Peintre
strasbourgeois (HERMANN SCHADEBERG). Crucifixion de Jésus,
huile
sur bois (conifère), 125,3 x 93,9, Colmar, musée d'Unterlinden
33 Puis, étant arrivés à un lieu dit Golgotha, c'est-à-dire lieu du Crâne,
34 ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de fiel ; mais, l'ayant goûté, il ne voulut pas boire.
35 Quand ils l'eurent crucifié, ils se partagèrent ses vêtements en les tirant au sort.
36 Et, s'étant assis, ils le gardaient.
37 Au-dessus de sa tête ils mirent un écriteau indiquant la cause de sa condamnation : " Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs. "
38 Alors on crucifia avec lui deux brigands, l'un à droite et l'autre à gauche.
39 Et les passants l'injuriaient en hochant la tête
40 et disant : " Toi, qui détruis le sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, si tu es Fils de Dieu et descends de la croix ! "
41 De même, les grands prêtres aussi se moquaient de lui, avec les scribes et les anciens, disant :
42 " Il en a sauvé d'autres, il ne peut se sauver lui-même ! Il est roi d'Israël, qu'il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui !
43 Il a mis sa confiance en Dieu; s'il l'aime, qu'il le délivre maintenant, car il a dit : Je suis Fils de Dieu ! "
44 Les brigands aussi, crucifiés avec lui, l'insultaient de la même manière.
45 Depuis la sixième heure jusqu'à la neuvième, il se fit des ténèbres sur toute la terre.
46 Vers la neuvième heure, Jésus s'écria d'une voix forte : " Eli, Eli, lema sabachtani ? " c'est-à-dire " Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ? "
47 Quelques-uns de ceux qui étaient là, l'ayant entendu, disaient : " Il appelle Elie. "
48 Et aussitôt l'un d'eux courut prendre une éponge qu'il imbiba de vinaigre, et, l'ayant mise au bout d'un roseau, il lui présenta à boire.
49 Mais les autres disaient : " Laisse ! que nous voyions si Elie va venir le sauver. "
50 Jésus poussa de nouveau un grand cri et rendit l'esprit.
51 Et voilà que le voile du sanctuaire se fendit en deux, du haut en bas, la terre trembla, les rochers se fendirent,
52 les sépulcres s'ouvrirent et les corps de beaucoup de saints défunts ressuscitèrent.
53. Et, sortis des sépulcres, après sa résurrection, ils entrèrent dans la ville sainte et apparurent à beaucoup.
54 Le centurion et ceux qui, avec lui, gardaient Jésus, voyant le tremblement de terre et ce qui se passait, furent saisis d'une grande frayeur et dirent : " Vraiment, c'était le Fils de Dieu. "
55 Il y avait là plusieurs femmes qui regardaient à distance ; elles avaient suivi Jésus depuis la Galilée, pour le servir ;
56 parmi elles étaient Marie la Magdaléenne, Marie mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée.
ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU, XXVII : 33-56
THÉOPHANE LE CRÉTOIS. Crucifixion, milieu du XVIe siècle, Stavronikita monastery
22 et ils le menèrent au lieu (dit) Golgotha, ce qui se traduit : lieu du Crâne.
23 Et ils lui donnèrent du vin mêlé de myrrhe, mais il n'en prit pas ;
24 et ils le crucifièrent et se partagèrent ses vêtements, en les tirant au sort, à qui aurait quelque chose.
25 Il était la troisième heure lorsqu'ils le crucifièrent.
26 L'inscription indiquant la cause (de sa condamnation) portait : " Le roi des Juifs. "
27 Ils crucifièrent avec lui deux brigands, l'un à sa droite, l'autre à sa gauche.
28 Ainsi fut accomplie cette parole de l'Écriture : Et il a été compté parmi les malfaiteurs.
29 Les passants l'injuriaient en hochant la tête et disant : " Hé ! Toi qui détruis le sanctuaire et le rebâtis en trois jours,
30 sauve-toi toi-même, et descends de la croix ! "
31 De même, les grands prêtres aussi, avec les scribes, se moquaient de lui entre eux et disaient : " Il en a sauvé d'autres, il ne peut se sauver lui-même.
32 Que le Christ, le roi d'Israël, descende maintenant de la croix, afin que nous voyions et que nous croyions ! " Ceux même qui avaient été crucifiés avec lui l'insultaient.
33 La sixième heure arrivée, il se fit des ténèbres sur la terre entière jusqu'à la neuvième heure.
34 Et à la neuvième, heure, Jésus cria d'une voix forte : " Eloï, Eloï, lama sabacthani, " ce qui se traduit : " Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ? "
35 Quelques-uns de ceux qui étaient là, l'ayant entendu, disaient : " Voilà qu'il appelle Elie. "
36 Et quelqu'un courut imbiber une éponge de vinaigre, et l'ayant mise au bout d'un roseau, il lui présentait à boire, disant : " Laissez ! que nous voyions si Elie va venir le descendre. "
37 Jésus jeta un grand cri et expira.
38 Et le voile du sanctuaire se fendit en deux, du haut en bas.
39 Le centurion qui se tenait en face de lui, ayant vu qu'il avait expiré ainsi, dit : "Vraiment cet homme était Fils de Dieu. "
40 Il y avait aussi des femmes qui regardaient à distance, entre autres Marie la Magdaléenne, Marie mère de Jacques le Petit et de José, et Salomé,
41 qui le suivaient et le servaient lorsqu'il était en Galilée, et beaucoup d'autres qui étaient montées à Jérusalem avec lui.
ÉVANGILE SELON SAINT MARC, XV : 22-41
CHRISTOPH
BOCKSTORFER ou HUGO VON HOHENLANDENBERG. Le
Christ en croix et les deux larrons, 1524, Bockstorfer Altar, Cathedral of Konstanz
33 Lorsqu'ils furent arrivés au lieu appelé Calvaire, ils l'y crucifièrent, ainsi que les malfaiteurs, l'un à droite, l'autre à gauche.
34 Et Jésus disait : " Père, pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font. " Et se partageant ses vêtements, ils les tirèrent au sort.
35 Le peuple se tenait là et regardait. Même les chefs raillaient, disant : " Il en a sauvé d'autres, qu'il se sauve lui-même, s'il est le Christ de Dieu, l'Élu ! "
36 Les soldats aussi se moquèrent de lui, s'avançant pour lui présenter du vinaigre, et disant :
37 " Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! "
38 Il y avait aussi au-dessus de lui une inscription en caractères grecs, latins et hébraïques : " Celui-ci est le roi des Juifs. "
39 Or, l'un des malfaiteurs, mis en croix l'injuriait, disant : " N'es-tu pas le Christ? Sauve-toi toi-même et sauve-nous ! "
40 Mais l'autre le reprenait, disant : " Tu n'as pas même la crainte de Dieu, toi qui subis la même condamnation !
41 Pour nous, c'est justice, car nous recevons ce que méritent les choses que nous avons faites ; mais lui n'a rien fait de mal. "
42 Et il dit : " Jésus, souvenez-vous de moi, quand vous reviendrez avec votre royauté. "
43 Et il lui dit : " Je te le dis en vérité, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis. "
44 Il était alors environ la sixième heure, et il se fit des ténèbres sur la terre entière jusqu'à la neuvième heure,
45 le soleil s'étant éclipsé, et le voile du sanctuaire se fendit par le milieu.
46 Et Jésus clama d'une voix forte : " Père, je remets mon esprit entre vos mains. " Et, ce disant, il expira.
47 Le centurion, ayant vu ce qui s'était passé, glorifia Dieu, disant : " Réellement, cet homme était un juste. "
48 Et toutes les foules rassemblées à ce spectacle, après voir regardé ce qui s'était passé, s'en retournaient en se frappant la poitrine.
49 Tous ceux de sa connaissance se tenaient à distance, ainsi que les femmes qui l'avaient suivi depuis la Galilée, pour voir (tout) cela.
ÉVANGILE SELON SAINT LUC, XXIII : 33-49
MATHIAS GRÜNEWALD, Die kleine Kreuzigung, Szene: Christus am Kreuz, Maria, Maria Magdalena und Hl. Johannes, Gesamtansicht, vers 1511-1520, huile sur panneaux, 61,3 x 46, Washington, National Gallery of Art
16. Alors il le leur livra pour être crucifié.
17. Et ils prirent Jésus et l'emmenèrent. Jésus, portant sa croix, arriva hors de la ville au lieu nommé Calvaire, en Hébreu Golgotha ;
18. C'est là qu'ils le crucifièrent, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu.
19. Pilate fit aussi une inscription, et la fit mettre au haut de la croix ; Elle portait ces mots : "Jésus de Nazareth, le roi des Juifs."
20. Beaucoup de Juifs lurent cet écriteau, car le lieu où Jésus avait été crucifié était près de la ville, et l'inscription était en hébreu, en grec et en latin.
21. Or les princes des prêtres des Juifs dirent à Pilate : "Ne mets pas : Le roi des Juifs, mais que lui-même a dit : Je suis le roi des Juifs."
22. Pilate répondit : "Ce que j'ai écrit, je l'ai écrit."
23. Les soldats, après avoir crucifié Jésus, prirent ses vêtements, et ils en firent quatre parts, une pour chacun d'eux. Ils prirent aussi sa tunique : c'était une tunique sans couture, d'un seul tissu depuis le haut jusqu'en bas.
24. Ils se dirent donc entre eux : "Ne la déchirons pas, mais tirons au sort à qui elle sera."; afin que s'accomplît cette parole de l'Écriture : "Ils se sont partagé mes vêtements, et ils ont tiré ma robe au sort." C'est ce que firent les soldats.
25. Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie-Madeleine.
26. Jésus ayant vu sa mère, et auprès d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : "Femme, voilà votre fils."
27. Ensuite il dit au disciple : "Voilà votre mère." Et depuis cette heure-là, le disciple la prit chez lui.
28. Après cela, Jésus sachant que tout était maintenant consommé, afin que l'Écriture s'accomplît, dit : "J'ai soif."
29. Il y avait là un vase plein de vinaigre ; les soldats en remplirent une éponge, et l'ayant fixée au bout d'une tige d'hysope, ils l'approchèrent de sa bouche.
30. Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit : "Tout est consommé", et baissant la tête il rendit l'esprit.
31. Or, comme c'était la Préparation, de peur que les corps ne restassent sur la croix pendant le sabbat, car le jour de ce sabbat était très solennel, les Juifs demandèrent à Pilate qu'on rompît les jambes aux crucifiés et qu'on les détachât.
32. Les soldats vinrent donc, et ils rompirent les jambes du premier, puis de l'autre qui avait été crucifié avec lui.
33. Mais quand ils vinrent à Jésus, le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes.
34. Mais un des soldats lui transperça le côté avec sa lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l'eau.
35. Et celui qui l'a vu en rend témoignage, et son témoignage est vrai ; et il sait qu'il dit vrai, afin que vous aussi vous croyiez.
36. Car ces choses sont arrivées afin que l'Écriture fut accomplie : "Aucun de ses os ne sera rompu."
37. Et il est encore écrit ailleurs : "Ils regarderont celui qu'ils ont transpercé."
ÉVANGILE SELON SAINT JEAN, XIX : 16-37
BARTOLOMEO BULGARINI, La Crucifixion, 1330, Paris, Musée du Louvre
Brèves méditations sur les sept paroles du Christ en
croix
Jean-Michel
Castaing - Publié le 09/04/20
Jésus a prononcé sept paroles sur la croix — sept, le
chiffre de la perfection. Tout comme il s’est offert pour le salut du monde (He
9, 14), le Christ a offert ses paroles à la face des siècles, dans
l’Esprit-Saint. C’est aussi dans l’Esprit que nous accueillons ces sept paroles
que le Sauveur nous adresse aujourd’hui.
« PÈRE, PARDONNE-LEUR, ILS NE SAVENT PAS CE QU'ILS FONT »
L’Esprit Saint nous fait toucher du doigt la gravité
du mal que nous commettons et que nous prenons parfois à la légère. À sa
lumière, nous prenons conscience que tel geste ou telle parole a pu blesser
notre frère. Par réversibilité, c’est aussi avec la force de l’Esprit que nous
arrivons, comme Jésus, à pardonner les torts qu’on nous a causés.
« AUJOURD'HUI TU SERAS AVEC MOI AU PARADIS »
L’Esprit nous révèle que le paradis a déjà commencé
pour nous dès lors que nous nous attachons à Jésus. Vécus dans l’Esprit, tous
les instants de nos existences sont des « aujourd’hui » divins que nous pouvons
passer en compagnie de l’époux de nos âmes. Cette amitié avec le Christ se
renforcera au fur et à mesure que nous ferons bon accueil aux malheureux, de
même que lui-même ne négligea pas la prière de son compagnon d’infortune sur la
Croix.
« FEMME, VOICI TON FILS ; FILS, VOICI TA MÈRE »
« Quand l’Esprit voit une âme mariale, il se précipite en elle » disait Marthe Robin. Vivre avec et en Marie, comme Jésus nous y invite par cette troisième parole, c’est accueillir dans le même temps Celui qui l’a prise sous son ombre à l’Annonciation : l’Esprit- Saint. À l’école de la troisième Personne de la Trinité et de la mère du Crucifié, le croyant comprend que la douceur représente la véritable force qui change le monde ! Révolution des Béatitudes !
Lire aussi :
« Au cœur de nos détresses », votre chant pour le
Vendredi saint
« MON DIEU, MON DIEU, POURQUOI M'AS-TU ABANDONNÉ ? »
L’Esprit Saint nous tourne vers le Père au sein même
des situations les plus compromises, celles où nous aurions envie de nous
révolter. Pourquoi ? Parce que l’Esprit représente le lien indestructible qui
unit le Père et le Fils. Lien, l’Esprit l’est aussi entre les créatures et le
Créateur. C’est donc en Lui que nous en appelons à Dieu dans un dernier sursaut
d’espérance.
« J'AI SOIF »
L’Esprit nous fait ressentir le désir lancinant de
Jésus que les hommes se tournent vers lui – lui qui est la source d’eau vive,
c’est-à-dire la source de l’Esprit précisément. Jésus, l’amant de nos âmes, ne
nous a pas aimés à sens unique : il désire que nous lui rendions amour pour
amour. C’est l’Esprit d’amour qui lui fait mendier notre amour, de même que
c’est l’Esprit qui nous fera répondre positivement à la demande de Jésus.
Enfin, âme de la mission, l’Esprit nous poussera à faire aimer le Crucifié par
nos frères.
« TOUT EST ACCOMPLI »
Troisième Personne de la Trinité, l’Esprit-Saint
représente en quelque sorte « l’extrémité » de Dieu, la surabondance divine.
Par l’Esprit, Dieu surabonde d’amour en mettant le comble à Ses générosités en
notre faveur. Aussi est-ce par l’Esprit que l’œuvre de salut est portée à sa
perfection, qu’elle est accomplie, comme le proclame Jésus. Pour nous aussi,
œuvrer dans l’Esprit, c’est être assuré que nos actions déborderont le cadre de
nos objectifs initiaux pour produire des effets plus larges, des effets accordés
au vouloir divin, et seconder de la sorte Jésus dans la grande œuvre de
Rédemption du monde.
« PÈRE, ENTRE TES MAINS JE REMETS MON ESPRIT »
Saint Paul affirme que l’Esprit crie en nous « Abba,
Père » (Rm 8, 15)
parce qu’Il est le mouvement intérieur qui nous filialise, qui nous tourne vers
le Père comme des fils aimants. En Lui, la Création retourne à Dieu librement,
de même que Jésus remet son esprit au Père au terme de son existence terrestre.
Le salut est accompli : pour nous, Dieu a cessé d’être le Maître pour devenir
l’Ami et le Père. Dans l’Esprit, crainte et tremblement cèdent la place
désormais à la liberté et à l’amour.
EL GRECO (1541–1614). Crucificado, 1610, 66 x 35, musée Santa Cruz de Tolède
La Croix, révélation de l’horreur du péché
Jean-Michel
Castaing - Publié le 01/04/21
La croix du Golgotha ne dit pas seulement le prix que
Dieu a voulu mettre pour le salut des hommes, elle dit aussi l’horreur du péché
qui tue en nous la grâce de la vie divine.
Dieu aurait pu sauver le monde sans que Jésus passe
par la Croix. Pourquoi a-t-Il choisi cette voie douloureuse pour nous arracher
à la mort et au péché ? Parmi les nombreuses raisons de Son choix, il en
est une qui mérite notre attention. La Croix n’est pas seulement un événement
salvateur, mais aussi une révélation. Elle opère la Rédemption tout en nous
ouvrant les yeux sur deux abîmes antinomiques, l’un négatif, l’autre positif.
Le premier concerne le péché, le second l’amour que Dieu nous porte. En mourant
sur le Golgotha, Jésus nous met devant les yeux à la fois le prix que lui et
son Père ont consenti à payer pour nous arracher à la damnation et, d’un autre
côté, la nature de la ténébreuse réalité dont Dieu nous délivre.
Le péché conduit à la mort
Pour illustrer la consistance propre du péché, nulle
image n’est plus parlante et adéquate que la Croix. Souvent, l’opinion courante
assimile le péché à des actes sexuels répréhensibles. Mais le péché est une
affaire autrement plus sérieuse. À proprement parler, il est une réalité qui
conduit à la mort. Tous les péchés ne nous privent pas de la présence de Dieu
en nous, cependant même les plus légers, ceux que l’on appelle véniels, nous en
éloignent imperceptiblement. Quant aux péchés mortels, ils représentent la mort
de l’âme en la privant de la grâce sanctifiante, c’est-à-dire de la vie
divine.
Lire aussi :Vendredi saint : « Près de la Croix se tenait Marie, sa mère »
Ainsi, les bourreaux qui tuèrent Jésus il y a 2.000
ans réalisèrent-ils extérieurement ce qui se passe dans notre esprit quand nous
succombons aux sirènes du Mal : nous excluons Dieu de notre existence. Tel
est l’un des enseignements fondamentaux de la Croix : nous mettre devant
les yeux la conséquence ultime de nos fautes graves. Dieu est la vie à la fois
en tant que cause, présence actuelle et finalité surnaturelle. Logiquement,
quand le pécheur impénitent L’exclue de son existence, il se précipite dans le
monde opposé à celui du Créateur : la mort.
La Croix nous révèle ce dont Dieu nous sauve
Car n’allons pas croire que celui qui pèche
continuellement garde intacte sa faculté de choisir à tout moment de revenir au
bien. Le péché nous enfonce dans des habitudes néfastes qui affaiblissent notre
volonté. Certes, nous pouvons toujours revenir à Dieu. Mais le poids et
l’inertie du péché rendent la chose de plus en plus compliquée au fur et à
mesure que s’enkystent nos pratiques mauvaises et que tarde notre conversion.
Voilà pourquoi il ne faut pas différer celle-ci. Il n’est jamais trop tôt pour
revenir à Dieu ! Au besoin, on peut Lui demander de l’aide si nous en
avons encore la force, le désir… et la foi !
En méditant la crucifixion de Jésus, l’homme est
invité à prendre la mesure de ce dont Dieu le sauve : la mise à mort en lui du
principe de la vie.
L’égoïsme, l’orgueil, l’envie, la volonté de
puissance, le mépris des pauvres, l’avarice et le goût de l’accaparement,
l’indifférence envers les malheureux : tous ces aspects du mal constituent
la mort de l’âme, mort qui est elle-même la conséquence de l’expulsion de Dieu
de notre esprit. Le péché aboutit à crucifier Jésus en nous en l’expulsant de
notre intériorité. C’est une des raisons pour laquelle Dieu a choisi la Croix
comme moyen de salut. Par elle, Il nous prévient que le péché est une affaire
de la plus extrême importance. En méditant la crucifixion de Jésus, l’homme est
invité à prendre la mesure de ce dont Dieu le sauve : la mise à mort en
lui du principe de la vie. Et ne pensons pas être indemnes de cet excès de
malice qui s’est déchaîné sur le Golgotha. Certes, la plupart d’entre nous ne
sont pas des tortionnaires au sens littéral du terme. Cependant, la logique du
péché, toujours la même et toujours à l’œuvre chez celui qui lui ouvre
imprudemment la porte de son cœur, conduit invariablement à la mort de l’âme.
Voilà pourquoi la Croix est simultanément rédemption, révélation mais aussi
avertissement salutaire.
Le Greco (1541–1614),
Le Christ portant la croix,
vers 1580, huile sur toile, 105 x 79, Metropolitan Museum of Art
Contempler les blessures
du Christ : l’épaule (1/6)
Mathilde
de Robien - publié le 02/04/23
Selon une dévotion
demandée par le Christ lui-même invitant à honorer ses plaies, pénétrons,
chaque jour de la Semaine sainte, dans ce mystère d’amour. Car c'est en
contemplant son épaule, sa tête, son flanc, ses pieds, ses mains et son cœur
meurtris, que l'on réalise combien le Christ a souffert pour nous et combien il
nous aime.
Une des premières
allusions à la dévotion aux « cinq plaies » du Christ remonte à un
passage de la première lettre de saint Pierre apôtre : « Lui-même a porté
nos péchés, dans son corps, sur le bois, afin que, morts à nos péchés, nous
vivions pour la justice. Par ses blessures, nous sommes guéris. » (1P2, 24). Au
XIIe siècle, cette dévotion se répand parmi les chrétiens, notamment sous
l’impulsion de saint Bernard de Clairvaux : « Où donc notre fragilité
peut-elle trouver repos et sécurité, sinon dans les plaies du Sauveur ? »,
interroge-t-il au début de son Commentaire au Cantique des Cantiques.
A la fin du XIXe siècle,
le Christ apparaît à une religieuse visitandine, sœur Marie-Marthe Chambon, et
la charge de développer la dévotion aux cinq plaies : « J’accorderai
tout ce que l’on me demandera par l’invocation aux saintes plaies. Il faut en
répandre la dévotion. Vous obtiendrez tout, parce que c’est le mérite de mon
sang qui est d’un prix infini. Avec mes plaies et mon Cœur divin, vous pouvez
tout obtenir », lui confie-t-il.
Une dévotion chère au
pape François, qu’il a évoquée à plusieurs reprises, soulignant que la
vénération des plaies du Christ permet de goûter à l’amour miséricordieux de
Dieu. Lors de l’Angélus du 18 mars 2018, il
a invité les fidèles à « entrer dans les plaies du Christ jusqu’à son
cœur » en récitant notamment un Notre Père pour chacune des
plaies. Car « nous avons été guéris dans ses plaies », rappelle-t-il.
Pour bénéficier des dons divins, le chrétien doit, comme l’apôtre Thomas,
« toucher les plaies du Christ ». Ce n’est pas pour rien que le
Seigneur a choisi de conserver ses plaies après sa résurrection. Elles sont le
signe de sa victoire sur le péché. « Les plaies de Jésus sont un
trésor : c’est de là que sort la miséricorde », assure le Pape. Par elles,
le Christ intercède pour nous auprès du Père.
Bien plus que cinq plaies
La dévotion
traditionnelle fait état de « cinq plaies » : celles des deux
mains et des deux pieds engendrées par les clous lors de la crucifixion, et
celle du flanc droit provoquée par le coup de lance du centurion romain.
« Mais ce ne sont pas les seules plaies, loin de là », souligne Mgr
Dominique Le Tourneau dans son dernier ouvrage Les blessures du
Christ (Artège). « C’est tout le corps de notre Seigneur qui est
comme une seule plaie, de la tête aux pieds, ses os sont à nu. »
Selon les révélations
de sainte Brigitte de Suède,
Jésus aurait reçu « en son corps » durant sa Passion pas moins de
5.480 coups. Le corps entier du Christ n’est que blessures. « Un retable
de douleurs », comme le décrit Mgr Le Tourneau. En effet,
chronologiquement, avant les blessures liées à la crucifixion, il y a celles
infligées par la flagellation et la couronne d’épines, mais aussi celles
générées par le portement de la croix qui a meurtri l’épaule du Christ.
L’épaule meurtrie du
Christ
Si les évangiles ne
mentionnent pas explicitement la plaie de Jésus à l’épaule, elles laissent
néanmoins supposer combien la croix était lourde à porter. Les chutes de Jésus,
qui ponctuent aujourd’hui le chemin de croix, relèvent de la tradition, mais le
fait d’appeler en renfort Simon de Cyrène laisse deviner le poids insoutenable
de l’objet du supplice :
« Comme ils
l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs,
et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus » (Lc 23, 26).
« Les cahots du
chemin rugueux et les trois chutes brutales du Seigneur ont entaillé sa chair,
peut-être jusqu’à mettre la clavicule à nu », invite à réaliser Mgr Le
Tourneau. Au fur et à mesure de ses pas, la croix entame de plus en plus
l’épaule de Jésus. « Chaque pas est un choc qui déchire un peu plus
l’épaule du Christ. Le bois est mal équarri. À quoi servirait-il de la
fignoler, si c’est une poutre tout juste bonne à porter un malandrin ! Des
échardes viennent aiguillonner encore plus la douleur ».
Une douleur inouïe. Le
Christ lui-même, dans une réponse inspirée à saint Bernard de Clairvaux qui lui
demandait dans sa prière quelle avait été sa pire souffrance, affirme :
« J’eus, en portant la croix, une plaie profonde qui m’a occasionné plus
de douleur que les autres et qui n’est pas connue des hommes. Mais révèle-la
aux fidèles chrétiens et sache que quelque grâce qui me sera demandée en vertu
de cette plaie leur sera accordée. Et à tous ceux qui, par amour pour elle,
m’honoreront, je pardonnerai les péchés véniels et ne me souviendrai plus des
mortels. » (Annales de Clairvaux)
Huit siècles plus
tard, saint Padre Pio de
Pietrelcina, qui portait les stigmates, a reconnu que c’était celui de la
plaie à l’épaule, « que personne ne connaît et qui n’a jamais été
soigné », qui était le plus douloureux.
Prière de saint Bernard à
la plaie de l’épaule
Voici la prière composée
par Bernard de Clairvaux afin de propager la dévotion à la plaie formée à
l’épaule du Christ, que nous pouvons faire nôtre en ce premier jour de la Semaine
sainte :
« Très aimé Seigneur,
Très doux Agneau de Dieu,
Moi pauvre pécheur,
J’adore et vénère la très sainte plaie que vous avez reçue à l’épaule en
portant au Calvaire la très lourde croix qui laissa découverts trois os saints,
occasionnant une immense douleur.
Je vous supplie, en vertu
des mérites de ladite plaie, d’avoir pitié de moi, en me pardonnant de tous mes
péchés mortels ou véniels, en m’assistant à l’heure de ma mort et en me
conduisant dans votre heureux Royaume. Amen. »
Pratique
Les
blessures du Christ, Lumières pour notre vie chrétienne, Mgr Dominique Le
Tourneau, Artège, février 2023, 150 pages, 14,90 euros.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/2023/04/02/contempler-les-blessures-du-christ-lepaule-1-6/
Maarten van Heemskerck (1498–1574),
Le couronnement d’épines du Christ, vers 1550 (1545-1555), huile sur panneau de bois, 99 x 138,5, musée Frans-Hals, Haarlem, Pays-Bas
Contempler les blessures
du Christ : la tête (2/6)
Mathilde
de Robien - publié le 03/04/23
Selon une dévotion
demandée par le Christ lui-même invitant à honorer ses plaies, pénétrons,
chaque jour de la Semaine sainte, dans ce mystère d’amour. Car c'est en contemplant
son épaule, sa tête, son flanc, ses pieds, ses mains et son cœur meurtris, que
l'on réalise combien le Christ a souffert pour nous et combien il nous aime.
Après avoir
contemplé l’épaule meurtrie du Christ
à cause du portement de la croix, observons ses blessures causées à la tête par
la couronne d’épines et la flagellation. Trois des quatre évangiles font
mention de la couronne posée sur la tête du Christ par les soldats de Ponce
Pilate.
« Puis, avec des
épines, ils tressèrent une couronne, et la posèrent sur sa tête ; ils lui
mirent un roseau dans la main droite et, pour se moquer de lui, ils
s’agenouillaient devant lui en disant : « Salut, roi des
Juifs ! » Et, après avoir craché sur lui, ils prirent le roseau, et
ils le frappaient à la tête » (Mt 27, 29).
« Ne nous contentons
pas de lire l’histoire de la passion du Sauveur », disait déjà saint Jean
Chrysostome au Ve siècle. « Portons-la continuellement dans notre esprit
et dans notre cœur ; ayons toujours présents à nos yeux la couronne d’épines,
le manteau, le roseau, les soufflets, les coups qu’on lui a portés aux yeux,
les crachats, les dérisions, les moqueries. La fréquente méditation de ces
ignominies apaisera toute notre colère » (Commentaire sur saint Jean).
Mieux que d’apaiser toute
colère, les plaies de Jésus font advenir la paix, en étant le signe de
l’infinie miséricorde de Dieu. « N’oublions pas les plaies de Jésus, parce
que d’elles sortent la paix, la joie et la force pour la mission », a
assuré le pape François (Regina Caeli, 28 avril 2019). Car
« dans l’image de Jésus crucifié se révèle le mystère de la mort du Fils
comme acte suprême d’amour, source de vie et de salut pour l’humanité de tous
les temps » (Angélus, 18 mars 2018).
La couronne,
devenue relique, ayant fourni pas moins de 70 épines
vénérées un peu partout dans le monde, laisse imaginer que la tête du Christ
fut blessée à maints endroits. Et les soldats ne se sont pas contentés des
piques de la couronne, ils ont également flagellé Jésus au niveau du visage.
Si saint Bernard de
Clairvaux a entendu le Christ lui confier que la blessure la plus douloureuse
était celle de l’épaule, la visitandine sœur Marie-Marthe Chambon aurait quant
à elle reçu la révélation selon laquelle c’est la couronne d’épines qui aurait
fait le plus souffrir Jésus : « Ma couronne d’épines m’a fait
souffrir plus que toutes mes autres plaies, elle a été ma plus cruelle
souffrance après le jardin des Oliviers », lui aurait soufflé le Christ.
Un visage déformé, mais
un visage aimant
De la même manière que le
Christ promet des grâces à ceux qui vénèrent sa plaie à l’épaule, il invite à
contempler ses blessures causées par la couronne d’épines. « Les âmes qui
auront contemplé et honoré ma couronne d’épines sur la terre seront ma couronne
de gloire dans les cieux ! Pour un instant que vous contemplerez cette couronne
ici-bas, je vous en donnerai une pour l’éternité. C’est elle, c’est la couronne
d’épines qui vous vaudra celle de gloire », a-t-il confié à sœur
Marie-Marthe Chambon au XIXe siècle.
Un visage blessé, déformé
par les coups et la douleur, mais un visage aimant. « Ton visage a beau
être déformé et ton regard brouillé par les nuées de nos péchés, ils n’en
respirent pas moins bonté et amour. Ta Face n’est pas défigurée par la haine.
Tu n’as pas le rictus de la vengeance », s’exclame Mgr Dominique Le
Tourneau dans son ouvrage Les blessures du Christ (Artège).
« Regarde Jésus dans sa Face… Là tu verras comme il nous aime »,
écrivait sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.
« En contemplant ta
Face, en te dévisageant avec ton masque de douleur, ton aspect déformé, devenu
grotesque même, je suis en présence d’une personne, de Quelqu’un, et de
quelqu’un qui m’aime. Quoi de plus doux que de se savoir aimé, que de sentir
auprès de soi un être qui nous aime et qui sait le prouver avec délicatesse,
constance et générosité ? » continue Mgr Le Tourneau.
Au-delà de l’amour, son
visage annonce sa résurrection, promesse de notre propre résurrection.
« L’Église ne cesse de demeurer dans la contemplation de ce visage
ensanglanté, dans lequel est cachée la vie de Dieu et est offert le salut du
monde. Mais sa contemplation du visage du Christ ne peut s’arrêter à son image
de Crucifié. Il est le Ressuscité ! », souligne saint Jean Paul II dans
sa lettre apostolique Novo millennio ineunte.
Consécration aux plaies
de la tête du Christ
Pour parfaire cette
dévotion particulière aux plaies de la tête du Christ, nous pouvons faire nôtre
ce paragraphe de la consécration aux plaies de Jésus-Christ, dédié aux
blessures de la tête :
Ô Saintes Plaies de la tête de Jésus-Christ,
Je vous consacre mon esprit,
Afin que mon intelligence
Ne soit pas un obstacle à ma sanctification.
Amen.
Pratique
Les blessures du Christ, Lumières pour notre vie chrétienne,
Mgr Dominique Le Tourneau, Artège, février 2023, 150 pages, 14,90 euros.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/2023/04/03/contempler-les-blessures-du-christ-la-tete-2-6/
Frescos
cycle of the Life of Christ on the Apse inside Basilica di Sant'Abbondio basilique Sant'Abbondio / Basilica di Sant'Abbondio, monastère
de Sant'Abbondio, Como, Lombardy
Contempler les blessures
du Christ : le côté (3/6)
Mathilde
de Robien - publié le 04/04/23
Selon une dévotion
demandée par le Christ lui-même invitant à honorer ses plaies, pénétrons,
chaque jour de la Semaine sainte, dans ce mystère d’amour. Car c'est en
contemplant son épaule, sa tête, son flanc, ses pieds, ses mains et son cœur
meurtris, que l'on réalise combien le Christ a souffert pour nous et combien il
nous aime.
Avec les blessures aux
pieds et aux mains causées par la crucifixion, la plaie du côté fait partie des
« cinq plaies » majeures de la dévotion traditionnelle. Cinq
« cicatrices d’amour, qui ornent ses mains, ses pieds et son côté comme
des pierres précieuses », disait saint Nicolas Cabasilas, théologien
orthodoxe du XIVe siècle. La profonde entaille, située au niveau du flanc
de Jésus,
est causée par un coup de lance, appliqué par excès de zèle par un soldat du
nom de Longin, alors que le Christ était déjà mort.
« Quand ils
arrivèrent à Jésus, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les
jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et
aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau », (Jn 19, 33).
Blessure gratuite,
inutile, symbole de l’orgueil humain. Ultime coup destiné à Marie, pour que
s’accomplisse la prophétie de Siméon : « Et toi, ton âme sera traversée
d’un glaive » (Lc 2, 35). Plaie béante, représentée sur les tableaux et
les crucifix, rappelant ainsi de manière permanente l’amour du Christ pour les
hommes, poussé jusqu’au sacrifice de la croix. C’est encore cette plaie, large
et visible, qui convertira saint Thomas après la résurrection.
De son côté transpercé
jaillissent du sang et de l’eau. Ces deux éléments ont été interprétés très tôt
par les pères de l’Église comme les symboles des deux sacrements fondamentaux
du christianisme : le baptême (l’eau, symbole de vie, de renaissance, de
purification) et l’Eucharistie (le sang, symbole du sacrifice donné).
Saint Josémaria Escrivá,
fondateur de l’Opus Dei, avait une grande dévotion envers les plaies du Christ.
Ainsi il écrit en 1933 : « Entrer chaque jour dans une plaie de mon
Jésus » (Notes intimes). Et il est particulièrement sensible à la
blessure portée au flanc du Christ : « Je resterai chaque jour, pour
tenir une ancienne résolution, dans la plaie du côté de mon Seigneur. » Ne
répond-il pas en cela à l’invitation faite par le Christ lui-même à Thomas, et
à travers lui à l’humanité tout entière ? « Avance ton doigt ici, et
vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté » (Jn
20,27) engage le Christ ressuscité.
Le langage des plaies
« Jésus-Christ en
personne apprend à l’apôtre Thomas le langage des plaies », analyse Mgr
Dominique Le Tourneau dans son livre Les blessures du
Christ (Artège). « Amène ici ton doigt, et regarde mes mains, ne te
contente pas de toucher, mais regarde aussi attentivement, en détail, ces deux
blessures déjà cicatrisées mais bien visibles. Puis, amène ta main, et mets-la
dans mon côté. Il ne s’est pas refermé. Il ne se refermera jamais, car, de mon
Cœur émaneront toujours mon amour fou, mon pardon et ma miséricorde. »
« Le Seigneur montre
ses plaies, par l’intermédiaire de l’Évangile », relève le pape François
dans l’homélie du 12 avril 2015.
« Les plaies de Jésus sont des plaies de miséricorde. Jésus nous invite à
regarder ces plaies, il nous invite à les toucher, comme il l’a fait avec
Thomas, pour guérir notre incrédulité. Il nous invite surtout à entrer dans le
mystère de ces plaies, qui est le mystère de son amour miséricordieux. »
La blessure du côté est
plaie de miséricorde certes, mais aussi plaie de conversion. Pour Thomas
l’incrédule, cette plaie est le signe non-équivoque de la résurrection. Jésus
est le Fils de Dieu, vraiment mort et ressuscité pour nos péchés. « Les
plaies de Jésus, enseigne le Pape, sont un scandale pour la foi, mais elles
sont aussi la vérification de la foi. C’est pourquoi dans le corps du Christ
ressuscité les plaies ne disparaissent pas, elles demeurent, parce qu’elles
sont le signe permanent de l’amour de Dieu pour nous, et elles sont
indispensables pour croire en Dieu. Non pour croire que Dieu existe, mais pour
croire que Dieu est amour, miséricorde, fidélité » (Homélie, 27 avril 2014).
Prière de sainte Claire à
la plaie du côté
Sainte Claire d’Assise a
rédigé une prière intitulée « Prière aux Cinq Très Saintes Plaies de notre
Seigneur Jésus-Christ ». Voici la partie qui concerne la plaie du
côté :
« Louange et Gloire
à Toi, très Bon Seigneur Jésus-Christ, pour la Très Sainte Plaie de Ton Côté.
Par cette Plaie Sacrée,
par l’immensité de l’Amour que Tu as manifesté, à Longin autrefois, et
maintenant encore à nous tous, par Ton Côté ouvert, je T’en prie Très Bon
Jésus, Toi qui m’as purifiée par le Baptême de
toutes les tâches originelles, délivre-moi de tout mal passé, présent et futur,
par Ton Sang très Précieux encore offert et versé aujourd’hui sur toute la
terre.
Par Ta mort très amère,
donne-moi la grâce d’une Foi droite, d’une ferme Espérance et
d’une Charité parfaite. Que je T’aime de tout mon Cœur, de toute mon âme et de
toutes mes forces ; fortifie-moi dans le bien, donne-moi une persévérance
virile à Ton service, afin que je puisse Te plaire parfaitement maintenant et
toujours. Amen. »
SOURCE https://fr.aleteia.org/2023/04/04/contempler-les-blessures-du-christ-le-cote-3-6/
Maître de la Passion de
Karlsruhe, Nailing of Christ to the Cross, The
Karlsruhe Passion, vers 1450, 67 x 47, Staatliche Kunsthalle Karlsruhe
Contempler les blessures
du Christ : les pieds (4/6)
Mathilde
de Robien - publié le 05/04/23
Selon une dévotion
demandée par le Christ lui-même invitant à honorer ses plaies, pénétrons,
chaque jour de la Semaine sainte, dans ce mystère d’amour. Car c'est en
contemplant son épaule, sa tête, son flanc, ses pieds, ses mains et son cœur
meurtris, que l'on réalise combien le Christ a souffert pour nous et combien il
nous aime.
Avec les plaies des mains
et du côté, les blessures infligées aux pieds de Jésus font
partie des « cinq plaies » majeures. Elles sont causées par la
crucifixion, lorsque les soldats romains clouent les mains et les pieds de
Jésus au bois de la croix. Les évangiles ne précisent pas si les pieds de Jésus
ont été cloués ensemble ou séparément. Ils passent relativement rapidement sur
l’horreur de la crucifixion :
« Après l’avoir
crucifié, ils se partagèrent ses vêtements en tirant au sort ; et ils
restaient là, assis, à le garder » (Mt 27, 35).
Jésus était un grand
marcheur. Qualité nécessaire pour proclamer la Bonne nouvelle aux quatre coins
de la Palestine. Comme le fait remarquer Mgr Dominique Le Tourneau dans son
livre Les blessures du Christ (Artège), « ses pieds ont été
transpercés eux aussi, comme pour faire taire la parole de Dieu ». Mais
même « les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne
Nouvelle » (Mt 11, 5). Cloué sur la croix, Jésus « nous parle
encore plus que juché sur le mont des Béatitudes ou enseignant d’une barque
légèrement distante du rivage », estime Mgr Le Tourneau. Car de ses
blessures jaillit son amour inconditionnel.
Embrasser les pieds
transpercés du Christ
« Embrassons
hardiment les pieds de Jésus », engage Mgr Le Tourneau. C’est d’ailleurs
ce que font les catholiques le Vendredi saint lors de la vénération de la
croix. « Les blessures de tes pieds sont peut-être plus accessibles pour
moi, car elles se trouvent plus proches du sol, donc davantage à la portée de
mes lèvres… Peut-être faut-il que je commence par elles, pour m’enhardir
ensuite et parvenir jusqu’à ton Cœur blessé ? », médite-t-il.
Embrasser les plaies du
Christ, c’est aussi faire preuve de tendresse et de compassion face à la misère
de son prochain. Dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium, le pape
François insiste sur ce point : « Parfois, nous sommes tentés d’être
des chrétiens qui se maintiennent à une prudente distance des plaies du
Seigneur. Pourtant, Jésus veut que nous touchions la misère humaine, la chair
souffrante des autres. Il attend que nous renoncions à chercher ces abris
personnels ou communautaires qui nous permettent de nous garder distants du
cœur des drames humains, afin d’accepter vraiment d’entrer en contact avec
l’existence concrète des autres et de connaître la force de la tendresse. Quand
nous le faisons, notre vie devient toujours merveilleuse et nous vivons
l’expérience intense d’être un peuple, l’expérience d’appartenir à un
peuple », constate-t-il.
Prière de saint
Louis-Marie Grignion de Montfort aux plaies des pieds de Jésus
Il s’agit d’une prière
rédigée par saint Louis-Marie Grignion de Montfort pour mourir dans de bonnes
dispositions. Intitulée « Les Sept Oraisons de dévotion pour la réception
du Sacrement de l’Extrême-Onction », elle comporte une partie qui invoque
les plaies des pieds de Jésus :
« Mon très doux
Jésus, je vous prie, par les sacrées plaies de vos pieds, de me pardonner tous
les pas que j’ai faits dans les voies de l’iniquité, afin que mon âme étant
dégagée du poids de ce corps mortel, prenne son vol vers vous, qui êtes son
centre et le lieu de son repos. Amen. »
Pratique
Les blessures du Christ, Lumières pour notre vie chrétienne,
Mgr Dominique Le Tourneau, Artège, février 2023, 150 pages, 14,90 euros.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/2023/04/05/contempler-les-blessures-du-christ-les-pieds-4-6/
Roberto
d'Oderisio (Naples, v. 1320 – ap. 1382), The Man of Sorrows, c. 1354, tempera and gold on panel, Fogg
Art Museum, Harvard University
Contempler les blessures
du Christ : les mains (5/6)
Mathilde
de Robien - publié le 06/04/23
Selon une dévotion
demandée par le Christ lui-même invitant à honorer ses plaies, pénétrons,
chaque jour de la Semaine sainte, dans ce mystère d’amour. Car c'est en
contemplant son épaule, sa tête, son flanc, ses pieds, ses mains et son cœur
meurtris, que l'on réalise combien le Christ a souffert pour nous et combien il
nous aime.
Avec les plaies des pieds et du côté, les blessures infligées aux mains de Jésus font
partie des « cinq plaies » majeures de la dévotion traditionnelle.
Cette dernière distingue même la plaie de la main droite de celle de la main
gauche. Les blessures des mains, que Jésus montre à ses disciples après la
résurrection, sont causées par les clous qui ont transpercé ses paumes pour être
cloué sur la croix. Dans les Psaumes, le prophète David fait dire au Seigneur :
« Ils me percent les
mains et les pieds ; je peux compter tous mes os. Ces gens me voient, ils
me regardent. Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement »
(Ps 21, 17).
Des mains bienfaisantes
Contempler les mains du
Christ, c’est se remémorer tout le bien qu’elles ont fait, sur terre, avant
d’être injustement clouées sur le bois de la croix. La main du Christ, c’est
d’abord une main qui bénit, et en premier lieu les enfants :
« On présenta des
enfants à Jésus pour qu’il leur impose les mains en priant. (…) Il leur
imposa les mains, puis il partit de là » (Mt 19, 13).
C’est une main qui guérit
les malades :
« Au coucher du
soleil, tous ceux qui avaient des malades atteints de diverses infirmités les
lui amenèrent. Et Jésus, imposant les mains à chacun d’eux, les
guérissait » (Lc
4, 40).
Une main qui rend la vue
aux aveugles :
« Jésus, de nouveau,
imposa les mains sur les yeux de l’homme ; celui-ci se mit à voir
normalement, il se trouva guéri, et il distinguait tout avec netteté » (Mc 8, 25).
C’est une main qui
nourrit, au sens propre, notamment lors de la multiplication des pains :
« Prenant les sept
pains et rendant grâce, il les rompit, et il les donnait à ses disciples pour
que ceux-ci les distribuent ; et ils les distribuèrent à la foule » (Mc 8, 6).
Enfin c’est une main qui
donne vie :
« Il s’approcha et
toucha le cercueil ; les porteurs s’arrêtèrent, et Jésus dit :
« Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi. » Alors le mort se
redressa et se mit à parler » (Lc 7, 15).
Des mains qui ont fait
des miracles du temps de Jésus, et qui continuent encore aujourd’hui leur œuvre
bienfaisante. « Ces mains qui ont opéré tant de prodiges, qui ont fait
tellement de bien, les voici perforées. Mais, ô miracle nouveau et inattendu,
elles poursuivent leur œuvre de bienfaisance. Leurs deux trous sont deux
cratères d’où s’échappe une lave incandescente d’amour, un ruban qui s’élargit
et pousse toujours plus loin », souligne Mgr Le Tourneau dans son
livre Les blessures du Christ (Artège).
Une plaie suintant
tellement l’amour, qu’elle bouleversa saint Josémaria Escrivá, fondateur de
l’Opus Dei, un matin de juin 1938. Tout au long de sa vie, il développa une
profonde dévotion envers les plaies du Christ, mais celle-ci débuta grâce à la
découverte assez soudaine de la plaie de la main droite, un matin du mois de
juin, tandis qu’il se dirigeait vers le monastère de « Las
Huelgas ». Il décrit cette illumination dans une lettre adressée à Juan
Jimenez Vargas le jour même :
« Ce matin, alors
que j’allais à Las Huelgas, pour prier, j’ai découvert une Amérique
(une Méditerranée) : la Sainte Plaie de la main droite de mon Seigneur. Et
voilà où j’en suis : toute la journée entre les baisers et l’adoration. Comme
elle est aimable, la Sainte Humanité de notre Dieu ! Demande-lui qu’il veuille
me donner son véritable Amour et toutes mes autres affections en seront bien
purifiées. Inutile de dire : sur la Croix, mon cœur ! car si une Blessure du
Christ purifie, guérit, apaise, fortifie, enflamme et remplit d’amour, que ne
feront pas les cinq plaies ouvertes sur le bois de la croix ? »
Le sceau de l’amour du
Christ
Lorsque le Christ vient
au milieu de ses disciples après la résurrection, la première chose qu’il fait
est de leur montrer ses blessures. Il leur dit : « La paix soit avec
vous ! » puis leur montre ses mains et son côté. La réaction des
disciples est frappante. Ils n’expriment pas de peur, de compassion ou de honte
à avoir abandonné Jésus, mais de la paix et de la joie : « Les
disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur » (Jn
20, 20). Comme s’ils voyaient déjà dans les marques des clous le sceau de
l’amour de Dieu.
Saint Bernard de
Clairvaux verra lui aussi dans les clous des clés pour mesurer l’infinie
miséricorde de Dieu : « Ces clous dont il a été percé sont devenus
pour moi comme des clefs, qui m’ont ouvert le trésor de ses secrets et fait
voir la volonté du Seigneur. Et pourquoi ne la verrais-je pas au travers de ses
plaies ? Ses clous et ses blessures crient hautement que Dieu est vraiment en Jésus-Christ
et qu’il y réconcilie le monde avec lui-même » (Sermons sur le Cantique
des cantiques).
Au-delà de la paix et de
la joie ressenties par les disciples, saint Bernard témoigne quant à lui de la
douceur émanant des plaies du Seigneur : « Ils ont percé ses mains, ses
pieds et, d’un coup de lance, son flanc ; par ces trous béants, je puis humer
le miel de ce roc, et l’huile qui coule de sa pierre très dure, c’est-à-dire
voir et goûter la douceur du Seigneur » (Sermons sur le Cantique des
cantiques).
Prière de sainte Claire à
la plaie de la main droite
Sainte Claire d’Assise a
rédigé une prière intitulée « Prière aux Cinq Très Saintes Plaies de notre
Seigneur Jésus-Christ ». Voici la partie qui concerne la plaie de la
main droite :
« Louange et Gloire
à Toi, Seigneur Jésus-Christ, pour la Très Sainte Plaie de Ta main droite.
Par cette Plaie sacrée,
pardonne-moi tous les péchés que j’ai commis contre Toi, par pensée, par parole
et par action, par négligence à Ton service ou par sensualité, soit en dormant,
soit en veillant.
Par Ta Passion rends-moi
capable de célébrer dignement le souvenir de Ta Mort par amour et de Tes
Saintes Plaies ; et de Te rendre grâce, avec Ton aide, en mortifiant mon
corps. Toi qui vis et règnes dans les siècles des siècles. Amen. »
SOURCE : https://fr.aleteia.org/2023/04/06/contempler-les-blessures-du-christ-les-mains-5-6/
Meister
der Artes-Kapelle': Jesus Christ aus dem Triptychon der Heiligen
Familie.
Contempler les blessures
du Christ : le cœur (6/6)
Mathilde
de Robien - publié le 07/04/23
Selon une dévotion
demandée par le Christ lui-même invitant à honorer ses plaies, pénétrons,
chaque jour de la Semaine sainte, dans ce mystère d’amour. Car c'est en
contemplant son épaule, sa tête, son flanc, ses pieds, ses mains et son cœur
meurtris, que l'on réalise combien le Christ a souffert pour nous et combien il
nous aime.
La plaie du cœur ne fait
pas partie de la dévotion dite des « cinq plaies« . Néanmoins, on peut
aisément imaginer combien le cœur de Jésus a été
meurtri lors de sa Passion. Trahi par Judas, haï par la foule qui lui préfère
Barrabas, renié trois fois par Pierre, abandonné des hommes… Même Dieu semble
se désintéresser de son sort : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi
m’as-tu abandonné ? » (Mc 15, 34) lance-t-il avant de mourir.
Pourtant, c’est de ce cœur transpercé que jaillit l’Esprit Saint, cette force
vivifiante qui permet une communion intime avec Dieu. Jésus l’avait lui-même
annoncé dans le temple :
« Jésus, debout,
s’écria : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive,
celui qui croit en moi ! Comme dit l’Écriture : De son cœur couleront
des fleuves d’eau vive » » (Jn 7, 37-38).
Un coup de lance
salutaire
« Un des soldats
avec sa lance lui perça le côté » (Jn
19, 34), dit saint Jean. « L’évangéliste ne dit pas que Longin a blessé
Jésus, mais qu’il a « percé son côté » », relève Mgr Le Tourneau
dans Les blessures du Christ (Artège). « Il a ouvert une porte
donnant accès au Cœur de Jésus, et permettant aux richesses de son Cœur de se
communiquer à nous, notamment les sacrements de l’Église, nécessaires pour
entrer dans la Vie. » L’amour divin transforme la méchanceté des hommes en
un torrent de grâces salutaires : « Jésus reçoit ce coup de lance,
tout près du cœur, pour que nous apprenions à ne pas nous éloigner de son Cœur.
Nous avons donc accès à ce Cœur qui a tant aimé le monde ».
Le coup de lance du
soldat Longin a eu lieu pour le profit de l’humanité. « Ce jour-là,
prophétisait déjà Zacharie, il y aura une source qui jaillira pour la maison de
David et pour les habitants de Jérusalem : elle les lavera de leur péché et de
leur souillure » (Za 13,1). Le pape Benoît XVI a
relevé que, « tout au long des siècles, l’Église, suivant la parole de
Zacharie, a tourné son regard vers ce Cœur transpercé et a reconnu en lui la
source de bénédiction indiquée à l’avance dans le sang et l’eau ».
« La vérité du Cœur
de Jésus »
Contempler le cœur de Jésus,
c’est prendre la mesure de son amour pour nous. Un cœur aimant, brûlant
d’amour. Saint Charles de Foucauld, dans L’Évangile présenté aux
pauvres du Sahara, a magnifiquement défini ce qu’est le cœur de Jésus, dévotion
qui lui était particulièrement familière :
Ce Cœur « est
parfait, pur comme la lumière, plus innocent que les anges, nulle souillure ne
l’a approché, l’intelligence divine brille en lui : c’est le Cœur de Jésus, le
Cœur de Dieu fait homme. Dieu nous aime, Dieu nous a aimés hier, il nous aime
aujourd’hui, il nous aimera demain. Dieu nous aime à tout instant de notre vie
terrestre, et il nous aimera durant l’éternité si nous ne repoussons pas son
amour. Il nous demande amour pour amour. Il nous dit : “Je t’aime, je veux
t’aimer éternellement et me donner éternellement à toi, je veux être aimé et
possédé de toi durant l’éternité. Aime-moi, obéis-moi, suis-moi.” Dieu nous
aime… Dieu nous demande de l’aimer… Voilà la “vérité” du Cœur de Jésus révélée
pour éclairer et embraser les cœurs des hommes ».
Voir Jésus de l’intérieur
La plaie du cœur permet
d’accéder au cœur de Jésus et par la même occasion de contempler l’amour qu’il
porte à tous les hommes. Le Christ ressuscité, engageant Thomas, l’apôtre
incrédule, à mettre son doigt dans la plaie de son côté, ne nous invite-t-il
pas à rejoindre le plus profond de son cœur ? C’est en tout cas ce à quoi
exhortait le pape François lors de l’Angélus du 18 mars 2018 :
« Comment est-ce que je regarde le crucifix ? Comme une œuvre d’art, pour
voir s’il est beau ou pas beau ? Ou je regarde à l’intérieur ? Est-ce que
j’entre dans les plaies de Jésus jusqu’à son cœur ? » Regarder Jésus sur
la croix permet d’entrer, à travers ses plaies, dans le cœur de Jésus. C’est à
ce moment-là que « nous apprendrons la grande sagesse du mystère du
Christ, la grande sagesse de la croix », assure le Pape. « Entre dans
ses plaies et contemple cet amour de son cœur pour toi, pour toi, pour toi,
pour moi, pour tous. »
C’est le chemin que
poursuit Mgr Le Tourneau : « Je continue de m’enfoncer vers ton Cœur.
(…) Et que vois-je enfin ? Cette lumière, forte mais soutenable, mieux si
attirante, cette lumière qui envahit tout et rend tout transparent. Elle est
ton Esprit Saint. Il règne en toi. Comment avais-je pu ne pas y penser ? Et
cette lueur, ce feu qui grandit au terme du passage au fur et à mesure que
j’avance, à une vitesse dont je ne suis plus le maître et que je ne puis
apprécier, c’est l’incendie par l’amour répandu de ton Cœur, amour qui, là
encore, n’est autre que ton Esprit. Te trouver, te rejoindre enfin, c’est
m’unir à l’Esprit Saint et, par vous deux, rejoindre le Père éternel. »
L’aboutissement de ce chemin consiste à demeurer dans le cœur de Jésus :
« Ma venue dans le Cœur du Christ! C’est là où je veux établir ma
demeure. »
Prière de sainte Gertrude
d’Helfta à la plaie du Cœur de Jésus
Sainte Gertrude d’Helfta,
dite aussi Gertrude la Grande, était une moniale mystique du XIIIe siècle, en
Saxe, qui vouait une dévotion particulière au Cœur Sacré de Jésus.
Ô Jésus, cache-moi dans
la plaie de ton Cœur très aimant. À toi, unique amour de mon cœur, je m’offre
en sacrifice, pour ne plus vivre que pour toi. Forme mon cœur sur le modèle du
tien, pour que je puisse marcher selon ton bon plaisir. Par la plaie de ton
Cœur, ô mon très doux Sauveur, transperce mon cœur du dard de ton amour, afin
qu’il ne puisse plus contenir les biens terrestres, mais qu’il soit seulement
régi par toi.
Pratique
Les blessures du Christ, Lumières pour notre vie chrétienne,
Mgr Dominique Le Tourneau, Artège, février 2023, 150 pages, 14,90 euros.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/2023/04/07/contempler-les-blessures-du-christ-le-coeur-6-6/