Le mystère de l'Assomption
La douce image de Marie
brille dans cette suprême exaltation. Quelle belle scène que celle de la
dormition de Marie telle que les chrétiens d'Orient la contemplent ! Elle est
étendue dans le sommeil paisible de la mort, Jésus est à côté d'elle et tient
sur son coeur comme un enfant l'âme de la Vierge, pour montrer le prodige de la
résurrection et de la glorification immédiate.
C'est un motif de
consolation et de confiance dans les jours de peine pour les âmes privilégiées
- et tous nous pouvons être de celles-là - que Dieu prépare dans le silence aux
plus grands triomphes.
Le mystère de
l'Assomption nous familiarise avec la pensée de notre mort, dans une lumière de
paisible abandon au Seigneur. Nous aimons désirer qu'Il soit près de notre
agonie, pour prendre entre ses mains notre âme immortelle.
Jean XXIII, Le
Rosaire avec Jean XXIII (1er octobre 1961), Éditions Paulines
Un enfant bien-aimé
désire la présence de sa mère, et la mère, à son tour, aspire à vivre avec son
enfant. Il était donc juste que vous montiez vers votre fils, vous dont le cœur
brûlait d’amour pour Dieu, le fruit de vos entrailles ; juste aussi que Dieu, dans
l’affection toute filiale qu’il portait à sa mère, l’appelât auprès de lui,
pour qu’elle y vécut dans son intimité. Ainsi, morte aux choses caduques, vous
avez émigré vers ces tabernacles éternels où Dieu fait sa demeure, et
désormais, ô Mère de Dieu, vous ne quitterez plus sa très douce société. Vous
avez été la maison de chair où II s’est reposé ; à son tour, ô glorieuse
Vierge, il devient le lieu de votre repos dans cette chair, ô Mère de Dieu,
qu’il a reçue ; de vous. Il vous a donc attirée à lui, affranchie de toute
corruption ; voulant, si je peux m’exprimer ainsi, vous avoir collée de près à
ses lèvres, à son cœur. Voilà pourquoi tout ce que vous demandez pour vos
malheureux enfants, il vous l’accorde et met sa vertu divine au service de vos
prières.
Comment la mort aurait-elle pu vous réduire en cendres et en poussière, vous
qui, par l’incarnation de votre Fils, avez délivré l’homme de la corruption et
de la mort ? Vous avez donc quitté la terre afin de confirmer la mystérieuse
réalité de la redoutable incarnation. En vous voyant émigrer de ce séjour de
passage et soumise aux lois fixées par Dieu et la nature, on a été amené à
croire que le Dieu que vous avez enfanté est sorti de vous, homme parfait, Fils
véritable d’une mère véritable, possédant un corps comme le nôtre et pour cela
n’échappant pas au sort commun. Votre Fils lui aussi a, de la même manière,
goûté une mort semblable pour le salut du genre humain. Mais il a entouré de la
même gloire son sépulcre, vivifiant et le tombeau, réceptacle de vie, votre
dormition. Vos deux corps ont été ensevelis, mais n’ont pas connu la
corruption.
A vous, toute chaste, toute bonne et pleine de miséricorde, Souveraine la
consolation des chrétiens, le refuge le plus assuré des pécheurs, le
soulagement le plus ardent des affligés, ne nous laissez pas comme des
orphelins privés de votre secours. Si nous étions abandonnés de vous, où donc
nous réfugierions ? Que nous arriverait-il, ô toute sainte Mère de Dieu ? Vous
êtes le souffle et la vie des chrétiens. De même que la respiration apporte la
preuve que notre corps possède encore son énergie vivifiante, ainsi, votre très
saint nom inlassablement prononcé par la bouche de vos serviteurs, en tout
temps et en tout lieu et de toute manière est bien plus que la preuve, il est
la cause de la vie, de l’allégresse, du secours pour nous. Protégez-nous sous
les ailes de votre bonté. Soyez notre secours par vos interventions. Accordez
nous la vie éternelle, vous l’espoir Incomparable des chrétiens. Car nous
sommes les pauvres en œuvres et en mœurs divines ; et en contemplant les
richesses de la miséricorde que vous nous montrez, nous pouvons dire : Remplie
est la terre de la pitié du Seigneur. Nous étions éloignés de Dieu par la
multitude de nos péchés ; par vous nous avons cherché Dieu et nous l’avons
trouvé ; et, pour l’avoir trouvé, nous avons été sauvés. Puissant est votre
secours pour notre salut, Mère de Dieu ; il n’a pas besoin d’un autre médiateur
auprès de Dieu.
Qui donc, après votre Fils, s’intéresse comme vous au genre humain ? Qui nous
défend sans cesse dans nos tribulations ? Qui nous délivre aussi vite des
tentations qui nous assaillent ? Qui se donne autant de peine pour supplier en
faveur des pécheurs ? Qui prend leur défense pour les excuser dans des cas désespérés
? En vertu de la franchise et de la puissance que votre maternité vous a
acquises auprès de votre Fils, bien que nous soyons condamnés pour nos crimes
et que nous n’osions plus regarder vers les hauteurs du ciel, vous nous sauvez,
par vos supplications et vos intercessions, des supplices éternels. Aussi
l’affligé se réfugie t-il auprès de vous. Celui qui a subi l’injustice accourt
à vous. Celui qui est rempli de maux invoque votre assistance. Tout ce qui est
à vous, Mère de Dieu, est merveilleux, tout est plus grand que nature, tout
dépasse notre raison et notre puissance. Votre protection elle aussi est
au-dessus de la pensée.
Saint Germain
de Constantinople, L’Assomption, la Mère et le Fils séparés se retrouvent,
in R. P. Régamey, a.p., Les plus beaux textes sur la Vierge Marie, 1941.
SOURCE : http://christus-web.com/l-assomption-la-mere-et-le-fils-separes-se-retrouvent-germain-de-constantinople/
1. Dans sa munificence,
Dieu, qui peut tout, et dont le plan providentiel est fait de sagesse et
d’amour, adoucit par un mystérieux dessein de sa pensée, les souffrances des
peuples et des individus en y entremêlant des joies, afin que par des procédés
divers et de diverses façons, toutes choses concourent au bien de ceux qui
l’aiment [1]
2. Notre pontificat, tout
comme l’époque actuelle, est accablé de multiples soucis, préoccupations et
angoisses causés par les très graves calamités et les déviations de beaucoup
d’hommes qui s’écartent de la vérité et de la vertu. Cependant, c’est pour Nous
une grande consolation de voir des manifestations publiques et vivantes de la
foi catholique, de voir la piété envers la Vierge Marie, Mère de Dieu, en plein
essor, et croître chaque jour davantage, et offrir presque partout des présages
d’une vie meilleure et plus sainte. Il arrive de la sorte que tandis que la
Très Sainte Vierge remplit amoureusement ses fonctions de mère en faveur des
âmes rachetées par le sang du Christ, les esprits et les coeurs des fils sont
incités à contempler avec plus de soin ses privilèges.
3. Dieu, en effet, qui, de toute éternité, regarde la Vierge Marie avec une
toute particulière complaisance « dès que vint la plénitude des temps [2] », réalisa le dessein de sa Providence de façon que
les privilèges et les prérogatives dont il l’avait comblée avec une suprême
libéralité, resplendissent dans une parfaite harmonie. Que si l’Eglise a
toujours reconnu cette très grande libéralité et cette parfaite harmonie des
grâces, et si, au cours des siècles, elle les a chaque jour explorées plus
intimement, il était cependant réservé à notre temps de mettre en plus grande
lumière le privilège de l’Assomption corporelle au ciel de la Vierge Marie,
Mère de Dieu.
4. Ce privilège resplendit jadis d’un nouvel éclat lorsque Notre Prédécesseur
d’immortelle mémoire, Pie IX, définit solennellement le Dogme de l’Immaculée
Conception de la Mère de Dieu. Ces deux privilèges sont en effet très
étroitement liés. Par sa propre mort, le Christ a vaincu le péché et la mort,
et celui qui est surnaturellement régénéré par le baptême triomphe par le même
Christ du péché et de la mort. Toutefois, en vertu d’une loi générale, Dieu ne
veut pas accorder aux justes le plein effet de la victoire sur la mort, sinon
quand viendra la fin des temps. C’est pourquoi, les corps même des justes sont
dissous après la mort, et ne seront réunis, chacun à sa propre âme glorieuse
qu’à la fin des temps.
5. Cependant, Dieu a voulu exempter de cette loi universelle la Bienheureuse
Vierge Marie. Grâce à un privilège spécial, la Vierge Marie a vaincu le péché
par son Immaculée Conception, et de ce fait, elle n’a pas été sujette à la loi
de demeurer dans la corruption du tombeau, et elle ne dut pas non plus attendre
jusqu’à la fin du monde la rédemption de son corps.
6. C’est pourquoi, lorsqu’il fut solennellement défini que la Vierge Marie,
Mère de Dieu, a été préservée dès sa conception de la tache originelle, les
fidèles furent remplis d’un plus grand espoir de voir définir le plus tôt
possible, par le suprême magistère de l’Eglise, le Dogme de l’Assomption
corporelle au ciel de la Vierge Marie.
7. En fait, on vit alors, non seulement les simples fidèles, mais encore les
représentants des nations et des provinces ecclésiastiques, ainsi que de
nombreux Pères du Concile du Vatican, postuler instamment cette définition
auprès du Siège apostolique.
8. Au cours des siècles, ces pétitions et ces voeux, loin de diminuer, ne
firent que croître en nombre et en instance. En effet, de pieuses croisades de
prières furent organisées à cette fin ; de nombreux et éminents théologiens en
firent l’objet de leurs études empressées et attentives, soit en particulier,
soit dans des Athénées ou Facultés ecclésiastiques, soit d’autres Instituts
destinés à l’enseignement des sciences sacrées ; des Congrès mariaux nationaux ou
internationaux eurent lieu, en de nombreuses parties du monde. Ces études et
ces recherches mirent en meilleure lumière le fait que, dans le dépôt de la foi
chrétienne confié à l’Eglise, était également contenu le Dogme de l’Assomption
au ciel de la Vierge Marie ; et généralement, il en résulta des pétitions dans
lesquelles on priait instamment le Saint-Siège de définir solennellement cette
vérité.
9. Dans cette pieuse campagne, les fidèles se montrèrent admirablement unis à
leurs évêques, lesquels adressèrent en nombre vraiment imposant des pétitions
de ce genre à cette Chaire de Saint-Pierre. Aussi, au moment de Notre élévation
au trône du Souverain Pontife, plusieurs milliers de ces suppliques avaient été
présentées au Siège apostolique de toutes les régions de la terre et par des
personnes de toutes les classes sociales : par Nos chers Fils les cardinaux du
Sacré-Collège, par Nos vénérables Frères les archevêques et évêques, par les
diocèses et les paroisses.
10. En conséquence, tandis que Nous adressions à Dieu de ferventes prières afin
d’obtenir pour Notre âme la lumière du Saint-Esprit en vue de la décision à
prendre en une si grave affaire, Nous édictâmes des règles spéciales, pour que
fussent entreprises dans un effort commun, des études plus rigoureuses sur
cette question et pour que, pendant ce temps, fussent rassemblées et examinées
avec soin toutes les pétitions concernant l’Assomption au ciel de la
Bienheureuse Vierge Marie [3].
11. Mais comme il s’agissait d’une chose particulièrement grave et importante,
Nous jugeâmes opportun de demander directement et officiellement à tous les
vénérables Frères dans l’épiscopat de bien vouloir Nous exprimer ouvertement
chacun son sentiment à ce sujet. C’est pourquoi, le 1er mai de l’année 1946,
Nous leur adressâmes la lettre Deiparae Virginis Mariae, dans laquelle se
trouvait ce qui suit : « Est-ce que vous, vénérable Frère, dans votre grande
sagesse et prudence, vous pensez que l’Assomption corporelle de la Bienheureuse
Vierge puisse être proposée et définie comme Dogme de foi et est-ce que vous,
votre clergé et vos fidèles, vous désirez cela ? »
12. Et ceux que « l’Esprit-Saint a établis évêques pour gouverner l’Eglise de
Dieu [4] » donnèrent à l’une et à l’autre question une
réponse presque unanimement affirmative. Ce « singulier accord des évêques et
des fidèles catholiques [5] »,
qui estiment que l’Assomption corporelle au ciel de la Mère de Dieu peut être
définie comme un Dogme de foi, comme il nous offre l’accord de l’enseignement
du magistère ordinaire de l’Eglise et de la foi concordante du peuple chrétien
— que le même magistère soutient et dirige — manifeste donc par lui-même et
d’une façon tout à fait certaine, et exempte de toute erreur, que ce privilège
est une vérité révélée par Dieu et contenue dans le dépôt divin, confié par le
Christ à son Epouse, pour qu’elle le garde fidèlement et le fasse connaître
d’une façon infaillible [6], le magistère
de l’Eglise, non point certes par des moyens purement humains, mais avec
l’assistance de l’Esprit de vérité [7] et à cause de cela sans commettre absolument aucune
erreur, remplit la mission qui lui a été confiée de conserver à travers tous
les siècles, dans leur pureté et leur intégrité, les vérités révélées ; c’est
pourquoi il les transmet, sans altération, sans y rien ajouter, sans y rien
supprimer. « En effet, comme l’enseigne le Concile du Vatican, le Saint-Esprit
ne fut pas promis aux successeurs de Saint-Pierre pour que, Lui révélant, ils
enseignent une doctrine nouvelle, mais pour que, avec son assistance, ils
gardent religieusement et exposent fidèlement la révélation transmise par les
Apôtres, c’est-à-dire le dépôt de la foi » [8]. C’est
pourquoi, de l’accord universel, du magistère ordinaire de l’Eglise, on tire un
argument certain et solide servant à établir que l’Assomption corporelle au
ciel de la Bienheureuse Vierge Marie — laquelle, en ce qui concerne la «
glorification » céleste elle-même du corps virginal de la Mère de Dieu, ne
pouvait être connue par les forces naturelles d’aucune faculté de l’âme humaine
— est une vérité révélée par Dieu, et par conséquent elle doit être crue
fermement et fidèlement par tous les enfants de l’Eglise. Car, ainsi que
l’affirme le même Concile du Vatican, « on doit croire de foi divine et
catholique toutes les choses contenues dans la parole de Dieu écrite ou
transmise, et que l’Eglise propose à notre foi par son magistère ordinaire ou
universel, comme des vérités révélées par Dieu [9] . »
13. Des témoignages, des indices, des traces multiples de cette foi commune de
l’Eglise ont apparu au cours des siècles, depuis l’antiquité, et cette même foi
s’est manifestée dans une lumière plus vive de jour en jour.
14. En effet, sous la direction et la conduite de leurs pasteurs, les fidèles
ont appris par la Sainte Ecriture que la Vierge Marie a mené au cours de son
pèlerinage ici-bas, une vie de soucis, d’angoisses et de souffrances ; ils ont
su, de plus, que s’est réalisée la prédiction du saint vieillard : qu’un glaive
acéré lui transperça le coeur au pied de la croix de son divin Fils, notre
Rédempteur. Les fidèles ont également admis sans peine que l’admirable Mère de
Dieu, à l’imitation de son Fils unique, quitta cette vie. Mais cela ne les a
aucunement empêchés de croire et de professer ouvertement que son corps si
saint ne fut jamais soumis à la corruption du tombeau et que cet auguste
tabernacle du Verbe divin ne fût pas réduit en pourriture et en poussière. Bien
plus, éclairés par la grâce divine, et poussés par leur piété envers Celle qui
est la Mère de Dieu et aussi notre très douce Mère, ils ont contemplé dans une
lumière chaque jour plus vive l’admirable harmonie et concordance des
privilèges que Dieu, dans son infinie Providence, a accordés à cette sainte
associée de notre Rédempteur, privilèges si élevés que nulle autre créature, en
dehors de Marie, sauf la nature humaine de Jésus-Christ, n’atteignit jamais
pareil sommet.
15. Cette même croyance est clairement attestée par d’innombrables églises
consacrées à Dieu en l’honneur de la Vierge Marie dans son Assomption ; elle
l’est aussi par les images sacrées exposées dans les églises à la vénération
des fidèles et représentant aux yeux de tous ce singulier triomphe de la
Bienheureuse Vierge. En outre, des villes, des diocèses, des régions furent
placés sous la protection et le patronage spéciaux de la Vierge, Mère de Dieu,
élevée au ciel. Pareillement, des Instituts religieux approuvés par l’Eglise
furent créés, qui portent le nom de ce privilège de Marie. On ne doit pas non
plus passer sous silence que dans le rosaire mariai, dont le Siège apostolique
recommande tant la récitation, est proposé à la méditation un mystère ayant
trait, comme chacun sait, à l’Assomption au ciel de la Bienheureuse Vierge.
16. Mais cette foi des pasteurs de l’Eglise et des fidèles s’est manifestée
d’une façon universelle et plus éclatante lorsque, depuis les temps anciens, en
Orient, comme en Occident, furent célébrées des solennités liturgiques en
l’honneur de l’Assomption. Les Pères et Docteurs de l’Eglise, en effet, n’ont
jamais manqué de puiser là un lumineux argument, attendu que la liturgie
sacrée, ainsi que tous le savent, « étant aussi une profession des vérités célestes,
soumises au magistère suprême de l’Eglise, elle peut fournir des preuves et des
témoignages de grande valeur pour décider de quelque point particulier de la
doctrine chrétienne [10] ».
17. Dans les livres liturgiques où l’on trouve la fête, soit de la Dormition,
soit de l’Assomption de Sainte Marie, il y a des expressions en quelque sorte
concordantes pour attester que lorsque la Sainte Vierge, Mère de Dieu, quitta
cet exil pour les demeures éternelles, il arriva pour son corps sacré, par une
disposition de la divine Providence, ce qui était en harmonie avec sa dignité
de Mère du Verbe incarné, et avec les autres privilèges qui lui avaient été
accordés. Ces expressions, pour en donner un remarquable exemple, se lisent
dans le Sacramentaire, que Notre prédécesseur d’immortelle mémoire, Adrien I,
envoya à l’empereur Charlemagne. Il y est dit, en effet : « Vénérable est pour
nous, Seigneur, la fête de ce jour, en lequel la Sainte Mère de Dieu subit la
mort temporelle, mais cependant ne put être humiliée par les liens de la mort,
elle qui engendra de sa chair, ton Fils, Notre-Seigneur [11]. »
18. Ce qu’indique dans sa sobriété verbale habituelle la liturgie romaine, est
exprimé avec plus de détails et de clarté dans les autres livres de l’ancienne
liturgie, tant orientale qu’occidentale. Le Sacramentaire Gallican, pour
apporter un seul exemple, qualifie ce privilège de Marie d’« inexplicable
mystère, d’autant plus admirable qu’il est exceptionnel parmi les hommes, par l’Assomption
de la Vierge ». Et, dans la liturgie byzantine, l’Assomption corporelle de la
Vierge Marie est reliée plus d’une fois, non seulement à la dignité de Mère de
Dieu, mais encore à ses autres privilèges, à un titre particulier à sa
maternité virginale, faveur qu’elle doit à un singulier dessein de la divine
Providence : « Dieu, le Roi de l’univers, t’a accordé des choses qui dépassent
la nature, car, de même qu’il te garda vierge lorsque tu enfantas, de même il
préserva ton corps de la corruption du tombeau et le glorifia par une divine
translation » [12]
19. Cependant, le fait que le Siège apostolique, héritier de la mission confiée
au Prince des apôtres de confirmer les frères dans la foi rendit, en vertu de
son autorité, de plus en plus solennelle cette fête, a porté l’esprit des
fidèles à considérer chaque jour davantage la grandeur du mystère qui était
commémoré. C’est pourquoi la fête de l’Assomption, du rang honorable qu’elle
obtint dès le commencement parmi les autres fêtes mariales, fut élevée au rang
des fêtes les plus solennelles de tout le cycle liturgique. Et Notre
prédécesseur, saint Serge I, prescrivant la litanie ou procession stationale
pour les quatre fêtes mariales, énumère ensemble les fêtes de la Nativité, de
l’Annonciation, de la Purification et de la Dormition de la Vierge Marie [13]. Plus tard, saint Léon IV eut à coeur de
faire célébrer encore avec plus de solennité la fête déjà établie sous le titre
d’Assomption de la Bienheureuse Mère de Dieu ; à cet effet, il en institua la
vigile, puis il prescrivit des prières pour son octave ; et lui-même, heureux
de profiter de cette occasion, entouré d’une immense foule, tint à participer à
la célébration des solennités [14]. Enfin, on déduit très clairement l’obligation, remontant à
une date ancienne, de jeûner la veille de cette solennité, des déclarations de
Notre prédécesseur saint Nicolas Ier, au sujet des principaux jeûnes « que la
Sainte Eglise romaine reçut en tradition et qu’elle observe encore [15] ».
20. Vu que la liturgie catholique n’engendre pas la foi catholique, mais plutôt
en est la conséquence, et que, comme les fruits d’un arbre, en proviennent les
rites du culte sacré, les Saints Pères et les grands Docteurs, à cause de cela
même, n’y puisèrent pas cette doctrine comme d’une source première dans les
homélies et discours qu’ils adressaient au peuple ; mais ils en parlaient
plutôt comme d’une chose déjà connue des fidèles et par eux acceptée. Ils l’ont
mise en plus grande lumière. Ils en ont exposé le fait et le sens par des
raisons plus profondes, mettant surtout en un jour plus lumineux ce que les
livres liturgiques très souvent touchaient brièvement et succinctement : à
savoir que cette fête rappelait non seulement qu’il n’y eut aucune corruption
du corps inanimé de la Bienheureuse Vierge Marie, mais encore son triomphe
remporté sur la mort et sa « glorification » céleste, à l’exemple de son Fils
unique Jésus-Christ.
21. C’est pourquoi saint Jean Damascène, qui demeure parmi tant d’autres, le
héraut par excellence de cette vérité dans la tradition, lorsqu’il compare
l’Assomption corporelle de l’auguste Mère de Dieu avec tous les autres dons et
privilèges, proclame avec une puissante éloquence : « Il fallait que Celle qui
avait conservé sans tache sa virginité dans l’enfantement, conservât son corps
sans corruption même après la mort. Il fallait que Celle qui avait porté le
Créateur comme enfant dans son sein, demeurât dans les divins tabernacles. Il
fallait que l’Epouse que le Père s’était unie habitât le séjour du ciel. Il
fallait que Celle qui avait vu son Fils sur la croix et avait échappé au glaive
de douleur en le mettant au monde, l’avait reçu en son sein, le contemplât
encore siégeant avec son Père. Il fallait que la Mère de Dieu possédât tout ce
qui appartient à son Fils et qu’elle fût honorée par toute créature comme la
Mère de Dieu et sa servante [16]
».
22. Cette voix de saint Jean Damascène répond fidèlement à celle des autres qui
soutiennent la même doctrine. Car on trouve des déclarations non moins claires
et exactes dans tous ces discours que les Pères de la même époque ou de la
précédente ont tenus généralement à l’occasion de cette fête. C’est pourquoi,
pour en venir à d’autres exemples, saint Germain de Constantinople estimait que
l’incorruption du corps de la Vierge Marie, Mère de Dieu, et son élévation au
ciel, non seulement convenaient à sa maternité divine, mais encore à la
sainteté particulière de son corps virginal : « Tu apparais, comme il est
écrit, en splendeur ; et ton corps virginal est entièrement saint, entièrement
chaste, entièrement la demeure de Dieu ; de sorte que, de ce fait, il est ensuite
exempt de tomber en poussière ; transformé dans son humanité en une sublime vie
d’incorruptibilité, vivant lui-même et très glorieux, intact, et participant de
la vie parfaite [17]
». Un autre écrivain des plus anciens déclare : « A titre donc de très
glorieuse Mère du Christ, le Sauveur notre Dieu, Auteur de la vie et de l’immortalité,
elle est vivifiée, dans une incorruptibilité éternelle de son corps, par
Celui-là même qui l’a ressuscitée du tombeau et l’a élevée jusqu’à lui, comme
lui seul la connaît [18]
».
23. Comme cette fête liturgique se célébrait chaque jour en plus de lieux et
avec une piété plus considérable, les pasteurs de l’Eglise et les orateurs
sacrés, d’un nombre toujours croissant, estimèrent qu’il était de leur devoir
d’exposer clairement et ouvertement le mystère que rappelle cette fête et de
déclarer qu’il est très lié avec les autres vérités révélées.
24. Parmi les théologiens scolastiques, il n’en manqua pas qui, voulant
approfondir les vérités divinement révélées et désirant offrir cet accord
parfait qui se trouve entre la raison théologique et la foi catholique,
pensèrent qu’il fallait reconnaître que ce privilège de l’Assomption de la
Vierge Marie s’accorde d’une façon admirable avec les vérités divines que nous
livrent les Saintes Lettres.
25. En partant de là par voie de raisonnement, ils ont présenté des arguments
variés qui éclairent ce privilège marial, et le premier, pour ainsi dire, de
ces arguments, déclaraient-ils, est le fait que Jésus-Christ, à cause de sa
piété à l’égard de sa Mère, a voulu l’élever au ciel. Et la force de ces
arguments s’appuyait sur l’incomparable dignité de sa maternité divine et de
toutes les grâces qui en découlent, à savoir : sa sainteté insigne qui surpasse
la sainteté de tous les hommes et des anges : l’intime union de la Mère avec
son Fils, et ce sentiment d’amour privilégié dont le Fils honorait sa très
digne Mère.
6. Souvent ainsi, des
théologiens et des orateurs sacrés se présentent qui, suivant les traces des
Saints Pères [19],
pour illustrer leur foi en l’Assomption, usant d’une certaine liberté,
rapportent des événements et des paroles qu’ils empruntent aux Saintes Lettres.
Pour Nous en tenir à quelques citations qui sont sur ce sujet le plus souvent
employées, il y a des orateurs qui citent la parole du psalmiste : « Lève-toi,
Seigneur, au lieu de ton repos, toi et l’arche de ta majesté [20] ; et ils envisagent l’« Arche d’alliance » faite de
bois incorruptible et placée dans le temple de Dieu, comme une image du corps
très pur de la Vierge Marie, gardé exempt de toute corruption du sépulcre et
élevé à une telle gloire dans le ciel. De la même façon, en traitant de cette
question, ils décrivent la Reine entrant triomphalement dans la cour des cieux
et siégeant à la droite du divin Rédempteur [21] ; ainsi ils présentent l’Epouse du Cantique «
qui monte du désert comme une colonne de fumée exhalant la myrrhe et l’encens »
pour ceindre la couronne [22]. Ils proposent ce qui précède
comme des images de cette Reine du ciel, cette Epouse céleste qui, en union
avec son Epoux divin, est élevée à la cour des cieux.
27. Et de plus, les Docteurs scolastiques, non seulement dans les diverses
figures de l’Ancien Testament, mais aussi dans cette Femme revêtue de soleil
que contempla l’Apôtre Jean dans l’île de Patmos [23], ont vu l’indication de l’Assomption de
la Vierge Mère de Dieu. De même, des passages du Nouveau Testament, ils ont
proposé avec un soin particulier à leur considération ces mots : « Salut pleine
de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre les femmes [24], alors qu’ils voyaient dans le mystère de
l’Assomption le complément de cette surabondante grâce accordée à la
Bienheureuse Vierge, et cette bénédiction unique en opposition avec la
malédiction d’Eve.
28. C’est pourquoi, au début de la théologie scolastique, cet homme très pieux,
Amédée, évêque de Lausanne, affirme que la chair de la Vierge Marie est restée
sans corruption — car on ne peut croire que son corps ait vu la corruption —
puisqu’il a, en effet, été uni de nouveau à son âme et conjointement avec elle,
dans la cour céleste, couronné de la gloire d’En-Haut. « Elle était, en effet,
pleine de grâce et bénie entre les femmes [25]. » Seule, elle a mérité de concevoir le vrai Dieu
de vrai Dieu, que vierge elle a mis au monde, que vierge, elle a allaité, le
pressant sur son sein, et qu’elle a servi en toute chose d’une sainte
obéissance [26].
29. Parmi les saints écrivains qui, à cette époque, se sont servis des textes
et de diverses similitudes ou analogies des Saintes Ecritures pour illustrer ou
confirmer la doctrine de l’Assomption, objet d’une pieuse croyance, le Docteur
évangélique saint Antoine de Padoue occupe une place à part. C’est lui, en
effet, qui, le jour de l’Assomption, expliquait ces paroles du Prophète Isaïe :
« Je glorifierai le lieu où reposent mes pieds [27] », affirma d’une façon certaine que le divin
Rédempteur a orné de la plus haute gloire sa Mère très chère, dont il avait
pris sa chair d’homme. « Par là, vous savez clairement, dit-il, que la
Bienheureuse Vierge dans son corps, où fut le lieu où reposèrent les pieds du
Seigneur, a été élevée (au ciel). » C’est pourquoi le Psalmiste sacré écrit : «
Lève-toi, Seigneur, au lieu de ton repos, toi, et l’arche de ta majesté. » De
la même façon, comme il l’affirme lui-même, que Jésus-Christ est ressuscité en
triomphant de la mort, et monté à la droite de son Père, ainsi pareillement «
est ressuscitée aussi l’Arche de sa sanctification lorsqu’en ce jour, la Vierge
Mère a été élevée dans la demeure céleste [28]
».
30. Au moyen âge, alors que la théologie scolastique était dans tout son éclat,
saint Albert le Grand, après avoir réuni, pour en établir la preuve, divers
arguments fondés sur les Saintes Lettres, les textes de la tradition ancienne
et enfin la liturgie et le raisonnement théologique, comme on dit, conclut
ainsi : « Pour toutes ces raisons, et ces témoignages qui font autorité, il est
clair que la Bienheureuse Mère de Dieu a été élevée en âme et en corps
au-dessus des choeurs des anges. Et nous croyons que cela est vrai de toutes
façons [29] ». Dans le sermon qu’il prononça
le saint jour de l’Annonciation de la Bienheureuse Vierge Marie, en expliquant
ces paroles de l’Ange la saluant : « Ave, gratia plena »..., le Docteur
universel, comparant à Eve la Très Sainte Vierge, soutient clairement et
expressément qu’elle fut exempte de la quadruple malédiction qui frappa Eve [30].
31. Le Docteur angélique, à la suite de son remarquable Maître, bien qu’il
n’ait jamais traité expressément la question, chaque fois cependant
qu’incidemment il y touche, maintient constamment en union avec l’Eglise
catholique que le corps de Marie a été élevé au ciel avec son âme [31].
32. Le Docteur séraphique, entre beaucoup d’autres, se déclare dans le même
sens. Pour lui, il est tout à fait certain que Dieu, de la même façon qu’il a
gardé Marie, la Très Sainte, exempte de la violation de son intégrité virginale
et de sa pureté virginale, soit quand elle a conçu, soit quand elle enfanta,
ainsi Dieu n’a pas permis en aucune façon que son corps fût réduit à la
corruption ou réduit en cendres [32]. En
interprétant ces paroles de la Sainte Ecriture et les appliquant en un certain
sens accomodatice à la Bienheureuse Vierge : Quae est ista, quae ascendit de
deserto, deliciis affluens, innixa super dilectum suum. « Quelle est celle-ci
qui monte du désert, pleine de délices, appuyée sur son bien-aimé [33] ? », il raisonne ainsi : « De là encore, il résulte
qu’elle s’y trouve en corps... Car, en effet, sa béatitude ne serait pas
consommée si elle ne s’y trouvait pas en personne, mais c’est l’union (du corps
et de l’âme) qui la constitue ; il est évident qu’en tant que suivant cette
union, c’est-à-dire en son corps et en son âme, elle s’y trouve : sans quoi,
elle n’aurait pas la jouissance béatifique achevée [34]. »
33. A une époque plus tardive de la théologie scolastique, soit au XVe siècle,
saint Bernardin de Sienne, reprenant d’une manière générale, et étudiant de
nouveau avec soin tout ce que les théologiens du Moyen Age avaient déclaré et
discuté sur cette question, ne se contenta pas de rapporter les principales
considérations que les docteurs du temps passé avaient proposées, mais il en
ajouta de nouvelles. A savoir la ressemblance de la divine Mère et de son divin
Fils pour ce qui touche à la noblesse et à la dignité de l’âme et du corps — à
cause de cette ressemblance, nous ne pouvons pas même penser que la Reine du
Ciel soit séparée du Roi du Ciel — demande que Marie « ne puisse se trouver que
là où est le Christ [35]
», et, d’autre part, il est conforme à la raison et convenable que de même que
pour l’homme, ainsi le corps et l’âme de la femme arrivent à la gloire
éternelle dans le ciel ; et, enfin, puisque l’Eglise n’a jamais recherché les
restes de la Bienheureuse Vierge et ne les a jamais proposés au culte du
peuple. Il y a là un argument qu’on peut offrir, « comme une preuve sensible [36] ».
34. En des temps plus récents, ces déclarations des Saints Pères et Docteurs
que nous avons rapportées furent d’un usage commun. Embrassant cette unanimité
des chrétiens dans la tradition des siècles antérieurs, saint Robert Bellarmin
s’écrie : « Et qui pourrait croire, je vous prie, que l’arche de la sainteté,
la demeure du Verbe, le temple de l’Esprit-Saint se soit écroulé ? Mon âme
répugne franchement même à penser que cette chair virginale qui a engendré
Dieu, lui a donné le jour, l’a allaité, l’a porté, ou soit tombée en cendres ou
ait été livrée à la pâture des vers [37].
»
35. De la même façon, saint François de Sales, après avoir soutenu qu’on ne
peut mettre en doute que Jésus-Christ a accompli à la perfection le
commandement divin qui prescrit aux fils d’honorer leurs parents, se pose cette
question : « Qui est l’enfant qui ne ressuscitast sa bonne mère s’il pouvoit et
ne la mist en paradis après qu’elle seroit décédée [38] ?
» Et saint Alphonse écrit : « Jésus n’a pas voulu que le corps de Marie se
corrompît après sa mort, car c’eût été un objet de honte pour lui si sa chair
virginale était tombée en pourriture, cette chair dont lui-même avait pris la
sienne [39]. »
36. Mais comme ce mystère, objet de la célébration de cette fête, se trouvait
déjà mis en lumière, il ne manqua pas de Docteurs qui, plutôt que de se servir
des arguments théologiques qui démontrent qu’il convient absolument et qu’il
est logique de croire à l’Assomption au ciel de la Bienheureuse Vierge Marie en
son corps, tournaient leur esprit et leur coeur à la foi de l’Eglise, Epouse
mystique du Christ qui n’a ni tache ni ride [40], et que l’Apôtre appelle « la colonne et la base de
la vérité [41] » ; appuyés sur cette foi commune, ils pensaient
que l’opinion contraire était téméraire pour ne pas dire hérétique. Du moins,
saint Pierre Canisius, comme tant d’autres, après avoir déclaré que le mot même
d’Assomption signifie « glorification » non seulement de l’âme, mais encore du
corps, et que l’Eglise, déjà au cours de nombreux siècles, vénère et célèbre
avec solennité ce mystère mariai de l’Assomption, remarque ce qui suit : « Ce
sentiment prévaut déjà depuis des siècles ; il est ancré au coeur des pieux
fidèles et confié ainsi à toute l’Eglise. Par conséquent, on ne doit pas
supporter d’entendre ceux qui nient que le corps de Marie a été élevé dans le
ciel, mais on doit les siffler, à l’occasion, comme des gens trop entêtés, et
par ailleurs téméraires, et comme des gens imbus d’un esprit plus hérétique que
catholique [42] ».
37. A la même époque, le Docteur excellent qui professait cette règle en
marialogie que « les mystères de grâce opérés par Dieu dans la Vierge ne
doivent pas se mesurer aux règles ordinaires, mais à la toute-puissance divine,
étant supposée la convenance de ce dont il s’agit et que cela ne soit pas en
contradiction avec les Saintes Ecritures ou inconciliable avec le texte sacré [43]
», en ce qui concerne le mystère de l’Assomption, fort de la foi commune de
l’Eglise tout entière, il pouvait conclure que ce mystère doit être cru avec la
même fermeté d’âme que l’Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie,
et déjà il affirmait que ces vérités pouvaient être définies.
38. Tous ces arguments et considérations des Saints Pères et des théologiens
s’appuient sur les Saintes Lettres comme sur leur premier fondement. Celles-ci
nous proposent, comme sous nos yeux, l’auguste Mère de Dieu dans l’union la
plus étroite avec son divin Fils et partageant toujours son sort. C’est
pourquoi il est impossible de considérer Celle qui a conçu le Christ, l’a mis
au monde, nourri de son lait, porté dans ses bras et serré sur son sein,
séparée de lui, après cette vie terrestre, sinon dans son âme, du moins dans
son corps. Puisque notre Rédempteur est le Fils de Marie, il ne pouvait certainement
pas, lui qui fut l’observateur de la loi divine le plus parfait, ne pas
honorer, avec son Père éternel, sa Mère très aimée. Or, il pouvait la parer
d’un si grand honneur qu’il la garderait exempte de la corruption du tombeau.
Il faut donc croire que c’est ce qu’il a fait en réalité.
39. Il faut surtout se souvenir que, depuis le IIe siècle, les Saints Pères
proposent la Vierge Marie comme une Eve nouvelle en face du nouvel Adam et, si
elle lui est soumise, elle lui est étroitement unie dans cette lutte contre
l’ennemi infernal, lutte qui devait, ainsi que l’annonçait le protévangile [44], aboutir à une complète victoire sur le péché et la
mort, qui sont toujours liés l’un à l’autre dans les écrits de l’Apôtre des
Nations [45]. C’est pourquoi, de même que
la glorieuse Résurrection du Christ fut la partie essentielle de cette victoire
et comme son suprême trophée, ainsi le combat commun de la Bienheureuse Vierge
et de son Fils devait se terminer par la « glorification » de son corps
virginal ; car, comme le dit ce même Apôtre, « lorsque ce corps mortel aura
revêtu l’immortalité, alors s’accomplira la parole qui est écrite : la mort a
été engloutie dans sa victoire [46] ».
40. C’est pourquoi l’auguste Mère de Dieu, unie de toute éternité à
Jésus-Christ, d’une manière mystérieuse, par « un même et unique décret [47] » de prédestination,
immaculée dans sa conception, Vierge très pure dans sa divine Maternité,
généreuse associée du Divin Rédempteur qui remporta un complet triomphe du
péché et de ses suites, a enfin obtenu comme suprême couronnement de ses
privilèges d’être gardée intacte de la corruption du sépulcre, en sorte que,
comme son Fils, déjà auparavant, après sa victoire sur la mort, elle fut élevée
dans son corps et dans son âme, à la gloire suprême du ciel où Reine, elle
resplendirait à la droite de son fils, Roi immortel des siècles. [48] ».
41. Alors, puisque l’Eglise universelle, en laquelle vit l’Esprit de vérité,
cet Esprit qui la dirige infailliblement pour parfaire la connaissance des
vérités révélées, a manifesté de multiples façons sa foi au cours des siècles,
et puisque les évêques du monde entier, d’un sentiment presque unanime, demandent
que soit définie, comme dogme de foi divine et catholique, la vérité de
l’Assomption au ciel de la Bienheureuse Vierge Marie — vérité qui s’appuie sur
les Saintes Lettres et ancrée profondément dans l’âme des fidèles, approuvée
depuis la plus haute antiquité par le culte de l’Eglise, en parfait accord avec
les autres vérités révélées, démontrée et expliquée par l’étude, la science et
la sagesse des théologiens, — nous pensons que le moment, fixé par le dessein
de Dieu dans sa Providence, est maintenant arrivé où nous devons déclarer
solennellement cet insigne privilège de la Vierge Marie.
42. Nous, qui avons confié Notre pontificat au patronage particulier de la Très
Sainte Vierge, vers qui Nous Nous réfugions en tant de vicissitudes des plus
tristes réalités, Nous qui avons consacré à son Coeur Immaculé le genre humain
tout entier en une cérémonie publique, et qui avons éprouvé souvent sa très
puissante assistance, Nous avons une entière confiance que cette proclamation
et définition solennelle de son Assomption apportera un profit non négligeable
à la société humaine, car elle tournera à la gloire de la Très Sainte Trinité à
laquelle la Vierge Mère de Dieu est unie par des liens tout particuliers. Il
faut, en effet, espérer que tous les fidèles seront portés à une piété plus
grande envers leur céleste Mère ; que les âmes de tous ceux qui se glorifient
du nom de chrétiens, seront poussées au désir de participer à l’unité du Corps
mystique de Jésus-Christ et d’augmenter leur amour envers Celle qui, à l’égard
de tous les membres de cet auguste corps, garde un coeur maternel. Et il faut
également espérer que ceux qui méditent les glorieux exemples de Marie se
persuaderont de plus en plus de quelle grande valeur est la vie humaine si elle
est entièrement vouée à l’accomplissement de la volonté du Père céleste et au
bien à procurer au prochain ; que, alors que les inventions du « matérialisme »
et la corruption des moeurs qui en découle menacent de submerger l’existence de
la vertu et, en excitant les guerres, de perdre les vies humaines, sera
manifesté le plus clairement possible, en pleine lumière, aux yeux de tous, à
quel but sublime sont destinés notre âme et notre, corps ; et enfin que la foi
de l’Assomption céleste de Marie dans son corps rendra plus ferme notre foi en
notre propre résurrection, et la rendra plus active.
43. Ce Nous est une très grande joie que cet événement solennel arrive, par un
dessein de la Providence de Dieu, alors que l’Année Sainte suit son cours, car
ainsi nous pouvons, pendant la célébration du très grand Jubilé, orner le front
de la Vierge Mère de Dieu de ce brillant joyau et laisser un souvenir plus
durable que l’airain de Notre piété très ardente envers la Mère de Dieu.
44. C’est pourquoi, après avoir adressé à Dieu d’incessantes et suppliantes
prières, et invoqué les lumières de l’Esprit de vérité, pour la gloire du Dieu
Tout-Puissant, qui prodigua sa particulière bienveillance à la Vierge Marie,
pour l’honneur de son Fils, Roi immortel des siècles et vainqueur de la mort et
du péché, pour accroître la gloire de son auguste Mère et pour la joie et
l’exultation de l’Eglise tout entière, par l’autorité de Notre-Seigneur
Jésus-Christ, des bienheureux apôtres Pierre et Paul, et par la Nôtre, Nous
proclamons, déclarons et définissons que c’est un dogme divinement révélé que
Marie, l’Immaculée Mère de Dieu toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie
terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste.
45. C’est pourquoi, si quelqu’un — ce qu’à Dieu ne plaise — osait volontairement
nier ou mettre en doute ce que Nous avons défini, qu’il sache qu’il a fait
complètement défection dans la foi divine et catholique.
46. Et pour que Notre définition de l’Assomption au ciel de la Vierge Marie
dans son corps parvienne à la connaissance de l’Eglise universelle, Nous
voulons que Nos lettres apostoliques présentes demeurent pour en perpétuer la
mémoire, ordonnant que les copies qui en seront faites, ou même les exemplaires
qui en seront imprimés, contresignés de la main d’un notaire public, et munis
du sceau d’une personne constituée en dignité ecclésiastique, obtiennent foi
absolument auprès de tous, comme le feraient les présentes Lettres elles-mêmes
si elles étaient exhibées ou montrées.
47. Qu’il ne soit permis à qui que ce soit de détruire ou d’attaquer ou
contredire, par une audacieuse témérité, cet écrit de Notre déclaration,
décision et définition. Si quelqu’un avait la présomption d’y attenter, qu’il
sache qu’il encourrait l’indignation du Dieu Tout-Puissant et des bienheureux apôtres
Pierre et Paul.
48. Donné à Rome, près de Saint-Pierre, l’année du très saint Jubilé mil neuf
cent cinquante, le premier novembre, en la fete de tous les Saints, de Notre
pontificat la douzième année.
Notes
[1]Rom 8, 28.
[2] Gal 4, 4.
[3]Cf. Hentrich-Von Moos, Petitiones de Assumptione corporea
B. Virginis Mariae in Caelum definienda ad S. Sedem delatae, 2 volumes, Typis
Polyglottis Vaticanis, 1942.
[4] Act 20, 28.
[5]Bulle Ineffabilis Deus, Acta Pii IX, pars 1 , Vol. 1, p.
615.
[6]Concile du Vatican, Constitution Dei Filius, c. 4.
[7]Jean 14, 26.
[8]Concile du Vatican, Constitution Pastor Aeternus, c. 4.
[9]Ibid., Dei Filius, c. III.
[10]Encyclique Mediator Dei, Acta Apostolicae Sedis, XXXIX,
541.
[11]Sacramentorum Gregorianum.
[12]Menaei Totius Anni.
[13]Liber Pontificalis.
[14]Ibid.
[15]Responsa Nicolai Papae I ad Consulta Bulgarorum.
[16]S. Jean Damascène, Encomium in Dormitionem Dei
Genitricis Semperque Virginis Mariae, hom. II, n. 14 ; cf. également ibid., n.
3.
[17]S. Germain de Constantinople, In sanctae Dei Genitricis
Dormitionem, sermon I.
[18]Encomium in Dormitionem Sanctissimae Dominae Nostrate
Deiparae Semperque Virginis Mariae, attribué à S. Modeste de Jérusalem, n. 14.
[19]Cf. S. Jean Damascène, op. cit., Hom. II, n. 11 ; et
aussi l’Encomium attribué à saint Modeste.
[20]Ps. 131, 8.
[21]Ps. 44, 10 -14ff.
[22]Cant 3, 6 ; cf. 4, 8 ; 6, 9.
[23]Ap 12, 1 et seq., IV.
[24]Luc 1, 23.
[25]Luc 1, 28.
[26]Amédée de Lausanne, De Beatae Virginis Obitu,
Assumptione in Caelum Exaltatione ad Filii Dexteram.
[27]Is 61,13.
[28]S. Antoine de Padoue, Sermones dominicales et in
solemnitatibus, In Assumptione S. Mariae Virginis sermo.
[29]S. Albert le Grand, Mariale, q. 132.
[30]S. Albert le Grand, Sermones de Sanctis, sermon XV in
Annuntiatione B. Mariae ; cf- également Mariale, q. 132.
[31]St. Thomas d’Aquin, Summa Theol., I, lla ; q. 27, a. 1
; q. 83, a. 5, ad 8 ; Expositio Salutationis Angelicae ; In Symb. Apostolorum
Expositio, a. S ; In IV Sent., d. 12, q. 1, a. 3, sol. 3 ; d. 43, q. 1, a. 3,
sol. 1, 2.
[32]S. Bonaventure, De Nativitate B. Mariae Virginis,
Sermon V.
[33]Cant 8, 5.
[34]S. Bonaventure, De Assumptione B. Mariae Virginis,
sermon 1.
[35]S. Bernardin de Sienne, in Assumptione Beatae Mariae
Virginis, sermon 11.
[36]Ibid.
[37]S. Robert Bellarmin, Contiones habitae Lovanii, n. 40,
De Assumptione B. Mariae Virginis.
[38]Œuvres de S. François de Sales, sermon pour la fête de
l’Assomption.
[39]S. Alphonse de Liguori, Les Gloires de Marie, Part. 2,
d. 1.
[40]Eph 5, 27.
[41]I Tim 3, 15.
[42]S. Pierre Canisius, De Maria Virgine.
[43]Suarez, In Tertiam Partem D. Thomae, q.27, a. 2, disp.
3, seq. 5, n. 31.
[44]Gen 3, 15.
[45]Rom 5-6 ; I Cor. 15, 21-26, 54-57.
[46]I Cor 15, 54.
[47]Bulle Ineffabilis Deus, doc. cit., p. 599.
[48]I Tim 1, 17.
SOURCE : http://v.i.v.free.fr/spip/spip.php?article3602#nb9
SOLENNITÉ DE L'ASSOMPTION
DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE
BENOÎT XVI
ANGELUS
Chers frères et sœurs!
Au cœur de celles que les
latins appelaient "feriae Augusti", vacances d'août - d'où le
mot italien de "ferragosto" - l'Eglise célèbre aujourd'hui
l'Assomption de la Vierge Marie au Ciel, corps et âme. Dans la Bible, la
dernière référence à sa vie terrestre se trouve au début des Actes des Apôtres,
qui présente Marie recueillie en prière avec les disciples au Cénacle dans
l'attente de l'Esprit Saint (Ac 1, 14). Plus tard, une double
tradition - à Jérusalem et à Ephèse - atteste de sa "dormition",
comme disent les orientaux, autrement dit qu'elle s'est "endormie" en
Dieu. Ce fut l'événement qui précéda son passage de la terre au Ciel, confessé
par la foi ininterrompue de l'Eglise. Au VIII siècle par exemple, Jean
Damascène, grand docteur de l'Eglise orientale, en établissant un rapport
direct entre la "dormition" de Marie et la mort de Jésus, affirme
explicitement la vérité de son assomption corporelle. Il écrit dans une célèbre
homélie: "Il fallait que celle qui avait porté le Créateur dans son
sein quand il était enfant habitât avec Lui dans les tabernacles du ciel"
(Homélie II sur la dormition, 14, PG 96, 741 B). Comme
chacun sait, cette ferme conviction de l'Eglise a trouvé son couronnement
dans la définition dogmatique de l'Assomption, prononcée par mon vénéré
prédécesseur Pie XII en 1950.
Comme l'enseigne le
Concile Vatican II, la Très Sainte Vierge Marie est toujours liée au
mystère du Christ et de l'Eglise. Dans cette perspective, "tout comme dans
le ciel où elle est déjà glorifiée corps et âme, la Mère de Jésus représente et
inaugure l'Eglise en son achèvement dans le siècle futur, de même sur cette
terre, en attendant la venue du jour du Seigneur (cf. 2 P 3, 10),
elle brille déjà comme un signe d'espérance assurée et de consolation devant le
peuple de Dieu en pèlerinage" (Constitution
Lumen gentium, n. 68). Du Paradis la Sainte Vierge ne cesse de veiller,
particulièrement dans les moments difficiles d'épreuve, sur ses enfants, que
Jésus lui-même Lui a confiés avant de mourir sur la Croix. Combien
rencontre-t-on de témoignages de cette sollicitude maternelle en visitant les
sanctuaires qui Lui sont dédiés! Je pense de manière particulière en cet
instant à cette citadelle mondiale de la vie et de l'espérance qu'est Lourdes,
où, à Dieu ne plaise, je me rendrai dans un mois pour célébrer le 150
anniversaire des apparitions mariales qui y ont eu lieu.
L'Assomption de Marie au
ciel nous montre la dernière étape de notre pèlerinage terrestre. Elle nous
rappelle que tout notre être - esprit, âme et corps - est destiné à la plénitude
de la vie; qui est que celui qui vit et meurt dans l'amour de Dieu et du
prochain sera transfiguré à l'image du corps glorieux du Christ ressuscité; que
le Seigneur renverse les puissants et élève les humbles (cf Lc 1, 51-52).
C'est ce que proclame éternellement la Sainte Vierge à travers le mystère de
son Assomption. O Vierge Marie, sois toujours louée! Prie pour nous le
Seigneur.
Après l'Angelus
Je salue cordialement les
pèlerins de langue française, en particulier les jeunes de la famille
marianiste, en ce jour où nous célébrons l'Assomption de la Vierge Marie. Alors
que je me prépare à visiter la France, dont Marie en son Assomption est la
Patronne, je vous invite à vous laisser guider par elle dans votre marche vers
son Fils Jésus. Que "celle qui a cru à l'accomplissement des paroles qui
lui furent dites de la part du Seigneur" vous aide à grandir dans la foi
et vous donne de vivre dans l'espérance! Bonne fête de l'Assomption!
Je vous souhaite à tous
de passer dans la joie cette fête mariale solennelle et populaire. Bonne fête.
© Copyright 2008 -
Libreria Editrice Vaticana
Bartolomeo della Gatta (1448–1502),
Assunzione della Vergine coi SS. Benedetto e Scolastica, 1473 ca., tempera sur panneau, 317 x 221,
Cortona, Museo Diocesano / musée diocésain à Cortone
Petite histoire de la
solennité de l’Assomption
Fabrice de Chanceuil - publié
le 14/08/24
Comment est née la fête
de l’Assomption ? Ancrée dans la plus vieille tradition de l’Église, la
célébration de la montrée au Ciel de la Vierge Marie s’impose en Occident au
VIIe siècle. En France, depuis le vœu de Louis XIII, elle tient lieu de
véritable fête patronale.
Le 15 août est célébrée
dans le monde entier, et plus spécialement en France, la fête catholique de
l'Assomption, appelée Dormition dans l’Église orthodoxe. Si l’Ascension est la montée au Ciel de Jésus, quarante
jours après sa résurrection à Pâques, l'Assomption est la montée au Ciel de sa
mère, la Vierge Marie. Cette fête, qui est en réalité une solennité, a été
fixée au 15 août depuis le Ve siècle, à l'initiative de saint Cyrille d'Alexandrie. Comme souvent, elle a pris la
place d'une ancienne fête romaine, en l’occurrence les Feriae Augusti qui
célébraient, au milieu du mois d'août, les victoires d'Auguste. Elle s'impose
en Occident, sous l'appellation d'Assomption, au VIIe siècle.
Une tradition très
ancienne
Il s'agit donc d'une
tradition très ancienne qui ne trouve néanmoins pas son fondement dans un texte
biblique. Ce sont les Pères de l’Église qui en ont parlé les premiers, et
d'abord Éphrem le Syrien qui, au IVe siècle, affirmait que le corps de Marie
était resté intact après sa mort sans connaître la corruption. En Occident,
Grégoire de Tours en fait mention, en s'appuyant sur une série de textes
apocryphes évoquant l'ensevelissement de la Sainte Vierge par les apôtres au
pied du Mont-des-Oliviers avant son élévation au Ciel par le Christ lui-même.
Une autre tradition situe l'Assomption dans la maison de la Vierge Marie à
Éphèse, découverte plus tard au XIXe siècle à partir des visions de la
bienheureuse Anne-Catherine Emmerich.
L'Assomption prend une
grande importance en France quand le roi Louis XIII, affecté de ne pas avoir
d'enfant après vingt-trois ans de mariage, promet de consacrer sa personne, son
royaume et ses sujets à Notre Dame si celle-ci lui donnait la faveur d'avoir un
héritier. Suite à la grossesse de la reine Anne d'Autriche qui allait donner
naissance au futur Louis XIV, le roi signe à Saint-Germain, le 10 février 1638,
l'édit de consécration qui instaure les processions du 15 août, jour de la fête
de l'Assomption, et demande à ce que chaque église, quand elle n'est pas sous
le patronage de la Vierge, dispose d'une chapelle consacrée à la Reine de Cieux.
Fête patronale de la
France
Si l'on ne peut parler,
en France, de fête nationale s'agissant du 15 août, on peut sans
conteste parler de fête patronale qui se traduit aujourd'hui par une
renaissance des processions, qui s'étaient étiolées au cours des siècles, et
même par des festivités profanes comme des feux d'artifice. Au Canada, le 15
août est aussi la Journée de la fête nationale des Acadiens et des Acadiennes
car, selon la formule de l'abbé Marcel-François Richard dans un discours resté
fameux, "la dévotion nationale des Acadiens, c'est la dévotion à
Marie".
Mais la fête va surtout
connaître sa consécration mondiale avec la proclamation, le 1er novembre 1950,
par le pape Pie XII, du dogme de l'Assomption suite à l’adoption de la
constitution apostolique Minificentissimus Deus. Celle-ci sera complétée, en 1964,
lors du Concile Vatican II, par la constitution dogmatique Lumen Gentium selon laquelle "la Vierge
immaculée, préservée de toute tache de la faute originelle, au terme de sa vie
terrestre, fut élevée à la gloire du ciel en son âme et en son corps, et
exaltée par le Seigneur comme Reine de l'univers afin de ressembler plus
parfaitement à son Fils, Seigneur des seigneurs, et vainqueur du péché et de la
mort" (LG, 59).
La couronne de douze
étoiles
À défaut de référence
biblique explicite, les fidèles entendent, lors de la messe du 15 août, le
récit de l'Apocalypse de saint Jean qui décrit "un grand signe apparu dans
le Ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds,
et, sur la tête, une couronne de douze étoiles" (Ap 12, 1). Belle
image de la Vierge Marie montée au Ciel. Notre-Dame de l'Assomption, priez pour
nous !
Lire aussi :[HOMÉLIE]
À l’Assomption, la joie de Marie est notre avenir
Lire aussi :Qu’est-ce
qu’une “fête de précepte” ?
Lire aussi :Le
point commun entre la France et Malte ? Notre-Dame de l’Assomption!
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SOURCE : https://fr.aleteia.org/2024/08/14/petite-histoire-de-la-solennite-de-lassomption
Assunzione della Beata
Vergine Maria
Festa: 15 agosto - Solennità
L'Immacolata Vergine,
preservata immune da ogni colpa originale, finito il corso della sua vita, fu
assunta alla celeste gloria in anima e corpo e dal Signore esaltata quale
regina dell'universo, perché fosse più pienamente conforme al Figlio suo,
Signore dei dominanti e vincitore del peccato e della morte'. (Conc. Vat. II,
'Lumen gentium', 59). L'Assunta è primizia della Chiesa celeste e segno di
consolazione e di sicura speranza per la chiesa pellegrina. La 'dormitio
Virginis' e l'assunzione, in Oriente e in Occidente, sono fra le più antiche
feste mariane. Questa antica testimonianza liturgica fu esplicitata e
solennemente proclamata con la definizione dommatica di Pio XII nel 1950. (Mess.
Rom.)
Martirologio
Romano: Solennità dell’Assunzione della beata Vergine Maria, Madre di Dio
e Signore nostro Gesù Cristo, che, completato il corso della sua vita terrena,
fu assunta anima e corpo nella gloria celeste. Questa verità di fede ricevuta
dalla tradizione della Chiesa fu solennemente definita dal papa Pio XII.
Definizione
Nell’etere del 1° novembre 1950 sono state diffuse le solenni e autorevoli parole della definizione dogmatica pronunciate da Pio XII: “L’immacolata Madre di Dio sempre vergine Maria, terminato il corso della vita terrena, fu assunta alla gloria celeste in anima e corpo”. In ordine di tempo, è l’ultimo dogma definito della Chiesa cattolica, quasi un secolo dopo quello dell’Immacolata Concezione, proclamato da Pio IX l’8 dicembre 1854.
La breve e solenne proposizione dogmatica racchiude insieme le tre verità più
importanti della Chiesa cattolica circa la Vergine Maria: Immacolata fin dalla
sua concezione; Madre di Dio nella sua missione salvifica; e Assunta in cielo
nella sua predestinazione finale accanto a Cristo, primizia della Chiesa. Con questa
definizione, Pio XII riconosce il valore prezioso della costante fede del
popolo di Dio, o sensus fidelium, nell’assunzione gloriosa della Madre di Dio
nei Cieli. Una credenza da sempre presente nella tradizione cristiana, espressa
sia nella pietà popolare che nella vita liturgica, sia nei padri che nei
teologi, sia nel consenso unanime dell’Episcopato che nel dato rivelato sulla
divina Maternità e sull’Immacolata Concezione della Vergine Maria. Il
pronunciamento del Sommo Pontefice, infatti, corona una credenza da tempo
universalmente professata dal popolo di Dio nel suo insieme.
Sviluppo storico
Contrariamente al pensare comune, le definizioni dogmatiche, più che essere delle imposizioni dall’alto che piovono sui credenti, sono, invece, riconoscimenti e ufficializzazioni di credenze e tradizioni già diffuse nel seno della comunità della Chiesa. Spesso, nella storia, sono state proclamate delle verità non per affermare qualcosa di nuovo nel campo della fede, ma semplicemente per difendere una tradizione già esistente da attacchi contrari alla stessa fede. Così, ad esempio, la definizione circa la divinità di Cristo, che il Concilio di Nicea, nel 325, ha definito e affermato contro gli attacchi dell’arianesimo; lo stesso avvenne per il concilio di Efeso, nel 431, che proclamò Maria Madre di Dio, contro il nestorianesimo.
Per quanto riguarda l’Assunzione, l’antica tradizione, unanimemente accettata da parte della Chiesa cattolica, non necessitava di nessuna difesa, e quindi la relativa proclamazione del dogma si è lentamente precisata e maturata fino al momento storico, ritenuto come favorevole e prestabilito dalla provvidenza divina, per proclamare solennemente questo privilegio di Maria Vergine. Certo, le occasioni storiche hanno la loro importanza, se interpretate nella prospettiva del disegno generale di Dio e saggiamente intuite dalla competente autorità e pronunciarsi solennemente. Nella definizione dell’Assunzione di Maria al cielo, non sono da sottovalutare la posizione puntuale per difendere o, meglio, per rendere più ferma e più operosa la fede del popolo di Dio nella risurrezione dei corpi dal galoppante materialismo e dal secolarismo imperante del XX secolo.
La stessa proclamazione, in sé stessa considerata, ha reso completo il grande
mistero della Donna biblica, Predestinata insieme al Cristo Gesù in modo
assoluto e indipendente con l’unico e medesimo atto di volontà di Dio, prima
della creazione e prima della seconda venuta dello stesso Cristo alla fine del
tempo, per estendere l’eterno presente dell’eternità, unica misura della
divinità e di chi partecipa di essa.
Le origini
Quanto allo sviluppo storico della festa dell’Assunzione, le prime testimonianze risalgono già verso la fine del secolo IV e l’inizio del V secolo, come documentano gli scritti specialmente di sant’Efrem il Siro († 373) e di sant’Epifanio di Salamina († 403). Questi, nel suo Panarion, circa la morte di Maria, enuncia tre ipotesi possibili e sostenute, all’epoca, da autori diversi: Maria non è morta, ma è stata trasferita da Dio in un luogo migliore; Maria è morta martire; Maria è morta di morte naturale. Egli non sa scegliere con sicurezza fra le tre ipotesi, poiché “nessuno ha conosciuto la sua fine”, ma pensa che in ogni modo la fine di Maria deve essere stata gloriosa e degna di lei.
La testimonianza di Epifanio, comunque, assicura che nella Chiesa, alla fine del V secolo, non esisteva ancora una tradizione precisa, né di carattere storico, né di carattere dogmatico, circa la morte di Maria. E la stessa terminologia delle primitive testimonianze è legata probabilmente alla festa in onore della Dormitio Mariae, in ricordo, forse, della chiesa costruita e dedicata in suo onore sul monte Sion (in Gerusalemme) all’inizio del V dai cristiani Bizantini.
Dopo Epifanio, i primi testimoni sulla Dormitio Mariae sono gli scritti apocrifi. Quelli più conosciuti sono circa una ventina. Hanno origini differenti e appartengono a diverse famiglie: i più antichi sembrano quelli siri egiziani e greci. Non ci si può attendere nulla di sicuro da essi dal punto di vista storico; rappresentano, invece, chiaramente la reazione della fede popolare nei secoli V e VI, alla domanda circa il transito di Maria. Pensiero comune a tutti gli apocrifi è che il corpo di Maria non può essere andato soggetto alla corruzione del sepolcro.
Un’evoluzione analoga presentano i testi del culto liturgico. Le origini della festa dell’Assunzione si trovano in Oriente, nella metà del VI sec., come risulta dalla narrazione dei pellegrini che hanno visitato Gerusalemme in quegli anni. Verso la fine del VII, l’imperatore Maurizio estende la festa a tutte le regioni dell’Impero, fissandola al 15 agosto. In Occidente, i primi segni di una festa “in memoria” della Vergine appaiono nel VI secolo, precisamente nella Gallia, dove viene celebrata il 18 gennaio sotto il titolo di Depositio Sanctae Mariae.
A Roma la celebrazione della festa dell’Assunzione viene introdotta nel VII secolo da papa Sergio I, assieme ad altre feste mariane: la Purificazione, l’Annunciazione e la Natività; e ben presto diviene anche la più importante di tutte, conservando fin dalle origini sia il nome sia il significato attuali. Da Roma poi si estende rapidamente, durante i secoli VIII e IX, a tutto l’Occidente, anche nella Gallia, precisando il contenuto e stabilendo la data della festa al 15 di agosto.
In Oriente, gli autori nel spiegare e giustificare la festa dell’Assunzione si richiamano facilmente agli apocrifi, e alle ragioni desunte dalla mariologia generale: la consacrazione del corpo di Maria mediante la maternità divina, l’onore dovuto dal Figlio alla Madre, l’unione effettiva tra la Madre e il Figlio, la concezione e la nascita verginale del Figlio, l’onore di Maria come Nuova Eva.
In Occidente, invece, lo sviluppo dottrinale fu molto più lento. Nonostante la
chiara indicazione del culto liturgico, molti autori, dal VII al IX secolo, si
esprimono in modo dubbioso. Uno scrittore anonimo del IX secolo afferma: “è
meglio lasciare tutto a Dio, al quale nulla è impossibile, piuttosto che
definire temerariamente di nostra autorità ciò che non possiamo provare”. E un
altro, del X sec., è di opinione opposta e dice che, non essendovi una
trattazione sicura circa l’Assunzione di Maria, occorre esaminare con la
ragione quale sia la verità, così che “la verità faccia da autorità”. La
ragione fondamentale è la grazia e la dignità singolare con cui Dio ha onorato
Maria.
Il contributo della Teologia
Grande impulso la dottrina dell’Assunzione riceve dai teologi della Scolastica, specialmente da quelli della Scuola francescana, come è documentato dalla stessa Costituzione dogmatica Munificentissimus Deus. Così per esempio, oltre alle esplicite affermazioni positive e favorevoli di sant’Alberto Magno, si distinguono tra i francescani sant’Antonio di Padova, san Bonaventura da Bagnoregio e san Bernardino da Siena. Nel II sermone della festa dell’Assunzione, sant’Antonio, commentando le parole d’Isaia: Glorificherò il luogo dove posano i miei piedi (Is 60, 13), afferma con sicurezza: “Il luogo dove il Signore pose i suoi piedi fu la beata Vergine dalla quale prese l’umanità. Questo luogo è stato dal Signore glorificato, esaltando Maria al di sopra dei cori angelici. Da ciò è manifesto che la Vergine fu assunta in cielo anche con il corpo, che fu il luogo dove pose i piedi il Signore. A questo mistero alludeva il Salmista, quando cantava: Alzati, Signore verso il luogo del tuo riposo, tu e l’arca della tua potenza (Sal 132, 8). Il Signore è risorto quando ascese alla destra dl Padre; è risorta anche l’Arca [Maria], dove egli ha riposato, quando la Vergine Madre fu assunta al talamo celeste” (Assunzione della Beata Vergine Maria, sermo II, 142).
Dello stesso parere è anche san Bonaventura, il quale ritiene assolutamente certo che, come Dio preservò Maria santissima dalla violazione del pudore e dell’integrità verginale nella concezione e nel parto, così non ha permesso che il suo corpo si disfacesse in putredine e cenere. Scrive: “La gloriosa Vergine Maria, come nella sua vita e nella sua concezione (del Verbo) non soggiacque alla corruzione della concupiscenza attuale, così anche spirando e nella sua morte non soggiacque alla corruzione del suo corpo” (De Nativitate B. Mariae Virginis, sermo 5). Interpretando, poi, e applicando in senso accomodatizio alla beata Vergine le parole del Cantico dei Cantici: Chi è costei che sale dal deserto, ricolma di delizie, appoggiata al suo diletto? (Ct 8, 5), così ragiona: “E così si può constare che Maria è ivi (in Cielo) corporalmente. La beatitudine, infatti, non sarebbe consumata (ossia di massima pienezza), se ivi non vi fosse di persona; e poiché la persona non è soltanto l’anima, ma l’intero composto umano, è chiaro che ivi è presente nel composto, cioè in corpo e anima, altrimenti non potrebbe essere consumata la fruizione o godimento beatifico” (De Assumptione B. Mariae Virginis, sermo 1).
Nel secolo XV, san Bernardino, riassumendo e trattando con diligenza tutto ciò che i teologi della Scolastica avevano detto e discusso sull’Assunzione, aggiunge altre considerazioni. Specialmente insiste sulla stretta somiglianza della divina Madre col Figlio divino, quanto alla nobiltà e dignità dell’anima e del corpo: per cui non si può pensare che la celeste Regina sia separata dal Re dei cieli. Anzi esige apertamente che “Maria non debba essere se non dov’è Cristo; inoltre è ragionevole e conveniente che si trovino già glorificati in cielo l’anima e il corpo, come dell’uomo, così anche della donna; infine il fatto che la Chiesa non ha mai cercato e proposto alla venerazione dei fedeli le reliquie corporee della beata Vergine, fornisce un argomento che si può dire quasi una riprova sensibile” (In Assumptione B. M. Virginis, sermo 2).
A partire dalla seconda metà del XV secolo, cioè dopo san Bernardino, la dottrina dell’Assunzione, chiaramente contenuta nella festa liturgica e universalmente ammessa dalla totalità dei Teologi, appare ormai così certa che sarebbe imprudente e scandaloso non ammetterla. Pensiero che si trova espresso in tanti santi che hanno magnificato l’Assunzione e la glorificazione della Vergine Maria, come per esempio: san Roberto Bellarmino, san Francesco di Sales, sant’Alfonso dei Liguori e tanti altri. Qualcuno comincia a dirla già di fede, perché universalmente creduta nella Chiesa; qualche altro la colloca sullo stesso piano della dottrina dell’Immacolata, e dice che un giorno la Chiesa potrà arrivare a definirla.
E così restano le posizioni fino al 1854.
E difatti, nel domandare a Pio IX la definizione dell’Immacolata Concezione di Maria Vergine, non pochi vescovi esprimono contemporaneamente il desiderio che venga definita anche l’Assunzione; desiderio e proposta fatti propri anche da molti Padri del Concilio Vaticano I. La conclusione anticipata del Concilio non ha permesso di approfondire la richiesta; tuttavia, l’idea ha avuto un seguito con l’origine del così detto “movimento assunzionistico francescano”, che tanto si è prodigato per la diffusione e l’approfondimento delle relative problematiche mariane connesse con la possibilità di una definizione dell’Assunzione di Maria Vergine al cielo. Specialmente, poi, tra il 1944 il 1950, ad opera del francescano Carlo Balic, vengono celebrati con grande partecipazione e profondo interesse ben sette “Congressi assunzionisti francescani”, in varie parti del mondo, sempre per approfondire meglio le questioni inerenti all’Assunzione, come supporto e preparazione per una eventuale definizione.
Difatti, il 1º maggio 1946, Pio XII, dopo avere esaminate le tantissime istanze pervenute dal 1849 al 1940, che “supplicano che sia definita e proclamata, come dogma di fede, l’Assunzione corporea della beata Vergine Maria in Cielo, insieme a quasi duecento Padri del concilio Vaticano”, chiedeva ufficialmente ai Vescovi del mondo cattolico se ritenessero possibile e opportuno che si procedesse alla definizione dell’Assunzione come verità di fede. La risposta è stata unanimemente positiva e affermativa.
I teologi, invece, continuavano a discutere sulla possibilità e sui fondamenti
di una eventuale definizione dogmatica, specialmente intorno alla morte della
Vergine Maria. Le discussioni terminarono soltanto con l’annuncio della
prossima definizione, pubblicato il 14 agosto 1950 da Pio XII.
La questione della morte di Maria
La Chiesa professa che Maria è, con Gesù, l’unica persona in tutta la storia dell’umanità a essere ufficialmente riconosciuta assunta in cielo (quindi in corpo e anima) già ora, prima della seconda venuta del Cristo. Ciò è possibile perché Maria, secondo la Chiesa, è l’unica persona a essere preservata dalla macchia del peccato originale che ha coinvolto l’intera umanità. Per questo, la tradizione dell’Assunzione e il dogma che, poi, ne è scaturito, sono in stretta connessione logica con i corrispettivi inerenti all’Immacolata Concezione, benché la tradizione di questa è successiva nel tempo rispetto a quella dell’Assunzione, e anche più elaborata e discussa teologicamente.
Pio XII, nella definizione dogmatica dell’Assunzione, ha deliberatamente evitato di pronunciarsi sulla questione se Maria sia prima morta, per poi risorgere, oppure sia stata assunta immediatamente senza passare attraverso la morte. Il fatto che il Papa non si sia pronunciato è degno di nota, poiché molti pensavano che l’Assunzione andasse necessariamente intesa come un’anticipata risurrezione, in modo da implicare necessariamente la morte. Ed erano state fatte pressioni sul Sommo Pontefice perché nella definizione dogmatica facesse riferimento anche alla morte, cosa che egli non ha fatto.
La questione della morte o non morte di Maria rimane dunque lasciata alla libera ricerca dei teologi, anche se bisogna riconoscere che l’opinione dei mortalisti, per chiamarla così, è di gran lunga più diffusa di quella degli immortalisti. La Vergine Santissima, l’Immacolata, - afferma Paolo VI nella Solemnis Professio fidei (30 giugno 1968) - “associata ai misteri dell’Incarnazione e della Redenzione con un vincolo stretto e indissolubile, al termine della sua vita terrena, è stata elevata in corpo e anima alla gloria celeste e configurata a suo Figlio risorto, anticipando la sorte futura di tutti i giusti”. Anche papa Giovanni Paolo II, nella sua catechesi del 25 giugno 1997, pur senza l’intenzione di chiudere il dibattito, ha detto: “È possibile che Maria di Nazaret abbia sperimentato nella carne il dramma della morte? Riflettendo sul destino di Maria e sul suo rapporto con il suo divin Figlio, sembra legittimo rispondere positivamente, dal momento che Cristo è morto, sarebbe difficile sostenere il contrario per la Madre”. La possibilità della morte naturale, o dormizione, di Maria, è presentata come di un fatto comunemente ammesso.
La tesi della morte naturale di Maria è presente nella tradizionale almeno dal IV secolo in poi; dal medioevo è stata fatta sostenuta specialmente dai teologi della Scuola francescana, e, oggi, appartiene al Magistero della Chiesa. L’argomento più forte dei mortalisti sembra essere quello che la Beata Vergine doveva essere configurata a Cristo nella sua morte e risurrezione, per poter essere così il modello universale dei redenti.
Intorno a questa delicata e complessa questione, si distingue il pensiero del “Maestro più qualificato della scuola francescana”, Giovanni Duns Scoto (1266-1308), per la sua sottigliezza concretezza e fedeltà nell’interpretare la Parola rivelata. Difatti, in sintonia con la sua visione globale del mistero di Cristo, egli instaura una forma di perfetta analogia: come Cristo è morto ed è risorto, così anche Maria è morta ed è stata assunta in cielo. E trova il fondamento biblico nel commento al passo del Genesi: sei polvere e in polvere ritornerai (Gn 3, 19), il cui “valore - scrive - è così generale che non ammette eccezione, neppure per Cristo e Maria” (Reportata Parisiensia, IV, d. 43, q. 5, n. 8).
Questo pensiero del Cantore dell’Immacolata diventa ancora più chiaro alla luce della sottile e delicata differenza che egli, solo, introduce tra “legge naturale” e “legge morale”. La morte appartiene alla “legge naturale”, che, di per sé, non ammette eccezioni di sorta; il peccato originale, invece, alla “legge morale”, che sopporta l’eccezione, come di fatto è avvenuto nella storia della salvezza, proprio per la Vergine Maria. In questo modo, si comprende meglio anche la differenza dell’universalità del peccato con l’universalità della morte. Di per sé, la morte è una conseguenza del peccato, cioè è un demerito o una punizione; in Cristo e Maria, invece, la morte risponde alla legge naturale e non alla legge morale, dal momento che essi sono esenti dal peccato d’origine e attuale, e, quindi, “per privazione dell’abbondanza di gloria di per sé nel corpo” (Ordinatio, III, d. 16, q. 1, n. 5).
E commentando anche il testo paolino: la morte è entrata nel mondo per il
peccato (Rm 5, 12), annota: “sì, la morte è entrata nel mondo per il peccato,
ma è stata preceduta dalla potenza di morire” (Reportata Parisiensia, II, d.
19, q. unica, n. 3). La morte, perciò, secondo Duns Scoto più che al peccato,
anche se con esso è una punizione, appartiene alla legge di natura materiale
del corpo che è mortale intrinsecamente e metafisicamente, perché è un composto.
Allora anche Maria è passata attraverso il dolce sonno della morte alla beata
assunzione in cielo, come suo Figlio, anche se con modalità differenti, proprio
in forza dei meriti de condigno che Cristo ha acquistato per gli altri.
Applicazione spirituale
Al termine di questo breve e veloce viaggio storico-dottrinale sulla verità dogmatica dell’Assunzione, si può notare la differenza complementare tra la Munificentissimus Deus di Pio XII, che mette in risalto i profondi risvolti cristologici; e l’ecclesiologia del concilio Vaticano II, che rende presenta l’Assunzione come Primizia e Icona della Chiesa. Maria, perciò, viene presentata come Icona non statica ma dinamica, nel senso che esprime la perfetta sintesi del progetto di grazia, che Dio, per Cristo nello Spirito, compie a favore del genere umano, ed è soprattutto incitamento e stimolo a percorrere con gioia la via tracciata da Dio per l’attuazione del suo disegno salvifico.
La gloria celeste di cui si parla nella definizione dogmatica dell’Assunzione è lo stato di beatitudine nel quale si trova attualmente l’umanità santissima di Gesù Cristo, e al quale giungeranno tutti gli eletti alla fine del mondo. Il privilegio dell’Assunzione concesso a Maria consiste, quindi, nel dono dell’anticipata glorificazione integrale del suo essere, anima e corpo, a somiglianza del suo Figlio, che è asceso al Cielo.
E questo perché - commenta il Cantore dell’Immacolata - Cristo e Maria, essendo
stati predestinati insieme con l’unico e medesimo atto di predestinazione da
parte di Dio Padre nel suo grandioso meraviglioso e sublime disegno d’amore (Ef
1, 3-6), non possono essere distaccati nella vita celeste del Regno: Cristo è
Re e Maria, Regina dei Cieli. Pertanto, l’espressione “assunta alla gloria
celeste” non designa, di per sé, una traslazione locale del corpo della Vergine
Maria dalla terra al cielo, ma il passaggio dalla condizione dell’esistenza
terrena alla condizione dell’esistenza propria della beatitudine celeste. I
teologi ammettono comunemente che il “cielo” non significhi soltanto uno
“stato”, ma anche un “luogo”: il luogo dove si trova appunto Cristo risorto e
glorioso, in anima e corpo, e dove si trova Maria accanto a Lui. Precisare
ulteriormente dove si trovi, e in quale ordine di rapporti con il nostro
universo visibile è assolutamente impossibile. Quanto alle condizioni di
esistenza della Vergine Assunta e del suo corpo glorioso, si possono applicare
tutti i concetti che la teologia, fondandosi principalmente su S. Paolo (1Cor
15, 35-52), ha elaborato per illustrare le condizioni di esistenza sia di
Cristo risorto che dei beati dopo la risurrezione finale.
Autore: P. Giovanni Lauriola ofm
La “dormitio Virginis” e l'assunzione, in Oriente e in Occidente, sono fra le più antiche feste mariane. Fu papa Pio XII il 1° novembre del 1950, Anno Santo, a proclamare solennemente per la Chiesa cattolica come dogma di fede l’Assunzione della Vergine Maria al cielo con la Costituzione apostolica Munificentissimus Deus: « Pertanto, dopo avere innalzato ancora a Dio supplici istanze, e avere invocato la luce dello Spirito di Verità, a gloria di Dio onnipotente, che ha riversato in Maria vergine la sua speciale benevolenza a onore del suo Figlio, Re immortale dei secoli e vincitore del peccato e della morte, a maggior gloria della sua augusta Madre e a gioia ed esultanza di tutta la chiesa, per l'autorità di nostro Signore Gesù Cristo, dei santi apostoli Pietro e Paolo e Nostra, pronunziamo, dichiariamo e definiamo essere dogma da Dio rivelato che: l'immacolata Madre di Dio sempre vergine Maria, terminato il corso della vita terrena, fu assunta alla gloria celeste in anima e corpo. Perciò, se alcuno, che Dio non voglia, osasse negare o porre in dubbio volontariamente ciò che da Noi è stato definito, sappia che è venuto meno alla fede divina e cattolica».
La Chiesa ortodossa e la Chiesa apostolica armena celebrano il 15 agosto la
festa della Dormizione di Maria.
Cosa si festeggia in questa solennità?
L'Immacolata Vergine la quale, preservata immune da ogni colpa originale,
finito il corso della sua vita, fu assunta, cioè accolta, alla celeste gloria in
anima e corpo e dal Signore esaltata quale regina dell'universo, perché fosse
più pienamente conforme al Figlio suo, Signore dei dominanti e vincitore del
peccato e della morte. (Conc. Vat. II, Lumen gentium, 59). La Vergine Assunta,
recita il Messale romano, è primizia della Chiesa celeste e segno di
consolazione e di sicura speranza per la chiesa pellegrina. Questo perché
l'Assunzione di Maria è un'anticipazione della resurrezione della carne, che
per tutti gli altri uomini avverrà soltanto alla fine dei tempi, con il
Giudizio universale. È una solennità che, corrispondendo al natalis
(morte) degli altri santi, è considerata la festa principale della Vergine.
Il 15 agosto ricorda con probabilità la dedicazione di una grande chiesa a
Maria in Gerusalemme.
Qual è la differenza tra “assunzione” e “dormizione”?
La differenza principale tra Dormizione e Assunzione è che la seconda non
implica necessariamente la morte, ma neppure la esclude.
Quali sono le fonti?
Il primo scritto attendibile che narra dell’Assunzione di Maria Vergine
in Cielo, come la tradizione fino ad allora aveva tramandato oralmente, reca la
firma del Vescovo san Gregorio di Tours ( 538 ca.- 594), storico e
agiografo gallo-romano: «Infine, quando la beata Vergine, avendo completato il corso
della sua esistenza terrena, stava per essere chiamata da questo mondo, tutti
gli apostoli, provenienti dalle loro differenti regioni, si riunirono nella sua
casa. Quando sentirono che essa stava per lasciare il mondo, vegliarono insieme
con lei. Ma ecco che il Signore Gesù venne con i suoi angeli e, presa la sua
anima, la consegnò all’arcangelo Michele e si allontanò. All’alba gli apostoli
sollevarono il suo corpo su un giaciglio, lo deposero su un sepolcro e lo
custodirono, in attesa della venuta del Signore. Ed ecco che per la seconda
volta il Signore si presentò a loro, ordinò che il sacro corpo fosse preso e
portato in Paradiso».
Qual è il significato teologico?
Il Dottore della Chiesa san Giovanni Damasceno (676 ca.- 749) scriverà: «Era
conveniente che colei che nel parto aveva conservato integra la sua verginità
conservasse integro da corruzione il suo corpo dopo la morte. Era conveniente
che colei che aveva portato nel seno il Creatore fatto bambino abitasse nella
dimora divina. Era conveniente che la Sposa di Dio entrasse nella casa celeste.
Era conveniente che colei che aveva visto il proprio figlio sulla Croce,
ricevendo nel corpo il dolore che le era stato risparmiato nel parto, lo
contemplasse seduto alla destra del Padre. Era conveniente che la Madre di Dio
possedesse ciò che le era dovuto a motivo di suo figlio e che fosse onorata da
tutte le creature quale Madre e schiava di Dio». La Madre di Dio, che era stata
risparmiata dalla corruzione del peccato originale, fu risparmiata dalla
corruzione del suo corpo immacolato, Colei che aveva ospitato il Verbo doveva
entrare nel Regno dei Cieli con il suo corpo glorioso.
Cosa dicono i Padri della Chiesa?
San Germano di Costantinopoli (635 ca.-733), considerato il vertice della
mariologia patristica, è in favore dell’Assunzione e per tre principali
ragioni: pone sulla bocca di Gesù queste parole: «Vieni di buon grado
presso colui che è stato da te generato. Con dovere di figlio io voglio
rallegrarti; voglio ripagare la dimora nel seno materno, il soldo
dell’allattamento, il compenso dell’educazione; voglio dare la certezza al tuo
cuore. O Madre, tu che mi hai avuto come figlio unigenito, scegli piuttosto di
abitare con me». Altra ragione è data dalla totale purezza e integrità di
Maria. Terzo: il ruolo di intercessione e di mediazione che la Vergine è
chiamata a svolgere davanti al Figlio in favore degli uomini.
Leggiamo ancora nel suo scritto dell’Omelia I sulla Dormizione, che attinge a
sua volta da San Giovanni Arcivescovo di Tessalonica ( tra il 610 e il 649 ca.)
e da un testo di quest’ultimo, che descrive dettagliatamente le origini della
festa dell’Assunzione, dato certo nella Chiesa Orientale dei primi secoli:
«Essendo umano (il tuo corpo) si è trasformato per adattarsi alla suprema vita
dell’immortalità; tuttavia è rimasto integro e gloriosissimo, dotato di
perfetta vitalità e non soggetto al sonno (della morte), proprio perché non era
possibile che fosse posseduto da un sepolcro, compagno della morte, quel vaso
che conteneva Dio e quel tempio vivente della divinità santissima
dell’Unigenito». Poi prosegue: «Tu, secondo ciò che è stato scritto, sei bella
e il tuo corpo verginale è tutto santo, tutto casto, tutto abitazione di Dio:
perciò è anche estraneo al dissolvimento in polvere. Infatti, come un figlio
cerca e desidera la propria madre, e la madre ama vivere con il figlio, così fu
giusto che anche tu, che possedevi un cuore colmo di amore materno verso il
Figlio tuo e Dio, ritornassi a lui; e fu anche del tutto conveniente che a sua
volta Dio, il quale nei tuoi riguardi aveva quel sentimento d’amore che si
prova per una madre, ti rendesse partecipe della sua comunanza di vita con se
stesso».
Perché il giorno dell'Assunta è detto anche Ferragosto?
Il termine Ferragosto deriva dalla locuzione latina feriae Augusti (riposo di
Augusto) indicante una festività istituita dall'imperatore Augusto nel 18 a.C.
che si aggiungeva alle esistenti e antichissime festività cadenti nello stesso
mese, come i Vinalia rustica o i Consualia, per celebrare i raccolti e la fine
dei principali lavori agricoli. L'antico Ferragosto, oltre agli evidenti fini
di auto-promozione politica, aveva lo scopo di collegare le principali
festività agostane per fornire un adeguato periodo di riposo, anche detto
Augustali, necessario dopo le grandi fatiche profuse durante le settimane
precedenti.