SOLENNITÉ DU SACRÉ-CŒUR DE JÉSUS Année A
Domegliara
(Sant'Ambrogio di Valpolicella, Veneto), chiesa del Sacro Cuore di Gesù -
Mosaico sopra al portale
Domegliara
(Sant'Ambrogio di Valpolicella, Veneto, Italy), Sacred Heart of Jesus church -
Mosaic above the portal
Première lecture
« Si le Seigneur
vous a choisis, c’est par amour pour vous » (Dt 7, 6-11)
Lecture du livre du
Deutéronome
Moïse disait au
peuple :
« Tu es un peuple consacré au Seigneur ton Dieu :
c’est toi qu’il a choisi pour être son peuple,
son domaine particulier parmi tous les peuples de la terre.
Si le Seigneur s’est attaché à vous, s’il vous a choisis,
ce n’est pas que vous soyez le plus nombreux de tous les peuples,
car vous êtes le plus petit de tous.
C’est par amour pour vous,
et pour tenir le serment fait à vos pères,
que le Seigneur vous a fait sortir par la force de sa main,
et vous a rachetés de la maison d’esclavage
et de la main de Pharaon, roi d’Égypte.
Tu sauras donc que c’est le Seigneur ton Dieu qui est Dieu,
le Dieu vrai qui garde son Alliance et sa fidélité
pour mille générations
à ceux qui l’aiment et gardent ses commandements.
Mais il riposte à ses adversaires en les faisant périr,
et sa riposte est immédiate.
Tu garderas donc le commandement, les décrets et les
ordonnances
que je te prescris aujourd’hui de mettre en pratique. »
–
Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 102
(103), 1-2, 3-4, 6-7, 8.10)
R/ L’amour du Seigneur,
sur ceux qui le craignent,
est de toujours à toujours. (Ps 102, 17ab)
Bénis le Seigneur, ô mon
âme,
bénis son nom très saint, tout mon être !
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
n’oublie aucun de ses bienfaits !
Car il pardonne toutes
tes offenses
et te guérit de toute maladie ;
il réclame ta vie à la tombe
et te couronne d’amour et de tendresse.
Le Seigneur fait œuvre de
justice,
il défend le droit des opprimés.
Il révèle ses desseins à Moïse,
aux enfants d’Israël ses hauts faits.
Le Seigneur est tendresse
et pitié,
lent à la colère et plein d’amour.
Il n’agit pas envers nous selon nos fautes,
ne nous rend pas selon nos offenses.
Christ
bénissant, avec l'inscription sur le socle Cor Jesu sacratissimum,
« Cœur très-saint de Jésus, aie pitié de nous ».détail de la
façade, Basilique du Sacré-Cœur de
Montmartre, Paris
Blessing
Jesus, detail of the facade of Sacré-Cœur, Paris
Segnender
Jesus, Fassadendetail an der Basilika Sacré-Cœur de Montmartre, Paris
Deuxième lecture
« Dieu nous a
aimés » (1 Jn 4, 7-16)
Lecture de la première
lettre de saint Jean
Bien-aimés,
aimons-nous les uns les autres,
puisque l’amour vient de Dieu.
Celui qui aime est né de Dieu
et connaît Dieu.
Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu,
car Dieu est amour.
Voici
comment l’amour de Dieu
s’est manifesté parmi nous :
Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde
pour que nous vivions par lui.
Voici en quoi consiste l’amour :
ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu,
mais c’est lui qui nous a aimés,
et il a envoyé son Fils
en sacrifice de pardon pour nos péchés.
Bien-aimés,
puisque Dieu nous a tellement aimés,
nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres.
Dieu, personne ne l’a jamais vu.
Mais si nous nous aimons les uns les autres,
Dieu demeure en nous,
et, en nous, son amour atteint la perfection.
Voici comment nous reconnaissons
que nous demeurons en lui
et lui en nous :
il nous a donné part à son Esprit.
Quant à nous, nous avons vu et nous attestons
que le Père a envoyé son Fils
comme Sauveur du monde.
Celui
qui proclame que Jésus est le Fils de Dieu,
Dieu demeure en lui,
et lui en Dieu.
Et nous, nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous,
et nous y avons cru.
Dieu est amour :
qui demeure dans l’amour demeure en Dieu,
et Dieu demeure en lui.
–
Parole du Seigneur.
Sagrado
Corazón de Jesús, 1936
Évangile
« Je suis doux et
humble de cœur » (Mt 11, 25-30)
Alléluia. Alléluia.
Prenez sur vous mon joug,
devenez mes disciples,
car je suis doux et humble de cœur.
Alléluia. (Mt 11, 29ab)
Évangile de Jésus Christ
selon saint Matthieu
En ce
temps-là,
Jésus prit la parole et dit :
« Père, Seigneur du ciel et de la terre,
je proclame ta louange :
ce que tu as caché aux sages et aux savants,
tu l’as révélé aux tout-petits.
Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance.
Tout m’a été remis par mon Père ;
personne ne connaît le Fils, sinon le Père,
et personne ne connaît le Père, sinon le Fils,
et celui à qui le Fils veut le révéler.
Venez
à moi,
vous tous qui peinez sous le poids du fardeau,
et moi, je vous procurerai le repos.
Prenez sur vous mon joug,
devenez mes disciples,
car je suis doux et humble de cœur,
et vous trouverez le repos pour votre âme.
Oui, mon joug est facile à porter,
et mon fardeau, léger. »
–
Acclamons la Parole de Dieu.
Church
of Nome di Gesù in Venice - The Sacred Heart by Lattanzio Querena
Église Nome di Gesù à Venise - Le
Sacré-Coeur par Lattanzio Querena
Chiesa del Nome di Gesù a Venezia - Il Sacro Cuore da Lattanzio Querena
SOLENNITÉ DU SACRÉ CŒUR DE JÉSUS Année B
Hosea
the prophet, Russian icon from first quarter of XVIIIth cen., Iconostasis of
Transfiguration church, Kizhi monastery, Karelia, north Russia
Première lecture
« Mon cœur se retourne
contre moi » (Os 11, 1.3-4.8c-9)
Lecture du livre du
prophète Osée
Ainsi parle le Seigneur :
Oui, j’ai aimé Israël dès son enfance,
et, pour le faire sortir d’Égypte, j’ai appelé mon fils.
C’est moi qui lui apprenais à marcher,
en le soutenant de mes bras,
et il n’a pas compris que je venais à son secours.
Je le guidais avec humanité,
par des liens d’amour ;
je le traitais comme un nourrisson
qu’on soulève tout contre sa joue ;
je me penchais vers lui pour le faire manger.
Mais ils ont refusé de revenir à moi :
vais-je les livrer au châtiment ?
Non ! Mon cœur se
retourne contre moi ;
en même temps, mes entrailles frémissent.
Je n’agirai pas selon l’ardeur de ma colère,
je ne détruirai plus Israël,
car moi, je suis Dieu, et non pas homme :
au milieu de vous je suis le Dieu saint,
et je ne viens pas pour exterminer.
– Parole du Seigneur.
CANTIQUE
(Is 12, 2, 4bcd, 5-6)
R/ Exultant de joie, vous
puiserez les eaux
aux sources du salut ! (Is 12, 3)
Voici le Dieu qui me
sauve :
j’ai confiance, je n’ai plus de crainte.
Ma force et mon chant, c’est le Seigneur ;
il est pour moi le salut.
Rendez grâce au Seigneur,
proclamez son nom,
annoncez parmi les peuples ses hauts faits !
Redites-le : « Sublime est son nom ! »
Jouez pour le Seigneur,
il montre sa magnificence,
et toute la terre le sait.
Jubilez, criez de joie, habitants de Sion,
car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël !
Deuxième lecture
« Vous connaîtrez ce qui
surpasse toute connaissance : l’amour du Christ » (Ep 3, 8-12.14-19)
Lecture de la lettre de
saint Paul apôtre aux Éphésiens
Frères,
à moi qui suis vraiment le plus petit de tous les fidèles,
la grâce a été donnée d’annoncer aux nations
l’insondable richesse du Christ,
et de mettre en lumière pour tous le contenu du mystère
qui était caché depuis toujours en Dieu,
le créateur de toutes choses ;
ainsi, désormais, les Puissances célestes elles-mêmes
connaissent, grâce à l’Église,
les multiples aspects de la Sagesse de Dieu.
C’est le projet éternel que Dieu a réalisé
dans le Christ Jésus notre Seigneur.
Et notre foi au Christ nous donne l’assurance nécessaire
pour accéder auprès de Dieu en toute confiance.
C’est pourquoi je tombe à genoux devant le Père,
de qui toute paternité au ciel et sur la terre tient son nom.
Lui qui est si riche en gloire,
qu’il vous donne la puissance de son Esprit,
pour que se fortifie en vous l’homme intérieur.
Que le Christ habite en
vos cœurs par la foi ;
restez enracinés dans l’amour, établis dans l’amour.
Ainsi vous serez capables de comprendre avec tous les fidèles
quelle est la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur…
Vous connaîtrez ce qui surpasse toute connaissance :
l’amour du Christ.
Alors vous serez comblés
jusqu’à entrer dans toute la plénitude de Dieu.
– Parole du Seigneur.
Maître de la Sainte Véronique, Le petit calvaire, Tempera et or sur chêne, circa
1400, 50,7 x 37,5, musée Wallraf-Richartz
Évangile
« Un des soldats lui
perça le côté, et il en sortit du sang et de l’eau » (Jn 19, 31-37)
Alléluia. Alléluia.
Prenez sur vous mon joug,
devenez mes disciples,
car je suis doux et humble de cœur.
Alléluia. (Mt 11, 29ab)
ou : Alléluia. Alléluia.
Dieu nous a aimés,
il a envoyé son Fils
pour le pardon de nos péchés.
Alléluia. (1 Jn 4, 10b)
Évangile de Jésus Christ
selon saint Jean
Jésus venait de mourir.
Comme c’était le jour de la Préparation (c’est-à-dire le vendredi),
il ne fallait pas laisser les corps en croix durant le sabbat,
d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque.
Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps
après leur avoir brisé les jambes.
Les soldats allèrent donc briser les jambes du premier,
puis de l’autre homme crucifié avec Jésus.
Quand ils arrivèrent à Jésus,
voyant qu’il était déjà mort,
ils ne lui brisèrent pas les jambes,
mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ;
et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau.
Celui qui a vu rend témoignage,
et son témoignage est véridique ;
et celui-là sait qu’il dit vrai
afin que vous aussi, vous croyiez.
Cela, en effet, arriva
pour que s’accomplisse l’Écriture :
Aucun de ses os ne sera brisé.
Un autre passage de l’Écriture dit encore :
Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé.
– Acclamons la Parole de
Dieu.
SOURCE : https://www.aelf.org/2021-06-11/romain/messe
SOLENNITÉ DU SACRÉ CŒUR DE JÉSUS Année C
Attributed to Jean Baptiste de Champaigne (1631–1681), Le Bon Pasteur, 183 x 86,5, Palais des Beaux-Arts de Lille
Première lecture
Lecture du livre
d'Ezéchiel [1] (XXXIV 11-16) [2]
Parole du Seigneur Dieu.
Maintenant, j'irai moi-même à la recherche de mes brebis, et je veillerai sur
elles. Comme un berger veille sur les brebis de son troupeau quand elles sont
dispersées, ainsi je veillerai sur mes brebis, et j'irai les délivrer dans tous
les endroits où elles ont été dispersées un jour de brouillard et d'obscurité.
Je les ferai sortir des pays étrangers, je les rassemblerai, et je les
ramènerai chez elles ; je les mènerai paître sur les montagnes d'Israël, dans
les vallées, dans les endroits les meilleurs. Je les ferai paître dans un bon
pâturage, et leurs prairies seront sur les hauteurs d'Israël. Là, elles se
reposeront dans de belles prairies, elles brouteront dans de gras pâturages,
sur les monts d'Israël. C'est moi qui ferai paître mon troupeau, et c'est moi
qui le ferai reposer, déclare le Seigneur Dieu ! La brebis perdue, je la
chercherai, l'égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la soignerai.
Celle qui est faible, je lui rendrai des forces. Celle qui est grasse et
vigoureuse, je la garderai, je la ferai paître avec justice.
Textes liturgiques ©
AELF, Paris
[1] Fils de Buzi, le
prophète Ezéchiel qui appartient à une famille sacerdotale, est prêtre à
Jérusalem. Sa carrière prophétique qui se déroule de 592 aux environs de 570,
auprès des exilés à Babylone, comprend deux parties très nettes, séparées par
la prise de Babylone en 586. Certains auteurs toutefois pensent que la première
période de son ministère s’est déroulée à Jérusalem.
[2] Cet oracle d’Ezéchiel
suit celui sur les mauvais bergers : « Malheur aux bergers d'lsraël qui se
paissent eux-mêmes » (XXIV 2). Sont visés les rois et les chefs qui n'ont pas
agi pour le bien du peuple. La conséquence a été la déroute du troupeau et, en
particulier l'Exil. Les nombreux « vous n'avez pas... » ( fortifié, guéri,
recherché) annoncent et les reproches de l'Evangile : « vous ne m'avez pas...
donné à manger..., visité... ». Les rois d'Israël sont facilement appelés «
bergers du peuple ». Le Christ, est Roi non par puissance qui s'impose mais par
le souci du bien de chacun, en particulier des petits et de ceux qui souffrent.
La dispersion du troupeau (« un jour de brouillard et d'obscurité ») évoque
l'Exil ; elle évoque le péché qui disloque les liens du peuple uni à Dieu. Le
Christ est Roi en délivrant du péché et en ramenant les égarés à l'unité. Le
texte se termine sur l'annonce du jugement. Après les rois et les chefs, ce
sont les membres eux-mêmes du peuple qui seront jugés et recevront récompense
ou punition. « Alors ils connaîtront que je suis le Seigneur » (XXIV 30) :
l'attitude de Dieu vis-à-vis des hommes doit être un chemin pour la foi, par la
reconnaissance de sa bonté et sa justice. C'est vrai pour le troupeau, c'est
vrai pour chaque brebis, c’est vrai pour chacun de nous.
Good
shepherd. Russian icon, 19 c. Niederland, private collection
ПАСТЫРЬ
ДОБРЫЙ. Россия, XIXв., 36х31,2 см. Нидерланды, частное собрание.
Psaume 22
Mon berger, c'est le
Seigneur :
je ne manque de rien ;
sur de frais pâturages,
il me laisse reposer.
Il me mène auprès des
eaux tranquilles
et me fait revivre ;
il me conduit par les
bons sentiers
pour l'honneur de son
nom.
Si je traverse les ravins
de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me
rassure.
Tu prépares la table pour
moi,
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur
ma tête,
ma coupe m'emplit de joie.
Grâce et bonheur me
suivront
tous les jours de ma vie,
et je pourrai d'année en
année,
revenir à la maison du
Seigneur.
Textes liturgiques ©
AELF, Paris
Parish
church in Gmünd - Sacred Heart of Jesus Christ
Pfarrkirche in Gmünd - Herz Jesu
Épître
Lecture de la lettre
de saint Paul Apôtre aux Romains (V 5-11).
Frères, l'amour de Dieu a
été répandu dans nos cœurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné. Alors que
nous n'étions encore capables de rien, le Christ, au temps fixé par Dieu, est
mort pour les coupables que nous étions. - Accepter de mourir pour un homme juste,
c'est déjà difficile ; peut-être donnerait-on sa vie pour un homme de bien. -
Or, la preuve que Dieu nous aime, c'est que le Christ est mort pour nous, alors
que nous étions encore pécheurs. À plus forte raison, maintenant que le sang du
Christ nous a fait devenir des justes, nous serons sauvés par lui de la colère
de Dieu. En effet, si Dieu nous a réconciliés avec lui par la mort de son Fils,
quand nous étions encore ses ennemis, à plus forte raison, maintenant que nous
sommes réconciliés, nous serons sauvés par la vie du Christ ressuscité. Bien
plus, nous mettons notre orgueil en Dieu, grâce à Jésus-Christ, notre Seigneur,
qui nous a réconciliés avec Dieu.
Textes liturgiques ©
AELF, Paris
Tympanum
"The Good Shepherd" inside the porch of the parish church Holy John
at Sankt Johann in the community Feistritz im Rosental, district
Klagenfurt-Land, Carinthia, Austria
Tympanon "Der Gute Hirte" in der Vorlaube der Pfarrkirche hl. Johannes in Sankt Johann, Gemeinde Feistritz im Rosental, Bezirk Klagenfurt-Land, Kärnten, Österreich
Évangile
Suite du saint
Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ selon Saint Luc (XV 3-7).
Jésus disait cette
parabole : « Si l'un de vous a cent brebis et en perd une[1], ne laisse-t-il
pas les quatre-vingt-dix-neuf autres[2] dans le désert[3] pour aller chercher
celle qui est perdue[4], jusqu'à ce qu'il la retrouve[5] ?
Quand il l'a retrouvée,
tout joyeux[6], il la prend sur ses épaules[7], et, de retour chez lui, il
réunit ses amis et ses voisins ; il leur dit : « Réjouissez-vous avec moi, car
j'ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue[8] ! »
Je vous le dis : c'est
ainsi qu'il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se
convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de
conversion[9]. »
Textes liturgiques ©
AELF, Paris
[1] Chacun de nous peut
se reconnaître dans l’exemple qu’il nous donne. Un trait rapide permet à
l'homme tout en se reconnaissant dans cette parabole, d’y reconnaître bien vite
le Créateur de l’homme. Ce pasteur a cent brebis... Ce nombre de cent est un
nombre parfait : en l’employant, il faisait comprendre à ses auditeurs qu'il
s'agissait du Créateur, de celui qui ayant créé les Anges et les hommes vit sa
création parfaite. Quand l’homme en péchant s’éloigna des pâturages de vie,
c'était l'une de ces brebis qui s’égarait (saint Grégoire le Grand : Homélie
XXXIV sur les péricopes évangéliques, 2).
[2] Son troupeau tout
entier ne lui est pas plus cher qu'une seule de ses brebis (Tertullien : de
Pœnitentia, VIII).
[3] En cette brebis, nous
est représenté le genre humain tout entier; car par la faute d'un seul, tout le
genre humain s’égara (saint Hilaire de Poitiers : commentaire de l’évangile selon
saint Matthieu, XVIII 6).
[4] Comment peut-on s’en
aller loin de Dieu qui est partout ? On s'éloigne de Dieu par les œuvres ; on
s'éloigne de Dieu par les sentiments. Où vas-tu malheureux, qui fuis la vie et
le salut ? Si tu t'en vas loin de Dieu, où trouveras-tu un refuge ? Si tu fuis
la lumière, comment pourras-tu voir ? Si tu fuis la vie, comment pourras-tu
vivre ? Dans cette fuite insensée, c'est la perte de tous les biens, c'est la
fatigue, la faim, la fièvre, le danger des ennemis (saint Jean Chrysostome :
homélie XI sur l’épître de saint Paul aux Philippiens, 5).
[5] Comme Dieu est
touchant dans sa miséricorde. Il nous avait défendu de commettre le mal ; nous
avons enfreint sa défense, et il n'a pas cessé de nous attendre pour nous
pardonner. Nous l’avons méprisé, et il nous appelle. Nous nous sommes détournés
de lui, et il ne s'est point détourné de nous. C'est pourquoi il disait par
Isaïe : « Vos oreilles entendront la voix de celui qui vous avertit par
derrière. » L'homme avait été averti en face quand il avait reçu les préceptes
de la justice. Méprisant ces préceptes, il a tourné le dos à Dieu. Et Dieu
continue à le suivre et il l’avertit par derrière. Il rappelle avec bonté ceux
qui se sont orgueilleusement éloignés de lui, et au lieu de nous frapper quand
nous lui tournons le dos, il nous promet des récompenses pour que nous
revenions à lui (saint Grégoire le Grand : Homélie XXXIV sur les péricopes évangéliques,
17).
[6] Elle était couchée
dans la boue ; il la lave : il nous a rencontrés tout couverts de souillures,
tout remplis de plaies purulentes, décharnés, fantômes plutôt qu'hommes. Les
démons étaient autour de nous, le prince de ce monde se moquait de nous : le
Fils de Dieu fait paraître l’éclat de sa présence, il dissipe toutes les
ombres. Il se trouve en face de la pauvre âme perdue : elle était tourmentée
par la fièvre des passions mauvaises, par la faim de l'avarice ; elle était
affligée de cécité et de surdité. Et voilà qu'aussitôt il lui apporte le remède
: il la lave dans l’eau sainte et lui rend sa pureté : sous l’action de cette
eau bienfaisante sa fièvre s'apaise, ses yeux s'ouvrent, ses oreilles
entendent; elle reprend des forces ; elle se revêt de beauté, de la beauté qui
convient à une fille de Dieu née de la grâce de l'Esprit Saint, à une fille de
roi née dans la pourpre de la sainteté. Malheur à moi, si j’oublie ma noblesse
(saint Jean Chrysostome : homélie XI sur l’épître de saint Paul aux
Philippiens, 5).
[7] Il a chargé sur ses
épaules la brebis perdue quand, assumant notre nature, il a pris sur lui nos
péchés (saint Grégoire le Grand : Homélie XXXIV sur les péricopes évangéliques,
3).
[8] Que dirai-je de ces
hommes qui sont à la fois des justes et des pénitents, qui font pénitence pour
avoir eu seulement la pensée du péché pendant qu'ils demeuraient justes dans
leurs œuvres ? Quelle joie c'est pour Dieu de voir ce juste pleurer quand déja
un pécheur en se convertissant lui a procuré une joie si grande antérieures
(saint Grégoire le Grand : Homélie XXXIV sur les péricopes évangéliques, 5).
[9] C’est là un fait
d'expérience quotidienne : la plupart de ceux qui ne sentent en eux le poids
d’aucun péché, en se tenant dans les voies de la justice et en ne commettant
aucune action défendue, n'ont pour la patrie céleste que des désirs
très-tièdes, et dans l'usage des choses permises se donnent d'autant plus de
large qu'il se souviennent moins d'avoir fait des choses défendues : et dans la
conscience de n'être pas tombés en des fautes graves, ils demeurent paresseux
pour faire le bien. Au contraire, ceux qui ont conscience de fautes commises,
excités par leur douleur s'embrasent de l'amour de Dieu, s`exercent aux grandes
vertus, aiment l'âpreté du saint combat : ils fuient les hommes et les
richesses de la terre, se réjouissent dans l'humiliation, brûlent de désirs,
soupirent après la patrie céleste, et par leurs gains abondants, compensent
toutes les pertes antérieures (saint Grégoire le Grand : Homélie XXXIV sur les
péricopes évangéliques, 17).
SOURCE : http://missel.free.fr/Annee_C/paques/sacrec.html
Vierge à l'Enfant avec le Sacré-Cœur de Jésus, église de
Saint-Sulpice-le-Guérétois, Creuse, France.
MISERENTISSIMUS REDEMPTOR
LETTRE ENCYCLIQUE DE S.
S. LE PAPE
– Pie XI –
8 mai 1928
Introduction
La promesse du Christ
d'assister son Église
Notre Rédempteur très
miséricordieux venait d'opérer, sur le bois de la Croix, le salut du genre
humain; sur le point de remonter de ce monde vers son Père, il dit à ses
Apôtres et à ses disciples pour les consoler : Voici que je suis avec vous
jusqu'à la fin du monde. Cette parole, outre qu'elle est très agréable à
entendre, est génératrice d'espérance et de sécurité, c'est elle, Vénérables
Frères, qui Nous réconforte toutes les fois que, du haut de ce Siège, comme
d'un observatoire élevé, Nous parcourons du regard soit l'ensemble de la
société humaine entière, accablée de maux et de misères si nombreuses, soit
l'Église elle-même, livrée à des attaques et à des embûches incessantes.
C'est cette divine
promesse qui, à l'origine, éleva le courage des Apôtres abattus, les enflamma
d'un zèle ardent pour répandre à travers le monde entier la semence de la
doctrine évangélique; c'est elle encore qui, dans la suite, a soutenu l'Église
dans sa lutte victorieuse contre les portes de l'enfer. L'assistance de Notre
Seigneur Jésus-Christ, il est vrai, n'a jamais fait défaut à son Église.
Toutefois, son secours et son appui furent d'autant plus présents qu'elle était
assaillie de dangers ou de calamités plus graves; les remèdes les mieux en
rapport avec les conditions des temps et des circonstances lui étant alors
fournis par cette divine Sagesse qui atteint avec force d'une extrémité à
l'autre et dispose tout avec douceur.
Objet de l'Encyclique,
son opportunité
Même en ces derniers
temps on ne peut vraiment dire que la main du Seigneur se soit raccourcie, et
plus spécialement lorsqu'une erreur s'insinua et se propagea si loin que l'on
pût craindre que, les âmes détournées de l'amour de Dieu et de la familiarité
avec lui, les sources mêmes de la vie chrétienne vinssent, en quelque sorte, à
se dessécher. Les plaintes que le Christ très aimant fit entendre dans ses
apparitions à Marguerite-Marie Alacoque, les désirs aussi et les volontés qu'il
signifia à l'adresse des hommes et pour leur bien, certains peut-être les
ignorent encore, d'autres les négligent. C'est pour cette raison, Vénérables
Frères, que Nous voulons vous entretenir quelques instants du devoir qui nous
incombe de faire amende honorable au Cœur sacré de Jésus, pour Nous servir de
l'expression courante. Nous avons la conviction que vous déploierez votre zèle
pour instruire chacun de vos fidèles de toute la doctrine que Nous allons vous
transmettre et que vous les encouragerez à la mettre en pratique.
I. - Le Cœur de Jésus
1. - Symbole de charité
et de paix
Parmi les nombreuses
preuves de l'infinie bonté de notre Sauveur, il en est une qui brille d'un
éclat tout particulier. Alors que la charité des fidèles allait se
refroidissant, ce fut la charité même de Dieu qui se proposa pour être honorée
d'un culte spécial, et les trésors de sa bonté se répandirent largement, grâce
à la forme du culte rendu au Cœur sacré de Jésus, dans lequel sont cachés tous
les trésors de la science et de la sagesse.
Jadis, à la sortie de
l'arche de Noé, Dieu notifia par un signe son pacte d'amitié avec le genre
humain, en faisant briller un arc resplendissant dans les nuées. De même, à
l'époque si troublée où se répandait l'hérésie, perfide entre toutes, du
jansénisme qui étouffait l'amour et la piété dus à Dieu, en le présentant moins
comme un Père digne d'amour que comme un juge à craindre pour sa sévérité
implacable, Jésus vint, dans sa bonté infinie, nous montrer son Cœur sacré tel
un symbole de paix et de charité offert aux regards des peuples; c'était un
gage assuré de victoire dans les combats. Aussi Notre prédécesseur d'heureuse
mémoire, Léon XIII, considérant justement, dans sa Lettre encyclique Annum
sacrum, l'admirable opportunité du culte envers le Cœur sacré de Jésus,
n'hésitait pas à dire :"Quand l'Église, encore toute proche de ses
origines, gémissait sous le joug des Césars, une croix apparut dans le ciel à
un jeune empereur; elle était le présage et la cause d'un insigne et prochain
triomphe. Aujourd'hui, un autre symbole divin d'heureux augure apparaît à nos
yeux : c'est le Cœur très sacré de Jésus, surmonté de la croix et
resplendissant d'un éclat incomparable au milieu des flammes. Nous devons
placer en lui toutes nos espérances, c'est à lui que nous devons demander le
salut des hommes, et c'est de lui qu'il faut l'attendre."
2. - Synthèse de la
religion
Et c'est à juste titre,
Vénérables Frères. Car ce signe éminemment propice et la forme de dévotion qui
en découle ne renferment-ils point la synthèse de la religion et la norme d'une
vie d'autant plus parfaite qu'elle achemine les âmes à connaître plus
profondément et plus rapidement le Christ Seigneur, à l'aimer plus ardemment et
à l'imiter avec plus d'application et plus d'efficacité ? Qu'on ne s'étonne
point dès lors que Nos prédécesseurs aient constamment défendu cette forme si
excellente de dévotion contre les accusations de ses détracteurs, qu'ils
l'aient couverte de louanges et qu'ils aient mis tout leur zèle à la propager,
suivant les exigences des temps et des lieux. Sous le souffle de Dieu, la piété
des fidèles envers le Cœur sacré de Jésus n'a point cessé de croître ; d'où
l'éclosion de toutes parts des confréries vouées à la diffusion du culte du
Sacré-Cœur; de là encore l'usage de la communion du premier vendredi du mois,
conforme aux désirs du Christ-Jésus lui-même, et maintenant répandu à peu près
partout.
II.- Formes du culte du
Sacré-Cœur
1. - La consécration au
Sacré-Cœur
Parmi toutes ces
pratiques de la dévotion au Sacré-Cœur, il en est une remarquable qui mérite
d'être signalée, c'est la pieuse consécration par laquelle, offrant à Dieu nos
personnes et tous les biens que nous tenons de son éternelle bonté, nous les
vouons au divin Cœur de Jésus. Ce devoir de piété que Notre-Seigneur voudrait
voir tous les hommes lui rendre et qu'il réclame moins en raison de ses droits
qu'en vertu de son immense amour pour nous, il l'enseigna lui-même à
Marguerite-Marie, la très fidèle servante de son Cœur. Elle et son directeur
spirituel, Claude de la Colombière, furent les premiers à le lui offrir; avec
le temps, d'autres ont suivi : des hommes isolés d'abord, puis des familles,
des associations, enfin même des magistrats, des villes et des nations.
– Pratique et diffusion
de cette consécration
Au siècle dernier et
jusqu'au nôtre, des impies en sont venus, par leurs machinations, à faire
repousser l'empire du Christ et à provoquer une guerre ouverte contre l'Église;
on promulgue des lois et des décrets contraires au droit divin aussi bien qu'au
droit naturel, bien plus, on clame dans des assemblées: Nous ne voulons pas
qu'il règne sur nous. Mais, en revanche, par la consécration dont Nous venons
de parler, une voix unanime éclate, celle des fidèles du Sacré-Cœur, s'opposant
vaillamment à celle de ses ennemis, pour venger sa gloire et affirmer ses
droits: Il faut que le Christ règne - Que votre règne arrive. Voilà pourquoi,
fort heureusement, le genre humain tout entier - que le Christ, en qui seul
tout peut être restauré, possède par droit de nature - fut, au début de ce
siècle, consacré au Sacré-Cœur par Léon XIII, Notre prédécesseur de glorieuse
mémoire, aux applaudissements de l'univers chrétien.
Ces débuts si heureux et
si réconfortants, ainsi que Nous le disions dans Notre Lettre encyclique Quas
Primas en donnant suite aux vœux persévérants et nombreux des évêques et des
fidèles, Nous avons pu, avec la grâce de Dieu, les compléter et les parachever
quand, à l'issue de l'Année Sainte, Nous avons institué la fête du Christ Roi
de l'univers et prescrit de la célébrer solennellement dans toute la
chrétienté. Ce faisant, Nous n'avons pas seulement mis en lumière l'empire
souverain du Christ sur toutes choses, sur la société tant civile que
domestique et sur chaque homme en particulier, mais Nous avons encore fait
entrevoir les joies de ce jour, heureux entre tous, où le genre humain, de son
plein gré, se soumettra à la souveraineté infiniment douce du Christ-Roi. Pour
cette raison, Nous avons ordonné que dès lors chaque année, au jour fixé pour
cette fête, on renouvelât cette consécration, pour en obtenir des grâces plus
certaines et plus abondantes, au profit de l'union de tous les peuples par les
liens de la charité chrétienne et de la paix dans le Cœur du Roi des rois et du
Seigneur des seigneurs.
2. - La réparation due au
Sacré-Cœur
A tous ces hommages, et
principalement à cette consécration si féconde, que vient sceller en quelque
sorte la fête solennelle du Christ-Roi, il faut ajouter encore autre chose.
C'est le sujet, Vénérables Frères, dont il Nous plaît de vous entretenir plus
longuement dans cette Lettre : à savoir l'amende honorable ou la réparation
selon l'expression courante à offrir au Cœur sacré de Jésus. Si, dans la
consécration, le but premier et principal pour la créature est de rendre à son
Créateur amour pour amour, il s'ensuit naturellement qu'elle doit offrir à
l'égard de l'amour incréé une compensation pour l'indifférence, l'oubli, les
offenses, les outrages, les injures qu'il subit: c'est ce qu'on appelle couramment
le devoir de la réparation.
a. - Motif de justice
Si les mêmes raisons nous
obligent à ce double devoir, cependant le devoir de réparation et d'expiation
s'impose en vertu d'un motif encore plus impérieux de justice et d'amour : de
justice d'abord, car l'offense faite à Dieu par nos crimes doit être expiée, et
l'ordre violé doit être rétabli par la pénitence; mais d'amour aussi, car nous
devons "compatir au Christ souffrant et saturé d'opprobres", et lui
offrir, selon notre petitesse, quelque consolation. Tous nous sommes des
pécheurs ; de nombreuses fautes nous chargent; nous avons donc l'obligation
d'honorer Dieu non seulement par notre culte, par une adoration qui rend à sa
Majesté suprême de légitimes hommages, par des prières qui reconnaissent son
souverain domaine, par des louanges et des actions de grâces pour son infinie
bonté; mais à ce Dieu juste vengeur nous avons encore le devoir d'offrir
satisfaction pour nos innombrables péchés, offenses et négligences. Ainsi à la
consécration, par laquelle nous nous donnons à Dieu et qui nous mérite d'être
voués à Dieu, avec la sainteté et la stabilité qui, suivant l'enseignement du
Docteur angélique sont le propre de la consécration, il faut donc ajouter
l'expiation qui répare entièrement les péchés, de peur que, dans sa sainteté,
la Souveraine Justice ne nous repousse pour notre impudente indignité et, loin
d'agréer notre offrande, ne la rejette.
– Nécessité de cette
réparation
En fait, ce devoir
d'expiation incombe au genre humain tout entier. Comme nous l'enseigne la foi
chrétienne, après la déplorable chute d'Adam, l'homme, infecté de la souillure
originelle, esclave de la concupiscence et des plus lamentables dépravations,
se trouva ainsi voué à la perte éternelle. De nos jours, des savants
orgueilleux nient ces vérités et, s'inspirant de la vieille erreur de Pélage,
vantent des vertus innées de la nature humaine qui la conduiraient, par ses
seules forces, jusqu'aux cimes les plus élevées. Ces fausses théories de
l'orgueil humain, l'Apôtre les réfute en nous rappelant que, par nature, nous
étions enfants de colère. Dès les débuts, en réalité, la nécessité de cette
expiation commune a été reconnue, puisque, cédant à un instinct naturel, les
hommes se sont efforcés d'apaiser Dieu par des sacrifices même publics.
– Sa subordination au
sacrifice du Christ
Mais aucune puissance
créée n'aurait jamais suffi à expier les crimes du genre humain si le Fils de
Dieu n'avait assumé la nature humaine pour la relever. Le Sauveur des hommes
l'a lui-même annoncé par la bouche du Psalmiste : Vous n'avez voulu ni
sacrifice ni oblation, mais vous m'avez formé un corps; vous n'avez pas agréé
les holocaustes pour le péché. Alors j'ai dit : Me voici, je viens. Et de fait,
il s'est vraiment chargé de nos infirmités, il a porté lui-même nos douleurs;
il a été broyé à cause de nos iniquités; il a porté lui-même nos péchés en son
corps sur le bois, détruisant l'acte qui était écrit contre nous et nous était
contraire avec ses ordonnances; et il l'a fait disparaître en le clouant à la
croix... afin que, morts, au péché, nous vivions pour la justice.
– Notre participation
La surabondante
Rédemption du Christ nous a fait remise de toutes nos fautes. Cependant, par
une admirable disposition de la Sagesse divine, nous devons compléter dans
notre chair ce qui manque aux souffrances du Christ pour son corps qui est
l'Église. En conséquence, aux louanges et aux réparations "dont le Christ
s'est acquitté envers Dieu au nom des pécheurs" pouvons-nous, et même devons-nous
ajouter encore nos louanges et nos expiations. Mais nous ne devons jamais
l'oublier, toute la vertu d'expiation découle uniquement du sacrifice sanglant
du Christ, qui se renouvelle sans interruption, d'une manière non sanglante sur
nos autels, car "c'est toujours une seule et même victime, c'est le même
qui s'offre maintenant par le ministère du prêtre et qui s'offrit jadis sur la
croix; seule la manière d'offrir diffère." C'est pour cette raison qu'au
très auguste Sacrifice eucharistique les ministres et le reste des fidèles
doivent joindre leur propre immolation, de sorte qu'ils s'offrent eux aussi
comme des hosties vivantes, saintes, agréables à Dieu. Bien plus, saint Cyprien
ne craint pas d'affirmer que "le sacrifice du Seigneur n'est pas célébré
avec la sainteté requise si notre propre oblation et notre propre sacrifice ne
correspondent pas à sa Passion". Pour cette raison encore, l'Apôtre nous
exhorte à "porter dans notre corps la mort de Jésus," à nous
ensevelir avec Jésus et à nous greffer sur lui par la ressemblance de sa mort
non seulement en crucifiant notre chair avec ses vices et ses convoitises en
fuyant la corruption de la concupiscence qui règne dans le monde, mais encore
en manifestant la vie de Jésus dans nos corps et, unis à son éternel sacerdoce,
à offrir ainsi des dons et des sacrifices pour nos péchés.
A ce sacerdoce mystérieux
et à cette mission de satisfaire et de sacrifier ne participent pas seulement
les ministres choisis par notre Pontife, le Christ Jésus, pour l'oblation
immaculée qui se doit faire en son nom divin depuis l'Orient jusqu'à l'Occident
mais encore le peuple chrétien tout entier, appelé à bon droit par le Prince
des Apôtres race élue, sacerdoce royal; car soit pour eux-mêmes, soit pour le
genre humain tout entier, les fidèles doivent concourir à cette oblation pour
les péchés, à peu près de la même manière que le Pontife choisi parmi les
hommes est établi pour les hommes en ce qui concerne les choses de Dieu.
Plus notre oblation et
notre sacrifice ressembleront au sacrifice du Christ, autrement dit plus
parfaite sera l'immolation de notre amour-propre et de nos convoitises, plus la
crucifixion de notre chair se rapprochera de cette crucifixion mystique dont
parle l'Apôtre, plus abondants seront les fruits de propitiation et d'expiation
que nous recueillerons pour nous et pour les autres. Car entre les fidèles et
le Christ il existe une admirable relation, semblable à celle qui relie la tête
aux divers membres du corps; mais de plus, par cette mystérieuse communion des
saints que professe notre foi catholique, les hommes et les peuples non
seulement sont unis entre eux, mais encore avec Celui-là même qui est la tête,
le Christ. C'est de lui que tout le corps, coordonné et uni par le lien des
membres qui se prêtent un mutuel secours et dont chacun opère selon sa mesure
d'activité, grandit et se perfectionne dans la charité. C'est la prière
qu'avant de mourir le Christ Jésus, médiateur entre Dieu et les hommes,
adressait lui-même à son Père : Que je sois en eux et vous en moi, afin qu'ils
soient parfaitement un.
b. - Motif d'amour pour
la réparation
– L'union des fidèles
dans le Christ
Par conséquent, de même
que l'union avec le Christ trouve son expression et sa confirmation dans l'acte
de consécration, de même l'expiation sert de prélude à cette union en effaçant
les péchés, elle nous perfectionne en nous associant aux souffrances du Christ,
elle la parachève enfin en offrant des victimes pour le prochain. Ce fut là
bien certainement la miséricordieuse intention de Jésus quand il nous présenta
son Cœur portant les insignes de la Passion et d'où s'échappaient des flammes
d'amour; en nous découvrant ainsi la malice infinie du péché, d'une part, et en
nous faisant admirer, d'autre part, l'infinie charité du Rédempteur, il voulait
nous inspirer une haine encore plus vive du péché et plus d'ardeur à répondre à
son amour.
– La réparation mendiée
par Notre-Seigneur
Du reste, l'esprit
d'expiation ou de réparation a toujours tenu le premier et principal rôle dans
le culte rendu au Sacré Cœur de Jésus; rien n'est plus conforme à l'origine, à
la nature, à la vertu et aux pratiques qui caractérisent cette dévotion;
d'ailleurs, l'histoire, les usages, la liturgie sacrée et les actes des
Souverains Pontifes en portent témoignage. Dans ses apparitions à
Marguerite-Marie, quand il lui dévoilait son infinie charité, le Christ
laissait en même temps percevoir comme une sorte de tristesse, en se plaignant
des outrages si nombreux et si graves que lui faisait subir l'ingratitude des
hommes. Puissent les paroles qu'il employait alors ne jamais s'effacer de l'âme
des fidèles : "Voici ce Cœur ― disait-il ― qui a tant aimé les hommes, qui
les a comblés de tous les bienfaits, mais qui, en échange de son amour infini,
non seulement ne reçoit pas de reconnaissance, mais ne recueille que l'oubli,
la négligence et des injures, et cela parfois de la part de ceux-là même qui
sont tenus de lui témoigner un amour spécial."
Pour l'expiation de ces
fautes il recommandait, entre autres, comme lui étant particulièrement
agréables, les pratiques suivantes : participer, dans un esprit d'expiation,
aux saints Mystères en faisant la "communion réparatrice"; y joindre
des invocations et des prières expiatoires pendant une heure entière, en
faisant, comme on l'appelle justement, "l'heure sainte": exercices
qui non seulement ont été approuvés par l'Église, mais qu'elle a enrichis
d'abondantes indulgences.
– Considération du Christ
dans sa Passion
Mais, dira-t-on, quelle
consolation peuvent apporter au Christ régnant dans la béatitude céleste ces
rites expiatoires ? Nous répondrons avec Saint Augustin : "Prenez une
personne qui aime : elle comprendra ce que je dis." Nulle part d'ailleurs
ces paroles ne trouvent une application plus juste.
Toute âme aimant Dieu
avec ferveur, quand elle jette un regard sur le passé, peut voir et contempler
dans ses méditations le Christ travaillant pour l'homme, affligé, souffrant les
plus dures épreuves, pour nous autres hommes et pour notre salut, presque
abattu par la tristesse, l'angoisse et les opprobres ; bien plus, "broyé
sous le poids de nos crimes, il nous guérit par ses meurtrissures". Tout
cela, les âmes pieuses ont d'autant plus de raison de le méditer que ce sont
les péchés et les crimes des hommes commis en n'importe quel temps qui ont
causé la mort du Fils de Dieu; ces mêmes fautes, maintenant encore, causeraient
la mort du Christ, entraîneraient les mêmes douleurs et les mêmes afflictions,
puisque chacune d'elles, ainsi qu'on l'admet, est censée renouveler à sa
manière la Passion du Seigneur : Crucifiant de nouveau pour leur part le Fils
de Dieu et le livrant à l'ignominie. Que si, à cause de nos péchés futurs, mais
prévus, l'âme du Christ devint triste jusqu'à la mort, elle a, sans nul doute,
recueilli quelque consolation, prévue elle aussi, de nos actes de réparation,
alors qu'un ange venant du ciel lui apparut, pour consoler son cœur accablé de
dégoût et d'angoisse.
Ainsi donc, ce Cœur sacré
incessamment blessé par les péchés d'hommes ingrats, nous pouvons maintenant et
même nous devons le consoler d'une manière mystérieuse, mais réelle, d'autant
que le Christ lui-même se plaint, par la bouche du Psalmiste, ainsi que la
liturgie sacrée le rappelle, d'être abandonné de ses amis : Mon cœur a attendu
l’opprobre et la misère; j'ai espéré celui qui s'affligerait avec moi et il
n'est point venu, celui qui me consolerait et je ne l'ai point trouvé.
– Les souffrances du
Corps Mystique
Ajoutons encore que la
Passion du Christ se renouvelle, et d'une certaine manière elle se poursuit et s'achève,
dans son corps mystique qui est l'Église. Car, pour nous servir encore des
paroles de saint Augustin : "Le Christ a souffert tout ce qu'il devait
souffrir ; la mesure de ses souffrances est désormais à son comble. La dette de
souffrances était donc payée dans la Tête, mais elle demeurait entière dans son
corps". Le Seigneur Jésus lui-même a bien voulu nous l'apprendre, quand il
disait à Saul, respirant encore la menace et la mort contre les disciples : Je
suis Jésus que tu persécutes. Il laissait ainsi nettement entendre que les
persécutions déchaînées contre l'Église visaient et atteignaient le divin Chef
de l'Église lui-même. C'est donc à bon droit que, souffrant toujours en son
corps mystique, le Christ veut nous avoir pour compagnons de son expiation.
Notre situation envers lui l'exige également, car, puisque nous sommes le corps
du Christ et ses membres chacun pour notre part, tout ce que souffre la tête,
les membres le doivent souffrir aussi".
c - Nécessité actuelle de
la réparation
– L'Église persécutée
A quel point cette
expiation, cette réparation sont nécessaires, surtout de nos jours, on le
comprendra sans peine, comme Nous le disions au début, en considérant d'un
regard le monde plongé dans le mal. De partout, en effet, montent vers Nous les
gémissements des peuples dont il est vrai d'affirmer que les chefs ou les
gouvernants se sont dressés et ligués contre le Seigneur et son Église. En ces
pays, tous les droits, divins ou humains, se trouvent confondus. Les églises
sont abattues, ruinées de fond en comble, les religieux et les vierges
consacrées sont expulsés de leur demeure, livrés aux insultes et aux mauvais
traitements, voués à la famine, condamnés à la prison, des multitudes d'enfants
et de jeunes filles sont arrachés du sein de l'Église leur mère; on les excite
à renier et à blasphémer le Christ; on les pousse aux pires dégradations de la
luxure; le peuple entier des fidèles, terrorisé, éperdu sous la continuelle
menace de renier sa foi ou de périr, parfois de la mort la plus atroce.
Spectacle tellement affligeant qu'on y pourrait voir déjà l'aurore de ce début
des douleurs que doit apporter l'homme de péché s'élevant contre tout ce qui
est appelé Dieu ou honoré d'un culte.
– Le mal parmi les
chrétiens
Mais plus attristant
encore, Vénérables Frères, est l'état de tant de fidèles que le baptême a lavés
dans le sang de l'Agneau immaculé et comblés de grâces; à tous les rangs de la
société il s'en trouve qui, aveuglés par une ignorance incroyable des choses
divines, empoisonnés d'erreurs, se traînent dans le vice, loin de la maison du
Père; nul rayon de lumière de la vraie foi ne les éclaire, nulle espérance de
la félicité future ne les réjouit, nulle ardeur de la charité ne les anime et
ne les réchauffe; ils semblent vraiment être plongés dans les ténèbres et assis
à l'ombre de la mort. Bien plus : chez les fidèles grandit l'indifférence à
l'égard de la discipline ecclésiastique et des institutions anciennes qui
forment la base de toute vie chrétienne, régissent la famille et protègent la
sainteté du mariage, l'éducation des enfants est négligée, sinon faussée, par
une affection trop indulgente; l'Église est frustrée de son droit d'élever la
jeunesse chrétienne; dans la vie courante, la pudeur chrétienne est
lamentablement oubliée, surtout dans la mode féminine; on ne voit que poursuite
effrénée des biens passagers, que prédominance sans frein des intérêts civils,
que recherche immorale de la faveur populaire, rébellion contre l'autorité
légitime, enfin mépris de la parole divine, aboutissant à un affaiblissement
grave, sinon à la perte de la foi.
– Le mal parmi les clercs
A ces maux vient mettre
un comble soit la mollesse ou la lâcheté de ceux qui - tels les disciples
endormis ou fugitifs, chancelant dans leur foi - désertent misérablement le
Christ agonisant dans l'angoisse ou entouré par les satellites de Satan, soit
la perfidie de ceux qui, à l'exemple du traître Judas, ont l'audace de
participer au sacrifice de l'autel de manière sacrilège ou de passer à
l'ennemi. On ne peut vraiment pas s'empêcher de penser que les temps prédits
par Notre-Seigneur semblent être proches, où, à cause des progrès incessants de
l'iniquité, la charité d'un grand nombre se refroidira.
– L'esprit de réparation
Il n'est pas un seul
fidèle qui puisse méditer ces choses sans s'enflammer d'amour pour le Christ
souffrant, avec un zèle plus vif, tous voudront expier leurs fautes et celles
d'autrui, réparer les torts faits à l'honneur du Christ et travailler au salut
éternel de leurs âmes. Comme elle est vraie cette parole de l'Apôtre: Là où la
faute abonda, la grâce surabonda, et comme, en un sens, elle peut servir à
peindre notre époque! Car en dépit de la perversité croissante des hommes, il
est merveilleux de voir grandir, sous l'inspiration du Saint-Esprit, le nombre
des fidèles des deux sexes qui, d'un zèle plus ardent s'efforcent de réparer
tant d'insultes au divin Cœur, n'hésitent pas à s'offrir eux-mêmes comme
victimes au Christ.
Celui qui médite, en effet, avec amour sur tout ce que Nous venons de rappeler, s'en imprégnant, si l'on peut dire, jusqu'au plus profond de son être, ne peut faire autrement que de ressentir de l'horreur pour tout péché et de s'en abstenir comme du mal souverain, plus encore, il s'appliquera à s'abandonner tout entier à la volonté de Dieu et à réparer les outrages faits à la divine Majesté par tous les moyens en son pouvoir : prières incessantes, souffrances librement consenties, épreuves éventuelles patiemment acceptées; en un mot, par une vie entièrement consacrée à ce désir d'expiation.– Les associations réparatrices
De là sont nées toutes
ces familles religieuses d'hommes et de femmes qui, rivalisant en quelque sorte
avec l'Ange du Jardin des Oliviers, s'imposent, jour et nuit, le devoir de
consoler Jésus; de là encore ces confréries pieuses, approuvées par le Siège
apostolique et enrichies d'indulgences, qui, elles aussi, ont assumé ce devoir
d'expiation en s'imposant la pratique d'exercices religieux et de vertus en
rapport avec cette tâche; de là, enfin, puisqu'on ne peut tout dire, les
réparations offertes à l'honneur divin sous forme d'amendes honorables et de
cérémonies solennelles, non pas seulement de la part de fidèles isolés, mais
aussi, ça et là, de paroisses, de diocèses et de cités.
– La Fête du Sacré-Cœur,
fête de réparation
C'est pourquoi,
Vénérables Frères, de même que la pratique de la consécration, après des débuts
modestes, s'est bien vite répandue au loin et a reçu finalement de Notre
confirmation tout l'éclat désirable, de même Notre plus vif désir est de
sanctionner officiellement de notre autorité apostolique la pratique déjà
connue et propagée de l'expiation et de l'amende honorable et de la voir
célébrée solennellement dans tout l'univers catholique.
Dans ce but, en la fête
du Sacré Cœur de Jésus - qu'à cette occasion Nous décidons d'élever au rang de
double de première classe avec octave - Nous décrétons et ordonnons que chaque
année, dans toutes les églises du monde entier, on récite solennellement,
d'après la formule jointe à cette lettre, la protestation ou amende honorable a
Notre-Seigneur, dans laquelle toutes nos fautes sont déplorées, et hommage est
rendu aux droits violés de notre Roi et de notre Seigneur très aimant.
– Les effets qu'on peut
en attendre
Sans nul doute,
Vénérables Frères, l'institution de cette solennité sainte et sa généralisation
dans l'Église universelle produiront des fruits nombreux et excellents non
seulement pour chacun en particulier, mais pour la société tout entière,
religieuse, civile ou familiale. Notre Rédempteur lui-même a promis, en effet,
à Marguerite-Marie que "tous ceux qui, de la sorte, honoreraient son Cœur
seraient comblés d'abondantes grâces célestes ". Les pécheurs même, en
regardant celui qu'ils ont transpercés se sentiront émus par les gémissements
et les pleurs de l'Église entière, déploreront à leur tour les insultes
adressées au Souverain Roi et rentreront en eux-mêmes; ils craindront
qu'endurcis dans leurs fautes ils ne pleurent trop tard et en vain sur lui,
lorsqu'ils verront venir sur les nuées du ciel celui qu'ils ont transpercé.
Quant aux justes, ils deviendront plus justes encore et plus saints; ils se
voueront tout entiers et avec une ardeur renouvelée au service de leur Roi,
qu'ils voient si méprisé, si attaqué, si souvent outragé, par-dessus tout, ils
brûleront de zèle pour procurer le salut des âmes, en ayant toujours présente à
la mémoire la plainte la divine Victime : A quoi donc sert mon sang ? et aussi
la joie qu'éprouvera le Cœur sacré de Jésus pour un seul pécheur faisant
pénitence !
Notre souhait le plus vif
et Notre espoir le plus ferme, c'est que la justice de Dieu, qui eût, dans sa
miséricorde, pardonné à Sodome pour dix justes, pardonne plus volontiers au
genre humain, parce que la communauté tout entière, de tout lieu et de toute race,
aura répandu ses instantes supplications et ses réparations efficaces, en union
avec le Christ, son Médiateur et Chef.
Conclusion
Marie réparatrice
A Nos vœux et à Nos
efforts, que Marie la Vierge très bienveillante et la Mère de Dieu daigne
sourire, elle qui nous donna Jésus notre Rédempteur, qui l'éleva, qui l'offrit
comme victime au pied de la croix, et qui, par sa mystérieuse union avec le
Christ et par une grâce particulière reçue de lui, fut aussi Réparatrice et est
pieusement appelée de ce nom. Plein de confiance en son intercession auprès du
Christ qui, seul Médiateur entre Dieu et les hommes, a voulu cependant
s'associer sa Mère comme avocate des pécheurs et comme dispensatrice et
médiatrice de ses grâces, Nous vous accordons du fond du cœur, comme gage des
faveurs célestes et en témoignage de Notre bienveillance paternelle, à vous,
Vénérables Frères, ainsi qu'à tous les fidèles confiés à vos soins, la
Bénédiction Apostolique.
Donné à Rome, près
Saint-Pierre le 8 mai 1928, la septième année de Notre Pontificat.
PIE XI, PAPE.
SOURCE : http://avancezaularge.free.fr/pie11_miserentissimus_redemptor.htm
Statue
of the Sacred Heart, Parish church St. Andreas, Neudingen, Baden-Württemberg, Germany.
Statue
des Heiligsten Herzens Jesu, Pfarrkirche St. Andreas, Neudingen, Baden-Württemberg, Deutschland.
Encyclique Haurietis
Aquas du Pape Pie XII sur le Culte du Sacré Cœur de Jésus
Traduction d’Edouard
Glotin
Alinéas numérotés d’après
l’original latin
AAS 48 (1956)309-353
1. 12. 20 05
A MES FRÈRES LES
PATRIARCHES, PRIMATS, ARCHEVÊQUES, ÉVEQUES
ET AUTRES ORDINAIRES EN
PAIX ET COMMUNION AVEC LE SIÈGE APOSTOLIQUE
PIE XII PAPE
FRÈRES SALUT ET
BÉNÉDICTION APOSTOLIQUE
INTRODUCTION
Amour, Esprit-Saint et
Cœur de Jésus
1. « Vous puiserez de
l'eau avec joie aux sources du Salut 2 » (1). Ces paroles du prophète Isaïe,
prédisant, en une image expressive, les dons divins multiples et abondants
qu'apporterait l'ère chrétienne, ces paroles, disons-Nous, se présentent
spontanément à ma pensée au moment où j’évoque le siècle qui s'est écoulé
depuis que mon Prédécesseur Pie IX, accédant volontiers aux désirs exprimés par
le monde catholique, prescrivait la célébration, dans l'Eglise universelle, de
la fête du Sacré-Cœur de Jésus 3.
2. Il est impossible, en
vérité, d'énumérer les grâces que le Culte rendu au Sacré-Cœur a répandues dans
les âmes des fidèles : grâces de purification, de consolation surnaturelle,
d'encouragement à la pratique de toutes les vertus. Aussi, me rappelant le mot
si profond de l'apôtre Jacques : « Tout don excellent, toute donation parfaite
vient d'en-haut et descend du Père des lumières » (2), je suis fondé à voir
dans ce culte, qui s’est partout répandu avec une ferveur croissante, un don
inestimable que le Verbe Incarné, Notre Divin Sauveur, Médiateur unique de la
grâce et de la vérité entre le Père des cieux et l’humanité, a fait à l'Église,
son épouse mystique, au cours de ces derniers siècles, qui furent pour elle si
lourds d'épreuves à supporter et de difficultés à surmonter. Enrichie par ce
don inestimable, l'Église peut manifester à son Divin Fondateur une charité
plus ardente et réaliser aussi plus totalement ce souhait que Jean
l'Évangéliste met sur les lèvres du Christ Jésus lui même : « Le dernier jour
de la fête, le grand jour, Jésus, debout, lança à pleine voix : Si quelqu'un a
soif, qu'il vienne à Moi et il boira celui qui croit en Moi. Selon le mot de
l'Ecriture : de Ses entrailles 4 couleront des fleuves d'eau vive. Il disait
cela de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en Lui » (3).
Assurément, les auditeurs de Jésus pouvaient facilement rapprocher cette promesse
d'une source d' “eau vive” coulant de son sein, d'avec les paroles prophétiques
d'Isaïe, d'Ezéchiel et de Zacharie sur le royaume messianique, comme aussi
d'avec le rocher symbolique qui laissa miraculeusement jaillir de l'eau,
lorsque Moise le frappa (4).
3. La charité divine tire
sa première origine de l’Esprit Saint, qui, au sein de la Trinité (cf. Rm 5,
5), est l’Amour personnel tant du Père que du Fils. C'est donc à bon droit que
l'Apôtre des Nations, répétant, pour ainsi dire, les paroles du Christ Jésus,
attribue à cet Esprit d'amour l'effusion de la charité dans l'âme des croyants
: « L'Amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous
fut donné » (5).
4. Ce lien extrêmement
étroit que les Saintes Ecritures affirment exister entre la charité divine, qui
doit embraser l’âme des chrétiens, et l’Esprit Saint - qui est l’Amour
subsistant (per se Amor) - nous démontre clairement à tous, Frères, la nature
intime du culte qu’on doit rendre au Sacré Cœur de Jésus Christ. En effet, si d’une
part il est tout à fait évident que ce culte, à ne considérer que sa nature
particulière, constitue un acte très excellent de la vertu de religion (dans la
mesure où il requiert de nous la volonté pleine et sans retour de nous vouer et
consacrer à l’amour du divin Rédempteur, dont le Cœur blessé est l’indicateur
et le signe vivants), d’autre part il est tout aussi évident et, dans un sens
encore plus profond, que ce même culte demande avant tout que nous rendions
amour pour amour (redamemus) au Divin Amour 5. Car seule la force de la charité
peut obtenir des hommes qu’ils se soumettent pleinement et parfaitement au
domaine de la Majesté divine, puisqu’alors l’élan de notre amour adhère à la
volonté divine au point de ne faire pour ainsi dire plus qu’un 6 avec elle,
selon ce texte : “Celui qui s’unit au Seigneur n’est plus qu’un seul esprit
avec lui” (6).
I. Le culte du Coeur de
Jésus repose sur de solides principes et il est préfiguré dans l’Ancien
Testament
a) Le pape est conscient
des objections modernes
5. Certes, l'Église a
toujours eu pour le culte du Sacré Cœur de Jésus une si haute estime qu'elle
s'est efforcée de le répandre partout et de l'instaurer de toute manière chez
les peuples chrétiens, comme aussi de le défendre avec soin contre les accusations
de naturalisme ou de sentimentalisme ; et pourtant il n'en faut pas moins
déplorer que, dans le passé, et même de nos jours , ce culte si noble n'ait pas
été assez tenu en honneur par beaucoup de chrétiens et quelquefois même par
ceux qui se déclarent soucieux de la foi catholique et désireux d'atteindre la
sainteté.
6. « Si tu connaissais le
don de Dieu » (7). Moi qui, par un mystérieux dessein de Dieu, ait été choisi
pour être le gardien et le gérant du trésor sacré de foi et de piété que le Divin
Rédempteur a confié à son Église, je reprends, conscient de ma responsabilité,
Frères, ces mots de l'Ecriture, pour avertir certains de mes fils : s'il est
vrai que le culte du Sacré-Cœur de Jésus, triomphant des erreurs et de la
négligence des hommes, s'est répandu dans tout son Corps mystique, il en est
encore trop qui, se laissant guider par des préjugés, font parfois comme si ce
culte leur apparaissait moins adapté, pour ne pas dire préjudiciable aux
nécessités spirituelles de l'Église et de l’humanité, plus pressantes que
jamais de nos jours. Confondant, en effet, ce culte privilégié avec les
diverses dévotions privées que l'Église approuve et encourage, mais sans
pourtant les prescrire, certains le regardent comme quelque chose de
surérogatoire, que chacun est libre de faire sien ou non, selon ses goûts 7 ;
il en est d'autres qui prétendent que ce culte est gênant et surtout qu'il n'a
guère, ou presque, d'utilité pour qui milite au service du royaume de Dieu,
soucieux surtout de dépenser ses forces, ses ressources et son temps à défendre
et à diffuser la vérité catholique, à inculquer la doctrine chrétienne en
matière sociale, à promouvoir des pratiques et des activités religieuses tenues
pour bien plus nécessaires à l'heure actuelle ; il s'en trouve enfin qui, bien
loin de considérer ce culte comme un auxiliaire sérieux pour la réforme et le
renouveau des mœurs chrétiennes, tant dans la vie privée de chacun que dans la
cellule familiale, le regardent plutôt comme une dévotion plus sentimentale que
nourrisssante pour le coeur et l’esprit ou encore comme plus digne des femmes 8
qu’adaptée à des hommes cultivés.
7. En outre, estimant
qu'un culte de ce genre exige surtout la pénitence, la réparation et d'autres
vertus qu'ils appellent « passives » - parce que ne portant pas de fruits
extérieurs -, certains le considèrent comme inapte à ranimer la vie spirituelle
de notre époque, qui doit plutôt tendre ouvertement à une action vigoureuse 9
pour le triomphe de la foi catholique et la défense énergique de l’éthique
chrétienne; celle-ci, on le sait est aujourd'hui facilement contaminée par les
chimères fallacieuses de ceux qui mettent sur pied d’égalité toutes les formes
de religion, supprimant, en théorie et en pratique, la distinction entre la
vérité et l'erreur, imprégnés qu'ils sont malheureusement de ce qu’ils
appellent les principes du matérialisme athée et du laïcisme.
8. Qui ne voit, Frères,
combien de telles opinions sont en désaccord complet avec les enseignements que
mes Prédécesseurs ont proclamés publiquement du haut de cette chaire
apostolique, quand ils approuvèrent le culte du Sacré Cœur de Jésus ? Qui
oserait déclarer inutile ou inadaptée à notre temps cette spiritualité que mon
Prédécesseur Léon XIII assura être « une dévotion très estimable » et où il
n’hésita pas à voir un remède efficace à ces maux qui, aujourd'hui encore, et
sans aucun doute avec une diffusion et une virulence accrues, affligent et
séduisent les individus et la société toute entière. « Cette dévotion,
disait-il, que Nous conseillons à tous, sera profitable à tous ». Et il
ajoutait ces exhortations concernant le culte du Sacré-Cœur de Jésus : « Telle
est la violence des maux innombrables qui, depuis longtemps, nous assiègent et
réclament d’urgence l’appel au secours de Celui qui seul a la puissance de les
écarter. De qui s'agit-il, sinon de Jésus-Christ, Fils unique de Dieu ? » Car
il n'y a pas sous le ciel d'autre nom donné aux hommes, par lequel il nous
faille être sauvés » (8). Ayons donc recours à Celui qui est la Voie, la Vérité
et la Vie » (9).
9. Que ce culte ne fût
pas moins digne d’approbation et moins apte à ranimer la piété chrétienne, mon
prédécesseur immédiat, Pie XI, l’écrivait dans des Lettres Encycliques : « En
cette [...] forme de dévotion, ne trouve-t-on pas le résumé de toute la
religion, et, par le fait même, la règle de la perfection, celle qui conduit le
plus facilement les esprits à la connaissance approfondie du Christ Seigneur et
incline le plus passionnément les coeurs à son amour et le plus efficacement à
son imitation ? » (10). Quant à moi, cette vérité capitale me paraît, autant
qu'à mes Prédécesseurs, évidente et solidement établie. Lors de mon élévation
au Souverain Pontificat, je me suis réjoui de voir que le culte du Sacré Coeur
de Jésus s’était accru chez les peuples chrétiens et qu’il produisait
d’innombrables fruits de salut dans l’Eglise entière : je me suis réjoui de
grand coeur des innombrables fruits de salut qu'il portait dans toute l'Église;
et il m’a plu de le signaler dès ma première Encyclique (11). Au cours des
années de mon Pontificat - pleines de souffrances et d'angoisses, mais aussi de
consolations indicibles -, ces fruits n’ont diminué ni en nombre ni en
intensité et en beauté, mais ils ont plutôt augmenté. Car diverses initiatives
cherchèrent fort heureusement à ranimer ce culte en s'adaptant de leur mieux
aux nécessités de notre époque - associations d'ordre culturel, religieux ou
charitable : publications historiques, ascétiques et mystiques, illustrant la
doctrine relative à cette cause; œuvres pieuses de réparation; et surtout ces
manifestations d'ardente piété suscitées par l' « Association de l'Apostolat de
la Prière » : grâce à l'initiative et au soutien de celle-ci, foyers, collèges,
institutions et Nations elles mêmes se sont consacrés au Sacré-Cœur de Jésus et
moi même, par Lettres, Discours ou Radio Messages, les ai souvent félicités
d'un cœur paternel (12).
10. Quand je vois dès
lors l'extraordinaire abondance des eaux du salut - ces dons célestes de
l'amour divin qui ont leur source dans le Cœur Sacré de Notre Rédempteur - se
répandre sur les fils innombrables de l'Église catholique, sous l'impulsion et
l'action de l'Esprit Saint, je ne peux que vous exhorter d'un cœur paternel,
Frères, à vous unir à moi pour louer et remercier Dieu, si libéral dans ses
dons, empruntant à l'Apôtre des Nations ces paroles : « A Celui dont la
puissance agissant en nous est capable de faire bien au-delà, infiniment
au-delà de tout ce que nous pouvons demander ou même concevoir, à Lui la gloire,
dans l'Église et en Jésus-Christ, pour tous les âges et tous les siècles! Amen
» (13). Mais après avoir rendu au Dieu éternel de justes actions de grâces, je
désire vous engager, par cette Encyclique, vous et tous les fils très chers de
l'Église, à considérer avec plus d'attention les principes tirés de la Bible et
de la doctrine des Pères et des théologiens, sur lesquels s'appuie, comme sur
des bases solides, le culte du Sacré-Cœur de Jésus 10. C'est seulement, j’en
suis persuadé, lorsqu'à la lumière de la révélation divine, nous aurons examiné
soigneusement la nature première et profonde de ce culte, que nous serons en
mesure d'apprécier comme il convient son excellence et son inépuisable richesse
spirituelle; nous pourrons alors, dans la contemplation des innombrables
bienfaits reçus de Lui, célébrer dignement le premier centenaire de l'extension
à l'Église universelle, de la Fête du Sacré-Cœur de Jésus.
11. Et c'est pourquoi,
afin de donner à l'intelligence des fidèles une nourriture salutaire qui leur
fasse mieux comprendre la véritable nature de ce culte et en retirer des fruits
abondants, je désire parcourir les pages de l'Ancien et du Nouveau Testament
qui nous révèlent et nous exposent l'infinie et insondable charité de Dieu à
l'égard de l’humanité ; nous examinerons ensuite dans leurs grandes lignes les
commentaires que les Pères et les Docteurs de l'Église nous ont laissés de ces
pages ; enfin, j’aurai à cœur de mettre dans sa vraie lumière le lien très
étroit qui existe entre la forme de dévotion due au Cœur du Divin Rédempteur et
le culte que nous devons rendre à l'amour de ce Rédempteur et à l'amour de
l'Auguste Trinité elle même envers tous les hommes 11. J’estime qu'en ayant
situé dans la lumière de l'Ecriture et de la Tradition les grands principes
fondamentaux de cette si noble forme de dévotion, on aura rendu plus facile aux
chrétiens de « puiser de l'eau avec joie aux sources du Salut » (l4) :
c'est-à-dire de mieux comprendre la profonde et spéciale importance du culte du
Sacré Cœur de Jésus dans la liturgie de l'Église, dans sa vie et son action
intérieure et extérieure ; ils pourront ainsi recueillir ces fruits spirituels
qui permettront à chacun de réformer efficacement sa vie, comme le souhaitent les
pasteurs du peuple chrétien.
b) Préalable doctrinal
12. Pour mieux comprendre
la valeur de ces enseignements que les passages cités de l'Ancien et du Nouveau
Testament nous fournissent au sujet de ce culte, il faut avoir clairement en
vue la raison pour laquelle l'Eglise rend un culte de latrie 12 au Cœur du
Divin Rédempteur. Ces raisons, vous le savez, Frères, sont au nombre de deux.
La première, valable aussi pour toutes les autres parties du Corps sacré de
Jésus-Christ, s'appuie sur ce principe bien connu que son Cœur, élément le plus
noble de la nature humaine 13, est uni hypostatiquement 14 à la Personne du
Verbe divin : c'est la raison pour laquelle nous lui devons le même culte
d'adoration que celui rendu par l'Église à la Personne même du Fils de Dieu
fait homme. Il s'agit là d'une vérité de foi, solennellement définie au Concile
œcuménique d'Éphèse et au second Concile œcuménique de Constantinople (15).
L'autre raison concerne spécialement le Cœur du Divin Rédempteur et réclame
spécialement aussi pour lui un culte de latrie : c'est que son Cœur, plus que
toutes les autres parties de son Corps, est le signe naturel 15> et le
symbole de son immense charité envers l’humanité : « Nous trouvons dans le
Sacré-Cœur, remarque mon Prédécesseur Léon XIII, le symbole et l'image exacte de
l'infinie charité de Jésus-Christ qui nous pousse à y répondre par notre propre
amour » (16).
c) La symbolique de
l’amour dans l’Ancien Testament
13. Il est évidemment
hors de doute que les Livres Saints ne font jamais de mention certaine 16 d'un
culte spécial de vénération et d'amour envers le Cœur physique du Verbe Incarné
comme symbole de son ardente charité. En reconnaissant ouvertement ce fait, il
ne faut pas s'en étonner et encore moins mettre en doute que l'Ancien et le
Nouveau Testament développent le thème de l'amour de Dieu pour nous, objet
principal de ce culte. Ils le font avec des images 17 bien de nature à émouvoir
profondément les esprits, et comme celles-ci se trouvaient parfois dans les
passages des Livres Saints concernant la venue du Fils de Dieu. fait homme, on
peut très bien voir en elles le présage du signe très noble et du symbole de
l'amour de Dieu, le Cœur très saint et adorable du divin Rédempteur.
14. Pour notre sujet, il
ne me paraît pas nécessaire de citer longuement les Livres de l'Ancien
Testament, qui nous présentent les plus anciennes vérités divinement révélées;
il suffira de rappeler l'Alliance de Dieu et de son peuple, scellée par
l'immolation de victimes pacifiques et dont Moïse présenta, gravée sur les deux
tables (17), la loi fondamentale commentée ensuite par les Prophètes; cette
alliance ne fut pas seulement conclue sur la base du souverain domaine de Dieu
et de la soumission due par les hommes, mais affermie et vivifiée par un plus
noble amour. Le peuple d'Israël, en effet, n'avait pas pour motif suprême de
son obéissance au Seigneur la crainte des punitions divines, provoquée par le
tonnerre et les éclairs jaillissant du sommet du Sinaï, mais bien son amour
pour Dieu : « Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu
aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta
vigueur. Que ces paroles que je te dicte aujourd'hui restent gravées dans ton
cœur 18 » (18).
15. Il n'est donc pas
étonnant qu'ayant reconnu dans le précepte de l'amour le fondement de toute la
Loi, Moïse et les Prophètes - les « plus grands » (19) du Peuple élu, au dire
de saint Thomas d’Aquin - aient comparé toutes les relations entre Dieu et son
peuple à l'amour mutuel entre père et enfants ou à celui des époux, plutôt
qu'aux sévères images qu'inspirent le souverain domaine de Dieu ou la
soumission craintive qui lui est due. Moïse lui même, par exemple, dans son
célèbre cantique sur la libération du peuple et sa sortie d'Égypte, attribua
cet événement à la puissance de Dieu en usant de termes et de comparaisons tout
à fait propres à émouvoir l'esprit : « Tel un vautour qui veille sur son nid,
plane au dessus de ses petits, le Seigneur déploie ses ailes et le prend, il le
soutient sur son pennage » (20). Mais aucun des prophètes n'a peut être exprimé
et annoncé avec autant de clarté et de force qu'Osée l'amour dont Dieu ne cesse
de poursuivre son peuple. Ce prophète - le plus remarquable des petits
prophètes par la concision et la noblesse du style - montre Dieu témoignant au
Peuple élu un amour juste, saintement inquiet, comparable à celui d'un père
aimant et miséricordieux ou d'un époux offensé dans son honneur. Cet amour ne
diminue pas, ni ne se dérobe devant la perfidie et les crimes horribles de ceux
qui le trahissent; s'il inflige aux coupables de justes châtiments, ce n'est
pas qu'il les repousse ou les abandonne à eux mêmes, mais pour voir I'épouse
infidèle et les fils ingrats se repentir et se purifier, pour se les attacher
de nouveau par les liens d'un amour raffermi: Quand Israël était enfant je
l'aimai; et de l'Égypte, j'appelai mon fils... et moi j'apprenais à marcher à
Ephraïm, je les prenais dans mes bras et ils n'ont pas compris que je prenais
soin d'eux. Je les menais avec de douces attaches, avec des liens d'amour... Je
guérirai leur infidélité, je les aimerai de bon cœur, car ma colère s'est
détournée d'eux. Je serai comme la rosée pour Israël; il croîtra comme le lis,
il poussera ses racines comme le Liban » (21).
16. Ce sont des accents
semblables que l'on trouve chez le prophète Isaïe, lorsqu'il oppose, comme dans
un dialogue, Dieu et le Peuple élu : « Sion disait ‘Le Seigneur m'a abandonné,
le Seigneur m'a oublié !’ Une femme oublie-t-elle l'enfant qu'elle nourrit,
cesse-t-elle de chérir le fils de ses entrailles ? Même s'il s'en trouvait une
pour l'oublier, moi je ne t'oublierai jamais » (22). Tout aussi émouvantes sont
les expressions du Cantique des Cantiques, dont l'auteur se sert des images de
l'amour conjugal pour décrire de façon expressive les liens d'amour réciproque
unissant Dieu et la nation préférée : « Comme le lis entre les chardons, telle
ma bien-aimée entre les jeunes femmes... Je suis à mon bien-aimé et mon
bien-aimé est à moi : il paît son troupeau parmi les lis... Pose-moi comme un
sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras : car l'amour est fort comme la
mort, la jalousie est inflexible comme le schéol. Ses traits sont des traits de
feu, une flamme du Seigneur » (23).
17. Un tel amour révèle
déjà la tendresse et l'indulgente patience d'un Dieu qui, indigné des
infidélités répétées d'Israël, ne le rejette pourtant pas définitivement. Et
toutefois, pour véhément et sublime qu'il fût, cet amour n'était que l'annonce
de l'ardente charité du Rédempteur promis aux hommes, débordant sur tous de son
Cœur très aimant, comme le modèle de notre amour et la base de la Nouvelle
Alliance. C'est lui seul, en effet, Fils unique du Père, Verbe fait chair, «
plein de grâce et de vérité » (24), qui, venu parmi les hommes qu'écrasait le
poids de leurs innombrables péchés et de leurs misères, put faire jaillir de sa
nature humaine, unie hypostatiquement à la Personne divine, « une source d'eau
vive » irriguant abondamment la terre desséchée de l'humanité, dont elle fit un
jardin fleuri et fertile 19. Ces effets merveilleux de l'éternel et
miséricordieux amour de Dieu, le Prophète Jérémie semble déjà les annoncer dans
ce texte : « D'un amour éternel je t'ai aimée : aussi t'ai je conservé ma
faveur... Voici venir des jours, oracle du Seigneur, où je conclurai avec la
maison d'Israël et la maison de Juda une alliance nouvelle. Voici l'alliance
que je ferai avec la maison d'Israël, après ces jours-ci, oracle du Seigneur :
je mettrai ma Loi au fond de leur être et l'écrirai sur leur cœur. Alors je serai
leur Dieu et ils seront mon peuple... Car je pardonnerai leur iniquité et ne me
souviendrai plus de leur péché » (25).
II. Fondements du Culte
du Cœur de Jésus dans le Nouveau Testament interprété par les Pères de l’Eglise
a) Un mystère à
contempler
18. Mais seuls les
Evangiles nous font connaître avec une parfaite clarté que la Nouvelle Alliance
scellée entre Dieu et l'humanité - et figurée symboliquement dans l'Alliance
établie par Moïse entre Dieu et le peuple d'Israël et dans les prophéties de Jérémie
- est celle là même qui fut réalisée par le Verbe Incarné, Médiateur de la
grâce divine. Cette Alliance doit être tenue pour incomparablement plus noble
et plus solide : elle ne fut pas scellée, en effet, comme la précédente, par le
sang des boucs et des taureaux, mais par le sang précieux de celui que
préfiguraient déjà les pacifiques animaux sans raison, l' « Agneau de Dieu qui
ôte le péché du monde » (26). De fait l'Alliance chrétienne apparaît
clairement, beaucoup plus que l'ancienne, comme un pacte inspiré non par des
sentiments de crainte servile, mais par ces sentiments d'affection naturels
entre père et enfants, nourris et fortifiés par un don abondant de grâces
divines et de vérité : « De sa plénitude nous avons tous reçu et grâce sur
grâce, dit Jean l'Évangéliste. Car la loi fut donnée par l'intermédiaire de
Moise : la grâce et la vérité nous sont venues par Jésus Christ 20 » (27).
19. Initiés au mystère
même de l'infinie charité du Verbe Incarné par ces paroles de Jean - « le
disciple que Jésus aimait, celui qui, durant le repas, s'était penché vers sa
poitrine » (28), - il nous parait digne, juste, équitable et salutaire, Frères,
de nous arrêter un moment dans la très douce contemplation de ce mystère :
éclairés par la lumière qui jaillit de l'Evangile et illumine ce mystère, nous
pourrons voir se réaliser pour nous aussi le vœu dont parle l'Apôtre des
Nations aux Ephésiens : « Que le Christ habite en vos cœurs par la foi et que
l'amour soit la racine, la base de votre vie. Ainsi vous recevrez la force de
comprendre, avec tous les saints, combien large, long, sublime, profond est
l'amour du Christ, vous arriverez à connaître cet amour qui surpasse toute
connaissance et vous entrerez par votre plénitude dans toute la Plénitude de
Dieu » (29).
b) Réflexion préalable
20. Le mystère de la
divine Rédemption est d'abord et par nature un mystère d'amour : c’est-à-dire
un juste amour du Christ envers son Père céleste, auquel le sacrifice de la
Croix, offert en esprit d'obéissance aimante, présente la satisfaction
surabondante, et infinie due pour les fautes du genre humain : « Le Christ
souffrant par charité et obéissance, a présenté à Dieu plus que n'exigeait la
compensation de toutes les offenses du genre humain » (30). C'est en outre le
mystère de l'amour miséricordieux de l'Auguste Trinité et du divin Rédempteur
envers tous les hommes; ceux ci étaient, en effet, tout à fait incapables de
satisfaire à l'expiation de leurs crimes (31) et c'est le Christ qui, par les
richesses insondables de ses mérites, fruits de l'effusion de son sang
précieux, a pu rétablir et parfaire le pacte d'amitié entre Dieu et les hommes,
violé une première fois au Paradis terrestre par la déplorable faute d'Adam et
ensuite par les innombrables péchés du peuple élu 21. Poussé par son ardente
charité pour nous, en tant que notre légitime et parfait médiateur, le Divin
Rédempteur a donc complètement accordé devoirs et obligations de l'humanité et
droits de Dieu : il est ainsi véritablement l'auteur de cette admirable
conciliation entre la divine justice et la divine miséricorde où réside
précisément l'absolue transcendance du mystère de notre salut, si heureusement
exprimée par le Docteur Angélique : « Que l'homme soit libéré par la Passion du
Christ convient tout à fait à sa miséricorde et à sa justice. A sa justice, car
le Christ a satisfait par sa Passion pour le péché du genre humain et c'est
donc par la justice du Christ que l'homme fut libéré. A sa miséricorde aussi,
car, l'homme ne pouvant pas satisfaire par lui-même pour le péché de toute la
nature humaine, Dieu donna son Fils pour y satisfaire. Ce fut là un acte de
miséricorde plus généreuse que s'il avait remis les péchés sans aucune
satisfaction. C'est pourquoi il est dit : « Dieu qui est riche en miséricorde,
à cause du grand amour dont Il nous a aimés, alors que nous étions morts par
suite de nos fautes, nous a fait revivre avec le Christ 22 » (32).
c) La “logique” de
l’Incarnation Rédemptrice selon le Nouveau Testament et les Pères
21. Pour que nous
puissions, cependant, dans la mesure permise à l'homme, « comprendre avec tous
les saints quelle est la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur »
(33) de la mystérieuse charité du Verbe Incarné envers le Père céleste et
envers les hommes souillés par leurs péchés, il faut bien remarquer que son
amour ne fut pas seulement cet amour spirituel qui est propre à Dieu, en tant
qu'il « est Esprit » (34). Sans doute l'amour dont Dieu aima nos premiers
parents et le peuple hébreu fut il de cette nature ; et quand, dans les Psaumes,
les écrits prophétiques et le Cantique des Cantiques, on parle d'amour humain,
intime et paternel, ces expressions sont la marque et le signe de la charité
très réelle, mais totalement spirituelle, dont Dieu comblait le genre humain.
Mais, au contraire, l'amour partout présent dans l'Evangile, les Lettres des
Apôtres et les pages de l'Apocalypse, qui décrivent les dispositions du Cœur de
Jésus Christ, ne signifie pas seulement la divine charité, mais encore des
sentiments d'affection humaine ; cela ne fait aucun doute pour quiconque
professe la foi catholique. Le Verbe de Dieu n'a pas pris, en effet, un corps
apparent et sans consistance. Les hérétiques du premier siècle de l'ère
chrétienne qui le prétendaient s'attirèrent la réprobation sévère de l'Apôtre
Jean : « C'est que beaucoup de séducteurs se sont répandus dans le monde, qui
ne confessent pas Jésus Christ venu dans la chair. Voilà bien le Séducteur,
l'Antéchrist » (35). C'est en réalité une nature humaine individuelle, entière
et parfaite, conçue du Saint Esprit dans le sein très pur de la Vierge Marie
(36), qu'il a unie à sa Personne divine. Rien ne manqua à la nature humaine que
s'unit le Verbe de Dieu. Il l'assuma sans aucune diminution, sans aucune
modification, pas plus dans ses éléments spirituels que corporels : elle était
dotée d'intelligence et de volonté, de toutes les autres facultés de
connaissance externe et interne, ainsi que de l'appétit sensible et de toutes
les passions naturelles. Voilà ce qu'enseigne l'Église catholique et que
Pontifes romains et Conciles œcuméniques ont solennellement sanctionné et
confirmé : «Intègre dans ses propriétés, intègre dans les nôtres » (37) ; «
parfait dans sa divinité et parfait dans son humanité » (38) ; « Dieu tout
entier fait homme et homme tout entier divinisé » (39).
22. C'est pourquoi, comme
il est certain que Jésus-Christ a pris un corps véritable avec toutes les
affections propres à celui ci parmi lesquelles l'amour certes l'emporte sur
toutes les autres, on ne saurait non plus douter qu'il n’ait eu un Cœur de
chair semblable au nôtre, puisque la vie humaine, y compris pour ce qui est de
l'affectivité, est impossible sans cet organe privilégié 23. Les battements du
Cœur de Jésus Christ, uni hypostatiquement à la divine Personne du Verbe, ont
sans aucun doute été inspirés par l'amour et par toutes les autres passions, -
lesquelles, d'ailleurs, étaient toujours en une telle conformité et une telle
harmonie avec la volonté humaine toute imprégnée de divine charité et avec
l'amour infini lui même, partagé par le Fils avec le Père et le Saint Esprit,
que jamais il n’y eut aucune opposition ni aucune dissonance entre ces trois
amours 24 (40).
23. Cependant, que le
Verbe de Dieu ait pris une nature humaine réelle et parfaite, qu'Il se soit
formé et modelé un Cœur de chair capable comme le nôtre de souffrir et d'être
transpercé, si on considère ces faits hors de la lumière qui émane non
seulement de la doctrine de l'union hypostatique et substantielle, mais aussi
de celle de la Rédemption, qui la complète, ils pourront être pour certains un
scandale et une folie, comme le fut pour les Juifs et les païens le Christ
crucifié (41). En effet, les Symboles de la foi catholique, en parfait accord
avec l'Ecriture, nous assurent que le Fils unique de Dieu a pris une nature
humaine passible et mortelle, surtout parce qu'Il désirait offrir sur la Croix
un sacrifice sanglant et achever ainsi l'œuvre du salut de l'homme. C'est ce
que l'Apôtre des Nations enseigne d'ailleurs par ces mots : « Car le
Sanctificateur et les sanctifiés ont tous même origine. C'est pourquoi il ne
rougit pas de les nommer frères, quand Il dit : ‘J'annoncerai ton nom à mes
frères ...’ Et encore : ‘Nous voici, moi et les enfants que Dieu m'a donnés’.
Puis donc que les enfants avaient en commun le sang et la chair, lui aussi y
participa pareillement... En conséquence, il a dû devenir en tout semblable à
ses frères, afin de devenir dans leurs rapports avec Dieu, un grand prêtre
miséricordieux et fidèle pour expier les péchés du peuple. Car du fait qu'il a
lui-même souffert par l'épreuve, il est capable de venir en aide à ceux qui
sont éprouvés » (42).
24. Les Pères de
l'Église, témoins véridiques de la doctrine révélée par Dieu, ont très bien vu,
comme l'Apôtre Paul l'avait déjà clairement affirmé, que le mystère de l'amour
divin était comme le principe et le sommet de l'Incarnation et de la
Rédemption. En de nombreux et lumineux passages de leurs écrits, ils ont
affirmé que Jésus-Christ a assumé une nature humaine parfaite et notre corps
caduc et fragile afin de pourvoir à notre salut éternel et nous témoigner
clairement, même sur le plan sensible, son amour infini.
25. Faisant écho à la
voix de l'Apôtre des Gentils, saint Justin écrit : « Nous adorons et nous
aimons le Verbe né du Dieu inengendré et ineffable. Car il s'est fait homme
pour nous afin que, devenu participant de notre faiblesse, il y portât remède »
(43). Saint Basile, le premier des trois Pères Cappadociens, affirme que les
sentiments du Christ ont été à la fois véritables et saints : « Il est clair,
dit il, que le Seigneur a pris les affections naturelles pour confirmer la
vérité et la réalité de son Incarnation ; Il a rejeté cependant les affections
désordonnées, qui souillent la pureté de notre vie, comme indignes de la divinité
sans tache », (44). De même, pour saint Jean Chrysostome, lumière de l'Église
d'Antioche, les émotions sensibles auxquelles fut sujet le divin Rédempteur ont
prouvé clairement qu'Il avait assumé une nature humaine, tout à fait intègre :
« S'il n'avait pas été de notre nature, Il n'aurait pas été par deux fois ému
jusqu'aux larmes » (45). Parmi les Pères latins, Nous mentionnons volontiers
ceux qu'aujourd'hui l'Église vénère comme ses plus grands docteurs. Ainsi, pour
saint Ambroise, les affections et émotions sensibles que connut le Verbe de
Dieu Incarné naissent de l'union hypostatique comme de leur principe naturel :
« C'est parce qu'Il a pris une âme qu'Il a pris aussi les passions de l'âme;
car ce n'est pas Dieu en tant que tel qui aurait pu être troublé ou mourir »
(46). Saint Jérôme tire de ces affections le principal argument pour prouver
que le Christ a réellement assumé la nature humaine : Notre Seigneur, pour
prouver la vérité de l’homme assumé, a été véritablement sujet à la tristesse
(47). Saint Augustin souligne d'une manière particulière l'harmonie qui existe
entre les sentiments du Verbe Incarné et le but de la Rédemption : « Si le
Seigneur Jésus a assumé la frêle nature humaine, ses sentiments, sa chair et
jusqu'à sa mort, ce n'est pas en raison d'une nécessité de sa condition, mais
en harmonie avec son libre dessein de miséricorde : il voulait ainsi
transfigurer en Lui son Corps - l'Église dont Il a daigné être la Tête -,
c'est-à dire transfigurer ses membres, qui sont ses saints et ses fidèles ; de
la sorte, si l'un d'entre eux se trouvait durement éprouvé par les tentations
humaines, il ne se croirait pas pour autant privé de sa grâce et, comme le
chœur se règle sur la voix qui lui donne le ton, ainsi le Corps apprendrait de
lui, la Tête, à ne pas voir là de péché, mais l'indice de la faiblesse humaine
» (48). De façon plus brève, mais non moins probante, les textes suivants de
saint Jean Damascène font connaître la doctrine de l'Église : « (Dieu) tout
entier m'a assumé tout entier; Il s'est uni tout entier à l'homme tout entier,
pour le sauver tout entier. Sinon, ce qui n'aurait pas été assumé n'aurait pas
pu être sauvé » (49). « Il a donc tout assumé pour tout sanctifier » (50).
26. Remarquons le
pourtant : bien que ces extraits de la Sainte Ecriture et des Pères - et
beaucoup d'autres qui leur sont semblables et que je ne rapporte pas ici -
attestent clairement que Jésus-Christ fut doté d'émotions, d'affections
sensibles et de volonté et qu'il a assumé une nature humaine pour pourvoir à notre
salut éternel, ils n'ont toutefois jamais rattaché ces mêmes affections à son
cœur physique, ni indiqué ouvertement le cœur comme symbole de son amour
infini. Les évangélistes et les autres écrivains sacrés ne décrivent pas
explicitement le cœur de notre Rédempteur comme plein de vie, doté tout autant
que le nôtre de la faculté de sentir, palpitant sous l'effet des divers
mouvements et affections de son âme et de l'ardente charité de ses deux
volontés ; ils n'en mettent pas moins souvent en lumière son divin amour et les
émotions sensibles qui s’y rattachent : désir, joie, tristesse, crainte et
colère, telles que les manifestent sa physionomie, ses paroles et ses gestes.
C’est surtout le visage de notre adorable Sauveur qui fut l’indicateur (index)
et comme le très fidèle miroir (speculum) de ces sentiments 25 qui, émouvant de
diverses manières son esprit, refluaient (quasi reciprocantes undae attigebant)
sur son très saint Cœur et en activaient les palpitations. En effet, vaut aussi
dans son cas ce que, instruit par l’expérience commune, saint Thomas remarque à
propos de la psychologie humaine et des phénomènes qui s’ensuivent : « La
perturbation de la colère s’étend jusqu’aux organes extérieurs, et surtout à
ceux où brille plus expressivement la trace (vestigium) du cœur, tels les yeux
et la face ou la langue 26 » (51).
27. C’est donc à juste
titre que l’on considère le Cœur du Verbe incarné comme l’indicateur et le
symbole privilégiés (praecipuus) du triple amour dont le divin Rédempteur ne
cesse d’aimer le Père éternel et tous les hommes. Il est en effet le symbole de
cet amour divin que le Verbe a en commun avec le Père et l’Esprit Saint, mais
qui en lui seul, en tant que Verbe fait chair, se manifeste à nous à travers un
corps humain périssable et fragile, puisqu’“en lui habite corporellement toute
la plénitude de la divinité” (52). Il est de plus le symbole de cette très
ardente charité qui, infusée dans son âme, enrichit sa volonté humaine et dont
l’acte est illuminé et dirigé par une double science très parfaite,
c’est-à-dire sa science bienheureuse et sa science infuse (53). Il est enfin -
et ceci sous un mode plus naturel et plus direct - le symbole aussi de
l’affectivité, étant donné que le corps de Jésus Christ, formé par l’Esprit
Saint dans le sein de la Vierge Marie, jouit très parfaitement du pouvoir de
sentir et de percevoir, plus même que tous les autres corps humains (54) 27.
28. L'Ecriture Sainte et
les symboles de la foi catholique nous enseignent que l'accord et l'harmonie
régnaient au plus haut point dans l'âme très sainte de Jésus Christ ; ils nous
révèlent aussi qu'il a manifestement considéré notre Rédemption comme le but
vers lequel devait tendre son triple Amour; il est clair, dès lors, que nous
pouvons contempler à bon droit et vénérer le cœur du Divin Rédempteur comme
l’image symbolique de sa charité, le témoin de notre Rédemption et comme
l'échelle mystique par laquelle nous montons jusqu'à l'embrassement du «
Sauveur Notre Dieu » 28 (55). C'est pourquoi ses paroles, ses actions, ses
préceptes, ses miracles doivent être considérés comme le témoignage de son
triple amour; et cela s'applique particulièrement aux œuvres qui attestent plus
lumineusement sa charité envers nous, comme la divine institution de
l'Eucharistie, ses souffrances très violentes et sa mort, le don qu'Il nous a
fait de sa très Sainte Mère et enfin l'envoi du Saint Esprit dans les Apôtres
et en nous. Nous devons donc contempler amoureusement les pulsations de son
Cœur Sacré, qui ont comme mesuré la durée de son pèlerinage terrestre jusqu'au
moment suprême où, selon les témoignages des Évangélistes, « criant d'une voix
forte, Il dit : ‘Tout est consommé’ et, ayant incliné la tête, Il rendit
l'esprit » (56). Alors les battements de son Cœur cessèrent et son amour sensible
s'interrompit jusqu'à ce qu'Il ressuscitât du sépulcre, vainqueur de la mort.
Mais, depuis le moment où le corps glorifié du Rédempteur divin eût été de
nouveau uni à son âme, son Cœur très saint n'a plus cessé, ni ne cessera de
battre son rythme régulier et de signifier encore le triple amour par lequel le
Fils de Dieu est uni à son Père céleste et avec toute la communauté des hommes,
dont Il est Lui même, de plein droit, le chef mystique.
III. Contemplation
évangélique du mystère du Coeur de Jésus
a) En suivant pas à pas
le récit évangélique
29. Et maintenant,
Frères, pour retirer de ces réflexions des fruits abondants de salut,
contemplons un moment toutes les affections divines et humaines que le Cœur de
Notre Sauveur Jésus-Christ a éprouvées en participant à notre vie mortelle,
qu'il éprouve maintenant et qu'il éprouvera à jamais. C'est de l'Evangile
surtout que nous puiserons la lumière qui nous éclairera et fortifiera pour
entrer dans le sanctuaire de ce Cœur divin, et pour admirer, avec l'Apôtre des
Gentils, « les richesses abondantes de la grâce de Dieu dans sa bonté pour nous,
dans le Christ Jésus » (57).
30. Le Cœur adorable de
Jésus Christ bat à l'unisson de son amour humain et divin, dès que la Vierge
Marie prononce son « fiat » magnanime et que le Verbe de Dieu, selon l'Apôtre,
« entrant dans le monde, dit : tu n'as pas voulu de sacrifice ni d'oblation,
mais tu m'as fait un corps. Les holocaustes pour le péché ne t'ont pas plu.
Alors voici que je viens - car c'est de moi, qu'il est question dans le rouleau
du livre - pour faire, ô Dieu, ta volonté... et c'est en vertu de cette volonté
que nous sommes sanctifiés par l'oblation du corps du Christ une fois pour
toutes » (58). Il vibrait encore d'un amour en parfaite harmonie avec les
affections de sa volonté humaine et de son amour divin, lorsque dans la maison
de Nazareth, Il s'entretenait de choses du ciel avec sa très douce Mère et avec
Joseph. son père adoptif, qu'il aidait, obéissant, dans son travail de
charpentier. Il vivait encore le triple amour dont Nous avons parlé, durant sa
vie publique : longues pérégrinations apostoliques; innombrables miracles, qui
ressuscitaient les morts et guérissaient toutes sortes de maladies ; fatigues,
sueur, faim et soif ; nuits de veille, passées à prier le Père céleste ;
discours, enfin, paraboles et leurs commentaires, celles en particulier qui
portent sur la miséricorde, telle la drachme perdue, la brebis égarée, l'enfant
prodigue. Dans ces paroles et ces actions, comme le remarque Grégoire le Grand,
se manifeste lui-même le Cœur de Dieu: « Apprends le Cœur de Dieu dans les
paroles de Dieu pour aspirer plus ardemment aux biens éternels » (59).
31. Le Coeur de
Jésus-Christ était ému d’une charité plus empressée encore, lorsque de sa
bouche sortaient des paroles inspirées par l'amour le plus ardent. Voyant, par
exemple, les foules lasses et affamées, il s'écriait : « J'ai pitié de cette
foule » (60) ; voyant Jérusalem, sa ville très aimée, aveuglée par ses fautes
et destinée dès lors à la ruine la plus complète, il prononçait ces paroles : «
Jérusalem, toi qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés, que
de fois j'ai voulu rassembler tes fils, comme une poule rassemble ses poussins
sous ses ailes et tu n'as pas voulu ! » (61). Son Cœur brûlait d'amour envers
son Père et frémissait d'une sainte indignation à la vue du commerce sacrilège
qui se faisait dans le Temple; et Il admonestait ainsi les profanateurs : « Il
est écrit : ‘Ma maison est une maison de prières’, mais vous, vous en avez fait
une caverne de voleurs » (62).
32. Mais c'est d'un amour
particulièrement intense et mêlé de frayeur que son Cœur fut ému lorsqu'il
pressentit l'heure imminente de la Passion et que, éprouvant une répugnance
naturelle devant les douleurs et la mort, il s'écria : « Mon Père, s'il est
possible, que ce calice, s'éloigne de moi » (63); c'est toujours le même amour
invicible et un immense chagrin, qui lui firent prononcer ces paroles où
résonne l'ultime appel adressé par son Cœur très miséricordieux à l'ami prêt,
dans un geste délibéré d'impiété et de trahison, à le livrer aux bourreaux : «
Mon ami, c'est pour cela que tu viens ? C'est par un baiser que tu livres le
Fils de l'homme ? » (64). C'est dans un élan d'ardent amour et de profonde
compassion qu'il dit aux pieuses femmes pleurant sur lui, injustement condamné
à. la croix : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, mais pleurez sur
vous mêmes et sur vos enfants... ; car, si l'on traite ainsi le bois vert, qu'en
sera t il du sec ? » (65).
33. Mais c'est surtout
suspendu à la croix que le Divin Rédempteur sentit son Coeur bouillonner des
sentiments les plus variés : amour brûlant, bouleversement, miséricorde, désirs
ardents, calme serein ; tout cela, fortement exprimé par ces paroles : « Père,
pardonne leur, ils ne savent pas ce qu'ils font » (66) ; « Mon Dieu, mon Dieu,
pourquoi m’as tu abandonné ? » (67). « Je te le dis en vérité: aujourd'hui tu
seras avec moi dans le Paradis » (68) ; « J'ai soif » (69) ; « Père, en tes
mains je remets mon esprit » (70).
b) L’Heure du Don suprême
34. Qui pourrait,
dignement décrire les battements du Cœur divin du Sauveur, symptômes de son
amour infini, au moment où Il accorda aux hommes ses dons les plus précieux :
Lui-même dans le Sacrement de l'Eucharistie, sa très-sainte Mère, le Sacerdoce
qu'Il nous communique ?
35. Même avant de manger la dernière Cène avec ses disciples, pensant à
l'institution du Sacrement de son Corps et de son Sang, dont l'effusion
scellerait la nouvelle Alliance, Jésus avait senti son Cœur frémir d'une
intense émotion qu'il confia aux Apôtres par ces mots : " J'ai ardemment
désiré manger cette Pâque. avec vous avant de souffrir » (71), et ces
mouvements furent sans aucun doute plus véhéments encore, lorsque, «ayant pris
du pain, après avoir rendu grâces, Il le rompit et le leur donna en disant :
Ceci est mon corps, donné pour vous; faites ceci en mémoire de moi.
Pareillement, pour la coupe, après qu'ils eurent. soupé, en disant: Cette coupe
est la nouvelle alliance en mon sang, versé pour vous " (72).
36. L'on peut donc
affirmer à bon droit que la divine Eucharistie - Sacrement qu'il donne aux
hommes et Sacrifice qui le fait s'immoler perpétuellement « du lever du soleil
à son coucher » (73), - et de même le Sacerdoce sont bien des dons du Sacré-Cœur
de Jésus.
37. Et celui ci nous fit
encore le don très précieux de Marie, auguste Mère de Dieu et notre Mère très
aimante. Elle fut la Mère selon la chair de notre Rédempteur et son associée
dans la régénération des enfants d'Ève à la vie de la grâce : il était juste
qu'elle fût proclamée, par Jésus lui même, Mère, selon l'esprit, du genre
humain tout entier. Saint Augustin écrit à ce sujet « Elle est vraiment notre
Mère, à nous qui sommes membres du Sauveur, puisqu'elle a contribué, par sa
charité, à engendrer dans l'Église des fidèles qui sont les membres de son
chef, le Christ » (74).
38. Au don non sanglant
qu'il nous fait de sa personne, sous les espèces du pain et du vin, notre
Sauveur Jésus-Christ, voulut ajouter, comme témoignage suprême de son infinie
charité, le Sacrifice sanglant de la Croix. Ce faisant il donnait l'exemple de
cette charité sublime présentée par Lui à ses disciples comme le comble de
l'amour : « Nul ne peut avoir de plus grand amour que de donner sa vie pour ses
amis » (75). Ainsi donc l'amour de Jésus Christ, Fils de Dieu, nous révèle,
dans le Sacrifice du Golgotha, de la manière la plus éloquente, l'amour même de
Dieu : « A ceci nous avons connu l'amour de Dieu, c'est que Lui a donné sa Vie
pour nous, et nous, nous devons donner notre vie pour nos frères » (76). Et, en
réalité, notre Divin Rédempteur a été attaché à la croix plus par son amour que
par la violence des bourreaux; son immolation volontaire est le don suprême
qu'il fait à chacun des hommes, selon le mot saisissant de l'Apôtre : « Il m'a
aimé et s'est livré lui-même pour moi. » (77)
c) La symbolique du
quatrième évangile
39. Puisque le Sacré-Cœur
de Jésus participa si intimement à la vie du Verbe Incarné et fut dès lors
assumé comme instrument de la Divinité, au même titre que toutes les autres
parties de la nature humaine, pour accomplir les œuvres de la grâce et de la
toute puissance divines (78), il est sans aucun doute aussi le symbole légitime
de cette immense charité qui poussa notre Sauveur à inaugurer par son Sang
versé son mariage mystique avec l'Église : « Il a accepté la Passion en raison
de l'ardent désir qu'il avait de s'unir l'Église comme épouse » (79). C'est
donc du Cœur blessé du Rédempteur qu'est née l'Église, en tant que gérante du
Sang de la Rédemption ; c'est de ce Cœur qu'a coulé abondamment la grâce des
Sacrements, où les fils de l'Église puisent la vie surnaturelle, comme le
rappelle la sainte Liturgie : « Du Cœur ouvert naît l'Église, unie au Christ...
Vous qui, de votre Cœur répandez la grâce » (80). A propos de ce symbolisme,
bien connu des Pères de l'Église et des écrivains ecclésiastiques, saint Thomas
- se faisant d'ailleurs l'écho de la Tradition, - a écrit les lignes suivantes
: « Du côté du Christ jaillirent l'eau qui purifie et le sang qui rachète ;
c'est pourquoi le sang se rapporte au sacrement de l'Eucharistie et l'eau au
sacrement de Baptême, sacrement qui tire cependant sa puissance purificatrice
de la vertu du sang du Christ » (81). Ce qui est dit ici du côté blessé de
Jésus peut se dire également de son Cœur, qui fut certainement atteint par la
lance que brandit le soldat romain pour s'assurer que le Christ crucifié était
bien mort. C'est pourquoi la blessure du Cœur Sacré de Jésus, déjà mort, reste
pour tous les siècles l'image vivante de cette charité librement manifestée qui
inspira à Dieu d'envoyer son Fils unique pour nous racheter et au Christ de
nous aimer tous au point de s'offrir en victime sanglante sur le Calvaire :
" Le Christ nous a aimés et s'est livré pour nous, s'offrant à Dieu en sacrifice
d'agréable odeur " (82).
d) Ascension et Pentecôte
40. Monté au ciel et
assis à la droite du Père dans la splendeur de son humanité glorifiée, notre
Sauveur n'a pas cessé de manifester à l'Église, son Épouse, l'amour brûlant de
son Cœur A ses mains, ses pieds et son côté il porte les marques éclatantes de
ses plaies, qui représentent la triple victoire qu'Il a remportée sur le démon,
sur le péché et sur la mort; et Il porte, placés dans son Cœur comme dans un
écrin de grand prix, d'immenses trésors de mérites, fruits de son triple
triomphe, et il les distribue généreusement au genre humain racheté. C'est
cette très consolante vérité que l'Apôtre des Nations exprime en ces termes : «
Montant dans les hauteurs, Il a emmené des captifs, Il a fait des dons aux
hommes... Celui qui est descendu c'est le même qui est aussi monté au dessus de
tous les cieux, afin d'embrasser tout l'Univers » (83).
41. L'envoi de l'Esprit
Saint aux disciples est le premier signe manifeste de la munificence de sa
charité après sa glorieuse ascension à la droite du Père. Dix jours après, en
effet, l'Esprit Consolateur, don du Père, est descendu sur eux, réunis au
Cénacle, comme Jésus le leur avait promis durant. la dernière Cène : « Je
prierai le Père et il vous enverra un autre Consolateur qui restera à jamais
parmi vous » (84). Cet Esprit Consolateur - comme il est l’Amour personnel
réciproque, c’est-à-dire tant du Père pour le Fils que du Fils pour le Père -
est envoyé par l'un et l'autre et, apparu sous la forme de langues de feu, Il
remplit leurs âmes de la charité divine et des autres charismes. Cette infusion
de l'amour divin a aussi pour origine le Cœur de notre Sauveur, « en qui se
trouvent, cachés, tous les trésors de la sagesse et de la science » (85). Car
cette charité est un don à la fois du Cœur de Jésus et de son Esprit; et cet
Esprit lui même est celui du Père et du Fils : c'est de lui que l'Église a pris
naissance pour se répandre ensuite merveilleusement dans tout l'univers païen
souillé par l'idolâtrie, la haine du prochain, la corruption et la violence des
mœurs. C'est cette charité divine, don très précieux du Cœur du Christ et de
son Esprit, qui communiqua aux Apôtres et aux Martyrs la force qui leur permit
de lutter jusqu'à une mort héroïque pour annoncer la vérité de l'Evangile et la
sceller de leur propre sang ; elle donna aux Docteurs de l'Église un zèle
enflammé pour exposer et défendre la foi catholique; elle nourrit les vertus
des Confesseurs et leur suggéra de fructueuses et admirables entreprises pour
leur propre sanctification et le bien spirituel et corporel de leur prochain ;
elle inspira enfin aux Vierges de renoncer, d'elles mêmes et avec joie, aux
plaisirs sensibles pour se consacrer tout entières à l'amour de leur Epoux divin.
Voulant chanter cette divine charité qui, jaillie du Cœur du Verbe Incarné, se
répand dans l'âme de tous les croyants, par la puissance du Saint Esprit,
l'Apôtre des Nations proclame dans un hymne de victoire le triomphe de Jésus
Christ, Chef du Corps Mystique, et de ses membres sur tout ce qui s'opposerait
de quelque manière à l'établissement du royaume de l'amour divin parmi les
hommes : « Qui nous séparera de l'amour du Christ ? La tribulation, l'angoisse,
la persécution, la faim, la nudité, les périls, le glaive ?... Mais en tout
cela nous n'avons aucune peine à triompher par Celui qui nous a. aimés. Oui,
j'en ai l'assurance, ni la mort ni la vie, ni les anges ni les principautés, ni
le présent ni l'avenir, ni les puissances, ni la hauteur ni la profondeur, ni
aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté dans
le Christ Jésus Notre Seigneur » (86).
e) Le Coeur de Jésus,
résumé du mystère de notre Rédemption
42. Rien ne nous empêche
donc d'adorer le Cœur Sacré de Jésus Christ, puisqu'il participe à
l'inépuisable charité de notre Divin Rédempteur et qu'il est le symbole naturel
le plus expressif de la charité que Celui ci continue de ressentir pour le
genre humain. Bien qu'il ne soit plus soumis aux vicissitudes de notre vie
mortelle, le Cœur du Christ vit, cependant, et bat, indissolublement uni à la
Personne du Verbe de Dieu et uni, en elle et par elle, à sa volonté divine. Il
déborde d'un amour divin et humain, il est riche de tous les trésors de grâces
que notre Rédempteur a acquis par sa vie, ses souffrances et sa mort et c'est
pourquoi il est vraiment la source intarissable de l'amour que son Esprit
répand dans tous les membres de son Corps mystique.
43. Aussi le Cœur de
notre Sauveur reflète, en quelque sorte, l’image de la Personne divine du Verbe
et de sa double nature, divine et humaine; et nous pouvons considérer en lui
non seulement le symbole, mais comme le résumé de tout le mystère de notre
Rédemption 29. Lorsque nous adorons le Cœur Sacré de Jésus-Christ, nous adorons
à la fois, en lui et par lui, l'amour incréé du Verbe de Dieu et son amour
humain, avec ses autres sentiments et ses vertus ; l'un et l'autre amour 30, en
effet, ont poussé le Rédempteur à s'immoler pour nous et pour toute l'Église
son Epouse, selon le mot de l'Apôtre : « Le Christ a aimé l'Église, il s'est
livré pour elle, afin de la sanctifier, en la purifiant par le bain d'eau
qu'une parole accompagne ; car Il voulait se la présenter à lui même toute
resplendissante, sans tache ni ride ni rien de tel, mais sainte. et immaculée »
(87).
f) Epilogue céleste pour
aujourd’hui
44. Comme le Christ a
aimé l'Église, Il l'aime encore maintenant de ce triple amour dont nous avons
parlé ; et c'est cet amour qui le pousse à se faire notre avocat (88), « toujours
vivant pour intercéder pour nous » (89), afin de nous obtenir du Père grâce et
miséricorde. La prière que son inépuisable amour fait monter vers le Père ne
s'interrompt jamais. Et ainsi, au ciel où il triomphe, il adresse, comme « aux
jours de sa vie mortelle » (90), des prières à son Père céleste, avec une égale
efficacité; et à Celui ci, qui « a tant aimé le monde qu'Il a donné son Fils
unique, pour que tout homme qui croit en Lui ne périsse pas, mais ait la vie
éternelle » (91) : il montre son Cœur vivant, comme blessé et brûlant d'un
amour plus ardent que lorsque, inanimé, il fut percé par la lance du soldat
romain : « Si [ton Cœur] fut blessé, c'est pour qu'à travers la plaie visible,
nous voyions la blessure invisible de l'amour » (92).
45. Il est dès lors bien
certain qu'imploré par un tel Avocat avec un tel amour, le Père céleste, « qui
n'épargna pas son propre Fils mais le livra pour nous tous » (93), fera
descendre sans cesse, par Lui, sur tous les hommes, l’abondance des grâces
divines.
IV. Développement du
culte du Coeur de Jésus enraciné dans la Tradition apostolique
a) Tout ce qui précède
peut se résumer en une phrase
46. J’ai voulu, Frères,
proposer dans les grandes lignes la nature intime du culte du Sacré Cœur de
Jésus et les inépuisables richesses qui en découlent, telles qu’elles se
déploient à partir de la doctrine divinement révélée comme à partir de leur
source première 31. Or, selon moi, ces réflexions, que j’ai faites à la lumière
de l’évangile, ont fait apparaître que ce culte n’est rien d’autre en somme que
le culte de l’amour divin et humain du Verbe incarné, et rien d’autre même que
le culte de cet amour dont le Père et l’Esprit Saint poursuivent les hommes
pécheurs 32; car, comme l’enseigne Thomas d’Aquin (94), la charité de l’auguste
Trinité est le principe de la rédemption humaine 33, en tant que, débordant à
flots sur la volonté humaine de Jésus Christ et son Cœur adorable, elle l’a
déterminé, ému par cette même charité, à répandre son sang pour nous racheter
de la captivité du péché : “Je dois recevoir un baptême et comme il m’en coûte
d’attendre qu’il soit accompli !” (95) 34.
b) On doit donc conclure
à l’origine apostolique du culte du Coeur de Jésus
47. J’en suis donc
persuadé : le culte rendu à l’amour de Dieu et de Jésus Christ envers le genre
humain sous le signe auguste du Cœur transpercé du Rédempteur crucifié n’a
jamais été complètement étranger à la piété des fidèles, même si ce n’est qu’à
une époque relativement récente qu’il a été mis dans une claire lumière et
répandu de façon étonnante aux quatre coins de l’Eglise, surtout après que le
Seigneur ait fait la révélation privée de cet arcane divin à certains de ses
fidèles, comblés de grâces mystiques, qu’il s’était choisis comme messagers et
hérauts de ce secret 35.
48. En réalité aucune
époque n’a manqué de gens qu’une particulière dévotion religieuse a conduit,
suivant l’exemple de la Mère de Dieu, des Apôtres et d’insignes Pères de
l’Eglise, à rendre, à la très sainte humanité du Christ et surtout aux plaies dont
fut déchiré son corps dans la salutaire passion de la croix, un culte
d’adoration, d’action de grâces et d’amour 36.
49. De plus, les mots
mêmes : “Mon Seigneur et mon Dieu” (96), par lesquels Thomas l’apôtre signifia
que l’incrédule se muait en croyant, ne contiennent-elles pas sans aucun doute
une profession de foi, d’adoration et d’amour se haussant depuis l’humaine
nature blessée du Seigneur jusqu’à la majesté de la divine Personne 37 ?
50. Mais, si c’est bien
le Cœur transpercé du Sauveur qui a toujours plus puissamment incité les hommes
à vénérer l’amour infini dont il embrasse le genre humain - puisqu’aussi bien
c’est aux chrétiens de tous les temps que, suivant l’application qu’en fait
Jean l’évangéliste à Jésus crucifié, s’adressent les mots du prophète Zacharie
: “Ils fixeront les yeux sur Celui qu’on transperça” (97) -, il faut toutefois
avouer que seule une patiente progression devait permettre qu’un culte
particulier soit enfin rendu à ce Cœur en tant qu’image de l’amour humain et
divin du Verbe incarné 38.
c) La spiritualité du
Coeur de Jésus au Moyen Age et sa double expérience de référence au XVIIe
siècle
51. Une simple esquisse
des étapes glorieuses de ce culte dans l'histoire de la piété chrétienne évoque
aussitôt les noms de ceux qui en furent les premiers hérauts. Il se développa
peu à peu, comme dévotion privée, dans les congrégations religieuses 39.
Citons, par exemple, comme ayant bien servi la cause du culte envers le
Sacré-Cœur, saint Bonaventure, saint Albert le Grand, sainte Gertrude, sainte
Catherine de Sienne, le bienheureux Henri Suso, saint Pierre Canisius, saint
François de Sales 40. Saint Jean Eudes fut l'auteur du premier office
liturgique en l'honneur du Sacré Cœur de Jésus, dont la fête fut célébrée pour
la première fois, avec l'approbation de nombreux Evêques de France, le 20
octobre 1672 41. Mais, parmi les promoteurs de cette noble dévotion, sainte
Marguerite Marie Alacoque mérite une place toute spéciale. C'est grâce au zèle
ardent de cette sainte, aidée par son directeur spirituel, le bienheureux
Claude de la Colombière, que ce culte connut, à l'admiration du peuple
chrétien, de très grands développements et qu'il se distingua, par ses notes
particulières d'amour et de réparation, des autres formes de la piété chrétienne
42 (98).
52. Il suffit de rappeler
l'époque où se répandit le culte du Sacré-Cœur de Jésus, pour comprendre
clairement que son étonnant progrès vient de sa parfaite cohérence avec la
nature même du christianisme, qui est religion d'amour. On ne peut donc pas
dire que ce culte soit venu d'une révélation privée de Dieu, ni qu'il soit
soudainement apparu dans l'Église. Mais il a jailli spontanément de la foi
vivante et fervente d'hommes comblés de dons surnaturels, qui adoraient le
Rédempteur et ses plaies glorieuses, témoignage bouleversant de son amour
infini. Les révélations dont sainte Marguerite-Marie fut l'objet n'apportèrent
donc rien de nouveau à la doctrine catholique. Elles tirent leur importance de
ce que Notre Seigneur Jésus-Christ, en montrant son Sacré-Cœur, voulut inviter
les hommes, avec une particulière insistance, à la contemplation et au culte de
l'amour miséricordieux de Dieu pour le genre humain. En effet, par cette
exceptionnelle manifestation, le Christ montra expressément à plusieurs
reprises son Cœur comme le symbole qui conduira à reconnaître son amour; et, en
même temps, il fit de son Cœur un signe et un gage de miséricorde et de grâce
pour les besoins de l'Église à notre époque.
53. Que ce culte tire son
origine des principes même de la doctrine chrétienne, on en a une preuve
évidente dans le fait que l'approbation de la solennité liturgique par le Siège
Apostolique a précédé celle des écrits de sainte Marguerite-Marie. En effet, ce
n'est pas précisément en raison de quelque révélation privée, mais pour
répondre aux vœux des fidèles que la Congrégation des Rites, par le décret du
25 janvier 1765, approuvé le 6 février de la même année par mon Prédécesseur
Clément XIII, concéda aux Évêques de Pologne et à l'Archiconfrérie Romaine du
Sacré-Cœur la faculté de célébrer la fête liturgique; par cet acte, le
Saint-Siège voulut donner un nouveau développement à un culte déjà vivant et
florissant, afin de « raviver par un symbole le souvenir de l'amour divin »
(99) qui conduisit le Sauveur à s'offrir comme victime d'expiation pour les
péchés des hommes.
d) La spiritualité du
Coeur de Jésus au Moyen Age et sa double expérience de référence au XVIIe
siècle
54. Cette première
approbation, accordée comme privilège et encore limitée, fut suivie, près d'un
siècle plus tard, par une autre de beaucoup plus grande portée, donnée sous
forme solennelle. Je veux parler du décret, mentionné plus haut, et publié par
la Congrégation des Rites le 23 août 1856 ; par ce décret, mon Prédécesseur Pie
IX, répondant aux prières des Évêques de France et de presque tout le monde
catholique, étendit à l'Église universelle la fête du Sacré-Cœur de Jésus et
prescrivit qu'elle fût célébrée dignement (100). Ce geste mérite d'être sans
cesse rappelé aux fidèles, puisque, comme nous le lisons dans la liturgie de
cette fête 43, « c'est à partir de ce jour que le culte du Sacré-Cœur de Jésus,
tel un fleuve débordant, emporta les obstacles et se répandit dans le monde
entier ».
55. Après ce que je viens
de dire, Frères, il est bien clair que c'est à l'Ecriture, à la Tradition, et à
la Liturgie 44 que les fidèles doivent remonter, comme à la source limpide et
profonde de ce culte, s'ils veulent en pénétrer la nature intime et recevoir de
sa méditation un aliment qui les nourrisse et augmente leur ferveur. Si l'âme
fidèle s'adonne à ce culte, l'esprit éclairé par une méditation assidue, elle
ne peut pas ne pas parvenir à la douce connaissance de la charité du Christ,
sommet de la vie chrétienne, comme disait l'Apôtre, parlant d'expérience : «
C'est pourquoi je fléchis les genoux en présence du Père de Notre Seigneur
Jésus Christ... qu'il daigne, selon la richesse de sa force éclatante, vous
armer de puissance par son Esprit pour que se fortifie en vous l'homme
intérieur, que le Christ habite en vos cœurs par la foi et que l'amour soif la
racine, la base de votre vie. Ainsi vous arriverez... à connaître cet amour qui
surpasse toute connaissance, et vous entrerez par votre plénitude dans toute la
Plénitude de Dieu » (101). De cette Plénitude de Dieu, contenant toute chose,
le Cœur même de Jésus-Christ est précisément l'image la plus belle : une
plénitude de miséricorde, propre au Nouveau Testament, dans lequel « apparurent
la bonté de Dieu notre Sauveur et son amour pour les hommes » (102), car « Dieu
n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde, mais pour que le
monde soit sauvé par lui » (103).
e) Pourquoi l’image du
Coeur de Jésus mérite-t-elle un culte spécial ?
56. L'Église, éducatrice
de l'humanité, a toujours tenu pour certain, depuis la publication des premiers
actes officiels sur le culte du Sacré Cœur de Jésus, que les éléments
essentiels de ce culte - les actes d'amour et de réparation 45, rendus à
l'amour infini que Dieu témoigne au genre humain - ne sont d'aucune façon
entachés de chosisme ou de superstition ; c'est là, au contraire, une dévotion
qui répond parfaitement à ce culte spirituel, tout à fait authentique, que le
Sauveur lui même annonçait en parlant à la Samaritaine : « Mais l'heure vient,
- et nous y sommes, - où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en
vérité, car ce sont là les adorateurs tels que les veut le Père. Dieu est
esprit et c'est en esprit et vérité que ceux qui adorent doivent adorer »
(104).
57. Il n’est donc pas permis
de prétendre que la contemplation du Coeur physique de Jésus empêche de
parvenir à un intime amour de Dieu et qu’elle retarde l’âme dans son progrès
vers les plus hautes vertus. L’Eglise rejette totalement cette fausse doctrine
mystique, de même qu’elle s’opposa, par la voix de mon Prédécesseur Innocent
XI, aux chimères de ceux qui prétendaient ceci : “(Les âmes qui suivent cette
voie intérieure) ne doivent pas produire d’actes d’amour envers la bienheureuse
Vierge, les Saints ou l’humanité du Christ, car comme il s’agit d’objets
d’ordre sensible, l’amour envers eux l’est aussi. Dans notre coeur, il n’y a
place pour aucune créature, pas même pour la Vierge Marie ou les Saints, car
Dieu veut être le seul à l’occuper et le posséder.” (105) Ceux qui sont de cet
avis s’imaginent évidemment que l’image du Coeur de Jésus ne symbolise rien de
plus que son affectivité humaine et qu’elle ne peut donc servir de nouveau
fondement à un culte de latrie, qui convient seulement à ce qui, par nature,
est d’ordre divin. Mais cette façon d’interpréter les saintes images, chacun le
voit, est entièrement fausse, puisqu’elle borne dans des frontières trop
étroites l’amplitude de leur symbolisme. Tel n’est pas le sentiment ni
l’enseignement des théologiens catholiques et, entre autres, de S. Thomas, qui
écrit ceci : “Aux images on témoigne un culte religieux non pas en tant qu’on
les considèrerait en elles-mêmes comme des objets, mais selon la propriété
spécifique qu’elles ont de représenter un Dieu incarné 46. Ainsi ce culte qui
meut vers l’image comme telle ne s’arrête pas à l’objet, mais il est dirigé
vers ce dont celui-ci se veut l’image. Et donc le culte religieux qu’on rend
aux images du Christ ne dénature pas la qualité de notre adoration ni celle de
notre attitude religieuse” (106) C’est donc à la Personne du Verbe Incarné
comme à sa fin que s’adresse le culte, certes relatif 47, qu’on rend aux
images, que ce soient les reliques des tourments que notre Sauveur endura pour
nous, que ce soit la représentation même dont la vigueur symbolique l’emporte
sur celle de toutes les autres 48, à savoir le Coeur transpercé du Christ
crucifié.
58. C’est pourquoi à
partir de cette chose corporelle qui est le Cœur du Christ Jésus et à partir de
son symbolisme naturel 49 nous pouvons et devons, soutenus par une foi
chrétienne, nous élever non seulement jusqu’à la contemplation de l’amour
sensible, mais au-dessus encore jusqu’à la considération et l’adoration du très
haut amour infus; et enfin, dans un élan spirituel aussi doux que sublime,
jusqu’à la méditation et l’adoration de l’Amour divin du Verbe Incarné 50,
puisque la foi par où nous croyons à l’union des deux natures, l’humaine et la
divine, dans la Personne du Christ nous permet de concevoir les liens
extrêmement étroits qui unissent l’amour sensible du Cœur physique de Jésus à
son double amour spirituel, l’humain et le divin 51. Car ces trois amours ne se
contentent pas de coexister dans l’adorable Personne du divin Rédempteur, mais
ils sont unis entre eux par une liaison naturelle, pour autant que l’amour
humain et l’amour sensible sont soumis à l’amour divin 52 et qu’ils en portent
la ressemblance analogique 53. Je ne prétends pas pour autant qu'il faille
contempler et adorer dans le Cœur de Jésus ce qu'on appelle l'image formelle,
c'est à dire le symbole propre et parfait de son amour divin, car aucune image
créée ne peut rendre adéquatement l’essence intime de cet amour 54; mais en
vénérant le Cœur de Jésus, le fidèle adore avec l'Église le symbole et comme
l’empreinte de la Charité divine, qui est allée jusqu'à aimer par le Cœur du
Verbe Incarné l'humanité souillée par tant de fautes 55.
f) Le Coeur de Jésus,
“lieu” symbolique de la médiation entre Dieu et l’humanité
59. Pour traiter d'un
sujet si important et délicat, il faut donc toujours se rappeler que le lien
symbolique naturel qui existe entre le Cœur de Jésus et la Personne du Verbe
repose tout entier sur la vérité première de l'union hypostatique ; ne pas
admettre cela serait renouveler les erreurs plus d'une fois condamnées par
l'Église, comme niant l'unité de Personne dans le Christ, dans la distinction et
l'intégrité des deux natures.
60. Cette vérité
fondamentale nous fait comprendre comment le Cœur du Christ est le Cœur d'une
Personne divine, celle du Verbe Incarné, et que ce Cœur résume et nous met sous
les yeux, pour ainsi dire, tout l'amour dont nous avons été et sommes encore
aujourd'hui l'objet. C'est la raison pour laquelle on doit tellement estimer le
culte du Sacré-Cœur qu'on voie dans sa pratique l'expression parfaite de la
religion chrétienne. Celle ci, en effet, est la religion de Jésus, fondée toute
entière sur le Médiateur, homme et Dieu à la fois ; de sorte que l'on ne peut
aller au Cœur de Dieu si ce n'est par le Cœur du Christ, qui a dit lui même: «
Je suis la Voie, la Vérité et la Vie. Personne ne peut venir au Père, si ce
n'est par moi » (107). Il est facile d'en conclure que le culte du Sacré-Cœur
de Jésus, dans sa nature intime, est le culte de l'amour dont Dieu nous a aimés
par Jésus, en même temps qu'il est l'exercice de l'amour que nous portons nous
mêmes à Dieu et aux autres hommes, il consiste, en d'autres termes, à honorer
l'amour de Dieu pour nous et a ce Dieu pour objet afin de l'adorer, de lui
rendre grâces, de vivre à son imitation ; et il tend à amener à son absolue
perfection l'amour qui nous unit à Dieu et aux autres hommes, en nous faisant
mieux pratiquer de jour en jour le commandement nouveau que le Divin Maître
laissa comme héritage sacré à ses disciples par ces mots : « Je vous donne un
commandement nouveau, c'est que vous vous' aimiez les uns les autres, comme je
vous ai aimés... C'est mon commandement, que vous vous aimiez les uns les
autres comme je vous ai aimés » (108). Ce commandement est vraiment nouveau et
propre au Christ, car, selon les paroles de saint Thomas : « La différence
entre l'Ancien et le Nouveau Testament tient en peu de mots; comme le dit
Jérémie, ‘je conclurai avec la maison d'Israël un nouveau pacte’ (109). Si ce
commandement existait dans l'Ancien Testament, inspiré par une crainte et un
amour sacrés, c'était par référence au Nouveau Testament : car il était dans
l'ancienne loi, non comme propre à celle ci, mais comme préparatoire à la
nouvelle loi » (110)
V. Exhortation pratique
61. Avant d'achever ces
considérations - si belles assurément, et si consolantes - sur l’authentique
nature et l’excellence chrétienne de ce culte, j’estime opportun, dans la
conscience de ma charge apostolique, confiée pour la première fois au
Bienheureux Pierre après une triple profession d'amour envers le Christ
Seigneur, de vous exhorter à nouveau, Frères, - et, par vous, tous nos chers
fils dans le Christ - à promouvoir avec un zèle toujours plus ardent cette très
douce forme de dévotion, dont j’attends aussi pour notre temps de nombreux
avantages.
a) Le sens de la
“dévotion”, de la “consécration” et des “promesses” du Coeur de Jésus
62. Si l'on pèse bien, en
effet, les arguments sur lesquels se fonde le culte du Cœur transpercé de
Jésus, il est évident pour tout le monde qu'il ne s'agit pas là d'une dévotion
quelconque qu'il est loisible à chacun de sous estimer et de dédaigner, mais
d'un hommage religieux apte entre tous à conduire à la perfection chrétienne
56. Car si la dévotion, selon la traditionnelle définition théologique proposée
par S. Thomas, « n'est rien d'autre, semble-t-il, qu'une volonté de se donner
avec empressement à ce qui regarde le service de Dieu » (111), peut on
concevoir un service de Dieu plus convenable et plus nécessaire, plus noble
aussi et plus doux, que celui qui prétend servir son amour 57 ? Y a-t-il aux
yeux de Dieu rien de plus agréable et de plus précieux que ce service voué à la
divine charité, et ce par un motif d'amour ? Car tout service spontanément
offert est un don, et l'amour « est le premier de tous, celui par lequel tous
les autres dons gratuits sont octroyés 58> » (112). Il faut donc faire le
plus grand cas de cette dévotion, grâce à laquelle l'homme honore et aime Dieu
davantage et se dédie plus facilement et plus aisément à la divine charité ;
dévotion que notre Rédempteur a daigné proposer et recommander lui même au
peuple chrétien, et que les Souverains Pontifes ont défendu dans des documents
mémorables et qu’ils ont couvert de grands éloges. Il serait téméraire et
dommageable et ce serait offenser Dieu lui même que de faire peu de cas de cet
insigne bienfait donné par Jésus Christ à son Église.
63. Ceci étant, il est
hors de doute que les fidèles qui rendent hommage au Sacré-Cœur du Rédempteur
satisfont par là au très grave devoir qu’ils ont de servir Dieu, en même temps
que de se consacrer totalement à leur Créateur et Rédempteur, eux mêmes et tout
ce qui est leur - sentiments intimes ou activités – et d’obéir ainsi au divin
commandement : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton
âme, de toute ton intelligence et de toute ta vigueur 59 » (l13). Ils ont en
outre la ferme certitude d'être poussés à honorer Dieu non pas d’abord par
intérêt personnel concernant le corps ou l'âme, la vie présente ou la vie
éternelle, mais bien à raison de la bonté de Dieu lui même, auquel ils
s'efforcent de rendre hommage en en répondant à son amour, en l'adorant et en
lui témoignant la reconnaissance qu’ils lui doivent. Entendu autrement le culte
du Sacré-Cœur de Jésus ne répondrait pas au caractère authentique de la
religion chrétienne, car l'homme n'aurait plus alors principalement en vue par
cet hommage l'amour divin ; et il arrive parfois qu'on doive, à juste titre,
reprocher un amour et un souci excessifs de soi-même à ceux qui comprennent mal
cette très noble dévotion ou ne la mettent pas convenablement en pratique. Que
tous se persuadent donc bien que, dans la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, ce
n'est pas aux œuvres extérieures de piété que revient la première place ; et
l'essentiel n'est pas dans les bienfaits à obtenir : car si le Christ Seigneur
a voulu les garantir par des promesses privées 60, c'est afin de pousser les
hommes à remplir avec plus de ferveur les grands devoirs de la religion
catholique, à savoir l'amour et l'expiation 61, et à pourvoir également au
mieux, par là même, à leur avantage spirituel.
b) Motifs d’action de
grâces
64. J’invite donc à
embrasser avec empressement cette dévotion tous mes chers fils dans le Christ,
soit ceux qui ont déjà coutume de puiser aux eaux salutaires qui jaillissent du
Cœur du Rédempteur, soit surtout ceux qui, comme des spectateurs, regardent de
loin, l'âme partagée entre la curiosité et le doute. Qu'ils considèrent
attentivement que le culte dont il s'agit est, je l’ai dit, établi depuis
longtemps dans l'Église et solidement fondé dans les Evangiles; que la doctrine
traditionnelle et la sainte Liturgie lui sont manifestement favorables; que les
Souverains Pontifes eux mêmes l'ont exalté par d'innombrables et très amples
louanges ; qu'ils n'ont pas seulement institué une fête en l'honneur du Cœur
Sacré du Rédempteur, en l'étendant à l'Église universelle, mais qu'ils ont
voulu consacrer solennellement l’humanité tout entière à ce même Cœur Sacré 62
(114). Qu'on ajoute à cela les fruits abondants qui ont découlé de cette
dévotion et sont venus réjouir l'Église : les innombrables retours à la
religion chrétienne, le renouvellement de la foi chez un grand nombre, l'union
plus étroite des fidèles avec notre Rédempteur très aimant : toutes choses qui,
en ces dernières décades surtout, se sont manifestées avec une fréquence et une
évidence accrues.
65. Aussi, quand,
regardant, autour de moi, je considère l'admirable spectacle que m’offre la
dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, si largement répandue et vivifaiant l'âme des
fidèles de toutes conditions, je suis pénétré de joie et de consolation ; et
après avoir dûment rendu grâces à notre Rédempteur, trésor infini de bonté, je
ne peux m’empêcher de féliciter paternellement tous ceux, clercs et laïcs, qui
ont activement travaillé à répandre cette dévotion.
c) Le culte du Coeur de
Jésus soutient l'Église dans son combat
66. Mais, bien que la
piété envers le Sacré-Cœur de Jésus ait produit partout des fruits salutaires
de vie chrétienne, il n'échappe à personne, Frères, que l'Église militante de
la terre, et notamment la société civile, n'a pas encore atteint la pleine et
absolue perfection qui répondrait aux désirs de Jésus Christ, mystique Epoux de
l'Église et Rédempteur de l’homme. Bien des fils de l'Église, en effet,
défigurent par trop de taches et de rides le visage de cette Mère dont ils
portent la ressemblance ; tous les fidèles ne brillent pas par la pureté de
mœurs à laquelle ils sont divinement appelés ; les pécheurs, qui ont quitté à
tort la maison du Père, n'y sont pas tous rentrés pour y revêtir à nouveau leur
premier habit (115) et passer à leur doigt l'anneau, symbole de fidélité envers
l'époux de leurs âmes ; tous les païens ne sont pas encore devenus membres du
Corps mystique du Christ. Il y a plus encore : si c'est pour moi une vive
douleur que de voir languir la foi des bons qui, trompés par l'appât fallacieux
des biens terrestres, laissent décroître et peu à peu s'éteindre dans leurs
âmes l'ardeur de la divine charité 63, combien plus me font souffrir les
entreprises de ces dévoyés qui, maintenant surtout, excités, dirait on, par
l'ennemi infernal, brûlent d'une haine implacable et ouverte contre Dieu 64,
contre l'Eglise, et principalement contre Celui qui tient sur terre la place du
Divin Rédempteur et personnifie son amour envers les hommes, suivant la.
célèbre expression du milanais S. Ambroise : « Quand on interroge, c'est pour
lever un doute ; mais le Seigneur ne doute pas, lui qui interroge non pour
apprendre mais pour enseigner celui qu'avant de remonter au Ciel, il nous
laissait comme vicaire de son amour. » (116).
67. En vérité, la haine
envers Dieu et ceux qui sont ses ministres légitimes est bien le plus grand
crime que puisse jamais commettre l'homme, créé à l'image et à la ressemblance
de Dieu et destiné à jouir au ciel de son amitié parfaite et éternelle; la
haine de Dieu, en effet sépare au maximum l'homme du Souverain Bien et le
pousse à rejeter de lui même et de son prochain tout ce qui vient de Dieu, tout
ce qui unit à Dieu, tout ce qui mène à jouir de Dieu, c'est à dire la vérité,
la vertu, la paix, la justice (117).
68. Comme on voit, hélas
! s'accroître en certains endroits le nombre de ceux qui se posent en ennemis
de la Divinité et se répandre du coup, dans les faits et dans les têtes, les
principes erronés du matérialisme, en même temps qu'on exalte, çà et là, la
satisfaction effrénée des désirs 65, faut il s'étonner que se refroidisse dans
beaucoup d'âmes la charité, qui est la loi suprême de la religion chrétienne,
le fondement solide de la vraie et parfaite justice, la principale source de la
paix et des chastes joies ? Le Sauveur nous a avertis : « A cause des progrès
croissants de l'iniquité, la charité d'un grand nombre se refroidira » (118).
69. En présence de tant
de maux qui, aujourd'hui plus que jamais, troublent si amèrement les hommes,
les familles, les nations, le monde tout entier, où chercher un remède, Frères
? Peut on trouver une dévotion qui l'emporte sur le culte du Cœur de Jésus, qui
réponde plus parfaitement au caractère propre de la foi catholique, qui soit
plus apte à subvenir aux besoins actuels de l'Église et du genre humain ?
Quelle dévotion plus noble, plus douce, plus salutaire que celle là, dont
l'objet est la charité divine elle même ? (119). Y a-t-il quelque chose de plus
efficace que la charité du Christ - que la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus
entretient et accroît de jour en jour - pour décider les fidèles à faire passer
dans leur vie la loi évangélique, laquelle, comme l'Esprit-Saint nous en
avertit solennellement par les mots: « Opus justitiae pax » (120), est la
condition indispensable d'une vraie paix entre les hommes ?
70. Aussi me plait il, à
l'exemple de mon plus récent Prédécesseur, d'adresser à nouveau à tous mes fils
dans le Christ l'avertissement qu'à la fin du siècle dernier Léon XIII fit
entendre à tous les fidèles en même temps qu'à tous les hommes sincèrement
préoccupés de leur salut et de celui de la société civile : « Voici, offert à
Nos yeux aujourd'hui, un autre très heureux et très divin emblème : le
Sacré-Cœur de Jésus... brillant d'un splendide éclat au milieu des flammes.
C'est en lui qu'il faut placer toutes nos espérances, de lui qu'il faut
implorer et attendre le salut des hommes » (121).
d) Trois dévotions inséparables
71. C'est aussi mon désir
le plus cher que le culte du Cœur de Jésus soit considéré comme l'emblème et la
source de l'unité, du salut et de la paix par tous ceux qui se glorifient du
nom chrétien et qui combattent laborieusement pour l'établissement du règne du
Christ dans le monde. Qu'on n'aille pas croire cependant que cette dévotion
enlève quoi que ce soit aux autres dévotions où le peuple chrétien, sous la
direction de l'Église, honore le divin Rédempteur. Bien au contraire, une vive
dévotion au Cœur de Jésus favorisera, sans nul doute, plus particulièrement le
culte de la sainte Croix et l'amour envers le Saint Sacrement. On peut
affirmer, en effet, - et les révélations faites par Jésus Christ à sainte
Gertrude et à sainte Marguerite-Marie le montrent admirablement - que nul
n’aura jamais le sens adéquat de Jésus crucifié, à moins d’avoir eu accès aux
mystiques profondeurs de son Cœur. Et l’on ne saisira bien l’élan d’amour qui
poussa le Christ à se donner à nous comme aliment spirituel, qu'en honorant
d'un culte particulier le Cœur Eucharistique de Jésus, qui a pour but de nous
rappeler, selon les termes de mon Prédécesseur Léon XIII, « l'acte d'amour
suprême par lequel notre Rédempteur, répandant toutes les richesses de son
Cœur, afin de demeurer avec nous jusqu'à la fin des siècles, institua
l'adorable Sacrement de l'Eucharistie » (122). Et certes, « ce n'est pas une
part minime de son Cœur que l'Eucharistie, qu'il a tirée pour nous du si grand
amour de son Cœur » (123).
e) Vers une civilisation
de l’amour
72. Enfin, vivement
poussé par le désir d'opposer une solide barrière aux entreprises dévoyées des
ennemis de Dieu et de l'Église et de ramener la famille et la société à l'amour
de Dieu et du prochain, je n’hésite pas à déclarer que le culte du Sacré-Cœur
de Jésus est une école très efficace de l'amour divin, - cet amour divin sur
lequel doit reposer le Règne de Dieu à établir dans les âmes, dans les
familles, dans les nations, selon le sage avertissement de mon même
Prédécesseur : « Le règne de Jésus Christ reçoit sa force et sa forme de
l'amour divin : aimer saintement et dans l'ordre, voilà où il se fonde et se
résume. Le reste en découle nécessairement : être inviolablement fidèle au
devoir, n'attenter en rien au droit d'autrui, mettre les soucis terrestres à
leur juste place, donner à l'amour de Dieu la priorité sur tout le reste »
(124).
f) Le culte du Coeur
Immaculé de Marie
73. Et, afin que ce culte
envers le Cœur de Jésus entraîne de plus grands avantages pour la famille
chrétienne et pour le genre humain tout entier, les fidèles auront soin d'y
associer étroitement celui du Cœur Immaculé de Marie. Dieu a voulu, en effet,
que dans l'œuvre de la Rédemption des hommes, la Très Sainte Vierge fût
indissolublement unie au Christ, de sorte que le salut nous vînt de la charité
et des souffrances de Jésus-Christ intimement associées à l'amour et aux
douleurs de sa Mère : il convient donc que le peuple chrétien, qui a reçu la
vie divine du Christ par Marie, après avoir rendu au Sacré-Cœur de Jésus les
hommages qui lui sont dus, offre au Cœur très aimant de la Mère céleste les
témoignages conjoints de sa piété, de son amour, les élans d'un cœur disposé à
la reconnaissance et à la réparation. A ce très sage et très doux dessein de la
divine Providence s'accorde parfaitement l'acte de consécration par lequel j’ai
moi même solennellement dédié la Sainte Eglise et le monde entier au Cœur
Immaculé de la Bienheureuse Vierge 66 (125).
g) Vœux du pape pour les
célébrations du centenaire
74. Il y aura un siècle
cette année, comme je le disais plus haut, qu'en vertu d'une décision de mon
prédécesseur Pie IX, la fête du Sacré-Cœur de Jésus est célébrée dans l'Église
Universelle. Je désire vivement, Frères, que le peuple chrétien fête partout
solennellement ce centenaire en rendant au divin Cœur de Jésus des hommages
publics d'adoration, d'action de grâces et de réparation. Ces fêtes de la joie
et de la piété chrétiennes se célébreront avec une ferveur particulière - en
union de charité et de prière avec les fidèles du monde entier - dans la nation
où Dieu voulut que naquît la vierge consacrée 67 qui fut l'animatrice et l'infatigable
promotrice de ce culte.
75. En attendant,
réconforté par une douce espérance et pressentant déjà les fruits spirituels
abondants qu'apportera à l'Église le culte du Sacré-Cœur de Jésus - s'il est
compris comme je l’ai expliqué et s’il est activement mis en pratique –
j’adresse à Dieu mes ferventes prières pour qu'il daigne seconder mes vœux
ardents du puissant secours de ses grâces et qu'ainsi, par la faveur divine,
les célébrations de cette année aient pour heureux effet de faire croître de
jour en jour la dévotion des fidèles envers le Sacré-Cœur de Jésus et d'étendre
plus largement sur la terre son très doux empire et son règne : règne « de
vérité et de vie ; règne de sainteté et de grâce ; règne de justice, d'amour et
de paix » (126).
76. En gage de ces dons,
je vous accorde de grand cœur, Frères, tant à vous mêmes qu'aux ministres du
culte et au peuple confiés à vos soins, et particulièrement à ceux qui
travaillent à faire progresser le culte du Sacré-Cœur, la Bénédiction
Apostolique.
77. Donné à Rome, près
Saint-Pierre, le 15 mai de l'année 1956, de mon Pontificat la dix huitième.
PIE XII, PAPE
NOTES DE L'ENCYCLIQUE :
(1) Is. 12, 3.
(2) Jac. 1, 17.
(3) Io. 7, 37 39.
(4) Cfr. Is 12, 3 ; Ez.
47, 1 12 ; Zach. 13, 1 ; Ex. 17, 1-7; Num. 20, 7 13; 1 Cor. 10, 4; Apoc. 7, 17;
22, 1.
(5) Rom. 5, 5.
(6) 1 Cor. 6, 17.
(7) Io. 4, 10.
(8) Act. 4, 12.
(9) Enc. « Annum Sacrum
», 25 mai 1999 ; « Acta Leonis », vol.XIX, 1900 ; p.p. 71, 77, 78.
(10) Enc. «
Miserentissimus Redemptor », 8 mai 1928 AA.S. XX, 1928, p. 167.
(11) Cfr. Enc. « Summi
Pontificatus », 20 octob. 1939, A A.S. XXXI, 1939, p. 415.
(12) Cfr. A. A. S. XXXII,
1940, p. 276 ; XXXV, 1943, p. 170; XXXVII, 190, p.p. 263, 264 ; XL, 1948, p.
501 ; XLI, 1949. p. 331.
(13) Eph. 3, 20 21.
(14) Is. 12, 3.
(15) Conc. Ephés. can. 8;
cfr. Mans! « Sacrorum. Conciliorum Amplisa. Collectio », IV, l083 C; Conc.
Const. II, can. 9, cfr. ibid. IX, 382 E.
(16) Cfr. Enc. « Annum
sacrum » : « Acta Leonis », vol. XIX, 1900, p. 76.
(17) Cfr. Ex. 34, 27 28.
(18) Deut 6, 4 6.
(19) Sum. Theol. II II,
q. 2, a. 7; ed. Leon. tom. VIII, 1895, p. 34.
(20) Deut. 32, Il.
(21) Os. 11, 1, 3 4 ; 14,
5 6.
(22) Is. 49, 14 15.
(23) Cant. 2, 2 ; 6, 2 ;
8, 6.
(24) Io. 1, 14.
(25) Ier. 31, 3; 31,
33-34.
(26) Cf r. Io. 1, 29.
(27) Io. 1, 16 17.
(28) Io. 21, 23.
(29) Eph. 3. 17 19.
(30) Sum Theol. III, q.
48, a 2 ; ed. Leon tom. 3a, 1903, p. 464.
(31) Cfr. Enc. «
Miserentissimus Redemptor », A. A. S. XX, 1928, p. 170.
(32) Eph. 2. 4 , Sum
Theol. II, q. 46 ; a. 1 ad. 3 ; ed. Leon. tom. XI, 1903, p. 436.
(33) Eph. 3, 18.
(34) Io. 4, 24.
(35) 2 Io. 7.
(36) Cf.r. Lc 1, 35.
(37) S. Leo Magnus,
Epist. dogm. « Lectis dilectionis tuae » ad Flavianum Const. Patr. 13 Jun. a
449; cfr. P. L. LIV, 763.
(38) Conc. Chalced. a.
451; cfr. Mansi. Op. cit. VIl, 115 B.
(39) S. Gelasius Ppa,
Tract.III: « Necessarium » de duabus naturis in Christo, cf. A.Thiel, Epist.
Rom.. Pont. a S. Hilaro usque ad Pelagium II, p. 582.
(40) Cfr. S. Thom. Sum
Théol. III. . q. 15 a. 4 ; q. 18, a, 6 ed. Leon. tom. XI, 1903, p. 189 et 237.
(41) Cfr. 1 Cor. 1, 23.
(42) Hebr. 2, 11 14 ; 17
18.
(43) Apol. 2, 13 ; P. G.
6, 465.
(44) Epist. 261, 3 P. G
XXXII, 972.
(45) In Ioann. Homil. 63,
2: P. G. LIX, 350.
(46) De fide ad Gratianum,
11, 7, 56 ; P. L. XVI, 594.
(47) Cfr. Super Matth.
XXVI, 37 ; P. L. XXVI, 205.
(48) Enarr. in Ps.
LXXXVII, 3 ; P. L. XXXVII, 1111.
(49) De Fide Orth. III,
6: P. G. XCIV, 1006.
(50) Ibid. 111, 20 ; P.
G. XCIV, 1081.
(51) Sum. Theol. I II, q.
48 a. 4 ; ed. Leon. tom. VI 1891, 306.
(52) Col. 2, 9.
(53) Cfr. Sum. Theol.
III, q. 9, aa. 1 3 ; ed. Leon. tom. XI, 1903 p. 142.
(54) Cfr. Ibid. III, q.
33 a. 2, ad. 3 m ; q. 46, a. 6 ; ed. Leon, tom. XI, 103, p.p.342, 343.
(55) Tit. 3, 4.
(56) Matth. 27, 50 ; Io.
19, 30.
(57) Eph. 2, 7.
(58) Hebr. 10, 5 7, 10.
(59) Rogistr. epist. lib.
IV, ep. 31 ad Theodorum medicum P. L. LXXVII, 706.
(60) Marc. 8, 2.
(61) Matth. 23, 37.
(62) Matth., 21, 13.
(63) Matth. 26, 39.
(64) Matth. 26, 50 ; Luc.
22, 48.
(65) Luc. 21 28, 31.
(66) Luc. 23, 34.
(67) Matth. 27, 4&
(68) Luc, 23, 43.
(69) Io. 19, 28.
(70) Luc. 23, 46.
(71) Luc. 22, 15.
(72) Luc. 22, 19 20.
(73) Mal. 1, 11.
(74) De sancta
virginitate, VII : PL XL, 399.
(75) Io. 15, 13.
(76) 1 Io. 3,16.
(77) Gal. 2, 20.
(78) Cfr.. Thom. Surn.
Theol. III, q.19, a. 1 ; ed. Leon, tom. XI, 1903, P. 329.
(79) Sum. Theol. Suppl,
q. 42, a. 1 ad 3 m ; ed. Leon. tom. XII, 1906, p 81.
(80) Hymn. ad Vesp. Festi
Ssmi Cordis Iesu.
(81) Sum. Theol.III q.
66, a. 3 ad 3 m: ed. Leon. tom. XII. 1906, P. 65.
(82) Eph. 5, 2.
(83) Eph., 4, 8. 10.
(84) Io. 14.16.
(85) Col. 2. 3.
(86) Rom. 8, 36, 37 39.
(87) Eph., 5, 25-27.
(88) Cfr. 1 Io, 2, 1.
(89) Hebr. 7. 25.
(90) Hebr. 5, 7.
(91) Jn 3, 16.
(92) S. Bonaventura,
Opusc. X: Vitis mystica, c. III, n. 5; Opera Omnia, Ad Claras Aquas (Quaraoehi)
1898, tom. VIII, p. 164; cfr. S. Thom. Sum. 'Theol. III, q. 54, a. 4; ed Leon.
tom. XI, 1903, P. 513.
(93) Rom. 8, 32.
(94) Cfr. Sum Theol. III,
q. 46, a. 5: ed. Leon. tom. XI, 1903, p. 467.
(95) Luc, 12, 50.
(96) Io. 20, 28.
(97) Jn. 19, 37 ; cfr.
Zach. 12, 10.
(98) Cfr. Litt. Enc. «
Miserentissimus Redemptor » : A.A.S. XX, 1928, pages 167 168.
(99) Cfr. GardelIini,
Decreta .uthentica, 1857, n. 4.579, tom. III, p. 174.
(100) Cfr. Decr S. C.
Rit. apud N. Nilles. De rationjibus festorurn Sacratissimi Cordis Jesu et
purissimi Cordis Mariae, 5a, ed. Innsbruck, 1885, tom. 1, p. 167.
(101) Eph. 3,14, 16 19.
(102) Tit. 3, 4.
(103) Io. 3, 17.
(104) Io. 4. 23 24.
(105) Innocentius XI,
Constit. Ap. « CoeIestis Pastor », 19 novembris 1687 ; « Bullarium Romanum », Romae,
1734, tom. VIII, p. 443.
(106) Sum. Theol. II II
q. 81 a 3 ad 3 m : ed. Leon. tom IX 1897, P. 180.
(107) Io. 14, 6.
(108) Jn 13, 34 ; 15, 12.
(109) Jer, 31, 31.
(110) Comment. in Evang.
S. Ioann., c. XIII, lect. VII, 3, ed. Parmae, 1960, tom. X, p. 541.
(111) Sum. Theol. II-II
q. 82, a. 1 : ed. Leon tom. IX, 1897, p. 187.
(112) Ibid I, q. 38, a. 2
; ed. Leon. tom. IV, 1888, p. 393.
(113) Marc, 12, 30 ;
Matth. 22, 37.
(114) Cfr. Léo XIII, Enc.
« Annurn Sacrum » : Acta Leonis, vol. XIX, 1900, p. 71 sq. : Decr. 9. C.
Rituum, 28 Iun. 1899, in Decr. Auth. III, n. 3712; Pius XI, Enc. «
Miserentissimus Redemptor » : A.A.S. 1928, p. 177, sq. ; Decr. S. C. Rit. 29 Jan.
1929, ASS. XXI, 1929, p. 77.
(115) Luc, 15. 22.
(116) Exposit. in Evang.
sec. Lucam, t. X, n. 175: P. L. XV, 1942.
(117) Thom. Sum Theol. II
II, q. 34. a. 2; ed. Leon, tVIII; 1875 p. 274.
(118) Matth. 24, 12.
(119) Cfr. Enc. «
Miserentissimus Redemptor » : A.AS. XX, 1928, p. 106.
(120) Is. 32, 17.
(121) Enc. « Annum Sacrum
» : Acta leonis, vol. XIX, 1900, p. 79 ; Enc. « Miserentissimus Redemptoi, » :
AAS. XX 1928, p. 167.
(122) Litt. Apost. quibus
Archisodalitas a Corde Eucharistico lesu ad S. Ioachim' de Urbe erigitur, 17
Febr. Acta Leonis, vol. XXII, 1903, p. 307 sq. : cifr. Enc. « Mirae caritatis»,
22 Mali 1902: Acta Leonis, vol. XXII, 1903, p. 116.
(123) S. Albertus M. De
Eucharistia, dist. VI, tr. 1, c. 1 ; Opera Omnia ed Borgnet. vol. ]XXXVIII,
Parisils, 1890, p. 358.
(124) Enc. « Tametsi » :
Acta Leonis, vol. XX, 1900 p. 303.
(125) Cfr. A.A.S. XXXIV,
1942, p. 30 sq.
(126) Ex. Miss. Rom. Prae
lesu Christi Regis.
NOTES DU PERE GLOTIN
(01)
(02) Une ambiance de joie collective marque d’emblée le culte du Coeur de
Jésus.
(03) L’Encyclique était
destiné à commémorer le centenaire de l’extension à l’Eglise universelle de la
Fête du Coeur de Jésus, qui était déjà célébrée dans un certain nombre de
diocèses.
(04) L’Encyclique est le
premier document romain à s’écarter de l’ancienne Vulgate, qui faisait couler
les Fleuves du sein du croyant. Les versions actuelles du lectionnaire liturgique
et de la Nouvelle Vulgate ont adopté cette ponctuation, qui se trouve attestée
chez un certain nombre de témoins des premiers siècles, parfois proches
d’Ephèse où vécut saint Jean. Puisque l’Apôtre voyait dans ces Fleuves le
symbole de l’Esprit, les deux alinéas suivants vont insister sur le lien qui
unit cet Esprit d’amour au Coeur de Jésus, ce qui confère d’emblée à son mystère
une ouverture trinitaire.
(05) A première vue, la
spécificité du culte rendu au Coeur de Jésus, ce n’est qu’un acte (sans doute
le plus excellent qui soit) de la vertu morale de religion : la “consécration
de soi pleine et sans retour” au coeur blessé du Rédempteur. Mais, du fait de
la dimension trinitaire de ce culte, sa nature plus profonde consiste en un
acte de la vertu théologale de charité : “rendre amour pour amour au Divin
Amour”, qui est l’Esprit Saint.
(06) La vertu de charité
tendant à nous établir dans une parfaite adhésion à la Volonté divine, le culte
du Coeur de Jésus efface pour ainsi dire la distance qui sépare le Créateur de
sa créature : de même que le Père et le Fils ne font qu’un, nous devenons “un
seul esprit” avec le Seigneur Jésus.
(07) Par deux fois,
l’Encyclique refusera d’inscrire ce culte au nombre des dévotions
surérogatoires.
(08) A l’époque, le
machisme n’était pas propre à l’Eglise.
(09) C’était l’époque du
développement de l’Action Catholique.
(10) Le but de
l’Encyclique est d’exposer les fondements du culte du Coeur de Jésus dans la
Révélation divine, c’est-à-dire conjointement dans la Bible et la doctrine des
Pères et des théologiens.
(11) L’exposé doctrinal
de l’Encyclique se compose donc de trois parties : biblique, patristique,
théologique. A noter que, si elle a son fondement dans le culte de l’amour du
Christ et de la Trinité pour les hommes, la dévotion au Coeur de Jésus s’en
distingue par des notes spécifiques.
(12) Le culte de latrie
est celui qui n’est dû qu’à Dieu seul ou à ce qui lui appartient en propre :
ici, le Coeur d’une Personne divine.
(13) Le corps de Jésus
est adorable dans toutes ses parties, mais l’encyclique ne donne pas la raison
anthropologique de la noblesse symbolique du “ coeur ”, qui, depuis longtemps,
était communément admise.
(14) Par union
hypostatique, on entend l’étroite union des deux natures – divine et humaine –
dans la Personne du Christ.
(15) Un symbolisme est
naturel s’il se fonde dans la nature de l’organisme humain. L’Encyclique se
contente de noter que – du moins dans la mentalité commune - aucun autre organe
corporel ne rivalise avec le coeur, lorsqu’il s’agit de signifier l’amour.
(16) A première vue, la
Bible ne fait aucune mention certaine d’un culte spécifique (peculiari) rendu
au Coeur physique de Jésus en tant que symbole de sa charité. Il n’est
cependant pas exclu que, relus à la lumière de la Tradition, un processus
d’explicitation ne révèle comment certains passages de l’Ecriture contenaient
déjà les germes d’un tel culte.
(17) Toute une symbolique
de l’amour a préparé l’Eglise à accueillir celle du Coeur de Jésus, d’autant
qu’on la rencontre parfois dans des passages qui annoncent la venue du Messie.
(18) Le Livre du
Deutéronome réinterprétait déjà l’Alliance du Sinaï comme une expression de l’amour
de Dieu pour son peuple.
(19) La nouvelle alliance
promise par Jérémie avait trouvé son expression symbolique dans l’image d’une
“source d’eau vive” qui allait fertiliser la terre desséchée de l’humanité.
(20) La Nouvelle
Alliance, scellée dans le Sang de l’Agneau de Dieu, revêt les traits d’un pacte
d’amitié entre un père et ses fils.
(21) De cet alinéa
capital il ressort que le Coeur de Jésus dit essentiellement la Miséricorde de
Dieu envers l’humanité pécheresse. Des deux directions – ascendante et
descendante - de l’acte rédempteur, l’amour qui monte du Christ vers son Père
est qualifié seulement de juste, tandis que l’amour de la Trinité qui descend
vers l’humanité est défini comme miséricordieux. Or, dans son Encyclique Dives
in misericordia (§ 13), Jean-Paul II fera sienne l’opinion théologique que la
Miséricorde est le plus grand des attributs divins.
(22) Au lieu d’humilier
l’humanité par un pardon condescendant, Dieu lui a concédé la fierté d’un
rachat dû à la médiation de l’un des siens, le Christ, - opérant ainsi “cette
admirable conciliation entre la divine justice et la divine miséricorde qui
constitue le mystère transcendant de notre salut”.
(23) Le mystère de
l’Incarnation implique que Jésus ait eu un coeur physique comme le nôtre, dont
les palpitations réagissaient à ses émotions.
(24) Contrairement à ce
qui se passe dans le nôtre, une parfaite harmonie régna toujours dans le coeur
de Jésus : par le biais de sa parfaite charité, son affectivité épousa tous les
mouvements de l’Amour divin. Cf. ci-dessous § 28.
(25) A travers les récits
bibliques, le visage de Jésus apparaît comme le “miroir” de son coeur. Dans la
Lettre Apostolique Novo Millenio Ineunte (6. 01. 2001), Jean-Paul II a invité
l’Eglise du troisième millénaire à contempler ce visage pour entrer dans “la
profondeur du mystère” de son “coeur”.
(26) Cf. Somme Théologique
I-II, 48, 4.
(27) L’Encyclique ne va
pas cesser de reprendre cette division du triple amour : amour divin, charité
humaine, affectivité.
(28) Image symbolique,
témoin de notre rédemption, échelle mystique : ces trois facettes du symbole
lui donnent un relief particulier pour exprimer le mystère de l’Incarnation
rédemptrice.
(29) Telle est la
conclusion qui se dégage de toutes les réflexions précédentes : notre
imaginaire résume dans le Coeur de Jésus la doctrine de l’union hypostatique –
une Personne en deux natures -, telle qu’elle a été définie au concile de
Chalcédoine. Bien plus, comme l’avait dit équivalemment Pie XI, on peut
considérer ce Coeur comme le résumé symbolique de tout le mystère de notre
Rédemption. Toute l’Encyclique tient dans cette phrase, qui dit le rôle central
de la spiritualité du Coeur de Jésus dans la vie de l’Eglise.
(30) Ce résumé symbolique
de la Rédemption nous incite à adorer, en tant qu’il constitue le pôle de sa
vie affective, l’amour divin et humain qui a poussé le Christ à donner sa vie
pour l’Eglise, son Epouse.
(31) Prouver qu’envisagé
dans sa signification profonde, le culte du Coeur de Jésus a sa source première
dans la Révélation biblique, tel fut le propos des trois premiers chapitres de
l’Encyclique.
(32) L’Encyclique y
insiste : par concomitance, le culte de l’amour du Verbe incarné inclut celui
de la Trinité tout entière.
(33) Thomas d’Aquin
enseigne que, si seul le Christ mérite proprement le nom de Rédempteur car seul
il a versé son sang pour nous, c’est pourtant toute la Trinité qui est “le
principe premier et lointain” de la Rédemption, car c’est elle qui lui a inspiré
ce don total de lui-même.
(34) Que met sous nos
yeux le symbole du Cœur de Jésus, sinon le mouvement biblique de la Miséricorde
rédemptrice s’inclinant vers nous et, par le biais de la charité infuse,
émouvant l’affectivité profonde de Jésus - celle qui fit battre son coeur
humain et dont celui-ci est le symbole naturel (HA 27) - au point que,
bouleversé, non seulement il en vint à donner sa vie pour nous, mais qu’il lui
en avait coûté de voir si longtemps différé ce “baptême du sang” ardemment
désiré (Lc 12, 50) ? Le Coeur de Jésus puisant l’ardeur de son amour au plus
intime de la Miséricorde trinitaire : telle est la vision dynamique qui, après
plus de deux siècles de réflexion théologique, s’était, en 1956, imposée à
l’Eglise.
(35) Peut-on parler d’un
culte du Coeur de Jésus avant les révélations faites aux mystiques du Moyen Age
? L’avis du pape est prudent mais clair : il suit de la définition biblique de
ce culte, donnée dans l’alinéa précédent, que, sous la forme générale d’une
réponse à l’amour rédempteur et sous des formes culturelles qui préfiguraient
la symbolique du Coeur transpercé, il n’a jamais pu être totalement étranger à
la vie chrétienne.
(36) Le culte
d’“adoration, de gratitude et d’amour” rendu de tout temps à l’humanité du
Christ et bientôt à la plaie de son Côté contenait implicitement celui de son
Coeur transpercé : il n’est pas interdit de penser que les chrétiens suivirent
là l’exemple des Apôtres, voire celui de la Mère de Dieu, qui avait été à
jamais marquée par la douleureuse vision de son Fils crucifié. Les liturgies
orientales et les Pieta occidentales traduisent l’expression médiévale de cette
conviction.
(37) L’évangile lui-même
en est témoin : c’est en découvrant la plaie du Côté – en la palpant, selon les
Byzantins - que l’apôtre Thomas a, le premier, confessé clairement la divinité
du Christ. Ce n’est pas seulement la foi et l’adoration, mais aussi l’amour qui
allait ainsi à la rencontre de l’Amour rédempteur inscrit dans la chair du
Ressuscité.
(38) La lente progression
d’un culte particulier rendu au Coeur de Jésus comme symbole de son amour
rédempteur sera l’accomplissement de la prophétie de Jean l’évangéliste.
(39) Pourtant les
recherches historiques du siècle dernier montrent que, dès le XVe siècle, la
dévotion au Coeur de Jésus était déjà largement répandue parmi les populations
germaniques.
(40) Les quelques auteurs
cités sont pris exclusivement parmi les personnages canonisés par l’Eglise.
(41) Jean Eudes fut donc
pionnier en matière de liturgie, anticipant d’ailleurs sur le message de Paray
qui ne sera rendu public qu’en 1685.
(42) Les révélations de
Paray-le-Monial ont donné au culte du Coeur de Jésus sa forme moderne, qui se
caractérise par l’amour et la réparation.
(43) La phrase ne figure
plus dans la liturgie latine.
(44) Ecriture, Tradition,
Liturgie : le peuple chrétien est invité à puiser sa dévotion au Coeur de Jésus
à ces trois sources.
(45) Deuxième mention de
ces deux traits distinctifs du culte moderne rendu au Coeur de Jésus. Cf. plus
haut § 51.
(46) C’est toute la différence
entre l’idole et l’icône.
(47) Ce culte est dit
relatif en tant qu’il s’adresse à Celui que représente l’image.
(48) Le symbole du Coeur
de Jésus tire son privilège de ce qu’il permet de pénétrer jusqu’au plus intime
du mystère de l’Amour divin, comme va l’expliquer l’alinéa suivant.
(49) Comme tout
authentique symbolisme, celui du Coeur de Jésus s’enracine dans une réalité
physique, en l’occurrence d’ordre biologique.
(50) L’Amour divin vient
à notre rencontre à travers la charité du Christ et son affectivité humaine.
Inversement, notre contemplation du symbole du coeur du Christ comporte un mouvement
dynamique qui gravit, comme d’un seul élan, les trois degrés de “l’échelle
mystique” de l’amour : affectivité, charité, Amour divin.
(51) Du fait des deux
natures du Christ, on peut certes distinguer entre l’affectivité qui relève
exclusivement de la physiologie de sa nature humaine et les deux autres amours
– charité infuse d’en haut et amour divin - qui sont de caractère purement
spirituel. En tant que Dieu incarné et homme véritable, composé de corps et
d’âme, sa psychologie fonctionnait cependant comme un tout unifié.
(52) Le propre de l’union
hypostatique interdit de concevoir la présence de ces trois amours dans
l’unique Personne du Christ sur le mode d’une simple juxtaposition : les deux
autres amours étant entièrement soumis à l’Amour divin, on peut parler de
“liaison naturelle” entre les trois amours du Christ.
(53) C’est cette
ressemblance analogique des deux autres amours avec l’Amour divin qui fait du
Coeur de Jésus une véritable “échelle mystique” permettant d’accéder de quelque
façon au mystère secret de sa Personne divine.
(54) La distance entre le
créé et l’Incréé est telle qu’il nous est demandé de reconnaître d’emblée les
limites intellectuelles d’une telle connaissance d’ordre symbolique : la
réalité de l’Amour divin transcende infiniment tout ce qu’on peut en dire et
les mystiques eux-mêmes n’en ont eu qu’une expérience partielle.
(55) Le correctif est
important : la voie symbolique est la seule qui permette de pénétrer, par
analogie, quelque chose du mystère de l’Amour divin dont le Coeur de Jésus
porte “l’empreinte”.
(56) Le culte du Coeur de
Jésus sous la forme très ouverte prônée par l’encyclique n’a rien de facultatif
pour un catholique.
(57) Le mot de “dévotion”
demande à être revalorisé : selon saint Thomas, il exprimait la promptitude du
don de soi.
(58) Si tout service
gratuit est de l’ordre du don, que dire de l’amour qui commande tout l’ordre du
don ?
(59) La consécration au
Coeur de Jésus est le parfait accomplissement du commandement central de la Loi
ancienne.
(60) Les promesses
populaires de Paray-le-Monial.
(61) Pour la troisième
fois, la dévotion au Coeur de Jésus est définie par ces deux notes. Elles se
traduisent par la consécration et l’amende honorable, comme on en trouve un
exemple récent chez Mère Térésa et ses Missionnaires de la Charité.
(62) Léon XIII en 1899.
(63) Dans ces années
1950, la déchristianisation progressait parmi les peuples d’Occident rongés par
le matérialisme pratique.
(64) C’était l’époque où,
après l’effondrement du nazisme, le communisme restait menaçant.
(65) La société était à
l’époque sollicitée par les doctrines contradictoires du matérialisme marxiste
et de l’hédonisme libéral. C’est celui-ci qui a fini aujourd’hui par triompher
sans contrepoids.
(66) Pour répondre à la
demande de Lucie de Fatima, Pie XII fit en 1942 un premier acte de
consécration, qu’il renouvela dix ans plus tard en mentionnant la Russie.
(67) Sainte
Marguerite-Marie.
SOURCE : http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Sacre_Coeur/Encyclique/Haurietis-Aquas.html
Sainte
Marguerite-Marie Alacoque, moniale de l'Ordre de la Visitation de Sainte-Marie,
Monastère de Paray-le-Monial (France)
Saint
Margaret Mary Alacoque, religious of the Order of the Visitation of Holy Mary, Monastery
of Paray-le-Monial (France)
Santa
Margherita Maria Alacoque, monaca dell'Ordine della Visitazione di Santa Maria,
Monastero di Paray-le-Monial (Francia)
PÈLERINAGE APOSTOLIQUE EN
FRANCE
HOMÉLIE DU PAPE JEAN-PAUL
II
Paray-le-Monial (France)
Dimanche, 5 octobre 1986
1. “Je vous donnerai
un cœur nouveau . . .” (Ez 36, 26).
Nous nous trouvons en un
lieu où ces paroles du prophète Ezéchiel retentissent avec force. Elles ont été
confirmées ici par une servante pauvre et cachée du Cœur divin de Notre
Seigneur: sainte Marguerite-Marie. Bien des fois, au cours de l’histoire, la
vérité de cette promesse a été confirmée par la Révélation, dans l’Eglise, à
travers l’expérience des saints, des mystiques, des âmes consacrées à Dieu.
Toute l’histoire de la spiritualité chrétienne en témoigne: la vie de l’homme
croyant en Dieu, tendu vers l’avenir par l’espérance, appelé à la communion de
l’amour, cette vie est celle de l’homme “intérieur”. Elle est illuminée par la
vérité admirable du Cœur de Jésus qui s’offre lui-même pour le monde.
Pourquoi la vérité sur le
Cœur de Jésus nous a-t-elle été confirmée singulièrement ici, au XVIIe siècle,
comme au seuil des temps modernes?
Je suis heureux de
méditer ce message en terre de Bourgogne terre de sainteté, marquée par Cîteaux
et Cluny, où l’Evangile a modelé la vie et l’œuvre des hommes.
Je suis heureux de redire
le message de Dieu riche en miséricorde dans la diocèse d’Autun qui
m’accueille. Je salue cordialement Monseigneur Armand le Bourgeois, pasteur de
cette Eglise, et son auxiliaire Monseigneur Maurice Gaidon. Je salue les représentants
des Autorités civiles, locales et régionales. Je salue tout le peuple de Dieu
ici rassemblé, les travailleurs de la terre et ceux de l’industrie, les
familles, en particulier les associations qui animent leur vie chrétienne, les
associations qui aiment leur vie chrétienne, les séminaristes qui commencent
leur marche vers le sacerdoce, les pèlerins du Sacré-Cœur, notamment la
Communauté de l’Emmanuel très attachée à ce lieu, ainsi que tous ceux qui
viennent ici affermir leur foi, leur esprit de prière et leur sens de l’Eglise,
dans les sessions d’été ou d’autres démarches communautaires.
Et je voudrais être
proche aussi de toutes les personnes qui, grâce à la télévision, suivent dans
leur foyer cette célébration.
2. “Je vous donnerai un
cœur”: Dieu nous le dit par le Prophète. Et le sens s’éclaire par le contexte.
“Je verserai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés” (Ez 36, 25), Oui,
Dieu purifié le cœur humain. Le cœur, créé pour être le foyer de l’amour, est
devenu le foyer central du refus de Dieu, du péché de l’homme qui se détourne
de Dieu pour s’attacher à toutes sortes d’“idoles”. C’est alors que le cœur est
“impur”. Mais quand le même lieu intérieur de l’homme s’ouvre à Dieu, il
retrouve la “pureté” de l’image et de la ressemblance imprimées en lui par le Créateur
depuis le commencement.
Le cœur, c’est aussi le
foyer central de la conversion que Dieu désire de la part de l’homme et pour
l’homme, pour entrer dans son intimité, dans son amour. Dieu a créé l’homme
pour qu’il ne soit ni indifférent ni froid, mais ouvert à Dieu. Comme elles
sont belles les paroles du Prophète: “J’enlèverai votre cœur de pierre, et je
vous donnerai un cœur de chair” (Ez 36, 26)! Le cœur de chair, un cœur qui a
une sensibilité humaine et un cour capable de se laisser saisir par le souffle
de l’Esprit Saint.
C’est là ce que dit
Ezéchiel: “Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit
nouveau . . . mon esprit” (Ez 36, 26-27).
Frères et Sœurs, que
chacun d’entre nous se laisse purifier et convertir par l’Esprit du Seigneur!
Que chacun d’entre nous trouve en lui une inspiration pour sa vie, une lumière
pour son avenir, une clarté pour purifier ses désirs!
Aujourd’hui, je voudrais
annoncer particulièrement aux familles la bonne nouvelle du don admirable: Dieu
donne la pureté du cœur, Dieu permet de vivre un amour vrai!
3. Les paroles du
prophète préfiguraient la profondeur de l’expérience évangélique. Le salut à
venir est déjà présent.
Mais comment l’Esprit
viendra-t-il dans le cœur des hommes? Quelle sera la transformation tant
désirée par le Dieu d’Israël.
Ce sera l’œuvre de
Jésus-Christ: le Fils éternel que Dieu n’a pas épargné, mais qu’il a donné pour
nous tous, pour nous donner toute grâce avec lui (cf. Rm 8, 32), pour nous
offrir tout avec lui!
Ce sera l’œuvre étonnante
de Jésus. Pour qu’elle soit révélée, il faudra attendre jusqu’à la fin, jusqu’à
sa mort sur la Croix. Et lorsque le Christ “a remis” son esprit entre les mains
du Père (cf. Lc 23, 46), alors se produit cet événement : “Des soldats vinrent
. . . ils vinrent à Jésus et voyant qu’il était déjà mort . . . un des soldats
avec sa lance lui perça le coté, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau”
(Jn 19, 32-34).
L’événement paraît
“ordinaire”. Sur le Golgotha, c’est le dernier geste dans une exécution
romaine: la constatation de la mort du condamné. Oui, il est mort, il est
réellement mort!
Et dans sa mort, il s’est
révélé lui-même jusqu’au bout. Le cœur transpercé est son ultime témoignage.
Jean, l’Apôtre qui se tenait au pied de la Croix, l’a compris; au cours des
siècles, les disciples du Christ et les maîtres de la foi l’ont compris. Au
XVII’ siècle, une religieuse de la Visitation a reçu de nouveau ce témoignage à
Paray-le-Monial; Marguerite-Marie le transmet à toute l’Eglise au seuil des
temps modernes.
Par le Cœur de son Fils,
transpercé sur la Croix, le Père nous a donné tout, gratuitement. L’Eglise et
le monde reçoivent le Consolateur: l’Esprit Saint. Jésus avait dit: “Si je
pars, je vous l’enverrai”, Son cœur transpercé témoigne qu’il “est parti”. Il
envoie désormais l’Esprit de vérité. L’eau qui coule de son côté transpercé est
le signe de l’Esprit Saint: Jésus avait annoncé à Nicodème la nouvelle
naissance “de l’eau et de l’Esprit”. Les paroles du Prophète s’accomplissent:
“Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau”.
4. Sainte
Marguerite-Marie a connu ce mystère admirable, le mystère bouleversant de
l’Amour divin. Elle a connu toute la profondeur des paroles d’Ezéchiel: “Je
vous donnerai un cœur”.
Tout au long de sa vie
cachée dans le Christ, elle fut marquée par le don de ce Cœur qui s’offre sans
limite à tous les cœurs humains. Elle était saisie tout entière par ce mystère
divin, comme l’exprime l’admirable prière du psaume de ce jour:
“Bénis le Seigneur, ô mon
âme, bénis son nom très saint, tout mon être!”.
“Tout mon être”, c’est
dire “tout mon cœur”!
“Bénis mon être”, c’est
dire “tout mon cœur”!
Bénis le Seigneur! . . .
N’oublie aucun de ses bienfaits! Il pardonne. Il “guérit”. Il “réclame ta vie à
la tombe”. Il “te couronne d’amour et de tendresse”.
II est bon et plein
d’amour. Lent à la colère. Plein d’amour: d’amour miséricordieux, Lui qui se
souvient “de quoi nous sommes pétris”.
Lui. Vraiment lui, le
Christ.
5. Toute sa vie, sainte
Marguerite-Marie brûlait de la flamme vive de cet amour que le Christ est venu
allumer dans l’histoire de l’homme.
Ici, en ce lieu de
Paray-le-Monial, comme jadis l’Apôtre Paul, l’humble servante de Dieu semblait
crier au monde entier: “Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ?”.
Paul s’adressait à la
première génération des chrétiens. Ils savaient ce que sont “la détresse,
l’angoisse, la persécution, la faim, et même la nudité” (dans les arènes, sous
les dents des bêtes), ils savaient ce que sont le péril et le glaive!
Au XVIIe siècle, la même
question retentit, posée par Marguerite Marie aux chrétiens d’alors, à
Paray-le-Monial.
En notre temps, la même
question retentit, adressée à chacun de nous. A chacun en particulier, quand il
regarde son expérience de la vie familiale.
Qui brise les liens de
l’amour? Qui éteint l’amour qui embrase les foyers?
6. Nous le savons, les
familles de ce temps connaissent trop souvent l’épreuve et la rupture. Trop de
couples se préparent mal au mariage. Trop de couples se désunissent, et ne
savent pas garder la fidélité promise, accepter l’autre tel qu’il est, l’aimer
malgré ses limites et sa faiblesse. Alors trop d’enfants sont privés de l’appui
équilibré qu’ils devraient trouver dans l’harmonie complémentaire de leurs
parents.
Et aussi, quelles
contradictions à la vérité humaine de l’amour, lorsque l’on refuse de donner la
vie de manière responsable, et lorsque l’on en vient à faire mourir l’enfant
déjà conçu!
Ce sont là les signes
d’une véritable maladie qui atteint les personnes, les couples, les enfants, la
société elle-même!
Les conditions
économiques, les influence de la société, les incertitudes de l’avenir, sont
invoquées pour expliquer les altérations de l’institution familiale. Elles
pèsent, certes, et il faut y remédier. Mais cela ne peut justifier que l’on
renonce à un bien fondamental, celui de l’unité stable de la famille dans la
libre et belle responsabilité de ceux qui engagent leur amour avec l’appui de
la fidélité inlassable du Créateur et du Sauveur.
N’a-t-on pas trop souvent
réduit l’amour aux vertiges du désir individuel ou à la précarité des
sentiments? De ce fait, ne s’est-on pas éloigné du vrai bonheur qui se trouve
dans le don de soi sans réserve et dans ce que le Concile appelle “le noble
ministère de la vie”? Ne faut-il pas dire clairement que se rechercher soi-même
par égoïsme plutôt que chercher le bien de l’autre, cela se nomme le péché? Et
c’est offenser le Créateur, source de tout amour, et le Christ Sauveur qui a
offert son cœur blessé pour que ses frères retrouvent leur vocation d’êtres qui
engagent librement leur amour.
Oui, la question essentielle
est toujours la même.
Le danger est toujours le
même: que l’homme soit séparé de l’amour!
L’homme déraciné du
terrain le plus profond de son existence spirituelle. L’homme condamné à avoir
de nouveau un “cœur de pierre”. Privé du “cœur de chair” qui soit capable de
réagir avec justesse au bien et au mal. Le cœur sensible à la vérité de l’homme
et à la vérité de Dieu. Le cœur capable d’accueillir le souffle de l’Esprit
Saint. Le cœur rendu fort par la force de Dieu.
Les problèmes essentiels
de l’homme - hier, aujourd’hui et demain - se situent à ce niveau. Celui qui
dit “je vous donnerai un cœur” veut mettre dans ce mot tout ce par quoi l’homme
“devient plus”.
7. Le témoignage de
beaucoup de familles montre assez que les vertus de la fidélité rendent
heureux, que la générosité des conjoints l’un pour l’autre et ensemble
vis-à-vis de leurs enfants est une vraie source de bonheur. L’effort de
maîtrise de soi, le dépassement des limites de chacun, la persévérance aux
divers moments de l’existence, tout cela conduit à un épanouissement dont on
peut rendre grâce.
Alors il devient possible
de porter l’épreuve qui survient, de savoir pardonner une offense, d’accueillir
un enfant qui souffre, d’illuminer la vie de l’autre, même faible ou diminué,
par la beauté de l’amour.
Aussi voudrais-je
demander aux Pasteurs et aux animateurs qui aident les familles à s’orienter,
de leur présenter clairement l’appui positif que constitue pour elles
l’enseignement moral de l’Eglise. Dans la situation confuse et contradictoire
d’aujourd’hui, il faut reprendre l’analyse et les règles de vie qui ont été
exposées particulièrement dans l’exhortation apostolique Familiaris Consortio,
à la suite du Synode des Evêques, en exprimant l’ensemble de la doctrine du
Concile et du Magistère pontifical.
Le Concile Vatican II
rappelait que “la loi divine manifeste la pleine signification de l’amour
conjugal, elle le protège et le conduit à son achèvement vraiment humain”.
8. Oui, grâce au
sacrement du mariage, dans l’Alliance avec la Sagesse divine, dans l’Alliance
avec l’amour infini du Cœur du Christ, familles, il vous est donné de
développer en chacun de vos membres la richesse de la personne humaine, sa
vocation à l’amour de Dieu et hommes.
Sachez accueillir la
présence du Cœur du Christ en lui confiant votre foyer. Qu’il inspire votre
générosité, votre fidélité au sacrement où votre alliance a été scellée devant
Dieu! Et que la charité du Christ vous aide à accueillir et à aider vos frères
et sœurs blessés par les ruptures, laissés seuls; votre témoignage fraternel
leur fera mieux découvrir que le Seigneur ne cesse d’aimer ceux qui souffrent.
Animés par la foi qui vous
a été transmise, sachez éveiller vos enfants au message de l’Evangile et à leur
rôle d’artisans de justice et de paix. Donnez-leur d’entrer activement dans la
vie de l’Eglise. Ne vous déchargez pas sur d’autres, coopérez avec les Pasteurs
et les autres éducateurs dans la formation à la foi, dans les œuvres de
solidarité fraternelle, l’animation de la communauté. Dans votre vie de foyer,
donnez franchement sa place au Seigneur, priez ensemble. Soyez fidèles à
l’écoute de la Parole de Dieu, aux sacrements et d’abord à la communion au
Corps du Christ livré pour nous. Participez régulièrement à la messe
dominicale, c’est le rassemblement nécessaire des chrétiens en Eglise: là, vous
rendez grâce pour votre amour conjugal lié “à la charité du Christ se donnant lui-même
sur la Croix”; vous offrez même vos peines avec son Sacrifice sauver; chacun,
conscient d’être pécheur, intercède aussi pour ceux de ses frères qui, de bien
des manières, s’éloignent de leur vocation et renoncent à accomplir la volonté
d’amour du Père; vous recevez de sa miséricorde la purification et la force de
pardonner vous-mêmes; vous affermissez votre espérance; vous marquez votre
communion fraternelle en la fondant sur la communion eucharistique.
9. Avec Paul de Tarse,
avec Marguerite-Marie, nous proclamons la même certitude: ni la mort ni la vie,
ni le présent ni l’avenir, ni les puissances, ni aucune autre créature, rien ne
pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus-Christ.
J’en ai la certitude . .
. rien ne pourra jamais . . .!
Aujourd’hui, nous nous
trouvons en ce lieu de Paray-le-Monial pour renouveler en nous-mêmes cette
certitude: “Je vous donnerai un cœur . . .”.
Devant le Cœur ouvert du
Christ, nous cherchons à puiser en lui l’amour vrai dont nos familles ont
besoin.
La cellule familiale est
fondamentale pour édifier la civilisation de l’amour.
Partout, dans la société,
dans nos villages, dans nos quartiers, dans nos usines et nos bureaux, dans nos
rencontres entre peuples et races, le “cœur de pierre”, le cœur desséché, doit
se changer en “cœur de chair”, ouvert aux frères, ouvert à Dieu. Il y va de la
paix. Il y va de la survie de l’humanité. Cela dépasse nos forces. C’est un don
de Dieu. Un don de son amour.
Nous avons la certitude
de son Amour!
© Copyright 1986 -
Libreria Editrice Vaticana
LETTRE DU PAPE BENOÎT XVI
POUR LE 50 ANNIVERSAIRE
DE L'ENCYCLIQUE
"HAURIETIS
AQUAS" DE PIE XII
Au Révérend Père
Peter-Hans KOLVENBACH,
s.j. Préposé général de
la Compagnie de Jésus
Les paroles du prophète
Isaïe - "Dans l'allégresse, vous puiserez de l'eau aux sources du
salut" (Is 12, 3) - qui ouvrent l'Encyclique par laquelle Pie XII
rappelait le premier centenaire de l'extension à toute l'Eglise de la Fête du
Sacré-Coeur de Jésus, n'ont aujourd'hui, 50 ans plus tard, rien perdu de leur
signification. En promouvant le culte du Sacré-Coeur de Jésus, l'Encyclique
Haurietis aquas exhortait les croyants à s'ouvrir au mystère de Dieu et de son
amour, en se laissant transformer par celui-ci. Cinquante ans plus tard, cela
demeure un devoir toujours actuel pour les chrétiens que de continuer à
approfondir leur relation avec le Coeur de Jésus de manière à raviver en
eux-mêmes la foi en l'amour salvifique de Dieu, en l'accueillant toujours mieux
dans leur propre vie.
Le côté transpercé du
Rédempteur est la source à laquelle nous renvoie l'Encyclique Haurietis aquas:
c'est à cette source que nous devons puiser pour atteindre la véritable
connaissance de Jésus Christ et pour faire plus pleinement l'expérience de son
amour. Nous pourrons ainsi mieux comprendre ce que signifie connaître en Jésus
Christ l'amour de Dieu, en faire l'expérience en fixant notre regard sur Lui,
jusqu'à vivre pleinement de l'expérience de son amour, pour pouvoir ensuite en
témoigner aux autres. En effet, pour reprendre une expression de mon vénéré
prédécesseur Jean-Paul II, "auprès du Coeur du Christ, le coeur de l'homme
apprend à connaître le sens véritable et unique de sa vie et de son destin, à
comprendre la valeur d'une vie authentiquement chrétienne, à se garder de
certaines perversions du coeur humain, à joindre l'amour filial envers Dieu à
l'amour du prochain. Ainsi - et c'est la véritable réparation demandée par le
coeur du Sauveur - sur les ruines accumulées par la haine et la violence,
pourra être bâtie la civilisation du coeur du Christ" (Insegnamenti, vol.
IX/2, 1986, p. 843).
Connaître l'amour de Dieu
en Jésus Christ
Dans l'Encyclique Deus
caritas est, j'ai cité l'affirmation de la première Epître de saint Jean:
"Nous avons reconnu et nous avons cru que l'amour de Dieu est parmi
nous", pour souligner qu'à l'origine de l'existence chrétienne, il y a la
rencontre avec une Personne (cf. n. 1). Puisque Dieu s'est manifesté de la
manière la plus profonde à travers l'incarnation de son Fils, en se rendant
"visible" en Lui, c'est dans la relation avec le Christ que nous
pouvons reconnaître qui est véritablement Dieu (cf. Enc. Haurietis aquas, nn.
29-41; Enc. Deus caritas est, nn. 12-15). Plus encore, puisque l'amour de Dieu
a trouvé son expression la plus profonde dans le don que le Christ a fait de sa
vie pour nous sur la Croix, c'est avant tout en regardant ses souffrances et sa
mort que nous pouvons reconnaître de façon toujours plus claire l'amour sans
limites que Dieu a pour nous: "Car Dieu a tant aimé le monde, qu'il a
donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas mais ait
la vie éternelle" (Jn 3, 16).
Par ailleurs, ce mystère
de l'amour de Dieu pour nous ne constitue pas seulement le contenu du culte et
de la dévotion au Coeur de Jésus: il est, de la même manière, le contenu de
toute véritable spiritualité et dévotion chrétienne. Il est donc important de
souligner que le fondement de cette dévotion est ancien comme le christianisme
lui-même. En effet, être chrétien n'est possible qu'en tenant le regard tourné
vers la Croix de notre Rédempteur, vers "celui qu'ils ont transpercé"
(Jn 19, 37; cf. Za 12, 10). C'est à juste titre que l'Encyclique Haurietis
aquas rappelle que la blessure au côté et celles laissées par les clous ont été
pour d'innombrables âmes les signes d'un amour qui a façonné leur vie de
manière toujours plus incisive (cf. n. 52). Reconnaître l'amour de Dieu dans le
Crucifié est devenu pour eux une expérience intérieure qui leur a fait
confesser, avec Thomas: "Mon Seigneur et mon Dieu!" (Jn 20, 28), en
leur permettant d'atteindre une foi plus profonde dans l'accueil sans réserve
de l'amour de Dieu (cf. Enc. Haurietis aquas, n. 49).
Faire l'expérience de
l'amour de Dieu en tournant le regard vers le Coeur de Jésus Christ
La signification la plus
profonde de ce culte à l'amour de Dieu se manifeste seulement lorsque l'on
considère plus attentivement sa contribution non seulement à la connaissance,
mais également et surtout à l'expérience personnelle de cet amour dans un
dévouement empli de confiance à son service (cf. Enc. Haurietis aquas, n. 62).
Bien sûr, expérience et connaissance ne peuvent être séparées l'une de l'autre:
l'une fait référence à l'autre. Il faut par ailleurs souligner qu'une véritable
connaissance de l'amour de Dieu n'est possible que dans le cadre d'une attitude
de prière humble et de disponibilité généreuse. A partir d'une telle attitude
intérieure, le regard posé sur le côté transpercé par la lance se transforme en
adoration silencieuse. Le regard sur le côté transpercé du Seigneur, d'où coulent
"du sang et de l'eau" (cf. Jn 19, 34), nous aide à reconnaître la
multitude des dons de grâce qui en proviennent (cf. Enc Haurietis aquas, nn.
34-41) et nous ouvre à toutes les autres formes de dévotion chrétienne qui sont
comprises dans le culte au Coeur de Jésus.
La foi entendue comme
fruit de l'amour de Dieu dont on a fait l'expérience, est une grâce, un don de
Dieu. Mais l'homme ne pourra faire l'expérience de la foi comme d'une grâce que
dans la mesure où il l'accepte en lui-même comme un don, à partir duquel il
cherche à vivre. Le culte de l'amour de Dieu, auquel l'Encyclique Haurietis
aquas invitait les fidèles (cf. ibid. n. 72), doit nous aider à nous rappeler
sans cesse qu'il a pris sur lui cette souffrance volontairement "pour
nous", "pour moi". Lorsque nous pratiquons ce culte, non
seulement nous reconnaissons avec gratitude l'amour de Dieu, mais nous
continuons à nous ouvrir à cet amour, afin que notre vie soit toujours
davantage modelée par celui-ci. Dieu, qui a déversé son amour "dans nos coeurs
par le Saint Esprit qui nous fut donné" (cf. Rm 5, 5), nous invite
inlassablement à accueillir son amour. L'invitation à nous donner entièrement à
l'amour salvifique du Christ et à se vouer à celui-ci (cf. ibid., n. 4) a donc
comme premier objectif la relation avec Dieu. Voilà pourquoi ce culte,
totalement voué à l'amour de Dieu qui se sacrifie pour nous, est d'une
importance véritablement indispensable pour notre foi et pour notre vie dans
l'amour.
Vivre et témoigner de
l'amour dont on fait l'expérience
Qui accepte l'amour de
Dieu intérieurement, est façonné par lui. L'amour de Dieu dont l'homme fait
l'expérience est vécu par lui comme un "appel" auquel il doit
répondre. Le regard tourné vers le Seigneur, qui "a pris nos infirmités et
s'est chargé de nos maladies" (Mt 8, 17), nous aide à devenir plus
attentifs à la souffrance et aux besoins des autres. La contemplation pleine
d'adoration du côté transpercé par la lance nous rend sensibles à la volonté
salvifique de Dieu. Elle nous rend capables de nous en remettre à son amour
salvifique et miséricordieux et, dans le même temps, elle nous renforce dans le
désir de participer à son oeuvre de salut en devenant ses instruments. Les dons
reçus du côté ouvert, duquel coulent "sang et eau" (cf. Jn 19, 34),
font en sorte que notre vie devienne également pour les autres une source d'où
proviennent "des fleuves d'eau vive" (cf. Jn 7, 38) (cf. Enc. Deus
caritas est, n. 7). L'expérience de l'amour puisée au culte du côté transpercé
du Rédempteur nous protège du risque du repli sur nous-mêmes et nous rend plus
disponible à une vie pour les autres. "A ceci nous avons connu l'amour:
celui-là a donné sa vie pour nous. Et nous devons nous aussi donner nos vies
pour nos frères" (1 Jn 3, 16) (cf. Enc. Haurietis aquas, n. 38).
La réponse au
commandement de l'amour n'est rendue possible que par l'expérience que cet
amour nous a déjà d'abord été donné par Dieu (cf. Enc. Deus caritas est, n.
14). Le culte de l'amour qui se rend visible dans le mystère de la Croix,
présenté à nouveau lors de chaque Célébration eucharistique, constitue donc le
fondement sur lequel nous pouvons devenir des personnes capables d'aimer et de
nous donner (cf. Enc. Haurietis aquas, n. 69), en devenant un instrument entre
les mains du Christ: ce n'est qu'ainsi que l'on peut être des messagers
crédibles de son amour. Toutefois, cette ouverture à la volonté de Dieu doit se
renouveler à tout moment: "l'amour n'est jamais "achevé" ni
complet" (cf. Deus caritas est, n. 17). Le regard au "côté transpercé
par la lance", dans lequel resplendit la volonté sans limites de salut de
la part de Dieu, ne peut donc être considéré comme une forme passagère de culte
ou de dévotion: l'adoration de l'amour de Dieu, qui a trouvé dans le symbole du
"coeur transpercé" son expression historique et dévotionnelle,
demeure inséparable d'un rapport vivant avec Dieu (cf. Enc. Haurietis aquas, n.
62).
En formant le voeu que
l'anniversaire de ces cinquante ans puisse stimuler dans de nombreux coeurs une
réponse toujours plus fervente à l'amour du Coeur du Christ, je vous donne,
Révérend Père, ainsi qu'à tous les religieux de la Compagnie de Jésus, toujours
très actifs dans la promotion de cette dévotion fondamentale, une Bénédiction
apostolique particulière.
Du Vatican, le 15 mai
2006
BENEDICTUS PP. XVI
Sanctuaire
du Christ-Roi, Almada, Portugal,
statue
du Christ-Roi
Prier le Sacré-Coeur de
Jésus
Seigneur Jésus, saint et
doux amour de nos âmes, qui a promis de te trouver là où deux ou trois seraient
réunis en ton nom et de te tenir au milieu d'eux, voici ô divin et très aimable
Jésus, nos cœurs unis pour t'adorer, louer, aimer et bénir ton Cœur sacré et
très saint et lui plaire ; nous lui dédions et consacrons nos cœurs pour le
temps et pour l'éternité, en renonçant pour toujours à tous les amours et
toutes les affections qui nen sont pas dans l'amour et l'affection de ton Cœur adorable.
Nous voulons que tous les
désirs, les intentions et les aspirations des nôtres soient toujours conformes
à ton bon plaisir, que nous désirons satisfaire en tout ce dont nous sommes
capables.
Mais puisque nous ne
pouvons rien faire de bien par nous-mêmes, nous te supplions, adorable Jésus,
par l'infinie bonté et douceur de ton Sacré-Cœur, de soutenir nos cœurs et de
les confirmer dans la résolution que tu nous a fait prendre pour ton amour et
ton service.
Monastère de la
Visitation, Paray le Monial.
SOURCE : http://www.mariedenazareth.com/14684.0.html?&L=0
I Fuochi del Sacro
Cuore di Gesù, su una montagna in Alto Adige
[HOMÉLIE] Le Sacré Cœur de
Jésus, photographie du mystère de la rédemption
Clément
Barré - publié le 06/06/24
Le père Clément Barré,
prêtre coopérateur de la paroisse Saint-Joseph-des-Jalles, commente les
lectures de la solennité du Sacré Cœur de Jésus. Dans la blessure du cœur du
Christ, cette blessure que notre péché lui inflige, se trouve le signe le plus
éclatant de son amour pour nous et de sa victoire définitive.
“Celui qui a vu rend
témoignage, et son témoignage est véridique ; et celui-là sait qu’il dit vrai
afin que vous aussi, vous croyiez.” (Jn 19, 35) Il y a de quoi s’étonner devant le ton solennel
que prend soudainement l’évangéliste quand il parle du côté transpercé du
Christ. Comme si tout le témoignage de Jean reposait sur cette
observation : le coup de lance qui ouvre le Cœur du Christ et de ce Cœur
s’écoule l’eau et le sang. Jean, le premier, “lève les yeux vers celui qu’ils
ont transpercé” (Cf. Zc 12, 10 – Jn 19, 37) et
là se dévoile pour lui, comme dans une photographie instantanée, tout le
mystère de notre rédemption : “Dieu est Amour” (1 Jn 4,16).
Dieu nous aime avec un
cœur de chair
“Dieu est amour”, vérité
ultime et fondamentale de notre foi, centre de toute vie chrétienne. Dans le
Cœur du Christ, se révèle la nature de Dieu, son identité la plus profonde, son
nom propre : il est l’Amour. L’amour absolu, infini, sans limite ni
condition. Et toute vie chrétienne est une réponse à cet amour. Dieu nous aime
et veut que nous l’aimions en retour et c’est dans cette relation d’amour à
laquelle nous sommes appelés que se noue la grandeur de l’existence chrétienne.
Tout chrétien est un amoureux parce qu’il se découvre aimé du Dieu-Amour. Dans
le cœur transpercé du Christ nous buvons à la source même de l’amour. La seule
boisson qui peut étancher notre soif d’être aimé.
L’amour de Dieu s’est
manifesté et révélé à nous dans le cœur d’un homme : Jésus.
“Le verbe s’est fait
chair” (Jn 1, 14).
L’amour de Dieu s’est manifesté et révélé à nous dans le cœur d’un
homme : Jésus.
Cet amour descendu des cieux s’est fait chair pour nous aimer avec un cœur de
chair. “Nous avons reconnu et nous avons cru que l’amour de Dieu est parmi
nous.” L’amour de Dieu est venu jusqu’à nous et il nous est rendu accessible
par cet homme. Celui qui veut trouver l’amour de Dieu doit trouver Jésus Christ
car c’est en son cœur que l’amour repose. Aucune relation avec le Dieu
véritable ne peut se passer d’une relation avec le Christ et il n’est pas de
connaissance véritable de Dieu qui ne soit d’abord une connaissance de Jésus
Christ car c’est en lui, dans son Cœur Sacré que le Dieu d’Amour se rend
présent à nous.
Le mystère de l’amour qui
n’est pas aimé
“Il n’est pas de plus
grand amour que de donner sa vie pour ses amis” (Jn 15, 13). En se
donnant à nous dans le cœur véritable de son Fils unique, l’amour de Dieu se
fait vulnérable au point de se laisser atteindre par le péché tapi à la porte
du cœur de l’homme (cf. Gn 4, 7). Le Cœur de Dieu est un cœur qui se laisse blesser
par l’homme et qui prend sur lui la blessure du cœur de l’homme. Le mystère du
Cœur du Christ c’est celui de l’amour qui n’est pas aimé, mais qui surgit plus
fort que la haine. Un amour sans limite, qui va au-delà de la colère, au-delà
même de la justice. Dieu qui se retourne contre lui-même, prenant sur lui
l’ardeur de sa colère et le feu de sa justice parce qu’Il est Amour et que cet
amour est miséricorde pour les pécheurs. Il consent à cette blessure, pour que
dans sa blessure nous trouvions le remède car c’est “par ses blessures que nous
sommes guéris” (Is
53, 5).
Dans ce cœur blessé par
notre péché
“Puisque l’amour de Dieu
a trouvé son expression la plus profonde dans le don que le Christ a fait de sa
vie pour nous sur la Croix, écrivait Benoît XVI,
c’est avant tout en regardant ses souffrances et sa mort que nous pouvons
reconnaître de façon toujours plus clair l’amour sans limites que Dieu a pour
nous : “Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que
quiconque croit en lui ne se perde pas mais ait la vie éternelle” (Jn 3, 16) (Lettre pour le 50e anniversaire de l’encyclique Haurietis
Aquas).
Dans cette blessure du
cœur du Christ, cette blessure que notre péché lui inflige, se trouve le signe
le plus éclatant de son amour pour nous et de sa victoire définitive. Comme
l’évangéliste, nous sommes invités à lever les yeux vers celui que nous avons
transpercé pour puiser à la source de l’amour l’eau qui nous purifie et le sang
qui nous fait vivre. Dans ce cœur transpercé, c’est tout l’amour de Dieu qui
nous est ouvert pour que nous puissions y répondre, rendre amour pour amour.
Lectures de la solennité
du Sacré Cœur de Jésus
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Photographie d'un des panneaux de la chapelle dorée de l'église Saint Gervais-Saint Protais à Paris, représentant le coeur rayonnant de Jésus Christ, peint vers 1630
L’amour inconditionnel de
Jésus
Chaque parole, chaque
action, chaque geste, chaque attitude de Jésus manifeste un parfait amour, pur
et désintéressé pour chaque personne. Si l’amour veut dire vouloir le bien
d’autrui, en étant dégagé de tout intérêt personnel, nous pouvons contempler
dans le cœur brûlant du Christ qu’un tel amour y atteint son degré de
perfection.
Loin de nous de penser
que cet amour est naïf, simpliste ou facile : de fait, le Sacré-Cœur
resplendit couronné d’épines, transpercé et sanglant. Le Christ en sa
crucifixion passe à travers les ravins de la mort et du mal que Dieu lui-même
emprunte en assumant entièrement notre péché, ces puissances de mort qui nous
emprisonnent et nous détruisent. En gardant le silence face à ses persécuteurs,
en priant pour ses meurtriers, en aimant un voleur à l’agonie et en demandant
le pardon pour les pécheurs, Jésus montre que l’amour divin inconditionnel et
infini que porte son cœur est la seule force qui puisse guérir le monde de sa
haine, de son péché et de son rejet de Dieu. En prenant sur lui la totalité du
mal humain commis par chaque personne à chaque époque, le Christ repousse ces
ténèbres écrasantes dans la lumière de la résurrection.
Mgr Donald J. Hying
(Traduction inédite de
David Gabillet pour Magnificat.)
Mgr Donald J. Hying
est évêque du diocèse de Madison dans le Wisconsin (États-Unis).
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/vendredi-7-juin-2/meditation-de-ce-jour-1/
Interior
of the Roman Catholic church in Mihályi, Hungary
Mihályi, római katolikus templom belső tere 2024
Solennité du Sacré Coeur
de Jésus
VENDREDI, SOLENNITÉ DU
SACRÉ COEUR DE JÉSUS
Instituée en 1856, cette
Solennité honore le Cœur de Jésus.
Le mot « Cœur » a un sens
biblique : c’est le lieu de la volonté, de la sagesse et de l’amour
En fêtant le cœur de
Jésus, on fête toute sa personne ! La Solennité du Sacré Cœur de Jésus fête l’amour
du Christ pour l’Eglise et pour chacun d’entre nous.
On lit aux premières
vêpres :
« Le Christ a aimé
l’Eglise, il s’est livré pour elle ; il voulait la rendre sainte…»
(Ep 5, 25-26)
Les lectures du jour
insistent sur l'amour de Jésus qui nous aimé et a donné sa vie pour nous alors
que nous étions encore pécheur (Rm 5), Jésus est le bon berger annoncé par le
prophète Ezéquiel, il va à la recherche de la brebis perdue.
SAMEDI, MÉMOIRE DU CŒUR
IMMACULÉ DE MARIE
L’Eglise fête le
lendemain « Le cœur immaculé de Marie ». Ce n’est pas une solennité, mais une
simple « mémoire liturgique ».
En unissant les deux
fêtes, l’une le vendredi, et l’autre le samedi, le calendrier liturgique montre
l’union des deux cœurs.
En solennisant davantage
la première fête, l’Eglise rappelle discrètement la place seconde de Marie :
elle se reçoit de Jésus. Elle a été rendue sainte par Jésus.
HISTORIQUE
1552 : La première
dévotion publique au sacré Cœur est Brésilienne : en 1552, saint José de
Anchieta, apôtre du Brésil, jésuite, dédia au Sacré-Coeur une modeste église à
Guarapary, au nord de Rio de Janeiro.
1668 : Saint Jean Eudes
(France, 1601-1680) composa la Messe et l'Office en l'honneur du Sacré-Cœur,
approuvés en 1668.
1673 à 1675 : Sainte
Marguerite Alacoque (France) reçoit des révélations à Paray le Monial.
1688 : Le P.Gallifet
(jésuite) composa la Messe en l'honneur du Sacré-Coeur: "Venite,
exultemus" et l'Office correspondant.
1675 : L’autorisation de
célébrer une fête liturgique du Sacré Cœur est accordée à quelques ordres
religieux (les Jésuites ou compagnie de Jésus, les Visitandines…). Très vite,
les diocèses français obtiennent l’un après l’autre la permission de célébrer
cette fête.
Au XVIII° siècle, au nom de
l’illuminisme, de la rationalité, des orientations jansénistes ou de
l’animosité contre les jésuites, de nombreux chrétiens (dont Mgr Ricci à partir
de 1780) appelaient avec mépris “cordicoles” les personnes qui pratiquaient le
culte du Sacré-coeur. Leur joyeux succès initial se transforma avec le temps en
une défaite amère suivie de leur disparition de la scène. Tandis que la
dévotion au Sacré Cœur demeura et s’affermit.
1856 : Pie IX le 23 août
1856 institue cette fête pour l’Eglise universelle.
1956 : Pie XII, avec
l'encyclique “Haurietis Aquas” (15 mai 1956), souligne l’importance de cette
fête en citant de nombreux pères de l’Eglise :
- Saint Basile :
“On sait que le Seigneur
a assumé les affections naturelles pour confirmer la réalité de l’Incarnation,
vraie et non fantastique; il repoussa d’ailleurs les affections des vices qui
souillent la pureté de notre vie, parce qu’il les jugea indignes de sa divinité
sans tache”. (1)
(1) Saint Basile, Epist.
261, 3; P. G. XXXII, 972
- Saint Augustin :
“Mais le Seigneur Jésus a
pris ces affections de la nature humaine fragile, comme la chair même de
l'humanité infirme et la mort de la chair humaine, non par nécessité de sa
condition divine, mais poussé par une volonté de miséricorde; pour transfigurer
en lui-même son corps, qui est l'Église, dont il a daigné être la tête,
c'est-à-dire ses membres qui sont ses saints et ses fidèles.
En sorte que si l'un
d'eux venait, sous le poids des tentations humaines, à s'attrister et à
souffrir, qu'il ne s'estime pas pour cela soustrait à l'action de sa grâce ; et
qu’il comprenne que ce ne sont pas là des péchés, mais seulement des marques de
l'infirmité humaine. Et, comme le chœur s'accorde à la voix qui entonne, ainsi
son Corps Mystique se modèlerait sur son propre Chef.” (2)
(2) Saint Augustin,
Enarr. in Ps. LXXXVII, 3: P. L. XXXVII, 1111
Pie XII remarque que
l'Ecriture et les pères de d'Eglise parlent des affections mais ne parlent pas
du coeur physique de Jésus. C'est pourquoi il met l'accent sur le visage :
« Et surtout le visage de
notre adorable Sauveur fut le témoignage et le miroir le plus fidèle de ces
affections qui, émouvant de différentes manières son âme, atteignaient son Cœur
très saint et en activaient les battements comme des vagues qui déferlaient sur
les rivages. »
(Pie XII, Haurietis Aquas
§ 25-26)
SOURCE : http://www.mariedenazareth.com/8351.0.html?&L=0
Le
Cœur immaculé de Marie, image du XIXe siècle.
Si vous désirez pénétrer
dans les secrets de ce Cœur adorable…
Apôtres du Cœur de Jésus,
si vous désirez vraiment pénétrer dans les secrets de ce Cœur adorable, le
connaître pour l’aimer et le faire aimer, commencez par vous rapprocher de la
divine Maîtresse, dont les leçons ont formé, dans l’Eglise, les plus brillants
parmi les docteurs.
Cherchez le Cœur de
Marie, demandez à y être admis, pour que vous y appreniez des choses que,
seule, la Reine du Cénacle pourra vous enseigner. Elle connaît les voies de
l’amour les plus intimes du Cœur du Roi, que seule sa Mère et la nôtre a le
droit de dévoiler, et Elle ne le fait qu’à ses enfants privilégiés.
Soyez du nombre !
Père Matéo, Jésus, Roi
d’amour, Téqui, Paris, p. 412 - 413
SOURCE : http://www.mariedenazareth.com/17873.0.html?&L=0
Fête du Sacré Cœur
Commentaires liturgiques
de la Fête du Sacré-Cœur
Deux formulaires
liturgiques se sont succédé pour la fête du Sacré Cœur.
Le premier date de Pie IX
(1856), qui prit le décret qui insérait au Calendrier la fête du Sacré-Cœur
dans le cycle du Sanctoral et en ordonnait la célébration dans l’Église
universelle sous le grade de double de IIère classe, élevé par la suite au rang
de double de Ière classe secondaire par Léon XIII (1889).
Le second fut publié sous
Pie XI en 1929 : le Pape ayant donné à la Fête une Octave [1] et équiparé la
fête aux plus grandes fêtes du cycle du Temporal (elle quitte le cycle du
Sanctoral) créa une commission de théologiens dont il assura la présidence afin
de recomposer presque totalement la Messe et l’Office.
Avant 1929, l’Office
hésitait à mi-chemin entre un Office de continuation de la Fête-Dieu (des
éléments comme les répons de Matines en sont issus) et un Office de la Passion.
Dom Guéranger [2], témoigne des raisons de cette composition hésitante : « Il
est peu fait mention du Cœur de chair du Sauveur dans les formules liturgiques
de ce jour. Lorsqu’au dernier siècle (XVIIIe) il fut question d’approuver une
Messe et un Office en l’honneur du Sacré-Cœur, les Jansénistes, qui avaient
jusque dans Rome leurs dévoués partisans, suscitèrent de telles oppositions,
que le Siège apostolique ne crut pas le moment venu encore de se prononcer
ouvertement sur les points débattus. Dans la Messe et l’Office qui de Rome
devaient plus tard (1856) s’étendre au monde entier, il s’en tint par prudence
à la glorification de l’amour du Sauveur, dont on ne pouvait nier
raisonnablement que son Cœur de chair ne fût au moins le vrai et direct symbole
» [3]. Le 3ème nocturne des Matines, avec ses trois homélies patristiques, était
d’ailleurs plutôt bizarre.
Pie XI voulut un office
organique, qui ne soit ni une répétition de la Fête-Dieu, ni un doublon des
Offices de la Passion. Comme le dit le Bhx Schuster, il s’agit maintenant d’une
fête de réparation envers l’Amour qui n’est pas aimé ; réparation qui fait
d’ailleurs amende honorable en glorifiant les pacifiques triomphes de cet
Éternel Amour [4]
[1] Pour rappel :
Octaves de Ier ordre :
Pâques et Pentecôte, ne le cèdent à aucune fête ;
Octaves de IInd ordre :
Épiphanie, Fête-Dieu, ne cèdent que devant les fêtes de Ière classe ;
Octaves de IIIème ordre :
Noël, Ascension, Sacré-Cœur, cèdent devant les fêtes doubles ;
Octaves Communes :
Immaculée Conception, Assomption, St Jean-Baptiste, Patronage de St Joseph, Sts
Pierre et Paul, Toussaint, Dédicace et Titulaire d’une église, Dédicace et
Titulaire de l’église Cathédrale, Patrons principaux du lieu, Fêtes de Ière
classe avec Octave…
Octaves Simples :
Nativité de la Ste Vierge, St Jean Apôtre, St Etienne, Sts Innocents, Fêtes de
IIème classe avec Octave.
[2] Ou du moins l’un de
ses continuateurs.
[3] Année Liturgique,
Temps après la Pentecôte, I, p. 504.
[4] Liber Sacramentorum,
VII, p. 246.
Dom Guéranger, l’Année
Liturgique
Un nouveau rayon brille
au ciel de la sainte Église, et vient échauffer nos cœurs. Le Maître divin
donné par le Christ à nos âmes, l’Esprit Paraclet descendu sur le monde,
poursuit ses enseignements dans la Liturgie sacrée. La Trinité auguste, révélée
tout d’abord à la terre en ces sublimes leçons, a reçu nos premiers hommages ;
nous avons connu Dieu dans sa vie intime, pénètre par la foi dans le sanctuaire
de l’essence infinie. Puis, d’un seul bond, l’Esprit impétueux de la Pentecôte
[5], entraînant nos âmes à d’autres aspects de la vérité qu’il a pour mission
de rappeler au monde [6], les a laissées un long temps prosternées au pied de
l’Hostie sainte, mémorial divin des merveilles du Seigneur [7]. Aujourd’hui
c’est le Cœur sacré du Verbe fait chair qu’il propose à nos adorations.
Partie noble entre toutes
du corps de l’Homme-Dieu, le Cœur de Jésus méritait, en effet, au même titre
que ce corps adorable, l’hommage réclamé par l’union personnelle au Verbe
divin. Mais si nous voulons connaître la cause du culte plus spécial que lui
voue la sainte Église, il convient ici que nous la demandions de préférence à
l’histoire de ce culte lui-même et à la place qu’occupe au Cycle sacré la
solennité de ce jour.
Un lien mystérieux réunit
ces trois fêtes de la très sainte Trinité, du Saint-Sacrement et du Sacré-Cœur.
Le but de l’Esprit n’est pas autre, en chacune d’elles, que de nous initier
plus intimement à cette science de Dieu par la foi qui nous prépare à la claire
vision du ciel. Nous avons vu comment Dieu, connu dans la première en lui-même,
se manifeste par la seconde en ses opérations extérieures, la très sainte
Eucharistie étant le dernier terme ici-bas de ces opérations ineffables. Mais
quelle transition, quelle pente merveilleuse a pu nous conduire si rapidement
et sans heurt d’une fête à l’autre ? Par quelle voie la pensée divine
elle-même, par quel milieu la Sagesse éternelle s’est-elle fait jour, des
inaccessibles sommets où nous contemplions le sublime repos de la Trinité
bienheureuse, à cet autre sommet des Mystères chrétiens où l’a portée
l’inépuisable activité d’un amour sans bornes ? Le Cœur de l’Homme-Dieu répond
à ces questions, et nous donne l’explication du plan divin tout entier.
Nous savions que cette
félicité souveraine du premier Être, cette vie éternelle communiquée du Père au
Fils et des deux à l’Esprit dans la lumière et l’amour, les trois divines
personnes avaient résolu d’en faire part à des êtres créés, et non seulement
aux sublimes et pures intelligences des célestes hiérarchies, mais encore à
l’homme plus voisin du néant, jusque dans la chair qui compose avec l’âme sa
double nature. Nous en avions pour gage le Sacrement auguste où l’homme, déjà
rendu participant de la nature divine par la grâce de l’Esprit sanctificateur,
s’unit au Verbe divin comme le vrai membre de ce Fils très unique du Père. Oui
; « bien que ne paraisse pas encore ce que nous serons un jour, dit l’Apôtre
saint Jean, nous sommes dès maintenant les fils de Dieu ; lorsqu’il se
montrera, nous lui serons semblables » [8], étant destinés à vivre comme le
Verbe lui-même en la société de ce Père très-haut dans les siècles des siècles
[9].
Mais l’amour infini de la
Trinité toute-puissante appelant ainsi de faibles créatures en participation de
sa vie bienheureuse, n’a point voulu parvenir à ses fins sans le concours et
l’intermédiaire obligé d’un autre amour plus accessible à nos sens, amour créé
d’une âme humaine, manifesté dans les battements d’un cœur de chair pareil au
nôtre. L’Ange du grand conseil, chargé d’annoncer au monde les desseins
miséricordieux de l’Ancien des jours, a revêtu, dans l’accomplissement de son
divin message, une forme créée qui pût permettre aux hommes de voir de leurs
yeux, de toucher de leurs mains le Verbe de vie, cette vie éternelle qui était dans
le Père et venait jusqu’à nous [10]. Docile instrument de l’amour infini, la
nature humaine que le Fils de Dieu s’unit personnellement au sein de la
Vierge-Mère ne fut point toutefois absorbée ou perdue dans l’abîme sans fond de
la divinité ; elle conserva sa propre substance, ses facultés spéciales, sa
volonté distincte et régissant dans une parfaite harmonie, sous l’influx du
Verbe divin, les mouvements de sa très sainte âme et de son corps adorable. Dès
le premier instant de son existence, l’âme très parfaite du Sauveur, inondée
plus directement qu’aucune autre créature de cette vraie lumière du Verbe qui
éclaire tout homme venant en ce monde [11], et pénétrant par la claire vision
dans l’essence divine, saisit d’un seul regard la beauté absolue du premier
Être, et la convenance souveraine des divines résolutions appelant l’être fini
en partage de la félicité suprême. Elle comprit sa mission sublime, et s’émut
pour l’homme et pour Dieu d’un immense amour. Et cet amour, envahissant avec la
vie le corps du Christ formé au même instant par l’Esprit du sang virginal, fit
tressaillir son Cœur de chair et donna le signal des pulsations qui mirent en
mouvement dans ses veines sacrées le sang rédempteur.
A la différence en effet
des autres hommes, chez qui la force vitale de l’organisme préside seule aux
mouvements du cœur, jusqu’à ce que les émotions, s’éveillant avec
l’intelligence, viennent par intervalles accélérer ses battements ou les
ralentir, l’Homme-Dieu sentit son Cœur soumis dès l’origine à la loi d’un amour
non moins persévérant, non moins intense que la loi vitale, aussi brûlant dès
sa naissance qu’il l’est maintenant dans les cieux. Car l’amour humain du Verbe
incarné, fondé sur sa connaissance de Dieu et des créatures, ignora comme elle
tout développement progressif, bien que Celui qui devait être notre frère et
notre modèle en toutes choses manifestât chaque jour en mille manières
nouvelles l’exquise sensibilité de son divin Cœur.
Quand il parut ici-bas,
l’homme avait désappris l’amour, en oubliant la vraie beauté. Son cœur de chair
lui semblait une excuse, et n’était plus qu’un chemin par où l’âme s’enfuyait
des célestes sommets à la région lointaine où le prodigue perd ses trésors
[12]. A ce monde matériel que l’âme de l’homme eût dû ramener vers son Auteur,
et qui la tenait captive au contraire sous le fardeau des sens, l’Esprit-Saint
préparait un levier merveilleux : fait de chair lui aussi, le Cœur sacré, de
ces limites extrêmes de la création, renvoie au Père, en ses battements,
l’ineffable expression d’un amour investi de la dignité du Verbe lui-même. Luth
mélodieux, vibrant sans interruption sous le souffle de l’Esprit d’amour, il
rassemble en lui les harmonies des mondes ; corrigeant leurs défectuosités,
suppléant leurs lacunes, ramenant à l’unité les voix discordantes, il offre à
la glorieuse Trinité un délicieux concert. Aussi met-elle en lui ses
complaisances. C’est l’unique organum, ainsi l’appelait Gertrude la Grande [13]
; c’est l’instrument qui seul agrée au Dieu très-haut. Par lui devront passer
les soupirs enflammés des brûlants Séraphins, comme l’humble hommage de
l’inerte matière. Par lui seulement descendront sur le monde les célestes
faveurs. Il est, de l’homme à Dieu, l’échelle mystérieuse, le canal des grâces,
la voie montante et descendante.
L’Esprit divin, dont il
est le chef-d’œuvre, en a fait sa vivante image. L’Esprit-Saint, en effet, bien
qu’il ne soit pas dans les ineffables relations des personnes divines la source
même de l’amour, en est le terme ou l’expression substantielle ; moteur sublime
inclinant au dehors la Trinité bienheureuse, c’est par lui que s’épanche à
flots sur les créatures avec l’être et la vie cet amour éternel. Ainsi l’amour
de l’Homme-Dieu trouve-t-il dans les battements du Cœur sacré son expression
directe et sensible ; ainsi encore verse-t-il par lui sur le monde, avec l’eau
et le sang sortis du côté du Sauveur, la rédemption et la grâce, avant-goût et
gage assuré de la gloire future.
« Un des soldats, dit
l’Évangile, ouvrit le côté de Jésus par la lance, et il en sortit du sang et de
l’eau » [14]. Arrêtons-nous sur ce fait de l’histoire évangélique qui donne à
la fête d’aujourd’hui sa vraie base ; et comprenons l’importance du récit qui
nous en est transmis par saint Jean, à l’insistance du disciple de l’amour non
moins qu’il la solennité des expressions qu’il emploie. « Celui qui l’a vu,
dit-il, en rend témoignage, et son témoignage est véritable ; et il sait, lui,
qu’il dit vrai, pour que vous aussi vous croyiez. Car ces choses sont arrivées,
pour que l’Écriture fût accomplie » [15]. L’Évangile ici nous renvoie au
passage du prophète Zacharie annonçant l’effusion de l’Esprit de grâce sur la
maison du vrai David et les habitants de Jérusalem [16]. Et ils verront dans
celui qu’ils ont percé » [17], ajoutait le prophète.
Mais qu’y verront-ils,
sinon cette grande vérité qui est le dernier mot de toute l’Écriture et de
l’histoire du monde, à savoir que Dieu a tant aimé le monde, qu’il lui a donné
son Fils unique, pour que quiconque croit en lui ait la vie éternelle » [18] ?
Voilée sous les figures
et montrée comme de loin durant les siècles de l’attente, cette vérité sublime
éclata au grand jour sur les rives du Jourdain [19], quand la Trinité sainte
intervint tout entière pour désigner l’Élu du Père et l’objet des divines
complaisances [20]. Restait néanmoins encore à montrer la manière dont cette
vie éternelle que le Christ apportait au monde passerait de lui dans nous tous,
jusqu’à ce que la lance du soldat, ouvrant le divin réservoir et dégageant les
ruisseaux de la source sacrée, vînt compléter et parfaire le témoignage de la
Trinité bienheureuse. « Il y en a trois, dit saint Jean, qui rendent témoignage
dans le ciel : le Père, le Verbe et le Saint-Esprit ; et ces trois n’en font
qu’un. Et il y en a trois qui rendent témoignage sur la terre : l’Esprit, l’eau
et le sang ; et ces trois concourent au même but... Et leur témoignage est que
Dieu nous a donné la vie éternelle, et qu’elle est dans son Fils » [21].
Passage mystérieux qui trouve son explication dans la fête présente ; il nous
montre dans le Cœur de l’Homme-Dieu le dénouement de l’œuvre divine, et la
solution des difficultés que semblait offrir à la Sagesse du Père
l’accomplissement des desseins éternels.
Associer des créatures à
sa béatitude, en les faisant participantes dans l’Esprit-Saint de sa propre
nature et membres de son Fils bien-aimé, telle était, disions-nous, la
miséricordieuse pensée du Père ; tel est le but où tendent les efforts de la
Trinité souveraine. Or, voici qu’apparaît Celui qui vient par l’eau et le sang,
non dans l’eau seule, mais dans l’eau et le sang, Jésus-Christ ; et l’Esprit,
qui de concert avec le Père et le Fils a déjà sur les bords du Jourdain rendu
son témoignage, atteste ici encore que le Christ est vérité [22], quand il dit
de lui-même que la vie est en lui [23]. Car c’est l’Esprit, nous dit l’Évangile
[24], qui sort avec l’eau du Cœur sacré, des sources du Sauveur [25], et nous
rend dignes du sang divin qui l’accompagne. L’humanité, renaissant de l’eau et de
l’Esprit, fait son entrée dans le royaume de Dieu [26] ; et, préparée pour
l’Époux dans les flots du baptême, l’Église s’unit au Verbe incarné dans le
sang des Mystères. Vraiment sommes-nous avec elle désormais l’os de ses os et
la chair de sa chair [27], associés pour l’éternité à sa vie divine dans le
sein du Père.
Va donc, ô Juif !
Ignorant les noces de l’Agneau, donne le signal de ces noces sacrées. Conduis
l’Époux au lit nuptial ; qu’il s’étende sur le bois mille fois précieux dont sa
mère la synagogue a formé sa couche au soir de l’alliance ; et que de son Cœur
sorte l’Épouse, avec l’eau qui la purifie et le sang qui forme sa dot. Pour
cette Épouse il a quitté son Père et les splendeurs de la céleste Jérusalem ;
il s’est élancé comme un géant dans la voie de l’amour ; la soif du désir a
consumé son âme. Le vent brûlant de la souffrance a passé sur lui, desséchant
tous ses os ; mais plus actives encore étaient les flammes qui dévoraient son
Cœur, plus violents les battements qui précipitaient de ses veines sur le
chemin le sang précieux du rachat de l’Épouse. Au bout de la carrière, épuisé,
il s’est endormi dans sa soif brûlante. Mais l’Épouse, formée de lui durant ce
repos mystérieux, le rappellera bientôt de son grand sommeil. Ce Cœur dont elle
est née, brisé sous l’effort, s’est arrêté pour lui livrer passage ; au même
temps s’est trouvé suspendu le concert sublime qui montait par lui de la terre
au ciel, et la nature en a été troublée dans ses profondeurs. Et pourtant, plus
que jamais, ne faut-il pas que chante à Dieu l’humanité rachetée ? Comment donc
se renoueront les cordes de la lyre ? Qui réveillera dans le Cœur divin la
mélodie des pulsations sacrées ?
Penchée encore sur la
béante ouverture du côté du Sauveur, entendons l’Église naissante s’écrier à
Dieu, dans l’ivresse de son cœur débordant : « Père souverain, Seigneur mon
Dieu, je vous louerai, je vous chanterai des psaumes au milieu des nations.
Lève-toi donc, ô ma gloire ! O réveille-toi, ma cithare et mon psaltérion »
[28]. Et le Seigneur s’est levé triomphant de son lit nuptial au matin du grand
jour ; et le Cœur sacré, reprenant ses mélodies interrompues, a transmis au
ciel les accents enflammés de la sainte Église. Car le Cœur de l’Époux
appartient à l’Épouse, et ils sont deux maintenant dans une même chair [29].
Dans la pleine possession
de celle qui blessa son Cœur [30], le Christ lui confirme tout pouvoir à son
tour sur ce Cœur divin d’où elle est sortie. Là sera pour l’Église le secret de
sa force. Dans les relations des époux, telles que les constitua le Seigneur à
l’origine en vue de ce grand mystère du Christ et de l’Église [31], l’homme est
le chef [32], et il n’appartient pas à la femme de le dominer dans les conseils
ou la conduite des entreprises ; mais la puissance de la femme est qu’elle
s’adresse au cœur, et que rien ne résiste à l’amour. Si Adam a péché, c’est
qu’Ève a séduit et affaibli son cœur ; Jésus nous sauve, parce que l’Église a
ravi son Cœur, et que ce Cœur humain ne peut être ému et dompté, sans que la
divinité elle-même soit fléchie. Telle est, quant au principe sur lequel elle
s’appuie, la dévotion au Sacré-Cœur ; elle est, dans cette notion première et
principale, aussi ancienne que l’Église, puisqu’elle repose sur cette vérité,
reconnue de tout temps, que le Seigneur est l’Époux et l’Église l’Épouse.
Les Pères et saints Docteurs
des premiers âges n’exposaient point autrement que nous ne l’avons fait le
mystère de la formation de l’Église du côté du Sauveur ; et leurs paroles,
quoique toujours retenues par la présence des non-initiés autour de leurs
chaires, ouvraient la voie aux sublimes et plus libres épanchements des siècles
qui suivirent. « Les initiés connaissent l’ineffable mystère des sources du
Sauveur, dit saint Jean Chrysostome ; de ce sang et de cette eau l’Église a été
formée ; de là sont sortis les Mystères, en sorte que, t’approchant du calice
redoutable, il faut y venir comme devant boire au côté même du Christ » [33]. —
« L’Évangéliste, explique saint Augustin, a usé d’une parole vigilante, ne
disant pas de la lance qu’elle frappa ou blessa, mais ouvrit le côté du
Seigneur. C’était bien une porte en effet qui se révélait alors, la porte de la
vie, figurée par celle que Noé reçut l’ordre d’ouvrir au côté de l’arche, pour
l’entrée des animaux qui devaient être sauvés du déluge et figuraient l’Église
» [34].
« Entre dans la pierre,
cache-toi dans la terre creusée [35], dans le côté du Christ », interprète
pareillement au XIIe siècle un disciple de saint Bernard, le Bienheureux
Guerric, abbé d’Igny [36]. Et l’Abbé de Clairvaux lui-même, commentant le
verset du Cantique : Viens, ma colombe, dans les trous de la pierre, dans la
caverne de la muraille [37] : « Heureuses ouvertures, dit-il, où la colombe est
en sûreté et regarde sans crainte l’oiseau de proie volant à l’entour !... Que
verrons-nous par l’ouverture ? Par ce fer qui a traversé son âme et passé
jusqu’à son Cœur, voici qu’est révélé l’arcane, l’arcane du Cœur, le mystère de
l’amour, les entrailles de la miséricorde de notre Dieu. Qu’y a-t-il en vous, ô
Seigneur, que des trésors d’amour, des richesses de bonté ? J’irai, j’irai à
ces celliers d’abondance ; docile à la voix du prophète [38], j’abandonnerai
les villes, j’habiterai dans la pierre, j’aurai mon nid, comme la colombe, dans
la plus haute ouverture ; placé comme Moïse [39] à l’entrée du rocher, je verrai
passer le Seigneur » [40]. Au siècle suivant, le Docteur Séraphique, en de
merveilleuses effusions, rappelle à son tour et la naissance de la nouvelle Ève
du côté du Christ endormi, et la lance de Saül dirigée contre David et frappant
la muraille [41], comme pour creuser dans Celui dont le fils de Jessé n’était
que la figure, dans la pierre qui est le Christ [42], la caverne aux eaux
purifiantes, habitation des colombes [43].
Mais nous ne pouvons
qu’effleurer ces grands aperçus, écouter en passant la voix des Docteurs. Au
reste, le culte de l’ouverture bénie du côté du Christ se confond le plus
souvent, pour saint Bernard et saint Bonaventure, avec celui des autres plaies
sacrées du Sauveur. Le Cœur sacré, organe de l’amour, ne se dégage pas encore
suffisamment dans leurs écrits. Il fallait que le Seigneur intervînt
directement pour faire découvrir et goûter au peuple chrétien, par
l’intermédiaire de quelques âmes privilégiées, les ineffables conséquences des
principes admis par tous dans son Église.
Le 27 janvier 1281, au
monastère bénédictin d’Helfta, près Eisleben, en Saxe, l’Époux divin se
révélait à l’épouse qu’il avait choisie pour l’introduire dans ses secrets et
ses réserves les plus écartées. Mais ici nous céderons la parole à une voix
plus autorisée que la nôtre. Gertrude, en la vingt-cinquième année de son âge,
a été saisie par l’Esprit, dit en la Préface de sa traduction française
l’éditeur du Legatus divinæ pietatis : elle a reçu sa mission, elle a vu,
entendu, touché ; plus encore, elle a bu à cette coupe du Cœur divin qui enivre
les élus, elle y a bu quand elle était encore en cette vallée d’absinthe, et ce
qu’elle a pris à longs traits, elle l’a reversé sur les âmes qui voudront le
recueillir et s’en montreront saintement avides. Sainte Gertrude eut donc pour
mission de révéler le rôle et l’action du Cœur divin dans l’économie de la
gloire divine et de la sanctification des âmes ; et sur ce point important nous
ne séparerons pas d’elle sainte Mechtilde, sa compagne.
« L’une et l’autre, à l’égard
du Cœur du Dieu fait homme, se distinguent entre tous les Docteurs spirituels
et tous les mystiques des âges divers de l’Église. Nous n’en excepterons pas
les Saints de ces derniers siècles, par lesquels Notre-Seigneur a voulu qu’un
culte public, officiel, fût rendu à son Cœur sacré : ils en ont porté la
dévotion dans toute l’Église ; mais ils n’en ont pas exposé les mystères
multiples, universels, avec l’insistance, la précision, la perfection qui se
rencontrent dans les révélations de nos deux Saintes.
Le Disciple bien-aimé de
Jésus, qui avait reposé sur son sein, en la Cène, et avait pu entendre les
battements de ce Cœur divin, qui sur la croix l’avait vu percé par la lance du
soldat, en dévoila à Gertrude la glorification future, lorsqu’elle lui demanda
pourquoi il avait gardé sous le silence ce qu’il avait senti lorsqu’il reposait
sur ce Cœur sacré : « Ma mission, dit-il, fut d’écrire pour l’Église encore
jeune un seul mot du Verbe incréé de Dieu le Père, lequel pourrait suffire à
toute la race des hommes jusqu’à la fin du monde, Sans toutefois que jamais
personne le comprît dans sa plénitude. Mais le langage de ces bienheureux
battements du Cœur du Seigneur est réservé pour les derniers temps, alors que
le monde vieilli et refroidi dans l’amour divin devra se réchauffer à la
révélation de ces mystères » [44].
Gertrude fut choisie pour
cette révélation, et ce qu’elle en a dit dépasse tout ce que l’imagination de
l’homme aurait jamais pu concevoir. Tantôt le Cœur divin lui apparaît comme un
trésor où sont renfermées toutes les richesses ; tantôt c’est une lyre touchée
par l’Esprit-Saint, aux sons de laquelle se réjouissent la très sainte Trinité
et toute la Cour céleste. Puis, c’est une source abondante dont le courant va
porter le rafraîchissement aux âmes du Purgatoire, les grâces fortifiantes aux
âmes qui militent sur la terre, et ces torrents de délices où s’enivrent les
élus de la Jérusalem céleste. C’est un encensoir d’or, d’où s’élèvent autant de
divers parfums d’encens qu’il y a de races diverses d’hommes pour lesquelles le
Sauveur a souffert la mort de la croix. Une autre fois, c’est un autel sur
lequel les fidèles déposent leurs offrandes, les élus leurs hommages, les anges
leurs respects, et le Prêtre éternel s’immole lui-même. C’est une lampe
suspendue entre ciel et terre ; c’est une coupe où s’abreuvent les Saints, mais
non les Anges, qui néanmoins en reçoivent des délices. En lui la prière du
Seigneur, le Pater noster, a été conçue et élaborée, elle en est le doux fruit.
Par lui est suppléé tout ce que nous avons négligé de rendre d’hommages dus à
Dieu, à la Sainte Vierge et aux Saints. Pour remplir toutes nos obligations, le
Cœur divin se fait notre serviteur, notre gage ; en lui seul nos œuvres
revêtent cette perfection, cette noblesse qui les rend agréables aux yeux de la
Majesté divine ; par lui seul découlent et passent toutes les grâces qui
peuvent descendre sur la terre. A la fin, c’est la demeure suave, le sanctuaire
sacré qui s’ouvre aux âmes, à leur départ de ce monde, pour les y conserver
dans d’ineffables délices pour l’éternité » [45].
En découvrant à Gertrude
l’ensemble merveilleux que présente la traduction de l’amour infini dans le
Cœur de l’Homme-Dieu, l’Esprit divin prévenait l’enfer au lieu même d’où devait
surgir, deux siècles plus tard, l’apôtre des théories les plus opposées. En
1483, Luther naissait à Eisleben ; et son imagination désordonnée posait les
bases de l’odieux système qui allait faire du Dieu très bon qu’avaient connu
ses pères l’auteur direct du mal et de la damnation, créant le pécheur pour le
crime et les supplices éternels, à la seule fin de manifester son autocratie
toute-puissante. Calvin bientôt précisait plus encore, en enserrant les
blasphèmes du révolté saxon dans les liens de sa sombre et inexorable logique.
La queue du dragon, par ces deux hommes, entraîna la troisième partie des
étoiles du ciel [46]. Se transformant hypocritement au XVIIe siècle, changeant
les mots, mais non les choses, l’ennemi tenta de pénétrer au sein même de
l’Église et d’y faire prévaloir ses dogmes impies : sous prétexte d’affirmer
les droits du domaine souverain du premier Être, le Jansénisme oubliait sa
bonté. Celui qui a tant aimé le monde voyait les hommes, découragés ou
terrifiés, s’éloigner toujours plus de ses intentions miséricordieuses.
Il était temps que la
terre se souvînt que le Dieu très-haut l’avait aimée d’amour, qu’il avait pris
un Cœur de chair pour mettre à la portée des hommes cet amour infini, et que ce
Cœur humain, le Christ en avait fait usage selon sa nature, pour nous aimer
comme on aime dans la famille d’Adam le premier père [47], tressaillir de nos
joies, souffrir de nos tristesses, et jouir ineffablement de nos retours à ses
divines avances. Qui donc serait chargé d’accomplir la prophétie de Gertrude la
Grande ? Quel autre Paul, quel nouveau Jean manifesterait au monde vieilli le
langage des bienheureux battements du divin Cœur ?
Laissant de côté tant
d’illustrations d’éloquence et de génie qui remplissaient alors de leur insigne
renommée l’Église de France, le Dieu qui fait choix des petits pour confondre
les forts [48] avait désigné, pour la manifestation du Cœur sacré, la
religieuse inconnue d’un obscur monastère. Comme au XIIIe siècle il avait
négligé les Docteurs et les grands Saints eux-mêmes de cet âge, pour solliciter
auprès de la Bienheureuse Julienne du Mont-Cornillon l’institution de la fête
du Corps du Seigneur, il demande de même la glorification de son Cœur divin par
une fête solennelle à l’humble Visitandine de Paray-le-Monial, que le monde
entier connaît et vénère aujourd’hui sous le nom de la Bienheureuse
Marguerite-Marie [49].
Marguerite-Marie reçut
donc pour mission de faire descendre des mystiques sommets, où il était resté
comme la part cachée de quelques âmes bénies, le trésor révélé à sainte
Gertrude. Elle dut le proposer à toute la terre, en l’adaptant à cette
vulgarisation sublime. Il devint en ses mains le réactif suprême offert au
monde contre le froid qui s’emparait de ses membres et de son cœur engourdis
par l’âge, l’appel touchant aux réparations des âmes fidèles pour tous les
mépris, tous les dédains, toutes les froideurs et tous les crimes des hommes
des derniers temps contre l’amour méconnu du Christ Sauveur.
« Étant devant le
Saint-Sacrement un jour de son Octave (en juin 1675), raconte elle-même la
Bienheureuse, je reçus de mon Dieu des grâces excessives de son amour. Et me
sentant touchée du désir de quelque retour, et de lui rendre amour pour amour,
il me dit : « Tu ne m’en peux rendre un plus grand qu’en faisant ce que je t’ai
déjà tant de fois demandé ». Alors me découvrant son divin Cœur : « Voilà ce
Cœur qui a tant aimé les hommes, qu’il n’a rien épargné, jusqu’à s’épuiser et
se consommer pour leur témoigner son amour ; et pour reconnaissance je ne
reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs
sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu’ils ont pour moi dans ce
Sacrement d’amour. Mais ce qui m’est encore le plus sensible est que ce sont
des cœurs qui me sont consacrés qui en usent ainsi. C’est pour cela que je te
demande que le premier vendredi d’après l’Octave du Saint-Sacrement soit dédié
à une fête particulière pour honorer mon Cœur, en communiant ce jour-là et en
lui faisant réparation d’honneur par une amende honorable, pour réparer les
indignités qu’il a reçues pendant le temps qu’il a été exposé sur les autels.
Je te promets aussi que mon Cœur se dilatera a pour répandre avec abondance les
influences de son divin amour sur ceux qui lui rendront cet honneur, et qui
procureront qu’il lui soit rendu » [50].
En appelant sa servante à
être l’instrument de la glorification de son divin Cœur, l’Homme-Dieu faisait
d’elle un signe de contradiction, comme il l’avait été lui-même [51]. Il fallut
dix ans et plus à Marguerite-Marie pour surmonter, à force de patience et
d’humilité, la défiance de son propre entourage, les rebuts de ses Sœurs, les
épreuves de tout genre.
Cependant, le 21 juin
1686, vendredi après l’Octave du Saint-Sacrement, elle eut enfin la consolation
de voir la petite communauté de Paray-le-Monial prosternée au pied d’une image
où le Cœur de Jésus percé par la lance était représenté seul, entouré de
flammes et d’une couronne d’épines, avec la croix au-dessus et les trois clous.
Cette même année, fut commencée dans le monastère la construction d’une
chapelle en l’honneur du Sacré-Cœur ; la Bienheureuse eut la joie de voir bénir
le modeste édifice quelque temps avant sa mort, arrivée l’an 1690. Mais il y
avait loin encore de ces humbles débuts à rétablissement d’une fête proprement
dite, et à sa célébration dans l’Église entière.
Déjà cependant la
Providence avait pris soin de susciter, dans le même siècle, à la servante du
Sacré-Cœur un précurseur puissant en parole et en œuvres. Né à Ri, au diocèse
de Séez, en 1601, le Vénérable Jean Eudes [52] avait porté partout, dans ses
innombrables missions, la vénération et l’amour du Cœur de l’Homme-Dieu qu’il
ne séparait pas de celui de sa divine Mère. Dès 1664, il creusait à Caen les
fondations de la première église du monde, dit-il lui-même, qui porte le nom de
l’église du Très-Sainct Cœur de Jésus et de Marie » [53] et Clément X, en 1674,
approuvait cette dénomination. Après s’être borné longtemps à célébrer, dans la
Congrégation qu’il avait fondée, la fête du très saint Cœur de Marie en unité
de celui de Jésus, le Père Eudes voulut y établir une fête spéciale en
l’honneur du Cœur sacré du Sauveur ; le 8 février demeura assigné à la fête du
Cœur de la Mère, et le 20 octobre fut déterminé pour honorer celui de son divin
Fils. L’Office et la Messe que le Vénérable composa à cette fin, en 1670,
furent approuvés pour ses séminaires, dès cette année et la suivante, par
l’évêque de Rennes et les évêques de Normandie. Cette même année 1670 les vit
insérer au Propre de l’abbaye royale de Montmartre. En 1674, la fête du
Sacré-Cœur était également célébrée chez les Bénédictines du Saint-Sacrement.
Cependant on peut dire que la fête établie par le Père Eudes ne sortit guère
des maisons qu’il avait fondées ou de celles qui recevaient plus directement
ses inspirations. Elle avait pour objet de promouvoir la dévotion au Cœur de
l’Homme-Dieu, telle qu’elle ressort du dogme même de la divine Incarnation, et
sans but particulier autre que de lui rendre les adorations et les hommages qui
lui sont dus. C’était à la Bienheureuse Marguerite-Marie qu’il était réservé de
présenter aux hommes le Cœur sacré comme la grande voie de réparation ouverte à
la terre. Confidente du Sauveur et dépositaire de ses intentions précises sur
le jour et le but que le ciel voulait voir assigner à la nouvelle fête, ce fut
elle qui resta véritablement chargée de la promulguer pour le monde et d’amener
sa célébration dans l’Église universelle.
Pour obtenir ce résultat
qui dépassait les forces personnelles de l’humble Visitandine, le Seigneur
avait rapproché mystérieusement de Marguerite-Marie l’un des plus saints
Religieux que possédât alors la Compagnie de Jésus, le R. P. Claude de la
Colombière [54]. Il reconnut la sainteté des voies par où l’Esprit divin
conduisait la Bienheureuse, et se fit l’apôtre dévoué du Sacré-Cœur, à Paray
d’abord, et jusqu’en Angleterre, où il mérita le titre glorieux de confesseur
de la foi dans les rigueurs des prisons protestantes. Ce fervent disciple du
Cœur de l’Homme-Dieu mourait en 1682, épuisé de travaux et de souffrances. Mais
la Compagnie de Jésus tout entière hérita de son zèle à propager la dévotion au
Sacré-Cœur. Bientôt s’organisèrent des confréries nombreuses, de tous côtés on
éleva des chapelles en l’honneur de ce Cœur sacré. Mais l’enfer s’indigna de
cette grande prédication d’amour ; les Jansénistes frémirent à cette apparition
soudaine de la bonté et de l’humanité du Dieu Sauveur [55], qui prétendait
ramener la confiance dans les âmes où ils avaient semé la crainte. On cria à la
nouveauté, au scandale, à l’idolâtrie ou tout au moins à la dissection
inconvenante des membres sacrés de l’humanité du Christ ; et pendant que
s’entassaient à grands frais d’érudition dissertations théologiques et
physiologiques, les gravures les moins séantes étaient répandues, des
plaisanteries de mauvais goût mises en vogue, tous les moyens employés pour
tourner en ridicule ceux qu’on appelait les Cordicoles.
Cependant l’année 1720
voyait fondre sur Marseille un fléau redoutable : apportée de Syrie sur un
navire, la peste faisait bientôt plus de mille victimes par jour dans la cité
de saint Lazare. Le Parlement janséniste de Provence était en fuite, et l’on ne
savait où s’arrêterait le progrès toujours croissant de l’affreuse contagion,
quand l’évêque, Mgr de Belzunce, réunissant les débris de son clergé fidèle et
convoquant son troupeau sur le Cours qui depuis a pris le nom de l’héroïque
pasteur, consacra solennellement son diocèse au Sacré-Cœur de Jésus. Dès ce
moment, le fléau diminua ; et il avait cessé entièrement, lorsque, deux ans
plus tard, il reparut, menaçant de recommencer ses ravages. Il fut arrêté sans
retour à la suite du vœu célèbre par lequel les échevins s’engagèrent, pour eux
et leurs successeurs à perpétuité, aux actes solennels de religion qui ont fait
jusqu’à nos jours la sauvegarde de Marseille et sa gloire la plus pure.
Ces événements, dont le
retentissement fut immense, amenèrent la fête du Sacré-Cœur à sortir des monastères
de la Visitation où elle avait commencé de se célébrer au jour fixé par
Marguerite-Marie, avec la Messe et l’Office du P. Eudes. On la vit, à partir de
là, se répandre dans les diocèses. Lyon toutefois avait précédé Marseille.
Autun vint en troisième lieu. On ne croyait pas alors en France qu’il fût
nécessaire de recourir à l’autorité du Souverain Pontife pour l’établissement
de nouvelles fêtes. Déférant aux vœux de la pieuse reine Marie Leczinska, les
prélats qui formaient l’Assemblée de 1765 prirent une résolution pour établir
la fête dans leurs diocèses, et engager leurs collègues à imiter cet exemple.
Mais la sanction formelle
du Siège apostolique ne devait pas manquer plus longtemps à ces efforts de la
piété catholique envers le divin Cœur. Rome avait déjà accordé de nombreuses
indulgences aux pratiques privées, érigé par brefs d’innombrables confréries,
lorsqu’en cette même année 1765, Clément XIII, cédant aux instances des évêques
de Pologne et de l’archiconfrérie romaine du Sacré-Cœur, rendit le premier
décret pontifical en faveur de la fête du Cœur de Jésus, et approuva pour cette
fête une Messe et un Office. Des concessions locales étendirent peu à peu cette
première faveur à d’autres Églises particulières, jusqu’à ce qu’enfin, le 23
août 1856, le Souverain Pontife Pie IX, de glorieuse mémoire, sollicité par
tout l’Épiscopat français, rendit le décret qui insérait au Calendrier la fête
du Sacré-Cœur et en ordonnait la célébration dans l’Église universelle.
Trente-trois ans plus tard, Léon XIII élevait au rite de première classe la
solennité que son prédécesseur avait établie.
La glorification du Cœur
de Jésus appelait celle de son humble servante. Le 18 septembre 1864 avait vu
la béatification de Marguerite-Marie proclamée solennellement par le même
Pontife qui venait de donner à la mission qu’elle avait reçue la sanction
définitive du Siège apostolique.
Depuis lors, la
connaissance et l’amour du Sacré-Cœur ont progressé plus qu’ils n’avaient fait
dans les deux siècles précédents. On a vu par tout le monde communautés, ordres
religieux, diocèses, se consacrant à l’envi à cette source de toute grâce, seul
refuge de l’Église en ces temps calamiteux. Les peuples se sont ébranlés en de
dévots pèlerinages ; des multitudes ont passé les mers, pour apporter leurs
supplications et leurs hommages au divin Cœur en cette terre de France, où il
lui a plu de manifester ses miséricordes. Elle-même si éprouvée, notre patrie
tourne les yeux, comme espoir suprême, vers le splendide monument qui s’élève
sur le mont arrosé par le sang des martyrs ses premiers apôtres, et, dominant
sa capitale, attestera pour les siècles futurs la foi profonde et la noble
confiance qu’a su garder, dans ses malheurs, celle qui naquit et demeure à
jamais la Fille aînée de la sainte Église.
O Cœur sacré, qui fûtes
le lien de cette union puissante et si féconde, daignez rapprocher toujours
plus votre Église et la France ; et qu’unies aujourd’hui dans l’épreuve, elles
le soient bientôt dans le salut pour le bonheur du monde !
A LA MESSE.
Nota bene : Il s’agit ici
du commentaire de la Messe promulguée par Pie IX en 1856, et non de la Messe
actuelle de 1929.
Il est peu fait mention
du Cœur de chair du Sauveur dans les formules liturgiques de ce jour. Lorsqu’au
dernier siècle il fut question d’approuver une Messe et un Office en l’honneur
du Sacré-Cœur, les Jansénistes, qui avaient jusque dans Rome leurs dévoués
partisans, suscitèrent de telles oppositions, que le Siège apostolique ne crut
pas le moment venu encore de se prononcer ouvertement sur les points débattus.
Il ne fit pas toutefois difficulté d’accorder au Portugal et à la République de
Venise un Office où le Cœur de Jésus victime d’amour et percé par la lance
était proposé aux adorations des fidèles. Mais, dans la Messe et l’Office qui
de Rome devaient plus tard s’étendre au monde entier, il s’en tint par prudence
à la glorification de l’amour du Sauveur, dont on ne pouvait nier
raisonnablement que son Cœur de chair ne fût au moins le vrai et direct
symbole.
C’est ainsi que l’Introït,
tiré de Jérémie, exalte les miséricordes ineffables de Celui dont le Cœur n’a
point rejeté les enfants des hommes.
L’Église, émue des grands
biens qui lui sont venus par le Cœur sacré, demande pour ses enfants, dans la
Collecte, la grâce de comprendre les bienfaits divins et de recueillir dans une
sainte joie les fruits qu’ils sont destinés à produire.
ÉPÎTRE.
« Mon peuple a commis
deux maux », s’écriait Jéhovah sous l’ancienne alliance : « ils m’ont
abandonné, moi la source d’eau vive, et ils se sont creusé des citernes, des
citernes crevassées qui ne gardent point l’eau » [56]. Plainte sublime d’un
amour infini qui voit rejeter ses bienfaits ! Mais, prodige plus merveilleux
encore : le Dieu méconnu des fils ingrats qui cherchent en dehors de lui leur
bonheur, oublie son offense pour songer à leurs maux. Il est ému de la misère
affreuse qui pousse ces êtres dévoyés à demander aux créatures l’étanchement de
la soif ardente que lui seul pourrait apaiser. Le bien des corps, le beau
palpable ont séduit leurs sens ; l’âme, créée pour le bien absolu, a cru
trouver son repos dans ces pâles et fugitifs reflets de la beauté souveraine,
qui devaient la rappeler au contraire à leur source infinie. Comment ramener
désormais à la source vive l’être affolé que trompe le mirage du désert, et qui
s’enfonce toujours plus dans ses sables brûlants ? O Israël, chante au Seigneur
; Sion, bénis ton Dieu pour ses miséricordes infinies !
L’eau est sortie de la
pierre du désert où te retenait le délire de ta fièvre insensée. Dans cette
voie dont la pente rapide t’entraînait vers la chair, devant toi s’est dressé
soudain ton Sauveur, compagnon inattendu des sentiers de ta vie terrestre, Dieu
fait chair pour t’attirer au profit de ton âme dans ces filets d’amour humain
que réclamait ton cœur. Prisonnier dans les liens mêmes d’Adam de l’amour
infini [57], tu as retrouvé à ta portée la fontaine d’eau vive, oublié la boue
fétide de tes citernes aux sources du Sauveur ; et tes lèvres, altérées
toujours, mais rassasiées sans cesse, puisent à longs traits, au réservoir
sacré découvert par la lance mystérieuse, l’onde divine qui, de cette terre,
jaillit à flots jusqu’à la vie éternelle [58].
L’immense amour qui
remplit le Cœur de l’Homme-Dieu et l’a porté à embrasser des douleurs sans
pareilles pour nous sauver, la douceur et l’humilité de ce Cœur divin dans
lesquelles se résument le caractère et toute la vie du Sauveur, sont proposés à
notre reconnaissance et à notre imitation dans le Graduel et le Verset
alléluiatique.
ÉVANGILE.
Nous avons expliqué plus
haut cet endroit de l’Évangile de saint Jean, en le rapprochant des passages de
la première Épître du même Apôtre qui jettent une si vive lumière sur le fait
de l’ouverture du côté du Sauveur. Écoutons ce texte mystérieux avec le
recueillement ému de notre Mère la sainte Église. Voyons la voie par où elle
est sortie. C’est bien du Cœur de l’Homme-Dieu qu’elle est née. Elle ne pouvait
avoir d’autre origine ; car elle est l’œuvre par excellence de son amour, et
c’est pour cette Épouse qu’il a fait toutes les autres œuvres. Ève fut tirée du
côté d’Adam d’une manière figurative ; mais la trace ne devait pas en demeurer,
de peur que la femme ne parût tirée de l’homme autrement que pour un grand
mystère, et qu’on n’y vît pour elle infériorité de nature. Mais, dans le
Seigneur, il convenait que la glorieuse trace de cette sortie demeurât, parce
qu’il apporte la réalité. Il faut que son Épouse, se fondant sur cette origine,
puisse sans cesse avoir recours à son amour, et que le chemin soit toujours
ouvert devant elle, afin qu’elle atteigne sûrement et promptement son Cœur en
toutes choses.
L’Offertoire est tiré du
Psaume CII, magnifique chant d’amour et de reconnaissance, exaltant les bontés
sans nombre, les miséricordes infinies du Seigneur.
Implorons avec l’Église,
dans la Secrète, les flammes de la divine charité, pour que nos cœurs devenus
brûlants soient à l’unisson de celui du Pontife éternel qui vient offrir son
Sacrifice et le nôtre.
La Préface qui suit est
celle de la Croix. Le Seigneur tenait encore à ce bois sacré, quand son Cœur
fut ouvert ; et l’Église devait aujourd’hui cet hommage au lit nuptial qui la
vit sortir du côté de l’Époux endormi.
Afin d’exciter ses
enfants aux pensées de réparation et d’amende honorable qui sont dans l’esprit
de cette fête, l’Église rappelle, au moment de la Communion, le délaissement de
l’Homme-Dieu dans les maux immenses qu’il a pris sur lui pour notre amour.
L’Église, qui vient de
s’unir à l’Époux dans les Mystères, a compris mieux encore aujourd’hui les
leçons du Cœur sacré dans ce rapprochement ineffable. Elle demande pour ses
fils l’humilité profonde qui doit montrer en eux toujours plus, à la face d’un
siècle superbe, les vrais disciples de Celui qui fut doux et humble de cœur.
A VÊPRES.
Les Antiennes sont tirées
de divers livres de l’Ancien et du Nouveau Testament. Les Psaumes sont les
mêmes que ceux de la fête du Très Saint Sacrement. Le Capitule est d’Isaïe,
comme tous ceux de ce jour, et se retrouve avec eux dans L’Épître de la Messe.
L’année Liturgique donne
ici les trois hymnes de l’Office qu’on trouvera en leur place avec les autres
textes liturgiques.
[5] Act. II, 2.
[6] Johan. XIV, 26.
[7] Psalm. CX, 4.
[8] I Johan. III, 2.
[9] Ibid. 1, 3.
[10] Ibid. 1-2.
[11] Johan, I, 9.
[12] Luc. XV, 13.
[13] Legatus divinae
pietatis. Lib. II, c. 23 ; Lib. III, c. 25.
[14] Johan. XIX, 34.
[15] Ibid. 35-36.
[16] Zach. XII, 10.
[17] Ibid. ; Johan. XIX,
37.
[18] Johan. III, 16.
[19] Luc. III, 21-22.
[20] Isai. XLII, I.
[21] I Johan. V, 7, 8,
11.
[22] I Johan. V, 6.
[23] Johan. V, 26, etc.
[24] Ibid. VII, 37-39.
[25] Isai. XII, 3.
[26] Johan. III, 5.
[27] Gen. II, 23 ; Eph.
V, 30.
[28] Psalm. CVII, 1-4, ce
psaume fut ajouté à l’Office des Matines du Sacré-Cœur en 1929.
[29] Gen. II, 24 ; Eph.
V, 31.
[30] Cant. IV, 9.
[31] Eph. V, 32.
[32] I Cor. XI, 3.
[33] In Johan. Hom. 84,
cf. Matines avant 1929, leçon 8.
[34] In Johan. Tract,
CXX, cf. Matines avant 1929, leçon 7.
[35] Isai. II, 10.
[36] In Domin. Palm.
Serm. IV.
[37] Cant. II, 14.
[38] Jerem. XLVIII, 28.
[39] Exod. XXXIII, 22.
[40] In Cant. Serm. LXI.
[41] I Reg. XVIII, 10-11.
[42] I Cor. X, 4.
[43] Lignum vitæ.
[44] LE HÉRAUT DE L’AMOUR
DIVIN, Livre IV, c. 4.
[45] Préface des
Révélations de sainte Gertrude traduites sur la nouvelle édition latine des
Bénédictins de Solesmes.
[46] Apoc. XII, 4.
[47] Ose. XI, 4.
[48] I Cor. I, 27.
[49] Canonisée en 1920.
[50] Vie de la
Bienheureuse écrite par elle-même.
[51] Luc. II, 34.
[52] Béatifié en 1909,
canonisé en 1925.
[53] Le Cœur admirable de
la T. Sacrée Mère de Dieu, Epître dédicatoire. Le séminaire des Eudistes à
Caen, pour lequel fut bâtie cette église ou chapelle, est aujourd’hui
l’Hôtel-de-Ville.
[54] Béatifié en 1929 et
canonisé en 1992.
[55] Tit. III, 4.
[56] Jerem. II, 13.
[57] Ose. XI, 4.
[58] Johan. IV, 14.
Bhx Cardinal
Schuster, Liber Sacramentorum
Les origines de cette
fête [59] sont toutes semblables à celles de la fête du Très Saint Sacrement.
Le symbolisme du côté de Jésus, ouvert par la lance de Longin et d’où
jaillirent le sang et l’eau, est déjà connu par les anciens Pères de l’Église ;
saint Augustin et saint Jean Chrysostome ont des pages splendides sur les
divins Sacrements, nés du Cœur aimant du Rédempteur, et sur l’Église qui,
rayonnante de jeunesse, sort du côté du nouvel Adam endormi sur la Croix.
La tradition patristique
fut conservée et développée par les soins de l’école ascétique bénédictine ;
aussi, quand, au XIIe siècle, le saint abbé de Clairvaux orienta enfin la piété
mystique de ses moines vers un culte tout à fait spécial rendu à l’humanité du
Sauveur, on peut dire que la dévotion au Sacré-Cœur, au sens que maintenant lui
attribue la sainte liturgie, était déjà née. De la simple méditation sur les
plaies de Jésus, l’école bénédictine était passée à la dévotion particulière
pour celle du côté, et à travers le flanc transpercé par la lance de Longin,
elle avait pénétré dans l’intime du Cœur, blessé lui aussi par la lance de
l’amour.
Le Cœur de Jésus
représente, pour saint Bernard, ce creux du rocher où l’Époux divin invite sa
colombe à chercher un refuge. Le fer du soldat est arrivé jusqu’au Cœur du
Crucifié pour nous en dévoiler tous les secrets d’amour. Il nous a, en effet,
révélé le grand mystère de sa miséricorde, ces entrailles de compassion qui
l’ont induit à descendre du ciel pour nous visiter [60].
Les disciples de saint
Bernard développaient merveilleusement la doctrine mystique du Maître, quand
intervinrent les grandes révélations du Sacré-Cœur de Jésus à sainte Lutgarde
(+ 1246), à sainte Gertrude et à sainte Mechtilde.
Un jour, le Seigneur
échangea son Cœur avec celui de sainte Lutgarde ; et une nuit que la sainte,
malgré la maladie, s’était levée pour l’office vigilial, Jésus, pour la
récompenser, l’invita à approcher ses lèvres de la blessure de son Cœur, où
Lutgarde puisa une telle suavité spirituelle que, par la suite, elle éprouva
toujours force et douceur au service de Dieu.
Vers 1230 survint la
célèbre révélation du Sacré-Cœur à cette illustre Mechtilde de Magdebourg qui,
plus tard, fit partie de la communauté d’Helfta où vivaient sainte Gertrude et
sainte Mechtilde.
« Dans mes grandes
souffrances, écrit-elle, Jésus me montra la plaie de son Cœur et me dit : Vois
quel mal ils m’ont fait ! »
Cette apparition
l’impressionna vivement, d’autant plus que dès lors la pieuse religieuse ne
cessa de contempler ce Cœur affligé et outragé, mais qui, en même temps, lui
apparaissait semblable à une masse d’or embrasé, placé à l’intérieur d’une
immense fournaise. Jésus approcha le cœur de Mechtilde du sien, pour qu’elle
vécût d’une même vie que Lui.
Quand la Providence
conduisit à Helfta la pieuse extatique de Magdebourg, ce fat pour la rapprocher
de deux autres filles de saint Benoît, Gertrude et Mechtilde, qui avaient été
favorisées de dons semblables. Le caractère particulier de la dévotion de
sainte Gertrude pour le Verbe Incarné brille spécialement dans sa tendre
dévotion au Sacré-Cœur, qui, pour elle, est le symbole de l’amour du Crucifié,
et une sorte de sacrement mystique par lequel la Sainte participe aux
sentiments de Jésus en même temps qu’à ses mérites.
Un jour que Gertrude est
invitée par saint Jean à reposer avec lui sur le Cœur sacré du Seigneur, elle
demande à l’Évangéliste pourquoi il n’a pas révélé à l’Église les délices et
les mystères d’amour goûtés par lui à la dernière Cène, quand il appuya sa tête
sur la poitrine du Divin Maître. Jean répond que sa mission avait été de
révéler aux hommes la nature divine du Verbe, tandis que le langage d’amour
exprimé par les battements du Sacré-Cœur entendus par lui devait représenter la
révélation des derniers temps, alors que le monde, vieilli et refroidi, aurait
besoin de se réchauffer au moyen de ce mystère d’ardente charité.
Gertrude comprit que
l’apostolat du Sacré-Cœur de Jésus lui était confié à elle-même, et c’est
pourquoi, par ses paroles et dans ses livres, elle écrivit toute la théologie,
pour ainsi dire, de cette blessure divine et sacrée, en propageant avec ardeur
la dévotion. Dans cette mission évangélisatrice, elle eut pour compagne la
pieuse cantrix Mechtildis, qui avait été semblablement invitée par le Seigneur
à établir sa demeure dans la plaie de son Cœur. Comme sa compagne, sainte
Mechtilde mit elle aussi par écrit ses révélations, où elle compare le
Sacré-Cœur tantôt à une coupe d’or où se désaltèrent les saints, tantôt à une
lampe lumineuse, tantôt à une lyre qui répand dans le ciel ses douces
harmonies. Un jour Jésus et Mechtilde échangèrent leurs cœurs, et dès lors il
sembla à la Sainte que c’était les battements du Cœur de son divin Époux
qu’elle sentait en elle.
Les révélations des deux
extatiques de Helfta furent très favorablement accueillies, surtout en
Allemagne, c’est-à-dire dans un milieu déjà résolument orienté vers le Cœur de
Jésus, grâce à la précédente influence de l’école bénédictine. Les écrivains de
la famille dominicaine et franciscaine suivirent eux aussi avec ardeur ce
mouvement, et retendirent, surtout grâce à saint Bonaventure, au bienheureux
Henri Suso, à sainte Catherine et à saint Bernardin de Sienne. On arrive ainsi
jusqu’au temps de sainte Françoise Romaine, qui, dans ses révélations sur le
Sacré-Cœur, où elle se plonge elle aussi comme dans un océan embrasé d’amour,
ne fait qu’accentuer l’orientation ascétique de l’ancienne école mystique des
fils de saint Benoît. L’action de la fondatrice du monastère Turris Speculorum
à Rome demeura, il est vrai, circonscrite au milieu romain ; mais elle
représente un des plus précieux anneaux de toute une chaîne de saints et
d’écrivains ascétiques qui, en Allemagne, en Belgique et en Italie, préparèrent
les âmes aux grandes révélations de Paray-le-Monial. Quand enfin celles-ci
furent communiquées aux fidèles, grâce surtout au bienheureux Claude de La
Colombière et au P. Croiset, le triomphe du Cœur de Jésus et du règne de son
amour fut désormais assuré à la dévotion catholique. Les fils de saint Ignace
se consacrèrent avec un zèle particulier à cette forme nouvelle d’apostolat du
Sacré-Cœur. En 1765, le pape Clément XIII approuva un office en l’honneur du
Sacré-Cœur de Jésus, mais il fut concédé seulement à quelques diocèses. En
1856, Pie IX sur l’esprit duquel avait grandement influé l’illustre
restaurateur de l’Ordre bénédictin en France, Dom Guéranger, rendit cette fête
obligatoire pour l’Église universelle. En 1889, Léon XIII l’éleva au rite
double de première classe.
Quand, en 1765, Clément
XIII autorisa le culte liturgique du Sacré-Cœur de Jésus, s’accomplit une
prédiction faite trente ans auparavant par la pieuse abbesse de Saint-Pierre de
Montefiascone, Maria Cecilia Bai. Le Seigneur, montrant son Cœur à cette
servante de Dieu, lui avait dit : « Un jour viendra, où le culte de mon Cœur
s’étendra triomphalement dans l’Église militante, et cela grâce à la fête
solennelle qu’on en célébrera, avec l’office du Sacré-Cœur » [61]. « Toutefois,
ajoutait la pieuse Bénédictine, je ne sais si cela arrivera de nos temps ».
Elle fut d’ailleurs assez
heureuse pour voir enfin ce jour désiré, et elle se souvint certainement alors
de ces autres paroles qu’elle avait entendues de son divin Époux plusieurs
années auparavant : « Un temps viendra où tu seras très agréable à mon Cœur en
le faisant adorer et connaître d’un grand nombre de personnes au moyen du culte
et des actes de dévotion qui lui sont dus ».
En 1899, Léon XIII publia
une Encyclique où il prescrivait à tout l’univers catholique de se consacrer au
Cœur sacré de Jésus. Le Pontife s’était décidé à cet acte après un ordre formel
qu’une pieuse supérieure du Bon-Pasteur d’Oporto, sœur Marie Droste zu
Vischering, disait avoir reçu du divin Rédempteur lui-même pour qu’il fût
communiqué au Pape. La révélation privée présentait d’ailleurs tous les
caractères de l’authenticité, et l’esprit de la religieuse avait déjà été
éprouvé par le sage abbé de Seckau, Dom Ildephonse Schober. C’est ainsi que Dom
Hildebrand de Hemptinne, abbé de Saint-Anselme sur l’Aventin, prit l’affaire en
mains et présenta la supplique de la religieuse à Léon XIII. Le 9 juin 1899,
alors que les cloches de toutes les églises du monde chrétien annonçaient la
fête du Sacré-Cœur et le nouvel acte de consécration prescrit par le Pape, la
voyante d’Oporto rendait son âme très pure à Dieu, en témoignage de
l’accomplissement de sa mission terrestre.
Dernièrement, la fête du
Sacré-Cœur recevait de Pie XI un surcroît d’importance et d’honneur puisqu’on
lui accordait le privilège de l’octave, réservé aux plus grandes solennités du
Seigneur. Fut-ce simple coïncidence ou mystérieuse disposition de Dieu ? La
nouvelle liturgie romaine pour l’octave de la fête du Sacré-Cœur fut approuvée
par le Pape en même temps que le fameux Concordat qui met fin à la si funeste
Question romaine. A la même époque, le « parfait ami du divin Cœur », le P. de
la Colombière, est inscrit solennellement au catalogue des bienheureux, et Pie
XI, quelques semaines plus tard, sort enfin du Vatican, portant en triomphe
Jésus-Eucharistie, au milieu d’un glorieux cortège de ministres sacrés au
nombre de sept mille.
L’hérésie qui caractérise
l’esprit de la société actuelle pourrait être à bon droit appelée laïcisme, en
tant qu’elle veut abaisser le divin et le surnaturel au niveau des institutions
humaines, et qu’elle tente de faire entrer l’Église dans l’orbite des forces de
l’État. En face du judaïsme et de la maçonnerie qui s’obstinent toujours dans
leur haine furieuse contre Jésus : Toile, toile, crucifige, les catholiques
contaminés par ce laïcisme et ce libéralisme cherchent, comme Pilate, un juste
milieu et ils sont prêts à renvoyer le Christ absous, pourvu qu’auparavant Il
se soit laissé arracher le diadème royal qui ceint son front, et qu’il se
contente de vivre en sujet de la divinité de César.
Contre cette double
insulte sacrilège, le Pontife suprême proteste à la face du ciel et de la terre
qu’il n’y a pas d’autre Dieu que le Seigneur, et il institue la double fête du
Christ-Roi et de l’Octave du Sacré-Cœur. L’une est la solennité de la
puissance, l’autre celle de l’amour.
Le Bréviaire romain
devant s’enrichir d’un office pour l’Octave du Sacré-Cœur, le Souverain Pontife
voulut que la liturgie de cette solennité fût entièrement refondue. On sait que
l’office du Sacré-Cœur avait autrefois un certain caractère fragmentaire et
sporadique, qui reflétait bien l’incertitude des théologiens chargés de sa
rédaction. C’était un peu un office de l’Eucharistie, un peu celui de la
Passion, sans parler des lectures du troisième nocturne, glanées de-ci de-là
dans la Patrologie. Or, Pie XI — qui, sur sa table de travail a toujours devant
les yeux une belle statue du Sacré-Cœur, auprès duquel il a coutume de chercher
son inspiration quand il traite les affaires de l’Église — a voulu un office
parfaitement organique, c’est-à-dire où resplendît l’unité, et qui mît aussi en
pleine lumière le caractère spécial de la solennité de la fête du Sacré-Cœur,
laquelle ne veut être une répétition ni de celle du Saint-Sacrement ni des
offices quadragésimaux de la Passion.
Il nomma donc une
commission de théologiens chargés de rédiger le nouvel office ; mais à leurs
travaux il présida lui-même ; en sorte qu’après un semestre d’études, à
l’aurore de son jubilé sacerdotal, Pie XI a pu offrir au monde catholique la
nouvelle messe et l’office pour l’Octave du Sacré-Cœur.
La pensée qui domine
toute la composition est celle qu’exprima Jésus Lui-même quand, par
l’intermédiaire de sainte Marguerite-Marie, Il demanda à la famille catholique
l’institution de cette fête : « Voici le Cœur qui a tant aimé les hommes, et
qui en est si peu aimé ! »
Il s’agit donc d’une fête
de réparation envers l’Amour qui n’est pas aimé ; réparation qui fait
d’ailleurs amende honorable en glorifiant les pacifiques triomphes de cet
Éternel Amour.
L’introït emprunte son
antienne aux versets 11 et 19 du psaume 32. « Les desseins de son Cœur passent
d’âge en âge pour arracher les âmes à la mort et soutenir leur vie durant la
famine ».
Suit le premier verset du
même psaume : « O justes, chantez au Seigneur, car c’est à ceux qui sont bons
que convient sa louange ».
La magnifique préparation
du plan de la rédemption à travers les longs siècles qui l’ont précédée, puis
les dix-neuf qui maintenant la réalisent, l’étendant à tous les âges et à tous
les peuples, chantent comme un hymne de gloire au Cœur de Dieu qui fut le grand
artisan de cette généreuse et gratuite réparation du genre humain.
Parmi les multiples
aspects de cette rédemption, le Psalmiste en met ici deux surtout en évidence,
dans lesquels resplendit d’une façon spéciale l’excès du divin amour. Ce sont :
la délivrance de l’homme de la mort éternelle grâce à la mort de Jésus, et
l’institution de la divine Eucharistie.
La collecte apparaît, au
point de vue littéraire, un peu surchargée, mais elle contient de belles
pensées : « Seigneur qui avez miséricordieusement daigné nous accorder
d’infinis trésors d’amour dans le Cœur de votre Fils, transpercé par nos péchés
; faites, tandis que nous lui offrons l’hommage dévot de notre piété, qu’en
même temps nous présentions une digne réparation pour nos fautes ».
Le but de la solennité de
ce jour est donc double : tandis que nous offrons notre tribut d’amour à ce
Cœur qui, en raison de son excellence et de l’union hypostatique, est le centre
et le roi de tout autre cœur humain, nous expions en même temps le crime d’avoir
transpercé par nos péchés ce Cœur adorable, et de l’avoir couronné des épines
de l’ingratitude et du mépris.
Cependant, il faut que
les prévaricateurs reviennent à ce Cœur du Verbe incarné ; car c’est dans ce
temple et ce trophée de la divine miséricorde, que Dieu a déposé pour les
hommes des trésors infinis de sagesse, de science et surtout d’amour.
La première lecture est
tirée de la lettre aux Éphésiens (III, 8-15). L’Apôtre a reçu la mission
spéciale de révéler à l’Église les prérogatives du Christ, considéré surtout
comme Chef de la famille humaine et Pontife de la béatitude future. C’est
pourquoi saint Paul plie le genou et il supplie le Seigneur pour ses chers
fidèles d’Éphèse, afin qu’eux aussi soient initiés avec lui à la science
intérieure du Christ, et que, par la grâce du Saint-Esprit, eux aussi la
comprennent et en vivent à l’égal de tous les autres saints. Cette science et
cette vie se résument en un seul mot : l’amour — cet amour qui remplit l’âme de
la plénitude de Dieu.
Le répons-graduel est
emprunté au psaume 24, 8-9. « Le Seigneur est bon et droit, c’est pourquoi il
indique la voie à ceux qui sont errants. Il guide les doux dans la justice, et
il enseigne ses voies à ceux qui sont dociles ». — Tel est le motif de l’œuvre
de la rédemption des hommes : le Seigneur est amour, et en descendant jusqu’à
nous il a moins considéré notre indignité que son amour qui mérite bien tout le
nôtre.
Pour que nous puissions
convenablement aimer Dieu, il fallait que d’abord Il nous rachetât, afin que
l’Amour célébrât ses pacifiques triomphes sur nous et érigeât parmi les hommes
le siège de son magistère. Un magistère donc d’humilité, de douceur et de condescendance,
pour montrer par ces qualités la vérité de sa nature humaine, semblable à la
nôtre, tandis que, par sa charité toute-puissante, Il exalte sa nature divine,
consubstantielle au Père.
Le verset alléluiatique
est emprunté à saint Matthieu, XI, 29, et il est, en quelque sorte, appelé par
le second verset du graduel, où le Psalmiste décrit les caractères des futurs
disciples du divin Maître. Maintenant c’est Jésus lui-même qui nous dit dans
l’Évangile : « Prenez sur vous mon joug et apprenez de moi que je suis doux et
humble de Cœur et vous trouverez la paix pour vos âmes ».
Paix, félicité et
sainteté sont donc synonymes, car seuls les saints tarissent en eux-mêmes la
source des inquiétudes de la vie, pour se désaltérer abondamment aux eaux de la
joie, aux sources du Sauveur. Ce qui rend la vie pénible ne vient pas tant de
la vie elle-même que de la fièvre de l’amour-propre qui nous fait trouver amer
tout ce qui n’est pas conforme à notre goût.
Or, le remède qui guérit
cette fièvre, c’est l’humble et entière sujétion au bon plaisir divin, selon le
sublime modèle que nous offre le Cœur sacré de Jésus.
Aux messes votives après
la Septuagésime, au lieu du graduel et du verset alléluiatique, on dit le trait
(Ps. 102, 8-10) : « Le Seigneur est compatissant et indulgent ; patient et
plein de bonté. Il n’est pas sans cesse à disputer, et il ne garde pas de
continuelle rancune. Il ne nous a pas traités selon nos péchés, et il ne nous a
pas payés comme le méritaient nos iniquités ».
La raison intime de cet
excès de miséricorde envers nous, alors que c’est sur Lui seul que la justice
s’est exercée par la satisfaction rigoureuse qu’il a donnée à la divine Majesté
au moyen de sa terrible passion, c’est l’amour infini de Jésus.
Durant le temps pascal,
au verset alléluiatique ci-dessus on ajoute : « Alléluia ». (Matth., XI, 28) :
« Venez à moi, vous tous qui souffrez et êtes las, et je vous réconforterai ».
Jésus invite donc
l’humanité tout entière à chercher un asile de doux repos dans son Cœur. Mais
pourquoi sommes-nous tous tourmentés et las ? Saint Augustin nous le dit : à
cause de notre vie mortelle elle-même, vie fugitive et sujette à de nombreuses
tentations, où nous portons le trésor de la foi dans le vase fragile de notre
humanité. Une telle condition nous afflige, mais la douce invitation de Jésus
nous console. Il est même vain, en ce monde, d’espérer un autre réconfort, car,
comme le dit fort bien un antique logion évangélique, rapporté par Origène et
par Didyme l’aveugle : « Celui qui s’approche de moi s’approche du feu, tandis
que celui qui s’éloigne de moi s’éloigne du royaume ». Cette parole d’or,
prononcée par le divin Sauveur, et qui nous a été transmise par la tradition
des Pères, garantit par sa beauté même son authenticité, et paraît bien digne
d’être jointe à l’autre logion qui nous a été conservé par saint Paul : « Jésus
a dit : Il est meilleur de donner que de recevoir ».
La lecture évangélique
est empruntée à saint Jean (XIX, 31-37) et décrit, avec le brisement des jambes
des deux larrons, l’ouverture du côté de Jésus mort. De cette blessure
jaillirent le sang et l’eau, pour symboliser les sacrements dans lesquels
l’Église naît et est nourrie. C’est le Nouveau Testament dans le sang. Jean,
qui exerce à la fois les fonctions d’écrivain et de témoin, veut montrer aux
fidèles la continuité du plan divin dans l’ancienne et dans la nouvelle
alliance, et cite dans ce but les prophéties qui reçurent leur accomplissement
sur le Golgotha après la mort de Jésus.
On ne devait briser aucun
des os de l’Agneau pascal, parce que l’immolation de la Victime divine ne fut
pas suivie de la décomposition de son corps dans le tombeau, mais au contraire
de la gloire de la résurrection. De plus, bien que Jésus dans la sainte
Communion soit pris en nourriture par les fidèles, il n’est pas consommé pour
cela. Nec sumptus consumitur [62], et l’Agneau, même après que les fidèles s’en
sont nourris, demeure vivant, glorieux et entier.
Il existe aussi une autre
prophétie (Zach., XII, 10) à laquelle se réfère plusieurs fois saint Jean : Les
peuples contempleront Celui qu’ils ont transpercé.
Le caractère de cette
vision du Cœur transpercé de Jésus varie suivant les dispositions de celui qui
le regarde. Pour les impies, au jugement dernier, la vision de ce Cœur aimant
et qu’ils n’ont pas aimé, bienfaisant, et pour cela méprisé, sera le sujet
d’une affreuse terreur ; tandis qu’au contraire les bons, en voyant ce Cœur
rayonnant des flammes de la charité, gage et monument perpétuel d’une
miséricorde infinie, sacrement et signe sensible de l’amour divin éternel et
invisible, se sentent brûler d’amour, mettent en lui toute leur espérance, et
établissent en lui leur mystique demeure.
Le passage de l’Évangile
lu en ce jour a été commenté avec élégance par Paulin d’Aquilée [63] (+ 802) :
Quando se pro nobis
sanctum
Fecit sacrificium,
Tunc de lateris fixura
Fons vivus elicuit ;
De quo mystice fluxerunt
Duo simul flumina :
Sanguis nam redemptionis
Et unda baptismatis. [64]
L’antienne pour
l’offertoire est la même qu’au dimanche des Rameaux (Ps. 68, 21). « L’opprobre
et la douleur me brisent le Cœur. J’attendais la compassion, et il n’y en eut
point ; quelque consolateur, et je ne l’ai pas trouvé ».
Beaucoup plus atroces que
les souffrances physiques furent les peines morales endurées par le Sauveur
durant sa passion alors que, s’étant chargé du poids des fautes des hommes, et
ayant été condamné à mort par le Sanhédrin, il demeura comme écrasé sous
l’angoisse de la malédiction lancée par Dieu le Père contre le péché.
Quel déchirement dans ce
Cœur ! Même alors, il est vrai, son âme jouissait de la claire vision de Dieu
qu’il contemplait, mais en même temps, il voyait ce Dieu si bon et si aimable
offensé de mille manières par les hommes, ses frères cadets. Il sentait que le
péché avait dressé comme une muraille entre le Créateur et la créature, c’est
pourquoi, en vertu d’un juste jugement de Dieu, son humanité, abandonnée aux
outrages, aux tourments et à la mort ignominieuse de la Croix, entonna le
mystérieux cantique : Heli, Heli, lamma sabacthani [65].
En souffrant pour nous,
Jésus a voulu que nous nous assimilions à notre tour sa Passion bénie, la
revivant par la foi et par les œuvres de la mortification chrétienne. C’est là
le soulagement et la consolation qu’il demande dans le psaume 68. Il lui faut
des âmes. Aujourd’hui encore, il veut des âmes victimes, qui, avec Lui, portent
le poids de l’expiation des péchés du monde. Mais hélas ! Qu’elles sont rares
ces âmes entièrement vouées à l’immolation et à l’expiation !
Aux messes votives durant
le temps pascal, cette antienne si mélancolique de l’offertoire est remplacée
par la suivante qui exalte au contraire l’excellence du sacrifice du Christ sur
toutes les oblations de l’Ancienne Loi : (Ps. 39, 7-9) : « Tu ne demandes ni
holocauste ni oblation ; alors je dis : Voici que je viens. Dans un livre il
m’est prescrit de faire ce qui te plaît, ô mon Dieu, mon bien-aimé, et ta loi
est gravée dans mon Cœur. Alléluia ».
Les sacrifices de
l’Ancienne Loi cessèrent de plaire à Dieu quand arriva enfin la plénitude des
temps, où devait être accompli ce que ces anciens rites ne faisaient
qu’annoncer. Alors vint le Verbe incarné, pour offrir un holocauste qui seul
était digne de Dieu. Et comme toute offrande doit toujours s’accomplir selon un
cérémonial et un rite agréable à la Divinité, Jésus vécut et s’immola durant
trente-trois années conformément à ce que le Père éternel avait prescrit pour
Lui dans les Livres saints de l’Ancienne Alliance.
La prière précédant
l’anaphore est la suivante : « Ayez égard, Seigneur, à l’ineffable charité du
Cœur de votre fils bien-aimé, afin que notre oblation Vous soit agréable et
expie convenablement nos fautes. Par notre Seigneur ».
Il est de nouveau fait
allusion ici à la double signification de la solennité de ce jour. Avant tout,
c’est une fête d’expiation envers l’Amour non aimé et méprisé ; et c’est
pourquoi nous unissons notre amende honorable à ce même Amour qui, dans le
Sacrifice eucharistique, expie pour nous.
En outre, c’est une
célébration d’action de grâces et de triomphe du Cœur très saint de Jésus. Pour
ce motif, nous offrons ce même Cœur eucharistique, afin que, perpétuant sur nos
autels l’hymne d’action de grâces entonné jadis avec les Apôtres dans le Cénacle,
— Tibi gratias agens [66], — l’Amour incarné et immolé soit Lui-même le
remerciement de l’humanité à l’Éternel Amour.
Il faut noter avec une
véritable satisfaction la tendance récente du Saint-Siège, à pourvoir les
messes les plus insignes d’une préface propre. Après celle des défunts, de
saint Joseph, du Christ-Roi, voici aujourd’hui celle du Sacré-Cœur de Jésus. On
revient de la sorte à l’antique tradition latine, représentée surtout par les
Sacramentaires romains, où chaque solennité avait sa préface. Actuellement la
liturgie milanaise est seule demeurée fidèle à son antique tradition ; mais il
faut espérer que, tôt ou tard, comme il advint sous Pie X pour le chant
grégorien, Rome admettra de nouveau dans son missel ces anciennes et si belles
préfaces des Sacramentaires dits de Léon le Grand, de Gélase Ier et de Grégoire
le Grand, lesquelles, sans que l’autorité soit intervenue, se sont comme
perdues dans les manuscrits durant les longs siècles du bas moyen âge. « ...
Vous qui avez voulu que votre Fils unique, encore suspendu à la Croix, fût
transpercé par la lance du soldat, afin que son Cœur, sanctuaire des richesses
divines, étant ouvert, il répandît sur nous des torrents de miséricorde et de
grâce. Il avait vraiment toujours brûlé d’amour pour nous, mais c’est surtout
alors qu’il prépara un tranquille refuge pour les bons, et que les pénitents
virent s’ouvrir devant eux l’asile du salut. C’est pourquoi.. ».
L’antienne pour la
Communion, conformément à la règle, est tirée de la lecture de l’Évangile
(Ioan., XIX, 34) : « Un des soldats lui ouvrit le côté avec sa lance, et
aussitôt il en jaillit du sang et de l’eau ».
La signification spéciale
de ce sang et de cette eau nous est expliquée dans l’antienne suivante pour la
Communion durant le cycle pascal (Ioan., VII, 37) : « Que celui qui a soif
vienne à moi et qu’il boive. Alléluia ».
Comme le breuvage que
nous prenons s’incorpore à nous et se change en notre sang, ainsi les trésors
de la rédemption qui nous sont conférés dans les sacrements deviennent notre
bien, notre patrimoine spirituel, en tant qu’ils nous unissent et nous
incorporent mystiquement au Christ, qui est le Chef du Corps de l’Église.
Toutefois ces eaux
d’éternelle rédemption sont promises seulement à celui qui en est avide, parce
que la grâce de Dieu est offerte avec amour comme un don, mais n’est pas
imposée violemment comme un enrôlement obligatoire. C’est pourquoi le saint
cardinal André Ferrari disait fort justement aux petits enfants de Milan : Se
sauve qui veut.
Après la Communion : «
Que vos mystères sacrés, Seigneur, nous confèrent cette divine ferveur si
nécessaire pour goûter la suavité de votre Cœur très doux ; afin que nous
apprenions à mépriser les choses de la terre et à aimer celles du ciel ».
Quand on a une fois goûté
Dieu, tous les biens créés deviennent insipides et fastidieux. Mais, pour
goûter Dieu, nous avons besoin de ce don spécial de piété, qui, lui-même, est
une grâce du Saint-Esprit. Il ne mérite pas, en effet, de goûter Dieu, celui
qui cherche ses délices en dehors de Lui ; aussi la sainte liturgie demande
aujourd’hui, fort à propos, ce don, après que la participation aux mystères de
la mort du Seigneur a imprimé dans notre cœur les stigmates de la Passion de
Jésus, nous consacrant ainsi à une vie de mortification et d’immolation.
Aux louanges du
Sacré-Cœur, exprimées par les Pères de l’Église latine, nous ajouterons
aujourd’hui celles de l’Église byzantine :
Ton côté qui apporte la
vie,
Pareil à la source qui
jaillissait de l’Éden,
Arrose Ton Église, ô
Christ,
Comme un jardin
spirituel.
Ensuite elle se divise
Comme d’un tronc unique,
en quatre Évangiles.
Elle arrose le monde.
Réjouit la création ;
Elle enseigne aux peuples
A adorer ton règne avec
foi.
[59] Dans le Liber
Sacramentorum, la fête du Sacré Cœur se trouve encore au cycle sanctoral, le
traducteur en donne la raison : « Conformément aux dernières rubriques, cette
fête devrait se trouver au Propre du Temps, entre le IIe et le IIIe dimanche
après la Pentecôte. Le tome III du Liber Sacramentorum avait déjà paru quand
cette décision de la S. C. des Rites a été promulguée. Nous conservons donc à
la fête du Sacré-Cœur la place qu’elle occupait dans les anciennes éditions du
Missel, tout en substituant au précédent le nouveau texte de la messe (N. du
T.) ».
[60] In Cantic. Serm. 61,
n. 3-4. P. L., CLXXXIII, col. 1071-72.
[61] Cf. U. Berlière, La
dévotion au Sacré-Cœur dans l’Ordre de Saint-Benoît. Paris, 1923.
[62] St Thomas d’Aquin,
séquence de la Messe de la Fête-Dieu, « on s’en nourrit sans le consumer ».
[63] Cf. A. Willart,
L’Hymne de Paulin sur Lazare dans un manuscrit d’Autun, Rev, Bénéd., XXXIV,
1922, p. 42.
[64] « Quand il se fit
pour nous Sacrifice, alors de la blessure de son côté une source vive sortit ;
d’elle coulèrent en même temps et mystiquement deux fleuves : le sang de la
rédemption et l’eau du baptême ».
[65] « Mon Dieu, mon
Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné », Ps. 21.
[66] « Et Vous rendant
grâce », cf. Luc. 17, 16 & I Cor. 11, 24.
Dom Pius Parsch, le Guide
dans l’année liturgique
Un soldat ouvrit son côté
et il sortit du sang et de l’eau.
La fête du Sacré-Cœur de
Jésus a été élevée d’un degré ; elle a été pourvue d’une Octave ; elle est
passée au rang des fêtes primaires. En outre, on lui a donné un nouveau
formulaire de messe et un nouvel office. La proximité de la fête du
Saint-Sacrement nous indique qu’on la considère comme une continuation de cette
fête. L’objet de la fête du Sacré-Cœur, c’est l’amour sans borne que
l’Homme-Dieu porte dans son cœur pour nous et qu’il manifeste, d’une manière
particulière, dans sa Passion ainsi que dans la merveille de l’Eucharistie.
L’amour, la Passion et le
corps de Jésus, telles sont au reste les principales pensées de la fête, à la
messe et au bréviaire. Le mystère de la fête a été approfondi par les nouveaux
textes. On pourrait l’exprimer liturgiquement à peu près en ces termes : «
C’est le mystère de la plénitude que nous avons dans le Christ ». Cette
plénitude s’écoula dans sa mort rédemptrice. C’est pourquoi le transpercement
du divin cœur sur la Croix est considéré comme le symbole de l’ouverture des «
sources du Sauveur ». C’est l’image dominante de la fête. Nous la trouvons non
seulement à l’Évangile, mais encore à la Communion, ainsi que dans les
antiennes du jour, le matin et le soir.
1. La messe
(Cogitationes). — A l’Introït, l’Église nous met devant les yeux l’Image du
Rédempteur. Elle ne le nomme pas, elle en parle comme de quelqu’un qui est bien
connu. « Les pensées de son cœur... » Toutes ses pensées ont pour objet la
Rédemption de l’humanité. Il veut ressusciter ceux qui sont morts de la mort
spirituelle ; il veut rassasier les affamés. A ces paroles de l’Église la
communauté répond par un chant d’allégresse et de louange (Ps. 32). Si nous
tenons compte de tout le psaume, le Seigneur se présente devant nous comme le
Bon Pasteur dans la nature et la surnature [67]. C’est lui qui conduit le
troupeau des étoiles dans les prairies du ciel ; c’est lui aussi qui anéantit
les plans des ennemis de Dieu. Ainsi donc l’Introït nous présente une image du
Sacré-Cœur qui est conforme à la conception chrétienne antique.
L’oraison comprend deux
demandes de l’Église ; pour les bons, le dévouement et la fidélité au Christ
dont le cœur renferme « des trésors infinis d’amour » ; pour les pécheurs, «
une digne satisfaction » (Or.).
L’Épître, d’une si grande
profondeur, nous permet, sous la conduite de l’Apôtre des nations, de jeter un
regard sur ces trésors infinis de l’amour. Saint Paul, ou plutôt l’Église, est
appelée à ouvrir aux hommes ces trésors du cœur divin. Elle le fait de deux
manières, par l’enseignement (avant-messe), et par la grâce (au
Saint-Sacrifice). La fête du cœur de Jésus, mais aussi toute la liturgie, est
consacrée à cette tâche. Toutes les fêtes de l’année liturgique « annoncent la
richesse insondable du Christ ». Plus encore dans l’Eucharistie jaillit le sang
divin qui coule du cœur transpercé. C’est donc une prière efficace que notre
Mère l’Église adresse, à genoux, au « Père de Notre Seigneur Jésus-Christ ».
Cette prière contient trois demandes : a) que nous affermissions notre vie intérieure
; b) que le Christ habite par la foi dans notre Cœur ; c) que nous nous
enracinions et soyons fondés dans l’amour.
Après nous avoir montré,
dans l’Introït, l’image du Rédempteur, l’Église veut, dans l’Épître, nous
montrer l’effet de la Rédemption. Le Graduel exprime les sentiments de la
communauté en face de ces vérités ; à l’Alléluia, elle a encore devant les yeux
l’image du Rédempteur si humain et si proche. Il nous semble voir s’avancer le
Seigneur chargé de sa Croix. Il se tourne vers nous et nous dit : « Prenez mon
joug sur vous ».
L’Évangile nous
transporte sur le Calvaire et nous sommes témoins du transpercement du cœur
divin. Nous connaissons déjà le symbolisme de ce transpercement. Nous pouvons
encore le méditer plus profondément. L’ouverture du côté du Christ signifie,
d’après saint Augustin, la fondation de l’Église. L’Église, comme une seconde
Ève, a été prise du côté du second Adam. En tant qu’ « aide » et Épouse, elle
connaît les secrets de son Cœur. Elle a été arrosée de l’eau (baptême) et du
sang (Eucharistie) qui coulent du côté de son Époux.
A l’Offertoire, l’Église
veut entrer dans le sacrifice du Christ ; c’est pourquoi elle fait siennes ses
lamentations. Le cœur de l’Église se fond intimement avec le cœur du Seigneur.
La participation à la Passion du Christ est la glorification de son corps
mystique.
Le sacrifice d’amour
jette ses flammes dans la Préface qui est entièrement nouvelle : « Tu as voulu
que ton Fils unique suspendu à la Croix fût transpercé par la lance du soldat,
afin que le sanctuaire de la divine munificence nous versât les flots de
miséricorde et de grâce, afin que ce cœur, qui ne cesse jamais de brûler
d’amour pour nous, soit pour les personnes pieuses un lieu de repos et ouvre
aux pénitents un refuge salutaire ».
Maintenant encore, dans
le Saint-Sacrifice, l’Époux ensanglanté communique à son Épouse les trésors de
son cœur, afin qu’elle soit une « plénitude ».
A la Communion, nous
voyons encore l’image de la Croix. L’Église veut nous dire par-là que l’Eucharistie
a son origine dans le côté ouvert du Seigneur... Pour conclure, nous adressons
nos prières au Christ lui-même ; nous lui demandons que la sainte communion
achève en nous la Rédemption : « Que nous apprenions à mépriser les choses
terrestres et à aimer les choses célestes ».
2. L’office des Heures. —
Le grand mystique, saint Bonaventure, nous parle du Sacré-Cœur : « Puisque nous
sommes venus au très doux cœur de Jésus et qu’il est bon pour nous d’y
demeurer, ne nous écartons pas de lui, parce qu’il est écrit : « Ceux qui
s’écartent de toi seront inscrits dans la poussière » [68]. Mais
qu’adviendra-t-il de ceux qui se donnent à lui ? Toi-même, Seigneur, tu nous
instruis à ce sujet, car tu as dit à ceux qui s’approchaient de toi : «
Réjouissez-vous, car vos noms sont inscrits dans le ciel » [69]. Nous voulons
donc nous approcher de toi et tressaillir d’allégresse et, au souvenir de ton
cœur, nous réjouir en toi. Oh ! Qu’il est bon et agréable d’habiter dans ce
Cœur ! C’est un bon trésor, une précieuse perle que ton cœur, ô bon Jésus. Qui
rejetterait cette perle ? Bien plutôt j’abandonnerai toutes les perles,
j’échangerai mes pensées et mes affections et je me la procurerai ; je jetterai
toute mon intelligence dans le cœur de Jésus et n’aurai aucune déception ; il
me nourrira ».
[67] Le Ps. 32 a été
introduit au nouvel Office au 1er Nocturne des Matines
[68] Jér., XVII, 13.
[69] Luc, X, 20.
SOURCE : http://www.introibo.fr/Commentaires-liturgiques-de-la,986#nh67
Peinture
du Sacré Coeur de Jésus, milieu du XIXe siècle, autel latéral de l'Église
Saint-Maurice, Reims
LE MOIS DE JUIN.
On a souvent parlé des promesses de saint Jean à sainte Gertrude. Mais le mois de juin nous engage à les approfondir. « Quand la charité sera refroidie dans le monde accablé de vieillesse, disait l’apôtre de l’amour, je lui révélerai les secrets du Sacré-Coeur ».
C’est fait. La vieillesse
est venue.
Si jamais son caractère
fut gravé quelque part, c’est bien sur nous. On parle beaucoup des vices et des
crimes, et certainement on n’a pas tort. Mais le caractère frappant, saillant,
dominant de notre époque, c’est la vieillesse. De tout temps il y a eu des
vices, de tout temps il y a eu des crimes. Mais une certaine verdeur, une
certaine jeunesse animait encore le monde coupable et lui promettait les
ressources que fournit la vitalité. Il y a des malades violemment attaqués,
mais qui gardent au fond d’eux un principe actif de vie où le médecin cherche
et trouve le secret de la guérison. Il y a des malades épuisés, au fond
desquels la sève tarie ne présente plus d’espérance. Les premiers donnent prise
à la main qui veut guérir, parce que la jeunesse y a laissé quelque chose
d’elle-même. Les seconds semblent fermés aux secours qui tâchent d’entrer,
parce que la vieillesse a séché les sources d’où la vie pourrait jaillir.
Notre siècle est épuisé,
saigné à tous les membres. Sa caducité engourdit ses organes. Il est usé,
blasé, fatigué.
Mais Dieu a des
ressources qui apparaissent, quand toutes les autres sont à bout.
La toute-puissance joue
avec l’impossible, et ce jeu est sa victoire.
C’est pourquoi sous les
pas tremblants de la vieille humanité s’ouvrent des sources de vie qui ne sont
pas creusées par la main de l’homme, mais par la main de Dieu. Ce n’est pas
le progrès qui les a ouvertes. C'est la miséricorde toute puissante
et invincible.
L’Immaculée-Conception et
le Sacré-Coeur sont des fontaines où l’industrie humaine n’a rien donné, mais
où la nature humaine peut beaucoup recevoir.
Il faut des ressources inattendues pour les situations désespérées. Les secrets de Marie et de Jésus
étant inépuisables, L’Immaculée-Conception et. le Sacré-Coeur ne sont pas des
cadeaux une fois faits et terminés par un seul acte, par un seul don; ce sont
des sources ouvertes qu’il faut creuser, creuser toujours, et qui donnent
d’autant plus que déjà elles ont plus donné. Dans les choses d’une autre
espèce, quand on a beaucoup pris, il reste moins à prendre. Ici le contraire
arrive: les sources s’enrichissent par les dons qu’elles prodiguent; plus elles
donnent, plus il leur reste à donner. Plus on les fouille, plus on les féconde.
Leur abondance grandit sous le désir qui les creuse.
Dans les choses d’une
autre espèce, le désir qui a rencontré son objet arrive vite à la satiété. Ici
le contraire arrive. Plus le désir mange, plus il a faim. Plus il boit, plus il
a soif.
De sorte que la soif et
l’eau, au lieu de se dégoûter et de s’épuiser, semblent grandir l’une par
l’autre. Leur contact les allume; car cette eau brûle.
Leur intimité les
approfondit, car cette eau creuse.
Il se fait entre l’eau et
la soif un traité d’alliance. Elles se promettent l’une à l’autre une éternelle
fidélité. Et le désir vit toujours au milieu des choses qui pourraient le
satisfaire s’il ne se souvenait qu’il est le désir. C’est pourquoi saint
Augustin disait :
« Je ne sais trop comment
m’exprimer. Là où il n’existe ni faim ni rassasiement, les mots me manquent.
Mais Dieu a de quoi donner à ceux qui ne savent plus parler, et qui savent
encore espérer. »
Puisque le Saint-Esprit a
ouvert ces sources sous les pas de l’homme, il faut que celui-ci fasse un
effort pour puiser dans l’eau la vertu qu’elle contient. Car le don, bien qu’il
soit don, est extrêmement sensible à la réception qui lui est faite.
Il faut que l’humanité
accueille les dons du Saint-Esprit avec une grande activité de désir et de
prière.
Le mois de mai est le
mois de Marie, qui est l’aurore. Le mois de juin est le mois de Jésus, qui est
le soleil.
L’aurore chasse la nuit.
Le jour donne la plénitude de la lumière.
L’aurore commence. Le
jour consomme. L’aurore introduit dans le sanctuaire, où la lumière attend
l’homme.
Le mois de juin suit le
mois de Marie.
La loi de l’immutabilité
et la loi de la succession se donnent la main dans l’Église. À mesure que vont
les siècles, sans jamais changer ses dogmes, elle augmente ses ressources. Ces
inépuisables trésors invitent toujours l’humanité, qui peut s’asseoir à sa
table merveilleuse où le pain se multiplie.
Le père de Condren
entrevoyait déjà ces lumières, qui nous invitent aujourd’hui.
Cet homme extraordinaire
est assez peu connu, parce qu’il ne publiait pas. Quelques manuscrits seulement
et les souvenirs des plus grandes âmes de son siècle nous transmettent
quelques-unes de ses paroles et de ses lumières. Sainte Chantal disait : « Mon
père, François de Sales, est fait pour instruire les hommes ; mais le père de
Condren est fait pour instruire les anges ». Ceux qui l’approchaient étaient
pénétrés d’une ardeur étrange.
Eh bien ! le père de
Condren invitait ses disciples à pénétrer dans la vie cachée du Coeur de
Jésus-Christ. Il disait moins publiquement ce qui se dit aujourd’hui plus
publiquement ; mais il le disait avec une profondeur et une lumière et une
saveur qu’il n’est pas facile d’égaler.
- La vie intérieure de
Jésus, disait-il à ses disciples, est la plus précieuse aux yeux de Jésus
lui-même.
Et comme nous devons régler
nos sentiments sur les siens, nous devons aimer par-dessus tout ce qu’il aimait
par-dessus tout. Nous devons aimer par-dessus tout la chose dans laquelle il se
complaît par-dessus tout. « C’est par cette vie secrète, ajoutait le Père de
Condren, que Jésus-Christ communique avec son Père : c’est cette vie intérieure
qui lui fournit la direction de tous ses actes. C’est elle qui régit et qui
gouverne sa vie extérieure. »
« Je vous propose, disait
donc le Père de Condren, la vie intérieure de Jésus-Christ réservée à Dieu le
Père. »
« Je propose aussi à vos
méditations la vie intérieure de Jésus-Christ réservée à la Vierge. Il est
certain, disait-il, qu’il y a une vie particulière de Jésus, cachée à toutes
les créatures, par laquelle il vivait en la sainte Vierge et la sanctifiait. »
Par là nous pouvons voir
quelles relations intimes ont l’une avec l’autre les deux sources
ouvertes : l’Immaculée-Conception et le Sacré-Coeur.
Nous pouvons honorer les
secrets que nous connaissons, et nous pouvons honorer les secrets que nous ne
connaissons pas. Le Père Faber propose à l’adoration des hommes la vie de Dieu
dans ce qu’elle a de plus inconnu et de plus inimaginable.
Le Père de Condren disait
là-dessus des choses superbes.
« Ce que nous
connaissons, disait-il est bien petit, grandement rabaissé et proportionné à la
petitesse de notre esprit ; c’est pourquoi il faut faire oraison devant
l’inconnu avec un grand abaissement de nous-mêmes. Le premier acte que vous
ferez sera l’adoration. Le second, la soumission à la volonté de Dieu, pour
participer aux effets du mystère, tant qu’il lui plaira.
En troisième lieu, vous
prierez. Vous demanderez à Dieu la clarification du mystère, c’est-à-dire que
le mystère soit honoré. Priez Dieu qu’il donne beaucoup d’âmes à l’Église qui
honorent ce mystère- Par là nous demandons la glorification du Fils par le
Père. C’est le Fils qui l’a demandé lui-même. Nous devons vouloir et demander
l’accomplissement des désirs secrets de Jésus-Christ. »
Le père de Condren
ajoutait : « Nous devons demander à Dieu de porter les effets et les influences
des mystères que nous adorons sans les connaître. Tout influe sur tout dans la
nature. Le monde des corps reçoit les influences des corps. Il n’y a pas une
action du Fils de Dieu qui n’ait son influence sur le monde des âmes. »
Les hommes profonds, ceux
qui ont vécu dans l’intimité des mystères, savent et sentent le prix des
sources ouvertes. Ils savent et ils sentent à quel point l’homme a besoin. Le
besoin de l’homme est lui-même un mystère pour l’homme. Sa légèreté, qui lui
cache le remède, lui cache même le mal. L’homme distrait ignore presque autant
sa faiblesse que les fontaines où il faut puiser la force. Pour connaître sa
misère, il faut déjà être incliné vers les sources de la gloire. Il faut déjà
avoir entendu, au moins confusément, un certain appel de la lumière, pour peser
la densité des ténèbres où l’on vivait. L’homme superficiel l’ignore presque
autant qu’il ignore ce qui n’est pas lui. La terre lui est presque aussi cachée
que le ciel. Aussi l’Église n’attend pas que la multitude des hommes dise :
J’ai soif. Elle attendrait éternellement. Elle prévient comme une mère. Elle
indique, elle attire, elle demande. On dirait que c’est elle qui a besoin des
hommes, tandis que ce sont les hommes qui ont besoin d’elle. Elle répète la
parole de son fondateur : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi. » Elle
diversifie et multiplie ses faveurs suivant les époques et les saisons de
l’année. Elle n’oublie pas qu’il y a des fleurs. Le jansénisme pouvait les
oublier. Le catholicisme ne les oublie pas. Il connaît le temps où la rose a
reçu l’ordre de s’épanouir.
Ernest
HELLO. Physionomies de saints
SOURCE : https://archive.org/stream/PhysionomiesDeSaintsParErnestHello/physionomies%20de%20saints_djvu.txt
Pompeo Batoni, Sacro Cuore di Gesù, 1767
Pompeo
Batoni: Sacro cuore di Jesù ("Sacred
Heart of Jesus"), painting on the altar in the northern side chapel of
Il Gesù in Rome, 1767
Friday after the Octave
of Corpus
Christi
About
the Devotion
Devotion to the Sacred
Heart of Jesus has its dogmatic foundation the Incarnation of the Second Person
of the Blessed Trinity. On account of the hypostatic union, every part of our
Lord’s Human Nature is worthy of adoration. Thus we adore His bodily Heart. We
also honour the Heart of Jesus as a reminder or symbol of His love for us, and
we are moved to make Him a return of love, because He has loved us and He is
not loved by men. Love, consecration, and reparation are the characteristic
acts of this devotion. In this form it is now solemnly approved by the Church.
On the feast of
the Sacred Heart, an act of reparation is prescribed for recitation in every
church in the world. On the feast of
Our Lord Jesus Christ, King, the last Sunday of October, an act of consecration
of the human race is prescribed. Though this devotion was practised by saintly
souls before 1675,
it is due to the apparitions of our Lord to Saint Margaret
Mary Alacoque in the Visitation Monastery at
Paray-le-Monial that the feast of
the Sacred Heart is now kept on the day assigned by Our Lord. In spite of much
opposition the feast was
allowed in 1765,
and extended to the world in 1856 by Pope Pius IX;
in 1929 it
was raised to the highest rank. Special manifestations of the devotion are
the Communion of Reparation on the first Friday of the month, and
the Holy Hour in union with Our Lord in His Agony.
Aliwal,
South Africa, diocese of
Ernakulam-Angamaly, India, archdiocese of
Gallup, New
Mexico, diocese of
Knoxville, Tennessee, diocese of
Kottoyam, India, archdiocese of
Newark, New
Jersey, archdiocese of
Prince-Albert,
Saskatchewan, diocese of
Raleigh, North
Carolina, diocese of
Xingu–Altamira, Brazil, diocese of
Apostles
of the Sacred Heart of Jesus
in Brazil
in Canada
Bathurst,
New Brunswick
Prince
George, British Columbia
in Italy
in Malta
Fontana,
Gozo
wounded heart,
encircled with thorns and
surmounted by a cross
Additional
Information
Annum
Sacrum: On Consecration to the Sacred Heart, by Pope Leo XIII, 25 May 1899
Caritate
Christi Compulsi: On the Sacred Heart by Pope Pius XI, 3 May, 1932
Catholic
Encyclopedia: Devotion to the Sacred Heart of Jesus
Catholic
Encyclopedia: Society of the Sacred Heart of Jesus
Catholic
Pocket Dictionary, edited by Father James
J McGovern
Devotion
to the Sacred Heart, by Mother Beatrice of the Sacred Heart
Ireland’s
Consecration to the Sacred Heart, by Denis Florence MacCarthy
Light
From the Altar, edited by Father James
J McGovern
Meditation
for the Eve of the First Friday of the Month of the Sacred Heart
Meditation
for the First Friday of the Month of the Sacred Heart
Miserentissimus
Redemptor: On Reparation to the Sacred Heart, by Pope Pius XI, 28 May 1928
New
Catholic Dictionary: Devotion to the Sacred Heart
The
Sacred Heart, by Father Alfonso de Zulueta
The
Sacred Heart, by Father Robert Nash, SJ
Thoughts
on Devotion to the Sacred Heart, by Bishop John Walsh
True
Apostle of the Sacred Heart, by F Leahy
—
Haurietis Aquas: On
Devotion to the Sacred Heart, by Pope Pius
XII, 15
May 1956
Love of the Sacred Heart,
illustrated by Saint Mechtilde
Month of the Sacred Heart
of Jesus, by Father George
Tickell
The Heart of the Gospel,
by Father Francis
P Donnelly, S.J.
Breviary Hymns and Missal
Sequences
other
sites in english
1001 Patron Saints and Their Feast Days, Australian
Catholic Truth Society
Carmelites and the Sacred Heart
Catholic Under the Hood, by Father Seraphim Beshoner
Holy Cards for Your Inspiration
Wikipedia:
Feast of the Sacred Heart
Wikipedia:
Sacred Heart of Jesus
Zenit: First Friday Devotion to Sacred Heart
images
audio
video
Imitation of the Sacred Heart (audio book)
e-books
on other sites
Adorable
Heart of Jesus, by Father Joseph de Galliffet
Devotion
to the Heart of Jesus, by Father John Dalgairns
Devotion to the Sacred Heart, by Joseph Julius Charles
Petrovits
Devotion
to the Sacred Heart of Jesus, by Father S Franco
Devotion
to the Sacred Heart of Jesus, by Father H Noldin
Devotions
to the Sacred Heart of Jesus, by Joseph Joy Dean
Fruits
of the Devotion to the Sacred Heart
Glories
of the Sacred Heart, by Cardinal Henry Manning
Heart
of Revelation, by Father Francis P Donnelly
Imitation
of the Sacred Heart of Jesus
Jesus
Christ, the King of Our Hearts, by Father Alexis Lepicier
Lectures
upon the Devotion to the Most Sacred Heart of Jesus, by Father Thomas
Preston
Lover of
Souls, by Henry Brinkmeyer
Meditations
on the Sacred Heart, by Father Joseph McDonnell
Mercies
of the Sacred Heart, by Father Alex MacDonald
Month
of the Sacred Heart, by Father Berlioux
Month
of the Sacred Heart, by Father Alexis Lefebvre
Perpetual Intercession to the Agonizing Heart, by Jean
Lyonnard
Promises
of Our Lord to Saint Margaret Mary, by Father Paul Wenish
Revelations
of the Sacred Heart to Blessed Margaret Mary
Sacred
Heart, by Father Joseph Keller
Short
Conferences on the Sacred Heart, by Father Henry Brinkmeyer
Six
Sermons on Devotion to the Sacred Heart, by Father Ewald Bierbaum
Theology
of the Cultus of the Sacred Heart, by Father Joseph Petrovits
Thoughts
on Devotion to the Sacred Heart, by Bishop John Walsh
Virtues
of the Sacred Heart of Jesus
sites
en français
fonti
in italiano
MLA
Citation
“Sacred Heart of
Jesus“. CatholicSaints.Info. 4 May 2024. Web. 7 June 2024.
<https://catholicsaints.info/sacred-heart-of-jesus/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/sacred-heart-of-jesus/
Armand
Cambon (1819–1885), ami et disciple d'Ingres, Vision
de Marguerite-Marie, religieuse de la
Visitation, Huile sur toile dans le bras droit du transept, Cathédrale
Notre-Dame-de-l'Assomption de Montauban, Tarn-et-Garonne, France
Devotion to the Sacred
Heart of Jesus
The treatment of this
subject is divided into two parts:
Doctrinal explanations
Devotion to the Sacred
Heart is but a special form of devotion to Jesus. We shall know just what it
is and what distinguishes it when we ascertain its object, its foundations, and
its proper act.
Special object of the
devotion to the Sacred Heart
The nature of this
question is complex and frequently becomes more complicated because of the
difficulties arising from terminology. Omitting terms that are over-technical,
we shall study the ideas in
themselves, and, that we may the sooner find our bearings, it will be well to
remember the meaning and use of the word heart in current language.
(a) The
word heart awakens, first of all, the idea of a material
heart, of the vital organ that throbs within our bosom, and which we vaguely
realize as intimately connected not only with our own physical, but with our
emotional and moral life.
Now this heart of flesh is currently accepted as the emblem of the emotion
and moral life
with which we associate it, and hence the place assigned to the word heart in
symbolic language, as also the use of the same word to designate those things
symbolized by the heart. Note, for instance, the expressions "to open
one's heart", "to give one's heart", etc. It may happen that the
symbol becomes divested of its material meaning that the sign is overlooked in
beholding only the thing signified. Thus, in current language, the word soul no longer
suggests the thought of breath, and the word heart brings to mind only
the idea of courage and love. But this is
perhaps a figure of speech or a metaphor, rather than a symbol. A symbol is a
real sign, whereas a metaphor is only a verbal sign; a symbol is a thing that
signifies another thing, but a metaphor is a word used to indicate something
different from its proper meaning. Finally, in current language, we are
constantly passing from the part to the whole, and, by a perfectly natural
figure of speech, we use the word heart to designate a person. These ideas will aid us
in determining the object of the devotion to the Sacred Heart.
(b) The question lies
between the material, the metaphorical, and the symbolic sense of the word
heart; whether the object of the devotion is the Heart of flesh, as such, or
the love of Jesus Christ metaphorically
signified by the word heart; or the Heart of flesh, but as symbol of the
emotional and moral life
of Jesus, and
especially His love for
us. We reply that worship is rightly paid to the Heart of flesh, inasmuch as
the latter symbolizes and recalls the love of Jesus, and His emotional
and moral life.
Thus, although directed to the material Heart, it does not stop there: it also
includes love,
that love which
is its principal object, but which it reaches only in and through the Heart of
flesh, the sign and symbol of this love. Devotion to the
Heart of Jesus alone,
as to a noble part of His Divine Body, would not be devotion to the Sacred
Heart as understood and approved by the Church, and the same
must also be said of devotion to the love of Jesus as detached
from His Heart of flesh, or else connected therewith by no other tie than that
of a word taken in the metaphorical sense. Hence, in the devotion, there are
two elements: a sensible element, the Heart of flesh, and a spiritual element,
that which this Heart of flesh recalls and represents. But these two elements
do not form two distinct objects, merely co-ordinated they constitute but one,
just as do the body and soul, and the sign and
the thing signified. Hence it is also understood that these two elements are
as essential to
the devotion as body and soul are essential to man. Of the two elements
constituting the whole, the principal one is love, which is as much
the cause of
the devotion and its reason for existence as the soul is the
principal element in man.
Consequently, devotion to the Sacred Heart may be defined as devotion to the
adorable Heart of Jesus
Christ in so far as this Heart represents and recalls His love; or, what amounts
to the same thing, devotion to the love of Jesus Christ in so
far as this love is
recalled and symbolically represented to us by His Heart of flesh.
(c) Hence the devotion is
based entirely upon the symbolism of the heart. It is this symbolism that
imparts to its meaning and its unity, and this symbolism is admirably completed
by the representation of the Heart as wounded. Since the Heart of Jesus appears to us
as the sensible sign of His love, the visible wound
in the Heart will naturally recall the invisible wound of this love. This symbolism
also explains that the devotion, although giving the Heart an essential place, is
but little concerned with the anatomy of the
heart or with physiology. Since, in images of the Sacred Heart, the symbolic
expression must dominate all else, anatomical accuracy is not looked for; it
would injure the devotion by rendering the symbolism less evident. It is
eminently proper that the heart as an emblem be distinguished from the
anatomical heart: the suitableness of the image is favourable to the expression
of the idea. A
visible heart is necessary for
an image of the Sacred Heart, but this visible heart must be a symbolic heart.
Similar observations are in order for physiology, in which the devotion cannot
be totally disinterested, because the Heart of Flesh toward which the worship
is directed in order to read therein the love of Jesus, is the Heart
of Jesus, the
real, living Heart
that, in all truth,
may be said to have loved and
suffered; the Heart that, as we feel ourselves, had such a share in His emotional
and moral life;
the Heart that, as we know from
a knowledge,
however rudimentary, of the operations of our human life, had such a part in
the operations of the Master's life.
But the relation of the Heart to the love of Christ is
not that of a purely conventional sign, as in the relation of the word to the
thing, or of the flag to the idea of one's
country; this Heart has been and is still inseparably connected with that life
of benefactions and love.
However, it is sufficient for our devotion that we know and feel this
intimate connection. We have nothing to do with the physiology of the Sacred
Heart nor with determining the exact functions of the heart in daily life.
We know that
the symbolism of the heart is a symbolism founded upon reality and that it
constitutes the special object of the devotion to the Sacred Heart, which
devotion is in no danger of falling into error.
(d) The heart is, above
all, the emblem of love,
and by this characteristic, the devotion to the Sacred Heart is naturally
defined. However, being directed to the loving Heart
of Jesus, it
naturally encounters whatever in Jesus is connected
with this love.
Now, was not this love the
motive of all that Christ did and suffered? Was not all His inner, even more
than His outward, life dominated by this love? On the other hand,
the devotion to the Sacred Heart, being directed to the living Heart
of Jesus, thus
becomes familiar with the whole inner life of the Master, with all
His virtues and
sentiments, finally, with Jesus infinitely loving and lovable.
Hence, a first extension of the devotion is from the loving Heart to the
intimate knowledge of Jesus, to His sentiments
and virtues, to
His whole emotional and moral life; from
the loving Heart
to all the manifestations of Its love. There is still
another extension which, although having the same meaning, is made in another
way, that is by passing from the Heart to the Person, a transition
which, as we have seen, is very naturally made. When speaking of a large heart
our allusion is to the person, just as when we
mention the Sacred Heart we mean Jesus. This is not,
however, because the two are synonymous but when the word heart is used to
designate the person,
it is because such a person is
considered in whatsoever related to his emotional and moral life. Thus,
when we designate Jesus as
the Sacred Heart, we mean Jesus manifesting
His Heart, Jesus all loving and
amiable. Jesus entire
is thus recapitulated in the Sacred Heart as all is recapitulated in Jesus.
(e) In thus devoting
oneself to Jesus all loving and lovable,
one cannot fail to observe that His love is
rejected. God is
constantly lamenting that in Holy
Writ, and the saints have
always heard within their hearts the plaint of unrequited love. Indeed one of
the essential phases
of the devotion is that it considers the love of Jesus for us as a
despised, ignored love.
He Himself revealed this when He complained so bitterly to St. Margaret Mary.
(f) This love is everywhere
manifest in Jesus and
in His life, and it alone can explain Him together with His words and His acts.
Nevertheless, it shines forth more resplendently in certain mysteries from
which great good accrues to us, and in which Jesus is more
lavish of His loving benefactions
and more complete in His gift of self,
namely, in the Incarnation,
in the Passion, and in the Eucharist. Moreover, these mysteries have a
place apart in the devotion which, everywhere seeking Jesus and the signs
of His love and
favours, finds them here to an even greater extent than in particular acts.
(g) We have already seen
that devotion to the Sacred Heart, being directed to the Heart of Jesus as the emblem
of love, has
mainly in view His love for men. This is obviously
not that it excludes His love for God, for this included
in His love for men, but it is above all
the devotion to "the Heart that has so loved men", according to
the words quoted by St.
Margaret Mary.
(h) Finally, the question
arises as to whether the love which we honour in this
devotion is that with which Jesus loves us
as Man or
that with which He loves us as God; whether it is created or
uncreated, His human or
His Divine Love.
Undoubtedly it is the love of God made Man, the love of the Incarnate Word. However, it does
not seem that devout persons think
of separating these two loves any more than they separate the two natures
in Jesus.
Besides, even though we might wish to settle this part of the question at any
cost, we would find that the opinions of authors are at variance. Some,
considering that the Heart of Flesh is connected with human love only, conclude
that it does not symbolize Divine love which,
moreover, is not proper to the Person of Jesus, and that,
therefore, Divine love is
not the direct object of the devotion. Others, while admitting that
Divine love apart
from the Incarnate Word is not the
object of the devotion, believe it to be such when considered as the love of the Incarnate Word, and they do not
see why this love also
could not be symbolized by the Heart of flesh nor why, in this event, the
devotion should be limited to created love only.
Foundations of the
devotion
The question may be
considered under three aspects: the historical, the theological, and
the scientific.
(a) Historical
foundations
In approving the devotion
to the Sacred Heart, the Church did not
trust to the visions of St. Margaret Mary; she
made abstraction of
these and examined the worship in itself. Margaret Mary's visions could
be false, but
the devotion would not, on that account, be any less worthy or solid. However,
the fact is that the devotion was propagated chiefly under the influence of the
movement started at Paray-le-Monial;
and prior to her beatification, Margaret Mary's visions were most
critically examined by the Church, whose judgment
in such cases does not involve her infallibility but implies
only a human certainty sufficient
to warrant consequent speech and action.
(b) Theological
foundations
The Heart of Jesus, like all else
that belongs to His Person,
is worthy of adoration,
but this would not be so if It were considered as isolated from this Person and as
having no connection with It. But it is not thus that the Heart is considered,
and, in his Bull "Auctorem fidei",
1794, Pius VI authoritatively
vindicated the devotion in this respect against the calumnies of
the Jansenists.
The worship, although paid to the Heart of Jesus, extends further
than the Heart of flesh, being directed to the love of which this
Heart is the living and
expressive symbol. On this point the devotion requires no justification, as it
is to the Person of Jesus that it is
directed; but to the Person as
inseparable from His Divinity. Jesus, the living apparition of
the goodness of God and of His
paternal love, Jesus infinitely loving and amiable,
studied in the principal manifestations of His love, is the object of
the devotion to the Sacred Heart, as indeed He is the object of the Christian religion. The
difficulty lies in the union of the heart and love, in the relation
which the devotion supposes between the one and the other. Is not this an error long since
discarded? If so, it remains to examine whether the devotion, considered in
this respect, is well founded.
(c) Philosophical and
scientific foundations
In this respect there has
been some uncertainty amongst theologians, not as
regards the basis of things, but in the matter of explanations. Sometimes they
have spoken as if the heart were the organ of love, but this point has
no bearing on the devotion, for which it suffices that the heart be the symbol
of love, and
that, for the basis of the symbolism, a real connection exist between the heart
and the emotions. Now, the symbolism of the heart is a fact and every one feels
that in the heart there is a sort of an echo of our sentiments. The
physiological study of this resonance may be very interesting, but it is in no
wise necessary to
the devotion, as its foundation is a fact attested by daily experience, a fact
which physiological study confirms and of which it determines the conditions, but which
neither supposes this study nor any special acquaintance with its subject.
The proper act of the
devotion
This act is required by
the very object of the devotion, since devotion to the love of Jesus for us should
be pre-eminently a devotion of love for Jesus. It is
characterized by a reciprocation of love; its aim is
to love Jesus who has
so loved us,
to return love for love. Since, moreover,
the love of Jesus manifests
itself to the devout soul as
a love despised
and outraged, especially in the Eucharist, the love expressed in
the devotion naturally assumes a character of reparation, and hence
the importance of acts of atonement, the Communion
of reparation,
and compassion for Jesus suffering.
But no special act,
no practice whatever, can exhaust the riches of the devotion to the Sacred
Heart. The love which
is its soul embraces
all and, the better one understands it, the more firmly is he convinced that
nothing can vie with it for making Jesus live in us
and for bringing him who lives by it to love God, in union with Jesus, with all his
heart, all his soul,
all his strength.
Historical ideas on the
development of the devotion
(1) From the time of St. John and St. Paul there has
always been in the Church something
like devotion to the love of God, Who so loved the world as
to give it His only-begotten Son, and to the love of Jesus, Who has so loved us as to
deliver Himself up for us. But, accurately speaking, this is not the devotion
to the Sacred Heart, as it pays no homage to the Heart of Jesus as the symbol
of His love for
us. From the earliest centuries, in accordance with the example of the Evangelist, Christ's open side
and the mystery of
blood and water were meditated upon, and the Church was beheld
issuing from the side of Jesus, as Eve came forth from
the side of Adam.
But there is nothing to indicate that, during the first ten centuries, any
worship was rendered the wounded Heart.
(2) It is in the eleventh
and twelfth centuries that we find the first unmistakable indications of
devotion to the Sacred Heart. Through the wound in the side the wounded Heart
was gradually reached, and the wound in the Heart symbolized the wound of love. It was in the fervent
atmosphere of the Benedictine or Cistercian monasteries, in the world
of Anselmian or Bernardine thought,
that the devotion arose, although it is impossible to say positively what were
its first texts or were its first votaries. To St. Gertrude, St. Mechtilde, and the
author of the "Vitis mystica" it was already well known. We cannot
state with certainty to
whom we are indebted for the "Vitis mystica". Until recent times its
authorship had generally been ascribed to St. Bernard and
yet, by the late publishers of the beautiful and scholarly Quaracchi edition,
it has been attributed, and not without plausible reasons, to St. Bonaventure ("S.
Bonaventura opera omnia", 1898, VIII, LIII sq.). But, be this as it may,
it contains one of the most beautiful passages that ever inspired the devotion
to the Sacred Heart, one appropriated by the Church for the
lessons of the second nocturn of
the feast.
To St. Mechtilde (d.
1298) and St.
Gertrude (d. 1302) it was a familiar devotion which was translated
into many beautiful prayers and
exercises. What deserves special mention is the vision of St. Gertrude on
the feast of St. John the Evangelist,
as it forms an epoch in the history of the devotion. Allowed to rest her head
near the wound in the Saviour's she
heard the beating of the Divine Heart and asked John if, on the
night of the Last
Supper, he too had felt these delightful pulsations, why he had never
spoken of the fact. John replied
that this revelation had
been reserved for subsequent ages when the world, having grown cold, would have
need of it to rekindle its love ("Legatus
divinae pietatis", IV, 305; "Revelationes Gertrudianae", ed.
Poitiers and Paris, 1877).
(3) From the thirteenth
to the sixteenth century, the devotion was propagated but it did not seem to
have developed in itself. It was everywhere practised by privileged souls, and the lives of
the saints and
annals of different religious congregations, of the Franciscans, Dominicans, Carthusians, etc.,
furnish many examples of it. It was nevertheless a private, individual devotion
of the mystical order.
Nothing of a general movement had been inaugurated, unless one would so regard
the propagation of the devotion to the Five Wounds, in which
the Wound in the Heart figured most prominently, and for the furtherance of
which the Franciscans seem
to have laboured.
(4) It appears that in
the sixteenth century, the devotion took an onward step and passed from the
domain of mysticism into
that of Christian asceticism. It was
constituted an objective devotion with prayers already
formulated and special exercises of which the value was extolled and the
practice commended. This we learn from the writings of those two masters of the
spiritual life, the pious Lanspergius (d.
1539) of the Carthusians of
Cologne, and the devout Louis of Blois (Blosius;
1566), a Benedictine and Abbot of Liessies in
Hainaut. To these may be added Blessed John of Avila (d.
1569) and St.
Francis de Sales, the latter belonging to the seventeenth century.
(5) From that time everything
betokened an early bringing to light of the devotion. Ascetic writers
spoke of it, especially those of the Society of Jesus, Alvarez de Paz, Luis de
la Puente, Saint-Jure, and Nouet, and there still exist special treatises upon
it such as Father
Druzbicki's (d. 1662) small work, "Meta Cordium, Cor Jesu".
Amongst the mystics and pious souls who practised
the devotion were St.
Francis Borgia, Blessed
Peter Canisius, St.
Aloysius Gonzaga, and St. Alphonsus Rodriguez,
of the Society of
Jesus; also Venerable
Marina de Escobar (d. 1633), in Spain; the Venerable
Madeleine St. Joseph and the Venerable Marguerite of the
Blessed Sacrament, Carmelites, in France; Jeanne de S.
Mathieu Deleloe (d. 1660), a Benedictine, in Belgium; the worthy
Armelle of Vannes (d. 1671); and even in Jansenistic or
worldly centres, Marie de Valernod (d. 1654) and Angélique Arnauld; M.
Boudon, the great archdeacon of Evreux, Father Huby, the
apostle of retreats in
Brittany, and, above all, the Venerable Marie de
l'Incarnation, who died at Quebec in 1672. The Visitation seemed to be
awaiting St.
Margaret Mary; its spirituality, certain intuitions of St. Francis de Sales,
the meditations of
Mère l'Huillier (d. 1655), the visions of Mother
Anne-Marguerite Clément (d. 1661), and of Sister Jeanne-Bénigne Gojos (d.
1692), all paved the way. The image of the Heart of Jesus was
everywhere in evidence, which fact was largely due to the Franciscan devotion
to the Five Wounds and
to the habit formed by the Jesuits of placing
the image on their title-page of their books and the walls of their churches.
(6) Nevertheless, the
devotion remained an individual or
at least a private devotion. It was reserved to Blessed Jean Eudes (1602-1680)
to make it public, to honour it
with an Office, and to establish a feast for it. Père Eudes was
above all the apostle of the Heart of Mary; but in
his devotion to the Immaculate
Heart there was a share for the Heart of Jesus. Little by little
the devotion to the Sacred Heart became a separate one, and on 31 August, 1670,
the first feast of
the Sacred Heart was celebrated with great solemnity in the
Grand Seminary of Rennes. Coutances followed
suit on 20 October, a day with which the Eudist feast was
thenceforth to be connected. The feast soon spread
to other dioceses,
and the devotion was likewise adopted in various religious communities.
Here and there it came into contact with the devotion begun at Paray, and a fusion of
the two naturally resulted.
(7) It was to Margaret Mary Alacoque (1647-1690),
a humble Visitandine
of the monastery at Paray-le-Monial, that
Christ chose to reveal the desires of His Heart and to confide the task of
imparting new life to the devotion. There is nothing to indicate that
this pious religious
had known the
devotion prior to the revelations,
or at least that she had paid any attention to it. These revelations were
numerous, and the following apparitions are
especially remarkable: that which occurred on the feast of St. John,
when Jesus permitted Margaret Mary, as He had
formerly allowed St.
Gertrude, to rest her head upon His Heart, and then disclosed to her the
wonders of His love,
telling her that He desired to make them known to all mankind and to
diffuse the treasures of His goodness, and that He
had chosen her for this work (27 Dec., probably 1673); that, probably distinct
from the preceding, in which He requested to be honoured under the
figure of His Heart of flesh; that, when He appeared radiant with love and asked for
a devotion of expiatory love — frequent Communion,
Communion on the First Friday of the month, and the observance of the Holy Hour
(probably June or July, 1674); that known as the "great apparition" which
took place during the octave of Corpus Christi, 1675,
probably on 16 June, when He said, "Behold the Heart that has so loved men . . . instead
of gratitude I receive from the greater part (of mankind) only
ingratitude . . .", and asked her for a feast of reparation of the
Friday after the octave of Corpus Christi, bidding
her consult Father
de la Colombière, then superior of the small Jesuit house
at Paray; and
finally, those in which solemn homage was
asked on the part of the king, and the mission of propagating the new devotion
was especially confided to the religious of the Visitation and the priests of
the Society of Jesus.
A few days after the "great apparition", of
June, 1675, Margaret
Mary made all known to Father de la Colombière,
and the latter, recognizing the action of the spirit of God, consecrated himself
to the Sacred Heart, directed the holy Visitandine to
write an account of the apparition, and made use
of every available opportunity discreetly to circulate this account
through France and England. At his death, 15
February 1682, there was found in his journal of spiritual retreats a copy in
his own handwriting of the account that he had requested of Margaret Mary, together
with a few reflections on the usefulness of the devotion. This journal,
including the account and a beautiful "offering" to the Sacred Heart,
in which the devotion was well explained, was published at Lyons in 1684. The
little book was widely read, even at Paray, although not
without being the cause of
"dreadful confusion" to Margaret Mary, who,
nevertheless, resolved to make the best of it and profited by the book for the
spreading of her cherished devotion. Moulins, with Mother de
Soudeilles, Dijon,
with Mother de Saumaise and Sister Joly, Semur, with Mother Greyfié, and
even Paray,
which had at first resisted, joined the movement. Outside of the
Visitandines, priests,
religious, and laymen espoused
the cause, particularly a Capuchin, Margaret Mary's two
brothers, and some Jesuits,
among the latter being Fathers Croiset and Gallifet, who were
destined to do so much for the devotion.
(8) The death of Margaret Mary, 17
October 1690, did not dampen the ardour of those interested; on the
contrary, a short account of her life published by Father Croiset in 1691, as
an appendix to his book "De la Dévotion au Sacré Cœur", served only
to increase it. In spite of all sorts of obstacles, and of the slowness of
the Holy See,
which in 1693 imparted indulgences to the
Confraternities of the Sacred Heart and, in 1697, granted the feast to the
Visitandines with the Mass of the Five Wounds, but refused
a feast common
to all, with special Mass and Office, the devotion
spread, particularly in religious communities.
The Marseilles plague,
1720, furnished perhaps the first occasion for a solemn consecration and
public worship outside of religious communities.
Other cities of the South followed the example of Marseilles, and thus the
devotion became a popular one. In 1726 it was deemed advisable once more to
importune Rome for
a feast with
a Mass and Office of its own,
but, in 1729, Rome again
refused. However, in 1765, it finally yielded and that same year, at the
request of the queen, the feast was received
quasi officially by the episcopate of France. On all sides it
was asked for and obtained, and finally, in 1856, at the urgent entreaties of
the French bishops, Pope Pius IX extended
the feast to
the universal Church under
the rite of
double major. In 1889 it was raised by the Church to the
double rite of
first class. The acts of consecration and
of reparation were
everywhere introduced together with the devotion. Oftentimes, especially since
about 1850, groups, congregations, and States have consecrated themselves
to the Sacred Heart, and, in 1875, this consecration was
made throughout the Catholic world.
Still the pope did
not wish to take the initiative or to intervene. Finally, on 11 June, 1899, by
order of Leo XIII,
and with the formula prescribed by him, all mankind was solemnly consecrated to the
Sacred Heart. The idea of
this act,
which Leo XIII called
"the great act"
of his pontificate, had been proposed to him by a religious of the Good
Shepherd from Oporto (Portugal)
who said that she had received it from Christ Himself. She
was a member of the Drost-zu-Vischering family, and known in
religion as Sister Mary of the Divine Heart. She died on the feast of the Sacred
Heart, two days before the consecration, which had
been deferred to the following Sunday. Whilst alluding
to these great public manifestations we must not omit referring to the intimate
life of the devotion in souls, to the practices
connected with it, and to the works and associations of which it was the very
life. Moreover, we must not overlook the social character which it has assumed
particularly of late years. The Catholics of France, especially,
cling firmly to it as one of their strongest hopes of
ennoblement and salvation.
Bainvel,
Jean. "Devotion to the Sacred Heart of Jesus." The Catholic
Encyclopedia. Vol. 7. New York: Robert Appleton Company, 1910. <http://www.newadvent.org/cathen/07163a.htm>.
Transcription. This
article was transcribed for New Advent by Christine J. Murray. Dedicated
to Mary Christie and John A. Hardon, S.J.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. June 1, 1910. Remy Lafort, S.T.D.,
Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2023 by Kevin Knight.
Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : https://www.newadvent.org/cathen/07163a.htm
Trento,
chiesa del Sacro Cuore di Gesù, dell'istituto dei Padri Venturini - Affresco
con angeli e Sacro Cuore
Trento
(Italy) - Sacred Heart church, of the Venturini fathers - Fresco with angels
and Sacred Heart
Solemnity of The Sacred
Heart of Jesus
Devotion to the Sacred Heart of Jesus goes back at least to the 11th century,
but through the 16th century, it remained a private devotion, often tied to
devotion to the Five Wounds of Christ. The first feast of the Sacred Heart was
celebrated on August 31, 1670, in Rennes, France, through the efforts of Fr.
Jean Eudes (1602-1680). From Rennes, the devotion spread, but it took the
visions of St. Margaret Mary Alacoque (1647-1690) for the devotion to become
universal.
In all of these visions, in which Jesus appeared to St. Margaret Mary, the
Sacred Heart of Jesus played a central role. The “great apparition,” which took
place on June 16, 1675, during the octave of the Feast of Corpus Christi, is
the source of the modern Feast of the Sacred Heart. In that vision, Christ
asked St. Margaret Mary to request that the Feast of the Sacred Heart be
celebrated on the Friday after the octave (or eighth day) of the Feast of
Corpus Christi, in reparation for the ingratitude of men for the sacrifice that
Christ had made for them. The Sacred Heart of Jesus represents not simply His
physical heart but His love for all mankind.
The devotion became quite popular after St. Margaret Mary’s death in 1690, but,
because the Church initially had doubts about the validity of St. Margaret
Mary’s visions, it wasn’t until 1765 that the feast was celebrated officially
in France. Almost 100 years later, in 1856, Pope Pius IX, at the request of the
French bishops, extended the feast to the universal Church. It is celebrated on
the day requested by our Lord—the Friday after the octave of Corpus Christi, or
19 days after Pentecost Sunday.
SOURCE : http://www.ucatholic.com/saints/sacred-heart-2/
Litany of the Sacred
Heart of Jesus
Prayer to the Sacred Heart
May Thy Heart dwell always in our hearts!
May Thy Blood ever flow in the veins
of our souls!
O sun of our hearts, Thou givest life to all things by the rays
of Thy goodness!
I will not go until Thy Heart has strengthened me, O Lord
Jesus!
May the Heart of Jesus be the King of my heart!
Blessed be God. Amen.
Christ, have mercy.
Lord, have mercy.
Christ, graciously hear us.
God, the Father of Heaven, have mercy on us.
God, the Son, Redeemer of the World, have mercy on us.
God, the Holy Ghost, have mercy on us.
Holy Trinity, one God, have mercy on us.
Heart of Jesus, Son of the Eternal Father, have mercy on us.
Heart of Jesus, formed in the womb of the Virgin Mary by the Holy Ghost, have
mercy on us.
Heart of Jesus, united substantially with the word of God, have mercy on us.
Heart of Jesus, of infinite majesty, have mercy on us.
Heart of Jesus, holy temple of God, have mercy on us.
Heart of Jesus, tabernacle of the Most High, have mercy on us.
Heart of Jesus, house of God and gate of heaven, have mercy on us.
Heart of Jesus, glowing furnace of charity, have mercy on us.
Heart of Jesus, vessel of justice and love, have mercy on us.
Heart of Jesus, full of goodness and love, have mercy on us.
Heart of Jesus, abyss of all virtues, have mercy on us.
Heart of Jesus, most worthy of all praise, have mercy on us.
Heart of Jesus, king and center of all hearts, have mercy on us.
Heart of Jesus, in whom are all the treasures of wisdom and knowledge, have
mercy on us.
Heart of Jesus, in whom dwelleth all the fullness of the Divinity, have mercy
on us.
Heart of Jesus, in whom the Father is well pleased, have mercy on us.
Heart of Jesus, of whose fullness we have all received, have mercy on us.
Heart of Jesus, desire of the everlasting hills, have mercy on us.
Heart of Jesus, patient and rich in mercy, have mercy on us.
Heart of Jesus, rich to all who invoke Thee, have mercy on us.
Heart of Jesus, fount of life and holiness, have mercy on us.
Heart of Jesus, propitiation for our sins, have mercy on us.
Heart of Jesus, saturated with revilings, have mercy on us.
Heart of Jesus, crushed for our iniquities, have mercy on us.
Heart of Jesus, made obedient unto death, have mercy on us.
Heart of Jesus, pierced with a lance, have mercy on us.
Heart of Jesus, source of all consolation, have mercy on us.
Heart of Jesus, our life and resurrection, have mercy on us.
Heart of Jesus, our peace and reconciliation, have mercy on us.
Heart of Jesus, victim for our sins, have mercy on us.
Heart of Jesus, salvation of those who hope in Thee, have mercy on us.
Heart of Jesus, hope of those who die in Thee, have mercy on us.
Heart of Jesus, delight of all saints, have mercy on us.
Lamb of God, who takest away the sins of the world, spare us, O Lord.
Lamb of God, who takest away the sins of the world, graciously hear us, O Lord,
Lamb of God who takest away the sins of the world, have mercy on us.
V. Jesus, meek and humble of Heart.
R. Make our hearts like unto Thine.
Let us pray
Almighty and everlasting God, look upon the Heart of Thy well-beloved Son and
upon the acts of praise and satisfaction which He renders unto Thee in the name
of sinners; and do Thou, in Thy great goodness, grant pardon to them who seek
Thy mercy, in the name of the same Thy Son, Jesus Christ, who liveth and
reigneth with Thee, world without end.
Amen.
SOURCE : http://www.ucatholic.com/catholicprayers/litany-of-the-sacred-heart-of-jesus/
Strada
(Pieve di Bono-Prezzo, Trentino), chiesa della Beata Maria Vergine del Monte
Carmelo - Affresco del Sacro Cuore di Gesù
Strada
(Pieve di Bono-Prezzo, Trentino, Italy), Our Lady of Mount Carmel church -
Fresco of the Sacred Heart of Jesus
MISERENTISSIMUS REDEMPTOR
ENCYCLICAL OF POPE PIUS
XI
ON REPARATION TO THE
SACRED HEART
TO OUR VENERABLE BRETHREN
THE PATRIARCHS, PRIMATES,
ARCHBISHOPS, AND OTHER
LOCAL ORDINARIES
IN PEACE AND COMMUNION
WITH THE APOSTOLIC SEE.
Venerable Brethren,
Health and the Apostolic Blessing.
Our Most Merciful
Redeemer, after He had wrought salvation for mankind on the tree of the Cross
and before He ascended from out this world to the Father, said to his Apostles
and Disciples, to console them in their anxiety, "Behold I am with you all
days, even to the consummation of the world." (Matt. xxviii, 20). These
words, which are indeed most pleasing, are a cause of all hope and security,
and they bring us, Venerable Brethren, ready succor, whenever we look round
from this watch-tower raised on high and see all human society laboring amid so
many evils and miseries, and the Church herself beset without ceasing by
attacks and machinations. For as in the beginning this Divine promise lifted up
the despondent spirit of the Apostles and enkindled and inflamed them so that
they might cast the seeds of the Gospel teaching throughout the whole world; so
ever since it has strengthened the Church unto her victory over the gates of
hell. In sooth, Our Lord Jesus Christ has been with his Church in every age,
but He has been with her with more present aid and protection whenever she has
been assailed by graver perils and difficulties. For the remedies adapted to
the condition of time and circumstances, are always supplied by Divine Wisdom,
who reacheth from end to end mightily, and ordereth all things sweetly (Wisdom
viii, 1). But in this latter age also, "the hand of the Lord is not
shortened" (Isaias lix, 1), more especially since error has crept in and
has spread far and wide, so that it might well be feared that the fountains of
Christian life might be in a manner dried up, where men are cut off from the
love and knowledge of God. Now, since it may be that some of the people do not
know, and others do not heed, those complaints which the most loving Jesus made
when He manifested Himself to Margaret Mary Alacoque, and those things likewise
which at the same time He asked and expected of men, for their own ultimate
profit, it is our pleasure, Venerable Brethren, to speak to you for a little
while concerning the duty of honorable satisfaction which we all owe to the
Most Sacred Heart of Jesus, with the intent that you may, each of you,
carefully teach your own flocks those things which we set before you, and stir
them up to put the same in practice.
2. Among the many proofs
of the boundless benignity of our Redeemer, there is one that stands out
conspicuously, to wit the fact that when the charity of Christian people was
growing cold, the Divine Charity itself was set forth to be honored by a
special worship, and the riches of its bounty was made widely manifest by that
form of devotion wherein worship is given to the Most Sacred Heart of Jesus,
"In whom are hid all the treasures of wisdom and knowledge" (Coloss.
ii, 3). For as in olden time when mankind came forth from Noe's ark, God set
His "bow in the clouds" (Genesis ix, 13), shining as the sign of a
friendly covenant; so in the most turbulent times of a more recent age, when
the Jansenist heresy, the most crafty of them all, hostile to love and piety
towards God, was creeping in and preaching that God was not to be loved as a
father but rather to be feared as an implacable judge; then the most benign
Jesus showed his own most Sacred Heart to the nations lifted up as a standard
of peace and charity portending no doubtful victory in the combat. And indeed
Our Predecessor of happy memory, Leo XIII, admiring the timely opportuneness of
the devotion to the Most Sacred Heart of Jesus, said very aptly in his
Encyclical Letter, "Annum Sacrum," "When in the days near her
origin, the Church was oppressed under the yoke of the Caesars the Cross shown
on high to the youthful Emperor was at once an omen and a cause of the victory
that speedily followed. And here today another most auspicious and most divine
sign is offered to our sight, to wit the most Sacred Heart of Jesus, with a
Cross set above it shining with most resplendent brightness in the midst of
flames. Herein must all hopes be set, from hence must the salvation of men be
sought and expected."
3. And rightly indeed is
that said, Venerable Brethren. For is not the sum of all religion and therefore
the pattern of more perfect life, contained in that most auspicious sign and in
the form of piety that follows from it inasmuch as it more readily leads the
minds of men to an intimate knowledge of Christ Our Lord, and more
efficaciously moves their hearts to love Him more vehemently and to imitate Him
more closely? It is no wonder, therefore, that Our Predecessors have constantly
defended this most approved form of devotion from the censures of calumniators,
and have extolled it with high praise and promoted it very zealously, as the
needs of time and circumstance demanded. Moreover, by the inspiration of God's
grace, it has come to pass that the pious devotion of the faithful towards the
Most Sacred Heart of Jesus has made great increase in the course of time; hence
pious confraternities to promote the worship of the Divine Heart are everywhere
erected, hence too the custom of receiving Holy Communion on the first Friday
of every month at the desire of Christ Jesus, a custom which now prevails
everywhere.
4. But assuredly among
those things which properly pertain to the worship of the Most Sacred Heart, a
special place must be given to that Consecration, whereby we devote ourselves
and all things that are ours to the Divine Heart of Jesus, acknowledging that
we have received all things from the everlasting love of God. When Our Savior
had taught Margaret Mary, the most innocent disciple of His Heart, how much He
desired that this duty of devotion should be rendered to him by men, moved in
this not so much by His own right as by His immense charity for us; she
herself, with her spiritual father, Claude de la Colombiere, rendered it the
first of all. Thereafter followed, in the course of time, individual men, then
private families and associations, and lastly civil magistrates, cities and
kingdoms. But since in the last century, and in this present century, things
have come to such a pass, that by the machinations of wicked men the
sovereignty of Christ Our Lord has been denied and war is publicly waged
against the Church, by passing laws and promoting plebiscites repugnant to
Divine and natural law, nay more by holding assemblies of them that cry out,
"We will not have this man to reign over us" (Luke xix, 14): from the
aforesaid Consecration there burst forth over against them in keenest
opposition the voice of all the clients of the Most Sacred Heart, as it were
one voice, to vindicate His glory and to assert His rights: "Christ must
reign" (1 Corinthians xv, 25); "Thy kingdom come" (Matth. vi,
10). From this at length it happily came to pass that at the beginning of this
century the whole human race which Christ, in whom all things are
re-established (Ephes. i, 10), possesses by native right as His own, was
dedicated to the same Most Sacred Heart, with the applause of the whole
Christian world, by Our Predecessor of happy memory, Leo XIII.
5. Now these things so
auspiciously and happily begun as we taught in Our Encyclical Letter "Quas
primas," we Ourselves, consenting to very many long-continued desires and
prayers of Bishops and people, brought to completion and perfected, by God's
grace, when at the close of the Jubilee Year, We instituted the Feast of Christ
the King of All, to be solemnly celebrated throughout the whole Christian
world. Now when we did this, not only did we set in a clear light that supreme
sovereignty which Christ holds over the whole universe, over civil and domestic
society, and over individual men, but at the same time we anticipated the joys
of that most auspicious day, whereon the whole world will gladly and willingly
render obedience to the most sweet lordship of Christ the King. For this
reason, We decreed at the same time that this same Consecration should be
renewed every year on the occasion of that appointed festal day, so that the
fruit of this same Consecration might be obtained more certainly and more
abundantly, and all peoples might be joined together in Christian charity and
in the reconciliation of peace, in the Heart of the King of kings and Lord of
lords.
6. But to all these
duties, more especially to that fruitful Consecration which was in a manner
confirmed by the sacred solemnity of Christ the King, something else must needs
be added, and it is concerning this that it is our pleasure to speak with you
more at length, Venerable Brethren, on the present occasion: we mean that duty
of honorable satisfaction or reparation which must be rendered to the Most
Sacred Heart of Jesus. For if the first and foremost thing in Consecration is
this, that the creature's love should be given in return for the love of the
Creator, another thing follows from this at once, namely that to the same
uncreated Love, if so be it has been neglected by forgetfulness or violated by
offense, some sort of compensation must be rendered for the injury, and this
debt is commonly called by the name of reparation.
7. Now though in both
these matters we are impelled by quite the same motives, none the less we are
holden to the duty of reparation and expiation by a certain more valid title of
justice and of love, of justice indeed, in order that the offense offered to God
by our sins may be expiated and that the violated order may be repaired by
penance: and of love too so that we may suffer together with Christ suffering
and "filled with reproaches" (Lam. iii, 30), and for all our poverty
may offer Him some little solace. For since we are all sinners and laden with
many faults, our God must be honored by us not only by that worship wherewith
we adore His infinite Majesty with due homage, or acknowledge His supreme
dominion by praying, or praise His boundless bounty by thanksgiving; but
besides this we must need make satisfaction to God the just avenger, "for
our numberless sins and offenses and negligences." To Consecration,
therefore, whereby we are devoted to God and are called holy to God, by that
holiness and stability which, as the Angelic Doctor teaches, is proper to
consecration (2da. 2dae. qu. 81, a. 8. c.), there must be added expiation,
whereby sins are wholly blotted out, lest the holiness of the supreme justice
may punish our shameless unworthiness, and reject our offering as hateful
rather than accept it as pleasing.
8. Moreover this duty of
expiation is laid upon the whole race of men since, as we are taught by the
Christian faith, after Adam's miserable fall, infected by hereditary stain,
subject to concupiscences and most wretchedly depraved, it would have been
thrust down into eternal destruction. This indeed is denied by the wise men of
this age of ours, who following the ancient error of Pelagius, ascribe to human
nature a certain native virtue by which of its own force it can go onward to
higher things; but the Apostle rejects these false opinions of human pride,
admonishing us that we "were by nature children of wrath" (Ephesians
ii, 3). And indeed, even from the beginning, men in a manner acknowledged this
common debt of expiation and, led by a certain natural instinct, they
endeavored to appease God by public sacrifices.
9. But no created power
was sufficient to expiate the sins of men, if the Son of God had not assumed
man's nature in order to redeem it. This, indeed, the Savior of men Himself
declared by the mouth of the sacred Psalmist: "Sacrifice and oblation thou
wouldest not: but a body thou hast fitted to me: Holocausts for sin did not
please thee: then said I: Behold I come" (Hebrews x, 5-7). And in very
deed, "Surely He hath borne our infirmities, and carried our sorrows. . .
He was wounded for our iniquities (Isaias liii, 4-5), and He His own self bore
our sins in His body upon the tree . . . (1 Peter ii, 24), "Blotting out
the handwriting of the decree that was against us, which was contrary to us.
And He has taken the same out of the way, fastening it to the cross . . ."
(Colossians ii, 14) "that we being dead to sins, should live to
justice" (1 Peter ii, 24). Yet, though the copious redemption of Christ
has abundantly forgiven us all offenses (Cf. Colossians ii, 13), nevertheless,
because of that wondrous divine dispensation whereby those things that are
wanting of the sufferings of Christ are to be filled up in our flesh for His
body which is the Church (Cf. Colossians i, 24), to the praises and
satisfactions, "which Christ in the name of sinners rendered unto God"
we can also add our praises and satisfactions, and indeed it behoves us so to
do. But we must ever remember that the whole virtue of the expiation depends on
the one bloody sacrifice of Christ, which without intermission of time is
renewed on our altars in an unbloody manner, "For the victim is one and
the same, the same now offering by the ministry of priests, who then offered
Himself on the cross, the manner alone of offering being different"
(Council of Trent, Session XXIII, Chapter 2). Wherefore with this most august
Eucharistic Sacrifice there ought to be joined an oblation both of the
ministers and of all the faithful, so that they also may "present
themselves living sacrifices, holy, pleasing unto God" (Romans xii, 1).
Nay more, St. Cyprian does not hesitate to affirm that "the Lord's
sacrifice is not celebrated with legitimate sanctification, unless our oblation
and sacrifice correspond to His passion" (Ephesians 63). For this reason,
the Apostle admonishes us that "bearing about in our body the mortification
of Jesus" (2 Corinthians iv, 10), and buried together with Christ, and
planted together in the likeness of His death (Cf. Romans vi, 4-5), we must not
only crucify our flesh with the vices and concupiscences (Cf. Galatians v, 24),
"flying the corruption of that concupiscence which is in the world"
(2 Peter i, 4), but "that the life also of Jesus may be made manifest in
our bodies" (2 Corinthians iv, 10) and being made partakers of His eternal
priesthood we are to offer up "gifts and sacrifices for sins"
(Hebrews v, 1). Nor do those only enjoy a participation in this mystic
priesthood and in the office of satisfying and sacrificing, whom our Pontiff
Christ Jesus uses as His ministers to offer up the clean oblation to God's Name
in every place from the rising of the sun to the going down (Malachias i, 11),
but the whole Christian people rightly called by the Prince of the Apostles
"a chosen generation, a kingly priesthood" (1 Peter ii, 9), ought to
offer for sins both for itself and for all mankind (Cf. Hebrews v, 3), in much
the same manner as every priest and pontiff "taken from among men, is
ordained for men in the things that appertain to God" (Hebrews v, 1).
10. But the more
perfectly that our oblation and sacrifice corresponds to the sacrifice of Our
Lord, that is to say, the more perfectly we have immolated our love and our
desires and have crucified our flesh by that mystic crucifixion of which the
Apostle speaks, the more abundant fruits of that propitiation and expiation
shall we receive for ourselves and for others. For there is a wondrous and
close union of all the faithful with Christ, such as that which prevails
between the head and the other members; moreover by that mystic Communion of
Saints which we profess in the Catholic creed, both individual men and peoples
are joined together not only with one another but also with him, "who is
the head, Christ; from whom the whole body, being compacted and fitly joined
together, by what every joint supplieth, according to the operation in the measure
of every part, maketh increase of the body unto the edifying of itself in
charity" (Ephesians iv, 15-16). It was this indeed that the Mediator of
God and men, Christ Jesus, when He was near to death, asked of His Father:
"I in them, and thou in me: that they may be made perfect in one"
(John xvii, 23).
11. Wherefore, even as
consecration proclaims and confirms this union with Christ, so does expiation
begin that same union by washing away faults, and perfect it by participating
in the sufferings of Christ, and consummate it by offering victims for the
brethren. And this indeed was the purpose of the merciful Jesus, when He showed
His Heart to us bearing about it the symbols of the passion and displaying the
flames of love, that from the one we might know the infinite malice of sin, and
in the other we might admire the infinite charity of Our Redeemer, and so might
have a more vehement hatred of sin, and make a more ardent return of love for
His love.
12. And truly the spirit
of expiation or reparation has always had the first and foremost place in the
worship given to the Most Sacred Heart of Jesus, and nothing is more in keeping
with the origin, the character, the power, and the distinctive practices of
this form of devotion, as appears from the record of history and custom, as
well as from the sacred liturgy and the acts of the Sovereign Pontiffs. For
when Christ manifested Himself to Margaret Mary, and declared to her the
infinitude of His love, at the same time, in the manner of a mourner, He complained
that so many and such great injuries were done to Him by ungrateful men - and
we would that these words in which He made this complaint were fixed in the
minds of the faithful, and were never blotted out by oblivion: "Behold
this Heart" - He said - "which has loved men so much and has loaded
them with all benefits, and for this boundless love has had no return but
neglect, and contumely, and this often from those who were bound by a debt and
duty of a more special love." In order that these faults might be washed
away, He then recommended several things to be done, and in particular the
following as most pleasing to Himself, namely that men should approach the
Altar with this purpose of expiating sin, making what is called a Communion of
Reparation, - and that they should likewise make expiatory supplications and
prayers, prolonged for a whole hour, - which is rightly called the "Holy
Hour." These pious exercises have been approved by the Church and have
also been enriched with copious indulgences.
13. But how can these
rites of expiation bring solace now, when Christ is already reigning in the
beatitude of Heaven? To this we may answer in some words of St. Augustine which
are very apposite here, - "Give me one who loves, and he will understand
what I say" (In Johannis evangelium, tract. XXVI, 4).
For any one who has great
love of God, if he will look back through the tract of past time may dwell in
meditation on Christ, and see Him laboring for man, sorrowing, suffering the
greatest hardships, "for us men and for our salvation," well-nigh
worn out with sadness, with anguish, nay "bruised for our sins"
(Isaias liii, 5), and healing us by His bruises. And the minds of the pious
meditate on all these things the more truly, because the sins of men and their
crimes committed in every age were the cause why Christ was delivered up to
death, and now also they would of themselves bring death to Christ, joined with
the same griefs and sorrows, since each several sin in its own way is held to
renew the passion of Our Lord: "Crucifying again to themselves the Son of
God, and making him a mockery" (Hebrews vi, 6). Now if, because of our
sins also which were as yet in the future, but were foreseen, the soul of
Christ became sorrowful unto death, it cannot be doubted that then, too,
already He derived somewhat of solace from our reparation, which was likewise
foreseen, when "there appeared to Him an angel from heaven" (Luke
xxii, 43), in order that His Heart, oppressed with weariness and anguish, might
find consolation. And so even now, in a wondrous yet true manner, we can and
ought to console that Most Sacred Heart which is continually wounded by the
sins of thankless men, since - as we also read in the sacred liturgy - Christ
Himself, by the mouth of the Psalmist complains that He is forsaken by His
friends: "My Heart hath expected reproach and misery, and I looked for one
that would grieve together with me, but there was none: and for one that would
comfort me, and I found none" (Psalm lxviii, 21).
14. To this it may be
added that the expiatory passion of Christ is renewed and in a manner continued
and fulfilled in His mystical body, which is the Church. For, to use once more
the words of St. Augustine, "Christ suffered whatever it behoved Him to
suffer; now nothing is wanting of the measure of the sufferings. Therefore the
sufferings were fulfilled, but in the head; there were yet remaining the
sufferings of Christ in His body" (In Psalm lxxxvi). This, indeed, Our
Lord Jesus Himself vouchsafed to explain when, speaking to Saul, "as yet
breathing out threatenings and slaughter" (Acts ix, 1), He said, "I
am Jesus whom thou persecutest" (Acts ix, 5), clearly signifying that when
persecutions are stirred up against the Church, the Divine Head of the Church
is Himself attacked and troubled. Rightly, therefore, does Christ, still
suffering in His mystical body, desire to have us partakers of His expiation,
and this is also demanded by our intimate union with Him, for since we are
"the body of Christ and members of member" (1 Corinthians xii, 27),
whatever the head suffers, all the members must suffer with it (Cf. 1
Corinthians xii, 26).
15. Now, how great is the
necessity of this expiation or reparation, more especially in this our age,
will be manifest to every one who, as we said at the outset, will examine the
world, "seated in wickedness" (1 John v, 19), with his eyes and with
his mind. For from all sides the cry of the peoples who are mourning comes up
to us, and their princes or rulers have indeed stood up and met together in one
against the Lord and against His Church (Cf. Psalm ii, 2). Throughout those
regions indeed, we see that all rights both human and Divine are confounded.
Churches are thrown down and overturned, religious men and sacred virgins are
torn from their homes and are afflicted with abuse, with barbarities, with
hunger and imprisonment; bands of boys and girls are snatched from the bosom of
their mother the Church, and are induced to renounce Christ, to blaspheme and
to attempt the worst crimes of lust; the whole Christian people, sadly
disheartened and disrupted, are continually in danger of falling away from the
faith, or of suffering the most cruel death. These things in truth are so sad
that you might say that such events foreshadow and portend the "beginning
of sorrows," that is to say of those that shall be brought by the man of
sin, "who is lifted up above all that is called God or is worshipped"
(2 Thessalonians ii, 4).
16. But it is yet more to
be lamented, Venerable Brethren, that among the faithful themselves, washed in
Baptism with the blood of the immaculate Lamb, and enriched with grace, there
are found so many men of every class, who laboring under an incredible
ignorance of Divine things and infected with false doctrines, far from their
Father's home, lead a life involved in vices, a life which is not brightened by
the light of true faith, nor gladdened by the hope of future beatitude, nor
refreshed and cherished by the fire of charity; so that they truly seem to sit
in darkness and in the shadow of death. Moreover, among the faithful there is a
greatly increasing carelessness of ecclesiastical discipline, and of those
ancient institutions on which all Christian life rests, by which domestic
society is governed, and the sanctity of marriage is safeguarded; the education
of children is altogether neglected, or else it is depraved by too indulgent
blandishments, and the Church is even robbed of the power of giving the young a
Christian education; there is a sad forgetfulness of Christian modesty
especially in the life and the dress of women; there is an unbridled cupidity
of transitory things, a want of moderation in civic affairs, an unbounded
ambition of popular favor, a depreciation of legitimate authority, and lastly a
contempt for the word of God, whereby faith itself is injured, or is brought
into proximate peril.
17. But all these evils
as it were culminate in the cowardice and the sloth of those who, after the
manner of the sleeping and fleeing disciples, wavering in their faith, miserably
forsake Christ when He is oppressed by anguish or surrounded by the satellites
of Satan, and in the perfidy of those others who following the example of the
traitor Judas, either partake of the holy table rashly and sacrilegiously, or
go over to the camp of the enemy. And thus, even against our will, the thought
rises in the mind that now those days draw near of which Our Lord prophesied:
"And because iniquity hath abounded, the charity of many shall grow
cold" (Matth. xxiv, 12).
18. Now, whosoever of the
faithful have piously pondered on all these things must need be inflamed with
the charity of Christ in His agony and make a more vehement endeavor to expiate
their own faults and those of others, to repair the honor of Christ, and to
promote the eternal salvation of souls. And indeed that saying of the Apostle:
"Where sin abounded, grace did more abound" (Romans v, 20) may be
used in a manner to describe this present age; for while the wickedness of men
has been greatly increased, at the same time, by the inspiration of the Holy
Ghost, a marvelous increase has been made in the number of the faithful of both
sexes who with eager mind endeavor to make satisfaction for the many injuries
offered to the Divine Heart, nay more they do not hesitate to offer themselves
to Christ as victims. For indeed if any one will lovingly dwell on those things
of which we have been speaking, and will have them deeply fixed in his mind, it
cannot be but he will shrink with horror from all sin as from the greatest
evil, and more than this he will yield himself wholly to the will of God, and
will strive to repair the injured honor of the Divine Majesty, as well by
constantly praying, as by voluntary mortifications, by patiently bearing the
afflictions that befall him, and lastly by spending his whole life in this
exercise of expiation.
19. And for this reason
also there have been established many religious families of men and women whose
purpose it is by earnest service, both by day and by night, in some manner to
fulfill the office of the Angel consoling Jesus in the garden; hence come
certain associations of pious men, approved by the Apostolic See and enriched
with indulgences, who take upon themselves this same duty of making expiation,
a duty which is to be fulfilled by fitting exercises of devotion and of the
virtues; hence lastly, to omit other things, come the devotions and solemn
demonstrations for the purpose of making reparation to the offended Divine
honor, which are inaugurated everywhere, not only by pious members of the
faithful, but by parishes, dioceses and cities.
20. These things being
so, Venerable Brethren, just as the rite of consecration, starting from humble
beginnings, and afterwards more widely propagated, was at length crowned with
success by Our confirmation; so in like manner, we earnestly desire that this
custom of expiation or pious reparation, long since devoutly introduced and
devoutly propagated, may also be more firmly sanctioned by Our Apostolic
authority and more solemnly celebrated by the whole Catholic name. Wherefore,
we decree and command that every year on the Feast of the Most Sacred Heart of
Jesus, - which feast indeed on this occasion we have ordered to be raised to
the degree of a double of the first class with an octave - in all churches
throughout the whole world, the same expiatory prayer or protestation as it is
called, to Our most loving Savior, set forth in the same words according to the
copy subjoined to this letter shall be solemnly recited, so that all our faults
may be washed away with tears, and reparation may be made for the violated
rights of Christ the supreme King and Our most loving Lord.
21. There is surely no
reason for doubting, Venerable Brethren, that from this devotion piously
established and commanded to the whole Church, many excellent benefits will
flow forth not only to individual men but also to society, sacred, civil, and
domestic, seeing that our Redeemer Himself promised to Margaret Mary that
"all those who rendered this honor to His Heart would be endowed with an
abundance of heavenly graces." Sinners indeed, looking on Him whom they
pierced (John xix, 37), moved by the sighs and tears of the whole Church, by
grieving for the injuries offered to the supreme King, will return to the heart
(Isaias xlvi, 8), lest perchance being hardened in their faults, when they see
Him whom they pierced "coming in the clouds of heaven" (Matth. xxvi,
64), too late and in vain they shall bewail themselves because of Him (Cf.
Apoc. i, 7). But the just shall be justified and shall be sanctified still (Cf.
Apoc. xxii. 11) and they will devote themselves wholly and with new ardor to
the service of their King, when they see Him contemned and attacked and
assailed with so many and such great insults, but more than all will they burn
with zeal for the eternal salvation of souls when they have pondered on the
complaint of the Divine Victim: "What profit is there in my blood?"
(Psalm xxix, 10), and likewise on the joy that will be felt by the same Most
Sacred Heart of Jesus "upon one sinner doing penance" (Luke xv, 10).
And this indeed we more especially and vehemently desire and confidently
expect, that the just and merciful God who would have spared Sodom for the sake
of ten just men, will much more be ready to spare the whole race of men, when
He is moved by the humble petitions and happily appeased by the prayers of the
community of the faithful praying together in union with Christ their Mediator
and Head, in the name of all. And now lastly may the most benign Virgin Mother
of God smile on this purpose and on these desires of ours; for since she
brought forth for us Jesus our Redeemer, and nourished Him, and offered Him as
a victim by the Cross, by her mystic union with Christ and His very special
grace she likewise became and is piously called a reparatress. Trusting in her
intercession with Christ, who whereas He is the "one mediator of God and
men" (1 Timothy ii, 5), chose to make His Mother the advocate of sinners,
and the minister and mediatress of grace, as an earnest of heavenly gifts and
as a token of Our paternal affection we most lovingly impart the Apostolic
Blessing to you, Venerable Brethren, and to all the flock committed to your
care.
Given at Rome, at St.
Peter's, on the eighth day of May, 1928, in the seventh year of Our
Pontificate.
Prayer of Reparation
O sweetest Jesus, whose
overflowing charity towards men is most ungratefully repaid by such great
forgetfulness, neglect and contempt, see, prostrate before Thy altars, we
strive by special honor to make amends for the wicked coldness of men and the
contumely with which Thy most loving Heart is everywhere treated.
At the same time, mindful
of the fact that we too have sometimes not been free from unworthiness, and
moved therefore with most vehement sorrow, in the first place we implore Thy
mercy on us, being prepared by voluntary expiation to make amends for the sins
we have ourselves committed, and also for the sins of those who wander far from
the way of salvation, whether because, being obstinate in their unbelief, they
refuse to follow Thee as their shepherd and leader, or because, spurning the
promises of their Baptism, they have cast off the most sweet yoke of Thy law.
We now endeavor to expiate all these lamentable crimes together, and it is also
our purpose to make amends for each one of them severally: for the want of
modesty in life and dress, for impurities, for so many snares set for the minds
of the innocent, for the violation of feast days, for the horrid blasphemies
against Thee and Thy saints, for the insults offered to Thy Vicar and to the priestly
order, for the neglect of the Sacrament of Divine love or its profanation by
horrible sacrileges, and lastly for the public sins of nations which resist the
rights and the teaching authority of the Church which Thou hast instituted.
Would that we could wash away these crimes with our own blood! And now, to make
amends for the outrage offered to the Divine honor, we offer to Thee the same
satisfaction which Thou didst once offer to Thy Father on the Cross and which
Thou dost continually renew on our altars, we offer this conjoined with the
expiations of the Virgin Mother and of all the Saints, and of all pious
Christians, promising from our heart that so far as in us lies, with the help
of Thy grace, we will make amends for our own past sins, and for the sins of
others, and for the neglect of Thy boundless love, by firm faith, by a pure way
of life, and by a perfect observance of the Gospel law, especially that of
charity; we will also strive with all our strength to prevent injuries being
offered to Thee, and gather as many as we can to become Thy followers. Receive,
we beseech Thee, O most benign Jesus, by the intercession of the Blessed Virgin
Mary, the Reparatress, the voluntary homage of this expiation, and vouchsafe,
by that great gift of final perseverance, to keep us most faithful until death
in our duty and in Thy service, so that at length we may all come to that
fatherland, where Thou with the Father and the Holy Ghost livest and reignest
God for ever and ever. Amen.
PIUS XI
© Copyright - Libreria
Editrice Vaticana
Vanga
(Renon, Alto Adige), cappella del Crocifisso - Affresco del Sacro Cuore di Gesù
Wangen
(Ritten, South Tyrol, Italy), Crucifix chapel - Fresco of the Sacred Heart of
Jesus
ENCYCLICAL OF POPE PIUS
XII
HAURIETIS AQUAS
ON DEVOTION TO THE SACRED
HEART
May 15, 1956
Venerable Brethren:
Health and Apostolic Benediction.
1. "You shall draw
waters with joy out of the Savior's fountain."(1) These words by which the
prophet Isaias, using highly significant imagery, foretold the manifold and
abundant gifts of God which the Christian era was to bring forth, come
naturally to Our mind when We reflect on the centenary of that year when Our
predecessor of immortal memory, Pius IX, gladly yielding to the prayers from
the whole Catholic world, ordered the celebration of the feast of the Most
Sacred Heart of Jesus in the Universal Church.
2. It is altogether
impossible to enumerate the heavenly gifts which devotion to the Sacred Heart
of Jesus has poured out on the souls of the faithful, purifying them, offering
them heavenly strength, rousing them to the attainment of all virtues.
Therefore, recalling those wise words of the Apostle St. James, "Every
best gift and every perfect gift is from above, coming down from the Father of
Lights,"(2) We are perfectly justified in seeing in this same devotion,
which flourishes with increasing fervor throughout the world, a gift without
price which our divine Savior the Incarnate Word, as the one Mediator of grace
and truth between the heavenly Father and the human race imparted to the
Church, His mystical Spouse, in recent centuries when she had to endure such
trials and surmount so many difficulties.
3. The Church, rejoicing
in this inestimable gift, can show forth a more ardent love of her divine
Founder, and can, in a more generous and effective manner, respond to that
invitation which St. John the Evangelist relates as having come from Christ
Himself: "And on the last and great day of the festivity, Jesus stood and cried
out, saying, 'If any man thirst, let him come to Me, and let him drink that
believeth in Me. As the Scripture saith: Out of his heart there shall flow
rivers of living waters.' Now this He said of the Spirit which they should
receive who believed in Him."(3)
4. For those who were
listening to Jesus speaking, it certainly was not difficult to relate these
words by which He promised the fountain of "living water" destined to
spring from His own side, to the words of sacred prophecy of Isaias, Ezechiel
and Zacharias, foretelling the Messianic Kingdom, and likewise to the symbolic
rock from which, when struck by Moses, water flowed forth in a miraculous
manner.(4)
5. Divine Love first
takes its origin from the Holy Spirit, Who is the Love in Person of the Father and
the Son in the bosom of the most Holy Trinity. Most aptly then does the Apostle
of the Gentiles echo, as it were, the words of Jesus Christ, when he ascribes
the pouring forth of love in the hearts of believers to this Spirit of Love:
"The charity of God is poured forth in our hearts by the Holy Spirit Who
is given to us."(5)
6. Holy Writ declares
that between divine charity, which must burn in the souls of Christians, and
the Holy Spirit, Who is certainly Love Itself, there exists the closest bond,
which clearly shows all of us, venerable brethren, the intimate nature of that
worship which must be paid to the Most Sacred Heart of Jesus Christ. If we
consider its special nature it is beyond question that this devotion is an act
of religion of high order; it demands of us a complete and unreserved
determination to devote and consecrate ourselves to the love of the divine
Redeemer, Whose wounded Heart is its living token and symbol. It is equally
clear, but at a higher level, that this same devotion provides us with a most
powerful means of repaying the divine Lord by our own.
7. Indeed it follows that
it is only under the impulse of love that the minds of men obey fully and
perfectly the rule of the Supreme Being, since the influence of our love draws
us close to the divine Will that it becomes as it were completely one with it,
according to the saying, "He who is joined to the Lord, is one
spirit."(6)
8. The Church has always
valued, and still does, the devotion to the Most Sacred Heart of Jesus so
highly that she provides for the spread of it among Christian peoples
everywhere and by every means. At the same time she uses every effort to
protect it against the charges of so-called "naturalism" and
"sentimentalism." In spite of this it is much to be regretted that,
both in the past and in our own times, this most noble devotion does not find a
place of honor and esteem among certain Christians and even occasionally not
among those who profess themselves moved by zeal for the Catholic religion and
the attainment of holiness.
9. "If you but knew
the gift of God."(7) With these words, venerable brethren, We who in the
secret designs of God have been elected as the guardians and stewards of the
sacred treasures of faith and piety which the divine Redeemer has entrusted to
His Church, prompted by Our sense of duty, admonish them all.
10. For even though the
devotion to the Sacred Heart of Jesus has triumphed so to speak, over the
errors and the neglect of men, and has penetrated entirely His Mystical Body;
still there are some of Our children who, led astray by prejudices, sometimes
go so far as to consider this devotion ill-adapted, not to say detrimental, to
the more pressing spiritual needs of the Church and humanity in this present
age. There are some who, confusing and confounding the primary nature of this
devotion with various individual forms of piety which the Church approves and
encourages but does not command, regard this as a kind of additional practice
which each one may take up or not according to his own inclination.
11. There are others who
reckon this same devotion burdensome and of little or no use to men who are
fighting in the army of the divine King and who are inspired mainly by the
thought of laboring with their own strength, their own resources and
expenditures of their own time, to defend Catholic truth, to teach and spread
it, to instill Christian social teachings, to promote those acts of religion
and those undertakings which they consider much more necessary today.
12. Again, there are
those who so far from considering this devotion a strong support for the right
ordering and renewal of Christian morals both in the individual's private life
and in the home circle, see it rather a type of piety nourished not by the soul
and mind but by the senses and consequently more suited to the use of women,
since it seems to them something not quite suitable for educated men.
13. Moreover there are
those who consider a devotion of this kind as primarily demanding penance,
expiation and the other virtues which they call "passive," meaning
thereby that they produce no external results. Hence they do not think it
suitable to re-enkindle the spirit of piety in modern times. Rather, this
should aim at open and vigorous action, at the triumph of the Catholic faith,
at a strong defense of Christian morals. Christian morality today, as everyone
knows, is easily contaminated by the sophistries of those who are indifferent
to any form of religion, and who, discarding all distinctions between truth and
falsehood, whether in thought or in practice, accept even the most ignoble
corruptions of materialistic atheism, or as they call it, secularism.
14. Who does not see,
venerable brethren, that opinions of this kind are in entire disagreement with
the teachings which Our predecessors officially proclaimed from this seat of
truth when approving the devotion to the Sacred Heart of Jesus.? Who would be
so bold as to call that devotion useless and inappropriate to our age which Our
predecessor of immortal memory, Leo XIII, declared to be "the most
acceptable form of piety?" He had no doubt that in it there was a powerful
remedy for the healing of those very evils which today also, and beyond
question in a wider and more serious way, bring distress and disquiet to individuals
and to the whole human race. "This devotion," he said, "which We
recommend to all, will be profitable to all." And he added this counsel
and encouragement with reference to the devotion to the Sacred Heart of Jesus:
". . .hence those forces of evil which have now for so long a time been
taking root and which so fiercely compel us to seek help from Him by Whose
strength alone they can be driven away. Who can He be but Jesus Christ, the
only begotten Son of God? 'For there is no other name under heaven given to men
whereby we must be saved.'(8) We must have recourse to Him Who is the Way, the
Truth, and the Life."(9)
15. No less to be
approved, no less suitable for the fostering of Christian piety was this
devotion declared to be by Our predecessor of happy memory, Pius XI. In an
encyclical letter he wrote: "Is not a summary of all our religion and,
moreover, a guide to a more perfect life contained in this one devotion?
Indeed, it more easily leads our minds to know Christ the Lord intimately and
more effectively turns our hearts to love Him more ardently and to imitate Him
more perfectly."(10)
16. To Us, no less than
to Our predecessors, these capital truths are clear and certain. When We took
up Our office of Supreme Pontiff and saw, in full accord with Our prayers and
desires, that the devotion to the Sacred Heart of Jesus had increased and was
actually, so to speak, making triumphal progress among Christian peoples, We
rejoiced that from it were flowing through the whole Church innumerable and
salutary results. This We were pleased to point out in Our first encyclical
letter.(11)
17. Through the years of
Our pontificate--years filled not only with bitter hardships but also with
ineffable consolations these effects have not diminished in number or power or
beauty, but on the contrary have increased. Indeed, happily there has begun a
variety of projects which are conducive to a rekindling of this devotion. We
refer to the formation of cultural associations for the advancement of religion
and of charitable works; publications setting forth the true historical,
ascetical and mystical doctrine concerning this entire subject; pious works of
atonement; and in particular those manifestations of most ardent piety which
the Apostleship of Prayer has brought about, under whose auspices and direction
local gatherings - families, colleges, institutions - and sometimes nations
have been consecrated to the Sacred Heart of Jesus. To all these We have
offered paternal congratulations on many occasions, whether in letters written
on the subject, in personal addresses, or even in messages delivered over the
radio.(12)
18. Therefore when We
perceive so fruitful an abundance of healing waters, that is, heavenly gifts of
divine love, issuing from the Sacred Heart of our Redeemer, spreading among
countless children of the Catholic Church by the inspiration and action of the
divine Spirit; We can only exhort you, venerable brethren, with fatherly
affection to join Us in giving tribute of praise and heartfelt thanks to God,
the Giver of all good gifts. We make Our own these words of the Apostle of the
Gentiles: "Now to Him Who is able to do all things more abundantly than we
desire or understand, according to the power that worketh in us, to Him be
glory in the Church and in Christ Jesus unto all generations world without end.
Amen."(13)
19. But after We have
paid Our debt of thanks to the Eternal God, We wish to urge on you and on all
Our beloved children of the Church a more earnest consideration of those
principles which take their origin from Scripture and the teaching of the
Fathers and theologians and on which, as on solid foundations, the worship of
the Sacred Heart of Jesus rests. We are absolutely convinced that not until we
have made a profound study of the primary and loftier nature of this devotion
with the aid of the light of the divinely revealed truth, can we rightly and
fully appreciate its incomparable excellence and the inexhaustible abundance of
its heavenly favors. Likewise by devout meditation and contemplation of the
innumerable benefits produced from it, we will be able to celebrate worthily
the completion of the first hundred years since the observance of the feast of
the Sacred Heart of Jesus was extended to the Universal Church.
20. Moved therefore by
this consideration, to the end that the minds of the faithful may have from Our
hands salutary food and consequently after such nourishment be able more easily
to arrive at a deeper understanding of the true nature of this devotion and
possess its rich fruits, We will undertake to explain those pages of the Old
and New Testament in which the infinite love of God for the human race (which
we shall never be able adequately to contemplate) is revealed and set before
us. Then, as occasion offers, We shall touch upon the main lines of the
commentaries which the Fathers and Doctors of the Church have handed down to
us. And finally, We shall strive to set in its true light the very close
connection which exists between the form of devotion paid to the Heart of the
divine Redeemer and the worship we owe to His love and to the love of the Most
Holy Trinity for all men. For We think if only the main elements on which the
most excellent form of devotion rests are clarified in the light of Sacred
Scripture and the teachings of tradition, Christians can more easily "draw
waters with joy out of the Savior's fountains."(14) By this We mean they
can appreciate more fully the full weight of the special importance which
devotion to the Sacred Heart of Jesus enjoys in the liturgy of the Church and in
its internal and external life and action, and can also gather those fruits of
salvation by which each one can bring about a healthy reform in his own
conduct, as the bishops of the Christian flock desire.
21. That all may
understand more exactly the teachings which the selected texts of the Old and
New Testament furnish concerning this devotion, they must clearly understand
the reasons why the Church gives the highest form of worship to the Heart of
the divine Redeemer. As you well know, venerable brethren, the reasons are two
in number. The first, which applies also to the other sacred members of the
Body of Jesus Christ, rests on that principle whereby we recognize that His
Heart, the noblest part of human nature, is hypostatically united to the Person
of the divine Word. Consequently, there must be paid to it that worship of
adoration with which the Church honors the Person of the Incarnate Son of God
Himself. We are dealing here with an article of faith, for it has been solemnly
defined in the general Council of Ephesus and the second Council of
Constantinople.(15)
22. The other reason
which refers in a particular manner to the Heart of the divine Redeemer, and
likewise demands in a special way that the highest form of worship be paid to
it, arises from the fact that His Heart, more than all the other members of His
body, is the natural sign and symbol of His boundless love for the human race.
"There is in the Sacred Heart," as Our predecessor of immortal
memory, Leo XIII, pointed out, "the symbol and express image of the
infinite love of Jesus Christ which moves us to love in return."(16)
23. It is of course
beyond doubt that the Sacred Books never make express mention of a special
worship of veneration and love made to the physical Heart of the Incarnate Word
as the symbol of His burning love. But if this must certainly be admitted, it
cannot cause us surprise nor in any way lead us to doubt the divine love for us
which is the principal object of this devotion; since that love is proclaimed
and insisted upon in the Old and in the New Testament by the kind of images
which strongly arouse our emotions. Since these images were presented in the
Sacred Writings foretelling the coming of the Son of God made man, they can be
considered as a token of the noblest symbol and witness of that divine love,
that is, of the most Sacred and Adorable Heart of the divine Redeemer.
24. We do not think it
essential to Our subject to cite at length passages from the Old Testament
books which contain truths divinely revealed in ancient times. We consider it
sufficient to call to mind that the covenant made between God and the people
and sanctified by peace offerings - the first Law of which was written on two
tablets and made known by Moses(17) and explained by the prophets -was an
agreement established not only on the strong foundation of God's supreme
dominion and of man's duty of obedience but was also based and nourished on
more noble considerations of love. The ultimate reason for obeying God, for the
people of Israel, was not the fear of divine vengeance which the rumble of
thunder and the lightning flashing from the top of Mount Sinai struck into
their souls, but was rather the love they owed to God. "Hear, O Israel !
The Lord our God is one Lord. Thou shalt love the Lord, thy God, with thy whole
heart, and thy whole soul, and thy whole strength. And these words which I
command thee this day shall be in thy heart."(18)
25. We do not wonder
then, that Moses and the prophets, whom the Angelic Doctor rightly names the
"elders" of the chosen people,(19) perceived clearly that the
foundation of the whole Law lay on this commandment of love, and described all
the circumstances and relationships which should exist between God and His
people by metaphors drawn from the natural love of a father and his children,
or a man and his wife, rather than from the harsh imagery derived from the
supreme dominion of God or the obligation of subjecting ourselves in fear. And
so, to take an example, when Moses himself was singing his famous hymn in honor
of the people restored to freedom from the slavery of Egypt, and wished to
indicate it had come about by the power of God; he used these symbolic and
touching expressions: "As the eagle enticing her young to fly, and
hovering over them, (God) spread his wings, and hath taken him (Israel) and
carried him on his shoulders."(20)
26. But perhaps none of
the holy prophets has expressed and revealed as clearly and vividly as Osee the
love with which God always watches over His people. In writings of this prophet,
who is outstanding among the minor prophets for the sublimity of his concise
language, God declares that His love for the chosen people, combining justice
and a holy anxiety, is like the love of a merciful and loving father or of a
husband whose honor is offended. This love is not diminished or withdrawn in
the face of the perfidy or the horrible crimes of those who betray it. If it
inflicts just chastisements on the guilty, it is not for the purpose of
rejecting them or of abandoning them to themselves; but rather to bring about
the repentance and the purification of the unfaithful spouse and ungrateful
children, and to bind them once more to itself with renewed and yet stronger
bonds of love. "Because Israel was a child, and I loved him; and I called
my son out of Egypt. . .And I was like a foster father to Ephraim, and I
carried them in my arms, and they knew not that I healed them. I will draw them
with the cords of Adam, with the bonds of love. . .I will heal their wounds, I
will love them; for My wrath is turned away from them. I will be as a dew,
Israel shall spring up as a lily, and his root shall shoot forth as that of
Libanus."(21)
27. Similar sentiments
are uttered by the prophet Isaias when he introduces a conversation in the form
of question and answer, as it were, between God and the chosen people:
"And Sion said, 'the Lord hath forsaken me; the Lord hath forgotten me.'
Can a woman forget her infant so as not to have pity on the son of her womb?
And if she should forget, yet will not I forget thee."(22)
28. No less moving are
the words which the author of the Canticle of Canticles, employing comparisons
from conjugal affection, describes symbolically the bonds of mutual love by
which God and his chosen people are united to each other: "As the lily
among thorns, so is My love among the daughters. . .I to My beloved and My
beloved to Me, who feedeth among the lilies. . .Put Me as a seal upon thy
heart, as a seal upon thy arm; for love is strong as death, jealousy is hard as
hell, the lamps thereof are lamps of fire and flames."(23)
29. This most tender,
forgiving and patient love of God, though it deems unworthy the people of
Israel as they add sin to sin, nevertheless at no time casts them off entirely.
And though it seems strong and exalted indeed, yet it was only an advance
symbol of that burning charity which mankind' s promised Redeemer, from His
most loving Heart, was destined to open to all and which was to be the type of
His love for us and the foundation of the new covenant.
30. Assuredly, when He
who is the only begotten of the Father and the Word made flesh "full of
grace and truth"(24) had come to men weighed down with many sins and
miseries it was He alone, from that human nature united hypostatically to the
divine Person, Who could open to the human race the "fountain of living
water" which would irrigate the parched land and transform it into a
fruitful and flourishing garden.
31. That this most
wondrous effect would come to pass as a result of the merciful and everlasting
love of God the prophet Jeremias seems to foretell in a manner in these words:
"I have loved thee with an everlasting love, therefore I have drawn thee
taking pity on thee. . .Behold the days shall come, saith the Lord, and I shall
make a new covenant with the house of Israel and with the house of Juda. .
.this will be the covenant that I will make with the house of Israel, after
those days, saith the Lord; I will give My law in their bowels, and will write
it in their heart, and I will be their God and they shall be My people. . .for
I will forgive their iniquity and I will remember their sin no more."(25)
32. But it is only in the
Gospels that we find definitely and clearly set out the new covenant between
God and man; for that covenant which Moses had made between the people of
Israel and God was a mere symbol and a sign of the covenant foretold by the
prophet Jeremias. We say that this new covenant is that very thing which was
established and effected by the work of the Incarnate Word Who is the source of
divine grace. This covenant is therefore to be considered incomparably more
excellent and more solid because it was ratified, not as in the past by the
blood of goats and calves, but by the most precious Blood of Him Whom these
same innocent animals, devoid of reason, had already prefigured: "The Lamb
of God, who taketh away the sins of the world."(26)
33. The Christian
covenant, much more than that of the old, clearly appears as an agreement based
not on slavery or on fear, but as one ratified by that friendship which ought
to exist between a father and his children, as one nourished and strengthened
by a more generous outpouring of divine grace and truth according to the saying
of St. John the Evangelist: "And of his fulness we have all received, and
grace for grace. For the Law was given by Moses; grace and truth came by Jesus
Christ."(27)
34. Since we have been
introduced, venerable brethren, to the innermost mystery of the infinite
charity of the Word Incarnate by these words of the disciple "whom Jesus
loved and who also leaned on His breast at the supper,"(28) it seems meet
and just, right and availing unto salvation, to pause for a short time in sweet
contemplation of this mystery so that, enlightened by that light which shines
from the Gospel and makes clearer the mystery itself, we also may be able to
obtain the realization of the desire of which the Apostle of the Gentiles
speaks in writing to the Ephesians. "That Christ may dwell by faith in
your hearts, that being rooted and founded in charity you may be able to
comprehend with all the saints what is the breadth, and length, and height, and
depth; to know also the charity of Christ which surpasseth all knowledge, that
you may be filled unto all the fulness of God."(29)
35. The mystery of the
divine redemption is primarily and by its very nature a mystery of love, that
is, of the perfect love of Christ for His heavenly Father to Whom the sacrifice
of the Cross, offered in a spirit of love and obedience, presents the most
abundant and infinite satisfaction due for the sins of the human race; "By
suffering out of love and obedience, Christ gave more to God than was required
to compensate for the offense of the whole human race."(30)
36. It is also a mystery
of the love of the Most Holy Trinity and of the divine Redeemer towards all
men. Because they were entirely unable to make adequate satisfaction for their
sins,(31) Christ, through the infinite treasure of His merits acquired for us
by the shedding of His precious Blood, was able to restore completely that pact
of friendship between God and man which had been broken, first by the grievous
fall of Adam in the earthly paradise and then by the countless sins of the
chosen people.
37. Since our divine
Redeemer as our lawful and perfect Mediator, out of His ardent love for us,
restored complete harmony between the duties and obligations of the human race
and the rights of God, He is therefore responsible for the existence of that
wonderful reconciliation of divine justice and divine mercy which constitutes
the sublime mystery of our salvation. On this point the Angelic Doctor wisely
comments: "That man should be delivered by Christ's Passion was in keeping
with both His mercy and His justice. With His justice, because by His Passion
Christ made satisfaction for the sins of the human race, and so man was set
free by Christ's justice; and with His mercy, for since man of himself could
not satisfy for the sin of all human nature, God gave him His Son to satisfy
for him. And this came of a more copious mercy than if he had forgiven sins
without satisfaction: Hence St. Paul says: 'God, who is rich in mercy, by
reason of His very great love wherewith He has loved us even when we were dead
by reason of our sins, brought us to life together with Christ.'"(32)
38. But in order that we
really may be able, so far as it is permitted to mortal men, "to
comprehend with all the saints what is the breadth, and length, and height, and
depth"(33) of the hidden love of the Incarnate Word for His heavenly
Father and for men infected by the taint of sins, we must note well that His
love was not entirely the spiritual love proper to God inasmuch as "God is
a spirit."(34) Undoubtedly the love with which God loved our forefathers
and the Hebrew people was of this nature. For this reason the expressions of
human, intimate, and paternal love which we find in the Psalms, the writings of
the prophets, and in the Canticle of Canticles are tokens and symbols of the
true but entirely spiritual love with which God continued to sustain the human
race. On the other hand, the love which breathes from the Gospel, from the
letters of the Apostles and the pages of the Apocalypse, all of which portray
the love of the Heart of Jesus Christ, expresses not only divine love but also
human sentiments of love. All who profess themselves Catholics accept this
without question.
39. For the Word of God
did not assume a feigned and unsubstantial body, as already in the first
century of Christianity some heretics declared and who were condemned in these
solemn words of St. John the Apostle: "For many seducers are gone out into
the world, who do confess not that Jesus Christ is come in the flesh. Here is a
seducer and the antichrist,"(35) but He united to His divine Person a
truly human nature, individual, whole and perfect, which was conceived in the
most pure womb of the Virgin Mary by the power of the Holy Ghost.(36)
40. Nothing, then, was
wanting to the human nature which the Word of God united to Himself.
Consequently He assumed it in no diminished way, in no different sense in what
concerns the spiritual and the corporeal: that is, it was endowed with
intellect and will and the other internal and external faculties of perception,
and likewise with the desires and all the natural impulses of the senses. All
this the Catholic Church teaches as solemnly defined and ratified by the Roman
Pontiffs and the general councils. "Whole and entire in what is His own,
whole and entire in what is ours."(37) "Perfect in His Godhead and
likewise perfect in His humanity."(38) "Complete God is man, complete
man is God."(39)
41. Hence, since there
can be no doubt that Jesus Christ received a true body and had all the
affections proper to the same, among which love surpassed all the rest, it is
likewise beyond doubt that He was endowed with a physical heart like ours; for
without this noblest part of the body the ordinary emotions of human life are
impossible. Therefore the Heart of Jesus Christ, hypostatically united to the
divine Person of the Word, certainly beat with love and with the other
emotions- but these, joined to a human will full of divine charity and to the
infinite love itself which the Son shares with the Father and the Holy Spirit,
were in such complete unity and agreement that never among these three loves
was there any contradiction of or disharmony.(40)
42. However, even though
the Word of God took to Himself a true and perfect human nature, and made and
fashioned for Himself a heart of flesh, which, no less than ours could suffer
and be pierced, unless this fact is considered in the light of the hypostatic
and substantial union and in the light of its complement, the fact of man' s
redemption, it can be a stumbling block and foolishness to some, just as Jesus
Christ, nailed to the Cross, actually was to the Jewish race and to the
Gentiles.(41)
43. The official
teachings of the Catholic faith, in complete agreement with Scripture, assure
us that the only begotten Son of God took a human nature capable of suffering
and death especially because He desired, as He hung from the Cross, to offer a
bloody sacrifice in order to complete the work of man's salvation. This the
Apostle of the Gentiles teaches in another way: "For both He that
sanctifieth, and they who are sanctified are all of one. For which cause He is
not ashamed to call them brethren, saying, 'I will declare thy name to My
brethren'. . .And again, 'Behold I and My children, whom God hath given Me.'
Therefore, because the children are partakers of flesh and blood, He also in
like manner hath been partaker of the same. . .Wherefore it behooved Him in all
things to be made like unto His brethren that He might become a merciful and
faithful high priest before God, that He might be a propitiation for the sins
of the people. For in that wherein He Himself hath suffered and been tempted He
is able to succor them who are tempted."(42)
44. The holy Fathers,
true witnesses of the divinely revealed doctrine, wonderfully understood what
St. Paul the Apostle had quite clearly declared; namely, that the mystery of
love was, as it were, both the foundation and the culmination of the
Incarnation and the Redemption. For frequently and clearly we can read in their
writings that Jesus Christ took a perfect human nature and our weak and
perishable human body with the object of providing for our eternal salvation,
and of revealing to us in the clearest possible manner that His infinite love
for us could express itself in human terms.
45. St. Justin, almost
echoing the voice of the Apostle of the Gentiles, writes: "We adore and
love the Word born of the unbegotten and ineffable God since He became man for
our sake, so that having become a partaker of our sufferings He might provide a
remedy for them."(43)
46. St. Basil, the first
of the three Cappadocian Fathers declares that the feelings of the senses in
Christ were at once true and holy: "It is clear that the Lord did indeed
put on natural affections as a proof of His real and not imaginary Incarnation,
and that He rejected as unworthy of the Godhead those corrupt affections which
defile the purity of our life."(44)
47. Similarly that light
of the Church of Antioch, St. John Chrysostom, admits that the emotion of the
senses to which the divine Redeemer was subject made obvious the fact that He
assumed a human nature complete in all respects: "For if He had not shared
our nature He would not have repeatedly been seized with grief."(45)
48. Among the Latin
Fathers one may cite those whom the Church today honors as the greatest
doctors. Thus St. Ambrose bears witness that the movements and dispositions of
the senses, from which the Incarnate Word of (God was not exempt, flow from the
hypostatic union as from their natural source: "And therefore He put on a
soul and the passions of the soul; for God, precisely because He is God, could
not have been disturbed nor could He have died."(46)
49. It was from these
very emotions that St. Jerome derived his chief proof that Christ had really
put on human nature: "Our Lord, to prove the truth of the manhood He had
assumed, experiences real sadness."(47)
50. But St. Augustine, in
a special manner, notices the connections that exist between the sentiments of
the Incarnate Word and their purpose, man's redemption. "These affections
of human infirmity, even as the human body itself and death, the Lord Jesus put
on not out of necessity, but freely out of compassion so that He might
transform in Himself His Body, which is the Church of which He deigned to be
the Head, that is, His members who are among the faithful and the saints, so
that if any of them in the trials of this life should be saddened and afflicted
they should not therefore think that they are deprived of His grace. Nor should
they consider this sorrow a sin, but a sign of human weakness. Like a choir
singing in harmony with the note that has been sounded, so should His Body
learn from its Head."(48)
51. More briefly, but no
less effectively, do the following passages from St. John Damascene set out the
teaching of the Church: "Complete God assumed me completely and complete
man is united to complete God so that He might bring salvation to complete man.
For what was not assumed could not be healed."(49) "He therefore
assumed all that He might sanctify all."(50)
52. However, it must be
noted that although these selected passages from Scripture and the Fathers and
many similar ones that We have not cited give clear testimony that Jesus Christ
was endowed with affections and sense perceptions, and hence that He assumed
human nature in order to work for our eternal salvation, yet they never refer
those affections to His physical heart in such a way as to point to it clearly
as the symbol of His infinite love.
53. Granted that the
Evangelists and other sacred writers do not explicitly describe the Heart of
our Redeemer, living and throbbing like our own with the power of feeling, and
ever throbbing with the emotions and affections of His soul and the glowing
charity of His twofold will, yet they often set in their proper light His
divine love and the sense emotions which accompany it; that is, desire, joy,
weakness, fear and anger, as shown by His face, words or gesture. The face of
our adorable Savior was especially the guide, and a kind of faithful
reflection, of those emotions which moved His soul in various ways and like
repeating waves touched His Sacred Heart and excited its beating. For what is
true of human psychology and its effects is valid here also. The Angelic
Doctor, relying on ordinary experience, notes: "An emotion caused by anger
is conveyed to the external members, and particularly to those members in which
the heart's imprint is more obviously reflected, such as the eyes, the face,
and the tongue."(51)
54. For these reasons,
the Heart of the Incarnate Word is deservedly and rightly considered the chief
sign and symbol of that threefold love with which the divine Redeemer
unceasingly loves His eternal Father and all mankind.
55. It is a symbol of
that divine love which He shares with the Father and the Holy Spirit but which
He, the Word made flesh, alone manifests through a weak and perishable body,
since "in Him dwells the fullness of the Godhead bodily."(52)
56. It is, besides, the
symbol of that burning love which, infused into His soul, enriches the human
will of Christ and enlightens and governs its acts by the most perfect
knowledge derived both from the beatific vision and that which is directly
infused.(53)
57. And finally - and
this in a more natural and direct way - it is the symbol also of sensible love,
since the body of Jesus Christ, formed by the Holy Spirit, in the womb of the
Virgin Mary, possesses full powers of feelings and perception, in fact, more so
than any other human body.(54)
58. Since, therefore,
Sacred Scripture and the official teaching of the Catholic faith instruct us
that all things find their complete harmony and order in the most holy soul of
Jesus Christ, and that He has manifestly directed His threefold love for the
securing of our redemption, it unquestionably follows that we can contemplate
and honor the Heart of the divine Redeemer as a symbolic image of His love and
a witness of our redemption and, at the same time, as a sort of mystical ladder
by which we mount to the embrace of "God our Savior."(55)
59. Hence His words,
actions, commands, miracles, and especially those works which manifest more
clearly His love for us - such as the divine institution of the Eucharist, His
most bitter sufferings and death, the loving gift of His holy Mother to us, the
founding of the Church for us, and finally, the sending of the Holy Spirit upon
the Apostles and upon us - all these, We say, ought to be looked upon as proofs
of His threefold love.
60. Likewise we ought to
meditate most lovingly on the beating of His Sacred Heart by which He seemed,
as it were, to measure the time of His sojourn on earth until that final moment
when, as the Evangelists testify, "crying out with a loud voice 'It is
finished.', and bowing His Head, He yielded up the ghost."(56) Then it was
that His heart ceased to beat and His sensible love was interrupted until the
time when, triumphing over death, He rose from the tomb.
61. But after His
glorified body had been re-united to the soul of the divine Redeemer, conqueror
of death, His most Sacred Heart never ceased, and never will cease, to beat
with calm and imperturbable pulsations. Likewise, it will never cease to
symbolize the threefold love with which He is bound to His heavenly Father and
the entire human race, of which He has every claim to be the mystical Head.
62. And now, venerable
brethren, in order that we may be able to gather from these holy considerations
abundant and salutary fruits, We desire to reflect on and briefly contemplate
the manifold affections, human and divine, of our Savior Jesus Christ which His
Heart made known to us during the course of His mortal life and which It still
does and will continue to do for all eternity. From the pages of the Gospel
particularly there shines forth for us the light, by the brightness and
strength of which we can enter into the secret places of this divine Heart and,
with the Apostle of the Gentiles, gaze at "the abundant riches of (God's)
grace, in his bounty towards us in Christ Jesus."(57)
63. The adorable Heart of
Jesus Christ began to beat with a love at once human and divine after the
Virgin Mary generously pronounced Her "Fiat"; and the Word of God, as
the Apostle remarks: "coming into the world, saith, 'Sacrifice and
oblation thou wouldst not; but a body thou hast fitted to Me; holocausts for
sin did not please thee. Then said I, "Behold I come"; in the head of
the book it is written of Me, "that I should do thy will, O God!"'. .
.In which will we are sanctified by the oblation of the body of Jesus Christ
once."(58)
64. Likewise was He moved
by love, completely in harmony with the affections of His human will and the
divine Love, when in the house of Nazareth He conversed with His most sweet
Mother and His foster father, St. Joseph, in obedience to whom He performed
laborious tasks in the trade of a carpenter.
65. Again, He was
influenced by that threefold love, of which We spoke, during His public life: in
long apostolic journeys; in the working of innumerable miracles, by which He
summoned back the dead from the grave or granted health to all manner of sick
persons; in enduring labors; in bearing fatigue, hunger and thirst; in the
nightly watchings during which He prayed most lovingly to His Father; and
finally, in His preaching and in setting forth and explaining His parables, in
those particularly which deal with mercy--the lost drachma, the lost sheep, the
prodigal son. By these indeed both by act and by word, as St. Gregory the Great
notes, the Heart of God Itself is revealed: "Learn the Heart of God in the
words of God, that you may long more ardently for things eternal."(59)
66. But the Heart of
Jesus Christ was moved by a more urgent charity when from His lips were drawn
words breathing the most ardent love. Thus, to give examples: when He was
gazing at the crowds weary and hungry, He exclaimed: "I have compassion
upon the crowd";(60) and when He looked down on His beloved city of
Jerusalem, blinded by its sins, and so destined for final ruin, He uttered this
sentence: "Jerusalem, Jerusalem, thou that slayest the prophets, and
stonest them that are sent unto thee, how often would I have gathered together
thy children, as the hen doth gather her chickens under her wings, and thou
wouldst not!"(61) And His Heart beat with love for His Father and with a
holy anger when seeing the sacrilegious buying and selling taking place in the
Temple, He rebuked the violators with these words: "It is written: My
house shall be called a house of prayer; but you have made it a den of
thieves."(62)
67. But His Heart was
moved by a particularly intense love mingled with fear as He perceived the hour
of His bitter torments drawing near and, expressing a natural repugnance for
the approaching pains and death, He cried out: "Father, if it be possible,
let this chalice pass from Me."(63) And when He was greeted by the traitor
with a kiss, in love triumphant united to deepest grief, He addressed to him
those words which seem to be the final invitation of His most merciful Heart to
the friend who, obdurate in his wicked treachery, was about to hand Him over to
His executioners: "Friend, whereto art thou come? Dost thou betray the Son
of Man with a kiss?"(64) It was out of pity and the depths of His love
that He spoke to the devout women as they wept for Him on His way to the
unmerited penalty of the Cross: "Daughters of Jerusalem, weep not over Me,
but weep for yourselves and for your children. . .For if in the green wood they
do these things, what shall be done in the dry?"(65)
68. And when the divine
Redeemer was hanging on the Cross, He showed that His Heart was strongly moved
by different emotions - burning love, desolation, pity, longing desire,
unruffled peace. The words spoken plainly indicate these emotions:
"Father, forgive them; they know not what they do!"(66) "My God,
My God, why hast Thou forsaken Me?"(67) "Amen, I say to thee, this
day thou shalt be with Me in paradise."(68) "I thirst."(69)
"Father, into Thy hands I commend My spirit."(70)
69. But who can worthily
depict those beatings of the divine Heart, the signs of His infinite love, of
those moments when He granted men His greatest gifts: Himself in the Sacrament
of the Eucharist, His most holy Mother, and the office of the priesthood shared
with us?
70. Even before He ate
the Last Supper with His disciples Christ Our Lord, since He knew He was about
to institute the sacrament of His body and blood by the shedding of which the
new covenant was to be consecrated, felt His heart roused by strong emotions,
which He revealed to the Apostles in these words: "With desire have I
desired to eat this Pasch with you before I suffer."(71) And these
emotions were doubtless even stronger when "taking bread, He gave thanks,
and broke, and gave to them, saying, 'This is My body which is given for you,
this do in commemoration of Me.' Likewise the chalice also, after He had
supped, saying, 'This chalice is the new testament in My blood, which shall be
shed for you.'"(72)
71. It can therefore be
declared that the divine Eucharist, both the sacrament which He gives to men
and the sacrifice in which He unceasingly offers Himself from the rising of the
sun till the going down thereof,"(73) and likewise the priesthood, are
indeed gifts of the Sacred Heart of Jesus.
72. Another most precious
gift of His Sacred Heart is, as We have said, Mary the beloved Mother of God
and the most loving Mother of us all. She who gave birth to our Savior
according to the flesh and was associated with Him in recalling the children of
Eve to the life of divine grace has deservedly been hailed as the spiritual
Mother of the whole human race. And so St. Augustine writes of her:
"Clearly She is Mother of the members of the Savior (which is what we
are), because She labored with Him in love that the faithful who are members of
the Head might be born in the Church."(74)
73. To the unbloody gift
of Himself under the appearance of bread and wine our Savior Jesus Christ
wished to join, as the chief proof of His deep and infinite love, the bloody
sacrifice of the Cross. By this manner of acting He gave an example of His
supreme charity, which He had proposed to His disciples as the highest point of
love in these words: "Greater love than this no man hath, that a man lay
down his life for his friends."(75)
74. Thus the love of
Jesus Christ the Son of God, by the sacrifice of Golgotha, cast a flood of
light on the meaning of the love of God Himself: "In this we know the
charity of God, because He hath laid down His life for us, and we ought to lay
down our lives for the brethren."(76) And in truth it was more by love
than by the violence of the executioners that our divine Redeemer was fixed to
the Cross; and His voluntary total offering is the supreme gift which He gave
to each man, according to that terse saying of the Apostles, "He loved me,
and delivered Himself for me."(77)
75. The Sacred Heart of
Jesus shares in a most intimate way in the life of the Incarnate Word, and has
been thus assumed as a kind of instrument of the Divinity. It is therefore
beyond all doubt that, in the carrying out of works of grace and divine
omnipotence, His Heart, no less than the other members of His human nature is
also a legitimate symbol of that unbounded love.(78)
76. Under the influence
of this love, our Savior, by the outpouring of His blood, became wedded to His
Church: "By love, He allowed Himself to be espoused to His
Church."(79) Hence, from the wounded Heart of the Redeemer was born the
Church, the dispenser of the Blood of the Redemption--whence flows that
plentiful stream of Sacramental grace from which the children of the Church
drink of eternal life, as we read in the sacred liturgy: "From the pierced
Heart, the Church, the Bride of Christ, is born....And He pours forth grace
from His Heart."(80)
77. Concerning the
meaning of this symbol, which was known even to the earliest Fathers and
ecclesiastical writers, St. Thomas Aquinas, echoing something of their words,
writes as follows: "From the side of Christ, there flowed water for cleansing,
blood for redeeming. Hence blood is associated with the sacrament of the
Eucharist, water with the sacrament of Baptism, which has its cleansing power
by virtue of the blood of Christ."(81)
78. What is here written
of the side of Christ, opened by the wound from the soldier, should also be
said of the Heart which was certainly reached by the stab of the lance, since
the soldier pierced it precisely to make certain that Jesus Christ crucified
was really dead. Hence the wound of the most Sacred Heart of Jesus, now that He
has completed His mortal life, remains through the course of the ages a
striking image of that spontaneous charity by which God gave His only begotten
Son for the redemption of men and by which Christ expressed such passionate
love for us that He offered Himself as a bleeding victim on Calvary for our
sake: "Christ loved us and delivered Himself for us, an oblation and a
sacrifice to God for an odor of sweetness."(82)
79. After our Lord had
ascended into heaven with His body adorned with the splendors of eternal glory
and took His place by the right hand of the Father, He did not cease to remain
with His Spouse, the Church, by means of the burning love with which His Heart
beats. For He bears in His hands, feet and side the glorious marks of the
wounds which manifest the threefold victory won over the devil, sin, and death.
80. He likewise keeps in
His Heart, locked as it were in a most precious shrine, the unlimited treasures
of His merits, the fruits of that same threefold triumph, which He generously
bestows on the redeemed human race. This is a truth full of consolation, which
the Apostle of the Gentiles expresses in these words: "Ascending on high,
He led captivity captive; He gave gifts to men. . .He that descended, is the same
also that ascended above all the heavens that He might fill all
things."(83)
81. The gift of the Holy
Spirit, sent upon His disciples, is the first notable sign of His abounding
charity after His triumphant ascent to the right hand of His Father. For after
ten days the Holy Spirit, given by the heavenly Father, came down upon them
gathered in the Upper Room in accordance with the promise made at the Last
Supper: "I will ask the Father and He will give you another Paraclete so
that He may abide with you forever."(84) And this Paraclete, who is the
mutual personal love between the Father and the Son, is sent by both and, under
the adopted appearance of tongues of fire, poured into their souls an abundance
of divine charity and the other heavenly gifts.
82. The infusion of this
divine charity also has its origin in the Heart of the Savior, "in which
are hid all the treasures of wisdom and knowledge."(85) For this charity
is the gift of Jesus Christ and of His Spirit; for He is indeed the spirit of
the Father and the Son from whom the origin of the Church and its marvelous
extension is revealed to all the pagan races which had been defiled by
idolatry, family hatred, corrupt morals, and violence.
83. This divine charity
is the most precious gift of the Heart of Christ and of His Spirit: It is this
which imparted to the Apostles and martyrs that fortitude, by the strength of
which they fought their battles like heroes till death in order to preach the
truth of the Gospel and bear witness to it by the shedding of their blood; it
is this which implanted in the Doctors of the Church their intense zeal for
explaining and defending the Catholic faith; this nourished the virtues of the
confessors, and roused them to those marvelous works useful for their own
salvation and beneficial to the salvation of others both in this life and in
the next; this, finally, moved the virgins to a free and joyful withdrawal from
the pleasures of the senses and to the complete dedication of themselves to the
love of their heavenly Spouse.
84. It was to pay honor
to this divine charity which, overflowing from the Heart of the Incarnate Word,
is poured out by the aid of the Holy Spirit into the souls of all believers
that the Apostle of the Gentiles uttered this hymn of triumph which proclaims the
victory of Christ the Head, and of the members of His Mystical Body, over all
which might in any way impede the establishment of the kingdom of love among
men: "Who shall separate us from the love of Christ? Shall tribulation or
distress? or famine? or nakedness? or danger? or persecution? or the sword?. .
.But in all these things we overcome because of Him that hath loved us. For I
am sure that neither death nor life, nor angels nor principalities, nor powers,
nor things present, nor things to come, nor might, nor height nor depth, nor
any other creature shall be able to separate us from the love of God, which is
in Christ Jesus our Lord."(86)
85. Nothing therefore
prevents our adoring the Sacred Heart of Jesus Christ as having a part in and
being the natural and expressive symbol of the abiding love with which the
divine Redeemer is still on fire for mankind. Though it is no longer subject to
the varying emotions of this mortal life, yet it lives and beats and is united
inseparably with the Person of the divine Word and, in Him and through Him,
with the divine Will. Since then the Heart of Christ is overflowing with love
both human and divine and rich with the treasure of all graces which our
Redeemer acquired by His life, sufferings and death, it is therefore the
enduring source of that charity which His Spirit pours forth on all the members
of His Mystical Body.
86. And so the Heart of
our Savior reflects in some way the image of the divine Person of the Word and,
at the same time, of His twofold nature, the human and the divine; in it we can
consider not only the symbol but, in a sense, the summary of the whole mystery
of our redemption. When we adore the Sacred Heart of Jesus Christ, we adore in
it and through it both the uncreated love of the divine Word and also its human
love and its other emotions and virtues, since both loves moved our Redeemer to
sacrifice Himself for us and for His Spouse, the Universal Church, as the
Apostle declares: "Christ loved the Church, and delivered Himself up for it,
that He might sanctify it, cleansing it by the laver of water in the word of
life, that He might present it to Himself a glorious Church, not having spot or
wrinkle, or any such thing, but that it should be holy and without
blemish."(87)
87. Just as Christ loved
the Church, so He still loves it most intensely with that threefold love of
which We spoke, which moved Him as our Advocate(88) "always living to make
intercession for us"(89) to win grace and mercy for us from His Father.
The prayers which are drawn from that unfailing love, and are directed to the
Father, never cease. As "in the days of His flesh,"(90) so now
victorious in heaven, He makes His petition to His heavenly Father with equal
efficacy, to Him "Who so loved the world that He gave His only begotten
Son, that whosoever believeth in Him may not perish, but may have life
everlasting,"(91) He shows His living Heart, wounded as it were, and
throbbing with a love yet more intense than when it was wounded in death by the
Roman soldier's lance: "(Thy Heart) has been wounded so that through the
visible wound we may behold the invisible wound of love."(92)
88. It is beyond doubt,
then, that His heavenly Father "Who spared not even His own Son, but
delivered Him up for us all,"(93) when appealed to with such loving
urgency by so powerful an Advocate, will, through Him, send down on all men an
abundance of divine graces.
89. It was Our wish,
venerable brethren, by this general outline, to set before you and the faithful
the inner nature of the devotion to the Sacred Heart of Jesus Christ and the
endless riches which spring from it as they are made clear by the primary
source of doctrine, divine revelation. We think that Our comments, which are
guided by the light of the Gospel, have proved that this devotion, summarily
expressed, is nothing else than devotion to the divine and human love of the
Incarnate Word and to the love by which the heavenly Father and the Holy Spirit
exercise their care over sinful men. For, as the Angelic Doctor teaches, the
love of the most Holy Trinity is the origin of man's redemption; it overflowed
into the human will of Jesus Christ and into His adorable Heart with full
efficacy and led Him, under the impulse of that love, to pour forth His blood
to redeem us from the captivity of sin(94): "I have a baptism wherewith I
am to be baptized, and how am I straitened until it be accomplished?"(95)
90. We are convinced,
then, that the devotion which We are fostering to the love of God and Jesus
Christ for the human race by means of the revered symbol of the pierced Heart
of the crucified Redeemer has never been altogether unknown to the piety of the
faithful, although it has become more clearly known and has spread in a
remarkable manner throughout the Church in quite recent times. Particularly was
this so after our Lord Himself had privately revealed this divine secret to
some of His children to whom He had granted an abundance of heavenly gifts, and
whom He had chosen as His special messengers and heralds of this devotion.
91. But, in fact, there
have always been men specially dedicated to God who, following the example of
the beloved Mother of God, of the Apostles and the great Fathers of the Church,
have practiced the devotion of thanksgiving, adoration and love towards the
most sacred human nature of Christ, and especially towards the wounds by which
His body was torn when He was enduring suffering for our salvation.
92. Moreover, is there
not contained in those words "My Lord and My God"(96) which St.
Thomas the Apostle uttered, and which showed he had been changed from an
unbeliever into a faithful follower, a profession of faith, adoration and love,
mounting up from the wounded human nature of his Lord to the majesty of the
divine Person?
93. But if men have
always been deeply moved by the pierced Heart of the Savior to a worship of
that infinite love with which He embraces mankind -- since the words of the
prophet Zacharias, "They shall look on Him Whom they have
pierced,"(97) referred by St. John the Evangelist to Jesus nailed to the
Cross, have been spoken to Christians in all ages -- it must yet be admitted
that it was only by a very gradual advance that the honors of a special
devotion were offered to that Heart as depicting the love, human and divine,
which exists in the Incarnate Word.
94. But for those who
wish to touch on the more significant stages of this devotion through the
centuries, if we consider outward practice, there immediately occur the names
of certain individuals who have won particular renown in this matter as being
the advance guard of a form of piety which, privately and very gradually, has
gained more and more strength in religious congregations. To cite some examples
in establishing this devotion to the Sacred Heart of Jesus and continuously
promoting it, great service was rendered by St. Bonaventure, St. Albert the
Great, St. Gertrude, St. Catherine of Siena, Blessed Henry Suso, St. Peter
Canisius, St. Francis de Sales. St. John Eudes was responsible for the first
liturgical office celebrated in honor of the Sacred Heart of Jesus whose solemn
feast, with the approval of many Bishops in France, was observed for the first
time on October 20th, 1672.
95. But surely the most
distinguished place among those who have fostered this most excellent type of
devotion is held by St. Margaret Mary Alacoque who, under the spiritual
direction of Blessed Claude de la Colombiere who assisted her work, was on fire
with an unusual zeal to see to it that the real meaning of the devotion which
had had such extensive developments to the great edification of the faithful
should be established and be distinguished from other forms of Christian piety
by the special qualities of love and reparation.(98)
96. It is enough to
recall the record of that age in which the devotion to the Sacred Heart of
Jesus began to develop to understand clearly that its marvelous progress has
stemmed from the fact that it entirely agreed with the nature of Christian
piety since it was a devotion of love. It must not be said that this devotion
has taken its origin from some private revelation of God and has suddenly
appeared in the Church; rather, it has blossomed forth of its own accord as a
result of that lively faith and burning devotion of men who were endowed with
heavenly gifts, and who were drawn towards the adorable Redeemer and His
glorious wounds which they saw as irresistible proofs of that unbounded love.
97. Consequently, it is
clear that the revelations made to St. Margaret Mary brought nothing new into
Catholic doctrine. Their importance lay in this that Christ Our Lord, exposing
His Sacred Heart, wished in a quite extraordinary way to invite the minds of
men to a contemplation of, and a devotion to, the mystery of God's merciful
love for the human race. In this special manifestation Christ pointed to His
Heart, with definite and repeated words, as the symbol by which men should be
attracted to a knowledge and recognition of His love; and at the same time He
established it as a sign or pledge of mercy and grace for the needs of the
Church of our times.
98. In addition, that
this devotion flows from the very foundations of Christian teaching is clearly
shown by the fact that the Apostolic See approved the liturgical feast before
it approved the writings of St. Margaret Mary; for without exactly taking
account of any private revelation from God, but rather graciously acceeding to
the petitions of the faithful, the Sacred Congregation of Rites - by a decree
of the 25th of January 1765, which was approved by Our predecessor, Clement
XIII, on the 6th of February of the same year - granted the liturgical
celebration of the feast to the Polish Bishops and to what was called the
Archconfraternity of the Sacred Heart of Jesus at Rome. The Apostolic See acted
in this way so that the devotion then existing and flourishing might be
extended, since its purpose was "by this symbol to renew the memory of
that divine love"(99) by which Our Savior was moved to offer Himself as a
victim atoning for the sins of men.
99. This first approval,
granted as a privilege and restricted within limits, was followed about a
century later by another of far greater importance and couched in more solemn
terms. We mean the decree, which We referred to above, of the Sacred
Congregation of Rites of the 23rd of August 1856 by which Our predecessor of
immortal memory, Pius IX, in answer to the prayer of the French Bishops and of
almost the whole Catholic world, extended the feast of the Sacred Heart of
Jesus to the Universal Church and ordered it to be fittingly observed.(100)
This act richly deserved to be commended to the lasting memory of the faithful,
for as we read in the liturgy of the same feast: "From that time the
devotion to the Sacred Heart, like a stream in flood sweeping aside all
obstacles, spread out over the whole world."
100. From what We have so
far explained, venerable brethren, it is clear that the faithful must seek from
Scripture, tradition and the sacred liturgy as from a deep untainted source,
the devotion to the Sacred Heart of Jesus if they desire to penetrate its inner
nature and by piously meditating on it, receive the nourishment for the
fostering and development of their religious fervor. If this devotion is
constantly practiced with this knowledge and understanding, the souls of the
faithful cannot but attain to the sweet knowledge of the love of Christ which
is the perfection of Christian life as the Apostle, who knew this from personal
experience, teaches: "For this cause I bow my knees to the Father of our
Lord Jesus Christ. . . that He may grant you, according to the riches of His
glory, to be strengthened by His Spirit with might unto the inward man; that
Christ may dwell by faith in your hearts; that, being rooted and founded in
charity. . .you may be able to know also the charity of Christ which surpasseth
all knowledge, that you may be filled unto all the fullness of God."(101)
The clearest image of this all-embracing fullness of God is the Heart of Christ
Jesus Itself. We mean the fullness of mercy which is proper to the New
Testament, in which "the goodness and kindness of God our Savior
appeared,"(102) for "God sent not His Son into the world to judge the
world, but that the world might be saved by Him."(103)
101. The Church, the
teacher of men, has therefore always been convinced from the time she first
published official documents concerning the devotion to the Sacred Heart of
Jesus that its essential elements, namely, acts of love and reparation by which
God's infinite love for the human race is honored, are in no sense tinged with
so-called "materialism" or tainted with the poison of superstition.
Rather, this devotion is a form of piety that fully corresponds to the true
spiritual worship which the Savior Himself foretold when speaking to the woman
of Samaria: "The hour cometh, and now is, when the true adorers shall
adore the Father in spirit and in truth. For the Father also seeketh such to
adore Him. God is a spirit; and they that adore Him must adore Him in spirit
and in truth."(104)
102. It is wrong,
therefore, to assert that the contemplation of the physical Heart of Jesus
prevents an approach to a close love of God and holds back the soul on the way
to the attainment of the highest virtues. This false mystical doctrine the
Church emphatically rejects as, speaking through Our predecessor of happy
memory, Innocent XI, she rejected the errors of those who foolishly declared:
"(Souls of this interior way) ought not to make acts of love for the
Blessed Virgin, the Saints or the humanity of Christ; for love directed towards
those is of the senses, since its objects are also of that kind. No creature,
neither the Blessed Virgin nor the Saints, ought to have a place in our heart,
because God alone wishes to occupy it and possess it."(105) It is obvious
that those who think in this way imagine that the image of the Heart of Jesus
represents His human love alone and that there is nothing in it on which, as on
a new foundation, the worship of adoration which is exclusively reserved to the
divine nature can be based. But everyone realizes that this interpretation of
sacred images is entirely false, since it obviously restricts their meaning
much too narrowly.
103. Quite the contrary
is the thought and teaching of Catholic theologians, among whom St. Thomas
writes as follows: "Religious worship is not paid to images, considered in
themselves, as things; but according as they are representations leading to God
Incarnate. The approach which is made to the image as such does not stop there,
but continues towards that which is represented. Hence, because a religious
honor is paid to the images of Christ, it does not therefore mean that there
are different degrees of supreme worship or of the virtue of
religion."(106) It is, then, to the Person of the divine Word as to its
final object that that devotion is directed which, in a relative sense, is
observed towards the images whether those images are relics of the bitter
sufferings which our Savior endured for our sake or that particular image which
surpasses all the rest in efficacy and meaning, namely, the pierced Heart of
the crucified Christ.
104. Thus, from something
corporeal such as the Heart of Jesus Christ with its natural meaning, it is
both lawful and fitting for us, supported by Christian faith, to mount not only
to its love as perceived by the senses but also higher, to a consideration and
adoration of the infused heavenly love; and finally, by a movement of the soul
at once sweet and sublime, to reflection on, and adoration of, the divine love
of the Word Incarnate. We do so since, in accordance with the faith by which we
believe that both natures - the human and the divine - are united in the Person
of Christ, we can grasp in our minds those most intimate ties which unite the
love of feeling of the physical Heart of Jesus with that twofold spiritual love,
namely, the human and the divine love. For these loves must be spoken of not
only as existing side by side in the adorable Person of the divine Redeemer but
also as being linked together by a natural bond insofar as the human love,
including that of the feelings, is subject to the divine and, in due
proportion, provides us with an image of the latter. We do not pretend,
however, that we must contemplate and adore in the Heart of Jesus what is
called the formal image, that is to say, the perfect and absolute symbol of His
divine love, for no created image is capable of adequately expressing the
essence of this love. But a Christian in paying honor along with the Church to
the Heart of Jesus is adoring the symbol and, as it were, the visible sign of
the divine charity which went so far as to love intensely, through the Heart of
the Word made Flesh, the human race stained with so many sins.
105. It is therefore
essential, at this point, in a doctrine of such importance and requiring such
prudence that each one constantly hold that the truth of the natural symbol by
which the physical Heart of Jesus is related to the Person of the Word,
entirely depends upon the fundamental truth of the hypostatic union. Should
anyone declare this to be untrue he would be reviving false opinions, more than
once condemned by the Church, for they are opposed to the oneness of the Person
of Christ even though the two natures are each complete and distinct.
106. Once this essential
truth has been established we understand that the Heart of Jesus is the heart
of a divine Person, the Word Incarnate, and by it is represented and, as it
were, placed before our gaze all the love with which He has embraced and even
now embraces us. Consequently, the honor to be paid to the Sacred Heart is such
as to raise it to the rank - so far as external practice is concerned - of the
highest expression of Christian piety. For this is the religion of Jesus which
is centered on the Mediator who is man and God, and in such a way that we
cannot reach the Heart of God save through the Heart of Christ, as He Himself
says: "I am the Way, the Truth and the Life. No one cometh to the Father
save by Me."(107)
107. And so we can easily
understand that the devotion to the Sacred Heart of Jesus, of its very nature,
is a worship of the love with which God, through Jesus, loved us, and at the
same time, an exercise of our own love by which we are related to God and to
other men. Or to express it in another way, devotion of this kind is directed
towards the love of God for us in order to adore it, give thanks for it, and
live so as to imitate it; it has this in view, as the end to be attained, that
we bring that love by which we are bound to God to the rest of men to perfect
fulfillment by carrying out daily more eagerly the new commandment which the
divine Master gave to His Apostles as a sacred legacy when He said: "A new
commandment I give to you, that you love one another as I have loved you. .
.This is My commandment that you love one another as I have loved you."(108)
And this commandment is really new and Christ's own, for as Aquinas says,
"It is, in brief, the difference between the New and the Old Testament,
for as Jeremias says, 'I will make a new covenant with the house of
Israel.'(109) But that commandment which in the Old Testament was based on fear
and reverential love was referring to the New Testament; hence, this
commandment was in the old Law not really belonging to it, but as a preparation
for the new Law."(110)
108. Before We conclude
Our treatment of the concept of this type of devotion and its excellence in
Christian life, which We have offered for your consideration - a subject at
once attractive and full of consolation - by virtue of the Apostolic office
which was first entrusted to Blessed Peter after he had made his threefold
profession of love, We think it opportune to exhort you once again venerable
brethren, and through you all those dear children of Ours in Christ, to
continue to exercise an ever more vigorous zeal in promoting this most attractive
form of piety; for from it in our times also We trust that very many benefits
will arise.
109. In truth, if the
arguments brought forward which form the foundation for the devotion to the
pierced Heart of Jesus are duly pondered, it is surely clear that there is no
question here of some ordinary form of piety which anyone at his own whim may
treat as of little consequence or set aside as inferior to others, but of a
religious practice which helps very much towards the attaining of Christian
perfection. For if "devotion" - according to the accepted theological
notion which the Angelic Doctor gives us - "appears to be nothing else
save a willingness to give oneself readily to what concerns the service of
God,"(111) is it possible that there is any service of God more obligatory
and necessary, and at the same time more excellent and attractive, than the one
which is dedicated to love? For what is more pleasing and acceptable to God
than service which pays homage to the divine love and is offered for the sake
of that love--since any service freely offered is a gift in some sense and love
"has the position of the first gift, through which all other free gifts
are made?"(112)
110. That form of piety,
then, should be held in highest esteem by means of which man honors and loves
God more and dedicates himself with greater ease and promptness to the divine
charity; a form which our Redeemer Himself deigned to propose and commend to
Christians and which the Supreme Pontiffs in their turn defended and highly praised
in memorable published documents. Consequently, to consider of little worth
this signal benefit conferred on the Church by Jesus Christ would be to do
something both rash and harmful and also deserving of God's displeasure.
111. This being so, there
is no doubt that Christians in paying homage to the Sacred Heart of the
Redeemer are fulfilling a serious part of their obligations in their service of
God and, at the same time, they are surrendering themselves to their Creator
and Redeemer with regard to both the affections of the heart and the external
activities of their life; in this way, they are obeying that divine
commandment: "Thou shalt love the Lord thy God with thy whole heart, and
with thy whole soul, and with thy whole mind, and with thy whole Strength."(113)
112. Besides, they have
the firm conviction that they are moved to honor God not primarily for their
own advantage in what concerns soul and body in this life and in the next, but
for the sake of God's goodness they strive to render Him their homage, to give
Him back love for love, to adore Him and offer Him due thanks. Were it not so,
the devotion to the Sacred Heart of Jesus Christ would be out of harmony with
the whole spirit of the Christian religion, since man would not direct his homage,
in the first instance, to the divine love. And, not unreasonably as sometimes
happens, accusations of excessive self-love and self-interest are made against
those who either misunderstand this excellent form of piety or practice it in
the wrong way. Hence, let all be completely convinced that in showing devotion
to the most Sacred Heart of Jesus the external acts of piety have not the first
or most important place; nor is its essence to be found primarily in the
benefits to be obtained. For if Christ has solemnly promised them in private
revelations it was for the purpose of encouraging men to perform with greater
fervor the chief duties of the Catholic religion, namely, love and expiation,
and thus take all possible measures for their own spiritual advantage.
113. We therefore urge
all Our children in Christ, both those who are already accustomed to drink the
saving waters flowing from the Heart of the Redeemer and, more especially those
who look on from a distance like hesitant spectators, to eagerly embrace this
devotion. Let them carefully consider, as We have said, that it is a question
of a devotion which has long been powerful in the Church and is solidly founded
on the Gospel narrative. It received clear support from tradition and the
sacred liturgy and has been frequently and generously praised by the Roman
Pontiffs themselves. These were not satisfied with establishing a feast in
honor of the most Sacred Heart of the Redeemer and extending it to the
Universal Church; they were also responsible for the solemn acts of dedication
which consecrated the whole human race to the same Sacred Heart.(114)
114. Moreover, there are
to be reckoned the abundant and joyous fruits which have flowed therefrom to
the Church: countless souls returned to the Christian religion, the faith of
many roused to greater activity, a closer tie between the faithful and our most
loving Redeemer. All these benefits particularly in the most recent decades,
have passed before Our eyes in greater numbers and more dazzling significance.
115. While We gaze round
at such a marvelous sight, namely, a devotion to the Sacred Heart of Jesus both
warm and widespread among all ranks of the faithful, We are filled with a sense
of gratitude and joy and consolation. And after We have offered thanks, as We
ought, to our Redeemer Who is the infinite treasury of goodness, We cannot help
offering Our paternal congratulations to all those, whether of the clergy or of
the laity, who have made active contribution to the extending of this devotion.
116. But although,
venerable brethren, devotion to the Sacred Heart of Jesus has everywhere
brought forth fruits of salvation for the Christian life, all are aware that
the Church militant on earth -and especially civil society - has not yet
attained in a real sense to its essential perfection which would correspond to
the prayers and desires of Jesus Christ, the Mystical Spouse of the Church and
Redeemer of the human race. Not a few children of the Church mar, by their too
many sins and imperfections, the beauty of this Mother's features which they
reflect in themselves. Not all Christians are distinguished by that holiness of
behavior to which God calls them; not all sinners have returned to the Father '
s house, which they unfortunately abandoned, that they may be clothed once
again with the "first robe"(115) and worthily receive on their finger
the ring, the pledge of loyalty to the spouse of their soul; not all the
heathen peoples have yet been gathered into the membership of the Mystical Body
of Christ.
117. And there is more.
For if We experience bitter sorrow at the feeble loyalty of the good in whose
souls, tricked by a deceptive desire for earthly possessions, the fire of
divine charity grows cool and gradually dies out, much more is Our heart deeply
grieved by the machinations of evil men who, as if instigated by Satan himself,
are now more than ever zealous in their open and implacable hatred against God,
against the Church and above all against him who on earth represents the Person
of the divine Redeemer and exhibits His love towards men, in accordance with
that well-known saying of the Doctor of Milan: "For (Peter) is being
questioned about that which is uncertain, though the Lord is not uncertain; He
is questioning not that He may learn, but that He may teach the one whom, at
His ascent into Heaven, He was leaving to us as 'the representative of His
love.'"(116)
118. But, in truth,
hatred of God and of those who lawfully act in His place is the greatest kind
of sin that can be committed by man created in the image and likeness of God
and destined to enjoy His perfect and enduring friendship for ever in heaven.
Man, by hatred of God more than by anything else, is cut off from the Highest
Good and is driven to cast aside from himself and from those near to him
whatever has its origin in God, whatever is united with God, whatever leads to
the enjoyment of God, that is, truth, virtue, peace and justice.(117)
119. Since then, alas,
one can see that the number of those whose boast is that they are God's enemies
is in some places increasing, that the false slogans of materialism are being
spread by act and argument, and unbridled license for unlawful desires is
everywhere being praised, is it remarkable that love, which is the supreme law
of the Christian religion, the surest foundation of true and perfect justice
and the chief source of peace and innocent pleasures, loses its warmth in the
souls of many? For as our Savior warned us: "Because iniquity hath
abounded, the charity of many shall grow cold."(118)
120. When so many evils
meet Our gaze - such as cause sharp conflict among individuals, families,
nations and the whole world, particularly today more than at any other time -
where are We to seek a remedy, venerable brethren? Can a form of devotion surpassing
that to the most Sacred Heart of Jesus be found, which corresponds better to
the essential character of the Catholic faith, which is more capable of
assisting the present-day needs of the Church and the human race? What
religious practice is more excellent, more attractive, more salutary than this,
since the devotion in question is entirely directed towards the love of God
itself?(119)
Finally, what more
effectively than the love of Christ - which devotion to the Sacred Heart of
Jesus daily increases and fosters more and more - can move the faithful to
bring into the activities of life the Law of the Gospel, the setting aside of
which, as the words of the Holy Spirit plainly warn, "the work of justice
shall be peace,"(120) makes peace worthy of the name completely impossible
among men?
121. And so, following in
the footsteps of Our immediate predecessor, We are pleased to address once
again to all Our dear sons in Christ those words of exhortation which Leo XIII,
of immortal memory, towards the close of last century addressed to all the
faithful and to all who were genuinely anxious about their own salvation and
that of civil society: "Behold, today, another true sign of God's favor is
presented to our gaze, namely, the Sacred Heart of Jesus. . .shining forth with
a wondrous splendor from amidst flames. In it must all our hopes be placed;
from it salvation is to be sought and hoped for."(121)
122. It is likewise Our
most fervent desire that all who profess themselves Christians and are
seriously engaged in the effort to establish the kingdom of Christ on earth
will consider the practice of devotion to the Heart of Jesus as the source and
symbol of unity, salvation and peace. Let no one think, however, that by such a
practice anything is taken from the other forms of piety with which Christian
people, under the guidance of the Church, have honored the divine Redeemer.
Quite the opposite. Fervent devotional practice towards the Heart of Jesus will
beyond all doubt foster and advance devotion to the Holy Cross in particular,
and love for the Most Holy Sacrament of the Altar. We can even assert - as the
revelations made by Jesus Christ to St. Gertrude and to St. Margaret Mary
clearly show - that no one really ever has a proper understanding of Christ crucified
to whom the inner mysteries of His Heart have not been made known. Nor will it
be easy to understand the strength of the love which moved Christ to give
Himself to us as our spiritual food save by fostering in a special way the
devotion to the Eucharistic Heart of Jesus, the purpose of which is - to use
the words of Our predecessor of happy memory, Leo XIII - "to call to mind
the act of supreme love whereby our Redeemer, pouring forth all the treasures
of His Heart in order to remain with us till the end of time, instituted the
adorable Sacrament of the Eucharist."(122) For "not the least part of
the revelation of that Heart is the Eucharist, which He gave to us out of the
great charity of His own Heart."(123)
123. Finally, moved by an
earnest desire to set strong bulwarks against the wicked designs of those who
hate God and the Church and, at the same time, to lead men back again, in their
private and public life, to a love of God and their neighbor, We do not
hesitate to declare that devotion to the Sacred Heart of Jesus is the most
effective school of the love of God; the love of God, We say, which must be the
foundation on which to build the kingdom of God in the hearts of individuals,
families, and nations, as that same predecessor of pious memory wisely reminds
us: "The reign of Jesus Christ takes its strength and form from divine
love: to love with holiness and order is its foundation and its perfection.
From it these must flow: to perform duties without blame; to take away nothing
of another's right; to guide the lower human affairs by heavenly principles; to
give the love of God precedence over all other creatures."(124)
124. In order that favors
in greater abundance may flow on all Christians, nay, on the whole human race,
from the devotion to the most Sacred Heart of Jesus, let the faithful see to it
that to this devotion the Immaculate Heart of the Mother of God is closely
joined. For, by God's Will, in carrying out the work of human Redemption the
Blessed Virgin Mary was inseparably linked with Christ in such a manner that
our salvation sprang from the love and the sufferings of Jesus Christ to which
the love and sorrows of His Mother were intimately united. It is, then,
entirely fitting that the Christian people - who received the divine life from
Christ through Mary - after they have paid their debt of honor to the Sacred
Heart of Jesus should also offer to the most loving Heart of their heavenly
Mother the corresponding acts of piety affection, gratitude and expiation.
Entirely in keeping with this most sweet and wise disposition of divine
Providence is the memorable act of consecration by which We Ourselves solemnly
dedicated Holy Church and the whole world to the spotless Heart of the Blessed
Virgin Mary. (125)
125. Since in the course
of this year there is completed, as We mentioned above, the first hundred years
since the Universal Church, by order of Our predecessor of happy memory, Pius
IX, celebrated the feast of the Sacred Heart of Jesus, We earnestly desire,
venerable brethren, that the memory of this centenary be everywhere observed by
the faithful in the making of public acts of adoration, thanksgiving and
expiation to the divine Heart of Jesus. And though all Christian peoples will
be linked by the bonds of charity and prayer in common, ceremonies of Christian
joy and piety will assuredly be carried out with a special religious fervor in
that nation in which, according to the dispensation of the divine Will, a holy
virgin pointed the way and was the untiring herald of that devotion.
126. Meanwhile, refreshed
by sweet hope and foreseeing already those spiritual fruits which We are
confident will spring up in abundance in the Church from the devotion to the
Sacred Heart of Jesus -provided it is correctly understood according to Our
explanation and actively put into practice - We make Our prayer to God that He
may graciously deign to assist these ardent desires of Ours by the strong help
of His grace. May it come about, by the divine inspiration as a token of His
favor, that out of the celebration established for this year the love of the
faithful may grow daily more and more towards the Sacred Heart of Jesus and its
sweet and sovereign kingdom be extended more widely to all in every part of the
world: the kingdom "of truth and life; the kingdom of grace and holiness;
the kingdom of justice, love and peace."(126)
127. As a pledge of these
favors with a full heart We impart to each one of you, venerable brethren,
together with the clergy and faithful committed to your charge, to those in
particular who by their devoted labors foster and promote the devotion to the
Sacred Heart of Jesus, Our apostolic benediction.
Given at Rome, at St.
Peter's, the 15th of May, 1956, the eighteenth year of Our Pontificate.
PIUS XII, POPE
FOOTNOTES
1. Is. 12:3.
2. Jas. 1:17.
3. Jn. 7:37-39.
(Translator's note: In this passage, Pope Pius XII uses the punctuation favored
by St. Irenaeus and St. Cyprian and some other ancient authorities. The
translation therefore follows this and not the Douay version.)
4. Cfr. Is. 12:3; Ex.
47:1-12; Zach. 13:1; Ex. 17:1-7; Num. 20:7-13; I Cor. 10:4; Apoc. 7:17, 22:1.
5. Rom. 5:15.
6. I Cor. 6:17.
7. Jn. 4:10.
8. Acts 4:12.
9. Encl. "Annum
Sacrum," 25th May, 1899; Acta Leonis, vol. XIX, 1900, pp. 71, 77-79.
10. Pius XI, Encl.
"Miserentissimus Redemptor," 8th May, 1928 A.A.S. XX, 1928, p. 167.
11. Cfr. Encl.
"Sumni Pontificatus," 20th October, 1939: A.A.S. XXXI, 1939, p. 415.
12. Cfr. A.A.S. XXXII,
1940, p. 170; XXXVII, 1945, pp. 263-264; XL, 1948, p. 501; XLI, 1949, p. 331.
13. Eph. 3:20-21.
14. Is. 12:3.
15. Council Of Ephesus,
can. 8; Cfr. Mansi, "Sacrorum Conciliorum Ampliss. Collectio IV,"
1083 C.; II Council of Constantinople, can. 9; Cfr. Ibid. IX, 382 E.
16. Cfr. Encl.
"Annum Sacrum": Acta Leonis, vol. XIX, 1900, p. 76.
17. Cfr. Ex. 34:27-28.
18. Deut. 6:4-6.
19. St. Thomas, Sum.
Theol. II-II, q. 2, a. 7: ed. Leon., vol. VIII, 1895, p. 34.
20. Deut. 32:11.
21. Os. 11:1, 3-4.
14:5-6.
22. Is. 49:14-15.
23. Cant. 2:2, 6:2, 8:6.
24. Jn. 1:14.
25. Jer. 31:3, 31, 33-34.
26. Cfr. Jn. 1:29;
9:18-28, 10:1-17.
27. Jn. 1:16-17.
28. Jn. 21:20.
29. Eph. 3:17-19.
30. Sum. Theol. III, q.
48, a. 2: ed. Leon., vol. XI, 1903, p. 464.
31. Cfr. Encl.
"Miserentissimus Redemptor": A.A.S. XX, 1928, p. 170.
32. Eph. 2:4; Sum. Theol.
III, q. 46, a. 1 ad 3: ed. Leon., vol. XI, p. 436.
33. Eph. 3:18.
34. Jn. 4:24.
35. 2 Jn. 7.
36. Cfr. Lk. 1:35.
37. St. Leo the Great,
Epist. dogm. 'Lectis dilectionis tuae' ad Flavianum Const. Patr., 13 June, a.
449; Cfr. P.L. XIV, 763.
38. Council of Chalcedon,
a. 451.
39. Cfr. Mansi, Op. cit.,
Vlll, 115B.
40. Cfr. Sum. Theol. III,
q. 15, a. 4; q. 18, a. 6: ed. Leon., vol. X(1) ,1903, pp.189, 237.
41. Cfr. I Cor. 1:23.
42. Heb. 2:11-14, 17-18.
43. Apol. II, 13; P.G.
VI, 465.
44. Epist. 261, 3: P.G.
XXXII, 972.
45. "In loann.",
Homil. 63, 2: P.G. LIX, 350.
46. "De fide ad
Gratianum," II, 7, 56: P.L. XVI, 594.
47. Cfr. Super Mt. 26:27:
P.L. XXVI, 205.
48. Enarr. in Ps.
LXXXVII, 3: P. L. XXXVII, 1111.
49. "De Fide
Orth.," III, 6 P.G. XCIV, 1006.
50. Ibid. III, 20: P.G.
XCIV, 1081.
51. Sum. Theol. I-II, q.
48, a. 4: ed. Leon., vol. VI, 1891, p. 306.
52. Col. 2:9.
53. Cfr. Sum Theol. III,
q. 9 aa. 1-3: ed. Leon., vol. XI, 1903, p. 142.
54. Cfr. Ibid. Ill, q.
33, a. 2, ad 3m; q. 46, a: ed. Leon., vol. XI, 1903, pp. 342, 433.
55. Tit. 3:4.
56. Mt. 27:50; Jn. 19:30.
57. Eph. 2:7.
58. Heb. 10:5-7, 10.
59. Registr. epist., lib.
IV, ep. 31, ad Theodorum medicum: P.L. LXXVII, 706.
60. Mk. 8:2.
61. Mt. 23:37.
62. Mt. 21:13.
63. Mt. 26:39.
64. Mt. 26:50; Lk. 22-48.
65. Lk. 23:28, 31.
66. Lk. 23:34.
67. Mt. 27:46.
68. Lk. 23:43.
69. Jn. 19:28.
70. Lk. 23:46.
71. Lk. 22:15.
72. Lk. 22:19-20.
73. Mal. 1:11.
74. "De sancta
virginitate," VI:P.L. XL, 399.
75. Jn. 15:13.
76. I Jn. 3:16.
77. Gal. 2:20.
78. Cfr. Sum. Theol. III,
q. 19, a. 1: ed. Leon., vol. XI, 1903, p. 329.
79. Sum. Theol., Suppl.,
q. 42, a. 1. ad 3m: ed. Leon., vol. XII, 1906, p. 31.
80. Hymn at Vespers,
Feast of the Most Sacred Heart of Jesus.
81. Sum. Theol. III, q.
66, a. 3m: ed. Leon., vol XII, 1906, p. 65.
82. Eph. 5:2.
83. Eph. 4:8, 10.
84. Jn. 14:16.
85. Col. 2:3.
86. Rom. 8:35, 37-39.
87. Eph. 5:25-27.
88. Cfr. 1 Jn. 2:1.
89. Heb. 7:25.
90. Heb. 5:7.
91. Jn. 3:16.
92. St. Bonaventure,
Opusc. X: "Vitis mystica," c. III, n. 5; "Opera Omnia," Ad
Claras Aquas (Quaracchi) 1898, vol. VIII, p. 164.; Cfr. Sum Theol. III, q. 54,
a. 4:ed. Leon., vol. XI, 1903, p. 513.
93. Rom. 8:32.
94. Cfr. Sum. Theol. III,
q. 48, a. 5: ed. Leon., vol. XI, 1903, p. 467.
95. Lk. 12:50.
96. Jn. 20:28.
97. Jn. 19:37; Cfr. Zach.
12:10.
98. Cfr. Encl.
"Miserentissimus Redemptor": A.A.S. XX, 1928, pp. 167-168.
99. Cfr. A. Gardellini,
"Decreta authentica," 1857, n.4579. vol. III, p. 174.
100. Cfr. Decr. S.C.
Rit., apud. N. Nilles, "De rationibus festorum Sacratissimi Cordis Jesu et
purissimi Cordis Mariae," 5a ed., Innsbruck, 1885, vol. I, p. 167.
101. Eph. 3:14, 16-19.
102. Tit. 3:4.
103. Jn. 3:17.
104. Jn. 4:23-24.
105. Innocent XI,
Apostolic Constitution "Coelestis Pater," 19th Nov., 1687; Bullarium
Romanum, Rome, 1734, vol. VIII, p. 443.
106. Sum. Theol. II-II,
q. 81, a. 3 ad 3m: ed. Leon., vol. IX, 1897, p. 180.
107. Jn. 14:6.
108. Jn. 13:34, 15:12.
109. Jer. 31:31.
110. "Comment, in
Evang. S. Ioan.," c. XIII, lect. VII, 3: ed. Parmae, 1860, vol. X, p. 541.
111. Sum. Theol. II-II,
q. 82, a. 1: ed. Leon., vol. IX, 1897, p. 187.
112. Ibid. I, q. 38, a.
2: ed. Leon., vol. IV, 1888, p. 393.
113. Mk. 12:30; Mt.
22:37.
114. Cfr. Leo XIII, Encl.
"Annum Sacrum: Acta Leonis," vol. XIX, 1900, p. 71 sq; Decree of the
Sacred Congregation of Rites, 28th June, 1899, in Decr. Auth. III, n. 3712;
Encl. Miserentissimus Redemptor: A.A.S. 1928, p. 177 sq.; Decr. S.C. Rit., 29
Jan. 1929: A.A.S. XXI, 1929, p. 77.
115. Lk. 15:22.
116. Exposit. in Evang.
sec. Lucam, 1, X, n. 175: P.L. XV, 1942.
117. Cfr. Sum Theol.
II-II, q. 34, a. 2: ed. Leon., vol. VIII, 1895, p. 274.
118. Mt. 24:12.
119. Cfr. Encl.
"Miserentissimus Redemptor": A.A.S. XX, 1928, p. 166.
120. Is. 32:17.
121. Encl. "Annum
Sacrum: Acta Leonis," vol. XIX, 1900, p. 79; Encl. "Miserentissimus
Redemptor": A.A.S. XX, 1928, p. 167.
122. "Litt. Apost.
quibus Archisodalitas a Corde Eucharistico Jesu ad S. Ioachim de Urbe
erigitur," 17th Feb., 1903; Acta Leonis, vol. XXII, 1903, p. 116.
123. St. Albert the
Great, "De Eucharistia," dist. Vl, tr. 1., c. 1: Opera Omnia, ed.
Borgnet, vol. XXXVIII, Paris, 1890, p. 358.
124. Encl. "Tametsi:
Acta Leonis," vol. XX, 1900, p. 303.
125. Cfr. A.A.S. XXXIV,
1942, p. 345 sq.
126. From the Roman
Missal, Preface of Christ the King.
Painting
above the Sacred Heart Altar (side altar left of the main altar), created by
Francis Joseph O’Donohoe (1878–1911) c. 1902. The painting depicts the Jesus
with his Sacred Heart welcoming children accompanied by little angels with open
arms. Margaret Mary Alacoque is kneeling in the front, looking into an open
book. (See St Brendan's Cathedral, Loughrea, ISBN 0-900346-76-0; Francis
Joseph O’Donohoe, Landscape and Figure Painter, A Dictionary of Irish
Artists, 1913.)
To the Most Reverend Father Peter-Hans Kolvenbach, S.J.
Superior General of the Society of Jesus
Today, 50 years later,
the Prophet Isaiah's words, which Pius XII placed at the beginning of the
Encyclical with which he commemorated the first centenary of the extension of
the Feast of the Most Sacred Heart of Jesus to the entire Church, have lost
none of their meaning: "With joy you will draw water
from the wells of salvation" (Is 12: 3).
By encouraging devotion
to the Heart of Jesus, the Encyclical Haurietis
Aquas exhorted believers to open themselves to the mystery of God and
of his love and to allow themselves to be transformed by it. After 50 years, it
is still a fitting task for Christians to continue to deepen their relationship
with the Heart of Jesus, in such a way as to revive their faith in the saving
love of God and to welcome him ever better into their lives.
The Redeemer's pierced
side is the source to which the Encyclical Haurietis
Aquas refers us: we must draw from this source to attain true
knowledge of Jesus Christ and a deeper experience of his love.
Thus, we will be able to understand better what it means to know God's
love in Jesus Christ, to experience him, keeping our gaze fixed on
him to the point that we live entirely on the experience of his love,
so that we can subsequently witness to it to others.
Indeed, to take up a
saying of my venerable Predecessor John Paul II, "In the Heart of
Christ, man's heart learns to know the genuine and unique meaning of his
life and of his destiny, to understand the value of an authentically Christian
life, to keep himself from certain perversions of the human heart, and to unite
the filial love for God and the love of neighbour".
Thus: "The
true reparation asked by the Heart of the Saviour will come when the civilization
of the Heart of Christ can be built upon the ruins heaped up by hatred and
violence" (Letter to Fr Peter-Hans Kolvenbach, Superior General of the
Society of Jesus for the Beatification of Bl. Claude de la Colombière, 5
October 1986; L'Osservatore Romano English edition, 27 October 1986,
p. 7).
In the Encyclical Deus
Caritas Est, I cited the affirmation in the First Letter of St
John: "We have come to know and to believe in the love God has for
us", in order to emphasize that being Christian begins with the encounter
with a Person (cf. n. 1).
Since God revealed
himself most profoundly in the Incarnation of his Son in whom he made himself
"visible", it is in our relationship with Christ that we can
recognize who God really is (cf. Haurietis
Aquas, nn. 29-41; Deus
Caritas Est, nn. 12-15).
And again: since
the deepest expression of God's love is found in the gift Christ made of his
life for us on the Cross, the deepest expression of God's love, it is above all
by looking at his suffering and his death that we can see God's infinite love
for us more and more clearly: "God so loved the world that he gave
his only Son, that whoever believes in him should not perish but have eternal
life" (Jn 3: 16).
Moreover, not only does
this mystery of God's love for us constitute the content of the worship of and
devotion to the Heart of Jesus, but in the same way it is likewise the content
of all true spirituality and Christian devotion. It is consequently important
to stress that the basis of the devotion is as old as Christianity itself.
Indeed, it is only
possible to be Christian by fixing our gaze on the Cross of our Redeemer,
"on him whom they have pierced" (Jn 19: 37; cf. Zc 12: 10).
The Encyclical Haurietis
Aquas rightly recalls that for countless souls the wound in Christ's
side and the marks left by the nails have been "the chief sign and symbol
of that love" that ever more incisively shaped their life from within (cf.
n. 52).
Recognizing God's love in
the Crucified One became an inner experience that prompted them to confess,
together with Thomas: "My Lord and my God!" (Jn 20: 28), and
enabled them to acquire a deeper faith by welcoming God's love unreservedly
(cf. Haurietis
Aquas, n. 49).
The deepest meaning of this devotion to God's love is revealed solely through a
more attentive consideration of its contribution not only to the knowledge, but
also and especially to the personal experience of this love in trusting
dedication to its service (cf. ibid., n. 62).
It is obvious that
experience and knowledge cannot be separated: the one refers to the
other. Moreover, it is essential to emphasize that true knowledge of God's love
is only possible in the context of an attitude of humble prayer and generous
availability.
Starting with this
interior attitude, one sees that the gaze fixed upon his side, pierced by the
spear, is transformed into silent adoration. Gazing at the Lord's pierced side,
from which "blood and water" flowed (cf. Jn 19: 34), helps us to
recognize the manifold gifts of grace that derive from it (cf. Haurietis
Aquas, nn. 34-41) and opens us to all other forms of Christian worship
embraced by the devotion to the Heart of Jesus.
Faith, understood as a
fruit of the experience of God's love, is a grace, a gift of God. Yet human
beings will only be able to experience faith as a grace to the extent that they
accept it within themselves as a gift on which they seek to live. Devotion to
the love of God, to which the Encyclical Haurietis
Aquas invited the faithful (cf. n. 72), must help us never to forget
that he willingly took this suffering upon himself "for us",
"for me".
When we practise this
devotion, not only do we recognize God's love with gratitude but we continue to
open ourselves to this love so that our lives are ever more closely patterned
upon it. God, who poured out his love "into our hearts through the Holy
Spirit who has been given to us" (cf. Rom 5: 5), invites us
tirelessly to accept his love. The main aim of the invitation to give ourselves
entirely to the saving love of Christ and to consecrate ourselves to it
(cf. Haurietis
Aquas, n. 4) is, consequently, to bring about our relationship with
God.
This explains why the
devotion, which is totally oriented to the love of God who sacrificed himself
for us, has an irreplaceable importance for our faith and for our life in love.
Whoever inwardly accepts God is moulded by him. The experience of God's love
should be lived by men and women as a "calling" to which they must
respond. Fixing our gaze on the Lord, who "took our infirmities and bore
our diseases" (Mt 8: 17), helps us to become more attentive to the
suffering and need of others.
Adoring contemplation of
the side pierced by the spear makes us sensitive to God's salvific will. It
enables us to entrust ourselves to his saving and merciful love, and at the
same time strengthens us in the desire to take part in his work of salvation, becoming
his instruments.
The gifts received from the open
side, from which "blood and water" flowed (cf. Jn 19: 34),
ensure that our lives will also become for others a source from which
"rivers of living water" flow (Jn 7: 38; cf. Deus
Caritas Est, n. 7).
The experience of love,
brought by the devotion to the pierced side of the Redeemer, protects us from
the risk of withdrawing into ourselves and makes us readier to live for others.
"By this we know love, that he laid down his life for us; and we ought to
lay down our lives for the brethren" (I Jn 3: 16; cf. Haurietis
Aquas, n. 38).
It was only the
experience that God first gave us his love that has enabled us to respond to
his commandment of love (cf. Deus
Caritas Est, n. 17).
So it is that the cult of
love, which becomes visible in the mystery of the Cross presented anew in every
celebration of the Eucharist, lays the foundations of our capacity to love and
to make a gift of ourselves (cf. Haurietis
Aquas, n. 69), becoming instruments in Christ's hands: only in
this way can we be credible proclaimers of his love.
However, this opening of
ourselves to God's will must be renewed in every moment: "Love
is never "finished' and complete" (cf. Deus
Caritas Est, n. 17).
Thus, looking at the
"side pierced by the spear" from which shines forth God's boundless
desire for our salvation cannot be considered a transitory form of worship or
devotion: the adoration of God's love, whose historical and devotional
expression is found in the symbol of the "pierced heart", remains
indispensable for a living relationship with God (cf. Haurietis
Aquas, n. 62).
As I express the wish that the 50th anniversary will give rise to an ever more fervent response to love of the Heart of Christ in numerous hearts, I impart a special Apostolic Blessing to you, Most Reverend Father, and to all the Religious of the Society of Jesus, who are still very active in promoting this fundamental devotion.
From the Vatican, 15 May 2006
BENEDICTUS PP. XVI
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Daiano
(Trentino) - Affresco del Sacro Cuore di Gesù su un edificio
Daiano
(Trentino, Italy) - Fresco of the Sacred Heart of Jesus on a building
Sacro Cuore di Gesù
Festa: Venerdì dopo la seconda domenica dopo Pentecoste (celebrazione mobile) - Solennità
La preoccupazione del Signore
per la pecorella smarrita è ricordata nella liturgia del Sacro Cuore di Gesù.
Il buon pastore ha tutto il cuore rivolto alle sue pecore, non a se stesso.
Provvede ai loro bisogni, guarisce le loro ferite, le protegge dagli animali
selvaggi. Conosce ogni pecora per nome e, quando le porta al pascolo, le chiama
una per una. Si preoccupa in modo particolare della pecora che si è smarrita,
non risparmiandosi pena alcuna pur di avere la gioia di ritrovarla. Una
pecorella smarrita è assolutamente indifesa, può cadere in un fossato o
rimanere prigioniera fra i rovi. Proprio allora, però, nel pericolo, essa
scopre quanto sia prezioso il suo pastore: dopo il ritrovamento, egli la
riporta all’ovile sulle sue spalle con gioia. Se un lupo si avvicina, il buon pastore
non fugge, ma, per la sua pecorella, rischierà anche la vita. In questi
frangenti si rivela il cuore del buon pastore.
Martirologio Romano:
Solennità del Sacratissimo Cuore di Gesù, il quale, mite e umile di cuore,
esaltato sulla croce, è divenuto fonte di vita e di amore, a cui tutti i popoli
attingeranno.
Nel mese di giugno la Chiesa ricorda solennemente il Sacro Cuore di Gesù. Nella nostra epoca, nella quale l’amore è dissacrato o addirittura subisce i duri colpi delle pretese edonistiche, la devozione al Cuore divino ci riporta al vero volto dell’Amore, quello del sacrificio e dell’immolazione.
Leggiamo nel Vangelo di san Giovanni: «Venuti però da Gesù e vedendo che era già morto, non gli spezzarono le gambe, ma uno dei soldati gli colpì il fianco con la lancia e subito ne uscì sangue e acqua» (Gv. 19, 33-34). A tanto arrivò l’amore del Crocifisso… Era la festa di san Giovanni evangelista, il 27 dicembre del 1673, quando Gesù apparve alla visitandina santa Margherita Maria Alacoque (1647-1690), invitandola a prendere il posto che san Giovanni aveva occupato durante l’Ultima Cena, ovvero posare il capo sul suo Cuore e le disse: «Il mio divino Cuore è così appassionato d’amore per gli uomini, che non potendo più racchiudere in sé le fiamme della sua ardente carità, bisogna che le spanda. Io ti ho scelta per adempiere a questo grande disegno». Margherita Maria ebbe tali apparizioni per 17 anni, sino alla morte.
Il Cuore divino si manifestava su un trono di fiamme, circondato da una corona di spine simboleggianti le ferite inferte dai peccati e sormontato da una croce, quella della Redenzione. Gesù si presentava sfolgorante di gloria, con le cinque piaghe, brillanti come soli e da quella sacra umanità uscivano fiamme da ogni parte, ma soprattutto dal suo petto che, racconterà la mistica, assomigliava ad una fornace, la quale, aprendosi, mostrava l’ardente e amante Cuore, sorgente di quelle fiamme.
Gesù Cristo lamentava l’ingratitudine degli uomini e la loro indifferenza, rivelando alla mistica che si sentiva ferito dalle irriverenze dei fedeli e dai sacrilegi degli empi, ma ciò «che mi è ancor più sensibile è che sono i cuori a me consacrati» a provocare cocente dolore. Quindi chiese a santa Margherita di supplire a tali mancanze, sollecitandola a fare la Comunione il primo venerdì di ogni mese e di prostrarsi, con faccia a terra, dalle 23,00 alle 24,00, nella notte tra il giovedì e il venerdì. Chiese ancora che il venerdì dopo l’ottava del Corpus Domini fosse dedicato alla festa del suo Cuore. Inoltre indicò come esecutore della diffusione di questa devozione il padre spirituale della santa, il gesuita san Claudio de la Colombiere (1641-1682).
Le prime due cerimonie in onore del Sacro Cuore, presente la mistica, si ebbero nel Noviziato delle Suore della Visitazione di Paray-le-Monial (Saone-et-Loire) il 20 luglio 1685 e il 21 giugno 1686. Nel 1856, con il beato Pio IX, la festa del Sacro Cuore divenne universale. Sull’esortazione di questo Pontefice si diffusero gli Atti di consacrazione al Cuore di Gesù della famiglia e delle nazioni.
Sorsero ovunque cappelle, oratori, chiese, basiliche, santuari dedicati al Sacro Cuore di Gesù. Proliferarono quadri e stampe; si iniziò la pia pratica della Comunione nel primo venerdì del mese e si composero le Litanie del Sacro Cuore, dedicando il mese di giugno al suo culto.
Numerose congregazioni religiose, sia maschili che femminili, sono strettamente
legate alla devozione del Sacro Cuore di Gesù, la cui festa viene celebrata il
venerdì dopo la solennità del Corpus Domini. Questa venerazione è inscindibile
a quella del Cuore Immacolato di Maria: suo promotore fu san Giovanni Eudes
(1601-1680), già devoto al Sacro Cuore di Gesù prima delle visioni della Santa
visitandina.
Autore: Cristina Siccardi
Queste sono alcune delle tante amorose e devote giaculatorie, che nei secoli sono state e sono pronunciate dai cattolici in onore del Sacro Cuore di Gesù, che nella loro semplice poesia, esprimono la riconoscenza per l’amore infinito di Gesù dato all’umanità e nello stesso tempo la volontà di ricambiare, delle tante anime infiammate e innamorate di Cristo.
Al Sacro Cuore di Gesù, la Chiesa Cattolica, rende un culto di “latria” (adorazione solo a Dio, Gesù Cristo, l’Eucaristia), intendendo così onorare: I – il Cuore di Gesù Cristo, uno degli organi simboleggianti la sua umanità, che per l’intima unione con la Divinità, ha diritto all’adorazione; II – l’amore del Salvatore per gli uomini, di cui è simbolo il Suo Cuore.
Questa devozione già praticata nell’antichità cristiana e nel Medioevo, si diffuse nel secolo XVII ad opera di S. Giovanni Eudes (1601-1680) e soprattutto di S. Margherita Maria Alacoque (1647-1690). La festa del Sacro Cuore fu celebrata per la prima volta in Francia, probabilmente nel 1685.
Santa Margherita Maria Alacoque, suora francese, entrò il 20 giugno 1671 nel convento delle Visitandine di Paray-le-Monial (Saone-et-Loire), visse con grande semplicità e misticismo la sua esperienza di religiosa e morì il 17 ottobre 1690 ad appena 43 anni.
Sotto questa apparente uniformità, si nascondeva però una di quelle grandi vite del secolo XVII, infatti nel semplice ambiente del chiostro della Visitazione, si svolsero le principali tappe dell’ascesa spirituale di Margherita, diventata la messaggera del Cuore di Gesù nell’epoca moderna.
Ella già prima di entrare nel convento, era dotata di doni mistici che si accentuarono con la sua nuova condizione di religiosa; ebbe numerose manifestazioni mistiche, ma nel 1673 cominciarono le grandi visioni che resero famoso il suo nome; esse furono quattro rivelazioni principali, oltre numerose altre di minore importanza.
La prima visione avvenne il 27 dicembre 1673, festa di s. Giovanni Evangelista, Gesù le apparve e Margherita si sentì “tutta investita della divina presenza”; la invitò a prendere il posto che s. Giovanni aveva occupato durante l’Ultima Cena e le disse: “Il mio divino Cuore è così appassionato d’amore per gli uomini, che non potendo più racchiudere in sé le fiamme della sua ardente carità, bisogna che le spanda. Io ti ho scelta per adempiere a questo grande disegno, affinché tutto sia fatto da me”.
Una seconda visione le apparve agli inizi del 1674, forse un venerdì; il divin Cuore si manifestò su un trono di fiamme, più raggiante del sole e trasparente come cristallo, circondato da una corona di spine simboleggianti le ferite inferte dai nostri peccati e sormontato da una croce, perché dal primo istante che era stato formato, era già pieno d’ogni amarezza.
Sempre nel 1674 le apparve la terza visione, anche questa volta un venerdì dopo la festa del Corpus Domini; Gesù si presentò alla santa tutto sfolgorante di gloria, con le sue cinque piaghe, brillanti come soli e da quella sacra umanità uscivano fiamme da ogni parte, ma soprattutto dal suo mirabile petto che rassomigliava ad una fornace e essendosi aperto, ella scoprì l’amabile e amante Cuore, la vera sorgente di quelle fiamme.
Poi Gesù lamentando l’ingratitudine degli uomini e la noncuranza rispetto ai suoi sforzi per far loro del bene, le chiese di supplire a questo. Gesù la sollecitò a fare la Comunione al primo venerdì di ogni mese e di prosternarsi con la faccia a terra dalle undici a mezzanotte, nella notte tra il giovedì e il venerdì.
Vennero così indicate le due principali devozioni, la Comunione al primo venerdì di ogni mese e l’ora santa di adorazione.
La quarta rivelazione più meravigliosa e decisiva, ebbe luogo il 16 giugno 1675 durante l’ottava del Corpus Domini. Nostro Signore le disse che si sentiva ferito dalle irriverenze dei fedeli e dai sacrilegi degli empi, aggiungendo: “Ciò che mi è ancor più sensibile è che sono i cuori a me consacrati che fanno questo”.
Gesù chiese ancora che il venerdì dopo l’ottava del Corpus Domini, fosse dedicato a una festa particolare per onorare il suo Cuore e con Comunioni per riparare alle offese da lui ricevute. Inoltre indicò come esecutore della diffusione di questa devozione, il padre spirituale di Margherita, il gesuita san Claude de la Colombiere (1641-1682), superiore della vicina Casa dei Gesuiti di Paray-le-Monial.
Margherita Maria Alacoque proclamata santa il 13 maggio 1920 da papa Benedetto XV, ubbidì all’appello divino fatto attraverso le visioni e divenne l’apostola di una devozione che doveva trasportare all’adorazione dei fedeli al Cuore divino, fonte e focolaio di tutti i sentimenti che Dio ci ha testimoniati e di tutti i favori che ci ha concessi.
Le prime due cerimonie in onore del Sacro Cuore, presente la santa mistica, si ebbero nell’ambito del Noviziato di Paray il 20 luglio 1685 e poi il 21 giugno 1686, a cui partecipò tutta la Comunità delle Visitandine.
A partire da quella data, il movimento non si sarebbe più fermato, nonostante tutte le avversità che si presentarono specie nel XVIII secolo circa l’oggetto di questo culto.
Nel 1765 la Sacra Congregazione dei Riti affermò essere il cuore di carne simbolo dell’amore; allora i giansenisti intesero ciò come un atto di idolatria, ritenendo essere possibile un culto solo al cuore non reale ma metaforico.
Papa Pio VI (1775-1799) nella bolla “Auctorem fidei”, confermava l’espressione della Congregazione notando che si adora il cuore “inseparabilmente unito con la Persona del Verbo”.
Il 6 febbraio 1765 papa Clemente XIII (1758-1769) accordò alla Polonia e all’Arciconfraternita romana del Sacro Cuore la festa del Sacro Cuore di Gesù; nel pensiero del papa questa nuova festa doveva diffondere nella Chiesa, i passi principali del messaggio di s. Margherita, la quale era stata lo strumento privilegiato della diffusione di un culto, che era sempre esistito nella Chiesa sotto diverse forme, ma dandogli tuttavia un nuovo orientamento.
Con lei non sarebbe più stata soltanto una amorosa contemplazione e un’adorazione di quel “Cuore che ha tanto amato”, ma anche una riparazione per le offese e ingratitudini ricevute, tramite il perfezionamento delle nostre esistenze.
Diceva la santa che “l’amore rende le anime conformi”, cioè il Signore vuole ispirare nelle anime un amore generoso che, rispondendo al suo, li assimili interiormente al divino modello.
Le visioni e i messaggi ricevuti da s. Margherita Maria Alacoque furono e resteranno per sempre un picco spirituale, dove venne ricordato al mondo, l’amore appassionato di Gesù per gli uomini e dove fu chiesta a loro una risposta d’amore, di fronte al “Cuore che si è consumato per essi”.
La devozione al Sacro Cuore trionfò nel XIX secolo e il convento di Paray-le-Monial divenne meta di continui pellegrinaggi; nel 1856 con papa Pio IX la festa del Sacro Cuore divenne universale per tutta la Chiesa Cattolica.
Sull’onda della devozione che ormai coinvolgeva tutto il mondo cattolico, sorsero dappertutto cappelle, oratori, chiese, basiliche e santuari dedicati al Sacro Cuore di Gesù; ricordiamo uno fra tutti il Santuario “Sacro Cuore” a Montmartre a Parigi, iniziato nel 1876 e terminato di costruire dopo 40 anni; tutte le categorie sociali e militari della Francia, contribuirono all’imponente spesa.
Proliferarono quadri e stampe raffiguranti il Sacro Cuore fiammeggiante, quasi sempre posto sul petto di Gesù che lo indica agli uomini; si organizzò la pia pratica del 1° venerdì del mese, i cui aderenti portano uno scapolare con la raffigurazione del Cuore; si composero le meravigliose “Litanie del Sacro Cuore”; si dedicò il mese di giugno al suo culto.
Affinché il culto del Cuore di Gesù, iniziato nella vita mistica delle anime, esca e penetri nella vita sociale dei popoli, iniziò, su esortazione di papa Pio IX del 1876, tutto un movimento di “Atti di consacrazione al Cuore di Gesù”, a partire dalla famiglia a quella di intere Nazioni ad opera di Conferenze Episcopali, ma anche di illuminati e devoti governanti; cito per tutti il presidente dell’Ecuador, Gabriel Garcia Moreno (1821-1875).
Fu tanto il fervore, che per tutto l’Ottocento e primi decenni del Novecento, fu dedicato al culto del Sacro Cuore, che di riflesso sorsero numerose congregazioni religiose, sia maschili che femminili, tra le principali vi sono: “Congregazione dei Sacerdoti del Sacro Cuore” fondata nel 1874 dal beato Leone Dehon (Dehoniani); “Figli del Sacro Cuore di Gesù” o Missioni africane di Verona, congregazione fondata nel 1867 da san Daniele Comboni (Comboniani); “Dame del Sacro Cuore” fondate nel 1800 da santa Maddalena Sofia Barat; “Ancelle del Sacro Cuore di Gesù” fondate nel 1865 dalla beata Caterina Volpicelli, diversi Istituti femminili portano la stessa denominazione.
Attualmente la festa del Sacro Cuore di Gesù viene celebrata il venerdì dopo la solennità del Corpus Domini, visto che detta ricorrenza è stata spostata alla domenica; il sabato che segue è dedicato al Cuore Immacolato di Maria, quale segno di comune devozione ai Sacri Cuori di Gesù e Maria, inscindibili per il grande amore donato all’umanità.
In un papiro egiziano di circa 4000 anni fa, troviamo l’espressione della comune nostalgia d’amore: “Cerco un cuore su cui appoggiare la mia testa e non lo trovo, non ci sono più amici!”.
Lo sconosciuto poeta egiziano era dolente per ciò, ma noi siamo più fortunati, perché l’abbiamo questo cuore e questo amico, al pari di s. Giovanni Evangelista che poggiò fisicamente il suo capo sul petto e cuore di Gesù.
Possiamo avere piena fiducia in un simile amico, Egli vivendo in perfetta intimità col Padre, sa e può rivelarci tutto ciò che serve per il nostro bene.
Autore: Antonio Borrelli
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/20280
Interior
of the Roman Catholic cathedral in Kaposvár, Hungary
Kaposvár,
székesegyház belső tere 2023
LETTERA ENCICLICA
Ai Reverendi Patriarchi,
Primati, Arcivescovi,
Vescovi e agli altri Ordinari locali
che hanno pace e comunione con l’Apostolica Sede.
Venerabili Fratelli,
salute e Apostolica Benedizione.
Il misericordiosissimo
nostro Redentore, dopo aver recato la salvezza al genere umano sul legno della
Croce, prima di salire da questo mondo al Padre, per consolare i suoi mesti
apostoli e discepoli, disse: « Ecco, io sono con voi tutti i giorni, fino
alla fine del mondo » [1]. Queste parole, in verità assai gradite,
sono motivo di ogni speranza e sicurezza. Esse Ci vengono facilmente alla
memoria, Venerabili Fratelli, tutte le volte che — per così dire — da questa
più alta specola guardiamo tutta l’umana famiglia afflitta da tanti gravi mali,
e la Chiesa pure, tormentata senza tregua da assalti e da insidie. Infatti,
tale divina promessa, come dapprima sollevò gli abbattuti animi degli Apostoli
e, così animati, li accese fervidamente a spargere per la terra i semi della
dottrina evangelica, così in seguito guidò alla vittoria la Chiesa contro le
potenze dell’inferno. Sempre, certamente, il Signore Gesù Cristo assistette la
sua Chiesa; ma con più valido aiuto e protezione specialmente quando fu
travagliata da pericoli e sciagure più gravi, dando proprio quei rimedi che
erano i più adatti alla condizione dei tempi e delle cose, con la sua divina
Sapienza che « arriva da una estremità all’altra con potenza, e con
soavità dispone tutte le cose » [2]. Ma neppure in tempi a noi più vicini
« si è accorciata la mano del Signore » [3], specialmente quando qualche errore si
introdusse, e abbastanza largamente si diffuse, così da doverne temere che si
inaridissero in qualche modo le fonti della vita cristiana per gli uomini
allontanatisi dall’amore di Dio e dalla sua consuetudine. E poiché alcuni del
popolo forse ignorano, altri trascurano i lamenti che l’amantissimo Gesù fece a
Maria Margherita Alacoque nelle sue apparizioni, come pure i desideri e le
volontà che manifestò agli uomini, alla fine, per il loro proprio vantaggio, Ci
piace, Venerabili Fratelli, trattener- Ci con Voi alquanto per parlare
dell’obbligo che Ci impone di fare ammenda onorevole al Sacratissimo Cuor di
Gesù, con questa intenzione: che ciascuno di Voi insegni con diligenza al proprio
gregge quanto Noi vi avremo comunicato, e lo ecciti alla esecuzione di quanto
stiamo per ordinare.
Tra tutti gli altri
documenti della infinita bontà del nostro Redentore, questo specialmente
risplende: raffreddandosi l’amore dei fedeli, la stessa divina carità fu
proposta ad essere onorata con speciale culto, e così le ricchezze della sua
bontà furono largamente svelate con quella forma di venerazione con cui
onoriamo il Sacratissimo Cuore di Gesù « nel quale sono nascosti tutti i
tesori della sapienza e della scienza » [4]. Infatti, come già al genere umano, che
usciva dall’arca di Noè, la bontà di Dio volle che riducesse il segno della
contratta amicizia, « l’arcobaleno che appare tra le nubi » [5], così negli agitatissimi tempi moderni,
quando serpeggiava l’eresia più scaltra di tutte, quella eresia giansenista —
nemica all’amore e alla pietà verso Dio — che predicava un Dio non tanto da
amare come padre quanto da temere come giudice implacabile, il benignissimo
Gesù mostrò ai popoli il suo Cuore Sacratissimo quale spiegato vessillo di pace
e di carità, assicurando indubbia vittoria nella battaglia. Perciò, ben a
ragione, il Nostro predecessore Leone XIII di
felice memoria nella sua Enciclica « Annum sacrum », ammirando la
grandissima opportunità del culto del Cuore Sacratissimo di Gesù, non esitò ad
affermare: « Allorché la Chiesa, alle origini, era oppressa dal giogo dei
Cesari, ad un giovane imperatore apparve, in alto, una croce, auspice ad un
tempo e realizzatrice della splendida vittoria che subito dopo seguì. Ora vi è
offerto davanti agli occhi un segno faustissimo e divinissimo, cioè il
Sacratissimo Cuore di Gesù, che porta su di sé la croce e che splende tra
fiamme di lucentissimo candore. In lui dobbiamo collocare ogni speranza: a lui
va richiesta e da lui va attesa la salvezza ».
E ciò ben a ragione,
Venerabili Fratelli, perché in quel felicissimo segno e nella forma che ne
emana non sono forse contenute tutta la sostanza della religione e specialmente
la norma di una vita più perfetta, come quella che guida per una via più facile
le menti a conoscere intimamente Gesù Cristo e induce i cuori ad amarlo più
ardentemente e più generosamente ad imitarlo? Nessuno dunque deve meravigliarsi
che i Nostri predecessori abbiano sempre difeso questa ottima forma di culto
dalle accuse dei denigratori e l’abbiano sommamente lodata e promossa con il
massimo impegno secondo che i tempi e le condizioni richiedevano. Certo per
divina ispirazione avvenne che il pio affetto dei fedeli verso il Sacratissimo
Cuore di Gesù di giorno in giorno andasse sempre crescendo; quindi sorsero
dappertutto pie associazioni per promuovere il culto del divin Cuore, e si diffuse
l’usanza, che oggi dappertutto già vige, della sacra Comunione fatta il primo
venerdì di ogni mese, secondo il desiderio di Gesù Cristo stesso.
È certo però che fra
tutte le pratiche che spettano propriamente al culto del Sacratissimo Cuore,
primeggia, degna da ricordare, la pia consacrazione con la quale offriamo al
Cuore di Gesù noi e tutte le cose nostre, riconoscendole ricevute dalla eterna
carità di Dio. E avendo il Salvator nostro manifestato alla innocentissima
discepola del suo Cuore Margherita Maria, quanto Egli, mosso meno dal suo
diritto che dalla immensa carità verso di noi, desiderasse che dagli uomini gli
fosse reso questo tributo di devozione, la Santa prima di tutti lo offerse
insieme con il suo Padre spirituale Claudio de la Colombière; seguirono poi,
con l’andare del tempo, a tributarlo le singole persone, poi le famiglie
private e le Associazioni, infine le stesse autorità, le città e i regni.
Essendosi nel secolo scorso e in questo nostro, per le macchinazioni degli
empi, giunti a tal punto da disprezzare l’impero di Cristo e da dichiarare
pubblicamente guerra alla Chiesa con leggi e mozioni dei popoli contrarie al
diritto divino e naturale, anzi con il grido di intere assemblee: «Non vogliamo
che costui regni su di noi » [6], appunto per la detta consacrazione
erompeva quasi, e faceva forte contrasto, la voce unanime dei devoti del
Sacratissimo Cuore per rivendicarne la gloria e difenderne i diritti:
« Bisogna che Cristo regni [7]: Venga il regno tuo ». Ne fu
finalmente conseguenza felice che tutto il genere umano, che appartiene per
diritto nativo a Cristo, nel quale solo tutte le cose sono riunite [8], all’inizio di questo secolo, dal Nostro
predecessore Leone
XIII di f.m., con il plauso di tutto l’orbe cristiano, fosse
consacrato al suo Sacratissimo Cuore.
Questi così fausti e
lieti inizi, come dicemmo nella Nostra Enciclica «Quas
primas », Noi stessi, per somma bontà di Dio, portammo a pieno
compimento, quando, secondo i moltissimi desideri e voti di Vescovi e fedeli,
al termine dell’Anno giubilare istituimmo la festa di Cristo Re universale, da
celebrarsi solennemente in tutto il mondo cristiano. E ciò facendo, non soltanto
ponemmo in luce il sommo impero che Cristo tiene su tutte le cose, sulla
società civile e domestica, sugli individui singoli, ma fin d’allora
pregustammo insieme la gioia di quel giorno lietissimo, in cui il mondo intero
si sottometterà di buon grado e volonteroso al dominio dolcissimo di Cristo Re.
Perciò ordinammo allora contemporaneamente che, in occasione della festa
istituita, si rinnovasse questa medesima consacrazione ogni anno, per
conseguire più certo e più copioso il frutto della consacrazione stessa, e
stringere nel Cuore del Re dei re e del Sovrano dei sovrani i popoli tutti, con
amore cristiano nella comunione di pace.
Se non che a tutti questi
ossequi, e particolarmente alla tanto fruttuosa consacrazione, che mediante
l’istituzione della festa di Cristo Re venne, a dir così, riconfermata,
conviene che se ne aggiunga un altro di cui, Venerabili Fratelli, Ci è caro al
presente intrattenervi alquanto più a lungo: l’atto cioè di espiazione o
riparazione, come suol dirsi, da prestarsi al Cuore Sacratissimo di Gesù.
Infatti, se nella consacrazione primeggia l’intento di ricambiare l’amore del
Creatore con l’amore della creatura, ne segue naturalmente un altro, che dello
stesso Amore increato, quando sia o per dimenticanza trascurato o per offesa amareggiato,
si debbano risarcire gli oltraggi in qualsiasi modo recatigli; il qual dovere
comunemente chiamiamo col nome di riparazione.
Se all’uno e all’altro
dovere siamo obbligati per le stesse ragioni, al debito particolarmente della
riparazione siamo tenuti da un più potente motivo di giustizia e di amore: di
giustizia, per espiare l’offesa recata a Dio con le nostre colpe e ristabilire,
con la penitenza, l’ordine violato; di amore, per patire insieme con Cristo
paziente e « saturato di obbrobri » e recargli, secondo la nostra
pochezza, qualche conforto. Infatti, essendo noi tutti peccatori e gravati da
molte colpe, dobbiamo onorare il nostro Dio, non solo con il culto col quale
adoriamo coi dovuti ossequi la somma sua Maestà, o mediante la preghiera riconosciamo
il suo supremo dominio, o con i ringraziamenti lodiamo la sua generosità
infinita; ma inoltre è necessario che diamo soddisfazione alla giusta vendetta
di Dio, « per gli innumerevoli peccati e offese e negligenze »
nostre. Dunque, alla consacrazione con la quale ci offriamo a Dio e diventiamo
sacri a Lui, per quella santità e stabilità che sono proprie della
consacrazione, come insegna l’Angelico [9], si deve aggiungere l’espiazione, con
cui estinguere del tutto le colpe, a meno che la santità della somma giustizia
rigetti la nostra proterva indegnità, e anziché gradire il nostro dono, lo
rifiuti piuttosto come sgradito.
Questo dovere di
espiazione incombe a tutto il genere umano poiché, secondo gli insegnamenti
della fede cristiana, dopo la miseranda caduta di Adamo, esso, macchiato di
colpa ereditaria, soggetto alle passioni e degradato nel modo più compassionevole,
avrebbe meritato d’essere condannato alla eterna perdizione. Negano, sì, questa
verità, i superbi sapienti del nostro secolo i quali, rinnovando la vecchia
eresia di Pelagio, vantano una bontà congenita della umana natura, che per
virtù sua si spinge a sempre maggiore perfezione. Ma queste false invenzioni
della superbia umana sono condannate dall’Apostolo, il quale ci ammonisce che
« eravamo per natura meritevoli d’ira »[10]. E in verità, già fin dal principio del
mondo gli uomini riconobbero in qualche modo il debito di tale comune
espiazione, mentre per un certo istinto naturale si diedero, anche con pubblici
sacrifici, a placare la divinità.
Se non che nessuna
potenza creata era bastevole all’espiazione delle colpe umane, se il figlio di
Dio non avesse assunto la natura umana da redimere. E ciò lo stesso Salvatore
degli uomini annunziò per bocca del Salmista: «Tu non hai voluto né vittime né
oblazioni, ma mi hai formato un corpo; non hai gradito né olocausti né
sacrifici espiatori. Allora io dissi: Ecco, io vengo » [11]. E in verità « egli prese le
nostre infermità e portò i nostri dolori; per le nostre iniquità fu
ferito »[12] e « i peccati nostri portò egli
stesso nel proprio corpo sopra il legno …[13]… cancellando il chirografo del decreto
scritto contro di noi, ed Egli, affiggendolo alla croce, lo tolse di mezzo …[14], affinché, morti al peccato,
vivessimo per la giustizia » [15].
Sebbene la copiosa
redenzione di Cristo, con sovrabbondanza « ci condonò tutti i
peccati » [16], tuttavia, per quella mirabile
disposizione della divina Sapienza secondo la quale nel nostro corpo si deve
compiere quello che manca dei patimenti di Cristo a favore del corpo di Lui,
che è la Chiesa [17], noi possiamo, anzi dobbiamo aggiungere
alle lodi e soddisfazioni « che Cristo in nome dei peccatori tributò a
Dio », anche le nostre lodi e soddisfazioni. Ma conviene sempre ricordare
che tutto il valore espiatorio dipende unicamente dal cruento sacrificio di
Cristo, il quale si rinnova, senza interruzione, sui nostri altari in modo
incruento, poiché « una stessa è la Vittima, uno medesimo è ora l’oblatore
mediante il ministero dei sacerdoti, quello stesso che si offrì sulla croce,
mutata solamente la maniera dell’oblazione » [18]. Per tale motivo con questo augusto
sacrificio Eucaristico si deve congiungere l’immolazione dei ministri e degli
altri fedeli, affinché anche essi si offrano quali « vittime vive, sante,
gradevoli a Dio » [19]. Anzi, San Cipriano non esita ad
affermare « che il sacrificio del Signore non si compie con la dovuta
santificazione se l’offerta e il sacrificio nostro non corrisponderanno alla
passione » [20]. Perciò l’Apostolo ci ammonisce perché
« portando nel nostro corpo la mortificazione di Gesù » [21] e sepolti e innestati con Cristo in
somiglianza con la sua morte [22], non solo crocifiggiamo la nostra
carne, i vizi e le passioni [23] « fuggendo la corruzione della
concupiscenza che è nel mondo » [24], ma « la vita di Gesù si manifesti
così nei corpi nostri » [25] e fatti partecipi del suo sacerdozio
eterno possiamo offrire « doni e sacrifici per i peccati » [26]. Non sono, infatti, partecipi di questo
arcano sacerdozio e dell’ufficio di offrire soddisfazioni e sacrifici quelli
solamente di cui il Pontefice nostro Cristo Gesù si vale come di ministri per
offrire a Dio un’oblazione monda in ogni luogo dall’oriente all’occidente [27], ma anche tutta la moltitudine dei
cristiani, chiamata a ragione dal Principe degli Apostoli « Stirpe eletta,
Sacerdozio regale » [28], deve offrire sacrificio per i peccati
per sé e per tutto il genere umano [29], quasi non altrimenti che ogni
sacerdote e pontefice «preso fra gli uomini è preposto a pro degli uomini in
tutte quelle cose che riguardano Dio » [30].
Quando poi l’oblazione
nostra e il nostro sacrificio avranno più perfettamente corrisposto al
sacrificio del Signore, ossia noi avremo immolato l’amore proprio e le nostre
passioni, e crocifisso la nostra carne con quella mistica crocifissione di cui
parla l’Apostolo, tanto più copiosi frutti di propiziazione e di espiazione
raccoglieremo per noi e per gli altri. Mirabile legame stringe infatti i fedeli
tutti con Cristo, come quello che corre fra il capo e le altre membra del corpo,
e similmente quella misteriosa comunione dei Santi, che professiamo per fede
cattolica, onde gli individui e i popoli non solamente sono uniti fra loro, ma
altresì con lo stesso « capo che è Cristo, dal quale tutto il corpo, ben
compaginato e connesso mediante la collaborazione di ogni giuntura, secondo
l’energia propria di ogni membro, riceve forza per crescere in modo da
edificare se stesso nella carità » [31]. Questa fu la preghiera che lo stesso
Cristo Gesù, mediatore tra Dio e gli uomini, vicino a morte rivolse al Padre:
« Io in essi e tu in me, affinché siano consumati nell’unità » [32].
Pertanto, nella stessa
maniera in cui la consacrazione professa e conferma l’unione con Cristo, così
l’espiazione, purificando dalle colpe, incomincia l’unione stessa, e con la
partecipazione dei patimenti di Cristo la perfeziona, e con l’oblazione dei
sacrifici a favore dei fratelli la porta all’ultimo compimento. E tale appunto
fu il disegno della misericordia di Gesù quando, acceso della fiamma
dell’amore, volle svelare a noi il suo Cuore con i segni della sua passione,
affinché noi, meditando da una parte la malizia infinita del peccato e
ammirando dall’altra la infinita carità del Redentore, detestassimo più
vivamente il peccato e più ardentemente ricambiassimo l’amore.
E in verità lo spirito di
espiazione o di riparazione ebbe sempre le prime e principali parti nel culto
con cui si onora il Cuore Sacratissimo di Gesù, ed è certo il più consono
all’origine, alla natura, all’efficacia, alle pratiche proprie di questa
particolare devozione, come è confermato dalla storia e dalla pratica, dalla
sacra liturgia e dagli atti dei Sommi Pontefici. Infatti, nel manifestarsi a
Margherita Maria, Cristo, mentre insisteva sull’immensità del proprio amore, al
tempo stesso, in atteggiamento addolorato, si lamentò dei tanti e tanto gravi
oltraggi a sé fatti dall’ingratitudine degli uomini, con queste parole, che
dovrebbero sempre essere colpite nel cuore delle anime buone né mai cancellarsi
dalla memoria: « Ecco — disse — quel Cuore che ha tanto amato
gli uomini e li ha ricolmati di tutti i benefìci, ma in cambio del suo amore
infinito, anziché trovare gratitudine, incontrò invece dimenticanza,
indifferenza, oltraggi, e questi arrecatigli talora anche da anime a lui
obbligate con il più stretto debito di speciale amore ». E appunto in
riparazione di tali colpe Egli, tra molte altre raccomandazioni, fece queste
specialmente come a sé graditissime: che i fedeli con tale intento di riparazione
si accostassero alla sacra mensa — che si dice appunto « Comunione
Riparatrice » — e per un’ora intera praticassero atti e preghiere di
riparazione, il che con tutta verità si dice «Ora Santa »: devozioni,
queste, che la Chiesa non solo ha approvato, ma ha pure arricchito di copiosi
favori spirituali.
Ma come potrà dirsi che
Cristo regni beato nel Cielo se può essere consolato da questi atti di
riparazione? « Dà un’anima che ami e comprenderà quello che dico » [33], rispondiamo con le parole di Agostino,
che fanno proprio al nostro proposito.
Ogni anima, infatti,
veramente infiammata nell’amore di Dio, se con la considerazione si volge al
tempo passato, meditando vede e contempla Gesù sofferente per l’uomo, afflitto,
in mezzo ai più gravi dolori, « per noi uomini e per la nostra
salute », dalla tristezza, dalle angosce e dagli obbrobri quasi oppresso, anzi
« schiacciato dai nostri delitti » [34], e in atto di risanarci con i suoi
lividi. Con tanta maggior verità le anime pie meditano queste cose, in quanto i
peccati e i delitti degli uomini, in qualsiasi tempo commessi, furono la causa
per la quale il Figlio di Dio fosse dato a morte, ed anche al presente
cagionerebbero per sé a Cristo la morte, accompagnata dagli stessi dolori e
dalle medesime angosce, giacché ogni peccato si considera rinnovare in qualche
modo la passione del Signore: « Di nuovo in loro stessi crocifiggono il
Figlio di Dio, e lo espongono al ludibrio» [35]. Che se a causa anche dei nostri
peccati futuri, ma previsti, l’anima di Gesù divenne triste sino alla morte,
non è a dubitare che qualche conforto non abbia anche fin da allora provato per
la previsione della nostra riparazione, quando a « lui apparve l’Angelo
dal cielo » [36] per consolare il suo cuore oppresso
dalla tristezza e dalle angosce.
E così anche ora in modo
mirabile ma vero, noi possiamo e dobbiamo consolare quel Cuore Sacratissimo che
viene continuamente ferito dai peccati degli uomini ingrati, giacché — come si
legge anche nella sacra liturgia — Cristo stesso si duole, per bocca del
salmista, di essere abbandonato dai suoi amici: « Smacco e dolore mi
spezzano il cuore; mi aspettavo compassione, ma non ce ne fu, qualche
consolatore, e non l’ho trovato » [37].
Si aggiunga che la
passione espiatrice di Cristo si rinnova e in certo qual modo continua nel suo
corpo mistico, la Chiesa. Infatti, per servirci nuovamente delle parole di
Sant’Agostino [38]: «Cristo patì tutto ciò che doveva
patire; né al numero dei patimenti nulla più manca. Dunque i patimenti sono
compiuti, ma nel capo; rimanevano tuttora le sofferenze di Cristo da compiersi
nel corpo ». Ciò Gesù stesso dichiarò, quando a Saulo, « spirante
ancora minacce e stragi contro i discepoli » [39], disse: « Io sono Gesù che tu
perseguiti » [40], chiaramente significando che le
persecuzioni mosse alla Chiesa, vanno a colpire gravemente lo stesso suo Capo
divino. A buon diritto, dunque, Cristo sofferente ancora nel suo corpo mistico
desidera averci compagni della sua espiazione; così richiede pure la nostra
unione con lui; infatti, essendo noi « il corpo di Cristo e membra
congiunte » [41], quanto soffre il capo, tanto devono
con esso soffrire anche le membra [42].
Quanto poi sia urgente,
specialmente in questo nostro secolo, la necessità della espiazione o
riparazione, non può ignorarlo chiunque con gli occhi e con la mente, come
dicemmo prima, consideri questo mondo « tutto sottoposto al maligno »
[43]. Infatti, da ogni parte giunge a Noi il
grido dei popoli, i cui re o governi veramente si sono sollevati e hanno
congiurato insieme contro il Signore e contro la sua Chiesa [44]. Vedemmo in quelle nazioni calpestati i
diritti divini ed umani, i templi distrutti dalle fondamenta, i religiosi e le
sacre vergini cacciati dalle loro case, imprigionati, affamati, afflitti da
obbrobriose sevizie; le schiere dei fanciulli e delle fanciulle strappate dal
grembo della Madre Chiesa, spinte a negare e bestemmiare Cristo, e condotte ai
peggiori delitti della lussuria; tutto il popolo cristiano minacciato,
oppresso, in continuo pericolo di apostasia dalla Fede, o di morte anche la più
atroce. Cose tanto dolorose sembrano, con tali sciagure preannunziare fin d’ora
e anticipare « il principio dei dolori » che apporterà « l’uomo
iniquo che s’innalza su tutto quello che è Dio e religione » [45].
E non è meno triste lo
spettacolo, Venerabili Fratelli, che fra gli stessi fedeli, lavati col
battesimo nel sangue dell’Agnello immacolato e arricchiti della grazia, anche
si incontrino tanti, di ogni classe, che, ignoranti delle cose divine,
avvelenati da false dottrine, vivono una vita viziosa, lontana dalla casa del
Padre, senza la luce della vera fede, senza la gioia della speranza nella
futura beatitudine, privi del beneficio e del conforto che deriva dall’ardore
della carità, sicché davvero si può dire che siano immersi nelle tenebre, e
nelle ombre di morte. Inoltre cresce tra i fedeli la noncuranza della disciplina
ecclesiastica e dell’avita tradizione da cui è sorretta tutta la vita
cristiana, è regolata la società domestica, è difesa la santità del matrimonio;
l’educazione dei fanciulli è del tutto trascurata o guastata da troppo
effeminate cure, e perfino tolta alla Chiesa la facoltà di educare
cristianamente la gioventù; il pudore cristiano lacrimevolmente dimenticato nel
modo di vivere e di vestire, delle donne soprattutto; una cupidigia insaziabile
dei beni caduchi; un predominio sfrenato degli interessi civili; una ricerca
bramosa di favore popolare; un disprezzo della legittima autorità e della
parola di Dio, per cui è scossa la fede stessa o messa a grave repentaglio.
Ma al complesso di tanti
mali si aggiungono l’ignavia e l’infingardaggine di coloro che, a somiglianza
degli apostoli addormentati e fuggitivi, malfermi nella fede, abbandonano
miseramente Cristo, oppresso dai dolori o assalito dai satelliti di Satana, e
la perfidia di coloro che, seguendo l’esempio di Giuda traditore, o con
sacrilega temerità si accostano alla Comunione o passano al campo nemico. E
così corre alla mente, pur senza volerlo, il pensiero che già siano giunti i
tempi profetizzati da Nostro Signore: « E poiché abbondò l’iniquità, si
raffredderà la carità di molti » [46].
A tutte queste
considerazioni quanti fedeli volgeranno piamente l’animo, accesi d’amore per
Cristo sofferente, non potranno non espiare le proprie e le altrui colpe con
maggiore impegno, risarcire l’onore di Cristo, promuovere l’eterna salvezza
delle anime. E per certo possiamo adattare, in qualche maniera, anche per
descrivere questa età nostra, le parole dell’Apostolo: «Dove abbondò il
delitto, sovrabbondò la grazia » [47]. Infatti, cresciuta di molto la
perversità degli uomini, meravigliosamente va pure aumentando, per favore dello
Spirito Santo, il numero dei fedeli dell’uno e dell’altro sesso, che con animo
più volonteroso si sforzano di dar soddisfazione al Divin Cuore per tante
ingiurie recategli, ed anzi non temono di offrire se stessi a Cristo come
vittime. Poiché se qualcuno va con amore fra sé ripensando a quanto sin qui
abbiamo ricordato e, per così dire, se lo ha impresso nell’intimo del cuore,
dovrà senza dubbio non solo aborrire ogni peccato come sommo male e fuggirlo,
ma tutto offrirsi alla volontà di Dio e adoperarsi a risarcire l’onore leso
della Divina Maestà con l’assidua preghiera, con l’uso di volontarie penitenze
e con la paziente sofferenza di quelle prove che incontrerà; infine: con la
vita tutta, condotta secondo questo spirito di riparazione.
Così nacquero anche molte
famiglie religiose di uomini e donne che, giorno e notte, con ambito servizio,
si propongono di far in qualche modo le veci dell’Angelo confortatore di Gesù
nell’orto; così pure le pie associazioni, approvate dalla Santa Sede e
arricchite di indulgenze, che con opportuni esercizi di pietà e di virtù si
prefiggono lo scopo della riparazione; così, per non parlare di altre pie
pratiche, l’uso frequente di solenni ammende, da parte non solo dei singoli
fedeli, ma delle parrocchie, delle diocesi, delle città.
Pertanto, Venerabili
Fratelli, come la pratica della consacrazione, cominciata da umili inizi, e poi
largamente diffusasi, ebbe con la Nostra conferma lo splendore e la corona
desiderata, così grandemente bramiamo che questa ammenda riparatrice, già da
tempo santamente introdotta e propagata, abbia il più fermo suggello dalla
Nostra autorità apostolica, e ne diventi universale e più solenne la pratica in
mezzo al popolo cristiano. Perciò stabiliamo e ordiniamo che tutti gli anni
nella festa del Sacratissimo Cuore di Gesù — la quale in questa occasione
abbiamo voluto che si elevasse al grado di doppio di prima classe con l’ottava
— in tutte le chiese del mondo si faccia con la stessa formula, secondo
l’esemplare unito a questa Enciclica, una solenne ammenda al nostro amantissimo
Redentore, per riparare con essa le nostre colpe e risarcire i violati diritti
di Cristo Sommo Re e Signore amantissimo.
Da questa pratica, poi
santamente rinnovata ed estesa a tutta la Chiesa, non è da dubitare, Venerabili
Fratelli, che molti e segnalati beni Ci ripromettiamo, tanto per i singoli
individui, quanto per la società religiosa, domestica e civile; avendo lo
stesso Redentore nostro promesso a Margherita Maria « che avrebbe
arricchito con l’abbondanza delle sue grazie coloro che avessero reso al Cuor
Suo questo onore ». I peccatori certamente « volgendo lo sguardo a
Colui che trafissero » [48], commossi al pianto di tutta la Chiesa,
detestando le ingiurie recate al Sommo Re, « rientreranno in se
stessi » [49] perché non avvenga che ostinandosi nei
peccati alla vista di Colui che piagarono « venire sulle nubi del
cielo » [50], piangano sé troppo tardi e inutilmente
sopra di lui [51]. I giusti poi, diventeranno più giusti
e più santi [52] e si consacreranno con rinnovato ardore
al servizio del loro Re, che vedono tanto disprezzato e combattuto e così
gravemente ingiuriato, soprattutto si accrescerà in essi lo zelo per la
salvezza delle anime, al sentire quel gemito della Vittima Divina « A che
pro il mio sangue? » [53] e riflettendo insieme al gaudio di
questo Sacratissimo Cuore « per un peccatore che torna a penitenza »
[54]. E questo innanzi tutto Noi
principalmente speriamo e intensamente desideriamo che la giustizia di Dio, la
quale per dieci giusti avrebbe perdonato a Sodoma, molto più voglia usare
misericordia a tutta l’umana famiglia, al supplicarla e placarla che faranno i
fedeli tutti, insieme con Cristo Mediatore e Capo. Sia propizia ai Nostri voti
e a queste Nostre disposizioni la benignissima Madre di Dio, la quale, avendoci
dato Gesù Riparatore, avendolo nutrito e presso la croce offerto vittima per
noi, per la mirabile unione che ebbe con Lui e per grazia singolarissima, divenne
anche lei, come piamente è detta, Riparatrice. Confidando nella sua
intercessione presso Gesù, che essendo l’unico «Mediatore tra Dio e gli
uomini » [55], volle associarsi la Madre Sua come
avvocata dei peccatori, dispensiera e mediatrice di grazia, impartiamo di
cuore, auspice dei divini favori e testimone della paterna Nostra benevolenza,
a Voi, Venerabili Fratelli, e a tutto il gregge affidato alle vostre cure,
l’Apostolica Benedizione.
Dato a Roma, presso San
Pietro, l’8 maggio 1928, anno settimo del Nostro Pontificato.
PIUS PP. XI
ATTO DI RIPARAZIONE AL
SACRATISSIMO CUORE DI GESÙ
Gesù dolcissimo, il cui
immenso amore per gli uomini viene con tanta ingratitudine ripagato di oblìo,
di trascuratezza, di disprezzo, ecco che noi prostrati dinanzi ai tuoi altari
intendiamo riparare con particolari attestazioni di onore una così indegna
freddezza e le ingiurie con le quali da ogni parte viene ferito dagli uomini
l’amantissimo tuo Cuore.
Ricordando però che noi
pure altre volte ci macchiammo di tanta indegnità e provandone vivissimo
dolore, imploriamo anzitutto per noi la tua misericordia, pronti a riparare con
volontaria espiazione, non solo i peccati commessi da noi, ma anche quelli di
coloro che errando lontano dalla via della salute, o ricusano di seguire Te
come pastore e guida ostinandosi nella loro infedeltà, o calpestando le
promesse del Battesimo hanno scosso il soavissimo giogo della tua legge.
E mentre intendiamo
espiare tutto il cumulo di sì deplorevoli delitti, ci proponiamo di ripararli
ciascuno in particolare: l’immodestia e le brutture della vita e
dell’abbigliamento, le tante insidie tese dalla corruttela alle anime
innocenti, la profanazione dei giorni festivi, le ingiurie esecrande scagliate
contro Te e i tuoi Santi, gli insulti lanciati contro il tuo Vicario e l’ordine
sacerdotale, le negligenze e gli orribili sacrilegi ond’è profanato lo stesso
Sacramento dell’amore divino, e infine le colpe pubbliche delle nazioni che
osteggiano i diritti e il magistero della Chiesa da Te fondata.
Oh! potessimo noi lavare
col nostro sangue questi affronti! Intanto, come riparazione dell’onore divino
conculcato, noi Ti presentiamo — accompagnandola con le espiazioni della
Vergine Tua Madre, di tutti i Santi e delle anime pie — quella soddisfazione
che Tu stesso un giorno offristi sulla croce al Padre e che ogni giorno rinnovi
sugli altari: promettendo con tutto il cuore di voler riparare, per quanto sarà
in noi e con l’aiuto della tua grazia, i peccati commessi da noi e dagli altri
e l’indifferenza verso sì grande amore con la fermezza della fede, l’innocenza
della vita, l’osservanza perfetta della legge evangelica specialmente della
carità, e d’impedire inoltre con tutte le nostre forze le ingiurie contro di
Te, e di attrarre quanti più potremo al tuo sèguito. Accogli, Te ne preghiamo,
o benignissimo Gesù, per intercessione della Beata Vergine Maria Riparatrice,
questo volontario ossequio di riparazione, e conservaci fedelissimi nella tua
ubbidienza e nel tuo servizio fino alla morte col gran dono della perseveranza,
mercé il quale possiamo tutti un giorno pervenire a quella patria, dove Tu col
Padre e con lo Spirito Santo vivi e regni, Dio, per tutti i secoli dei secoli.
Così sia.
[1] Matth., XXVIII, 20.
[2] Sap., VIII, 1.
[3] Is., LIX, 1.
[4] Coloss., II, 3.
[5] Gen., II, 14.
[6] Luc., XIX, 14.
[7] I Cor., XV, 25.
[8] Eph., I, 10.
[9] II, II, q. 81, a. 8. c.
[10] Eph., II, 3.
[11] Hebr., X, 5-7.
[12]Is., V, 3; IV, 5.
[13] I Petr., II, 24.
[14] Coloss., II, 14.
[15] I Petr., II, 24.
[16] Cf. Coloss., II, 13.
[17] Cf. Coloss., I, 24.
[18] Conc. Trid., sess. XXII, c. 2.
[19] Rom., XII, 1.
[20] Ep. 63,n. 381.
[21] II Cor., IV, 10.
[22] Cf. Rom.,VI, 4-5.
[23] Cf. Gal., V, 24.
[24] II Petr., I, 4.
[25] II Cor., IV, 10.
[26] Hebr., V, 1.
[27] Malach., I, 11.
[28] I Petr., II, 9.
[29] Cf. Hebr.,V, 2.
[30] Hebr., V, 1.
[31] Eph., IV, 15-16.
[32] Ioan., XVII, 23.
[33] In Ioannis evangelium, tract. XXVI, 4.
[34] Is. LIII, 5.
[35] Hebr., VI, 6.
[36] Luc., XXII, 43.
[37] Ps., LXVIII, 21.
[38] In Ps. 86.
[39] Act., IX, 1.
[40] Act., IX, 5.
[41] I Cor., XII, 27.
[42] Cf. I Cor., XII, 26.
[43] I Ioann., V, 19.
[44] Cf. Ps., II, 2.
[45] II Thessal., II, 4.
[46] Matth., XXIV, 12.
[47] Rom., V, 20.
[48] Ioann., XIX, 37.
[49] Is., XLVI, 8.
[50] Matth., XXVI, 64.
[51] Cf. Apoc., I, 7.
[52] Cf. Apoc., II, 11.
[53] Ps. 19, 10.
[54] Luc., XV, 4.
[55] I Tim., II, 5.
Copyright © Dicastero per
la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana
Mosaïque
de Luc-Olivier Merson réalisée par l’Atelier Guilbert-Martin (1922), abside de
la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre.
Mosaïque
de Luc-Olivier Merson réalisée par l’Atelier Guilbert-Martin (1922), abside de
la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre.
PIO XII
LETTERA ENCICLICA
HAURIETIS AQUAS
SULLA DEVOZIONE AL SACRO
CUORE DI GESÙ
Ai Venerabili Fratelli
Patriarchi, Primati, Arcivescovi, Vescovi e agli altri Ordinari locali
che hanno pace e comunione con la Sede Apostolica.
Venerabili Fratelli,
salute e Apostolica Benedizione.
«Voi attingerete con
gaudio le acque dalle fonti del Salvatore »(1). Queste parole, con le
quali il profeta Isaia simbolicamente preannunziava le molteplici e abbondanti
benedizioni di Dio, che l’era messianica avrebbe apportato, spontanee ritornano
sulle Nostre labbra, allorché diamo uno sguardo ai cento anni che sono
trascorsi da quando il Nostro Predecessore di imm. mem. Pio IX, ben lieto di
assecondare i voti del mondo cattolico, si compiaceva di estendere e rendere
obbligatoria per la Chiesa intera la Festa del Cuore Sacratissimo di Gesù.
Innumerevoli, infatti,
sono le grazie celesti che il culto tributato al Cuore Sacratissimo di Gesù ha
trasfuso nelle anime dei fedeli; grazie di purificazione, di sovrumane
consolazioni, di incitamento alla conquista di ogni genere di virtù.
Noi pertanto, memori
della sapientissima sentenza dell’apostolo S. Giacomo: « Ogni donazione
buona e ogni dono perfetto viene dall’alto e scende dal Padre de’ lumi »(2),
a buon diritto possiamo scorgere in questo culto, divenuto ormai universale e
ogni giorno sempre più fervoroso, il dono che il Verbo Incarnato, nostro
Salvatore divino e unico Mediatore di grazia e di verità tra il celeste Padre e
il genere umano, ha fatto alla Chiesa, sua mistica Sposa, in questi ultimi
secoli della sua travagliata storia. Grazie a questo dono d’inestimabile
valore, la Chiesa può agevolmente manifestare l’ardente carità che essa nutre
verso il suo Divin Fondatore e corrispondere in più larga misura all’invito che
l’evangelista S. Giovanni riferisce come rivolto da Gesù Cristo stesso: «
Nell’ultimo gran giorno della festa, Gesù levatosi in piedi, diceva ad alta
voce: “ Chi ha sete, venga da me, e beva chi crede in me. Come dice la
Scrittura, dal ventre di Lui sgorgheranno torrenti d’acqua viva ”. Ciò
Egli disse dello Spirito che dovevano ricevere i credenti in Lui(3). Agli
uditori di Gesù non fu certamente difficile cogliere in quelle sue parole, che
contenevano la promessa di una sorgente di «acqua viva » che sarebbe scaturita
dal suo seno, una chiara allusione ai vaticini con i quali i profeti Isaia,
Ezechiele e Zaccaria predicevano l’avvento del Regno Messianico, come pure alla
tipica pietra che, percossa dalla verga di Mosè, versò acqua in abbondanza(4).
La carità divina ha in
realtà la sua principale sorgente nello Spirito Santo, ch’è Amore personale sia
del Padre che del Figlio in seno all’augustissima Trinità.
Ben a ragione quindi
l’Apostolo, quasi facendo eco alle parole di Gesù Cristo, attribuisce allo
Spirito Santo l’effusione della carità nell’animo dei credenti: « La
carità di Dio si è riversata nei nostri cuori per lo Spirito Santo che ci fu
dato »(5).
Questo strettissimo
nesso, che secondo le parole della S. Scrittura intercorre tra la carità che
deve ardere nei cuori dei cristiani e lo Spirito Santo, ch’è Amore per essenza,
ci manifesta in modo mirabile, Venerabili Fratelli, l’intima natura stessa di
quel culto che è da tributarsi al Cuore Sacratissimo di Gesù. Se è vero,
infatti, che questo culto, considerato nella sua propria essenza, è un atto
eccellentissimo della virtù di religione, cioè un atto di assoluta e
incondizionata sottomissione e consacrazione da parte nostra all’amore del
Redentore Divino, di cui è indice e simbolo quanto mai espressivo il suo Cuore
trafitto; è vero parimente, ed in un senso ancora più profondo, che tale culto
è il ricambio dell’amore nostro all’Amore Divino. Poiché soltanto per effetto
della carità si ottiene la piena e perfetta sottomissione dello spirito umano
al dominio del Supremo Signore, allorché cioè gli affetti del nostro cuore in
tal modo aderiscono alla divina volontà da formare con essa quasi una cosa
sola, secondo che è scritto: « Chi aderisce al Signore forma un solo
spirito con Lui »(6).
I
Ma, mentre la Chiesa ha
sempre tenuto in alta considerazione il culto al Cuore Sacratissimo di Gesù,
così da favorirne in ogni modo il sorgere e il propagarsi in mezzo al popolo
cristiano, non mancando altresì di difenderlo apertamente contro le accuse di Naturalismo e
di Sentimentalismo; è da lamentare che non uguale onore e stima, sia
nei tempi passati che ai giorni nostri, questo nobilissimo culto gode presso
alcuni cristiani e talvolta anche presso alcuni di coloro, che pur si dicono
animati da sincero zelo per gli interessi della religione cattolica e per la
propria santificazione.
« Se tu conoscessi
il dono di Dio »(7). Ecco, Venerabili Fratelli, il paterno monito che Noi,
chiamati per divina disposizione ad essere custodi e dispensatori del tesoro di
fede e di pietà, che il divin Redentore ha affidato alla sua Chiesa, Ci
sentiamo in dovere di rivolgere a tutti quei Nostri figli; i quali, nonostante
che il culto al Cuore Sacratissimo di Gesù, trionfando degli errori e della
indifferenza degli uomini, abbia pervaso il Mistico Corpo del Salvatore,
nutrono ancora dei pregiudizi a riguardo e giungono persino a ritenerlo meno
rispondente, per non dire dannoso, alle necessità spirituali più urgenti della
Chiesa e dell’umanità nell’ora presente.
Taluni, infatti,
confondendo o equiparando l’indole primaria di questo culto con le varie forme
di devozione che la Chiesa approva e favorisce, ma non prescrive, lo stimano
quasi come alcunché di superfluo, che ciascuno può praticare o no a suo
arbitrio; altri, poi, stimano che questo stesso culto sia oneroso e di nessuno
o ben modesto vantaggio specialmente per i militanti del Regno di Dio,
preoccupati soprattutto di consacrare il meglio delle loro energie spirituali,
dei loro mezzi e del loro tempo alla difesa e alla propaganda della verità
cattolica, alla diffusione della dottrina sociale cristiana e all’incremento di
quelle pratiche e opere di religione, che giudicano molto più necessarie per i
tempi nostri; vi sono inoltre alcuni, i quali anziché riconoscere in questo
culto un mezzo efficacissimo per l’opera di rinnovamento e di progresso dei
costumi cristiani, sia degli individui che delle famiglie, vi vedono una forma
di devozione pervasa piuttosto di sentimento che di nobili pensieri ed affetti,
e perciò più confacente al femmineo sesso che alle persone colte.
Vi sono anche altri, i
quali, ritenendo questo culto come troppo vincolato agli atti di penitenza, di
riparazione e di quelle virtù che stimano piuttosto « passive »,
perché prive di appariscenti frutti esteriori, lo giudicano senz’altro meno
idoneo a rinvigorire la spiritualità moderna, cui incombe il dovere dell’azione
aperta e indefessa per il trionfo della fede cattolica e la strenua difesa dei
costumi cristiani, in mezzo ad una società inquinata di indifferentismo
religioso, incurante di ogni norma discriminatrice del vero dal falso nel
pensiero e nell’azione, ligia ai princìpi del materialismo ateo e
del laicismo.
Come non vedere,
Venerabili Fratelli, lo stridente contrasto tra simili opinioni e le pubbliche
attestazioni di stima per il culto al S. Cuore di Gesù, professate dai Nostri
Predecessori su questa cattedra di verità? Come giudicare inutile o meno adatta
per l’epoca nostra quella forma di pietà, che il Nostro Predecessore di imm.
mem. Leone XIII non esitò a definire: « pratica religiosa
encomiabilissima »; e nella quale additava il rimedio a quegli stessi
mali, individuali e sociali, che anche oggi, e indubbiamente in modo più vasto
ed acuto, travagliano l’umanità? « Questa devozione, che a tutti consigliamo,
asseriva Egli, sarà a tutti di giovamento ». Ed inoltre, aggiungeva questi
ammonimenti ed esortazioni, che ben si addicono anche al culto verso il Cuore
sacratissimo di Gesù: « Di fronte alla minaccia di gravi sciagure che già
da molto tempo sovrasta, è urgente che si ricorra, per scongiurarle, all’aiuto
di colui che soltanto, ha la potenza per allontanarle. E chi altri potrà essere
costui, se non Gesù Cristo. l’Unigenito di Dio? Poiché non c’è sotto il cielo
alcun altro nome dato agli uomini, dal quale possiamo aspettarci d’essere
salvati »(8). « A Lui dunque si deve ricorrere, che è via,
verità e vita »(9).
Né meno degno di encomio
e giovevole per fomentare la pietà cristiana riconosceva essere questo culto il
Nostro immediato Predecessore di fel. mem. Pio XI, il quale
nell’Enciclica Miserentissimus Redemptor affermava: «Non son forse
racchiusi in tale forma di devozione il compendio di tutta la religione
cattolica e quindi la norma della vita più perfetta, costituendo essa la via
più spedita per giungere alla conoscenza profonda di Cristo Signore e il mezzo
più efficace per piegare gli animi ad amarLo più intensamente e ad imitarLo più
fedelmente? »(10).
A Noi poi, non certamente
meno che ai Nostri Predecessori, questa sublime verità è apparsa evidente e
degna di approvazione; ed allorché iniziammo il Nostro Pontificato, nel
contemplare il felice e quasi trionfale incremento del Culto al Cuore
Sacratissimo di Gesù in mezzo al popolo cristiano, sentimmo il Nostro animo
ricolmo di gioia e Ci rallegrammo degli innumerevoli frutti di salvezza che ne
erano derivati a tutta la Chiesa; e questi Nostri sentimenti Ci compiacemmo di
manifestare già nella prima Nostra Lettera Enciclica(11). I quali frutti, in
questi lunghi anni del Nostro Pontificato — pieni di calamità e di angustie, ma
anche ricolmi di ineffabili consolazioni — non sono andati diminuendo né per
numero né per qualità né per bellezza, ma piuttosto aumentando. Infatti, varie
sono state le opere felicemente iniziate allo scopo di favorire l’incremento
sempre maggiore di questo stesso culto: associazioni cioè di cultura, di pietà
e di beneficenza; pubblicazioni di carattere storico, ascetico e mistico
pertinenti a tale scopo; pie pratiche di riparazione; e soprattutto crediamo
degne di menzione le manifestazioni di ardentissima pietà promosse
dall’Associazione dell’« Apostolato della Preghiera », al cui zelo si
deve principalmente se famiglie, istituti e talvolta anche Nazioni intere si
sono consacrate al Cuore Sacratissimo di Gesù; per le quali manifestazioni di
culto non di rado, o mediante Lettere, o per mezzo di Discorsi, o anche
servendoCi di Radiomessaggi, abbiamo espresso la Nostra paterna
compiacenza(12).
Pertanto, commossi nel
veder tanta copia di acque salutari, cioè di effusione celestiale di amore
superno, che scaturendo dal Sacro Cuore del nostro Redentore, non senza
l’ispirazione e l’azione del Divino Spirito, si è riversata su innumerevoli
figli della Chiesa Cattolica, non possiamo astenerCi, Venerabili Fratelli, dal
rivolgervi un paterno invito, affinché vi uniate a Noi nello sciogliere un inno
di somma lode e di fervidissime azioni di grazie a Dio, largitore di ogni bene,
esclamando con l’Apostolo: « A Lui che può far tutto, ben al di là di quel
che noi domandiamo, o pensiamo, secondo la virtù che opera in noi, a Lui sia la
gloria nella Chiesa, e in Cristo Gesù per tutte le generazioni nei secoli dei
secoli. Amen »(13). Ma, dopo aver reso all’Altissimo le dovute grazie, Noi
desideriamo con questa Lettera Enciclica di esortar voi e tutti gli amatissimi
figli della Chiesa ad una più attenta considerazione di quei princìpi
dottrinali, contenuti nella S. Scrittura, nei Ss. Padri e nei teologi, sui
quali, quasi su solidi fondamenti, poggia il culto al Cuore Sacratissimo di
Gesù. Siamo infatti pienamente persuasi che soltanto allorché, al lume della
divina rivelazione, avremo penetrato più a fondo l’intima ed essenziale natura
di questo culto, saremo in grado di convenientemente e perfettamente
apprezzarne l’incomparabile eccellenza e l’inesauribile fecondità di ogni sorta
di celesti grazie, e per tal modo trarre, dalla pia meditazione e
contemplazione dei benefici da esso derivati, motivo a una degna celebrazione
del primo centenario dell’estensione della festa obbligatoria del Cuore
Sacratissimo di Gesù alla Chiesa universale.
Allo scopo, dunque, di
offrire alle menti dei fedeli un pascolo di salutari riflessioni, grazie alle
quali essi possano più facilmente comprendere la natura di questo culto e
ricavarne più copiosi frutti, Noi ci soffermeremo anzitutto su quelle pagine
dell’Antico e del Nuovo Testamento, che contengono la rivelazione e descrizione
dell’infinita carità di Dio per il genere umano, la cui sublime grandezza mai
potremo sufficientemente scrutare; poi accenneremo al commento che ce ne hanno
lasciato i Padri e i Dottori della Chiesa; infine, procureremo di porre in
evidenza il nesso intimo che intercorre tra la forma di devozione da tributarsi
al Cuore del Redentore Divino e il culto che gli uomini sono tenuti a rendere
all’amore che Egli e le altre Persone della Santissima Trinità nutrono verso
l’intero genere umano. Stimiamo infatti che, una volta contemplati alla luce
della S. Scrittura e della Tradizione i fondamenti e gli elementi costitutivi
di questo nobilissimo culto, riuscirà più agevole ai cristiani l’attingere
« con gaudio le acque dalle fonti del Salvatore »(14), apprezzare
cioè tutta l’importanza che il culto al Cuore Sacratissimo di Gesù ha assunto
nella Liturgia della Chiesa, nella sua vita interna ed esterna, ed anche nelle
sue opere; per tal modo, sarà più facile ad essi raccogliere quei frutti
spirituali, che segnino un rinnovamento salutare nei loro costumi, conforme ai
voti dei Pastori del gregge di Cristo.
Se vogliamo in primo
luogo ben comprendere il valore racchiuso in alcuni testi dell’Antico e del
Nuovo Testamento in ordine a questo culto, occorre tener ben presente il motivo
del culto di latria che la Chiesa tributa al Cuore del Redentore divino.
Orbene, come voi ben sapete, Venerabili Fratelli, tale motivo è duplice. L’uno,
cioè, che è comune anche alle altre sacrosante membra del corpo di Gesù Cristo,
è costituito dal fatto che il suo Cuore, essendo una parte nobilissima
dell’umana natura, è unito ipostaticamente alla Persona del Verbo di Dio;
pertanto, esso è meritevole dell’unico e identico culto di adorazione con cui
la Chiesa onora la Persona dello stesso Figlio di Dio Incarnato. Si tratta di
una verità di fede cattolica, essendo stata solennemente definita nei Concili
Ecumenici di Efeso e II di Costantinopoli(15). L’altro motivo, che appartiene
in modo speciale al Cuore del Divin Redentore, e che perciò conferisce al
medesimo un titolo tutto proprio a ricevere il culto di latria, risulta dal
fatto che il suo Cuore, più di ogni altro membro del suo corpo, è l’indice
naturale, ovvero il simbolo della sua immensa carità per il genere umano.
« È insita nel Sacro Cuore, come osservava il Nostro Predecessore Leone
XIII di imm. mem., la qualità di simbolo e di espressiva immagine dell’infinita
carità di Gesù Cristo, che ci stimola a ricambiarlo col nostro amore »(16).
È fuor di dubbio che nei
Libri Sacri non si hanno mai sicuri indizi di un culto di speciale venerazione
e di amore, tributato al Cuore fisico del Verbo Incarnato, per la sua
prerogativa di simbolo della sua accesissima carità. Ma questo fatto, se è
doveroso apertamente riconoscerlo, non ci deve recar meraviglia, né in alcun
modo indurci a dubitare che la carità, la quale è la ragione principale di
questo culto, sia nell’Antico, che nel Nuovo Testamento, è esaltata e inculcata
con immagini tali, da commuovere potentemente gli animi. Queste immagini,
poiché sono contenute nei Libri Sacri che preannunziavano la venuta del Figlio
di Dio, fatto uomo, possono considerarsi come un presagio di quello che doveva
essere il più nobile simbolo e indice dell’amore divino, cioè del Cuore
sacratissimo e adorabile del Redentore Divino.
Per quanto riguarda lo
scopo della presente Lettera non crediamo necessario addurre molte
testimonianze dei libri dell’Antico Testamento, nei quali sono contenute le
prime verità divinamente rivelate; ma stimiamo sia sufficiente far rilevare che
l’Alleanza stipulata tra Dio e il popolo eletto e sancita con vittime pacifiche
— le cui leggi fondamentali, scolpite su due tavole, furono promulgate da
Mosè(17) e interpretate dai Profeti — fu un patto oltre che fondato sui vincoli
di supremo dominio da parte di Dio e di doverosa ubbidienza da parte dell’uomo,
consolidato e vivificato, anche dai più nobili motivi dell’amore. Infatti,
anche per il popolo d’Israele la ragione suprema della sua obbedienza doveva
essere non tanto il timore dei divini castighi, che i tuoni e le folgori
sprigionantisi dalla vetta del Sinai incutevano negli animi, quanto piuttosto
il doveroso amore verso Dio; « Ascolta, Israele: il Signore Dio nostro è
il solo Signore. Amerai il Signore Dio con tutto il tuo cuore, con tutta la tua
anima, con tutte le tue forze. Queste parole che io oggi ti bandisco, staranno
nel tuo cuore »(18).
Non deve pertanto
meravigliare se Mosè e i Profeti, che a buon diritto l’Angelico Dottore chiama
i « maggiori »(19) del popolo eletto, ben comprendendo che il
fondamento di tutta la Legge era riposto in questo comandamento dell’amore,
hanno descritto tutti i rapporti esistenti tra Dio e la sua Nazione ricorrendo
a similitudini tratte dal reciproco amore tra padre e figli, o dall’amore dei
coniugi, piuttosto che rappresentarli con immagini severe ispirate al supremo
dominio di Dio, o alla dovuta e timorosa servitù di noi tutti.
Così, ad esempio, Mosè
stesso, nel celeberrimo suo cantico di liberazione del popolo dalla schiavitù
dell’Egitto, volendo significare che essa era avvenuta per l’intervento
onnipossente di Dio, ricorre a queste espressioni ed immagini, che riempiono
l’animo di commozione: « Com’aquila che addestra al volo i suoi piccoli e
vola sovr’essi, stese le sue ali (il Signore), sollevò Israele, e lo portò sulle
sue spalle »(20).
Ma forse nessun altro tra
i Profeti, meglio di Osea, manifesta e descrive con accenti veementi l’amore,
mai venuto meno, di Dio verso il suo popolo Nel linguaggio infatti di questo
eccellentissimo tra i Profeti minori per profondità di concetti e concisione di
espressioni, Dio manifesta un tale amore verso il Popolo Eletto, cioè giusto e
santamente sollecito, qual’è appunto l’amore di un padre misericordioso e
amorevole, o di uno sposo adirato per il suo onore offeso. È un amore, che, lungi
dal venir meno alla vista di mostruose infedeltà e di ignobili tradimenti,
prende sì da essi motivo per infliggere ai colpevoli i meritati castighi — non
già per ripudiarli e abbandonarli a se stessi — ma soltanto allo scopo di
vedere la sposa resasi estranea e infedele, ed i figli ingrati, pentirsi,
purificarsi e tornare a riunirsi con Lui con rinnovati e più solidi vincoli di
amore. « Quando era fanciullo Israele, io l’amai e dall’Egitto ho chiamato
il figlio mio… Ed io ho fatto da balia ad Efraim; ho portato essi in braccio,
ma non compresero la cura ch’io avevo di loro. Li ho attirati a me con
attrattive piene d’umanità e con vincoli d’amore… Io sanerò le loro piaghe, li
amerò spontaneamente, perché la mia collera si è da loro allontanata. Sarò come
rugiada, e Israele fiorirà come giglio e dilaterà radici come il Libano »(21).
Accenti simili a questi
risuonano sulle labbra del profeta Isaia, allorché, impersonando gli opposti
sentimenti di Dio stesso e del Popolo Eletto, esce in queste espressioni: « Sion
aveva detto: “ Il Signore mi ha abbandonato, il Signore si è scordato di me! ”.
Potrà forse una donna dimenticare il suo bambino, da non sentire più
compassione per il figlio delle sue viscere? e se pur questa lo potrà
dimenticare, io non mi dimenticherò mai di te! »(22). Né meno commoventi
sono le espressioni, con le quali l’Autore del Cantico dei Cantici, servendosi
del simbolismo dell’amore coniugale, dipinge con vividi colori i legami di
vicendevole amore, che uniscono fra loro Dio e la Nazione da Lui prediletta: «Come
un giglio fra gli spini, così l’amica mia tra le fanciulle!… Io sono del mio
diletto, e il mio diletto è per me, egli che pascola tra i gigli… Mettimi come
un sigillo sul tuo cuore, come un sigillo sul tuo braccio, perché forte come la
morte è l’amore, inesorabile come gli Inferi la gelosia: le sue fiaccole sono
fiaccole di fuoco e di fiamme »(23).
Tuttavia questo
tenerissimo, indulgente e longanime amore di Dio, che, pur sdegnandosi per le
ripetute infedeltà del popolo di Israele, mai giunse a ripudiarlo
definitivamente, benché siasi manifestato come veemente e sublime, non fu in
sostanza che preludio di quell’ardentissima carità, che il Redentore promesso
avrebbe riversato dal suo amantissimo Cuore su tutti, e che sarebbe dovuta divenire
il modello del nostro amore e la pietra angolare della Nuova Alleanza. Solo
infatti Colui che è l’Unigenito del Padre e il Verbo fatto carne « pieno
di grazia e di verità »(24), essendosi avvicinato agli uomini, oppressi da
innumerevoli peccati e miserie, poté far scaturire dalla sua umana natura,
unita ipostaticamente alla sua Divina Persona, « una sorgente di acqua
viva », che irrigasse copiosamente l’arida terra dell’umanità e la
trasformasse in giardino fiorente e fruttifero.
È nel profeta Geremia che
si ha un lontano presagio di questo stupendo prodigio, che sarebbe stato
l’effetto del misericordiosissimo ed eterno amore di Dio: « D’un amore
eterno ti ho amato e perciò ti ho tirato a me pieno di compassione… Ecco che
verranno giorni, dice il Signore, e io stringerò con la casa di Israele e con
la casa di Giuda una nuova alleanza… Questa sarà l’alleanza che avrò stretta
con la casa d’Israele dopo quei giorni, dice il Signore: Io metterò la mia
legge nel loro interno e la scriverò nel loro cuore, e sarò il loro Dio, ed
essi saranno il mio popolo…; perché farò grazia alle loro iniquità e del loro
peccato non mi ricorderò più »(25).
II
Ma soltanto dai Vangeli
veniamo a conoscere con perfetta chiarezza che la nuova Alleanza stipulata tra
Dio e l’umanità — di cui si erano avuti la prefigurazione simbolica
nell’alleanza sancita tra Dio e il popolo d’Israele per mezzo di Mosè e il
preannunzio nel vaticinio di Geremia — è quella stessa che è stata attuata
mediante l’opera conciliatrice di grazia del Verbo Incarnato. Questa Alleanza è
da stimarsi incomparabilmente più nobile e più solida, perché, a differenza
della precedente, non è stata sancita nel sangue di capri e di vitelli, ma nel
Sangue sacrosanto di Colui, che quegli stessi pacifici ed irrazionali animali
avevano prefigurato come « l’Agnello che toglie il peccato del mondo »(26).
Ebbene, l’Alleanza
Messianica, più ancora che l’antica, si manifesta chiaramente come un patto non
ispirato da sentimenti di servitù e di timore, ma da quella specie di amicizia,
che deve regnare nelle relazioni tra padre e figli, essendo essa alimentata e
consolidata da una più munifica elargizione di grazia divina e di verità,
conforme alla sentenza dell’Evangelista S. Giovanni: « E della pienezza di
Lui tutti abbiamo ricevuto, e grazia su grazia. Perché la legge è stata data da
Mosè; la grazia e la verità sono venute da Gesù Cristo »(27).
Introdotti con queste
parole del «Discepolo prediletto da Gesù, quegli che durante la cena aveva
posato il capo sul petto di Gesù »(28), nel mistero stesso dell’infinita carità
del Verbo Incarnato, è cosa degna e giusta, equa e salutare, che noi ci
soffermiamo alquanto, Venerabili Fratelli, nella contemplazione di così soave
mistero, affinché, illuminati dalla luce che su di esso riflettono le pagine
del Vangelo, possiamo anche noi esperimentare il felice adempimento del voto
che l’Apostolo formulava scrivendo ai fedeli di Efeso: « Cristo dimori nei
vostri cuori per mezzo della fede, e voi, radicati e fortificati in amore,
siate resi capaci di comprendere con tutti i santi quali siano la larghezza e
la lunghezza e l’altezza e la profondità, e intendere quest’amore di Cristo che
sorpassa ogni scienza, affinché siate ripieni di tutta la pienezza di Dio »(29).
Il Mistero della Divina
Redenzione, infatti, è propriamente e naturalmente un mistero di amore: un
mistero, cioè, di amore giusto da parte di Cristo verso il Padre celeste, cui
il sacrificio della Croce, offerto con animo amante ed obbediente, presenta una
soddisfazione sovrabbondante ed infinita per le colpe del genere umano: «Cristo,
soffrendo per carità ed ubbidienza, offrì a Dio qualche cosa di maggior valore,
che non esigesse la compensazione per tutte le offese a Dio fatte dal genere
umano »(30). Inoltre, il Mistero della Redenzione è un mistero di amore
misericordioso dell’Augusta Trinità e del Redentore divino verso l’intera
umanità, poiché questa, essendo del tutto incapace di offrire a Dio una
soddisfazione degna per i propri delitti(31), Cristo, mediante le inscrutabili
ricchezze di meriti, che si acquistò con l’effusione del suo preziosissimo
Sangue, poté ristabilire e perfezionare quel patto di amicizia tra Dio e gli
uomini, ch’era stato una prima volta violato nel Paradiso terrestre per colpa
di Adamo, e poi innumerevoli volte per le infedeltà del Popolo Eletto.
Pertanto il Divin
Redentore — nella sua qualità di legittimo e perfetto Mediatore nostro —
avendo, sotto lo stimolo di una accesissima carità per noi, conciliato
perfettamente i doveri e gli impegni del genere umano con i diritti di Dio, è
stato indubbiamente l’autore di quella meravigliosa conciliazione tra la divina
giustizia e la divina misericordia, che costituisce appunto l’assoluta
trascendenza del mistero della nostra salvezza, così sapientemente espressa
dall’Angelico Dottore in queste parole: «Giova osservare che la liberazione
dell’uomo, mediante la passione di Cristo, fu conveniente sia alla sua
misericordia che alla sua giustizia. Alla giustizia anzitutto, perché con la
sua passione Cristo soddisfece per la colpa del genere umano: e quindi per la
giustizia di Cristo l’uomo fu liberato. Alla misericordia, poi, poiché, non
essendo l’uomo in grado di soddisfare per il peccato inquinante tutta l’umana
natura, Dio gli donò un riparatore nella persona del Figlio suo. Ora questo fu
da parte di Dio un gesto di più generosa misericordia, che se Egli avesse
perdonato i peccati senza esigere alcuna soddisfazione. Perciò sta scritto: “
Dio, ricco di misericordia, per il grande amore che ci portava pur essendo noi
morti per le nostre colpe, ci richiamò a vita in Cristo” »(32).
Ma, affinché possiamo
veramente, per quanto è consentito a uomini mortali, « comprendere con tutti i
santi, quali siano la larghezza e la lunghezza e l’altezza e la profondità(33)
dell’arcana carità del Verbo Incarnato verso il suo celeste Padre e verso gli
uomini macchiati di tante colpe; occorre tener ben presente che il suo amore
non fu unicamente spirituale, come si addice a Dio, poiché « Iddio è
spirito »(34). Indubbiamente d’indole puramente spirituale fu l’amore
nutrito da Dio per i nostri progenitori e per il popolo ebraico; perciò, le
espressioni di amore umano, sia coniugale che paterno, che si leggono nei
Salmi, negli scritti dei Profeti e nel Cantico dei Cantici, sono indizi e
simboli di una dilezione verissima ma del tutto spirituale, con la quale Dio
amava il genere umano; al contrario, l’amore che spira dal Vangelo, dalle
lettere degli Apostoli e dalle pagine dell’Apocalisse, dov’è descritto altresì
l’amore del Cuore di Gesù Cristo, non comprende soltanto la carità divina, ma
si estende ai sentimenti dell’affetto umano. Per chiunque fa professione di
fede cattolica è questa una verità inconcussa. Il Verbo di Dio, infatti,
non ha assunto un corpo illusorio e fittizio, come già nel primo secolo dell’era
cristiana osarono affermare alcuni eretici, attirandosi la severa condanna
dell’apostolo S. Giovanni: «Poiché sono usciti per il mondo molti seduttori, i
quali non confessano che Gesù Cristo sia venuto nella carne. Questo è il
seduttore e l’anticristo »(35); ma Egli ha unito alla sua divina Persona
una natura umana individua, integra e perfetta, concepita nel seno purissimo di
Maria Vergine per virtù dello Spirito Santo(36). Niente dunque mancò alla
natura umana assunta dal Verbo di Dio; in verità, Egli la possedette senza
alcuna diminuzione, senza alcuna alterazione, tanto nei suoi elementi
costitutivi spirituali quanto nei corporali, vale a dire: dotata di
intelligenza e di volontà, e delle altre facoltà conoscitive interne ed
esterne; dotata parimenti delle potenze affettive sensitive e di tutte le loro
corrispondenti passioni. È questo l’insegnamento della Chiesa Cattolica,
sanzionato e solennemente confermato dai Romani Pontefici e dai Concili
Ecumenici: « Integro nelle sue proprietà, integro nelle nostre »(37);
« perfetto nella Divinità ed Egli stesso perfetto nell’umanità »(38); « tutto
Dio (fatto) uomo, e tutto l’uomo (sussistente in) Dio »(39).
Non essendovi allora
alcun dubbio che Gesù Cristo abbia posseduto un vero corpo umano, dotato di
tutti i sentimenti che gli sono propri, tra i quali ha chiaramente il primato
l’amore, è altresì verissimo che Egli fu provvisto di un cuore fisico, in tutto
simile al nostro, non essendo possibile che la vita umana, priva di questo
eccellentissimo membro del corpo, abbia la sua connaturale attività affettiva.
Pertanto il Cuore di Gesù Cristo, unito ipostaticamente alla Persona divina del
Verbo, dovette indubbiamente palpitare d’amore e di ogni altro affetto
sensibile; questi sentimenti, però, erano talmente conformi e consonanti con la
volontà umana, ricolma di carità divina, e con lo stesso infinito amore, che il
Figlio ha comune con il Padre e con lo Spirito Santo, che mai tra questi tre
amori s’interpose alcunché di contrario e discorde(40).
Tuttavia, il fatto che il
Verbo di Dio abbia assunto una vera e perfetta natura umana, e si sia plasmato
e quasi modellato un cuore di carne, che, non meno del nostro, fosse capace di
soffrire e di essere trafitto, questo fatto, diciamo, se non è visto e considerato
nella luce, la quale emana non solo dall’unione ipostatica e sostanziale, ma
anche dalla verità della umana Redenzione, ch’è, per così dire, il complemento
di quella, potrebbe ad alcuni apparire « scandalo » e « stoltezza »,
come infatti tale sembrò « Cristo Crocifisso » ai Giudei e ai
Gentili(41). Orbene, i Simboli della fede, perfettamente concordi con le Divine
Scritture, ci assicurano che il Figlio Unigenito di Dio ha assunto la natura
passibile e mortale in vista principalmente del Sacrificio cruento della croce,
che Egli desiderava offrire allo scopo di compiere l’opera dell’umana salute. È
questo del resto, l’insegnamento espresso dall’Apostolo delle genti: « Poiché
sia chi santifica sia i santificati provengono tutti da uno; è per questo che
non ha scrupolo di chiamarli fratelli dicendo: « Annunzierò il tuo nome ai miei
fratelli ». E ancora: « Eccomi, io e i figlioli che Dio mi ha
dato ». Poiché dunque i figliuoli partecipano del sangue e della carne,
anch’egli ugualmente ne ebbe parte… « Ond’è ch’egli doveva in tutto essere
fatto simile ai suoi fratelli, per diventare misericordioso e fedele sacerdote
nelle cose divine, affinché fossero espiate le colpe del popolo. Perché appunto
per essere stato provato lui e avere sofferto, per questo può venire in aiuto a
quelli che sono nella prova »(42).
I Santi Padri, veridici
testimoni della divina rivelazione, ben compresero, dietro il chiaro
insegnamento dell’Apostolo Paolo, che il mistero dell’amore divino è in pari
tempo il fondamento e il culmine sia dell’Incarnazione, sia della Redenzione.
Infatti, nei loro scritti sono frequenti e luminosi i passi, nei quali si
legge che lo scopo per cui Gesù Cristo assunse una natura umana integra e un
corpo caduco e fragile come il nostro, fu appunto quello di provvedere alla
nostra salvezza e di manifestare a noi nel modo più evidente il suo amore
infinito, compreso quello sensibile.
San Giustino, quasi
facendo eco alle parole dell’Apostolo, scrive: « Noi adoriamo ed amiamo il
Verbo, nato dall’ingenito e ineffabile Dio; Egli in verità si è fatto uomo per
noi, affinché, resosi partecipe delle nostre umane affezioni, recasse ad esse
il rimedio »(43). San Basilio, poi, il primo dei tre Padri Cappadoci,
afferma decisamente che gli affetti sensibili di Cristo furono ad un tempo veri
e santi: « Benché sia a tutti noto che il Signore ha assunto gli affetti
naturali per confermare la realtà dell’Incarnazione, vera e non fantastica;
tuttavia Egli respinse da sé gli affetti disordinati, che inquinano la purezza
della nostra vita, perché li ritenne indegni della sua incontaminata
divinità »(44). Anche per San Giovanni Crisostomo, il più illustre decoro
della Chiesa Antiochena, le emozioni sensibili, cui andò soggetto il Redentore
divino, cooperarono mirabilmente a comprovare che Egli aveva assunto una natura
umana integra sotto ogni aspetto: « Infatti, se Egli non fosse stato
composto della nostra natura, non avrebbe pianto per ben due volte »(45).
Fra i Padri Latini
meritano di essere ricordati coloro, che la Chiesa onora oggi tra i principali
suoi Dottori. Così Sant’Ambrogio vede nell’unione ipostatica la sorgente
naturale delle affezioni e commozioni sensibili, cui andò soggetto il Verbo di
Dio fatto uomo: « Pertanto, poiché Egli assunse l’anima, ne assunse
parimente le passioni; in quanto Dio, infatti, com’Egli era, non avrebbe potuto
né turbarsi né morire »(46). Anche San Girolamo dall’esistenza in Cristo
di quelle affezioni sensibili trae l’argomento più persuasivo per asserire
ch’Egli aveva realmente assunto l’umana natura: Il Signor nostro, per
manifestare che aveva veramente unito alla sua Persona la natura dell’uomo,
soggiacque veramente alla tristezza(47).
Sant’Agostino poi con
particolare insistenza rileva l’intimo nesso che esiste tra le affezioni
sensibili del Verbo Incarnato e il fine dell’umana redenzione: « Ora il
Signore Gesù assunse questi sentimenti della fragile natura umana, come la
carne stessa che fa parte dell’inferma natura dell’uomo, e la morte dell’umana
carne, non spinto da bisogno della sua condizione divina, ma stimolato dalla
sua libera volontà di usarci misericordia; allo scopo, cioè, di offrire in se
stesso il modello da imitare al suo corpo, che è la Chiesa, di cui si degnò di
farsi capo, vale a dire, alle sue membra, che sono i suoi santi e i suoi
fedeli; in modo che se ad alcuno di loro, sotto l’assalto delle umane
tentazioni, accadesse di rattristarsi e soffrire, non per ciò stimasse di
essersi sottratto all’influsso della sua grazia; e comprendesse che tali
affezioni non sono di per sè peccati, ma solo indizi dell’ umana passibilità.
Così il suo Mistico Corpo, simile ad un coro di voci che s’accorda a quella di
chi dà l’intonazione, avrebbe imparato dal suo proprio Capo »(48).
Più concisamente, ma non
meno efficacemente dei precedenti, manifestano la dottrina della Chiesa i
seguenti testi di San Giovanni Damasceno: «Certamente, tutto Dio ha assunto
tutto ciò ch’è in me uomo, e tutto si è unito a tutto, affinché arrecasse la
salvezza a tutto l’uomo. Poiché, altrimenti, non avrebbe potuto essere sanato
ciò che non fosse stato assunto »(49). « Cristo dunque, assunse tutti
gli elementi componenti l’umana natura, affinché li santificasse tutti »(50).
È doveroso tuttavia
riconoscere che né gli Autori sacri, né i Padri della Chiesa, sia nei testi
riferiti che in molti altri simili, pur affermando chiaramente la realtà delle
affezioni sensibili, che commovevano l’animo di Gesù Cristo, e pur mettendo in
stretto rapporto l’assunzione dell’umana natura con lo scopo della nostra
eterna salvezza prefissosi da Cristo, mai pongono in esplicito rilievo il nesso
esistente tra quegli stessi affetti e il cuore fisico del Salvatore, così da
indicare in esso espressamente il simbolo del suo amore infinito.
Ma, se gli Evangelisti e
gli altri scrittori ecclesiastici non ci rivelano direttamente gli effetti vari
che nel ritmo pulsante del Cuore del Redentore nostro, non meno vivo e
sensibile del nostro, dovettero indubbiamente produrre le passioni del suo animo
e il ridondante amore della sua duplice volontà, divina ed umana, essi mettono
però in evidenza l’amore e tutti gli altri sentimenti con esso connessi, cioè:
il desiderio, la letizia, la tristezza, il timore, l’ira, secondo che si
manifestavano attraverso il suo sguardo, le parole, i gesti. E principalmente
il Volto adorabile del Salvatore nostro dovette apparire l’indice e quasi lo
specchio fedelissimo di quelle affezioni, che, commovendo in vari modi il suo
animo, a somiglianza di onde che si ripercuotono sulle opposte rive,
raggiungevano il suo Cuore santissimo e ne eccitavano i battiti. In verità,
anche a proposito di Cristo vale quanto l’Angelico Dottore, ammaestrato dalla
comune esperienza, osserva in materia di psicologia umana e dei fenomeni ad
essi connessi: «Il turbamento prodotto dall’ira raggiunge anche le membra
esterne; e soprattutto si fa notare in quelle membra, nelle quali più
apertamente si riflette l’influsso del cuore, come negli occhi, nel volto e
nella lingua »(51).
A buon diritto, dunque,
il Cuore del Verbo Incarnato è considerato come il principale simbolo di quel
triplice amore, col quale il Divino Redentore ha amato e continuamente ama
l’Eterno Padre e l’umanità. Esso, cioè, è anzitutto il simbolo dell’amore, che
Egli ha comune col Padre e con lo Spirito Santo, ma che soltanto in Lui, perché
Verbo fatto carne, si manifesta attraverso il fragile e caduco velo del corpo
umano, « poiché in Esso abita corporalmente tutta la pienezza della
Divinità »(52). Inoltre, il Cuore di Cristo è il simbolo di
quell’ardentissima carità, che, infusa nella sua anima, costituisce la preziosa
dote della sua volontà umana e i cui atti sono illuminati e diretti da una
duplice perfettissima scienza, la beata cioè e l’infusa(53). Finalmente — e ciò
in modo ancor più naturale e diretto — il Cuore di Gesù è il simbolo del suo
amore sensibile, giacché il corpo del Salvatore divino, plasmato nel seno
castissimo della Vergine Maria per influsso prodigioso dello Spirito Santo,
supera in perfezione e quindi in capacità percettiva ogni altro organismo
umano(54).
Edotti allora dai Sacri
Testi e dai simboli di fede della perfetta consonanza ed armonia regnante
nell’anima santissima di Gesù Cristo, e dell’aver Egli diretto al fine della
nostra Redenzione tutte le manifestazioni del suo triplice amore, noi possiamo
con ogni sicurezza contemplare e venerare nel Cuore del Divin Redentore
l’immagine eloquente della sua carità e il documento dell’avvenuta nostra
redenzione, come pure quasi la mistica scala per salire all’amplesso di « Dio
Salvatore nostro »(55). Perciò nelle parole, negli atti, negli
insegnamenti, nei miracoli e specialmente nelle opere che più luminosamente
testimoniano il suo amore per noi — come l’istituzione della divina Eucaristia,
la sua dolorosa Passione e Morte, la donazione della sua Santissima Madre, la
fondazione della Chiesa, la missione dello Spirito sugli Apostoli e su tutti i
credenti — in tutte queste opere, ripetiamo, noi dobbiamo ammirare altrettante
testimonianze del suo triplice amore; e meditare i battiti del suo Cuore, con i
quali sembrò che Egli misurasse gli attimi di tempo del suo pellegrinaggio
terreno, fino al supremo istante, in cui, come ci attestano gli Evangelisti:
« Gesù, dopo aver di nuovo gridato con gran voce, disse: È compiuto. E
chinato il capo, rese lo spirito »(56). Fu allora che il battito del suo
Cuore si arrestò, e il suo amore sensibile rimase come sospeso fino all’istante
della Risurrezione gloriosa. Unitasi quindi nuovamente l’anima del Redentore
vittorioso della morte al suo corpo glorificato, il Cuore suo
Sacratissimo riprese il suo battito regolare e da allora non ha mai cessato né
cesserà di significare, con ritmo ormai divenuto per sempre calmo e
imperturbabile, il triplice amore che vincola il Figlio di Dio al suo celeste
Padre e all’intera comunità umana, di cui è, con pieno diritto, il Mistico
Capo.
III
Ed ora, Venerabili
Fratelli, al fine di cogliere più abbondanti frutti da queste nostre tanto
consolanti riflessioni, indugiamo alquanto nella contemplazione dell’intima
partecipazione avuta dal Cuore del Salvatore nostro Gesù Cristo alla sua vita
affettiva umana e divina, durante il periodo della sua vita terrena, e della
partecipazione che Esso ha al presente ed avrà per tutta l’eternità. È alle
pagine del Vangelo che noi domanderemo principalmente la luce per inoltrarci
nel santuario di questo Cuore divino, dove potremo ammirare con l’Apostolo
delle genti: « immensa ricchezza della grazia [di Dio], nella benignità
verso di noi in Cristo Gesù »(57).
Palpita d’amore il Cuore
adorabile di Gesù Cristo, all’unisono con il suo amore umano e divino,
allorché, come ci rivela l’Apostolo, non appena la Vergine Maria ha pronunziato
il suo magnanimo « Fiat », il Verbo di Dio: « entrando nel
mondo, dice: “Tu non hai voluto sacrificio né offerta, ma mi hai preparato un
corpo: olocausto anche per il peccato tu non gradisti: allora dissi: — Ecco io
vengo — (giacché di me si parla all’inizio del libro) — per compiere, o Dio, la
tua volontà ”… E in questa volontà noi siamo santificati per l’offerta del
corpo di Gesù Cristo, una volta per sempre »(58).
Palpitava altresì d’amore
il Cuore del Salvatore, sempre in perfetta armonia con gli affetti della sua
volontà umana e con il suo amore divino, quando Egli intesseva celestiali colloqui
con la sua dolcissima Madre, nella casetta di Nazaret, e col suo padre putativo
Giuseppe, cui obbediva prestandosi come fedele collaboratore nel faticoso
mestiere del falegname Parimente palpitava d’amore il Cuore di Cristo, ancora
in pieno accordo col suo duplice amore spirituale, nelle continue sue
peregrinazioni apostoliche; nel compiere gli innumerevoli prodigi
d’onnipotenza, con i quali o risuscitava i morti, o ridonava la salute ad ogni
sorta di infermi; nel sopportare fatiche, il sudore, la fame, la sete; nelle
lunghe veglie notturne trascorse in preghiera al cospetto del celeste suo
Padre; e, infine, nel pronunziare i discorsi, e nel proporre e spiegare le
parabole, specialmente quelle che più ci parlano della sua misericordia, come
la parabola della dramma perduta, della pecorella smarrita e del figliuol
prodigo. E veramente, anche attraverso le parole di Dio, come osserva San
Gregorio Magno, si è manifestato il Cuore di Dio: «Intuisci il Cuore di Dio
nelle parole di Dio, affinché più ardentemente esperimenti l’attrattiva dei
beni eterni »(59).
Palpitava ancor più
d’amore il Cuore di Gesù Cristo, quando dalle di Lui labbra uscivano accenti
ispirati ad ardentissimo amore. Così, ad esempio, quando dinanzi allo
spettacolo di turbe stanche ed affamate, esclamava: « Ho compassione di
questo popolo »(60); e, nel rimirare la prediletta città di Gerusalemme
votata all’estrema rovina a causa della propria ostinazione, le rivolgeva
questo accorato rimprovero: « Gerusalemme, Gerusalemme, che uccidi i
profeti e lapidi coloro che ti sono mandati, quante volte io pure volli adunare
i tuoi figliuoli come la gallina raduna i suoi pulcini sotto le ali, e tu non
hai voluto! »(61). Palpitava ancora di amore e di santo sdegno il suo
Cuore nel veder il sacrilego commercio che si faceva nel tempio, ond’è che
rivolse ai profanatori queste severe parole: « Sta scritto: “ La mia casa
sarà chiamata casa d’orazione ”, e voi l’avete ridotta una spelonca di
ladri »(62).
Ma particolarmente di
amore e di timore palpitò il Cuore di Gesù nella imminenza dell’ora della
Passione, allorché, provando naturale ripugnanza dinanzi al dolore e alla morte
ormai incombenti, esclamò: « Padre mio: se è possibile passi da me questo
calice! »(63); palpitò poi di amore e di intensa afflizione quando, al
bacio del traditore, Egli oppose quelle sublimi parole, che suonarono come un
ultimo invito rivolto dal misericordiosissimo suo Cuore all’amico, che con
animo empio, fedifrago e sommamente ostinato si accingeva a consegnarlo nelle
mani dei carnefici: « Amico, a che sei venuto? Con un bacio tradisci il
Figliuol dell’uomo? »(64); palpiti invece di tenero amore e di profonda
commiserazione furono quelli che commossero il Cuore del Salvatore, allorché
alle pie donne, che ne compiangevano l’immeritata condanna al tremendo
supplizio della croce, diresse queste parole: « Figlie di Gerusalemme, non
piangete su me, ma piangete su voi stesse e sui vostri figliuoli… Perché, se si
tratta così il legno verde, che ne sarà del secco? »(65).
Ma è soprattutto sulla
croce che il Divin Redentore sente il suo Cuore, divenuto quasi torrente
impetuoso, ridondare dei sentimenti più vari; cioè di amore ardentissimo, di
angoscia, di compassione, di acceso desiderio, di quiete serena, come ci
manifestano apertamente le seguenti sue memorande parole: « Padre, perdona
loro, perché non sanno quel che fanno »(66); « Dio mio, Dio mio,
perché mi hai abbandonato? »(67); « Ti dico in verità: oggi sarai
meco in paradiso »(68); « Ho sete »(69); « Padre, nelle tue
mani raccomando lo spirito mio »(70).
E chi potrebbe degnamente
descrivere i palpiti del Cuore divino del Salvatore, indizi certi del suo
infinito amore, nei momenti in cui Egli offriva all’umanità i suoi doni più
preziosi: Se stesso nel Sacramento dell’Eucaristia, la sua Santissima Madre e
il Sacerdozio?
Ancor prima di mangiare
l’Ultima Cena con i suoi discepoli, al solo pensiero dell’istituzione del
Sacramento del suo Corpo e del suo Sangue, la cui effusione avrebbe sancito la
Nuova Alleanza, il Cuore di Gesù aveva avuto fremiti di intensa commozione, da
Lui rivelati agli Apostoli con queste parole: « Ho desiderato ardentemente
di mangiare questa Pasqua con voi, prima di patire »(71); ma la sua
commozione dovette raggiungere il colmo, allorché « prese del pane, rese
grazie, lo spezzò e lo diede loro, dicendo: «Questo è il mio corpo, il quale è
dato a voi; fate questo in memoria di me ». E così fece col calice, dopo
aver cenato. dicendo: «Questo calice è il nuovo patto nel sangue mio, che sarà
sparso per voi »(72).
Si può quindi a buon
diritto affermare che la divina Eucaristia, sia come Sacramento che come
Sacrificio, di cui Egli stesso è dispensatore e immolatore mediante i suoi
Ministri « da dove sorge il sole fin dove tramonta »(73), come pure
il Sacerdozio, sono doni palesi del Cuore Sacratissimo di Gesù.
Ma anche Maria, l’alma
Madre di Dio e Madre nostra amantissima, è un dono preziosissimo del Cuore
Sacratissimo di Gesù. Era giusto, infatti, che Colei, che era stata la
Genitrice del Redentore nostro secondo la carne, ed a Lui era stata associata
nell’opera di rigenerazione dei figli di Eva alla vita della grazia, fosse da
Gesù stesso proclamata Madre spirituale dell’intera umanità.
Ben a ragione quindi,
scrive di Lei Sant’Agostino: « Indubbiamente Ella è madre delle membra del
Salvatore, che siamo noi, poiché con la sua carità ha cooperato affinché
avessero la vita nella Chiesa i fedeli, che di quel Capo sono le membra »(74).
Non contento del dono
incruento di sé, sotto le specie del pane e del vino, il Salvatore nostro Gesù
Cristo vi volle aggiungere, come suprema testimonianza della sua profonda,
infinita dilezione, il Sacrificio cruento della Croce. Così facendo, Egli dava
l’esempio di quella sublime carità, che aveva indicato ai suoi discepoli come
meta finale dell’amore con queste parole: « Nessuno ha un amore più grande
di questo, di uno che dia la vita per i suoi amici »(75). Pertanto,
l’amore di Gesù Cristo Figlio di Dio svela nel Sacrificio del Golgota, e nel
modo più eloquente, l’amore stesso di Dio: « Da questo abbiamo conosciuto
la carità di Dio, perché Egli ha dato la sua vita per noi, e così noi dobbiamo
dare la nostra vita per i fratelli »(76). E in realtà, il nostro divin
Redentore è stato confitto al legno della Croce più dalla veemenza interiore
del suo amore che dalla brutale violenza esterna dei suoi carnefici; e il suo
volontario olocausto è il dono supremo che il suo Cuore ha fatto ad ogni
singolo uomo, secondo la incisiva sentenza dell’Apostolo: « (Il) Figlio di
Dio… mi ha amato e ha dato se stesso per me »(77).
Non vi può essere dunque
alcun dubbio che il Cuore sacratissimo di Gesù, compartecipe così intimo della
vita del Verbo Incarnato, e perciò assunto quasi a strumento congiunto della
Divinità, non meno delle altre membra dell’umana natura(78) nel compimento di
tutte le sue opere di grazia e di onnipotenza, sia anche divenuto il simbolo
legittimo di quella immensa carità, che spinse il Salvatore nostro a celebrare
nel sangue il suo mistico matrimonio con la Chiesa: « Egli ha accettato la
Passione, per l’ardente desiderio che aveva di unire a sé la Chiesa come sua
Sposa »(79). La Chiesa, quindi, vera ministra del Sangue della Redenzione,
è nata dal Cuore trafitto del Redentore; e dal medesimo è parimente sgorgata in
sovrabbondante copia la grazia dei Sacramenti, che trasfonde nei figli della
Chiesa la vita eterna, come ben ci ricorda la sacra Liturgia: « Dal Cuore
trafitto nasce la Chiesa a Cristo congiunta… Tu, che dal Tuo Cuore fai sgorgare
la grazia »(80).
Di questo simbolismo, non
ignoto nemmeno agli antichi Padri e scrittori ecclesiastici, il Dottore Comune,
facendosi loro fedele interprete, scrive: « Dal lato di Cristo sgorgano
l’acqua, simbolo di spirituale abluzione, e il sangue, simbolo di redenzione.
Perciò il sangue ben si addice al sacramento dell’Eucaristia; l’acqua, invece,
al sacramento del Battesimo, che però mutua la sua virtù abluente dalla virtù
del sangue di Cristo »(81). A questo simbolismo del lato di Cristo,
trafitto ed aperto dalla lancia del soldato, non è certamente estraneo il suo
Cuore stesso, che indubbiamente dovette essere raggiunto dal colpo violento,
vibrato allo scopo di accertare la morte di Gesù Cristo crocifisso. Pertanto,
la ferita del Cuore Sacratissimo di Gesù, ormai spirato, doveva rimanere nei
secoli la vivida immagine di quella spontanea carità, che aveva indotto Dio
stesso a dare il suo Unigenito per la redenzione degli uomini, e con la quale
Cristo amò noi tutti con amore sì veemente, da offrirsi come vittima
d’immolazione cruenta sul Calvario: « Cristo amò noi, e diede se stesso
per noi, oblazione e sacrifizio a Dio, profumo di soave odore »(82).
Dopo che il Salvatore
nostro ascese al cielo e si assise alla destra del Padre nello splendore della
sua umanità glorificata, non ha cessato di amare la Chiesa, sua sposa, anche con
quell’ardentissimo amore, che palpita nel suo Cuore. Egli, infatti, ascese al
cielo recando nelle ferite delle mani, dei piedi e del costato i trofei
luminosi della sua triplice vittoria: sul demonio, sul peccato e sulla morte; e
recando altresì nel suo Cuore, come riposti in un preziosissimo scrigno, quegli
immensi tesori di meriti, frutti del suo triplice trionfo, che adesso dispensa
in larga copia al genere umano redento. È questa la verità consolante, di cui
si fa assertore l’Apostolo delle genti, quando scrive: « Ascendendo in
alto portò via schiava la schiavitù, dette donativi agli uomini… Il discendente
è lo stesso che l’ascendente sopra tutti i cieli, affinché riempisse tutte le
cose »(83).
La donazione dello
Spirito Santo, fatta ai discepoli, è il primo segno perspicuo della munifica
carità del Salvatore dopo la sua trionfale ascensione sino alla destra del
Padre. Infatti, dopo dieci giorni lo Spirito Paraclito dato dal Padre discende
su gli apostoli radunati nel Cenacolo, secondo che Gesù aveva promesso
nell’Ultima Cena: «Io pregherò il Padre ed egli vi darà un altro Paraclito
perché rimanga in eterno con voi »(84). Il quale Spirito Paraclito,
essendo l’Amore mutuo, personale, col quale il Padre ama il Figlio e il Figlio
il Padre, da ambedue è inviato, e sotto il simbolo di lingue di fuoco investe
gli animi dei discepoli con l’abbondanza della divina carità e degli altri
celesti carismi. Ma questa infusione di superna carità emana altresì dal
Cuore del Salvatore nostro, « in cui sono riposti tutti i tesori della
sapienza e della scienza »(85).
La carità divina,
pertanto, è dono ad un tempo del Cuore di Gesù e del suo Spirito. A questo
comune Spirito del Padre e del Figlio si devono in primo luogo e l’origine
della Chiesa e la sua mirabile propagazione in mezzo a tutte le genti pagane,
prima dominate dall’idolatria, dall’odio fraterno, dalla corruzione dei costumi
e dalla violenza. È la carità divina, dono preziosissimo del Cuore di Cristo e
del suo Spirito, che ha ispirato agli Apostoli e ai Martiri la fortezza eroica
nel predicare e testimoniare la verità del Vangelo sino all’effusione del
sangue; ai Dottori della Chiesa lo zelo ardente per la chiarificazione e la
difesa della fede cattolica; ai Confessori la pratica delle più elette virtù e
il compimento delle imprese più utili e più ammirabili, proficue alla propria
santificazione e alla salute spirituale e corporale del prossimo; alle Vergini,
infine, la rinunzia pronta e gioconda a tutte le delizie dei sensi, allo scopo
di consacrarsi unicamente all’amore del celeste Sposo.
È a questa divina carità,
che ridondando dal Cuore del Verbo Incarnato si riversa per opera dello Spirito
Santo negli animi di tutti i credenti, che l’Apostolo delle genti scioglie
quell’inno di vittoria, che celebra in pari tempo il trionfo di Gesù Cristo
Capo e dei membri del suo Mistico Corpo su quanto ostacola l’instaurazione del
Regno Divino dell’amore fra gli uomini: «Chi ci separerà dall’amore di Cristo?
la tribolazione o l’angoscia o la fame o la nudità, o il pericolo, o la
persecuzione, o la spada?… Ma in tutte queste cose siamo più che vincitori per
opera di Colui che Ci ha amato. Poiché io son persuaso che né morte, né vita,
né angeli, né principati, né virtù, né cose attuali né future, né potestà, né
altezza, né profondità, né alcun altra creatura potrà separarci dall’amore di
Dio in Cristo Gesù Signor Nostro »(86).
Nulla dunque ci vieta di
adorare il Cuore sacratissimo di Gesù, in quanto è compartecipe e il simbolo
più espressivo di quella inesausta carità, che il Divin Redentore nutre tuttora
per il genere umano. Esso, infatti, benché non sia più soggetto ai turbamenti
della vita presente, è sempre vivo e palpitante, e in modo indissolubile è
unito alla Persona del Verbo di Dio e, in essa e per essa, alla divina sua
volontà.
Perciò, essendo il Cuore
di Cristo ridondante di amore divino ed umano, e ricolmo dei tesori di tutte le
grazie, conquistati dal Redentore nostro con i meriti della sua vita, delle sue
sofferenze e della sua morte, è senza dubbio la sorgente di quella perenne
carità, che il suo Spirito diffonde in tutte le membra del suo Corpo Mistico.
Nel Cuore pertanto del
Salvatore nostro vediamo in qualche modo riflessa l’immagine della divina
Persona del Verbo, come pure l’immagine della sua duplice natura, l’umana cioè
e la divina; e vi possiamo ammirare non soltanto il simbolo ma anche, per così
dire, la sintesi di tutto il mistero della nostra redenzione. Adorando il Cuore
sacratissimo di Gesù in esso e per esso noi adoriamo sia l’amore increato del
Verbo Divino, sia il suo amore umano con tutti gli altri suoi affetti e virtù,
poiché e quello e questo spinsero il nostro Redentore ad immolarsi per noi e
per tutta la Chiesa sua Sposa, conforme alla sentenza dell’Apostolo «Cristo amò
la Chiesa e diede se stesso per lei al fine di santificarla, purificandola col
lavacro dell’acqua mediante la parola di vita, per far comparire davanti a sé,
gloriosa, la Chiesa, affinché sia senza macchia, senza ruga o altra cosa
siffatta, ma anzi santa e immacolata »(87).
Come Cristo ha amato la
Chiesa, così Egli l’ama tuttora intensamente con quel triplice amore, di cui
abbiamo parlato; ed è appunto questo amore che lo stimola a farsi nostro
avvocato, per conciliarci dal Padre grazia e misericordia, « essendo
sempre vivo, sì da poter intercedere in nostro favore »(89). La preghiera
che erompe dal suo inesauribile amore, diretta al Padre, non soffre alcuna
interruzione.
Come « nei giorni
della sua vita nella carne »(90), così ora ch’è trionfante nei Cieli, Egli
supplica il Padre con non minore efficacia; ed a Colui, che « ha talmente
amato il mondo da dare il suo Figliuolo unigenito, affinché chiunque crede in
Lui non perisca, ma abbia la vita eterna »(91). Egli mostra il suo Cuore
vivo e ferito dall’amore, ben più profondamente che non lo sia stato, ormai
esanime, dal colpo di lancia del soldato romano: « Per questo è stato
trafitto [il tuo Cuore] affinché, attraverso la ferita visibile, vedessimo la
ferita invisibile dell’amore »(92).
Non vi può essere dunque
alcun dubbio che, supplicato da tanto Avvocato e con sì veemente amore, il
Padre celeste, « che non risparmiò il proprio Figlio, ma per tutti noi lo
diede »(93), profonderà incessantemente su tutti gli uomini le sue grazie
divine.
IV
Abbiamo voluto,
Venerabili Fratelli, proporre alla considerazione vostra e del popolo
cristiano, nelle sue linee generali, l’intima natura e le perenni ricchezze del
culto al Cuore Sacratissimo di Gesù, richiamandoci alla dottrina della divina
rivelazione, come alla sua primaria sorgente. Siamo pertanto convinti che
queste Nostre riflessioni, dettateci dall’insegnamento stesso del Vangelo,
abbiano chiaramente mostrato come questo culto s’identifichi, in sostanza, col
culto all’amore divino e umano del Verbo Incarnato e, anche, col culto
all’amore stesso che anche il Padre e lo Spirito Santo nutrono verso gli uomini
peccatori. Poiché, come osserva l’Angelico Dottore, la carità delle Tre
Divine Persone sta al principio e alle origini del mistero dell’umana
Redenzione, in quanto, influendo essa potentemente sulla volontà umana di Gesù
Cristo, e ridondando quindi nel suo Cuore adorabile, gli ispirò un identico
amore, che l’indusse a dare generosamente il suo Sangue, affinché ci
riscattasse dalla servitù del peccato(94): « Io devo ancora essere
battezzato con un battesimo, e come sono angustiato finché esso non si
compia! »(95).
È per altro Nostra
persuasione che il culto tributato all’amore di Dio e di Gesù Cristo verso il
genere umano attraverso il simbolo augusto del Cuore trafitto del Redentore,
non sia mai stato completamente assente dalla pietà dei fedeli, benché abbia
avuto la sua chiara manifestazione e la sua mirabile propagazione nella Chiesa
in tempi da noi non molto remoti, soprattutto dopo che il Signore stesso si
degnò di scegliere alcune anime predilette, cui svelò i segreti divini di
questo culto e che Egli elesse a messaggere del medesimo, dopo averle ricolmate
in gran copia di grazie speciali.
Sempre, infatti, vi sono
state anime sommamente a Dio devote, le quali, ispirandosi agli esempi
dell’eccelsa Madre di Dio, degli Apostoli e di illustri Padri della Chiesa,
hanno tributato all’Umanità santissima di Cristo, e in modo speciale alle
Ferite, aperte nel suo corpo dai tormenti della salutifera Passione, il culto
di adorazione, di riconoscenza e di amore.
Del resto, come non
riconoscere nelle parole stesse: « Signore mio e Dio mio! »(96)
pronunziate dall’Apostolo Tommaso e rivelatrici della sua improvvisa
trasformazione da incredulo in fedele, un’aperta professione di fede, di
adorazione e di amore, che dall’umanità piagata del Salvatore si elevava sino
alla maestà della Divina Persona?
Se però il Cuore trafitto
del Redentore dovette sempre esercitare un potente stimolo al culto verso il
suo amore infinito per il genere umano, poiché per i cristiani di tutti i tempi
hanno valore le parole del profeta Zaccaria, riferite al Crocifisso
dall’evangelista San Giovanni: «Vedranno Chi hanno trafitto »(97), è
doveroso tuttavia riconoscere che soltanto gradualmente esso venne fatto
oggetto di un culto speciale, come immagine dell’amore umano e divino del Verbo
Incarnato. Volendo ora soltanto accennare alle tappe gloriose percorse da
questo culto nella storia della pietà cristiana, occorre anzitutto ricordare i
nomi di alcuni di coloro, che ben si possono considerare come gli antesignani
di questa devozione; la quale in forma privata, ma in modo graduale sempre più
vasto, andò diffondendosi in seno agli istituti religiosi. Così, ad esempio,
sono benemeriti del sorgere e dell’espandersi del culto al Cuore Sacratissimo
di Gesù: San Bonaventura, Sant’Alberto Magno, Santa Geltrude, Santa Caterina da
Siena, il Beato Enrico Susone, San Pietro Canisio, San Francesco di Sales. A
San Giovanni Eudes si deve la composizione del primo ufficio liturgico in onore
del Cuore Sacratissimo di Gesù, la cui festa solenne fu per la prima volta
celebrata, col beneplacito di molti Vescovi della Francia, il 20 ottobre 1672.
Ma fra tutti i promotori
di questa nobilissima devozione merita di essere posta in speciale rilievo
Santa Margherita Maria Alacoque, poiché al suo zelo, illuminato e coadiuvato da
quello del suo direttore spirituale, il Beato Claudio de la Colombière, si deve
indubbiamente se questo culto, già così diffuso, ha raggiunto lo sviluppo che
desta oggi l’ammirazione dei fedeli cristiani, e ha rivestito le
caratteristiche di omaggio di amore e di riparazione, che lo distinguono da
tutte le altre forme della pietà cristiana(98).
Basta questo rapido
sguardo ai primordi e al graduale sviluppo del culto al Cuore Sacratissimo di
Gesù, per renderci pienamente convinti che il suo mirabile progresso è dovuto
anzitutto al fatto che esso fu trovato in tutto conforme all’indole della
religione cristiana, che è la religione dell’amore. Tale culto, quindi, non può
dirsi originato da rivelazioni private, né si deve pensare che esso sia apparso
quasi all’improvviso nella vita della Chiesa; ma esso è scaturito
spontaneamente dalla viva fede e dalla fervida pietà, che anime elette
nutrivano verso la persona del Redentore e verso quelle sue gloriose ferite,
che ne testimoniano nel modo più eloquente l’amore immenso dinanzi allo spirito
contemplativo dei fedeli.
Pertanto, le rivelazioni,
di cui fu favorita Santa Margherita Maria, non aggiunsero alcuna nuova verità
alla dottrina cattolica. Ma la loro importanza consiste in ciò che il Signore —
mostrando il suo Cuore Sacratissimo — in modo straordinario e singolare si
degnò di attrarre le menti degli uomini alla contemplazione e alla venerazione
dell’amore misericordiosissimo di Dio per il genere umano. Infatti, mediante
una così eccezionale manifestazione Gesù Cristo espressamente e ripetutamente
indicò il suo Cuore come un simbolo quanto mai atto a stimolare gli uomini alla
conoscenza e alla stima del suo amore; ed insieme lo costituì quasi segno ed
arra di misericordia e di grazia per i bisogni spirituali della Chiesa nei
tempi moderni.
Del resto, una prova
evidente che questo culto trae la sua linfa vitale dalle radici stesse del
dogma cattolico è resa dal fatto che l’approvazione della festa liturgica da
parte della Sede Apostolica ha preceduto quella degli scritti di Santa
Margherita Maria; in realtà, indipendentemente da ogni rivelazione privata, ma
soltanto assecondando i voti dei fedeli, la Sacra Congregazione dei Riti, con
decreto emanato il 25 gennaio dell’anno 1765 e approvato dal Nostro
Predecessore Clemente XIII il 6 febbraio dello stesso anno, concedeva
all’Episcopato della Polonia e all’Arciconfraternita Romana del Sacro Cuore la
facoltà di celebrare la festa liturgica; col quale atto la Santa Sede volle che
prendesse nuovo incremento un culto già vigente e florido, il cui scopo era
quello di « ravvivare simbolicamente il ricordo dell’amore divino »(99),
che aveva indotto il Salvatore a farsi vittima di espiazione per i peccati
degli uomini.
A questo primo
riconoscimento ufficiale, dato sotto forma di privilegio e in misura limitata,
un altro ne seguì a distanza quasi di un secolo, di importanza molto maggiore.
Intendiamo parlare del decreto, già sopra menzionato, emanato dalla Sacra
Congregazione dei Riti il 23 agosto dell’anno 1856, con il quale il
Nostro Predecessore Pio IX, di imm. mem., accogliendo i voti dei Vescovi della
Francia e di quasi tutto il mondo cattolico, estendeva alla Chiesa intera la
festa del Cuore Sacratissimo di Gesù, e ne prescriveva la degna
celebrazione liturgica(100).
Data questa veramente
meritevole di essere raccomandata al perenne ricordo dei fedeli, poiché, come
ben si fa rilevare nella liturgia stessa di tale festività: « Da quel
giorno il culto al Cuore Sacratissimo di Gesù, simile a un fiume ridondante,
superati tutti gli ostacoli, si sparse per tutto il mondo cattolico ». Da
quanto siamo venuti esponendo appare evidente, Venerabili Fratelli, che è nei
testi della Sacra Scrittura, della Tradizione e della Sacra Liturgia, che i
fedeli devono studiarsi principalmente di scoprire le sorgenti limpide e
profonde del culto al Cuore Sacratissimo di Gesù, se desiderano penetrarne
l’intima natura e trarre dalla pia meditazione intorno ad essa alimento ed
incremento del loro religioso fervore. Grazie a questa assidua e altamente
luminosa meditazione l’anima fedele non potrà non giungere a quella soave
conoscenza della carità di Cristo, nella quale è riposta la pienezza della vita
cristiana, come, edotto dalla propria esperienza, insegna l’Apostolo quando
scrive: « In vista di ciò io piego le ginocchia davanti al Padre del
Signor nostro Gesù Cristo… affinché dia a voi, secondo la ricchezza della sua
gloria, di essere per mezzo dello Spirito di lui fortemente corroborati
nell’uomo interiore, e faccia sì che Cristo dimori nei vostri cuori per mezzo
della fede, e voi radicati e fortificati in amore siate resi capaci… di
intendere anche quest’amore di Cristo che sorpassa ogni scienza, affinché siate
ripieni di tutta la pienezza di Dio »(101). Di questa universale pienezza
di Dio è appunto immagine splendidissima il Cuore stesso di Gesù Cristo:
pienezza, cioè, di misericordia, propria della Nuova Alleanza, nella quale
« apparvero la benignità e la filantropia del Salvatore nostro Dio »(102),
poiché: « Dio non ha mandato il Figliuol suo nel mondo per giudicare il
mondo, ma perché il mondo sia salvato per mezzo di lui »(103).
Fu dunque costante
persuasione della Chiesa, maestra agli uomini di verità, fin da quando emanò i
suoi primi atti ufficiali ricordanti il culto del Cuore Sacratissimo di Gesù,
che gli elementi essenziali di esso, cioè gli atti di amore e di riparazione
tributati all’amore infinito di Dio verso gli uomini, lungi dall’essere
inquinati di materialismo e di superstizione, costituiscono una forma
di pietà, in cui si attua perfettamente il culto quanto mai spirituale e
veritiero, preannunziato dal Salvatore stesso nel suo colloquio con la donna
samaritana: «Viene l’ora, ed è questa, in cui i veri adoratori adoreranno il
Padre in ispirito e verità, ché tali sono appunto gli adoratori che il Padre
domanda. Iddio è spirito, e quelli che lo adorano lo devono adorare in ispirito
e verità »(104).
Non è pertanto giusto
dire che la contemplazione del cuore fisico di Gesù impedisce il contatto più
intimo con l’amore di Dio e che essa ritarda il progresso dell’anima sulla via
che conduce al possesso delle più eccelse virtù. La Chiesa respinge senz’altro
questo falso misticismo, come, per bocca del Nostro Predecessore Innocenzo XI
di fel. mem., ha condannato la dottrina di coloro che asserivano: « Non
devono (le anime di questa via interna) compiere atti di amore verso la beata
Vergine, i Santi o l’umanità di Cristo; poiché, essendo tali oggetti sensibili,
anche l’amore che ad essi si porta è sensibile. Nessuna creatura, e nemmeno la
beata Vergine e i Santi, devono albergare nel nostro cuore: perché solo Dio lo
vuole occupare e possedere »(105).
Coloro che così pensano,
sono naturalmente del parere che il simbolismo del Cuore di Cristo non si
estenda oltre la significazione del suo amore sensibile e che quindi non possa
costituire un nuovo fondamento del culto di latria, ch’è riservato soltanto a
ciò che è essenzialmente divino. Ora, una simile concezione del valore
simbolico delle sacre immagini deve apparire ad ognuno del tutto falsa, perché
essa ne coarta a torto il trascendente significato. Diversamente da costoro,
giudicano e insegnano i teologi cattolici di cui esprime la comune sentenza San
Tommaso quando scrive: « Alle immagini vien tributato il culto religioso,
non secondo la considerazione loro assoluta, in quanto cioè sono delle realtà a
sé: ma in quanto sono immagini che ci conducono fino a Dio incarnato. Ora il
movimento dell’animo che ha per oggetto l’immagine, in quanto è immagine, non
si arresta ad essa, ma tende fino all’oggetto da essa rappresentato. Perciò,
per il fatto che alle immagini di Cristo è tributato il culto religioso, non
risulta un culto di latria essenzialmente diverso, né una distinta virtù di
religione »(106). È dunque alla Persona stessa del Verbo Incarnato che
termina il culto relativo tributato alle sue immagini, siano queste le reliquie
della Passione, o il simulacro che tutte le vince per valore espressivo, cioè
il Cuore trafitto di Cristo crocifisso.
Dall’elemento quindi
corporeo, che è il Cuore di Gesù Cristo, e dal suo naturale simbolismo è per
noi legittimo e doveroso ascendere, sorretti dalle ali della fede, non soltanto
alla contemplazione del suo amore sensibile, ma ancora più in alto, fino alla
considerazione e all’adorazione del suo eccellentissimo amore infuso;
finalmente, con un’ultima dolce e più sublime ascesa, elevarci sino alla
meditazione e all’adorazione dell’Amore divino del Verbo Incarnato. Alla luce,
infatti, della fede, per la quale crediamo che nella Persona di Cristo esiste
il connubio tra la natura umana e la divina, la nostra mente è resa idonea a
concepire gli strettissimi vincoli che esistono tra l’amore sensibile del cuore
fisico di Gesù e il suo duplice amore spirituale, l’umano e il divino. In
realtà, questi amori non devono semplicemente considerarsi come coesistenti
nell’adorabile Persona del Divin Redentore, ma anche come tra loro congiunti
con vincolo naturale, in quanto all’amore divino sono subordinati l’umano
spirituale e il sensibile, e questi due ultimi riflettono in se medesimi la
somiglianza analogica del primo. Non si pretende perciò di vedere e di adorare
nel Cuore di Gesù l’immagine così detta formale, cioè il segno proprio e
perfetto del suo amore divino, non essendo possibile che l’intima essenza di
questo sia adeguatamente rappresentata da qualsiasi immagine creata; ma il
fedele, venerando il Cuore di Gesù, adora insieme con la Chiesa il simbolo e
quasi il vestigio della Carità divina, la quale si è spinta fino ad amare anche
col cuore del Verbo Incarnato il genere umano, contaminato da tante colpe.
È necessario quindi tener
sempre presente in questo così importante ma altrettanto delicato argomento,
che la verità del simbolismo naturale, in virtù della quale il Cuore fisico di
Gesù entra in un nuovo rapporto con la Persona del Verbo, riposa tutta sulla
verità primaria dell’unione ipostatica; intorno a cui non si può nutrire alcun
dubbio, se non si vogliono rinnovare gli errori, più volte dalla Chiesa
condannati, perché contrari all’unità di Persona in Cristo, nella distinzione e
integrità delle due nature.
Tale fondamentale verità
ci fa comprendere come il Cuore di Cristo sia il cuore di una persona divina,
cioè del Verbo Incarnato, e che pertanto rappresenta tutto l’amore che Egli ha
avuto ed ha ancora per noi. È proprio per questa ragione che il culto da
tributarsi al Cuore Sacratissimo di Gesù è degno di essere stimato come la
professione pratica di tutto il Cristianesimo. La religione cristiana, infatti,
essendo la religione di Gesù, è tutta imperniata su l’Uomo-Dio Mediatore, così
che non si può giungere al Cuore di Dio se non passando per il Cuore di Cristo,
conforme a quanto Egli ha affermato: « Io sono la via, la verità e la
vita. Nessuno viene al Padre se non per mezzo di me »(107).
Ciò presupposto, è facile
concludere che il culto al Cuore Sacratissimo di Gesù non è in sostanza che il
culto dell’amore che Dio ha per noi in Gesù, ed è insieme la pratica del nostro
amore verso Dio e verso gli altri uomini. In altre parole, tale culto si
propone l’amore di Dio come oggetto di adorazione, di azione di grazie e di
imitazione; ed inoltre considera la perfezione del nostro amore per Iddio e per
il prossimo come la meta da raggiungere mediante la pratica sempre più generosa
del comandamento nuovo, lasciato dal Divino Maestro agli Apostoli quasi in
sacra eredità, allorché disse loro: « Io vi dò il comandamento nuovo:
Amatevi gli uni gli altri, come io ho amato voi… Ecco il mio comandamento:
Amatevi scambievolmente, come io ho amato voi »(108). Comandamento
veramente nuovo e proprio di Cristo, poiché, come osserva l’Aquinate: « La
differenza tra il Nuovo e il Vecchio Testamento e tutta sommata in una breve
parola; come infatti è detto in Geremia: “ Io stringerò con la casa di Israele
una nuova alleanza ” (109). Che poi anche nell’Antico Testamento si praticasse
tale comandamento sotto l’impulso di un timore e di un amore santo, è da
attribuirsi all’influsso del Nuovo Testamento: perciò è vero che questo
comandamento esisteva nell’antica legge, non però come sua prerogativa, ma
piuttosto come preludio e preparazione della nuova »(110).
V
Prima di por fine a così
belle e consolanti riflessioni sull’autentica natura e singolare eccellenza del
culto al Cuore Sacratissimo di Gesù, Noi, pienamente consapevoli dell’ufficio
Apostolico affidato per la prima volta al Beato Pietro, dopo che questi ebbe
reso al Salvatore divino una triplice professione di amore, crediamo opportuno
rivolgere a voi nuovamente, Venerabili Fratelli, e per mezzo vostro a quanti
stimiamo Nostri dilettissimi figli in Cristo, una parola di esortazione,
affinché vi studiate di promuovere questa eccellentissima devozione, dalla
quale attendiamo copiosissimi frutti spirituali anche per i nostri tempi.
In realtà, se gli
argomenti, sui quali si fonda il culto tributato al Cuore trafitto di Gesù,
saranno debitamente ponderati, dovrà ad ognuno apparir manifesto che non si
tratta di una qualsiasi pratica di pietà, che sia lecito posporre ad altre o
tenere in minor conto, ma di una forma di culto sommamente idoneo al
raggiungimento della perfezione cristiana. Poiché, se « la devozione —
secondo il suo concetto teologico tradizionale, espresso dall’Angelico Dottore
— non sembra essere altro che la pronta volontà di dedicarsi a quanto riguarda
il servizio di Dio »(111), quale servizio di Dio più obbligatorio e più
necessario si può immaginare ed in pari tempo più nobile, e dolce, del servizio
reso al suo amore? E quale servizio si può inoltre pensare più gradito ed
accetto a Dio di quello che consiste nell’omaggio alla carità divina, e che
vien reso per amore, dal momento che ogni servizio reso liberamente è, in un
certo senso, un dono, e « l’amore costituisce il primo dono, fonte di ogni
donazione gratuita »(112)?
È degna dunque di essere
tenuta in grande onore quella forma di culto, grazie alla quale l’uomo è in
grado di onorare ed amare maggiormente Dio e di consacrarsi più facilmente e
prontamente al servizio della divina carità; tanto più, poi, se si tiene
presente che il Redentore stesso si è degnato di proporla e di raccomandarla al
popolo cristiano, e i Sommi Pontefici con atti memorandi l’hanno ricolmata di
grandi lodi. Farebbe pertanto cosa temeraria e perniciosa, nonché offensiva per
Iddio, chiunque nutrisse minore stima per un così insigne beneficio elargito da
Gesù Cristo alla sua Chiesa.
Stando così le cose, non
vi può essere alcun dubbio per i fedeli, che, tributando il loro ossequio al
Cuore Sacratissimo del Redentore, essi soddisfano in pari tempo al dovere
gravissimo che hanno di servire Dio e di consacrare al loro Creatore e
Redentore se stessi e tutta la propria attività, sia interna che esterna, e in
tal modo mettono in pratica il precetto divino: « Ama il Signore Dio tuo
con tutto il tuo cuore, con tutta la tua anima, con tutta la tua mente e con
tutta la tua forza »(113). Così facendo, i fedeli sono altresì sicuri di
non avere come principale motivo della loro consacrazione al servizio divino
alcun vantaggio personale corporale o spirituale, temporale o eterno, ma la
bontà stessa di Dio, cui procurano di rendere ossequio con atti di amore, di
adorazione e di debite azioni di grazie. Se così non fosse, il culto al Cuore
Sacratissimo di Gesù non risponderebbe più all’indole genuina della religione
cristiana, poiché allora l’uomo non avrebbe in tale culto soprattutto di mira
l’ossequio da rendere all’amore di Dio; e pertanto dovrebbero essere ritenute
come giuste le accuse di eccessivo amore e di troppa sollecitudine di se
medesimi, mosse a coloro che mal comprendono o meno rettamente praticano una
forma di devozione di per sé nobilissima.
Si deve ritenere da tutti
fermamente che il culto al Cuore Sacratissimo di Gesù non consiste
principalmente in devote pratiche esteriori, né esso deve essere ispirato
anzitutto dalla speranza di propri vantaggi, poiché anche questi benefici il
Salvatore divino li ha assicurati mediante private promesse, affinché gli
uomini fossero spinti a compiere con maggior fervore i principali doveri della
religione cattolica e per ciò stesso provvedessero nel modo migliore al proprio
spirituale vantaggio.
Sproniamo dunque tutti i
Nostri dilettissimi figli in Cristo a praticare con fervore questa devozione,
sia coloro che già sono assuefatti ad attingere le acque salutari che sgorgano
dal Cuore del Redentore, sia specialmente coloro che, a guisa di spettatori,
stanno tuttora osservando con animo curioso ed esitante questo consolante
spettacolo. Riflettano essi attentamente — che si tratta di un culto, come
abbiamo sopra fatto osservare, che già da molto tempo si è diffuso nella Chiesa
e che affonda profondamente le sue radici nelle pagine stesse del Vangelo; di
un culto, che ben si accorda con l’insegnamento della Tradizione e della sacra
Liturgia e che gli stessi Romani Pontefici hanno esaltato con molteplici ed
altissime lodi. Né si contentarono essi di istituire la festa in onore del
Cuore augustissimo del Redentore e di estenderla alla Chiesa universale, ma si
fecero inoltre gli autori della solenne consacrazione di tutto il genere umano
al Sacratissimo Cuore(114). Infine, giova riflettere che questo culto ha in suo
favore una messe di copiosissimi e allietanti frutti spirituali che ne sono
derivati alla Chiesa, cioè: innumerevoli ritorni di anime alla pratica della
religione cristiana, rinvigorimento della fede in molti spiriti, più intima
unione dei fedeli col nostro amabilissimo Redentore; tutti questi frutti,
soprattutto in questi ultimi decenni, sono apparsi in una forma esuberante e
commovente.
Nel contemplare un sì
meraviglioso spettacolo costituito dalla pietà sempre più estesa e fervorosa di
ogni ceto dei fedeli cristiani verso il Cuore Sacratissimo di Gesù, l’animo
Nostro si sente indubbiamente ricolmo di ineffabile conforto; e, dopo aver reso
le dovute grazie al Redentore nostro per i tesori infiniti della sua bontà, non
possiamo tralasciare di esprimere la Nostra paterna compiacenza a tutti coloro,
sia del clero che del laicato, che hanno cooperato efficacemente all’incremento
di questo culto.
Ma, Venerabili Fratelli,
nonostante che la devozione verso il Cuore Sacratissimo di Gesù abbia prodotto
copiosi frutti di spirituale rinnovamento nella vita cristiana, a nessuno può
sfuggire che la Chiesa militante in questo mondo, e soprattutto l’umano
consorzio, non ha raggiunto quella perfezione morale, che risponda ai voti e ai
desideri manifestati da Gesù Cristo, Mistico Sposo della Chiesa e Redentore del
genere umano. Non pochi, infatti, sono i figli della Chiesa che ne deturpano
con numerose macchie e rughe quel volto, che in se medesimi riflettono; non
tutti i fedeli cristiani risplendono per santità di costumi, cui tuttavia sono
divinamente chiamati; non tutti i peccatori sono ritornati alla casa paterna,
per ivi rivestire la veste più bella(115) e ricevere l’anello, simbolo
della propria fedeltà allo sposo dell’anima loro; non tutti gli infedeli sono
stati inseriti come membra nel Corpo Mistico di Cristo. Né ciò basta. Poiché,
se da un lato il Nostro animo è vivamente addolorato dallo spettacolo della
tiepidezza dei buoni, sedotti dai falsi amori del secolo che raffreddano e
finalmente estinguono la fiamma della divina carità nei loro cuori, dall’altro
è ancor più rattristato nel rimirare le macchinazioni degli uomini empi, i
quali, più che per il passato, sembrano eccitati dal nemico stesso infernale
nel loro implacabile ed aperto odio contro Dio, contro la Chiesa, e
specialmente contro Colui, che del Divin Redentore è sulla terra il legittimo
Vicario e il rappresentante della sua carità presso gli uomini, secondo
la ben nota sentenza del Vescovo e Dottore della Chiesa di Milano: «(Pietro) è
infatti interrogato su ciò di cui gli altri potevano dubitare, ma il Signore
non dubita; il quale interroga non per imparare, ma per insegnare a colui che,
devono Egli salire al Cielo, lasciava a noi come vicario del suo amore »(116).
In verità, l’odio contro
Dio e contro i suoi legittimi rappresentanti è il delitto più nefando di cui si
possa macchiare l’uomo, creato ad immagine e somiglianza di Dio e destinato al
godimento della sua perfetta e perenne amicizia in cielo; è, infatti, nell’odio
contro Dio che si ha la massima avversione dell’uomo dal Sommo Bene; egli viene
spinto ad allontanare da sé e dai suoi simili tutto ciò che viene da Dio, con
Dio unisce, e al godimento di Dio conduce: la verità, la virtù, la pace, la
giustizia(117).
Orbene, nel vedere che,
purtroppo, il numero di coloro che si professano nemici di Dio va oggi
crescendo, e che i princìpi del materialismo teorico e pratico si
vanno spargendo sempre di più; dinanzi allo spettacolo dell’esaltazione delle
cupidigie più sfrenate, come meravigliarsi che si vada raffreddando nell’animo
di molti la carità, la quale ben sappiamo essere la legge suprema della
religione cristiana, il fondamento solidissimo della vera e perfetta giustizia,
la sorgente sovrana della pace e delle caste delizie? Del resto, il Salvatore
stesso ha ammonito: «Per il moltiplicarsi delle iniquità si raffredderà la
carità di molti »(118). Dinanzi allo spettacolo di tanti mali, che oggi,
più che nel passato, travagliano individui, famiglie, nazioni e il mondo
intero, dove mai Venerabili Fratelli, cercheremo il rimedio? Si potrà forse
trovare una devozione più eccellente del culto al Cuore Sacratissimo di Gesù,
più conforme all’indole propria della religione cattolica, più idonea a
soddisfare le odierne necessità spirituali della Chiesa e del genere umano? Ma,
quale atto di omaggio religioso più nobile, più dolce, più salutare del culto
sullodato, dal momento che esso è tutto rivolto alla stessa carità di Dio(119)?
Infine, quale stimolo più potente della carità di Cristo — che la pietà verso
il Cuore Sacratissimo di Gesù fomenta ed accresce — per spingere i fedeli alla
perfetta osservanza della legge evangelica, senza la quale, come ammoniscono
saggiamente le parole dello Spirito Santo: «Opera della giustizia sarà la
pace »(120), non è possibile instaurare la vera pace tra gli uomini?
Pertanto, seguendo l’esempio del Nostro immediato Predecessore, piace anche a
noi di rivolgere a tutti i Nostri dilettissimi figli in Cristo le parole
ammonitrici, con le quali Leone XIII, di imm.
mem., al tramonto del secolo scorso, esortava tutti i fedeli cristiani e quanti
sono sinceramente solleciti della propria salvezza e di quella della civile
società: « Ecco che oggi si offre agli sguardi un altro consolantissimo e
divinissimo segno, vale a dire: il Cuore sacratissimo di Gesù… rilucente di
splendissimo candore in mezzo alle fiamme. In esso sono da collocarsi tutte le
speranze: da esso è da implorare ed attendere la salvezza dell’umanità »(121).
È altresì vivissimo
Nostro desiderio che quanti si gloriano del nome di cristiani e intrepidamente
combattono per stabilire il Regno di Cristo nel mondo, stimino l’omaggio di
devozione al Cuore di Gesù come vessillo di unità, di salvezza e di pace. E,
però, nessuno pensi che con tale ossequio venga arrecato alcun pregiudizio alle
altre forme di pietà, con le quali il popolo cristiano, sotto l’alta direzione
della Chiesa, onora il Redentore divino. Al contrario, una fervida devozione
verso il Cuore di Gesù alimenterà e promuoverà specialmente il culto alla sacratissima
Croce, come pure l’amore verso l’augustissimo Sacramento dell’altare. E in
verità possiamo asserire — ciò che del resto è anche mirabilmente illustrato
dalle rivelazioni, di cui Gesù Cristo volle favorire Santa Geltrude e Santa
Margherita Maria — che nessuno capirà davvero il Crocifisso, se non penetra nel
suo Cuore. Né si potrà facilmente comprendere l’amore che ha spinto il
Salvatore a farsi nostro spirituale alimento, se non coltivando una speciale
devozione verso il Cuore Eucaristico di Gesù, il quale ci ricorda appunto, come
ben si esprimeva il Nostro Predecessore di fel. mem. Leone XIII, « l’atto
di suprema dilezione col quale il Nostro Redentore, profondendo tutte le
ricchezze del suo Cuore allo scopo di stabilire tra noi la sua dimora sino alla
fine dei secoli istituì l’adorabile Sacramento dell’Eucaristia »(122). E,
infatti, « l’Eucaristia non è da stimarsi una particella minima del suo
Cuore, tanto grande essendo stato l’amore del suo Cuore, col quale ce l’ha
donata »(123).
Finalmente, mossi dal
veemente desiderio di opporre validi presidii contro le empie macchinazioni dei
nemici di Dio e della Chiesa, come pure di ricondurre sul sentiero dell’amore
di Dio e del prossimo famiglie e nazioni, non esitiamo a proporre la devozione
al Cuore Sacratissimo di Gesù come la scuola più efficace della divina carità.
Su questa carità divina deve poggiare, come su solido fondamento, quel Regno di
Dio che occorre stabilire nelle coscienze dei singoli uomini, nella società
domestica e nelle nazioni, secondo il sapientissimo ammonimento del sullodato
Nostro Predecessore di pia mem.: « Il regno di Gesù Cristo trae forza e
bellezza dalla carità divina: amare santamente e ordinatamente è il suo fondamento
e il suo fastigio. Da ciò derivano necessariamente le seguenti norme: adempiere
inviolabilmente i propri doveri; non far ingiustizia ad alcuno; stimare i beni
umani come inferiori ai divini; anteporre l’amor di Dio a tutte le cose »(124).
Affinché poi il culto
verso il Cuore augustissimo di Gesù porti più copiosi frutti di bene nella
famiglia cristiana e in tutta l’umana società, si facciano un dovere i fedeli
di associarvi intimamente la devozione al Cuore Immacolato della Genitrice di
Dio. È infatti sommamente conveniente che, come Dio ha voluto associare
indissolubilmente la Beatissima Vergine Maria a Cristo nel compimento
dell’opera dell’umana Redenzione, in guisa che la nostra salvezza può ben dirsi
frutto della carità e delle sofferenze di Gesù Cristo, cui erano strettamente
congiunti l’amore e i dolori della Madre sua; così il popolo cristiano, che da
Cristo e da Maria ha ricevuto la vita divina, dopo aver tributato i dovuti
omaggi al Cuore Sacratissimo di Gesù, presti anche al Cuore amantissimo della
celeste Madre consimili ossequi di pietà, di amore, di gratitudine e di
riparazione. È in armonia con questo sapientissimo e soavissimo disegno della
Provvidenza divina che Noi stessi volemmo solennemente dedicare e consacrare la
santa Chiesa ed il mondo intero al Cuore Immacolato della Beata Vergine
Maria(125).
E poiché nel corso di
quest’anno, come abbiamo più sopra accennato, si compie felicemente un secolo
da quando, per disposizione del Nostro Predecessore di fel. mem. Pio IX, la
Festa del Cuore Sacratissimo di Gesù si celebra in tutta la Chiesa, è desiderio
Nostro vivissimo, Venerabili Fratelli, che questa centenaria ricorrenza sia
ricordata dal popolo cristiano, dovunque e solennemente con pubblici omaggi di
adorazione, di ringraziamento e di riparazione da offrirsi al Cuore divino di
Gesù. Queste manifestazioni poi di cristiano giubilo e di cristiana pietà
dovranno indubbiamente essere celebrate con specialissimo fervore — in
comunione tuttavia di carità e di preghiera con i fedeli della Chiesa
universale — in quella Nazione, nella quale, non senza un arcano disegno di
Dio, ebbe i natali la santa Vergine che fu promotrice e aralda infaticabile di
questa devozione.
Frattanto, confortati da
soavissima speranza e già pregustando con l’animo quei frutti spirituali che,
come confidiamo, deriveranno copiosi alla Chiesa dal culto al Cuore
Sacratissimo di Gesù — purché sia rettamente compreso e fervidamente praticato,
conformemente a quanto abbiamo esposto, — innalziamo supplichevoli preci a Dio,
affinché si degni di assecondare questi ardentissimi Nostri voti col valido
sostegno delle sue grazie; ed esprimiamo altresì il voto che, col favore
dell’Altissimo, la pietà dei fedeli verso il Cuore Sacratissimo di Gesù
ritragga dalle celebrazioni di quest’anno un sempre maggiore incremento e più
ampiamente si espanda su tutti nel mondo intero il soavissimo suo impero e
regno: « regno di verità e di vita; regno di santità e di grazia; regno di
giustizia, di amore e di pace »(126).
Quale auspicio poi di
questi doni celesti, sia a voi personalmente, Venerabili Fratelli, sia al clero
e a tutti i fedeli affidati alle vostre cure pastorali, e particolarmente a
coloro che si studiano con ogni mezzo di promuovere ed accrescere il culto
verso il Cuore Sacratissimo di Gesù, impartiamo con tutta l’effusione
dell’animo l’Apostolica Benedizione.
Dato a Roma, presso San
Pietro , il giorno 15 del mese di maggio 1956, nel diciottesimo anno del Nostro
Pontificato.
PIO XII
1 Is., XII, 3.
2 Iac., I, 17.
3 Ioann., VII,
37-39.
4 Cf. Is., XII,
3; Ez., XLVII, 1-12; Zach., XIII, 1; Ex., XVII, 1-7; Num.,
XX, 7-13; I Cor., X, 4; Apoc., VII, 17; XXII, 1.
5 Rom., V, 5.
6 I Cor., VI, 17.
7 Ioann., IV, 10.
8 Act., IV, 12.
9 Enc. Annum Sacrum,
25 Maii 1899; Acta Leonis, vol. XIX, 1900, pp. 71, 77-78.
10 Enc. Miserentissimus
Redemptor, 8 Maii 1928: A.A.S., XX, 1928, p. 167.
11 Cf. Enc. Summi
Pontificatus, 20 Octob. 1939: A.A.S., XXXI, 1939, p. 415
12 Cf. A.A.S.,
XXXII, 1940, p. 276; XXXV, 1943, p. 170; XXXVII, 1945, pp. 263-264; XL, 1948,
p. 501; XLI, 1949, p. 331.
13 Eph., III, 20-21.
14 Is., XII, 3.
15 Conc. Ephes., can. 8;
cf. Mansi, Sacrorum Conciliorum Ampliss. Collectio, IV, 1083 C.; Conc.
Const. II, can. 9; Cf. ibid. IX, 382 E.
16 Cf. Enc. Annum
sacrum: Acta Leonis, vol. XIX, 1900, p. 76.
17 Cf. Ex., XXXIV, 27-28.
18 Deut., VI, 4-6.
19 Sum. Theol.,
II-II, q. 2, a. 7; ed. Leon., tom. VIII, 1895, p. 34.
20 Deut., XXXII, 11.
21 Os., XI, 1. 3-4;
XIV, 5-6.
22 Is., XLIX, 14-15.
23 Cant., II, 2; VI,
2; VIII, 6.
24 Ioann., I, 14.
25 Ier., XXXI, 3;
31. 33-34.
26 Cf. Ioann., I,
29; Hebr., IX, 18-28; X, 1-17.
27 Ioann., I, 16-17.
28 Ioann., XXI, 20.
29 Eph., III, 17-19.
30 Sum. Theol., III,
q. 48, a. 2; ed. Leon., tom. XI, 1903, p. 464.
31 Cf. Enc. Miserentissimus
Redemptor: A.A.S., XX, 1928, p. 170.
32 Eph., II,
4; Sum. Theol., III, q. 46, a. 1 ad 3; ed. Leon., tom. XI, 1903, p. 436.
33 Eph., III, 18.
34 Ioann., IV, 24.
35 II Ioann., 7.
36 Cf. Luc., I, 35.
37 S. Leo Magnus, Epist.
dogm. « Lectis dilectionis tuae » ad Flavianum Const. Patr., 13 Iun., a. 449;
cf. P.L., LIX, 763.
38 Conc. Chalced., a.
451; cf. Mansi, Op. cit. VII, 115 B.
39 S. Gelasius Papa,
tract. III: « Necessarium » de duabus naturis in Christo,
cf. A. Thiel, Epist. Rom. Pont. a S. Hilaro usque ad Pelagium II, p.
532.
40 Cf. S. Thom., Sum.
Theol., III, q. 15, a. 4; q. 18, a. 6; ed. Leon. tom. XI, 1903, p. 189 et 237.
41 Cf. I Cor., 1,
23.
42 Hebr., II, 11-14;
17-18.
43 Apol., II,
13: P.G., VI, 465.
44 Epist. 261,
3: P.G., XXXII, 972.
45 In Ioann., Homil.
63, 2: P.G., LIX, 350.
46 De fide ad
Gratianum, II, 7, 56: P.L., 594.
47 Cf. Super Matth.,
XXVI, 37: P.L., XXVI, 205.
48 Enarr. in Ps.
LXXXVII, 3: P.L., XXXVII, 1111.
49 De Fide Orth.,
III, 6: P.G., XCIV, 1006.
50 Ibid., III, 20: P.G.,
XCIV, 1081.
51 Sum. Theol.,
I-II, q. 48, a. 4; ed. Leon., tom. VI, 1891, p. 306.
52 Col., II, 9.
53 Cf. Sum. Theol.,
III, q. 9, aa. 1-3: ed. Leon., tom. XI, 1903, p. 142.
54 Cf. Ibid., III, q. 33,
a. 2 ad 3m; q. 46, a. 6: ed. Leon. tom. XI, 1903, pp. 342, 433.
55 Tit., III, 4.
56 Matth., XXVII,
50; Ioann., XIX, 30.
57 Eph., II, 7.
58 Hebr., X, 5-7,
10.
59 Registr. epist.,
lib. IV, ep. 31 Ad Theodorum medicum: P.L., LXXVII, 706.
60 Marc., VIII, 2.
61 Matth., XXIII,
37.
62 Matth., XXI, 13.
63 Matth., XXVI, 39.
64 Matth., XXVI,
50; Luc., XXII, 48.
65 Luc., XXIII, 28,
31.
66 Luc., XXIII, 34.
67 Matth., XXVII,
46.
68 Luc., XXIII, 43.
69 Ioann., XIX, 28.
70 Luc., XXIII, 46.
71 Luc., XXII,
15.
72 Luc., XXII,
19-20.
73 Mal., I, 11.
74 De sancta
virginitate, VI: P.L., XL, 399.
75 Ioann., XV, 13.
76 I Ioann., III,
16.
77 Gal., II,
20.
78 Cf. S. Thom., Sum.
Theol. III, q. 19, a. 1: ed. Leon., tom. XI, 1903, p. 329.
79 Sum. Theol., Suppl.,
q. 42, a. 1 ad 3m: ed. Leon., tom. XII, 1906, p. 81.
80 Hymn. ad
Vesp. Festi Ss.mi Cordi Iesu.
81 Sum. Theol., III,
q. 66, a. 3 ad 3m: ed. Leon., tom. III, 1906, p. 65.
82 Eph., V, 2.
83 Eph., IV, 8, 10.
84 Ioann., XIV, 16.
85 Col., II, 3.
86 Rom., VIII, 35,
37-39.
87 Eph., V, 25-27.
88 Cf. I Ioann., II,
1.
89 Hebr., VII, 25.
90 Hebr., V, 7.
91 Ioann., III, 16.
92 S. Bonaventura,
Opusc. X: Vitis mystica, c. III, n. 5; Opera omnia. Ad Claras Aquas
(Quaracchi) 1898, tom. VIII, p. 164; cf. S. Thom., Sum. Theol., III,
q. 54, a. 4: ed. Leon., tom. XII, 1903, p. 513.
93 Rom., VIII, 32.
94 Cf. Sum. Theol.,
III, q. 48, a. 5: ed. Leon., tom. XI, 1903, p. 467.
95 Luc., XII, 50.
96 Ioann., XX, 28.
97 Ioann., XIX, 37;
cf. Zach., XII, 10.
98 Cf. Litt. Enc. Miserentissimus
Redemptor A.A.S., XX, 1928, pp. 167-168.
99 Cf. A. Gardellini, Decreta
authentica, 1857, n. 4579, tom. III, p. 174.
100 Cf. Decr. S. C.
Rit., apud N. Nilles, De rationibus festorum Sacratıssimi Cordis Iesu
et purissimi Cordis Mariae, 5a ed., Imusbruck, 1885, tom. I, p. 167.
101 Eph., III, 14,
16-19.
102 Tit., III, 4.
103 Ioann., III, 17.
104 Ioann., IV,
23-24.
105 Innocentius XI,
Constit. Ap. Coelestis Pastor, 19 Novembris 1687; Bullarium Romanum,
Romae, 1734, tom. VIII, p. 443.
106 Sum. Theol.,
II-II, q. 81 a. 3 ad 3m: ed. Leon., tom. IX, 1897, p. 180.
107 Ioann., XIV, 6.
108 Ioann., XIII,
34; XV, 12.
109 Ier., XXXI, 31.
110 Comment. in
Evang S. Ioann., c. XIII, lect. VII, 3, ed. Parmae, 1860, tom. X, p. 541.
111 Sum. Theol.,
II-II, q. 82, a. 1: ed. Leon., tom. IX, 1897, p. 187.
112 Ibid., I, q. 38, a.
2: ed. Leon., tom. IV, 1888, p. 393.
113 Marc., XII,
30; Matth., XXII, 37.
114 Cf. Leo XIII,
Enc. Annum Sacrum: Acta Leonis, vol. XIX, 1900, p. 71 sq.; Decr.
S. C. Rituum, 28 Iun. 1899, in Decr. Auth., III, n. 3712; Pius
XI, Enc. Miserentissimus
Redemptor: A.A.S., 1928, p. 117 sq.; Decr. S. C. Rit., 29 Ian.
1929: A.A.S., XXI, 1929, p. 77.
115 Luc., XV, 22.
116 Exposit. in
Evang. sec. Lucam, I, X, n. 175: P.L., XV, 1942.
117 Cf. S. Thom., Sum.
Theol., II-II, q. 34, a. 2: ed. Leon., tom. VIII, 1895.
118 Matth., XXIV,
12.
119 Cf. Enc. Miserentissimus
Redemptor: A.A.S., XX, 1928, p. 166.
120 Is., XXXII, 17.
121 Enc. Annum
Sacrum: Acta Leonis, vol. XIX, 1900, p. 79; Miserentissimus
Redemptor: A.A.S., XX, 1928, p. 167.
122 Litt. Apost.
quibus Archisodalitas a Corde Eucharistico Iesu ad S. Ioachim de Urbe erigitur,
17 Febr. 1903: Acta Leonis, vol. XXII 1903, p. 307 sq.; cf.
Enc. Mirae caritatis, 22 Maii 1902: Acta Leonis, vol. XXII, 1903, p.
116.
123 S. Albertus M., De
Eucharistia, dist. VI, tr. 1, c. 1: Opera omnia, ed. Borgnet, vol.
XXXVIII, Parisiis, 1890, p. 358.
124 Enc. Tametsi: Acta
Leonis, vol XX, 1900, p. 303.
125 Cf. A.A.S.,
XXXIV 1942, p. 345 sq.
126 Ex Miss. Rom., Praef.
Iesu Christi Regis.
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la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana
Image sur Sacré-Cœur révélée à sainte Marguerite-Marie Alacoque
PELLEGRINAGGIO APOSTOLICO
IN FRANCIA
CELEBRAZIONE EUCARISTICA
A PARAY-LE MONIAL
OMELIA DI GIOVANNI PAOLO
II
Paray le Monial
(Francia), 5 ottobre 1986
“Vi darò un cuore nuovo .
. .” (Ez 36, 26).
1. Ci troviamo in un
luogo in cui queste parole del profeta Ezechiele risuonano con forza. Esse sono
state confermate qui da una serva povera e nascosta del cuore divino di Nostro
Signore: santa Marguerite-Marie. Molte volte, nel corso della storia, la verità
di questa promessa è stata confermata dalla rivelazione, nella Chiesa,
attraverso l’esperienza dei santi, dei mistici, delle anime consacrate a Dio.
Tutta la storia della spiritualità cristiana lo testimonia: la vita dell’uomo
che crede in Dio proteso verso l’avvenire mediante la speranza, chiamato alla
comunione dell’amore, questa vita è quella del cuore, quella dell’uomo
“interiore”. Essa è illuminata dalla mirabile verità del cuore di Gesù che
offre se stesso per il mondo. Perché la verità sul cuore di Gesù ci è stata
confermata in modo singolare qui, nel diciassettesimo secolo, quasi agli albori
dei tempi moderni?
Son lieto di meditare su
questo messaggio in terra di Borgogna, terra di santità, contraddistinta da
Citeaux e Cluny, dove il Vangelo ha modellato la vita e l’opera degli uomini.
Sono felice di ripetere il messaggio di Dio ricco di misericordia nella diocesi
di Autun che mi accoglie. Saluto cordialmente mons. Armand le Bourgeois,
pastore di questa Chiesa, e il suo ausiliare mons. Maurice Gaidon. Saluto i
rappresentanti delle autorità civili, locali e regionali. Saluto tutto il
popolo di Dio qui riunito, i lavoratori della terra e quelli dell’industria, le
famiglie, in particolare le associazioni che animano la loro vita cristiana, i
seminaristi che iniziano il loro cammino verso il sacerdozio, i pellegrini del
Sacro Cuore, in special modo la Comunità dell’Emmanuel molto legata a questo
luogo, e tutti coloro che vengono qui a rafforzare la propria fede, il loro
spirito di preghiera e il loro senso di Chiesa, nelle sessioni estive o in
altre iniziative comunitarie. E vorrei essere vicino anche a tutte le persone
che, grazie alla televisione, seguono a casa loro questa celebrazione.
2. “Vi darò un cuore”:
Dio ce lo dice attraverso il profeta. E il senso si chiarisce grazie al
contesto. “Vi aspergerò con acqua pura e sarete purificati” (Ez 36, 25).
Sì, Dio purifica il cuore umano. Il cuore, creato per essere il focolare
dell’amore, è divenuto il “focolare” del rifiuto di Dio, del peccato dell’uomo
che si allontanava da Dio per aggrapparsi a ogni sorta di “idoli”. In questo
caso il cuore è “impuro”. Ma quando questo “focolare” interiore dell’uomo si
apre a Dio, esso ritrova la purezza dell’immagine e della somiglianza impresse
in lui dal Creatore sin dagli inizi.
Il cuore è anche il
focolare centrale della conversione che Dio desidera dall’uomo e per l’uomo,
per entrare nel suo intimo, nel suo amore. Dio ha creato l’uomo perché non sia
né indifferente né freddo, ma aperto a Dio. Come sono belle le parole del
profeta: “Toglierò da voi il cuore di pietra e vi darò un cuore di carne” (Ez 36,
26)! Un cuore di carne, un cuore che ha una sensibilità umana e un cuore capace
di lasciarsi conquistare dal soffio dello Spirito. È questo che dice Ezechiele:
“Vi darò un cuore nuovo, metterò dentro di voi uno spirito nuovo . . . porrò il
mio spirito dentro di voi” (Ez 36, 26-27).
Fratelli e sorelle, che
ciascuno di noi si lasci purificare e convertire dallo Spirito del Signore! Che
ciascuno di noi trovi in lui ispirazione per la propria vita, luce per il
proprio avvenire, e per purificare i propri desideri! Oggi, vorrei annunciare
in modo particolare alle famiglie la buona novella di un mirabile dono: Dio dà
la purezza del cuore, Dio permette di vivere un vero amore:
3. Le parole del profeta
prefiguravano la profondità dell’esperienza evangelica. La salvezza futura è
già presente. Ma come verrà lo Spirito nel cuore degli uomini? Quale sarà la
trasformazione tanto desiderata dal Dio di Israele? Sarà l’opera di Gesù
Cristo: il Figlio eterno che Dio non ha risparmiato, ma che ha dato per tutti
noi per donarci ogni grazia con lui (cf. Rm 8, 32), per offrirci
tutto con lui! Sarà l’opera meravigliosa di Gesù. Perché essa sia rivelata,
bisognerà aspettare sino alla fine, fino alla sua morte in croce. E quando
Cristo “ha consegnato” il suo spirito nelle mani del Padre (cf. Lc 23,
46), allora si verificò questo avvenimento: “Vennero dunque i soldati . . .
Venuti però da Gesù e vedendo che era già morto . . . uno dei soldati gli colpì
il costato con la lancia e subito ne uscì sangue e acqua” (Gv 19, 32-34).
L’avvenimento sembra
“ordinario”. Sul Golgota avviene l’ultimo gesto di un’esecuzione romana: la
verifica della morte del condannato. Sì, è morto, è veramente morto! E nella
sua morte, ha rivelato se stesso fino alla fine . . . Il cuore trapassato è la
sua ultima testimonianza. L’apostolo Giovanni, che era ai piedi della croce,
l’ha capito; nel corso dei secoli i discepoli di Cristo e i maestri della fede
l’hanno capito. Nel XVII secolo una religiosa della Visitazione ha ricevuto di
nuovo questa testimonianza a Paray-le-Monial; Marguerite-Marie la trasmette a
tutta la Chiesa agli albori dei tempi moderni. Attraverso il cuore di suo Figlio,
trapassato sulla croce, il Padre ci ha dato tutto, gratuitamente.
La Chiesa e il mondo
ricevono il Consolatore: lo Spirito Santo. Gesù aveva detto: “Ma quando me ne
sarò andato, ve lo manderò” (Gv 16, 7). Il suo cuore trapassato testimonia
del fatto che “se n’è andato”. Egli manda finalmente lo Spirito di verità.
L’acqua che esce dal suo costato trafitto è il segno dello Spirito Santo: Gesù
aveva annunciato a Nicodemo la nuova nascita “da acqua e da Spirito” (Gv 3,
5). Le parole del profeta si adempiono: “Vi darò un cuore nuovo, metterò dentro
di voi uno spirito nuovo”.
4. Santa Marguerite-Marie
ha conosciuto questo mistero ammirevole, il mistero sconvolgente dell’amore
divino. Essa ha conosciuto tutta la profondità delle parole di Ezechiele: “Vi
darò un cuore”. Durante la sua vita nascosta in Cristo, essa fu segnata dal
dono di questo cuore che si offre senza limiti a tutti i cuori umani. Era
completamente presa da questo mistero divino, come lo esprime l’ammirevole
preghiera del salmo di oggi: “Benedici il Signore, anima mia, quando è in me
benedico il suo santo nome” (Sal 102, 1).
“Quanto è in me”
significa “tutto il mio cuore”! Benedici Il Signore! . . . non dimenticare
nessuno dei suoi benefici! Egli perdona. Egli “guarisce”. Egli “salva dalla
fossa la tua vita”. Egli “ti corona di grazia e di misericordia”. Egli è buono
e pieno d’amore. È lento all’ira. È pieno d’amore: di amore misericordioso, lui
che “sa di che siamo plasmati” (cf. Sal 102, 2-4. 8. 14). Lui,
veramente lui, il Cristo.
5. Per tutta la sua vita,
santa Marguerite-Marie bruciò della viva fiamma di questo amore che Cristo è
venuto ad accendere nella storia dell’uomo. Qui, in questo luogo di
Paray-Le-Monial, come una volta fece l’apostolo Paolo, l’umile serva di Dio
sembrava gridare al mondo intero: “Chi ci separerà dunque dall’amore di
Cristo?” (Rm 8, 35).
Paolo si rivolgeva alla
prima generazione dei cristiani. Essi sapevano cosa sono “la tribolazione,
l’angoscia, la persecuzione, la fame, la nudità” (nelle arene, sotto i denti
delle belve), sapevano cosa sono il pericolo e la spada!
Nel XVII secolo la stessa
domanda posta da Marguerite-Marie ai cristiani di allora, risuona a
Paray-le-Monial. Nel nostro tempo risuona la stessa domanda rivolta a ciascuno
di noi. A ciascuno in particolare, quando esamina la propria esperienza di vita
familiare. Chi spezza i legami dell’amore? Chi spegne l’amore che fa ardere i
focolari?
6. Lo sappiamo, le
famiglie di questo tempo conoscono troppo spesso la prova e la rottura. Troppe
coppie si preparano male al matrimonio. Troppe coppie si dividono e non sanno
conservare la fedeltà promessa, accettare l’altro quale è, amarlo malgrado i
suoi limiti e la sua debolezza. Troppi figli sono allora privati del sostegno
equilibrato che dovrebbero trovare nell’armonia complementare dei loro
genitori.
E inoltre, quale
contraddizione alla verità umana dell’amore, quando ci si rifiuta di dare la
vita in modo responsabile, e quando si arriva a far morire il bambino già
concepito! Sono questi i segni di una vera e propria malattia che colpisce le
persone, le coppie, i figli, la società stessa! Le condizioni economiche, gli
influssi della società. Le incertezze del futuro, sono chiamate in causa per
spiegare le crisi dell’istituzione familiare. Esse hanno un peso, certo, e
bisogna porvi rimedio. Ma questo non può giustificare che si rinunci a un bene
fondamentale, quello dell’unità stabile della famiglia nella libera e bella
responsabilità di coloro che impegnano il loro amore col sostegno della fedeltà
incessante del Creatore e del Salvatore.
Non è forse vero che
troppo spesso si è ridotto l’amore ai deliri del desiderio individuale o alla
precarietà dei sentimenti? Così facendo, non ci si è forse allontanati dalla
vera felicità che si trova nel dono di sé senza riserve e in quello che il
Concilio chiama “Il nobile mistero della vita” (cf. Gaudium
et Spes, 51)? Non occorre forse dire chiaramente che ricercare se stessi
per egoismo invece che cercare il bene dell’altro, è peccato? E significa
offendere il Creatore, fonte di ogni amore, e Cristo Salvatore che ha offerto
il suo cuore ferito affinché i suoi fratelli ritrovino la propria vocazione di
esseri che impegnano liberamente il loro amore.
Sì, la domanda essenziale
è sempre la stessa. La realtà è sempre la stessa. Il pericolo è sempre lo
stesso: che l’uomo sia separato dall’amore! L’uomo sradicato dal terreno più
profondo della propria esistenza spirituale. L’uomo condannato ad avere
nuovamente un “cuore di pietra”. Privato del “cuore di carne” che sia capace di
reagire in modo giusto al bene e al male. Un cuore sensibile alla verità
dell’uomo e alla verità di Dio. Un cuore capace di accogliere il soffio dello
Spirito Santo. Un cuore fortificato dalla potenza di Dio.
I problemi essenziali
dell’uomo - ieri, oggi e domani - sono a questo livello. Colui che dice: “Vi
darò un cuore”, intende mettere in questa parola tutto ciò con cui l’uomo
“diviene di più”.
7. La testimonianza di
molte famiglie dimostra che le virtù della fedeltà rendono felici, che la
generosità dei coniugi l’uno per l’altro e insieme nei confronti dei loro figli
è una vera fonte di felicità. Lo sforzo di padronanza di sé, il superamento dei
limiti di ciascuno, la perseveranza nei diversi momenti dell’esistenza,
conducono a una pienezza di cui si può rendere grazie. È allora possibile
sopportare la prova che sopraggiunge, saper perdonare un’offesa, accogliere un
bambino che soffre, illuminare la vita dell’altro, anche debole o minorato, con
la bellezza dell’amore.
Vorrei quindi chiedere ai
pastori e agli animatori che aiutano le famiglie a orientarsi di presentar loro
chiaramente il sostegno positivo che essi possono trovare nell’insegnamento
morale della Chiesa. Nella situazione confusa e contraddittoria di oggi, è
necessario riprendere l’analisi e le regole dell’esortazione apostolica Familiaris
Consortio, dopo il Sinodo dei vescovi, che ha espresso l’insieme della
dottrina del Concilio e del magistero Pontificio.
Il Concilio Vaticano II
ricordava: “La legge divina manifesta il significato pieno dell’amore
coniugale, lo salvaguarda e lo sospinge verso la sua perfezione veramente
umana” (Gaudium et Spes, 50). Sì, o famiglia, grazie al sacramento del
matrimonio, nell’alleanza con la saggezza divina, nell’amore infinito del cuore
di Cristo, vi è dato di sviluppare in ciascuno dei vostri membri la ricchezza
della persona umana, la sua vocazione all’amore di Dio e degli uomini.
8. Sappiate accogliere la
presenza del cuore di Cristo affidandogli il vostro focolare. Che esso ispiri
la vostra generosità, la vostra fedeltà al sacramento in cui la vostra alleanza
è stata suggellata dinanzi a Dio! E che la carità di Cristo vi aiuti ad
accogliere e ad aiutare i vostri fratelli e sorelle feriti dalle separazioni,
abbandonati; la vostra testimonianza fraterna farà loro meglio scoprire che il
Signore non cessa d’amare coloro che soffrono.
Animati dalla fede che vi
è stata trasmessa, sappiate rendere sensibili i vostri figli al messaggio del
Vangelo e al loro ruolo di artefici di giustizia e di pace.
Fateli entrare
attivamente nella vita della Chiesa. Non scaricate le vostre responsabilità su
altri, cooperate con i pastori e gli altri educatori nella formazione alla
fede, nelle opere di solidarietà fraterna, nell’animazione della comunità.
Nella vostra vita di famiglia, date lealmente al Signore il posto che gli
spetta, pregate insieme. Siate fedeli all’ascolto della parola di Dio, ai
sacramenti e innanzitutto alla comunione col corpo di Cristo dato per noi.
Partecipate regolarmente alla Messa domenicale, è l’incontro necessario dei
cristiani nella Chiesa: lì, rendete grazie per il vostro amore coniugale legato
“alla carità stessa di Cristo che si dona sulla croce”; (cf. Ioannis Pauli PP.
II Familiaris Consortio, 13)offrite anche le vostre pene insieme al suo
sacrificio salvifico; ciascuno, consapevole di essere peccatore, interceda
anche per quei suoi fratelli che, in molti modi, si allontanano dalla loro
vocazione e rifiutano di compiere la volontà d’amore del Padre; ricevete dalla
sua misericordia la purificazione e la forza di perdonare l’un l’altro,
rafforzate la vostra speranza; rendete evidente la vostra comunione fraterna
fondandola sulla comunione eucaristica.
9. Con Paolo di Tarso,
con Marguerite-Marie, noi proclamiamo la stessa certezza: né la morte né la
vita, né il presente né l’avvenire, né alcuna forza, né alcuna altra creatura,
niente potrà separarci dall’amore di Dio che è in Gesù Cristo. Ne ho la
certezza . . . niente potrà mai . . .!
Oggi, ci troviamo in
questo luogo di Paray-le-Monial per rinnovare in noi stessi questa certezza:
“Vi darò un cuore . . .”. Dinanzi al cuore aperto di Cristo, cerchiamo di
attingere da esso l’amore vero di cui hanno bisogno le nostre famiglie. La
cellula familiare è fondamentale per costruire la civiltà dell’amore.
Dappertutto, nella
società, nei nostri villaggi, nei nostri quartieri, nelle nostre fabbriche e
nei nostri uffici, nei nostri incontri tra popoli e razze, il “cuore di
pietra”, il cuore disseccato, deve trasformarsi in “cuore di carne”, aperto ai
fratelli, aperto a Dio. Lo esige la pace. Lo esige la sopravvivenza
dell’umanità. Questo oltrepassa la nostra forza. È un dono di Dio. Un dono del
suo amore.
Noi abbiamo la certezza
del suo Amore!
© Copyright 1986 -
Libreria Editrice Vaticana
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la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana
Al Reverendissimo Padre
PETER-HANS KOLVENBACH, S.I.
Preposito Generale della Compagnia di Gesù
Le parole del profeta
Isaia - “Attingerete acqua con gioia alle sorgenti della salvezza” (Is 12,3)
- che aprono l’Enciclica con cui Pio XII ricordava il primo centenario
dell’estensione all’intera Chiesa della Festa del Sacro Cuore di Gesù - oggi,
50 anni dopo, non hanno perso nulla del loro significato. Nel promuovere il
culto al Cuore di Gesù, l’Enciclica Haurietis
aquas esortava i credenti ad aprirsi al mistero di Dio e del suo
amore, lasciandosi da esso trasformare. A cinquant’anni di distanza resta
compito sempre attuale dei cristiani continuare ad approfondire la loro
relazione con il Cuore di Gesù in modo da ravvivare in se stessi la fede
nell’amore salvifico di Dio, accogliendolo sempre meglio nella propria vita.
Il costato trafitto del
Redentore è la sorgente alla quale ci rimanda l'Enciclica Haurietis
aquas: a questa sorgente dobbiamo attingere per raggiungere la vera
conoscenza di Gesù Cristo e sperimentare più a fondo il suo amore. Potremo così
meglio comprendere che cosa significhi conoscere in Gesù Cristo
l'amore di Dio, sperimentarlo tenendo fisso lo sguardo su di Lui,
fino a vivere completamente dell'esperienza del suo amore, per poi
poterlo testimoniare agli altri. Infatti, per riprendere
un'espressione del mio venerato Predecessore Giovanni Paolo II, “vicino al
Cuore di Cristo, il cuore umano apprende a conoscere il senso vero e unico
della vita e del proprio destino, a comprendere il valore d'una vita
autenticamente cristiana, a guardarsi da certe perversioni del cuore, a unire
l'amore filiale verso Dio all'amore verso il prossimo. Così - ed è la vera
riparazione richiesta dal Cuore del Salvatore - sulle rovine accumulate
dall'odio e dalla violenza, potrà essere edificata la civiltà del Cuore di
Cristo” (Insegnamenti, vol. IX/2, 1986, p. 843).
Conoscere l'amore di Dio
in Gesù Cristo
Nell’Enciclica Deus
caritas est ho citato l’affermazione della prima Lettera di san
Giovanni: “Noi abbiamo riconosciuto l'amore che Dio ha per noi e vi abbiamo
creduto”, per sottolineare che all'origine dell'essere cristiani c'è l'incontro
con una Persona (cfr n. 1). Poiché Dio si è manifestato nella maniera più
profonda attraverso l'incarnazione del suo Figlio, rendendosi “visibile” in
Lui, è nella relazione con Cristo che possiamo riconoscere chi è veramente Dio
(cfr Enc. Haurietis
aquas, 29-41; Enc. Deus
caritas est, 12-15). Ed ancora: poiché l'amore di Dio ha trovato la sua
espressione più profonda nel dono che Cristo ha fatto della sua vita per noi
sulla Croce, è soprattutto guardando alla sua sofferenza e alla sua morte che
possiamo riconoscere in maniera sempre più chiara l'amore senza limiti che Dio
ha per noi: “Dio infatti ha tanto amato il mondo da dare il suo Figlio
unigenito, perché chiunque crede in lui non muoia ma abbia la vita eterna” (Gv 3,16).
Questo mistero dell'amore
di Dio per noi, peraltro, non costituisce soltanto il contenuto del culto e
della devozione al Cuore di Gesù: esso è, allo stesso modo, il contenuto di
ogni vera spiritualità e devozione cristiana. E’ quindi importante sottolineare
che il fondamento di questa devozione è antico come il cristianesimo stesso.
Infatti, essere cristiano è possibile soltanto con lo sguardo rivolto alla
Croce del nostro Redentore, “a Colui che hanno trafitto” (Gv 19,37;
cfr Zc 12,10). A ragione l'Enciclica Haurietis
aquas ricorda che la ferita del costato e quelle lasciate dai chiodi
sono state per innumerevoli anime i segni di un amore che ha informato sempre
più incisivamente la loro vita (cfr n. 52). Riconoscere l'amore di Dio nel
Crocifisso è diventata per esse un'esperienza interiore che ha fatto loro
confessare, insieme a Tommaso: “Mio Signore e mio Dio!” (Gv 20,28),
permettendo loro di raggiungere una fede più profonda nell’accoglienza senza
riserva dell'amore di Dio (cfr Enc. Haurietis
aquas, 49).
Sperimentare l’amore di
Dio volgendo lo sguardo al Cuore di Gesù Cristo
Il significato più
profondo di questo culto all'amore di Dio si manifesta soltanto quando si
considera più attentamente il suo apporto non solo alla conoscenza, ma anche, e
soprattutto, all’esperienza personale di tale amore nella dedizione fiduciosa
al suo servizio (cfr Enc. Haurietis
aquas, 62). Ovviamente, esperienza e conoscenza non possono essere separate
tra loro: l'una fa riferimento all'altra. Occorre peraltro sottolineare che una
vera conoscenza dell'amore di Dio è possibile soltanto nel contesto di un atteggiamento
di umile preghiera e di generosa disponibilità. Partendo da tale atteggiamento
interiore, lo sguardo posato sul costato trafitto dalla lancia si trasforma in
silenziosa adorazione. Lo sguardo al costato trafitto del Signore, dal quale
scorrono “sangue e acqua” (cfr Gv 19,37), ci aiuta a riconoscere la
moltitudine dei doni di grazia che da lì provengono (cfr Enc. Haurietis
aquas, 34-41) e ci apre a tutte le altre forme di devozione cristiana che
sono comprese nel culto al Cuore di Gesù.
La fede intesa come
frutto dell'amore di Dio sperimentato è una grazia, un dono di Dio. Ma l'uomo
potrà sperimentare la fede come una grazia soltanto nella misura in cui egli
l'accetta dentro di sé come un dono, di cui cerca di vivere. Il culto
dell'amore di Dio, al quale l'Enciclica Haurietis
aquas invitava i fedeli (cfr ibid., 72), deve aiutarci a
ricordare incessantemente che Egli ha preso su di sé questa sofferenza
volontariamente “per noi”, “per me”. Quando pratichiamo questo culto, non solo
riconosciamo con gratitudine l'amore di Dio, ma continuiamo ad aprirci a tale
amore in modo che la nostra vita ne sia sempre più modellata. Dio, che ha
riversato il suo amore “nei nostri cuori per mezzo dello Spirito Santo che ci è
stato dato” (cfr Rm 5,5), ci invita instancabilmente ad accogliere il
suo amore. L'invito a donarsi interamente all'amore salvifico di Cristo e a
votarsi ad esso (cfr ibid., n. 4) ha quindi come primo scopo il rapporto
con Dio. Ecco perché questo culto, totalmente rivolto all'amore di Dio che si
sacrifica per noi, è di così insostituibile importanza per la nostra fede e per
la nostra vita nell’amore.
Vivere e testimoniare
l'amore sperimentato
Chi accetta l'amore di
Dio interiormente, è da esso plasmato. L'amore di Dio sperimentato viene
vissuto dall'uomo come una “chiamata” alla quale egli deve rispondere. Lo sguardo
rivolto al Signore, che “ha preso le nostre infermità e si è addossato le
nostre malattie” (Mt 8, 17), ci aiuta a divenire più attenti alla
sofferenza ed al bisogno degli altri. La contemplazione adorante del costato
trafitto dalla lancia ci rende sensibili alla volontà salvifica di Dio. Ci
rende capaci di affidarci al suo amore salvifico e misericordioso e al tempo
stesso ci rafforza nel desiderio di partecipare alla sua opera di salvezza
diventando suoi strumenti. I doni ricevuti dal costato aperto, dal quale sono
sgorgati “sangue e acqua” (cfr Gv 19,34), fanno sì che la nostra vita
diventi anche per gli altri sorgente da cui promanano “fiumi di acqua viva” (Gv 7,38)
(cfr Enc. Deus
caritas est, 7). L'esperienza dell'amore attinta dal culto del costato
trafitto del Redentore ci tutela dal rischio del ripiegamento su noi stessi e
ci rende più disponibili ad una vita per gli altri. “Da questo abbiamo
conosciuto l'amore: Egli ha dato la sua vita per noi, quindi anche noi dobbiamo
dare la vita per i fratelli” (1 Gv 3,16) (cfr Enc. Haurietis
aquas, 38).
La risposta al
comandamento dell'amore è resa possibile soltanto dall'esperienza che questo
amore ci è già stato donato prima da Dio (cfr Enc. Deus
caritas est, 14). Il culto dell'amore che si rende visibile nel mistero
della Croce, ripresentato in ogni Celebrazione eucaristica, costituisce quindi
il fondamento perché noi possiamo divenire persone capaci di amare e di donarsi
(cfr Enc. Haurietis
aquas, 69), divenendo strumento nelle mani di Cristo: solo così si può
essere annunciatori credibili del suo amore. Questo aprirsi alla volontà
di Dio, però, deve rinnovarsi in ogni momento: “L'amore non è mai ‘finito’ e
completo” (cfr Enc. Deus
caritas est, 17). Lo sguardo al “costato trafitto dalla lancia”, nel quale
rifulge la sconfinata volontà di salvezza da parte di Dio, non può quindi
essere considerato come una forma passeggera di culto o di devozione:
l'adorazione dell'amore di Dio, che ha trovato nel simbolo del “cuore trafitto”
la sua espressione storico-devozionale, rimane imprescindibile per un rapporto
vivo con Dio (cfr Enc. Haurietis
aquas, 62).
Con l’augurio che la
ricorrenza cinquantenaria valga a stimolare in tanti cuori una risposta sempre
più fervida all’amore del Cuore di Cristo, imparto a Lei, Reverendissimo Padre,
e a tutti i Religiosi della Compagnia di Gesù, sempre molti attivi nella
promozione di questa fondamentale devozione, una speciale Benedizione
Apostolica.
Dal Vaticano, 15 maggio
2006
BENEDICTUS PP. XVI
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Voir aussi : http://www.jesuites.com/2012/01/paray-le-monial/
http://www.spiritualite-chretienne.com/s_coeur/index.html