EXHORTATION APOSTOLIQUE
DE SA SAINTETÉ LE PAPE PAUL VI
SUR L’ÉVANGÉLISATION DANS LE MONDE MODERNE
À L'ÉPISCOPAT, AU CLERGÉ ET AUX FIDÈLES DE TOUTE L'ÉGLISE
DE SA SAINTETÉ LE PAPE PAUL VI
SUR L’ÉVANGÉLISATION DANS LE MONDE MODERNE
À L'ÉPISCOPAT, AU CLERGÉ ET AUX FIDÈLES DE TOUTE L'ÉGLISE
Vénérables Frères et chers Fils, Salut
et Bénédiction Apostolique
Encouragement particulier à
l’évangélisation
1. L’effort pour annoncer l’Evangile aux hommes de
notre temps, exaltés par l’espérance mais en même temps travaillés souvent par
la peur et l’angoisse, est sans nul doute un service rendu à la communauté des
chrétiens, mais aussi à toute l’humanité.
C’est pourquoi le devoir de confirmer les frères,
que Nous avons reçu du Seigneur avec la charge de Successeur de Pierre[1], et
qui est pour Nous une “ préoccupation quotidienne ”[2], un programme de vie et
d’action, et un engagement fondamental de notre pontificat, ce devoir Nous
paraît encore plus noble et nécessaire lorsqu’il s’agit d’encourager nos frères
dans la mission d’évangélisateurs pour que, en ces temps d’incertitude et de
désarroi, ils l’accomplissent avec toujours plus d’amour, de zèle et de joie.
A l’occasion de trois événements
2. C’est bien ce que Nous voulons faire ici, au
terme de cette Année Sainte au long de laquelle l’Eglise, “ tendue de tout son
effort vers la prédication de l’Evangile à tous les hommes ”[3], n’a voulu rien
d’autre qu’accomplir son office de messagère de la Bonne Nouvelle de
Jésus-Christ, proclamée à partir de deux consignes fondamentales : “ Revêtez
l’homme nouveau ”[4] et “ Laissez-vous réconcilier avec Dieu ”[5].
Nous voulons le faire en ce dixième anniversaire de
la clôture du Concile Vatican II dont les objectifs se résument, en définitive,
en un seul : rendre l’Eglise du XXe siècle encore plus apte à annoncer
l’Evangile à l’humanité du XXe siècle.
Nous voulons le faire un an après la IIIe Assemblée
générale du Synode des Evêques — consacrée, on le sait, à l’évangélisation — ,
d’autant plus que cela Nous a été demandé par les Pères synodaux eux-mêmes. En
effet, à l’issue de cette mémorable Assemblée, ils ont décidé de remettre au
Pasteur de l’Eglise universelle, avec beaucoup de confiance et de simplicité,
le fruit de tout leur labeur, déclarant qu’ils attendaient du Pape un élan
nouveau, capable de créer, dans une Eglise encore plus enracinée dans la force
et la puissance immortelles de la Pentecôte, des temps nouveaux
d’évangélisation[6].
Thème souvent souligné au cours de
notre pontificat
3. Ce thème de l’évangélisation, Nous en avons
souligné l’importance à plusieurs reprises, bien avant les journées du Synode.
“ Les conditions de la société — disions-Nous au Sacré Collège des Cardinaux,
le 22 juin 1973 — nous obligent tous à réviser les méthodes, à chercher par
tous les moyens à étudier comment faire arriver à l’homme moderne le message chrétien
dans lequel il peut trouver la réponse à ses interrogations et la force pour
son engagement de solidarité humaine ”.[7] Et Nous ajoutions que pour donner
une réponse valable aux exigences du Concile qui nous interpellent, il faut
absolument nous mettre en face d’un patrimoine de foi que l’Église a le devoir
de préserver dans sa pureté intangible, mais le devoir aussi de présenter aux
hommes de notre temps, autant que possible, d’une façon compréhensible et
persuasive.
Dans la ligne du Synode de 1974
4. Cette fidélité à un message dont nous sommes les
serviteurs, et aux personnes à qui nous devons le transmettre intact et vivant,
est l’axe central de l’évangélisation. Elle pose trois questions brûlantes, que
le Synode de 1974 a eues constamment devant les yeux :
— Qu’est devenue, de nos jours, cette énergie
cachée de la Bonne Nouvelle, capable de frapper profondément la conscience de
l’homme ?
— Jusqu’à quel point et comment cette force
évangélique est-elle en mesure de transformer vraiment l’homme de ce siècle ?
— Suivant quelles méthodes faut-il proclamer
l’Evangile pour que sa puissance soit efficace ?
Ces interrogations explicitent, au fond, la
question fondamentale que l’Eglise se pose aujourd’hui et que l’on pourrait
traduire ainsi : après le Concile et grâce au Concile, qui a été pour elle une
heure de Dieu en ce tournant de l’histoire, l’Eglise se trouve-t-elle, oui ou
non, plus apte à annoncer l’Evangile et à l’insérer dans le cœur de l’homme
avec conviction, liberté d’esprit et efficacité ?
Invitation à la réflexion
5. Nous voyons tous l’urgence de donner à cette
question une réponse loyale, humble, courageuse, et d’agir en conséquence.
Dans notre “ sollicitude pour toutes les Eglises
”[8], Nous voudrions aider nos frères et fils à répondre à ces interpellations.
Puissent nos paroles, qui voudraient être, à partir des richesses du Synode,
une réflexion sur l’évangélisation, inviter à la même réflexion tout le Peuple
de Dieu rassemblé dans l’Eglise, et servir d’élan nouveau à tous, spécialement à
ceux “ qui peinent à la parole et à l’enseignement ”,[9] afin que chacun d’eux
soit “ un fidèle dispensateur de la Parole de vérité ”[10], fasse œuvre de
prédicateur de l’Evangile et s’acquitte à la perfection de son ministère.
Une telle Exhortation Nous est apparue capitale,
car la présentation du message évangélique n’est pas pour l’Eglise une
contribution facultative : c’est le devoir qui lui incombe, par mandat du
Seigneur Jésus, afin que les hommes puissent croire et être sauvés. Oui, ce
message est nécessaire. Il est unique. Il ne saurait être remplacé. Il ne
souffre ni indifférence, ni syncrétisme, ni accommodation. C’est le salut des
hommes qui est en cause. C’est la beauté de la Révélation qu’il représente. Il
comporte une sagesse qui n’est pas de ce monde. Il est capable de susciter, par
lui-même, la foi, une foi qui repose sur la puissance de Dieu[11]. Il est la
Vérité. Il mérite que l’apôtre y consacre tout son temps, toutes ses énergies,
y sacrifie, au besoin, sa propre vie.
I.
DU CHRIST ÉVANGÉLISATEUR À UNE ÉGLISE ÉVANGÉLISATRICE
DU CHRIST ÉVANGÉLISATEUR À UNE ÉGLISE ÉVANGÉLISATRICE
Témoignage et mission de Jésus
6. Le témoignage que le Seigneur donne de lui-même
et que saint Luc a recueilli dans son Evangile — “ Je dois annoncer la Bonne
Nouvelle du Royaume de Dieu ”[12] — a sans doute une grande portée, car il
définit d’un mot toute la mission de Jésus : “ Pour cela j’ai été envoyé ”[13].
Ces paroles prennent toute leur signification si on les rapproche des versets
antérieurs où le Christ venait de s’appliquer à lui-même le mot du prophète
Isaïe : “ L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par
l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres ”[14].
Proclamer de ville en ville, surtout aux plus
pauvres qui sont souvent les plus accueillants, la joyeuse annonce de l’accomplissement
des promesses et de l’Alliance proposées par Dieu, telle est la mission pour
laquelle Jésus se déclare envoyé par le Père. Et tous les aspects de son
Mystère — l’Incarnation elle-même, les miracles, l’enseignement, le
rassemblement des disciples, l’envoi des Douze, la croix et la résurrection, la
permanence de sa présence au milieu des siens — font partie de son activité
évangélisatrice.
Jésus, premier Evangélisateur
7. Bien souvent au cours du Synode, les Evêques ont
rappelé cette vérité : Jésus lui-même, Evangile de Dieu[15], a été le tout
premier et le plus grand évangélisateur. Il l’a été jusqu’au bout : jusqu’à la
perfection, jusqu’au sacrifice de sa vie terrestre.
Evangéliser : quelle signification cet impératif
a-t-il eue pour le Christ ? Il n’est certes pas aisé d’exprimer, dans une
synthèse complète, le sens, le contenu, les modes de l’évangélisation telle que
Jésus la concevait et l’a réalisée. D’ailleurs une telle synthèse ne pourra
jamais être terminée. Qu’il Nous suffise de rappeler quelques aspects
essentiels.
L’annonce du Règne de Dieu
8. Evangélisateur, le Christ annonce tout d’abord
un Règne, le Règne de Dieu, tellement important que, par rapport à lui, tout
devient “ le reste ”, qui est “ donné par surcroît ”[16]. Seul le Règne est
donc absolu et il relativise tout ce qui n’est pas lui. Le Seigneur se plaira à
décrire sous mille formes diverses le bonheur d’appartenir à ce Règne, bonheur
paradoxal fait de choses que le monde rejette[17] ; les exigences du Règne et
sa charte[18], les hérauts du Règne[19], ses mystères[20], ses enfants[21], la
vigilance et la fidélité demandées à quiconque attend son avènement
définitif[22].
L’annonce du Salut libérateur
9. Comme noyau et centre de sa Bonne Nouvelle, le
Christ annonce le salut, ce grand don de Dieu qui est libération de tout ce qui
opprime l’homme mais qui est surtout libération du péché et du Malin, dans la
joie de connaître Dieu et d’être connu de lui, de le voir, d’être livré à lui.
Tout cela commence durant la vie du Christ, est définitivement acquis par sa
mort et sa résurrection, mais doit être patiemment conduit au cours de
l’histoire, pour être pleinement réalisé au jour de l’Avènement définitif du
Christ, dont nul ne sait quand il aura lieu, sauf le Père[23].
Au prix d’un effort crucifiant
10. Ce Règne et ce salut, mots-clés de
l’évangélisation de Jésus-Christ, tout homme peut les recevoir comme grâce et
miséricorde, et pourtant simultanément chacun doit les conquérir par la force —
ils appartiennent aux violents, dit le Seigneur[24] — par la fatigue et la
souffrance, par une vie selon l’Evangile, par le renoncement et la croix, par
l’esprit des béatitudes. Mais, avant tout, chacun les conquiert moyennant un
total renversement intérieur que l’Evangile désigne sous le nom de “ metanoia
”, une conversion radicale, un changement profond du regard et du cœur.[25]
Prédication infatigable
11. Cette proclamation du Royaume de Dieu, le
Christ l’accomplit par la prédication infatigable d’une parole dont on dira
qu’elle ne trouve d’égale nulle part ailleurs : “ Voilà un enseignement
nouveau, donné avec autorité ! ”[26] ; “ Et tous lui rendaient témoignage et
étaient en admiration devant les paroles pleines de grâce qui sortaient de sa
bouche ”[27] ; “ Jamais homme n’a parlé comme cet homme ! ”[28]. Ses paroles
dévoilent le secret de Dieu, son dessein et sa promesse, et changent par là le
cœur de l’homme et son destin.
Avec des signes évangéliques
12. Mais il réalise également cette proclamation
par d’innombrables signes qui font la stupeur des foules et en même temps les
entraînent vers lui pour le voir, l’écouter et se laisser transformer par lui :
malades guéris, eau changée en vin, pain multiplié, morts qui reviennent à la
vie. Et entre tous, le signe auquel il donne une grande importance : les
petits, les pauvres sont évangélisés, deviennent ses disciples, se réunissent “
en son Nom ” dans la grande communauté de ceux qui croient en lui. Car ce Jésus
qui déclarait : “ Je dois annoncer la bonne nouvelle du Royaume de Dieu ”[29]
est le même Jésus dont Jean l’Evangéliste disait qu’il était venu et devait
mourir “ pour rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés ”[30].
Ainsi achève-t-il sa révélation, en la complétant et en la confirmant, par
toute la manifestation qu’il fait de lui-même, par paroles et oeuvres, par
signes et miracles, et plus particulièrement par sa mort, par sa résurrection
et par l’envoi de l’Esprit de Vérité[31].
Pour une communauté évangélisée et
évangélisatrice
13. Ceux qui accueillent avec sincérité la Bonne Nouvelle,
par la force de cet accueil et de la foi partagée, se réunissent donc au Nom de
Jésus pour chercher ensemble le Règne, le construire, le vivre. Ils constituent
une communauté qui est à son tour évangélisatrice. L’ordre donné aux Douze — “
Allez, proclamez la Bonne Nouvelle ” — vaut aussi, quoique d’une façon
différente, pour tous les chrétiens. C’est bien pour cela que Pierre appelle
ces derniers “ un peuple acquis en vue d’annoncer les merveilles ” de Dieu[32],
ces mêmes merveilles que chacun a pu écouter dans sa propre langue[33]. Du
reste, la Bonne Nouvelle du Règne qui vient et qui a commencé est pour tous les
hommes de tous les temps. Ceux qui l’ont reçue, ceux qu’elle rassemble dans la
communauté du salut, peuvent et doivent la communiquer et la diffuser.
Evangélisation, vocation propre de
l’Eglise
14. L’Eglise le sait. Elle a une vive conscience
que la parole du Sauveur — “ Je dois annoncer la bonne nouvelle du Royaume de
Dieu ”[34] — s’applique en toute vérité à elle. Elle ajoute volontiers avec
saint Paul : “ Pour moi, évangéliser ce n’est pas un titre de gloire, c’est une
obligation. Malheur à moi se je n’évangélise pas ! ”[35]. C’est avec joie et
réconfort que Nous avons entendu, au terme de la grande assemblée d’octobre
1974, ces paroles lumineuses : “ Nous voulons confirmer une fois de plus que la
tâche d’évangéliser tous les hommes constitue la mission essentielle de
l’Eglise ”[36], tâche et mission que les mutations vastes et profondes de la
société actuelle ne rendent que plus urgentes. Evangéliser est, en effet, la
grâce et la vocation propre de l’Eglise, son identité la plus profonde. Elle
existe pour évangéliser, c’est-à-dire pour prêcher et enseigner, être le canal
du don de la grâce, réconcilier les pécheurs avec Dieu, perpétuer le sacrifice
du christ dans la sainte messe, qui est le mémorial de sa mort et de sa
résurrection glorieuse.
Liens réciproques entre l’Eglise et
l’évangélisation
15. Quiconque relit dans le Nouveau Testament les
origines de l’Eglise suit pas à pas son histoire et la regarde vivre et agir,
voit qu’elle est liée à l’évangélisation par ce qu’elle a de plus intime.
— L’Eglise naît de l’action évangélisatrice de
Jésus et des Douze. Elle en est le fruit normal, voulu, le plus immédiat et le
plus visible : “ Allez donc, de toutes les nations faites des disciples ”[37].
Or, “ ceux qui accueillirent la Parole furent baptisés et environ trois mille
se sont réunis à eux... Et le Seigneur augmentait tous les jours ceux qui
embrassaient le Salut ”[38].
— Née par conséquent de la mission, l’Eglise est à
son tour envoyée par Jésus. L’Eglise reste dans le monde lorsque le Seigneur de
gloire retourne au Père. Elle reste comme un signe à la fois opaque et lumineux
d’une nouvelle présence de Jésus, de son départ et de sa permanence. Elle le
prolonge et le continue. Or, c’est avant tout sa mission et sa condition
d’évangélisateur qu’elle est appelée à continuer[39]. Car la communauté des
chrétiens n’est jamais close en elle-même. En elle la vie intime — vie de
prière, écoute de la Parole et de l’enseignement des Apôtres, charité
fraternelle vécue, pain partagé[40] — n’a tout son sens que lorsqu’elle devient
témoignage, provoque l’admiration et la conversion, se fait prédication et
annonce de la Bonne Nouvelle. C’est ainsi toute l’Eglise qui reçoit mission
d’évangéliser, et l’œuvre de chacun est importante pour le tout.
— Evangélisatrice, l’Eglise commence par
s’évangéliser elle-même. Communauté de croyants, communauté de l’espérance
vécue et communiquée, communauté d’amour fraternel, elle a besoin d’écouter
sans cesse ce qu’elle doit croire, ses raisons d’espérer, le commandement
nouveau de l’amour. Peuple de Dieu immergé dans le monde, et souvent tenté par
les idoles, elle a toujours besoin d’entendre proclamer les grandes oeuvres de Dieu[41]
qui l’ont convertie au Seigneur, d’être à nouveau convoquée par lui et réunie.
Cela veut dire, en un mot, qu’elle a toujours besoin d’être évangélisée, si
elle veut garder fraîcheur, élan et force pour annoncer l’Evangile. Le Concile
Vatican II a rappelé[42] et le Synode de 1974 a fortement repris ce thème de
l’Eglise qui s’évangélise par une conversion et une rénovation constantes, pour
évangéliser le monde avec crédibilité.
— L’Eglise est dépositaire de la Bonne Nouvelle à
annoncer. Les promesses de l’Alliance Nouvelle en Jésus-Christ, l’enseignement
du Seigneur et des Apôtres, la Parole de vie, les sources de la grâce et de la
bénignité de Dieu, le chemin du salut, tout cela lui a été confié. C’est le
contenu de l’Evangile, et donc de l’évangélisation, qu’elle garde comme un
dépôt vivant et précieux, non pour le tenir caché mais pour le communiquer.
— Envoyée et évangélisée, l’Eglise elle-même envoie
des évangélisateurs. Elle met dans leur bouche la Parole qui sauve, elle leur
explique le message dont elle-même est dépositaire, elle leur donne le mandat
qu’elle-même a reçu et les envoie prêcher. Prêcher non leurs propres personnes
ou leurs idées personnelles[43], mais un Evangile dont ni eux ni elle ne sont
maîtres et propriétaires absolus pour en disposer à leur gré, mais dont ils
sont ministres pour le transmettre avec une extrême fidélité.
L’Eglise, inséparable du Christ
16. Il y a donc un lien profond entre le Christ,
l’Eglise et l’évangélisation. Pendant ce “ tempus Ecclesiae ”,
c’est l’Eglise qui a la tâche d’évangéliser. Cette tâche ne s’accomplit pas
sans elle, encore moins contre elle.
Il convient certes de le rappeler à un moment où,
non sans douleur, Nous pouvons entendre des personnes, que Nous voulons croire
bien intentionnées mais certainement désorientées dans leur esprit, répéter
qu’elles prétendent aimer le Christ mais sans l’Eglise, écouter le Christ mais
non l’Eglise, être au Christ mais en dehors de l’Eglise. L’absurde de cette
dichotomie apparaît nettement dans cette parole de l’Evangile : “ Qui vous
rejette, me rejette ”[44}. Et comment vouloir aimer le Christ sans aimer
l’Eglise, si le plus beau témoignage rendu au Christ est celui de saint Paul :
“ Il a aimé l’Eglise, il s’est livré pour Elle ” ?[45]
II.
QU’EST-CE QU’ÉVANGÉLISER ?
QU’EST-CE QU’ÉVANGÉLISER ?
Complexité de l’action évangélisatrice
17. Dans l’action évangélisatrice de l’Eglise, il y
a certainement des éléments et des aspects à retenir. Certains sont tellement
importants que l’on aura tendance à les identifier simplement avec
l’évangélisation. L’on a pu ainsi définir l’évangélisation en termes d’annonce
du Christ à ceux qui l’ignorent, de prédication, de catéchèse, de baptême et
d’autres sacrements à conférer.
Aucune définition partielle et fragmentaire ne
donne raison de la réalité riche, complexe et dynamique qu’est
l’évangélisation, sinon au risque de l’appauvrir et même de la mutiler. Il est
impossible de la saisir si l’on ne cherche pas à embrasser du regard tous ses
éléments essentiels.
Ces éléments fortement soulignés au cours de Synode,
on les approfondit souvent encore, ces temps-ci, sous l’influence du travail
synodal. Nous nous réjouissons de ce qu’ils se situent, au fond, dans la ligne
de ceux que le Concile Vatican II nous a transmis, surtout dans les
Constitutions Lumen gentium, Gaudium et spes et
dans le Décret Ad gentes.
Renouvellement de l’humanité...
18. Evangéliser, pour l’Eglise, c’est porter la
Bonne Nouvelle dans tous les milieux de l’humanité et, par son impact,
transformer du dedans, rendre neuve l’humanité elle-même : “ Voici que je fais
l’univers nouveau ! ”[46]. Mais il n’y a pas d’humanité nouvelle s’il n’y a pas
d’abord d’hommes nouveaux, de la nouveauté du baptême[47] et de la vie selon
l’Evangile[48]. Le but de l’évangélisation est donc bien ce changement intérieur
et, s’il fallait le traduire d’un mot, le plus juste serait de dire que
l’Eglise évangélise lorsque, par la seule puissance divine du Message qu’elle
proclame[49], elle cherche à convertir en même temps la conscience personnelle
et collective des hommes, l’activité dans laquelle ils s’engagent, la vie et le
milieu concrets qui sont les leurs.
...et des zones d’humanité
19. Des zones d’humanité qui se transforment : pour
l’Eglise il ne s’agit pas seulement de prêcher l’Evangile dans des tranches
géographiques toujours plus vastes ou à des populations toujours plus massives,
mais aussi d’atteindre et comme de bouleverser par la force de l’Evangile les
critères de jugement, les valeurs déterminantes, les points d’intérêt, les
lignes de pensée, les sources inspiratrices et les modèles de vie de
l’humanité, qui sont en contraste avec la Parole de Dieu et le dessein du
salut.
Evangélisation des cultures
20. Nous pourrions exprimer tout cela en disant :
il importe d’évangéliser — non pas de façon décorative, comme par un vernis
superficiel, mais de façon vitale, en profondeur et jusque dans leurs racines —
la culture et les cultures de l’homme, dans le sens riche et large que ces
termes ont dans Gaudium et spes [50], partant toujours de la
personne et revenant toujours aux rapports des personnes entre elles et avec
Dieu.
L’Evangile, et donc l’évangélisation, ne
s’identifient certes pas avec la culture, et sont indépendants à l’égard de
toutes les cultures. Et pourtant le Règne que l’Evangile annonce est vécu par
des hommes profondément liés à une culture, et la construction du Royaume ne
peut pas ne pas emprunter des éléments de la culture et des cultures humaines.
Indépendants à l’égard des cultures, Evangile et évangélisation ne sont pas
nécessairement incompatibles avec elles, mais capables de les imprégner toutes
sans s’asservir à aucune.
La rupture entre Evangile et culture est sans doute
le drame de notre époque, comme ce fut aussi celui d’autres époques. Aussi
faut-il faire tous les efforts en vue d’une généreuse évangélisation de la
culture, plus exactement des cultures. Elles doivent être régénérées par
l’impact de la Bonne Nouvelle. Mais cet impact ne se produira pas si la Bonne
Nouvelle n’est pas proclamée.
Importance primordiale du témoignage de
vie
21. L’Evangile doit être proclamé d’abord par un
témoignage. Voici un chrétien ou un groupe de chrétiens qui, au sein de la
communauté humaine dans laquelle ils vivent, manifestent leur capacité de
compréhension et d’accueil, leur communion de vie et de destin avec les autres,
leur solidarité dans les efforts de tous pour tout ce qui est noble et bon.
Voici que, en outre, ils rayonnent, d’une façon toute simple et spontanée, leur
foi en des valeurs qui sont au-delà des valeurs courantes, et leur espérance en
quelque chose qu’on ne voit pas, dont on n’oserait pas rêver. Par ce témoignage
sans paroles, ces chrétiens font monter, dans le cœur de ceux qui les voient
vivre, des questions irrésistibles : Pourquoi sont-ils ainsi ? Pourquoi
vivent-ils de la sorte ? Qu’est-ce — ou qui est-ce — qui les inspire ? Pourquoi
sont-ils au milieu de nous ? Un tel témoignage est déjà proclamation
silencieuse mais très forte et efficace de la Bonne Nouvelle. Il y a là un
geste initial d’évangélisation. Les questions que voilà seront peut-être les
premières que se poseront beaucoup de non chrétiens, qu’ils soient des gens à
qui le Christ n’avait jamais été annoncé, des baptisés non pratiquants, des
gens qui vivent en chrétienté mais selon des principes nullement chrétiens, ou
des gens qui cherchent, non sans souffrance, quelque chose ou Quelqu’un qu’ils
devinent sans pouvoir le nommer. D’autres questions surgiront, plus profondes
et plus engageantes, provoquées par ce témoignage qui comporte présence,
participation, solidarité, et qui est un élément essentiel, généralement le
tout premier, dans l’évangélisation[51].
A ce témoignage, tous les chrétiens sont appelés et
peuvent être, sous cet aspect, de véritables évangélisateurs. Nous pensons
spécialement à la responsabilité qui revient aux migrants dans les pays qui les
reçoivent.
Nécessité d’une annonce explicite
22. Et cependant cela reste toujours insuffisant,
car le plus beau témoignage se révélera à la longue impuissant s’il n’est pas
éclairé, justifié — ce que Pierre appelait donner “ les raisons de son
espérance ”[52] —, explicité par une annonce claire, sans équivoque, du
Seigneur Jésus. La Bonne Nouvelle proclamée par le témoignage de vie devra donc
être tôt ou tard proclamée par la parole de vie. Il n’y a pas d’évangélisation
vraie si le nom, l’enseignement, la vie, les promesses, le Règne, le mystère de
Jésus de Nazareth Fils de Dieu ne sont pas annoncés.
L’histoire de l’Eglise, depuis le discours de
Pierre le matin de Pentecôte, s’entremêle et se confond avec l’histoire de
cette annonce. À chaque nouvelle étape de l’histoire humaine, l’Eglise,
constamment travaillée par le désir d’évangéliser, n’a qu’une hantise : qui
envoyer annoncer le mystère de Jésus ? Dans quel langage annoncer ce mystère ?
Comment faire pour qu’il retentisse et arrive à tous ceux qui doivent l’écouter
? Cette annonce — kérygme, prédication ou catéchèse — prend une telle place
dans l’évangélisation qu’elle en est souvent devenue synonyme. Elle n’en est
cependant qu’un aspect.
Pour une adhésion vitale et communautaire
23. L’annonce, en effet, n’acquiert toute sa
dimension que lorsqu’elle est entendue, accueillie, assimilée et lorsqu’elle
fait surgir dans celui qui l’a ainsi reçue une adhésion du cœur. Adhésion aux
vérités que, par miséricorde, le Seigneur a révélées, oui. Mais plus encore,
adhésion au programme de vie — vie désormais transformée — qu’il propose.
Adhésion, en un mot, au Règne, c’est-à-dire au “ monde nouveau ”, au nouvel
état de chose, à la nouvelle manière d’être, de vivre, de vivre ensemble, que l’Evangile
inaugure. Une telle adhésion, qui ne peut pas demeurer abstraite et
désincarnée, se révèle concrètement par une entrée palpable, visible, dans une
communauté de fidèles. Ainsi donc, ceux dont la vie s’est transformée pénètrent
dans une communauté qui est elle-même signe de la transformation, signe de la
nouveauté de vie : c’est l’Eglise, sacrement visible du salut[53]. Mais à son
tour, l’entrée dans la communauté ecclésiale s’exprimera à travers beaucoup
d’autres signes qui prolongent et déploient le signe de l’Eglise. Dans le
dynamisme de l’évangélisation, celui qui accueille l’Evangile comme Parole qui
sauve[54] le traduit normalement en ces gestes sacramentels : adhésion à
l’Eglise, accueil des sacrements qui manifestent et soutiennent cette adhésion,
par la grâce qu’ils confèrent.
Entraînant un nouvel apostolat
24. Finalement, celui qui a été évangélisé
évangélise à son tour. C’est là le test de vérité, la pierre de touche de
l’évangélisation : Il est impensable qu’un homme ait accueilli la Parole et se
soit donné au Règne sans devenir quelqu’un qui témoigne et annonce à son tour.
Au terme de ces considérations sur les sens de
l’évangélisation, une dernière observation, que Nous estimons éclairante pour
les réflexions qui suivent, doit être formulée.
L’évangélisation, avons-Nous dit, est une démarche
complexe, aux éléments variés : renouveau de l’humanité, témoignage, annonce
explicite, adhésion du cœur, entrée dans la communauté, accueil des signes,
initiative d’apostolat. Ces éléments peuvent apparaître contrastants, voire
exclusifs. Ils sont en réalité complémentaires et mutuellement enrichissants.
Il faut toujours envisager chacun d’eux dans son intégration aux autres. La
valeur du récent Synode a été de nous avoir constamment invités à composer ces
éléments, plutôt qu’à les opposer entre eux, pour avoir la pleine compréhension
de l’activité évangélisatrice de l’Eglise.
C’est cette vision globale que Nous voulons
maintenant exposer, en examinant le contenu de l’Evangélisation, les moyens
d’évangéliser, en précisant à qui s’adresse l’annonce évangélique et qui en a
aujourd’hui la charge.
III.
LE CONTENU DE L’ÉVANGÉLISATION
LE CONTENU DE L’ÉVANGÉLISATION
Contenu essentiel et éléments
secondaires
25. Dans le message que l’Eglise annonce, il y a
certes beaucoup d’éléments secondaires. Leur présentation dépend fortement des
circonstances changeantes. Ils changent aussi. Mais il y a le contenu
essentiel, la substance vivante, qu’on ne pourrait modifier ni passer sous
silence sans dénaturer gravement l’évangélisation elle-même.
Témoignage rendu à l’amour du Père
26. Il n’est pas superflu de le rappeler :
évangéliser est tout d’abord témoigner, de façon simple et directe, du Dieu
révélé par Jésus-Christ, dans l’Esprit Saint. Témoigner que dans son Fils il a
aimé le monde ; que dans son Verbe Incarné il a donné l’être à toute chose et a
appelé les hommes à la vie éternelle. Cette attestation de Dieu rejoindra
peut-être pour beaucoup le Dieu inconnu[55] qu’ils adorent sans lui donner un
nom, ou qu’ils cherchent par un appel secret du cœur lorsqu’ils font
l’expérience de la vacuité de toutes les idoles. Mais elle est pleinement
évangélisatrice en manifestant que, pour l’homme, le Créateur n’est pas une
puissance anonyme et lointaine : il est Père. “ Nous sommes appelés fils de
Dieu, nous le sommes effectivement ”[56] et nous sommes donc frères les uns des
autres en Dieu.
Au centre du message : le salut en
Jésus-Christ
27. L’évangélisation contiendra aussi toujours —
base, centre et sommet à la fois de son dynamisme — une claire proclamation
que, en Jésus-Christ, le Fils de Dieu fait homme, mort et ressuscité, le salut
est offert à tout homme, comme don de grâce et miséricorde de Dieu.[57] Et non
pas un salut immanent, à la mesure des besoins matériels ou même spirituels
s’épuisant dans le cadre de l’existence temporelle et s’identifiant totalement
avec les désirs, les espoirs, les affaires et les combats temporels, mais un
salut qui déborde toutes ces limites pour s’accomplir dans une communion avec
le seul Absolu, celui de Dieu : salut transcendant, eschatologique, qui a
certes son commencement en cette vie, mais qui s’accomplit dans l’éternité.
Sous le signe de l’espérance
28. L’évangélisation par conséquent ne peut pas ne
pas contenir l’annonce prophétique d’un au-delà, vocation profonde et
définitive de l’homme à la fois en continuité et en discontinuité avec la
situation présente : au-delà du temps et de l’histoire, au-delà de la réalité
de ce monde dont la figure passe, et des choses de ce monde dont une dimension
cachée se manifestera un jour ; au-delà de l’homme lui-même dont le véritable
destin ne s’épuise pas dans son visage temporel mais sera révélé dans la vie
future.[58] L’évangélisation contient donc aussi la prédication de l’espérance
dans les promesses faites par Dieu dans la nouvelle alliance en Jésus-Christ ;
la prédication de l’amour de Dieu envers nous et de notre amour pour Dieu ; la
prédication de l’amour fraternel pour tous les hommes — capacité de don et de
pardon, de renoncement, d’aide aux frères — qui, dérivant de l’amour de Dieu,
est le noyau de l’evangile ; la prédication du mystère du mal et de la
recherche active du bien. Prédication, également, et celle-ci est toujours
urgente, de la recherche de Dieu lui-même à travers la communion avec ce signe
visible de la rencontre de Dieu qu’est l’eglise de Jésus-Christ, et cette
communion s’exprime à son tour par la mise en œuvre de ces autres signes du
Christ vivant et agissant dans l’Eglise que sont les sacrements. Vivre de la
sorte les sacrements, de façon à mener leur célébration à une véritable
plénitude, n’est pas, comme certains le prétendraient, mettre un obstacle à
l’évangélisation ou en accepter une déviation, c’est lui donner toute son
ampleur. Car la totalité de l’évangélisation, au-delà de la prédication d’un message,
consiste à implanter l’Eglise, laquelle n’existe pas sans cette respiration
qu’est la vie sacramentelle culminant dans l’Eucharistie.[59]
Message concernant toute la vie
29. Mais l’évangélisation ne serait pas complète si
elle ne tenait pas compte des rapports concrets et permanents qui existent
entre l’evangile et la vie, personnelle et sociale, de l’homme. C’est pourquoi
l’évangélisation comporte un message explicite, adapté aux diverses situations,
constamment actualisé, sur les droits et les devoirs de toute personne humaine,
sur la vie familiale sans laquelle l’épanouissement personnel n’est guère
possible,[60] sur la vie en commun dans la société, sur la vie internationale,
la paix, la justice, le développement ; un message particulièrement vigoureux
de nos jours sur la libération.
Un message de libération
30. On sait en quels termes en ont parlé, au récent
Synode, de nombreux Evêques de tous les continents, surtout les Evêques du
Tiers-Monde, avec un accent pastoral où vibrait la voix de millions de fils de
l’Eglise qui forment ces peuples. Peuples engagés, avec toute leur énergie,
dans l’effort et le combat de dépassement de tout ce qui les condamne à rester
en marge de la vie : famines, maladies chroniques, analphabétisme, paupérisme,
injustices dans les rapports internationaux et spécialement dans les échanges
commerciaux, situations de néo-colonialisme économique et culturel parfois
aussi cruel que l’ancien colonialisme politique. L’Eglise, ont répété les
Evêques, a le devoir d’annoncer la libération de millions d’êtres humains,
beaucoup d’entre eux étant ses propres enfants ; le devoir d’aider cette
libération à naître, de témoigner pour elle, de faire qu’elle soit totale. Cela
n’est pas étranger à l’évangélisation.
En rapport nécessaire avec la promotion
humaine
31. Entre évangélisation et promotion humaine —
développement, libération — il y a en effet des liens profonds. Liens d’ordre
anthropologique, parce que l’homme à évangéliser n’est pas un être abstrait,
mais qu’il est sujet aux questions sociales et économiques. Liens d’ordre
théologique, puisqu’on ne peut pas dissocier le plan de la création du plan de
la Rédemption qui, lui, atteint les situations très concrètes de l’injustice à
combattre et de la justice à restaurer. Liens de cet ordre éminemment
évangélique qui est celui de la charité : Comment en effet proclamer le
commandement nouveau sans promouvoir dans la justice et la paix la véritable,
l’authentique croissance de l’homme ? Nous avons tenu à le signaler Nous-même
en rappelant qu’il est impossible d’accepter “ que l’œuvre d’évangélisation
puisse ou doive négliger les questions extrêmement graves, tellement agitées
aujourd’hui, concernant la justice, la libération, le développement et la paix
dans le monde. Si cela arrivait, ce serait ignorer la doctrine de l’Evangile
sur l’amour envers le prochain qui souffre ou est dans le besoin ”.[61]
Eh bien, les mêmes voix qui avec zèle, intelligence
et courage ont abordé au cours du Synode ce thème brûlant, ont, à notre grande
joie, fourni les principes illuminateurs pour bien saisir la portée et le sens
profond de la libération telle que l’a annoncée et réalisée Jésus de Nazareth
et telle que l’Eglise la prêche.
Sans réduction ni ambiguïté
32. Il ne faut pas nous cacher, en effet, que
beaucoup de chrétiens généreux, sensibles aux questions dramatiques que
recouvre le problème de la libération, en voulant engager l’Eglise dans
l’effort de libération, ont fréquemment la tentation de réduire sa mission aux
dimensions d’un projet simplement temporel ; ses buts à une visée
anthropocentrique ; le salut dont elle est messagère et sacrement, à un
bien-être matériel ; son activité, oubliant toute préoccupation spirituelle et
religieuse, à des initiatives d’ordre politique ou social. Mais s’il en était ainsi,
l’Eglise perdrait sa signification foncière. Son message de libération n’aurait
plus aucune originalité et finirait par être facilement accaparé et manipulé
par des systèmes idéologiques et des partis politiques. Elle n’aurait plus
d’autorité pour annoncer, comme de la part de Dieu, la libération. C’est
pourquoi nous avons voulu souligner dans la même allocution à l’ouverture de la
troisième Assemblée synodale “ la nécessité de réaffirmer clairement la
finalité spécifiquement religieuse de l’évangélisation. Cette dernière perdrait
sa raison d’être si elle s’écartait de l’axe religieux qui la dirige : le Règne
de Dieu avant toute autre chose, dans son sens pleinement théologique ”.[62]
La libération évangélique...
33. De la libération que l’évangélisation annonce
et s’efforce de mettre en œuvre, il faut dire plutôt :
— elle ne peut pas se cantonner dans la simple et
restreinte dimension économique, politique, sociale ou culturelle, mais elle
doit viser l’homme tout entier, dans toutes ses dimensions, jusque et y compris
dans son ouverture vers l’absolu, même l’Absolu de Dieu ;
— elle est donc rattachée à une certaine conception
de l’homme, à une anthropologie qu’elle ne peut jamais sacrifier aux exigences
d’une quelconque stratégie, d’une praxis ou d’une efficacité à court terme.
...axée sur le Règne de Dieu
34. C’est pourquoi, en prêchant la libération et en
s’associant à ceux qui oeuvrent et souffrent pour elle, l’Eglise — sans
accepter de circonscrire sa mission au seul domaine du religieux, en se désintéressant
des problèmes temporels de l’homme — réaffirme la primauté de sa vocation
spirituelle, elle refuse de remplacer l’annonce du Règne par la proclamation
des libérations humaines, et elle proclame que même sa contribution à la
libération est incomplète si elle néglige d’annoncer le salut en Jésus-Christ.
Sur une vision évangélique de
l’homme...
35. L’Eglise rapproche mais n’identifie jamais
libération humaine et salut en Jésus-Christ, car elle sait par révélation, par
expérience historique et par réflexion de foi que toute notion de libération
n’est pas forcément cohérente et compatible avec une vision évangélique de
l’homme, des choses et des événements ; elle sait qu’il ne suffit pas
d’instaurer la libération, de créer le bien-être et le développement, pour que
le Règne de Dieu arrive.
Bien plus, l’Eglise a la ferme conviction que toute
libération temporelle, toute libération politique — même si elle s’efforce de
trouver sa justification dans telle ou telle page de l’Ancien ou de Nouveau
Testament, même si elle réclame pour ses postulats idéologiques et ses normes
d’action l’autorité des données et des conclusions théologiques, même si elle
prétend être la théologie pour aujourd’hui — porte en elle-même le germe de sa
propre négation et déchoit de l’idéal qu’elle se propose, tant que ses motifs
profonds ne sont pas ceux de la justice dans la charité, tant que l’élan qui
l’entraîne n’a pas de dimension vraiment spirituelle et que son but final n’est
pas le salut et la béatitude en Dieu.
...comportant une nécessaire
conversion...
36. L’Eglise tient certes comme important et urgent
de bâtir des structures plus humaines, plus justes, plus respectueuses des
droits de la personne, moins oppressives et moins asservissantes, mais elle est
consciente que les meilleures structures, les systèmes les mieux conçus
deviennent vite inhumains si les pentes inhumaines du cœur de l’homme ne sont
pas assainies, s’il n’y a pas une conversion du cœur et du regard de ceux qui
vivent dans ces structures ou les commandent.
...excluant la violence
37. L’Eglise ne peut pas accepter la violence,
surtout la force des armes — incontrôlable lorsqu’elle se déchaîne — et la mort
de qui que ce soit, comme chemin de libération, car elle sait que la violence
appelle toujours la violence et engendre irrésistiblement de nouvelles formes
d’oppression et d’esclavage souvent plus lourdes que celles dont elle
prétendait libérer. Nous l’avons dit clairement au cours de notre voyage en
Colombie : “ Permettez enfin que Nous vous exhortions à ne pas mettre votre
confiance dans la violence et dans la révolution ; c’est contraire à l’esprit
chrétien, et cela peut aussi retarder, et non favoriser, l’élévation sociale à
laquelle vous aspirez à bon droit ”.[63] “ Nous devons dire et réaffirmer que
la violence n’est ni chrétienne ni évangélique et que les changements brusques
ou violents des structures seraient fallacieux, inefficaces en eux-mêmes et
certainement non conformes à la dignité du peuple ”.[64]
Contribution spécifique de l’Eglise
38. Ceci dit, Nous nous réjouissons que l’Eglise
prenne une conscience toujours plus vive de la façon propre, foncièrement
évangélique, qu’elle a de collaborer à la libération des hommes. Et que
fait-elle ? Elle cherche de plus en plus à susciter de nombreux chrétiens qui
se donnent à la libération des autres. Elle fournit à ces chrétiens “
libérateurs ” une inspiration de foi, une motivation d’amour fraternel, un
enseignement social auquel le vrai chrétien ne peut pas ne pas être attentif
mais qu’il doit poser à la base de sa sagesse et de son expérience pour le
traduire concrètement en des catégories d’action, de participation et
d’engagement. Tout cela, sans se confondre avec des attitudes tactiques ni avec
le service d’un système politique, doit caractériser l’élan du chrétien engagé.
L’Eglise s’efforce d’insérer toujours le combat chrétien pour la libération
dans le dessein global du salut qu’elle annonce elle-même.
Ce que Nous venons de rappeler ici émerge plus
d’une fois dans les débats du Synode. Nous avions d’ailleurs voulu consacrer à
ce thème quelques mots d’éclaircissement dans l’allocution que Nous adressions
aux Pères à l’issue de l’Assemblée.[65]
Toutes ces considérations devraient aider, il faut
l’espérer, à éviter l’ambiguïté que revêt très souvent le mot “ libération ”
dans les idéologies, les systèmes ou les groupes politiques. La libération que
proclame et prépare l’évangélisation est celle que le Christ lui-même a
annoncée à l’homme par son sacrifice.
La liberté religieuse
39. De cette juste libération liée à
l’évangélisation, qui cherche précisément à réaliser des structures
sauvegardant la liberté humaine, on ne peut séparer la nécessité d’assurer tous
les droits fondamentaux de l’homme, parmi lesquels la liberté religieuse tient
une place de première importance. Nous avons récemment parlé de l’actualité de
ce problème, en relevant “ combien de chrétiens, aujourd’hui encore, sont
étouffés par une oppression systématique parce qu’ils sont chrétiens, parce
qu’ils sont catholiques ! Le drame de la fidélité au Christ et de la liberté
religieuse continue, même s’il est camouflé derrière des déclarations
catégoriques en faveur des droits de la personne humaine et de la société
”.[66]
IV.
LES VOIES DE L’ÉVANGÉLISATION
LES VOIES DE L’ÉVANGÉLISATION
A la recherche de moyens adaptés
40. L’importance évidente du contenu de
l’évangélisation ne doit pas cacher l’importance des voies et des moyens.
Cette question du “ comment évangéliser ” reste
toujours actuelle parce que les façons d’évangéliser varient suivant les
diverses circonstances de temps, de lieu, de culture, et qu’elles offrent par
là un certain défi à notre capacité de découvrir et d’adapter.
A nous spécialement, Pasteurs dans l’Eglise,
incombe le souci de recréer avec audace et sagesse en toute fidélité à son
contenu, les modes les plus adaptés et les plus efficaces pour communiquer le
message évangélique aux hommes de notre temps. Qu’il Nous suffise, dans cette
réflexion, de rappeler quelques voies qui, pour une raison ou pour une autre,
ont une importance fondamentale.
Le témoignage de la vie
41. Et d’abord, sans répéter tout ce que Nous avons
déjà rappelé plus haut, il est bon de souligner ceci : pour l’Eglise, le
témoignage d’une vie authentiquement chrétienne, livrée à Dieu dans une
communion que rien ne doit interrompre mais également donnée au prochain avec
un zèle sans limite, est le premier moyen d’évangélisation. “ L’homme
contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres — disions-Nous
récemment à un groupe de laïcs — ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils
sont des témoins ”.[67] Saint Pierre l’exprimait bien lorsqu’il évoquait le
spectacle d’une vie pure et respectueuse, “ gagnant sans paroles même ceux qui
refusent de croire à la Parole ”.[68] C’est donc par sa conduite, par sa vie,
que l’Eglise évangélisera tout d’abord le monde, c’est-à-dire par son
témoignage vécu de fidélité au Seigneur Jésus, de pauvreté et détachement, de
liberté face aux pouvoirs de ce monde, en un mot, de sainteté.
Une prédication vivante
42. Il n’est pas superflu de souligner, ensuite, la
portée et la nécessité de la prédication. “ Comment croire sans l’avoir entendu
? Et comment entendre sans prédicateur ? (...) Car la foi naît de la
prédication et la prédication se fait par la parole du Christ ”.[69] Cette loi
posée un jour par l’Apôtre Paul garde encore aujourd’hui toute sa force.
Oui, elle est toujours indispensable, la
prédication, cette proclamation verbale d’un message. Nous savons bien que
l’homme moderne rassasié de discours se révèle souvent fatigué d’entendre et,
pire encore, immunisé contre la parole. Nous connaissons aussi les idées de
nombreux psychologues et sociologues, lesquels affirment que l’homme moderne a
dépassé la civilisation du verbe, désormais inefficace et inutile, et qu’il vit
aujourd’hui dans la civilisation de l’image. Ces faits devraient nous pousser,
certes, à mettre en œuvre dans la transmission du message évangélique les
moyens modernes suscités par cette civilisation. Des efforts très valables,
d’ailleurs, ont été déjà accomplis dans cette ligne. Nous ne pouvons que les
louer et les encourager pour qu’ils se développent encore davantage. La fatigue
que provoquent aujourd’hui tant de discours vides et l’actualité de bien
d’autres formes de communication ne doivent cependant pas diminuer la vertu permanente
de la parole ni faire perdre confiance en elle. La parole reste toujours
actuelle, surtout lorsqu’elle est porteuse de la puissance de Dieu.[70] C’est
pourquoi reste lui aussi d’actualité l’axiome de saint Paul : “ La foi vient de
ce qu’on entend ”[71] : c’est la Parole entendue qui conduit à croire.
Liturgie de la Parole
43. Cette prédication évangélisatrice prend
plusieurs formes que le zèle inspirera de recréer presque à l’infini. Ils sont
effectivement innombrables, les événements de la vie et les situations humaines
qui offrent l’occasion d’une annonce discrète mais marquante de ce que le
Seigneur a à dire dans cette circonstance. Il suffit d’avoir une vraie
sensibilité spirituelle pour lire dans les événements le message de Dieu. Mais,
à un moment où la liturgie renouvelée par le Concile a beaucoup valorisé la “
liturgie de la Parole ”, ce serait une erreur de ne pas voir dans l’homélie un
instrument valable et très adapté d’évangélisation. Il faut certes connaître et
mettre à profit les exigences et les possibilités de l’homélie pour qu’elle
acquière toute son efficacité pastorale. Mais il faut surtout en être convaincu
et s’y donner avec amour. Cette prédication singulièrement insérée dans la
célébration eucharistique, dont elle reçoit force et vigueur particulières, a
certainement un rôle spécial dans l’évangélisation, dans la mesure où elle
exprime la foi profonde du ministre sacré qui prêche et où elle est imprégnée
d’amour. Les fidèles rassemblés pour être une Eglise pascale célébrant la fête du
Seigneur présent au milieu d’eux attendent beaucoup de cette prédication et de
fait en reçoivent beaucoup de fruits, pourvu qu’elle soit simple, claire,
directe, adaptée, profondément attachée à l’enseignement évangélique et fidèle
au Magistère de l’Eglise, animée d’une ardeur apostolique équilibrée qui lui
vient de son caractère propre, pleine d’espérance, nourrissante pour la foi,
génératrice de paix et d’unité. Maintes communautés paroissiales ou autres
vivent et se consolident grâce à l’homélie de chaque dimanche, lorsqu’elle a
ces qualités.
Ajoutons que, grâce au même renouvellement de la
liturgie, la célébration eucharistique n’est pas le seul moment approprié pour
l’homélie. Celle-ci trouve sa place et ne doit pas être négligée dans la
célébration de tous les sacrements, ou encore au cours de para-liturgies, dans
le cadre d’assemblées de fidèles. Elle sera toujours une occasion privilégiée
pour communiquer la Parole du Seigneur.
La catéchèse
44. Une voie à ne pas négliger dans
l’évangélisation est celle de l’enseignement catéchétique. L’intelligence,
surtout celle des enfants et des adolescents, a besoin d’apprendre, moyennant
un enseignement religieux systématique, les données fondamentales, le contenu
vivant de la vérité que Dieu a voulu nous transmettre et que l’Eglise a cherché
à exprimer de façon toujours plus riche, au cours de sa longue histoire. Que
cet enseignement doive être donné pour éduquer des habitudes de vie chrétienne
et non pour demeurer seulement intellectuel, personne ne le contestera.
Assurément, l’effort d’évangélisation gagnera beaucoup, au plan de
l’enseignement catéchétique donné à l’église, dans les écoles là où cela est
possible, en tout cas dans les foyers chrétiens, si les catéchètes disposent de
textes appropriés, mis à jour avec sagesse et compétence, sous l’autorité des
Évêques. Les méthodes devront être adaptées à l’âge, à la culture, à la
capacité des personnes, en cherchant toujours à fixer dans la mémoire,
l’intelligence et le cœur, les vérités essentielles qui devront imprégner la
vie tout entière. Il faut surtout préparer de bons catéchètes — catéchistes
paroissiaux, instituteurs, parents — soucieux de se perfectionner dans cet art
supérieur, indispensable et exigeant de l’enseignement religieux. D’ailleurs,
sans qu’il faille négliger en quoi que ce soit la formation des enfants, on
observe que les conditions actuelles rendent toujours plus urgent
l’enseignement catéchétique, sous la forme d’un catéchuménat, pour de nombreux
jeunes et adultes qui, touchés par la grâce, découvrent peu à peu le visage du
Christ et éprouvent le besoin de se donner à Lui.
Utilisation des mass media
45. Dans notre siècle marqué par les mass media ou
moyens de communication sociale, la première annonce, la catéchèse ou
l’approfondissement ultérieur de la foi, ne peuvent pas se passer de ces
moyens, comme Nous l’avons déjà souligné.
Mis au service de l’Evangile, ils sont capables
d’étendre presque à l’infini le champ d’écoute de la Parole de Dieu, et ils
font arriver la Bonne Nouvelle à des millions de personnes. L’Eglise se
sentirait coupable devant son Seigneur si elle ne mettait pas en œuvre ces
puissants moyens que l’intelligence humaine rend chaque jour plus
perfectionnés. C’est par eux qu’elle “ proclame sur les toits ”[72] le message
dont elle est dépositaire. En eux elle trouve une version moderne et efficace
de la chaire. Grâce à eux elle réussit à parler aux masses.
Cependant l’usage des moyens de communication
sociale pour l’évangélisation présente un défi : c’est que le message évangélique
devrait, à travers eux, arriver à des foules d’hommes, mais avec la capacité de
percer la conscience de chacun, de se déposer dans le cœur de chacun comme s’il
était unique, avec tout ce qu’il a de plus singulier et personnel, et de
recueillir en sa faveur une adhésion, un engagement tout à fait personnels.
Indispensable contact personnel
46. C’est pourquoi, à côté de cette proclamation de
l’Evangile sous forme générale, l’autre forme de sa transmission, de personne à
personne, reste valide et importante. Le Seigneur l’a souvent pratiquée — les
conversations avec Nicodème, Zachée, la Samaritaine, Simon le pharisien, par
exemple, l’attestent —, les Apôtres aussi. Y aurait-il au fond une autre
manière de livrer l’Evangile, que de transmettre à un autre sa propre
expérience de la foi ? Il ne faudrait pas que l’urgence d’annoncer la Bonne
Nouvelle aux masses d’hommes fasse oublier cette forme d’annonce par laquelle
la conscience personnelle d’un homme est atteinte, touchée par une parole tout
à fait extraordinaire qu’il reçoit d’un autre. Nous ne saurions dire le bien
fait par les prêtres qui, à travers le sacrement de la pénitence ou à travers
le dialogue pastoral, se montrent prêts à guider les personnes dans les voies
de l’Evangile, à les affermir dans leur effort, à les relever si elles sont
tombées, à les assister toujours avec discernement et disponibilité.
Le rôle des sacrements
47. Par ailleurs, on n’insistera jamais assez sur
le fait que l’évangélisation ne s’épuise pas dans la prédication et l’enseignement
d’une doctrine. Car elle doit atteindre la vie : la vie naturelle à laquelle
elle donne un sens nouveau, grâce aux perspectives évangéliques qu’elle lui
ouvre ; et la vie surnaturelle, qui n’est pas la négation, mais la purification
et l’élévation de la vie naturelle.
Cette vie surnaturelle trouve son expression
vivante dans les sept sacrements et dans l’admirable rayonnement de grâce et de
sainteté qui est le leur.
L’évangélisation déploie ainsi toute sa richesse
lorsqu’elle réalise la liaison la plus intime, et mieux encore une
intercommunication jamais interrompue, entre la parole et les sacrements. En un
certain sens, c’est une équivoque que d’opposer, comme on le fait parfois,
l’évangélisation à la sacramentalisation. Il est bien vrai qu’une certaine
façon de conférer les sacrements, sans un solide appui de la catéchèse de ces
mêmes sacrements et d’une catéchèse globale, finirait par les priver en grande
partie de leur efficacité. Le rôle de l’évangélisation est précisément
d’éduquer tellement dans la foi qu’elle conduise chaque chrétien à vivre — et
non à recevoir passivement, ou à subir — les sacrements comme de véritables
sacrements de la foi.
La piété populaire
48. Ici Nous touchons à un aspect de
l’évangélisation qui ne peut pas laisser insensible. Nous voulons parler de
cette réalité que l’on désigne souvent aujourd’hui du terme de religiosité
populaire.
Aussi bien dans les régions où l’Eglise est
implantée depuis des siècles que là où elle est en voie d’implantation, on
trouve chez le peuple des expressions particulières de la recherche de Dieu et
de la foi. Regardées longtemps comme moins pures, quelquefois dédaignées, ces
expressions font aujourd’hui un peu partout l’objet d’une redécouverte. Les
Evêques en ont approfondi la signification, au cours du récent Synode, avec un
réalisme pastoral et un zèle remarquables.
La religiosité populaire, on peut le dire, a
certainement ses limites. Elle est fréquemment ouverte à la pénétration de
maintes déformations de la religion voire de superstitions. Elle reste souvent
au niveau de manifestations culturelles sans engager une véritable adhésion de
foi. Elle peut même mener à la formation de sectes et mettre en danger la vraie
communauté ecclésiale.
Mais si elle est bien orientée, surtout par une
pédagogie d’évangélisation, elle est riche de valeurs. Elle traduit une soif de
Dieu que seuls les simples et les pauvres peuvent connaître. Elle rend capable
de générosité et de sacrifice jusqu’à l’héroïsme, lorsqu’il s’agit de
manifester la foi. Elle comporte un sens aigu d’attributs profonds de Dieu : la
paternité, la rovidence, la présence amoureuse et constante. Elle engendre des
attitudes intérieures rarement observées ailleurs au même degré : patience,
sens de la croix dans la vie quotidienne, détachement, ouverture aux autres,
dévotion. En raison de ces aspects, Nous l’appelons volontiers “ piété
populaire ”, c’est-à-dire religion du peuple, plutôt que religiosité.
La charité pastorale doit dicter, à tous ceux que
le Seigneur a placés comme chefs de communautés ecclésiales, les normes de
conduite à l’égard de cette réalité, à la fois si riche et si menacée. Avant
tout, il faut y être sensible, savoir percevoir ses dimensions intérieures et
ses valeurs indéniables, être disposé à l’aider à dépasser ses risques de
déviation. Bien orientée, cette religiosité populaire peut être de plus en
plus, pour nos masses populaires, une vraie rencontre avec Dieu en
Jésus-Christ.
V.
LES DESTINATAIRES DE L’ÉVANGÉLISATION
LES DESTINATAIRES DE L’ÉVANGÉLISATION
Une destination universelle
49. Les dernières paroles de Jésus dans l’Evangile
de Marc confèrent à l’évangélisation, dont le Seigneur charge les Apôtres, une
universalité sans frontières : “ Allez par le monde entier, proclamez
l’Evangile à toutes les créatures ”.[73]
Les Douze et la première génération de chrétiens
ont bien compris la leçon de ce texte et d’autres semblables ; ils en ont fait
un programme d’action. La persécution elle-même, en dispersant les Apôtres, a
contribué à disséminer la Parole et à implanter l’Eglise dans des régions
toujours plus lointaines. L’admission de Paul au rang des Apôtres et son
charisme de prédicateur de l’Avènement de Jésus-Christ aux païens — non juifs —
a encore souligné l’universalisme.
Malgré tous les obstacles
50. Au long de vingt siècles d’histoire, les
générations chrétiennes ont affronté périodiquement divers obstacles à cette
mission universaliste : d’un côté, de la part des évangélisateurs eux-mêmes, la
tentation de rétrécir sous différents prétextes leur champ d’action
missionnaire et d’autre part, les résistances souvent humainement
insurmontables de ceux à qui s’adresse l’évangélisateur. Par ailleurs, Nous
devons constater avec tristesse que l’œuvre évangélisatrice de l’Eglise est
fortement contrariée, sinon empêchée, par des pouvoirs publics. Il se trouve,
même de nos jours, que des annonciateurs de la Parole de Dieu soient privés de
leurs droits, persécutés, menacés, éliminés pour le seul fait de prêcher
Jésus-Christ et son Evangile. Mais Nous avons confiance que malgré ces épreuves
douloureuses l’œuvre de ces apôtres ne fera finalement défaut en aucune région
du monde.
En dépit de telles adversités, l’Eglise ranime
toujours son inspiration la plus profonde, celle qui lui vient directement du
Maître : Au monde entier! A toute créature! Jusqu’aux extrémités de la terre!
Elle l’a fait de nouveau au récent Synode, comme un appel à ne pas emprisonner
l’annonce évangélique en la limitant à un secteur de l’humanité, ou à une
classe d’hommes ou à un seul type de culture. Quelques exemples pourraient être
révélateurs.
Première annonce à ceux qui sont loin
51. Révéler Jésus-Christ et son Evangile à ceux qui
ne les connaissent pas, tel est, depuis le matin de la Pentecôte, le programme
fondamental que l’Eglise a assumé comme reçu de son Fondateur. Tout le Nouveau
Testament, et de façon spéciale les Actes des Apôtres, témoignent d’un moment
privilégié et en quelque sorte exemplaire de cet effort missionnaire qui
jalonnera ensuite toute l’histoire de l’Eglise.
Cette première annonce de Jésus-Christ, elle la
réalise par une activité complexe et diversifiée que l’on désigne quelquefois
sous le nom de “ pré-évangélisation ”, mais qui est déjà à vrai dire
l’évangélisation, quoique à son stade initial et bien incomplet. Une gamme
presque infinie de moyens, la prédication explicite, certes, mais aussi l’art,
l’approche scientifique, la recherche philosophique, le recours légitime aux
sentiments du cœur de l’homme peuvent être mis en œuvre dans ce but.
Annonce au monde déchristianisé
52. Si cette première annonce s’adresse spécialement
à ceux qui n’ont jamais entendu la Bonne Nouvelle de Jésus ou aux enfants, elle
s’avère toujours plus nécessaire également, à cause des situations de
déchristianisation fréquentes de nos jours, pour des multitudes de personnes
qui ont reçu le baptême mais vivent en dehors de toute vie chrétienne, pour des
gens simples ayant une certaine foi mais connaissant mal les fondements de
cette foi, pour des intellectuels qui sentent le besoin de connaître
Jésus-Christ sous une lumière autre que l’enseignement reçu dans leur enfance,
et pour beaucoup d’autres.
Les religions non chrétiennes
53. Elle s’adresse aussi à d’immenses portions
d’humanité qui pratiquent des religions non chrétiennes que l’Eglise respecte
et estime, car elles sont l’expression vivante de l’âme de vastes groupes
humains. Elles portent en elles l’écho de millénaires de recherche de Dieu,
recherche incomplète mais réalisée souvent avec sincérité et droiture de cœur.
Elles possèdent un patrimoine impressionnant de textes profondément religieux.
Elles ont appris à des générations de personnes à prier. Elles sont toutes
parsemées d’innombrables “ semences du Verbe ”[74] et peuvent constituer une
authentique “ préparation évangélique ”[75], pour reprendre un mot heureux du
Concile Vatican II emprunté à Eusèbe de Césarée.
Une telle situation suscite, certes, des questions
complexes et délicates, qu’il convient d’étudier à la lumière de la Tradition
chrétienne et du Magistère de l’Eglise pour offrir aux missionnaires
d’aujourd’hui et de demain de nouveaux horizons dans leurs contacts avec les
religions non chrétiennes. Nous voulons relever surtout aujourd’hui que ni le
respect et l’estime envers ces religions, ni la complexité des questions
soulevées ne sont pour l’Eglise une invitation à taire devant les non chrétiens
l’annonce de Jésus-Christ. Au contraire, elle pense que ces multitudes ont le
droit de connaître la richesse du mystère du Christ[76] dans laquelle nous
croyons que toute l’humanité peut trouver, dans une plénitude insoupçonnable,
tout ce qu’elle cherche à tâtons au sujet de Dieu, de l’homme et de son destin,
de la vie et de la mort, de la vérité. Même devant les expressions religieuses
naturelles les plus dignes d’estime, l’Eglise s’appuie donc sur le fait que la
religion de Jésus, qu’elle annonce à travers l’évangélisation, met
objectivement l’homme en rapport avec le plan de Dieu, avec sa présence
vivante, avec son action ; elle fait rencontrer ainsi le mystère de la
Paternité divine qui se penche vers l’humanité ; en d’autres termes, notre
religion instaure effectivement avec Dieu un rapport authentique et vivant que
les autres religions ne réussissent pas à établir, bien qu’elles tiennent pour
ainsi dire leurs bras tendus vers le ciel.
C’est pourquoi l’Eglise garde vivant son élan missionnaire,
et même elle veut l’intensifier dans le moment historique qui est le nôtre.
Elle se sent responsable devant des peuples entiers. Elle n’a pas de repos tant
qu’elle n’a pas fait de son mieux pour proclamer la Bonne Nouvelle de Jésus
Sauveur. Elle prépare toujours de nouvelles générations d’apôtres.
Constatons-le avec joie au moment où ne manquent pas ceux qui pensent et même
disent que l’ardeur et l’élan apostolique se sont épuisés, et que l’heure de
l’envoi missionnaire est désormais passée. Le Synode vient de répondre que
l’annonce missionnaire ne tarit pas et que l’Eglise sera toujours tendue vers
l’accomplissement de celle-ci.
Soutien de la foi des fidèles
54. Cependant l’Eglise ne se sent pas dispensée
d’une attention infatigable également envers ceux qui ont reçu la foi et qui,
souvent depuis des générations, sont en contact avec l’Evangile. Elle cherche
ainsi à approfondir, consolider, nourrir, rendre toujours plus mûre la foi de
ceux qu’on appelle déjà fidèles ou croyants, afin qu’ils le soient davantage.
Cette foi est presque toujours, aujourd’hui,
confrontée au sécularisme, voire à l’athéisme militant : elle est une foi en
butte aux épreuves et menacée, bien plus, une foi assiégée et combattue. Elle
risque de périr par asphyxie ou par inanition si elle n’est pas tous les jours
alimentée et soutenue. Evangéliser doit donc être très souvent communiquer à la
foi des fidèles — particulièrement par une catéchèse pleine de sève évangélique
et munie d’un langage adapté aux temps et aux personnes — cet aliment et ce
soutien nécessaires.
L’Eglise catholique garde également un vif souci
des chrétiens qui ne sont pas en pleine communion avec elle : tout en préparant
avec eux l’unité voulue par le Christ, et précisément pour réaliser l’unité
dans la vérité, elle a conscience qu’elle manquerait gravement à son devoir si
elle ne témoignait pas, auprès d’eux, de la plénitude de la révélation dont
elle garde le dépôt.
Non croyants
55. Significative est aussi la préoccupation,
présente au Synode, à l’égard de deux sphères très différentes l’une de
l’autre, très proches cependant par le défi que, chacune à leur façon, elles
lancent à l’évangélisation.
La première est ce qu’on peut appeler la montée de
l’incroyance dans le monde moderne. Le Synode s’est attaché à décrire ce monde
moderne : sous ce nom générique, que de courants de pensée, valeurs et
contre-valeurs, aspirations latentes ou semences de destruction, convictions
anciennes qui disparaissent et convictions nouvelles qui s’imposent !
Du point de vue spirituel, ce monde moderne semble
se débattre toujours dans ce qu’un auteur contemporain a appelé naguère “ le
drame de l’humanisme athée ”.[77]
D’une part, on est obligé de constater au cœur même
de ce monde contemporain le phénomène qui devient presque sa marque la plus
frappante : le sécularisme. Nous ne parlons pas de cette sécularisation qui est
l’effort en lui-même juste et légitime, nullement incompatible avec la foi ou
la religion, de déceler dans la création, en chaque chose ou en chaque
événement de l’univers, les lois qui les régissent avec une certaine autonomie,
dans la conviction intérieure que le Créateur y a posé ces lois. Le récent
Concile a affirmé, en ce sens, l’autonomie légitime de la culture et
particulièrement des sciences.[78] Nous envisageons ici un véritable
sécularisme : une conception du monde d’après laquelle ce dernier s’explique
par lui-même sans qu’il soit besoin de recourir à Dieu ; Dieu devenu ainsi
superflu et encombrant. Un tel sécularisme, pour reconnaître le pouvoir de l’homme,
finit donc par se passer de Dieu et même par renier Dieu.
Des formes nouvelles d’athéisme — un athéisme
anthropocentrique, non plus abstrait et métaphysique mais pragmatique,
programmatique et militant — semblent en découler. En liaison avec ce sécularisme
athée, on nous propose tous les jours, sous les formes les plus diverses, une
civilisation de consommation, l’hédonisme érigé en valeur suprême, une volonté
de puissance et de domination, des discriminations de toute sorte : autant de
pentes inhumaines de cet “ humanisme ”.
Dans ce même monde moderne, d’autre part,
paradoxalement, on ne peut pas nier l’existence de véritables pierres d’attente
chrétiennes, de valeurs évangéliques au moins sous la forme d’un vide ou d’une
nostalgie. Il ne serait pas exagéré de parler d’un puissant et tragique appel à
être évangélisé.
Non pratiquants
56. Une seconde sphère est celle des non
pratiquants : aujourd’hui un grand nombre de baptisés qui, dans une large
mesure, n’ont pas renié formellement leur baptême mais sont entièrement en
marge de lui, n’en vivent pas. Le phénomène des non pratiquants est très ancien
dans l’histoire du christianisme, il tient à une faiblesse naturelle, à une
profonde incohérence que nous portons, hélas, au fond de nous-mêmes. Il
présente cependant aujourd’hui des traits nouveaux. Il s’explique souvent par
les déracinements typiques de notre époque. Il naît aussi du fait que les
chrétiens côtoient les non croyants et reçoivent constamment le contrecoup de
l’incroyance. D’ailleurs les non pratiquants contemporains, plus que ceux
d’autrefois, cherchent à expliquer et justifier leur position au nom d’une
religion intérieure, de l’autonomie ou de l’authenticité personnelles.
Athées et incroyants d’un côté, non pratiquants de
l’autre, opposent donc à l’évangélisation des résistances non négligeables. Les
premiers, la résistance d’un certain refus, l’incapacité de saisir le nouvel
ordre des choses, le nouveau sens du monde, de la vie, de l’histoire, qui n’est
pas possible si l’on ne part pas de l’Absolu de Dieu. Les autres, la résistance
de l’inertie, l’attitude un peu hostile de quelqu’un qui se sent de la maison,
qui affirme tout savoir, avoir goûté à tout, ne plus y croire.
Sécularisme athée et absence de pratique religieuse
se trouvent chez les adultes et chez les jeunes, chez l’élite et dans les
masses, dans tous les secteurs culturels, dans les vieilles comme dans les
jeunes Eglises. L’action évangélisatrice de l’Eglise, qui ne peut pas ignorer
ces deux mondes ni s’arrêter en face d’eux, doit chercher constamment les
moyens et le langage adéquats pour leur proposer ou leur reproposer la
révélation de Dieu et la foi en Jésus-Christ.
Au cœur des masses
57. Comme le Christ durant le temps de sa
prédication, comme les Douze le matin de la Pentecôte, l’Église aussi voit
devant elle une immense foule humaine qui a besoin de l’Evangile et y a droit,
puisque Dieu “ veut que tout homme soit sauvé et parvienne à la connaissance de
la vérité ”.[79]
Sensible à son devoir de prêcher le salut à tous,
sachant que le message évangélique n’est pas réservé à un petit groupe
d’initiés, de privilégiés ou d’élus mais destiné à tous, l’Eglise fait sienne
l’angoisse du Christ devant les foules errantes et prostrées “ comme des brebis
qui n’ont pas de berger ” et répète souvent sa parole : “ J’ai pitié de cette
foule ”.[80]
Mais elle est aussi consciente que, pour
l’efficacité de la prédication évangélique, elle doit adresser son message, au
cœur des masses, à des communautés de fidèles dont l’action peut et doit
arriver aux autres.
Les communautés ecclésiales de base
58. Le Synode s’est beaucoup occupé de ces petites
communautés ou “ communautés de base ”, parce que dans l’Eglise d’aujourd’hui
elles sont souvent mentionnées. Que sont-elles et pourquoi seraient-elles destinataires
spéciales d’évangélisation et en même temps évangélisatrices ?
Fleurissant un peu partout dans l’Eglise, à en
croire les différents témoignages entendus au Synode, elles diffèrent beaucoup
entre elles, au sein d’une même région et plus encore d’une région à l’autre.
Dans certaines régions, elles surgissent et se
développent, sauf exception, à l’intérieur de l’Eglise, en étant solidaires de
sa vie, nourries de son enseignement, attachées à ses pasteurs. Dans ces
cas-là, elles naissent du besoin de vivre plus intensément encore la vie de
l’Eglise ; ou du désir et de la recherche d’une dimension plus humaine, que des
communautés ecclésiales plus grandes peuvent difficilement offrir, surtout dans
les métropoles urbaines contemporaines favorisant à la fois la vie de masse et
l’anonymat. Elles peuvent tout simplement prolonger à leur façon au niveau
spirituel et religieux — culte, approfondissement de la foi, charité
fraternelle, prière, communion avec les Pasteurs — la petite communauté
sociologique, village ou autre. Ou bien encore elles veulent rassembler pour
l’écoute et la méditation de la Parole, pour les sacrements et le lien de
l’Agapè, des groupes que l’âge, la culture, l’état civil ou la situation
sociale rendent homogènes — couples, jeunes, professionnels, etc. — ; des
personnes que la vie trouve déjà réunies dans les combats pour la justice, pour
l’aide fraternelle aux pauvres, pour la promotion humaine, etc. Ou bien enfin
elles réunissent les chrétiens là où la pénurie de prêtres ne favorise pas la
vie normale d’une communauté paroissiale. Tout cela est supposé à l’intérieur
des communautés constituées de l’Eglise, surtout des Eglises particulières et
des paroisses.
Dans d’autres régions, au contraire, des
communautés de base s’assemblent dans un esprit de critique acerbe de l’Eglise
qu’elles stigmatisent volontiers comme “ institutionnelle ” et à laquelle elles
s’opposent comme des communautés charismatiques, libres de structures,
inspirées seulement par l’Evangile. Elles ont donc comme caractéristique une
évidente attitude de blâme et de refus à l’égard des expressions de l’Eglise :
sa hiérarchie, ses signes. Elles contestent radicalement cette Eglise. Dans
cette ligne, leur inspiration principale devient très vite idéologique, et il
est rare qu’elles ne soient pas assez tôt la proie d’une option politique, d’un
courant, puis d’un système, voire d’un parti, avec tout le risque que cela
comporte d’en devenir l’instrument.
La différence est déjà notable : les communautés
qui par leur esprit de contestation se coupent de l’Eglise, dont elles lèsent
d’ailleurs l’unité, peuvent bien s’intituler “ communautés de base ”, mais
c’est là une désignation strictement sociologique. Elles ne pourraient pas,
sans abus de langage, s’intituler communautés ecclésiales de base, même si
elles ont la prétention de persévérer dans l’unité de l’Eglise tout en étant
hostiles à la Hiérarchie. Cette qualification appartient aux autres, à celles
qui se réunissent en Eglise pour s’unir à l’Eglise et pour faire croître l’Eglise.
Ces dernières communautés seront un lieu
d’évangélisation, au bénéfice des communautés plus vastes, spécialement des
Eglises particulières et elles seront une espérance pour l’Eglise universelle,
comme Nous l’avons dit au terme du Synode, dans la mesure où :
— elles cherchent leur aliment dans la Parole de
Dieu et ne se laissent pas emprisonner par la polarisation politique ou par les
idéologies à la mode, prêtes à exploiter leur immense potentiel humain ;
— elles évitent la tentation toujours menaçante de
la contestation systématique et de l’esprit hypercritique, sous prétexte
d’authenticité et d’esprit de collaboration ;
— elles restent fermement attachées à l’Eglise
locale dans laquelle elles s’insèrent, et à l’Eglise universelle, évitant ainsi
le danger — trop réel — de s’isoler en elles-mêmes, puis de se croire l’unique
authentique Église du Christ, et donc d’anathématiser les autres communautés
ecclésiales ;
— elles gardent une sincère communion avec les
Pasteurs que le Seigneur donne à son Eglise et avec le Magistère que l’Esprit
du Christ leur a confié ;
— elles ne se prennent jamais pour l’unique
destinataire ou l’unique agent d’évangélisation — voire l’unique dépositaire de
l’Evangile ! —; mais, conscientes que l’Eglise est beaucoup plus vaste et diversifiée,
elles acceptent que cette Eglise s’incarne autrement qu’à travers elles ;
— elles croissent chaque jour en conscience, zèle,
engagement et rayonnement missionnaire ;
— elles se montrent en tout universalistes et
jamais sectaires.
A ces conditions-là, exigeantes certes mais
exaltantes, les communautés ecclésiales de base correspondront à leur vocation
la plus fondamentale : auditrices de l’Evangile qui leur est annoncé et
destinataires privilégiées de l’évangélisation, elles deviendront elles-mêmes
sans tarder annonciatrices de l’Evangile.
VI.
LES OUVRIERS DE L’ÉVANGÉLISATION
LES OUVRIERS DE L’ÉVANGÉLISATION
Eglise tout entière missionnaire
59. Si des hommes proclament dans le monde
l’évangile du salut, c’est par ordre, au nom et avec la grâce du Christ
Sauveur. “ Comment prêcher si l’on n’a pas d’abord reçu mission ? ”,[81]
écrivait celui qui fut certainement l’un des plus grands évangélisateurs.
Personne ne peut le faire à moins d’avoir été envoyé.
Mais qui donc a la mission
d’évangéliser ?
Le Concile Vatican II a répondu avec clarté : “ Par
mandat divin, incombe à l’Eglise la fonction d’aller dans le monde entier et
d’annoncer l’Evangile à toute créature ”.[82] Et dans un autre texte du même
Concile: “ l’Eglise tout entière est missionnaire ; l’oeuvre d’évangélisation
est un devoir fondamental du peuple de Dieu ”.[83]
Nous avons déjà rappelé cette liaison intime entre
l’Eglise et l’évangélisation. Lorsque l’Eglise annonce le Règne de Dieu et le
construit, elle s’implante elle-même au coeur du monde comme signe et
instrument de ce Règne qui est et qui vient. Le Concile a repris cette parole
très significative de saint Augustin sur l’action missionnaire des Douze: “ En
prêchant la parole de vérité, ils firent naître des Eglises ”.[84]
Un acte ecclésial
60. Que l’Eglise soit envoyée et mandatée pour
l’évangélisation du monde, cette observation devrait éveiller en nous une
double conviction.
La première : évangéliser n’est pour personne un
acte individuel et isolé, mais c’est un acte profondément ecclésial. Lorsque le
plus obscur prédicateur, catéchiste ou pasteur, dans la contrée la plus
lointaine, prêche l’Evangile, rassemble sa petite communauté ou confère un
sacrement, même seul, il fait un acte d’Eglise et son geste se rattache
certainement, par des rapports institutionnels, mais aussi par des liens
invisibles et par des racines souterraines de l’ordre de la grâce, à l’activité
évangélisatrice de toute l’Eglise. Cela suppose qu’il le fasse, non pas par une
mission qu’il s’attribue, ou par une inspiration personnelle, mais en union
avec la mission de l’Eglise et en son nom.
De là, la seconde conviction : si chacun évangélise
au nom de l’Eglise, qui le fait elle-même en vertu d’un mandat du Seigneur,
aucun évangélisateur n’est le maître absolu de son action évangélisatrice, avec
un pouvoir discrétionnaire, pour l’accomplir suivant des critères et
perspectives individualistes, mais en communion avec l’Eglise et ses Pasteurs.
L’Eglise est tout entière évangélisatrice,
avons-Nous remarqué. Cela signifie que, pour l’ensemble du monde et pour chaque
portion du monde où elle se trouve, l’Eglise se sent responsable de la tâche de
diffuser l’Evangile.
La perspective de l’Eglise universelle
61. A ce stade de notre réflexion, Nous nous
arrêterons avec vous, Frères et Fils, sur une question particulièrement
importante de nos jours. Dans leurs célébrations liturgiques, dans leur
témoignage devant les juges et les bourreaux, dans leurs textes apologétiques,
les premiers chrétiens exprimaient volontiers leur foi profonde dans l’Eglise
en la désignant comme répandue par tout l’univers. Ils avaient pleinement
conscience d’appartenir à une grande communauté que ni l’espace ni le temps ne
sauraient limiter : “ Du juste Abel jusqu’au dernier élu ”,[85] “ jusqu’aux
extrémités de la terre ”,[86] “ jusqu’à la fin des temps ”.[87]
C’est ainsi que le Seigneur a voulu son Eglise :
Universelle, grand arbre dont les branches abritent les oiseaux du ciel,[88]
filet qui recueille toutes sortes de poissons[89] ou que Pierre retire chargé
de cent cinquante-trois gros poissons,[90] troupeau qu’un seul pasteur fait
paître.[91] Eglise universelle sans bornes ni frontières sauf, hélas, celles du
coeur et de l’esprit de l’homme pécheur.
La perspective de l’Eglise particulière
62. Néanmoins cette Eglise universelle s’incarne de
fait dans les Eglises particulières constituées, elles, de telle ou telle
portion d’humanité concrète, parlant telle langue, tributaire d’un héritage
culturel, d’une vision du monde, d’un passé historique, d’un substrat humain
déterminé. L’ouverture aux richesses de Eglise particulière répond à une
sensibilité spéciale de l’homme contemporain.
Gardons-nous bien de concevoir Eglise universelle
comme la somme, ou, si l’on peut dire, la fédération plus ou moins hétéroclite
d’Eglises particulières essentiellement diverses. Dans la pensée du Seigneur
c’est l’Eglise, universelle par vocation et par mission, qui, jetant ses
racines dans la variété des terrains culturels, sociaux, humains, prend dans
chaque portion du monde des visages, des expressions extérieures diverses.
Ainsi, chaque Eglise particulière qui se couperait
volontairement de l’Eglise universelle perdrait sa référence au dessein de Dieu
; elle s’appauvrirait dans sa dimension ecclésiale. Mais par ailleurs, l’Eglise
“ toto orbe diffusa ” deviendrait une abstraction si elle ne prenait pas corps
et vie précisément à travers les Eglises particulières. Seule une attention
permanente aux deux pôles de l’Eglise nous permettra de percevoir la richesse
de ce rapport entre Eglise universelle et Eglises particulières.
Adaptation et fidélité du langage
63. Les Eglises particulières, profondément
amalgamées avec les personnes mais aussi les aspirations, les richesses et
limites, les façons de prier, d’aimer, de considérer la vie et le monde qui
marquent tel ou tel ensemble humain, ont le rôle d’assimiler l’essentiel du
message évangélique, de le transposer, sans la moindre trahison de sa vérité
essentielle, dans le langage que ces hommes comprennent, puis de l’annoncer
dans ce langage.
La transposition est à faire, avec le discernement,
le sérieux, le respect et la compétence que la matière exige, dans le domaine
des expressions liturgiques,[92] de la catéchèse, de la formulation
théologique, des structures ecclésiales secondaires, des ministères. Et “
langage ” doit s’entendre ici moins sur le plan sémantique ou littéraire que
sur celui qu’on peut appeler anthropologique et culturel.
La question perd beaucoup de sa force et de son
efficacité si elle ne prend pas en considération le peuple concret auquel elle
s’adresse, n’utilise pas sa langue, ses signes et symboles, ne répond pas aux
questions qu’il pose, ne rejoint pas sa vie concrète. Mais d’autre part,
l’évangélisation risque de perdre son âme et de s’évanouir si l’on vide ou
dénature son contenu, sous prétexte de le traduire ; si, voulant adapter une
réalité universelle à un espace local, on sacrifie cette réalité et on détruit
l’unité sans laquelle il n’y a pas d’universalité. Or, seule une Eglise qui
garde la conscience de son universalité et montre qu’elle est en fait
universelle peut avoir un message capable d’être entendu par tous, au-delà des
limites régionales.
Une légitime attention aux Eglises particulières ne
peut qu’enrichir l’Eglise. Elle est indispensable et urgente. Elle répond aux
aspirations les plus profondes des peuples et des communautés humaines, à
trouver toujours davantage leur propre visage.
Ouverture à l’Eglise universelle
64. Mais cet enrichissement exige que les Eglises
particulières gardent leur ouverture profonde à l’Eglise universelle. Il est
bien remarquable, du reste, que les chrétiens les plus simples, les plus
fidèles à l’Evangile, les plus ouverts au véritable sens de l’Eglise, ont une
sensibilité toute spontanée à l’égard de cette dimension universelle, ils en
sentent instinctivement et très fortement le besoin, ils se reconnaissent
facilement en elle, vibrent avec elle et souffrent au plus profond d’eux-mêmes
lorsque, au nom de théories qu’ils ne comprennent pas, on les contraint à une
Eglise dépourvue de cette universalité, Eglise régionaliste, sans horizon.
Comme l’histoire le démontre d’ailleurs, chaque
fois que telle ou telle Eglise particulière, parfois avec les meilleurs
intentions avec des arguments théologiques, sociologiques, politiques ou
pastoraux, ou même dans le désir d’une certaine liberté de mouvement ou
d’action, s’est coupée de l’Eglise universelle et de son centre vivant et
visible, elle n’a échappé que très difficilement — si tant est qu’elle y ait
échappé — à deux dangers également graves : danger, d’une part, de
l’isolationisme desséchant, et puis, à court terme, de l’effritement, chacune
de ses cellules se séparant d’elle comme elle s’est séparée du noyau central ;
et d’autre part danger de perdre sa liberté, lorsque, coupée du centre et des
autres Eglises qui lui communiquaient force et énergie, elle se trouve livrée,
seule, aux forces les plus diverses d’asservissement et d’exploitation.
Plus une Eglise particulière est attachée par des
liens solides de communion à l’Eglise universelle — dans la charité et la
loyauté, dans l’ouverture au Magistère de Pierre, dans l’unité de la “ Lex
orandi ” qui est aussi “ Lex credendi ”, dans le souci de l’unité avec toutes
les autres Églises qui composent l’universalité — plus cette Eglise sera
capable de traduire le trésor de la foi dans la légitime variété des
expressions de la profession de foi, de la prière et du culte, de la vie et du
comportement chrétiens, du rayonnement du peuple dans lequel elle s’insère.
Plus aussi elle sera vraiment évangélisatrice, c’est-à-dire capable de puiser
dans le patrimoine universel pour en faire profiter son peuple comme de
communiquer à l’Eglise universelle l’expérience et la vie de ce peuple, au
bénéfice de tous.
L’inaltérable dépôt de la foi
65. Dans ce sens précisément Nous avons voulu
prononcer, à la clôture de la troisième Assemblée du Synode, un mot clair et
plein de paternelle affection, insistant sur le rôle du Successeur de Pierre
comme principe visible, vivant et dynamique de l’unité entre les Eglises et
donc de l’universalité de l’unique Eglise.[93] Nous insistions aussi sur la
grave responsabilité qui Nous incombe, mais que Nous partageons avec nos Frères
dans l’épiscopat, de garder inaltérable le contenu de la foi catholique que le
Seigneur a confié aux Apôtres : traduit dans tous les langages, ce contenu ne
doit pas être entamé ni mutilé revêtu des symboles propres à chaque peuple,
explicité par des expressions théologiques qui tiennent compte des milieux
culturels, sociaux et même raciaux divers, il doit rester le contenu de la foi
catholique tel que le Magistère ecclésial l’a reçu et le transmet.
Tâches diversifiées
66. Toute l’Eglise est donc appelée à évangéliser
et cependant dans son sein nous avons différentes tâches évangélisatrices à
accomplir. Cette diversité de services dans l’unité de la même mission fait la
richesse et la beauté de l’évangélisation. Ces tâches, Nous les rappellerons
d’un mot.
Et tout d’abord, qu’il Nous soit permis de signaler
dans les pages de l’Evangile l’insistance avec laquelle le Seigneur confie aux
Apôtres la fonction d’annoncer la Parole. Il les a choisis[94], formés durant
plusieurs années d’intimité[95], constitués[96] et mandatés[97] comme témoins
et maîtres autorisés du message du salut. Et les Douze ont à leur tour envoyé
leurs successeurs qui, dans la lignée apostolique, continuent à prêcher la
Bonne Nouvelle.
Le Successeur de Pierre
67. Le Successeur de Pierre est ainsi, par la
volonté du Christ, chargé du ministère prééminent d’enseigner la vérité
révélée. Le Nouveau Testament montre souvent Pierre “ rempli de l’Esprit Saint
” prenant la parole au nom de tous[98]. C’est bien pour cela que saint Léon le
Grand parle de lui comme de celui qui a mérité la primauté de l’apostolat[99].
C’est pourquoi aussi la voix de l’Eglise montre le Pape “ au sommet le plus
haut — in apice, in specula — de l’apostolat ”.[100] Le Concile Vatican II a
voulu le réaffirmer en déclarant que “ le mandat du Christ de prêcher
l’Evangile à toute créature (cf. Mc. 16, 15) regarde avant tout et
immédiatement les Évêques avec Pierre et sous la conduite de Pierre ”.[101]
Le pouvoir plénier, suprême et universel[102] que
le Christ confie à son Vicaire pour le gouvernement pastoral de son Eglise,
c’est donc spécialement dans l’activité de prêcher et faire prêcher la Bonne Nouvelle
du salut que le Pape l’exerce.
Evêques et prêtres
68. Unis au Successeur de Pierre, les Evêques,
successeurs des apôtres, reçoivent par la force de leur ordination épiscopale,
l’autorité pour enseigner dans l’Eglise la vérité révélée. Ils sont les maîtres
de la foi.
Aux Evêques sont associés dans le ministère de
l’évangélisation, comme responsables à un titre spécial, ceux qui par
l’ordination sacerdotale “ tiennent la place du Christ ”,[103] en tant
qu’éducateurs du Peuple de Dieu dans la foi, prédicateurs, tout en étant
ministres de l’Eucharistie et des autres sacrements.
Nous donc, Pasteurs, nous sommes tous invités à
prendre conscience, plus que tout autre membre de l’Eglise, de ce devoir. Ce
qui constitue la singularité de notre service sacerdotal, ce qui donne unité
profonde aux mille tâches qui nous sollicitent au long de la journée et de la
vie, ce qui confère à nos activités une note spécifique, c’est ce but présent
en toute notre action : “ annoncer l’Evangile de Dieu ”.[104]
Voici un trait de notre identité, qu’aucun doute ne
devrait entamer, aucune objection éclipser: Pasteurs, nous avons été choisis
par la miséricorde du souverain Pasteur[105] malgré notre insuffisance, pour
proclamer avec autorité la Parole de Dieu, pour rassembler le Peuple de Dieu
qui était dispersé, pour alimenter ce Peuple avec les signes de l’action du
Christ que sont les sacrements, pour le mettre sur la voie du salut, pour le
maintenir dans cette unité dont nous sommes, à différents niveaux, des
instruments actifs et vivants, pour animer sans cesse cette communauté réunie
autour du Christ dans la ligne de sa vocation la plus intime. Et lorsque, dans
la mesure de nos limites humaines et selon la grâce de Dieu, nous accomplissons
tout cela, c’est une oeuvre d’évangélisation que nous réalisons, Nous, comme
Pasteur de l’Eglise universelle, nos frères Evêques, à la tête des Eglises
particulières, les prêtres et diacres liés à leurs Evêques, dont ils sont les
collaborateurs, par une communion qui prend sa source dans le sacrement de
l’ordre et dans la charité de l’Eglise.
Religieux
69. Les religieux, eux, trouvent dans leur vie
consacrée un moyen privilégié d’évangélisation efficace. Par leur être le plus
profond ils se situent dans le dynamisme de l’Eglise, assoiffée de l’Absolu de
Dieu, appelée à la sainteté. C’est de cette sainteté qu’ils témoignent. Ils
incarnent l’Eglise désireuse de se livrer au radicalisme des béatitudes. Ils
sont par leur vie signes de totale disponibilité pour Dieu, pour l’Eglise, pour
les frères.
En cela, ils ont une importance spéciale dans le
cadre du témoignage qui est, Nous l’avons affirmé, primordial dans
l’évangélisation. Ce témoignage silencieux de pauvreté et de dépouillement, de
pureté et de transparence, d’abandon dans l’obéissance, peut devenir, en même
temps qu’un appel adressé au monde et à l’Eglise elle-même, une éloquente
prédication capable de toucher même les non chrétiens de bonne volonté,
sensibles à certaines valeurs.
Dans une telle perspective, l’on devine le rôle
joué dans l’évangélisation par des religieux et religieuses consacrés à la
prière, au silence, à la pénitence, au sacrifice. D’autres religieux, en très
grand nombre, se donnent directement à l’annonce du Christ. Leur action
missionnaire dépend évidemment de la hiérarchie et doit être coordonnée avec la
pastorale que celle-ci veut mettre en oeuvre. Mais qui ne mesure la part
immense qu’ils ont apportée et qu’ils continuent d’apporter à l’évangélisation
? Grâce à leur consécration religieuse, ils sont par excellence volontaires et
libres pour tout quitter et aller annoncer l’Evangile jusqu’aux confins du
monde. Ils sont entreprenants, et leur apostolat est marqué souvent par une
originalité, un génie qui forcent l’admiration. Ils sont généreux : on les
trouve souvent aux avant-postes de la mission, et ils prennent les plus grands
risques pour leur santé et leur propre vie. Oui, vraiment, l’Eglise leur doit
beaucoup.
Laïcs
70. Les laïcs, que leur vocation spécifique place
au coeur du monde et à la tête des tâches temporelles les plus variées, doivent
exercer par là même une forme singulière d’évangélisation.
Leur tâche première et immédiate n’est pas
l’institution et le développement de la communauté ecclésiale — c’est là le
rôle spécifique des Pasteurs —, mais c’est la mise en oeuvre de toutes les
possibilités chrétiennes et évangéliques cachées, mais déjà présentes et
actives dans les choses du monde. Le champ propre de leur activité
évangélisatrice, c’est le monde vaste et compliqué de la politique, du social,
de l’économie, mais également de la culture, des sciences et des arts, de la
vie internationale, des mass media ainsi que certaines autres réalités ouvertes
à l’évangélisation comme sont l’amour, la famille, l’éducation des enfants et
des adolescents, le travail professionnel, la souffrance. Plus il y aura de
laïcs imprégnés d’évangile responsables de ces réalités et clairement engagés
en elles, compétents pour les promouvoir et conscients qu’il faut déployer leur
pleine capacité chrétienne souvent enfouie et asphyxiée, plus ces réalités sans
rien perdre ou sacrifier de leur coefficient humain, mais manifestant une
dimension transcendante souvent méconnue, se trouveront au service de
l’édification du Règne de Dieu et donc du salut en Jésus-Christ.
Famille
71. Au sein de l’apostolat évangélisateur des
laïcs, il est impossible de ne pas souligner l’action évangélisatrice de la
famille. Elle a bien mérité, aux différents moments de l’histoire, le beau nom
d’“ Eglise domestique ” sanctionné par le Concile Vatican II.[106]
Cela signifie, que, en chaque famille chrétienne,
devraient se retrouver les divers aspects de l’Eglise entière. En outre, la
famille, comme l’Eglise, se doit d’être un espace où l’Evangile est transmis et
d’où l’Evangile rayonne.
Au sein donc d’une famille consciente de cette
mission, tous les membres de la famille évangélisent et sont évangélisés. Les
parents non seulement communiquent aux enfants l’Evangile mais peuvent recevoir
d’eux ce même Evangile profondément vécu. Et une telle famille se fait évangélisatrice
de beaucoup d’autres familles et du milieu dans lequel elle s’insère.
Même les familles issues d’un mariage mixte ont le
devoir d’annoncer le Christ à leurs enfants avec tout ce qu’implique leur
baptême commun ; elles ont aussi la tâche difficile de se faire les artisans de
l’unité.
Jeunes
72. Les circonstances nous invitent à une attention
toute spéciale aux jeunes. Leur montée numérique et leur présence croissante
dans la société, les problèmes qui les assaillent, doivent éveiller en tous le
souci de leur offrir avec zèle et intelligence l’idéal évangélique à connaître
et à vivre. Mais il faut par ailleurs que les jeunes, bien formés dans la foi
et la prière, deviennent toujours davantage les apôtres de la jeunesse.
L’Eglise compte beaucoup sur cet apport et Nous-même, à bien des reprises, Nous
avons manifesté notre pleine confiance envers eux.
Ministères diversifiés
73. Ainsi prend toute son importance la présence
active des laïcs dans les réalités temporelles. Il ne faut pas pour autant
négliger ou oublier l’autre dimension : les laïcs peuvent aussi se sentir
appelés ou être appelés à collaborer avec leurs Pasteurs au service de la
communauté ecclésiale, pour la croissance et la vie de celle-ci, exerçant des
ministères très diversifiés, selon la grâce et les charismes que le Seigneur
voudra bien déposer en eux.
Ce n’est pas sans éprouver intimement une grande
joie que Nous voyons une légion de Pasteurs, religieux et laïcs, épris de leur
mission évangélisatrice, chercher des façons toujours plus adaptées d’annoncer
efficacement l’Evangile et Nous encourageons l’ouverture que, dans cette ligne
et avec ce souci, l’Eglise accomplit aujourd’hui. Ouverture à la réflexion
d’abord, puis à des ministères ecclésiaux capables de rajeunir et de renforcer
son propre dynamisme évangélisateur.
Il est certain qu’à côté des ministères ordonnés,
grâce auxquels certains sont mis au rang des Pasteurs et se consacrent d’une
manière particulière au service de la communauté, l’Eglise reconnaît la place
de ministères non ordonnés, mais qui sont aptes à assurer un service spécial de
l’Eglise.
Un regard sur les origines de l’Eglise est très
éclairant et fait bénéficier d’une antique expérience en matière de ministères,
expérience d’autant plus valable qu’elle a permis à l’Eglise de se consolider,
de croître et de s’étendre. Cette attention aux sources doit cependant être
complétée par une autre : l’attention aux besoins actuels de l’humanité et de
l’Eglise. S’abreuver à ces sources toujours inspiratrices, ne rien sacrifier de
ces valeurs et savoir s’adapter aux exigences et aux besoins actuels, tels sont
les axes qui permettront de rechercher avec sagesse et de mettre en lumière les
ministères dont l’Eglise a besoin et que nombre de ses membres auront à coeur
d’embrasser pour la plus grande vitalité de la communauté ecclésiale. Ces
ministères auront une vraie valeur pastorale dans la mesure où ils s’établiront
dans un respect absolu de l’unité, en bénéficiant de l’orientation des
Pasteurs, qui sont précisément les responsables et les artisans de l’unité de
l’Eglise.
De tels ministères, nouveaux en apparence mais très
liés à des expériences vécues par l’Eglise tout au long de son existence — par
exemple ceux de catéchètes, d’animateurs de la prière et du chant, des
chrétiens voués au service de la Parole de Dieu ou à l’assistance des frères
dans le besoin, ceux enfin des chefs de petites communautés, des responsables
de mouvements apostoliques ou autres responsables —, sont précieux pour
l’implantation, la vie et la croissance de l’Eglise et pour sa capacité
d’irradier autour d’elle et vers ceux qui sont au loin. Nous devons aussi notre
estime particulière à tous les laïcs qui acceptent de consacrer une partie de
leur temps, de leurs énergies, et parfois leur vie entière, au service des
missions.
Pour tous les ouvriers de l’évangélisation, une
préparation sérieuse est nécessaire. Elle l’est d’autant plus pour ceux qui
s’adonnent au ministère de la Parole. Animés de la conviction sans cesse
approfondie de la grandeur et de la richesse de la Parole de Dieu, ceux qui ont
mission de la transmettre doivent porter la plus grande attention à la dignité,
à la précision, à l’adaptation de leur langage. Chacun sait que l’art de parler
revêt aujourd’hui une très grande importance. Comment les prédicateurs et les
catéchistes pourraient-ils le négliger ?
Nous souhaitons vivement que, dans chaque Eglise
particulière, les Evêques veillent à la formation adéquate de tous les
ministres de la Parole. Cette préparation sérieuse augmentera en eux
l’assurance indispensable mais aussi l’enthousiasme pour annoncer Jésus-Christ
aujourd’hui.
VII.
L’ESPRIT DE L’ÉVANGÉLISATION
L’ESPRIT DE L’ÉVANGÉLISATION
Pressant appel
74. Nous ne voudrions pas mettre fin à cet
entretien avec nos Frères et Fils bien-aimés, sans un dernier appel concernant
les attitudes intérieures qui doivent animer les ouvriers de l’évangélisation.
Oui, au nom de Seigneur Jésus lui-même et au nom
des Apôtres Pierre et Paul, Nous voudrions exhorter tous ceux qui, grâce aux
charismes de l’Esprit et au mandat de l’Eglise, sont de véritables
évangélisateurs, à être dignes de cette vocation, à l’exercer sans céder au
doute ou à la peur, à ne pas négliger les conditions qui rendront cette
évangélisation non seulement possible mais active et fructueuse. Voici, parmi
bien d’autres, les conditions fondamentales que Nous tenons à souligner.
Sous le souffle de l’Esprit Saint
75. Il n’y aura jamais d’évangélisation possible
sans l’action de l’Esprit Saint. Sur Jésus de Nazareth, l’Esprit descend au
moment du baptême lorsque la voix du Père — “ Tu es mon Fils bien-aimé, tu as
toute ma faveur ”[107] — manifeste de façon sensible son élection et sa
mission. C’est “ conduit par l’Esprit ” qu’il vit au désert le combat décisif
et la suprême épreuve avant de commencer cette mission.[108] C’est “ avec la
puissance de l’Esprit ”[109] qu’il revient en Galilée et inaugure à Nazareth sa
prédication, s’appliquant à lui-même le passage d’Isaïe: “ L’esprit du Seigneur
est sur moi ”. “ Aujourd’hui, proclame-t-il, cette Ecriture est accomplie
”.[110] Aux disciples qu’il est sur le point d’envoyer, il dit en soufflant sur
eux : “ Recevez l’Esprit Saint ”.[111]
En fait, ce n’est qu’après la venue du
Saint-Esprit, le jour de la Pentecôte, que les Apôtres partent vers tous les
horizons du monde pour commencer la grande oeuvre d’évangélisation de l’Eglise,
et Pierre explique l’événement comme la réalisation de la prophétie de Joël : “
Je répandrai mon Esprit ”.[112] Pierre est rempli de l’Esprit Saint pour parler
au peuple de Jésus Fils de Dieu.[113] Paul, lui aussi, “ est rempli de l’Esprit
Saint ”[114] avant de se livrer à son ministère apostolique, comme l’est
Etienne lorsqu’il est choisi pour la diaconie et plus tard pour le témoignage
du sang.[115] L’Esprit qui fait parler Pierre, Paul ou les Douze, inspirant les
paroles qu’ils doivent prononcer, tombe aussi “ sur ceux qui écoutent la Parole
”.[116] C’est grâce à l’appui du Saint-Esprit que l’Eglise s’accroît.[117] Il
est l’âme de cette Eglise. C’est lui qui explique aux fidèles le sens profond
de l’enseignement de Jésus et son mystère. Il est celui qui, aujourd’hui comme
aux débuts de l’Eglise, agit en chaque évangélisateur qui se laisse posséder et
conduire par lui, et met dans sa bouche les mots que seul il ne pourrait
trouver, tout en prédisposant aussi l’âme de celui qui écoute pour le rendre
ouvert et accueillant à la Bonne Nouvelle et au Règne annoncé.
Les techniques d’évangélisation sont bonnes mais
les plus perfectionnées ne sauraient remplacer l’action discrète de l’Esprit.
La préparation la plus raffinée de l’évangélisateur n’opère rien sans lui. Sans
lui, la dialectique la plus convaincante est impuissante sur l’esprit des
hommes. Sans lui, les schémas sociologiques ou psychologiques les plus élaborés
se révèlent vite dépourvus de valeur.
Nous vivons dans l’Eglise un moment privilégié de
l’Esprit. On cherche partout à le connaître mieux, tel que l’Ecriture le
révèle. On est heureux de se mettre sous sa mouvance. On s’assemble autour de
lui. On veut se laisser conduire par lui.
Or, si l’Esprit de Dieu a une place éminente dans
toute la vie de l’Eglise, c’est dans la mission évangélisatrice de celle-ci
qu’il agit le plus. Ce n’est pas par hasard que le grand départ de
l’évangélisation eut lieu le matin de Pentecôte, sous le souffle de l’Esprit.
On peut dire que l’Esprit Saint est l’agent
principal de l’évangélisation : c’est lui qui pousse chacun à annoncer
l’Evangile et c’est lui qui dans le tréfonds des consciences fait accepter et
comprendre la Parole du salut.[118] Mais l’on peut dire également qu’il est le
terme de l’évangélisation : lui seul suscite la nouvelle création, l’humanité
nouvelle à laquelle l’évangélisation doit aboutir, avec l’unité dans la variété
que l’évangélisation voudrait provoquer dans la communauté chrétienne. A
travers lui l’Evangile pénètre au coeur du monde car c’est lui qui fait
discerner les signes des temps — signes de Dieu — que l’évangélisation découvre
et met en valeur à l’intérieur de l’histoire.
Le Synode des Evêques de 1974, qui a beaucoup
insisté sur la place du Saint-Esprit dans l’évangélisation, a exprimé aussi le
voeu que Pasteurs et théologiens — et Nous dirons aussi les fidèles marqués du
sceau de l’Esprit par le baptême — étudient mieux la nature et le mode de
l’action de l’Esprit Saint dans l’évangélisation aujourd’hui. C’est notre voeu
aussi, en même temps que Nous exhortons les évangélisateurs quels qu’ils soient
à prier sans cesse l’Esprit Saint avec foi et ferveur et à se laisser
prudemment guider par lui comme l’inspirateur décisif de leurs plans, de leurs initiatives,
de leur activité évangélisatrice.
Témoins authentiques
76. Considérons maintenant la personne même des
évangélisateurs. On répète souvent, de nos jours, que ce siècle a soif
d’authenticité. A propos des jeunes, surtout, on affirme qu’ils ont horreur du
factice, du falsifié, et recherchent par-dessus tout la vérité et la
transparence.
Ces “ signes du temps ” devraient nous trouver
vigilants. Tacitement ou à grands cris, toujours avec force, l’on demande:
Croyez-vous vraiment à ce que vous annoncez ? Vivez-vous ce que vous croyez ?
Prêchez-vous vraiment ce que vous vivez ? Plus que jamais le témoignage de la
vie est devenu une condition essentielle de l’efficacité profonde de la
prédication. Par ce biais-là nous voici, jusqu’à un certain point, responsables
de la marche de l’Evangile que nous proclamons.
“ Qu’en est-il de l’Eglise dix ans après la fin du
Concile ? ” — demandions-Nous au début de cette méditation. Est-elle ancrée au
coeur du monde et pourtant assez libre et indépendante pour s’adresser au monde
? Fait-elle preuve de solidarité avec les hommes et témoigne-t-elle en même
temps de l’Absolu de Dieu ? Est-elle plus ardente dans la contemplation et
l’adoration et plus zélée dans l’action missionnaire, caritative, libératrice ?
Est-elle toujours plus engagée dans les efforts qui cherchent à rétablir la
pleine unité des chrétiens, laquelle rend plus efficace le témoignage commun “
afin que le monde croie ” ?[119] Nous sommes tous responsables des réponses que
l’on pourrait donner à ces interrogations.
Nous exhortons donc nos Frères dans l’épiscopat,
placés par l’Esprit Saint pour gouverner l’Eglise.[120] Nous exhortons les
prêtres et les diacres, collaborateurs des Evêques dans le rassemblement du
peuple de Dieu et dans l’animation spirituelle des communautés locales. Nous
exhortons les religieux, témoins d’une Eglise appelée à la sainteté et donc
conviées eux-mêmes à une vie qui témoigne des béatitudes évangéliques. Nous
exhortons les laïcs : familles chrétiennes, jeunes et adultes, tous ceux qui
exercent un métier, les dirigeants, sans oublier les pauvres souvent riches de
foi et d’espérance, tous les laïcs conscients de leur rôle évangélisateur au
service de leur Eglise ou au coeur de la société et du monde. Nous leur disons
à tous : il faut que notre zèle évangélisateur jaillisse d’une véritable
sainteté de vie alimentée par la prière et surtout par l’amour de
l’Eucharistie, et que, comme nous le suggère le Concile, la prédication à son
tour fasse grandir en sainteté le prédicateur.[121]
Le monde qui, paradoxalement, malgré d’innombrables
signes de refus de Dieu, le cherche cependant par des chemins inattendus et en
ressent douloureusement le besoin, le monde réclame des évangélisateurs qui lui
parlent d’un Dieu qu’ils connaissent et fréquentent comme s’ils voyaient
l’invisible.[122] Le monde réclame et attend de nous simplicité de vie, esprit
de prière, charité envers tous, spécialement envers les petits et les pauvres,
obéissance et humilité, détachement de nous-mêmes et renoncement. Sans cette
marque de sainteté, notre parole fera difficilement son chemin dans le coeur de
l’homme de ce temps. Elle risque d’être vaine et inféconde.
Artisans d’unité
77. La force de l’évangélisation se trouvera bien
diminuée si ceux qui annoncent l’Evangile sont divisés entre eux par toutes
sortes de rupture. Ne serait-ce pas là l’un des grands malaises de
l’évangélisation aujourd’hui ? En effet, si l’Evangile que nous proclamons
apparaît déchiré par des querelles doctrinales, des polarisations idéologiques,
ou des condamnations réciproques entre chrétiens, au gré de leurs vues
différentes sur le Christ et sur l’Eglise et même à cause de leurs conceptions
diverses de la société et des institutions humaines, comment ceux à qui
s’adresse notre prédication ne s’en trouveraient-ils pas perturbés, désorientés
sinon scandalisés ?
Le testament spirituel du Seigneur nous dit que
l’unité entre ses disciples n’est pas seulement la preuve que nous sommes
siens, mais aussi la preuve qu’il est envoyé du Père, test de crédibilité des
chrétiens et du Christ lui-même. Evangélisateurs, nous devons offrir aux
fidèles du Christ, non pas l’image d’hommes divisés et séparés par des litiges
qui n’édifient point, mais celle de personnes mûries dans la foi, capables de
se rencontrer au delà des tensions réelles grâce à la recherche commune,
sincère et désintéressée de la vérité. Oui, le sort de l’évangélisation est
certainement lié au témoignage d’unité donné par l’Eglise. Voilà une source de
responsabilité mais aussi de réconfort.
Sur ce point, Nous voudrions insister sur le signe
de l’unité entre tous les chrétiens comme voie et instrument d’évangélisation.
La division des chrétiens est un grave état de fait qui parvient à entacher
l’oeuvre même du Christ. Le Concile Vatican II affirme avec lucidité et fermeté
qu’elle “ nuit à la cause sacrée de la prédication de l’Evangile à toute
créature, et pour beaucoup elle ferme l’accès à la foi ”.[123] Voilà pourquoi,
en annonçant l’Année Sainte, Nous avons cru nécessaire de rappeler à tous les
fidèles du monde catholique que “ la réconciliation de tous les hommes avec
Dieu, notre Père, présuppose, en effet, le rétablissement de la communion entre
ceux qui ont déjà, dans la foi, reconnu et accueilli Jésus-Christ comme le
Seigneur de la miséricorde qui libère les hommes et les unit dans l’Esprit
d’amour et de vérité ”.[124]
Aussi est-ce avec un fort sentiment d’espérance que
Nous regardons les efforts qui se font dans le monde chrétien pour ce
rétablissement de la pleine unité voulue par le Christ. Saint Paul nous en
donne l’assurance : “ L’espérance ne déçoit pas ”.[125] Tandis que Nous
travaillons toujours pour obtenir du Seigneur la pleine unité, Nous voulons
voir intensifiée la prière. En outre, Nous faisons nôtre le voeu exprimé par
les Pères de la IIIe Assemblée générale du Synode des Evêques, à savoir que
l’on collabore plus résolument avec nos frères chrétiens auxquels nous ne
sommes pas encore unis par une communion parfaite, en nous fondant sur le
baptême et sur le patrimoine de foi qui nous est commun, de façon à pouvoir dès
maintenant, dans le même travail d’évangélisation, témoigner ensemble et plus
largement du Christ dans le monde. Nous y sommes poussés par le commandement du
Christ, c’est une exigence de l’oeuvre de prédication et du témoignage à rendre
à l’Evangile.
Serviteurs de la vérité
78. L’Evangile dont nous avons la charge est aussi
parole de vérité. Une vérité qui rend libres[126] et qui seule donne la paix du
coeur, c’est ce que les gens viennent chercher lorsque nous leur annonçons la
Bonne Nouvelle. Vérité sur Dieu, vérité sur l’homme et sa mystérieuse destinée,
vérité sur le monde. Difficile vérité que nous recherchons dans la Parole de
Dieu et dont nous ne sommes, encore une fois, ni les maîtres ni les
propriétaires, mais les dépositaires, les hérauts, les serviteurs.
De tout évangélisateur on attend qu’il ait le culte
de la vérité, d’autant plus que la vérité qu’il approfondit et communique n’est
autre que la vérité révélée et donc, plus que tout autre, parcelle de la vérité
première qu’est Dieu lui-même. Le prédicateur de l’Evangile sera donc quelqu’un
qui, même au prix du renoncement personnel et de la souffrance, recherche
toujours la vérité qu’il doit transmettre aux autres. Il ne trahit jamais ni ne
dissimule la vérité par souci de plaire aux hommes, d’étonner ou de choquer, ni
par originalité ou désir d’apparaître. Il ne refuse pas la vérité. Il
n’obscurcit pas la vérité révélée par paresse de la rechercher, par commodité,
par peur. Il ne néglige pas de l’étudier. Il la sert généreusement sans
l’asservir.
Pasteurs du Peuple fidèle, notre service pastoral
nous presse de garder, défendre et communiquer la vérité sans regarder les
sacrifices. Tant d’éminents et saints Pasteurs nous ont laissé l’exemple de cet
amour, en beaucoup de cas héroïque, de la vérité. Le Dieu de vérité attend de
nous que nous en soyons les défenseurs vigilants et les prédicateurs dévoués.
Docteurs, que vous soyez théologiens, exégètes,
historiens, l’oeuvre de l’évangélisation a besoin de votre infatigable labeur
de recherche et aussi de votre attention et de votre délicatesse dans la
transmission de la vérité, dont vos études vous rapprochent mais qui est
toujours plus grande que le coeur de l’homme, car c’est la vérité même de Dieu.
Parents et maîtres, votre tâche, que les multiples
conflits actuels ne rendent pas facile, est d’aider vos enfants et vos élèves
dans la découverte de la vérité, y compris de la vérité religieuse et
spirituelle.
Animés par l’amour
79. L’oeuvre de l’évangélisation suppose, dans l’évangélisateur,
un amour fraternel toujours grandissant envers ceux qu’il évangélise. Ce modèle
d’évangélisateur qu’est l’Apôtre Paul écrivait aux Thessaloniciens cette parole
qui est un programme pour nous tous : “ Telle était notre tendresse pour vous que
nous aurions voulu vous livrer, en même temps que l’Evangile de Dieu, notre
propre vie, tant vous nous étiez devenus chers ”.[127] Quelle est cette
affection ? Bien plus que celle d’un pédagogue, elle est celle d’un père ; et
plus encore : celle d’une mère.[128] C’est cette affection que le Seigneur
attend de chaque prédicateur de l’Evangile, de chaque bâtisseur de l’Eglise. Un
signe d’amour sera le souci de donner la vérité et d’introduire dans l’Unité.
Un signe d’amour sera également de se dévouer sans réserve ni retour à
l’annonce de Jésus-Christ. Permettez-Nous de faire mention de quelques autres
signes de cet amour.
Le premier est le respect de la situation
religieuse et spirituelle des personnes qu’on évangélise. Respect de leur
rythme qu’on n’a pas le droit de forcer outre mesure. Respect de leur
conscience et de leurs convictions, à ne pas brusquer.
Un autre signe de cet amour est le souci de ne pas
blesser l’autre, surtout s’il est faible dans sa foi,[129] avec des
affirmations qui peuvent être claires pour les initiés, mais qui pour les
fidèles peuvent être source de perturbation et de scandale, comme une blessure
dans l’âme.
Un signe d’amour sera aussi l’effort de transmettre
aux chrétiens non pas des doutes et des incertitudes nés d’une érudition mal
assimilée, mais des certitudes solides, parce que ancrées dans la Parole de
Dieu. Les fidèles ont besoin de ces certitudes pour leur vie chrétienne ; ils y
ont droit, en tant qu’enfants de Dieu qui, entre ses bras, s’abandonnent
entièrement aux exigences de l’amour.
Avec la ferveur des saints
80. Notre appel s’inspire de la ferveur des plus
grands prédicateurs et évangélisateurs dont la vie fut donnée à l’apostolat :
parmi eux il Nous plaît de relever ceux que Nous avons, au cours de l’Année
Sainte, proposés à la vénération des fidèles. Ils ont su dépasser bien des
obstacles à l’évangélisation.
Notre époque connaît également de nombreux
obstacles, parmi lesquels Nous nous contenterons de mentionner le manque de
ferveur. Il est d’autant plus grave qu’il vient du dedans ; il se manifeste
dans la fatigue et le désenchantement, la routine et le désintérêt, et surtout
le manque de joie et d’espérance. Nous exhortons donc tous ceux qui ont à
quelque titre et à quelque échelon la tâche d’évangéliser à alimenter en eux la
ferveur de l’esprit.[130]
Cette ferveur exige tout d’abord que nous sachions
nous soustraire aux alibis qui peuvent nous détourner de l’évangélisation. Les
plus insidieux sont certainement ceux pour lesquels l’on prétend trouver appui
dans tel ou tel enseignement du Concile.
C’est ainsi qu’on entend dire trop souvent, sous
diverses formes : imposer une vérité, fût-elle celle de l’Evangile, imposer une
voie, fût-elle celle du salut, ne peut être qu’une violence à la liberté
religieuse. Du reste, ajoute-t-on, pourquoi annoncer l’Evangile puisque tout le
monde est sauvé par la droiture du coeur ? L’on sait bien d’ailleurs que le
monde et l’histoire sont remplis de “ semences vu Verbe ” : n’est-ce pas une
illusion de prétendre porter l’Evangile là où il est déjà dans ces semences que
le Seigneur lui-même y a jetées ?
Quiconque se donne la peine d’approfondir, dans les
documents conciliaires, les questions que ces alibis y puisent trop
superficiellement, trouvera une toute autre vision de la réalité.
Ce serait certes une erreur d’imposer quoi que ce
soit à la conscience de nos frères. Mais c’est tout autre chose de proposer à
cette conscience la vérité évangélique et le salut en Jésus-Christ en pleine
clarté et dans le respect absolu des options libres qu’elle fera — en évitant “
toute forme d’agissements qui ont un relent de coercition, de persuasion
malhonnête ou peu loyale[131] — : loin d’être un attentat à la liberté
religieuse, c’est un hommage à cette liberté à laquelle est offert le choix
d’une voie que même les non croyants estiment noble et exaltante. Est-ce donc
un crime contre la liberté d’autrui que de proclamer dans la joie une Bonne
Nouvelle que l’on vient d’apprendre par la miséricorde du Seigneur ?[132] Et
pourquoi seuls le mensonge et l’erreur, la dégradation et la pornographie,
auraient-ils le droit d’être proposés et souvent, hélas, imposés par la
propagande destructive des mass media, par la tolérance des législations, par
la peur des bons et la hardiesse des méchants ? Cette façon respectueuse de
proposer le Christ et son Royaume, plus qu’un droit, est un devoir de
l’évangélisateur. Et s’est aussi un droit des hommes ses frères de recevoir de
lui l’annonce de la Bonne Nouvelle du salut. Ce salut, Dieu peut l’accomplir en
qui Il veut par des voies extraordinaires que lui seul connaît.[133] Et
cependant, si son Fils est venu, ce fut précisément pour nous révéler, par sa
parole et par sa vie, les chemins ordinaires du salut. Et il nous a ordonné de
transmettre aux autres cette révélation avec la même autorité que lui. Il se
serait pas inutile que chaque chrétien et chaque évangélisateur approfondisse
dans la prière cette pensée : les hommes pourront se sauver aussi par d’autres
chemins, grâce à la miséricorde de Dieu, même si nous ne leur annonçons pas
l’Evangile ; mais nous, pouvons-nous nous sauver si par négligence, par peur,
par honte — ce que saint Paul appelait “ rougir de l’Evangile ”[134] — ou par
suite d’idées fausses nous omettons de l’annoncer ? Car ce serait alors trahir
l’appel de Dieu qui, par la voix des ministres de l’Evangile, veut faire germer
la semence ; et il dépendra de nous que celle-ci devienne un arbre et produise
tout son fruit.
Gardons donc la ferveur de l’esprit. Gardons la
douce et réconfortante joie d’évangéliser, même lorsque c’est dans les larmes
qu’il faut semer. Que ce soit pour nous — comme pour Jean-Baptiste, pour Pierre
et Paul, pour les autres Apôtres, pour une multitude d’admirables
évangélisateurs tout au long de l’histoire de l’Eglise — un élan intérieur que
personne ni rien ne saurait éteindre. Que ce soit la grande joie de nos vies
données. Et que le monde de notre temps qui cherche, tantôt dans l’angoisse,
tantôt dans l’espérance, puisse recevoir la Bonne Nouvelle, non
d’évangélisateurs tristes et découragés, impatients ou anxieux, mais de
ministres de l’Evangile dont la vie rayonne de ferveur, qui ont les premiers
reçus en eux la joie du Christ, et qui acceptent de jouer leur vie pour que le
Royaume soit annoncé et l’Eglise implantée au coeur du monde.
CONCLUSION
La consigne de l’Année Sainte
81. Voilà donc, Frères et Fils, le cri qui monte du
fond de notre coeur, en écho à la voix de nos Frères réunis pour la troisième
Assemblée générale du Synode des Evêques. Voilà la consigne que Nous avons
voulu donner à la fin d’une Année Sainte qui Nous a permis de percevoir plus
que jamais les besoins et les appels d’une multitude de frères, chrétiens et
non chrétiens, qui attendent de l’Eglise la Parole du salut.
Que la lumière de l’Année Sainte, qui s’est levée
dans les Eglises particulières et à Rome pour des millions de consciences
réconciliées avec Dieu, puisse rayonner également après le Jubilé à travers un
programme d’action pastorale, dont l’évangélisation est l’aspect fondamental,
pour ces années qui marquent la veille d’un nouveau siècle, la veille aussi du
troisième millénaire du christianisme !
Marie, Etoile de l’évangélisation
82. Tel est le voeu que Nous nous réjouissons de
déposer entre les mains et dans le coeur de la Très Sainte Vierge Marie, l’Immaculée,
en ce jour qui lui est spécialement consacré, au dixième anniversaire de la
clôture du Concile Vatican II. Au matin de la Pentecôte, elle a présidé dans la
prière au début de l’évangélisation sous l’action de l’Esprit Saint : qu’elle
soit l’Etoile de l’évangélisation toujours renouvelée que l’Eglise, docile au
mandat de son Seigneur, doit promouvoir et accomplir, surtout en ces temps à la
fois difficiles et pleins d’espoir !
Au nom du Christ, Nous vous bénissons, vous, vos
communautés, vos familles, tous ceux qui vous sont attachés, avec les paroles
qu’adressait saint Paul aux Philippiens : “ Je rends grâce à mon Dieu chaque
fois que je fais mémoire de vous, en tout temps dans toutes mes prières pour
vous tous, prières que je fais avec joie, car je me rappelle la part que vous
avez prise à l’Evangile (...). Je vous porte en mon coeur, vous qui (...) dans
la défense et l’affermissement de l’Evangile, vous associez tous à la grâce qui
m’est faite. Oui, Dieu m’est témoin que je vous aime tendrement dans le coeur
du Christ Jésus ”. [135]
Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le
8 décembre 1975, en la solennité de l’Immaculée-Conception de la Bienheureuse
Vierge Marie, treizième année de notre Pontificat.
NOTES
(1) Cf. Lc 22, 32.
(2) 2 Co 11, 28.
(3) Concile oecuménique Vatican II, Décret sur
l’activité missionnaire de l’Eglise Ad Gentes, n. 1 : AAS 58
(1966), p. 947.
(4) Cf. Ep 4,
24 ; 2, 15 ; Col 3, 10 ; Ga 3, 27 ; Rm 13,
14 ; 2 Co 5, 17.
(5) 2 Co 5, 20.
(6) Cf. Paul VI, Allocution pour la clôture de la troisième
Assemblée générale du Synode des Évêques (26 octobre 1974) : AAS 66 (1974), pp.
634-635, 637.
(7) AAS 65
(1973), p. 383.
(8) 2 Co 11,
28.
(9) 1 Tm 5,
17.
(10) 2 Tm 2
, 15.
(11) Cf.
1 Co 2, 5.
(12) Lc 4,
43.
(13) Ibid.
(14) Lc 4,
18 ; cf. Is 61, 1.
(15) Cf. Mc 1,1
; Rm 1, 1-3.
(16) Cf. Mt 6,
33.
(17) Cf. Mt 5,
3-12.
(18) Cf. Mt 5-7.
(19) Cf. Mt 10.
(20) Cf. Mt 13.
(21) Cf. Mt 18.
(22) Cf. Mt 24-25.
(23) Cf. Mt 24,
36 ; Ac l, 7 ; 1 Tm 5, 1-2.
(24) Cf. Mt 11,
12 ; Lc 16, 16.
(25) Cf. Mt 4,
17.
(26) Mc 1,
27.
(27) Lc 4,
22.
(28) Jn 7,
46.
(29) Lc 4, 43.
(30) Jn 11, 52.
(31) Cf. Concile oecuménique Vatican II,
Constitution dogmatique sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 4 :
AAS 58 (1966), pp. 818-819.
(32) 1 P 2 9.
(33) Cf. Ac 2, 11.
(34) Lc 4, 43.
(35) 1 Co 9, 16.
(36) Déclaration des Pères du Synode, n. 4 : L’Osservatore
Romano (27 octobre 1974), p. 6.
(37) Mt 28, 19.
(38) Ac 2, 41.47.
(39) Cf. Concile oecuménique Vatican II,
Constitution dogmatique sur l’Eglise Lumen gentium, n. 8 : AAS 57
(1965), p. 11 ; Décret sur l’activité missionnaire de l’Eglise Ad
gentes, n. 5 : AAS 58 (1966), pp. 951-952.
(40) Cf. Ac 2, 42-46 ; 4, 32-35 ;
5, 12-16.
(41) Cf. Ac 2, 11 ; 1 P 2, 9.
(42) Cf. Décret sur l’activité missionnaire de
l’Eglise Ad gentes, nn. 5, 11-12 : AAS 58 (1966), pp. 951-952,
959-961.
(43) Cf. 2 Co 4, 5 ; S. Augustin,
Sermo XLVI, De Pastoribus : CCL XLI, pp. 529-530.
(44) Lc 10, 16 ; cf. S
Cyprien, De unitate Ecclesiae, 14 ; PL 4, 527 ; S Augustin, Enarrat.
88, sermo, 2, 14 : PL 37, 1140 ; S. Jean Chrysostome,
Hom. de capto Eutropio, 6 : PG 52, 402.
(45) Ep 5,
25.
(46) Ap 21,
5 ; cf. 2 Co 5, 17 ; Ga 6, 15.
(47) Cf. Rm 6,
4.
(48) Cf. Ep 4,
23-24 ; Col 3, 9-10.
(49) Cf. Rm 1,
16 ; 1 Co 1, 18 ; 2,4.
(50) Cf. n. 53
: AAS 58 (1966), p 1075.
(51) Cf. Tertullien, Apologeticum, 39 :
CCL I, pp. 150-153 ; Minucius Félix, Octavius, 9 et 31 : CSLP, Turin 1963, pp.
11-13, 47-48.
(52) 1 P 3, 15.
(53) Cf. Concile oecuménique Vatican II,
Constitution dogmatique sur l’Eglise Lumen gentium, nn. 1, 9 et 48
: AAS 57 (1965), pp. 5, 12-14, 53-54 ; Constitution pastorale sur l’Eglise dans
le monde de ce temps Gaudium et spes, nn. 42 et 45 : AAS 58 (1966),
pp. 1060-1061, 1065-1066 ; Décret sur l’activité missionnaire de l’Eglise Ad
gentes, nn. 1 et 5 : AAS 58 (1966), pp. 947, 951-952.
(54) Cf. Rm 1,
16 ; 1 Co 1, 18.
(55) Cf. Ac 17,
22-23.
(56) 1 Jn 3,
1 ; cf. Rm 8, 14-17.
(57) Cf. Ep 2,
8 ; Rm 1, 16. Cf. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Declaratio
ad fidem tuendam in mysteria Incarnationis et SS. Trinitatis a
quibusdam recentibus erroribus (21 février 1972) : AAS 64 (1972), pp.
237-241.
(58) Cf. 1 Jn 3, 2 ; Rm 8,
29 ; Ph 3, 20-21. Cf. Concile oecuménique Vatican II,
Constitution dogmatique sur l’Eglise Lumen gentium, nn. 48-51 : AAS
57 (1965), pp. 53-58.
(59) Cf. Congrégation pour la Doctrine de la
Foi, Declaratio circa Catholicam Doctrinam de Ecclesia contra nonnullos
errores hodiernos tuendam (24 juin 1973) : AAS 65 (1973), pp. 396-408.
(60) Cf. Concile oecuménique Vatican II,
Constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps Gaudium
et spes, nn. 47-52 : AAS 58 (1966), pp. 1067-1074 ; Paul VI,
Encyclique Humanae vitae ; AAS 60 (1968) pp. 481-503.
(61) Allocution pour l’ouverture de la troisième
Assemblée générale du Synode des Evêques (27 septembre 1974) : AAS 66 (1974), p
562.
(62) Ibid.
(63) Allocution aux “ Campesinos ” (23 août 1968) :
AAS 60 (1969), p. 623.
(64) Paul VI, Allocution prononcée à Bogota, pour
la “ Journée du Développement ” (23 août 1968) : AAS 60, p 627 ; cf. S
Augustin, Epistola 229, 2 : PL 33, 1020.
(65) Allocution pour la clôture de la troisième
Assemblée générale du Synode des Evêques (26 octobre 1974) : AAS 66 (1974), p.
637.
(66) Allocution à l’Audience générale du 15 octobre
1975 : cf. L’Osservatore Romano du 17 octobre 1975, p. 1.
(67) Allocution aux membres du Conseil des Laïcs (2
octobre 1974) : AAS 66 (1974), p. 568
(68) Cf.
1 P 3, 1.
(69) Rm 10,
14. 17.
(70) Cf.
1 Co 2, 1-5.
(71) Rm 10,
17.
(72) Cf. Mt 10, 27 ; Lc 12,
3.
(73) Mc 16, 15.
(74) Cf. S Justin, I Apologia, 46, 1-4
; II Apologia 7 (8), 1-4 ; 10 1-3 ; 13, 3-4 ; Florilegium
Patristicum II, Bonn 19112, pp. 81, 125, 129, 133 ; Clément
d’Alexandrie, Stromata I, 19, 91, 94 : S Ch 30, pp. 117-118 ;
119-120 ; Concile oecuménique Vatican II, Décret sur l’activité missionnaire de
l’Eglise Ad gentes, n. 11 : AAS 58 (1966), p. 960 ; Constitution
dogmatique sur l’Eglise Lumen gentium, n. 17. AAS 57 (1965), p. 20.
(75) Eusèbe de Césarée, Praeparatio
Evangelica, I, 1 : PG 21, 26-28 ; cf. Concile oecuménique Vatican II,
Constitution dogmatique sur l’Eglise Lumen gentium, n. 16 : AAS 57
(1965), p. 20.
(76) Cf. Ep 3, 8.
(77) H. de Lubac, s.j., Le drame de
l’humanisme athée, Ed. Spes, Paris 1945.
(78) Cf. Constitution pastorale sur l’Eglise dans
le monde de ce temps Gaudium et spes, n. 59 : AAS 58 (1966), p
1080.
(79)1 Tim 2, 4.
(80) Mt 9, 36 ; 15, 32.
(81) Rm 10, 15.
(82) Déclaration sur la liberté religieuse Dignitatis
humanae, n. 13 : AAS 58 (1966), p 939 ; cf. Constitution dogmatique sur
l'EgliseLumen gentium, n. 5 : AAS 57 (1965), pp. 7-8 ; Décret sur
l'activité missionnaire de l'Eglise Ad gentes, n. 1 : AAS 58
(1966), p. 947.
(83) Décret dur l'activité missionnaire de
l'Eglise Ad gentes, n. 35 : AAS 58 (1966), p. 983.
(84) S. Augustin, Enarrat. in Ps 44, 23 : CCL
XXXVIII, p. 510 ; cf. Décret sur l'activité missionnaire de l'Eglise, Ad
gentes, n. 1 : AAS 58 (1966), p 947.
(85) S. Grégoire le Grand, Homil. in Evangelia,
19, 1 : PL 76, 1154.
(86) Ac 1, 8 ; cf. Didachè,
9, 1 : Funk, Patres Apostolici, 1, 22.
(87) Mt 28, 20.
(88) Cf. Mt 13, 32.
(89) Cf. Mt 13, 47.
(90) Cf. Jn 21, 11.
(91) Cf. Jn 10, 1-16.
(92) Cf. Concile oecuménique Vatican II,
Constitution sur la sainte liturgie Sacrosanctum Concilium, nn.
37-38: AAS 56 (1964), p. 110 ; cf. aussi les livres liturgiques et les autres
documents publiés ensuite par le Saint-Siège pour réaliser la réforme
liturgique voulue par le Concile Vatican II.
(93) Allocution pour la clôture de la troisième
Assemblée générale du Synode des Evêques (26 octobre 1974) ; AAS 66 (1974), p.
636.
(94) Cf. Jn 15,
16 ; Mc 3, 13-19 ; Lc 6 13-16.
(95) Cf. Ac 1,
21-22.
(96) Cf. Mc 3,
14.
(97) Cf, Mc 3,
14-15 ; Lc 9, 2.
(98) Ac 4, 8 ; cf. Ac 2,
14 ; 3, 12.
(99) Cf. S. Léon le Grand, Sermo 69,
3 ; Sermo 70, 1-3 ; Sermo 94, 3 ; Sermo 95,
2 : Sources chrétiennes 200, pp. 5052 ; 58-66 ; 258-260 ; 268.
(100) Cf. Concile oecuménique de Lyon I,
Constitution Ad apostolicae dignitatis: Conciliorum Oecumenicorum
Decreta, Ed. Istituto per le Scienze Religiose, Bologno 1973, p. 278 ; Concile
oecuménique de Vienne, Constitution Ad providam Christi, ed. cit.,
p. 343 ; Concile oecuménique Latran V, Constitution In apostolici
culminis, ed. cit., p. 608 ; Constitution Postquam ad universalis,
ed. cit., p. 609 ; Constitution Supernae dispositionis. ed. cit.,
p. 614 ; Constitution Divina disponente clementia, ed cit., p 638.
(101) Décret sur l'activité missionnaire de
Eglise Ad gentes n. 38 : AAS 58 (1966), p 985.
(102) Cf. Concile oecuménique Vatican II,
Constitution dogmatique sur l'Eglise Lumen gentium, n. 22 : AAS 57
(1965), p. 26.
(103) Cf. Concile oecuménique Vatican II,
Constitution dogmatique sur l'Eglise Lumen gentium, nn. 10, 37 :
AAS 57 (1965), pp. 14, 43 ; Décret sur l'activité missionnaire de Ad
gentes, n. 39 : AAS 58 (1966), p. 986 ; Décret sur le ministère et la vie
des prêtresPresbyterorum ordinis, nn. 2, 12, 13 : AAS 58 (1966, pp. 992,
1010, 1011).
(104) Cf. 1 Th 2, 9.
(105) Cf. 1 P 5, 4.
(106) Constitution dogmatique sur l'Eglise Lumen
gentium, n. 11 : AAS 57 (1965), p. 16 ; Décret sur l'apostolat des laïcsApostolicam
actuositatem, n. 11 : AAS 58 (1966), p 848 ; S. Jean Chrysostome, In genesim
Serm. VI, 2 ; VII, 1 : PG 54,
607-608.
(107) Mt 3,
17.
(108) Mt 4,
1.
(109) Lc 4,
14.
(110) Lc 4,
18. 21 ; cf. Is 61, 1.
(111) Jn 20,
22.
(112) Ac 2,
17.
(113) Cf. Ac 4,
8.
(114) Ac 9,
17.
(115) Cf. Ac 6,
5. 10 ; 7, 55.
(116) Ac 10, 44.
(117) Cf. Ac 9, 31.
(118) Cf. Concile oecuménique Vatican II, Décret
sur l'activité missionnaire de l'Eglise Ad gentes, n. 4 : AAS 58
(1966), pp. 950-951.
(119) Jn 17, 21.
(120) Cf. Ac 20, 28.
(121) Cf. Concile oecuménique Vatican II, Décret
sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum ordinis, n. 13 :
AAS 58 (1966), p. 1011.
(122) Cf. He 11, 27.
(123) Décret sur l'activité missionnaire de
l'Eglise Ad gentes, n. 6 : AAS 58 (1966), pp. 954-955 ; cf. Décret
sur l'oecuménismeUnitatis redintegratio, n. 1 : AAS 57 (1965), pp.
90-91.
(124)
Bulle Apostolorum Limina, VII : AAS 66 (1974), p. 305.
(125) Rm 5,
5.
(126) Cf. Jn 8,
32.
(127) 1 Th 2,
8 ; cf. Ph 1, 8.
(128) Cf.
1 Th 2, 7-11 ; 1 Co 4, 15 ; Ga 4,
19.
(129) Cf. 1 Co 8, 9-13.
(130) Cf. Rm 12, 11.
(131) Cf. Concile oecuménique Vatican II,
Déclaration sur la liberté religieuse Dignitatis humanae, n. 4 : AAS 58 91966),
p 933.
(132) Cf.
ibid., nn. 9-14, l. c. pp. 935-940.
(133) Cf. Concile Oecuménique Vatican II, Décret
sur l'activité missionnaire de l'Eglise Ad gentes, n. 7 : AAS 58
(1966), p. 955.
(134) Cf. Rm 1,
16.
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EVANGELII NUNTIANDI
APOSTOLIC
EXHORTATION
OF HIS HOLINESS
POPE PAUL VI
OF HIS HOLINESS
POPE PAUL VI
TO THE
EPISCOPATE, TO THE CLERGY
AND TO ALL THE FAITHFUL
OF THE ENTIRE WORLD
AND TO ALL THE FAITHFUL
OF THE ENTIRE WORLD
Venerable
brothers and dear sons and daughters:
health and the apostolic blessing.
1. There is no
doubt that the effort to proclaim the Gospel to the people of today, who are
buoyed up by hope but at the same time often oppressed by fear and distress, is
a service rendered to the Christian community and also to the whole of
humanity.
For this reason
the duty of confirming the brethren - a duty which with the office of being the
Successor of Peter[1] we have received from the Lord, and which is for us a
"daily preoccupation,"[2] a program of life and action, and a
fundamental commitment of our Pontificate - seems to us all the more noble and
necessary when it is a matter of encouraging our brethren in their mission as
evangelizers, in order that, in this time of uncertainty and confusion, they
may accomplish this task with ever increasing love, zeal and joy.
2. This is
precisely what we wish to do here, at the end of this Holy Year during which
the Church, "striving to proclaim the Gospel to all people,"[3] has
had the single aim of fulfilling her duty of being the messenger of the Good
News of Jesus Christ - the Good News proclaimed through two fundamental
commands: "Put on the new self"[4] and "Be reconciled to
God."[5]
We wish to do
so on this tenth anniversary of the closing of the Second Vatican Council, the
objectives of which are definitively summed up in this single one: to make the
Church of the twentieth century ever better fitted for proclaiming the Gospel
to the people of the twentieth century
We wish to do
so one year after the Third General Assembly of the Synod of Bishops, which as
is well known, was devoted to evangelization; and we do so all the more
willingly because it has been asked of us by the Synod Fathers themselves. In
fact, at the end of that memorable Assembly, the Fathers decided to remit to
the Pastor of the universal Church, with great trust and simplicity, the fruits
of all their labors, stating that they awaited from him a fresh forward
impulse, capable of creating within a Church still more firmly rooted in the
undying power and strength of Pentecost a new period of evangelization.[6]
3. We have
stressed the importance of this theme of evangelization on many occasions, well
before the Synod took place. On June 22, 1973, we said to the Sacred College of
Cardinals: "The conditions of the society in which we live oblige all of
us therefore to revise methods, to seek by every means to study how we can
bring the Christian message to modern man. For it is only in the Christian
message that modern man can find the answer to his questions and the energy for
his commitment of human solidarity."[7] And we added that in order to give
a valid answer to the demands of the Council which call for our attention, it
is absolutely necessary for us to take into account a heritage of faith that
the Church has the duty of preserving in its untouchable purity, and of
presenting it to the people of our time, in a way that is as understandable and
persuasive as possible.
4. This
fidelity both to a message whose servants we are and to the people to whom we
must transmit it living and intact is the central axis of evangelization. It
poses three burning questions, which the 1974 Synod kept constantly in mind:
- In our day,
what has happened to that hidden energy of the Good News, which is able to have
a powerful effect on man's conscience?
- To what
extent and in what way is that evangelical force capable of really transforming
the people of this century?
- What methods
should be followed in order that the power of the Gospel may have its effect?
Basically,
these inquiries make explicit the fundamental question that the Church is
asking herself today and which may be expressed in the following terms: after
the Council and thanks to the Council, which was a time given her by God, at
this turning-point of history, does the Church or does she not find herself
better equipped to proclaim the Gospel and to put it into people's hearts with
conviction, freedom of spirit and effectiveness?
5. We can all
see the urgency of giving a loyal, humble and courageous answer to this
question, and of acting accordingly.
In our
"anxiety for all the Churches,"[8] we would like to help our brethren
and sons and daughters to reply to these inquiries. Our words come from the
wealth of the Synod and are meant to be a meditation on evangelization. May
they succeed in inviting the whole People of God assembled in the Church to
make the same meditation; and may they give a fresh impulse to everyone,
especially those "who are assiduous in preaching and teaching,"[9] so
that each one of them may follow "a straight course in the message of the
truth,"[10] and may work as a preacher of the Gospel and acquit himself
perfectly of his ministry.
Such an
exhortation seems to us to be of capital importance, for the presentation of
the Gospel message is not an optional contribution for the Church. It is the
duty incumbent on her by the command of the Lord Jesus, so that people can
believe and be saved. This message is indeed necessary. It is unique. It cannot
be replaced. It does not permit either indifference, syncretism or
accommodation. It is a question of people's salvation. It is the beauty of the
Revelation that it represents. It brings with it a wisdom that is not of this
world. It is able to stir up by itself faith - faith that rests on the power of
God.[11] It is truth. It merits having the apostle consecrate to it all his
time and all his energies, and to sacrifice for it, if necessary, his own life.
6. The witness
that the Lord gives of Himself and that Saint Luke gathered together in his
Gospel - "I must proclaim the Good News of the kingdom of God"[12] -
without doubt has enormous consequences, for it sums up the whole mission of
Jesus: "That is what I was sent to do."[13] These words take on their
full significance if one links them with the previous verses, in which Christ
has just applied to Himself the words of the prophet Isaiah: "The Spirit
of the Lord has been given to me, for he has anointed me. He has sent me to
bring the good news to the poor."[14]
Going from town
to town, preaching to the poorest - and frequently the most receptive - the
joyful news of the fulfillment of the promises and of the Covenant offered by
God is the mission for which Jesus declares that He is sent by the Father. And
all the aspects of His mystery - the Incarnation itself, His miracles, His
teaching, the gathering together of the disciples, the sending out of the
Twelve, the cross and the resurrection, the permanence of His presence in the
midst of His own - were components of His evangelizing activity.
7. During the
Synod, the bishops very frequently referred to this truth: Jesus Himself, the
Good News of God,[15] was the very first and the greatest evangelizer; He was
so through and through: to perfection and to the point of the sacrifice of His
earthly life.
To evangelize:
what meaning did this imperative have for Christ? It is certainly not easy to
express in a complete synthesis the meaning, the content and the modes of
evangelization as Jesus conceived it and put it into practice. In any case the
attempt to make such a synthesis will never end. Let it suffice for us to
recall a few essential aspects.
8. As an
evangelizer, Christ first of all proclaims a kingdom, the kingdom of God; and
this is so important that, by comparison, everything else becomes "the
rest," which is "given in addition."[16] Only the kingdom
therefore is absolute and it makes everything else relative. The Lord will
delight in describing in many ways the happiness of belonging to this kingdom
(a paradoxical happiness which is made up of things that the world
rejects),[17] the demands of the kingdom and its Magna Charta,[18] the heralds
of the kingdom,[19] its mysteries,[20] its children,[21] the vigilance and
fidelity demanded of whoever awaits its definitive coming.[22]
9. As the
kernel and center of His Good News, Christ proclaims salvation, this great gift
of God which is liberation from everything that oppresses man but which is
above all liberation from sin and the Evil One, in the joy of knowing God and
being known by Him, of seeing Him, and of being given over to Him. All of this
is begun during the life of Christ and definitively accomplished by His death
and resurrection. But it must be patiently carried on during the course of
history, in order to be realized fully on the day of the final coming of
Christ, whose date is known to no one except the Father.[23]
10. This
kingdom and this salvation, which are the key words of Jesus Christ's evangelization,
are available to every human being as grace and mercy, and yet at the same time
each individual must gain them by force - they belong to the violent, says the
Lord,[24] through toil and suffering, through a life lived according to the
Gospel, through abnegation and the cross, through the spirit of the beatitudes.
But above all each individual gains them through a total interior renewal which
the Gospel calls metanoia; it is a radical conversion, a profound change of
mind and heart.[25]
11. Christ
accomplished this proclamation of the kingdom of God through the untiring
preaching of a word which, it will be said, has no equal elsewhere: "Here
is a teaching that is new, and with authority behind it."[26] "And he
won the approval of all, and they were astonished by the gracious words that
came from his lips.[27] There has never been anybody who has spoken like
him."[28] His words reveal the secret of God, His plan and His promise,
and thereby change the heart of man and his destiny.
12. But Christ
also carries out this proclamation by innumerable signs, which amaze the crowds
and at the same time draw them to Him in order to see Him, listen to Him and
allow themselves to be transformed by Him: the sick are cured, water is changed
into wine, bread is multiplied, the dead come back to life. And among all these
signs there is the one to which He attaches great importance: the humble and
the poor are evangelized, become His disciples and gather together "in His
name" in the great community of those who believe in Him. For this Jesus
who declared, "I must preach the Good News of the Kingdom of God"[29]
is the same Jesus of whom John the Evangelist said that He had come and was to
die "to gather together in unity the scattered children of God."[30]
Thus He accomplishes His revelation, completing it and confirming it by the
entire revelation that He makes of Himself, by words and deeds, by signs and
miracles, and more especially by His death, by His resurrection and by the
sending of the Spirit of Truth.[31]
13. Those who
sincerely accept the Good News, through the power of this acceptance and of
shared faith therefore gather together in Jesus' name in order to seek together
the kingdom, build it up and live it. They make up a community which is in its
turn evangelizing. The command to the Twelve to go out and proclaim the Good
News is also valid for all Christians, though in a different way. It is
precisely for this reason that Peter calls Christians "a people set apart
to sing the praises of God,"[32] those marvelous things that each one was
able to hear in his own language.[33] Moreover, the Good News of the kingdom
which is coming and which has begun is meant for all people of all times. Those
who have received the Good News and who have been gathered by it into the
community of salvation can and must communicate and spread it.
14. The Church
knows this. She has a vivid awareness of the fact that the Savior's words,
"I must proclaim the Good News of the kingdom of God,"[34] apply in
all truth to herself: She willingly adds with St. Paul: "Not that I boast
of preaching the gospel, since it is a duty that has been laid on me; I should
be punished if I did not preach it"[35] It is with joy and consolation
that at the end of the great Assembly of 1974 we heard these illuminating
words: "We wish to confirm once more that the task of evangelizing all
people constitutes the essential mission of the Church."[36] It is a task
and mission which the vast and profound changes of present-day society make all
the more urgent. Evangelizing is in fact the grace and vocation proper to the
Church, her deepest identity. She exists in order to evangelize, that is to
say, in order to preach and teach, to be the channel of the gift of grace, to
reconcile sinners with God, and to perpetuate Christ's sacrifice in the Mass,
which is the memorial of His death and glorious resurrection.
15. Anyone who
rereads in the New Testament the origins of the Church, follows her history
step by step and watches her live and act, sees that she is linked to
evangelization in her most intimate being:
- The Church is
born of the evangelizing activity of Jesus and the Twelve. She is the normal,
desired, most immediate and most visible fruit of this activity: "Go,
therefore, make disciples of all the nations."[37] Now, "they
accepted what he said and were baptized. That very day about three thousand
were added to their number.... Day by day the Lord added to their community
those destined to be saved."[38] - Having been born consequently out of
being sent, the Church in her turn is sent by Jesus. The Church remains in the
world when the Lord of glory returns to the Father. She remains as a sign -
simultaneously obscure and luminous - of a new presence of Jesus, of His
departure and of His permanent presence. She prolongs and continues Him. And it
is above all His mission and His condition of being an evangelizer that she is
called upon to continue.[39] For the Christian community is never closed in
upon itself. The intimate life of this community - the life of listening to the
Word and the apostles' teaching, charity lived in a fraternal way, the sharing
of bread[40] this intimate life only acquires its full meaning when it becomes
a witness, when it evokes admiration and conversion, and when it becomes the preaching
and proclamation of the Good News. Thus it is the whole Church that receives
the mission to evangelize, and the work of each individual member is important
for the whole.
- The Church is
an evangelizer, but she begins by being evangelized herself. She is the
community of believers, the community of hope lived and communicated, the
community of brotherly love, and she needs to listen unceasingly to what she
must believe, to her reasons for hoping, to the new commandment of love. She is
the People of God immersed in the world, and often tempted by idols, and she
always needs to hear the proclamation of the "mighty works of
God"[41] which converted her to the Lord; she always needs to be called
together afresh by Him and reunited. In brief, this means that she has a
constant need of being evangelized, if she wishes to retain freshness, vigor
and strength in order to proclaim the Gospel. The Second Vatican Council
recalled[42] and the 1974 Synod vigorously took up again this theme of the
Church which is evangelized by constant conversion and renewal, in order to
evangelize the world with credibility.
- The Church is
the depositary of the Good News to be proclaimed. The promises of the New
Alliance in Jesus Christ, the teaching of the Lord and the apostles, the Word
of life, the sources of grace and of God's loving kindness, the path of
salvation - all these things have been entrusted to her. It is the content of
the Gospel, and therefore of evangelization, that she preserves as a precious
living heritage, not in order to keep it hidden but to communicate it.
- Having been
sent and evangelized, the Church herself sends out evangelizers. She puts on
their lips the saving Word, she explains to them the message of which she
herself is the depositary, she gives them the mandate which she herself has
received and she sends them out to preach. To preach not their own selves or
their personal ideas,[43] but a Gospel of which neither she nor they are the
absolute masters and owners, to dispose of it as they wish, but a Gospel of
which they are the ministers, in order to pass it on with complete fidelity.
16. There is
thus a profound link between Christ, the Church and evangelization. During the
period of the Church that we are living in, it is she who has the task of evangelizing.
This mandate is not accomplished without her, and still less against her.
It is certainly
fitting to recall this fact at a moment like the present one when it happens
that not without sorrow we can hear people - whom we wish to believe are well-intentioned
but who are certainly misguided in their attitude - continually claiming to
love Christ but without the Church, to listen to Christ but not the Church, to
belong to Christ but outside the Church. The absurdity of this dichotomy is
clearly evident in this phrase of the Gospel: "Anyone who rejects you
rejects me."[44] And how can one wish to love Christ without loving the
Church, if the finest witness to Christ is that of St. Paul: "Christ loved
the Church and sacrificed himself for her"?[45]
17. In the
Church's evangelizing activity there are of course certain elements and aspects
to be specially insisted on. Some of them are so important that there will be a
tendency simply to identify them with evangelization. Thus it has been possible
to define evangelization in terms of proclaiming Christ to those who do not
know Him, of preaching, of catechesis, of conferring Baptism and the other
sacraments.
Any partial and
fragmentary definition which attempts to render the reality of evangelization
in all its richness, complexity and dynamism does so only at the risk of
impoverishing it and even of distorting it. It is impossible to grasp the
concept of evangelization unless one tries to keep in view all its essential
elements.
These elements
were strongly emphasized at the last Synod, and are still the subject of
frequent study, as a result of the Synod's work. We rejoice in the fact that
these elements basically follow the lines of those transmitted to us by the
Second Vatican Council, especially in "Lumen gentium," "Gaudium
et spes" and "Ad gentes."
18. For the
Church, evangelizing means bringing the Good News into all the strata of
humanity, and through its influence transforming humanity from within and
making it new: "Now I am making the whole of creation new."[46] But
there is no new humanity if there are not first of all new persons renewed by
Baptism[47] and by lives lived according to the Gospel.[48] The purpose of
evangelization is therefore precisely this interior change, and if it had to be
expressed in one sentence the best way of stating it would be to say that the
Church evangelizes when she seeks to convert,[49] solely through the divine
power of the message she proclaims, both the personal and collective
consciences of people, the activities in which they engage, and the lives and
concrete milieu which are theirs.
19. Strata of
humanity which are transformed: for the Church it is a question not only of
preaching the Gospel in ever wider geographic areas or to ever greater numbers
of people, but also of affecting and as it were upsetting, through the power of
the Gospel, mankind's criteria of judgment, determining values, points of
interest, lines of thought, sources of inspiration and models of life, which
are in contrast with the Word of God and the plan of salvation.
20. All this
could he expressed in the following words: what matters is to evangelize man's
culture and cultures (not in a purely decorative way, as it were, by applying a
thin veneer, but in a vital way, in depth and right to their very roots), in
the wide and rich sense which these terms have in Gaudium et spes,[50] always
taking the person as one's starting-point and always coming back to the
relationships of people among themselves and with God.
The Gospel, and
therefore evangelization, are certainly not identical with culture, and they
are independent in regard to all cultures. Nevertheless, the kingdom which the
Gospel proclaims is lived by men who are profoundly linked to a culture, and
the building up of the kingdom cannot avoid borrowing the elements of human
culture or cultures. Though independent of cultures, the Gospel and
evangelization are not necessarily incompatible with them; rather they are
capable of permeating them all without becoming subject to any one of them.
The split
between the Gospel and culture is without a doubt the drama of our time, just
as it was of other times. Therefore every effort must be made to ensure a full
evangelization of culture, or more correctly of cultures. They have to be
regenerated by an encounter with the Gospel. But this encounter will not take
place if the Gospel is not proclaimed.
21. Above all
the Gospel must be proclaimed by witness. Take a Christian or a handful of
Christians who, in the midst of their own community, show their capacity for
understanding and acceptance, their sharing of life and destiny with other
people, their solidarity with the efforts of all for whatever is noble and
good. Let us suppose that, in addition, they radiate in an altogether simple
and unaffected way their faith in values that go beyond current values, and
their hope in something that is not seen and that one would not dare to
imagine. Through this wordless witness these Christians stir up irresistible
questions in the hearts of those who see how they live: Why are they like this?
Why do they live in this way? What or who is it that inspires them? Why are
they in our midst? Such a witness is already a silent proclamation of the Good
News and a very powerful and effective one. Here we have an initial act of
evangelization. The above questions will ask, whether they are people to whom
Christ has never been proclaimed, or baptized people who do not practice, or
people who live as nominal Christians but according to principles that are in
no way Christian, or people who are seeking, and not without suffering,
something or someone whom they sense but cannot name. Other questions will
arise, deeper and more demanding ones, questions evoked by this witness which
involves presence, sharing, solidarity, and which is an essential element, and
generally the first one, in evangelization."[51]
All Christians
are called to this witness, and in this way they can be real evangelizers. We
are thinking especially of the responsibility incumbent on immigrants in the
country that receives them.
22.
Nevertheless this always remains insufficient, because even the finest witness
will prove ineffective in the long run if it is not explained, justified - what
Peter called always having "your answer ready for people who ask you the
reason for the hope that you all have"[52] - and made explicit by a clear
and unequivocal proclamation of the Lord Jesus. The Good News proclaimed by the
witness of life sooner or later has to be proclaimed by the word of life. There
is no true evangelization if the name, the teaching, the life, the promises,
the kingdom and the mystery of Jesus of Nazareth, the Son of God are not
proclaimed. The history of the Church, from the discourse of Peter on the
morning of Pentecost onwards, has been intermingled and identified with the
history of this proclamation. At every new phase of human history, the Church,
constantly gripped by the desire to evangelize, has but one preoccupation: whom
to send to proclaim the mystery of Jesus? In what way is this mystery to be
proclaimed? How can one ensure that it will resound and reach all those who
should hear it? This proclamation - kerygma, preaching or catechesis - occupies
such an important place in evangelization that it has often become synonymous
with it; and yet it is only one aspect of evangelization.
23. In fact the
proclamation only reaches full development when it is listened to, accepted and
assimilated, and when it arouses a genuine adherence in the one who has thus
received it. An adherence to the truths which the Lord in His mercy has
revealed; still more, an adherence to a program of life - a life henceforth
transformed - which He proposes. In a word, adherence to the kingdom, that is
to say, to the "new world," to the new state of things, to the new
manner of being, of living, of living in community, which the Gospel
inaugurates. Such an adherence, which cannot remain abstract and unincarnated,
reveals itself concretely by a visible entry into a community of believers.
Thus those whose life has been transformed enter a community which is itself a
sign of transformation, a sign of newness of life: it is the Church, the
visible sacrament of salvation.[53] Our entry into the ecclesial community will
in its turn be expressed through many other signs which prolong and unfold the
sign of the Church. In the dynamism of evangelization, a person who accepts the
Church as the Word which saves[54] normally translates it into the following
sacramental acts: adherence to the Church, and acceptance of the sacraments,
which manifest and support this adherence through the grace which they confer.
24. Finally,
the person who has been evangelized goes on to evangelize others. Here lies the
test of truth, the touchstone of evangelization: it is unthinkable that a
person should accept the Word and give himself to the kingdom without becoming
a person who bears witness to it and proclaims it in his turn.
To complete
these considerations on the meaning of evangelization, a final observation must
be made, one which we consider will help to clarify the reflections that
follow.
Evangelization,
as we have said, is a complex process made up of varied elements: the renewal
of humanity, witness, explicit proclamation, inner adherence, entry into the
community, acceptance of signs, apostolic initiative. These elements may appear
to be contradictory, indeed mutually exclusive. In fact they are complementary
and mutually enriching. Each one must always be seen in relationship with the
others. The value of the last Synod was to have constantly invited us to relate
these elements rather than to place them in opposition one to the other, in
order to reach a full understanding of the Church's evangelizing activity.
It is this
global vision which we now wish to outline, by examining the content of evangelization
and the methods of evangelizing and by clarifying to whom the Gospel message is
addressed and who today is responsible for it.
25. In the
message which the Church proclaims there are certainly many secondary elements.
Their presentation depends greatly on changing circumstances. They themselves
also change. But there is the essential content, the living substance, which
cannot be modified or ignored without seriously diluting the nature of
evangelization itself.
26. It is not
superfluous to recall the following points: to evangelize is first of all to
bear witness, in a simple and direct way, to God revealed by Jesus Christ, in
the Holy Spirit, to bear witness that in His Son God has loved the world - that
in His Incarnate Word He has given being to all things and has called men to
eternal life. Perhaps this attestation of God will be for many people the
unknown God[55] whom they adore without giving Him a name, or whom they seek by
a secret call of the heart when they experience the emptiness of all idols. But
it is fully evangelizing in manifesting the fact that for man the Creator is
not an anonymous and remote power; He is the Father: "...that we should be
called children of God; and so we are."[56] And thus we are one another's
brothers and sisters in God.
27.
Evangelization will also always contain - as the foundation, center, and at the
same time, summit of its dynamism - a clear proclamation that, in Jesus Christ,
the Son of God made man, who died and rose from the dead, salvation is offered
to all men, as a gift of God's grace and mercy.[57] And not an immanent
salvation, meeting material or even spiritual needs, restricted to the
framework of temporal existence and completely identified with temporal
desires, hopes, affairs and struggles, but a salvation which exceeds all these
limits in order to reach fulfillment in a communion with the one and only
divine Absolute: a transcendent and eschatological salvation, which indeed has
its beginning in this life but which is fulfilled in eternity.
28.
Consequently evangelization cannot but include the prophetic proclamation of a
hereafter, man's profound and definitive calling, in both continuity and
discontinuity with the present situation: beyond time and history, beyond the
transient reality of this world, and beyond the things of this world, of which
a hidden dimension will one day be revealed - beyond man himself, whose true
destiny is not restricted to his temporal aspect but will be revealed in the
future life.[58] Evangelization therefore also includes the preaching of hope
in the promises made by God in the new Covenant in Jesus Christ; the preaching
of God's love for us and of our love for God; the preaching of brotherly love
for all men - the capacity of giving and forgiving, of self-denial, of helping
one's brother and sister - which, springing from the love of God, is the kernel
of the Gospel; the preaching of the mystery of evil and of the active search
for good. The preaching likewise - and this is always urgent - of the search
for God Himself through prayer which is principally that of adoration and
thanksgiving, but also through communion with the visible sign of the encounter
with God which is the Church of Jesus Christ; and this communion in its turn is
expressed by the application of those other signs of Christ living and acting
in the Church which are the sacraments. To live the sacraments in this way,
bringing their celebration to a true fullness, is not, as some would claim, to
impede or to accept a distortion of evangelization: it is rather to complete
it. For in its totality, evangelization - over and above the preaching of a
message - consists in the implantation of the Church, which does not exist
without the driving force which is the sacramental life culminating in the
Eucharist.[59]
29. But
evangelization would not be complete if it did not take account of the
unceasing interplay of the Gospel and of man's concrete life, both personal and
social. This is why evangelization involves an explicit message, adapted to the
different situations constantly being realized, about the rights and duties of
every human being, about family life without which personal growth and
development is hardly possible,[60] about life in society, about international
life, peace, justice and development- a message especially energetic today
about liberation.
30. It is well
known in what terms numerous bishops from all the continents spoke of this at
the last Synod, especially the bishops from the Third World, with a pastoral
accent resonant with the voice of the millions of sons and daughters of the
Church who make up those peoples. Peoples, as we know, engaged with all their
energy in the effort and struggle to overcome everything which condemns them to
remain on the margin of life: famine, chronic disease, illiteracy, poverty,
injustices in international relations and especially in commercial exchanges,
situations of economic and cultural neo-colonialism sometimes as cruel as the
old political colonialism. The Church, as the bishops repeated, has the duty to
proclaim the liberation of millions of human beings, many of whom are her own
children- the duty of assisting the birth of this liberation, of giving witness
to it, of ensuring that it is complete. This is not foreign to evangelization.
31. Between evangelization
and human advancement- development and liberation- there are in fact profound
links. These include links of an anthropological order, because the man who is
to be evangelized is not an abstract being but is subject to social and
economic questions. They also include links in the theological order, since one
cannot dissociate the plan of creation from the plan of Redemption. The latter
plan touches the very concrete situations of injustice to be combated and of
justice to be restored. They include links of the eminently evangelical order,
which is that of charity: how in fact can one proclaim the new commandment
without promoting in justice and in peace the true, authentic advancement of
man? We ourself have taken care to point this out, by recalling that it is
impossible to accept "that in evangelization one could or should ignore
the importance of the problems so much discussed today, concerning justice,
liberation, development and peace in the world. This would be to forget the
lesson which comes to us from the Gospel concerning love of our neighbor who is
suffering and in need."[61]
The same voices
which during the Synod touched on this burning theme with zeal, intelligence
and courage have, to our great joy, furnished the enlightening principles for a
proper understanding of the importance and profound meaning of liberation, such
as it was proclaimed and achieved by Jesus of Nazareth and such as it is
preached by the Church.
32. We must not
ignore the fact that many, even generous Christians who are sensitive to the
dramatic questions involved in the problem of liberation, in their wish to
commit the Church to the liberation effort are frequently tempted to reduce her
mission to the dimensions of a simply temporal project. They would reduce her aims
to a man-centered goal; the salvation of which she is the messenger would be
reduced to material well-being. Her activity, forgetful of all spiritual and
religious preoccupation, would become initiatives of the political or social
order. But if this were so, the Church would lose her fundamental meaning. Her
message of liberation would no longer have any originality and would easily be
open to monopolization and manipulation by ideological systems and political
parties. She would have no more authority to proclaim freedom as in the name of
God. This is why we have wished to emphasize, in the same address at the
opening of the Synod, "the need to restate clearly the specifically
religious finality of evangelization. This latter would lose its reason for existence
if it were to diverge from the religious axis that guides it: the kingdom of
God, before anything else, in its fully theological meaning...."[62]
33. With regard
to the liberation which evangelization proclaims and strives to put into
practice one should rather say this:
- it cannot be
contained in the simple and restricted dimension of economics, politics, social
or cultural life; it must envisage the whole man, in all his aspects, right up
to and including his openness to the absolute, even the divine Absolute;
- it is
therefore attached to a view of man which it can never sacrifice to the needs
of any strategy, practice or short-term efficiency.
34. Hence, when
preaching liberation and associating herself with those who are working and
suffering for it, the Church is certainly not willing to restrict her mission
only to the religious field and dissociate herself from man's temporal
problems. Nevertheless she reaffirms the primacy of her spiritual vocation and
refuses to replace the proclamation of the kingdom by the proclamation of forms
of human liberation- she even states that her contribution to liberation is
incomplete if she neglects to proclaim salvation in Jesus Christ.
35. The Church
links human liberation and salvation in Jesus Christ, but she never identifies
them, because she knows through revelation, historical experience and the
reflection of faith that not every notion of liberation is necessarily
consistent and compatible with an evangelical vision of man, of things and of
events; she knows too that in order that God's kingdom should come it is not
enough to establish liberation and to create well-being and development.
And what is
more, the Church has the firm conviction that all temporal liberation, all
political liberation- even if it endeavors to find its justification in such or
such a page of the Old or New Testament, even if it claims for its ideological
postulates and its norms of action theological data and conclusions, even if it
pretends to be today's theology- carries within itself the germ of its own
negation and fails to reach the ideal that it proposes for itself whenever its
profound motives are not those of justice in charity, whenever its zeal lacks a
truly spiritual dimension and whenever its final goal is not salvation and
happiness in God.
36. The Church
considers it to be undoubtedly important to build up structures which are more
human, more just, more respectful of the rights of the person and less
oppressive and less enslaving, but she is conscious that the best structures
and the most idealized systems soon become inhuman if the inhuman inclinations
of the human heart are not made wholesome, if those who live in these
structures or who rule them do not undergo a conversion of heart and of
outlook.
37. The Church
cannot accept violence, especially the force of arms- which is uncontrollable
once it is let loose- and indiscriminate death as the path to liberation,
because she knows that violence always provokes violence and irresistibly
engenders new forms of oppression and enslavement which are often harder to
bear than those from which they claimed to bring freedom. We said this clearly
during our journey in Colombia: "We exhort you not to place your trust in
violence and revolution: that is contrary to the Christian spirit, and it can
also delay instead of advancing that social uplifting to which you lawfully
aspire."[63] "We must say and reaffirm that violence is not in accord
with the Gospel, that it is not Christian; and that sudden or violent changes of
structures would be deceitful, ineffective of themselves, and certainly not in
conformity with the dignity of the people."[64]
38. Having said
this, we rejoice that the Church is becoming ever more conscious of the proper
manner and strictly evangelical means that she possesses in order to
collaborate in the liberation of many. And what is she doing? She is trying
more and more to encourage large numbers of Christians to devote themselves to
the liberation of men. She is providing these Christian "liberators"
with the inspiration of faith, the motivation of fraternal love, a social
teaching which the true Christian cannot ignore and which he must make the
foundation of his wisdom and of his experience in order to translate it
concretely into forms of action, participation and commitment. All this must
characterize the spirit of a committed Christian, without confusion with
tactical attitudes or with the service of a political system. The Church
strives always to insert the Christian struggle for liberation into the universal
plan of salvation which she herself proclaims.
What we have
just recalled comes out more than once in the Synod debates. In fact we devoted
to this theme a few clarifying words in our address to the Fathers at the end
of the assembly.[65]
It is to be
hoped that all these considerations will help to remove the ambiguity which the
word "liberation" very often takes on in ideologies, political
systems or groups. The liberation which evangelization proclaims and prepares
is the one which Christ Himself announced and gave to man by His sacrifice.
39. The
necessity of ensuring fundamental human rights cannot be separated from this
just liberation which is bound up with evangelization and which endeavors to
secure structures safeguarding human freedoms. Among these fundamental human
rights, religious liberty occupies a place of primary importance. We recently
spoke of the relevance of this matter, emphasizing "how many Christians
still today, because they are Christians, because they are Catholics, live oppressed
by systematic persecution! The drama of fidelity to Christ and of the freedom
of religion continues, even if it is disguised by categorical declarations in
favor of the rights of the person and of life in society!"[66]
40. The obvious
importance of the content of evangelization must not overshadow the importance
of the ways and means.
This question
of "how to evangelize" is permanently relevant, because the methods
of evangelizing vary according to the different circumstances of time, place
and culture, and because they thereby present a certain challenge to our
capacity for discovery and adaptation.
On us
particularly, the pastors of the Church, rests the responsibility for reshaping
with boldness and wisdom, but in complete fidelity to the content of
evangelization, the means that are most suitable and effective for
communicating the Gospel message to the men and women of our times.
Let it suffice,
in this meditation, to mention a number of methods which, for one reason or
another, have a fundamental importance.
41. Without
repeating everything that we have already mentioned, it is appropriate first of
all to emphasize the following point: for the Church, the first means of
evangelization is the witness of an authentically Christian life, given over to
God in a communion that nothing should destroy and at the same time given to
one's neighbor with limitless zeal. As we said recently to a group of lay
people, "Modern man listens more willingly to witnesses than to teachers,
and if he does listen to teachers, it is because they are witnesses."[67]
St. Peter expressed this well when he held up the example of a reverent and
chaste life that wins over even without a word those who refuse to obey the
word.[68] It is therefore primarily by her conduct and by her life that the
Church will evangelize the world, in other words, by her living witness of
fidelity to the Lord Jesus- the witness of poverty and detachment, of freedom
in the face of the powers of this world, in short, the witness of sanctity.
42. Secondly,
it is not superfluous to emphasize the importance and necessity of preaching.
"And how are they to believe in him of whom they have never heard? And how
are they to hear without a preacher?... So faith comes from what is heard and
what is heard comes by the preaching of Christ."[69] This law once laid
down by the Apostle Paul maintains its full force today.
Preaching, the
verbal proclamation of a message, is indeed always indispensable. We are well
aware that modern man is sated by talk; he is obviously often tired of
listening and, what is worse, impervious to words. We are also aware that many
psychologists and sociologists express the view that modern man has passed
beyond the civilization of the word, which is now ineffective and useless, and
that today he lives in the civilization of the image. These facts should
certainly impel us to employ, for the purpose of transmitting the Gospel
message, the modern means which this civilization has produced. Very positive
efforts have in fact already been made in this sphere. We cannot but praise
them and encourage their further development. The fatigue produced these days
by so much empty talk and the relevance of many other forms of communication
must not however diminish the permanent power of the word, or cause a loss of
confidence in it. The word remains ever relevant, especially when it is the
bearer of the power of God.[70] This is why St. Paul's axiom, "Faith comes
from what is heard,"[71] also retains its relevance: it is the Word that
is heard which leads to belief.
43. This
evangelizing preaching takes on many forms, and zeal will inspire the reshaping
of them almost indefinitely. In fact there are innumerable events in life and
human situations which offer the opportunity for a discreet but incisive statement
of what the Lord has to say in this or that particular circumstance. It
suffices to have true spiritual sensitivity for reading God's message in
events. But at a time when the liturgy renewed by the Council has given greatly
increased value to the Liturgy of the Word, it would be a mistake not to see in
the homily an important and very adaptable instrument of evangelization. Of
course it is necessary to know and put to good use the exigencies and the
possibilities of the homily, so that it can acquire all its pastoral
effectiveness. But above all it is necessary to be convinced of this and to
devote oneself to it with love. This preaching, inserted in a unique way into
the Eucharistic celebration, from which it receives special force and vigor,
certainly has a particular role in evangelization, to the extent that it
expresses the profound faith of the sacred minister and is impregnated with
love. The faithful assembled as a Paschal Church, celebrating the feast of the
Lord present in their midst, expect much from this preaching, and will greatly
benefit from it provided that it is simple, clear, direct, well-adapted,
profoundly dependent on Gospel teaching and faithful to the magisterium,
animated by a balanced apostolic ardor coming from its own characteristic
nature, full of hope, fostering belief, and productive of peace and unity. Many
parochial or other communities live and are held together thanks to the Sunday
homily, when it possesses these qualities.
Let us add
that, thanks to the same liturgical renewal, the Eucharistic celebration is not
the only appropriate moment for the homily. The homily has a place and must not
be neglected in the celebration of all the sacraments, at paraliturgies, and in
assemblies of the faithful. It will always be a privileged occasion for
communicating the Word of the Lord.
44. A means of
evangelization that must not be neglected is that of catechetical instruction.
The intelligence, especially that of children and young people, needs to learn
through systematic religious instruction the fundamental teachings, the living
content of the truth which God has wished to convey to us and which the Church
has sought to express in an ever richer fashion during the course of her long
history. No one will deny that this instruction must be given to form patterns
of Christian living and not to remain only notional. Truly the effort for
evangelization will profit greatly- at the level of catechetical instruction
given at church, in the schools, where this is possible, and in every case in
Christian homes- if those giving catechetical instruction have suitable texts,
updated with wisdom and competence, under the authority of the bishops. The
methods must be adapted to the age, culture and aptitude of the persons
concerned, they must seek always to fix in the memory, intelligence and heart
the essential truths that must impregnate all of life. It is necessary above
all to prepare good instructors- parochial catechists, teachers, parents- who
are desirous of perfecting themselves in this superior art, which is
indispensable and requires religious instruction. Moreover, without neglecting
in any way the training of children, one sees that present conditions render
ever more urgent catechetical instruction, under the form of the catechumenate,
for innumerable young people and adults who, touched by grace, discover little
by little the face of Christ and feel the need of giving themselves to Him.
45. Our century
is characterized by the mass media or means of social communication, and the
first proclamation, catechesis or the further deepening of faith cannot do
without these means, as we have already emphasized.
When they are
put at the service of the Gospel, they are capable of increasing almost
indefinitely the area in which the Word of God is heard; they enable the Good
News to reach millions of people. The Church would feel guilty before the Lord
if she did not utilize these powerful means that human skill is daily rendering
more perfect. It is through them that she proclaims "from the housetops"[72]
the message of which she is the depositary. In them she finds a modern and
effective version of the pulpit. Thanks to them she succeeds in speaking to the
multitudes.
Nevertheless
the use of the means of social communication for evangelization presents a
challenge: through them the evangelical message should reach vast numbers of
people, but with the capacity of piercing the conscience of each individual, of
implanting itself in his heart as though he were the only person being
addressed, with all his most individual and personal qualities, and evoke an
entirely personal adherence and commitment.
46. For this
reason, side by side with the collective proclamation of the Gospel, the other
form of transmission, the person-to-person one, remains valid and important.
The Lord often used it (for example, with Nicodemus, Zacchaeus, the Samaritan
woman, Simon the Pharisee), and so did the apostles. In the long run, is there
any other way of handing on the Gospel than by transmitting to another person
one's personal experience of faith? It must not happen that the pressing need
to proclaim the Good News to the multitudes should cause us to forget this form
of proclamation whereby an individual's personal conscience is reached and
touched by an entirely unique word that he receives from someone else. We can
never sufficiently praise those priests who through the sacrament of Penance or
through pastoral dialogue show their readiness to guide people in the ways of
the Gospel, to support them in their efforts, to raise them up if they have
fallen, and always to assist them with discernment and availability.
47. Yet, one
can never sufficiently stress the fact that evangelization does not consist
only of the preaching and teaching of a doctrine. For evangelization must touch
life: the natural life to which it gives a new meaning, thanks to the
evangelical perspectives that it reveals; and the supernatural life, which is
not the negation but the purification and elevation of the natural life.
This
supernatural life finds its living expression in the seven sacraments and in
the admirable radiation of grace and holiness which they possess.
Evangelization
thus exercises its full capacity when it achieves the most intimate
relationship, or better still, a permanent and unbroken intercommunication,
between the Word and the sacraments. In a certain sense it is a mistake to make
a contrast between evangelization and sacramentalization, as is sometimes done.
It is indeed true that a certain way of administering the sacraments, without
the solid support of catechesis regarding these same sacraments and a global
catechesis, could end up by depriving them of their effectiveness to a great
extent. The role of evangelization is precisely to educate people in the faith
in such a way as to lead each individual Christian to live the sacraments as
true sacraments of faith- and not to receive them passively or reluctantly.
48. Here we
touch upon an aspect of evangelization which cannot leave us insensitive. We
wish to speak about what today is often called popular religiosity.
One finds among
the people particular expressions of the search for God and for faith, both in
the regions where the Church has been established for centuries and where she
is in the course of becoming established. These expressions were for a long
time regarded as less pure and were sometimes despised, but today they are
almost everywhere being rediscovered. During the last Synod the bishops studied
their significance with remarkable pastoral realism and zeal.
Popular
religiosity, of course, certainly has its limits. It is often subject to
penetration by many distortions of religion and even superstitions. It
frequently remains at the level of forms of worship not involving a true
acceptance by faith. It can even lead to the creation of sects and endanger the
true ecclesial community.
But if it is
well oriented, above all by a pedagogy of evangelization, it is rich in values.
It manifests a thirst for God which only the simple and poor can know. It makes
people capable of generosity and sacrifice even to the point of heroism, when
it is a question of manifesting belief. It involves an acute awareness of
profound attributes of God: fatherhood, providence, loving and constant
presence. It engenders interior attitudes rarely observed to the same degree
elsewhere: patience, the sense of the cross in daily life, detachment, openness
to others, devotion. By reason of these aspects, we readily call it
"popular piety," that is, religion of the people, rather than religiosity.
Pastoral
charity must dictate to all those whom the Lord has placed as leaders of the
ecclesial communities the proper attitude in regard to this reality, which is
at the same time so rich and so vulnerable. Above all one must be sensitive to
it, know how to perceive its interior dimensions and undeniable values, be
ready to help it to overcome its risks of deviation. When it is well oriented,
this popular religiosity call be more and more for multitudes of our people a
true encounter with God in Jesus Christ.
49. Jesus' last
words in St. Mark's Gospel confer on the evangelization which the Lord entrusts
to His apostles a limitless universality: "Go out to the whole world;
proclaim the Good News to all creation."[73]
The Twelve and
the first generation of Christians understood well the lesson of this text and
other similar ones; they made them into a program of action. Even persecution,
by scattering the apostles, helped to spread the Word and to establish the
Church in ever more distant regions. The admission of Paul to the rank of the
apostles and his charism as the preacher to the pagans (the non Jews) of Jesus'
Coming underlined this universality still more.
50. In the
course of twenty centuries of history, the generations of Christians have
periodically faced various obstacles to this universal mission. On the one
hand, on the part of the evangelizers themselves, there has been the temptation
for various reasons to narrow down the field of their missionary activity. On
the other hand, there has been the often humanly insurmountable resistance of
the people being addressed by the evangelizer. Furthermore, we must note with
sadness that the evangelizing work of the Church is strongly opposed, if not
prevented, by certain public powers Even in our own day it happens that
preachers of God's Word are deprived of their rights, persecuted, threatened or
eliminated solely for preaching Jesus Christ and His Gospel. But we are
confident that despite these painful trials the activity of these apostles will
never meet final failure in any part of the world.
Despite such
adversities, the Church constantly renews her deepest inspiration, that which
comes to her directly from the Lord: To the whole world! To all creation! Right
to the ends of the earth! She did this once more at the last Synod, as an
appeal not to imprison the proclamation of the Gospel by limiting it to one
sector of mankind or to one class of people or to a single type of
civilization. Some examples are revealing.
51. To reveal
Jesus Christ and His Gospel to those who do not know them has been, ever since
the morning of Pentecost, the fundamental program which the Church has taken on
as received from her Founder. The whole of the New Testament, and in a special
way the Acts of the Apostles, bears witness to a privileged and in a sense
exemplary moment of this missionary effort which will subsequently leave its
mark on the whole history of the Church.
She carries out
this first proclamation of Jesus Christ by a complex and diversified activity
which is sometimes termed "pre-evangelization" but which is already
evangelization in a true sense, although at its initial and still incomplete
stage. An almost indefinite range of means can be used for this purpose:
explicit preaching, of course, but also art, the scientific approach,
philosophical research and legitimate recourse to the sentiments of the human
heart.
52. This first
proclamation is addressed especially to those who have never heard the Good
News of Jesus, or to children. But, as a result of the frequent situations of
dechristianization in our day, it also proves equally necessary for innumerable
people who have been baptized but who live quite outside Christian life, for
simple people who have a certain faith but an imperfect knowledge of the
foundations of that faith, for intellectuals who feel the need to know Jesus
Christ in a light different from the instruction they received as children, and
for many others.
53. This first
proclamation is also addressed to the immense sections of mankind who practice
non-Christian religions. The Church respects and esteems these non Christian
religions because they are the living expression of the soul of vast groups of
people. They carry within them the echo of thousands of years of searching for
God, a quest which is incomplete but often made with great sincerity and
righteousness of heart. They possess an impressive patrimony of deeply
religious texts. They have taught generations of people how to pray. They are
all impregnated with innumerable "seeds of the Word"[74] and can
constitute a true "preparation for the Gospel,"[75] to quote a
felicitous term used by the Second Vatican Council and borrowed from Eusebius
of Caesarea.
Such a
situation certainly raises complex and delicate questions that must be studied
in the light of Christian Tradition and the Church's magisterium, in order to
offer to the missionaries of today and of tomorrow new horizons in their
contacts with non-Christian religions. We wish to point out, above all today,
that neither respect and esteem for these religions nor the complexity of the
questions raised is an invitation to the Church to withhold from these
non-Christians the proclamation of Jesus Christ. On the contrary the Church
holds that these multitudes have the right to know the riches of the mystery of
Christ[76] - riches in which we believe that the whole of humanity can find, in
unsuspected fullness, everything that it is gropingly searching for concerning
God, man and his destiny, life and death, and truth. Even in the face of
natural religious expressions most worthy of esteem, the Church finds support
in the fact that the religion of Jesus, which she proclaims through
evangelization, objectively places man in relation with the plan of God, with
His living presence and with His action; she thus causes an encounter with the
mystery of divine paternity that bends over towards humanity. In other words,
our religion effectively establishes with God an authentic and living
relationship which the other religions do not succeed in doing, even though
they have, as it were, their arms stretched out towards heaven.
This is why the
Church keeps her missionary spirit alive, and even wishes to intensify it in
the moment of history in which we are living. She feels responsible before
entire peoples. She has no rest so long as she has not done her best to
proclaim the Good News of Jesus the Savior. She is always preparing new
generations of apostles. Let us state this fact with joy at a time when there
are not lacking those who think and even say that ardor and the apostolic
spirit are exhausted, and that the time of the missions is now past. The Synod
has replied that the missionary proclamation never ceases and that the Church
will always be striving for the fulfillment of this proclamation.
54. Nevertheless
the Church does not feel dispensed from paving unflagging attention also to
those who have received the faith and who have been in contact with the Gospel
often for generations. Thus she seeks to deepen, consolidate, nourish and make
ever more mature the faith of those who are already called the faithful or
believers, in order that they may be so still more.
This faith is
nearly always today exposed to secularism, even to militant atheism. It is a
faith exposed to trials and threats, and even more, a faith besieged and
actively opposed. It runs the risk of perishing from suffocation or starvation
if it is not fed and sustained each day. To evangelize must therefore very
often be to give this necessary food and sustenance to the faith of believers,
especially through a catechesis full of Gospel vitality and in a language
suited to people and circumstances.
The Church also
has a lively solicitude for the Christians who are not in full communion with
her. While preparing with them the unity willed by Christ, and precisely in
order to realize unity in truth, she has the consciousness that she would be
gravely lacking in her duty if she did not give witness before them of the
fullness of the revelation whose deposit she guards.
55. Also
significant is the preoccupation of the last Synod in regard to two spheres
which are very different from one another but which at the same time are very
close by reason of the challenge which they make to evangelization, each in its
own way.
The first
sphere is the one which can be called the increase of unbelief in the modern
world. The Synod endeavored to describe this modern world: how many currents of
thought, values and countervalues, latent aspirations or seeds of destruction,
old convictions which disappear and new convictions which arise are covered by
this generic name!
From the
spiritual point of view, the modern world seems to he forever immersed in what
a modern author has termed "the drama of atheistic humanism."[77]
On the one hand
one is forced to note in the very heart of this contemporary world the
phenomenon which is becoming almost its most striking characteristic:
secularism. We are not speaking of secularization, which is the effort, in
itself just and legitimate and in no way incompatible with faith or religion,
to discover in creation, in each thing or each happening in the universe, the
laws which regulate them with a certain autonomy, but with the inner conviction
that the Creator has placed these laws there. The last Council has in this
sense affirmed the legitimate autonomy of culture and particularly of the
sciences.[78] Here we are thinking of a true secularism: a concept of the world
according to which the latter is self-explanatory, without any need for
recourse to God, who thus becomes superfluous and an encumbrance. This sort of
secularism, in order to recognize the power of man, therefore ends up by doing
without God and even by denying Him.
New forms of
atheism seem to flow from it: a man centered atheism, no longer abstract and
metaphysical but pragmatic, systematic and militant. Hand in hand with this
atheistic secularism, we are daily faced, under the most diverse forms, with a
consumer society, the pursuit of pleasure set up as the supreme value, a desire
for power and domination, and discrimination of every kind: the inhuman
tendencies of this "humanism."
In this same
modern world, on the other hand, and this is a paradox, one cannot deny the
existence of real steppingstones to Christianity, and of evangelical values at
least in the form of a sense of emptiness or nostalgia. It would not be an
exaggeration to say that there exists a powerful and tragic appeal to be
evangelized.
56. The second
sphere is that of those who do not practice. Today there is a very large number
of baptized people who for the most part have not formally renounced their
Baptism but who are entirely indifferent to it and not living in accordance
with it. The phenomenon of the non practicing is a very ancient one in the
history of Christianity; it is the result of a natural weakness, a profound
inconsistency which we unfortunately bear deep within us. Today however it
shows certain new characteristics. It is often the result of the uprooting
typical of our time. It also springs from the fact that Christians live in
close proximity with non-believers and constantly experience the effects of
unbelief. Furthermore, the non-practicing Christians of today, more so than
those of previous periods, seek to explain and justify their position in the
name of an interior religion, of personal independence or authenticity.
Thus we have
atheists and unbelievers on the one side and those who do not practice on the
other, and both groups put up a considerable resistance to evangelization. The
resistance of the former takes the form of a certain refusal and an inability
to grasp the new order of things, the new meaning of the world, of life and of
history; such is not possible if one does not start from a divine absolute. The
resistance of the second group takes the form of inertia and the slightly
hostile attitude of the person who feels that he is one of the homily, who
claims to know it all and to have tried it all and who no longer believes it.
Atheistic
secularism and the absence of religious practice are found among adults and
among the young, among the leaders of society and among the ordinary people, at
all levels of education, and in both the old Churches and the young ones. The
Church's evangelizing action cannot ignore these two worlds, nor must it come
to a standstill when faced with them; it must constantly seek the proper means
and language for presenting, or representing, to them God's revelation and
faith in Jesus Christ.
57. Like Christ
during the time of His preaching, like the Twelve on the morning of Pentecost,
the Church too sees before her an immense multitude of people who need the
Gospel and have a right to it, for God "wants everyone to be saved and
reach full knowledge of the truth."[79]
The Church is
deeply aware of her duty to preach salvation to all. Knowing that the Gospel
message is not reserved to a small group of the initiated, the privileged or
the elect, but is destined for everyone, she shares Christ's anguish at the
sight of the wandering and exhausted crowds, "like sheep without a
shepherd" and she often repeats His words: ''I feel sorry for all these
people."[80] But the Church is also conscious of the fact that, if the
preaching of the Gospel is to be effective, she must address her message to the
heart of the multitudes, to communities of the faithful whose action can and
must reach others.
58. The last
Synod devoted considerable attention to these "small communities," or
communautes de base, because they are often talked about in the Church today.
What are they, and why should they be the special beneficiaries of
evangelization and at the same time evangelizers themselves?
According to
the various statements heard in the Synod, such communities flourish more or
less throughout the Church. They differ greatly among themselves both within
the same region and even more so from one region to another.
In some regions
they appear and develop, almost without exception, within the Church, having
solidarity with her life, being nourished by her teaching and united with her
pastors. In these cases, they spring from the need to live the Church's life
more intensely, or from the desire and quest for a more human dimension such as
larger ecclesial communities can only offer with difficulty, especially in the
big modern cities which lend themselves both to life in the mass and to
anonymity. Such communities call quite simply be in their own way an extension
on the spiritual and religious level- worship, deepening of faith, fraternal
charity, prayer, contact with pastors- of the small sociological
community such as the village, etc. Or again their aim may be to bring
together, for the purpose of listening to and meditating on the Word, for the
sacraments and the bond of the agape, groups of people who are linked by age,
culture, civil state or social situation: married couples, young people,
professional people, etc.; people who already happen to be united in the
struggle for justice, brotherly aid to the poor, human advancement. In still
other cases they bring Christians together in places where the shortage of
priests does not favor the normal life of a parish community. This is all
presupposed within communities constituted by the Church, especially individual
Churches and parishes.
In other
regions, on the other hand, communautes de base come together in a spirit of
bitter criticism of the Church, which they are quick to stigmatize as
"institutional" and to which they set themselves Up in opposition as
charismatic communities, free from structures and inspired only by the Gospel.
Thus their obvious characteristic is an attitude of fault-finding and of
rejection with regard to the Church's outward manifestations: her hierarchy,
her signs. They are radically opposed to the Church. By following these lines
their main inspiration very quickly becomes ideological, and it rarely happens
that they do not quickly fall victim to some political option or current of
thought, and then to a system, even a party, with all the attendant risks of
becoming its instrument.
The difference
is already notable: the communities which by their spirit of opposition cut
themselves off from the Church, and whose unity they wound, can well be called
communautes de base, but in this case it is a strictly sociological name. They
could not, without a misuse of terms, be called ecclesial communautes de base,
even if while being hostile to the hierarchy, they claim to remain within the
unity of the Church. This name belongs to the other groups, those which come
together within the Church in order to unite themselves to the Church and to
cause the Church to grow.
These latter
communities will be a place of evangelization, for the benefit of the bigger
communities, especially the individual Churches. And, as we said at the end of
the last Synod, they will be a hope for the universal Church to the extent:
- that they seek
their nourishment in the Word of God and do not allow themselves to be ensnared
by political polarization or fashionable ideologies, which are ready to exploit
their immense human potential;
- that they
avoid the ever present temptation of systematic protest and a hypercritical
attitude, under the pretext of authenticity and a spirit of collaboration;
- that they
remain firmly attached to the local Church in which they are inserted, and to
the universal Church, thus avoiding the very real danger of becoming isolated
within themselves, then of believing themselves to be the only authentic Church
of Christ, and hence of condemning the other ecclesial communities;
- that they
maintain a sincere communion with the pastors whom the Lord gives to His
Church, and with the magisterium which the Spirit of Christ has entrusted to
these pastors;
- that they
never look on themselves as the sole beneficiaries or sole agents of
evangelization- or even the only depositaries of the Gospel- but, being aware
that the Church is much more vast and diversified, accept the fact that this
Church becomes incarnate in other ways than through themselves;
- that they
constantly grow in missionary consciousness, fervor, commitment and zeal;
- that they
show themselves to be universal in all things and never sectarian.
On these
conditions, which are certainly demanding but also uplifting, the ecclesial
communautes de base will correspond to their most fundamental vocation: as
hearers of the Gospel which is proclaimed to them and privileged beneficiaries
of evangelization, they will soon become proclaimers of the Gospel themselves.
59. If people
proclaim in the world the Gospel of salvation, they do so by the command of, in
the name of and with the grace of Christ the Savior. "They will never have
a preacher unless one is sent,"[81] wrote he who was without doubt one of
the greatest evangelizers. No one can do it without having been sent.
But who then
has the mission of evangelizing?
The Second
Vatican Council gave a clear reply to this question: it is upon the Church that
"there rests, by divine mandate, the duty of going out into the whole
world and preaching the gospel to every creature."[82] And in another
text: "...the whole Church is missionary, and the work of evangelization
is a basic duty of the People of God."[83]
We have already
mentioned this intimate connection between the Church and evangelization. While
the Church is proclaiming the kingdom of God and building it up, she is
establishing herself in the midst of the world as the sign and instrument of
this kingdom which is and which is to come. The Council repeats the following
expression of St. Augustine on the missionary activity of the Twelve:
"They preached the word of truth and brought forth Churches."[84]
60. The
observation that the Church has been sent out and given a mandate to evangelize
the world should awaken in us two convictions.
The first is
this: evangelization is for no one an individual and isolated act; it is one
that is deeply ecclesial. When the most obscure preacher, catechist or pastor
in the most distant land preaches the Gospel, gathers his little community
together or administers a sacrament, even alone, he is carrying out an
ecclesial act, and his action is certainly attached to the evangelizing activity
of the whole Church by institutional relationships, but also by profound
invisible links in the order of grace. This presupposes that he acts not in
virtue of a mission which he attributes to himself or by a personal
inspiration, but in union with the mission of the Church and in her name.
From this flows
the second conviction: if each individual evangelizes in the name of the
Church, who herself does so by virtue of a mandate from the Lord, no
evangelizer is the absolute master of his evangelizing action, with a
discretionary power to carry it out in accordance with individualistic criteria
and perspectives; he acts in communion with the Church and her pastors.
We have
remarked that the Church is entirely and completely evangelizing. This means
that, in the whole world and in each part of the world where she is present,
the Church feels responsible for the task of spreading the Gospel.
61. Brothers
and sons and daughters, at this stage of our reflection, we wish to pause with
you at a question which is particularly important at the present time. In the
celebration of the liturgy, in their witness before judges and executioners and
in their apologetical texts, the first Christians readily expressed their deep
faith in the Church by describing her as being spread throughout the universe.
They were fully conscious of belonging to a large community which neither space
nor time can limit: From the just Abel right to the last of the elect,[85]
"indeed to the ends of the earth,[86] "to the end of time."[87]
This is how the
Lord wanted His Church to be: universal, a great tree whose branches shelter
the birds of the air,[88] a net which catches fish of every kind[89] or which
Peter drew in filled with one hundred and fifty-three big fish,[90] a flock
which a single shepherd pastures.[91] A universal Church without boundaries or
frontiers except, alas, those of the heart and mind of sinful man.
62.
Nevertheless this universal Church is in practice incarnate in the individual
Churches made up of such or such an actual part of mankind, speaking such and
such a language, heirs of a cultural patrimony, of a vision of the world, of an
historical past, of a particular human substratum. Receptivity to the wealth of
the individual Church corresponds to a special sensitivity of modern man.
Let us be very
careful not to conceive of the universal Church as the sum, or, if one can say
so, the more or less anomalous federation of essentially different individual
Churches. In the mind of the Lord the Church is universal by vocation and mission,
but when she puts down her roots in a variety of cultural, social and human
terrains, she takes on different external expressions and appearances in each
part of the world.
Thus each
individual Church that would voluntarily cut itself off from the universal
Church would lose its relationship to God's plan and would be impoverished in
its ecclesial dimension. But, at the same time, a Church toto orbe diffusa
would become an abstraction if she did not take body and life precisely through
the individual Churches. Only continual attention to these two poles of the
Church will enable us to perceive the richness of this relationship between the
universal Church and the individual Churches.
63. The
individual Churches, intimately built up not only of people but also of
aspirations, of riches and limitations, of ways of praying, of loving, of
looking at life and the world, which distinguish this or that human gathering,
have the task of assimilating the essence of the Gospel message and of
transposing it, without the slightest betrayal of its essential truth, into the
language that these particular people understand, then of proclaiming it in
this language.
The
transposition has to be done with the discernment, seriousness, respect and
competence which the matter calls for in the field of liturgical
expression,[92] and in the areas of catechesis, theological formulation,
secondary ecclesial structures, and ministries. And the word
"language" should be understood here less in the semantic or literary
sense than in the sense which one may call anthropological and cultural.
The question is
undoubtedly a delicate one. Evangelization loses much of its force and
effectiveness if it does not take into consideration the actual people to whom
it is addresses, if it does not use their language, their signs and symbols, if
it does not answer the questions they ask, and if it does not have an impact on
their concrete life. But on the other hand, evangelization risks losing its
power and disappearing altogether if one empties or adulterates its content
under the pretext of translating it; if, in other words, one sacrifices this
reality and destroys the unity without which there is no universality, out of a
wish to adapt a universal reality to a local situation. Now, only a Church
which preserves the awareness of her universality and shows that she is in fact
universal is capable of having a message which can be heard by all, regardless
of regional frontiers.
Legitimate
attention to individual Churches cannot fail to enrich the Church. Such
attention is indispensable and urgent. It responds to the very deep aspirations
of peoples and human communities to find their own identity ever more clearly.
64. But this
enrichment requires that the individual Churches should keep their profound
openness towards the universal Church. It is quite remarkable, moreover, that
the most simple Christians, the ones who are most faithful to the Gospel and
most open to the true meaning of the Church, have a completely spontaneous
sensitivity to this universal dimension. They instinctively and very strongly
feel the need for it, they easily recognize themselves in such a dimension.
They feel with it and suffer very deeply within themselves when, in the name of
theories which they do not understand, they are forced to accept a Church
deprived of this universality, a regionalist Church, with no horizon.
As history in
fact shows, whenever an individual Church has cut itself off from the universal
Church and from its living and visible center- sometimes with the best of
intentions, with theological, sociological, political or pastoral arguments, or
even in the desire for a certain freedom of movement or action- it has escaped
only with great difficulty (if indeed it has escaped) from two equally serious
dangers. The first danger is that of a withering isolationism, and then, before
long, of a crumbling away, with each of its cells breaking away from it just as
it itself has broken away from the central nucleus. The second danger is that
of losing its freedom when, being cut off from the center and from the other
Churches which gave it strength and energy, it finds itself all alone and a
prey to the most varied forces of slavery and exploitation.
The more an
individual Church is attached to the universal Church by solid bonds of
communion, in charity and loyalty, in receptiveness to the Magisterium of
Peter, in the unity of the lex orandi which is also the lex credendi, in the
desire for unity with all the other Churches which make up the whole- the more
such a Church will be capable of translating the treasure of faith into the
legitimate variety of expressions of the profession of faith, of prayer and
worship, of Christian life and conduct and of the spiritual influence on the
people among which it dwells. The more will it also be truly evangelizing, that
is to say, capable of drawing upon the universal patrimony in order to enable
its own people to profit from it, and capable too of communicating to the
universal Church the experience and the life of this people, for the benefit of
all.
65. It was
precisely in this sense that at the end of the last Synod we spoke clear words
full of paternal affection, insisting on the role of Peter's Successor as a
visible, living and dynamic principle of the unity between the Churches and
thus of the universality of the one Church.[93] We also insisted on the grave
responsibility incumbent upon us, but which we share with our Brothers in the
Episcopate, of preserving unaltered the content of the Catholic faith which the
Lord entrusted to the apostles. While being translated into all expressions,
this content must be neither impaired nor mutilated. While being clothed with
the outward forms proper to each people, and made explicit by theological
expression which takes account of differing cultural, social and even racial
milieu, it must remain the content of the Catholic faith just exactly as the
ecclesial magisterium has received it and transmits it.
66. The whole
Church therefore is called upon to evangelize, and yet within her we have
different evangelizing tasks to accomplish. This diversity of services in the
unity of the same mission makes up the richness and beauty of evangelization.
We shall briefly recall these tasks.
First, we would
point out in the pages of the Gospel the insistence with which the Lord
entrusts to the apostles the task of proclaiming the Word. He chose them,[94]
trained them during several years of intimate company,[95] constituted[96] and
sent them out[97] as authorized witnesses and teachers of the message of
salvation. And the Twelve in their turn sent out their successors who, in the
apostolic line, continue to preach the Good News.
67. The
Successor of Peter is thus, by the will of Christ, entrusted with the
preeminent ministry of teaching the revealed truth. The New Testament often
shows Peter "filled with the Holy Spirit" speaking in the name of
all."[98] It is precisely for this reason that St. Leo the Great describes
him as he who has merited the primacy of the apostolate.''[99] This is also why
the voice of the Church shows the Pope "at the highest point- in apice, in
specula- of the apostolate."[100] The Second Vatican Council wished to
reaffirm this when it declared that "Christ's mandate to preach the Gospel
to every creature (cf. Mk. 16:15) primarily and immediately concerns the
bishops with Peter and under Peter."[101]
The full,
supreme and universal power"[102] which Christ gives to His Vicar for the
pastoral government of His Church is this especially exercised by the Pope in
the activity of preaching and causing to be preached the Good News of
salvation.
68. In union
with the Successor of Peter, the bishops, who are successors of the apostles,
receive through the power of their episcopal ordination the authority to teach
the revealed truth in the Church. They are teachers of the faith.
Associated with
the bishops in the ministry of evangelization and responsible by a special
title are those who through priestly ordination "act in the person of
Christ."[103] They are educators of the People of God in the faith and
preachers, while at the same time being ministers of the Eucharist and of the
other sacraments.
We pastors are
therefore invited to take note of this duty, more than any other members of the
Church. What identifies our priestly service, gives a profound unity to the
thousand and one tasks which claim our attention day by day and throughout our
lives, and confers a distinct character on our activities, is this aim, ever
present in all our action: to proclaim the Gospel of God.[104]
A mark of our
identity which no doubts ought to encroach upon and no objection eclipse is
this: as pastors, we have been chosen by the mercy of the Supreme Pastor,[105]
in spite of our inadequacy, to proclaim with authority the Word of God, to
assemble the scattered People of God, to teed this People with the signs of the
action of Christ which are the sacraments, to set this People on the road to
salvation, to maintain it in that unity of which we are, at different levels,
active and living instruments, and unceasingly to keep this community gathered
around Christ faithful to its deepest vocation. And when we do all these
things, within our human limits and by the grace of God, it is a work of
evangelization that we are carrying out. This includes ourself as Pastor of the
universal Church, our brother bishops at the head of the individual Churches,
priests and deacons united with their bishops and whose assistants they are, by
a communion which has its source in the sacrament of Orders and in the charity
of the Church.
69. Religious,
for their part, find in their consecrated life a privileged means of effective
evangelization. At the deepest level of their being they are caught Up in the
dynamism of the Church's life, which is thirsty for the divine Absolute and called
to holiness. It is to this holiness that they bear witness. They embody the
Church in her desire to give herself completely to the radical demands of the
beatitudes. By their lives they are a sign of total availability to God, the
Church and the brethren.
As such they
have a special importance in the context of the witness which, as we have said,
is of prime importance in evangelization. At the same time as being a challenge
to the world and to the Church herself, this silent witness of poverty and abnegation,
of purity and sincerity, of self-sacrifice in obedience, can become an eloquent
witness capable of touching also non-Christians who have good will and are
sensitive to certain values.
In this
perspective one perceives the role played in evangelization by religious men
and women consecrated to prayer, silence, penance and sacrifice. Other
religious, in great numbers, give themselves directly to the proclamation of
Christ. Their missionary activity depends clearly on the hierarchy and must be
coordinated with the pastoral plan which the latter adopts. But who does not
see the immense contribution that these religious have brought and continue to
bring to evangelization? Thanks to their consecration they are eminently
willing and free to leave everything and to go and proclaim the Gospel even to
the ends of the earth. They are enterprising and their apostolate is often
marked by an originality, by a genius that demands admiration. They are
generous: often they are found at the outposts of the mission, and they take
the greatest of risks for their health and their very lives. Truly the Church
owes them much.
70. Lay people,
whose particular vocation places them in the midst of the world and in charge
of the most varied temporal tasks, must for this very reason exercise a very
special form of evangelization.
Their primary
and immediate task is not to establish and develop the ecclesial community-
this is the specific role of the pastors- but to put to use every Christian and
evangelical possibility latent but already present and active in the affairs of
the world. Their own field of evangelizing activity is the vast and complicated
world of politics, society and economics, but also the world of culture, of the
sciences and the arts, of international life, of the mass media. It also
includes other realities which are open to evangelization, such as human love,
the family, the education of children and adolescents, professional work,
suffering. The more Gospel-inspired lay people there are engaged in these realities,
clearly involved in them, competent to promote them and conscious that they
must exercise to the full their Christian powers which are often buried and
suffocated, the more these realities will be at the service of the kingdom of
God and therefore of salvation in Jesus Christ, without in any way losing or
sacrificing their human content but rather pointing to a transcendent dimension
which is often disregarded.
71. One cannot
fail to stress the evangelizing action of the family in the evangelizing apostolate
of the laity.
At different
moments in the Church's history and also in the Second Vatican Council, the
family has well deserved the beautiful name of "domestic
Church."[106] This means that there should be found in every Christian
family the various aspects of the entire Church. Furthermore, the family, like
the Church, ought to be a place where the Gospel is transmitted and from which
the Gospel radiates.
In a family
which is conscious of this mission, all the members evangelize and are
evangelized. The parents not only communicate the Gospel to their children, but
from their children they can themselves receive the same Gospel as deeply lived
by them.
And such a
family becomes the evangelizer of many other families, and of the neighborhood
of which it forms part. Families resulting from a mixed marriage also have the
duty of proclaiming Christ to the children in the fullness of the consequences
of a common Baptism; they have moreover the difficult task of becoming builders
of unity.
72. Circumstances
invite us to make special mention of the young. Their increasing number and
growing presence in society and likewise the problems assailing them should
awaken in every one the desire to offer them with zeal and intelligence the
Gospel ideal as something to be known and lived. And on the other hand, young
people who are well trained in faith and prayer must become more and more the
apostles of youth. The Church counts greatly on their contribution, and we
ourself have often manifested our full confidence in them.
73. Hence the
active presence of the laity in the temporal realities takes on all its
importance. One cannot, however, neglect or forget the other dimension: the
laity can also feel themselves called, or be called, to work with their pastors
in the service of the ecclesial community for its growth and life, by
exercising a great variety of ministries according to the grace and charisms
which the Lord is pleased to give them.
We cannot but
experience a great inner joy when we see so many pastors, religious and lay
people, fired with their mission to evangelize, seeking ever more suitable ways
of proclaiming the Gospel effectively. We encourage the openness which the
Church is showing today in this direction and with this solicitude. It is an
openness to meditation first of all, and then to ecclesial ministries capable
of renewing and strengthening the evangelizing vigor of the Church.
It is certain
that, side by side with the ordained ministries, whereby certain people are
appointed pastors and consecrate themselves in a special way to the service of
the community, the Church recognizes the place of non-ordained ministries which
are able to offer a particular service to the Church.
A glance at the
origins of the Church is very illuminating, and gives the benefit of an early
experience in the matter of ministries. It was an experience which was all the
more valuable in that it enabled the Church to consolidate herself and to grow
and spread. Attention to the sources however has to be complemented by attention
to the present needs of mankind and of the Church. To drink at these ever
inspiring sources without sacrificing anything of their values, and at the same
time to know how to adapt oneself to the demands and needs of today- these are
the criteria which will make it possible to seek wisely and to discover the
ministries which the Church needs and which many of her members will gladly
embrace for the sake of ensuring greater vitality in the ecclesial community.
These ministries will have a real pastoral value to the extent that they are
established with absolute respect for unity and adhering to the directives of
the pastors, who are the ones who are responsible for the Church's unity and
the builders thereof.
These
ministries, apparently new but closely tied up with the Church's living
experience down the centuries - such as catechists, directors of prayer and
chant, Christians devoted to the service of God's Word or to assisting their
brethren in need, the heads of small communities, or other persons charged with
the responsibility of apostolic movements- these ministries are valuable for
the establishment, life, and growth of the Church, and for her capacity to
influence her surroundings and to reach those who are remote from her. We owe
also our special esteem to all the lay people who accept to consecrate a part
of their time, their energies, and sometimes their entire lives, to the service
of the missions.
A serious
preparation is needed for all workers for evangelization. Such preparation is
all the more necessary for those who devote themselves to the ministry of the
Word. Being animated by the conviction, ceaselessly deepened, of the greatness
and riches of the Word of God, those who have the mission of transmitting it
must give the maximum attention to the dignity, precision and adaptation of
their language. Everyone knows that the art of speaking takes on today a very
great importance. How would preachers and catechists be able to neglect this?
We earnestly
desire that in each individual Church the bishops should be vigilant concerning
the adequate formation of all the ministers of the Word. This serious
preparation will increase in them the indispensable assurance and also the
enthusiasm to proclaim today Jesus Christ.
74. We would
not wish to end this encounter with our beloved brethren and sons and daughters
without a pressing appeal concerning the interior attitudes which must animate
those who work for evangelization.
In the name of
the Lord Jesus Christ, and in the name of the Apostles Peter and Paul, we wish
to exhort all those who, thanks to the charisms of the Holy Spirit and to the
mandate of the Church, are true evangelizers to be worthy of this vocation, to
exercise it without the reticence of doubt or fear, and not to neglect the
conditions that will make this evangelization not only possible but also active
and fruitful. These, among many others, are the fundamental conditions which we
consider it important to emphasize.
75.
Evangelization will never be possible without the action of the Holy Spirit.
The Spirit descends on Jesus of Nazareth at the moment of His baptism when the
voice of the Father- "This is my beloved Son with whom I am well
pleased"[107]- manifests in an external way the election of Jesus and His
mission. Jesus is "led by the Spirit" to experience in the desert the
decisive combat and the supreme test before beginning this mission.[108] It is
"in the power of the Spirit"[109] that He returns to Galilee and
begins His preaching at Nazareth, applying to Himself the passage of Isaiah:
"The Spirit of the Lord is upon me." And He proclaims: "Today
this Scripture has been fulfilled."[110] To the disciples whom He was
about to send forth He says, breathing on them, "Receive the Holy
Spirit."[111]
In fact, it is
only after the coming of the Holy Spirit on the day of Pentecost that the
apostles depart to all the ends of the earth in order to begin the great work
of the Church's evangelization. Peter explains this event as the fulfillment of
the prophecy of Joel: "I will pour out my spirit."[112] Peter is
filled with the Holy Spirit so that he can speak to the people about Jesus, the
Son of God.[113] Paul too is filled with the Holy Spirit[114] before dedicating
himself to his apostolic ministry, as is Stephen when he is chosen for the
ministry of service and later on for the witness of blood.[115] The Spirit, who
causes Peter, Paul and the Twelve to speak, and who inspires the words that
they are to utter, also comes down "on those who heard the
word."[116]
It is in the
"consolation of the Holy Spirit" that the Church increases.[117] The
Holy Spirit is the soul of the Church. It is He who explains to the faithful
the deep meaning of the teaching of Jesus and of His mystery. It is the Holy
Spirit who, today just as at the beginning of the Church, acts in every
evangelizer who allows himself to be possessed and led by Him. The Holy Spirit
places on his lips the words which he could not find by himself, and at the
same time the Holy Spirit predisposes the soul of the hearer to be open and receptive
to the Good News and to the kingdom being proclaimed.
Techniques of
evangelization are good, but even the most advanced ones could not replace the
gentle action of the Spirit. The most perfect preparation of the evangelizer
has no effect without the Holy Spirit. Without the Holy Spirit the most
convincing dialectic has no power over the heart of man. Without Him the most
highly developed schemas resting on a sociological or psychological basis are
quickly seen to be quite valueless.
We live in the Church
at a privileged moment of the Spirit. Everywhere people are trying to know Him
better, as the Scripture reveals Him. They are happy to place themselves under
His inspiration. They are gathering about Him; they want to let themselves be
led by Him. Now if the Spirit of God has a preeminent place in the whole life
of the Church, it is in her evangelizing mission that He is most active. It is
not by chance that the great inauguration of evangelization took place on the
morning of Pentecost, under the inspiration of the Spirit.
It must be said
that the Holy Spirit is the principal agent of evangelization: it is He who
impels each individual to proclaim the Gospel, and it is He who in the depths
of consciences causes the word of salvation to be accepted and understood.[118]
But it can equally be said that He is the goal of evangelization: He alone
stirs up the new creation, the new humanity of which evangelization is to be
the result, with that unity in variety which evangelization wishes to achieve
within the Christian community. Through the Holy Spirit the Gospel penetrates
to the heart of the world, for it is He who causes people to discern the signs
of the times- signs willed by God- which evangelization reveals and puts to use
within history.
The Bishops'
Synod of 1974, which insisted strongly on the place of the Holy Spirit in
evangelization, also expressed the desire that pastors and theologians- and we
would also say the faithful marked by the seal of the Spirit by Baptism- should
study more thoroughly the nature and manner of the Holy Spirit's action in
evangelization today. This is our desire too, and we exhort all evangelizers,
whoever they may be, to pray without ceasing to the Holy Spirit with faith and
fervor and to let themselves prudently be guided by Him as the decisive
inspirer of their plans, their initiatives and their evangelizing activity.
76. Let us now
consider the very persons of the evangelizers.
It is often
said nowadays that the present century thirsts for authenticity. Especially in
regard to young people it is said that they have a horror of the artificial or
false and that they are searching above all for truth and honesty.
These
"signs of the times" should find us vigilant. Either tacitly or
aloud- but always forcefully- we are being asked: Do you really believe what
you are proclaiming? Do you live what you believe? Do you really preach what
you live? The witness of life has become more than ever an essential condition
for real effectiveness in preaching. Precisely because of this we are, to a
certain extent, responsible for the progress of the Gospel that we proclaim.
"What is
the state of the Church ten years after the Council?" we asked at the
beginning of this meditation. Is she firmly established in the midst of the
world and yet free and independent enough to call for the world's attention?
Does she testify to solidarity with people and at the same time to the divine
Absolute? Is she more ardent in contemplation and adoration and more zealous in
missionary, charitable and liberating action? Is she ever more committed to the
effort to search for the restoration of the complete unity of Christians, a
unity that makes more effective the common witness, "so that the world may
believe"[119] We are all responsible for the answers that could be given
to these questions.
We therefore
address our exhortation to our brethren in the Episcopate, placed by the Holy
Spirit to govern the Church.[120] We exhort the priests and deacons, the
bishops' collaborators in assembling the People of God and in animating
spiritually the local communities. We exhort the religious, witnesses of a
Church called to holiness and hence themselves invited to a life that bears
testimony to the beatitudes of the Gospel. We exhort the laity: Christian
families, youth, adults, all those who exercise a trade or profession, leaders,
without forgetting the poor who are often rich in faith and hope- all lay
people who are conscious of their evangelizing role in the service of their
Church or in the midst of society and the world. We say to all of them: our
evangelizing zeal must spring from true holiness of life, and, as the Second
Vatican Council suggests, preaching must in its turn make the preacher grow in
holiness, which is nourished by prayer and above all by love for the
Eucharist.[121]
The world
which, paradoxically, despite innumerable signs of the denial of God, is
nevertheless searching for Him in unexpected ways and painfully experiencing
the need of Him- the world is calling for evangelizers to speak to it of a God
whom the evangelists themselves should know and be familiar with as if they
could see the invisible.[122] The world calls for and expects from us
simplicity of life, the spirit of prayer, charity towards all, especially
towards the lowly and the poor, obedience and humility, detachment and
self-sacrifice. Without this mark of holiness, our word will have difficulty in
touching the heart of modern man. It risks being vain and sterile.
77. The power
of evangelization will find itself considerably diminished if those who
proclaim the Gospel are divided among themselves in all sorts of ways. Is this
not perhaps one of the great sicknesses of evangelization today? Indeed, if the
Gospel that we proclaim is seen to be rent by doctrinal disputes, ideological polarizations
or mutual condemnations among Christians, at the mercy of the latter's
differing views on Christ and the Church and even because of their different
concepts of society and human institutions, how can those to whom we address
our preaching fail to be disturbed, disoriented, even scandalized?
The Lord's
spiritual testament tells us that unity among His followers is not only the
proof that we are His but also the proof that He is sent by the Father. It is
the test of the credibility of Christians and of Christ Himself. As
evangelizers, we must offer Christ's faithful not the image of people divided
and separated by unedifying quarrels, but the image of people who are mature in
faith and capable of finding a meeting-point beyond the real tensions, thanks
to a shared, sincere and disinterested search for truth. Yes, the destiny of
evangelization is certainly bound up with the witness of unity given by the
Church. This is a source of responsibility and also of comfort.
At this point
we wish to emphasize the sign of unity among all Christians as the way and
instrument of evangelization. The division among Christians is a serious
reality which impedes the very work of Christ. The Second Vatican Council
states clearly and emphatically that this division "damages the most holy
cause of preaching the Gospel to all men, and it impedes many from embracing
the faith."[123] For this reason, in proclaiming the Holy Year we
considered it necessary to recall to all the faithful of the Catholic world
that "before all men can be brought together and restored to the grace of
God our Father, communion must be reestablished between those who by faith have
acknowledged and accepted Jesus Christ as the Lord of mercy who sets men free
and unites them in the Spirit of love and truth."[124]
And it is with
a strong feeling of Christian hope that look to the efforts being made in the
Christian world for this restoration of the full unity willed by Christ. St.
Paul assures us that "hope does not disappoint us."[125] While we
still work to obtain full unity from the Lord, we wish to see prayer
intensified. Moreover we make our own the desire of the Fathers of the Third
General Assembly of the Synod of Bishops, for a collaboration marked by greater
commitment with the Christian brethren with whom we are not yet united in
perfect unity, taking as a basis the foundation of Baptism and the patrimony of
faith which is common to us. By doing this we can already give a greater common
witness to Christ before the world in the very work of evangelization. Christ's
command urges us to do this; the duty of preaching and of giving witness to the
Gospel requires this.
78. The Gospel
entrusted to us is also the word of truth. A truth which liberates[126] and
which alone gives peace of heart is what people are looking for when we
proclaim the Good News to them. The truth about God, about man and his
mysterious destiny, about the world; the difficult truth that we seek in the
Word of God and of which, we repeat, we are neither the masters nor the owners,
but the depositaries, the heralds and the servants.
Every
evangelizer is expected to have a reverence for truth, especially since the
truth that he studies and communicates is none other than revealed truth and
hence, more than any other, a sharing in the first truth which is God Himself.
The preacher of the Gospel will therefore be a person who even at the price of
personal renunciation and suffering always seeks the truth that he must
transmit to others. He never betrays or hides truth out of a desire to please
men, in order to astonish or to shock, nor for the sake of originality or a
desire to make an impression. He does not refuse truth. He does not obscure
revealed truth by being too idle to search for it, or for the sake of his own
comfort, or out of fear. He does not neglect to study it. He serves it
generously, without making it serve him.
We are the
pastors of the faithful people, and our pastoral service impels us to preserve,
defend, and to communicate the truth regardless of the sacrifices that this
involves. So many eminent and holy pastors have left us the example of this
love of truth. In many cases it was an heroic love. The God of truth expects us
to be the vigilant defenders and devoted preachers of truth.
Men of
learning- whether you be theologians, exegetes or historians- the work of
evangelization needs your tireless work of research, and also care and tact in
transmitting the truth to which your studies lead you but which is always
greater than the heart of man, being the very truth of God.
Parents and
teachers, your task- and the many conflicts of the present day do not make it
an easy one- is to help your children and your students to discover truth,
including religious and spiritual truth.
79. The work of
evangelization presupposes in the evangelizer an ever increasing love for those
whom he is evangelizing. That model evangelizer, the Apostle Paul, wrote these
words to the Thessalonians, and they are a program for us all: "With such
yearning love we chose to impart to you not only the gospel of God but our very
selves, so dear had you become to us."[127] What is this love? It is much
more than that of a teacher; it is the love of a father; and again, it is the
love of a mother.[128] It is this love that the Lord expects from every preacher
of the Gospel, from every builder of the Church. A sign of love will be the
concern to give the truth and to bring people into unity. Another sign of love
will be a devotion to the proclamation of Jesus Christ, without reservation or
turning back. Let us add some other signs of this love.
The first is
respect for the religious and spiritual situation of those being evangelized.
Respect for their tempo and pace; no one has the right to force them
excessively. Respect for their conscience and convictions, which are not to be
treated in a harsh manner.
Another sign of
this love is concern not to wound the other person, especially if he or she is
weak in faith,[129] with statements that may be clear for those who are already
initiated but which for the faithful can be a source of bewilderment and
scandal, like a wound in the soul.
Yet another
sign of love will be the effort to transmit to Christians not doubts and
uncertainties born of an erudition poorly assimilated but certainties that are
solid because they are anchored in the Word of God. The faithful need these
certainties for their Christian life; they have a right to them, as children of
God who abandon themselves entirely into His arms and to the exigencies of
love.
80. Our appeal
here is inspired by the fervor of the greatest preachers and evangelizers,
whose lives were devoted to the apostolate. Among these we are glad to point
out those whom we have proposed to the veneration of the faithful during the
course of the Holy Year. They have known how to overcome many obstacles to
evangelization.
Such obstacles
are also present today, and we shall limit ourself to mentioning the lack of
fervor. It is all the more serious because it comes from within. It is
manifested in fatigue, disenchantment, compromise, lack of interest and above
all lack of joy and hope. We exhort all those who have the task of
evangelizing, by whatever title and at whatever level, always to nourish
spiritual fervor[130]
This fervor
demands first of all that we should know how to put aside the excuses which
would impede evangelization. The most insidious of these excuses are certainly
the ones which people claim to find support for in such and such a teaching of
the Council.
Thus one too
frequently hears it said, in various terms, that to impose a truth, be it that
of the Gospel, or to impose a way, be it that of salvation, cannot but be a
violation of religious liberty. Besides, it is added, why proclaim the Gospel
when the whole world is saved by uprightness of heart? We know likewise that
the world and history are filled with "seeds of the Word"; is it not
therefore an illusion to claim to bring the Gospel where it already exists in
the seeds that the Lord Himself has sown?
Anyone who
takes the trouble to study in the Council's documents the questions upon which
these excuses draw too superficially will find quite a different view.
It would
certainly be an error to impose something on the consciences of our brethren.
But to propose to their consciences the truth of the Gospel and salvation in
Jesus Christ, with complete clarity and with a total respect for the free
options which it presents- "without coercion, or dishonorable or unworthy
pressure"[131]- far from being an attack on religious liberty is fully to
respect that liberty, which is offered the choice of a way that even
non-believers consider noble and uplifting. Is it then a crime against others'
freedom to proclaim with joy a Good News which one has come to know through the
Lord's mercy?[132] And why should only falsehood and error, debasement and
pornography have the right to be put before people and often unfortunately
imposed on them by the destructive propaganda of the mass media, by the
tolerance of legislation, the timidity of the good and the impudence of the
wicked? The respectful presentation of Christ and His kingdom is more than the
evangelizer's right; it is his duty. It is likewise the right of his fellow men
to receive from him the proclamation of the Good News of salvation. God can
accomplish this salvation in whomsoever He wishes by ways which He alone
knows.[133] And yet, if His Son came, it was precisely in order to reveal to
us, by His word and by His life, the ordinary paths of salvation. And He has
commanded us to transmit this revelation to others with His own authority. It
would be useful if every Christian and every evangelizer were to pray about the
following thought: men can gain salvation also in other ways, by God's mercy,
even though we do not preach the Gospel to them; but as for us, can we gain
salvation if through negligence or fear or shame- what St. Paul called
"blushing for the Gospel"[134] - or as a result of false ideas we
fail to preach it? For that would be to betray the call of God, who wishes the
seed to bear fruit through the voice of the ministers of the Gospel; and it
will depend on us whether this grows into trees and produces its full fruit.
Let us
therefore preserve our fervor of spirit. Let us preserve the delightful and
comforting joy of evangelizing, even when it is in tears that we must sow. May
it mean for us- as it did for John the Baptist, for Peter and Paul, for the
other apostles and for a multitude of splendid evangelizers all through the
Church's history- an interior enthusiasm that nobody and nothing can quench.
May it be the great joy of our consecrated lives. And may the world of our
time, which is searching, sometimes with anguish, sometimes with hope, be
enabled to receive the Good News not from evangelizers who are dejected,
discouraged, impatient or anxious, but from ministers of the Gospel whose lives
glow with fervor, who have first received the joy of Christ, and who are
willing to risk their lives so that the kingdom may be proclaimed and the
Church established in the midst of the world.
81. This then,
brothers and sons and daughters, is our heartfelt plea. It echoes the voice of
our brethren assembled for the Third General Assembly of the Synod of Bishops.
This is the task we have wished to give you at the close of a Holy Year which
has enabled us to see better than ever the needs and the appeals of a multitude
of brethren, both Christians and non-Christians, who await from the Church the
Word of salvation.
May the light
of the Holy Year, which has shone in the local Churches and in Rome for
millions of consciences reconciled with God, continue to shine in the same way
after the Jubilee through a program of pastoral action with evangelization as
its basic feature, for these years which mark the eve of a new century, the eve
also of the third millennium of Christianity.
82. This is the
desire that we rejoice to entrust to the hands and the heart of the Immaculate
Blessed Virgin Mary, on this day which is especially consecrated to her and
which is also the tenth anniversary of the close of the Second Vatican Council.
On the morning of Pentecost she watched over with her prayer the beginning of
evangelization prompted by the Holy Spirit: may she be the Star of the
evangelization ever renewed which the Church, docile to her Lord's command,
must promote and accomplish, especially in these times which are difficult but
full of hope!
In the name of
Christ we bless you, your communities, your families, all those who are dear to
you, in the words which Paul addressed to the Philippians: "I give thanks
to my God every time I think of you- which is constantly, in every prayer I
utter- rejoicing, as I plead on your behalf, at the way you have all
continually helped to promote the gospel.... I hold all of you dear- you
who...are sharers of my gracious lot...to defend the solid grounds on which the
gospel rests. God himself can testify how much I long for each of you with the
affection of Christ Jesus!"[135]
Given in Rome,
at Saint Peter's, on the Solemnity of the Immaculate Conception of the Blessed
Virgin Mary, December 8, 1975, the thirteenth year of our Pontificate.
PAULUS PP. VI
Notes
1. Cf. Lk 22:32.
2. 2 Cor 11:28.
3. Cf. Second
Vatican Ecumenical Council, Decree on the Church's Missionary Activity Ad
Gentes, 1: AAS 58 (1966), p. 947.
4. Cf. Eph 4:24,
2:15; Col 3:10; Gal 3:27; Rom 13:114;
2 Cor 5:17.
5. 2 Cor 5:20.
6. Cf. Paul
VI, Address for the closing of the Third General Assembly of the Synod
of Bishops (26 October 1974): AAS 66 (19740, PP. 634-635, 637.
7. Paul
VI, Address to the College of Cardinals (22 June 1973): AAS 65
(1973), p. 383.
8. 2 Cor 11:28.
9. 1 Tim 5:17.
10. 2 Tim 2:15.
11. Cf. 1 Cor 2:5.
12. Lk 4:43.
13. Ibid.
14. Lk 4:18;
cf. Is 61:1.
15. Cf. Mk 1:1; Rom 1:1-3.
16. Cf. Mt 6:33.
17. Cf. Mt 5:3-12.
18. Cf. Mt 5-7.
19. Cf. Mt 10.
20. Cf. Mt 13.
21. Mt 18.
22. Cf. Mt 24-25.
23. Cf. Mt.
24:36; Acts 1:7; 1 Thess 5:1-2.
24. Cf. Mt 11:12; Lk 16:16.
25. Cf. Mt 4:17.
26. Mk 1:27.
27. Lk 4:22.
28. Jn 7:46.
29. Lk 4:43.
30. Jn 11:52.
31. Cf. Second
Vatican Ecumenical Council, Dogmatic Constitution on Divine Revelation Dei
Verbum, 4: AAS 58 (1966), pp. 818-819.32. 1 Pt 2:9.
33. Cf. Acts 2:11.
34. Lk 4:43.
35. 1 Cor 9:16.
36. "Declaration
of the Synod Fathers", 4: L'Osservatore Romano (27 October 1974), p.
6.
37. Mt 28:19.
38. Acts 2:41,
47.
39. Cf. Second
Vatican Ecumenical Council, Dogmatic Constitution on the Church Lumen
Gentium, 8: AAS 57 (1965), p. 11; Decree on the Church's Missionary
Activity Ad Gentes, 5: AAS 58 (1966), pp 951-952.
40. Cf. Acts 2:42-46;
4:32-35; 5:12-16.
41. Cf. Acts 2:11;
1 Pt 2:9.
42. Cf. Decree
on the Church's Missionary Activity Ad Gentes, 5, 11-12: AAS 58
(1966), pp. 951-952, 959-961.
43. Cf. 2 Cor 4:5;
Saint Augustine Sermo XLVI, De Pastoribus: ccl
XLI, pp. 529-530.
44. Lk 10:16;
cf. Saint Cyprian, De Unitate Ecclesiae, 14: PL 4, 527; Saint
Augustine, Enarrat. 88, Sermo, 2, 14: PL 37, 1140;
Saint John Chrysostom, Hom. de capto Eutropio, 6: PG 52, 462.
45. Eph 5:25.
46. Rev.
21:5; cf. 2 Cor 5:17; Gal 6:15.
47. Cf. Rom 6:4.
48. Cf. Eph 4:24-25; Col 3:9-10.
49. Cf. Rom 1:16;
1 Cor 1:18, 2:4.
50. Cf. 53: AAS
58 (1966), p. 1075.
51. Cf.
Tertullian Apologeticum, 39: CCL, I, PP. 150-153; Minucius
Felix, Octavius 9 and 31: CSLP, Turin 1963, pp. 11-13, 47-48.
52. 1 Pt 3:15.
53.Cf. Second
Vatican Ecumenical Council, Dogmatic Constitution on the Church Lumen
Gentium, 1, 9, 48; AAS 57 (1965), pp. 5, 12-14, 53-54; Pastoral
Constitution on the Church in the Modern World Gaudium et Spes, 42,
45, AAS 58 (1966), pp. 1060-1061, 1065-1066; Decree on the Church's Missionary
Activity Ad Gentes, 1, 5: AAS 58 (1966), pp. 947, 951-952.
54. Cf. Rom 1:16;
1 Cor 1:18.
55. Cf. Acts 17:22-23.
56. 1 Jn 3:1;
cf. Rom 8:14-17.
57. Cf. Eph 2:8; Rom 1:16.
Cf. Sacred Congregation for the Doctrine of the Faith, Declaratio ad
fidem tuendam in mysteria Incarnationis et SS. Trinitatis e quibusdam
recentibus erroribus (21 February 1972): AAS 64 (1972), pp. 237-241.
58. Cf. 1 Jn 3:2; Rom 8:29; Phil 3:
20-21. Cf. Second Vatican Ecumenical Council, Dogmatic Constitution on the
Church Lumen Gentium 48-51: AAS 57 (1965), pp. 53-58.
59. Cf. Sacred
Congregation for the Doctrine of the Faith, Declaratio circa Catholicam
Doctrinam de Ecclesia contra nonnullos errores hodiernos tuendam (24
June 1973): AAS 65 (1973), pp. 396-408.
60. Cf. Second
Vatican Ecumenical Council, Pastoral Constitution on the Church in the Modern
World Gaudium et Spes, 47-52: AAS 58 (1966): pp. 1067-1074; Paul
VI, Encyclical Letter Humanae Vitae: AAS 60 (1968), pp. 481-503.
61. Paul
VI, Address for the opening of the Third General Assembly of the Synod
of Bishops (27 September 1974): AAS 66 (1974), p. 562.
62. Ibid.
63. Paul
VI Address to the Campesinos of Colombia (23 August 1968): AAS
60 (1968), p. 623.
64. Paul
VI, Address for the Day of Development at Bogota (23 August
1968): AAS 60 (1968), p. 627; Cf. Saint Augustine, Epistola229, 2:
PL 33, 1020.
65. Paul
VI, Address for the closing of the Third General Assembly of the Synod
of Bishops (26 October 1974); AAS 66 (1974), p. 637.
66. Address
given on 15 October 1975: L'Osservatore Romano (17 October 1975).
67. Pope Paul
VI, Address to the Members of the Consilium de Laicis (2
October 1974): AAS 66 (1974), p. 568.
68. Cf. 1 Pt 3:1.
69. Rom 10:14,
17.
70. Cf. 1 Cor 2:1-5.
71. Rom 10:17.
723. Cf. Mt 10:27; Lk 12:3.
73. Mk 16:15.
74. Cf. Saint
Justin, I Apol. 46, 1-4: PG 6, II Apol. 7 (8) 1-4; 10,
1-3; 13, 3-4; Florilegium Patristicum II, Bonn 1911, pp. 81, 125,
129, 133; Clement of Alexandria, Stromata I, 19, 91; 94; S. Ch. pp.
117-118; 119-110; Cf. Second Vatican Ecumenical Council, Decree on the Church's
Missionary Activity Ad Gentes, 11: AAS 58 (1966), p. 960; cf.
Second Vatican Ecumenical Council, Dogmatic Constitution on the Church Lumen
Gentium, 17: AAS 57 (1965), p 20.
76. Cf. Eph 3:8.
77. Cf. Henri de Lubac, Le drame de
l'humanisme athée, ed. Spes, Paris,
1945.
78. Cf.
Pastoral Constitution on the Church in the Modern World Gaudium et Spes,
59: AAS 58 (1966), p. 1080.
79. 1 Tim 2:4.
80. Mt 9:36;
15:32.
81. Rom 10:15.
82. Declaration
on Religious Liberty Dignitatis Humanae, 13: AAS 58 (1966), p 939;
cf. Dogmatic Constitution on the Church Lumen Gentium, 5: AAS 57
(1965) pp. 7-8; Decree on the Church's Missionary Activity Ad Gentes,
1: AAS 58 (1966), p. 947.
83. Decree on
the Church's Missionary Activity Ad Gentes, 35: AAS 58 (1966), p.
983.
84. Saint
Augustine, Enarratio in Ps 44:23: CCL XXXVIII, p. 510; cf
Decree on the Church's Missionary Activity Ad Gentes, 1: AAS 58
(1966), p. 947.
85. Saint
Gregory the Great, Homil. in Evangelia 19, 1: PL 76, 1154.
86. Acta 1:8;
cf. Didache 9, 1: Fund Patres Apostolici, 1, 22.
87. Mt 28:20.
88. Cf. Mt 13:32.
89. Cf. Mt 13:47.
90. Cf. Jn 21:11.
91. Cf. Jn 10:1-16.
92. Cf. Second
Vatican Ecumenical Council, Constitution on the Sacred Liturgy Sacrosanctum
Concilium 37-38: AAS 56 (1964), p. 110; cf. also the liturgical books
and other documents subsequently issued by the Holy See for the putting into
practice of the liturgical reform desired by the same Council.
93. Paul
VI, Address for the closing of the Third General Assembly of the Synod
of Bishops (26 October 1974): AAS 66 (1974), p. 636.
94. Cf. Jn 15:16; Mk 3:13-19; Lk 6:13-16.
95. Cf. Acts 1:21-22.
96. Cf. Mk 3:14.
97. Cf. Mk 3:14-15;
Lk 9:2.
98. Acts 4:8;
cf. 2:14; 3:12.
99. Cf. St. Leo
the Great, Sermo 69, 3; Sermo 70, 1-3; Sermo 94,
3; Sermo 95 2: S.C. 200, pp. 50-52; 58-66; 258-260; 268.
100. Cf. First
Ecumenical Council of Lyons, Constitution Ad apostolicae dignitaties: Conciliorum
Oecumenicorum Decreta, ed. Istituto per le Scienze Religiose, Bologna 1973,
p. 278; Ecumenical Council of Vienne, Constitution Ad providam Christi,
ed. cit., p. 343; Fifth Lateran Ecumenical Council, Constitution In
apostolici culminis, ed. cit., p. 608; Constitution Postquam ad
universalis, ed. cit., p. 614; Constitution Divina disponente
clementia, ed. cit., p. 638.
101. Decree on
the Church's Missionary Activity Ad Gentes, 38: AAS 58 (1966), p.
985.
102. Second
Vatican Ecumenical Council, Dogmatic Constitution on the Church Lumen
Gentium, 22: AAS 57 (1965), p. 26.
103. Cf. Second
Vatican Ecumenical Council, Dogmatic Constitution on the Church Lumen
Gentium, 10, 37; AAS 57 1965), pp. 14, 43; Decree on the Church's
Missionary Activity Ad Gentes, 39: AAS 58 (1966), p. 986; Decree on
the Ministry and Life of PriestsPresbyterorum Ordinis, 2, 12, 13: AAS 58
(1966), pp. 992, 1010, 1011.
104. Cf.
1 Thess 2:9.
105. Cf.
1 Pt 5:4.
106. Dogmatic
Constitution on the Church Lumen Gentium, 11: AAS 57 (1965), p. 16;
Decree on the Apostolate of the LaityApostolicam Actuositatem, 11, AAS
58 (1966), p. 848; Saint John Chrysostom, In Genesim Serm. VI, 2;
VII, 1: PG 54, 607-68.
107. Mt.
3:17.
108. Mt.
4:1.
109. Lk 4:14.
110. Lk 4:O[18],
21; cf. Is 61:1.
111. Jn 20:22.
112. Acts 2:17.
113 Cf. Acts 4:8.
114 Cf. Acts 9:17.
115. Cf. Acts 6:5,
10; 7:55.
116. Acts 10:44.
117. Acts 9:31.
118. Cf. Second
Vatican Ecumenical Council, Decree on the Church's Missionary Activity Ad
Gentes, 4:AAS 58 (1966), pp. 950-951.
119. Jn 17:21.
120. Cf. Acts 20:28.
121. Cf. Decree
on the Ministry and Life of Priests Presbyterorum Ordinis, 13: AAS
58 (1966), p. 1011.
122. Cf. Heb
11:27.
123. Decree on
the Church's Missionary Activity Ad Gentes, 6: AAS 58 (1966), pp.
954-955; cf. Decree on Ecumenism Unitatis Redintegratio, 1: AAS 57
(1965), pp. 90-91.
124. Bull Apostolorum
Limina, VII: AAS 66 (1974), p. 305.
125. Rom 5:5.
126. Cf. Jn 8:32.
127. 1 Thess 2:8;
cf. Phil 1:8.
128. Cf.
1 Thess 2:7-11; 1 Cor 4:15; Gal 4:19.
129. Cf.
1 Cor 8:9-13; Rom 14:15.
130. Cf. Rom 12:11.
131. Cf. Second
Vatican Council, Declaration on Religious Liberty Dignitaties Humanae,
4: AAS 58 (1966), p. 933.
132. Cf. Ibid.,
9-14: Loc. Cit., pp. 935-940.
133. Cf. Second
Vatican Ecumenical Council, Decree on the Church's Missionary Activity Ad
Gentes, 7: AAS 58 (1966), p. 955.
134. Cf. Rom 1:16.
135. Phil 1:3-4,
7-8.
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EVANGELII
NUNTIANDI
ESORTAZIONE
APOSTOLICA
DI SUA SANTITÀ
PAOLO VI
DI SUA SANTITÀ
PAOLO VI
Venerabili
Fratelli e diletti Figli, salute e Apostolica Benedizione
Introduzione
IMPEGNO PARTICOLARE PER L'EVANGELIZZAZIONE
1.
L'impegno di annunziare il Vangelo agli uomini del nostro tempo animati dalla
speranza, ma, parimente, spesso travagliati dalla paura e dall'angoscia, è
senza alcun dubbio un servizio reso non solo alla comunità cristiana, ma anche
a tutta l'umanità. Di qui il dovere di confermare i fratelli, che Noi abbiamo
ricevuto dal Signore con l'ufficio di Successore di Pietro [1],
e che è per Noi un «assillo quotidiano» [2],
un programma di vita e d'azione, e un impegno fondamentale del Nostro
Pontificato; questo dovere Ci sembra ancora più nobile e necessario allorché si
tratta di incoraggiare i nostri fratelli nella missione di evangelizzatori,
affinché, in questi tempi d'incertezza e di disordine, essi la compiano con
amore, zelo e gioia sempre maggiori.
IN OCCASIONE DI TRE AVVENIMENTI
2. È
proprio ciò che Noi vogliamo fare qui, al termine di questo Anno Santo, nel
corso del quale la Chiesa, «protesa con ogni sforzo verso la predicazione del
Vangelo a tutti gli uomini» [3],
non ha voluto fare altro che compiere il proprio ufficio di messaggera della
Buona Novella di Gesù Cristo, proclamata in virtù di due consegne fondamentali:
«Rivestitevi dell'uomo nuovo» [4],
e «Lasciatevi riconciliare con Dio» [5].
Vogliamo
farlo in questo decimo anniversario della chiusura del Concilio Vaticano II, i cui obiettivi si riassumono, in
definitiva, in uno solo: rendere la Chiesa del XX secolo sempre più idonea ad
annunziare il Vangelo all'umanità del XX secolo.
Vogliamo
farlo ad un anno dalla terza Assemblea Generale del Sinodo dei Vescovi -
dedicata, come è noto, all'evangelizzazione - tanto più che questo Ci è stato
richiesto dagli stessi Padri Sinodali. Infatti, alla fine di quella memorabile
Assemblea, essi hanno deciso di rimettere al Pastore della Chiesa universale,
con grande fiducia e semplicità, il frutto del loro lavoro, dichiarando che si
aspettavano dal Papa uno slancio nuovo capace di creare, in una Chiesa ancor
più radicata nella forza e nella potenza perenni della Pentecoste, nuovi tempi
d'evangelizzazione [6].
TEMA SPESSO SOTTOLINEATO DURANTE IL NOSTRO PONTIFICATO
3. Di
questo tema dell'evangelizzazione, Noi abbiamo sottolineato, a più riprese,
l'importanza molto prima della celebrazione del Sinodo. «Le condizioni della
società - dicevamo al Sacro Collegio dei Cardinali, il 22 giugno 1973 - ci obbligano tutti a rivedere i
metodi, a cercare con ogni mezzo di studiare come portare all'uomo moderno il
messaggio cristiano, nel quale, soltanto, egli può trovare la risposta ai suoi
interrogativi e la forza per il suo impegno di solidarietà umana» [7].
E Noi aggiungiamo che per dare una risposta valida alle esigenze del Concilio,
le quali ci interpellano, è assolutamente necessario metterci di fronte ad un
patrimonio di fede che la Chiesa ha il dovere di preservare nella sua purezza
intangibile, ma anche di presentare agli uomini del nostro tempo, per quanto
possibile, in modo comprensibile e persuasivo.
NELLA LINEA DEL SINODO DEL 1974
4.
Questa fedeltà a un messaggio, del quale noi siamo i servitori, e alle persone
a cui noi dobbiamo trasmetterlo intatto e vivo, è l'asse centrale
dell'evangelizzazione. Essa pone tre brucianti domande, che il Sinodo del 1974
ha avuto costantemente davanti agli occhi:
- Che ne è oggi di questa energia nascosta della Buona Novella, capace di
colpire profondamente la coscienza dell'uomo?
- Fino a quale punto e come questa forza evangelica è in grado di trasformare
veramente l'uomo di questo secolo?
- Quali metodi bisogna seguire nel proclamare il Vangelo affinché la sua
potenza possa raggiungere i suoi effetti?
Questi interrogativi esplicitano, in realtà, la domanda fondamentale che la
Chiesa si pone oggi e che si potrebbe tradurre così: dopo il Concilio e grazie
al Concilio, che è stato per essa un'ora di Dio in questo scorcio della storia,
la Chiesa si sente o no più adatta ad annunziare il Vangelo e ad inserirlo nel
cuore dell'uomo con convinzione, libertà di spirito ed efficacia?
INVITO ALLA RIFLESSIONE
5. Noi
tutti vediamo l'urgenza di dare a questa domanda una risposta leale, umile,
coraggiosa, e di agire di conseguenza. Nella nostra «sollecitudine per tutte le
Chiese» [8].
Noi
vorremmo aiutare i nostri Fratelli e Figli a rispondere a questi interrogativi.
Possano le nostre parole, che vorrebbero essere, partendo dalle ricchezze del
Sinodo, una riflessione sulla evangelizzazione, invitare alla medesima
riflessione tutto il Popolo di Dio adunato nella Chiesa e dare nuovo slancio a
tutti, specialmente a «quelli che si affaticano nella parola e
nell'Insegnamento» [9],
affinché ciascuno di essi sia «un fedele dispensatore della parola della
verità» [10] e faccia opera di predicatore del
Vangelo, assolvendo alla perfezione il proprio ministero. Una tale Esortazione
Ci è parsa di capitale importanza, perché la presentazione del messaggio
evangelico non è per la Chiesa un contributo facoltativo: è il dovere che le
incombe per mandato del Signore Gesù, affinché gli uomini possano credere ed
essere salvati. Sì, questo messaggio è necessario. È unico. È insostituibile.
Non sopporta né indifferenza, né sincretismi, né accomodamenti. È in causa la
salvezza degli uomini. Esso rappresenta la bellezza della rivelazione. Comporta
una saggezza che non è di questo mondo. È capace di suscitare, per se stesso,
la fede, una fede che poggia sulla potenza di Dio [11].
Esso è la Verità. Merita che l'Apostolo vi consacri tutto il suo tempo, tutte
le sue energie, e vi sacrifichi, se necessario, la propria vita.
I. Dal Cristo
evangelizzatore alla Chiesa evangelizzatrice
TESTIMONIANZA E MISSIONE DI GESÙ
6. La
testimonianza che il Signore dà di se stesso e che San Luca ha raccolto nel suo
Vangelo - «Devo annunziare la Buona Novella del Regno di Dio» [12] - ha senza dubbio una grande portata,
perché definisce con una parola la missione di Gesù: «Per questo sono stato
mandato» [13].
Queste parole acquistano tutta la loro significazione, se si accostano ai
versetti precedenti, dove il Cristo aveva applicato a se stesso l'espressione
del profeta Isaia: «Lo Spirito del Signore è sopra di me, per questo mi ha
consacrato con l'unzione, e mi ha mandato per annunziare ai poveri un lieto
annuncio» [14].
Proclamare
di città in città, soprattutto ai più poveri, spesso più disposti, il gioioso
annuncio del compimento delle promesse e dell'Alleanza proposta da Dio: tale è
la missione per la quale Gesù si dichiara inviato dal Padre. E tutti gli
aspetti del suo Ministero - la stessa Incarnazione, i miracoli, l'insegnamento,
la chiamata dei discepoli, l'invio dei Dodici, la Croce e la risurrezione, la
permanenza della sua presenza in mezzo ai suoi - sono componenti della sua
attività evangelizzatrice.
GESÙ PRIMO EVANGELIZZATORE
7.
Molto spesso nel corso del Sinodo, i Vescovi hanno ricordato questa verità:
Gesù medesimo, Vangelo di Dio [15],
è stato assolutamente il primo e il più grande evangelizzatore. Lo è stato fino alla
fine: fino alla perfezione e fino al sacrificio della sua vita terrena.
Evangelizzare: quale significato ha
avuto questo imperativo per Cristo? Non è
certo facile esprimere, in una sintesi completa, il senso, il contenuto, i modi
dell'evangelizzazione, quale il Cristo la concepiva e l'ha realizzata. D'altra
parte questa sintesi non potrà mai essere terminata. Ci basti ricordare alcuni
aspetti essenziali.
L'ANNUNCIO DEL REGNO DI DIO
8.
Evangelizzatore, il Cristo annunzia prima di tutto un Regno, il Regno di Dio,
il quale è tanto importante, rispetto a lui, che tutto diventa «il resto», che
è «dato in aggiunta» [16].
Solo il Regno è dunque assoluto e rende relativa ogni altra cosa. Il Signore si
compiace di descrivere, sotto innumerevoli forme diverse, la felicità di
appartenere a questo Regno, felicità paradossale fatta di cose che il mondo
rifiuta [17];
le esigenze del Regno e la sua Magna
Charta [18],
gli araldi del Regno [19],
i suoi misteri [20];
i suoi piccoli [21],
la vigilanza e la fedeltà richieste a chiunque attende il suo avvento
definitivo [22].
L'ANNUNCIO DELLA SALVEZZA LIBERATRICE
9.
Come nucleo e centro della Buona Novella, il Cristo annunzia la salvezza, dono
grande di Dio, che non solo è liberazione da tutto ciò che opprime l'uomo, ma è
soprattutto liberazione dal peccato e dal Maligno, nella gioia di conoscere Dio
e di essere conosciuti da lui, di vederlo, di abbandonarsi a lui. Tutto ciò
comincia durante la vita del Cristo, è definitivamente acquisito mediante la
sua morte e la sua risurrezione, ma deve essere pazientemente condotto nel
corso della storia, per essere pienamente realizzato nel giorno della venuta
definitiva del Cristo, che nessuno sa quanto avrà luogo, eccetto il Padre [23].
A PREZZO DI UNO SFORZO CROCIFIGGENTE
10.
Questo Regno e questa salvezza, parole-chiave dell'evangelizzazione di Gesù
Cristo, ogni uomo può riceverli come grazia e misericordia, e nondimeno
ciascuno deve, al tempo stesso, conquistarli con la forza - appartengono ai
violenti, dice il Signore [24] - con la fatica e la sofferenza, con
una vita secondo il Vangelo, con la rinunzia e la croce, con lo spirito delle
beatitudini. Ma, prima di tutto, ciascuno li conquista mediante un totale
capovolgimento interiore che il Vangelo designa col nome di «metánoia», una
conversione radicale, un cambiamento profondo della mente e del cuore [25].
PREDICAZIONE INSTANCABILE
11.
Questa proclamazione del Regno di Dio, il Cristo la compie mediante la
predicazione instancabile di una parola, di cui non si trova l'eguale in
nessuna altra parte: «Ecco una dottrina nuova insegnata con autorità!» [26];
«Tutti gli rendevano testimonianza ed erano meravigliati delle parole di grazia
che uscivano dalla sua bocca» [27];
«Mai un uomo ha parlato come parla quest'uomo!»[28].
Le sue parole svelano il segreto di Dio, il suo disegno e Ia sua promessa, e
cambiano perciò il cuore dell'uomo e il suo destino.
CON SEGNI EVANGELICI
12. Ma
egli attua parimente questa proclamazione attraverso innumerevoli segni, che
formano Io stupore delle folle e, nel contempo, le trascinano verso di lui per
vederlo, ascoltarlo e lasciarsi trasformare da lai: malati guariti, acqua
cambiata in vino, pane moltiplicato, morti che ritornano alla vita. E tra
tutti, il segno al quale egli dà una grande importanza: i piccoli, i poveri
sono evangelizzati, diventano suoi discepoli, si riuniscono «nel suo nome»
nella grande comunità di quelli che credono in lui. Perché il Gesù che
dichiarava: «Devo annunziare la buona novella del Regno di Dio» [29],
è lo stesso Gesù di cui Giovanni Evangelista diceva che era venuto e doveva
morire «per riunire insieme i figli di Dio dispersi» [30].
Così egli compie la rivelazione, completandola e confermandola con ogni
manifestazione che fa di se medesimo, mediante le parole e le opere, i segni e
i miracoli, e più particolarmente mediante Ia sua morte, la sua risurrezione e
l'invio dello Spirito di Verità [31].
PER UNA COMUNITÀ
EVANGELIZZATA ED EVANGELIZZATRICE
13. Coloro che accolgono con
sincerità la Buona Novella, proprio in virtù di questo accoglimento e della
fede partecipata, si riuniscono nel nome di Gesù per cercare insieme il Regno,
costruirlo, viverlo. L'ordine dato agli
Apostoli - «Andate, proclamate la Buona Novella» - vale anche, sebbene in modo
differente, per tutti i cristiani. È proprio per ciò che Pietro chiama questi
ultimi «Popolo che Dio si è acquistato perché proclami le sue opere meravigliose [32],
quelle medesime meraviglie che ciascuno ha potuto ascoltare nella propria
lingua [33].
Del resto, la Buona Novella del Regno, che viene e che è iniziato, è per tutti
gli uomini di tutti i tempi. Quelli che l'hanno ricevuta e quelli che essa
raccoglie nella comunità della salvezza, possono e devono comunicarla e
diffonderla.
EVANGELIZZAZIONE, VOCAZIONE PROPRIA DELLA CHIESA
14. La
Chiesa lo sa. Essa ha una viva consapevolezza che la parola del Salvatore - «Devo
annunziare la buona novella del Regno di Dio» [34] - si applica in tutta verità a lei
stessa. E volentieri aggiunge con S. Paolo: «Per me evangelizzare non è un
titolo di gloria, ma un dovere. Guai a me se non predicassi il Vangelo!» [35].
È con gioia e conforto che Noi abbiamo inteso, al termine della grande
Assemblea dell'ottobre 1974, queste parole luminose: «Vogliamo nuovamente
confermare che il mandato d'evangelizzare tutti gli uomini costituisce la
missione essenziale della Chiesa» [36],
compito e missione che i vasti e profondi mutamenti della società attuale non
rendono meno urgenti. Evangelizzare, infatti, è la grazia e la vocazione
propria della Chiesa, la sua identità più profonda. Essa esiste per
evangelizzare, vale a dire per predicare ed insegnare, essere il canale del
dono della grazia, riconciliare i peccatori con Dio, perpetuare il sacrificio
del Cristo nella S. Messa che è il memoriale della sua morte e della sua
gloriosa risurrezione.
LEGAMI RECIPROCI TRA LA CHIESA E L'EVANGELIZZAZIONE
15.
Chiunque rilegge, nel Nuovo Testamento, le origini della Chiesa, seguendo passo
passo la sua storia e considerandola nel suo vivere e agire, scorge che è
legata all'evangelizzazione da ciò che essa ha di più intimo: - La Chiesa nasce
dall'azione evangelizzatrice di Gesù e dei Dodici. Ne è il frutto normale,
voluto, più immediato e più visibile: «Andate dunque, fate dei discepoli in
tutte le nazioni» [37].
Ora, «coloro che accolsero la sua parola furono battezzati e circa tremila si
unirono ad essi . . . E il Signore ogni giorno aggiungeva alla comunità quelli
che erano salvati» [38].
-
Nata, di conseguenza, della missione, la Chiesa è, a sua volta, inviata da
Gesù. La Chiesa resta nel mondo, mentre il Signore della gloria ritorna al
Padre. Essa resta come un segno insieme opaco e luminoso di una nuova presenza
di Gesù, della sua dipartita e della sua permanenza. Essa la prolunga e lo
continua. Ed è appunto la sua missione e la sua condizione di evangelizzatore
che, anzitutto, è chiamata a continuare [39].
Infatti la comunità dei cristiani non è mai chiusa in se stessa. In essa la
vita intima - la vita di preghiera, l'ascolto della Parola e dell'insegnamento
degli Apostoli, la carità fraterna vissuta, il pane spezzato [40] - non acquista tutto il suo
significato se non quando essa diventa testimonianza, provoca l'ammirazione e
la conversione, si fa predicazione e annuncio della Buona Novella. Così tutta
la Chiesa riceve la missione di evangelizzare, e l'opera di ciascuno è
importante per il tutto.
-
Evangelizzatrice, la Chiesa comincia con l'evangelizzare se stessa. Comunità di
credenti, comunità di speranza vissuta e partecipata, comunità d'amore
fraterno, essa ha bisogno di ascoltare di continuo ciò che deve credere, le
ragioni della sua speranza, il comandamento nuovo dell'amore. Popolo di Dio
immerso nel mondo, e spesso tentato dagli idoli, essa ha sempre bisogno di
sentir proclamare «le grandi opere di Dio» [41],
che l'hanno convertita al Signore, e d'essere nuovamente convocata e riunita da
lui. Ciò vuol dire, in una parola, che essa ha sempre bisogno d'essere
evangelizzata, se vuol conservare freschezza, slancio e forza per annunziare il
Vangelo. Il Concilio Vaticano II ha
ricordato [42] e il Sinodo del 1974 ha fortemente
ripreso questo tema della Chiesa che si evangelizza mediante una conversione e
un rinnovamento costanti, per evangelizzare il mondo con credibilità.
- La
Chiesa è depositaria della Buona Novella che si deve annunziare. Le promesse
della Nuova Alleanza in Gesù Cristo, l'insegnamento del Signore e degli
Apostoli, la Parola di vita, le fonti della grazia e della benignità di Dio, il
cammino della salvezza: tutto ciò le è stato affidato. Il contenuto del
Vangelo, e quindi dell'evangelizzazione, essa lo conserva come un deposito
vivente e prezioso, non per tenerlo nascosto, ma per comunicarlo.
-
Inviata ed evangelizzata, la Chiesa, a sua volta, invia gli evangelizzatori.
Mette nella loro bocca la Parola che salva, spiega loro il messaggio di cui
essa stessa è depositaria, dà loro il mandato che essa stessa ha ricevuto e li
manda a predicare: ma non a predicare le proprie persone o le loro idee personali [43],
bensì un Vangelo di cui né essi, né essa sono padroni e proprietari assoluti
per disporne a loro arbitrio, ma ministri per trasmetterlo con estrema fedeltà.
LA CHIESA, INSEPARABILE DAL CRISTO
16.
C'è dunque un legame profondo tra il Cristo, la Chiesa e l'evangelizzazione.
Durante questo tempo della Chiesa è lei che ha il mandato di evangelizzare.
Questo mandato non si adempie senza di essa, né, e ancor meno, contro di essa.
È bene
accennare a un momento come questo, quando avviene di sentire, non senza
dolore, persone, che vogliamo credere ben intenzionate, ma certamente
disorientate nel loro spirito, ripetere che esse desiderano amare il Cristo, ma
non la Chiesa, ascoltare il Cristo, ma non la Chiesa, appartenere al Cristo, ma
al di fuori della Chiesa. L'assurdo di questa dicotomia appare nettamente in
queste parole del Vangelo: «Chi respinge voi, respinge me» [44].
E come si può voler amare il Cristo senza amare la Chiesa, se la più bella
testimonianza resa a Cristo è quella di S. Paolo: «Egli ha amato la Chiesa e ha
dato se stesso per lei»? [45]
II. Che cosa significa evangelizzare
COMPLESSITÀ DELL'AZIONE EVANGELIZZATRICE
17.
Nell'azione evangelizzatrice della Chiesa, ci sono certamente degli elementi e
degli aspetti da ritenere. Alcuni sono talmente importanti che si tende ad
identificarli semplicemente con l'evangelizzazione. Si è potuto così definire
l'evangelizzazione in termini di annuncio del Cristo a coloro che lo ignorano,
di predicazione, di catechesi, di Battesimo e di altri Sacramenti da conferire.
Nessuna definizione parziale e frammentaria può dare ragione della realtà
ricca, complessa e dinamica, quale è quella dell'evangelizzazione, senza
correre il rischio di impoverirla e perfino di mutilarla. È impossibile
capirla, se non si cerca di abbracciare con lo sguardo tutti gli elementi
essenziali.
Questi
elementi chiaramente sottolineati durante il menzionato Sinodo, vengono ancora
approfonditi, di questi tempi, sotto l'influsso dei lavori sinodali, Siamo
lieti che essi si collochino, in fondo, nella linea di quelli a noi trasmessi
dal Concilio Vaticano II, soprattutto nelle Costituzioni «Lumen Gentium», «Gaudium et Spes», e nel Decreto «Ad Gentes».
RINNOVAMENTO DELL'UMANITÀ . . .
18.
Evangelizzare, per la Chiesa, è portare la Buona Novella in tutti gli strati
dell'umanità, è, col suo influsso, trasformare dal di dentro, rendere nuova
l'umanità stessa: «Ecco io faccio nuove tutte le cose» [46].
Ma non c'è nuova umanità, se prima non ci sono uomini nuovi, della novità del
battesimo [47] e della vita secondo il Vangelo [48].
Lo scopo dell'evangelizzazione è appunto questo cambiamento interiore e, se
occorre tradurlo in una parola, più giusto sarebbe dire che la Chiesa
evangelizza allorquando, in virtù della sola potenza divina del Messaggio che
essa proclama [49],
cerca di convertire la coscienza personale e insieme collettiva degli uomini,
l'attività nella quale essi sono impegnati, la vita e l'ambiente concreto loro
propri.
. . . E DEGLI STRATI DELL'UMANITÀ
19.
Strati dell'umanità che si trasformano: per la Chiesa non si tratta soltanto di
predicare il Vangelo in fasce geografiche sempre più vaste o a popolazioni
sempre più estese, ma anche di raggiungere e quasi sconvolgere mediante la
forza del Vangelo i criteri di giudizio, i valori determinanti, i punti di
interesse, le linee di pensiero, le fonti ispiratrici e i modelli di vita
dell'umanità, che sono in contrasto con la Parola di Dio e col disegno della
salvezza.
EVANGELIZZAZIONE DELLE CULTURE
20. Si
potrebbe esprimere tutto ciò dicendo così: occorre evangelizzare - non in
maniera decorativa, a somiglianza di vernice superficiale, ma in modo vitale,
in profondità e fino alle radici - la cultura e le culture dell'uomo, nel senso
ricco ed esteso che questi termini hanno nella Costituzione «Gaudium et Spes» [50],
partendo sempre dalla persona e tornando sempre ai rapporti delle persone tra
loro e con Dio.
Il
Vangelo, e quindi l'evangelizzazione, non si identificano certo con la cultura,
e sono indipendenti rispetto a tutte le culture, Tuttavia il Regno, che il
Vangelo annunzia, è vissuto da uomini profondamente legati a una cultura, e la
costruzione del Regno non può non avvalersi degli elementi della cultura e
delle culture umane. Indipendenti di fronte alle culture, il Vangelo e
l'evangelizzazione non sono necessariamente incompatibili con esse, ma capaci
di impregnarle tutte, senza asservirsi ad alcuna.
La
rottura tra Vangelo e cultura è senza dubbio il dramma della nostra epoca, come
lo fu anche di altre. Occorre quindi fare tutti gli sforzi in vista di una
generosa evangelizzazione della cultura, più esattamente delle culture. Esse
devono essere rigenerate mediante l'incontro con la Buona Novella. Ma questo
incontro non si produrrà, se la Buona Novella non è proclamata.
IMPORTANZA PRIMORDIALE DELLA TESTIMONIANZA DI VITA
21. Ed
essa deve essere anzitutto proclamata mediante la testimonianza. Ecco: un
cristiano o un gruppo di cristiani, in seno alla comunità d'uomini nella quale
vivono, manifestano capacità di comprensione e di accoglimento, comunione di
vita e di destino con gli altri, solidarietà negli sforzi di tutti per tutto
ciò che è nobile e buono. Ecco: essi irradiano, inoltre, in maniera molto
semplice e spontanea, la fede in alcuni valori che sono al di là dei valori
correnti, e la speranza in qualche cosa che non si vede, e che non si oserebbe
immaginare. Allora con tale testimonianza senza parole, questi cristiani fanno
salire nel cuore di coloro che li vedono vivere, domande irresistibili: perché
sono così? Perché vivono in tal modo? Che cosa o chi li ispira? Perché sono in
mezzo a noi? Ebbene, una tale testimonianza è già una proclamazione silenziosa,
ma molto forte ed efficace della Buona Novella. Vi è qui un gesto iniziale di
evangelizzazione. Forse tali domande saranno le prime che si porranno molti non
cristiani, siano essi persone a cui il Cristo non era mai stato annunziato,
battezzati non praticanti, individui che vivono nella cristianità ma secondo
principii per nulla cristiani, oppure persone che cercano, non senza
sofferenza, qualche cosa o Qualcuno che essi presagiscono senza poterlo
nominare.
Altre
domande sorgeranno, più profonde e più impegnative; provocate da questa
testimonianza che comporta presenza, partecipazione, solidarietà, e che è un elemento
essenziale, generalmente il primo, nella evangelizzazione [51].
A questa testimonianza tutti i cristiani sono chiamati e possono essere, sotto
questo aspetto, dei veri evangelizzatori. Pensiamo soprattutto alla
responsabilità che spetta agli emigranti nei Paesi che li ricevono.
NECESSITÀ DI UN ANNUNCIO ESPLICITO
22.
Tuttavia ciò resta sempre insufficiente, perché anche la più bella
testimonianza si rivelerà a lungo impotente, se non è illuminata, giustificata
- ciò che Pietro chiamava «dare le ragioni della propria speranza» [52],
- esplicitata da un annuncio chiaro e inequivocabile del Signore Gesù. La Buona
Novella, proclamata dalla testimonianza di vita, dovrà dunque essere presto o
tardi annunziata dalla parola di vita. Non c'è vera evangelizzazione se il
nome, l'insegnamento, la vita, le promesse, il Regno, il mistero di Gesù di
Nazareth, Figlio di Dio, non siano proclamati.
La
storia della Chiesa, a partire dal discorso di Pietro la mattina di Pentecoste,
si mescola e si confonde con la storia di questo annuncio. Ad ogni nuova tappa
della storia umana, la Chiesa, continuamente travagliata dal desiderio di
evangelizzare, non ha che un assillo: chi inviare ad annunziare il mistero di
Gesù? In quale linguaggio annunziare questo mistero? Come fare affinché esso si
faccia sentire e arrivi a tutti quelli che devono ascoltarlo? Questo annuncio -
kerigma, predicazione o catechesi - occupa un tale posto nell'evangelizzazione
che ne è divenuto spesso sinonimo. Esso tuttavia non ne è che un aspetto.
PER UN'ADESIONE VITALE E COMUNITARIA
23.
L'annuncio, in effetti, non acquista tutta la sua dimensione, se non quando è
inteso, accolto, assimilato e allorché fa sorgere in colui che l'ha ricevuto
un'adesione del cuore. Adesione alle verità che, per misericordia, il Signore ha rivelate. Ma più ancora, adesione al programma di vita - vita ormai
trasformata - che esso propone. Adesione, in una parola, al Regno, cioè al
«mondo nuovo», al nuovo stato di cose, alla nuova maniera di essere, di vivere,
di vivere insieme, che il Vangelo inaugura. Una tale adesione, che non può
restare astratta e disincarnata, si rivela concretamente mediante un ingresso
visibile nella comunità dei fedeli. Così dunque, quelli, la cui vita si è trasformata,
penetrano in una comunità che è di per sé segno di trasformazione e di novità
di vita: è la Chiesa, sacramento visibile della salvezza [53].
Ma, a sua volta, l'ingresso nella comunità ecclesiale si esprimerà attraverso
molti altri segni che prolungano e dispiegano il segno della Chiesa. Nel
dinamismo dell'evangelizzazione, colui che accoglie il Vangelo come Parola che
salva [54],
lo traduce normalmente in questi gesti sacramentali: adesione alla Chiesa,
accoglimento dei Sacramenti, che manifestano e sostengono questa adesione
mediante la grazia, che conferiscono.
FA SORGERE UN NUOVO
APOSTOLATO
24. Finalmente, chi è stato
evangelizzato a sua volta evangelizza. Qui è
la prova della verità, la pietra di paragone dell'evangelizzazione: è
impensabile che un uomo abbia accolto la Parola e si sia dato al Regno, senza
diventare uno che a sua volta testimonia e annunzia. Al termine di queste
considerazioni sul senso dell'evangelizzazione, occorre presentare un'ultima osservazione,
che Noi stimiamo illuminante per le riflessioni che seguono.
L'Evangelizzazione,
abbiamo detto, è un processo complesso e dagli elementi vari: rinnovamento
dell'umanità, testimonianza, annuncio esplicito, adesione del cuore, ingresso
nella comunità, accoglimento dei segni, iniziative di apostolato.
Questi
elementi possono apparire contrastanti e persino esclusivi. Ma in realtà sono
complementari e si arricchiscono vicendevolmente. Bisogna sempre guardare
ciascuno di essi integrandolo con gli altri. Il merito del recente Sinodo sta
nell'averci costantemente invitati a comporre questi elementi, più che ad
opporli tra di loro, al fine di avere la piena comprensione dell'attività
evangelizzatrice della Chiesa.
È
questa visione globale, che ora vogliamo esporre nell'esaminare il contenuto
dell'evangelizzazione, i mezzi per evangelizzare, e nel precisare a chi si
indirizza l'annuncio evangelico e chi ne ha oggi l'incarico.
III. Il contenuto dell'evangelizzazione
CONTENUTO ESSENZIALE ED ELEMENTI SECONDARI
25.
Nel messaggio che la Chiesa annunzia, ci sono certamente molti elementi
secondari. La loro presentazione dipende molto dalle circostanze mutevoli. Essi
pure cambiano. Ma c'è il contenuto essenziale, la sostanza viva, che non si può
modificare né passare sotto silenzio, senza snaturare gravemente la stessa
evangelizzazione.
TESTIMONIANZA RESA ALL'AMORE DEL PADRE
26.
Non è superfluo ricordarlo: evangelizzare è anzitutto testimoniare, in maniera
semplice e diretta, Dio rivelato da Gesù Cristo, nello Spirito Santo.
Testimoniare che nel suo Figlio ha amato il mondo; che nel suo Verbo incarnato
ha dato ad ogni cosa l'essere ed ha chiamato gli uomini alla vita eterna.
Questa attestazione di Dio farà raggiungere forse a molti il Dio ignoto [55],
che essi adorano senza dargli un nome, o che cercano per una ispirazione
segreta del cuore allorquando fanno l'esperienza della vacuità di tutti gli
idoli. Ma è pienamente evangelizzatrice quando manifesta che, per l'uomo, il
Creatore non è una potenza anonima e lontana: è il Padre. «Siamo chiamati figli
di Dio, e lo siamo realmente!» [56] e siamo dunque fratelli gli uni gli
altri in Dio.
AL CENTRO DEL MESSAGGIO: LA SALVEZZA IN GESÙ CRISTO
27. La
evangelizzazione conterrà sempre anche - come base, centro e insieme vertice
del suo dinamismo - una chiara proclamazione che, in Gesù Cristo, Figlio di Dio
fatto uomo, morto e risuscitato, la salvezza è offerta ad ogni uomo, come dono
di grazia e misericordia di Dio stesso [57].
E non già una salvezza immanente, a misura dei bisogni materiali o anche
spirituali che si esauriscono nel quadro dell'esistenza temporale e si
identificano totalmente con i desideri, le speranze, le occupazioni, le lotte
temporali, ma altresì una salvezza che oltrepassa tutti questi limiti per
attuarsi in una comunione con l'unico Assoluto, quello di Dio: salvezza trascendente,
escatologica, che ha certamente il suo inizio in questa vita, ma che si compie
nell'eternità.
SOTTO IL SEGNO DELLA SPERANZA
28. La
evangelizzazione, di conseguenza, non può non contenere l'annuncio profetico di
un al di là, vocazione profonda e definitiva dell'uomo, in continuità e insieme
in discontinuità con la situazione presente: al di là del tempo e della storia,
al di là della realtà di questo mondo la cui figura passa, e delle cose di
questo mondo, del quale un giorno si manifesterà una dimensione nascosta; al di
là dell'uomo stesso, il cui vero destino non si esaurisce nel suo aspetto
temporale, ma sarà rivelato nella vita futura [58].
L'evangelizzazione
contiene dunque anche la predicazione della speranza nelle promesse fatte da
Dio nella nuova Alleanza in Gesù Cristo; la predicazione dell'amore di Dio
verso di noi e del nostro amore verso Dio; la predicazione dell'amore fraterno
per tutti gli uomini - capacità di dono e di perdono, di abnegazione, di aiuto
ai fratelli - che, derivando dall'amore di Dio, è il nucleo del Vangelo; la
predicazione del mistero del male e della ricerca attiva del bene.
Predicazione, ugualmente - e questa è sempre urgente - della ricerca di Dio
stesso attraverso a preghiera principalmente adorante e riconoscente, ma anche
attraverso la comunione con quel segno visibile dell'incontro con Dio che è la
Chiesa di Gesù Cristo, e questa comunione si esprime a sua volta mediante la
realizzazione di quegli altri segni del Cristo, vivente ed operante nella
Chiesa, quali sono i Sacramenti. Vivere in tal modo i Sacramenti, sì da portare
la loro celebrazione ad una vera pienezza, non significa, come taluno
pretenderebbe, mettere un ostacolo o accettare una deviazione
dell'evangelizzazione, ma darle invece la sua completezza. Perché
l'evangelizzazione nella sua totalità, oltre che nella predicazione di un
messaggio, consiste nell'impiantare la Chiesa, la quale non esiste senza questo
respiro, che è la vita sacramentale culminante nell'Eucaristia [59].
MESSAGGIO CHE COINVOLGE TUTTA LA VITA
29. Ma
l'evangelizzazione non sarebbe completa se non tenesse conto del reciproco
appello, che si fanno continuamente il Vangelo e la vita concreta, personale e
sociale, dell'uomo. Per questo l'evangelizzazione comporta un messaggio
esplicito, adattato alle diverse situazioni, costantemente attualizzato, sui
diritti e sui doveri di ogni persona umana, sulla vita familiare senza la quale
la crescita personale difficilmente è possibile [60],
sulla vita in comune nella società, sulla vita internazionale, la pace, la
giustizia, lo sviluppo; un messaggio, particolarmente vigoroso nei nostri
giorni, sulla liberazione.
UN MESSAGGIO DI LIBERAZIONE
30. È
noto in quali termini ne abbiano parlato, al recente Sinodo, numerosi Vescovi
di tutti i Continenti, soprattutto i Vescovi del Terzo Mondo, con un accento
pastorale in cui vibrava la voce di milioni di figli della Chiesa che formano
quei popoli. Popoli impegnati, Noi lo sappiamo, con tutta la loro energia,
nello sforzo e nella lotta di superare tutto ciò che li condanna a restare ai
margini della vita: carestie, malattie croniche, analfabetismo, pauperismo,
ingiustizia nei rapporti internazionali e specialmente negli scambi
commerciali, situazioni di neo-colonialismo economico e culturale talvolta
altrettanto crudele quanto l'antico colonialismo politico. La Chiesa, hanno
ripetuto i Vescovi, ha il dovere di annunziare la liberazione di milioni di
esseri umani, essendo molti di essi figli suoi; il dovere di aiutare questa
liberazione a nascere, di testimoniare per essa, di fare sì che sia totale. Tutto ciò non è estraneo
all'evangelizzazione.
IN LEGAME NECESSARIO CON
LA PROMOZIONE UMANA
31. Tra evangelizzazione e
promozione umana - sviluppo, liberazione - ci sono infatti dei legami profondi.
Legami di ordine antropologico, perché l'uomo da evangelizzare non è un essere
astratto, ma è condizionato dalle questioni sociali ed economiche. Legami di
ordine teologico, poiché non si può dissociare il piano della creazione da
quello della Redenzione che arriva fino alle situazioni molto concrete
dell'ingiustizia da combattere e della giustizia da restaurare. Legami dell'ordine eminentemente evangelico, quale è quello
della carità: come infatti proclamare il comandamento nuovo senza promuovere
nella giustizia e nella pace la vera, l'autentica crescita dell'uomo? Noi
abbiamo voluto sottolineare questo ricordando che è impossibile accettare che
«nell'evangelizzazione si possa o si debba trascurare l'importanza dei
problemi, oggi così dibattuti, che riguardano la giustizia, la liberazione, lo
sviluppo e la pace nel mondo. Sarebbe dimenticare la lezione che ci viene dal
Vangelo sull'amore del prossimo sofferente e bisognoso»[61].
Ebbene,
le medesime voci che con zelo, intelligenza e coraggio hanno affrontato nel
corso del citato Sinodo questo tema cruciale, hanno offerto, con nostra grande
gioia, i principii illuminanti per cogliere la portata e il senso profondo
della liberazione quale l'ha annunziata e realizzata Gesù di Nazareth, e quale
la predica la Chiesa.
SENZA RIDUZIONE NÉ AMBIGUITÀ
32.
Non dobbiamo nasconderci, infatti, che molti cristiani, anche generosi e
sensibili alle questioni drammatiche che racchiude il problema della
liberazione, volendo impegnare la Chiesa nello sforzo di liberazione, hanno
spesso la tentazione di ridurre la sua missione alle dimensioni di un progetto
semplicemente temporale; i suoi compiti a un disegno antropologico; la
salvezza, di cui essa è messaggera e sacramento, a un benessere materiale; la
sua attività, trascurando ogni preoccupazione spirituale e religiosa, a
iniziative di ordine politico o sociale. Ma se così fosse, la Chiesa perderebbe
la sua significazione fondamentale. Il suo messaggio di liberazione non avrebbe
più alcuna originalità e finirebbe facilmente per essere accaparrato e
manipolato da sistemi ideologici e da partiti politici. Essa non avrebbe più
autorità per annunziare, come da parte di Dio, la liberazione. Per questo Noi
abbiamo voluto sottolineare nella medesima allocuzione all'inizio della terza
Assemblea Sinodale «la necessità di riaffermare chiaramente la finalità
specificamente religiosa dell'evangelizzazione. Questa perderebbe la sua ragion
d'essere se si scostasse dall'asse religioso che la governa: il Regno di Dio
prima di ogni altra cosa, nel suo senso pienamente teologico» [62].
LA LIBERAZIONE EVANGELICA
33.
Circa la liberazione, che l'evangelizzazione annunzia e si sforza di
realizzare, bisogna dire piuttosto:
- essa non può limitarsi alla semplice e ristretta dimensione economica,
politica, sociale o culturale, ma deve mirare all'uomo intero, in ogni sua
dimensione, compresa la sua apertura verso l'assoluto, anche l'Assoluto di Dio;
- è dunque radicata in una certa concezione dell'uomo, in una antropologia, che
non può mai sacrificare alle esigenze di una qualsivoglia strategia, di una
prassi o di una efficacia a breve scadenza.
FONDATA SUL REGNO DI DIO
34.
Per questo, col predicare la liberazione e con l'associarsi a coloro che
operano e soffrono per essa, la Chiesa - senza accettare di circoscrivere la
propria missione al solo campo religioso, disinteressandosi dei problemi
temporali dell'uomo - riafferma il primato della sua vocazione spirituale,
rifiuta di sostituire l'annuncio del Regno con la proclamazione delle
liberazioni umane, e sostiene che anche il suo contributo alla liberazione è
incompleto se trascura di annunziare la salvezza in Gesù Cristo.
SU UNA VISIONE EVANGELICA DELL'UOMO
35. La
Chiesa collega ma non identifica giammai liberazione umana e salvezza in Gesù
Cristo, perché sa per rivelazione, per esperienza storica e per riflessione di
fede, che non ogni nozione di liberazione è necessariamente coerente e
compatibile con una visione evangelica dell'uomo, delle cose e degli
avvenimenti; sa che non basta instaurare la liberazione, creare il benessere e
lo sviluppo, perché venga il Regno di Dio.
Ben
più, la Chiesa ha la ferma convinzione che ogni liberazione temporale, ogni
liberazione politica - anche se si sforza di trovare la propria giustificazione
in questa o in quella pagina dell'Antico o del Nuovo Testamento, anche se
rivendica per i suoi postulati ideologici e per le sue norme di azione
l'autorità dei dati e delle conclusioni teologiche, anche se pretende di essere
la teologia per i nostri giorni - porta in se stessa il germe della propria
negazione e decade dall'ideale che si propone sia perché i suoi motivi non sono
quelli della giustizia nella carità, sia perché lo slancio che la trascina non
ha una dimensione veramente spirituale e perché il suo scopo finale non è la
salvezza e la beatitudine in Dio.
ESIGE UNA NECESSARIA CONVERSIONE
36. La
Chiesa reputa certamente importante ed urgente edificare strutture più umane,
più giuste, più rispettose dei diritti della persona, meno oppressive e meno
coercitive, ma è cosciente che le migliori strutture, i sistemi meglio idealizzati
diventano presto inumani se le inclinazioni inumane del cuore dell'uomo non
sono risanate, se non c'è una conversione del cuore e della mente di coloro che
vivono in queste strutture o le dominano.
ESCLUDE LA VIOLENZA
37. La
Chiesa non può accettare la violenza, soprattutto la forza delle armi -
incontrollabile quando si 'scatena - né la morte di chicchessia, come cammino
di liberazione, perché sa che la violenza chiama sempre la violenza e genera
irresistibilmente nuove forme di oppressione e di schiavitù più pesanti di
quelle dalle quali essa pretendeva liberare. Lo dicemmo chiaramente nel nostro
viaggio in Colombia: «Vi esortiamo a non porre la vostra fiducia nella
violenza, né nella rivoluzione; tale atteggiamento è contrario allo spirito
cristiano e può anche ritardare, e non favorire, l'elevazione sociale alla
quale legittimamente aspirate» [63];
«dobbiamo dire e riaffermare che la violenza non è né cristiana né evangelica e
che i mutamenti bruschi o violenti delle strutture sarebbero fallaci,
inefficaci in se stessi e certamente non conformi alla dignità del popolo» [64].
CONTRIBUTO SPECIFICO DELLA CHIESA
38.
Detto questo, Noi siamo lieti che la Chiesa prenda coscienza sempre più viva
della maniera propria, fondamentalmente evangelica, che essa ha di collaborare
alla liberazione degli uomini. E che cosa fa? Cerca sempre più di suscitare
numerosi cristiani che si dedichino alla liberazione degli altri. Offre a
questi cristiani «liberatori» una ispirazione di fede, una motivazione di amore
fraterno, un insegnamento sociale al quale il vero cristiano non può non essere
attento, ma che deve porre alla base della sua sapienza, della sua esperienza
per tradurlo concretamente in categorie di azione, di partecipazione e di
impegno. Tutto questo, senza confondersi con atteggiamenti tattici né col
servizio di un sistema politico, deve caratterizzare lo slancio del cristiano
impegnato. La Chiesa si sforza di inserire sempre la lotta cristiana per la
liberazione nel disegno globale della salvezza che essa stessa annunzia.
Ciò
che Noi abbiamo qui ricordato emerge più di una volta dai dibattiti del Sinodo.
Noi abbiamo d'altronde voluto consacrare a questo tema alcune parole di
chiarificazione nel Discorso indirizzato ai Padri alla chiusura dell'Assemblea [65].
Tutte
queste considerazioni dovrebbero aiutare, bisogna sperarlo, ad evitare
l'ambiguità che riveste troppo spesso la parola «liberazione» nelle ideologie,
nei sistemi o nei gruppi politici. La liberazione che proclama e prepara
l'evangelizzazione è quella che il Cristo stesso ha annunziato e donato
all'uomo mediante il suo sacrificio.
LA LIBERTÀ RELIGIOSA
39. Da
questa giusta liberazione legata all'evangelizzazione, che mira ad ottenere
strutture salvaguardanti le libertà umane, non può essere separata
l'assicurazione di tutti i fondamentali diritti dell'uomo, fra i quali la
libertà religiosa occupa un posto di primaria importanza. Abbiamo recentemente
parlato dell'attualità di tale questione, mettendo in rilievo «quanti
cristiani, ancora oggi, perché cristiani, perché cattolici vivono soffocati da
una sistematica oppressione! Il dramma della fedeltà a Cristo, e della libertà
di religione, se pure mascherato da categoriche dichiarazioni in favore dei
diritti della persona e della socialità umana, continua!»[66].
IV. Le vie dell'evangelizzazione
ALLA RICERCA DEI MEZZI ADATTI
40.
L'importanza evidente del contenuto dell'evangelizzazione non deve nasconderne
l'importanza delle vie e dei mezzi.
Questo problema del «come evangelizzare» resta sempre attuale perché i modi
variano secondo le circostanze di tempo, di luogo, di cultura, e lanciano
pertanto una certa sfida alla nostra capacità di scoperta e di adattamento.
A noi
specialmente, Pastori nella Chiesa, incombe la cura di ricreare con audacia e
saggezza, in piena fedeltà al suo contenuto, i modi più adatti e più efficaci
per comunicare il messaggio evangelico agli uomini del nostro tempo. Ci basti,
in questa riflessione, ricordare alcune vie che, per una ragione o per l'altra,
hanno un'importanza fondamentale.
LA TESTIMONIANZA DELLA VITA
41. Ed
anzitutto, senza ripetere tutto quello che abbiamo già sopra ricordato, è bene
sottolineare questo: per la Chiesa, la testimonianza di una vita autenticamente
cristiana, abbandonata in Dio in una comunione che nulla deve interrompere, ma
ugualmente donata al prossimo con uno zelo senza limiti, è il primo mezzo di
evangelizzazione. «L'uomo contemporaneo ascolta più volentieri i testimoni che i
maestri, - dicevamo lo scorso anno a un gruppo di laici - o se ascolta i
maestri lo fa perché sono dei testimoni» [67].
S. Pietro esprimeva bene ciò quando descriveva lo spettacolo di una vita casta
e rispettosa che «conquista senza bisogno di parole quelli che si rifiutano di
credere alla Parola» [68].
È dunque mediante la sua condotta, mediante la sua vita, che la Chiesa
evangelizzerà innanzitutto il mondo, vale a dire mediante la sua testimonianza
vissuta di fedeltà al Signore Gesù, di povertà e di distacco, di libertà di
fronte ai poteri di questo mondo, in una parola, di santità.
UNA PREDICAZIONE VIVENTE
42.
Non è superfluo sottolineare, inoltre, l'importanza e la necessità della
predicazione. «Come potranno credere, senza averne sentito parlare? E come potranno
sentirne parlare senza uno che lo annunzi? . . . La fede dipende dunque dalla predicazione e la predicazione a sua volta
si attua per la parola di Cristo» [69].
Questa legge posta un giorno dall'Apostolo Paolo conserva ancor oggi tutta la
sua forza.
Sì, è
sempre indispensabile la predicazione, questa proclamazione verbale di un
messaggio. Sappiamo bene che l'uomo moderno sazio di discorsi si mostra spesso
stanco di ascoltare e, peggio ancora, immunizzato contro la parola. Conosciamo
anche le idee di numerosi psicologi e sociologi, i quali affermano che l'uomo
moderno ha superato la civiltà della parola, ormai inefficace ed inutile, e
vive oggi nella civiltà dell'immagine. Questi fatti dovrebbero spingerci,
certo, a mettere in opera nella trasmissione del messaggio evangelico i mezzi
moderni escogitati da tale civiltà. Tentativi molto validi, d'altronde, sono
stati già compiuti in tal senso. Noi non possiamo che lodarli ed incoraggiarli
perché si sviluppino ancora di più. La fatica che provocano al giorno d'oggi
tanti discorsi vuoti, e l'attualità di molte altre forme di comunicazione non
debbono tuttavia diminuire la forza permanente della parola, né far perdere
fiducia in essa. La parola resta sempre attuale, soprattutto quando è
portatrice della potenza di Dio [70] Per questo resta ancora attuale
l'assioma di S. Paolo: «La fede dipende dalla predicazione» [71]:
è appunto la Parola ascoltata che porta a credere.
LITURGIA DELLA PAROLA
43.
Questa predicazione evangelizzatrice assume parecchie forme, che lo zelo
ispirerà a ricreare quasi all'infinito. Sono effettivamente innumerevoli gli
avvenimenti della vita e le situazioni umane che offrono l'occasione di un
annuncio discreto, ma incisivo, di ciò che il Signore ha da dire in questa
circostanza. Basta una vera sensibilità spirituale per saper leggere negli
avvenimenti il messaggio di Dio. Ma, dal momento che la liturgia rinnovata dal
Concilio ha molto valorizzato la «Liturgia della Parola», sarebbe un errore non
vedere nell'omelia uno strumento valido ed adattissimo di evangelizzazione.
Bisogna certo conoscere e mettere a profitto le esigenze e le possibilità
dell'omelia perché essa acquisti tutta la sua efficacia pastorale. Bisogna,
però, soprattutto esserne convinti e dedicarvisi con amore. Questa predicazione
particolarmente inserita nella celebrazione eucaristica da cui riceve forza e
vigore particolari, ha certamente un ruolo speciale nell'evangelizzazione,
nella misura in cui esprime la fede profonda del ministro sacro che predica, ed
è impregnata di amore. I fedeli riuniti per formare una Chiesa pasquale, che
celebra la festa del Signore presente in mezzo ad essi, si attendono molto da
questa predicazione, e ne ricavano frutto purché essa sia semplice, chiara,
diretta, adatta, profondamente radicata nell'insegnamento evangelico e fedele
al Magistero della Chiesa, animata da un ardore apostolico equilibrato che le
viene dal suo proprio carattere, piena di speranza, nutriente per la fede,
generatrice di pace e di unità. Molte comunità parrocchiali o di altro tipo
vivono e si consolidano grazie alla omelia di ogni domenica, quando essa ha
tali qualità.
Aggiungiamo
che, grazie al medesimo rinnovamento liturgico, la celebrazione eucaristica non
è il solo momento appropriato per l'omelia. Questa trova il suo posto e non
deve essere trascurata nella celebrazione di tutti i Sacramenti, o ancora nel
corso di para-liturgie, nell'ambito di assemblee di fedeli. Sarà sempre
un'occasione privilegiata per comunicare la Parola del Signore.
LA CATECHESI
44.
Una via da non trascurare nella evangelizzazione è quella dell'insegnamento
catechetico. L'intelligenza, soprattutto quella dei fanciulli e degli
adolescenti, ha bisogno di apprendere, mediante un insegnamento religioso
sistematico, i dati fondamentali, il contenuto vivo della verità che Dio ha
voluto trasmetterci e che la Chiesa ha cercato di esprimere in maniera sempre
più ricca, nel corso della sua lunga storia. Che questo insegnamento debba
essere impartito per formare abitudini di vita cristiana e non per rimanere
solamente intellettuale, nessuno lo contesterà. Certamente, lo sforzo di
evangelizzazione trarrà un grande profitto, sul piano dell'insegnamento
catechetico dato in chiesa, nelle scuole, là dove è possibile, in ogni caso
nelle famiglie cristiane, se i catechisti dispongono di testi appropriati,
aggiornati con saggezza e competenza, sotto l'autorità dei Vescovi. 1 metodi
dovranno essere adattati all'età, alla cultura, alla capacità delle persone,
nella costante ricerca di fissare nella memoria, nella intelligenza e nel cuore
le verità essenziali che dovranno impregnare la vita intera. Bisogna
soprattutto preparare buoni catechisti - catechisti parrocchiali, istitutori,
genitori - preoccupati di perfezionarsi in questa arte superiore,
indispensabile ed esigente dell'insegnamento religioso. D'altronde, senza che
si rischi di trascurare in qualunque cosa la formazione dei fanciulli, si
osserva che le condizioni attuali rendono sempre più urgente l'insegnamento
catechistico sotto la forma di un catecumenato, per numerosi giovani e adulti,
che, toccati dalla grazia, scoprono a poco a poco il volto di Cristo e provano
il bisogno di donarsi a lui.
UTILIZZAZIONE DEI «MASS MEDIA»
45.
Nel nostro secolo, contrassegnato dai mass media o strumenti di comunicazione
sociale, il primo annuncio, la catechesi o l'approfondimento ulteriore della
fede, non possono fare a meno di questi mezzi come abbiamo già sottolineato.
Posti
al servizio del Vangelo, essi sono capaci di estendere quasi all'infinito il
campo di ascolto della Parola di Dio, e fanno giungere la Buona Novella a
milioni di persone. La Chiesa si sentirebbe colpevole di fronte al suo Signore
se non adoperasse questi potenti mezzi, che l'intelligenza umana rende ogni
giorno più perfezionati; servendosi di essi la Chiesa «predica sui tetti» [72] il messaggio di cui è depositaria; in
loro essa trova una versione moderna ed efficace del pulpito. Grazie ad essi
riesce a parlare alle moltitudini.
Tuttavia
l'uso degli strumenti di comunicazione sociale per l'evangelizzazione presenta
una sfida: il messaggio evangelico dovrebbe, per il loro tramite, giungere a
folle di uomini, ma con la capacità di penetrare nella coscienza di ciascuno,
di depositarsi nel cuore di ciascuno come se questi fosse l'unico, con tutto
ciò che egli ha di più singolare e personale, e di ottenere a proprio favore
un'adesione, un impegno del tutto personale.
INDISPENSABILE CONTATTO PERSONALE
46.
Perciò, accanto alla proclamazione fatta in forma generale del Vangelo, l'altra
forma della sua trasmissione, da persona a persona, resta valida ed importante.
Il Signore l'ha spesso praticata - come ad esempio attestano le conversazioni
con Nicodemo, Zaccheo, la Samaritana, Simone il fariseo e con altri - ed anche
gli Apostoli. C'è forse in fondo, una forma diversa di esporre il Vangelo, che
trasmettere ad altri la propria esperienza di fede? Non dovrebbe accadere che
l'urgenza di annunziare la Buona Novella a masse di uomini facesse dimenticare
questa forma di annuncio mediante la quale la coscienza personale di un uomo è
raggiunta, toccata da una parola del tutto straordinaria che egli riceve da un
altro. Noi non potremmo lodare a sufficienza quei sacerdoti che, attraverso il
Sacramento della Penitenza o attraverso il dialogo pastorale, si mostrano
pronti a guidare le persone nelle vie del Vangelo, a confermarle nei loro
sforzi, a rialzarle se sono cadute, ad assisterle sempre con discernimento e
disponibilità.
IL RUOLO DEI SACRAMENTI
47.
Peraltro non si insisterà mai abbastanza sul fatto che l'evangelizzazione non
si esaurisce nella predicazione e nell'insegnamento di una dottrina. Essa deve
raggiungere la vita: la vita naturale alla quale dà un senso nuovo, grazie alle
prospettive evangeliche che le apre; e la vita soprannaturale, che non è la
negazione, ma la purificazione e la elevazione della vita naturale. Questa vita
soprannaturale trova la sua espressione vivente nei sette Sacramenti e nella
loro mirabile irradiazione di grazia e di santità.
L'evangelizzazione
dispiega così tutta la sua ricchezza quando realizza il legame più intimo e,
meglio ancora, una intercomunicazione ininterrotta, tra la Parola e i
Sacramenti. In un certo senso, è un equivoco l'opporre, come si fa talvolta,
l'evangelizzazione e la sacramentalizzazione. È vero che un certo modo di
conferire i Sacramenti, senza un solido sostegno della catechesi circa questi
medesimi Sacramenti e di una catechesi globale, finirebbe per privarli in gran
parte della loro efficacia. Il compito dell'evangelizzazione è precisamente
quello di educare nella fede in modo tale che essa conduca ciascun cristiano a
vivere i Sacramenti come veri Sacramenti della fede, e non a riceverli passivamente,
o a subirli.
LA PIETÀ POPOLARE
48.
Qui noi tocchiamo un aspetto dell'evangelizzazione che non può lasciare
insensibili. Vogliamo parlare di quella realtà che si designa spesso oggi col
termine di religiosità popolare.
Sia
nelle regioni in cui la Chiesa è impiantata da secoli, sia là dove essa è in
via di essere impiantata, si trovano presso il popolo espressioni particolari
della ricerca di Dio e della fede. Per lungo tempo considerate meno pure,
talvolta disprezzate, queste espressioni formano oggi un po' dappertutto
l'oggetto di una riscoperta. I Vescovi ne hanno approfondito il significato,
nel corso del recente Sinodo, con un realismo pastorale e uno zelo notevoli.
La
religiosità popolare, si può dire, ha certamente i suoi limiti. È
frequentemente aperta alla penetrazione di molte deformazioni della religione,
anzi di superstizioni. Resta spesso a livello di manifestazioni cultuali senza
impegnare un'autentica adesione di fede. Può anche portare alla formazione di
sètte e mettere in pericolo la vera comunità ecclesiale.
Ma se
è ben orientata, soprattutto mediante una pedagogia di evangelizzazione, è
ricca di valori. Essa manifesta una sete di Dio che solo i semplici e i poveri
possono conoscere; rende capaci di generosità e di sacrificio fino all'eroismo,
quando si tratta di manifestare la fede; comporta un senso acuto degli
attributi profondi di Dio: la paternità, la provvidenza, la presenza amorosa e
costante; genera atteggiamenti interiori raramente osservati altrove al
medesimo grado: pazienza, senso della croce nella vita quotidiana, distacco,
apertura agli altri, devozione. A motivo di questi aspetti, Noi la chiamiamo
volentieri «pietà popolare», cioè religione del popolo, piuttosto che
religiosità.
La
carità pastorale deve suggerire a tutti quelli, che il Signore ha posto come
capi di comunità ecclesiali, le norme di comportamento nei confronti di questa
realtà, così ricca e insieme così vulnerabile. Prima di tutto, occorre esservi
sensibili, saper cogliere le sue dimensioni interiori e i suoi valori
innegabili, essere disposti ad aiutarla a superare i suoi rischi di deviazione.
Ben orientata, questa religiosità popolare può essere sempre più, per le nostre
masse popolari, un vero incontro con Dio in Gesù Cristo.
V. I destinatari dell'evangelizzazione
UNA DESTINAZIONE UNIVERSALE
49. Le
ultime parole di Gesù nel Vangelo di Marco conferiscono alla evangelizzazione,
di cui il Signore incarica gli Apostoli, una universalità senza frontiere:
«Andate in tutto il mondo e predicate il vangelo ad ogni creatura» [73].
I
Dodici e la prima generazione dei cristiani hanno ben compreso la lezione di
questo testo e di altri simili; ne hanno fatto un programma di azione. La
stessa persecuzione, disperdendo gli Apostoli, ha contribuito a disseminare la
Parola e a far impiantare la Chiesa in regioni sempre più lontane. L'ammissione
di Paolo al rango degli Apostoli e il suo carisma di predicatore ai pagani -
non giudei - della venuta di Gesù Cristo ha ulteriormente sottolineato questo
universalismo.
NONOSTANTE TUTTI GLI OSTACOLI
50.
Lungo venti secoli di storia, le generazioni cristiane hanno affrontato
periodicamente diversi ostacoli, che si frapponevano a questa missione
universalistica. Da un lato, la tentazione, da parte degli stessi
evangelizzatori, di limitare con differenti pretesti il loro campo di azione
missionaria. Dall'altro, le resistenze, spesso umanamente insuperabili, di
coloro ai quali si indirizza l'evangelizzatore. D'altronde, Noi dobbiamo
costatare con tristezza che l'opera evangelizzatrice della Chiesa è fortemente
contrastata, se non impedita, da poteri pubblici. Avviene, anche ai nostri
giorni, che annunziatori della Parola di Dio siano privati dei loro diritti,
perseguitati, minacciati, eliminati per il solo fatto di predicare Gesù Cristo
e il suo Vangelo. Ma Noi abbiamo fiducia che, malgrado queste prove dolorose,
alla fin fine l'opera di questi apostoli non verrà meno in nessuna regione del
mondo.
Nonostante
tali avversità, la Chiesa ravviva sempre la sua ispirazione più profonda,
quella che le viene direttamente dal Maestro: A tutto il mondo! A tutte le
creature! Fino agli estremi confini della terra! Essa lo ha fatto di nuovo nel
recente Sinodo, come un appello a non imprigionare l'annuncio evangelico
limitandolo a un settore dell'umanità, o a una classe di uomini, o a un solo
tipo di cultura. Altri esempi potrebbero essere rivelatori.
PRIMO ANNUNCIO AI LONTANI
51.
Rivelare Gesù Cristo e il suo Vangelo a quelli che non li conoscono, questo è,
fin dal mattino della Pentecoste, il programma fondamentale che la Chiesa ha
assunto come ricevuto dal suo Fondatore. Tutto il Nuovo Testamento, e in modo
speciale gli Atti degli Apostoli, testimoniano un momento privilegiato e, in un
certo senso, esemplare di questo sforzo missionario che si riscontrerà poi
lungo tutta la storia della Chiesa.
Questo
primo annuncio di Gesù Cristo, essa lo realizza mediante un'attività complessa
e diversificata, che si designa talvolta col nome di «pre-evangelizzazione», ma
che è già, a dire il vero, l'evangelizzazione, benché al suo stadio iniziale ed
ancora incompleto. Una gamma quasi infinita di mezzi, la predicazione
esplicita, certamente, ma anche l'arte, l'approccio scientifico, la ricerca
filosofica, il ricorso legittimo ai sentimenti del cuore umano possono essere
adoperati a questo scopo.
ANNUNCIO AL MONDO SCRISTIANIZZATO
52. Se
questo primo annuncio si rivolge specialmente a coloro, che non hanno mai
inteso la Buona Novella di Gesù, oppure ai fanciulli, esso si dimostra
ugualmente sempre più necessario, a causa delle situazioni di
scristianizzazione frequenti ai nostri giorni, per moltitudini di persone che
hanno ricevuto il battesimo ma vivono completamente al di fuori della vita
cristiana, per gente semplice che ha una certa fede ma ne conosce male i
fondamenti, per intellettuali che sentono il bisogno di conoscere Gesù Cristo
in una luce diversa dall'insegnamento ricevuto nella loro infanzia, e per molti
altri.
LE RELIGIONI NON CRISTIANE
53.
Esso si rivolge anche a immense porzioni di umanità che praticano religioni non
cristiane, che la Chiesa rispetta e stima perché sono l'espressione viva
dell'anima di vasti gruppi umani. Esse portano in sé l'eco di millenni di
ricerca di Dio, ricerca incompleta, ma realizzata spesso con sincerità e
rettitudine di cuore. Posseggono un patrimonio impressionante di testi
profondamente religiosi. Hanno insegnato a generazioni di persone a pregare.
Sono tutte cosparse di innumerevoli «germi del Verbo» [74] e possono costituire una autentica
«preparazione evangelica» [75] per riprendere una felice espressione
del Concilio Vaticano II tratta
da Eusebio di Cesarea. Tale situazione suscita, certamente, questioni complesse
e delicate, che conviene studiare alla luce della Tradizione cristiana e del
Magistero della Chiesa per offrire ai missionari di oggi e di domani nuovi
orizzonti nei loro contatti con le religioni non cristiane.
Vogliamo
rilevare, soprattutto oggi, che né il rispetto e la stima verso queste
religioni, né la complessità dei problemi sollevati sono per la Chiesa un
invito a tacere l'annuncio di Cristo di fronte ai non cristiani. Al contrario,
essa pensa che queste moltitudini hanno il diritto di conoscere la ricchezza
del mistero di Cristo [76],
nella quale noi crediamo che tutta l'umanità può trovare, in una pienezza
insospettabile, tutto ciò che essa cerca a tentoni su Dio, sull'uomo e sul suo
destino, sulla vita e sulla morte, sulla verità. Anche di fronte alle
espressioni religiose naturali più degne di stima, la Chiesa si basa dunque sul
fatto che la religione di Gesù, che essa annunzia mediante l'evangelizzazione,
mette oggettivamente l'uomo in rapporto con il piano di Dio, con la sua
presenza vivente, con la sua azione; essa fa così incontrare il mistero della
Paternità divina che si china sull'umanità; in altri termini, la nostra
religione instaura effettivamente con Dio un rapporto autentico e vivente, che
le altre religioni non riescono a stabilire, sebbene esse tengano, per così
dire, le loro braccia tese verso il cielo.
Per
questo la Chiesa mantiene vivo il suo slancio missionario, e vuole altresì
intensificarlo nel nostro momento storico. Essa si sente responsabile di fronte
a popoli interi. Non ha riposo fin quando non abbia fatto del suo meglio per
proclamare la Buona Novella di Gesù Salvatore. Prepara sempre nuove generazioni
di apostoli. Lo costatiamo con gioia nel momento in cui non mancano di quelli
che pensano ed anche dicono che l'ardore e lo slancio apostolico si sono
esauriti, e che l'epoca delle Missioni è ormai tramontata. Il Sinodo ha
risposto che l'annuncio missionario non si inaridisce e che la Chiesa sarà
sempre tesa verso il suo adempimento.
SOSTEGNO DELLA FEDE DEI FEDELI
54.
Tuttavia la Chiesa non si sente dispensata da una attenzione altrettanto
infaticabile nei confronti di coloro che hanno ricevuto la fede e che, spesso
da generazioni, sono a contatto col Vangelo. Essa cerca così di approfondire,
consolidare, nutrire, rendere sempre più matura la fede di coloro che si dicono
già fedeli e credenti, affinché lo siano maggiormente.
Questa
fede è quasi sempre, oggi, posta a confronto col secolarismo, anzi con
l'ateismo militante: è una fede esposta alle prove e minacciata: di più, una
fede assediata e combattuta. Essa rischia di perire per asfissia o per inedia
se non è continuamente alimentata e sostenuta. Evangelizzare comporta dunque,
molto spesso, comunicare alla fede dei credenti - particolarmente mediante una
catechesi piena di linfa evangelica e corredata da un linguaggio adatto ai
tempi e alle persone - questo necessario alimento e questo sostentamento.
La
Chiesa cattolica ha egualmente una viva sollecitudine per i cristiani che non
sono in piena comunione con essa: mentre prepara con loro l'unità voluta dal
Cristo, e precisamente per realizzare l'unità nella verità, è consapevole che
mancherebbe gravemente al suo dovere se non testimoniasse presso di loro la
pienezza della rivelazione, di cui custodisce il deposito.
NON CREDENTI
55.
Significativa è anche la preoccupazione, manifestatasi nel citato Sinodo, nei
riguardi delle due sfere molto differenti l'una dall'altra, e tuttavia molto
vicine per la sfida che, ciascuna a suo modo, lancia all'evangelizzazione.
La
prima è quella che si può chiamare il progressivo aumento della non credenza
nel mondo moderno. Il Sinodo ha cercato di descrivere questo mondo moderno:
sotto questo nome generico, quante correnti di pensiero, valori e contro-valori,
aspirazioni latenti o semi di distruzione, convinzioni antiche che scompaiono e
convinzioni nuove che si impongono! Dal punto di vista spirituale, questo mondo
moderno sembra dibattersi in quello che un autore contemporaneo ha chiamato «il
dramma dell'umanesimo ateo» [77].
Da una parte, si è obbligati a costatare nel cuore stesso di questo mondo
contemporaneo il fenomeno che diviene quasi la sua nota più sorprendente: il
secolarismo. Noi non parliamo della secolarizzazione, che è lo sforzo in sé
giusto e legittimo, per nulla incompatibile con la fede o con la religione, di
scoprire nella creazione, in ogni cosa o in ogni evento dell'universo, le leggi
che li reggono con una certa autonomia, nell'intima convinzione che il Creatore
vi ha posto queste leggi. Il recente Concilio ha affermato, in questo senso la
legittima autonomia della cultura e particolarmente delle scienze [78].
Noi vediamo qui un vero secolarismo: una concezione del mondo, nella quale
questo si spiega da sé senza che ci sia bisogno di ricorrere a Dio, divenuto in
tal modo superfluo ed ingombrante. Un simile secolarismo, per riconoscere il
potere dell'uomo, finisce dunque col fare a meno di Dio ed anche col negarlo.
Nuove
forme di ateismo - un ateismo antropocentrico, non più astratto e metafisico ma
pragmatico, programmatico e militante - sembrano derivarne. In connessione con
questo secolarismo ateo, ci vengono proposti tutti i giorni, sotto le forme più
svariate, la civiltà dei consumi, l'edonismo elevato a valore supremo, la
volontà di potere e di dominio, discriminazioni di ogni tipo: altrettante
inclinazioni inumane di questo umanesimo.
In
questo stesso mondo moderno d'altra parte, paradossalmente, non si può negare
l'esistenza di veri addentellati cristiani, di valori evangelici, per lo meno
sotto forma di un vuoto o di una nostalgia. Non sarebbe esagerato parlare di
una possente e tragica invocazione ad essere evangelizzato.
NON PRATICANTI
56.
Una seconda sfera è quella dei non praticanti, oggi un gran numero di
battezzati che, in larga misura, non hanno rinnegato formalmente il loro
Battesimo, ma ne sono completamente al margine, e non lo vivono. Il fenomeno
dei non praticanti è molto antico nella storia del cristianesimo, è legato ad
una debolezza naturale, ad una profonda incoerenza che, purtroppo, ci portiamo
dentro di noi. Esso presenta tuttavia oggi delle caratteristiche nuove. Si
spiega spesso mediante gli sradicamenti tipici della nostra epoca. Nasce anche
dal fatto che i cristiani oggi vivono a fianco con i non credenti e ricevono
continuamente i contraccolpi della non credenza. D'altronde, i non praticanti
contemporanei, più di quelli di altri tempi, cercano di spiegare e di
giustificare la loro posizione in nome di una religione interiore,
dell'autonomia o dell'autenticità personali.
Atei e
non credenti da una parte, non praticanti dall'altra, oppongono dunque
all'evangelizzazione resistenze non trascurabili. I primi, la resistenza di un
certo rifiuto, l'incapacità di cogliere il nuovo ordine delle cose, il nuovo
senso del mondo, della vita, della storia, che non è possibile se non si parte
dall'Assoluto di Dio. Gli altri, la resistenza dell'inerzia, l'atteggiamento un
po' ostile di qualcuno che si sente di casa, che afferma di saper tutto, di
aver gustato tutto, di non credervi più. Secolarismo ateo e assenza di pratica
religiosa si trovano presso gli adulti e presso i giovani, presso l'élite e
nelle masse, in tutti i settori culturali, nelle antiche come nelle giovani
Chiese. L'azione evangelizzatrice della Chiesa, che non può ignorare questi due
mondi né arrestarsi di fronte ad essi, deve cercare costantemente i mezzi e il
linguaggio adeguati per proporre o riproporre loro la rivelazione di Dio e la
fede in Gesù Cristo.
NEL CUORE DELLE MASSE
57.
Come Cristo durante il tempo della sua predicazione, come i Dodici al mattino
della Pentecoste, anche la Chiesa vede davanti a sé una immensa folla umana che
ha bisogno del Vangelo e vi ha diritto, perché Dio «vuole che tutti gli uomini
siano salvati e arrivino alla conoscenza della verità» [79].
Conscia
del suo dovere di predicare la salvezza a tutti, sapendo che il messaggio
evangelico non è riservato a un piccolo gruppo di iniziati, di privilegiati o
di eletti, ma destinato a tutti, la Chiesa fa propria l'angoscia di Cristo di
fronte alle folle sbandate e sfinite «come pecore senza pastore» e ripete
spesso la sua parola: «Sento compassione di questa folla» [80].
Ma è anche cosciente che, per l'efficacia della predicazione evangelica, nel
cuore delle masse, essa deve indirizzare il suo messaggio a comunità di fedeli,
la cui azione può e deve giungere agli altri.
LE COMUNITÀ ECCLESIALI DI BASE
58. Il
recente Sinodo si è molto occupato di queste piccole comunità o «comunità di
base», perché nella Chiesa d'oggi sono spesso menzionate. Che cosa sono e per
quale motivo queste sarebbero destinatarie speciali di evangelizzazione e,
nello stesso tempo, evangelizzatrici?
Fiorendo
un po' dappertutto nella Chiesa, secondo le differenti testimonianze sentite al
Sinodo, esse differiscono molto fra di loro, in seno alla stessa regione e, più
ancora, da una regione all'altra.
In
alcune regioni sorgono e si sviluppano, salvo eccezioni, all'interno della
Chiesa, solidali con la sua vita, nutrite del suo insegnamento, unite ai suoi
pastori. In questo caso, nascono dal bisogno di vivere ancora più intensamente
la vita della Chiesa; oppure dal desiderio e dalla ricerca di una dimensione
più umana, che comunità ecclesiali più vaste possono difficilmente offrire,
soprattutto nelle metropoli urbane contemporanee che favoriscono la vita di
massa e insieme l'anonimato. Esse possono soltanto prolungare, a modo loro, a
livello spirituale e religioso - culto, approfondimento della fede, carità
fraterna, preghiera, comunione con i Pastori - la piccola comunità sociologica,
villaggio o simili.
Oppure
esse vogliono riunire per l'ascolto e la meditazione della Parola, per i
Sacramenti e il vincolo dell'Agape, gruppi che l'età, la cultura, lo stato
civile o la situazione sociale rendono omogenei, coppie, giovani,
professionisti, eccetera; persone che la vita trova già riunite nella lotta per
la giustizia, per l'aiuto fraterno ai poveri, per la promozione umana. Oppure,
infine, esse radunano i cristiani là dove la penuria dei sacerdoti non
favorisce la vita normale di una comunità parrocchiale. Tutto questo è supposto
all'interno delle comunità costituite della Chiesa, soprattutto delle Chiese
particolari e delle parrocchie.
In
altre regioni, al contrario, comunità di base si radunano in uno spirito di
critica acerba nei confronti della Chiesa, che esse stimmatizzano volentieri
come «istituzionale» e alla quale si oppongono come comunità carismatiche,
libere da strutture, ispirate soltanto al Vangelo.
Esse
hanno dunque come caratteristica un evidente atteggiamento di biasimo e di
rifiuto nei riguardi delle espressioni della Chiesa: la sua gerarchia, i suoi
segni. Contestano radicalmente questa Chiesa. In tale linea, la loro
ispirazione diviene molto presto ideologica, ed è raro che non diventino quindi
preda di una opzione politica, di una corrente, quindi di un sistema, anzi di
un partito, con tutto il rischio, che ciò comporta, di esserne
strumentalizzate.
La
differenza è già notevole: le comunità che per il loro spirito di contestazione
si tagliano fuori dalla Chiesa, di cui d'altronde danneggiano l'unità, possono
sì intitolarsi «comunità di base», ma è questa una designazione strettamente
sociologica. Esse non potrebbero chiamarsi, senza abuso di linguaggio, comunità
ecclesiali di base, anche se, rimanendo ostili alla Gerarchia, hanno la pretesa
di perseverare nell'unità della Chiesa. Questa qualifica appartiene alle altre,
a quelle che si radunano nella Chiesa per far crescere la Chiesa.
Queste
ultime comunità saranno un luogo di evangelizzazione, a beneficio delle
comunità più vaste, specialmente delle Chiese particolari, e saranno una
speranza per la Chiesa universale, come abbiamo detto al termine del menzionato
Sinodo, nella misura in cui:
- cercano il loro alimento nella Parola di Dio e non si lasciano imprigionare
dalla polarizzazione politica o dalle ideologie di moda, pronte sempre a
sfruttare il loro immenso potenziale umano;
- evitano la tentazione sempre minacciosa della contestazione sistematica e
dello spirito ipercritico, col pretesto di autenticità e di spirito di
collaborazione;
- restano fermamente attaccate alla Chiesa particolare, nella quale si
inseriscono, e alla Chiesa universale, evitando così il pericolo - purtroppo
reale! - di isolarsi in se stesse, di credersi poi l'unica autentica Chiesa di
Cristo, e quindi di anatematizzare le altre comunità ecclesiali;
- conservano una sincera comunione con i Pastori che il Signore dà alla sua
Chiesa e col Magistero, che lo Spirito del Cristo ha loro affidato;
- non si considerano giammai come l'unico destinatario o l'unico artefice di
evangelizzazione - anche l'unico depositario del Vangelo! -; ma, consapevoli
che la Chiesa è molto più vasta e diversificata, accettano che questa Chiesa si
incarni anche in modi diversi da quelli, che avvengono in esse;
- crescono ogni giorno in consapevolezza, zelo, impegno, ed irradiazione
missionari;
- si mostrano in tutto universalistiche e non mai settarie.
Alle
suddette condizioni, certamente esigenti ma esaltanti, le comunità ecclesiali
di base corrisponderanno alla loro fondamentale vocazione: ascoltatrici del
Vangelo, che è ad esse annunziato, e destinatarie privilegiate
dell'evangelizzazione, diverranno senza indugio annunciatrici del Vangelo.
VI. Gli operai dell'evangelizzazione
CHIESA TUTTA INTERA MISSIONARIA
59. Se
vi sono uomini che proclamano nel mondo il Vangelo della salvezza, lo fanno per
ordine, nel nome e con la grazia del Cristo Salvatore. «Come lo annunzieranno,
senza essere prima inviati?» [81] scriveva colui che fu indubbiamente
uno dei più grandi evangelizzatori. Nessuno può esercitare tale compito senza
esservi stato inviato.
Ma chi
ha, dunque, la missione di evangelizzare?
Il Concilio Vaticano II ha risposto con chiarezza: alla Chiesa «per mandato divino incombe
l'obbligo di andare nel mondo universo a predicare il Vangelo ad ogni creatura» [82]. E in un altro testo: «Tutta la Chiesa è missionaria, e
l'opera evangelizzatrice è un dovere fondamentale del Popolo di Dio . . . » [83].
Abbiamo già accennato a questo
intimo legame tra Chiesa ed evangelizzazione. Quando la Chiesa annunzia il
Regno di Dio e lo edifica, essa stessa affonda le radici nel cuore del mondo
come segno e strumento di questo Regno che è presente e che viene. Il Concilio ha riportato questa espressione molto
significativa di Sant'Agostino sull'attività missionaria dei Dodici:
«Generarono le Chiese predicando la parola di verità» [84].
UN ATTO ECCLESIALE
60. La
constatazione che la Chiesa è inviata e destinata all'evangelizzazione,
dovrebbe suscitare in noi due convinzioni.
La prima: evangelizzare non è mai per nessuno un atto individuale e isolato, ma
profondamente ecclesiale. Allorché il più sconosciuto predicatore, catechista o
pastore, nel luogo più remoto, predica il Vangelo, raduna la sua piccola
comunità o amministra un Sacramento, anche se si trova solo compie un atto di
Chiesa, e il suo gesto è certamente collegato mediante rapporti istituzionali,
ma anche mediante vincoli invisibili e radici profonde dell'ordine della
grazia, all'attività evangelizzatrice di tutta la Chiesa. Ciò presuppone che
egli agisca non per una missione arrogatasi, né in forza di un'ispirazione
personale, ma in unione con la missione della Chiesa e in nome di essa. Come
conseguenza, la seconda convinzione: se ciascuno evangelizza in nome della
Chiesa, la quale a sua volta lo fa in virtù di un mandato del Signore, nessun
evangelizzatore è padrone assoluto della propria azione evangelizzatrice, con
potere discrezionale di svolgerla secondo criteri e prospettive
individualistiche, ma deve farlo in comunione con la Chiesa e con i suoi
Pastori. La Chiesa, l'abbiamo già rilevato, è tutta intera evangelizzatrice.
Ciò significa che, per il mondo nel suo insieme e per ogni singola parte del
mondo ove si trovi, la Chiesa si sente responsabile del compito di diffondere il
Vangelo.
LA PROSPETTIVA DELLA CHIESA UNIVERSALE
61. A
questo punto della nostra riflessione sostiamo con voi, Fratelli e Figli, su
d'una questione oggi particolarmente importante. I primi cristiani esprimevano
volentieri - nella celebrazione liturgica, nella loro testimonianza davanti ai
giudici e ai carnefici, nei loro testi apologetici - una fede profonda nella
Chiesa, indicandola come diffusa in tutto l'universo. Avevano pienamente
coscienza di appartenere ad una grande comunità che né lo spazio né il tempo
potrebbero limitare: «Dal giusto Abele fino all'ultimo eletto» [85]«fino
agli estremi confini della terra» [86] «fino alla fine del mondo» [87].
Così
il Signore ha voluto la sua Chiesa: universale, grande albero fra i cui rami si
annidano gli uccelli del cielo [88] rete che raccoglie ogni sorta di pesci [89] o che Pietro trae a riva piena di
centocinquantatré grossi pesci [90],
gregge portato al pascolo da un solo pastore [91].
Chiesa universale senza confini né frontiere eccetto, purtroppo, quelle del
cuore e dello spirito del peccatore.
LA PROSPETTIVA DELLA CHIESA PARTICOLARE
62.
Tuttavia questa Chiesa universale si incarna di fatto nelle Chiese particolari,
costituite a loro volta dall'una o dall'altra concreta porzione di umanità, che
parlano una data lingua, che sono tributarie di un loro retaggio culturale, di
un determinato sostrato umano. L'apertura alle ricchezze della Chiesa
particolare risponde ad una specifica sensibilità dell'uomo contemporaneo.
Ma
dobbiamo ben guardarci dal concepire la Chiesa universale come la somma o, se
così si può dire, la federazione più o meno eteroclita di Chiese particolari
essenzialmente diverse. Secondo il pensiero del Signore, è la stessa Chiesa
che, essendo universale per vocazione e per missione, quando getta le sue
radici nella varietà dei terreni culturali, sociali, umani, assume in ogni
parte del mondo fisionomie ed espressioni esteriori diverse.
In tal
modo ogni Chiesa particolare, che si separasse volontariamente dalla Chiesa
universale, perderebbe il suo riferimento al disegno di Dio, si impoverirebbe
nella sua dimensione ecclesiale. D'altra parte, la Chiesa «toto orbe diffusa»
diventerebbe un'astrazione se non prendesse corpo e vita precisamente
attraverso le Chiese particolari. Solo una permanente attenzione ai due poli
della Chiesa ci consentirà di percepire la ricchezza di questo rapporto tra
Chiesa universale e Chiese particolari.
ADATTAMENTO E FEDELTÀ DEL LINGUAGGIO
63. Le
Chiese particolari profondamente amalgamate non solo con le persone, ma anche
con le aspirazioni, le ricchezze e i limiti, i modi di pregare, di amare, di
considerare la vita e il mondo, che contrassegnano un determinato ambito umano,
hanno il compito di assimilare l'essenziale del messaggio evangelico, di
trasfonderlo, senza la minima alterazione della sua verità fondamentale, nel
linguaggio compreso da questi uomini e quindi di annunziarlo nel medesimo
linguaggio.
La
trasposizione dev'essere fatta - con il discernimento, la serietà, il rispetto
e la competenza che la materia esige - nel campo delle espressioni liturgiche [92],
della catechesi, della formulazione teologica, delle strutture ecclesiali
secondarie, dei ministeri. E il termine «linguaggio» deve essere qui inteso
meno nel senso semantico o letterario che in quello che si può chiamare
antropologico e culturale.
La questione è indubbiamente delicata. La evangelizzazione perde molto della
sua forza e della sua efficacia se non tiene in considerazione il popolo
concreto al quale si rivolge, se non utilizza la sua lingua, i suoi segni e
simboli, se non risponde ai problemi da esso posti, se non interessa la sua vita
reale. Ma d'altra parte l'evangelizzazione rischia di perdere la propria anima
e di svanire, se il suo contenuto resta svuotato o snaturato col pretesto di
tradurlo o se, volendo adattare una realtà universale ad uno spazio locale, si
sacrifica questa realtà e si distrugge l'unità senza la quale non c'è
universalità. Orbene, soltanto una Chiesa che conservi la consapevolezza della
propria universalità e che dimostri di essere effettivamente universale, può
avere un messaggio da tutti comprensibile, al di là dei confini regionali.
Del
resto una legittima attenzione alle Chiese particolari non può che arricchire
la Chiesa. È anzi indispensabile e urgente. Corrisponde alle aspirazioni più
profonde dei popoli e delle comunità umane di scoprire sempre maggiormente la
propria fisionomia.
APERTURA ALLA CHIESA UNIVERSALE
64. Ma
questo arricchimento esige che le Chiese particolari si conservino
profondamente aperte verso la Chiesa universale. Bisogna ben rilevare, del
resto, che i cristiani più semplici, più fedeli al Vangelo, più aperti al senso
vero della Chiesa, hanno una spontanea sensibilità circa questa dimensione
universale, ne sentono istintivamente e molto fortemente il bisogno, si
riconoscono facilmente in essa, vibrano all'unisono con essa e soffrono nel più
intimo di se stessi quando, in nome di teorie che non comprendono, li si vuole
comprimere in una Chiesa priva di questa universalità, chiesa regionalista,
senza orizzonte.
D'altronde,
come la storia ben dimostra, ogni volta che l'una o l'altra Chiesa particolare,
pur con le migliori intenzioni, con argomenti teologici, sociologici, politici
o pastorali, o anche nel desiderio d'una certa libertà di movimento e d'azione,
si è tagliata fuori dalla Chiesa universale e dal suo centro vitale e visibile,
molto difficilmente è sfuggita, quando vi è sfuggita, a due pericoli ugualmente
gravi: da una parte il pericolo dell'isolazionismo disseccante, e in seguito,
in breve tempo, del disgregamento, poiché ciascuna delle sue cellule si
separava da essa, com'essa s'era separata dal nucleo centrale; e d'altra parte,
il pericolo di perdere la propria libertà quando, staccata dal centro e dalle
altre Chiese che le comunicavano forza ed energia, si è trovata, essendo sola,
in preda alle forze più diverse di asservimento e di sfruttamento.
Quanto
più una Chiesa particolare è unita con solidi legami di comunione alla Chiesa
universale - nella carità e nella fedeltà, nell'apertura al magistero di
Pietro, nell'unità della «Lex orandi» che è anche «Lex credendi», nella
sollecitudine dell'unità con tutte le altre Chiese che costituiscono
l'universalità - tanto più questa stessa Chiesa sarà capace di tradurre il
tesoro della fede nella legittima varietà delle espressioni della professione
di fede, della preghiera e del culto, della vita del comportamento cristiani,
dell'influsso spirituale del popolo nel quale è inserita; tanto più, ancora,
essa sarà veramente evangelizzatrice, cioè capace di attingere nel patrimonio
universale a profitto del suo popolo, come pure di comunicare alla Chiesa
universale l'esperienza e la vita dello stesso popolo, a beneficio di tutti.
L'INALTERABILE DEPOSITO DELLA FEDE
65.
Precisamente in questo senso abbiamo voluto dire, alla chiusura della terza
Assemblea Generale del Sinodo, una parola chiara e piena di paterno affetto,
insistendo sul ruolo del Successore di Pietro come principio visibile, vivente
e dinamico dell'unità fra le Chiese, e quindi dell'universalità dell'unica
Chiesa [93].
Insistevamo anche sulla grave responsabilità che Ci incombe, ma che
condividiamo con i Nostri Fratelli nell'episcopato, di conservare inalterabile
il contenuto della fede cattolica, che il Signore ha affidato agli Apostoli:
anche se tradotto in tutti i linguaggi, questo contenuto non dev'essere né
intaccato né mutilato; pur se rivestito dei simboli propri di ciascun popolo,
esplicitato mediante formulazioni teologiche che tengano conto degli ambienti
culturali, sociali ed anche razziali diversi, deve restare il contenuto della
fede cattolica, quale il Magistero ecclesiale l'ha ricevuto e lo trasmette.
COMPITI DIVERSIFICATI
66.
Tutta la Chiesa è dunque chiamata ad evangelizzare, e tuttavia vi sono da
adempiere attività tra loro differenti nel suo ambito di evangelizzazione.
Questa diversità di servizi nell'unità della stessa missione costituisce la
ricchezza e la bellezza dell'evangelizzazione. Ricordiamo brevemente questi
compiti.
Prima
di tutto Ci sia permesso di segnalare l'insistenza con la quale il Signore,
nelle pagine del Vangelo, affida agli Apostoli la funzione di annunziare la
Parola. Egli li ha scelti [94],
li ha formati durante diversi anni di familiarità [95],
li ha costituiti [96] e mandati [97] come testimoni e maestri autorizzati
del messaggio della salvezza. E i Dodici hanno a loro volta inviato i loro
successori, i quali continuano a predicare la Buona Novella sulla linea
apostolica.
IL SUCCESSORE DI PIETRO
67.
Così il Successore di Pietro è investito, per volontà di Cristo, del ministero
preminente di insegnare la verità rivelata. Il Nuovo Testamento mostra spesso
Pietro «pieno di Spirito Santo» che prende la parola a nome di tutti [98].
Per questo san Leone Magno parla di Pietro come di colui che ha meritato il
primato dell'apostolato [99].
Per questo, inoltre, la voce della Chiesa presenta il Papa «al vertice più alto
- in apice, in specula - dell'apostolato» [100].
Il Concilio Vaticano II ha
voluto ribadirlo dichiarando che «il comando di Cristo di predicare il Vangelo
ad ogni creatura (cfr. Marc. 16, 15), riguarda innanzitutto e immediatamente
proprio loro (i vescovi), insieme con Pietro e sotto la guida di Pietro» [101].
La
potestà piena, suprema e universale [102] che Cristo ha conferito al suo Vicario
per il governo pastorale della Chiesa, consiste dunque specialmente
nell'attività, esercitata dal Papa, di predicare e di far predicare la Buona
Novella della salvezza.
VESCOVI E SACERDOTI
68.
Uniti al Successore di Pietro, i Vescovi, successori degli Apostoli, ricevono,
in forza dell'ordinazione episcopale, l'autorità per insegnare nella Chiesa la
verità rivelata. Essi sono i maestri della fede.
Ai
Vescovi sono associati nel ministero dell'evangelizzazione, come responsabili a
titolo speciale, coloro che mediante l'ordinazione sacerdotale «agiscono in
persona di Cristo» [103],
in quanto educatori del Popolo di Dio nella fede, predicatori, fungendo in pari
tempo da ministri del- l'Eucaristia e degli altri Sacramenti.
Pertanto
tutti noi Pastori siamo invitati, più di qualunque altro membro della Chiesa, a
prendere coscienza di questo dovere. Ciò che costituisce la singolarità del
nostro servizio sacerdotale, ciò che dà un'unità profonda alle mille
occupazioni che ci sollecitano durante tutto il corso della nostra vita, ciò
che conferisce alle nostre attività una nota specifica, è questa finalità
presente in ogni nostra azione: «Annunziare il Vangelo di Dio» [104].
Ecco
un tratto della nostra identità che nessun dubbio dovrebbe mai incrinare,
nessuna obiezione mai eclissare: come Pastori, siamo stati scelti dalla
misericordia del sovrano Pastore [105] nonostante la nostra insufficienza,
per proclamare con autorità la Parola di Dio, per radunare il Popolo di Dio che
era disperso, per nutrire questo popolo con i segni dell'azione di Cristo, che
sono i Sacramenti, per condurlo sulla via della salvezza, per conservarlo in
quella unità di cui noi stessi siamo, a differenti livelli, strumenti attivi e
vitali, per animare incessantemente questa comunità raccolta attorno al Cristo
secondo la sua più intima vocazione. E quando, nella misura dei nostri limiti
umani e secondo la grazia di Dio, adempiamo tutto questo, noi realizziamo
un'opera di evangelizzazione: Noi come Pastore della Chiesa universale, i
Nostri Fratelli nell'episcopato alla guida delle Chiese particolari, i
sacerdoti e i diaconi uniti con i propri Vescovi, di cui sono collaboratori,
mediante una comunione che ha la sua sorgente nel Sacramento dell'Ordine sacro
e nella carità della Chiesa.
RELIGIOSI
69. I
religiosi, a loro volta, trovano nella vita consacrata un mezzo privilegiato
per una evangelizzazione efficace. Con la stessa intima natura del loro essere
si collocano nel dinamismo della Chiesa, assetata dell'Assoluto di Dio,
chiamata alla santità. Di questa santità essi sono testimoni. Incarnano la
Chiesa in quanto desiderosa di abbandonarsi al radicalismo delle beatitudini. Con
la loro vita sono il segno della totale disponibilità verso Dio, verso la
Chiesa, verso i fratelli.
In
questo essi rivestono un'importanza speciale nel contesto di una testimonianza
che, come abbiamo affermato, è primordiale nell'evangelizzazione. Questa
silenziosa testimonianza di povertà e di distacco, di purezza e di trasparenza,
di abbandono nell'ubbidienza, può diventare, oltre che una provocazione al
mondo e alla Chiesa stessa, anche una predicazione eloquente, capace di
impressionare anche i non cristiani di buona volontà, sensibili a certi valori.
In
questa prospettiva, si intuisce il ruolo svolto nell'evangelizzazione da
religiosi e religiose consacrati alla preghiera, al silenzio, alla penitenza,
al sacrificio. Altri religiosi, in grandissimo numero, si dedicano direttamente
all'annuncio del Cristo. La loro azione missionaria dipende evidentemente dalla
gerarchia e deve essere coordinata con la pastorale che questa vuol mettere in
opera. Ma chi non considera l'apporto immenso che essi hanno dato e che
continuano a dare all'evangelizzazione? Grazie alla loro consacrazione
religiosa, essi sono per eccellenza volontari e liberi per lasciare tutto e per
andare ad annunziare il Vangelo fino ai confini del mondo. Essi sono
intraprendenti, e il loro apostolato è spesso contrassegnato da una
originalità, una genialità che costringono all'ammirazione. Sono generosi: li
si trova spesso agli avamposti della missione, ed assumono i più grandi rischi
per la loro salute e per la loro stessa vita. Sì, veramente, la Chiesa deve
molto a loro.
LAICI
70. I
laici, che la loro vocazione specifica pone in mezzo al mondo e alla guida dei
più svariati compiti temporali, devono esercitare con ciò stesso una forma
singolare di evangelizzazione.
Il
loro compito primario e immediato non è l'istituzione e lo sviluppo della
comunità ecclesiale - che è il ruolo specifico dei Pastori - ma è la messa in
atto di tutte le possibilità cristiane ed evangeliche nascoste, ma già presenti
e operanti nelle realtà del mondo. Il campo proprio della loro attività
evangelizzatrice è il mondo vasto e complicato della politica, della realtà
sociale, dell'economia; così pure della cultura, delle scienze e delle arti,
della vita internazionale, degli strumenti della comunicazione sociale; ed anche
di altre realtà particolarmente aperte all'evangelizzazione, quali l'amore, la
famiglia, l'educazione dei bambini e degli adolescenti, il lavoro
professionale, la sofferenza. Più ci saranno laici penetrati di spirito
evangelico, responsabili di queste realtà ed esplicitamente impegnati in esse,
competenti nel promuoverle e consapevoli di dover sviluppare tutta la loro
capacità cristiana spesso tenuta nascosta e soffocata, tanto più queste realtà,
senza nulla perdere né sacrificare del loro coefficiente umano, ma manifestando
una dimensione trascendente spesso sconosciuta, si troveranno al servizio
dell'edificazione del Regno di Dio, e quindi della salvezza in Gesù Cristo.
FAMIGLIA
71.
Nell'ambito dell'apostolato di evangelizzazione proprio dei laici, è impossibile
non rilevare l'azione evangelizzatrice della famiglia. Essa ha ben meritato,
nei diversi momenti della storia della Chiesa, la bella definizione di «Chiesa
domestica», sancita dal Concilio Vaticano II [106].
Ciò significa che, in ogni famiglia cristiana, dovrebbero riscontrarsi i
diversi aspetti della Chiesa intera. Inoltre la famiglia, come la Chiesa, deve
essere uno spazio in cui il Vangelo è trasmesso e da cui il Vangelo si irradia.
Dunque
nell'intimo di una famiglia cosciente di questa missione, tutti i componenti
evangelizzano e sono evangelizzati. I genitori non soltanto comunicano ai figli
il Vangelo, ma possono ricevere da loro lo stesso Vangelo profondamente
vissuto. E una simile famiglia diventa evangelizzatrice di molte altre famiglie
e dell'ambiente nel quale è inserita. Anche le famiglie sorte da un matrimonio
misto hanno il dovere di annunziare Cristo alla prole nella pienezza delle
implicazioni del comune Battesimo; esse hanno inoltre il non facile compito di
rendersi artefici di unità.
GIOVANI
72. Le
circostanze ci invitano a rivolgere un'attenzione tutta speciale ai giovani. Il
loro aumento numerico e la loro presenza crescente nella società, i problemi
che li assillano devono risvegliare in tutti la preoccupazione di offrire loro,
con zelo e con intelligenza, l'ideale evangelico da conoscere e da vivere. Ma
d'altra parte occorre che i giovani, ben formati nella fede e nella preghiera,
diventino sempre più gli apostoli della gioventù. La Chiesa fa molto
affidamento sul loro apporto e Noi stessi, a diverse riprese, abbiamo
manifestato la Nostra piena fiducia verso di essi.
MINISTERI DIVERSIFICATI
73.
Così acquista tutta la sua importanza la presenza attiva dei laici nelle realtà
temporali. Non bisogna tuttavia trascurare o dimenticare l'altra dimensione: i
laici possono anche sentirsi chiamati o essere chiamati a collaborare con i
loro Pastori nel servizio della comunità ecclesiale, per la crescita e la
vitalità della medesima, esercitando ministeri diversissimi, secondo la grazia
e i carismi che il Signore vorrà loro dispensare.
Non
senza provare nel Nostro intimo una grande gioia osserviamo una legione di
Pastori, di religiosi e di laici i quali, appassionati della loro missione
evangelizzatrice, cercano modi sempre più adatti di annunziare efficacemente il
Vangelo. Noi incoraggiamo l'apertura che, in questa linea e con questa
sollecitudine, la Chiesa sta oggi realizzando. Innanzitutto apertura alla
riflessione, poi a ministeri ecclesiastici capaci di ringiovanire e di
rafforzare il suo dinamismo evangelizzatore. Certamente, accanto ai ministeri
ordinati, grazie ai quali alcuni sono annoverati tra i Pastori e si consacrano
in maniera particolare al servizio della comunità, la Chiesa riconosce il ruolo
di ministeri non ordinati ma adatti ad assicurare speciali servizi della Chiesa
stessa.
Uno
sguardo alle origini della Chiesa è molto illuminante e permette di usufruire
di un'antica esperienza, tanto più valida in quanto ha permesso alla Chiesa di
consolidarsi, di crescere, e di espandersi. Ma questa attenzione alle fonti
dev'essere completata da quella dovuta alle necessità presenti dell'umanità e
della Chiesa. Dissetarsi a queste sorgenti sempre ispiratrici, nulla
sacrificare di questi valori e sapersi adattare alle esigenze e ai bisogni
attuali: queste sono le linee maestre che permetteranno di ricercare con
saggezza e di valorizzare i ministeri, di cui la Chiesa ha bisogno e che molti
suoi membri saranno lieti di abbracciare per la maggiore vitalità della
comunità ecclesiale. Questi ministeri avranno un autentico valore pastorale
nella misura in cui si stabiliranno nell'assoluto rispetto dell'unità,
attenendosi all'orientamento dato dai Pastori, che sono appunto i responsabili
e gli artefici dell'unità della Chiesa.
Tali
ministeri, nuovi in apparenza ma molto legati ad esperienze vissute dalla
Chiesa nel corso della sua esistenza, - per esempio quelli di catechista, di
animatori della preghiera e del canto, di cristiani dedicati al servizio della
Parola di Dio o all'assistenza dei fratelli bisognosi, quelli infine dei capi
di piccole comunità, dei responsabili di movimenti apostolici, o di altri
responsabili - sono preziosi per la «plantatio», la vita e la crescita della
Chiesa e per una capacità di irradiazione intorno a se stessa e verso coloro
che sono lontani. Noi dobbiamo anche la nostra particolare stima a tutti i
laici che accettano di consacrare una parte del loro tempo, delle loro energie,
e talvolta la loro vita intera, al servizio delle missioni.
Per tutti gli operai
dell'evangelizzazione è necessaria una seria preparazione. Lo è ancor più per coloro che si dedicano al ministero
della Parola. Animati dalla convinzione continuamente approfondita della
grandezza e della ricchezza della Parola di Dio, quelli che hanno il compito di
trasmetterla devono manifestare la più grande attenzione alla dignità, alla
precisione, all'adattamento del loro linguaggio. Tutti sanno che l'arte di
parlare ha oggi una grandissima importanza. Come potrebbero trascurarla i
predicatori e i catechisti?
Noi
auspichiamo vivamente che, in ciascuna Chiesa particolare, i Vescovi vigilino
alla formazione adeguata di tutti i ministri della Parola. Questa seria
preparazione accrescerà in questi la sicurezza indispensabile ma anche
l'entusiasmo per annunziare Gesù Cristo oggi.
VII. Lo spirito dell'evangelizzazione
PRESSANTE APPELLO
74.
Non vorremmo terminare questo colloquio con i Nostri Fratelli e Figli
amatissimi, senza un pressante appello riguardante le attitudini interiori che
devono animare gli operai dell'evangelizzazione.
Nel
nome del Signore Gesù Cristo, e nel nome degli Apostoli Pietro e Paolo, Noi
esortiamo tutti coloro che, grazie ai carismi dello Spirito Santo e al mandato
della Chiesa, sono veri evangelizzatori, ad essere degni di questa vocazione,
ad esercitarla senza le reticenze del dubbio e della paura, e a non trascurare
le condizioni che renderanno tale evangelizzazione non soltanto possibile ma
anche attiva e fruttuosa. Ecco le condizioni fondamentali che, fra molte altre,
Noi desideriamo mettere in rilievo.
AL SOFFIO DELLO SPIRITO SANTO
75.
L'evangelizzazione non sarà mai possibile senza l'azione dello Spirito Santo.
Su Gesù di Nazareth, lo Spirito discende nel momento del battesimo, quando la
voce del Padre - «Questi è il Figlio mio prediletto, nel quale mi sono compiaciuto» [107] - manifesta in modo sensibile la sua
elezione e la sua missione. «Condotto dallo Spirito», egli vive nel deserto la
lotta decisiva e la prova suprema prima di iniziare tale missione [108].
«Con la potenza dello Spirito» [109] egli ritorna in Galilea, e a Nazareth
dà inizio alla sua predicazione, applicando a se stesso il brano di Isaia: «Lo
Spirito del Signore è sopra di me». «Oggi - egli proclama - si è adempiuta
questa Scrittura» [110].
Ai discepoli quando è sul punto di inviarli, dice alitando su di loro:
«Ricevete lo Spirito Santo» [111].
Di
fatto, soltanto dopo la discesa dello Spirito Santo, nel giorno della
Pentecoste, gli apostoli partono verso tutte le direzioni del mondo per
cominciare la grande opera di evangelizzazione della Chiesa, e Pietro spiega l'evento
come realizzazione della profezia di Gioele: «Io effonderò il mio Spirito» [112].
Pietro è ricolmato di Spirito Santo per parlare al popolo su Gesù, Figlio di
Dio [113].
Paolo a sua volta, è riempito di Spirito Santo [114] prima di dedicarsi al suo ministero
apostolico, come pure lo è Stefano quando è scelto per esercitare la diaconia,
e più tardi per la testimonianza del martirio [115].
Lo stesso Spirito che fa parlare Pietro, Paolo o gli altri Apostoli, ispirando
loro le parole da dire, discende anche «sopra tutti coloro che ascoltavano il
discorso» [116].
«Colma
del conforto dello Spirito Santo», la Chiesa «cresce» [117].
Lo Spirito è l'anima di questa Chiesa. È lui che spiega ai fedeli il
significato profondo dell'insegnamento di Gesù e del suo mistero. È lui che,
oggi come agli inizi della Chiesa, opera in ogni evangelizzatore che si lasci
possedere e condurre da lui, che gli suggerisce le parole che da solo non
saprebbe trovare, predisponendo nello stesso tempo l'animo di chi ascolta
perché sia aperto ad accogliere la Buona Novella e il Regno annunziato.
Le
tecniche dell'evangelizzazione sono buone, ma neppure le più perfette tra di
esse potrebbero sostituire l'azione discreta dello Spirito. Anche la
preparazione più raffinata dell'evangelizzatore, non opera nulla senza di lui.
Senza di lui la dialettica più convincente è impotente sullo spirito degli
uomini. Senza di lui, i più elaborati schemi a base sociologica, o psicologica,
si rivelano vuoti e privi di valore.
Noi
stiamo vivendo nella Chiesa un momento privilegiato dello Spirito. Si cerca da
per tutto di conoscerlo meglio, quale è rivelato dalle Sacre Scritture. Si è
felici di porsi sotto la sua mozione. Ci si raccoglie attorno a lui e ci si
vuol lasciar guidare da lui. Ebbene, se lo Spirito di Dio ha un posto eminente
in tutta la vita della Chiesa, egli agisce Soprattutto nella missione
evangelizzatrice: non a caso il grande inizio dell'evangelizzazione avvenne il
mattino di Pentecoste, sotto il soffio dello Spirito.
Si può
dire che lo Spirito Santo è l'agente principale dell'evangelizzazione: è lui
che spinge ad annunziare il Vangelo e che nell'intimo delle coscienze fa
accogliere e comprendere la parola della salvezza [118].
Ma si può parimente dire che egli è il termine dell'evangelizzazione: egli solo
suscita la nuova creazione, l'umanità nuova a cui l'evangelizzazione deve
mirare, con quella unità nella varietà che l'evangelizzazione tende a provocare
nella comunità cristiana. Per mezzo di lui il Vangelo penetra nel cuore del
mondo, perché egli guida al discernimento dei segni dei tempi - segni di Dio -
che l'evangelizzazione discopre e mette in valore nella storia. Il Sinodo dei
Vescovi del 1974, che ha molto insistito sul ruolo dello Spirito Santo
nell'evangelizzazione, ha espresso anche il voto che Pastori e teologi - e Noi
aggiungeremo anche i fedeli, segnati dal sigillo dello Spirito per mezzo del
Battesimo - studino meglio la natura e il modo di agire dello Spirito Santo
nell'odierna evangelizzazione. Facciamo nostro questo voto, mentre esortiamo in
pari tempo gli evangelizzatori - chiunque essi siano - a pregare
incessantemente lo Spirito Santo con fede e fervore, e a lasciarsi
prudentemente guidare da lui quale ispiratore decisivo dei loro programmi,
delle loro iniziative, della loro attività evangelizzatrice.
TESTIMONI AUTENTICI
76.
Consideriamo ora la persona stessa degli evangelizzatori. Si ripete spesso,
oggi, che il nostro secolo ha sete di autenticità. Soprattutto a proposito dei
giovani, si afferma che hanno orrore del fittizio, del falso, e ricercano sopra
ogni cosa la verità e la trasparenza.
Questi
«segni dei tempi» dovrebbero trovarci all'erta. Tacitamente o con alte grida,
ma sempre con forza, ci domandano: Credete veramente a quello che annunziate?
Vivete quello che credete? Predicate veramente quello che vivete? La
testimonianza della vita è divenuta più che mai una condizione essenziale per
l'efficacia profonda della predicazione. Per questo motivo, eccoci
responsabili, fino ad un certo punto, della riuscita del Vangelo che
proclamiamo.
«Che
ne è della Chiesa a dieci anni dalla fine del Concilio?», ci domandavamo
all'inizio di questa meditazione. È veramente radicata nel cuore del mondo, e
tuttavia abbastanza libera e indipendente per interpellare il mondo? Rende
testimonianza della propria solidarietà verso gli uomini, e nello stesso tempo
verso l'Assoluto di Dio? È più ardente nella contemplazione e nell'adorazione,
e in pari tempo più zelante nell'azione missionaria, caritativa, di
liberazione? È sempre più impegnata nello sforzo di ricercare il ristabilimento
della piena unità dei cristiani, che rende più efficace la testimonianza comune
«affinché il mondo creda»? [119]Siamo
tutti responsabili delle risposte che si potrebbero dare a questi
interrogativi.
Noi
esortiamo dunque i nostri Fratelli nell'episcopato, posti dallo Spirito Santo a
governare la Chiesa [120].
Esortiamo i sacerdoti e i diaconi, collaboratori dei Vescovi nel radunare il
popolo di Dio e nell'animazione spirituale delle comunità locali. Esortiamo i
religiosi, testimoni d'una Chiesa chiamata alla santità, e quindi partecipi
essi stessi di una vita che esprime le beatitudini evangeliche. Esortiamo i
laici: famiglie cristiane, giovani e adulti, quanti esercitano un mestiere, i
dirigenti, senza dimenticare i poveri spesso ricchi di fede e di speranza,
tutti i laici consapevoli del loro ruolo di evangelizzazione al servizio della
Chiesa o in mezzo alla società e al mondo. Lo diciamo a tutti: bisogna che il
nostro zelo per l'evangelizzazione scaturisca da una vera santità di vita, e
che la predicazione, alimentata dalla preghiera e soprattutto dall'amore
all'Eucaristia, a sua volta - come ci ricorda il Concilio Vaticano II -
faccia crescere in santità colui che predica [121].
Il
mondo, che nonostante innumerevoli segni di rifiuto di Dio, paradossalmente lo
cerca attraverso vie inaspettate e ne sente dolorosamente il bisogno, reclama
evangelizzatori che gli parlino di un Dio, che essi conoscano e che sia a loro familiare,
come se vedessero l'Invisibile [122].
Il mondo esige e si aspetta da noi semplicità di vita, spirito di preghiera,
carità verso tutti e specialmente verso i piccoli e i poveri, ubbidienza e
umiltà, distacco da noi stessi e rinuncia. Senza questo contrassegno di
santità, la nostra parola difficilmente si aprirà la strada nel cuore dell'uomo
del nostro tempo, ma rischia di essere vana e infeconda.
ARTEFICI DI UNITÀ
77. La
forza dell'evangelizzazione risulterà molto diminuita se coloro che annunziano
il Vangelo sono divisi tra di loro da tante specie di rotture. Non starebbe
forse qui uno dei grandi malesseri dell'evangelizzazione oggi? Infatti, se il
Vangelo che proclamiamo appare lacerato da discussioni dottrinali, da
polarizzazioni ideologiche o da condanne reciproche tra cristiani in balìa
delle loro diverse teorie sul Cristo e sulla Chiesa, ed anche a causa delle
loro diverse concezioni su la società e le istituzioni umane, come potrebbero
coloro a cui è rivolta la nostra predicazione non sentirsene turbati,
disorientati, se non addirittura scandalizzati?
Il
testamento spirituale del Signore ci dice che l'unità tra i suoi seguaci non è
soltanto la prova che noi siamo suoi, ma anche che egli è l'inviato del Padre,
criterio di credibilità dei cristiani e del Cristo medesimo. In quanto
evangelizzatori, noi dobbiamo offrire ai fedeli di Cristo l'immagine non di
uomini divisi e separati da litigi che non edificano affatto, ma di persone
mature nella fede, capaci di ritrovarsi insieme al di sopra delle tensioni
concrete, grazie alla ricerca comune, sincera e disinteressata della verità.
Sì, la sorte dell'evangelizzazione è certamente legata alla testimonianza di
unità data dalla Chiesa. È questo un motivo di responsabilità ma anche di
conforto.
A questo punto vogliamo
sottolineare il segno dell'unità tra tutti i cristiani come via e strumento di
evangelizzazione. La divisione dei cristiani è
un grave stato di fatto che perviene ad intaccare la stessa opera di Cristo. Il Concilio Vaticano II afferma
con lucidità e fermezza che essa «è di grave pregiudizio alla santa causa della
predicazione del Vangelo a tutti gli uomini e impedisce a molti di abbracciare
la fede» [123].
Per questo, nell'indire l'Anno Santo abbiamo creduto necessario ricordare a
tutti i fedeli del mondo cattolico che «la riconciliazione di tutti gli uomini
con Dio, nostro Padre, dipende dal ristabilimento della comunione di coloro che
già hanno riconosciuto ed accolto nella fede Gesù Cristo come il Signore della
misericordia che libera gli uomini e li unisce nello Spirito di amore e di
verità» [124].
È con
un forte sentimento di speranza che Noi guardiamo agli sforzi che si fanno nel
mondo cristiano per tale ristabilimento della piena unità voluta da Cristo. S.
Paolo ce ne assicura: «la speranza non delude» [125].
Mentre
lavoriamo ancora per ottenere dal Signore la piena unità, vogliamo
intensificata la preghiera. Inoltre facciamo Nostro il voto dei Padri della
terza Assemblea Generale del Sinodo dei Vescovi, che si collabori con maggiore
impegno con i fratelli cristiani, basandoci sul fondamento del Battesimo e sul patrimonio
di fede che ci è comune, per rendere sin d'ora, nella stessa opera di
evangelizzazione, una più larga testimonianza comune a Cristo di fronte al
mondo. Ci spinge a ciò il Comando di Cristo, lo richiede il dovere di predicare
e di rendere testimonianza al Vangelo.
SERVITORI DELLA VERITÀ
78. Il
Vangelo che ci è stato affidato è anche parola di verità. Una verità che rende
liberi [126] e che sola può donare la pace del
cuore: questo cercano gli uomini quando annunziamo loro la Buona Novella. Verità su Dio, verità
sull'uomo e sul suo destino misterioso, verità sul mondo. Verità difficile che ricerchiamo nella Parola di Dio ma di
cui non siamo, lo ripetiamo, né padroni né arbitri, ma i depositari, gli
araldi, i servitori.
Da
ogni evangelizzatore ci si attende che abbia il culto della verità, tanto più
che la verità da lui approfondita e comunicata è la verità rivelata e quindi -
più d'ogni altra - parte della verità primordiale, che è Dio stesso. Il
predicatore del Vangelo sarà dunque colui che, anche a prezzo della rinuncia
personale e della sofferenza, ricerca sempre la verità che deve trasmettere
agli altri. Egli non tradisce né dissimula mai la verità per piacere agli
uomini, per stupire o sbalordire, né per originalità o desiderio di mettersi in
mostra. Egli non rifiuta la verità; non offusca la verità rivelata per pigrizia
nel ricercarla, per comodità o per paura. Non trascura di studiarla; la serve
generosamente senza asservirla. In quanto pastori del popolo fedele, il nostro
servizio pastorale ci sprona a custodire, difendere e comunicare la verità
senza badare a sacrifici. Numerosi eminenti e santi Pastori ci hanno lasciato
l'esempio di questo amore - in molti casi eroico - della verità. Il Dio di
verità attende che noi ne siamo i difensori vigilanti e i predicatori devoti.
Quanti siete dottori, teologi, esegeti, studiosi di storia: l'opera di evangelizzazione
ha bisogno del vostro indefesso lavoro di ricerca, nonché della vostra
attenzione e delicatezza nella trasmissione della verità a cui i vostri studi
vi avvicinano, ma che è sempre più grande del cuore dell'uomo, perché è la
verità stessa di Dio.
Genitori
c maestri, il vostro compito - che i molteplici conflitti attuali non rendono
certo facile - consiste nell'aiutare i vostri figli e i vostri alunni nella
scoperta della verità, compresa la verità religiosa e spirituale.
ANIMATI DALL'AMORE
79.
L'opera dell'evangelizzazione suppone nell'evangelizzatore un amore fraterno
sempre crescente verso coloro che egli evangelizza. L'Apostolo Paolo, modello
di ogni evangelizzatore, scriveva ai Tessalonicesi queste parole. che sono un
programma per tutti noi: «Così affezionati a voi, avremmo desiderato darvi non
solo il Vangelo di Dio, ma la nostra stessa vita, perché ci siete diventati
cari» [127].
Quale è questa affezione? Ben più di quella di un pedagogo, essa è quella di un
padre; e ancor più: quella di una madre [128].
Il Signore attende da ciascun predicatore del Vangelo e da ogni costruttore
della Chiesa tale affezione. Un segno d'amore sarà la cura di donare la verità
e di introdurre nell'unità. Un segno d'amore sarà parimente dedicarsi senza
riserve, né sotterfugi all'annuncio di Gesù Cristo. Aggiungiamo qualche altro
segno di questo amore.
Il
primo è il rispetto della situazione religiosa e spirituale delle persone che
vengono evangelizzate, Rispetto del loro ritmo, che non si ha diritto di
forzare oltre misura. Rispetto della loro coscienza e delle loro convinzioni,
senza alcuna durezza.
Un
altro segno è l'attenzione a non ferire l'altro, soprattutto se egli è debole
nella fede [129],
con affermazioni che possono essere chiare per gli iniziati, ma diventare per i
fedeli fonte di turbamento e di scandalo, come una ferita nell'anima.
Un
segno d'amore sarà anche lo sforzo di trasmettere ai cristiani, non dubbi e
incertezze nati da una erudizione male assimilata, ma al, cune certezze solide,
perché ancorate nella Parola di Dio. I fedeli hanno bisogno di queste certezze
per la loro vita cristiana, ne hanno diritto in quanto sono figli di Dio che,
tra le sue braccia, s'abbandonano interamente alle esigenze dell'amore.
COL FERVORE DEI SANTI
80. Il
Nostro appello si ispira qui al fervore dei più grandi predicatori ed
evangelizzatori, la cui vita fu dedicata all'apostolato: e tra essi Ci piace
particolarmente mettere in rilievo quelli che Noi, in questo Anno Santo,
abbiamo proposto alla venerazione dei fedeli. Essi hanno saputo superare tanti
ostacoli alla evangelizzazione.
Tra tali
ostacoli, che sono anche dei nostri tempi, Noi ci limiteremo a segnalare la
mancanza di fervore, tanto più grave perché nasce dal di dentro; essa si
manifesta nella negligenza e soprattutto nella mancanza di gioia e di speranza.
Noi, pertanto, esortiamo tutti quelli che hanno, a qualche titolo e a qualche
livello, il compito dell'evangelizzazione ad alimentare il fervore dello
spirito [130].
Questo fervore esige prima di tutto che sappiamo sottrarci agli alibi che
possono sviare dall'evangelizzazione. I più insidiosi sono certamente quelli
per i quali si pretende di trovare appoggio nel tale o tal altro insegnamento
del Concilio.
Avviene
così che si sente dire troppo spesso, sotto diverse forme: imporre una verità,
sia pure quella del Vangelo, imporre una via, sia pure quella della salvezza,
non può essere che una violenza alla libertà religiosa. Del resto, aggiungono,
perché annunziare il Vangelo dal momento che tutti sono salvati dalla
rettitudine del cuore? Se, d'altra parte, il mondo e la storia sono pieni dei
«germi del Verbo», non è una illusione pretendere di portare il Vangelo là dove
esso già si trova nei semi, che il Signore stesso vi ha sparsi?
Chiunque
si prenda cura di approfondire, nei documenti conciliari, le domande che questi
alibi vi attingono troppo superficialmente, troverà tutt'altra visione della
realtà.
Sarebbe
certo un errore imporre qualcosa alla coscienza dei nostri fratelli. Ma
proporre a questa coscienza la verità evangelica e la salvezza in Gesù Cristo
con piena chiarezza e nel rispetto assoluto delle libere opzioni che essa farà
- senza «spinte coercitive o sollecitazioni disoneste o stimoli meno retti» [131] - lungi dall'essere un attentato alla
libertà religiosa, è un omaggio a questa libertà, alla quale è offerta la
scelta di una via, che gli stessi non credenti stimano nobile ed esaltante. È
dunque un crimine contro la libertà altrui proclamare nella gioia una Buona
Novella che si è appresa per misericordia del Signore? [132] E perché solo la menzogna e l'errore,
la degradazione e la pornografia avrebbero il diritto di essere proposti e
spesso, purtroppo, imposti dalla propaganda distruttiva dei mass media, dalla tolleranza
delle leggi, dalla timidezza dei buoni e dalla temerità dei cattivi? Questo
modo rispettoso di proporre il Cristo e il suo Regno, più che un diritto, è un
dovere dell'evangelizzatore. Ed è parimente un diritto degli uomini suoi
fratelli di ricevere da lui l'annuncio della Buona Novella della salvezza.
Questa salvezza Dio la può compiere in chi egli vuole attraverso vie
straordinarie che solo lui conosce [133].
Peraltro se il Figlio è venuto, ciò è stato precisamente per rivelarci,
mediante la sua parola e la sua vita, i sentieri ordinari della salvezza. E ci
ha ordinato di trasmettere agli altri questa rivelazione con la sua stessa
autorità. Non sarà inutile che ciascun cristiano e ciascun evangelizzatore
approfondisca nella preghiera questo pensiero: gli uomini potranno salvarsi
anche per altri sentieri, grazie alla misericordia di Dio, benché noi non
annunziamo loro il Vangelo; ma potremo noi salvarci se, per negligenza, per
paura, per vergogna - ciò che S. Paolo chiamava «arrossire del Vangelo» [134] - o in conseguenza di idee false,
trascuriamo di annunziarlo? Perché questo sarebbe allora tradire la chiamata di
Dio che, per bocca dei ministri del Vangelo, vuole far germinare la semente;
dipenderà da noi che questa diventi un albero e produca tutto il suo frutto.
Conserviamo
dunque il fervore dello spirito. Conserviamo la dolce e confortante gioia
d'evangelizzare, anche quando occorre seminare nelle lacrime. Sia questo per
noi - come lo fu per Giovanni Battista, per Pietro e Paolo, per gli altri
Apostoli, per una moltitudine di straordinari evangelizzatori lungo il corso
della storia della Chiesa - uno slancio interiore che nessuno, né alcuna cosa
potrà spegnere. Sia questa la grande gioia delle nostre vite impegnate. Possa
il mondo del nostro tempo, che cerca ora nell'angoscia, ora nella speranza,
ricevere la Buona Novella non da evangelizzatori tristi e scoraggiati, impazienti
e ansiosi, ma da ministri del Vangelo, la cui vita irradii fervore, che abbiano
per primi ricevuto in loro la gioia del Cristo, e accettino di mettere in gioco
la propria vita affinché il Regno sia annunziato e la Chiesa sia impiantata nel
cuore del mondo.
Conclusione
LA CONSEGNA DELL'ANNO SANTO
81.
Ecco dunque, Fratelli e Figli, il grido che sale dal fondo del Nostro cuore, in
eco alla voce dei Nostri Fratelli riuniti per la terza Assemblea Generale del
Sinodo dei Vescovi. Ecco la consegna che abbiamo voluto dare alla fine di un
Anno Santo, che Ci ha permesso di percepire più che mai la necessità e le
invocazioni di una moltitudine di fratelli, cristiani e non cristiani, che
attendono dalla Chiesa la Parola della salvezza. Possa la luce dell'Anno Santo,
che si è levata nelle Chiese particolari e a Roma per milioni di coscienze
riconciliate con Dio, irradiarsi egualmente dopo il Giubileo attraverso un
programma di azione pastorale, di cui l'evangelizzazione è l'aspetto
fondamentale, per questi anni che segnano la vigilia di un nuovo secolo, la
vigilia anche del terzo millennio del cristianesimo.
MARIA, STELLA DELL'EVANGELIZZAZIONE
82.
Tale è il voto che siamo lieti di deporre nelle mani e nel cuore della
Santissima Vergine Maria, l'Immacolata, in questo giorno che Le è
particolarmente consacrato, nel decimo anniversario della chiusura del Concilio Vaticano II. Al mattino della Pentecoste, Ella
ha presieduto con la sua preghiera all'inizio dell'evangelizzazione sotto
l'azione dello Spirito Santo: sia lei la Stella dell'evangelizzazione sempre
rinnovata che la Chiesa, docile al mandato del suo Signore, deve promuovere e
adempiere, soprattutto in questi tempi difficili ma pieni di speranza! Nel nome
di Cristo, benediciamo voi, le vostre comunità, le vostre famiglie, tutti
coloro che vi sono cari, con le parole che San Paolo rivolgeva ai Filippesi:
«Ringrazio il mio Dio ogni volta ch'io mi ricordo di voi, pregando sempre con gioia
per voi in ogni mia preghiera a motivo della vostra cooperazione alla
diffusione del Vangelo . . . Vi porto nel cuore, voi che siete tutti partecipi
della grazia che mi è stata concessa, . . . nella difesa e nel consolidamento
del Vangelo. Infatti, Dio mi è testimonio del profondo affetto che ho per tutti
voi nell'amore di Cristo Gesù» [135].
Dato
a Roma, presso S. Pietro, l'8 dicembre, nella Solennità dell'Immacolata
Concezione della B. V. Maria, dell'anno 1975, XIII del Nostro Pontificato.
PAOLO PP. VI
[6] Cfr. PAOLO PP. VI, Discorso per la chiusura della terza assemblea generale del Sinodo
dei Vescovi (26 ottobre 1974): AAS 66, 1974, pp. 634-635; 637
[44] Luc. 10, 16; cfr. S. CYPRIANI De Unitate Ecclesiae, 14: PL 4,
527; S. AU GUSTINI Enarrat. 88, sermo 2, 14: PL 37, 1140; S. IOANNIS CHRYSOSTOMI Hom. de capto Eutropio, 6: PG 52, 402
[51] Cfr. TERTULLIANI Apologeticum, 39: CCL 1, pp. 150.153; MINUCII FELICIS Octavius, 9 et 31: CSLP,
Augustae Taurinorum 19632, pp. 11.13, 47.48
[53] Cfr. Lumen Gentium, 1, 9, 48: AAS 57, 1965, pp. 5, 12-14, 53-54; Gaudium et Spes, 42, 45: AAS 58, 1966, pp. 1060-1061, 1065-1066; Ad Gentes, 1, 5: AAS 58, 1966, pp. 947, 951-952
[57] Cfr. Eph. 2, 8; Rom. 1, 16 et SACRAE
CONGREGATIONIS PRO DOCTRINA FIDEI Declaratio ad fidem tuendam
in mysteria Incarnationis et SS. Trinitatis a quibusdam recentibus erroribus (21 Februarii 1972): AAS 64, 1972, pp. 237-241
[59] Cfr. SACRAE
CONGREGATIONIS PRO DOCTRINA FIDEI Declaratio circa Catholicam
Doctrinam de Ecclesia contra nonnullos errores hodiernos tuendam (24 Iunii 1973): AAS 65, 1973, pp. 396-408
[60] Cfr. Gaudium et Spes, 47-52: AAS 58, 1966, pp. 1067-1074; PAULI PP. VI Humanae vitae: AAS 60, 1968, pp. 481-503
[61] PAOLO PP. VI, Discorso per l'apertura della terza assemblea generale del Sinodo
dei Vescovi (27 settembre 1974): AAS 66, 1974, p. 562
[62] PAOLO PP. VI, Discorso per l'apertura della terza assemblea generale del Sinodo
dei Vescovi (27 settembre 1974): AAS 66, 1974, p. 562
[64] IDEM, Discorso per la «Giornata
dello Sviluppo» a Bogotà (23 agosto 1968): AAS 60, 1968, p. 627; cfr. S. AGOSTINO, Epistola 229, 2: PL 33, 1020
[65] IDEM, Discorso per la chiusura della terza assemblea generale del Sinodo
dei Vescovi (26 ottobre 1974): AAS 66, 1974, p. 637
[67] PAOLO PP. VI, Discorso ai Membri del «Consilium de Laicis»
(2 ottobre 1974): AAS 66, 1974, p. 568
[74] Cfr. S. IUSTINI I Apologia, 46, 1-4; II Apologia, 7 (8), l-4; 10,
1-3; 13, 3-4: Florilegium
Patristicum II, Bonn 1911-2,
pp. 81, 125, 129, 133; CLEMENTIS ALEXANDRINI Stremata 1, 19, 91, 94: S. Ch. 30, pp. 117-118,
119-120; Ad Gentes, 11: AAS 58, 1966, p. 960; Lumen Gentium, 17: AAS 57, 1965, p. 21
[75] EUSEBII CAESARIENSIS Praeparatio Evangelica, 1, 1: PG 21, 26-28; cfr. Lumen Gentium, 16: AAS 57, 1965, p. 20
[82] Dignitatis Humanae, 13: AAS 58, 1966, 939; p. cfr. Lumen Gentium, 5: AAS 57, 1965, pp. 7-8; Ad Gentes, 1: AAS 58, 1966, p. 947
[92] Cfr. Sacrosanctum Concilium, 37-38: AAS 56, 1964, p. 110; cfr. anche i libri
liturgici e gli altri Documenti emanati successivamente dalla Santa Sede per
l'attuazione della riforma liturgica voluta dal medesimo Concilio.
[93] PAOLO PP. VI, Discorso per la chiusura della terza assemblea generale del Sinodo
dei Vescovi (26 ottobre 1974): AAS 66, 1974, p. 636
[99] Cfr. S. LEONIS MAGNI Sermo 69, 3; Sermo 70, 1-3; Sermo 94, 3; Sermo 95, 2: S. Ch. 200, pp. 50-52; 58-66; 258-260; 268
[100] Cfr. CONC. OECUM.
LUGDUNENSIS I Ad apostolicae
dignitatis: Conciliorum
Oecumenicorum Decreta, Ed. Istituto per le Scienze Religiose, Bologna
19733, p. 278; CONC. OECUM. VIENNENSIS Ad
providam Christi, ed. mem., p. 343; CONC. OECUM. LATERANENSIS V In apostolici culminis, ed.
mem., p. 608; Postquam ad
universalis, ed. mem., p. 609; Supernae
dispositionis, ed. mem., p. 614; Divina
disponente clementia, ed. mem., p. 638
[103] Lumen Gentium, 10, 37: AAS 57, 1965, pp. 14, 43; Ad Gentes, 39: AAS 58, 1966, p. 986; Presbyterorum Ordinis, 2, 12,
13:AAS 58, 1966, pp. 992,
1010, 1011
[106] Lumen Gentium, 11: AAS 57, 1965, p. 16; Apostolicam Actuositatem, 11: AAS 58, 1966, p. 848; S. IOANNIS
CHRYSOSTOMI. In Genesim Serm. VI,
2; VII, 1: PG 54, 607-608
[123] Ad Gentes, 6: AAS 58, 1966, 954955; pp. cfr. Unitatis Redintegratio, 1: AAS 57, 1965, pp. 90-91
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