, p. 636, and Mabillon, or rather Martenne, t. 6.
Annal. Ben. p. 410. It was at Treves that the holy doctor approved her
prophetic spirit, and some of her writings which he had read there. Pope
Eugenius III. did the same in the council of Treves, where he presided.
(Trithem. loc. cit. ad an. 1150, et Bibl. Patr. Ed. Lugd. t. 23, p. 537. This
council was held in 1147, or the beginning of 1148. (See Stilting, p. 634.) In
the third book of her revelations there are some uncertain and apocryphal
prophecies added by a strange hand; such as that quoted by Bzovius, ad an.
1415. See Henschen. t. 1, Mart. 7, p. 667, also Amort De Revelat. and Benedict
XIV. de Canonizat.
Matthew of Westminster, ad an. 1292 attributes to St. Hildegardis
the Speculum futuorum temporum; but this work was only compiled from her
writings by Gebenus, prior of Ebernach, in the thirteenth century. See Bern.
Pez. Thes. Anecd. t. 3, part. 3, p. 629, n. 14. George Echard, t. 2. Corp.
Hist. med. ævi, in Chron. Herm. Cornieri, ad an. 1140; and Stilting, § 13. n.
195, 196. p. 675. [back]
Rev. Alban Butler (1711–73). Volume
IX: September. The Lives of the Saints. 1866.
SOURCE : http://www.bartleby.com/210/9/173.html
Il ruolo di Ildegarda, nata in un villaggio poco distante da Magonza e decima figlia del nobile Ildeberto di Bermersheim, fu quello dell’intermediaria fra Cielo e terra, di colei che parla non per propria volontà, ma per bocca della Vivente Luce, quella Luce che le trasfuse la Sapienza e che vide già a tre anni. Lei stessa scriverà: «i miei genitori con gemito mi consacrarono a Dio, e a tre anni vidi una così gran luce, che la mia anima tremò; ma, data la mia età infantile, nulla potei dire di questa visione. A otto anni fui offerta a Dio per la vita religiosa e fino a quindici anni ebbi molte visioni e dissi diverse cose con semplicità, per cui coloro che udirono ciò si chiedevano meravigliati, donde questo provenisse e da chi. E rimasi anch’io stupita del fatto che, quando avevo una visione interiore, vedevo anche con gli occhi del corpo; e poiché di nessuno udii una cosa simile, tenni nascosta quanto potei la visione che avevo nell’intimo; e ho ignorato molte cose esteriori a causa del frequente malore di cui ho sofferto da quando venivo allattata da mia madre fino ad oggi, malore che macerò il mio corpo ed indebolì gravemente le mie forze» (Vita di santa Ildegarde, scritta dai monaci Goffredo e Teodorico, Libro II, cap. I, 16).
Questa umile e malatissima monaca benedettina, entrata in convento a 8 anni e che prese i voti perpetui a 15, ebbe ordine dal Signore di parlare e di scrivere per diventare «tromba di Dio». Con i suoi consigli, con i suoi severi e rigorosi ammonimenti indicò la via, anche agli uomini di Chiesa, del ben operare, sciogliendo i dubbi di chi vacillava. Interpellava le alte personalità della stessa Chiesa e dell’Impero ricordando i loro compiti, le loro responsabilità davanti a Dio, prima ancora che davanti agli uomini, e rammentando l’origine del loro potere.
Nel Riesenkodex (il tomo manoscritto, che pesa 15 chili, conservato nella Landesbibliothek di Wiesbaden, compilato fra il 1180 e il 1190, e che contiene l’opera omnia di santa Ildegarda, ad eccezione dei trattati di carattere medico-naturalistico) la corrispondenza epistolare è ordinata secondo lo stato sociale di appartenenza. All’ultimo posto umili laici e basso clero, preceduti da abati, badesse, benestanti e nobili, per poi giungere a vescovi, arcivescovi, nobiltà titolata fino al Papa e all’Imperatore. Svariati sono gli argomenti affrontati da questa mistica davvero sui generis, il cui rapporto con il trascendente non avviene attraverso l’estasi, ma nella coscienza piena delle sue facoltà sensibili e intellettive.
Di grande valore sono le 308 questioni sottoposte alla Badessa di Bingen dai monaci del monastero di Villers, le cui risposte formano un trattato dal titolo Solutiones triginta octo questionum. Le domande vertono sull’ordine e sull’essenza della Creazione, sul rapporto che lega Dio agli uomini, sui concetti di corpo, anima, uomo e angelo.
Nel 1150 fonda il convento di San Roberto nei pressi di Bingen e nel 1165 quello di Eibingen, al di là del Reno. La sua fama si amplia nel continente e viene interpellata anche per tenere prediche contro le eresie. Jean de Salisbury (1120-1180), Vescovo di Chartres, parla della benedettina in una lettera del 1167 e fa allusione alla grande fiducia che ha nei suoi confronti papa Eugenio III (?-1153).
Re Conrad III di Hohenstaufen (1033-1152), zio di Federico Barbarossa (1122-1190), nonché duca di Franconia, re d’Italia, re di Germania e imperatore, chiede le sue preghiere e lei lo incoraggia e lo ammonisce nel contempo: «Beati coloro che si sottomettono dignitosamente al candeliere del sommo Re. O re, sii perseverante e monda il tuo spirito da ogni sporcizia. Poiché Dio sostiene coloro che lo cercano con cuore puro e fervente». Esiste anche una corrispondenza fra santa Ildegarda e Federico Barbarossa, che ebbe modo di incontrare personalmente nel 1155, nel castello di Ingelheim.
Tre sono i suoi trattati teologi: Scivias, Liber vite meritorum, Liber divinorum operum. Lo Scivias (Conosci le vie), scritto fra il 1141 e il 1151, e i cui primi capitoli vennero letti da Eugenio III di fronte al Sinodo di Treviri del 1147, è articolato in tre parti ed è un’esortazione a conoscere e seguire le vie che conducono a Dio. Nella prima parte la mistica vede la Luce Vivente ed il regno di Dio, l’origine del male, il peccato originale, le sue nefaste conseguenze e le schiere angeliche. La seconda parte tratta della Redenzione, quindi dell’Incarnazione del Figlio di Dio, della Chiesa, del suo contributo alla Salvezza e dei Sacramenti. La terza parte riprende i temi precedentemente affrontati, partendo da Adamo fino al tempo della Salvezza, frutto di eventi quali l’Incarnazione, la Passione, la Redenzione e l’Ascensione; ma si tratta anche di una vicenda individuale, legata alla relazione che l’anima stabilisce con il peccato e con le virtù. Si giunge, quindi, al Giudizio universale, quando il creato avrà ritrovato il proprio ordine e il male verrà punito ed allontanato, lasciando lo spazio soltanto alla gioia ed al canto.
La seconda opera teologica, Liber vite meritorum (Libro dei meriti di vita) venne scritto fra il 1158 e il 1163. È un trattato dialettico fra i vizi, presentati in tutta la loro fallace falsità, e le virtù, che sono in grado di smascherare l’inganno dei vizi. Infine nel Liber divinorum operum (Libro delle opere divine), scritto fra il 1163 e il 1174, l’autrice sintetizza i concetti teologici, le conoscenze scientifiche, le speculazioni relative al funzionamento della mente dell’uomo ed della struttura del cosmo. Un testo davvero impressionante per la completezza dell’esposizione e per le sue conclusioni. Il punto di partenza e di arrivo delle sue analisi antropologiche e cosmologiche è l’attività creatrice di Dio. Fede e ragione, in santa Ildegarda, combaciano perfettamente: «L’uomo, in effetti, Egli lo creò a sua immagine e somiglianza; in esso Egli iscrisse, con fermezza e misura, la totalità delle creature. Da tutta l’eternità la creazione di questa opera, la creazione dell’uomo, era prevista nel suo consiglio. […] Attraverso di me in effetti ogni vita si infiamma. Senza origine, senza termine, io sono quella vita che persiste identica, eterna. Quella vita è Dio. Essa è perpetuo movimento, perpetua operazione, e la sua unità si mostra in una triplice energia. L’eternità è il Padre; il Verbo è il Figlio; il soffio che collega i due è lo Spirito Santo» e il perpetuo movimento è intriso di ineffabile e incommensurabile amore. È in questo libro che Ildegarda anticipa la raffigurazione celeberrima dell’uomo al centro di un cerchio (la perfezione), che realizzerà Leonardo da Vinci (1452-1519) quattro secoli più tardi.
Le opere scritte della «Sibilla del Reno» riguardano anche il futuro del mondo e della Chiesa. Le sue visioni sugli ultimi tempi hanno avuto un grande influsso sul pensiero escatologico medioevale. Ildegarda parlò degli errori e dei peccati del clero, parlò della crisi della Fede, alla quale Benedetto XVI dedica, a partire dall’11 ottobre 2012 un anno intero. Nello Scivias ella afferma, per bocca di Dio: «[…] si prevede ancora la terribile prova dei suoi [di Cristo] membri [del Corpo mistico, ovvero la Chiesa] […]. La figura di donna che prima avevi visto accanto all’altare, è la sposa del Figlio di Dio… Le macchie che coprono il suo ventre, sono le numerose sofferenze sopportate da lei nella sua lotta contro il figlio della perdizione, cioè contro Satana. Questi però viene colpito potentemente dalla mano di Dio. […]. È la rivelazione della potenza di Dio, sulla quale si appoggia la sposa di mio Figlio. Si manifesterà nel candido splendore della fede, quando dopo la caduta del figlio della perdizione molti torneranno verso la verità, in tutta la bellezza che splenderà sulla terra».
L’esistenza e gli scritti di questo Dottore sono un mirabile impasto di terra e di Cielo: Ildegarda, con linguaggio talvolta virile e talaltra sinfonico, costituito da potenza e grazia insieme, affrontò i temi della teologia con sicurezza e prontezza, forte dell’assistenza dello Spirito Santo. Il suo dire coraggioso e la sua azione determinata e ricca di autorità possiedono l’impeto e la forza di chi è stato direttamente incaricato da Dio di contribuire alla costruzione delle mura della Città Celeste.
Questa è l’Ildegarda organizzatrice. Poi viene l’Ildegarda ispirata, la mistica, quella di tutte le sorprese. Ha visioni, riceve messaggi e li diffonde con gli scritti. Dopo le prime esperienze mistiche, ne ha scritto a Bernardo di Chiaravalle, e non poteva trovare miglior consigliere. Bernardo non s’inalbera, come quei vescovi tedeschi, di fronte a una donna che discorre del cielo e della terra. Anzi, la capisce e le fa coraggio, aiutandola pure a non perdere la testa: le vicende soprannaturali non dispensano dal realismo e dall’umiltà.
ldegarda diffonde racconti delle sue visioni; e, in forma di visione, tratta argomenti di teologia, di dogmatica e di morale, aiutata da una piccola “redazione”. Esaltando le “opere di Dio”, include tra esse le piante, i frutti, le erbe: e la sua lode si traduce in un piccolo trattato di botanica.
Ma soprattutto Ildegarda insegna a esprimere l’amore a Dio attraverso il canto. Con ogni probabilità è la prima donna musicista della storia cristiana. Suoi i versi, sua la melodia, prime esecutrici le monache di Bingen; poi quelle di Eibingen, e di tanti altri monasteri benedettini. Ma non stiamo raccontando qui una storia antica: la musica di Ildegarda, dopo novecento anni, si fa nuovamente sentire ai tempi nostri, ripresa e divulgata dall’industria discografica.Ildegarda vive e lavora fino alla sua età più tarda, sognando una Chiesa formata tutta di "corpi brillanti di purezza e anime di fuoco", come le sono apparsi in una visione; e liberata dall’inquinamento di altri cristiani che le sono pure apparsi: "corpi ripugnanti e anime infette".
Tra i grandi artefici di purificazione nel mondo cristiano, bisogna mettere in primo piano anche questa donna appassionata. Dopo la morte si era avviato un processo di canonizzazione, che però è stato interrotto. Ma il culto è continuato. Ancora nel 1921 è nata in Germania la congregazione delle Suore di Santa Ildegarda.
Autore: Domenico Agasso
Note: Per approfondire: Cristina Siccardi - Ildegarda di Bingen. Mistica e scienziata - Paoline Editoriale Libri, 2012
Sant' Ildegarda di Bingen
Vergine, Dottore della Chiesa
Kreuznach, castello di
Böckenheim, Germania, 1098 - Bingen, Germania, 17 settembre 1179
Nasce a
Bermesheim nel 1098, ultima di dieci figli. Il suo nome di battesimo, tradotto
letteralmente, significa «colei che è audace in battaglia». Tra il 1147 e il
1150, sul monte di San Ruperto vicino a Bingen, sul Reno, Ildegarda fonda il
primo monastero e, nel 1165, il secondo, sulla sponda opposta del fiume. È una
persona delicata e soggetta alle malattie, tuttavia, raggiunge l'età di 81 anni
affrontando una vita piena di lavoro, lotte e contrasti spirituali, temprata da
incarichi divini. Figura, intellettualmente lungimirante e spiritualmente
forte, le sue visioni, trascritte in appunti e poi in libri organici, la
rendono celebre. È interpellata per consigli e aiuto da personalità del tempo.
Sono documentati i suoi contatti con Federico Barbarossa, Filippo d'Alsazia,
san Bernardo, Eugenio III. Negli anni della maturità intraprende numerosi
viaggi per visitare monasteri, che avevano chiesto il suo intervento e per predicare
nelle piazze, come a Treviri, Metz e Colonia. Muore il 17 settembre 1179. (Avvenire)
Etimologia:
Ildegarda = coraggiosa in battaglia, dal tedesco
Martirologio
Romano: Nel monastero di Rupertsberg vicino a Bingen nell’Assia, in Germania,
santa Ildegarda, vergine, che, esperta di scienze naturali, medicina e di
musica, espose e descrisse piamente in alcuni libri le mistiche contemplazioni,
di cui aveva avuto esperienza.
L’elenco
delle opere scritte da Ildegarda di Bingen (Bermersheim vor der Höhe, 1098 –
Bingen am Rhein, 1179), la «Sibilla del Reno», è assai nutrito, ma ancor più
vasto è l’elenco dei temi che trattò. Santa Ildegarda, che sarà proclamata
Dottore della Chiesa il 7 ottobre da Sua Santità Benedetto XVI, scrisse di
teologia, di filosofia, di morale, di agiografia, di scienza, di medicina, di
cosmologia; compose liriche, eccelsa musica ed intrattenne un fitto scambio
epistolare con numerosi corrispondenti di tutta Europa. Eppure ella si
proclamava indocta e attingeva le sue mirabili conoscenze ad una ricchissima
cultura infusa. Scrisse sempre in latino, pur non avendolo mai studiato.
Il ruolo di Ildegarda, nata in un villaggio poco distante da Magonza e decima figlia del nobile Ildeberto di Bermersheim, fu quello dell’intermediaria fra Cielo e terra, di colei che parla non per propria volontà, ma per bocca della Vivente Luce, quella Luce che le trasfuse la Sapienza e che vide già a tre anni. Lei stessa scriverà: «i miei genitori con gemito mi consacrarono a Dio, e a tre anni vidi una così gran luce, che la mia anima tremò; ma, data la mia età infantile, nulla potei dire di questa visione. A otto anni fui offerta a Dio per la vita religiosa e fino a quindici anni ebbi molte visioni e dissi diverse cose con semplicità, per cui coloro che udirono ciò si chiedevano meravigliati, donde questo provenisse e da chi. E rimasi anch’io stupita del fatto che, quando avevo una visione interiore, vedevo anche con gli occhi del corpo; e poiché di nessuno udii una cosa simile, tenni nascosta quanto potei la visione che avevo nell’intimo; e ho ignorato molte cose esteriori a causa del frequente malore di cui ho sofferto da quando venivo allattata da mia madre fino ad oggi, malore che macerò il mio corpo ed indebolì gravemente le mie forze» (Vita di santa Ildegarde, scritta dai monaci Goffredo e Teodorico, Libro II, cap. I, 16).
Questa umile e malatissima monaca benedettina, entrata in convento a 8 anni e che prese i voti perpetui a 15, ebbe ordine dal Signore di parlare e di scrivere per diventare «tromba di Dio». Con i suoi consigli, con i suoi severi e rigorosi ammonimenti indicò la via, anche agli uomini di Chiesa, del ben operare, sciogliendo i dubbi di chi vacillava. Interpellava le alte personalità della stessa Chiesa e dell’Impero ricordando i loro compiti, le loro responsabilità davanti a Dio, prima ancora che davanti agli uomini, e rammentando l’origine del loro potere.
Nel Riesenkodex (il tomo manoscritto, che pesa 15 chili, conservato nella Landesbibliothek di Wiesbaden, compilato fra il 1180 e il 1190, e che contiene l’opera omnia di santa Ildegarda, ad eccezione dei trattati di carattere medico-naturalistico) la corrispondenza epistolare è ordinata secondo lo stato sociale di appartenenza. All’ultimo posto umili laici e basso clero, preceduti da abati, badesse, benestanti e nobili, per poi giungere a vescovi, arcivescovi, nobiltà titolata fino al Papa e all’Imperatore. Svariati sono gli argomenti affrontati da questa mistica davvero sui generis, il cui rapporto con il trascendente non avviene attraverso l’estasi, ma nella coscienza piena delle sue facoltà sensibili e intellettive.
Di grande valore sono le 308 questioni sottoposte alla Badessa di Bingen dai monaci del monastero di Villers, le cui risposte formano un trattato dal titolo Solutiones triginta octo questionum. Le domande vertono sull’ordine e sull’essenza della Creazione, sul rapporto che lega Dio agli uomini, sui concetti di corpo, anima, uomo e angelo.
Nel 1150 fonda il convento di San Roberto nei pressi di Bingen e nel 1165 quello di Eibingen, al di là del Reno. La sua fama si amplia nel continente e viene interpellata anche per tenere prediche contro le eresie. Jean de Salisbury (1120-1180), Vescovo di Chartres, parla della benedettina in una lettera del 1167 e fa allusione alla grande fiducia che ha nei suoi confronti papa Eugenio III (?-1153).
Re Conrad III di Hohenstaufen (1033-1152), zio di Federico Barbarossa (1122-1190), nonché duca di Franconia, re d’Italia, re di Germania e imperatore, chiede le sue preghiere e lei lo incoraggia e lo ammonisce nel contempo: «Beati coloro che si sottomettono dignitosamente al candeliere del sommo Re. O re, sii perseverante e monda il tuo spirito da ogni sporcizia. Poiché Dio sostiene coloro che lo cercano con cuore puro e fervente». Esiste anche una corrispondenza fra santa Ildegarda e Federico Barbarossa, che ebbe modo di incontrare personalmente nel 1155, nel castello di Ingelheim.
Tre sono i suoi trattati teologi: Scivias, Liber vite meritorum, Liber divinorum operum. Lo Scivias (Conosci le vie), scritto fra il 1141 e il 1151, e i cui primi capitoli vennero letti da Eugenio III di fronte al Sinodo di Treviri del 1147, è articolato in tre parti ed è un’esortazione a conoscere e seguire le vie che conducono a Dio. Nella prima parte la mistica vede la Luce Vivente ed il regno di Dio, l’origine del male, il peccato originale, le sue nefaste conseguenze e le schiere angeliche. La seconda parte tratta della Redenzione, quindi dell’Incarnazione del Figlio di Dio, della Chiesa, del suo contributo alla Salvezza e dei Sacramenti. La terza parte riprende i temi precedentemente affrontati, partendo da Adamo fino al tempo della Salvezza, frutto di eventi quali l’Incarnazione, la Passione, la Redenzione e l’Ascensione; ma si tratta anche di una vicenda individuale, legata alla relazione che l’anima stabilisce con il peccato e con le virtù. Si giunge, quindi, al Giudizio universale, quando il creato avrà ritrovato il proprio ordine e il male verrà punito ed allontanato, lasciando lo spazio soltanto alla gioia ed al canto.
La seconda opera teologica, Liber vite meritorum (Libro dei meriti di vita) venne scritto fra il 1158 e il 1163. È un trattato dialettico fra i vizi, presentati in tutta la loro fallace falsità, e le virtù, che sono in grado di smascherare l’inganno dei vizi. Infine nel Liber divinorum operum (Libro delle opere divine), scritto fra il 1163 e il 1174, l’autrice sintetizza i concetti teologici, le conoscenze scientifiche, le speculazioni relative al funzionamento della mente dell’uomo ed della struttura del cosmo. Un testo davvero impressionante per la completezza dell’esposizione e per le sue conclusioni. Il punto di partenza e di arrivo delle sue analisi antropologiche e cosmologiche è l’attività creatrice di Dio. Fede e ragione, in santa Ildegarda, combaciano perfettamente: «L’uomo, in effetti, Egli lo creò a sua immagine e somiglianza; in esso Egli iscrisse, con fermezza e misura, la totalità delle creature. Da tutta l’eternità la creazione di questa opera, la creazione dell’uomo, era prevista nel suo consiglio. […] Attraverso di me in effetti ogni vita si infiamma. Senza origine, senza termine, io sono quella vita che persiste identica, eterna. Quella vita è Dio. Essa è perpetuo movimento, perpetua operazione, e la sua unità si mostra in una triplice energia. L’eternità è il Padre; il Verbo è il Figlio; il soffio che collega i due è lo Spirito Santo» e il perpetuo movimento è intriso di ineffabile e incommensurabile amore. È in questo libro che Ildegarda anticipa la raffigurazione celeberrima dell’uomo al centro di un cerchio (la perfezione), che realizzerà Leonardo da Vinci (1452-1519) quattro secoli più tardi.
Le opere scritte della «Sibilla del Reno» riguardano anche il futuro del mondo e della Chiesa. Le sue visioni sugli ultimi tempi hanno avuto un grande influsso sul pensiero escatologico medioevale. Ildegarda parlò degli errori e dei peccati del clero, parlò della crisi della Fede, alla quale Benedetto XVI dedica, a partire dall’11 ottobre 2012 un anno intero. Nello Scivias ella afferma, per bocca di Dio: «[…] si prevede ancora la terribile prova dei suoi [di Cristo] membri [del Corpo mistico, ovvero la Chiesa] […]. La figura di donna che prima avevi visto accanto all’altare, è la sposa del Figlio di Dio… Le macchie che coprono il suo ventre, sono le numerose sofferenze sopportate da lei nella sua lotta contro il figlio della perdizione, cioè contro Satana. Questi però viene colpito potentemente dalla mano di Dio. […]. È la rivelazione della potenza di Dio, sulla quale si appoggia la sposa di mio Figlio. Si manifesterà nel candido splendore della fede, quando dopo la caduta del figlio della perdizione molti torneranno verso la verità, in tutta la bellezza che splenderà sulla terra».
L’esistenza e gli scritti di questo Dottore sono un mirabile impasto di terra e di Cielo: Ildegarda, con linguaggio talvolta virile e talaltra sinfonico, costituito da potenza e grazia insieme, affrontò i temi della teologia con sicurezza e prontezza, forte dell’assistenza dello Spirito Santo. Il suo dire coraggioso e la sua azione determinata e ricca di autorità possiedono l’impeto e la forza di chi è stato direttamente incaricato da Dio di contribuire alla costruzione delle mura della Città Celeste.
Autore:
Cristina Siccardi
Certi
vescovi tedeschi non la sopportano. Ildegarda, decima figlia dei nobili
Vermessheim, con la voce e con gli scritti s’immischia in problemi come la
riforma della Chiesa e la moralità del clero. E poi ne discute pure con maestri
di teologia. Ma sono cose da monaca? La sua risposta è sì. Sono cose da donna e
da monaca. Nel monastero di Disinbodenberg i suoi l’hanno portata all’età di 8
anni, come scolara. Poi è rimasta lì, prendendo i voti con la guida della
grande badessa Jutta di Spanheim; e nel 1136 l’hanno chiamata a succederle. Dal
suo primo monastero ha poi diretto la fondazione di altri due
nell’Assia-Palatinato; quello di Bingen (dove lei si trasferisce nel 1147) e
quello vicino di Eibingen, fondato nel 1165.
Questa è l’Ildegarda organizzatrice. Poi viene l’Ildegarda ispirata, la mistica, quella di tutte le sorprese. Ha visioni, riceve messaggi e li diffonde con gli scritti. Dopo le prime esperienze mistiche, ne ha scritto a Bernardo di Chiaravalle, e non poteva trovare miglior consigliere. Bernardo non s’inalbera, come quei vescovi tedeschi, di fronte a una donna che discorre del cielo e della terra. Anzi, la capisce e le fa coraggio, aiutandola pure a non perdere la testa: le vicende soprannaturali non dispensano dal realismo e dall’umiltà.
ldegarda diffonde racconti delle sue visioni; e, in forma di visione, tratta argomenti di teologia, di dogmatica e di morale, aiutata da una piccola “redazione”. Esaltando le “opere di Dio”, include tra esse le piante, i frutti, le erbe: e la sua lode si traduce in un piccolo trattato di botanica.
Ma soprattutto Ildegarda insegna a esprimere l’amore a Dio attraverso il canto. Con ogni probabilità è la prima donna musicista della storia cristiana. Suoi i versi, sua la melodia, prime esecutrici le monache di Bingen; poi quelle di Eibingen, e di tanti altri monasteri benedettini. Ma non stiamo raccontando qui una storia antica: la musica di Ildegarda, dopo novecento anni, si fa nuovamente sentire ai tempi nostri, ripresa e divulgata dall’industria discografica.Ildegarda vive e lavora fino alla sua età più tarda, sognando una Chiesa formata tutta di "corpi brillanti di purezza e anime di fuoco", come le sono apparsi in una visione; e liberata dall’inquinamento di altri cristiani che le sono pure apparsi: "corpi ripugnanti e anime infette".
Tra i grandi artefici di purificazione nel mondo cristiano, bisogna mettere in primo piano anche questa donna appassionata. Dopo la morte si era avviato un processo di canonizzazione, che però è stato interrotto. Ma il culto è continuato. Ancora nel 1921 è nata in Germania la congregazione delle Suore di Santa Ildegarda.
Autore: Domenico Agasso
Fonte:
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Note: Per approfondire: Cristina Siccardi - Ildegarda di Bingen. Mistica e scienziata - Paoline Editoriale Libri, 2012
SCIVIAS OU LES TROIS LIVRES DES VISIONS ET
RÉVÉLATIONS
de SAINTE HILDEGARDE : http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Hildegarde/Tome1/table.html
de SAINTE HILDEGARDE : http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Hildegarde/Tome1/table.html
Michel
Poizat, «Hildegard von Bingen : la
voix sacrée », Les Cahiers du GRIF Année 1996 Volume 2 Numéro 1 pp. 49-64 : http://www.persee.fr/doc/grif_0770-6081_1996_hos_2_1_1901?_Prescripts_Search_tabs1=standard&