Détail
d'une miniature du Maître de Jacques de Besançon.
Jacques de Voragine prêchant,
tirée d'un manuscrit de la Légende dorée, vers 1480.
tirée d'un manuscrit de la Légende dorée, vers 1480.
Bienheureux Jacques de Voragine
Frère Prêcheur, Archevêque de Gênes (✝ 1298)
Originaire de Varazze (Voragine) en Italie, d'où son nom, dans la
région de Savone, il entra dans l'Ordre de Saint Dominique dont il devint le
provincial pendant 19 ans.
Devenu Évêque de Gênes, il écrivit une compilation des "Légendes dorées
des Saints"*, riche d'enseignement moral mais aussi accompagnée souvent de
récits étranges et légendaires. Il a été Béatifié en 1816.
À Gênes en Ligurie, en 1298, le Bienheureux Jacques de Voragine, Évêque, de
l’Ordre des Prêcheurs. Pour promouvoir dans le peuple la vie Chrétienne, il
proposa dans ses écrits les vertus des Saints.
Martyrologe romain
Nous avons besoin de Saints comme protecteurs à invoquer, comme modèles
à imiter, et surtout comme signes transparents de la présence de l’Amour du
Christ.
C’est la sainteté qui rend crédible et fructueuse l’évangélisation, parce que,
comme on l’a dit, 'seule une flamme peut allumer une autre flamme' (Léon
Harmel).
SOURCE : http://reflexionchretienne.e-monsite.com/pages/vie-des-saints/juillet/bienheureux-jacques-de-voragine-frere-precheur-archeveque-fete-le-13-juillet.html
Voragine
Jacques de
Hagiographe italien (v.
1230-1298), archevêque de Gênes, commentateur de Saint Augustin et auteur d'une
Chronique de Gênes, il est surtout connu pour sa Légende
dorée, une compilation des vies légendaires et miraculeuses des saints et
saintes du calendrier liturgique. Un des grands classiques de la littérature
chrétienne populaire, ce recueil de récits hagiographiques marque une des
premières tentatives de laïcisation de la littérature religieuse. On compte
plusieurs incunables parmi les premières éditions imprimées de l'ouvrage qui
connut un immense popularité et fut une source d'idéal pour la chrétienté
durant tout le Moyen-Âge et la Renaissance. «En rendant la religion plus
ingénue, plus populaire, et plus pittoresque, il l'a presque revêtue d'un
pouvoir nouveau: ou du moins il a permis aux âmes d'y prendre un nouvel
intérêt, et, pour ainsi dire, de s'y réchauffer plus profondément», note T.
Wyzewa qui fut un des premiers à réhabiliter l'oeuvre dont la popularité ne put
résister, au XVIe siècle, au moment de la Réforme, à la critique des
humanistes. Ceux-ci s'en moquaient et la qualifiaient de Légende de «fer» ou de
«plomb» pour souligner la crédulité de son auteur auquel ils reprochaient de
colporter des récits sans fondements historiques et de propager, à travers le
culte des saints, une nouvelle forme d'idolâtrie. Il faut dire que l'oeuvre a
été en partie victime de sa popularité et que de très nombreux ajouts — les
premières éditions ne comportaient que 270 chapitres alors que des éditions
ultérieures pouvaient en contenir jusqu'à 480 — sont venus déformer le projet
initial de l'archevêque génois.
«L'auteur de la Légende Dorée, nous dit son traducteur Teodor de Wyzewa, était à la
fois, un des hommes les plus savants de son temps, et un saint. Sa vie, si
quelque érudit voulait prendre la peine d'en reconstituer le détail,
enrichirait d'un chapitre précieux l'histoire de la pensée religieuse au
treizième siècle; et puis l'on en tirerait une petite "compilation",
qui mériterait d'avoir sa place entre les plus belles et touchantes vies de
saints qu'il nous a, lui-même, contées. Mais, du reste, son livre suffit à nous
le faire connaître tout entier. Le savant s'y montre à chaque page, aussi varié
dans ses lectures qu'original, ingénieux, souvent profond dans ses réflexions;
et sans cesse, sous la science du théologien, nous découvrons une âme
infiniment pure, innocente, et douce, une vraie âme d'enfant selon le cœur du
Christ.»
Entrez
dans une vieille église de Bruges, de Cologne, de Tours ou de Sienne: toutes
les œuvres d'art qui vous y accueilleront ne sont que des illustrations
immédiates, littérales, de la Légende Dorée. C'est d'après Jacques de
Voragine que Memling et Carpaccio nous racontent le voyage de sainte Ursule
avec ses onze mille compagnes. Quand Piero della Francesca, dans ses fresques
d'Arezzo, ou Agnolo Gaddi dans celles de Florencé, nous font assister aux aventures
diverses du bois de la sainte Croix, ils suivent de phrase en phrase le texte
de la Légende Dorée. D'autres prennent même, dans le vieux livre, des
sujets profanes, et, comme Thierry Bouts au Musée de Bruxelles, nous
détaillent, d'après l'Histoire Lombarde, un acte de justice de
l'empereur Othon. Et il n'y a point jusqu'aux grands tableaux. de Rubens, de
Murillo, de Poussin, qui ne reproduisent les scènes des martyres des saints ou
de leurs miracles exactement comme le bienheureux évêque de Gênes les a
"compilées" à notre intention. Toute la part que, aujourd'hui encore,
notre imagination mêle à ce que nous apprennent, de l'histoire sacrée, les
Écritures et la Tradition, tout cela nous vient, en droite ligne, de la Légende
Dorée.
L'auteur de la Légende Dorée était, à la fois, un des hommes les
plus savants de son temps, et un saint. Sa vie, si quelque érudit voulait
prendre la peine d'en reconstituer le détail, enrichirait d'un chapitre
précieux l'histoire de la pensée religieuse au treizième siècle; et puis l'on
en tirerait une petite «compilation», qui mériterait d'avoir sa place entre les
plus belles et touchantes vies de saints qu'il nous a, lui-même, contées 1.
Mais, du reste, son livre suffit à nous le faire connaître tout entier. Le
savant s'y montre à chaque page, aussi varié dans ses lectures qu'original,
ingénieux, souvent profond dans ses réflexions; et sans cesse, sous la science
du théologien, nous découvrons une âme infiniment pure, innocente, et douce,
une vraie âme d'enfant selon le cœur du Christ.
Le bienheureux Jacques est né, en l'année 1228, à Varage, d'où son nom latin: Jacobus de Voragine. Et j'imagine que c'est, ensuite, l'erreur d'un copiste qui, en substituant un o au premier a de son nom, aura valu à l'auteur de la Légende Dorée de devenir, pour la postérité, Jacques de Voragine.
Quant à Varage [Varazza], où il est né, c'est une charmante, ville de la côte de Gênes, à mi-chemin entre Savone et Voitri. Moins heureuse que sa voisine Cogoleto, — qui fut, comme l'on sait, la patrie de Christophe Colomb, — la patrie de Jacques de Voragine n'a rien gardé de ses édifices d'autrefois, à l'exception des ruines imposantes de ses remparts, et d'une haute tour de briques que le petit Jacques, peut-être, aura vu construire: car, avec l'élancement léger de ses colonnettes, et la sveltesse du clocheton pointu dont elle est couronnée, elle doit dater de cette première moitié du XIIIe siècle qui fut, en Italie, une époque incomparable de renaissance chrétienne. Et si le reste de la ville s'est entièrement renouvelé, depuis cette époque, tout y a conservé cependant son caractère ancien, ou, pour mieux dire, éternel. Entre des maisons modernes serpentent, de même que jadis, d'étroites rues pleines d'ombre. Sur la plage ensoleillée, d'honnêtes artisans façonnent, à leur loisir, des barques de pêche, pareilles à celles que façonnait, peut-être, le père de l'auteur de la Légende Dorée, dont un chroniqueur génois nous apprend «qu'il est né de condition basse dans une petite terre». Plus haut, au-delà des vieux remparts crénelés, se déploie un cirque merveilleux de collines plantées d'oliviers; et, de quelque côté que les yeux se tournent, ces collines sont plantées aussi de couvents, de chapelles, de chemins de croix, qui créent autour de la petite ville une atmosphère de piété ingénue et joyeuse.
Mais nulle part l'âme de Varage ne subsiste plus vivante que sur la place carrée du Municipe, où l'on arrive, du quai, par une belle porte à créneaux de style féodal. C'est là, sans doute, que se sont réunis en grand apparat, le 19 février 1251, les représentants des cités de Savone, d'Albenga et de Vintimille, pour jurer soumission et fidélité à la république de Gênes. Aujourd'hui, la Place du Municipe n'a plus guère l'occasion d'assister à des scènes aussi solennelles: mais à toute heure des badauds s'y promènent de long en large, des mendiants y jouissent doucement de la vie, des enfants y courent en se querellant; et c'est là encore que se trouve le marchand d'oiseaux. J'ai vu chez lui, dans des cages de bois, des merles, des fauvettes, et un couple de jeunes verdiers, qui m'ont rappelé avec quel empressement Jacques de Voragine, leur vénérable concitoyen, avait accueilli dans sa Légende toute sorte d'oiseaux, depuis les moineaux de saint Rémy jusqu'à la perdrix de l'apôtre saint Jean. Et ainsi cette petite place m'apparaissait tout imprégnée de son souvenir, lorsque, relevant la tête, je l'ai aperçu lui-même qui me souriait paternellement. Les habitants de Varage ont eu, en effet, l'excellente idée de placer sa statue dans une niche, au fronton de leur maison communale. Peut-être, seulement, avec un légitime désir de mieux accentuer son autorité, lui ont-ils laissé faire des épaules trop larges et un ventre trop fourni: de telle sorte qu'on a d'abord quelque peine à reconnaître, dans ce majestueux prélat, l'humble moine qui, jusque sur le trône archiépiscopal de Gênes, s'est plu à vivre en pauvre au profit des pauvres. Mais, ressemblant ou non, c'est lui qui se tient là; et, sous sa statue, une inscription latine nous apprend que, dès l'année 1645, la ville de Varage «se l'est choisi pour patron céleste», quem cives sui anno 1645 patronem cœlestenz sibi adscriverunt. Aussi veille-t-il, depuis lors, sur la petite ville, y maintenant une paix, une grâce, une sérénité, dont je ne crois pas qu'aucune autre ville de cette âpre Rivière ligure offre l'équivalent.
Le vent même y est tiède et léger, au plus rude de l'hiver. Et quand ensuite, dans les rues de Gênes, on grelotte au soleil sous une bise glacée, on ne peut se défendre d'un vif sentiment de dépit contre l'ingratitude des Génois, qui, peut-être, a attiré sur leur ville cette calamité. Car si Jacques de Voragine est né à Varage, c'est à Gênes qu'il a prodigué tous les trésors de son âme de saint. Il y a joué un rôle si actif et si bienfaisant que les historiens les plus «libéraux», — qui racontent le passé de l'Italie comme si les événements religieux n'y avaient, pour ainsi dire, point tenu de place, —sont tous contraints pourtant de rendre hommage au «pieux évêque» de Gênes, père des pauvres, et «pacificateur des discordes civiles». Or, en vain on chercherait, dans toute la ville de Gênes, la moindre trace de son souvenir. Entre des centaines de plaques commémoratives, célébrant un séjour de Garibaldi, ou la munificence d'un riche bourgeois qui a fait entourer d'un grillage le pont de Carignan, «pour empêcher les désespérés de s'ôter la vie», en vain on chercherait une inscription où figurât le nom du saint évêque «pacificateur». En vain on chercherait son nom sur les plaques blanches des via, vivo, vicolo, sauta, dont la vieille cité ligure est plus abondamment pourvue qu'aucune ville d'Europe. Et l'on songe que cet hommage-là, du moins, serait bien dû à un homme qui non seulement a comblé Gênes de services plus précieux encore que les Manin et les Mazzini, mais qui a en outre, pendant plus de trois siècles, nourri la chrétienté tout entière de belles histoires et de beaux sentiments.
Mais je m'aperçois que je n'ai pas dit encore le peu que je sais sur la vie de l'auteur de la Légende Dorée, et sur son séjour à Gênes en particulier.
Né en 1228, il avait seize ans lorsque, en 1244, il entra dans l'ordre des Frères Prêcheurs, fondé par saint Dominique en 1215. Cet ordre avait été fondé surtout, on ne l'ignore pas, pour «extirper les hérésies», ce qui lui assignait une tâche plutôt belliqueuse. Mais, par un phénomène singulier, l'ordre des Frères Prêcheurs a produit, en plus grand nombre même que l'ordre rival des Frères Mineurs, des moines d'une suavité d'âme toute franciscaine. Tel fut, notamment, saint Thomas d'Aquin, le «docteur angélique»; tels le bienheureux Fra Angelico et son frère Fra Benedetto; tel encore, un siècle plus tard, le délicat rêveur Fra Bartolommeo. Et le Frère Jacques de Voragine était de leur race. Tour à tour novice, moine, professeur de théologie, prédicateur, il unissait à l'éclat de sa science des mœurs si pures et une vertu si aimable que, aujourd'hui encore, tous les couvents dominicains du Nord de l'Italie conservent le squvenir de sa sainteté. À trente-cinq ans, il fut élu par ses Frères prieur de son couvent. Puis, en 1267, ils lui confièrent le gouvernement général des monastères dominicains de la provinée de Lombardie: fonction infiniment fatigante et difficile, qu'il fut contraint de remplir pendant dix-huit ans.
Le bienheureux Jacques est né, en l'année 1228, à Varage, d'où son nom latin: Jacobus de Voragine. Et j'imagine que c'est, ensuite, l'erreur d'un copiste qui, en substituant un o au premier a de son nom, aura valu à l'auteur de la Légende Dorée de devenir, pour la postérité, Jacques de Voragine.
Quant à Varage [Varazza], où il est né, c'est une charmante, ville de la côte de Gênes, à mi-chemin entre Savone et Voitri. Moins heureuse que sa voisine Cogoleto, — qui fut, comme l'on sait, la patrie de Christophe Colomb, — la patrie de Jacques de Voragine n'a rien gardé de ses édifices d'autrefois, à l'exception des ruines imposantes de ses remparts, et d'une haute tour de briques que le petit Jacques, peut-être, aura vu construire: car, avec l'élancement léger de ses colonnettes, et la sveltesse du clocheton pointu dont elle est couronnée, elle doit dater de cette première moitié du XIIIe siècle qui fut, en Italie, une époque incomparable de renaissance chrétienne. Et si le reste de la ville s'est entièrement renouvelé, depuis cette époque, tout y a conservé cependant son caractère ancien, ou, pour mieux dire, éternel. Entre des maisons modernes serpentent, de même que jadis, d'étroites rues pleines d'ombre. Sur la plage ensoleillée, d'honnêtes artisans façonnent, à leur loisir, des barques de pêche, pareilles à celles que façonnait, peut-être, le père de l'auteur de la Légende Dorée, dont un chroniqueur génois nous apprend «qu'il est né de condition basse dans une petite terre». Plus haut, au-delà des vieux remparts crénelés, se déploie un cirque merveilleux de collines plantées d'oliviers; et, de quelque côté que les yeux se tournent, ces collines sont plantées aussi de couvents, de chapelles, de chemins de croix, qui créent autour de la petite ville une atmosphère de piété ingénue et joyeuse.
Mais nulle part l'âme de Varage ne subsiste plus vivante que sur la place carrée du Municipe, où l'on arrive, du quai, par une belle porte à créneaux de style féodal. C'est là, sans doute, que se sont réunis en grand apparat, le 19 février 1251, les représentants des cités de Savone, d'Albenga et de Vintimille, pour jurer soumission et fidélité à la république de Gênes. Aujourd'hui, la Place du Municipe n'a plus guère l'occasion d'assister à des scènes aussi solennelles: mais à toute heure des badauds s'y promènent de long en large, des mendiants y jouissent doucement de la vie, des enfants y courent en se querellant; et c'est là encore que se trouve le marchand d'oiseaux. J'ai vu chez lui, dans des cages de bois, des merles, des fauvettes, et un couple de jeunes verdiers, qui m'ont rappelé avec quel empressement Jacques de Voragine, leur vénérable concitoyen, avait accueilli dans sa Légende toute sorte d'oiseaux, depuis les moineaux de saint Rémy jusqu'à la perdrix de l'apôtre saint Jean. Et ainsi cette petite place m'apparaissait tout imprégnée de son souvenir, lorsque, relevant la tête, je l'ai aperçu lui-même qui me souriait paternellement. Les habitants de Varage ont eu, en effet, l'excellente idée de placer sa statue dans une niche, au fronton de leur maison communale. Peut-être, seulement, avec un légitime désir de mieux accentuer son autorité, lui ont-ils laissé faire des épaules trop larges et un ventre trop fourni: de telle sorte qu'on a d'abord quelque peine à reconnaître, dans ce majestueux prélat, l'humble moine qui, jusque sur le trône archiépiscopal de Gênes, s'est plu à vivre en pauvre au profit des pauvres. Mais, ressemblant ou non, c'est lui qui se tient là; et, sous sa statue, une inscription latine nous apprend que, dès l'année 1645, la ville de Varage «se l'est choisi pour patron céleste», quem cives sui anno 1645 patronem cœlestenz sibi adscriverunt. Aussi veille-t-il, depuis lors, sur la petite ville, y maintenant une paix, une grâce, une sérénité, dont je ne crois pas qu'aucune autre ville de cette âpre Rivière ligure offre l'équivalent.
Le vent même y est tiède et léger, au plus rude de l'hiver. Et quand ensuite, dans les rues de Gênes, on grelotte au soleil sous une bise glacée, on ne peut se défendre d'un vif sentiment de dépit contre l'ingratitude des Génois, qui, peut-être, a attiré sur leur ville cette calamité. Car si Jacques de Voragine est né à Varage, c'est à Gênes qu'il a prodigué tous les trésors de son âme de saint. Il y a joué un rôle si actif et si bienfaisant que les historiens les plus «libéraux», — qui racontent le passé de l'Italie comme si les événements religieux n'y avaient, pour ainsi dire, point tenu de place, —sont tous contraints pourtant de rendre hommage au «pieux évêque» de Gênes, père des pauvres, et «pacificateur des discordes civiles». Or, en vain on chercherait, dans toute la ville de Gênes, la moindre trace de son souvenir. Entre des centaines de plaques commémoratives, célébrant un séjour de Garibaldi, ou la munificence d'un riche bourgeois qui a fait entourer d'un grillage le pont de Carignan, «pour empêcher les désespérés de s'ôter la vie», en vain on chercherait une inscription où figurât le nom du saint évêque «pacificateur». En vain on chercherait son nom sur les plaques blanches des via, vivo, vicolo, sauta, dont la vieille cité ligure est plus abondamment pourvue qu'aucune ville d'Europe. Et l'on songe que cet hommage-là, du moins, serait bien dû à un homme qui non seulement a comblé Gênes de services plus précieux encore que les Manin et les Mazzini, mais qui a en outre, pendant plus de trois siècles, nourri la chrétienté tout entière de belles histoires et de beaux sentiments.
Mais je m'aperçois que je n'ai pas dit encore le peu que je sais sur la vie de l'auteur de la Légende Dorée, et sur son séjour à Gênes en particulier.
Né en 1228, il avait seize ans lorsque, en 1244, il entra dans l'ordre des Frères Prêcheurs, fondé par saint Dominique en 1215. Cet ordre avait été fondé surtout, on ne l'ignore pas, pour «extirper les hérésies», ce qui lui assignait une tâche plutôt belliqueuse. Mais, par un phénomène singulier, l'ordre des Frères Prêcheurs a produit, en plus grand nombre même que l'ordre rival des Frères Mineurs, des moines d'une suavité d'âme toute franciscaine. Tel fut, notamment, saint Thomas d'Aquin, le «docteur angélique»; tels le bienheureux Fra Angelico et son frère Fra Benedetto; tel encore, un siècle plus tard, le délicat rêveur Fra Bartolommeo. Et le Frère Jacques de Voragine était de leur race. Tour à tour novice, moine, professeur de théologie, prédicateur, il unissait à l'éclat de sa science des mœurs si pures et une vertu si aimable que, aujourd'hui encore, tous les couvents dominicains du Nord de l'Italie conservent le squvenir de sa sainteté. À trente-cinq ans, il fut élu par ses Frères prieur de son couvent. Puis, en 1267, ils lui confièrent le gouvernement général des monastères dominicains de la provinée de Lombardie: fonction infiniment fatigante et difficile, qu'il fut contraint de remplir pendant dix-huit ans.
À peine était-il enfin parvenu à s'en décharger que, en 1288, à la mort de l'archevêque de Gênes Charles Bernard de Parme, le chapitre le choisit pour succéder à ce prélat. Nous ne savons pas s'il fit alors comme saint Grégoire, qui s'était échappé de Rome dans un tonneau en apprenant qu'on s'apprêtait à le proclamer pape: nous savons, en tout cas, qu'il refusa obstinément le nouvel honneur dont on le menaçait; et ce fut le patriarche d'Antioche, Obezzon de Fiesque, qui fut nommé à sa place. Mais quand celui-ci mourut, quatre ans plus tard, le peuple de Gênes tout entier se joignit au chapitre pour exiger que le Frère Jacques devînt leur évêque. Le saint moine, cette fois, dut se résigner; et il dut se résigner encore au voyage de Rome, le pape Nicolas IV lui ayant exprimé le désir de le sacrer de ses propres mains. Malheureusement Nicolas IV mourut, le 4 avril, sans avoir pu réaliser son désir: et tout de suite Jacques de Voragine, s'étant fait sacrer par l'évêque d'Ostie, reprit le chemin de son diocèse, qu'il s'engagea, dès lors, à ne plus quitter.
Aussi bien les occasions n'y manquaient-elles point, pour lui, de remplir son rôle d'évêque tel qu'il le concevait. Il y avait, avant tout, à essayer de ramener la paix dans la ville de Gênes, dont les citoyens, vainqueurs de leurs ennemis de Savone et de Pise, n'en étaient devenus que plus ardents à s'égorger entre eux. Sans cesse les Guelfes, partisans des Fiesque et des Grimaldi, protestaient contre la domination du parti gibelin en brûlant des maisons, en saccageant des églises, en assassinant, au détour d'une ruelle, quelque inoffensif client des Doria ou des Spinola: et l'on entend bien que les Gibelins, étant les plus forts, ne se faisaient pas faute, le jour suivant, de le leur prouver par des procédés tout pareils. Depuis des années, la guerre sévissait à demeure dans les rues de Gênes une guerre si violente que les Génois en étaient presque, aussi fiers que de leurs colonies, se glorifiant volontiers d'exceller autant dans les luttes civiles que dans les navales. Or, en 1295, après trois années d'efforts, leur évêque Jacques de Varage obtint d'eux cette chose incroyable: que Guelfes et Gibelins consentissent solennellement à se réconcilier. Pour la première fois, depuis un demi-siècle, un calme fraternel régna dans les petites rues voisines de Saint-Laurent, de Saint-Donat, et de Saint-Mathieu, qui formaient alors le centre de la vie génoise. Et quand, onze mois plus tard, les Guelfes, excités en secret par le roi de Naples Charles II, attaquèrent de nouveau le parti des Spinola, on vit, racontent les chroniqueurs, «le pieux évêque Jacques de Varage se précipiter entre les combattants, pour les séparer au péril de sa vie».
Mais pomment résisterais-je à la tentation de citer le passage de la Chronique de Gênes où Jacques de Voragine nous raconte lui-même ces événements, n'oubliant que de faire la moindre allusion à la part très active que, de l'aveu de tous, nous savons qu'il y a prise? Voici ce passage, traduit non pas sur l'inexacte copie de la Chronique de Gênes qui se trouve dans le recueil de Muratori, mais sur un manuscrit magnifique et vénérable de la Bibliothèque Municipale de Gênes, datant, selon toute apparence, de la première moitié du XIVe siècle. Le saint prélat, après s'être longuement étendu sur les mérites des évêques et archevêques ses prédécesseurs, arrive enfin à son propre épiscopat. «Le frère Jacques, — nous dit-il, — huitième archevêque de Gênes, a été élu en 1292, et vivra tant que Dieu voudra bien le laisser en vie.» Puis il mentionne son voyage à Rome, et la mort du pape Nicolas, «qui, croyons-nous, est entré ainsi au palais céleste». Et voici toute la fin de cette touchante autobiographie: L'an du Seigneur 1295, au mois de janvier, fut conclue une paix générale et universelle, dans la ville de Gênes, entre ceux qui s'appelaient Mascarati, ou Gibelins, et ceux qui s'appelaient Rampini, ou Guelfes entre lesquels, en vérité, le malin esprit avait depuis longtemps suscité de nombreuses divisions et querelles de parti. Soixante ans durant, ces dissensions pleines de dangers avait troublé la ville. Mais, grâce à la protection spéciale de Notre-Seigneur, tous les Génois sont enfin revenus à la paix et à la concorde, de telle manière qu'ils se sont juré de ne plus faire qu'une seule société, une seule fraternité, un seul corps. Ce qui a produit tant de joie que la ville entière s'est remplie de gaîté. Et nous aussi, dans l'assemblée solennelle où fut conclue la paix, vêtu de nos ornements pontificaux, nous avons prêché la parole de Dieu; après quoi, avec notre clergé, nous avons chanté Te Deum laudamus, ayant auprès de nous quatre évêques et abbés mitrés. Mais comme, dans ce bas monde, il ne saurait y avoir de pur bien, — car le pur bien est au ciel, le pur mal en enfer, et notre monde est un mélange de bien et de mal, — voilà que, hélas! notre cithare a dût changer ses cantiques joyeux en de nouvelles plaintes, et l'harmonie de nos orgues a été interrompue par des voix pleines de larmes! En effet, dans cette même année, au mois de décembre, cinq jours après Noël, l'ennemi de la paix humaine a excité nos concitoyens à une telle discorde et tribulation que, au milieu des rues et des places, ils se sont attaqués l'un l'autre, les armes en main. À quoi ont succédé nombre de meurtres, de blessures, d'incendies et de rapines. Et l'aveuglement de la haine commune est allé si loin que, pour s'emparer de la tour de notre église de Saint-Laurent, une troupe de nos concitoyens n'a pas craint de mettre le feu à l'église, dont tout le toit s'est trouvé brûlé. Et cette périlleuse sédition a duré depuis le cinquième jour de Noël jusqu'au jour du 7 février. C'est à la suite des événements susdits qu'on a décidé de nommer capitaines du peuple messires Conrad Spinola et Conrad Doria.
Et non moins admirable, non moins digne d'être commémoré, fut le rôle joué à Gênes par Jacques de Voragine en tant que père des pauvres de son diocèse. De cela non plus il ne fait point mention, dans sa Chronique; mais les auteurs génois s'accordent à nous dire que, durant les six années dee son épiscopat, la ville a été comblée de sa charité. «Toutes les vertus rivalisaient en lui», reconnaît Muratori, peu suspect de partialité à l'égard d'un homme dont il traite l'œuvre entière de «bavardage imbécile». D'autres nous affirment que, aussi longtemps qu'il fut évêque, pas une fois on ne le vit manger à sa faim. Il allait lui-même soigner les malades, dans les ruelles du port. Il s'était fait donner une liste des indigents et «les visitait du matin au soir, s'entretenant avec eux de leurs menues affaires». Son revenu et celui de son église, qui, au dire de Muratori, était «des plus gras», tout allait aux pauvres. Pour avoir autrefois compilé avec attendrissement les histoires de saint Jean l'Aumônier, de saint Basile, et d'autres «fous de charité», ces grands saints avaient daigné permettre à leur biographe de leur ressembler. Et j'imagine que lui aussi, comme l'abbé Sérapion, aurait été heureux de vendre son évangile pour nourrir un mendiant: après quoi il aurait répondu à ceux qui se seraient avisés de le lui reprocher: «Ce livre me disait de vendre ce que j'avais pour en donner le prix aux pauvres. Or je n'avais plus que lui. Comment aurais-je pu m'empêcher de le vendre?»
Avant de mourir, en 1298, il défendit qu'on privât les pauvres du prix de ses funérailles. Et il demanda que son corps, au lieu de reposer dans la cathédrale auprès de ceux des autres évêques, fût transporté dans l'Église de son ancien couvent, où on l'a, en effet, déposé, à gauche du chœur. Mais l'église de Saint-Dominique a été démolie, il y a quelques années, et parmi ce que l'on a conservé de ses débris, à l'Académie des Beaux-Arts et au Palais-Blanc, vainement j'ai cherché un véstige de la sépulture de Jacques de Voragine.
Je crois en revanche qu'on pourrait aisément, dans les bibliothèques françaises et italiennes, retrouver des copies de tous ses ouvrages, car tous, sans parler de la Légende Dorée, ont eu jusqu'au XVe siècle une célébrité universelle; et quelques-uns ont même été imprimés. À l'exception de la Chronique de Gênes, dont on vient de lire les dernières pages, ils datent tous des années qui ont précédé l'avènement du Frère Prêcheur à l'épiscopat. Les auteurs contemporains mentionnent, surtout, une traduction de la Bible en langue italienne, un volumineux commentaire de saint Augustin, et plusieurs recueils de sermons. J'ai eu entre les mains un de ces recueils, à la Bibliothèque Municipale de Tours, qui, si même elle n'avait hérité que du seul fonds de Marmoutier; aurait encore de quoi être une des plus riches bibliothèques de France en œuvres religieuses du Moyen Âge. Et, en vérité, les sermons de Jacques de Voragine m'ont paru valoir, eux aussi, que quelque pieux savant prit un jour la peine de nous les révéler. Tout comme la Légende Dorée, ils ont, sous leur appareil scolastique, une simplicité et une bonhommie très originales, et les mieux faites du monde pour nous émouvoir. Le seul malheur est que l'appareil scolastique y tient une place infiniment plus considérable que dans la Légende Dorée, avec une telle quantité de divisions et de subdivisions, de points coupés en d'autres points qui se trouvent coupés à leur tour, que, à chaque ligne, un lecteur d'à présent risque de perdre le fil de l'argumentation, étant donnée surtout l'absence complète de tout signe graphique qui puisse l'aider à se reconnaître. Et je crains bien que des motifs semblables ne nous interdisent, à jamais, de prendre plaisir et, profit à la lecture des Commentaires de Jacques de Voragine sur saint Augustin.
Mais d'ailleurs aucun autre des livres du savant et saint moine n'a eu, même en son temps, un succès comparable à celui de cette Légende des Saints que, presque dès son apparition, l'Europe tout entière s'est plus appeler la Légende Dorée. Ce livre sans pareil doit avoir été écrit vers 1255, lorsque l'auteur n'était encore qu'un tout jeune professeur de théologie: car l'Histoire Lombarde, qui en forme l'appendice, s'arrête à la mort de Frédéric II, sans même signaler l'élection au trône pontifical d'Alexandre IV 2. Resterait l'hypothèse que Jacques de Voragine eût écrit sa Légende après l'Histoire Lombarde, et se fût, ensuite, borné à joindre à son nouveau livre cette chronique, rédigée quelques années plus tôt mais il n'eût point manqué, en ce cas, de mettre au courant la fin de sa chronique, de même qu'il a fait pour le commencement: puisque, aussi bien, parmi les innombrables erreurs qui ont cours, depuis le seizième siècle, au sujet de la Légende Dorée, aucune n'est plus scandaleusement injuste que celle qui consiste à représenter comme une rapsodie, comme un mélange incohérent de morceaux rassemblés au hasard, un livre d'une unité et d'un ensemble parfaits, où chaque récit se trouve expressément chargé de compléter, de rectifier, ou de nuancer quelque récit précédent.
Non, la Légende Dorée n'est pas une simple rapsodie, ainsi que l'ont prétendu des critiques, et même des traducteurs, qui, croirait-on, ne se sont jamais sérieusement occupés de la lire! Et pas davantage elle n'est une «compilation», au sens ou nous entendons aujourd'hui ce mot. On trouve bien, dans les éditions de la fin du XVe siècle, deux histoires, celle de Sainte Apolline et celle de Sainte Paule, qui reproduisent, mot pour mot, des textes antérieurs: et ce sont celles-là qu'on cite, quand on veut prouver que Jacques de Voragine s'est contenté de transcrire, dans son livre, des passages copiés à droite et à gauche. Mais le fait est que ces deux histoires ne sont point de Jacques de Voragine, car elles manquent non seulement dans la plupart des vieux manuscrits, mais même dans les premières éditions imprimées. Ce sont donc de ces innombrables interpolations que, au cours des siècles, les copistes ont introduites dans 1e texte original de la Légende Dorée 3: et j'ajoute que, si même nous n'avions pas la ressource de pouvoir reconstituer ce texte original en éliminant tous les chapitres qui ne figurent point dans les premiers manuscrits, le style des chapitres ajoutés suffirait à nous mettre en défiance contre eux. Car Jacques de Voragine n'est peut-être pas un grand écrivain: mais à coup sûr il possède un style qui lui appartient en propre, un style, et une façon de composer, et surtout une façon de raconter; de telle sorte que les citations les plus diverses prennent aussitôt, sous sa plume, la même allure et le même attrait. Que l'on compare, à ce point de vue, son récit des martyres des saints avec le récit qu'en donne le Bréviaire: ou, plutôt encore, qu'on compare ses légendes de Saint Jean l'Aumônier, de Saint Antoine, de Saint Basile, avec le texte de la Vie des Pères, d'où il nous dit qu'il les a «directement extraites»! Et l'on comprendra alors ce que sa «compilation» impliquait de travail personnel, de réelle et précieuse création littéraire. Et l'on comprendra aussi, très clairement, le caractère et la portée véritables de la Légende Dorée.
Mais avant de définir ce caractère et cette portée, il y a une autre erreur encore que je dois signaler celle qui consiste à voir dans la Légende Dorée un recueil de «légendes», autant dire de fables, et présentées comme telles par l'auteur lui-même. En réalité, Legenda Sanctorum signifie: lectures de la vie des saints. Legenda est ici l'équivalent du mot lectio, qui, dans le Bréviaire, désigne les passages des auteurs consacrés que le prêtre est tenu de lire entre deux oraisons. Et Jacques de Voragine n'a nullement l'intention de nous donner pour des fables les histoires qu'il nous raconte. Il entend que son lecteur les prenne au sérieux, ainsi qu'il les prend lui-même, sauf à exprimer souvent des réserves sur la valeur de ses sources, ou, avec une loyauté admirable, à mettre vivement en relief une contradiction, une invraisemblance, un risque d'erreur. Et de là ne résulte point que nous devions, aujourd'hui, admettre la vérité de tous ses récits: aucun d'eux, au moins dans le détail, n'est proprement article de foi. Mais par là s'explique que lui, l'auteur, admettant de toute son âme cette vérité, ait pu employer à ses récits une franchise, une chaleur d'imagination, et un élan d'émotion qui, depuis des siècles, et aujourd'hui encore, les revêtent d'un charme où le lecteur le plus sceptique a peine à résister. Ce livre n'a si profondément touché tant de cœurs que parce qu'il a jailli, tout entier, du cœur.
Et son unique objet était, précisément, de toucher les cœurs. Car la Légende Dorée est, à sa façon, un des signes les plus caractéristiques de son temps, du temps qui a produit saint François, saint Dominique, saint Louis, et rempli le monde d'églises merveilleuses. C'est un temps où, dans l'Europe entière, le peuple, s'éveillant enfin d'une longue somnolence, a commencé tout à coup d'aspirer fiévreusement à la vie de l'esprit. Tout à coup l'architecture, la sculpture, tous les arts se sont laïcisés, sont sortis des couvents pour aller au peuple. Et, de même, la pensée religieuse. En même temps qu'il s'occupait à construire des églises, le peuple réclamait d'être initié aux secrets de la théologie: il voulait qu'un contact plus intime s'établît désormais entre Dieu et lui. De là son enthousiasme à accueillir le Pauvre d'Assise, dont l'âme parfumée n'était qu'une expression plus haute et plus profonde de toute l'âme populaire. De là l'immense et soudain succès des deux grands ordres qui, créés pour des fins différentes, avaient tous deux en commun de s'adresser directement au peuple, de se mêler au peuple plus étroitement que les ordres antérieurs, et le séculier même. Le peuple voulait, en quelque sorte, pénétrer jusqu'au chœur de l'église, afin de mieux célébrer Dieu, étant plus près de lui. Et c'est à cette tendance que répond la conception de la Légende Dorée, comme par elle s'explique, aussi, l'extraordinaire fortune de ce livre.
La Légende Dorée est, essentiellement, une tentative de vulgarisation, de «laïcisation», de la science religieuse. Bien d'autres théologiens, avant Jacques de Voragine, avaient écrit non seulement des vies de saints, mais des commentaires de toutes les fêtes de l'année. Le Bréviaire, par exemple, dès le XIe siècle, avait été compilé, à peu près sous sa forme d'aujourd'hui, avec des leçons équivalant aux chapitres de la Légende Dorée. Et, à chaque page, le bienheureux Jacques de Voragine cite d'autres compilations analogues, le Livre Mitral, le Rational des offices divins de maître Jean Beleth, chanoine d'Amiens, etc. Mais tous ces ouvrages s'adressaient aux théologiens, aux clercs: et la Légende Dorée s'adresse aux laïcs. Elle a pour objet de faire sortir, des bibliothèques des couvents, les trésors de vérité sainte qu'y ont accumulés des siècles de recherches et de discussions, et de donner à ces trésors la forme la plus simple, la plus claire possible, et en même temps la plus attrayante: afin de les mettre à la portée d'âmes naïves et passionnées qui aussitôt s'efforcent, par mille moyens, de témoigner la joie extrême qu'elles éprouvent à les accueillir. Voilà pourquoi Jacques de Voragine ne dédaigne point d'admettre, dans son livre, jusqu'à des récits dont il avoue lui-même qu'ils ne méritent pas d'être pris bien à cœur! Voilà pourquoi il ne néglige jamais une occasion d'expliquer longuement le sens des diverses cérémonies religieuses, la tonsure des prêtres, les processions, la dédicace des églises! Et voilà pourquoi, tout en nommant toujours les auteurs dont il «compile» les savants écrits, il a toujours soin de modifier les passages qu'il leur emprunte, de manière que l'âme la plus simple puisse les comprendre et en profiter. Sa Légende est, ainsi, la suite directe de cette traduction italienne de la Bible que ses biographes signalent comme l'un de ses premiers ouvrages. Et si, au lieu d'écrire sa Légende en italien, il l'a écrite dans un honnête latin de sacristie, dont les humanistes de la Renaissance ont eu beau jeu à railler la médiocrité, c'est que, sans doute, sous cette forme, il a su que son livre pourrait se répandre plus loin, et ouvrir à plus d'âmes la maison de Dieu.
Le fait est qu'il n'y a peut-être pas de livre qui ait été plus souvent copié et traduit. Toutes les bibliothèques du monde en possèdent des manuscrits, dont quelques-uns comptent parmi les chefs-d'œuvre des deux arts délicieux de la calligraphie et de l'enluminure. Et lorsque, deux cents ans après, l'imprimerie vient, hélas! se substituer à ces deux arts et les anéantir, c'est encore la Légende Dorée qu'on imprime le plus. Les catalogues mentionnent près de cent éditions latines différentes, publiées entre les années 1470 et 1500: sans compter d'innombrables traductions françaises, anglaises, hollandaises, polonaises, allemandes, espagnoles, tchèques, etc. Du treizième siècle jusqu'au seizième, la Légende Dorée reste, par excellence, le livre du peuple.
Et je dois ajouter qu'il n'y a peut-être pas de livre, non plus, qui ait exercé sur le peuple une action plus profonde, ni plus bienfaisante. Car le «petit» livre du bienheureux Jacques de Voragine, — si l'on me permet de lui garder une épithète que tous les auteurs anciens s'accordent à lui attribuer, — a été, pendant ces trois siècles, une source inépuisable d'idéal pour la chrétienté. En rendant la religion plus ingénue, plus populaire, et plus pittoresque, il l'a presque revêtue d'un pouvoir nouveau: ou du moins il a permis aux âmes d'y prendre un nouvel intérêt, ét, pour ainsi dire, de s'y réchauffer plus profondément. Tout de suite les nefs des églises se sont peuplées d'autels en l'honneur des saints et des saintes du calendrier. Tout de suite les tailleurs de pierres se sont mis à sculpter, aux porches des cathédrales, les touchants récits de la Légende Dorée, les peintres, les verriers, à les représenter sur les murs ou sur les fenêtres. Entrez dans une vieille église de Bruges, de Cologne, de Tours ou de Sienne: toutes les œuvres d'art qui vous y accueilleront ne sont que des illustrations immédiates; littérales, de la Légende Dorée. C'est d'après Jacques de Voragine que Memling et Carpaccio nous racontent le voyage de sainte Ursule avec ses onze mille compagnes. Quand Piero della Francesca, dans ses fresques d'Arezzo, ou Agnolo Gaddi dans celles de Florencé, nous font assister aux aventures diverses du bois de la sainte Croix, ils suivent de phrase en phrase le texte de la Légende Dorée. D'autres prennent même, dans le vieux livre, des sujets profanes, et, comme Thierry Bouts au Musée de Bruxelles, nous détaillent, d'après l'Histoire Lombarde, un acte de justice de l'empereur Othon. Et il n'y a point jusqu'aux grands tableaux. de Rubens, de Murillo, de Poussin, qui ne reproduisent les scènes des martyres des saints ou de leurs miracles exactement comme le bienheureux évêque de Gênes les a «compilées» à notre intention. Toute la part que, aujourd'hui encore, notre imagination mêle à ce que nous apprennent, de l'histoire sacrée, les Écritures et la Tradition, tout cela nous vient, en droite ligne, de la Légende Dorée.
Aussi ne saurait-on trop déplorer le profond discrédit qu'ont cru devoir jeter sur ce livre d'éminents écrivains religieux de la Renaissance et du XVIIe siècle, depuis Vivès, l'ami. d'Érasme, jusqu'à l'impitoyable Jean de Launoi, le «dénicheur de saints», dont un contemporain disait qu'il «avait plus détrôné de saints du paradis que dix papes n'en avaient canonisé». Ces savants hommes ont évidemment lu la Légende Dorée, comme toutes choses, avec l'impression qu'un ministre calviniste lisait par-dessus leur épaule, guettant une occasion de se moquer d'eux. Et ainsi ils se sont trouvés empêchés de réfléchir au sens et à la portée du vieux livre; de telle sorte qu'au lieu d'honorer en Jacques de Voraginel'un des plus érudits en même temps que le plus vénérable de leurs devanciers, il n'y a pas d'injure dont ils ne l'aient accablé: poussés, par leur indignation, jusqu'au calembour, car les uns l'appelaient un «gouffre d'ordures», jouant sur le sens latin du mot vorago, tandis que d'autres déclaraient que sa Légende n'était pas d'or, mais de fer et de plomb.
Ils ne lui pardonnaient pas, notamment, d'avoir mis saint Georges aux prises avec un dragon avant de le mettre aux prises avec les tenailles du préfet Dacien, ni d'avoir raconté que saint Antoine avait rencontré au désert un centaure et un satyre, ni d'avoir conduit à Rome les onze mille compagnes de sainte Ursule, ni, en maints endroits, d'avoir confondu les noms et brouillé les dates.
Et certes je ne prétends pas que, à la considérer au point de vue historique, la Légende Dorée ne contienne pas d'affirmations inexactes, ou, tout au moins, d'une exactitude à jamais incertaine. Je croirais volontiers, plutôt, qu'elle en est remplie, comme tous les ouvrages historiques de son temps, comme ceux de tous les temps; et, sans doute, les écrits mêmes de Vivès et de Launoi, si un érudit voulait aujourd'hui les contrôler à ce point de vue, apparaîtraient, eux aussi, amplement pourvus d'erreurs et de légendes. Mais, d'abord, ainsi que le dit très sagement Bollandus, rien n'est plus injuste que d'attribuer à Jacques de Voragine la responsabilité d'affirmations qu'il a, toutes, puisées dans des ouvrages antérieurs, en les contrôlant de son mieux chaque fois qu'il pu, ou en nous faisant part des doutes qu'elles lui inspiraient. Pour citer encore une expression de Bollandus, le tort de Vivès et des autres détracteurs de la Légende Dorée a été «de vouloir critiquer ce qu'ils ne comprenaient pas et qu'ils ignoraient». Ils ignoraient qu'un érudit du XIIIe siècle ne disposait point des mêmes moyens d'information que ceux dont ils disposaient, trois ou quatre siècles plus tard: c'est-à-dire qu'il manquait de beaucoup de ceux qu'ils avaient, mais que, peut-être aussi, il en avait d'autres qui désormais leur manquaient. Et quant à soutenir, comme ils le soutenaient, que la plupart des récits de la Légende Dorée sont des fables parce que les documents contemporains n'en font pas mention, c'est en vérité montrer, à l'égard de ces. documents, une crédulité plus naïve encore que celle des contemporains de Jacques de Voragine à l'égard du dragon de saint Georges et du centaure de saint Antoine. Qu'un document soit contemporain des faits qu'il atteste, comme par exemple nos journaux, ou qu'il leur soit postérieur, comme les histoires et les chroniques les plus abondantes, on ne risque guère à soutenir que l'erreur y tient plus de place que la vérité; que de mille choses considérables ils ne font point mention, et qu'ils en mentionnent mille autres qui n'ont jamais existé.
Mais surtout le tort de Vivès et de ses successeurs a été de «vouloir critiquer ce qu'ils ne comprenaient pas». Ils ne comprenaient pas, en effet, que des erreurs comme celles qu'ils signalaient dans la Légende Dorée n'avaient point, pour un lecteur catholique, la même importance que pour ce ministre calviniste qui hantait leurs rêves. Car, si les protestants estiment que Dieu, après avoir parlé aux hommes depuis Adam jusqu'à Jésus-Christ, s'est tu à jamais dès qu'il nous a légué le Nouveau Testament, c'est, au contraire, la croyance des catholiques que, suivant sa promesse, il a «envoyé aux hommes son Esprit», pour continuer à les instruire et à les guider. Lors donc que la Sainte Église a proclamé saints des hommes dont, le plus souvent, la vie et les actes lui étaient connus de la façon la plus sûre et la plus directe, aucun catholique n'a le droit de contester le fait de leur sainteté. C'est ce que ne comprenait pas Launoi, quand, sous prétexte que ses recherches ne lui avaient pas démontré l'existence de sainte Catherine, il remplaçait l'office de cette sainte par une messe de Requiem: le «dénicheur de saints» prouvait simplement, par là, qu'il était un sot, à vouloir mettre ses petites recherches personnelles au-dessus de l'autorité de sa mère l'Église. Et, puisque la sainteté des saints de la Légende Dorée ne saurait faire de question pour nous, qu'importe ensuite que, à défaut de l'histoire véritable de leur vie, nous ayons de belles légendes qui certainement expriment, sinon les faits de cette vie, du moins son âme et son sens profond? Ainsi l'entendaient les chrétiens des premiers siècles, qui ne tenaient nullement pour illicite d'embellir à leur fantaisie, dans leurs chroniques, la vie de la Vierge et des saints, pas plus que les vieux peintres ne s'interdisaient de représenter leurs traits à leur fantaisie.
Et de même que maintes images de la Vierge, sans prétendre le moins du monde à être des portraits, ont reçu de Dieu le pouvoir d'opérer des miracles, de même rien ne nous empêche d'admettre que Dieu, s'il le juge bon, puisse prêter aux légendes de ses saints une réalité supérieure. Cela encore était une des croyances favorites des grands âges chrétiens; et la trace s'en retrouve à chaque page dans la Légende Dorée. Nous y lisons, par exemple, l'histoire d'un gardien d'église qui, au lieu de donner à un pèlerin un vrai doigt de saint Augustin, s'était amusé à lui donner le doigt d'un pauvre homme qui venait de mourir: après quoi, apprenant que ce doigt faisait des miracles, il était allé voir le corps du saint, et s'était aperçu qu'un doigt y manquait. Rien n'est impossible à Dieu; et il n'y a point de Vivès, de Launoi, ni de Baillet, dont l'érudition prévaille contre cet article de foi.
Je ne crois pas, au reste, que personne s'avise plus, aujourd'hui, de reprocher à la Légende Dorée la faiblesse de sa critique, ni l'incohérence de sa chronologie. Et je suis sûr que personne ne pourra s'empêcher de sentir l'exquise douceur poétique de cette Légende, son charme ingénu, mais, par-dessus tout, la pureté et la beauté incomparables de l'esprit chrétien dont elle est imprégnée. Quelque opinion que l'on ait de l'exactitude documentaire de chacun de ses récits, on reconnaîtra que leur ensemble forme un manuel parfait de la vie suivant l'Evangile, un manuel infiniment varié, et d'autant mieux adapté aux diverses conditions de l'existence humaine. Car la Légende Dorée restera toujours ce que son auteur a voulu qu'elle fût: un livre à l'adresse du peuple, offrant à tout homme la leçon et l'exemple qui peuvent lui convenir. Mais leçons et exemples, malgré leur diversité, y ont toujours en commun d'être directement inspirés de la parole du Christ.
Et la religion qu'on y trouve exprimée est toute d'indulgence et de consolation. C'est la religion telle que la concevait saint François d'Assise, telle qu'allait la traduire, deux siècles après, le bienheureux Fra Angelico, dans ces miniatures et ces fresques dont, seul, un chrétien peut apprécier la surnaturelle vérité chrétienne. Qu'on voie avec quelle ardente sympathie Jacques de Voragine nous raconte les actes charitables des saints, comme il s'échauffe lorsqu'il nous parle de saint Basile, de saint Jean l'Aumônier, ou de saint Martin! Peu s'en faut qu'il ne les préfère aux martyrs eux-mêmes, tant il découvre en eux des disciples fidèles de son divin maître. Et ses martyrs, combien ils sont joyeux et doux, combien ils ont de tendre pitié pour leurs persécuteurs! Le préfet qui torturait saint Longin est, tout à coup, devenu aveugle et supplie le saint de lui rendre la vue: «Sache, mon pauvre ami, lui répond le saint, que tu ne pourras être guéri qu'après m'avoir tué! Mais, aussitôt que je serai mort, je prierai pour toi; et Dieu m'accordera bien la guérison de ton corps et de ton âme!» Et saint Christophe, de son côté, dit au roi de Samos: «Quand tu m'auras fait trancher la tête, applique un peu de mon sang sur tes yeux, et tu recouvreras la vue!» Voilà vraiment de beaux saints; et il n'y a point de pécheur qui n'ait de quoi reprendre courage, en songeant que, là-haut, de tels amis s'emploient à plaider pour lui!
Peut-être même est-ce cet esprit d'indulgence et de compassion infinies qui, plus encore que le dragon de saint Georges, a valu à la Légende Dorée la mauvaise humeur de certains écrivains religieux du XVIIe siècle. Sous l'influence du protestantisme et du jansénisme, nombre d'excellents catholiques, alors, estimaient imprudent de trop prêcher au peuple la bonté de Dieu. Les peintres, ayant à peindre Jésus sur la croix, le représentaient avec les bras levés au ciel, et non plus avec les bras étendus pour bénir la terre. Les philosophes insistaient sur la différence essentielle de la bonté divine et de l'humaine. Et tous, d'une façon générale, ils s'efforçaient plutôt d'effrayer les hommes que de les rassurer. Peut-être, dans ces conditions, la Légende Dorée leur aura-t-elle paru trop consolante, je veux dire faite pour nous donner une notion trop inexacte de l'éternelle justice? Mais aujourd'hui, de même que nos imaginations ont soif de légendes, nos caeurs ont soif de pitié et de consolation. Nous avons besoin que Jésus vienne à nous avec les bras grands ouverts, que, dans nos peines, il nous dise, comme à l'apôtre dans sa prison d'Antioche: «Mon ami, as-tu cru vraiment que je t'oubliais?» Nous avons besoin que, comme au brigand qui récitait tous les jours son Ave Maria, il daigne nous promettre le pardon de toutes nos fautes, en échange du peu de foi que nous pouvons lui offrir.
«Si tu dois tenir compte de nos iniquités, Seigneur, qui osera affronter ton jugement?» C'est à ce cri de nos misérables âmes que répond surtout la Légende Dorée, par la voix de ses confesseurs et par l'exemple de ses pécheresses, nous apportant le témoignage de treize siècles de christianisme, dont elle est, sinon une histoire toujours bien exacte, à coup sûr le testament le plus authentique. Elle nous apprend que la justice de Dieu n'est toute faite que de sa bonté. «Ne craignez pas trop, nous dit-elle, que le Seigneur vous tienne compte de vos iniquités! Lui-même, suivant l'expression de saint Bernard, est prêt à vous faire bénéficier du surplus de ses mérites; et puis il y a, auprès de lui, la Vierge et tous les saints, qui ne cessent point de le solliciter en votre faveur. Mais il ne vous pardonnera qu'à la condition que vous l'aimiez, dans la personne du pauvre et du malade, de la veuve et de l'orphelin, de tous ceux que la souffrance élève jusqu'à lui; à la condition que vous restiez humbles d'esprit et de coeur, vous gardant avec soin des fruits amers de l'arbre de la science, dont le diable vous affirme qu'ils pourront vous rendre pareils à des dieux; et à la condition, enfin, que vous honoriez le Seigneur dans la nature, son œuvre, au lieu de mépriser et de détruire celle-ci comme vous vous acharnez à le faire. Habituez-vous plutôt à écouter les leçons des forêts que celles des livres! Obtenez des moineaux qu'ils consentent à venir manger dans vos mains! Et, quand vous verrez un ours ou un loup pris au piège, hâtez-vous de courir à lui pour le délivrer! Renoncez à vous-mêmes pour vivre tout entiers dans le reste du monde: moyennant quoi le Seigneur non seulement vous préparera une petite place dans son paradis, mais, dès cette vie, imprimera sur vos lèvres le tranquille "et heureux sourire que vous voyez rayonner sur les lèvres des saints!» Telle est la leçon que nous enseigne, à toutes ses pages, la Légende Dorée, avec son mauvais style et ses erreurs de dates; et peutêtre, cette leçon, les contemporains même de Jacques de Voragine n'avaient-ils pas autant que nous besoin de l'entendre!
Quant à la traduction de la Légende Dorée que je soumets aujourd'hui au lecteur français, je dirai seulement que je l'ai faite sur une édition latine imprimée, en 1517, à Lyon, chez Constantin Fradin; mais, sans cesse, autant que j'ai pu, je me suis reporté à des éditions plus anciennes et à des copies manuscrites.
J'ai retranché, naturellement, la plupart des.chapitres des éditions postérieures qui, ne se trouvant point dans les manuscrits, sont à coup sûr des interpolations. J'ai cru, cependant, devoir en conserver deux, qui, du reste, ont été introduits de très bonne heure dans le texte de la Légende Dorée ceux de Saint François et de Sainte Élisabeth. J'ai écourté, çà et là, quelques développements scolastiques où l'auteur expliquait, par exemple, les dix motifs, divisés chacun en une dizaine d'autres, qui avaient décidé le Seigneur à se laisser circoncire ou à naître d'une vierge. Et je me suis également, décidé à retrancher, après les avoir d'abord traduites, les étymologies placées par l'auteur en tête de ses chapitres. Bollandus et d'autres écrivains autorisés ont soutenu que ces étymologies n'étaient point de Jacques de Voragine; mais je crains bien, hélas! qu'elles ne soient de lui, et ce n'est point ce scrupule-là qui m'a empêché de les publier. Je les ai retranchées, simplement, parce qu'elles auraient prêté à rire, sans profit pour personne. Le saint évêque de Gênes, de même que tous les savants de son temps, ignorait le grec. Et nous aussi, en vérité, nous l'ignorons, mais nous en savons assez pour être surs que le nom d'Agathe, par exemple, ne vient point «d'Aga, parlant, et de thau, perfection». Quand Jacques de Voragine nous affirme que le nom d'Antoine vient «d'ana, en haut, et de tenens, tenant», nous éprouvons malgré nous une tentation de sourire qui risque de nous faire mal apprécier, ensuite, la touchante beauté de la vie du saint. L'art d'un temps, pour peu que l'artiste y ait mis de son caeur, a de quoi nous plaire éternellement: mais la science d'un temps ne vaut que pour son temps.
Et, à part ces suppressions et ces abréviations, dont le total ne dépasse pas une trentaine de pages, j'ai essayé de traduire aussi fidèlement que possible le texte original de la Légende Dorée. Puisse l'œuvre du vénérable Jacques de Varage retrouver parmi nous, sous cette forme nouvelle; un peu de sa bienfaisante action d'autrefois
Notes
TEODOR DE WYZEWA, préface à sa traduction de La légende dorée,
Paris, Perrin et cie, 1910. Voir ce texte
Oeuvres
Oeuvres en
ligne
La légende dorée, trad. par
Teodor de Wyzewa, Paris, Perrin, 1910 (Sur Gallica-BNF).
Legenda aurea (extraits de la
version latine). (Corpus scriptorum Latinorum)
The Golden Legend (version anglaise).
(Medieval Sourcebook)
Édition récente
13 juillet. Bienheureux Jacques de Voragine, dominicain,
archevêque de Gènes. 1298.
Pape : Boniface VIII.
Capitaine du peuple de Gènes : Olberto Doria.
Roi de France : Philippe IV, le Bel.
" La science parfaite consiste à faire tout avec soin et à se bien
pénétrer qu'on n'est rien par ses propres mérites."
Saint Bonaventure, sup. Job.
Jacques de Voragine est né entre 1228 et
1229 à Varazze ou, plus probablement, à Gênes, où est attestée la présence
d’une famille originaire de Varazze, appelée de " Varagine ". La
formule de " Voragine " par laquelle il est parfois désigné dans les
sources anciennes est une variante de " da Varagine ". L’idée
remontant au XVIe siècle et devenue ensuite traditionnelle selon laquelle
" Voragine " vient de " vorago ", pour indiquer l’abîme de
connaissance dont Jacques a fait preuve dans ses oeuvres est donc extravagante,
même si elle exprime une certaine vérité.
C’est le bienheureux Jacques lui-même qui fournit, dans une rapide autobiographie contenue dans l’une de ses oeuvres, la Chronica civitatis Ianuenses, les premières dates marquantes de sa vie : 1239 lorsque dans son enfance il assiste à une éclipse solaire, 1244 lorsque, adolescent, il entre dans l’Ordre des frères prêcheurs, et 1264, lorsqu’il a eu l’occasion d’admirer pendant quarante jours un autre fait prodigieux, c’est-à-dire l’apparition d’une comète.
Jacques avait pris une responsabilité importante à l’intérieur de l’Ordre avant 1267, date à laquelle il fut élevé, au Chapitre Général de Bologne, à l’office de prieur de l’importante province de Lombardie, qui comprenait à l’époque toute l’Italie septentrionale, l’Emilie et le Picenum. Il a occupé cette charge pendant dix années, participant aux chapitres provinciaux et généraux de l’Ordre et résidant probablement au couvent de Milan ou dans celui de Bologne, jusqu’à ce qu’il soit absolutus de cette charge au chapitre général de Bordeaux en 1277.
Après quelques années, au chapitre provincial de Bologne de 1281, il fut à nouveau nommé prieur de la province lombarde, charge qu’il a occupée pour cinq années encore, jusqu’en 1286. De 1283 à 1285, il exerça les fonctions de régent de l’Ordre après la mort de Jean de Verceil et avant l’élection du nouveau maître général, Munio de Zamora.
C’est le bienheureux Jacques lui-même qui fournit, dans une rapide autobiographie contenue dans l’une de ses oeuvres, la Chronica civitatis Ianuenses, les premières dates marquantes de sa vie : 1239 lorsque dans son enfance il assiste à une éclipse solaire, 1244 lorsque, adolescent, il entre dans l’Ordre des frères prêcheurs, et 1264, lorsqu’il a eu l’occasion d’admirer pendant quarante jours un autre fait prodigieux, c’est-à-dire l’apparition d’une comète.
Jacques avait pris une responsabilité importante à l’intérieur de l’Ordre avant 1267, date à laquelle il fut élevé, au Chapitre Général de Bologne, à l’office de prieur de l’importante province de Lombardie, qui comprenait à l’époque toute l’Italie septentrionale, l’Emilie et le Picenum. Il a occupé cette charge pendant dix années, participant aux chapitres provinciaux et généraux de l’Ordre et résidant probablement au couvent de Milan ou dans celui de Bologne, jusqu’à ce qu’il soit absolutus de cette charge au chapitre général de Bordeaux en 1277.
Après quelques années, au chapitre provincial de Bologne de 1281, il fut à nouveau nommé prieur de la province lombarde, charge qu’il a occupée pour cinq années encore, jusqu’en 1286. De 1283 à 1285, il exerça les fonctions de régent de l’Ordre après la mort de Jean de Verceil et avant l’élection du nouveau maître général, Munio de Zamora.
Entre temps, il
continua à maintenir de forts liens avec la cité de Gênes. Le jour de Pâques
1283, comme il le raconte lui-même dans son opuscule Historia
reliquiarum que sunt in monasterio sororum Sanctorum Philippi et Iacobi, il fit
transporter une précieuse relique, la tête d’une des vierges de Sainte-Ursule,
de Cologne au couvent des soeurs dominicaines de Gênes des saints Jacques et
Philippe ; il s’agit du même couvent auquel quelques années plus tôt, durant
son précédent priorat, il avait donné une autre relique, le doigt de saint
Philippe, qu’il avait lui-même détaché de la main du saint conservée dans le
couvent de Venise.
A cette occasion Jacques, après la procession solennelle, a donné une messe et un prêche au peuple. En 1288, alors qu’il n’était plus depuis deux ans prieur de la Lombardie, il fut candidat à la charge d’archevêque de Gênes, mais n’obtint pas, comme les trois autres candidats, la majorité des voix ; le pape Nicolas IV suspendit la nomination, confiant cependant à Jacques, le 18 mai de la même année, la tâche d’absoudre en une cérémonie publique, qui se tint dans l’église de Saint-Dominique, les Génois excommuniés pour avoir eu des rapports commerciaux avec les Siciliens, eux-mêmes excommuniés à cause de la guerre des Vêpres. La même année, il fut nommé diffinitor au chapitre général de Lucques.
En 1290, à l’occasion du chapitre général de Ferrare, Jacques résista aux pressions des cardinaux romains qui, dans une lettre,demandaient la démission du maître général Munio de Zamora, mal vu pour son rigorisme à l’intérieur de l’Ordre et de la Curie romaine. La lettre n’obtint aucun effet : non seulement le maître général ne démissionna pas, mais il fut soutenu par une déclaration publique, signée aussi de Jacques, qui exaltait sa vertu et approuvait sa politique.
Selon la relation de Gerolamo Borsello (XVe) et, après lui, d’autres biographes anciens, ce serait justement à cause de ce soutien donné à la ligne rigoureuse de Munio de Zamora que Jacques aurait subi cette année une tentative d’homicide de la part de confrères qui voulaient le jeter dans le puits du couvent de Ferrare. Une tentative qui, raconte encore Borsello, se serait répétée l’année suivante, en 1291, à Milan, cette fois parce que Jacques avait exclu du chapitre provincial frère Stefanardo, prieur du couvent milanais.
Rappelons à ce sujet que notre bienheureux combattit dans la grande querelle qui opposa les Guelfes et les Gibelins.
A cette occasion Jacques, après la procession solennelle, a donné une messe et un prêche au peuple. En 1288, alors qu’il n’était plus depuis deux ans prieur de la Lombardie, il fut candidat à la charge d’archevêque de Gênes, mais n’obtint pas, comme les trois autres candidats, la majorité des voix ; le pape Nicolas IV suspendit la nomination, confiant cependant à Jacques, le 18 mai de la même année, la tâche d’absoudre en une cérémonie publique, qui se tint dans l’église de Saint-Dominique, les Génois excommuniés pour avoir eu des rapports commerciaux avec les Siciliens, eux-mêmes excommuniés à cause de la guerre des Vêpres. La même année, il fut nommé diffinitor au chapitre général de Lucques.
En 1290, à l’occasion du chapitre général de Ferrare, Jacques résista aux pressions des cardinaux romains qui, dans une lettre,demandaient la démission du maître général Munio de Zamora, mal vu pour son rigorisme à l’intérieur de l’Ordre et de la Curie romaine. La lettre n’obtint aucun effet : non seulement le maître général ne démissionna pas, mais il fut soutenu par une déclaration publique, signée aussi de Jacques, qui exaltait sa vertu et approuvait sa politique.
Selon la relation de Gerolamo Borsello (XVe) et, après lui, d’autres biographes anciens, ce serait justement à cause de ce soutien donné à la ligne rigoureuse de Munio de Zamora que Jacques aurait subi cette année une tentative d’homicide de la part de confrères qui voulaient le jeter dans le puits du couvent de Ferrare. Une tentative qui, raconte encore Borsello, se serait répétée l’année suivante, en 1291, à Milan, cette fois parce que Jacques avait exclu du chapitre provincial frère Stefanardo, prieur du couvent milanais.
Rappelons à ce sujet que notre bienheureux combattit dans la grande querelle qui opposa les Guelfes et les Gibelins.
En 1292, il fut
nommé par le pape Nicolas IV archevêque de Gênes. Jacques consacra les six
dernières années de sa vie à gouverner le diocèse génois, de 1292 à 1298, année
de sa mort. Son action s’est tournée d’abord vers la réorganisation législative
du clergé sous l’autorité archiépiscopale. Dans ce but, il convoca un concile
provincial, qui se tint dans la cathédrale Saint-Laurent en juin 1293, durant
lequel, comme le raconte Jacques lui-même dans la chronique de Gênes, fut
accomplie, en présence des gouvernants et des notables puis de tout le peuple,
une reconnaissance des os de san Siro, patron de la cité, qui confirmait
solennellement l’authenticité de la relique.
L’activité de Jacques est intense sur le plan politique, il en offre lui-même un ample compte-rendu dans la Chronique de Gênes . En 1295, dans les premiers mois de l’année, il promut la pacification entre les factions de la cité et célébra la paix finalement obtenue dans une assemblée publique lors de laquelle il prêcha et entonna, avec ses ministres, les louanges à Dieu ; suivit ensuite une procession solennelle à travers les rues de la cité, guidée par ce même Jacques à cheval qui se conclut avec la remise de l’insigne de miles au podestat de Gênes, le milanais Jacques de Carcano.
La même année, en avril, avec les ambassadeurs envoyés par la Commune, il accomplit un voyage à Rome, convoqué par le pape Boniface VIII qui cherchait à prolonger l’armistice entre Gênes et Venise. Le séjour à la Curie romaine se prolongea une centaine de jours, et Jacques ne manqua pas de montrer une certaine fatigue face à l’indécision du pape et surtout face aux manoeuvres dilatoires des ambassadeurs vénitiens.
A ce point les Génois, après la longue attente, décidèrent d’aller à l’affrontement contre Venise, réunissant, dans l’enthousiasme populaire, une flotte qui aurait dû affronter les ennemis dans une bataille décisive près de Messine, à laquelle cependant les Vénitiens ne se présentèrent pas, contraignant le commandant Oberto Doria à retourner à Gênes sans avoir combattu, accueilli cependant en triomphe par la cité et par son évêque.
A la fin de 1295, Jacques subit un revers politique et une profonde déception personnelle : en effet, la paix entre les factions citadines se rompit, cette paix qu’il avait voulue et solennellement célébrée quelques mois plus tôt ; des incidents violents éclatèrent, durant lesquels la cathédrale Saint-Laurent fut incendiée, et son toit fut totalement brûlé. Les dommages furent si importants que Jacques demanda au pape une aide, qui lui fut accordée le 12 juin 1296.
Jacques mourut dans la nuit du 13 au 14 juillet 1298. Il demanda à ce que les frais nécessaire soient intégralement distribués aux pauvres. Son corps, d’abord enseveli dans l’église Saint-Dominique du couvent des frères prêcheurs de Gênes, fut, à la fin du XVIIIe siècle, transféré dans une autre église dominicaine, Santa Maria di Castello, où il se trouve encore. En vertu de la vénération et du culte dont il fut l’objet pendant des siècles, Jacques a été béatifié en 1816 par le pape Pie VII.
Son oeuvre est ample et remarquable tant par sa quantité que par sa qualité et sa science hors du commun. Quelques liens nous permettent de consulter entre autres la très fameuse Legenda aurea (tant de fois illustrée par les plus grands artistes) ou ses sermons.
L’activité de Jacques est intense sur le plan politique, il en offre lui-même un ample compte-rendu dans la Chronique de Gênes . En 1295, dans les premiers mois de l’année, il promut la pacification entre les factions de la cité et célébra la paix finalement obtenue dans une assemblée publique lors de laquelle il prêcha et entonna, avec ses ministres, les louanges à Dieu ; suivit ensuite une procession solennelle à travers les rues de la cité, guidée par ce même Jacques à cheval qui se conclut avec la remise de l’insigne de miles au podestat de Gênes, le milanais Jacques de Carcano.
La même année, en avril, avec les ambassadeurs envoyés par la Commune, il accomplit un voyage à Rome, convoqué par le pape Boniface VIII qui cherchait à prolonger l’armistice entre Gênes et Venise. Le séjour à la Curie romaine se prolongea une centaine de jours, et Jacques ne manqua pas de montrer une certaine fatigue face à l’indécision du pape et surtout face aux manoeuvres dilatoires des ambassadeurs vénitiens.
A ce point les Génois, après la longue attente, décidèrent d’aller à l’affrontement contre Venise, réunissant, dans l’enthousiasme populaire, une flotte qui aurait dû affronter les ennemis dans une bataille décisive près de Messine, à laquelle cependant les Vénitiens ne se présentèrent pas, contraignant le commandant Oberto Doria à retourner à Gênes sans avoir combattu, accueilli cependant en triomphe par la cité et par son évêque.
A la fin de 1295, Jacques subit un revers politique et une profonde déception personnelle : en effet, la paix entre les factions citadines se rompit, cette paix qu’il avait voulue et solennellement célébrée quelques mois plus tôt ; des incidents violents éclatèrent, durant lesquels la cathédrale Saint-Laurent fut incendiée, et son toit fut totalement brûlé. Les dommages furent si importants que Jacques demanda au pape une aide, qui lui fut accordée le 12 juin 1296.
Jacques mourut dans la nuit du 13 au 14 juillet 1298. Il demanda à ce que les frais nécessaire soient intégralement distribués aux pauvres. Son corps, d’abord enseveli dans l’église Saint-Dominique du couvent des frères prêcheurs de Gênes, fut, à la fin du XVIIIe siècle, transféré dans une autre église dominicaine, Santa Maria di Castello, où il se trouve encore. En vertu de la vénération et du culte dont il fut l’objet pendant des siècles, Jacques a été béatifié en 1816 par le pape Pie VII.
Son oeuvre est ample et remarquable tant par sa quantité que par sa qualité et sa science hors du commun. Quelques liens nous permettent de consulter entre autres la très fameuse Legenda aurea (tant de fois illustrée par les plus grands artistes) ou ses sermons.
Rq : On
lira entre autres :
Blessed Jacopo de Voragine
(Also DI
VIRAGGIO).
Archbishop of Genoa and medieval hagiologist,
born at Viraggio (now Varazze), near Genoa, about 1230; died 13 July, about 1298. In 1244
he entered the Order of St. Dominic, and soon became famous for his piety, learning, and zeal in the care of souls. His fame as a preacher spread throughout Italy, and he was called upon to preach from the
most celebrated pulpits of Lombardy. After teaching Holy Scripture
and theology in various houses of his order in Northern Italy, he was elected
provincial of Lombardy in 1267, holding this office until 1286, in
which year he become definitor
of the Lombard province
of Dominicans. In the latter capacity he attended
a chapter at Lucca in 1288, and another at Ferrara, in 1290. In 1288 he was commissioned by Pope Nicholas IV to free the Genoese from the ban of the Church, which they had incurred for assisting the Sicilians in their revolt against the King of Naples. When Archbishop
Charles Bernard
of Genoa died, in 1286, the metropolitan chapter
of Genoa proposed Jacopo de Voragine as his successor.
Upon his refusal to accept the dignity, Obizzo
Fieschi, the Patriarch of Antioch whom the Saracens had driven from the see, was transferred to the archiepiscopal
See of Genoa by Nicholas IV in 1288.
When Obizzo
Fieschi died, in 1292, the chapter
of Genoa unanimously elected
Jacopo de Voragine as his successor.
He again endeavoured to evade the archiepiscopal dignity, but was finally obliged to yield to the combined prayers of the clergy, the Senate, and the people of Genoa. Nicholas IV wished to consecrate him bishop personally, and called him to Rome for that purpose; but shortly after the
arrival of de Voragine the pope died, and the new bishop was consecrated at Rome during the succeeding interregnum, on 13
April, 1292. The episcopate of
Jacopo de Voragine fell in a time
when Genoa was a scene of continuous warfare between the Rampini and the
Mascarati, the former of whom were Guelphs, the latter Ghibellines. The archbishop, indeed, effected an apparent reconciliation
between the two hostile parties in 1295; but the dissensions broke out anew,
and all his efforts to restore peace were useless. In 1292 he held a provincial
synod at Genoa, chiefly for the purpose of identifying the relics of St. Syrus,
one of the earliest bishops of Genoa (324?). The cult of Jacopo de Voragine, which
seems to have begun soon after his death, was ratified by Pius VII in 1816. The same pope permitted the clergy of Genoa and Savona,
and the whole Order of St. Dominic, to celebrate his feast
as that of a saint.
Jacopo de Voragine
is best known as the author of a collection of legendary
lives of the saints, which was entitled "Legenda
Sanctorum" by the author, but soon became universally known as
"Legenda Aurea" (Golden Legend),
because the people of those times considered it worth its weight in gold. In
some of the earlier editions it is styled "Lombardica Historia",
which title gave rise to the false opinion that this was a different work from
the "Golden Legend". The title "Lombardica Historia"
originated in the fact that in the life
of Pope Pelagius, which forms the second last chapter
of the "Golden Legend", is contained an abstract of the history
of the Lombards down to 1250
(Mon. Germ. Hist.: Script., XXIV, 167 sq.). In the preface to the "Golden
Legend" the author divides the ecclesiastical year into four periods, which he compared to
four epochs in the history of
the world, viz. a time of
deviation, renovation, reconciliation, and pilgrimage. The body of the work, which contains 177 chapters
(according to others, 182), is divided into five sections, viz. from Advent to Christmas, from Christmas to Septuagesima, from Septuagesima to Easter, from Easter to Octave
of Pentecost, and from the Octave
of Pentecost to Advent. If we are to judge
the "Golden Legend" from an historical
standpoint, we must condemn it as entirely uncritical and hence of no value,
except in so far as it teaches us that the people of those times were an
extremely naive and thoroughly religious
people, permeated with an unshakable belief in God's omnipotence and His fatherly care for those who lead a saintly
life.
If, on the other
hand, we view the "Golden Legend" as an artistically composed book of
devotion, we must admit that it
is a complete success. It is admirably adapted to enhance our love and respect towards God, to foster our devotion
towards His saints, and to animate us with a holy zeal to follow their example. The chief object of
Jacopo de Voragine and of other medieval hagiologists
was not to compose reliable biographies or to write scientific
treatises for the learned, but to write books of devotion
that were adapted to the simple manners of the common people. It is due to a
wrong conception of the purpose of the "Golden Legend" that Luis
Vives (De causis corruptarum
artium, c. ii), Melchior Canus (De locis theologicis, xi, 6), and others have
severely denounced it; and to a true conception that the Bollandists (Acts SS., January, I, 19) and many recent hagiologists
have highly praised it. That the work made a deep impression on the people is
evident from its immense popularity, and from the great influence it had on the
prose and poetic literature of
many nations. It became the basis of many passionals
of the Middle Ages and religious
poems of later times. Longfellow's
"Golden Legend", which, with two other poems, forms the trilogy
entitled "Christus", owes its name and many of its ideas to the "Golden Legend" of de
Voragine.
Bernard Guidonis
(d. 1331), also a Dominican, made a vain attempt to supplant it
by a more reliable work of the same character,
which he entitled "Speculum Sanctorum". In 1500 as many as
seventy-four Latin editions of
the "Legenda Aurea" had been published, not counting the three
translations into English, five French,
eight Italian, fourteen Low
German, and three Bohemian. The first printed edition was in Latin,
and was produced at Basle in
1470. Many succeeding editions contain additions of the lives of later saints or of feasts
introduced after the thirteenth century. The best Latin
edition was prepared by Graesse
(Dresden and Leipzig, 1846,
1850, and Breslau, 1890). The
first English edition was
printed by William Caxton at London in 1483 from a version made about 1450. It was
inscribed :
The
Golden Legend. Fynysshed at Westmere the twenty day of Novembre/ the yere of
our Lord M/CCCC/LXXXIII/. By me Wyllyam Caxton.
In
this edition some of the less credible legends
of the original are omitted. The publication was made at the instance of the
Earl of Arundel, who agreed to take "a reasonable number of copies",
and to pay as an annuity "a buck in summer and a doe in winter"
(see Putnam, "Books and
their Makers in the Middle Ages",
New York and London, II, 1897,
118). Caxton's edition was
re-edited and modernized by Ellis
(London and New York, 1900). The
first French version that
appeared in print was made by Jean Batallier, and printed at Lyons in 1476. A French translation, made by Jean Belet
de Vigny in the fourteenth century, was first printed at Paris in 1488. Recent French
editions were prepared by Brunet, signed M. G. B. (Paris, 1843 and 1908); by de
Wyzewa (Paris, 1902); and by Roze
(Paris, 1902). an Italian
translation by Nicolas Manerbi was printed in 1475, probably at Venice; a Bohemian one was printed at Pilsen between 1475 and
1479, and another at Prague in
1495; a Low German
one at Delft in 1472, and at Gouda in 1478. A German
reproduction in poetry was made by Kralik (Munich, 1902).
Another important
work of Jacopo de Voragine is his so-called "Chronicon Genuense", a
chronicle of Genoa reaching to 1296. Part of this
chronicle, which is a valuable source of Genoese history,
was published by Muratori in
"Rerum Italicarum Scriptores" (Milan, 1723-51), IX, 5-56. Concerning
it see Mannucci,
"La cronaca di Jacopo da Viraggio" (Geneva, 1904). He is also the
author of a collection of 307 sermons,
"Sermones de sanctis, de tempore, quadragesimales, de Beata Maria
Virgine". They have been repeatedly printed, both separately and
collectively. The earliest edition of the whole collection
was printed in 1484, probably at Venice, where they were published a second time in
1497 and repeatedly thereafter. His remaining literary
productions are "Defensorium contra impugnantes Fratres
Praedicatores" (Venice, 1504), which is a defence of the Dominicans against some who accused them of not leading
an Apostolic life;
"Summarium virtutum et vitiorum" (Basle, 1497), which is an epitome
of a work of the same title, written by William Peraldus, a Dominican who died about thirty years before Jacopo de
Voragine. A theological work, entitled "De operibus et
opusculis Sancti Augustini", is also generally ascribed to him, but its authenticity
has not yet been sufficiently established. It is known that he was a close
student of St. Augustine. Some, relying on the authority of Sixtus
of Siena, ascribe to him also an Italian
translation of the Bible, but no manuscript or print of it has ever been found.
Ott, Michael. "Blessed Jacopo de
Voragine." The Catholic Encyclopedia. Vol. 8. New York: Robert
Appleton Company, 1910. 13 Jul. 2017 <http://www.newadvent.org/cathen/08262b.htm>.
Transcription. This article was transcribed for New
Advent by David Joyce.
Ecclesiastical approbation. Nihil
Obstat. October 1, 1910. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New
York.
Blessed James of Voragine,
B.C.O.P.
also known as Giacomo da
Varazze
Memorial
Day: July 13th
Profile
James of Voragine has been beatified
by the Church for the sanctity of his life. He lives in secular history for
quite a different reason-he was a creative genius of his age. His so-called Golden
Legends, which has enjoyed a circulation of nearly seven centuries, is only
one of several projects which in his time, as in ours, are a tribute to the
versatility of the man and the zeal of a saint.
Little is recorder of the childhood of James. He
entered the order, in Genoa, and soon was known both for his virtue and for a
singularly alert and practical mind. Tradition says that James was the first to
translate the Bible into Italian. Whether this is true or not, it is ample
evidence that he was a good scholar.
As Prior, provincial, and later Arch-Bishop, James
gained a reputation for strict observance, heroic charity, and sound good
sense. He was a builder where war had wrecked, a peace maker where others sowed
trouble. He must of had a contagious zeal, for the wealthy gave to him as
readily as the poor begged from him, and under his hand ruined churches and
hospitals were built again, the sick and poor were cared for , and order was
restored. He was a genius at getting things done; and , fortunately his whole
heart was bent on doing for the glory of God.
Like others of his calling and training, James was
first of all a preacher. For those many who could not read, one of the chief
means of instruction was sermons which took their key note from the feast of
the day. The saints, the stories of their live and examples of their virtues ,
became as much part of a Christians life as the people around him. The
collection of stories - later called The Golden Legend - started as a
series of sermons prepared by James for the various festival of the saints.
Since he preached in Italian, rather than in Latin, his sermons had immense
popular appeal, and they were rapidly copied by other preachers into all the
languages of Europe. The Golden Legend was , next to the Bible,
the most popular book of the middle ages.
James was rigorous in his observance of the Dominican
Rule, which is of itself enough to canonize him. He had also the good sense to
make use of changing trends to further the work of God. Today he would be using
the radio, the press, the movies, and television; then he used what his century
had to offer- sermons in the vernacular, religious drama, and music. How much
present day drama and music owed to him, it would be impossible to say. There
is an amusing story told of his efforts to fight fire with fire. He organized a
troop of jugglers and acrobats from the student novices of San Eustorgio,
in Milan, who were to mingle entertainment with doctrine in an effort to combat
the indecency of the secular theater. This was one scheme which left no lasting
effect on the order, but it does serve to show that James was a man of his
times, alert to the changing needs of a fast moving world, and whole heartedly
determined to win the world to the truth of the One Holy Catholic Faith by any
honest means that came to hand.
Purity, poverty and charity were the outstanding
virtues of this man whom the Church has seemed fit to enroll among Her
blesseds. He will always be recognized in Dominican history as a man of many
and peculiar gifts, who consecrated his talents to God, and, in trading with
them , gained heaven.
Born: c.1230 at Varezze (modern Voragine), diocese
of Savona, Italy (near Genoa)
Died: July 13, 1298
Beatified: 1816 by Pope Pius VII
Prayers/Commemorations
First Vespers:
Ant. Strengthened by holy intercession, O James, Confessor of the Lord,
those here present , that we who are burdened the weight of our offenses. Maybe
relieved by the glory of thy blessedness, and may thy guidance attain eternal
rewards.
V. Pray for us, Blessed James.
R. That we may be made worthy of the promises of Christ
Lauds:
Ant. Well done, good and faithful servant, because thou hast been
faithful in a few things, I will set thee over many, saith the Lord.
V. The just man shall blossom like the lily.
R. And shall flourish forever the Lord.
Second Vespers:
Ant. I will liken him unto a wise man, who built his house upon a rock.
V. Pray for us, Blessed James.
R. That we may be made worthy of the Promises of Christ.
Prayer
Let us Pray: O God, who didst make
Blessed James, Confessor and Bishop, a glorious preacher of the truth and
a peace maker, grant us, through his intercession, that we may love peace and
truth, and come at length to Thee in whom are perfect peace and pure truth.
Through Christ our Lord. Amen.
SOURCE : http://www.willingshepherds.org/Dominican%20Saints%20May.html#Jmaes
Voragine
Foligno. Photo de JoJan
Beato Giacomo (Iacopo) da Varazze Arcivescovo di Genova
Varazze, 1226/30 - Genova, 13 luglio 1298
Nel 1244
entrò nell’Ordine Domenicano a Genova, portandovi un’intelligenza eletta e un
cuore di santo e d’artista. Acquistò ben presto fama di santo e di dotto, ma
sua unica ambizione fu di porgere al maggior numero di anime il pane della
celeste dottrina. Ebbe il dono di conquistare i cuori, e le antiche cronache ci
affermano che fu uno dei più famosi e fruttuosi predicatori che avesse allora
l’Italia. Fu religioso perfetto, amante della Regola, per questo, due volte, fu
chiamato a reggere la Provincia di Lombardia. I Sommi Pontefici fecero gran
conto di lui e gli affidarono delicatissimi incarichi. Inviato da Papa Nicolò
IV a Genova per riconciliare la città, colpita da Interdetto, con la Santa
Sede, si comportò con tanta soddisfazione dei genovesi, che clero e popolo,
chiesero in grazia, nel 1292 di averlo come loro Arcivescovo, dignità che egli
già un’altra volta aveva rifiutato. Costretto dall’obbedienza
ad accettare, si dimostrò specchio di pastore. Le sue predilezioni furono per i
poveri. Compose
la pace fra i cittadini, che da oltre cinquant’anni si distruggevano con guerre
fratricide. Nonostante le fatiche della predicazione, e le molteplici cure
dell’episcopato, trovò tempo per scrivere moltissime opere, tra cui la più
famosa e la più popolare è la “Leggenda aurea”, dove narra la storia dei santi,
seguendo l’anno liturgico di cui illustra le maggiori festività. Fu definito
capolavoro di pietà e di sapienza. Tradotto in tutte le lingue, per secoli ha
nutrito la fede d’intere popolazioni.
Etimologia: Giacomo = che segue Dio, dall'ebraico
Emblema: Bastone pastorale
Martirologio Romano: A Genova, beato Giacomo da Varazze, vescovo,
dell’Ordine dei Predicatori, che per promuovere la vita cristiana nel popolo
presentò nei suoi scritti esempi numerosi di virtù.
Il Beato Jacopo nacque a Varazze (frazione Casanova), da un’antica
famiglia genovese, in un anno compreso tra il 1226 e il 1230, probabilmente nel
1228. Accolto giovanissimo, a soli quattordici anni, nel convento domenicano di
Genova, fu ordinato sacerdote e, per le eccellenti doti, destinato ad insegnare
teologia e Sacra Scrittura in diverse case dell’Ordine. A soli trentasette anni fu eletto
priore e, due anni dopo, superiore provinciale della Lombardia. A quel tempo la
provincia del nord Italia era unica e comprendeva oltre quaranta conventi in
cui vivevano un migliaio di frati. Jacopo rimase eccezionalmente in carica per
quasi quindici anni e fu sollevato solo per le sue ripetute richieste. Nel 1285
tornò un semplice frate, l’anno dopo gli fu proposto di assumere la carica di
vescovo che non accettò. Ebbe però un incarico molto delicato: Genova era
colpita da interdetto papale per il sostegno dato durante la rivolta siciliana
contro il Regno di Napoli e Jacopo dovette mediare. Fu un successo, tanto che,
su richiesta della popolazione e del clero cittadino, Papa Niccolò IV nel 1292
lo nominò arcivescovo. Accettò per obbedienza. Dopo la consacrazione avvenuta a
Roma, il beato diede inizio ad un’intensa attività pastorale. Indisse un sinodo
nel 1293 e si occupò della quanto mai necessaria riforma del clero. Fu molto
attento ai bisogni dei suoi fedeli, fece donazioni a ospedali e monasteri,
restaurò diverse chiese. Importante fu il ruolo di mediatore tra guelfi (i
Rampini) e ghibellini (i Mascherati), nel 1295 riuscì a riconciliarli, almeno
temporaneamente, dopo oltre cinquant’anni di lotta. Ebbe una grande venerazione
per le reliquie e fece un'accurata ricognizione di quelle di San Siro. Diceva
che le sacre spoglie erano state uno straordinario tempio dello Spirito Santo.
Erano gli anni in cui la Repubblica di Genova giunse a dominare buona parte del
Tirreno. Alle antiche casate di origine feudale si aggiungevano uomini d’affari
arricchiti con i commerci in Oriente. Il beato, nei lunghi anni del suo
prezioso ministero, entrò in contatto con protagonisti di grandi avvenimenti,
ma quotidianamente si trovò a confortare, spiritualmente e materialmente,
fedeli di ogni condizione economica. Jacopo fu un uomo di studio, preparò
sempre con diligenza i sermoni, alcuni dei quali sono giunti fino a noi.
Insegnava la teologia sapendo che i precetti, per essere compresi, devono
essere accompagnati da esempi. Studiò la Bibbia, i Padri della Chiesa, gli Atti
dei martiri e i leggendari dei santi. Si può affermare che l’agiografia sia
stata la sua grande passione. Scrisse tra il 1255 e il 1266 la “Leggenda Aurea”
o “Legenda Sanctorum”, attingendo anche da fonti orali, un santorale cadenzato
sull’anno liturgico, in cui sono narrate le vite dei santi ma anche le feste
cristologiche e mariane. Per secoli fu il libro più stampato dopo la bibbia,
educò molte generazioni, fu fonte d’ispirazione di predicatori e innumerevoli
artisti, come Pomarancio e il Carpaccio. Fu
scritto in latino e in seguito tradotto in volgare. Oggi possediamo più di 1.400
preziosi manoscritti, a testimonianza della sua grande importanza e della sua
enorme diffusione. Ebbe oltre cento edizioni nel solo primo trentennio dalla
invenzione della stampa, la prima pubblicazione fu a Basilea nel 1470.
Seguirono versioni in tedesco, francese, inglese nel 1483. Nel 1530 le versioni
erano già un centinaio. Era stata pensata per il clero, ma non è giudicabile
secondo gli odierni criteri storici. I santi, seguendo l’anno
liturgico, sono presentati come modelli familiari. Sono narrate una grande varietà
di vicende, dall’epoca delle persecuzioni romane, che si concludevano con il
martirio, al medioevo. Tra i santi di cui il beato Jacopo scrisse troviamo:
Orsola, Apollonia, Alessio, Apollinare di Ravenna, Cosma e Damiano, Donato, Eustachio,
Lorenzo, Petronilla, Nereo e Achilleo, Giorgio, Margherita, Gervasio e
Protasio, gli apostoli Bartolomeo e Giacomo il Maggiore, Giuliano
l’ospedaliere, Maria Maddalena, Martino, Romolo e Siro vescovi di Genova e
l’evangelista Marco. La Leggenda fu una delle letture preferite da Santa
Caterina da Genova e fu importante per la conversione del beato Giovanni
Colombini nel Trecento e di Ignazio di Loyola due secoli dopo. Il fondatore
della Compagnia di Gesù, convalescente, la lesse, in un momento cruciale della
sua vita, insieme alla “Vita di Cristo” di Cartesiano. Jacopo scrisse inoltre
la storia di Genova, intitolata “Chronica Civitatis Ianuensis”, dalle origini
fino al 1297, una difesa dell’Ordine domenicano e una “Summa” delle virtù del
frate lionese Guglielmo Peraldo. Stando a una tradizione non accertata avrebbe
anche fatto una delle prime traduzioni in volgare della bibbia. Jacopo morì
nella notte fra il 13 e il 14 luglio 1298, aveva regolato con atti notarili
l'intera amministrazione episcopale. Fu sepolto nel coro di S. Domenico, le sue
reliquie vennero poi poste nel 1582 sotto l'altare maggiore. Nel 1798 furono
trasferite in S. Maria di Castello. Oggi parte di esse è venerata nella chiesa
del convento di San Domenico a Varazze. Il culto fu approvato nel 1816 da Pio
VII. Un’antica cappella, di epoca incerta, sorge in posizione isolata su una
collina nella frazione Casanova di Varazze, dove si ritiene sorgesse la casa
natale.
PREGHIERA
Oh Dio, che facesti del Beato Jacopo da Varazze
un esimio ricercatore della verità
e un instancabile operatore di pace,
per sua intercessione,
concedi a noi di amare la pace e la verità
in modo da poter giungere a te,
nel quale vi è pace somma e verità pura, amen.
Autore: Daniele Bolognini
SOURCE : http://www.santiebeati.it/Detailed/62400.html
IACOPO da Varazze
SOURCE :
http://www.treccani.it/enciclopedia/iacopo-da-varazze_(Dizionario-Biografico)
IACOPO da Varazze
di Carla Casagrande - Dizionario Biografico degli Italiani - Volume 62
(2004)
IACOPO da Varazze. - La data di nascita di I. risale
probabilmente al 1228 o al 1229. Il luogo, come testimonia il toponimico che
gli viene attribuito nelle fonti, "Iacopus de Varagine", potrebbe
essere Varazze oppure, come appare più probabile, Genova, dove è attestata la
presenza di una famiglia originaria di Varazze, denominata "de
Varagine".
La formula "de Voragine", con cui I. è talora
designato in fonti anche antiche, è da considerarsi una variante di "da
Varagine"; del tutto fantasiosa dunque l'idea, risalente al sec. XVI e
divenuta poi tradizionale, che "Voragine" venisse da vorago,
a indicare l'abisso di dottrina di cui I. dava prova nelle sue opere.
Le fonti relative alla biografia di I. sono soprattutto le
note autobiografiche presenti nelle sue opere, alcuni documenti relativi alla
storia dell'Ordine domenicano e una serie di atti notarili che documentano
l'attività amministrativa di I. come arcivescovo di Genova. Su questa
documentazione Giovanni Monleone, nello Studio introduttivo all'edizione
della Chronica
civitatis Ianuensis, ha ricostruito una biografia di I. che, oltre ad aver
fatto giustizia degli errori, delle imprecisioni e delle immaginarie ricostruzioni
delle precedenti biografie, talora segnate da intenti agiografici, non ha, a
tutt'oggi, subito variazioni o aggiunte di rilievo restando dunque un prezioso
strumento a disposizione degli studiosi di Iacopo da Varazze.
La prima data certa della biografia di I., se si esclude il
1239, anno di un'eclisse solare che I. racconta di aver visto nella sua
infanzia (Chronica,
p. 378), è il 1244 quando, adolescente, come egli stesso dichiara (ibid.,
p. 382), entrò a far parte dell'Ordine dei frati predicatori. Dopo questa data
segue un lungo periodo di silenzio interrotto ancora una volta dal racconto
autobiografico di un fatto portentoso, e cioè l'apparizione di una cometa,
avvenuta nel 1264, che I. scrive di aver visto e ammirato per quaranta giorni (ibid.,
pp. 390 s.). Non sappiamo se la sua formazione di frate predicatore si sia
svolta tutta all'interno del convento genovese, dove abbia esercitato l'officio
della predicazione e come sia proceduta la sua carriera all'interno
dell'Ordine: non esiste infatti alcuna prova di suoi soggiorni di studio a
Bologna e a Parigi, né della sua nomina a lector e poi a magister
theologiae e poi ancora a priore del convento di Genova, come
sostengono alcuni biografi. Incerta, in quanto fondata sulla sola testimonianza
della Cronica di
Girolamo Albertucci de' Borselli (sec. XV), è anche la sua nomina a priore del
convento di Asti che sarebbe avvenuta nel 1266 e che potrebbe essere confermata
indirettamente dalla presenza di un capitolo dedicato a s. Secondo, patrono
della città, nella Legenda
aurea. Tuttavia possiamo supporre che I. abbia assunto responsabilità di
rilievo all'interno dell'Ordine se, come si sa per certo, nel 1267, nel
capitolo generale di Bologna, fu elevato all'officio di priore dell'importante
provincia di Lombardia, che all'epoca comprendeva tutta l'Italia
settentrionale, l'Emilia e il Piceno. I. mantenne questa carica per dieci anni,
partecipando ai capitoli provinciali e generali e risiedendo probabilmente nel
convento di Milano o in quello di Bologna, fino a quando al capitolo generale
di Bordeaux del 1277 fu absolutus dall'incarico.
Dopo qualche anno, nel capitolo provinciale di Bologna del 1281, fu nuovamente
nominato priore della provincia lombarda, carica che occupò fino al 1286.
Nel giorno di Pasqua del 1283, come racconta egli stesso
nell'opuscolo Historia
reliquiarum que sunt in monasterio sororum Ss. Philippi et Iacobi de Ianua,
I. fece trasportare una preziosa reliquia, la testa di una delle vergini di s.
Orsola, da Colonia al convento delle suore domenicane di Genova dei Ss. Giacomo
e Filippo, cui anni prima, durante il suo precedente priorato, aveva donato
un'altra reliquia, un dito di s. Filippo, da lui stesso staccato dalla mano del
santo che si trovava nel convento domenicano di Venezia. In quell'occasione I.,
dopo la solenne processione, tenne messa e predicò al popolo.
Dal 1283 al 1285 esercitò funzioni di reggente dell'Ordine
dopo la morte di Giovanni da Vercelli e prima dell'elezione del nuovo maestro
generale Munio de Zamora. Nel 1288, quando ormai da due anni non era più priore
della Lombardia, fu candidato alla carica di arcivescovo di Genova, ma non
ottenne, come gli altri tre candidati, la maggioranza dei voti; papa Niccolò IV
sospese la nomina e conferì la reggenza dell'arcivescovado genovese a Opizzo
Fieschi, affidando a I., il 18 maggio dello stesso anno, il compito di
assolvere in una cerimonia pubblica, che si tenne nella chiesa di S. Domenico,
i cittadini genovesi scomunicati per aver avuto rapporti commerciali con i
Siciliani, a loro volta scomunicati a causa della guerra del Vespro. Nello
stesso anno fu nominato diffinitor nel
capitolo generale di Lucca.
Nel 1290, in occasione del capitolo generale di Ferrara, I.,
insieme con altri tre autorevoli frati, ricevette una lettera dei cardinali
romani nella quale veniva sollecitato a far sì che il maestro generale Munio de
Zamora, che per il suo rigore aveva suscitato molta avversione all'interno
dell'Ordine e della Curia romana, si dimettesse. Le pressioni dei cardinali
presso i frati riuniti nel capitolo non ebbero alcun successo: non solo il
maestro generale non si dimise ma venne sostenuto da una pubblica
dichiarazione, firmata anche da I., che ne esaltava le virtù e ne approvava la
politica. Secondo Albertucci de' Borselli e, dopo di lui, secondo molti altri
biografi, fu a causa dell'appoggio dato alla linea rigorista di Munio de Zamora
che I. avrebbe subito in quell'anno un tentativo di omicidio da parte di
confratelli che volevano gettarlo nel pozzo del convento di Ferrara. Tentativo
che, racconta ancora Albertucci de' Borselli, si sarebbe ripetuto l'anno
successivo, il 1291, a Milano, questa volta perché I. aveva escluso dal
capitolo provinciale frate Stefanardo, priore del convento milanese.
Nel 1292 fu nominato da papa Niccolò IV arcivescovo di Genova
e, morto il pontefice il 4 aprile, consacrato a Roma il 13 aprile dal cardinale
Latino Malabranca, uno dei firmatari della lettera nella quale I. veniva
sollecitato a operare contro il generale Munio de Zamora. Al governo della diocesi
genovese I. dedicò gli ultimi anni della sua vita: la sua azione fu rivolta
dapprima alla riorganizzazione legislativa del clero sotto l'autorità
arcivescovile. A questo scopo convocò un concilio provinciale, che si tenne
nella cattedrale di S. Lorenzo nel giugno del 1293, al quale parteciparono
tutte le autorità ecclesiastiche. Durante questo concilio fu compiuta, alla
presenza dei governanti e dei notabili della città e poi di tutto il popolo,
una ricognizione delle ossa di s. Siro, patrono di Genova, durante la quale
l'autenticità della reliquia fu solennemente e pubblicamente riconosciuta (Chronica,
pp. 405-408).
Intensa fu l'attività di I. sul piano politico: nei primi
mesi del 1295 promosse la pacificazione tra le due fazioni della città, i
mascherati (ghibellini) e i rampini (guelfi), e celebrò la pace finalmente
raggiunta in un'assemblea pubblica nella quale predicò e intonò, insieme coi
suoi ministri, lode a Dio; seguì quindi una solenne processione per le vie
della città guidata dallo stesso I. a cavallo che si concluse con il
conferimento del cingolo di miles al
podestà di Genova, il milanese Iacopo da Carcano (ibid., pp. 411 s.). Nello stesso
anno, in aprile, insieme con gli ambasciatori inviati dal Comune, compì un
viaggio a Roma, convocato da papa Bonifacio VIII che cercava di prolungare
l'armistizio tra Genova e Venezia.
I. descrive dettagliatamente (ibid., pp. 102-109) questo episodio:
ascrive alla necessità di mantenere la concordia tra i cristiani e di favorire
la riconquista della Terrasanta l'interessamento del papa negli affari delle
due città; ricorda il lungo soggiorno di cento giorni presso la Curia romana,
mostrando un certo fastidio per l'indecisione del papa e, soprattutto, per le
manovre dilatorie degli ambasciatori veneti; riferisce della determinazione dei
Genovesi che, dopo una lunga attesa, decisero di andare allo scontro con
Venezia allestendo, tra l'entusiasmo popolare, una flotta che avrebbe dovuto
affrontare i nemici in una battaglia decisiva presso Messina; conclude ricordando
che i Veneziani non si presentarono all'appuntamento costringendo il comandante
Oberto Doria a ritornare a Genova senza aver combattuto, accolto però dalla
città e dal vescovo "cum immenso gaudio et triumpho" (ibid.,
p. 108).
Alla fine del 1295 I. subì una sconfitta politica e una
profonda delusione personale che lo portò a scrivere le amare parole
"cithara nostra cito versa est in luctum et organum nostrum in voce
flentium est mutatum": si ruppe infatti la pace tra le fazioni cittadine,
da lui voluta e da lui solennemente celebrata pochi mesi prima; scoppiarono
incidenti violenti durante i quali fu incendiata la cattedrale di S. Lorenzo (ibid.,
pp. 412 s.). I danni furono così gravi che I. chiese al papa un risarcimento
che gli fu concesso il 12 giugno 1296.
Della sua attività amministrativa, variamente documentata,
vale la pena di ricordare la vendita, avvenuta nel 1297, delle signorie di
Ceriana e Sanremo a Oberto Doria e Giorgio De Mari, che appartenevano entrambi
a famiglie ghibelline, e alcuni atti notarili, nei quali l'arcivescovo, poco
prima di morire, dettò le sue ultime volontà rispetto alla gestione
dell'arcidiocesi e confermò il precedente testamento.
I. morì nella notte tra il 13 e il 14 luglio 1298. Il suo
corpo, prima sepolto nella chiesa di S. Domenico del convento dei frati
predicatori di Genova, fu trasferito, alla fine del secolo XVIII, in un'altra
chiesa domenicana, S. Maria di Castello, dove tuttora si trova. In virtù della venerazione e del
culto di cui fu fatto oggetto per secoli, I. fu beatificato nel 1816 da papa
Pio VII.
Importante per il ruolo all'interno dell'Ordine e per la sua
azione come arcivescovo di Genova, I. è noto soprattutto per le sue opere, che
ebbero grande diffusione ai suoi tempi e molta fortuna anche nei secoli
successivi. Lo stesso I., nell'ultimo capitolo della Chronica, ne dà un elenco seguendo
molto probabilmente l'ordine cronologico di composizione: le Legende
sanctorum (Legenda
aurea), tre raccolte di modelli di sermoni, i Sermones de omnibus sanctis, i Sermones de
omnibus Evangeliis dominicalibus, i Sermones de omnibus Evangeliis que in
singulis feriis in Quadragesima leguntur, quindi il Liber
Marialis e la Chronica
civitatis Ianuensis. Sono esclusi da questo elenco alcuni opuscoli di
carattere agiografico ritenuti dalla critica opera di I.: la Legenda seu
Vita sancti Syri episcopi Ianuensis, la Historia translationis reliquiarum sancti
Iohannis Baptistae Ianuam, la Historia reliquiarum que sunt in
monasterio sororum Ss. Philippi et Iacobi de Ianua, il Tractatus
miraculorum reliquiarum sancti Florentii unito alla Historia
translationis reliquiarum eiusdem, la Passio sancti Cassiani.
In alcuni manoscritti dei secoli XIV-XV viene attribuito a I.
un Tractatus
de libris a beato Augustino editis, che secondo G.P. Maggioni, corrisponde
alle inserzioni dell'ultima redazione della Legenda aurea presenti nel
capitolo De
sancto Augustino; il testo è stato studiato ed edito da J.A. McCormick
(Iacobus de Voragine, Tractatus
de libris a beato Augustino ep. editis, edited from manuscripts and unique
printing, in Dissertation
Abstracts, XXV [1965], p. 4132), che ne sostiene l'autenticità (per
l'elenco dei manoscritti v. Kaeppeli, II, n. 2165 p. 369).
La prima, e la più famosa, delle opere di I. è nota come Legenda
aurea, titolo vulgato che si è consolidato nel tempo ma che non compare
nei manoscritti più antichi che riportano invece il titolo Legende
sanctorum, lo stesso con cui I. designa l'opera nel passo della Chronica ricordato
più sopra. Anche gli altri titoli con cui l'opera viene talora ricordata, Liber
passionalis, Vitae o Flores o Speculumsanctorum, Historia
Lombardica o Longobardica (dal
penultimo capitolo, dedicato a papa Pelagio, in cui si narrano i principali
eventi accaduti dall'arrivo dei Longobardi in Italia fino al 1245) non
appartengono alla tradizione più antica del testo. L'opera si compone di
racconti dedicati alle vite dei santi e alle feste liturgiche (178 secondo
l'ed. Maggioni, 182 secondo l'ed. Graesse) disposti, e questo costituisce
un'innovazione rispetto a opere dello stesso genere, secondo l'ordine del
calendario liturgico. Un breve prologo, cui segue l'indice, dà conto della
struttura del testo in cinque parti, che rimandano alle cinque fasi del
calendario liturgico, a loro volta corrispondenti alle cinque fasi della storia
della salvezza: l'Avvento (tempus
renovationis), il periodo che comprende Natale ed Epifania e arriva fino a
settuagesima (tempus
reconciliationis et peregrinationis), il periodo che va da settuagesima
alla Passione del Cristo (tempus
deviationis), quello che comincia con la Pasqua e finisce con Pentecoste (tempusreconciliationis)
e infine quello che va da Pentecoste all'Avvento (tempus peregrinationis). I santi, la
cui vita è oggetto di narrazione, appartengono nella maggioranza dei casi ai
primi secoli del cristianesimo, ma non mancano santi più tardi: due del secolo
XII, Bernardo di Chiaravalle e Tommaso Becket, quattro del XIII, Domenico,
Francesco, Pietro martire, Elisabetta di Ungheria. L'opera appartiene al genere
delle legendae
novae, compilazioni del XIII-XIV secolo in cui il materiale agiografico,
che si era accumulato fin dai primi secoli dell'Era cristiana, veniva raccolto
in forma condensata attraverso un lavoro di scelta e abbreviazione che
privilegiava gli aspetti essenziali e universali delle vite dei santi
tralasciando quelli più particolari e legati a culti locali. Queste
compilazioni, che furono per lo più opera di esponenti dell'Ordine dei frati
predicatori, avevano innanzitutto lo scopo di mettere a disposizione di quanti
erano impegnati nell'azione pastorale un materiale agiografico altrimenti
troppo abbondante e disperso, e in seguito anche di offrire alla lettura testi
nello stesso tempo piacevoli ed edificanti. Tali furono anche le intenzioni con
cui fu compilata la più famosa delle legendae novae, la Legenda
aurea, scritta da I. a partire dal 1260 e successivamente rielaborata,
quando già ne circolavano le prime versioni, fino a poco prima della morte,
come ha dimostrato Giovanni Paolo Maggioni. Se in un primo momento prevalse la
volontà da parte di I. di confezionare uno strumento utile alla predicazione,
le successive rielaborazioni, con l'inserzione di alcuni racconti in cui
rispetto all'intento edificatorio prevale il gusto del meraviglioso e del
sensazionale, mostrano uno I. attento alle esigenze di un pubblico di lettori
certo devoti ma anche colti e interessati. Le fonti di cui I. si serve per la
compilazione del testo sono molteplici: la Sacra Scrittura, i testi dei Padri e
dei più autorevoli esponenti della tradizione monastica e canonicale, le fonti
agiografiche (a questo riguardo I. fa largo uso, attraverso citazioni letterali
o epitomi, delle precedenti legendae
novae compilate all'interno dell'Ordine domenicano, l'Abbreviatioin
gestis sanctorum di Giovanni da Mailly e il Liber
epilogorum in gesta sanctorum di Bartolomeo da Trento), fonti
storiche, tra cui l'Historiascholastica di
Pietro Comestore, lo Speculum
historiale di Vincenzo di Beauvais, la Chronica di Martino Polono,
testi per predicatori composti da confratelli dell'Ordine, come il Tractatus de
diversis materiis praedicabilibus di Stefano di Borbone, testi
teologici e filosofici, come le Sententiae di Pietro Lombardo e
il commento di Averroè al Liber
de anima di Aristotele, fonti liturgiche e giuridiche, come, ancora
per fare qualche esempio, il Corpus
antiphonalium da un lato e la Collectio canonum dall'altro,
qualche raro autore profano, come Cicerone e Macrobio. Molto probabilmente
anche nella Legenda,
come è stato dimostrato da Bataillon a proposito dei sermonari, per i quali I.
ha certamente utilizzato la Catena
aurea di Tommaso d'Aquino, le citazioni in molti casi provengono non
dalla fonte diretta ma da florilegia di auctores,
spesso appositamente compilati a uso dei predicatori.
La Legenda ebbe
un successo rapido (già nel 1275 si sa per certo che a Parigi veniva trasmessa
per pecia),
duraturo ed esteso a tutta l'Europa come nessun altro testo in epoca medievale,
a parte la Bibbia;
lo testimoniano il numero di manoscritti rimasti, più di 1200 (per l'elenco
cfr. Fleith, 1991), e le numerose edizioni che si successero a partire dall'editio
princeps di Colonia 1470. A causa di questa straordinaria diffusione
il testo della Legenda fu
in continua trasformazione. Già lo stesso I., come abbiamo prima segnalato, ne
aveva dato successive redazioni; a queste si aggiunsero le rielaborazioni
(abbreviazioni, inversione, eliminazione o aggiunta di capitoli) a opera dei
vari utenti dell'opera che intervennero sul testo adattandolo alle pratiche
cultuali locali e all'uso che ne veniva fatto nell'ambito della predicazione e
della devozione. L'edizione a cura di Theodor Graesse (Dresden 1846; rist.
anast. Dresden-Leipzig 1890 e Osnabrück 1969), basata su una delle prime
edizioni a stampa, quella di Dresda 1472, dà conto del testo vulgato della Legenda che
si è venuto costituendo nei due secoli della sua massima diffusione; la più
recente edizione curata da Giovanni Paolo Maggioni (Firenze 1998, cui è
seguita, nell'anno successivo, una seconda edizione rivista dal curatore con
allegato un Cd-rom del testo della Legenda, a cura di L.G.G. Ricci)
presenta l'ultima redazione d'autore dell'opera ed è fondata su cinque
manoscritti identificati, all'interno del corpus dei 70 manoscritti più
antichi, come testimoni dell'ultima redazione compiuta da I. sul testo.
Molti furono i volgarizzamenti dell'opera in tutte le lingue
europee (cfr. Lexikon
des Mittelalters, V, coll. 1796-1801). La più antica, già alla fine del
secolo XIII, come sembra, è una versione catalana (Vides de sants rosselloneses, a cura
di C.S. Maneikis - E.J. Neugaard, Barcelona 1977), le altre si collocano invece
tra la metà del XIV e il XV secolo: si conoscono tre versioni in lingua d'oc (una
di queste è edita: Die
altokzitanische Version B der "Legenda Aurea", Ms. Paris, Bibl. nat.
Nouv. acq. fr. 6504, a cura di M. Tausend, Tübingen 1995), undici
traduzioni francesi, tra cui la più importante è quella di Jean de Vignay che
risale agli anni 1333-48 (La
Légende dorée [Lyon, 1476]. édition critique de la Légende dorée dans la
révision de 1476 par Jean Batailier, d'après la traduction de Jean de Vignay
[1333-1348] de la Legenda aurea [c. 1261-1266], a cura di B. Dunn-Lardeau,
Paris 1997), alcune versioni inglesi, tra le quali quella di William Caxton
nella seconda metà del XV secolo, almeno una dozzina di versioni nelle lingue
dell'area germanica, tra le quali, particolarmente diffusa, quella alsaziana
redatta verso il 1350 (Die
elsässische "Legenda aurea", I, Das Normalcorpus, a cura di U.
Williams - W. Williams-Krapp, Tübingen 1980; II, Die Sondergut, a cura di K. Kunze,
ibid. 1983), oltre a versioni in olandese, danese, svedese, islandese, ceco,
polacco. Non sono molti né molto precoci i volgarizzamenti italiani: il primo è
un volgarizzamento toscano della fine del Trecento (edito a cura di A. Levasti,
Firenze 1924-26). Nei volgarizzamenti, così come accadeva nella tradizione
latina, il testo della Legenda
aurea subì continue trasformazioni, abbreviazioni, inversioni
dell'indice, inserimenti di nuovi capitoli, attraverso i quali l'opera veniva
adattata ai diversi contesti sociali e geografici in cui venne a trovarsi e ai
diversi usi che ne furono fatti. Prevale, tra i volgarizzamenti, l'uso
dell'opera come testo di lettura, una lettura che talora privilegia il piacere
del racconto, come avviene soprattutto tra i laici, e talora invece insiste
sugli aspetti devozionali ed edificanti del testo, come avviene soprattutto
nelle comunità religiose femminili, dove l'opera è particolarmente diffusa.
Va infine segnalata l'importanza che la Legenda assunse
in ambito artistico, costituendo un inesauribile repertorio di temi cui
attingere nella rappresentazione delle vite dei santi e favorendo un rinnovamento
dell'iconografia agiografica con una rappresentazione della santità nella quale
tendono a prevalere elementi narrativi, come le scene dei miracoli e dei
martirî. Inoltre sono numerosi i manoscritti e le edizioni del testo latino e,
soprattutto, dei volgarizzamenti che presentano miniature, particolarmente
preziose quando l'opera si rivolge ad ambienti nobiliari o altoborghesi, dove
vengono rappresentate le figure dei santi o gli episodi salienti delle loro
vite.
Il successo della Legenda non termina con il
Medioevo. Certo il giudizio
negativo di umanisti e riformati contribuì al suo declino come testo religioso
sia nella predicazione sia nella devozione privata. Resta però il
piacere della lettura che questo testo continua a dare e che ne garantisce la
tradizione anche contemporanea in opere teatrali, musicali, figurative e in
traduzioni in tutte le principali lingue moderne. Ricordiamo per l'Italia la
traduzione integrale, condotta sul testo dell'edizione Graesse, di Alessandro e
Lucetta Vitale Brovarone (Torino 1995).
I. scrisse tre sermonari, i Sermones de sanctis et festis, i Sermones de
tempore, i Sermones
quadragesimales, il cui scopo è di mettere a disposizione dei predicatori
modelli di sermoni da utilizzare nelle varie occasioni. Ogni sermone è sviluppato
secondo la tecnica del sermomodernus:
da un thema iniziale,
sempre costituito da un passo scritturale, prende corpo una divisione che
individua le parti del sermone, che sono in genere tre, ma il numero può
variare a seconda dei casi da due a otto; ogni parte è poi soggetta a
specifiche e più o meno estese divisioni, all'interno delle quali trovano posto
passi scritturali, citazioni di auctoritates, metafore, etimologie,
inserti dottrinali, agiografici, liturgici. Se la tecnica è la stessa in tutti
i sermonari, tuttavia nel De
sanctis i modelli appaiono più schematici, mentre nel De tempore e
poi, in modo ancora più accentuato, nel Quadragesimales gli schemi si
fanno più articolati e più ricchi di contenuti. I modelli di sermoni di I. sono
caratterizzati, oltre che da una certa schematicità, come si è detto, da
moltissime citazioni scritturali, dall'assenza del prothema, dall'uso parco di auctores profani,
dalla scarsa ed episodica presenza di exempla, dal ricorso costante al
linguaggio figurato, dall'uso continuo e pervasivo della distinctio,
cui spesso è affidata la divisio del
sermone e le divisioni interne delle singole parti. Le fonti, spesso citate
indirettamente grazie ad appositi florilegia, sono quelle già
utilizzate nella compilazione della Legenda aurea: la letteratura
patristica e monastica, i testi per la predicazione elaborati in ambito
domenicano, qualche opera di carattere storico e qualche autore profano. Sulla
data di composizione non ci sono certezze. Possiamo a ragione ritenere che
l'ordine di composizione dei tre sermonari sia l'ordine con cui I. li elenca
nella Chronica,
e cioè prima De
sanctis, poi De
tempore e infine i Sermones
quadragesimales; e poiché il primo sermonario, il De sanctis,
è stato composto dopo la stesura della Legenda aurea, come si legge nel
prologo presente in alcuni manoscritti, e l'ultimo, il Quadragesimales,
potrebbe essere stato portato a termine nel 1286, come appare nel colophon dei
manoscritti di area inglese ("expliciunt sermones fratris Ianuensis ordinis
praedicatorum compilati anno Domini MCCLXXXVI"), si può supporre che
nell'insieme le tre raccolte siano state scritte dopo il 1267, cioè dopo la
prima redazione della Legenda,
o forse dopo il 1277, cioè dopo la fine del primo provincialato, come molti
biografi sono portati a credere, e non oltre il 1286. Le tre raccolte conobbero
un larghissimo successo, come testimonia il grande numero di manoscritti
rimasti; se si sommano le copie dei manoscritti dei tre sermonari, I. è senza
dubbio il predicatore medievale di cui ci sono rimaste più testimonianze (più
di 1120 manoscritti). Anche per questo, oltre che per la rilevanza culturale
del loro autore, i sermonari di I. sono stati scelti da un gruppo di
ricercatori europei, coordinati da Nicole Bériou, come oggetto del primo Thesaurus
sermonum su base elettronica. Grazie all'immissione su Cd-rom del
testo dei sermoni di I. e a un opportuno trattamento di classificazione
analitica, viene messo a disposizione degli studiosi uno strumento che consente
di interrogare questi testi da vari punti di vista. Il Thesaurus
sermonum Iacobi de Voragine è utilizzabile in rete all'indirizzo:
www.sermones.net.
I Sermones
de omnibus sanctis et festis comprendono 305 modelli di sermoni
dedicati ai santi e alle feste liturgiche. A ogni santo o festa sono dedicati
da due a nove modelli di sermoni. Nella Chronica I. dichiara di aver
scritto due volumi di questi sermoni, uno "multum diffusum", che è
quello che ci pervenuto, l'altro "magis breve et angustum", di cui
non si ha notizia. La raccolta dipende in larga misura dalla Legenda
aurea, da cui riprende molti brani in forma compendiata e moralizzata
oltre alla serie dei santi e delle feste, che sono elencati secondo l'ordine
del calendario ecclesiastico già adottato nella Legenda, se pure in numero ridotto:
dei 178 capitoli della Legenda,
più di cento non vengono ripresi nei Sermones, per lo più quelli dedicati
a santi minori dei primi secoli, martiri e monaci. La composizione di questa
raccolta è dovuta, come dichiara lo stesso I. nel prologo, alle richieste dei
confratelli in seguito alla compilazione della Legenda aurea: il testo appare dunque
come una sorta di dimostrazione, compiuta dallo stesso autore, dei modi in cui
il materiale agiografico raccolto nella Legenda poteva essere utilizzato
nella predicazione. Il successo della raccolta è testimoniato da più di 300
manoscritti e dalle edizioni che si susseguono ininterrottamente dal XV al XIX
secolo a partire dall'editioprinceps di
Colonia 1478 (per l'elenco dei manoscritti, cfr. Schneyer, pp. 266-268;
Kaeppeli, II, n. 2155 pp. 359-361; IV, p. 141).
La seconda raccolta, conosciuta sotto vari titoli (Sermones de
omnibus Evangeliis domenicalibus, secondo l'indicazione dello stesso I.,
oppure Sermones
de tempore per annum, Sermones
dominicales, Sermones
festivales), comprende 160 modelli di sermoni, tre per ogni Vangelo della
domenica. Anche quest'opera è stata scritta, come dichiara I. nel prologo, su
sollecitazione dei confratelli ("importuna fratrum instantia") e
dedicata alla Trinità, alla Vergine Maria e a s. Domenico, alla cui
intercessione ci si raccomanda per il buon esito dell'opera. Anche per questa
raccolta si contano moltissimi manoscritti, più di 350, e numerose edizioni che
seguono la princeps di
Colonia 1467-69 (vedi Schneyer, pp. 233-235; Kaeppeli, II, n. 2156 pp. 361-364;
IV, p. 141). A conferma della secolare fortuna della raccolta segnaliamo una
traduzione italiana edita a Milano presso Fabbiani nel 1913-14 con il titolo Sermoni
domenicali.
I Sermones
quadragesimales comprendono modelli di sermoni predicabili nel
periodo quaresimale per un totale di 96 sermoni (due per ogni feria).
Di questa raccolta sarà presto disponibile l'edizione per cura di G.P. Maggioni
(in corso di stampa), nata all'interno del gruppo impegnato nella costruzione
del Thesaurus
sermonum Iacobi con lo scopo di mettere a disposizione dei
ricercatori un testo più affidabile rispetto a quello dell'edizione seicentesca
curata da Rodolph Clutius (Magonza 1616) su cui il gruppo ha inizialmente
cominciato a lavorare. L'edizione Maggioni è basata su sei testimoni delle
principali aree di diffusione del testo (area italiana, germanica e
britannica): Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziana, Acq. e doni 344;
Graz, Universitätsbibliothek, 1472; Londra, Lambeth Palace Library, 23; Monaco,
Bayerische Staatsbibliothek, Clm,
18850; Todi, Biblioteca comunale, Mss., 142; Würzburg,
Universitätsbibliothek, M.p.th., f. 54. I manoscritti appartengono tutti al
secolo XIII tranne il testimone inglese, risalente agli ultimi decenni del
secolo XIV, il più antico della famiglia insulare, l'unica caratterizzata dalla
datazione 1286, presente negli explicit. L'edizione, presentata dal
curatore "come una sorta di prolegomena, come uno studio
preliminare che, per aver identificato alcune dinamiche della tradizione e
alcune particolarità della trasmissione del testo, può servire come base per
ulteriori approfondimenti che possono portare a loro volta ad una ricostruzione
testuale più sicura", costituisce tuttavia un notevole avanzamento
rispetto alle precedenti edizioni e consente di giungere ad alcune conclusioni:
la conferma che I. si sia servito di florilegia per la citazione
delle auctoritates,
l'ipotesi, altamente probabile, che il testo sia frutto di un'unica redazione,
la certezza che i due sermoni finali presenti in molte edizioni, il Sermo de
Passione Domini e il Sermo in planctu beatae Virginis Mariae,
non appartengono alla raccolta originale. Questo dovrebbe finalmente risolvere
in senso negativo la questione della loro autenticità. Come le altre raccolte,
anche i Sermones
quadragesimales ebbero uno straordinario successo, testimoniato da
più di 300 manoscritti e numerose edizioni dal XV fino al XIX secolo, seguite
alla princeps di
Brescia 1483. Per l'elenco dei manoscritti vedi l'Appendice all'ed. Maggioni che
riprende e integra gli elenchi di Schneyer (pp. 244-246) e Kaeppeli (II, n.
2157 pp. 364-367; IV, p. 141).
Ai tre sermonari fin qui analizzati viene tradizionalmente
affiancato il Liber
Marialis, per molto tempo considerato anch'esso una raccolta di sermoni,
come testimonia, per esempio, il titolo Sermones aurei de Maria Virgine Dei Matre,
con cui compare nell'edizione Venezia 1590, e la recente inclusione nel Repertorium dei
sermoni dello Schneyer. In realtà, il Liber Marialis, pur essendo anch'esso
un testo composto a uso dei predicatori, non è una raccolta di sermoni (I., nel
prologo, lo definisce un opuscolo che raccoglie le lodi in onore della
Vergine), ma una raccolta in ordine alfabetico di caratteristiche, funzioni,
immagini, virtù tradizionalmente attribuite alla Vergine. I termini elencati
sono 160, da Abstinentia a Vulnerata,
passando per Ancilla, Aurora, Conceptio, Domus, Fons, Gaudium, Humilitas, Luna, Mater, Palma, Regina, Salutatio, Stella, Templum,
tanto per fare qualche esempio; ognuno di essi costituisce il punto di partenza
di una schematica trattazione che assomiglia nella struttura e nei contenuti a
quella dei sermoni, costruita a partire da una distinzione in più punti, nei
quali trovano posto passi scritturali, citazioni da auctores, altre distinzioni,
metafore. La data di composizione dell'opera deve essere collocata tra il 1292,
anno in cui I. viene nominato arcivescovo, e il 1298, anno della morte. Lo
stesso I., nel prologo, dichiara infatti di aver composto l'opera in età
senile, quando era "in episcopali speculo constitutus" e quando,
ormai prossimo alla morte, sentiva il bisogno di affidarsi alla tutela della
Vergine. Se pure in misura minore rispetto alle altre opere, anche il Liber Marialis conobbe
una certa fortuna nel Medioevo e nei secoli successivi. Si contano una
settantina di manoscritti e, a partire da quella di Amburgo 1491, molte altre
edizioni dal XV al XIX secolo (vedi Schneyer, p. 283; Kaeppeli, II, n. 2158 pp.
367 s.). È segnalata anche una
traduzione in lingua fiamminga del secolo XV (Axters, pp. 163-165). Attualmente
sta lavorando alla traduzione in lingua italiana padre Valerio Ferrua.
La Chronica
civitatis Ianuensis ab origine urbis usque ad annum 1297 è l'ultima
opera di I., scritta tra il 1295, o tra l'inizio del 1296, come ritiene
Stefania Bertini Guidetti, e il 1298, anno della morte, cioè durante gli ultimi
anni del suo mandato arcivescovile a Genova. Il testo si divide in
dodici parti: le prime cinque trattano della fondazione della città, delle
prime fasi della sua storia, delle origini del nome, della conversione al
cristianesimo e del suo progressivo sviluppo fino all'anno 1294; seguono
quattro parti che costituiscono una sorta di trattato politico sulla natura e sulla
tipologia del governo secolare e sui modelli del rector e del civis cristiano;
concludono l'opera tre parti dedicate, la prima alla trasformazione di Genova
da sede vescovile a sede arcivescovile, le altre due alla rassegna in ordine
temporale dei vescovi e degli arcivescovi e dei principali avvenimenti accaduti
a Genova e nel mondo durante il loro mandato. La narrazione si conclude con
l'autopresentazione di I. come arcivescovo di Genova, una sorta di piccola
autobiografia, con tanto di elenco delle proprie opere, cui abbiamo fatto più
volte riferimento, e con il racconto fino al 1297 degli eventi relativi agli
anni del suo mandato in città. Come si vede, si tratta dunque di un testo in
cui si alternano registri discorsivi propri di generi letterari diversi:
l'encomio delle laudescivitatum,
la narrazione delle cronache universali, il resoconto degli avvenimenti secondo
i moduli della storia annalistica, il discorso dottrinale e normativo degli specula.
Questa molteplicità di generi risponde ai diversi obiettivi cui l'opera tende.
È evidente innanzitutto l'intento immediatamente politico di sottolineare
l'importanza del potere vescovile nelle dinamiche cittadine: I. enfatizza a più
riprese il ruolo del vescovo nella storia genovese scandendo gli avvenimenti
cittadini secondo la successione dei vescovi e degli arcivescovi e legando la
nascita e lo sviluppo della città alla figura dei suoi vescovi. Lo stretto
legame tra storia cittadina e azione vescovile è parte di una più complessiva
concezione della storia, di matrice agostiniana, nella quale gli eventi umani
acquistano un senso solo se rientrano nei piani di Dio, divenendo tappe di un
progressivo avvicinamento alla salvezza eterna; concezione che porta I. a
mettere in evidenza l'intervento nella storia di Dio, dei suoi angeli e dei
suoi ministri, a considerare alcuni fatti come conferme o prefigurazioni dei
piani divini, a leggere gli eventi in senso morale come insegnamenti di Dio
agli uomini. Questa concezione della storia è solidale e conseguente all'intento
generale dell'opera, scritta, come dice esplicitamente I. nel prologo, "ad
instructionem et hedificationem". Per conseguire questo scopo, I. non si
limita ad alternare il racconto degli eventi con considerazioni di carattere
dottrinale e morale, ma dedica la parte centrale del testo all'esposizione di
un vero e proprio speculum
civitatis in cui, all'interno di un discorso che non si rivolge più
solo ai Genovesi ma che acquista valore universale, si analizzano e si valutano
le diverse forme del governo secolare, si mostrano le qualità del buon rector e
dei suoi consiliarii,
si indicano i doveri del buon cittadino nei suoi rapporti con i governanti, la
moglie, i figli e i servi. L'intento didattico ed edificatorio dell'opera,
evidente nella parte centrale ma presente anche nelle parti narrative, la rende
molto vicina ai testi per la predicazione: non a caso I. vi inserisce lunghi
brani che vengono sia dalla Legenda
aurea sia dai sermonari, e inoltre il testo è stato utilizzato come
supporto per la predicazione, come dimostra la presenza nella tradizione
manoscritta di indici tematici alfabetici, tipico strumento di consultazione
per predicatori. Anche le fonti della Chronica sono in larga parte
comuni con le opere per la predicazione: accanto a fonti storiche specifiche,
come gli Annali di
Caffaro, relativi alla storia di Genova, ritroviamo infatti quell'insieme
variegato di auctores già
utilizzato per la compilazione della Legenda e dei sermonari. Da
segnalare anche l'utilizzo del De regno di Tommaso d'Aquino, in
particolare riguardo all'analisi delle diverse forme di governo, ferma restando
la distanza tra la concezione politica di I. da quella del teologo domenicano.
La Chronica ebbe,
se pure in misura minore rispetto alle altre opere di I., una certa fortuna nel
Medioevo e nei secoli successivi: si contano 44 manoscritti (vedi Monleone, I,
pp. 351-509 con l'integrazione di Kaeppeli, II, p. 368) e un'edizione parziale
in L.A. Muratori, Rer.
Ital. Script., IX, Mediolani 1726, coll. 1-56. Va segnalato che la parte
finale del testo, quella relativa alle biografie dei vescovi e degli
arcivescovi genovesi, circolò autonomamente e venne erroneamente considerata
un'opera autonoma di Iacopo. Nel 1941 Giovanni Monleone diede un'edizione
critica della Chronica nell'ambito
delle Fonti
per la storia d'Italia [Medioevo], Roma 1941, premettendo al testo
uno Studio
introduttivo sulla vita di I. e le sue opere. L'edizione Monleone,
oltre a mettere a disposizione una versione criticamente affidabile della Chronica,
ha il merito di aver ribadito il carattere del tutto peculiare dell'opera di I.
all'interno del genere cronachistico sottraendola ai duri giudizi sul suo
valore di opera storica che l'hanno accompagnata nei secoli, da Coluccio
Salutati a Ludovico Antonio Muratori, tanto per citare i due nomi più
conosciuti. Recentemente (Genova 1995) Stefania Bertini Guidetti ha fornito una
traduzione integrale della Chronica in
lingua italiana, preceduta da un riesame critico dell'opera in rapporto con la
storia di Genova e l'azione pastorale e politica dei frati predicatori.
I. scrisse inoltre cinque opuscoli di carattere agiografico
che sono tradizionalmente ritenuti autentici. Alcuni di essi sono ricordati
dallo stesso I. in vari passaggi della Chronica, altri gli vengono attribuiti
nei manoscritti e risultano per lo stile molto vicini alla Legenda
aurea. Tre riguardano santi e reliquie legati alla storia di Genova.
La Legenda
seu Vita sancti Syri episcopi Ianuensis fu scritta nel 1293,
nell'occasione, ricordata sopra, della ricognizione delle reliquie del santo
promossa dallo stesso Iacopo. L'opuscolo, che viene presentato nella Chronica (pp.
248 s.) come un'integrazione a un'antica leggenda, corrisponde al capitolo
dedicato a s. Siro che I. inserì nella Legenda aurea in una delle sue
ultime revisioni editoriali (Maggioni, Ricerche, p. 15). Il testo è stato
pubblicato nel 1874 da Vincenzo Promis come opera autonoma in Leggenda e
inni di s. Siro vescovo di Genova, in Atti della Società ligure di storia patria,
X (1874), pp. 357-383.
L'Historiatranslationis
reliquiarum sancti Iohannis Baptistae Ianuam racconta in forma di
solenne discorso ai Genovesi le vicende delle reliquie del Battista dalla morte
alla sepoltura a Mira fino all'arrivo a Genova nel 1099. L'autenticità
dell'opera è garantita dallo stesso I., che, raccontando nella Chronica la
storia delle reliquie, afferma di aver scritto a questo proposito
"historiam et ymnos" (p. 304). La composizione è molto probabilmente
contemporanea a quella della Chronica,
quindi tra il 1296 e il 1298. Se degli inni non è rimasta traccia, l'Historia è
pubblicata a cura di A. Vigna e L.T. Belgrano in Due opuscoli di J. da Varagine, in Atti della
Società ligure di storia patria, X (1874), pp. 480-491.
L'Historia
reliquiarum que sunt in monasterio Ss. Philippi et Iacobi de Ianua descrive
in undici brevi capitoli la storia e le virtù delle reliquie conservate nel
convento domenicano femminile di Genova. Lo stesso I., come si racconta nel testo e come è stato ricordato sopra,
aveva contribuito ad assegnare al convento genovese alcune di queste preziose
reliquie. L'opera è stata probabilmente composta tra il 1286 e il 1292,
nel periodo in cui I. non era più priore provinciale di Lombardia e non era
ancora arcivescovo di Genova. Nell'incipit del testo si legge
infatti "Incipit historia reliquiarum […] compilata per fratrem Jacobum de
Varagine quondam priorem provincialem fratrum predicatorum in Lombardia".
L'edizione è a cura di A. Vigna e L.T. Belgrano in Due opuscoli di J. da Varagine, cit.,
pp. 465-479.
Il Tractatus
miraculorum reliquiarum sancti Florentii e l'Historia translationis reliquiarum eiusdem sono
contenute in un manoscritto del secolo XV privo di segnatura conservato presso
l'Archivio parrocchiale di Fiorenzuola d'Arda, (cc. 33r-53v), dove sono
precedute da una lettera dedicatoria rivolta da I. a Bonifacio di Cerdego,
arciprete di Fiorenzuola, che ne aveva fatto richiesta. L'attribuzione a I.
sarebbe confermata dallo stile delle due operine, molto vicino a quello della Legenda
aurea. Si ritiene siano state composte tra il 1281 e il 1285, durante il
secondo provincialato di Iacopo. La traduzione italiana è in G. Bonnefoy, S. Fiorenzo
vescovo di Orange, Roma 1945, pp. 108-126. Per la bibliografia sul
manoscritto e sull'opera cfr. Kaeppeli, II, p. 369.
La Passio
sancti Cassiani è stata scritta da I. nel 1282 su richiesta del
vescovo di Imola, Sinibaldo de' Milotti, che aveva consacrato nel 1271 la nuova
cattedrale della città a s. Cassiano. Al testo, che per l'uso delle fonti, in
particolare il leggendario di Bartolomeo da Trento, ricorda lo stile della Legenda
aurea, è premessa una lettera, datata Bologna 18 giugno 1282, nella quale
I. scrive al vescovo di aver compilato la leggenda del martire "diligenti
studio" (Lanzoni, pp. 34 s. e Bibliotheca hagiographica Latina,
1635b-c).
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praedicatorum; A. Potthast, Regesta pontificum Romanorum, II,
Berolini 1875, n. 24635 p. 1971; Les registres de Boniface VIII, a
cura di G. Digard et
al., I-IV, Paris 1884-1939, ad indices, s.v. Jacopus archiepiscopus
Januensis e Januensis
archiepiscopus; Les
registres de Nicolas IV, a cura di E. Langlois, I, Paris 1886, nn. 76 pp.
13 s., 142 p. 23; G. Fiamma, Chronica
Ordinis praedicatorum ab anno 1170 usque ad annum 1333, a cura di B.M.
Reichert, in Monumenta
Ordinis fratrum praedicatorum historica, II, 1, Romae-Stuttgardiae 1897,
p. 100; Litterae
encyclicae magistrorum generalium Ordinis praedicatorum ab anno 1233 usque ad
annum 1376, a cura di B.M. Reichert, ibid., V,
Romae-Stuttgardiae-Vindobonae 1900, pp. 148 s., 154, 156; L. Pignon, Catalogi et
chronica…, a cura di G. Meersseman, ibid., XVIII, Romae 1936, pp. 29, 65,
74; D. Puncuh, Liber
privilegiorum Ecclesiae Ianuensis, Genova 1962, nn. 124 pp. 185 s., 194 s.
pp. 294 s. La bibliografia critica su I. e sulle sue opere è vastissima: si
propone qui una bibliografia selettiva soprattutto per quanto riguarda gli
studi più datati rinviando per un panorama più completo a T. Kaeppeli, Scriptores
Ordinis praedicatorum Medii Aevi, II, Romae 1975, pp. 348-369 (che
comprende studi fino al 1973); IV, a cura di E. Panella, ibid. 1993, pp.
139-141 (che comprende studi fino al 1991, e a La Légende dorée (Lyon, 1476). Édition
critique…, cit., a cura di B. Dunn-Lardeau, Paris 1997, che, alle pp.
1515-1557, presenta un'amplissima bibliografia su I. e sulle sue opere, in
particolare la Legenda
aurea, dove sono compresi studi fino al 1996. F. Lanzoni, Le leggende
di s. Cassiano da Imola, in Didaskaleion, III (1925), pp. 34-44;
E.C. Richardson, Material
for a life of J. da Varagine, New York 1935; A. Pagano, Etimologie
medievali di J. da V., in Memorie domenicane, LIII (1936), pp.
81-91; Id., L'oratoriadi
J. da V., ibid.,
LIX (1942), pp. 69-77, 108-112, 137-141; A. Dondaine, Le
dominicain français Jean de Mailly et la "Légende dorée", in Archives
d'histoire dominicaine, I (1946), pp. 53-102; M. Grabmann, Die
Schönheit Marias nach dem "Mariale" des seligen Jakobs von Voragine
O.P., Erzbischofs von Genua (†1298), in Divus Thomas, XXVII (1949), pp.
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Jacobi a Varagine, Roma 1951; A. Dondaine, St Pierre Martyr, in Archivum
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dorée ou légende de plomb?, in Analecta Bollandiana, LXXXIII (1965),
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