Statue de Pierre-René Rogue, par Salomon Boisecq,
Bienheureux Pierre René Rogue, martyr
Il passa toute sa vie à
Vannes. Étudiant au collège Saint Yves, puis au séminaire, il sera aumônier de
la "Retraite des femmes". Admis dans la congrégation de la Mission,
il est en même temps professeur de théologie et curé de paroisse. Lors de la
Révolution française, il continue son ministère dans la clandestinité.
"Prêtre réfractaire", il est arrêté la veille de Noël 1795 alors
qu'il porte l'eucharistie en viatique à un malade. Condamné à mort dans
l’église même où il avait été ordonné, il chantait les bontés du Seigneur
tandis qu’on le menait à l’échafaud. Il est guillotiné le 3 mars 1796.
Prêtre, martyr de l'Eucharistie
Pierre René est né à Vannes le 11 juin 1758 rue de la Monnaie (près de la place des Lices).
Il est baptisé ce jour-là à la cathédrale.
- Son père meurt en voyage et ne verra pas son fils. Sa mère s’installe 31
place des Lices.
- A 17 ans il achève des études brillantes au collège St Yves (aujourd’hui le
collège Jules Simon).
- En 1776, il entre au Grand Séminaire (le Foyer du Mené actuel ). Pour se
rendre à la cathédrale, on avait percé pour les séminaristes la porte St Jean.
Ce Séminaire est confié aux Lazaristes (Congrégation de la Mission) depuis
1702.
Cette communauté de prêtres a en charge la paroisse Notre Dame du Mené.
Le 21 septembre 1782, Pierre René Rogue est ordonné prêtre dans l’église de Notre Dame du Mené par
Mgr Sébastien Michel Amelot.
- Il devient aumônier de la Retraites des
Femmes.
- Il entre dans la Congrégation de la Mission
(disciples de St Vincent de Paul) le 25 octobre 1786.
- En 1787, il est nommé professeur de théologie
au séminaire de Vannes.
En 1789, la Révolution éclate…
Les prêtres hésitent devant les
serments successifs qu’on leur demande. Pierre René, comme théologien, tient
bon.
- Le 16 décembre 1790, sous l’inspiration de Pierre René Rogue, Mgr Amelot convoque ses diocésains à Ste Anne d’Auray pour leur demander d’obéir plutôt au Pape qu’à l’Etat. Les prêtres de Vannes refusent donc le serment.
- Le 14 février 1791, le supérieur du séminaire
étant forcé de quitter Vannes, Pierre René prend la responsabilité de
celui-ci. Le 28 février, l’évêque est arrêté et mis en prison. Le 27 mars
Mgr Lemasle est élu évêque du Morbihan.
Pierre René quitte le séminaire
qui est vendu.
La clandestinité
- Le 30 avril 1791, la paroisse
ND du Mené est supprimée.
Huit mois plus tard, le 2 janvier 1792, Pierre René se réfugie chez sa mère.
Désormais, il entre peu à peu dans la clandestinité. Il change souvent de
domicile pour pouvoir exercer discrètement son ministère.
Son arrestation
- Le 24 décembre 1795, vers 21h,
Pierre René, est arrêté alors qu'il portait le viatique à un malade, 9 rue
Emile Burgaut, non loin de la cathédrale. Il est aussitôt emprisonné Porte
Prison. Durant son incarcération, il trouve la force de redonne du courage à
ses compagnons.
Deux mois plus tard, le 2 Mars 1796, il est condamné à mort comme «prêtre
réfractaire», en présence de sa mère, dans l’église Notre Dame du Mené
transformée alors en Tribunal révolutionnaire.
Son martyre
- Pierre René accueille la
sentence avec sérénité. La nuit précédent son exécution sera pour lui une nuit
de prière.
- Le 3 mars, il est guillotiné sur la place de l'Hôtel de Ville, face à la
chapelle St Yves, (avec son ami Alain Robin).
Des linges trempés de son sang deviennent aussitôt des reliques, et sa tombe,
un lieu de pèlerinage et de grâces.
Le 10 mai 1934,
Pierre-René Rogue est béatifié
comme Martyr de l'Eucharistie.
Depuis lors, son corps repose dans la cathédrale.
Petit rappel historique
Petit rappel historique
A la veille de la Révolution de
1789, le pays essentiellement rural qu'est la Bretagne connaît des difficultés
climatiques qui touchent particulièrement la France à cette époque (gel,
sécheresse ou grêle). Par ailleurs, les idées philosophiques préconisant le
changement de société trouvent un écho de plus en plus favorable. Enfin, si
dans d'autres provinces les vocations religieuses sont déjà en baisse, le
clergé breton reste particulièrement solide, car bien formé dans les
séminaires, et soutenu ensuite par des retraites ou des visites pastorales. De
plus, il joue un très grand rôle dans le peuple des campagnes dont il fait
d'ailleurs partie en grande majorité.
Des réformes à la Révolution
Des réformes à la Révolution
Ce bouleversement sans précédent
va perturber le pays pendant plus de dix ans. Et à divers degrés. Au départ, on
souhaite surtout mettre fin à la monarchie absolue et instaurer une
constitution, dialogue entre le roi et le tiers-état. Mais très vite, les
nouveaux dirigeants veulent aller plus loin. Le clergé est d'abord soumis à des
réformes juridiques (paiement des prêtres par l'État, redécoupage des
diocèses). Mais ces réformes touchent rapidement aux structures mêmes de
l'Église catholique et à la suprématie du pape. C'est tout le drame de la
constitution civile du clergé qui fut votée en juillet 1790.
En Bretagne, le clergé était prêt à participer à certaines réformes sociales,
surtout lorsqu'elles touchaient le sort des fidèles. Mais, dès le mois de mai
1790, de nombreux ecclésiastiques adressent par écrit à l'Assemblée Nationale,
une protestation qui traduit leurs réserves et leurs soucis face aux nouvelles
mesures : les neuf diocèses regroupés en cinq départements, l'élection des
curés et des évêques, le serment de fidélité à l'État des prêtres devenus
fonctionnaires publics.
Le risque était grand de faire de l'Église de France une Église nationale
contrôlée par l'État, voire au service de l'État, comme cela avait été le cas,
parfois, au cours de l'histoire.
Bientôt, la réticence devient résistance : l'évêque de Rennes refuse d'investir
le nouvel évêque élu de Quimper, et les curés s'abstiennent de lire et de
commenter en chaire les décrets de la Constituante, comme il leur était demandé
de le faire.
Jureurs et réfractaires
Jureurs et réfractaires
Devant cette attitude, qui
existait aussi en d'autres provinces, l'Assemblée Nationale se décide à sévir
et condamne tous ceux qui refusent le fameux serment. C'est là l'origine de la
division du clergé entre « jureurs » et « réfractaires ». Les premiers sont
très mal vus par la population qui les dénigre ou se montre hostile à leur
égard. Les seconds deviennent hors-la-loi, passibles de mort à partir de 1793.
Ils forment pourtant la majorité du clergé breton (80 %) et sont soutenus par
les fidèles, excepté évidemment les « patriotes » (partisans de la République)
qui sont du reste minoritaires.
Traqués, les réfractaires vivent dans la clandestinité et célèbrent les
sacrements en cachette. Certains peuvent calmer les réactions violentes des
paysans contre les assermentés.
La guerre civile
La guerre civile
Mais le schéma s'est imposé : désormais
on associe roi et catholicisme, république et persécution chrétienne.
Désormais, on est blanc (favorable aux premiers) ou bleu (favorable aux
seconds). C'est une véritable guerre civile qui s'engage à l'exemple de la
Vendée. Et lorsqu'on vient mobiliser les Bretons pour aller combattre les
armées autrichiennes qui envahissent l'Est de la France, c'est par
l'insurrection qu'ils répondent.
Naît alors la chouannerie.
A partir de 1793, la Convention
proclame le culte de la déesse Raison et abolit le calendrier traditionnel. La
déchristianisation est poursuivie jusque dans les églises où ont lieu des
profanations. Les cathédrales de Quimper et de Tréguier sont saccagées, la
population doit démonter croix et calvaires pour éviter leur destruction.
Plusieurs dizaines de prêtres sont fusillés, guillotinés ou noyés dans la
Loire.
Le Concordat et la «Petite Église »
Le Concordat et la «Petite Église »
Lorsque Bonaparte prend le
pouvoir en 1799, il tente, entre autre, de pacifier les relations avec
l'Église. Trois ans plus tard, est proclamé le Concordat (accord officiel entre
le pape et l’Etat). Peu à peu, la situation religieuse se « normalise » presque
partout en France. Cependant, un noyau dur résiste et s'organise en dissendence
sous le vocable de la « Petite Église ». Elle rassemble quelques prêtres
et fidèles sutout en Vendée et dans les Deux-Sèvres. Elle existe encore
aujourd'hui mais est très marginalisée, car les jeunes générations rejoignent
progressivement la communauté catholique.
Bienheureux Pierre René Rogue
prêtre et martyr pendant la Révolution française (✝ 1796)
Il passa toute sa
vie à Vannes en Bretagne. Étudiant au collège Saint Yves, puis au séminaire, il
sera aumônier de la "Retraite des femmes". Admis dans la congrégation
de la Mission, il est en même temps professeur de théologie et curé de
paroisse. Malgré les interdictions de la Constitution civile du clergé, lors de
la Révolution française, il continue son ministère dans la clandestinité.
"Prêtre réfractaire", il est arrêté la veille de Noël 1795 alors
qu'il porte l'Eucharistie en viatique à un malade. Condamné à mort, il est
guillotiné deux jours plus tard en chantant un cantique qu'il avait composé. Le
diocèse de Vannes le célèbre à la date de sa béatification le 10 mai 1934.
A lire: Bienheureux Pierre-René Rogue (1758-1796) sur
le site internet de la cathédrale de Vannes où repose son corps.
À Vannes, en 1796, le bienheureux Pierre-René Rogue, prêtre de la Mission
et martyr. Pendant la Révolution française, il récusa le serment à la
Constitution civile du clergé, demeura dans la ville pour exercer son ministère
en secret auprès des fidèles, fut condamné à mort dans l’église même où il
avait célébré les saints mystères et il chantait les bontés du Seigneur tandis
qu’on le menait à l’échafaud. (3 mars martyrologe romain)
Martyrologe
romain
SOURCE : http://nominis.cef.fr/contenus/saint/6885/Bienheureux-Pierre-Rene-Rogue.html
« Cantique sur l'échafaud » de Pierre-René Rogue
Le corps du Bienheureux Pierre-René Rogue repose aujourd'hui dans la cathédrale de Vannes, chef-lieu du Morbihan, où ce martyr de la Révolution française a passé toute sa vie. Pierre-René Rogue figure parmi les nombreux Prêtres réfractaires du diocèse. Refusant de prêter serment à la Constitution civile du clergé, il continue d'exercer son ministère dans la clandestinité. Arrêté la veille de Noël alors qu'il porte le viatique à un malade, le Prêtre Pierre-René Rogue est condamné à mort. Sur l'échafaud, il chante ce cantique qu'il a composé :
Le Cantique « Que mon sort est charmant » du Bienheureux Pierre-René Rogue :
« Que mon sort est charmant, mon âme en est ravie ! Je goûte en ce moment une joie infinie. Que tout en moi publie les bontés du Seigneur ; Ma misère est finie, je touche à mon bonheur. J'ai servi Dieu mon Roi, en imitant son zèle ; J'ai conservé la foi, je vais mourir pour elle. Que cette mort est belle et digne d'un grand cœur ! Prier, peuple fidèle, pour que je sois vainqueur. Ô vous tous, que mon sort affecte et intéresse, loin de pleurer ma mort, tressaillez d'allégresse ; Tournez votre tendresse sur mes persécuteurs ; Sollicitez sans cesse la fin de leurs erreurs. Hélas ! Ils ne sont plus les enfants de lumière, puisqu'ils n'écoutent plus le successeur de Pierre. Mais, puisqu'ils sont nos frères, chérissons-les toujours ; N'opposons à leur guerre que douceur et amour. Ô Monarque des cieux, Ô Dieu, plein de clémence, daignez arrêter les yeux sur les maux de la France ! Puisse ma pénitence, égale à ses forfaits, désarmer ta vengeance, te la tendre à jamais ! J'ai aimé passionnément ce Christ, qui est là présent au milieu de nous dans le Très-Saint-Sacrement, et qui s'est dit présent aussi dans chacun des êtres qui nous entourent. A vous qui voulez m'honorer, je redis les mots de ma dernière lettre à mes frères les prêtres de ma bonne ville de Vannes : « Aimons-nous toujours pour le temps et pour l'éternité ! » Ainsi soit-il. »
Bienheureux Pierre-René Rogue (1758-1796)
« Cantique sur l'échafaud » de Pierre-René Rogue
Voici le
Cantique « Que mon sort est charmant » écrit
et chanté en montant à l'échafaud par le Bienheureux Pierre-René Rogue
(1758-1796), Prêtre Catholique Français, Martyr de l'Eucharistie et Bienheureux
de l'Église Catholique Romaine.
Le corps du Bienheureux Pierre-René Rogue repose aujourd'hui dans la cathédrale de Vannes, chef-lieu du Morbihan, où ce martyr de la Révolution française a passé toute sa vie. Pierre-René Rogue figure parmi les nombreux Prêtres réfractaires du diocèse. Refusant de prêter serment à la Constitution civile du clergé, il continue d'exercer son ministère dans la clandestinité. Arrêté la veille de Noël alors qu'il porte le viatique à un malade, le Prêtre Pierre-René Rogue est condamné à mort. Sur l'échafaud, il chante ce cantique qu'il a composé :
Le Cantique « Que mon sort est charmant » du Bienheureux Pierre-René Rogue :
« Que mon sort est charmant, mon âme en est ravie ! Je goûte en ce moment une joie infinie. Que tout en moi publie les bontés du Seigneur ; Ma misère est finie, je touche à mon bonheur. J'ai servi Dieu mon Roi, en imitant son zèle ; J'ai conservé la foi, je vais mourir pour elle. Que cette mort est belle et digne d'un grand cœur ! Prier, peuple fidèle, pour que je sois vainqueur. Ô vous tous, que mon sort affecte et intéresse, loin de pleurer ma mort, tressaillez d'allégresse ; Tournez votre tendresse sur mes persécuteurs ; Sollicitez sans cesse la fin de leurs erreurs. Hélas ! Ils ne sont plus les enfants de lumière, puisqu'ils n'écoutent plus le successeur de Pierre. Mais, puisqu'ils sont nos frères, chérissons-les toujours ; N'opposons à leur guerre que douceur et amour. Ô Monarque des cieux, Ô Dieu, plein de clémence, daignez arrêter les yeux sur les maux de la France ! Puisse ma pénitence, égale à ses forfaits, désarmer ta vengeance, te la tendre à jamais ! J'ai aimé passionnément ce Christ, qui est là présent au milieu de nous dans le Très-Saint-Sacrement, et qui s'est dit présent aussi dans chacun des êtres qui nous entourent. A vous qui voulez m'honorer, je redis les mots de ma dernière lettre à mes frères les prêtres de ma bonne ville de Vannes : « Aimons-nous toujours pour le temps et pour l'éternité ! » Ainsi soit-il. »
Bienheureux Pierre-René Rogue (1758-1796)