7 septembre
Saint Éleuthère
Abbé à Rome
(† vers 585)
La simplicité de coeur et l'esprit de componction furent les
vertus qui caractérisèrent principalement saint Éleuthère. Il fut élu abbé du
monastère de Saint-Marc, près de Spolète, et favorisé du don des miracles.
A la prière de certaines religieuses qui se trouvaient dans le
voisinage, il prit dans son monastère un enfant qu'il avait délivré du démon.
Il lui arriva de dire un jour à ce sujet: "Il est clair que le démon a
voulu se moquer de ces bonnes filles; car depuis que cet enfant est parmi les
serviteurs de Dieu, l'esprit infernal n'ose plus approcher de lui." Ces
paroles semblaient annoncer de la vanité de sa part; aussi le démon entra-t-il
de nouveau dans l'enfant, pour le tourmenter comme auparavant. Éleuthère avoua
humblement sa faute, et, se mettant à pleurer, il dit à ses religieux qui
voulaient le consoler: "Pas un de nous ne touchera un morceau de pain
avant que cet enfant ne soit délivré du démon!" Toute la communauté se mit
donc en prière, jusqu'à ce que l'esprit malin eût laissé l'enfant en repos; et
depuis ce temps le démon n'osa plus s'emparer de lui.
Saint Grégoire le Grand ressentait une vive douleur de ne
pouvoir jeûner le Samedi saint, à cause d'une extrême faiblesse de poitrine. Il
engagea Éleuthère, qui était alors à Rome, à venir prier avec lui, afin qu'il
pût se réunir aux fidèles dans la pratique d'un jeûne aussi solennel. Éleuthère
pria avec beaucoup de larmes, et Grégoire fut en état de satisfaire sa
dévotion, comme il le désirait avec tant d'ardeur. Le saint Pape raconta
lui-même ce miracle comme suit: "Un jour, étant dans mon abbaye, je souffrais
tellement d'un mal d'estomac, que je me croyais sur le point de mourir. Or le
Samedi saint, jour pendant lequel tout le monde doit jeûner, ma maladie ne me
le permettant pas, je fis appeler Éleuthère dans mon oratoire, le priant de
m'obtenir, par son intercession, de pouvoir jeûner ce jour-là. Le Saint se mit
aussitôt en prières; lorsqu'il m'eût donné sa bénédiction, je sentis que mon
mal et mon appétit avaient disparu, et que mes forces me permettraient de
prolonger mon abstinence jusqu'au lendemain."
Et saint Grégoire dit encore de lui: "Il a longtemps
demeuré à Rome, dans mon abbaye, où il mourut. Ses disciples disent qu'il avait
ressuscité un mort. Or c'était un homme si simple et d'une pénitence si grande,
qu'il ne faut pas douter que Dieu tout-puissant n'ait beaucoup accordé à ses
pleurs et à son humilité!"
Abbé L. Jaud, Vie
des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950
Les dialogues de S. GRÉGOIRE LE GRAND sur la vie et les miracles des Pères d'Italie. Livre Troisieme. Chapitre XVIII :
Sœur converse qui, par son seul commandement, délivra un homme possédé du
démon.
GRÉGOIRE.
Le fait que je vais raconter a pour garant le saint et vénérable vieillard Éleuthère, dont j'ai fait mention ci-dessus.[85] Il a bien voulu m'apprendre que la fille d'un citoyen distingué de la ville de Spo-lette, étant parvenue à l'âge nubile, avait conçu le désir de mener une vie céleste. Son père s'était efforcé de s'opposer à son pieux dessein ; mais, au lieu d'en tenir compte,[86] elle prit l'habit religieux. En retour, son père la déshérita et ne lui laissa de tous ses biens que la moitié d'une toute petite terre. L'ascendant de son exemple amena bientôt à cette vertueuse fille une foule de jeunes personnes d'une haute naissance, qui consacrèrent leur virginité au service du Seigneur. Un jour, l'abbé Eleuthère, si respectable par la sainteté de sa vie, était venu lui faire visite dans le but de lui adresser quelques paroles d'édification. Tandis qu'il s'entretenait pieusement avec elle, un villageois vint de la petite terre que son père lui avait laissée, lui offrir un modeste présent. Il était encore en leur présence, lorsque le malin esprit le saisit et le tourmenta avec tant de furie, qu'il lui faisait pousser une sorte de bêlement et des cris déchirants. Alors la religieuse se leva, le visage enflammé d'une sainte indignation, et se mit à lui crier à haute voix : « Misérable, sors de cet homme, sors, misérable ! » Aussitôt le démon répondit par la bouche de sa victime : « Hé ! si je sors de cet homme, où me retirerai-je ? » Or, il se trouva qu'un petit cochon passait à quelques pas de là. La religieuse lui dit : « Sors de cet homme et entre dans ce pourceau. » A l'instant il quitta le villageois, s'empara de l'animal qu'on lui avait indiqué, et s'enfuit.
PIERRE.
Je voudrais bien savoir si elle pouvait livrer ainsi ce pourceau à l'esprit immonde ?
GRÉGOIRE.
Les actions de Jésus-Christ, qui est la Vérité même, nous sont proposées comme règles de notre conduite. Notre Seigneur voulant délivrer un homme possédé par une légion de démons, celle-ci lui avait dit : « Si vous nous chassez, envoyez-nous dans ce troupeau de pourceaux.[87] » Or, le Sauveur, en la chassant du possédé, lui permit d'entrer dans ces animaux immondes et de les précipiter dans la mer. Par là, il nous est donné de conclure que, sans la permission du Dieu tout-puissant, le malin esprit n'a aucun pouvoir contre les hommes, dès lors qu'il n'a pu entrer dans des pourceaux qu'à cette condition.
Ainsi il est indispensable de nous soumettre spontanément à Celui qui, dans cette vie, tient malgré eux tous ses ennemis sous son empire ; de cette sorte, nous serons d'autant plus terribles à nos ennemis que l'humilité nous unira plus intimement au Créateur de toutes choses. Qu'y a-t-il d'étonnant que les élus, encore revêtus d'une chair mortelle, puissent opérer de nombreux miracles, lorsque leurs ossements, après leur mort, font éclater leur puissance par une foule de prodiges ?
[86] Les parents ne
doivent pas s'opposer à la vocation de leurs enfants ; d'autre part, ceux-ci
doivent procéder avec respect et prudence à leur égard. Le plus sage parti,
dans ces circonstances difficiles, c'est de consulter un guide éclairé ; c'est
sans doute ce qu'avait fait la personne dont nous parlons.
[87] « Et les
démons priaient Jésus, disant : Si vous nous chassez d'ici, envoyez-nous dans
ce troupeau de porcs. Et il leur dit : Allez. Et sortant, ils entrèrent dans
les porcs ; et voilà que tout le troupeau se précipita impétueusement dans la
mer. » (Matth., 8-31, 32.)
Saint Eleutherius
A wonderful simplicity and spirit of compunction
were the distinguishing virtues of this holy man. He was chosen abbot of St.
Mark’s near Spoleto, and favored by God with the gift of miracles. A child who
was possessed by the devil, being delivered by being educated in his monastery,
the Abbot said one day: “Since the child is among the servants of God, the
devil dares not approach him.” These words seemed to savor of vanity, and
thereupon the devil again entered and tormented the child.
The Abbot humbly confessed his fault, and fasted
and prayed with his whole community till the child was again freed from the
tyranny of the fiend. St. Gregory the Great, not being able to fast on
Easter-eve on account of extreme weakness, engaged this Saint to go with him to
the church of St. Andrew’s and offer up his prayers to God for his health, that
he might join the faithful in that solemn practice of penance.
Eleutherius prayed with many tears, and the Pope,
coming out of the church, found that he was enabled to perform the fast as he
desired. It is also said that St. Eleutherius raised a dead man to life.
Resigning his abbacy, he died in St. Andrew’s monastery in Rome about the year
585.
SOURCE : http://www.ucatholic.com/saints/saint-eleutherius/
September 6
St. Eleutherius, Abbot
A WONDERFUL simplicity and spirit of compunction were the distinguishing
virtues of this holy man. He was chosen abbot of St. Mark’s, near Spoleto, and
favoured by God with the gift of miracles. A child who was possessed by the
devil, being delivered by being educated in his monastery, the abbot said one
day: “Since the child is among the servants of God, the devil dares not
approach him.” These words seemed to savour of vanity, and thereupon the devil
again entered and tormented the child. The abbot humbly confessed his fault,
and fasted and prayed with his whole community till the child was again freed
from the tyranny of the fiend. St. Gregory the Great not being able to fast on
Easter-eve, on account of the extreme weakness of his breast, engaged this
saint to go with him to the church of St. Andrew’s and put up his prayers to
God for his health, that he might join the faithful in that solemn practice of
penance. Eleutherius prayed with many tears, and the pope coming out of the
church, found his breast suddenly strengthened so that he was enabled to
perform the fast as he desired. St. Eleutherius raised a dead man to life.
Resigning his abbacy, he died in St. Andrew’s monastery in Rome about the year
585. His body was afterwards translated to Spoleto. See S. Greg. Dial. l. 3, c. 14, 21, 33, l. 4, c. 35.
Rev. Alban Butler (1711–73). Volume IX: September. The Lives of the Saints. 1866.