Médaillon d'ivoire portant un relief représentant le Christ, selon le modèle iconographique adopté sur l'ivoire Barberini. VIe s. ap. J.-C. Musée byzantin et chrétien d'Athènes, n° BXM 835. Photographie prise par Μαρσύας (2005).
Lettre à Diognète
1
Tu veux donc savoir,
illustre Diognète, quelle est la religion des chrétiens. Je te vois très
préoccupé de ce désir. Tu leur demandes publiquement et avec le plus vif
intérêt quel est le Dieu sur lequel ils fondent leur espoir, et quel est le
culte qu'ils lui rendent ? Qui donc leur fait ainsi mépriser le monde et la
mort, et leur inspire cet éloignement pour les fausses divinités des Grecs et
pour les pratiques superstitieuses des Juifs ? D'où leur vient cet amour qu'ils
ont les uns pour les autres ? Pourquoi ce nouveau culte, ces nouvelles mœurs
n'ont-ils paru que de nos jours ?
J'approuve ton désir,
Diognète, et je demande à Dieu, qui seul donne la parole et l'intelligence, de
mettre dans ma bouche le langage le plus propre à changer ton cœur, et de te
faire la grâce de m'écouter, de manière que celui qui te parle n'ait plus à
s'affliger de ton sort.
2
Quand tu seras dégagé de
tous les préjugés qui t'assiègent, et libéré du poids des habitudes qui
t'égarent et présentent un obstacle à la vérité; enfin quand tu sera devenu un
homme nouveau semblable à celui qui vient de naître, puisque de ton aveu la
parole que tu vas entendre est nouvelle pour toi, considère des yeux de
l'esprit et du corps quelle est la nature et la forme de ceux que tu appelles
et que tu crois être des dieux.
L'un n'est-il pas fait
d'une pierre semblable à celles que tu foules aux pieds, l'autre d'un cuivre
qui n'a pas plus de valeur que celui dont on fait des récipients pour toute
sorte d'utilisations ; celui-ci d'un bois qui se pourrit, celui-là d'un argent
qui réclame la surveillance de l'homme par peur des voleurs; quelques uns d'un
fer rongé par la rouille, plusieurs d'un argile qui n'a rien de plus
remarquable que l'argile qui, par sa forme, sert aux emplois les plus bas ?
Enfin ne sont-ils pas tous d'une matière corruptible, façonnée à l'aide du fer
et du feu, ou par un sculpteur ou par un forgeron ou par un orfèvre ou par un
potier ? Aucun de ces dieux avait-il une forme, une figure, avant de les avoir
reçues des mains de l'ouvrier ? Tous les vases faits de la même matière ne
peuvent-ils pas à l'instant devenir des dieux, s'il se rencontrent des mains
habiles qui leur rendent ce service ; comme aussi les dieux que vous adorez ne
peuvent-ils pas à leur tour, s'il plaît à l'ouvrier, devenir des vases
semblables à ceux dont nous nous servons tous les jours ?
Tous ces dieux ne
sont-ils pas sourds, ne sont-ils pas aveugles, inanimés, insensibles,
incapables de se mouvoir ? Ne les voit-on pas se pourrir, se corrompre ? Et
tels sont les dieux que tu sers, les dieux que tu adores ! Et vous, leurs
adorateurs, vous leur devenez entièrement semblables ! Les chrétiens ne vous
sont odieux que parce qu'ils refusent de reconnaître de pareilles divinités ;
mais vous, qui vous courbez devant elles, ne les traitez-vous pas avec plus de
mépris que ne le font les Chrétiens ? Plus que nous vous les raillez, vous les
outragez. Celles qui ne sont que d'argile ou de bois, vous vous contentez de
les adorer, vous ne leur faites par l'injure de leur donner des gardes ; mais
pour les dieux d'argent, vous avez bien soin de les enfermer pendant la nuit,
et de les faire surveiller de l'œil pendant le jour, de peur qu'on ne les
enlève.
Les honneurs que vous
leur rendez sont un vrai supplice pour eux, s'ils sont doués de sentiment ;
mais s'ils en sont tout à fait privés, vous le faites trop voir par cette odeur
de sang et de graisse qui s'exhale dans les sacrifices que vous leur offrez.
Qui de vous la supporterait et se laisserait ainsi suffoquer ? Non,
certainement, personne, à moins d'y être condamné, n'endurerait ce supplice,
parce tout homme est doué de sentiment et de raison. Mais la pierre le subit,
parce qu'elle est insensible. Ainsi donc, vous ne voulez laisser aucun doute
sur l'insensibilité de vos dieux et voilà une des raisons qui vous empêchent de
ramper en esclaves à leurs pieds !
J'en aurais bien d'autres
à te donner, mais si celles-ci ne suffisent pas pour te convaincre, toutes
celles que je pourrais ajouter deviendraient inutiles.
3
Je vais maintenant te
dire en quoi notre culte diffère de celui des Juifs : c'est encore un point sur
lequel tu désires ardemment t'instruire, si je ne me trompe.
Les Juifs, il est vrai,
n'adorent pas ces idoles stupides, ils ne reconnaissent qu'un Dieu, ils le
regardent comme le maître, l'arbitre de l'univers. Si cependant ils lui rendent
un culte semblable à celui dont nous venons de parler, n'est-il pas évident
qu'ils sont dans l'erreur ? Car les offrandes que les Grecs font à leurs dieux
sourds et insensibles, offrandes folles et absurdes, les juifs les présentent à
ce Dieu unique, s'imaginant qu'il en a besoin. N'est-ce pas de leur part une
extravagance plutôt qu'un hommage digne de la majesté divine ? Est-il croyable
que celui qui a fait le ciel et la terre et tout ce qu'ils renferment ; que
celui qui fournit à tous ce dont nous avons besoin [nos besoins], ait besoin
lui-même de ce qu'il accorde à ceux qui ont la prétention de lui en faire une
sorte d'aumône ? Or, ceux qui par ce sang, cette fumée des victimes et leurs
holocaustes pompeux, s'imaginent offrirent à Dieu des sacrifices qui lui soient
agréables et qui l'honorent, et venir au secours de celui qui n'a besoin de
rien, en quoi voulez-vous que je les distingue de ceux dont la folie rend avec
tant de soin de semblables honneurs à des statues insensibles, qui ne
comprennent rien à ces honneurs. [donc la lettre a été écrite avant la
destruction du temple, puisque après, les sacrifices sanglants ont cessé].
4
Te parlerais-je des
précautions minutieuses que prennent les Juifs sur le choix des viandes, de
leur superstition sur l'observance du sabbat, de leur jactance à cause de leur
circoncision, de l'hypocrisie de leurs jeûnes et de leurs cérémonies au retour
des nouvelles lunes ; tout cela est si absurde, si peu digne d'être raconté,
que tu peux te dispenser de l'apprendre, et je crois pouvoir t'en faire grâce.
Dans cette multitude
d'êtres que Dieu a faits pour l'usage de l'homme, admettre les uns comme
portant le caractère de la sagesse de leur auteur, rejeter les autres comme
inutiles et superflus, n'est-ce pas un crime ?
Se glorifier de la
circoncision comme du sceau de l'élection divine, comme d'un signe qui atteste
de la part de Dieu une prédilection toute particulière, n'est-ce pas une folie
des plus ridicules ? Que dirai-je de cette attention continuelle à suivre le
cours de la lune et des astres pour observer les jours et les mois, arranger à
sa manière les plans de la sagesse divine, les révolutions des saisons,
distinguer des jours de joie, des jours de deuil ; est-ce faire preuve de piété
et non pas de délire ?
Je t'en ai dit assez, je
pense, pour vous montrer que c'est avec raison que les Chrétiens s'éloignent de
l'imposture et de la vanité des idoles, de la superstition et de la jactance
des Juifs ; mais le sublime mystère de leur culte tout divin, n'espérez pas l'apprendre
d'une bouche mortelle.
5
Les Chrétiens ne sont
distingués du reste des hommes ni par leurs pays, ni par leur langage, ni par
leur manière de vivre ; ils n'ont pas d'autres villes que les vôtres, d'autre
langage que celui que vous parlez ; rien de singulier dans leurs habitudes ;
seulement ils ne se livrent pas à l'étude de vains systèmes, fruit de la
curiosité des hommes, et ne s'attachent pas, comme plusieurs, à défendre des
doctrines humaines. Répandus, selon qu'il a plu à la Providence, dans des
villes grecques ou barbares, ils se conforment, pour le vêtement, pour la
nourriture, pour la manière de vivre, aux usages qu'ils trouvent établis ; mais
ils placent sous les yeux de tous l'étonnant spectacle de leur vie toute
angélique et à peine croyable.
Ils habitent leur cités
comme étrangers, ils prennent part à tout comme citoyens, ils souffrent tout
comme voyageurs. Pour eux, toute région étrangère est une patrie, et toute
patrie ici-bas est une région étrangère. Comme les autres, ils se marient,
comme les autres, ils ont des enfants, seulement ils ne les abandonnent pas.
Ils ont tous une même table, mais pas le même lit. Ils vivent dans la chair et
non selon la chair. Ils habitent la terre et leur conversations est dans le
ciel. Soumis aux lois établies, ils sont par leurs vies, supérieurs à ces lois.
Ils aiment tous les hommes et tous les hommes les persécutent. Sans les
connaître, on les condamne. Mis à mort, ils naissent à la vie. Pauvres, ils
font des riches. Manquant de tout, ils surabondent. L'opprobre dont on les
couvre devient pour eux une source de gloire ; la calomnie qui les déchire
dévoile leur innocence. La bouche qui les outrage se voit forcée de les bénir,
les injures appellent ensuite les éloges. Irréprochables, ils sont punis comme
criminels et au milieu des tourments ils sont dans la joie comme des hommes qui
vont à la vie. Les Juifs les regardent comme des étrangers et leur font la
guerre. Les Grecs les persécutent, mais ces ennemis si acharnés ne pourraient
dire la cause de leur haine.
6
Pour tout dire, en un
mot, les chrétiens sont dans le monde ce que l'âme est dans le corps : l'âme
est répandue dans toutes les parties du corps ; les chrétiens sont dans toutes
les parties de la Terre ; l'âme habite le corps sans être du corps, les
chrétiens sont dans le monde sans être du monde. L'âme, invisible par nature,
est placée dans un corps visible qui est sa demeure. Vois les chrétiens pendant
leur séjour sur la Terre, mais leur culte qui est tout divin, ne tombe pas sous
les yeux. La chair, sans avoir reçue aucun outrage de l'esprit, le déteste et
lui fait la guerre, parce qu'il est ennemi des voluptés. Ainsi le monde
persécute les chrétiens, dont il n'a pas à se plaindre, parce qu'ils fuient les
plaisirs. L'âme aime la chair qui la combat et les membres toujours soulevés
contre elle. Ainsi les chrétiens n'ont que de l'amour pour ceux qui ne leur
montrent que de la haine. L'âme, enfermée dans le corps, le conserve ; les
chrétiens enfermés dans ce monde comme dans une prison, empêchent qu'il ne
périsse. L'âme immortelle habite un tabernacle périssable ; les chrétiens, qui
attendent la vie incorruptible des cieux, habitent comme des étrangers les
demeures corruptibles d'ici-bas. L'âme se fortifie par les jeûnes, les
chrétiens se multiplient par les persécutions : le poste que Dieu leur a confié
est si glorieux, qu'ils regardent comme un crime de l'abandonner.
7
Je l'ai déjà dit et je le
répète, la parole qu'ils ont reçue n'est pas une invention de la terre. Elle
n'est pas un mensonge des mortels la doctrine qu'ils se font un devoir de
conserver avec soin. Enfin le mystère confié à leur foi n'a rien de commun avec
ceux de la sagesse humaine.
Dieu lui-même, le
tout-puissant, le créateur de toutes choses, a fait descendre du ciel sur la
Terre la vérité, c'est à dire son Verbe saint et incompréhensible. Il a voulu
que le cœur de l'homme fût à jamais sa demeure. Ce n'est donc pas, comme
quelques-uns pourraient le croire, un ministre du Très Haut qui nous a été
envoyé, un ange, un archange, un des esprits qui veillent sur la conduite du
monde, ou qui président au gouvernement des cieux. Celui qui est venu vers nous
est l'auteur, le créateur du monde, par qui Dieu le Père a fait les cieux, a
donné des limites à la mer; c'est lui à qui obéissent et le soleil, dont il a
tracé la route dans les cieux avec ordre de la parcourir chaque jour sans
sortir de la ligne tracée, et la Lune qui doit prêter son flambeau à la nuit,
et les astres qui suivent son cours ; enfin c'est lui qui a tout disposé avec
ordre et tout circonscrit dans de justes limites ; à qui tout est soumis, les
cieux et tout ce qui est dans les cieux, le Terre et tout ce qui est sur la
Terre, la mer et tout ce qui est au sein de la mer, le feu, l'air, les abîmes,
les hauteurs du ciel, les profondeurs de la Terre, les régions placées entre la
terre et les cieux ; voilà celui que Dieu nous a envoyé, non comme un conquérant
chargé de semer la terreur et d'exercer partout un tyrannique empire, ainsi que
quelques-uns pourraient le croire. Non, il l'a envoyé comme un roi envoie son
fils, lui donnant pour cortège la douceur et la clémence ; il a envoyé ce fils
comme étant Dieu lui-même ; il l'a envoyé comme à de faibles mortels ; il l'a
envoyé en père qui veut les sauver, qui ne réclame que leur soumission, qui ne
connaît pas la violence, la violence n'est pas en Dieu ; il l'a envoyé comme un
ami qui appelle et non comme un persécuteur ; il l'a envoyé n'écoutant que
l'amour ; il l'enverra comme juge et qui soutiendra cet avènement ?
Ne vois-tu pas que l'on
jette les chrétiens aux bêtes féroces ? On voudrait en faire des apostats ;
vois s'ils se laissent vaincre ! Plus on fait de martyres, plus on fait de
chrétiens. Cette force ne vient pas de l'homme ; le doigt de Dieu est là ; tout
ici proclame son avènement.
8
qui des hommes savait ce
que c'est que Dieu avant qu'il vînt lui-même nous l'apprendre ? Sont-ce tes
philosophes ? Assurément, ils sont bien dignes de foi ! Approuves-tu leurs
opinions si vaines et si ridicules ? Selon ceux-ci, Dieu, c'est le feu. Ils ont
appelé Dieu ce feu qu'ils doivent retrouver après cette vie. Selon ceux-là,
c'est l'eau, ou quelque autre des substances que Dieu a créées. Admets tous ces
beaux systèmes et il te faudra dire de toute créature qu'elle est Dieu. Mais
tout ce langage n'est que mensonge, et mensonge monstrueux, imposture de
charlatans. Aucun mortel n'a vu Dieu, aucun mortel n'a donc pu le connaître. Il
s'est manifesté lui-même ; il se manifeste encore par la foi ; à la foi seule
est donnée le privilège de le voir.
Le maître, le créateur de
toutes choses, le Dieu qui a tout fait et tout disposé avec tant d'ordre et de
sagesse, est rempli pour les hommes, non seulement d'amour, mais de patience.
Il a toujours été ce qu'il est et sera toujours, c'est à dire bon,
miséricordieux, plein de douceur, fidèle en ses promesses, seul bon. Il a conçu
de toute éternité un dessein aussi grand qu'ineffable, et ne l'a confié qu'à
son fils ; tandis qu'il tenait caché sous un voile mystérieux ce conseil de sa
sagesse, il semblait négliger les hommes et ne prendre aucun soin de sa
créature ; mais quand il eut révélé et mis au grand jour, par son fils
bien-aimé, le mystère qu'il avait préparé avant les siècles, alors tout s'est
expliqué pour nous, et nous avons pu jouir de ses bienfaits, et voir ce qu'il
était. Qui de nous se serait attendu à tant d'amour ? Ainsi donc tout était
caché en Dieu, Dieu seul savait tout avec son fils, à la faveur de son infinie
sagesse.
9
S'il a permis que
l'homme, jusqu'à ces derniers temps, suivît à son gré ses désirs corrompus et
se laissât emporter à travers tous les désordres, par les voluptés et par les
passions, ce n'est pas qu'il approuvât le crime, seulement il le tolérait ;
non, il n'approuvait pas ce règne de l'iniquité ; il préparait, au contraire,
dans les cœurs, celui de la justice. Il voulait nous laisser le temps de nous
convaincre, par nos propres œuvres, combien nous étions indignes de la vie
avant que sa bonté daignât nous l'accorder. Il nous fallait en effet
reconnaître que, par nous-mêmes, nous ne pouvions pas parvenir au royaume de
Dieu avant que Dieu vînt nous en offrir les moyens.
Lors donc que notre
malice fut montée à son comble, qu'il fut démontré que nous n'étions dignes que
de châtiment, et que nous n'avions plus que la mort en perspective, arriva le
temps que Dieu avait marqué pour signaler tout à la fois sa bonté et sa
puissance, et montrer que son immense amour pour l'homme ne laissait aucune
place à la haine ; qu'il était loin de nous avoir rejetés ; qu'ils ne se
souvenait plus de nos iniquités ; qu'il les avait souffertes et supportées avec
patience, alors qu'a-t-il fait ? Il a pris sur lui nos péchés ; il a fait de
son propre fils le prix de notre rançon, substituant le saint, le juste,
l'innocent, l'incorruptible, l'immortel, à la place de l'homme pécheur, inique,
pervers, sujet à la corruption, dévoué à la mort. Qui pouvait couvrir nos
crimes, sinon sa sainteté ? Par quel autre que par le fils de Dieu, l'homme
injuste pouvait-il être justifié ? O doux échange ! O artifice impénétrable de
la sagesse divine ! O bienfait qui surpasse toute attente ! L'iniquité de tous
est ensevelie dans la justice d'un seul, et la justice d'un seul fait que tous
sont justifiés !
Quand il eut, par les
temps écoulés, convaincu notre nature de son impuissance pour s'élever à la
vie, il nous a montré le Sauveur, qui seul peut préserver de la mort ce qui périssait
sans lui. Par ce double exemple du passé et du présent, il a voulu que nous
eussions foi en sa bonté et que désormais l'homme le regardât comme un père qui
le nourrit, comme un maître qui le conseille, comme un médecin qui le guérit ;
que dirai-je encore ! Comme son intelligence, sa lumière, son honneur, sa
gloire, sa force, sa vie, et qu'il cessât de s'inquiéter du vêtement et de la
nourriture.
10
Si donc, ô Diognète, tu
désires ardemment le don de la foi, tu l'obtiendra. D'abord, tu connaîtras Dieu
le père : vois comme il a aimé l'homme ; c'est pour lui qu'il a créé le monde ;
il a placé sous sa dépendance tout ce que le monde renferme ; il lui a donné
l'intelligence et la raison. C'est à l'homme seul qu'il a permis de regarder le
ciel ; il l'a formé à son image ; il lui a envoyé son fils unique ; il lui
promet son royaume ; il le donnera à ceux qui lui rendront amour pour amour. O
quelle joie sera la tienne quand tu le connaîtras ! Combien tu aimeras celui
qui, le premier, t'a tant aimé ? Une fois touché de son amour, tu chercheras à
l'imiter, à retracer sa bonté. Quoi ! L'homme pourrait imiter Dieu ! Quel
langage ! Cesse de t'étonner, l'homme le peut, puisque Dieu le veut.
Faire peser sur ses
semblables le joug de la tyrannie, se croire d'une condition meilleure que ceux
qu'on opprime, étaler le faste de l'opulence, écraser le faible, tout cela ne
fait pas le bonheur ; aussi n'est-ce pas en cela que l'homme peut imiter son
Dieu, car aucun de ces traits ne caractérise la majesté divine ; mais prendre
sur soi le fardeau du malheureux, du lieu élevé où le ciel nous a placés,
répandre des bienfaits sur ceux qui se trouvent au dessous de nous, regarder
les richesses comme des dons que Dieu fait passer par nos mains pour arriver à
l'indigent, c'est devenir le Dieu de ceux qu'on soulage, c'est imiter Dieu
lui-même. Alors en passant sur la Terre, vous comprendrez qu'il est au ciel un
Dieu qui tient les rênes du monde et qui le gouverne comme un empire.
Les Mystères de Dieu se
dévoileront à tes yeux, tu en parleras le langage, tu aimeras, tu admireras ces
hommes que l'on opprime, parce qu'ils ne veulent pas renoncer à ce Dieu. Tu
condamneras l'erreur et l'imposture du monde, lorsque tu auras appris à vivre
pour le ciel, et à mépriser ce que l'on nomme la mort. Tu ne redouteras qu'une
seule mort, la véritable mort, celle qui est réservée aux pécheurs condamnés à
des feux éternels qui seront à jamais leur supplice. Oui, tu admireras ces
hommes qui endurent ici-bas les tourments du feu pour la justice, et tu
proclameras leur bonheur quand tu connaîtra ce feu éternel auquel ils ont
échappé.
11
Ce que je te dis est
l'expression véritable de notre foi, c'est le langage même de la raison.
Disciple des apôtres, je suis devenu le docteur des nations ; la parole de
vérité que j'ai reçue, je la transmets à ceux qui se montrent dignes de la
recevoir. Quel homme bien préparé par les premiers éléments de la foi ne
s'empresse de s'instruire de toutes les vérités que le Verbe expliquait
clairement lui-même aux disciples qui eurent l'avantage de le voir. Il parlait
librement, s'inquiétant peu des incrédules qui ne le comprenaient pas ; mais
les mêmes choses, il les développait ensuite à ses disciples ; et c'est ainsi que
ceux qu'il jugeait fidèles connurent les secrets de son Père. Le Père envoya
son Verbe pour qu'il fût connu des hommes ; rejeté par son peuple, il a été
prêché par les apôtres et cru des nations. C'est lui qui était dès le
commencement, et qui a paru dans les derniers temps, toujours nouveau, parce
qu'il naît tous les jours dans le cœur des justes. Il est aujourd'hui ce qu'il
a toujours été, le fils de Dieu ; par lui, l'Eglise ne cesse de s'enrichir ; sa
grâce se répand, reçoit sans cesse par ses saints de nouveaux accroissements,
communiquant partout l'intelligence, dévoilant les mystères, annonçant la fin
des temps, heureuse de ceux qui sont fidèles, prompte à se donner à ceux qui
cherchent, mais dont la curiosité ne force pas les barrières de la foi, et respecte
les bornes qu'ont respectées nos pères.
La loi de crainte est
abolie, la loi de grâce annoncée par les prophètes est connue, la foi des
saints Evangiles est affermie, la tradition des apôtres conservée, et la grâce
qui soutient l'Eglise triomphe. Ah ! Cette grâce qui vous parle, ne l'attriste
pas, ô Diognète, et tu connaîtras la vérité que le Verbe communique aux hommes
quand il veut et par les organes qu'il lui plait de choisir. Il nous ordonne,
il nous presse de parler, sa voix réclame nos travaux, et l'amour nous porte à
vous communiquer ce que nous avons reçu.
12
Recueille soigneusement,
médite avec attention ces vérités, et tu sauras de quels bien Dieu comble ceux
qui l'aiment. Ton âme sera comme un paradis de délices, comme un arbre fécond
qui se couvre d'un riche feuillage, qui porte toute sorte de fruits : ces
fruits seront ta parure, tu les produira en toi-même.
Dans le paradis
terrestre, furent plantés l'arbre de la science et l'arbre de la vie ; car ce
n'est pas la science qui fait mourir, mais la désobéissance. Il n'y a pas
d'obscurité dans ces paroles de l'Ecriture : "Dieu planta au commencement
l'arbre de vie au milieu du paradis terrestre", nous montrant la science
comme chemin de la vie. Nos premiers parents en furent dépouillés par
l'imposture du serpent pour n'en avoir pas bien usé. Il n'y a pas de vie sans
la science, et il n'y a pas de science certaine sans la vraie vie. Aussi ces
deux arbres furent-ils placés près l'un de l'autre dans le paradis. L'apôtre
l'avait bien compris, et voilà pourquoi, blâmant la science qui veut régler la
vie sans la parole de vérité, il dit : "la science enfle, mais la charité
édifie". En effet, celui qui croit savoir quelque chose sans la science
véritable à laquelle la vie rend témoignage, celui-là s'abuse, il ne sait rien,
le serpent le trompe, il n'aime pas la vie, mais celui qui fait marcher la
crainte avec la science et cherche la vie, plante au sein de l'espérance et
peut se promettre des fruits. Que cette science soit au fond de ton cœur, que
la parole de vérité soit ta vie, tu seras un arbre fertile, tu ne cesseras de
produire les fruits que demande le Seigneur, fruits heureux que n'atteint pas
le souffle du serpent et que ne peut corrompre son imposture.
Une autre Eve n'a pas
participé à la corruption ; vierge, elle a notre foi ; le salut du monde a
paru, l'intelligence est donnée aux apôtres, la pâque du Seigneur s'accomplit,
le chœur des élus se forme, l'ordre du monde se rétablit, le Verbe enfante des
saints et triomphe ; par lui, Dieu le père est glorifié. Gloire lui soit rendue
dans tous les siècles.
[Fin de la lettre à Diognète].
Traduction de M. de
Genoude, éditée à Paris, chez SAPIA, libraire éditeur, rues de Sèvres 16,et du
Doyenné 12. Traduction adaptée par JesusMarie.com. Fichier placé sous licence
creative commons, Paris, 11 septembre 2010.
Feuillet gauche d'un diptyque représentant le Christ entouré de deux apôtres, Ve siècle, 15.3 x 9.8, musée du Louvre
article du Dictionnaire
de Théologie Catholique
col. 1366 début
DIOGNETE (Epître à).
I. Tradition. II. Objet. III. Intégrité. IV. Auteur,
destinataire, date. V. Caractère. VI Editions
Principales
I. TRADITION.
La célébrité, pour ne pas
dire la popularité, de l’Epître à Diognète ne remonte pas au-delà de
l’édition princeps qu’Henri Estienne en a donnée, Paris, 1592.
Ni l’antiquité chrétienne
ni le moyen âge n’ont parlé de l’Epître à Diognète.
On ne l’a retrouvée que
dans un seul et unique manuscrit, le Cod. Argentorat., 9. Manuscrit du
XIIIe ou du XIVe siècle, qui probablement reproduisait un texte du
VIIe et qui, passé des mains de Jean Reuchlin vers 1560 dans l’abbaye de
Munster en Alsace, puis entre 1793 et 1975, dans la bibliothèque de Strasbourg,
a péri du fait du bombardement de cette ville, le 24 août 1870.
Il nous en reste
présentement deux copies, prises sur l’original :
l’une, en 1579, par M.
Bern. Hausius, et qui se conserve à la bibliothèque de Tubingue, M. b. 17
;
l’autre, par Estienne
lui-même, un peu à la hâte, en 1586, et que possède aujourd’hui la bibliothèque
de Leyde, col.1366 fin/ col.1367 début Cod. Voss. Gr. 30.
Une troisième copie plus
exacte prise par Beurer entre 1587 et 1591, a malheureusement disparu. H.
Kihn, Der Ursprung der Briefes an Diognet, Fribourg, 1882, p. 35 sq. ; Ad.
Harnack, Geschichte der altchristl. Litt., t. I, 2, p. 757-758.
Un païen du nom de
Diognète, grand personnage, a prié l’un de ses amis, un chrétien, de l’éclairer
sur l’origine, sur le caractère particulier et l’efficacité du christianisme,
sur la raison enfin de son avènement tardif parmi les hommes, c. I.
L’auteur de la lettre
commence donc par prendre à partie tour à tour le paganisme et le judaïsme, par
réfuter l’idolâtrie ou plutôt la forme la plus grossière de l’idolâtrie, le
fétichisme, c. II, et les superstitions rabbiniques qui peu à peu ont dénaturé
la loi de Moïse et institué un culte purement extérieur, indigne de Dieu, c.
III-IV.
Après quoi, l’auteur,
abordant la deuxième question de Diognète, sans avoir encore épuisé la
première, trace un tableau exquis de la vie des chrétiens de son temps, c.
V, et fait ressortir, dans une comparaison restée justement célèbre, le rôle de
la religion nouvelle : "Ce que l’âme est dans le corps, les chrétiens le
sont dans le monde" c. VI.
Une fois l’effet
constaté, notre auteur en montre la cause.
L’intervention divine
peut seule expliquer une si prodigieuse transformation des mœurs. Le
christianisme n’est pas une invention humaine ; il est d’origine divine.
Dieu a député son Fils
vers les hommes, " comme un ministre de clémence et de douceur, "
pour les sauver. La mort héroïque des martyrs et la rapide propagation du
christianisme attestent une puissance surnaturelle, la présence du Fils de Dieu
parmi nous, c. VII-VIII, 6.
Vient ici la réponse, une
réponse incomplète toutefois, à la troisième question de Diognète : Pourquoi
Dieu a-t-il différé si longtemps notre rédemption ? Pourquoi a-t-il laissé le
genre humain plongé dans l’erreur et dans le vice tant de siècles durant ?
C’est qu’il voulait nous faire sentir notre profonde misère et le besoin
indispensable que nous avions de son secours, c. VIII, 7-IX.
Enfin, après avoir
exhorté Diognète à embrasser la foi, l’auteur énumère les avantages
spirituels qui en découleront pour lui, notamment la charité envers
le prochain et la ressemblance avec Dieu même, c. X.
Dans les deux derniers
chapitres par où se termine la lettre sous sa forme actuelle, l’auteur déclare
à son ami qu’il n’a fait que lui transmettre l’enseignement des apôtres, dont
lui-même a été le disciple.
Mais la plupart des
critiques modernes ont signalé entre ces deux derniers chapitres et ce qui
précède une différence assez forte pour qu’ils aient cru devoir les rejeter
comme apocryphes.
Le sujet de la Lettre,
tel que les premiers mots de l’auteur l’exposent et le limitent, est en effet
épuisé avec le chapitre X. De là aux chapitres XI et XII, point de transition
naturelle. Aussi le manuscrit de Strasbourg offrait-il à cet endroit même une
lacune, et, non pas, selon toute apparence, une lacune de quelques mots. Ici et
là d’ailleurs, style, cadre, idées, tout est contraste. La langue des chapitres
I-X, énergique et vivante, ne laisse pas d’être à la fois simple et translucide
; les chapitres XI-XII respirent la recherche et l’afféterie, l’expression a
quelque chose de vague et de pénible.
Notre Lettre, chapitres
I-X, n’est qu’une réponse à des questions déterminées et précises ; l’auteur des
chapitres XI-XII se donne pour " un disciple des apôtres et un docteur des
gentils."
Les chapitres I-X ne
s’adressent qu’au seul Diognète et ne se servent en conséquence que du
singulier ; les chapitres XI-XII, au contraire, s’adressent en général à tous
ceux " qui veulent être disciples de la vérité ", et se servent,
tantôt du singulier, chapitre XI, 7 ; chapitre XII, 7, 8, tantôt du pluriel,
chapitre XI, 8 ; chapitres XII, 1. Les chapitres XI-XII portent avec eux une
date plus rapprochée de nous. Témoins l’emploi à peu près exclusif du col.1367
fin / col.1368 début terme de Logos ; tandis que les chapitres I-X, sauf
néanmoins le chapitre VII, 2, parlent du Fils de Dieu ; l’attribution à saint
Paul du titre d’apôtre par excellence, ? ?????????, une certaine couleur
gnostique partout répandue ; le caractère semi-poétique du morceau, qui décèle
un fragment d’homélie.
Bardenhewer, Geschichte
der altkirchl. Literatur, t. I, p. 295, etc.
Il paraît donc hors de
doute que ces chapitres XI-XII ne dépendaient pas originairement de l’Epître à
Diognète. M. Bunsen, Hippolytus und seine Zeit, Leipzig, 1852, t. I, p.
137, les avait attribués à saint Hippolyte ; de nos jours, M. Draeseke, Zeitschrit
fur wissenschaft. Theologie, 1902, t. XLV, p. 275 sq., et Bonwetsch, Götting.
Nachr. phil. hist. Klasse, 1902, p. 621-634, ont fait revivre les
conclusions de Bunsen un peu oubliées ; M. Harnack y a souscrit, Die
Chronologie, t. II, p. 232 sq. ; M. di Pauli enfin, Theol. Quartalschrift,
1906, t. LXXXVIII, p. 28-36, s’y rallie décidément et tient les chapitres
XI-XII pour l’époque des Philosophumena, pour un épilogue écrit afin
d’être prononcé.
IV.
AUTEUR, DESTINATAIRE, DATE.
1° Auteur.
l’Epître à Diognète, dans
le Cod. Argentorat. 9, était annexé aux œuvres de saint Justin ou
plutôt à quatre écrits pseudo-justiniens, et portait le nom du philosophe
martyr. Sur la foi du manuscrit de Strasbourg, Henri Estienne, le premier
éditeur de notre Epître, lui conserva le nom de saint Justin et ne trouva pas,
un siècle durant, de contradicteurs. Le judicieux Tillemont, Mémoires, 2e édit.
Paris, 1701, t. II, p. 372 ; cf. p. 494, rejeta le premier, en 1691, le
témoignage du manuscrit.
Et, de fait, sans parler
de la différence de style qui est fort sensible, le saisissant contraste des
idées de l’auteur de notre Epître avec les idées de Justin ne permet pas de les
confondre ensemble.
L’opinion qui voyait dans
la Lettre à Diognète l’œuvre de saint Justin, est donc aujourd’hui abandonnée.
Mais, sur le nom du
véritable auteur, nul accord entre les critiques, et nulle chance d’accord.
Tandis que M. Bunsen, op. cit., et M. Draeseke, Der Brief an Diognet,
Leipzig, 1881, pour avoir aperçu dans notre Lettre un reflet du gnosticisme,
l’attribuent, celui-là à Marcion, celui-là au marcionite Apelles, concluant
tous les deux, en dépit de la logique, a posse ad esse ; M. l’abbé
Doulcet, Revue des questions historiques, 1880, t. XXVIII, p. 601-602
; Annales de philosophie chrétienne, 1880, p. 477-480, 555-567, y
reconnaît la main du philosophe Aristide. Conjecture assurément ingénieuse, que
M. Kihn, Der Ursprung des Briefes an Diognet, Fribourg, 1882, et M.
Krüger, Zeitschrift für wissenchaftt. Theologie, 1894, t. XXXVII, p.
206-223, ont accueillie l’un et l’autre, ce dernier toutefois sauf à se
rétracter, Nachträge, p. 20 et qui, à défaut de preuves décisives, se
recommande du moins de quelques analogies entre notre Epître et l’ouvrage du
philosophe athénien. Ici, on ne sort pas en définitive du champ des hypothèses.
2° Destinataire.
Pas plus que le nom de
l’auteur, celui du destinataire de la Lettre n’est encore découvert, et ne le
sera très probablement jamais. Il se peut que le destinataire soit, comme
Bunsen l’a pensé après le P. Halloix (1631), le philosophe stoïcien Diognète,
un des précepteurs de Marc-Aurèle ; ou bien, selon Kihn, qui fait du nom de
Diognète un titre d’honneur, l’empereur Adrien lui-même. Mais rien de plus, que
des peut-être.
3° Date : entre
l'an 150 et l'an 200 après JC.
La critique est unanime à
repousser l’étrange fantaisie de M. Donaldson, A critical history of
Christian Litterature, 1866, t. II, p. 126 sq., qui tient notre Lettre pour une
œuvre de la Renaissance, comme aussi la thèse de M. Overbeck, Ueber den
pseudojustin. Brief an Diognet, 1872, dans Studien zur Geschichte der
alten Kirche, 1875, t. I, p. 1-92, qui assigne à notre Lettre une date
postérieure à Constantin. Tillemont, qui en recule la composition avant la
ruine du temple de Jérusalem en l’année 70, ne trouve plus de partisans. Il est
donc sans conteste aujourd’hui que l’auteur a vécu dans le IIe ou le IIIe siècle.
Mais, dans ces limites, faute de critères extrinsèques et décisifs, il y a
toujours divergence d’opinions. D’après M. Harnack, Die Chronologie der altchristl.
Literatur, 1897, t. I, p. 514-515, notre Epître daterait du IIIe siècle,
peut-être de la fin du IIe. M. Kihn, Theol. Quartalschrift, 1902, t.
XXXIV, p. 495-498, fait ressortir le parallélisme du c. X, 3-6 de l’Epître et
du dernier chapitre des Philosophumena, P. G., t. XVI, col. 3454, pour
remonter aux environs de l’an 230. Selon M. Bardenhewer, Geschichte der
atkirchl. Literatur, t. I, p. 157, c’est bien également un travail du IIe siècle
que dénotent la " nouveauté " du christianisme et la description de
la vie des chrétiens entre les violences des païens et la haine perfide des
Juifs.
L’Epître à Diognète, avec
la simplicité et la précision de son style, la netteté de son exposition, sa
méthode dans la structure du discours et l’arrangement des matières, se
rattache visiblement au genre apologétique. Elle va d’abord à réfuter tour à tour,
au nom du sens commun, le paganisme ou plutôt le fétichisme et les
superpositions du rabbinisme judaïque ; puis, des croyances et des mœurs des
chrétiens elle fait ressortir la divinité du christianisme. L’intention
apologétique en est donc l’essentiel. Mais nul recours aux miracles, sauf
toutefois celui de la transformation des mœurs par la vraie religion et celui
de la constance des martyrs ; nul recours aux prophéties.
C’est à la supériorité de
la morale évangélique et à son rôle dans le monde, que l’auteur en appelle ; c’est
de l’antithèse entre la vie chrétienne et la vie païenne que la grande preuve
de la divinité du christianisme jaillit.
L’auteur en même temps
reconnaît et relève l’importance voire la nécessité, d’une bonne disposition de
l’âme en fait d’apologétique ; impossible, sans être devenu d’abord un homme
nouveau, d’apprécier l’excellence du christianisme, chapitres I et II.
On retrouve sous la plume
de l’auteur inconnu, sinon à coup sûr tous les articles de son symbole, du
plusieurs vérités capitales de l’ordre surnaturel et chrétien.
Notre Lettre atteste,
entre autres :
la nécessité de la
révélation et de la foi pour connaître Dieu, c. V et VIII et IX,
ceux de l’éternité des
peines de l’enfer, c. X, 7, 8, et de la justification ;
bien que deux ou trois
expressions, c. IX, 4, 5, semblent indiquer une justice imputative, on ne
saurait douter que l’Epître n’enseigne une justice intérieure et réelle, c.
VII, 2 ; X, 2-6.
L’auteur admet aussi,
contrairement à saint Justin l’immortalité naturelle de l’âme, c. VI, 2-9 ; X,
2.
Dans la collection Sources
Chrétiennes (éditions du Cerf, Paris) le volume N°33 bis, est consacré à
la lettre à Diognète. La lettre elle-même ne fait que 13 pages [elle
faisait 11 pages dans la traduction de l'abbé de Genoude au XIXème siècle, le
volume vendu par les éditions du Cerf comporte 302 pages.
P. G., t. II, col.
1167-1186 ;
von Gebhardt et
Harnack, Patrum apostolicorum Opera, Leipzig, 1878, t. I, 2, p. 142-164
;
Funk, Patres
apostolici, Tubingue, 1901, t. I, p. 390-413.
H. Doulcet, dans la Revue
des questions historiques, 1880, t. XXVIII, p. 601-612, et dans le Bulletin
critique, 15 décembre 1882 ;
J. Draeseke, Der
Brief an Diognetos, Leipzig, 1881 ;
H. Kihn, Der
Ursprung des Briefes an Diognet, Fribourg, 1882 ;
G. Krueger, dans Zeitschrift
für wissench. Theologie, 1894, t. XXXVII, p. 206-223 ; Geschichte der
altchristl. Litteratur, Nachträge, Fribourg, 1897, p. 20 ;
R. Seeberg, dans Forschungen,
de Zahn, 1893, t. V, p. 240 sq. ;
Bardenhewer, Geschichte
der altkirchl. Litteratur, t. I, p. 290-299 ; Les Pères de L’Eglise, nouv.
édit. franç., Paris, 1905, t. I, p. 151-158 ;
Harnack, Geschichte
der altchr. Litteratur, t. II, p. 757-758 ; Die Chronologie, p. 513-515
;
Funk, Patres
apostolici, p. CXIII-CXXII.
P. GODET.
SOURCE : http://jesusmarie.free.fr/diognete.html
Madonna
paleocristiana, col bambino e adoranti, da Alessandria d'Egitto. Raccolte
d'arte applicate del Castello Sforzesco di Milano.
SC 33 bis
Anonyme
À Diognète
décembre 1965
Introduction, édition
critique, traduction et commentaire par Henri-Irénée Marrou.
Ouvrage publié avec le
concours du Centre National de la Recherche Scientifique et de l'Œuvre
d'Orient.
Deuxième édition
(remplace le n° 33 paru en 1951)
294 pages
EAN/ISBN :
9782204058209
« Les chrétiens sont
au monde ce que l’âme est au corps » : une exhortation d’une
étonnante actualité.
Il y eut un moment au IIe siècle,
où les chrétiens, ayant dans l'ombre authentifié leurs Écritures fondatrices et
constitué leurs communautés, s'enhardirent à « rendre raison [apologian]
de leur espérance » (I Pierre 3, 15) à tous ceux qui le leur
réclamaient, juifs et païens. C'est le grand moment des apologistes, eux qui
inaugurèrent avec bonheur un genre littéraire qui marquera à jamais la
littérature chrétienne. Parmi toutes les apologies de cette époque l'Épître à
Diognète apparaît à la fois comme la plus mystérieuse et la plus
brillante. Elle n'a jamais été citée jusqu'à la fin du Moyen Âge. Le nom de
l'auteur reste un secret scellé. L'unique manuscrit a brûlé dans l'incendie de
Strasbourg en 1870. Mais dès l'édition princeps d'Henri Estienne, en 1592, elle
suscite un intérêt sans cesse renouvelé ; on en compte depuis lors près de
soixante-dix éditions ou réimpressions, totales ou partielles. C'est qu'il y a
là un témoignage unique, par la force et la limpidité de la conviction qui
l'anime, sur la nouveauté récurrente du christianisme. Qui n'en connaît au
moins la phrase : « En un mot, ce que l'âme est dans le corps, les
chrétiens le sont dans le monde » ?
Due à Henri-Irénée Marrou (1904-1977),
cette édition, plusieurs fois réimprimée, a fait date. Nul autre que l'éminent
historien de l'Antiquité tardive et chrétienne, de surcroît si attentif aux
questionnements de notre temps, n'était le mieux à même de rendre l'éclatante
jeunesse de cette apologie qui l'a marqué dès le début de sa carrière (voir
les Fondements d'une culture chrétienne, de 1934).
Le mot du
directeur de Collection
L'Épître à Diognète (SC 33 bis),
éditée une première fois par Henri Irénée Marrou, en 1951, avait fait l'objet
d'une seconde édition, revue et augmentée, en 1965. C'est cette seconde édition
qui vient d'être réimprimée pour la deuxième fois en moins de dix ans, faisant
de cette brève mais brillante apologie du christianisme un
« classique » de la Collection.
L'intérêt que n'a cessé
de susciter ce texte depuis l'édition princeps d'Henri Estienne, en 1592, ne se
dément pas. Il n'est pas dû seulement au mystère qui l'entoure, du fait que son
auteur est demeuré anonyme, que la date de sa composition reste incertaine et
que le seul manuscrit à le faire connaître a disparu dans l'incendie de la
bibliothèque de Strasbourg en 1870. Pauvre manuscrit, dont H.-I. Marrou
retrace l'histoire mouvementée, depuis sa découverte à Constantinople, au début
du XVe siècle, dans une poissonnerie où il servait de papier d'emballage,
et son achat par un jeune clerc latin, Thomas d'Arezzo, jusqu'à son arrivée à
la bibliothèque municipale de Strasbourg où l'artillerie prussienne mit un
terme définitif à sa carrière ! L'intérêt de ce court écrit apologétique
tient à la manière dont son auteur expose au païen Diognète, curieux d'en
savoir davantage sur la religion des chrétiens, la nouveauté radicale du christianisme.
En relisant aujourd'hui ces pages, qui définissent un idéal de vie chrétienne
au moins autant qu'elles décrivent la vie des premières communautés, beaucoup
de chrétiens, peut-être moins curieux que Diognète, pourront être surpris de
découvrir la responsabilité qu'entraîne leur adhésion au Christ. Sans se
distinguer des autres hommes, ils ont pourtant à être « l'âme du
monde » :
« Car les chrétiens
ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par
les vêtements. Ils n'habitent pas de villes qui leur soient propres, ils ne se
servent pas de quelque dialecte extraordinaire, leur genre de vie n'a rien de
singulier. (...) Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des
étrangers domiciliés. Ils s'acquittent de tous leurs devoirs de citoyens, et
supportent toutes les charges comme des étrangers. (...) Ils se marient comme
tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n'abandonnent pas leurs
nouveau-nés. (...) Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair.
Ils passent leur vie sur la terre, mais sont citoyens du ciel. Ils obéissent
aux lois établies et leur manière de vivre l'emporte en perfection sur les
lois. (...) En un mot, ce que l'âme est dans le corps, les chrétiens le sont
dans le monde. L'âme est répandue dans tous les membres du corps comme les
chrétiens dans les cités du monde. »
Jean-Noël Guinot
Œuvre(s)
contenue(s) dans ce volume
Epistula ad Diognetum
La Lettre à Diognète est
un paradoxe. Depuis son editio princeps en 1592, le texte a été
réédité, intégralement ou partiellement, pas moins de soixante-cinq fois.
Pourtant, la littérature patristique et byzantine n’en dit pas un mot. Nous ne
savons que ce qui nous a été transmis par un unique manuscrit, un florilège du
XIIIe siècle contenant des écrits pseudo-justiniens, découvert en très
mauvais état à Constantinople vers 1436, dans une poissonnerie où il servait de
papier d'emballage, acheté par un jeune clerc latin, Thomas d'Arezzo, et
détruit en 1870 dans un bombardement de Strasbourg. Trois collations en ont été
effectuées et publiées au XVIe siècle, ainsi qu’une quatrième au XIXe siècle.
Via ces collations, nous savons que ce manuscrit a été copié sur une
« très vieille copie », probablement elle-même copiée sur un florilège
manuscrit du VIe ou du VIIe siècle, contenant lui aussi des écrits
pseudo-justiniens.
L’auteur de la Lettre à Diognète est inconnu. L’écrit a été attribué à Justin de Naplouse, mais sans certitude. La datation du texte entre les années 120 et 200 n’est aujourd’hui plus discutée, ce qui en fait l’une des plus anciennes œuvres apologétiques chrétiennes connues.
L’œuvre se présente comme
une réponse aux questions d’un certain Diognète, dont nous ne savons pas s’il
est un personnage réel ou une fiction littéraire. Brève – elle occupe les pages
52 à 85 du volume, elle s’articule en trois temps : une apologie contre
les païens et les juifs ; la place des chrétiens dans le monde ; une
initiation à la foi chrétienne. La partie apologétique du texte, violente et
sans grande originalité, est vue par l’auteur comme un passage obligé. Il
conclut volontiers ses arguments par « voilà qui suffit » ou « j’en
ai bien assez dit ». L’originalité de l’épître, comme le soulignait une
glose marginale du manuscrit, réside dans le cœur du texte, consacrée à la
place des chrétiens qui doivent être « l’âme du monde », à la
nouveauté radicale du christianisme. Les chrétiens n’ont pas vocation à vivre à
part. Au contraire, ils participent activement à la vie politique et économique
de leur temps. En effet, ils sont dans un rapport d’interdépendance avec le
monde : le monde leur est utile, certes, notamment parce que ce qu’ils y
vivent les fait progresser en sainteté, mais ils sont aussi utiles à celui-ci.
La partie consacrée à l’initiation à la foi chrétienne est plus courte, mais
elle insiste sur le caractère surnaturel de la foi chrétienne, qui vient de
Dieu par la révélation. La philosophie est présentée comme impuissante à
parvenir à la connaissance du divin.
p. 65-67
[L’âme du monde]
VI. En un mot, ce
que l’âme est dans le corps, les Chrétiens le sont dans le monde. L’âme est
répandue dans tous les membres du corps comme les Chrétiens dans les cités du
monde. 3. L’âme habite dans le corps et pourtant elle n’est pas du corps,
comme les Chrétiens habitent dans le monde mais ne sont pas du monde.
4. Invisible, l’âme est retenue prisonnière dans un corps visible :
ainsi les Chrétiens, on voit bien qu’ils sont dans le monde, mais le culte
qu’ils rendent à Dieu demeure invisible. 5. La chair déteste l’âme et lui
fait la guerre, sans en avoir reçu de tort, parce qu’elle l’empêche de jouir
des plaisirs : de même le monde déteste les Chrétiens qui ne lui font
aucun tort, parce qu’ils s’opposent à ses plaisirs. 6. L’âme aime cette
chair qui la déteste, et ses membres, comme les Chrétiens aiment ceux qui les
détestent. 7. L’âme est enfermée dans le corps : c’est elle pourtant
qui maintient le corps ; les Chrétiens sont comme détenus dans la prison
du monde : ce sont eux pourtant qui maintiennent le monde.
8. Immortelle, l’âme habite une tente mortelle : ainsi les Chrétiens
campent dans le corruptible, en attendant l’incorruptibilité céleste.
9. L’âme devient meilleure en se mortifiant par la faim et la soif :
persécutés, les Chrétiens de jour en jour se multiplient toujours plus. Si
noble est le poste que Dieu leur a assigné, qu’il ne leur est pas permis de
déserter.
SOURCE : https://sourceschretiennes.org/collection/sc33
A Diognète - SC 33 -
Liste de recensions : https://sourceschretiennes.org/sites/default/files/documents/SC33_fiche.pdf
Reliquaire
de marbre datant de 505. Tell Hesban (Jordanie). Musée de Madaba. Présenté à
l'exposition Les Chrétiens d'Orient deux mille ans d'histoire, à
l'Institut du monde arabe (Paris).
Retour à Diognète
Échos de l’agora
D’Antoine Courban
La Lettre à Diognète est
un des documents les plus étonnants de la littérature chrétienne du IIe siècle
de notre ère. Ce texte, dont on connaissait de rares extraits, fut découvert
par hasard au XVIe siècle. La critique la plus sévère a démontré son
authenticité et contribué largement à étendre sa popularité. Ce document fut
probablement écrit par un chrétien anonyme de Syrie à l’adresse d’un
correspondant païen désireux de s’informer sur cette « nouvelle
superstition », comme on disait à l’époque.
Il serait bon, dans cet
Orient agité par la propagande sur la « protection des minorités » et
les « droits des minorités », de revenir deux mille ans en arrière
pour essayer de comprendre comment la « minorité » des temps
apostoliques se percevait elle-même quant à son échelle des valeurs, ses traits
distinctifs ; mais surtout quant au sens de sa présence au milieu d’une
« majorité » ignorante de cette nouvelle religion et qui, par
ailleurs, lui était hostile. On rappellera que les premiers siècles du
christianisme, du moins jusqu’à Constantin Ier, furent ceux des pires
persécutions.
La Lettre est rédigée
dans un style fluide, avec une grande aisance. Elle reflète, à chaque ligne,
l’absence de peur, un esprit vif, libre et critique, ayant une grande confiance
en soi. À l’époque, les chrétiens ne bénéficiaient pas de la protection d’un puissant
dictateur et ne se voyaient pas comme des privilégiés à l’ombre protectrice
d’un empire ennemi de Rome. Ce citoyen chrétien se moque, dans des tournures
exquises et pleines de bons sens, de l’idolâtrie et du fétichisme du paganisme
ambiant ainsi que des observances pharisaïques du judaïsme de son temps.
Parlant des offrandes faites aux idoles ou au Dieu unique, il écrit :
« Est-il croyable (...) que celui qui fournit à tous ce dont ils ont
besoin ait besoin lui-même de ce qu’il accorde à ceux qui ont la prétention de
lui en faire une sorte d’aumône ? »
Évoquant les interdits
alimentaires, il prend à témoin Diognète : « Dans cette multitude
d’êtres que Dieu a faits pour l’usage de l’homme, admettre les uns comme
portant le caractère de la sagesse de leur auteur, rejeter les autres comme
inutiles et superflus, n’est-ce pas un crime ? »
Il rejette
catégoriquement tout signe extérieur distinctif, comme la circoncision, qui
attesterait de la part de Dieu « une prédilection particulière » et
serait « comme un sceau de l’élection divine ». « N’est-ce pas
une folie des plus ridicules ? » demande-t-il. Usant d’une image demeurée
célèbre, il fait ressortir la raison d’être des chrétiens dans leurs sociétés
respectives : « Ce que l’âme est dans le corps, les chrétiens le sont
dans le monde. » Une telle affirmation, dans le contexte de son temps, est
une démarche téméraire. Et, pourtant, l’auteur dit ce qu’il pense en toute
liberté, confiance et sérénité.
C’est alors que ce
chrétien anonyme, vivant au milieu d’une majorité hostile, livre le fond de sa
pensée à son interlocuteur païen. « Les chrétiens ne sont distingués du
reste des hommes ni par leurs pays, ni par leur langage, ni par leur manière de
vivre ; ils n’ont pas d’autres villes que les vôtres, d’autre langage que celui
que vous parlez ; rien de singulier dans leurs habitudes. » Indifférents
aux narcissismes des petites différences, selon l’expression de Freud, ces
chrétiens de la Lettre sont « répandus ... dans des villes grecques ou barbares ».
Où qu’ils demeurent, « ils se conforment, pour le vêtement, la nourriture,
la manière de vivre, aux usages qu’ils trouvent établis ; mais ils placent sous
les yeux de tous l’étonnant spectacle de leur vie à peine croyable ». Par
là, l’auteur entend l’exigence éthique qui fait qu’une certaine échelle de
valeurs, fondée sur le sens de l’assemblée et la solidarité de tous, confère au
groupe chrétien son originalité. « Ils habitent leur cités comme
étrangers, ils prennent part à tout comme citoyens ... Comme les autres, ils se
marient, comme les autres, ils ont des enfants, seulement ils ne les
abandonnent pas. Ils ont tous une même table, mais pas le même lit. Ils vivent
dans la chair et non selon la chair. Soumis aux lois établies, ils sont, par
leurs vies, supérieurs à ces lois. Ils aiment tous les hommes et tous les
hommes les persécutent... L’opprobre dont on les couvre devient pour eux une
source de gloire... La bouche qui les outrage se voit forcée de les
bénir. »
Avec une grande sérénité,
l’auteur évoque les persécutions : « Ne vois-tu pas que l’on jette
les chrétiens aux bêtes féroces ?... Plus on fait de martyrs, plus on fait de
chrétiens. » Certes, on ne peut pas exiger de tout un chacun, aujourd’hui,
de faire preuve de la même ténacité dans le courage, mais le texte de la Lettre
nous révèle la quintessence de la présence chrétienne au sein d’un monde
hostile. Le christianisme que révèle la Lettre est d’abord une disposition
morale ouverte sur l’autre, sur tous les autres. Le groupe chrétien, en ces temps
reculés, n’est pas une minorité hallucinée par l’obsession identitaire et
uniquement préoccupée par les miettes de pouvoir que les puissants de la
majorité pourraient accorder. De plus, le fait d’être persécutés n’amène pas
les chrétiens à se recroqueviller sur eux-mêmes en tremblant de peur. Si les
chrétiens sont, comme le dit la Lettre, l’âme de leur société, alors leur
unique préoccupation est de maintenir la cohésion du corps en question, de tout
mettre en œuvre pour que toutes ses composantes s’articulent harmonieusement
pour le bien commun.
Le retour à Diognète
signifie alors, dans l’Orient d’aujourd’hui, que la présence chrétienne est
avant tout un message courageux du bon sens, d’une culture de paix et du
« vivre-ensemble » comme individus, citoyens de différentes patries,
et non comme groupes identitaires. La Lettre à Diognète est probablement
aujourd’hui le meilleur texte que les chrétientés orientales pourraient
méditer.
SOURCE : http://www.lorientlejour.com/article/813712/retour-a-diognete.html
Mosaic
in the Church of the Multiplication of the Loaves und the Fishes at Tabgha near
the Sea of Galilee (Yam Kinneret), Israel. According to the pious legend, in
this place Jesus fed 5000 pilgrims with five loaves of bread and two fish
(Matthew 14,13).
Brot-und-Fische-Mosaik.
Bodenmosaik in der Kirche der Brotvermehrung in Tabgha am See Genezareth (Jam
Kinneret), Israel. Tabgha gilt als der Ort, an dem Jesus 5000 Menschen mit fünf
Broten und zwei Fischen speiste (Matthäus 14,13).
The Epistle of Mathetes
to Diognetus
Chapter 1. Occasion of
the epistle
Most excellent Diognetus:
I can see that you deeply desire to learn how Christians worship their God.
You have so carefully and earnestly asked your questions about them: What is it
about the God they
believe in, and the form of religion they
observe, that lets them look down upon the world and despise death? Why do they
reject the Greek gods
and the Jewish superstitions alike?
What about the affection they all have for each other? And why has this new
group and their practices come to life only now, and not long ago?
I cordially welcome this
desire of yours, and I implore God,
who enables us both to speak and to hear, to grant to me so to speak, that,
above all, I may hear you have been edified, and to you so to hear, that I who
speak may have no cause of
regret for having done so.
Chapter 2. The vanity of
idols
Come, then, after you
have freed yourself from all prejudices possessing your mind,
and laid aside what you have been accustomed to, as something apt to deceive
you, and being made, as if from the beginning, a new man, inasmuch as,
according to your own confession, you are to be the hearer of a new [system of]
doctrine; come and contemplate, not with your eyes only, but with your
understanding, the substance and the form of those whom you declare and deem to
be gods.
Is not one of them a
stone similar to that on which we tread? Is not a second brass, in no way
superior to those vessels which are constructed for our ordinary use? Is not a
third wood, and that already rotten? Is not a fourth silver, which needs a man
to watch it, lest it be stolen? Is not a fifth iron, consumed by rust? Is not a
sixth earthenware, in no degree more valuable than that which is formed for the
humblest purposes?
Are not all these of
corruptible matter? Are they not fabricated by means of iron and fire? Did not
the sculptor fashion one of them, the brazier a second, the silversmith a
third, and the potter a fourth? Was not every one of them, before they were
formed by the arts of these [workmen] into the shape of these [gods], each in
its own way subject to change? Would not those things which are now vessels,
formed of the same materials, become like to such, if they met with the same
artificers? Might not these, which are now worshipped by you, again be made by
men vessels similar to others? Are they not all deaf? Are they not blind? Are
they not without life? Are they not destitute of feeling? Are they not
incapable of motion? Are they not all prone to decay? Are they not all
corruptible?
These things you call
gods; these you serve; these you worship; and you become altogether like them.
For this reason you hate the Christians,
because they do not deem these to be gods. But do not you yourselves,
who now think and suppose [such to be gods], much more cast contempt upon them
than they [the Christians do]?
Do you not much more mock and insult them, when you worship those that are made
of stone and earthenware, without appointing any persons to
guard them; but those made of silver and gold you shut up by night, and appoint
watchers to look after them by day, lest they be stolen? And by those gifts
which you mean to present to them, do you not, if they are possessed of sense,
rather punish [than honour]
them? But if, on the other hand, they are destitute of sense, you convict them
of this fact, while you worship them with blood and the smoke of sacrifices.
Let any one of you suffer such indignities! Let any one of you endure to have
such things done to himself! But not a single human being
will, unless compelled to it, endure such treatment, since he is endowed with
sense and reason. A stone, however, readily bears it, seeing it is insensible.
Certainly you do not show [by your conduct] that he [your God] is possessed of
sense. And as to the fact that Christians are
not accustomed to serve such gods, I might easily find many other things to
say; but if even what has been said does not seem to any one sufficient, I deem
it idle to say anything further.
Chapter 3. Superstitions
of the Jews
And next, I imagine that
you are most desirous of hearing something on this point, that the Christians do
not observe the same forms of divine worship as do the Jews.
The Jews,
then, if they abstain from the kind of service above described, and deem it
proper to worship one God as being Lord of all, [are right]; but if they offer
Him worship in the way which we have described, they greatly err.
For while the Gentiles,
by offering such things to those that are destitute of sense and hearing,
furnish an example of madness;
they, on the other hand by thinking to offer these things to God as if He
needed them, might justly reckon
it rather an act of folly than of divine worship. For He that made heaven and
earth, and all that is therein, and gives to us all the things of which we
stand in need, certainly requires none of those things which He Himself bestows
on such as think of furnishing them to Him. But those who imagine that, by
means of blood, and the smoke of sacrifices and
burnt-offerings, they offer sacrifices [acceptable]
to Him, and that by such honours they show Him respect, — these, by supposing
that they can give anything to Him who needs nothing, appear to me in no
respect to differ from those who studiously confer the same honour on
things destitute of sense, and which therefore are unable to enjoy such
honours.
Chapter 4. The other
observances of the Jews
But as to their scrupulosity
concerning food, and their superstition as
respects the Sabbaths,
and their boasting about circumcision,
and their fancies about fasting and
the new moons, which are utterly ridiculous and unworthy of notice — I do not
think that you require to learn anything from me. For, to accept some of those
things which have been formed by God for
the use of men as properly formed, and to reject others as useless and
redundant — how can this be lawful? And to speak falsely of God,
as if He forbade us to do what is good on
the Sabbath-days — how is not this impious? And to glory in
the circumcision of
the flesh as a proof of
election, and as if, on account of it, they were specially beloved by God —
how is it not a subject of ridicule? And as to their observing months and
days, Galatians 4:10 as
if waiting upon the stars and the moon, and their distributing, according to
their own tendencies, the appointments of God,
and the vicissitudes of the seasons, some for festivities, and others for
mourning — who would deem this a part of divine worship, and not much rather a
manifestation of folly? I suppose, then, you are sufficiently convinced that
the Christians properly
abstain from the vanity and error common
[to both Jews and Gentiles],
and from the busybody spirit and vain boasting of the Jews;
but you must not hope to learn the mystery of
their peculiar mode of worshipping God from
any mortal.
Chapter 5. The manners of
the Christians
For the Christians are
distinguished from other men neither by country, nor language, nor the customs
which they observe. For they neither inhabit cities of their own, nor employ a
peculiar form of speech, nor lead a life which is marked out by any
singularity. The course of conduct which they follow has not been devised by
any speculation or deliberation of inquisitive men; nor do they, like some,
proclaim themselves the advocates of any merely human doctrines.
But, inhabiting Greek as well as barbarian cities, according as the lot of each
of them has determined, and following the customs of the natives in respect to
clothing, food, and the rest of their ordinary conduct, they display to us
their wonderful and confessedly striking method of life. They dwell in their
own countries, but simply as sojourners. As citizens, they share in all things
with others, and yet endure all things as if foreigners. Every foreign land is
to them as their native country, and every land of their birth as a land of
strangers. They marry, as do all [others]; they beget children; but they do not
destroy their offspring. They have a common table, but not a common bed. They
are in the flesh, but they do not live after the flesh. 2 Corinthians 10:3 They
pass their days on earth, but they are citizens of heaven. Philippians 3:20 They obey the
prescribed laws,
and at the same time surpass the laws by
their lives. They love all men,
and are persecuted by
all. They are unknown and condemned; they are put
to death, and restored to life. 2 Corinthians 6:9 They
are poor, yet make many rich; 2 Corinthians 6:10 they
are in lack of all things, and yet abound in all; they are dishonoured, and yet
in their very dishonour are glorified.
They are evil spoken
of, and yet are justified; they are reviled, and bless; 2 Corinthians 4:12 they
are insulted, and repay the insult with honour;
they do good, yet are punished as evil-doers. When punished, they rejoice as
if quickened into life; they are assailed by the Jews as
foreigners, and are persecuted by
the Greeks; yet those who hate them
are unable to assign any reason for their hatred.
Chapter 6. The relation
of Christians to the world
To sum up all in one word
— what the soul is
in the body, Christians are
in the world. The soul is
dispersed through all the members of the body, and Christians are
scattered through all the cities of the world. The soul dwells
in the body, yet is not of the body; and Christians dwell
in the world, yet are not of the world. The invisible soul is
guarded by the visible body, and Christians are known indeed
to be in the world, but their godliness remains invisible. The flesh hates the soul,
and wars against
it, 1 Peter 2:11 though
itself suffering no injury, because it is prevented from enjoying pleasures;
the world also hates the Christians,
though in nowise injured, because they abjure pleasures. The soul loves
the flesh that hates it,
and [loves also] the members; Christians likewise love those
that hate them.
The soul is
imprisoned in the body, yet keeps together that very body; and Christians are
confined in the world as in a prison,
and yet they keep together the world. The immortal soul dwells
in a mortal tabernacle; and Christians dwell
as sojourners in corruptible [bodies], looking for an incorruptible dwelling in
the heavens. The soul,
when but ill-provided with food and drink, becomes better; in like manner,
the Christians,
though subjected day by day to punishment, increase the more in number. God has
assigned them this illustrious position, which it were unlawful for them to
forsake.
Chapter 7. The
manifestation of Christ
For, as I said, this was
no mere earthly invention which was delivered to them, nor is it a mere human system
of opinion, which they judge it right to preserve so carefully, nor has a
dispensation of mere human mysteries been
committed to them, but truly God
Himself, who is almighty, the Creator of all things, and invisible, has sent
from heaven, and placed among men,
[Him who is] the truth,
and the holy and
incomprehensible Word, and has firmly established Him in their hearts. He did
not, as one might have imagined, send to men any servant, or angel,
or ruler, or any one of those who bear sway over earthly things, or one of
those to whom the government of things in the heavens has been entrusted, but
the very Creator and Fashioner of all things — by whom He made the heavens — by
whom he enclosed the sea within its proper bounds — whose ordinances all the
stars faithfully observe — from whom the sun has received the measure of his
daily course to be observed — whom the moon obeys, being commanded to shine in
the night, and whom the stars also obey,
following the moon in her course; by whom all things have been arranged, and
placed within their proper limits, and to whom all are subject — the heavens
and the things that are therein, the earth and the things that are therein, the
sea and the things that are therein — fire, air, and the abyss — the things
which are in the heights, the things which are in the depths, and the things
which lie between. This [messenger] He sent to them. Was it then, as one might
conceive, for the purpose of exercising tyranny, or of inspiring fear and
terror? By no means, but under the influence of clemency and meekness. As a
king sends his son, who is also a king, so sent He Him; as God He sent Him; as
to men He sent Him; as a Saviour He sent Him, and as seeking to persuade, not
to compel us; for violence has
no place in the character of God.
As calling us He sent Him, not as vengefully pursuing us; as loving us He sent
Him, not as judging us. For He will yet send Him to judge us, and who shall
endure His appearing? Malachi
3:2
A considerable gap here
occurs in the manuscripts.
Do you not see them
exposed to wild beasts, that they may be persuaded to deny the Lord, and yet
not overcome? Do you not see that the more of them are punished, the greater
becomes the number of the rest? This does not seem to be the work of man: this
is the power of God;
these are the evidences of His manifestation.
Chapter 8. The miserable
state of men before the coming of the Word
For, who of men at all
understood before His coming what God is? Do you accept of the vain and silly
doctrines of those who are deemed trustworthy philosophers?
Of whom some said that fire was God,
calling that God to which they themselves were by and by to come; and some
water; and others some other of the elements formed by God.
But if any one of these theories be worthy of approbation, every one of the
rest of created things
might also be declared to be God. But such declarations are simply the
startling and erroneous utterances of deceivers; and no man has either seen
Him, or made Him known,
but He has revealed Himself. And He has manifested Himself through faith,
to which alone it is given to behold God. For God,
the Lord and Fashioner of all things, who made all things, and assigned them
their several positions, proved Himself
not merely a friend of mankind,
but also long-suffering [in His dealings with them]. Yea, He was always of such
a character, and still is, and will ever be, kind and good, and free from wrath,
and true,
and the only one who is [absolutely] good; Matthew 19:17 and
He formed in His mind a great and unspeakable conception, which He communicated
to His Son alone. As long, then, as He held and preserved His own wise counsel
in concealment, He appeared to neglect us, and to have no care over us. But
after He revealed and laid open, through His beloved Son,
the things which had been prepared from the beginning, He conferred every
blessing all at once upon us, so that we should both share in His benefits, and
see and be active [in His service]. Who of us would ever have expected these
things? He was aware, then, of all things in His own mind,
along with His Son, according to the relation subsisting between them.
Chapter 9. Why the Son
was sent so late
As long then as the
former time endured, He permitted us to be borne along by unruly impulses,
being drawn away by the desire of pleasure and various lusts.
This was not that He at all delighted in our sins,
but that He simply endured them; nor that He approved the time of working
iniquity which then was, but that He sought to form a mind conscious
of righteousness, so that being convinced in that time of our unworthiness of
attaining life through our own works, it should now, through the kindness
of God,
be vouchsafed to us; and having made it manifest that in ourselves we were
unable to enter into the kingdom
of God, we might through the power of God be made able. But when our wickedness had
reached its height, and it had been clearly shown that its reward, punishment
and death, was impending over us; and when the time had come which God had
before appointed for manifesting His own kindness and power, how the one love of God,
through exceeding regard for men, did not regard us with hatred,
nor thrust us away, nor remember our iniquity against us, but showed great
long-suffering, and bore with us, He Himself took on Him the burden of our
iniquities, He gave His own Son as a ransom for us, the holy One
for transgressors, the blameless One for the wicked,
the righteous One for the unrighteous, the incorruptible One for the
corruptible, the immortal One
for those who are mortal. For what other thing was capable of covering
our sins than
His righteousness? By what other one was it possible that we, the wicked and
ungodly, could be justified, than by the only Son
of God? O sweet exchange! O unsearchable operation! O benefits surpassing
all expectation! That the wickedness of
many should be hid in a single righteous One, and that the righteousness of One
should justify many transgressors! Having therefore convinced us in the former
time that our nature was unable to attain to life, and having now revealed the
Saviour who is able to save even those things which it was [formerly]
impossible to save, by both these facts He desired to lead us to trust in His
kindness, to esteem Him our Nourisher, Father, Teacher, Counsellor, Healer, our
Wisdom, Light, Honour, Glory, Power, and Life, so that we should not be anxious
concerning clothing and food.
Chapter 10. The blessings
that will flow from faith
If you also desire [to
possess] this faith,
you likewise shall receive first of all the knowledge of
the Father. For God has loved mankind,
on whose account He made the world, to whom He rendered subject all the things
that are in it, to whom He gave reason and understanding, to whom alone He
imparted the privilege of looking upwards to Himself, whom He formed after His
own image, to whom He sent His only-begotten Son, to whom He has promised a
kingdom in heaven, and will give it to those who have loved Him. And when you
have attained this knowledge,
with what joy do
you think you will be filled? Or, how will you love Him
who has first so loved you? And if you love Him,
you will be an imitator of His kindness. And do not wonder that a man may
become an imitator of God.
He can, if he is willing. For it is not by ruling over his neighbours, or by
seeking to hold the supremacy over those that are weaker, or by being rich, and
showing violence towards
those that are inferior, that happiness is
found; nor can any one by these things become an imitator of God.
But these things do not at all constitute His majesty. On the contrary he who
takes upon himself the burden of his neighbour; he who, in whatsoever respect
he may be superior, is ready to benefit another who is deficient; he who,
whatsoever things he has received from God,
by distributing these to the needy, becomes a god to those who receive [his
benefits]: he is an imitator of God.
Then you shall see, while still on earth, that God in the heavens rules over
[the universe];
then you shall begin to speak the mysteries of God;
then shall you both love and
admire those that suffer punishment because they will not deny God;
then shall you condemn the deceit and error of
the world when you shall know what
it is to live truly in
heaven, when you shall despise that which is here esteemed to be death, when
you shall fear what
is truly death,
which is reserved for those who shall be condemned to the eternal
fire, which shall afflict those even to the end that are committed to it.
Then shall you admire those who for righteousness' sake endure the fire that is
but for a moment, and shall count them happy when
you shall know [the nature of]
that fire.
Chapter 11. These things
are worthy to be known and believed
I do not speak of things
strange to me, nor do I aim at anything inconsistent with right reason; but
having been a disciple of
the Apostles, I have become a teacher of the Gentiles.
I minister the things delivered to me to those that are disciples worthy
of the truth.
For who that is rightly taught and begotten by the loving Word, would not seek
to learn accurately the things which have been clearly shown by the Word to
His disciples,
to whom the Word being manifested has revealed them, speaking plainly [to
them], not understood indeed by the unbelieving, but conversing with the disciples,
who, being esteemed faithful by Him, acquired a knowledge of
the mysteries of
the Father? For which reason He sent the Word, that He might be manifested to
the world; and He, being despised by the people [of the Jews],
was, when preached by the Apostles, believed on
by the Gentiles.
This is He who was from the beginning, who appeared as if new, and was found
old, and yet who is ever born afresh in the hearts of the saints.
This is He who, being from everlasting, is today called the Son; through whom
the Church is
enriched, and grace,
widely spread, increases in the saints,
furnishing understanding, revealing mysteries,
announcing times, rejoicing over the faithful,
giving to those that seek, by whom the limits of faith are
not broken through, nor the boundaries set by the fathers passed over. Then
the fear of
the law is chanted, and the grace of
the prophets is known,
and the faith of
the gospels is
established, and the tradition of the Apostles is preserved, and the grace of
the Church exults;
which grace if
you grieve not, you shall know those
things which the Word teaches, by whom He wills, and when He pleases. For
whatever things we are moved to utter by the will of
the Word commanding us, we communicate to you with pains, and from a love of
the things that have been revealed to us.
Chapter 12. The
importance of knowledge to true spiritual life
When you have read and
carefully listened to these things, you shall know what
God bestows on such as rightly love Him,
being made [as you are] a paradise of delight, presenting in yourselves a tree
bearing all kinds of produce and flourishing well, being adorned with various
fruits. For in this place the tree of knowledge and
the tree of life have been planted; but it is not the tree of knowledge that
destroys — it is disobedience that proves destructive. Nor truly are
those words without significance which are written, how God from the beginning
planted the tree of life in the midst of paradise, revealing through knowledge the
way to life, and when those who were first formed did not use this [knowledge]
properly, they were, through the fraud of the Serpent, stripped naked. For
neither can life exist without knowledge,
nor is knowledge secure
without life. Wherefore both were planted close together. The Apostle,
perceiving the force [of this conjunction], and blaming that knowledge which,
without true doctrine,
is admitted to influence life, declares, Knowledge puffs up, but love edifies. For
he who thinks he knows anything
without true knowledge,
and such as is witnessed to by life, knows nothing,
but is deceived by the Serpent, as not loving life. But he who combines knowledge with fear,
and seeks after life, plants in hope, looking for fruit. Let your heart be your
wisdom; and let your life be true knowledge inwardly
received. Bearing this tree and displaying its fruit, you shall always gather
in those things which are desired by God,
which the Serpent cannot reach, and to which deception does not approach; nor
is Eve then corrupted, but is trusted as a virgin;
and salvation is
manifested, and the Apostles are filled with understanding, and the Passover of
the Lord advances, and the choirs are gathered together, and are arranged in
proper order, and the Word rejoices in teaching the saints —
by whom the Father is glorified:
to whom be glory forever. Amen.
Source. Translated
by Alexander Roberts and James Donaldson. From Ante-Nicene
Fathers, Vol. 1. Edited by Alexander Roberts, James Donaldson, and A.
Cleveland Coxe. (Buffalo, NY: Christian Literature Publishing
Co., 1885.) Revised and edited for New Advent by Kevin
Knight. <http://www.newadvent.org/fathers/0101.htm>.
Copyright © 2020 by Kevin
Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : https://www.newadvent.org/fathers/0101.htm
Kyrenia
castle ( Northern Cyprus ). Lapidarium: Early Christian relief.
Festung
Kyrenia ( Nordzypern ). Lapidarium: Frühchristliches Relief.
Epistle to Diognetus
(EPISTOLA AD DIOGNETUM).
This beautiful little
apology for Christianity is
cited by no ancient or medieval writer,
and came down to us in a single manuscript which
perished in the siege of Strasburg (1870).
The identification of Diognetus with the teacher of Marcus
Aurelius, who bore the same name, is at most plausible. The author's name
is unknown, and the date is anywhere between the Apostles and the age of
Constantine. It was clearly composed during a severe persecution.
The manuscript attributed
it with other writings to Justin
Martyr; but that earnest philosopher and
hasty writer was quite incapable of the restrained eloquence, the smooth flow
of thought, the limpid clearness of expression, which mark this epistle as one
of the most perfect compositions of antiquity. The last two chapters (xi, xii)
are florid and obscure, and bear no relation to the rest of the letter. They
seem to be a fragment of a homily of
later date. The writer of this addition describes himself as a "disciple
of the Apostles",
and through a misunderstanding of these words the epistle has, since the
eighteenth century, been classed with the writings of the Apostolic
Fathers. The letter breaks off at the end of chapter x; it may have
originally been much longer.
The writer addresses the
"most excellent Diognetus", a well-disposed pagan,
who desires to know what
is the religion of Christians.
Idol-worship is ridiculed, and it is shown that Jewish sacrifices and
ceremonies cannot cause any pleasure to the only God and
creator of all. Christians are
not a nation nor a sect,
but are diffused throughout the world, though they are not of the world but
citizens of heaven;
yet they are the soul of
the world. God,
the invisible Creator, has sent His Child, by whom He made all things, to save
man, after He has allowed man to find out his own weakness and proneness
to sin and
his incapacity to save himself. The last chapter is an exposition,
"first" of the love of
the Father, evidently to be followed "secondly" by another on the
Son, but this is lost. The style is harmonious and simple. The writer is a
practiced master of classical eloquence, and a fervent Christian.
There is no resemblance to the public apologies of the second century. A closer
affinity is with the "Ad Donatum" of St.
Cyprian, which is similarly addressed to an inquiring pagan.
The writer does not refer to Holy
Scripture, but he uses the Gospels, I Peter, and I John, and is saturated
with the Epistles of St.
Paul. Harnack seems to be right in refusing to place the author earlier
than Irenaeus.
One might well look for him much later, in the persecutions of Valerian or
of Diocletian.
He cannot be an obscure person,
but must be a writer otherwise illustrious; and yet he is certainly not one of
those writers whose works have come down to us from the second or third
centuries. The name of Lucian the Martyr would perhaps satisfy the conditions
of the problem; and the loss of that part of the letter where it spoke more in
detail of the Son
of God would be explained, as it would have been suspected or
convicted of the Arianism of
which Lucian is the reputed father. The so-called letter may be in reality the
apology presented to a Judge.
The editio
princeps is that of Stephanus (Paris, 1592), and the epistle was included
among the works of St.
Justin by Sylburg (Heidelberg, 1593) and subsequent editors, the best
of such editions is in Otto, "Corpus Apologetarum Christ." (3d ed.,
Jena, 1879), III. Tillemont followed
a friend's suggestion in attributing it to an earlier date, and Gallandi included
it in his "Bibl. Vett. PP.", I, as the work of an anonymous Apostolic
Father. It has been given since then in the editions of the Apostolic
Fathers, especially those of Hefele, Funk (2d ed., 1901), Gebhardt,
Harnack, and Zahn (1878), Lightfoot and Harmer (London, 1891, with English
tr.). Many separate editions have appeared in Germany.
There is an English translation in the Ante-Nicene Library (London, 1892), I.
The dissertations on this treatise are too numerous to catalogue; they are not
as a rule of much value. Baratier and Gallandi attributed
the letter to Clement
of Rome, Bohl to an Apostolic Father, and he was followed by the Catholic editors
or critics, Möhler, Hefele, Permaneder, Alzog;
whereas Grossheim, Tzsehirner, Semisch, placed it in the time of Justin;
Dorner referred it to Marcion;
Zeller to the end of the second century, while Ceillier,
Hoffmann, Otto, defended the manuscript attribution
to Justin; Fessler held
for the first or second century. These definite views are now abandoned,
likewise the suggestions of Kruger that Aristides was the author, of Draseke
that it is by Apelles,
of Overbeck that it is post-Constantinian, and of Donaldson that it is a
fifteenth-century rhetorical exercise (the manuscript was
thirteenth- or fourteenth-century). Zahn has sensibly suggested 250-310.
Harnack gives 170-300.
Chapman,
John. "Epistle to Diognetus." The Catholic
Encyclopedia. Vol. 5. New York: Robert Appleton
Company, 1909. 20 Feb. 2021 <http://www.newadvent.org/cathen/05008b.htm>.
Transcription. This
article was transcribed for New Advent by Joseph P. Thomas.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. May 1, 1909. Remy Lafort,
Censor. Imprimatur. +John M. Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2020 by Kevin
Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : https://www.newadvent.org/cathen/05008b.htm
San
Prisco (Caserta). Mosaicos de la capilla de Santa Matrona.
Santa Croce e San Prisco
(San Prisco) ; Mosaics in Campania ; Paleochristian mosaics in
Italy
A DIOGNETO
LETTERA A DIOGNETO
estratto da
"Didachè-Prima lettera di Clemente ai Corinzi-A Diogneto" - Città
Nuova - 2008
Esordio
I. 1. Vedo, ottimo
Diogneto, che tu ti accingi ad apprendere la religione dei cristiani e con
molta saggezza e cura cerchi di sapere di loro. A quale Dio essi credono e come
lo venerano, perché tutti disdegnano il mondo e disprezzano la morte, non
considerano quelli che i greci ritengono dèi, non osservano la superstizione
degli ebrei, quale amore si portano tra loro, e perché questa nuova stirpe e
maniera di vivere siano comparsi al mondo ora e non prima. 2. Comprendo questo
tuo desiderio e chiedo a Dio, che ci fa parlare e ascoltare, che sia concesso a
me di parlarti perché tu ascoltando divenga migliore, e a te di ascoltare
perché chi ti parla non abbia a pentirsi.
L'idolatria
II. 1. Purìficati da ogni
pregiudizio che ha ingombrato la tua mente e spògliati dell'abitudine
ingannatrice e fatti come un uomo nuovo da principio, per essere discepolo di
una dottrina anche nuova come tu stesso hai ammesso. Non solo con gli occhi, ma
anche con la mente considera di quale sostanza e di quale forma siano quelli
che voi chiamate e ritenete dèi. 2. Non (sono essi) pietra come quella che si
calpesta, bronzo non migliore degli utensili fusi per l'uso, legno già marcio,
argento che ha bisogno di un uomo che lo guardi perché non venga rubato, ferro
consunto dalla ruggine, argilla non più scelta di quella preparata a vile
servizio? 3. Non (sono) tutti questi (idoli) di materia corruttibile? Non sono
fatti con il ferro e con il fuoco? Non li foggiò lo scalpellino, il fabbro,
l'argentiere o il vasaio? Prima che con le loro arti li foggiassero, ciascuno
di questi (idoli) non era trasformabile, e non lo può (essere) anche ora? E
quelli che ora sono gli utensili della stessa materia non potrebbero forse
diventare simili ad essi se trovassero gli stessi artigiani? 4. E per
l'opposto, questi da voi adorati non potrebbero diventare, ad opera degli
uomini, suppellettili uguali alle altre? Non sono cose sorde, cieche,
inanimate, insensibili, immobili? Non tutte corruttibili? Non tutte distruttibili?
5. Queste cose chiamate dèi, a queste servite, a queste supplicate, infine ad
esse vi assimilate. 6. Perciò odiate i cristiani perché non le credono dèi. 7.
Ma voi che li pensate e li immaginate tali non li disprezzate più di loro? Non
li deridete e li oltraggiate più voi che venerate quelli di pietra e di creta
senza custodi, mentre chiudete a chiave di notte quelli di argento e di oro, e
di giorno mettete le guardie perché non vengano rubati? 8. Con gli onori che
credete di rendere loro, se hanno sensibilità, siete piuttosto a punirli. Se
non hanno i sensi siete voi a svergognarli con sacrificio di sangue e di grassi
fumanti. 9. Provi qualcuno di voi queste cose, permetta che gli vengano fatte.
Ma l'uomo di propria volontà non sopporterebbe tale supplizio perché ha
sensibilità e intelligenza; ma la pietra lo tollera perché non sente. 10. Molte
altre cose potrei dirti perché i cristiani non servono questi dèi. Se a
qualcuno ciò non sembra sufficiente, credo inutile parlare anche di più.
Il culto giudaico
III. 1. Inoltre, credo
che tu piuttosto desideri sapere perché essi non adorano Dio secondo gli ebrei.
2. Gli ebrei hanno ragione quando rigettano l'idolatria, di cui abbiamo
parlato, e venerano un solo Dio e lo ritengono padrone di tutte le cose. Ma sbagliano
se gli tributano un culto simile a quello dei pagani. 3. Come i greci,
sacrificando a cose insensibili e sorde dimostrano stoltezza, così essi,
pensando di offrire a Dio come ne avesse bisogno, compiono qualche cosa che è
simile alla follia, non un atto di culto. 4. «Chi ha fatto il cielo e la terra
e tutto ciò che è in essi», e provvede tutti noi delle cose che occorrono, non
ha bisogno di quei beni. Egli stesso li fornisce a coloro che credono di
offrirli a lui. 5. Quelli che con sangue, grasso e olocausti credono di fargli
sacrifici e con questi atti venerarlo, non mi pare che differiscano da coloro
che tributano riverenza ad oggetti sordi che non possono partecipare al culto.
Immaginarsi poi di fare le offerte a chi non ha bisogno di nulla!
Il ritualismo giudaico
IV. 1. Non penso che tu
abbia bisogno di sapere da me intorno ai loro scrupoli per certi cibi, alla
superstizione per il sabato, al vanto per la circoncisione, e alla osservanza
del digiuno e del novilunio: tutte cose ridicole, non meritevoli di discorso
alcuno. 2. Non è ingiusto accettare alcuna delle cose create da Dio ad uso
degli uomini, come bellamente create e ricusarne altre come inutili e
superflue? 3. Non è empietà mentire intorno a Dio come di chi impedisce di fare
il bene di sabato? 4. Non è degno di scherno vantarsi della mutilazione del
corpo, come si fosse particolarmente amati da Dio? 5. Chi non crederebbe prova
di follia e non di devozione inseguire le stelle e la luna per calcolare i mesi
e gli anni, per distinguere le disposizioni divine e dividere i cambiamenti
delle stagioni secondo i desideri, alcuni per le feste, altri per il dolore? 6.
Penso che ora tu abbia abbastanza capito perché i cristiani a ragione si
astengono dalla vanità, dall'impostura, dal formalismo e dalla vanteria dei
giudei. Non credere di poter imparare dall'uomo il mistero della loro
particolare religione.
Il mistero cristiano
V. 1. I cristiani né per
regione, né per voce, né per costumi sono da distinguere dagli altri uomini. 2.
Infatti, non abitano città proprie, né usano un gergo che si differenzia, né
conducono un genere di vita speciale. 3. La loro dottrina non è nella scoperta
del pensiero di uomini multiformi, né essi aderiscono ad una corrente
filosofica umana, come fanno gli altri. 4. Vivendo in città greche e barbare,
come a ciascuno è capitato, e adeguandosi ai costumi del luogo nel vestito, nel
cibo e nel resto, testimoniano un metodo di vita sociale mirabile e
indubbiamente paradossale. 5. Vivono nella loro patria, ma come forestieri;
partecipano a tutto come cittadini e da tutto sono distaccati come stranieri.
Ogni patria straniera è patria loro, e ogni patria è straniera. 6. Si sposano
come tutti e generano figli, ma non gettano i neonati. 7. Mettono in comune la
mensa, ma non il letto. 8. Sono nella carne, ma non vivono secondo la carne. 9.
Dimorano nella terra, ma hanno la loro cittadinanza nel cielo. 10. Obbediscono
alle leggi stabilite, e con la loro vita superano le leggi. 11. Amano tutti, e
da tutti vengono perseguitati. 12. Non sono conosciuti, e vengono condannati.
Sono uccisi, e riprendono a vivere. 13. Sono poveri, e fanno ricchi molti;
mancano di tutto, e di tutto abbondano. 14. Sono disprezzati, e nei disprezzi
hanno gloria. Sono oltraggiati e proclamati giusti. 15. Sono ingiuriati e
benedicono; sono maltrattati ed onorano. 16. Facendo del bene vengono puniti
come malfattori; condannati gioiscono come se ricevessero la vita. 17. Dai
giudei sono combattuti come stranieri, e dai greci perseguitati, e coloro che
li odiano non saprebbero dire il motivo dell'odio.
L'anima del mondo
VI. 1. A dirla in breve,
come è l'anima nel corpo, così nel mondo sono i cristiani. 2. L'anima è diffusa
in tutte le parti del corpo e i cristiani nelle città della terra. 3. L'anima
abita nel corpo, ma non è del corpo; i cristiani abitano nel mondo, ma non sono
del mondo. L'anima invisibile è racchiusa in un corpo visibile; i cristiani si
vedono nel mondo, ma la loro religione è invisibile. 5. La carne odia l'anima e
la combatte pur non avendo ricevuto ingiuria, perché impedisce di prendersi dei
piaceri; il mondo che pur non ha avuto ingiustizia dai cristiani li odia perché
si oppongono ai piaceri. 6. L'anima ama la carne che la odia e le membra; anche
i cristiani amano coloro che li odiano. 7. L'anima è racchiusa nel corpo, ma
essa sostiene il corpo; anche i cristiani sono nel mondo come in una prigione,
ma essi sostengono il mondo. 8. L'anima immortale abita in una dimora mortale;
anche i cristiani vivono come stranieri tra le cose che si corrompono,
aspettando l'incorruttibilità nei cieli. 9. Maltrattata nei cibi e nelle
bevande l'anima si raffina; anche i cristiani maltrattati, ogni giorno più si
moltiplicano. 10. Dio li ha messi in un posto tale che ad essi non è lecito
abbandonare.
Dio e il Verbo
VII. 1. Infatti, come
ebbi a dire, non è una scoperta terrena da loro tramandata, né stimano di
custodire con tanta cura un pensiero terreno né credono all'economia dei
misteri umani. 2. Ma quello che è veramente signore e creatore di tutto e Dio
invisibile, egli stesso fece scendere dal cielo, tra gli uomini, la verità, la
parola santa e incomprensibile e l'ha riposta nei loro cuori. Non già mandando,
come qualcuno potrebbe pensare, qualche suo servo o angelo o principe o uno di
coloro che sono preposti alle cose terrene o abitano nei cieli, ma mandando lo
stesso artefice e fattore di tutte le cose, per cui creò i cieli e chiuse il
mare nelle sue sponde e per cui tutti gli elementi fedelmente custodiscono i
misteri. Da lui il sole ebbe da osservare la misura del suo corso quotidiano, a
lui obbediscono la luna che splende nella notte e le stelle che seguono il giro
della luna; da lui tutto fu ordinato, delimitato e disposto, i cieli e le cose
nei cieli, la terra e le cose nella terra, il mare e le cose nel mare, il fuoco,
l'aria, l'abisso, quello che sta in alto, quello che sta nel profondo, quello
che sta nel mezzo; lui Dio mandò ad essi. 3. Forse, come qualcuno potrebbe
pensare, lo inviò per la tirannide, il timore e la prostrazione? 4. No certo.
Ma nella mitezza e nella bontà come un re manda suo figlio, lo inviò come Dio e
come uomo per gli uomini; lo mandò come chi salva, per persuadere, non per far
violenza. A Dio non si addice la violenza. 5. Lo mandò per chiamare non per
perseguitare; lo mandò per amore non per giudicare. 6. Lo manderà a giudicare,
e chi potrà sostenere la sua presenza? 7. Non vedi (i cristiani) che gettati
alle fiere perché rinneghino il Signore, non si lasciano vincere? 8. Non vedi,
quanto più sono puniti, tanto più crescono gli altri? 9. Questo non pare opera
dell'uomo, ma è potenza di Dio, prova della sua presenza.
L'incarnazione
VIII. 1. Chi fra tutti
gli uomini sapeva perfettamente che cosa è Dio, prima che egli venisse? 2.
Vorrai accettare i discorsi vuoti e sciocchi dei filosofi degni di fede? Alcuni
affermavano che Dio è il fuoco, ove andranno essi chiamandolo Dio, altri
dicevano che è l'acqua, altri che è uno degli elementi da Dio creati. 3. Certo,
se qualche loro affermazione è da accettare si potrebbe anche asserire che
ciascuna di tutte le creature ugualmente manifesta Dio. 4. Ma tutte queste cose
sono ciarle e favole da ciarlatani. 5. Nessun uomo lo vide e lo conobbe, ma
egli stesso si rivelò a noi. 6. Si rivelò mediante la fede, con la quale solo è
concesso vedere Dio. 7. Dio, signore e creatore dell'universo, che ha fatto
tutte le cose e le ha stabilite in ordine, non solo si mostrò amico degli
uomini, ma anche magnanimo. 8. Tale fu sempre, è e sarà: eccellente, buono,
mite e veritiero, il solo buono. 9. Avendo pensato un piano grande e ineffabile
lo comunicò solo al Figlio. 10. Finché lo teneva nel mistero e custodiva il suo
saggio volere, pareva che non si curasse e non pensasse a noi. 11. Dopo che per
mezzo del suo Figlio diletto rivelò e manifestò ciò che aveva stabilito sin
dall'inizio, ci concesse insieme ogni cosa, cioè di partecipare ai suoi
benefici, di vederli e di comprenderli. Chi di noi se lo sarebbe aspettato?
L'economia divina
IX. 1. (Dio) dunque
avendo da sé tutto disposto con il Figlio, permise che noi fino all'ultimo, trascinati
dai piaceri e dalle brame come volevamo, fossimo travolti dai piaceri e dalle
passioni. Non si compiaceva affatto dei nostri peccati, ma ci sopportava e non
approvava quel tempo di ingiustizia. Invece, preparava il tempo della giustizia
perché noi fossimo convinti che in quel periodo, per le nostre opere, eravamo
indegni della vita, e ora solo per bontà di Dio ne siamo degni, e
dimostrassimo, per quanto fosse in noi, che era impossibile entrare nel regno
di Dio e che solo per sua potenza ne diventiamo capaci. 2. Dopo che la nostra
ingiustizia giunse al colmo e fu dimostrato chiaramente che come suo guadagno
spettava il castigo e la morte, venne il tempo che Dio aveva stabilito per
manifestare la sua bontà e la sua potenza. O immensa bontà e amore di Dio. Non
ci odiò, non ci respinse e non si vendicò, ma fu magnanimo e ci sopportò e con
misericordia si addossò i nostri peccati e mandò suo Figlio per il nostro
riscatto; il santo per gli empi, l'innocente per i malvagi, il giusto per gli
ingiusti, l'incorruttibile per i corrotti, l'immortale per i mortali. 3. Quale
altra cosa poteva coprire i nostri peccati se non la sua giustizia? 4. In chi
avremmo potuto essere giustificati noi, ingiusti ed empi, se non nel solo
Figlio di Dio? 5. Dolce sostituzione, opera inscrutabile, benefici
insospettati! L'ingiustizia di molti viene riparata da un solo giusto e la
giustizia di uno solo rende giusti molti. 6. Egli, che prima ci convinse
dell'impotenza della nostra natura per avere la vita, ora ci mostra il
salvatore capace di salvare anche l'impossibile. Con queste due cose ha voluto
che ci fidiamo della sua bontà e lo consideriamo nostro sostentatore, padre,
maestro, consigliere, medico, mente, luce, onore, gloria, forza, vita, senza
preoccuparsi del vestito e del cibo.
La carità
1. Se anche tu desideri
questa fede, per prima otterrai la conoscenza del Padre. 2. Dio, infatti, ha
amato gli uomini. Per loro creò il mondo, a loro sottomise tutte le cose che
sono sulla terra, a loro diede la parola e la ragione, solo a loro concesse di
guardarlo, lo plasmò secondo la sua immagine, per loro mandò suo figlio
unigenito, loro annunziò il Regno nel cielo e lo darà a quelli che l'hanno
amato. 3. Una volta conosciutolo, hai idea di qual gioia sarai colmato? Come
non amerai colui che tanto ti ha amato? 4. Ad amarlo diventerai imitatore della
sua bontà, e non ti meravigliare se un uomo può diventare imitatore di Dio: lo
può volendolo lui (l'uomo). 5. Non si è felici nell'opprimere il prossimo, nel
voler ottenere più dei deboli, arricchirsi e tiranneggiare gli inferiori. In
questo nessuno può imitare Dio, sono cose lontane dalla Sua grandezza! 6. Ma
chi prende su di sé il peso del prossimo e in ciò che è superiore cerca di
beneficare l'inferiore; chi, dando ai bisognosi ciò che ha ricevuto da Dio, è
come un Dio per i beneficati, egli è imitatore di Dio. 7. Allora stando sulla
terra contemplerai perché Dio regna nei cieli, allora incomincerai a parlare
dei misteri di Dio, allora amerai e ammirerai quelli che sono puniti per non
voler rinnegare Dio. Condannerai l'inganno e l'errore del mondo quando
conoscerai veramente la vita nel cielo, quando disprezzerai quella che qui pare
morte e temerai la morte vera, riservata ai dannati al fuoco eterno che
tormenta sino alla fine coloro che gli saranno consegnati. 8. Se conoscerai
quel fuoco ammirerai e chiamerai beati quelli che sopportarono per la giustizia
il fuoco temporaneo.
Il loro maestro
XI. 1. Non dico stranezze
né cerco il falso, ma, divenuto discepolo degli apostoli, divento maestro delle
genti e trasmetto in maniera degna le cose tramandate a quelli che si son fatti
discepoli della verità. 2. Chi infatti, rettamente istruito e fattosi amico del
Verbo, non cerca di imparare saggiamente le cose che dal Verbo furono
chiaramente mostrate ai discepoli? Non apparve ad essi il Verbo, manifestandosi
e parlando liberamente, quando dagli increduli non fu compreso, ma guidando i
discepoli che, da lui ritenuti fedeli, conobbero i misteri del Padre? 3. Egli
mandò il Verbo come sua grazia, perché si manifestasse al mondo. Disprezzato
dal popolo, annunziato dagli apostoli, fu creduto dai pagani. 4. Egli fin dal
principio apparve nuovo ed era antico, e ognora diviene nuovo nei cuori dei
fedeli. 5. Egli eterno, in eterno viene considerato figlio. Per mezzo suo la
Chiesa si arricchisce e la grazia diffondendosi nei fedeli si moltiplica. Essa
ispira saggezza, svela i misteri, preannuncia i tempi, si rallegra per i
fedeli, si dona a quelli che la cercano, senza infrangere i giuramenti della
fede né oltrepassare i limiti dei padri. 6. Si celebra poi il timore della
legge, si riconosce la grazia dei profeti, si conserva la fede dei Vangeli, si
conserva la tradizione degli apostoli e la grazia della Chiesa esulta. 7. Non
contristando tale grazia, saprai ciò che il Verbo dice per mezzo di quelli che
vuole, quando vuole. 8. Per amore delle cose rivelateci vi facciamo partecipi
di tutto quanto; per la volontà del Verbo che lo ordina, fummo spinti a parlare
con zelo.
La vera scienza
XII. 1. Attendendo e
ascoltando con cura, conoscerete quali cose Dio prepara a quelli che lo amano
rettamente. Diventano un paradiso di delizie e producono in se stessi, ornati
di frutti vari, un albero fruttuoso e rigoglioso. 2. In questo luogo, infatti, fu
piantato l'albero della scienza e l'albero della vita; non l'albero della
scienza, ma la disubbidienza uccide. 3. Non è oscuro ciò che fu scritto: che
Dio da principio piantò in mezzo al paradiso l'albero della scienza e l'albero
della vita, indicando la vita con la scienza. Quelli che da principio non la
usarono con chiarezza, per l'inganno del serpente furono denudati. 4. Non si ha
vita senza scienza, né scienza sicura senza vita vera, perciò i due alberi
furono piantati vicino. 5. L'apostolo, comprendendo questa forza e biasimando
la scienza che si esercita sulla vita senza la norma della verità, dice: «La
scienza gonfia, la carità, invece, edifica». 6. Chi crede di sapere qualche
cosa, senza la vera scienza testimoniata dalla vita, non sa: viene ingannato
dal serpente, non avendo amato la vita. Lui, invece, con timore conosce e cerca
la vita, pianta nella speranza aspettando il frutto. 7. La scienza sia il tuo
cuore e la vita la parola vera recepita. 8. Portandone l'albero e cogliendone
il frutto abbonderai sempre delle cose che si desiderano davanti a Dio, che il
serpente non tocca e l'inganno non avvince; Eva non è corrotta ma è
riconosciuta vergine. Si addita la salvezza, gli apostoli sono compresi, la
Pasqua del Signore si avvicina, si compiono i tempi e si dispongono in ordine,
e il Verbo che ammaestra i santi si rallegra. Per lui il Padre è glorificato; a
lui la gloria nei secoli. Amen.
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21 giugno 2014
a cura di Alberto "da Cormano" alberto@ora-et-labora.net
SOURCE : https://www.ora-et-labora.net/diogneto.html
Jacques Schwartz. « L'Épître à
Diognète ». Revue
d'Histoire et de Philosophie religieuses Année 1968 48-1 pp.
46-53 : https://www.persee.fr/doc/rhpr_0035-2403_1968_num_48_1_3907





