Assomption de la Vierge
Marie
Mère de
Jésus-Christ (Ier siècle.)
ou la Dormition de la
Mère de Dieu.
"Tous d'un même
coeur, étaient assidus à la prière, avec quelques femmes, dont Marie, mère de
Jésus et avec ses frères." (Actes
1. 14)Telle est la dernière mention explicite dans le Nouveau Testament, de
Marie, dont on sait qu'après la mort de Jésus, le disciple Jean l'a prise chez
lui. Que devient-elle alors? Une tradition la fait vivre quelque temps avec
Jean à Ephèse. Mais c'est sans doute à Jérusalem qu'elle termine son séjour
terrestre. D'après des récits apocryphes remontant au Ve siècle, les apôtres
furent mystérieusement avertis de se retrouver à Jérusalem. Ils purent alors
entourer la Mère de Dieu lors de ses derniers instants et de sa Dormition.
Trois jours après sa mort, les anges enlevèrent le corps ressuscité de Marie
vers le ciel. L'événement marial de ce jour correspond à la fois à la mort, à
la résurrection et à l'Ascension du Christ. Au VIe siècle, l'empereur byzantin
étend à l'ensemble de l'Église byzantine une fête mariale le 15 août et lui
donne le nom de Dormition de la Mère de Dieu. Cette fête se répand ensuite dans
l'Église universelle. En Occident elle prend le nom d'Assomption. Les deux
dénominations ne font que mettre l'accent sur deux aspects du même
mystère.
"...Dans le triomphe
de ce jour, Et dans sa joie, célébrons Dieu..."
(Hymne
pour la fête de l'Assomption par Saint Odilon - Église catholique en France)
La Vierge Marie, depuis 1638,
sous le règne de Louis XIII, est la patronne de la France, patronage
confirmé par le Pape Pie XI (2 mars 1922)
Solennité de l'Assomption
de la bienheureuse Vierge Marie, Mère de notre Dieu et Seigneur Jésus Christ,
qui, au terme de sa vie terrestre, fut élevée en son corps et en son âme à la
gloire du ciel. C'est la doctrine de foi, reçue de la Tradition de l'Église,
que le pape Pie XII a définie solennellement en 1950.
Martyrologe romain
SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/980/Assomption-de-la-Vierge-Marie.html
Turino Vanni (1348–1438), L'Assomption de la Vierge, circa 1375, tempera and gold on board, 120 x 89, Musée du Petit Palais
Assomption de la très
Sainte Vierge
vers l'an 57
Cette fête a pour objet
de célébrer à la fois la bienheureuse Mort, la glorieuse Résurrection et la
triomphante Assomption de la très Sainte Vierge au Ciel.
Jésus avait souffert la
mort pour racheter le monde; Marie, dans le plan de la Providence, devait
suivre Son divin Fils et mourir. Mais Sa mort ne ressembla en rien à celle du
commun des hommes; elle eut pour unique cause l'excès de Son amour et de Ses
désirs; elle ne fut accompagnée d'aucune douleur, ni suivie de la corruption du
tombeau. Jésus devait tous ces privilèges à Sa sainte Mère.
La tradition rapporte que
les Apôtres, dispersés dans l'univers pour prêcher l'Évangile, se trouvèrent
miraculeusement réunis autour du lit de mort de Celle qui avait présidé à la
naissance et aux premiers développements de l'Église. Trois jours après la mort
de Marie, visitant le virginal tombeau avant de se séparer, ils furent les
heureux témoins d'une grande merveille. On entendit dans les airs d'harmonieux
cantiques; un parfum délicieux s'exhalait du tombeau de Marie; et lorsqu'on
l'eut ouvert, on n'y trouva que des fleurs fraîches et vermeilles: les Anges
avaient transporté dans les Cieux, en corps et en âme, la Mère du Sauveur.
On ne peut que soupçonner
ici bas avec admiration l'accueil qui fut fait à Marie par la Très Sainte
Trinité, à laquelle Elle avait été associée d'une manière si sublime dans le
mystère du salut des hommes, par Jésus-Christ Son Fils bien-aimé, par les
légions des Anges, les Patriarches, les Prophètes, tous les Saints de l'Ancien
Testament et les élus de la loi nouvelle. Les plus grands serviteurs de Marie,
dans leurs contemplations, se sont plu à dépeindre Son triomphe incomparable,
Son couronnement, Sa gloire en ce grand jour.
Mais le triomphe et la
gloire de Marie sont éternels. La fête de l'Assomption, outre Sa mort toute
sainte, Sa Résurrection et Son couronnement, célèbre Sa royauté
toute-puissante. Elle est la Reine du Ciel, la Reine des Anges et des Saints,
la Reine de l'Église terrestre, la Reine de l'Église du Purgatoire; et c'est
Elle que David a dépeinte dans ses Psaumes: "La Reine S'est assise à Votre
droite, couverte d'un manteau d'or, environnée et tout étincelante des
richesses les plus variées." L'Assomption de Marie réclamait une
définition de foi: l'Église a proclamé ce dogme le 1er novembre 1950. Gloire à
Marie!
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950
SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/assomption_de_la_tres_sainte_vierge.html
Ugolino
Lorenzetti (–1360), Assunzione della Beata Vergine
Maria, circa 1340, Pinacoteca Nazionale, Siena, Tuscany, Italy.
15 août
Solennité de l'Assomption
de la Vierge Marie
Première lecture
Lecture de l'Apocalypse
de Saint Jean, (XI 19 & XII 1-6 & 10)[1]
Le Temple qui est dans le
ciel s'ouvrit, et l'arche de l'alliance du Seigneur apparut dans son Temple. Un
signe grandiose apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour
manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles.
Elle était enceinte et elle criait, torturée par les douleurs de l'enfantement.
Un autre signe apparut dans le ciel : un énorme dragon, rouge-feu, avec
sept têtes et dix cornes, et sur chaque tête un diadème. Sa queue balayait le tiers
des étoiles du ciel, et les précipita sur la terre. Le Dragon se tenait devant
la Femme qui allait enfanter, afin de dévorer l'enfant dès sa naissance. Or, la
Femme mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes
les nations, les menant avec un sceptre de fer. L'enfant fut enlevé auprès de
Dieu et de son trône, et la Femme s'enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une
place. Alors j'entendis dans le ciel une voix puissante qui proclamait :
« Voici maintenant le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu, et
le pouvoir de son Christ ! »
Textes liturgiques ©
AELF, Paris
[1] Après
une brève présentation de l'Arche d'alliance (en qui la tradition voit une
figure de Marie) apparaissant dans le Temple du ciel, nous lisons une partie de
la première vision des signes dans le ciel. Ce chapitre comporte deux
tableaux imbriqués ensemble : la femme et le dragon (1-6 & 13-18),
Michel et le dragon (7-12) ; le début du premier est retenu ici, avec une
conclusion triomphale empruntée au second. Deux lectures peuvent être faites de
ce premier tableau. Une lecture proprement biblique selon laquelle la
femme est le peuple de Dieu personnifié ; d'abord Israël (Cantique des
cantiques, VI 10 ; Genèse, XXXVII 9) qui donne au monde le
Messie : glorifié près de Dieu, il échappe au pouvoir de Satan ;
ensuite l'Eglise poursuivie par Satan, mais protégée et nourrie par Dieu
au désert ; la persécution l'atteint sans jamais la détruire. Une
lecture ecclésiale : comment la tradition chrétienne n'aurait-elle
pas vu dans la Mère du Messie, Marie elle-même ? C'est à ce titre que ce texte
figure dans la liturgie de l'Assomption : la femme enveloppée de lumière
évoque Marie dans sa gloire. Ces deux lectures peuvent être
exploitées ensemble : dès le Nouveau Testament, Marie est présentée comme
la fille de Sion représentant Israël, et le type parfait du chrétien.
Psaume 44
Ecoute, ma fille, regarde et tends l'oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté.
Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.
Alors les plus riches du peuple,
chargés de présents, quêteront ton sourire.
Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d'étoffes d'or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi.
Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi.
Textes liturgiques ©
AELF, Paris
Épître
Lecture de la seconde
lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens (XV 20-27)[1]
Frères, le Christ est
ressuscité d'entre les morts, pour être parmi les morts le premier ressuscité.
Car, la mort étant venue par un homme, c'est par un homme aussi que vient la
résurrection. En effet, c'est en Adam que meurent tous les hommes ; c'est
dans le Christ que tous revivront, mais chacun à son rang : en premier, le
Christ ; et ensuite, ceux qui seront au Christ lorsqu'il reviendra. Alors,
tout sera achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père,
après avoir détruit toutes les puissances du mal. C'est lui, en effet, qui doit
régner jusqu'au jour où « il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. »
Et le dernier ennemi qu'il détruira, c'est la mort, car il a tout mis sous ses
pieds.
Textes liturgiques ©
AELF, Paris
[1]Saint
Paul, dans ce passage de la première épître aux Corinthiens, après avoir établi
que Jésus est vraiment ressuscité, affirme avec force la résurrection promise
aux fidèles. Le Christ n'est pas mort et ressuscité comme un être isolé :
type parfait de l'humanité, il entraîne les hommes à sa suite. En ressuscitant,
il est « prémice » c’est-à-dire chef de file de ceux qui sont morts
(verset 20). Il apparaît ainsi comme l'antithèse d'Adam : celui-ci a
entraîné les hommes dans la mort, le Christ les emmène dans sa vie glorieuse
(versets 21 et 22). L'Assomption de la Vierge Marie est la réalisation
anticipée de cette promesse apportée par la résurrection de Jésus : la
gloire totale et définitive d'un être humain complet et transfiguré. En elle,
le chrétien contemple sa vocation à la gloire, à la suite du Christ. C'est la
victoire de la vie sur la mort (verset 26).
Évangile
Suite du saint Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ selon Saint Luc (I 39-56).
En ces jours-là, Marie se
mit en route rapidement vers une ville[1] de
la montagne[2] de
Judée[3].
Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth. Or, quand Elisabeth
entendit la salutation de Marie, l'enfant tressaillit en elle[4]. Alors,
Elisabeth fut remplie de l'Esprit Saint, et s'écria d'une voix forte[5] :
« Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est
béni[6].
Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi[7] ?
Car, lorsque j'ai entendu tes paroles de salutation, l'enfant a tressailli
d'allégresse au-dedans de moi[8].
Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement des paroles qui lui furent dites
de la part du Seigneur.[9] »
Marie dit alors :
« Mon âme exalte le Seigneur, mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur. Il
s'est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront
bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son
nom ! Son amour s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant
la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de
leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les
riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères, en faveur d'Abraham et de sa race à jamais. »
Marie demeura avec
Élisabeth environ trois mois, puis elle s'en retourna chez elle.
Textes liturgiques ©
AELF, Paris
[1] Aïn-Karim (la
source des vignobles) est à six kilomètres à l’ouest de Jérusalem.
[2] Marie
a disposé dans son cœur des degrés (Psaume LXXXIII 6) qu'elle
gravit aussi bien par sa manière de vivre que par sa prière. Enfin elle s'est
hâtée vers les montagnes pour saluer Elisabeth et la servir pendant trois mois
environ (évangile selon saint Luc, I 39-56) ; si bien que la
Mère de Jésus pouvait déjà dire à la mère de Jean ce que le Fils de Marie dira
beaucoup plus tard au fils d'Elisabeth : « Laissez-moi faire
maintenant, car il convient que nous accomplissions ainsi toute justice »
(évangile selon saint Matthieu, III 15). Elle a vraiment gravi les montagnes,
elle dont la justice s'élève comme les montagnes de Dieu (Psaume XXXV
7). La Vierge s'y est élevée par trois degrés, à l'aide d'une triple corde
difficile à rompre : la ferveur de la charité dans la recherche de la
grâce, la splendeur de la virginité dans sa chair, la grandeur de l'humilité au
service de sa cousine. En effet, si tout homme qui s’humilie doit être exalté (évangile
selon saint Luc, XIV 11), quoi de plus sublime que son humilité ?
Elisabeth s'étonnait déjà qu'elle fût venue, et elle disait : « D'où
m'est-il donné que la Mére de mon Seigneur vienne à moi ? » Mais
elle s'est étonnée plus encore que, à la manière de son Fils (évangile selon
saint Matthieu, XX 28), Marie fût venue non pour être servie, mais pour
servir (saint Bernard : sermon pour la Nativité de la
bienheureuse Vierge).
[3] Il
habituel, il est convenable que ceux qui réclament créance fournissent des
preuves à la foi qu’ils réclament. C’est ce qu’avait fait l’Ange annonçant ces
mystères sublimes. Pour fortifier sa foi pazr une preuve palpable, il avait
annoncé à Marie la fécondité d’une de ses parentes, stérile jusque-là et
avancée en âge, afin de bien établir que tout était possible à Dieu (saint Ambroise :
commentaire de l’évangile selon saint Luc, II 19).
Marie ne refuse point de
croire aux révélations qu’elle a reçues, elle ne doute point du messager ni du
fait qu’il lui a donné comme preuve ; mais toute remplie de joie pour son vœu
qu’elle peut garder, pleine de religion dans l’office qu’elle va accomplir,
stimulée par le bonheur qui l’inonde, elle va avec avec empressement vers la
parente dont l’Ange lui a parlé. Elle ne cherche point des preuves pour sa foi,
elle veut plutôt témoigner de sa piété (saint Ambroise : « De
virginitate », II, 2).
[4] Encore
dans les ténèbres du sein maternel, la sainte âme de Jean connaissait déjà par
expérience ce qu’Israël ignorait ; et c’est pourquoi elle tressaille, mais ce
n’est pas un simple tressaillement, c’est un tressaillement dans la joie : Jean
sentait que son maître était venu le sanctifier avant sa naissance. Je serai
peut-être traité d’insensé pour avoir cru de telles choses. Oh ! puisse cela
m’arriver ! Ce qu’il appellent une folie est la cause de mon salut : s’il n’y
avait eu cette naissance de mon Sauveur, naissance toute céleste, si elle
n’avait été au-dessus des naissances ordinaires, jamais la doctrine de
Jésus-Christ ne se serait répandue dans le monde, jamais sa vertu n’aurait
guéri nos âmes (Origène : homélie VII sur l’évangile selon saint
Luc).
[5] Elisabeth
prophétise avant Jean-Baptiste, Marie avant la naissance du Sauveur. La chute
avait commencé par la femme, le relèvement commence aussi par la femme (Origène :
huitième homélie sur l'évangile selon saint Luc).
[6] Combien
d’hérésies elle réfute à l’avance par ce seul mot. L’hérésie d’Eutychès qui
attribuait à Jésus une nature différente de celle de Marie : le fruit est de
même nature que la plante ; l’hérésie de ce qui n’attribuaient à Jésus que des
apparences : le fruit est une réalité procédant de la substance de l’arbre ;
l’hérésie de ceux qui affirment que Jésus est venu par Marie comme par un
canal, sans rien recevoir d’elle : Jésus appartient réellement à Marie (Eusèbe
d’Emèse).
[7] L'esprit
de prophétie révèle le passé, ou le présent ou l'avenir. Ici, il révèle à la
fois le passé, le présent et l'avenir. Elisabeth sait que Marie porte en elle
le Fils de Dieu ; elle sait qu'il a été conçu du Saint-Esprit, et elle
sait ce que l'avenir réserve à sa foi (saint Grégoire le Grand :
homélie I sur Ezéchiel, 8 ).
[8] Et
Dieu s'étant fait enfant, il veut premèrement être connu et adoré par un
enfant, et c'est une des premières émanations de l'enfance de Dieu, se
manifestant soi-même en l'univers. Dieu est enfant, ce que le monde ignore, ce
que le ciel adore ; et un enfant est le premier qui le reconnaît et adore
en l'univers, et ce par hommage et par opération secrète de l’enfance de Dieu
même, qui veut agir sur les enfants, et qui veut honorer soi-même en qualité
d'enfant en donnant la première connaissance de soi-même à un enfant au monde,
et le faisant son prophète en l'univers. Son premier prophète est un enfant,
comme tantôt ses premiers martyrs setont des enfants (Pierre de Bérulle :
opuscules de piété, « de la Visitation »).
[9] Marie est bienheureuse,
et parce que Dieu l’a regardée, et parce qu’elle a cru, car sa foi est le beau
fruit de cette bienveillance divine (saint Bernard : sermon pour
le dimanche dans l’octave de l’Assomption).
SOURCE : http://missel.free.fr/Sanctoral/08/15_messe_3.html
Sermon
de 1660 pour la fête de l'Assomption
Mais pourrai-je vous dire
comment a fini ce miracle, et de quelle sorte il est arrivé que l'amour ait
donné le coup de la mort ? Est-ce quelque désir plus enflammé, est-ce
quelque mouvement plus actif, est-ce quelque transport plus violent, qui est
venu détacher cette âme ? S'il m'est permis, chrétiens, de vous dire ce que je
pense, j'attribue ce dernier effet, non point à des mouvements extraordinaires,
mais à la seule perfection de l'amour de la Sainte Vierge. Car comme ce divin
amour régnait dans son coeur sans aucun obstacle et occupait toutes ses
pensées, il allait de jour en jour s'augmentant par son action, se
perfectionnant par ses désirs, se multipliant par soi-même ; de sorte qu'il
vint, s'étendant toujours, à une telle perfection, que la terre n'était plus
capable de le contenir. Va, mon fils, disait ce roi grec ; étends bien
loin tes conquêtes ; mon royaume est trop petit pour te renfermer. O amour de
la Sainte Vierge, ta perfection est trop éminente ; tu ne peux plus tenir dans
un corps mortel ; ton feu pousse des flammes trop vives pour être couvert sous
cette cendre. Va briller dans l'éternité ; va brûler devant la face de Dieu ;
va t'étendre dans son sein immense, qui seul est capable de te contenir. Alors
la divine Vierge rendit sans peine et sans violence sa sainte et bienheureuse
âme entre les mains de son Fils. Il ne fut pas nécessaire que son amour
s'efforçât par des mouvements extraordinaires. Comme la plus légère secousse
détache de l'arbre un fruit déjà mur, ainsi fut cueillie cette âme bénite pour
être tout d'un coup transportée au ciel ; ainsi mourut la divine Vierge par un
élan de l'amour divin et son âme fut portée au ciel par une nuée de désirs
sacrés. Et c'est ce qui fait dire aux saints anges : Qui est celle-ci qui
s'élève comme la fumée odoriférante d'une composition de myrrhe et d'encens ?
(Cantique des cantiques III 6). Belle et excellente comparaison qui nous
explique admirablement la manière de cette mort heureuse et tranquille.
Bossuet
Déclaration du Roi par laquelle Sa Majesté déclare qu’elle a pris la Très Sainte et Glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de son royaume (10 février 1638)
Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut.
Dieu qui élève les rois
au trône de leur grandeur, non content de nous avoir donné l'esprit qu'il
départ à tous les princes de la terre pour la conduite de leurs peuples, a
voulu prendre un soin si spécial et de notre personne et de notre état, que
nous ne pouvons considérer le bonheur du cours de notre règne, sans y voir
autant d'effets merveilleux de sa bonté, que d'accidents qui nous pouvaient
perdre.
Lorsque nous sommes entré
au gouvernement de cette couronne, la faiblesse de notre âge donna sujet à
quelques mauvais esprits d'en troubler la tranquillité ; mais cette main
divine soutint avec tant de force la justice de notre cause que l'on vit en
même temps la naissance et la fin de ces pemicieux desseins. En divers autres
temps, l’artifice des hommes et la malice du diable ayant suscité et fomenté
des divisions non moins dangereuses pour notre couronne que préjudiciables au
repos de notre maison, il lui a plu en détourner le mal avec autant de douceur
que de justice.
La rebellion de l'hérésie
ayant aussi formé un parti dans l'Etat, qui n'avait d'autre but que de partager
notre autorité, il s'est servi de nous pour en abattre l'orgueil, et a permis
que nous ayons relevé ses saints autels en tous les lieux où la violence de cet
injuste parti en avait ôté les marques.
Quand nous avons
entrepris la protection de nos alliés, il a donné des succès si heureux à nos
armes, qu’à la vue de toute l'Europe, contre l'espérance de tout le monde, nous
les avons rétablis en la possession de leurs états dont ils avaient été
dépouillés.
Si les plus grandes
forces des ennemis de cette couronne, se sont ralliées pour conspirer sa ruine,
il a confondu leurs ambitieux desseins pour faire voir à toutes les nations
que, comme sa providence a fondé cet Etat, sa bonté le conserve et sa puissance
le défend.
Tant de grâces si
évidentes font que pour n'en différer pas la reconnaissance, sans attendre la
paix, qui nous viendra sans doute de la même main dont nous les avons reçues,
et que nous désirons avec ardeur pour en faire sentir les fruits aux peuples
qui nous sont commis, nous avons cru être obligés, nous prosternant aux pieds
de sa majesté divine que nous adorons en trois personnes, à ceux de la Sainte
Vierge et de la sacrée croix, où nous vénérons l’accomplissement des mystères
de notre Rédemption par la vie et la mort du fils de Dieu en notre chair, de
nous consacrer à la grandeur de Dieu par son fils rabaissé jusqu’à nous, et à
ce fils par sa mère élevée jusqu'à lui ; en la protection de laquelle nous
mettons particulièrement notre personne, notre Etat, notre couronne et tous nos
sujets pour obtenir par ce moyen celle de la Sainte-Trinité, par son
intercession et de toute la cour céleste par son autorité et exemple, nos mains
n’étant pas assez pures pour présenter nos offrandes à la pureté même, nous
croyons que celles qui ont été dignes de le porter, les rendront hosties
agréables et c'est chose bien raisonnable qu'ayant été médiatrice de ces
bienfaits, elle le soit de nos actions de grâces.
A ces causes, nous avons
déclaré et déclarons que prenant la très sainte et très glorieuse Vierge pour
protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement
notre personne, notre Etat, notre couronne et nos sujets, la suppliant de nous
vouloir inspirer une sainte conduite et de défendre avec tant de soin ce
royaume contre l'effort de tous ses ennemis, que, soit qu’il souffre du fléau
de la guerre ou jouisse de la douceur de la paix que nous demandons à Dieu de
tout notre cœur, il ne sorte point des voies de la grâce qui conduisent à
celles de la gloire. Et afin que la postérité ne puisse manquer à suivre nos
volontés en ce sujet, pour monument et marque immortelle de la consécration
présente que nous faisons, nous ferons construire de nouveau le grand autel de
la cathédrale de Paris avec une image de la Vierge qui tienne dans ses bras
celle de son précieux Fils descendu de la Croix , et où nous serons
représenté aux pieds du Fils et de la Mère comme leur offrant notre couronne et
notre sceptre.
Nous admonestons le sieur
Archevêque de Paris et néanmoins lui enjoignons que tous les ans le jour et
fête de l’Assomption, il fasse faire commémoration de notre présente
déclaration à la grand'messe qui se dira en son église cathédrale, et qu'après
les vêpres du dit jour, il soit fait une procession en la dite église à
laquelle assisteront toutes les compagnies souveraines et le corps de ville,
avec pareille cérémonie que celle qui s'observe aux processions générales les
plus solennelles ; ce que nous voulons aussi être fait en toutes les
églises tant paroissiales que celles des monastères de la dite ville et
faubourg, et en toutes les villes, bourgs et villages du dit diocèse de Paris.
Exhortons pareillement
tous les archevêques et évêques de notre royaume et néanmoins leur enjoignons
de faire célébrer la même solennité en leurs églises épiscopales et autres
églises de leur diocèse ; entendant qu’à la dite cérémonie les cours de
Parlement et autres compagnies souveraines et les principaux officiers de la
ville y soient présents ; et d'autant qu'il y a plusieurs épiscopales qui ne
sont pas dédiées à la Vierge, nous exhortons les dits archevêques et évêques en
ce cas de lui dédier la principale chapelle des dites églises pour y être fait
la dite cérémonie et d'y élever un autel avec un ornement convenable à une
action si célèbre et d'admonester tous nos peuples d’avoir une dévotion
particulière à la Vierge, d'implorer en ce jour sa protection afin que sous une
si puissante patronne notre royaume soit à couvert de toutes les entreprises de
ses ennemis, qu'il jouisse largement d'une bonne paix ; que Dieu y soit
servi et révéré si saintement à la dernière fin pour laquelle nous avons été
créés ; car tel est notre bon plaisir. Donné à Saint-Germain-en-Laye, le
dixième jour de février, l'an de grâce mil six cent trente-huit, et de notre
règne le vingt-huit.
Pie XI, pape, pour perpétuelle mémoire
Les Pontifes romains Nos
prédécesseurs ont toujours, au cours des siècles, comblé des marques
particulières de leur paternelle affection la France, justement appelée Fille
aînée de l'Eglise. Notre prédécesseur de sainte mémoire, le pape Benoît XV, qui
eut profondément à coeur le bien spirituel de la France, a pensé à donner à
cette nation, noble entre toutes, un gage spécial de sa bienveillance.
En effet, lorsque,
récemment, Nos Vénérables Frères les cardinaux, archevêques et évêques de
France, d'un consentement unanime, lui eurent transmis par Notre Vénérable
Frère Stanislas Touchet, évêque d'Orléans, des supplications ardentes et
ferventes pour qu'il daignât proclamer patronne principale de la nation
française la bienheureuse Vierge Marie reçue au ciel, et seconde patronne
céleste sainte Jeanne, pucelle d'Orléans, Notre prédécesseur fut d'avis de
répondre avec bienveillance à ces pieuses requêtes. Empêché par la mort, il ne
put réaliser le dessein qu'il avait conçu. Mais à Nous, qui venons d'être élevé
par la grâce divine sur la Chaire sublime du Prince des apôtres, il Nous est
doux et agréable de remplir le voeu de notre très regretté prédécesseur et, par
Notre autorité suprême, de décréter ce qui pourra devenir pour la France une
cause de bien, de prospérité et de bonheur.
Il est certain, selon un
ancien adage, que le royaume de France a été appelé le royaume
de Marie, et cela à juste titre. Car, depuis les premiers siècles de l'Eglise
jusqu'à notre temps, Irénée et Eucher de Lyon, Hilaire de Poitiers, Anselme,
qui, de France, passa en Angleterre comme archevêque, Bernard de Clairvaux,
François de Sales, et nombre d'autres saints docteurs, ont célébré Marie et
contribué à promouvoir et amplifier à travers la France le culte de la Vierge
Mère de Dieu. A Paris, dans la très célèbre Université de Sorbonne, il est
historiquement prouvé que dès le XIII° siècle la Vierge a été proclamée conçue
sans péché.
Même les monuments sacrés
attestent d'éclatante manière l'antique dévotion du peuple à l'égard de la
Vierge : trente-quatre églises cathédrales jouissent du titre de la Vierge Mère
de Dieu, parmi lesquelles on aime à rappeler comme les plus célèbres, celles
qui s'élèvent à Reims, à Paris, à Amiens, à Chartres, à Coutances et à Rouen.
L'immense affluence des fidèles accourant de loin chaque année, même de notre
temps, aux sanctuaires de Marie, montre clairement ce que peut dans le peuple
la piété envers la Mère de Dieu et plusieurs fois par an la basilique de
Lourdes, si vaste qu'elle soit, paraît incapable de contenir les foules
innombrables des pèlerins.
La Vierge en personne,
trésorière de Dieu de toutes les grâces, a semblé, par des apparitions
répétées, approuver et confirmer la dévotion du peuple français.
Bien plus, les principaux
et les chefs de la nation se sont fait gloire longtemps d'affirmer et de
défendre cette dévotion envers la Vierge.
Converti à la vraie foi
du Christ, Clovis s'empresse, sur les ruines d'un temple druidique, de poser
les fondements de l'Eglise Notre-Dame, qu'acheva son fils Childebert.
Plusieurs temples sont
dédiés à Marie par Charlemagne. Les ducs de Normandie proclament Marie Reine de
la nation. Le roi saint Louis récite dévotement chaque jour l'office de la
Vierge. Louis XI, pour l'accomplissement d'un voeu, édifie à Cléry un temple à
Notre-Dame. Enfin, Louis XIII consacre le royaume de France à Marie et ordonne
que chaque année, en la fête de l'Assomption de la Vierge, on célèbre dans
toutes les diocèses de France de solennelles fonctions : et ces pompes
solennelles, Nous n'ignorons pas qu'elles continuent de se dérouler chaque
année.
En ce qui concerne la
Pucelle d'Orléans que Notre prédécesseur a élevée aux suprêmes honneurs des
saints, personne ne peut mettre en doute que ce soit sous les auspices de la
Vierge qu'elle ait reçu et rempli la mission de sauver la France ; car d'abord,
c'est sous le patronage de Notre-Dame de Bermont, puis sous celui de la Vierge
d'Orléans, enfin de la Vierge de Reims, qu'elle entreprit d'un coeur viril une
si grande oeuvre, qu'elle demeura sans peur en face des épées dégainées et sans
tache au milieu de la licence des camps, qu'elle délivra sa patrie du suprême
péril et rétablit le sort de la France. C'est après avoir reçu le conseil de
ses voix célestes qu'elle ajouta sur son glorieux étendard le nom de Marie à
celui de Jésus, vrai Roi de France. Montée sur le bûcher, c'est en murmurant au
milieu des flammes en un cri suprême, les noms de Jésus et de Marie, qu'elle
s'envola au ciel. Ayant donc éprouvé le secours évident de la Pucelle
d'Orléans, que la France reçoive la faveur de cette seconde patronne céleste :
c'est ce que réclament le clergé et le peuple, ce qui fut déjà agréable à Notre
prédécesseur et qui Nous plaît à Nous-mêmes.
C'est pourquoi, après
avoir pris les conseils de nos Vénérables Frères les cardinaux de la Sainte
Eglise Romaine préposés aux Rites, motu proprio, de science certaine et après
mûre délibération, dans la plénitude de Notre pouvoir apostolique, par la force
des présentes et à perpétuité, Nous déclarons et confirmons que la Vierge Marie
Mère de Dieu, sous le titre de son Assomption dans le ciel, a été régulièrement
choisie comme principale patronne de toute la France auprès de Dieu, avec tous
les privilèges et les honneurs que comportent ce noble titre et cette dignité.
De plus, écoutant les
voeux pressants des évêques, du clergé et des fidèles des diocèses et des
missions de la France, Nous déclarons avec la plus grande joie et établissons
l'illustre Pucelle d'Orléans, admirée et vénérée spécialement par tous les
catholiques de la France comme l'héroïne de la religion et de la patrie, sainte
Jeanne d'Arc, vierge, patronne secondaire de la France, choisie par le plein
suffrage du peuple, et cela encore d'après Notre suprême autorité apostolique,
concédant également tous les honneurs et privilèges que comporte selon le droit
ce titre de seconde patronne.
En conséquence, nous
prions Dieu, auteur de tous biens, que, par l'intercession de ces deux célestes
patronnes, la Mère de Dieu élevée au ciel et sainte Jeanne d'Arc, vierge, ainsi
que des autres saints patrons des lieux et titulaires des églises, tant des
diocèses que des missions, la France catholique, ses espérances tendues vers la
vraie liberté et son antique dignité, soit vraiment la fille première-née de
l'Eglise Romaine ; qu'elle échauffe, garde, développe par la pensée, l'action,
l'amour, ses antiques et glorieuses traditions pour le bien de la religion et
de la patrie.
Nous concédons ces
privilèges, décidant que les présentes Lettres soient et demeurent toujours
fermes, valides et efficaces, qu'elles obtiennent et gardent leurs effets
pleins et entiers, qu'elles soient, maintenant et dans l'avenir, pour toute la
nation française, le gage le plus large des secours célestes ; qu'ainsi il en
faut juger définitivement, et que soit tenu pour vain dès maintenant et de nul
effet pour l'avenir tout ce qui porterait atteinte à ces décisions, du fait de
quelque autorité que ce soit, sciemment ou inconsciemment. Nonobstant toutes
choses contraires.
Donné à Rome, près
Saint-Pierre, sous l'anneau du Pécheur, le 2 du mois de mars de l'année 1922, de Notre Pontificat la première année.
Catéchisme de l’Eglise Catholique
Première partie, deuxième
section, paragraphe VI
Marie : Mère du
Christ, Mère de l’Eglise
Après avoir parlé du rôle
de la Vierge Marie dans le mystère du Christ et de l'Esprit, il convient de
considérer maintenant sa place dans le mystère de l'Eglise. « En effet, la
Vierge Marie (...) est reconnue et honorée comme la véritable Mère de
Dieu et du Rédempteur (...). Elle est aussi vraiment Mère des
membres [du Christ] (...) ayant coopéré par sa charité à la naissance dans
l'Eglise des fidèles qui sont les membres de ce Chef.[1] » « ... Marie Mère du Christ,
Mère de l'Eglise.[2] »
I. La maternité de Marie
envers l'Eglise
Toute unie à son Fils...
Le rôle de Marie envers
l'Eglise est inséparable de son union au Christ, elle en découle directement.
« Cette union de Marie avec son Fils dans l'œuvre du salut est manifeste
dès l'heure de la conception virginale du Christ, jusqu'à sa mort.[3]» Elle est particulièrement manifeste à
l'heure de sa passion :
La bienheureuse Vierge
avança dans son pèlerinage de foi, gardant fidèlement l'union avec son Fils
jusqu'à la Croix où, non sans un dessein divin, elle était deLout, souffrant
cruellement avec son Fils unique, associée d'un cœur maternel à son sacrifice,
donnant à l'immolation de la victime, née de sa chair, le consentement de son
amour, pour être enfin, par le même Christ Jésus mourant sur la Croix, donnée
comme sa Mère au disciple par ces mots: « Femme, voici ton fils »
(évangile selon saint Jean, XIX 26-27)[4].
Après l'Ascension de son
Fils, Marie a « assisté de ses prières l'Eglise naissante.[5] » Réunie avec les apôtres et quelques
femmes, « on voit Marie appelant elle aussi de ses prières le don de
l'Esprit qui, à l'Annonciation, l'avait déjà elle-même prise sous son ombre.[6] »
... aussi dans son
Assomption...
« Enfin la Vierge
immaculée, préservée par Dieu de toute atteinte de la faute originelle, ayant
accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du
ciel, et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l'univers, pour être ainsi
plus entièrement conforme à son Fils, Seigneur des seigneurs, victorieux du
péché et de la mort.[7] » L'Assomption de la Sainte Vierge est
une participation singulière à la Résurrection de son Fils et une anticipation
de la résurrection des autres chrétiens :
Dans ton enfantement tu
as gardé la virginité, dans ta dormition tu n'as pas quitté le monde, ô Mère de
Dieu : tu as rejoint la source de la Vie toi qui conçus le Dieu vivant et
qui, par tes prières, délivreras nos âmes de la mort.[8]
[1] Vatican
II : « Lumen gentium », n° 53 ; saint Augustin :
« De sancta virginitate », VI.
[2] Paul
VI : discours du 21 novembre 1964.
[3] Vatican
II : « Lumen gentium », n° 57.
[4] Vatican
II : « Lumen gentium », n° 58.
[5] Vatican
II : « Lumen gentium », n° 69 .
[6] Vatican
II : « Lumen gentium », n° 59 .
[7] Vatican
II : « Lumen gentium », n° 59 . Pie XII :
Constitution apostolique « Munificentissimus Deus », 1er novembre
1950.
[8] Liturgie
byzantine : Tropaire de la fête de la Dormition.
SOURCE : http://missel.free.fr/Sanctoral/08/15.php
Assunzione della Beata Vergine
Maria
Luca di Tommè (1330–1389), Assumption of Mary, 1362, Yale University Art Gallery
Bref historique de la
doctrine de l'Assomption
La Tradition de l'Église
Judéo-chrétienne, avec ses apocryphes, a évoqué très vite la fin de la
destinée terrestre de Marie. Le texte le plus ancien, partiellement
conservé en grec et plus complètement en éthiopien, est attribué à un certain
Leucio, disciple de saint Jean. Mais cette tradition est passée sous
silence dans les quatre premiers siècles de l'histoire de l'Église. C'est
seulement au V° et VI° siècle, que ces récits apocryphes connaissent une
diffusion extraordinaire.
Saint Ephrem († 373)
exprime déjà l'idée que le corps de Marie n'a pas connu la corruption après la
mort.
Epiphane, évêque de
Salamine, dans une lettre adressée aux chrétiens de l'Arabie en 377, pose la
question théologique de la mort de Marie.
« En effet
l'Écriture se situe au-dessus de l'esprit humain et elle a laissé dans
l'incertitude l'événement par respect envers cette vierge incomparable, pour
couper court à toute pensée vulgaire et charnelle dans son égard. Nous ignorons
si elle est morte ou si elle a été enterrée. »[1]
Pour lui, on ne sait pas
comment Marie est morte, ni où c'est son corps.
Epiphane était
palestinien, il n'est pas possible qu'il ignorât toute la littérature apocryphe
mais pour lui, elle n'a pas de valeur.
D'autres pères de
l'Eglise retiennent quelques éléments des récits apocryphes.
Le patriarche
d'Alexandrie Théodose († 566) nous renseigne sur une double célébration :
une fête pour commémorer la mort de la Vierge était célébrée le 16 janvier, et
le 9 Août était célébré la fête de sa résurrection[2].
Théodose met un intervalle de 206 jours donc entre les deux événements, en
éludant le problème de la corruption. La résurrection corporelle est la
conséquence de sa maternité divine. Au ciel, la Vierge intercède.
La fête liturgique qui
commémore le départ de la Vierge de ce monde a été fixée, pour l'église de
Constantinople, le 15 Août, par un décret de l'empereur Maurice en l'an 600,
avec la dénomination de Koimesis (Dormizione).
Vers l'an 600, l'empereur
Maurice décréta que serait célébrée le 15 août « la Dormition de Sainte
Marie » dans tout l'empire, avec la plus haute révérence en observant tout le
repos festif.
Qui dit liturgie, dit
aussi homélie.
L'homélie de Théotecno sur
l'Assomption de Marie au ciel constitue une des premières, sinon la première
homélie composée pour ce mystère, vers l'an 600. Il exhorte à la joie et au
chant pour célébrer "cette fête des fêtes, l'Assomption de la toujours
vierge"[3].
Parce qu'il était opportun que le corps qui a porté Dieu et fut le réceptacle
divinisé, incorruptible, éclairé par la lumière divine, fût élevé dans la
gloire avec l'âme agréable à Dieu".[4]
A Constantinople, en
imitant les liturgies de Jérusalem, deux sanctuaires, aujourd'hui détruits
commémorent la mort et l'Assomption de Marie : Chalkoprateia et
surtout Blacherne avec
la source miraculeuse, les icônes, entre autre la Blachernitissa appelé
aujourd'hui la Vierge du Signe et les traditions des reliques (qui remontent au
VII° et VIII° siècle).
En Occident, le pape
Grégoire le Grand (540-604), dans son sacramentaire, présente un
formulaire liturgique de la « fête où la sainte Mère de Dieu a subi la
mort temporelle, sans cependant connaître l'humiliation de l'esclavage de la
mort », parce que Dieu l'a exaltée au-dessus des anges.
Dans le Missel
gothique-gallican, du VI-VII° siècle, le jour de l'Assomption est un
« sacrement [= un mystère] qui n'est pas explicable », et il est
« à honorer plus que les autres jours », parce que « la Vierge
Mère de Dieu a émigré du monde au Christ. Elle n'a pas été contaminée par la
corruption et elle n'a pas subi l'esclavage du sépulcre. »
L'âge d'or de la
réflexion se situe au 8° siècle, avec notamment saint Germain de
Constantinople († 733). Le ton très serein de toutes ces homélies, montre que
la réflexion doctrinale s'est déroulée sans heurts, dans la joie de la fête
liturgique.
Pendant des siècles,
l'Eglise vit cette foi à travers la liturgie.
Le dogme catholique
L'Eglise catholique
romaine, dans un acte de louange envers Dieu, promulgue le dogme de
l'Assomption le 1° novembre 1950, jour de Toussaint, signe que l'Assomption de
Marie est une espérance pour la destinée de tous.
[1] Panarion,
Haer. 78,11
[2] Cf.
M. Chaine, Sermon de Théodose, patriarche d'Alexandrie, sur la dormition et
l'assomption de la Vierge, « Revue de l'Orient Chrétien » 29
(1933-1934),273-313. (texte copte et texte français). Il existe une version
arabe : Vatic. Arabo 698.
[3] Homélie
sur l'Assomption de la Sainte Mère de Dieu, 31
[4] Ibid.,
9
A.
Gila, L.
Gambero, F.
Breynaert
Faculté théologique
pontificale "Marianum", Rome
SOURCE : http://www.mariedenazareth.com/13491.0.html?&L=0
La mort de Marie selon
les pères de l’Eglise
Nombreux sont les pères
de l'Eglise qui font une référence explicite à la mort de Marie ; les
motivations qui sont alléguées sont toutes de convenance :
Marie est morte à cause
de sa nature humaine[1],en
tant que descendante d'Adam[2] elle
suit, elle aussi, les lois de la nature[3],elle
est morte parce que le Christ aussi est mort selon la chair[4],
et parce qu'elle a aussi bu le calice[5].
D'autre part, ces
affirmations sont considérablement adoucies ou réduites.
La mort naturelle de
Marie ne comporte pas - comme pour toute l'humanité - un esclavage, mais elle
consiste presque dans un sommeil extatique, semblable au sommeil d'Adam quand
de son côté Ève a été formée[6].
Il ne faudrait donc pas
appeler son départ du monde une « mort », mais il est plus logique de
le définir « dormition » ou « passage » ou plutôt une
« entrée dans la demeure de Dieu »: en effet, elle entre dans une condition
meilleure [7], il
s'agit d'un sommeil bienheureux[8] d'un
passage glorieux de la terre au ciel[9].
[1] Germain
de Constantinople, deuxième discours sur la dormition
[2] s.
Augustin, Explication du Psaume 34,2.3
[3] Andrée
de Crète, Sermon sur la dormition
[4] Jean
Damascène, 2e homélie sur la dormition 10
[5] Jacques
de Sarug, Sermon sur le passage
[6] André
de Crète, Sermon sur la dormition
[7] Jean
Damascène, 1e Homélie sur la dormition, 10
[8] Modeste
de Jérusalem, Homélie (louange) sur la dormition, 7
[9] Germain
de Constantinople, 1er Discours sur la dormition
SOURCE : http://www.mariedenazareth.com/13488.0.html?&L=0
L’incorruptibilité du
corps de Marie selon les pères de l'Eglise
Le corps de Marie n'a pas
connu la décomposition et il n'a pas été réduit en poussière.
Le premier argument est
le mystère de l'incarnation, thème répété avec une fréquence considérable.
Le corps de Marie est incorruptible parce que durant sa vie terrestre il a
accueilli le corps du Christ[1],
parce qu'il a été "temple vivant du Fils unique de Dieu"[2],
parce qu'elle a reçu la vie[3].
Le second argument se
rattache au mystère de la virginité dans la conception et l'enfantement. En
effet, « comment peut-elle supporter la sépulture celle qui n'a pas connu
le rapport viril?»[4].
De même que l'utérus de Marie est resté intègre lors de l'accouchement, de la
même façon, sa chair ne s'est pas dissolue lors de sa mort. Elle a échappé à la
corruption de l'accouchement et le sépulcre ne l'a pas accueilli dans l'extrême
corruption de la mort[5].
Le troisième argument est
déduit du rôle de Marie dans l'œuvre de la rédemption réalisée par le Christ. « En
effet, comment ta chair pouvait-elle se dissoudre en cendre et se réduire en
poussière, alors que tu avais libéré le genre humain de la corruption de la
mort, par l'incarnation de celui qui est né de toi?»[6]
[1] Modeste
de Jérusalem, Homélie (louange) sur la dormition, 7
[2] Germain
de Constantinople, 1re Discours sur la dormition
[3] Germain
de Constantinople, 2e Discours sur la dormition
[4] Giovanni
Damasceno, Canon sur la dormition, 4
[5] André
de Crète, 2e Sermon sur la dormition
[6] Germain
de Constantinople, 1e Discours sur la dormition
SOURCE : http://www.mariedenazareth.com/13489.0.html?&L=0
Zanobi
Strozzi, Assunzione della Vergine coi SS. Girolamo e Francesco, anni 1460 ca, the
National Gallery of Ireland
Marie dans la gloire de
Dieu
La condition
post-temporelle de Marie est vue par les pères de l'Eglise comme une
élévation dans la gloire du Seigneur :
- « Le Christ notre Dieu
a établi et fixé, en conformité au consentement de son Père et de l'Esprit
Saint de faire monter auprès de lui sa mère pour qu'elle soit avec lui exaltée
dans la gloire. » [1]
- Libre de la corruption,
le Fils l'a assumée auprès de lui[2].
- Le Christ l'a appelée
au siège de la béatitude[3].
- « Ton âme assurément
n'est pas descendue dans l'Hadès mais bien plus, ta chair elle-même "n'a
pas vu la corruption"[4] Ton
corps sans souillure et très pur ne fut pas abandonné à la terre : mais aux
demeures royales des cieux tu fus emportée, toi, la reine, la souveraine, la
maîtresse, la Mère de Dieu, la vraie Théotokos. »[5]
Pendant que Marie est
transférée dans la gloire le cosmos est bouleversé :
« Qu'advient-il alors ?
Je suppose les éléments ébranlés et bouleversés, des voix, des rumeurs, des
fracas (...) Alors les maladies étaient en fuite, les bandes de démons en
déroute, de partout refoulées aux demeures souterraines. L'air, l'éther, le
ciel étaient sanctifiés par la montée de l'esprit, la terre par la déposition
du corps. (...) Dans la langue des anges, un hymne se fait entendre, tel qu'ils
peuvent le moduler, tandis que les Apôtres et les Pères tout remplis de Dieu
chantent des cantiques divins composés par l'Esprit »[6]
N.B. Pour rendre plus
compréhensible l'Assomption de Marie dans la gloire, les pères de l'Eglise
prendront la figure d'Elie ou celle de l'arche d'Alliance.
[1] Modeste
de Jérusalem, Homélie (louange) sur la dormition, 2
[2] Germain
de Constantinople, 1e discours sur la dormition
[3] Modeste
de Jérusalem, Homélie (louange) sur la dormition, 10
[4] Act.
2,31. Cf. Ps. 16,10. Application à la Théotokos de ce qui est dit de son Fils,
préservé de la corruption.
[5] Saint
Jean Damascène, sur la dormition I,12, in sources chrétiennes 80, par P.VOULET,
Cerf, Paris, 1961, p. 117.
[6] Saint
Jean Damascène, sur la dormition II,11, in sources chrétiennes 80, par
P.VOULET, Cerf, Paris, 1961, p. 151-153
A. Gila
SOURCE : http://www.mariedenazareth.com/13490.0.html?&L=0
Bartolomeo
della Gatta, Assunzione della Vergine coi SS. Benedetto e Scolastica, 1473 ca.
(Cortona, Museo Diocesano)
Bartolomeo della Gatta (1448–1502), The Lady of the Assumption Gives St Thomas Her Belt, circa 1475, tempera on panel 317 x 221, Diocesan Museum in Cortona
Le ‘Transitus Virginis’
ou ‘Dormitio Mariae’
Contenu
Le 'Transitus Virginis'
ou 'Dormitio Mariae' est un document[1] qui
présente les derniers instants de la vie terrestre de Marie et se préoccupe de
faire pressentir au lecteur que dans le cas de Marie le corps ne subit pas les
effets de la décomposition du sépulcre, mais il fut porté au ciel.
Datation
Le texte le plus ancien,
partiellement conservé en grec et plus complètement en éthiopien, est attribué
à un certain Leucio, disciple de saint Jean.
La composition dans la
forme actuelle remonte au IV-V° siècle. Mais dans ce document « sont
conservés des informations et des formes littéraires Judéo-chrétiennes, plus
évidentes dans le code Vatican grec 1892, qui autorisent l'hypothèse d'un archétype datant
des II ou III° siècle. [2].
Le spécialiste B. Bagatti qui a beaucoup approfondi ce document en lien aussi
avec les découvertes archéologiques affirme que sa rédaction primitive doit
être datée à une période très antérieure au IV° siècle[3].
Harmonie avec
l'archéologie
Ce qui frappe beaucoup
dans ce document c'est la coïncidence surprenante avec les données offertes par
les découvertes archéologiques : les trois chambres sépulcrales mises au
jour par les fouilles correspondent aux trois chambres décrites dans la version
syrienne du document.
Importance
Ce document n'a pas eu de
chance auprès des Pères des quatre premiers siècles parce qu'il provenait de
l'église Judéo-chrétienne qui avait une activité séparée des chrétiens
d'origine païenne. On ne doit oublier que l'Église Judéo-chrétienne fut
considérée comme schismatique pendant les premiers siècles de l'Église[4].
Le message fondamental du
pseudo-épigraphe remontant au II-III° siècle, maintenant perdu, mais
substantiellement présent dans les codes du IV-V° siècle devait être
celui-ci : le corps de Marie Vierge Mère du Seigneur ne se décomposa pas,
mais il suivit le sort de son Fils.
Si cette hypothèse
d'étude correspond au déroulement réel des faits, alors nous pouvons conclure
que la foi de l'Église dans l'Assomption corporelle de Marie au ciel rentre
dans une tradition ininterrompue et vivante même si l'événement est enveloppé
dans le voile du mystère.
[1] cf
B. BAGATTI, Le due redazioni del "Transitus Mariae", in
«Marianum» 32 (1970), 279-287; E. PERETTO, o.c., 112-113.
[2] Cf.
A. WENGER, L'Assomption de la T. S. Vierge dans la tradition
byzantine, du VIe au Xe siècle, études et documents, p. 209-241; B.
BAGATTI, S. Pietro nella "Dormitio Mariae", in «Bibbia e
Oriente» 13 (1971), 42-49.
[3] B.
BAGATTI, Le due redazioni del "Transitus Mariae", o.c., 287.
[4] Cf.
G. BESUTTI, Ricerche storiche sull'Assunzione di Maria, in «Riparazione
Mariana» 1978/4, 5-6.
SOURCE : http://www.mariedenazareth.com/13513.0.html?&L=0
Les Églises
syro-occidentales et syro-orientales célèbrent la fête du "Shunoyo" :
l'Assomption, la Dormition et la migration de Marie. C'est "la grande
solennité", ou la "fête divine". On s'y prépare par un jeûne (5
jours chez les Nestoriens) et on prolonge la fête pendant 8 jours.
L’existence de la fête de
l'Assomption est postérieure à saint Ephrem de plusieurs siècles.
Cependant, saint Ephrem
avait déjà chanté l’événement de l’Assomption de la Vierge Marie.
Son hymne est
traditionnel dans la liturgie syrienne (hymnes à Marie pour la liturgie des
heures, n° 16) :
Le corps de Marie est
resté vierge après l’enfantement, ce corps ne connaît pas la corruption après
la mort.
Elle est celle qui a
porté le Créateur devenu enfant dans son sein, qu’elle habite désormais dans
les demeures divines, et que l’épouse de Dieu entre dans la maison du ciel.
Elle a vu son propre fils
en croix, et reçu dans son corps la douleur qu’elle n’a pas soufferte durant
l’enfantement. Elle le contemple siégeant à la droite du Père, et elle ne
connaît pas la corruption après la mort. […]
Qu’elle soit honorée par
toutes les créatures comme la mère et la servante de Dieu.
Cet hymne de saint Ephrem
est présenté par :
Fra Nerwan Al Banna, ofm
SOURCE : http://www.mariedenazareth.com/13230.0.html?&L=0
Attributed to Ludovico
Brea (1450–1523), L'Assomption, circa 1475, 163 x 72, Musée du Petit Palais
La ceinture ou le
maphorion de la Vierge
Les traditions relatives
à la ceinture ou au maphorion de la Vierge remontent au VII° et VIII° siècle,
l'âge d'or de la réflexion sur l'Assomption de Marie.
La trame du récit.
La Vierge en train de
monter au ciel apparut à saint Thomas. Elle le salua et, à la demande de
l'apôtre, laissa choir sa ceinture (ou son « maphorion », manteau) comme preuve
de son Assomption.
Les premières sources.
Les premiers récits de
cet épisode datent du VII° et VIII° siècle, et sont obscurs. Le fait est
signalé pour la première fois dans un tropaire de Maxime le Confesseur
(580-662) [1].
Il est mentionné dans le Transitus Mariae du Pseudo-Joseph
d'Arimathie [2].
Il l'est également au chapitre 4 du Livre arabe du passage de la
Bienheureuse Vierge Marie, ou Dormitio arabe dite des « Six Livres ».
Un discours anonyme [3] évoque
l'invention et la déposition de la ceinture de la Vierge.
Les sanctuaires et la
liturgie de Constantinople.
Germain, patriarche de
Constantinople (715 à 729), évoque les « langes de Jésus » et la ceinture de la
Vierge dans son discours sur les reliques de l'église des Chalcopratia[4].
Euthyme de Constantinople,
patriarche de 907 à 912, évoque la fête de la ceinture de Marie, déposée,
indique-t-il, dans la châsse sous le règne d'Arcadius, empereur de 395 à 408,
selon une inscription trouvée dans la châsse.
Autour de l'an mil,
plusieurs textes font mention de la « ceinture » de Marie : le Synaxaire
de Constantinople (Xe siècle), et le Ménologe de Basile II le
Bulgaroctone, empereur de 963-1025 (PG, t. CXVII, col. 613), selon lequel la
relique aurait été trouvée chez une femme pieuse de Jérusalem puis conservée
dans l'église des Chalcopratia à Constantinople où l'on célébrait la fête de la
« Déposition de la relique de la ceinture de Marie ».
L'Occident a reprend
cette tradition.
Depuis le XIII° siècle
est conservée dans la cathédrale de Prato (Italie, Toscane) une « ceinture de
la Vierge ». Jacques de Voragine (archevêque de Gênes † 1298) a repris les
récits orientaux dans sa Légende dorée (sans distance critique).
[1] En
géorgien, S. Mimouni, Dormition et Assomption de Marie. Histoire des
traditions anciennes, Paris, Beauchesne, 1995, 624-628, p. 625
[2] Vatican
lat. 4363, BHL 5348- 5350
[3] Publié
par F. Combefils, Bibliothecae Patrum Novum Auctuarium, t. II, Paris,
1648, col. 789-804
[4] BHG 1086
et PG, t. XCVIII, col. 372-384
On pourra lire aussi :
G. Bianchini, Notizie istoriche della SS. Cintura di Maria Vergine, Prato, 1766, 30-34 ;
T.
Casini, La Sacra Cintura, Prato, 1954 ;
F. Piccardi, Il S.
Cingolo Mariano in Prato fino alla Traslazione del 1395, Prato, 1895 et rééd.,
1937.
L. Réau, Iconographie
de l'art chrétien, t. II/2, Paris, 1957, 61-63.
Patrick Sbalchiero,
article « Thomas (apôtre) », dans : René Laurentin et Patrick
Sbalchiero,
Dictionnaire
encyclopédique des apparitions de la Vierge. Inventaire des origines à nos
jours. Méthodologie, prosopopée, approche interdisciplinaire, Fayard, Paris
2007.
SOURCE : http://www.mariedenazareth.com/15501.0.html?&L=0
Domenico Ghirlandaio (1448–1494),
Death and Assumption of the Virgin, fresco, circa
1486, Tornabuoni Chape, Santa Maria Novella, Florence, Italy.
Commentaires liturgiques
de la Fête de l’Assomption
On trouvera les textes de
la messe et de l’Office ici
La Fête est attestée à
Jérusalem au début du Ve siècle. Au VIe siècle, l’empereur Maurice impose sa
célébration à tout l’Empire. Elle est attestée à Rome au VIIe siècle comme
l’une des quatre grandes Fêtes mariales, sous le titre de ‘dormition’.
Au VIIIe siècle elle
prend le titre d’Assumptio B.M.V., et est dotée d’une vigile et
d’une octave par Léon IV (847-855).
La Messe de la
Vigile s’est maintenue telle quelle, celle du jour de la Fête fut
remplacée en 1950 par un formulaire plus explicite.
Martimort, dans
l’historique plus bas, et Dom Pius Parsch donnent quelques commentaires de la
Messe de 1950. L’Année Liturgique de Dom Guéranger et le Bhx Schuster ne
peuvent que commenter l’ancien formulaire.
L’Octave était, dans le
calendrier de St Pie V, presque complet : seul le jour octave de
St Laurent (17 août) et la fête de St Bernard (20
août) venaient le rompre. L’ajout progressifs des fêtes de St Hyacinthe (1625,
d’abord le 16 août puis le 17), de St Joachim (1738,
d’abord le dimanche dans l’Octave puis le 16 août), de Ste Jeanne de
Chantal (1769, le 21 août), de St Jean Eudes (1928,
le 19 août), puis la transformation du jour Octave du 22 août en 1944
comme Fête
du Cœur Immaculé de Marie, firent qu’au moment de sa suppression en 1955,
seul le 18 août restait consacré à l’Assomption.
Pour un commentaire
complet (notamment celui de l’Année Liturgique de Dom Guéranger), on se
reportera aux articles sur la vigile,
le 4ème
jour dans l’Octave, le 5ème jour,
et le jour
Octave.
Historique
Pierre Jounel [1]
La fête mariale du 15
août a pris naissance à Jérusalem, où le lectionnaire de 415-417 déclare : « Le
15 août, de Marie, la Théotokos, au deuxième mille de Bethléem ». On y lit la
prophétie de l’Emmanuel (Is. 7,10-16d), le texte de saint Paul sur le Christ «
né de la femme » (Gal. 3,29 - 4,7) et le récit de la naissance de Jésus à
Bethléem (Luc 2,1-7). Il ne s’agit donc pas encore de célébrer la Dormition de
Marie, mais sa maternité divine. De Jérusalem la fête devait se répandre à
travers l’Orient, puis atteindre la Gaule et Rome. L’évangéliaire romain de 645
ne connaît pas encore la fête du 15 août, mais celui de 740 annonce Sollemnia
de pausatione sanctae Mariae et celui du 9e siècle fera de même. C’est sous ce
titre, reçu de l’Orient, que la fête avait pénétré à Rome et qu’elle est
mentionnée dans le Liber Pontificalis, qui énumère les quatre processions
décrétée par le pape Sergius Ier diebus Adnuntiationis Domini, Dormitionis et
Nativitatis sanctae Dei genetricis semperque virginis Mariae ac sancti
Symeonis, quod Ypappanti Graeci appellant [2]. Cependant, dans les mêmes
années, si l’on s’en rapporte à l’analyse d’A. Chavasse [3], le sacramentaire
grégorien intitulait la fête du 15 août Adsumptio sanctae Mariae, comme on le
faisait en Gaule, où l’Assomption était célébrée le 18 janvier. Le vocabulaire
des martyrologes devait rester plus longtemps fidèle au modèle oriental. Mais
la déclaration d’Usuard contre les apocryphes du type Transitus Mariae, le 15
août, ne l’empêche pas de noter, au 14, la vigilia Assumptionis. Au XIe siècle,
le martyrologe de Saint-Pierre continue à tenir le langage de ses congénères,
quand il annonce Sanctae Mariae dormitio.
Dans la seconde moitié du
XIIe siècle, l’Assomption était célébrée au Latran avec la même solennité que
Noël, au dire de l’Ordo, qui lui consacre une ample description. Il évoque, en
particulier, la procession nocturne. Mais, bien qu’on célèbre l’Assomption avec
ferveur au Latran, on y lit durant les vigiles et pendant toute l’octave
l’opuscule pseudo-hiéronymien Cogitis me, o Paula dans lequel Paschase Radbert,
sans nier explicitement l’assomption de Marie, met en doute sa résurrection
corporelle et veut qu’on ne présente le fait que sous la forme d’une simple
opinion [4]. Quant au missel du Latran, il reproduit les oraisons de
l’Hadrianum, indiquant pour la station ad sanctum Adrianum l’oraison Veneranda,
qui affirme explicitement la résurrection de la sainte Mère de Dieu : «
Veneranda nobis domine huius est diei festivitas in qua sancta Dei genetrix
mor-tem subiit temporalem, née tamen mortis nexibus deprimi potuit, qui Filium
tuum dominum nostrum de se genuit incarnatum ».
En décrivant les
manuscrits du passionnaire du Latran et de l’antiphonaire Vat. lat. 5379, on a
relevé une anomalie : le premier ne contient aucune lecture pour le 15 août ;
le second a une messe, le 14, in vigilia S. Marie, mais non le lendemain pour
la fête. Sans doute faut-il expliquer cette absence par le fait qu’au début du
12e siècle le clergé du Latran participait à la procession, qui comportait la
célébration de l’office nocturne à Sainte-Marie-la-Neuve et s’achevait par la
messe à Sainte-Marie-Majeure.
[1] Cf. Pierre Jounel, Le
Culte des Saints dans les Basiliques du Latran et du Vatican au douzième
siècle, École Française de Rome, Palais Farnèse, 1977.
[2] L. Duchesne, Le Liber
Pontificalis, tome 1er, p. 376. Un siècle plus tard, le pape Adrien 1er fit
exécuter un parement d’autel habentem adsumptionem sanctae Dei genetricis pour
Sainte-Marie-Majeure (ibid., p. 500).
[3] A. Chavasse, Le
sacramentaire gélasien, pp. 390-397.
[4] Pour le texte P.L.
30, col. 122-142. Pour son étude on trouvera une bibliographie dans la Clavis
Patrum latinorum, editio altéra 1961, Coll. Sacris erudiri, p. 144, n° 633,
epistola 9. La pensée de Paschase Radbert est identique à celle d’Usuard, mais
Usuard lui-même n’a fait que reproduire, en l’abrégeant, un long développement
qu’ Adon a inséré au 8 septembre (MA 594).
D’après L’Église en
Prières, Martimort et alii.
La récente définition
dogmatique de l’Assomption de la Vierge a eu pour conséquence une assez massive
révision du formulaire antérieur de la fête, tant pour les hymnes et leçons du
bréviaire que pour le missel, où les oraisons, les chants de l’introït, du
graduel, de l’offertoire et de la communion, les textes de l’épître et de
l’évangile sont nouveaux. Seul, le verset de l’Alléluia : « Assumpta est Maria
in cælum, gaudet exercitus angelorum » a pu être maintenu, malgré son
imprécision.
Ce fait massif ne
mériterait pas d’être souligné s’il ne révélait, par contraste, combien discret
et anormalement neutre fut jugé — et est en effet pour ce qui regarde
l’assomption corporelle, — le formulaire romain antérieur, resté
presqu’inchangé depuis les débuts, soit depuis le VIIe siècle [5].
Cette obstinée réserve,
évidemment voulue à l’origine, perpétuait les scrupules des théologiens anciens
— les Carolingiens surtout — inquiets du revêtement légendaire de la croyance.
Déjà depuis Grégoire de Tours [6] (573-593), sa ferveur s’appuyait sur d’anciens
récits apocryphes orientaux. La défiance datait de longtemps : les premiers
sacramentaires en témoignent déjà, par une sorte de significative imprécision
neutraliste des formules. En effet, lorsque, vers la fin du VIe siècle, un net
décret de l’empereur Maurice (582-602) avait déjà rendu la fête obligatoire
partout, le formulaire gélasien, composé de pièces empruntées à des sources
romaines antérieures, n’accusait sa destination nouvelle que dans la secrète,
par l’addition imprécise : « vel talis assumpta est ». Quant à l’Hadrianum, de
ses trois oraisons [7] — celles-là même que reprendra et gardera le missel
romain — seule la secrète évoque la fête par un « pro condicionis carnis
migrasse cognoscimus » volontairement incolore.
Un siècle environ après
saint Grégoire, soit vers l’an 700, le pape Serge Ier, syrien d’origine,
voulant instituer à Rome trois processions stationnales pour l’Annonciation, la
Dormition et la Nativité, faisait composer pour celle du 15 août une admirable
oraison de départ du cortège, ainsi conçue [8] :
Veneranda nobis, Domine,
huius est diei festivitas, in qua sancta Dei Genetrix mortem subiit temporalem,
nec tamen mortis nexibus deprimi potuit, quæ Filium tuum, Dominum nostrum, de
se genuit incarnatum. Per eumdem.
Vénérable est pour nous,
Seigneur, la fête qui commémore ce jour en lequel la sainte Mère de Dieu subit
la mort temporelle, mais néanmoins ne put être retenue par les liens de la
mort, elle qui avait engendré de sa substance votre Fils, notre Seigneur
incarné.
La netteté doctrinale de
cette ardente prière fait contraste avec l’insignifiance calculée du formulaire
romain antérieur. Au reste, une de ses sources d’inspiration semble bien avoir
été le « kontakion » byzantin de la fête de l’Assomption, de doctrine si
réfléchie :
La Theotokos, infatigable
en ses intercessions, espoir inébranlable grâce à ses plaidoyers, ni le tombeau
ni la mort ne l’ont retenue. Étant mère de la Vie, c’est à la Vie qu’elle fut
transférée par Celui qu’avait renfermé son sein virginal.
Autant que le « kontakion
» grec, l’oraison latine Veneranda est plus que simple louange : elle professe
le privilège marial et en fournit soigneusement la justification théologique.
Sans doute voulait-on, en imposant son texte si ferme, mettre fin à certaines
hésitations doctrinales.
N’appartenant pas à la
messe, mais créée en vue de la procession stationnale romaine, Veneranda
devenait sans objet hors de la Ville éternelle. Elle finit par disparaître du
formulaire, lorsque le Missale secundum consuetudinem Romanæ curiæ se fut
répandu partout. Témoin insigne de la doctrine, on l’a maintenue, moyennant de
légères retouches, à Lyon et à Milan, et elle est restée en usage dans
plusieurs ordres religieux.
Aux autres incolores et
trop prudentes formules romaines ont aujourd’hui succédé de lumineuses visions
de gloire : la Mulier amicta sole et couronnée d’étoiles (introït), revêtue
texturæ aureæ, intégralement ressuscitée comme son Fils, tota decora ingreditur
(graduel).
5] On sait par le
prologue au Supplément ajouté par Alcuin au Sacramentaire grégorien, que le
texte primitif ne comportait pas l’Assomption (cf. éd. LIETZMANN, p. xix).
D’autre part, l’Assomption est une des quatre fêtes mariales que le pape Serge
Ier (687-701) dotera d’une procession.
[6] De gloria martyrum I,
4 ; PL 71 col. 708.
[7] Elles ne font pas
partie du Grégorien primitif : cf. note 1.
[8] LIETZMANN, op. cit.,
p. 88, n. 147.
L.-F.
Gosse. Assomption de la Vierge Marie,
Église
de l'Assomption de Notre-Dame, bas-côté sud.
Photographie
de Pierre Poschadel
Dom
Guéranger, l’Année Liturgique
« Aujourd’hui la
vierge Marie est montée aux cieux ; réjouissez-vous, car elle règne avec
le Christ à jamais » [9].
Ainsi l’Église conclura
les chants de cette journée glorieuse ; suave antienne, où se résument
l’objet de la fête et l’esprit dans lequel elle doit être célébrée.
Il n’est point de
solennité qui respire à la fois comme celle-ci le triomphe et la paix, qui
réponde mieux à l’enthousiasme des peuples et à la sérénité des âmes consommées
dans l’amour. Certes le triomphe ne fut pas moindre au jour où le Seigneur,
sortant du tombeau par sa propre vertu, terrassait l’enfer ; mais dans nos
âmes, si subitement tirées de l’abîme des douleurs au surlendemain du Golgotha,
la soudaineté de la victoire mêlait comme une sorte de stupeur [10] à
l’allégresse de ce plus grand des jours. En présence des Anges prosternés, des
disciples hésitants, des saintes femmes saisies de tremblement et de
crainte [11],
on eût dit que l’isolement divin du vainqueur de la mort s’imposait à ses plus
intimes et les tenait comme Madeleine à distance [12].
Dans la mort de Marie,
nulle impression qui ne soit toute de paix ; nulle cause de cette mort que
l’amour. Simple créature, elle ne s’arrache point par elle-même aux liens de
l’antique ennemie ; mais, de cette tombe où il ne reste que des fleurs,
voyons-la s’élever inondée de délices, appuyée sur son bien-aimé [13].
Aux acclamations des filles de Sion qui ne cesseront plus de la dire
bienheureuse [14], elle monte entourée des esprits célestes
formant des chœurs, louant à l’envi le Fils de Dieu [15]. Plus rien qui, comme au pays des ombres,
vienne tempérer l’ineffable éclat de la plus belle des filles d’Ève ; et
c’est sans conteste que par delà les inflexibles Trônes, les Chérubins
éblouissants, les Séraphins tout de flammes, elle passe enivrant de parfums la
cité bienheureuse. Elle ne s’arrête qu’aux contins même de la Divinité, près du
siège d’honneur où le Roi des siècles, son Fils, règne dans la justice et la
toute-puissance : c’est là qu’elle aussi est proclamée Reine ; c’est
de là qu’elle exercera jusqu’aux siècles sans fin l’universel empire de la
clémence et de la bonté.
Cependant, ici-bas, le
Liban, Amana, Sanir et Hermon, toutes les montagnes du Cantique sacré [16],
semblent se disputer l’honneur de l’avoir vue s’élever de leurs sommets vers
les cieux ; et véritablement la terre entière n’est plus que le piédestal
de sa gloire, comme la lune est son marchepied, le soleil son vêtement, comme
les astres des cieux forment sa couronne brillante [17].
« Fille de Sion, vous êtes toute belle et suave » [18], s’écrie l’Église, et son ravissement mêle
aux chants du triomphe des accents d’une exquise fraîcheur : « Je
l’ai vue belle comme la colombe qui s’élève au-dessus des ruisseaux ; ses
vêtements exhalaient d’inestimables senteurs, et comme le printemps
l’entouraient les roses en fleurs et les lis des vallées » [19].
Même douce limpidité dans
les faits de l’histoire biblique où les interprètes des saints Livres ont vu la
figure du triomphe de Marie. Tant que dure ce monde, une loi imposante garde
l’entrée du palais éternel : nul n’est admis à contempler, sans déposer
son manteau de chair, le Roi des cieux [20].
Il est pourtant quelqu’un de notre race humiliée, que n’atteint pas le décret
terrible [21] :
la vraie Esther s’avance par delà toutes barrières [22]
en sa beauté dépassant toute croyance [23].
Pleine de grâces, elle justifie l’amour dont l’a aimée le véritable
Assuérus [24] ;
mais dans le trajet qui la conduit au redoutable trône du Roi des rois, elle
n’entend point rester solitaire : soutenant ses pas, soulevant les plis de
son royal vêtement, deux suivantes l’accompagnent [25],
qui sont l’angélique et l’humaine natures, également fières de la saluer pour
maîtresse et pour dame, toutes deux aussi participantes de sa gloire.
Si de l’époque de la
captivité, où Esther sauva son peuple, nous remontons au temps des grandeurs
d’Israël, l’entrée de Notre-Dame en la cité de la paix sans fin nous est
représentée par celle de la reine de Saba dans la terrestre Jérusalem. Tandis
qu’elle contemple ravie la magnificence du très haut prince qui gouverne en
Sion : la pompe de son propre cortège, les incalculables richesses du
trésor qui la suit, ses pierres précieuses, ses aromates, plongent dans
l’admiration la Ville sainte. Jamais, dit l’Écriture, on ne vit tant et de si
excellents, parfums que ceux que la reine de Saba offrit au roi Salomon [26].
La réception faite par le
fils de David à Bethsabée sa mère, au troisième livre des Rois, vient achever
non moins heureusement d’exprimer le mystère où la piété filiale du vrai
Salomon a si grande part en ce jour. Bethsabée venant vers le roi, celui-ci se
leva pour aller à sa rencontre, et il lui rendit honneur, et il s’assit sur son
trône ; et un trône fut disposé pour la mère du roi, laquelle s’assit à sa
droite [27].
O Notre-Dame, combien en effet vous dépassez tous les serviteurs, ministres ou
amis de Dieu ! « Le jour où Gabriel vint à ma bassesse, vous fait
dire saint Éphrem, de servante je fus reine ; et moi, l’esclave de ta
divinité, soudain je devins mère de ton humanité, mon Seigneur et mon
fils ! O fils du Roi, qui m’as faite moi aussi sa fille, ô tout céleste
qui introduis aux cieux cette fille de la terre, de quel nom te nommer [28] ? »
Lui-même le Seigneur
Christ a répondu ; le Dieu fait homme nous révèle le seul nom qui, en
effet, l’exprime pleinement dans sa double nature : il s’appelle le Fils.
Fils de l’homme comme il est Fils de Dieu, il n’a qu’une mère ici-bas, comme il
n’a qu’un Père au ciel. Dans l’auguste Trinité il procède du Père en lui
restant consubstantiel, ne se distinguant de lui que parce qu’il est Fils,
produisant avec lui l’Esprit-Saint comme un seul principe ; dans la
mission extérieure qu’il remplit à la gloire de la Trinité sainte, communiquant
pour ainsi dire à son humanité les mœurs de sa divinité autant que le comporte
la diversité des natures, il ne se sépare en rien de sa mère, et veut l’avoir
participante jusque dans l’effusion de l’Esprit-Saint sur toute âme. Ineffable
union, fondement des grandeurs dont le triomphe de ce jour est le couronnement
pour Marie. Les jours de l’Octave nous permettront de revenir sur quelques-unes
des conséquences d’un tel principe ; qu’il nous suffise aujourd’hui de
l’avoir posé.
« Comme donc le
Christ est Seigneur, dit l’ami de saint Bernard, Arnauld de Bonneval, Marie
aussi est Dame et souveraine. Quiconque fléchit le genou devant le fils, se
prosterne devant la mère. A son seul nom les démons tremblent, les hommes
tressaillent, les anges glorifient Dieu. Une est la chair de Marie et du
Christ, un leur esprit, un leur amour. Du jour où il lui fut dit, Le Seigneur
est avec vous, irrévocable en fut la grâce, inséparable l’unité ; et pour
parler de la gloire du fils et de la mère, ce n’est pas tant une gloire commune
que la même gloire qu’il faut dire » [29]. — « O toi la beauté et l’honneur de ta
mère, reprend le grand diacre d’Édesse, ainsi l’as-tu parée en toutes manières,
celle qui avec d’autres est ta sœur et ton épouse, mais qui seule t’a
conçu » [30].
« Venez donc, ô
toute belle, dit Rupert à son tour, vous serez couronnée [31],
au ciel reine des Saints, ici-bas reine de tout royaume. Partout où l’on dira
du bien-aimé qu’il a été couronné de gloire et d’honneur, établi prince sur
toutes les œuvres du Père [32],
partout aussi on publiera de vous, ô bien-aimée, que vous êtes sa mère, et
partant reine de tout domaine où s’étend sa puissance ; et, à cause de
cela, les empereurs et les rois vous couronneront de leurs couronnes et vous
consacreront leurs palais » [33].
LES PREMIÈRES VÊPRES.
Entre les fêtes des
Saints, c’est ici la solennité des solennités. « Que le génie de l’homme
s’emploie à relever sa magnificence ; que le discours reflète sa majesté.
Daigne la souveraine du monde agréer le bon vouloir de nos lèvres [34],
aider notre insuffisance, illuminer de ses propres feux la sublimité de ce
jour » [35].
Ce n’est point
d’aujourd’hui seulement que le triomphe de Marie ramène l’enthousiasme au cœur
du chrétien. Aux temps qui précédèrent le nôtre, l’Église montrait, par des
prescriptions conservées au Corps du Droit, la prééminence qu’occupait dans sa
pensée le glorieux anniversaire. C’est ainsi que, sous Boniface VIII, elle lui
réservait, comme aux seules fêtes de Noël, de Pâques et de Pentecôte, le
privilège d’être célébré, dans les pays mêmes soumis à l’interdit, au son des
cloches et avec la splendeur accoutumée [36].
Dans ses instructions aux
Bulgares nouvellement convertis, saint Nicolas Ier, qui occupa le Siège apostolique
de 858 à 867, rapprochait de même déjà les quatre solennités sous une seule
recommandation, quant aux jeûnes de Carême, de Quatre-Temps ou de Vigiles qui
s’y rattachent : jeûnes, disait-il, que dès longtemps la sainte Église
Romaine a reçus et observe [37].
Il convient de rapporter
au siècle précédent la composition du célèbre discours qui fournit jusqu’à
saint Pie V les Leçons des Matines de la fête, et dont l’inspiration, le texte
lui-même, se retrouve encore en plus d’un endroit de l’Office actuel [38]. L’auteur, digne des grands âges par le style
et la science, mais se couvrant d’un faux personnage, débutait ainsi :
« Vous voulez, ô Paula et Eustochium, que laissant de côté la forme de
traités qui m’est habituelle, je m’essaie, genre nouveau pour moi, à célébrer
selon le mode oratoire l’Assomption de la bienheureuse Marie toujours
vierge » [39]. Et le saint Jérôme supposé disait
éloquemment la grandeur de cette fête « incomparable comme celle qui s’y
éleva glorieuse et fortunée au sanctuaire du ciel : solennité, admiration
des armées angéliques [40]
bonheur des citoyens de la vraie patrie, qui ne se contentent pas de lui donner
comme nous un jour, mais la célèbrent sans fin dans l’éternelle continuité de
leur vénération, de leur amour et de leur triomphante allégresse » [41].
Pourquoi faut-il qu’une répulsion légitime pour les excès de quelques
apocryphes ait amené l’auteur de ce bel exposé des grandeurs de Marie à hésiter
sur la croyance au privilège glorieux de son Assomption corporelle [42] ? Prudence trop discrète, qu’allaient
exagérer bientôt les martyrologes d’Usuard et d’Adon de Vienne.
Ce n’était pas pourtant
sur les rives de la Seine ou celles du Rhône qu’il eût convenu de méconnaître
une tradition s’affirmant toujours plus chaque jour, et dont, avant toutes
autres, nos Églises des Gaules avaient eu la gloire dé consacrer en Occident la
formule explicite. Qui, mieux que ne le faisait l’antique Liturgie gallicane, a
su depuis chanter cette Assomption plénière, conséquence de la divine et
virginale maternité, et comme elle apportant joie au monde [43] ? « Ni douleur dans l’enfantement,
ni labeur en la mort, ni dissolution au tombeau, nulle tombe ne pouvant retenir
celle que la terre n’a point souillée » [44] :
ainsi nos pères exprimaient le mystère, et ils s’excitaient à gagner la patrie
où nous précède corporellement la Vierge bienheureuse [45].
Au grand chagrin de plus
d’une âme sainte [46], l’autorité du faux saint Jérôme, survenant
à l’heure où se consommait l’abandon de la Liturgie gallicane par les premiers
Carlovingiens [47], déconcerta quelque peu la piété de nos
contrées. Mais on n’arrête pas le mouvement qu’il plaît au Saint- Esprit
d’imprimer à la foi des peuples. Au XIIIe siècle, les deux princes de la
théologie, saint Thomas et saint Bonaventure, s’accordaient pour souscrire au
sentiment redevenu général de leur temps, touchant la croyance à la
résurrection anticipée de Notre-Dame. Bientôt cette croyance s’imposait, par le
fait de son universalité, comme la doctrine même de l’Église ; dès l’année
1497, la Sorbonne déniait la liberté de se produire aux propositions qui s’élevaient
à l’encontre, et les frappait de ses plus dures censures [48]. En 1870, le concile du Vatican, trop tôt
suspendu, ne put donner suite au vœu instamment exprimé alors d’une définition
qui eût achevé la glorieuse couronne de lumière, œuvre des siècles, hommage de
l’Église militante à la Reine des cieux. Mais la proclamation de la Conception
immaculée, qui reste acquise à notre temps, encourage nos espérances pour
l’avenir. L’Assomption corporelle de la divine Mère se présente désormais comme
le corollaire dogmatique, immédiat, d’un dogme révélé : Marie, n’ayant
rien connu du péché d’origine, n’a contracté nulle dette avec la mort son
châtiment ; c’est librement que, pour se conformer à son Fils, elle a
voulu mourir ; et, de même que le saint de Dieu, la sainte de son Christ
n’a pu connaître la corruption du tombeau [49].
Si d’anciens calendriers
donnent à la fête de ce jour le titre de Sommeil ou Repos, dormitio, pausatio,
de la Bienheureuse Vierge, on ne saurait en conclure qu’au temps où ils furent
rédigés, cette fête n’avait pas d’autre objet que la très sainte mort de
Marie ; les Grecs, de qui cette expression nous est parvenue, ont toujours
compris dans la solennité le glorieux triomphe qui suivit cette mort. Il en est
de même des Syriens, des Chaldéens, des Coptes, des Arméniens.
Chez ces derniers,
conformément à l’usage qu’ils ont de rattacher leurs fêtes à un jour précis de
la semaine, et non au quantième du mois, l’Assomption est fixée au Dimanche qui
se rencontre entre le 12 et le 18 août. Précédée d’une semaine de jeûnes, elle
donne son nom à la série des autres Dimanches qui la suivent, jusqu’à
l’Exaltation de la sainte Croix en septembre.
A Rome, l’Assomption ou
Dormitio de la sainte Mère de Dieu apparaît au VIIe siècle, comme célébrée
depuis un temps qu’on ne saurait définir [50] ;
on ne voit pas qu’elle y ait eu jamais d’autre jour propre que le quinzième du
mois d’août. Au rapport de Nicéphore Calliste [51], c’est la même date que lui assignait pour
Constantinople, à la fin du VIe siècle, l’empereur Maurice ; or, comme
entre plusieurs autres solennités dont l’historien rappelle au même lieu
l’origine, celle de la Dormitio est la seule dont il dise qu’elle ait été, non
pas établie, mais fixée par Maurice à tel jour, de savants auteurs en ont tiré
la conclusion de la préexistence de la fête elle-même à l’édit impérial :
celui-ci n’aurait eu pour but que de mettre un terme à certaine diversité
d’usage quant au jour où elle était célébrée [52].
C’était le temps où, bien
loin de Byzance, nos pères, les Francs Mérovingiens, célébraient au 18 janvier
la glorification de Notre-Dame avec cette plénitude de doctrine que nous avons
rapportée. Quelle que puisse être l’explication du choix de ce jour, il est à
noter qu’aujourd’hui encore les Coptes des bords du Nil annoncent dans leur synaxaire,
au 21 du mois de Tobi, qui répond à notre 28 janvier, le Repos de la Vierge
Marie, Mère de Dieu, et l’Assomption de son corps au ciel ; ils reprennent
du reste cette annonce au 16 de Mesori, 21 août, et c’est également au premier
de ce mois de Mesori qu’ils commencent leur carême de la Mère de Dieu,
comprenant quinze jours comme celui des Grecs [53].
Il est des auteurs qui
ont fait remonter la fête de l’Assomption de Notre-Dame aux Apôtres eux-mêmes.
Le silence des monuments primitifs de la Liturgie favorise peu leur sentiment.
L’hésitation sur la date qu’il convenait d’attribuer à cette fête, la liberté
laissée longtemps à son sujet, paraissent manifester plutôt dans sa première
institution l’initiative spontanée des Églises diverses, à l’occasion de
quelque fait attirant l’attention sur le mystère ou l’ayant mis en plus grand
jour. De cette sorte a pu être, vers l’an 451, la relation partout répandue
dans laquelle Juvénal de Jérusalem exposait à l’impératrice sainte Pulchérie et
à son époux Marcien l’histoire du tombeau, vide de son précieux dépôt, que les
Apôtres préparèrent pour Notre-Dame au pied du mont des Oliviers. Les paroles
suivantes de saint André de Crète, au VIIe siècle, font bien voir la marche un
peu indécise à l’origine qui résulta de telles circonstances pour la nouvelle
solennité ; né à Damas, moine à Jérusalem, puis diacre de Constantinople,
avant de ceindre enfin la couronne des pontifes dans l’île célèbre d’où lui
resta son nom, il n’est personne qui soit mieux en mesure que notre Saint de
parler en connaissance de cause pour l’Orient : « La solennité
présente, dit-il, est pleine de mystère, ayant pour objet de célébrer le jour
où s’endormit la Mère de Dieu ; elle s’élève plus haut, cette solennité,
que le discours ne peut atteindre ; il n’a pas été tout d’abord, ce
mystère, célébré par plusieurs, mais tous maintenant l’aiment et l’honorent. A
son sujet, le silence précéda longtemps le discours, l’amour maintenant
divulgue l’arcane. On doit manifester le don de Dieu, non l’enfouir ; on
doit le présenter, non comme récemment découvert, mais comme ayant recouvré sa
splendeur. Quelques-uns de ceux qui furent avant nous ne le connurent
qu’imparfaitement : ce n’est pas une raison de se taire toujours ; il
ne s’est pas totalement obscurci : proclamons-le, et faisons fête.
Qu’aujourd’hui s’unissent les habitants des cieux et ceux de la terre, qu’une
soit la joie de l’ange et de l’homme, que toute langue tressaille et chante Je
vous salue à la Mère de Dieu » [54].
Nous aussi, faisons
honneur au don de Dieu ; soyons reconnaissants à l’Église de ce que la
glorieuse Assomption n’a pas subi chez nous le sort de tant d’autres fêtes, au
commencement de ce siècle [55], et nous trouve toujours unis à nos frères
de la terre comme à ceux du ciel pour chanter Marie.
Les Psaumes et l’Hymne
des Vêpres sont les mêmes que ceux des autres fêtes de Notre-Dame. Les
Antiennes, le Capitule et le Verset rendent avec une grâce infinie le mystère
du jour.
Lorsque le temps vint
pour la Bienheureuse Marie de quitter la terre, les Apôtres furent rassemblés
de tous les pays ; et ayant connu que l’heure était proche, ils veillaient
avec elle. Or le Seigneur Jésus arriva avec ses Anges, et il reçut son âme. Au
matin, les Apôtres levèrent son corps et le placèrent dans le tombeau. Et de
nouveau vint le Seigneur, et le saint corps fut élevé dans une nuée » [56].
A ce témoignage de notre
Grégoire de Tours répondent l’Occident et l’Orient, exaltant « la
solennité de la nuit bienheureuse qui vit la Vierge vénérée faire au ciel son
entrée triomphante » [57]. — « Quelle lumière éclatante perce ses
ombres ! » dit saint Jean Damascène [58] ; et il nous montre l’assemblée fidèle
se pressant avide, durant la nuit sacrée, pour entendre les louanges de la Mère
de Dieu [59].
Comment Rome, si dévote à
Marie, se fût-elle ici laissée vaincre ? Au témoignage de saint Pierre
Damien, son peuple entier passait la nuit glorieuse dans la prière, les chants,
les visites aux diverses églises ; au dire des privilégiés qu’éclairait la
lumière céleste, plus grande encore était, à cette heure bénie, la multitude
des âmes délivrées du lieu des tourments par la Reine du monde et visitant
elles aussi les sanctuaires consacrés à son nom [60]. Mais la plus imposante des démonstrations
de la Ville et du monde était la litanie ou procession mémorable dont l’origine
première remonte au pontificat de saint Sergius (687-701) [61] ;
jusque dans la seconde moitié du XVIe siècle, elle ne cessa point d’exprimer,
comme Rome seule sait faire, l’auguste visite que reçut de son Fils Notre-Dame
au solennel instant de son départ de ce monde.
On sait que deux
sanctuaires majeurs représentent dans la Ville éternelle la résidence et comme
les palais de la Mère et du Fils : la basilique du Sauveur au Latran,
celle de Marie sur l’Esquilin ; comme cette dernière s’honore de posséder
le portrait de la Vierge bénie peint par saint Luc, le Latran garde dans un
oratoire spécial, saint entre tous, l’image non faite de main d’homme où sont
tracés sur bois de cèdre les traits du Sauveur [62]. Or, au matin de la Vigile de sainte
Marie [63],
le Pontife suprême accompagné des cardinaux venait nu-pieds découvrir, après
sept génuflexions, l’image du Fils de la Vierge. Dans la soirée, tandis que la
cloche de l’Ara cœli donnait du Capitole le signal des préparatifs prescrits
par les magistrats de la cité, le Seigneur Pape se rendait à
Sainte-Marie-Majeure, où il célébrait les premières Vêpres entouré de sa cour.
Aux premières heures de nuit, étaient de même chantées au même lieu les Matines
à neuf Leçons.
Cependant, une foule plus
nombreuse d’instant en instant se presse sur la place du Latran, attendant le
retour du Pontife. De toutes parts débouchent les divers corps des arts et
métiers, venant sous la conduite de leurs chefs occuper le poste assigné pour
chacun. Autour de l’image du Sauveur, en son sanctuaire, se tiennent les douze
portiers chargés de sa garde perpétuelle, et tous membres des plus illustres
familles ; près d’eux prennent place les représentants du sénat et du
peuple romain.
Mais le cortège papal est
signalé redescendant l’Esquilin. Partout, quand il paraît, brillent les torches
tenues à la main ou portées sur les brancards des corporations. Aidés des
diacres, les cardinaux soulèvent sur leurs épaules l’image sainte qui s’avance
sous le dais, escortée dans un ordre parfait par l’immense multitude. A travers
les rues illuminées et décorées [64],
elle gagne, au chant des psaumes, au son des instruments, l’ancienne voie
Triomphale, contourne le Colisée, et, passant sous les arcs de Constantin et de
Titus, s’arrête pour une première station sur la voie Sacrée , devant l’église
appelée Sainte-Marie Mineure ou la Neuve [65]. Pendant qu’on chante dans cette église, en
l’honneur de la Mère, de nouvelles Matines à trois Leçons, des prêtres lavent
avec de l’eau parfumée dans un bassin d’argent les pieds du Seigneur son Fils,
et répandent sur le peuple cette eau devenue sainte. Puis l’image vénérée se
remet en marche et parcourt le Forum au milieu des acclamations, jusqu’à
l’église de Saint-Adrien ; d’où revenant gravir les rampes de l’Esquilin
par les rues des églises de cette région, Saint-Pierre-aux-Liens, Sainte-Lucie,
Saint-Martin-aux-Monts, Sainte-Praxède, elle fait enfin son entrée sur la place
de Sainte-Marie-Majeure. Alors redoublent les applaudissements, l’allégresse de
cette foule, où tous, hommes, femmes, grands et petits, lisons-nous dans un
document de 1462 [66], oubliant la fatigue d’une nuit entière
passée sans sommeil, ne se lassent pas jusqu’au matin de visiter, de vénérer le
Seigneur et Marie. Dans la glorieuse basilique parée comme une fiancée, le
solennel Office des Laudes célèbre la rencontre du Fils et de la Mère, et leur
union pour l’éternité.
Le ciel montra souvent
par d’insignes miracles la complaisance qu’il prenait à cette manifestation de
la foi et de l’amour du peuple romain. Pierre le Vénérable [67] et d’autres irrécusables témoins [68] mentionnent le prodige renouvelé chaque
année des torches qui, brûlant toute la nuit, se retrouvaient au lendemain du
même poids que la veille. L’an 847, au moment où, présidée par saint Léon IV,
la procession passait près de l’église de Sainte-Lucie, un serpent monstrueux,
qui d’une caverne voisine terrorisait les habitants, fut mis en fuite sans que
depuis lors on le revît jamais ; c’est en souvenir de cette délivrance,
que la fête reçut le complément de l’Octave dont jusque-là elle était
dépourvue [69].
Quatre siècles plus tard, sous l’héroïque pontificat de Grégoire IXe du nom, le
cortège sacré venait de s’arrêter selon l’usage au vestibule de
Sainte-Marie-la-Neuve, lorsque des partisans de l’excommunié Frédéric II,
occupant non loin la tour des Frangipani, se mirent à crier : « Voici
le Sauveur, vienne l’empereur ! » mais soudain la tour s’écroula, les
broyant sous ses ruines [70].
Revenons à l’auguste
basilique, où nous rappellent d’autres souvenirs. Une autre nuit nous vit dans
son enceinte célébrer joyeux l’enfantement divin. Ineffables harmonies !
C’est donc à l’heure où pour la première fois Marie pressa sur son sein
l’Enfant-Dieu dans l’étable, qu’elle s’éveille elle-même dans les bras du
Bien-Aimé au plus haut des deux. L’Église, qui lit en ce mois les Livres de la
Sagesse éternelle, est bien inspirée de réserver à cette nuit le Cantique
sacré.
L’évêque de Meaux décrit
ainsi cette mort : « La divine Vierge rendit son âme sans peine et
sans violence entre les mains de son Fils. Il ne fut pas nécessaire que son
amour s’efforçât par des mouvements extraordinaires. Comme la plus légère
secousse détache de l’arbre un fruit déjà mûr, ainsi fut cueillie celte âme
bénie, pour être tout d’un coup transportée au ciel ; ainsi mourut la
divine Vierge par un élan de l’amour divin : son âme fut portée au ciel
sur une nuée de désirs sacrés. Et c’est ce qui fait dire aux saints
Anges : Qui est celle-ci, qui s’élève comme la fumée odoriférante d’une
composition de myrrhe et d’encens [71] ?
Belle et excellente comparaison, qui nous explique admirablement la manière de
cette mort heureuse et tranquille. Cette fumée odoriférante que nous voyons
s’élever d’une composition de parfums, n’en est pas arrachée par force, ni
poussée dehors avec violence : une chaleur douce et tempérée la détache
délicatement, et la tourne en une vapeur subtile qui s’élève comme d’elle-même.
C’est ainsi que l’âme de la sainte Vierge a été séparée du corps : on n’en
a pas ébranlé tous les fondements par une secousse violente ; une divine
chaleur l’a détachée doucement du corps, et l’a élevée à son
bien-aimé » [72].
Il restait pour quelques
heures à notre monde, ce corps sacré « trésor de la terre, en attendant
qu’il devînt la merveille des cieux » [73]. Qui nous dira les sentiments des augustes
personnages réunis par le Fils de Marie pour rendre à sa Mère en son nom les
devoirs suprêmes ? Un illustre témoin, Denys d’Athènes, rappelait à
Timothée, présent comme lui alors, les discours qui, de ces cœurs remplis de
l’Esprit-Saint, montèrent comme autant d’hymnes à la bonté toute-puissante par
laquelle notre faiblesse fut divinisée. Là étaient Jacques, frère du Seigneur,
et Pierre le coryphée, et les pontifes du collège sacré, et tous les frères
venus pour contempler le corps qui avait donné la Vie et porté Dieu ;
entre tous, après les Apôtres, se distinguait le bienheureux Hiérothée, ravi
loin de la terre et de lui-même, en sublime communion avec l’objet de sa
louange, semblant à tous un chantre divin [74].
Mais l’assemblée de ces
hommes en qui régnait la divine lumière, avait compris qu’elle devait suivre
jusqu’au bout les intentions de celle qui dans la mort était restée la plus
humble des créatures. Porté par les Apôtres, escorté par les Anges du ciel et
les saints de la terre, le corps virginal fut conduit de Sion vers la vallée de
Gethsémani, où si souvent, depuis l’agonie sanglante, Notre-Dame avait ramené
ses pas et son cœur. Une dernière fois, « Pierre, joignant ses mains
vénérables, étudie les traits divins de la Mère du Sauveur ; son regard,
plein de foi, cherche à découvrir, à travers les ombres de la mort, quelques
rayons de la gloire dont resplendit déjà la reine des cieux » [75]. Jean, le fils adoptif, jette un long, un
dernier et douloureux regard sur le visage si calme et si doux de la Vierge. La
tombe se referme ; c’en est fait pour la terre de ce spectacle dont elle
n’était plus digne.
Plus heureux, les Anges,
dont le marbre du monument ne saurait arrêter le regard, veillent près de cette
tombe. Ils continuent leurs chants jusqu’à l’heure où, après trois jours, la
très sainte âme de la divine Mère étant descendue pour reprendre son corps
sacré, ils s’éloignent eux-mêmes en l’accompagnant vers les cieux. Nous aussi
donc, en haut les cœurs ! Oublions aujourd’hui notre exil, pour applaudir
au triomphe de Marie ; et sachons la rejoindre un jour à l’odeur de ses
parfums.
Faisons nôtre cette antique formule qui se disait à Rome sur le peuple assemblé, au moment du départ de la litanie solennelle que nous avons rappelée.
COLLECTE.
Veneranda nobis, Domine,
huius est diei festivitas, in qua sancta Dei Genetrix mortem subiit temporalem,
nec tamen mortis nexibus deprimi potuit, quæ Filium tuum, Dominum nostrum, de
se genuit incarnatum. Qui tecum.
Nous devons honorer la
solennité de ce jour, ô Seigneur ; la sainte Mère de Dieu, en effet, y
subit la mort du temps, sans que les liens de cette mort aient pu retenir celle
qui de sa chair avait fourni un corps à votre Fils, notre Seigneur. Qui vit et
règne
A LA MESSE.
Quel est ce Roi de
gloire ? demandaient, au jour de la triomphante Ascension, les gardiens
des portes éternelles ; et leur question, répétée dans le Psaume par deux
fois [76],
l’était une troisième en Isaïe s’écriant au nom des habitants des cieux :
Quel est celui qui vient d’Édom dans la beauté de sa robe empourprée, dans
l’élan de sa force victorieuse [77] ?
Or, au Cantique sacré, trois fois comme pour le Fils se manifeste au sujet de
la Mère le ravissement des célestes Principautés.
Quelle est celle-ci, qui
s’avance comme l’aurore à son lever [78] ?
Et cette première demande admirative est suscitée par la naissance de Marie en
laquelle prend fin la nuit du péché.
Quelle est celle-ci, qui
monte par le désert comme une vapeur embaumée de toutes sortes de
parfums [79] ?
Et cette deuxième expression de l’étonnement angélique a pour objet
l’incomparable vie de la Vierge, où se rencontrent tous les progrès, d’où se
dégagent tous les arômes des vertus.
Quelle est celle-ci, qui
s’élève du désert inondée de délices, appuyée sur son bien-aimé [80] ?
Et c’est là, vue des cieux, la sortie du tombeau de la Vierge bienheureuse.
Elle a rempli sa mission,
accompli l’oracle, brisé la tête du serpent maudit [81].
De son cortège montent à nouveau vers les gardiens des remparts du ciel les
paroles du psaume de triomphe : Ouvrez vos portes [82].
Ainsi disait prophétiquement, en figure d’elle, Judith victorieuse :
Ouvrez vos portes, car Dieu est avec nous, car il a signalé sa puissance [83].
Et voici que se lèvent
derechef, en effet, les portes éternelles. Du moindre au plus grand, tous les
bienheureux habitants des hauteurs s’avancent à la rencontre de celle qui monte
de notre humble vallée [84].
Plus démonstrative est la joie parmi les neuf chœurs, qu’elle ne le fut en Israël
au jour où David introduisit l’arche figurative dans la cité sainte [85].
Faisons écho à
l’allégresse des cieux. Que le solennel Introït de la fête soit pour nous la
marche triomphale accompagnant l’entrée de Marie dans la vraie Sion. Le psaume
d’épithalame, qui joint ses Versets à l’Antienne mélodieuse, est le trait
d’union des chants du Sacrifice avec la lecture faite cette nuit du Cantique
sacré.
L’Oraison demande le
pardon et le salut par l’intercession de la Mère de Dieu. Son peu de rapport
apparent au mystère de la solennité pourrait surprendre, si l’on oubliait
qu’elle n’est que la deuxième Collecte de ce jour au Sacramentaire ; la
première, que nous avons donnée plus haut, se disait au moment de la première
réunion des fidèles, et elle proclame expressément l’impuissance de la mort à
retenir Marie dans ses liens.
ÉPÎTRE.
Lecture du livre de la
Sagesse. Eccli. XXIV.
J’ai cherché partout le
repos, et j’ai voulu demeurer dans l’héritage du Seigneur. Alors le Créateur de
toutes choses m’a parlé et fait connaître sa volonté ; et lui, qui m’a
créée, s’est reposé dans mon tabernacle. Et il m’a dit : « Habitez en
Jacob, et qu’Israël soit votre héritage, et prenez racine dans mes élus ».
Et c’est ainsi que je me suis affermie dans Sion. J’ai donc trouvé mon repos
dans la cité sainte, et ma puissance est établie dans Jérusalem. J’ai pris
racine dans le peuple honoré du Seigneur, dans le peuple héritage de mon Dieu,
et ma demeure est dans la plénitude des Saints. Je me suis élevée comme le
cèdre au Liban, comme le cyprès de la montagne de Sion. Je me suis élevée comme
le palmier en Cadès, et comme en Jéricho les plants des rosiers. Je me suis
élevée comme un bel olivier dans la plaine, comme le platane sur les places au
bord des eaux. J’ai donné mon parfum comme le cinnamome et le baume
odorant ; comme une myrrhe de choix j’ai donné ma senteur.
L’Épître qu’on vient de
lire est en relation étroite avec l’Évangile qui va suivre. Le repos recherché
de Marie est celui de la meilleure part, le repos de l’âme en la présence du
Pacifique, qui trouve lui-même dans cette âme pacifiée la part préférée de son
héritage [86].
Nulle créature ne s’est approchée au point où l’a fait Notre-Dame de la paix où
vit dans son éternité immuable la tranquille Trinité ; aussi nulle autre
n’a mérité de devenir autant qu’elle le lieu du repos divin. Or, nulle activité
ne saurait atteindre à l’excellence, à l’abondance des fruits d’une âme en
laquelle le Seigneur se repose, parce qu’elle-même se repose en lui ; car
ce repos est celui de l’Époux. Lorsque le Seigneur aura donné le sommeil à ses
bien-aimés, alors apparaîtra leur fécondité, dit le Psaume [87].
Nous tous, devenus les
fils de Marie au jour où le Seigneur se reposa dans son tabernacle, comprenons
ce que la magnificence des expressions de l’éternelle Sagesse nous révèle de sa
gloire en ce jour de triomphe. La branche sortie de la tige de Jessé ne porte
point seulement la fleur divine sur laquelle s’est reposée la plénitude de
l’Esprit-Saint [88] ;
elle a racine dans les élus, appelant du ciel en leurs rameaux la sève qui
transforme leur nature et divinise leurs fruits. Ces fruits de Jacob et
d’Israël, ces œuvres delà vie chrétienne ordinaire ou de la vie des parfaits,
sont donc aussi le bien et la richesse de la divine Mère. Aujourd’hui
l’éternelle Sion, la cité sanctifiée, le peuple glorifié, héritage du Seigneur,
la voient entrer à juste droit dans le repos sans fin où sa puissance
s’affirmera d’autant plus en Jérusalem, que les Saints lui feront à jamais
hommage de leur plénitude.
Mais combien cette
plénitude des Saints rassemblés est elle-même dépassée par la plénitude des
mérites personnels de Marie ! Autant le cèdre du Liban domine les fleurs
de la plaine, autant et plus, après son Fils divin, Notre-Dame s’élève par delà
toute sainteté créée. « Les arbres auxquels est comparée dans cette Épître
la Bienheureuse Vierge en son exaltation, dit le Docteur angélique, peuvent
être considérés comme représentant les divers ordres des bienheureux. Le sens
de ce passage est donc que Marie, ayant eu les mérites de tous, a été exaltée
par delà les Anges, les Patriarches et les Prophètes, les Apôtres, les Martyrs,
les Confesseurs, les Vierges, par delà tous les Saints » [89].
Le Psaume XLIVe, dont les
accents d’épithalame ont retenti déjà au Verset d’Introït, se poursuit au
Graduel. La terre y chante les perfections qui ont mérité à l’Épouse l’appel du
Roi des cieux. Dans le Verset, l’armée des Anges nous est montrée saluant l’entrée
de sa Reine.
ÉVANGILE.
La suite du saint
Évangile selon saint Luc. Chap. X.
En ce temps-là, Jésus
entra dans un certain village, et une femme nommée Marthe le reçut dans sa
maison. Or, elle avait une sœur nommée Marie ; et celle-ci, se tenant
assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Mais Marthe se dépensait pour
le détail du service, et, s’arrêtant, elle dit : Seigneur, n’avez-vous pas
souci de ce que ma sœur me laisse servir seule ? Dites-lui donc qu’elle
m’aide. Et répondant, le Seigneur lui dit : Marthe, Marthe, vous vous
inquiétez et embarrassez de beaucoup de choses. Pourtant une seule chose est
nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, qui ne lui sera point enlevée.
Autrefois dans la
Liturgie romaine [90]
comme aujourd’hui encore chez les Grecs et les Mozarabes, l’Évangile du jour se
continuait sans transition par ces versets d’un autre chapitre de saint Luc :
Comme il disait ces choses, une femme élevant la voix du milieu de la foule,
lui dit : Heureux le sein qui vous a porté, et les mamelles qui vous ont
nourri ! Et Jésus dit : Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de
Dieu et qui la pratiquent [91] !
Cette addition ramenait
la pensée vers Notre-Dame ; mais l’épisode de Marthe et de sa sœur dans
l’Évangile du jour n’en restait pas moins mystérieux. Écoutons saint Bruno
d’Asti résumer l’explication instructive qui nous est donnée de ce choix par la
tradition. « Ces deux femmes sont, dit-il, les chefs de l’armée
sainte ; c’est elles que suit le peuple entier des élus. Les uns vont après
Marthe, les autres après Marie ; mais nul n’arrive à la patrie, qu’il ne
suive ou celle-ci ou celle-là. Aussi les saints Pères ont-ils à bon droit
statué que cet Évangile serait lu dans la fête principale de la Bienheureuse
Vierge, parce que c’est elle que signifient les deux sœurs ; elle s’élève
entre toutes les créatures, comme ayant plus qu’aucune réuni les privilèges des
deux vies, à savoir l’active et la contemplative. Comme Marthe, et bien mieux,
elle a reçu le Christ : elle l’a reçu, non pas dans sa maison seulement,
mais dans son sein ; elle l’a servi davantage, l’ayant conçu, mis au
monde, porté dans ses bras. Comme Marie, d’autre part, elle écoutait sa parole,
et de plus la conservait pour nous tous en son cœur [92] ;
elle contemplait son humanité, elle pénétrait aussi et plus que personne sa
divinité. Elle a donc bien choisi la meilleure part, qui ne lui sera point
enlevée » [93].
Or donc, poursuit saint
Bernard, « Celui qu’elle reçut à son entrée dans cet humble monde, la
reçoit en ce jour au seuil de la cité sainte. Point de lieu ne se trouva sur
terre plus digne du Fils de Dieu que le sein de la Vierge ; point de trône
plus sublime au ciel que celui où le Fils de Marie la fait asseoir à son tour.
De part et d’autre bienheureuses réceptions, ineffables toutes deux, parce que
toutes deux elles dépassent la pensée ! Qui racontera la génération du
Fils [94]),
l’assomption de la Mère [95] ? »
A l’honneur de la Mère et
du Fils, conformons nos mœurs aux enseignements évangéliques. Lorsqu’en nous
Marthe se trouble, quand elle s’égare dans ses multiples sollicitudes, sachons
la rappeler à l’unité de Marie. Soit en lui-même, soit dans ses membres, le
Seigneur mérite seul d’arrêter notre pensée ; la valeur de toute chose,
l’importance que nous devons dès lors lui attribuer dans notre conduite, se
mesure à son rapport plus ou moins immédiat avec Dieu ou sa gloire. Que telle
soit en tout la règle de nos appréciations : et la paix qui surpasse tout
sentiment gardera nos intelligences et nos cœurs [96].
Aujourd’hui Marthe,
l’Église de la terre, laissée seule aux combats, aux labeurs, se plaint de son
abandon. Mais le Seigneur prend parti pour Marie, et lui confirme la meilleure
part. Il est, à n’en pas douter, grande fête au ciel parmi les esprits
angéliques : l’Offertoire revient à nouveau sur les démonstrations de leur
allégresse auprès du Seigneur.
Ne laissons pas pourtant
un sentiment de regret jaloux assombrir notre âme. Marie, comme tout passager
de ce monde, a dû quitter la terre ; mais, dans la gloire, elle prie pour
nous. C’est ce qu’exprime la Secrète.
Si vous m’aimiez, disait
le Seigneur à ses disciples au moment de les quitter, vous vous réjouiriez de
ce que je vais à mon Père [97].
Nous qui aimons Notre-Dame, réjouissons-nous de ce qu’elle va vers son Fils.
Comme le chante l’Antienne de Communion, la meilleure part, qu’elle a choisie,
lui est assurée pour jamais.
Le pain sacré, que nous
devons à Marie, nous reste toujours. Puisse-t-il, avec son intercession, nous
garantir contre tous maux !
AUX SECONDES VÊPRES.
Les Antiennes, les
Psaumes, le Capitule, l’Hymne et le Verset, sont les mêmes qu’aux premières
Vêpres, à l’exception de l’Antienne de Magnificat.
Après l’Oraison de la
fête, on fait mémoire [98] d’un saint Confesseur, St Hyacinthe, qui fut
assez heureux que d’être appelé au ciel au jour même du triomphe de Notre-Dame.
L’Église, pour le mieux célébrer, a remis sa propre fête au lendemain de celle
de Marie.
Aujourd’hui, dans toutes
les églises de France, a lieu la procession solennelle instituée en souvenir et
confirmation du vœu par lequel Louis XIII dédia le royaume très chrétien à la
Bienheureuse Vierge.
Par lettres données à
Saint-Germain-en-Laye, le 10 février 1638, le pieux roi déclarait consacrer à
Marie sa personne, son état, sa couronne, ses sujets. « Nous enjoignons à
l’archevêque de Paris, disait-il ensuite, que tous les ans, le jour et fête de
l’Assomption, il fasse faire commémoration de notre présente déclaration à la
grande Messe qui se dira en son église cathédrale, et qu’après les Vêpres dudit
jour il soit fait une procession en ladite église, à laquelle assisteront
toutes les compagnies souveraines et le corps de ville avec pareille cérémonie
que celle qui s’observe aux processions plus solennelles. Ce que nous voulons
aussi être fait en toutes les églises tant paroissiales que celles des
monastères de ladite ville et faubourgs, et en toutes les villes, bourgs et
villages dudit diocèse de Paris. Exhortons pareillement tous les archevêques et
évêques de notre royaume, et néanmoins leur enjoignons de faire célébrer la
Messe solennelle en leurs églises épiscopales, et autres églises de leurs
diocèses ; entendant qu’à ladite cérémonie les cours de parlement et
autres compagnies souveraines, les principaux officiers des villes y soient
présents. Nous exhortons lesdits archevêques et évêques... d’admonester tous
nos peuples d’avoir une dévotion particulière à la Vierge, d’implorer en ce
jour sa protection, afin que sous une si puissante patronne notre royaume soit
à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis ; qu’il jouisse
longuement d’une bonne paix ; que Dieu y soit servi et révéré si
saintement, que nous et nos sujets puissions arriver heureusement à la dernière
fin pour laquelle nous avons tous été créés ; car tel est notre
plaisir ».
A nouveau donc, le
royaume de France s’affirmait le royaume de Marie. Moins d’un mois après la
première fête célébrée conformément aux royales prescriptions, le 5 septembre
1638, naissait d’une union stérile vingt ans celui qui fut Louis XIV. Lui-même
devait renouveler la consécration à Marie de la couronne et du sceptre de
France [99].
L’Assomption demeura, elle est toujours, pour ceux que ne séduisent pas des
dates de révolte et d’assassinat, la fête nationale du pays.
Voici les prières spéciales qui se dirent tous les ans jusqu’à la chute de la monarchie, en exécution du vœu de Louis XIII. Nous donnons l’Oraison dans son texte primitif.
ANTIENNE.
Sub tuum præsidium
confugimus, sancta Dei Gemtrix : nostras deprecationes ne despicias in
necessitatibus ; sed a periculis cunctis libera nos semper, Virgo gloriosa
et benedicta.
V/. Deus judicium
tuum regi da et justitiam tuam filio regis.
R/. Judicare populum
tuum in justitia et pauperes tuos in judicio.
ORAISON.
Deus, regum et regnorum
rex, moderator et custos, qui Unigenitum Filium tuum, Beatissimæ Virginis Mariæ
filium, et ei subjectum esse voluisti, famuli tui christianissimi Francorum
regis, fidelis populi et totius regni sui vota, secundo favore prosequere, ut
qui ejusdem se Virginis imperio manciparit, et ipsius servituti devota
sponsione consecrant, perennis in vita tranquillitatis ac pacis et æternæ
libertatis in cælo præmia consequantur. Per eumdem.
Nous avons recours à
votre protection sainte Mère de Dieu : dans nos besoins ne méprisez pas
nos prières ; mais délivrez-nous toujours de tous maux, Vierge glorieuse
et bénie.
V/. O Dieu, donnez
au roi votre science du jugement et au fils du roi celle de votre justice.
R/. Pour juger votre
peuple dans l’équité et vos pauvres dans la droiture.
Dieu, roi des rois et des
royaumes, leur guide et leur gardien, vous qui avez donné comme fils à la
bienheureuse Vierge Marie votre propre Fils unique et le lui avez soumis :
accueillez favorablement les vœux de votre serviteur le très chrétien roi des
Francs, de son peuple fidèle et de tout le royaume ; ils se soumettent
eux-mêmes à l’empire de cette bienheureuse Vierge, ils se dévouent, s’engagent
et se consacrent à son service : puissent-ils en retour obtenir, durant
cette vie la tranquillité et la paix, au ciel l’éternelle liberté. Par le même
Jésus-Christ, notre Seigneur.
Nous ne devons pas
omettre de rappeler que la Hongrie fut de même consacrée à la Mère de Dieu par
son premier roi, saint Étienne. Le présent jour y prit dès lors l’appellation
du jour de la grande souveraine, dies Magnœ Dominae. Marie reconnut la piété de
l’apostolique prince : ce fut le 15 août 1038, qu’il échangea pour la
couronne des cieux son trône de la terre : nous le retrouverons sur le
Cycle au deuxième jour de septembre. Au XVIe siècle, on vit en plusieurs lieux
les Luthériens continuer après leur apostasie d’observer l’Assomption de la bienheureuse
Vierge, que les populations n’eussent pas laissé supprimer. La coutume d’un
grand nombre d’églises d’Allemagne était, comme en font foi leurs Bréviaires et
Missels, de célébrer durant trente jours consécutifs par des réunions et des
chants le triomphe de Marie.
Tressons notre couronne
liturgique à Marie glorifiée. Par où mieux commencer que par ces fleurs de si
parfait, de si plein arôme, que le sol gaulois fit surgir aux premiers
jours ? On verra que dans la Messe du 18 janvier, d’où elles sont prises, nos
pères célébraient à la fois la maternité de Notre-Dame et son triomphe.
MISSA IN ADSUMPTIONE S.
M. M. D. N.
Generosæ diei Dominicæ
Genitricis inexplicabile Sacramentum, tanto magis præconabile, quantum est
inter homines Assumptione Virginis singulare. Apud quem vitæ integritas
obtinuit Filium ; et mors non invenit par exemplum. Nec minus ingerens
stuporem de transitu, quam exultatione ferens unico beata de partu. Nonsolum
mirabilis pignore, quod fide concepit ; sed translatione prædicabilis, qua
migravit. Speciali tripudio, affectu multimodo, fideli voto, Fratres
dilectissimi, corde deprecemur attento : ut ejus adjuti muniamur
suffragio ; quæ fœcunda Virgo, beata de partu, clara de merito, felix
prædicatur abscessu : obsecrantes misericordiam Redemptoris nostri :
ut circumstantem plebem illuc dignetur introducere ; quo Beatam Matrem
Mariam, famulantibus Apostolis, transtulit ad honorem. Quod ipse præstare
dignetur : qui cum Patre et Spiritu Sancto vivit, et regnat Deus in
sæcula.
MISSA IN ADSUMPTIONE S.
M. M. D. N.
Célébrons l’ineffable mystère
du jour glorieux consacré à la Mère du Seigneur ; il mérite d’autant plus
la louange, ce mystère, que l’Assomption de la Vierge le rend unique parmi les
hommes. Il nous montre une vie où la virginité met au monde un fils, une mort
qui n’a pas sa semblable. L’étonnement que suscite une telle mort, n’est pas
moindre que l’allégresse causée par ce bienheureux enfantement. Admirons cette
conception par la foi ; exaltons le passage dans lequel consiste cette
mort. Que spéciales soient les manifestations de la joie, que se multiplient
les effusions de l’amour, que la dévotion réponde à l’objet de la fête. Frères
bien-aimés, que notre cœur soit tout entier à la prière : obtenons l’aide
et le suffrage de la Vierge féconde, de l’heureuse mère, au mérite éclatant, au
départ fortuné ; supplions notre miséricordieux Rédempteur, qu’il daigne
conduire le peuple ici présent où il a glorieusement élevé la Bienheureuse
Marie, sa Mère, à laquelle ses Apôtres ont rendu les devoirs suprêmes. Qu’il
daigne nous accorder cette grâce, celui qui avec le Père et le Saint-Esprit vit
et règne, étant Dieu, dans les siècles.
COLLECTIO POST NOMINA .
Habitatorem Virginalis
hospitii, Sponsum beati thalami, Dominum tabernaculi, Regem Templi, qui eam
innocentiam contulit Genitrici, qua dignaretur incarnata Deitas generari :
quas nihil sæculi conscia, tantum precibus mens attenta, tenuit puritatem in
moribus, quam perceperat Angeli benedictione, visceribus : nec per
Assumptionem de morte sensit inluviem ; quæ vitæ portavit Auctorem :
Fratres Carissimi, fusis precibus Dominum imploremus : ut ejus indulgentia
illuc defuncti liberentur a tartaro ; quo Beatæ Virginis translatum corpus
est de sepulchro. Quod ipse præstare dignetur ; qui in Trinitate perfecta
vivit.
COLLECTIO POST NOMINA .
Nos vœux s’adressent à l’hôte
du sein virginal, à l’Époux du sanctuaire bienheureux, au Seigneur du
tabernacle, au Roi du temple ; l’innocence conférée par lui à sa Mère fut
telle, que sa divine personne daignât y prendre chair et en être engendrée.
N’ayant rien de commun avec le siècle, l’âme uniquement tournée vers la prière,
cette mère observa dans ses mœurs la pureté qu’au salut de l’Ange elle avait
reçue dans ses entrailles ; aussi, par son Assomption, ne connut-elle
point la mort pour en être souillée, celle qui porta l’Auteur de la vie. Frères
très chers, implorons par des prières ferventes le Seigneur : que sa
miséricorde délivre les défunts de l’abîme, et les admette là où le corps de la
Bienheureuse Vierge a été transféré du sépulcre. Qu’il daigne faire ainsi, Celui
qui vit dans une Trinité parfaite.
CONTESTATIO.
Dignum et justum est,
omnipotens Deus , nos tibi magnas merito gratias agere, tempore celeberrimo,
die præ cæteris honorando. Quo fidelis Israhel egressus est de Ægypto. Quo
Virgo Dei Genitrix de mundo migravit ad Christum. Quæ nec de corruptione
suscepit contagium ; nec resolutionem pertulit in sepulchro, pollutione
libera, germine gloriosa, assumptione secura, Paradiso dote prælata, nesciens
damna de coitu, sumens vota de fructu, non subdita dolori per partum, non
labori per transitum, nec vita voluntate, nec funus solvitur vi naturæ.
Speciosus thalamus, de quo dignus prodit Sponsus, lux gentium, spes fidelium,
prædo dæmonum, confusio Judæorum : vasculum vitæ ; tabernaculum
gloriæ, templum cœleste : cujus juvenculæ melius prædicantur merita ;
cum veteris Evæ conferuntur exempla.
Siquidem ista mundo vitam
protulit ; illa legem mortis invexit. Illa prævaricando, nos
perdidit ; ista generando, salvavit. Illa nos pomo arboris in ipsa radice
percussit ; ex hujus virga flos exiit, qui nos odore reficeret, fruge
curaret. Illa maledictione in dolore generat ; ista benedictionem in
salute confirmat. Illius perfidia serpenti consensit, conjugem decepit, prolem
damnavit ; hujus obedientia Patrem conciliavit, Filium meruit,
posteritatem absolvit. Illa amaritudinem pomi suco propinat ; ista
perennem dulcedinem Nati fonte desudat. Illa acerbo gustu natorum dentes
deterruit ; hæc suavissimi panis blandimenti cibo formavit : cui
nullus deperit, nisi qui de hoc pane saturare fauce fastidit. Sed jam veteres gemitus
in gaudia nova vertamus.
Ad te ergo revertimur
Virgo fœta, Mater intacta , nesciens virum, puerpera, honorata per Filium non
polluta. Felix, per quam nobis inspirata gaudia successerunt. Cujus sicut
gratulati sumus ortu, tripudiavimus partu ; ita glorificamur in transitum.
Parum fortasse fuerat si te Christus solo sanctificasset introitu ; nisi
etiam talem Matrem adornasset egressu. Recte ab ipso suscepta es in Assumptione
feliciter ; quem pie suscepisti conceptura per fidem : ut quæ terræ
non eras conscia, non teneret rupes inclusa.
Vere diversis insolis
anima redempta : cui Apostoli sacrum reddunt obsequium, Angeli cantum,
Christus amplexum, nubis vehiculum, Assumptio Paradisum, inter choros Virginum
gloria principatum. Per Christum Dominum nostrum. Cui Angeli atque Archangeli.
CONTESTATIO.
Il est digne et juste,
Dieu tout-puissant, il est équitable que nous vous rendions de grandes actions
de grâces en ce temps consacré, en ce jour vénérable entre tous. Comme le
fidèle Israël sortit de l’Égypte, ainsi la Vierge Mère de Dieu passa du monde
au Christ. Pas plus que la corruption de la vie, elle ne connut la dissolution
du tombeau. Exempte de souillure, glorieuse en sa fécondité, délivrée par son
assomption, elle règne au Paradis comme Épouse. Vierge toujours pure, elle
porte un fruit d’allégresse ; la douleur est absente de son enfantement,
la peine de sa mort ; sa vie fut au-dessus de la nature, son trépas ne fut
pas une dette exigée par celle-ci. Chambre nuptiale brillante, d’où sort
l’incomparable Époux, la lumière des nations, l’espérance des fidèles, le
spoliateur des démons, la confusion des Juifs ! Vase de vie, tabernacle de
gloire, temple céleste ! Mais de cette vierge nouvelle les mérites
éclatent mieux, si les gestes de l’ancienne Ève en sont rapprochés.
Celle-là produit la vie
pour le monde ; celle-ci donne naissance à l’empire de la mort. Celle-ci
prévarique et nous perd ; celle-là engendre et nous sauve. Celle-ci par le
fruit de l’arbre nous frappe à la racine ; de cette branche sort la fleur
dont le parfum nous réconforte, dont le fruit nous guérit. L’une sous la
malédiction engendre dans la douleur ; l’autre retrouve la bénédiction,
assure le salut. La perfidie de l’une conspire avec le serpent, trompe son
époux, perd sa race ; l’obéissance de l’autre apaise le Père, mérite le
Fils, délivre sa descendance. L’une nous présente dans le suc d’un fruit
l’amertume ; l’autre fait couler de la source de son Fils la douceur sans
fin. Telle est l’aigreur de la pomme d’Ève, que les dents des enfants en
demeurent agacées ; la suavité du pain de la Vierge les raffermit et les
nourrit : nul avec elle ne meurt, que celui qui en présence de ce pain
rassasiant reste dégoûté. Mais il est temps de laisser les vieux gémissements pour
les nouvelles joies.
Nous revenons donc à
vous, Vierge féconde, Mère toujours pure qui ne connûtes point d’homme, qui
enfantez, mais dont le Fils vous apporte l’honneur et non la souillure.
Heureuse, vous par qui sont arrivées jusqu’à nous les joies que vous avez
conçues ! Nous nous sommes félicités de votre naissance, nous avons
tressailli à votre enfantement, nous nous glorifions de votre passage au ciel.
Il n’eût pas suffi sans doute que le Christ sanctifiât votre entrée ;
d’une telle Mère, il devait illustrer aussi la sortie. Il était juste que,
l’ayant reçu dans votre amour quand vous le conçûtes par la seule foi, lui-même
à son tour vous reçût dans sa félicité par cette Assomption ; celle en qui
la terre n’avait point eu de prise ne pouvait être retenue sous la roche du
tombeau.
Véritablement donc, que
de merveilles inaccoutumées ! Les Apôtres lui rendent le devoir
suprême ; les Anges la célèbrent en leurs chants ; le Christ la
reçoit dans ses bras ; une nuée est son char ; son Assomption l’élève
au Paradis ; parmi les chœurs des Vierges elle exerce une principauté
glorieuse. Par le Christ notre Seigneur, à qui les Anges et les Archanges.
La Liturgie ambrosienne
compose sa Préface de la Messe de Vigile avec les termes mêmes de la Collecte
romaine qui se disait au moment de la solennelle Litanie précédemment décrite.
Nous lui emprunterons les deux Antiennes suivantes de la Messe du jour.
CONFRACTORIUM.
Lætare Virgo , Mater
Christi, stans a dextris ejus in vestitu deaurato, circumamicta jucunditate.
TRANSITORIUM.
Magnificamus te, Dei
Genitrix ; quia ex te natus est Christus, salvans omnes, qui te
glorificant. Sancta Domina, Dei Genitrix, sanctificationes tuas transmitte
nobis.
CONFRACTORIUM Soyez dans la
joie, Vierge, Mère du Christ, vous tenant à sa droite en votre vêtement d’or,
environnée de charmes.
TRANSITORIUM.
Nous vous exaltons, Mère
de Dieu, parce que de vous est né le Christ, sauvant tous ceux qui vous
glorifient. Sainte souveraine, Mère de Dieu, faites-nous part des grâces qui
vous ont sanctifiée.
Les Mozarabes seront représentés
par ces pièces de leurs Vêpres de la fête.
LAUDA.
Virgo Isræl, ornare
tympanis tuis.
R/. Et egredere in
choro psallentium.
V/. Beata es Regina,
quæ prospicis, quasi lumen.
R/. Et egredere.
V/. Dominus sit
semper vobiscum.
R/. Et cum spiritu
tuo.
SONO.
Dominus Deus cœli
benedicat tibi : honor regni David in manu tua.
R/. Et adorabunt
coram te filii multarum gentium. Alleluia.
V/. Audi, filia
Sion, quia exaltata es, et facies tua fulget in templo Dei : Sol justitiæ
ingressu tuo orietur.
R/. Et adorabunt.
V/. Dominus sit.
R/. Et cum.
ANTIPHONA.
Benedicta tu Deo
altissimo, præ omnibus mulieribus.
R/. Propter hoc non
discedet laus tua ab ore hominum usque in sæculum.V/. Non det in
commotionem pedem tuum : neque dormiet qui custodit te.
R/. Propter
V/. Gloria et honor
Patri, et Filio, et Spiritui Sancto in sæcula sæculorum. Amen.
R/. Propter.
V/. Dominus sit.
R/. Et cum.
LAUDA.
Rami mei rami honoris et
gratiæ. Alleluia.
R/. Ego quasi vitis
fructificavi suavitatem odoris. Alleluia, alleluia, alleluia, alleluia.
V/. Ego autem, sicut
oliva fructifera in domo Domini, sperabo in misericordia Dei mei in æternum, et
in sæculum sæculi.
R/. Ego quasi.
V/. Gloria et honor
Patri.
R/. Ego quasi.
ORATIO.
Hæc est, Domine Deus,
gloriosa illa virgo Maria, quæ hodie a convalle lachrymarum et mundi deserto
cognoscitur superassumi incumbens super dilectum Unigenitum tuum, Filiumque
suum loco videlicet inenarrabili : cujus vero quasi signaculum et monile
detegitur pretiosum, dum unius naturæ illud corpus confitemur Dominicum istius
inlibatæ genitricis a Divinitate assumptum. Proinde quæsumus, ineffabilis summe
Deus, ut illic extendatur nostra intentio, quo per fortem dilectionem hodie
præcessit digna suffragatrix pro nobis ac beatissima Virgo.
R/. Amen.
V/. Per misericordiam
tuam, Deus noster, qui es benedictus, et vivis, et omnia regis in sæcula
sæculorum.
R/. Amen.
LAUDA
Vierge d’Israël, prenez
le tympanon,
R/. Et sortez au
milieu des chœurs.
V/. Vous êtes
bienheureuse, Reine qui vous élevez comme la lumière.
R/. Et sortez.
V/. Que le Seigneur
soit toujours avec vous.
R/. Et avec votre
esprit.
SONO.
Que le Seigneur Dieu du
ciel vous bénisse : l’honneur du royaume de David est en vous.
R/. Et l’on verra se
prosterner devant vous les fils de nations nombreuses. Alléluia.
V/. Écoutez, fille
de Sion, en ce jour de votre gloire où votre visage resplendit dans le temple
de Dieu ; le Soleil de justice se lève à votre entrée.
R/. Et l’on verra.
V/. Que le Seigneur.
R/. Et avec.
ANTIPHONA.
Vous êtes bénie par le
Dieu très haut plus que toutes les femmes.
R/. C’est pourquoi
la bouche des hommes ne cessera point jusqu’à l’éternité de proclamer vos
louanges.
V/. Votre pied ne
sera jamais ébranlé ; il ne s’endormira pas celui qui vous garde.
R/. C’est pourquoi.
V/. Gloire et
honneur au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit dans les siècles des siècles.
Amen.
R/. C’est pourquoi.
V/. Que le Seigneur.
R/. Et avec
LAUDA.
Mes rameaux sont des
rameaux d’honneur et de grâce. Alléluia.
R/. J’ai comme la
vigne fructifié dans une suavité parfumée. Alléluia, alléluia, alléluia,
alléluia.
V/. Je suis comme un
olivier chargé de fruits dans la maison du Seigneur ; j’espérerai dans la
miséricorde de mon Dieu pour l’éternité, pour les siècles des siècles.
R/. J’ai comme.
V/. Gloire et
honneur au Père,
R/. J’ai comme.
ORATIO.
Nous contemplons,
Seigneur Dieu, la glorieuse Vierge Marie, qui s’élève aujourd’hui de la vallée
des larmes et du désert du monde à d’inénarrables hauteurs, appuyée sur son
bien-aimé, votre Fils unique et son Fils. Quelle gloire spéciale, quel joyau
précieux est cette unité de nature entre l’immaculée Mère et le corps pris
d’elle par la personne divine du Seigneur ! C’est pourquoi, nous vous en
supplions, Dieu souverain, ineffable : puissent nos énergies se diriger au
but ou nous précède aujourd’hui dans son fort amour, et comme notre digne
avocate, cette bienheureuse Vierge !
R/. Amen.
V/. Par votre
miséricorde, ô notre Dieu, qui êtes béni, et vivez, et gouvernez tout dans les
siècles des siècles.
R/. Amen.
Les Grecs nous donnent
cette gracieuse composition, dont les huit premières strophes s’adaptent aux
huit tons musicaux, pour revenir dans la neuvième au premier, ayant ainsi
chanté sur tous les modes le triomphe de Marie [100].
IN OFFICIO VESPERTINO.
A un signal de la
toute-puissance, les Apôtres qui portent Dieu furent enlevés sur les nuées par
les airs.
A leur arrivée, ils
saluèrent dans un langage sublime votre corps très pur, principe de la vie.
Cependant les plus
élevées des puissances des cieux, venant avec leur Seigneur, forment cortège au
corps sans tache qui a renfermé Dieu ; saisies de crainte, elles remontent
vers les célestes demeures,
Et elles crient comme
font les esprits aux chefs des angéliques phalanges : « Voici
qu’arrive la reine de tous, la Mère de Dieu !
« Ouvrez les portes,
et recevez dans les hauteurs la mère de la lumière éternelle.
« Par elle s’est accompli
l’universel salut des mortels. Nos yeux sont impuissants à fixer sa beauté.
« Elle ne saurait
être assez honorée ; car son mérite surpasse toute pensée ».
C’est pourquoi,
immaculée, ô Mère de Dieu, vivant à jamais dans la société du prince de la vie né
de vous, intercédez pour nous sans cesse ; soyez notre garde ; sauvez
de tout choc de l’ennemi cette jeunesse qui est vôtre Car nous avons droit à
votre secours « A vous, dans les splendeurs de l’éternité, nos
acclamations !
Cueillions de même
quelques traits dans les chants Chaldéens.
IN ASSUMPTIONE V. MARIAE.
L’homme ne saurait louer
comme il faut la Mère du Seigneur des anges et des hommes ; ni les hommes
ne peuvent la comprendre, ni les anges la pénétrer pleinement : Objet
qu’elle est d’admiration dans sa vie mortelle, de stupeur dans sa mort
vivifiante.
Durant sa vie, elle était
morte au monde ; à sa mort, elle ressuscite les morts.
Vers elle les Apôtres
s’empressent des régions lointaines, les anges descendent des hauteurs du ciel
pour l’honorer comme il convient.
Les Vertus s’animent
mutuellement, les Principautés se répandent comme des nuages enflammés, les
Dominations sont dans la joie, les Puissances tressaillent.
Les Trônes multiplient la
louange, tandis que les Séraphins exaltent la gloire de son bienheureux corps,
et que les Chérubins célèbrent dans leurs chants celle qui s’avance au milieu
d’eux.
L’air et les nuées
s’inclinent à son passage ; les tonnerres applaudissent en louant son Fils
dans leur concert ; la pluie et la rosée portent envie à son sein
virginal : Car elles nourrissent les plantes, mais lui a nourri le
Seigneur des plantes.
Raoul de Tongres, qui écrivit au XIVe siècle son livre De l’observance des canons dans les Offices de L’Église, signale l’Hymne suivante comme usitée de son temps pour la fête de ce jour [101].
HYMNE.
O quam glorifica luce
coruscas,
Stirpis Davidicæ regia proles :
Sublimis residens Virgo Maria,
Supra cœligenas ætheris omnes.
Tu cum virgineo mater
honore,
Angelorum Domino pectoris
aulam,
Sacris visceribus casta parasti ;
Natus hinc Deus est corpore Christus.
Quem cunctus venerans
orbis adorat,
Cui nunc rite genu flectitur omne :
A quo te, petimus, subveniente,
Abjectis tenebris, gaudia lucis.
Hoc largire, Pater
luminis omnis,
Natum per proprium, Flamme sacro :
Qui tecum nitida vivit in æthra
Regnans, ac moderans sæcula cuncta.
Amen.
HYMNE.
O que glorieuse est la
lumière dont vous brillez,
royale fille de la race de David !
Du trône où vous êtes élevée, Vierge Marie,
vous dominez tous les habitants des cieux.
Mère en gardant l’honneur
de la virginité,
vous offrîtes comme palais votre cœur au Seigneur des Anges ; l
a pureté prépara votre sein sacré :
Dieu fut chair, et le Christ naquit.
C’est lui qu’adore en
tremblant l’univers,
lui devant qui tout genou à cette heure fléchit dévotement,
lui de qui nous implorons, par votre secours,
la fin de nos ténèbres et les joies de la lumière.
Accordez-nous cette
grâce, Père de toute lumière,
par votre Fils, dans l’Esprit-Saint :
avec vous il vit et règne ce Fils, dans les cieux resplendissants,
gouvernant tous les siècles.
Amen.
Terminons par cette suave
Séquence.
SÉQUENCE
Affluens deliciis,
David regis filia,
Sponsi fertur brachiis
Ad cœli sedilia :
Et amica properat
Sponsum, quo abierat,
Quærens inter lilia.
Hodie cubiculum
Regis Hester suscipit,
Sedare periculum,
Quod hostilis efficit
Aman instans fraudibus,
Peccati rudentibus
Mundo mortem conficit.
Per cœli palatia
Cuncta transit ostia
Intra regis atria,
Ubi sceptrum aureum,
Christum, os virgineum
Osculatur hodie,
Ut sit pax Ecclesiæ.
Vox Rachelis in Rama
Hic auditur : sed drama
Tibi dulce canitur,
Ubi te amplectitur
Sponsus, et allpquitur,
Quo beata frueris
Plusquam cunctis superis.
Te transmittit hodie
Tellus cœli curiæ,
David regis Thecuitem,
Helisæi Sunamitem,
Ut fugati revocemur,
Et prostrati suscitemur
Ad æterna gaudia,
Ubi es in gloria.
Amen.
SÉQUENCE
Inondée de délices,
la fille du roi David
est portée dans les bras
de l’Époux aux célestes trônes ;
la bien-aimée, cherchant
l’Époux parmi les lis,
s’empresse de le rejoindre où il était allé.
Aujourd’hui s’ouvre
pour Esther la chambre du Roi :
elle y vient conjurer le danger
provenu des perfidies d’Aman notre ennemi,
qui enserre le monde
dans les liens du péché
pour lui donner la mort.
Traversant les palais des
cieux,
elle franchit les diverses barrières,
pour pénétrer jusqu’aux appartements royaux ;
là, aujourd’hui, sa bouche virginale
baise le sceptre d’or,
qui est le Christ :
ainsi est accordée paix à l’Église
En Rama, ici-bas,
la voix de Rachel se fait entendre ;
mais un chant suave
à votre honneur remplit le lieu des embrassements,
des douces paroles de l’Époux,
dont vous jouissez, ô fortunée,
plus qu’aucun habitant des cieux.
La terre vous envoie
aujourd’hui à la céleste cour,
comme la femme prudente de Thécua au roi David,
comme la Sunamite au véritable Élisée :
faites-nous rappeler de notre exil,
faites-nous ressusciter de la mort,
pour goûter les joies éternelles
où vous êtes dans la gloire.
Amen.
Vous avez goûté la mort,
ô Marie ! Mais son sommeil, comme le sommeil d’Adam aux premières heures
du monde, n’a été qu’une extase mettant en présence l’Époux et l’Épouse. Comme
le sommeil de l’Adam nouveau au grand jour du salut, il appelait aussi le
réveil de la résurrection. Déjà, par le Christ Jésus, notre nature, dans la
totalité de son être, âme et corps, régnait aux cieux [102] ;
mais, comme au paradis du premier jour, il n’était point bon que l’homme fût
seul sous le regard de la Trinité sainte [103].
A la droite de Jésus paraît aujourd’hui la nouvelle Ève [104],
en tout semblable au chef divin dans le vêtement de sa chair glorifiée ;
rien ne manque plus au paradis de l’éternité.
O Marie, qui, selon
l’expression de votre dévot serviteur, Jean Damascène, avez rendu la mort
bienheureuse et joyeuse [105], détachez-nous de cette terre où rien ne
saurait plus nous retenir. Nous vous avons accompagnée de nos vœux [106] ;
nous vous avons suivie, du regard de l’âme, aussi loin que l’ont permis les
bornes de notre mortalité : et maintenant, nos yeux pourront-ils jamais se
reporter sur ce monde de ténèbres ? Vierge bénie, pour sanctifier l’exil,
pour nous aider à vous rejoindre, assurez-nous le secours des vertus dont le
vol sublime vous a portée à ces hauteurs. En nous aussi, il faut qu’elles
règnent ; en nous aussi, il faut qu’elles brisent la tête du serpent maudit :
pour qu’un jour, en nous aussi, elles triomphent. O jour des jours, où
l’espérance de Job sera pour nous dépassée [107],
où nous verrons non point seulement le Rédempteur, mais la Reine qui se tient
si près du Soleil de justice qu’elle en est revêtue [108],
éclipsant de son éclat les splendeurs des Saints !
L’Église, il est vrai,
nous reste, ô Marie, l’Église elle aussi notre Mère, et qui poursuit votre
lutte contre le dragon aux sept têtes odieuses. Mais elle aussi soupire après
l’heure où lui seront données les ailes d’aigle [109]
qui lui permettront de s’élever comme vous par le désert, et d’atteindre
l’Époux. Voyez-la parcourant comme la lune à vos pieds ses phases
laborieuses ; entendez les supplications qu’elle vous adresse comme à sa
médiatrice auprès du Soleil divin : que par vous elle reçoive la
lumière ; que par vous elle mérite faveur auprès de Celui qui vous a
aimée, revêtue de gloire, couronnée de beauté [110].
Daniele da Volterra (1509–1566), Assunzione della Beata Vergine Maria, 1548-1550, Rovere chapel in Trinita' dei Monti Rome, Italy.
Bhx
cardinal Schuster, Liber Sacramentorum
La fête.
La fête de la Dormition
ou de l’Assomption de la Mère de Dieu au ciel est probablement la plus ancienne
des fêtes mariales, car, très longtemps avant les conciles de Chalcédoine et
d’Éphèse, elle apparaît comme d’usage universel et commun, non seulement chez
les catholiques, mais aussi parmi les sectes dissidentes ou dans de très
anciennes églises nationales comme celle des Arméniens et des Éthiopiens. Il
est probable que la dédicace, à Rome, de la basilique major de Sainte-Marie sur
l’Esquilin le 5 août au temps du pape Libère (352-366), ou de Sixte III, a
elle-même quelque relation avec la fête de l’Assomption qui, bien que célébrée
le 18 janvier dans le rit gallican, le 16 dans le rit copte, était fixée selon
l’usage byzantin à la mi-août, date qui fut retenue définitivement ensuite par
l’empereur Maurice au temps de saint Grégoire le Grand.
Quelle que soit
d’ailleurs l’origine de cette solennité, il est certain qu’à Rome la fête
existait bien longtemps avant le pape Serge, car, nous l’avons déjà dit, ce
pontife, pour l’entourer d’une plus grande splendeur, décida qu’à cette
occasion on ferait chaque année une procession solennelle, de la basilique de
Saint-Adrien sur le Forum à Sainte-Marie-Majeure où le Pape célébrait la messe
stationnale. Il prescrivit une cérémonie semblable pour la Purification, la
Nativité et l’Annonciation de la Mère de Dieu, s’inspirant probablement de
l’usage des Byzantins qui, depuis quelques siècles déjà, célébraient ces
solennités. Léon IV établit, vers 847, que la fête de l’Assomption serait
précédée à Rome de la veillée solennelle (vigile) du clergé et du peuple dans
la basilique de Sainte-Marie-Majeure ; et pour le jour de l’octave il
prescrivit que la station serait célébrée hors la porte Tiburtine dans la
basilique maior en l’honneur de la Vierge, érigée par le pape Sixte III devant
l’abside de l’église constantinienne de Saint-Laurent.
Nous connaissons encore
l’ordre de la solennelle procession stationnale établie du temps de Serge Ier.
De bon matin le peuple, portant des cierges allumés et chantant des antiennes
et de pieuses litanies, se rendait à l’église de Saint-Adrien, où on attendait
l’entrée du Pontife. A peine celui-ci arrivait-il à cheval du Latran, lui et
ses sept diacres laissaient leurs vêtements habituels et prenaient les lugubres
pænulæ de pénitence, puis la procession commençait. Devant, marchaient sept
porte-croix, puis venait le peuple priant, et enfin le clergé palatin et le
Pontife escorté de deux acolytes soutenant des flambeaux avec les torches
allumées selon l’usage impérial romain. Suivaient un sous-diacre, balançant
l’encensoir des parfums, puis deux autres porte-croix chargés chacun d’une
précieuse croix stationnale ; enfin le cortège se terminait par la Schola
des chantres, composée des enfants de 1’’orphanotrophium, qui alternaient avec
le clergé le chant des antiennes et des litanies appropriées à la circonstance.
Quand cet interminable défilé arrivait enfin vers l’aurore à
Sainte-Marie-Majeure, le Pape et ses diacres se retiraient d’abord dans le
secretarium pour changer de vêtements et se préparer à la célébration de la
messe, tandis que le reste du clergé et le peuple, humblement prosternés devant
l’autel, comme cela se fait aujourd’hui encore le Samedi saint, chantaient pour
la troisième fois la litanie ternaire des saints, c’est-à-dire en répétant
trois fois chaque invocation.
Par la suite, ce rite
vigilial, composé de processions nocturnes, d’antiennes, de croix et de
cierges, rite si différent de l’habituelle pannuchis romaine, et qui accuse
pour cette raison une origine orientale, eut un immense développement et devint
l’une des solennités les plus caractéristiques de la Rome médiévale. Au Xe
siècle, le Pape et le Collège des cardinaux, le matin de la vigile de
l’Assomption, se rendaient pieds nus dans l’oratoire de Saint-Laurent, appelé
aujourd’hui Sancta Sanctorum au Latran, où l’on conservait, entre autres
reliques, l’antique image du Sauveur qu’on disait avoir été soustraite jadis à
la destruction des Iconoclastes à Constantinople. Ce tableau était, à Rome, en
grande vénération ; aussi le Pontife, avant d’ouvrir les portes du
tabernacle qui le gardait, faisait, avec ceux qui étaient présents, sept
génuflexions. A l’apparition de la sainte image, selon une ordonnance de saint
Léon IV, on entonnait l’hymne Te Deum ; le Pape montait alors sur l’estrade
préparée dans ce but, et baisait d’abord les pieds du Sauveur, puis déposait le
tableau sur la table du saint autel.
Dans l’après-midi, tout
le haut clergé du patriarchium du Latran se rendait, en compagnie du Pontife, à
Sainte-Marie-Majeure pour y célébrer les vêpres. Puis on prenait un sobre repas
qui était d’ailleurs l’unique réfection permise en ce jour de jeûne rigoureux.
Au coucher du soleil se terminait ce repas frugal, et le clergé papal se
retirait pour prendre un peu de repos dans les salles du palais voisin.
Au chant du coq, le Pape
était debout de nouveau avec son clergé et tous retournaient dans la basilique
luxueusement illuminée et toute ornée de tentures, pour y célébrer en présence
du peuple innombrable l’office vigilial. Celui-ci, selon l’usage romain des
plus grandes solennités, se composait de deux offices de matines, suivies des
psaumes habituels des laudes qui devaient être chantés à l’apparition de la
lumière. L’offrande du divin sacrifice mettait fin à cette longue cérémonie.
Au XIe siècle, ce rite
avait subi quelques modifications. Ce n’était plus le Pape mais les cardinaux
qui, au soir du 14 août, allaient retirer de la chapelle de Saint-Laurent au
Sancta Sanctorum l’image du Sauveur, et la conduisaient en triomphe sur la
vaste place qui s’ouvrait alors devant le Patriarchium du Latran.
La vénérable image était
escortée par douze portiers tenant des cierges allumés ; suivait, le
sous-diacre régionnaire avec la croix stationnale ; puis venaient le
clergé palatin, le primicier avec la Schola des chantres, le préfet de la Ville
avec une délégation de douze autres membres de la commune, et enfin une foule
immense de peuple qui, cette nuit, avait abandonné les quartiers de la Cité
pour se porter au Latran. Du Patriarchium, la procession se dirigeait vers la
basilique de Sainte-Marie-la-Neuve, près de la Voie sacrée sur le Forum, dont
l’on célébrait la solennité titulaire, et en cette splendide matinée d’août,
tandis que le soleil levant dorait les monts Albains, ce devait être assurément
un spectacle digne de la Ville éternelle qu’offrait la procession triomphale du
Rédempteur et de son Église, en ces lieux, sous ces mêmes arcs de victoire, le
long de ces portiques et de ces antiques amphithéâtres dédiés à Titus, à
Domitien et à Vespasien, et qui rappelaient trois siècles de persécution et de
sang généreusement répandu pour la confession du Christ.
La vénérable image du
divin Rédempteur était momentanément déposée sous le portique de
Sainte-Marie-la-Neuve, où le clergé, en signe d’adoration, répandait sur les
pieds du Sauveur des essences parfumées extraites de la plante appelée
vulgairement basilic. Puis la Schola des chantres entrait dans la basilique et
commençait l’office du matin, tandis que les fidèles, pour ne pas attendre
paresseusement la fin de cette psalmodie, s’emparaient pour un moment de la
sainte image, et, à bras d’hommes, au chant de psaumes et d’hymnes d’action de
grâces, la transportaient dans la basilique voisine de Saint-Adrien. Là se
répétait la cérémonie du lavement des pieds du Sauveur, avec de nouveaux
parfums, jusqu’à ce que, à la fin de l’office du matin, le cortège se reformât,
pour se diriger cette fois vers Sainte-Marie-Majeure, où se célébrait la messe
stationnale de l’Assomption de la sainte Vierge.
Au Xe siècle, l’imagination
populaire avait étrangement transformé l’histoire de Rome impériale, et dans
tous ces majestueux vestiges d’antiques monuments qui encombraient alors le
Capitole et le voisinage des forums impériaux, la légende ne voyait que
d’horribles cavernes de basilics et de reptiles qui avaient jadis empoisonné de
leur seul souffle pestiféré les étourdis qui étaient passés par là. La foi
énergique du moyen âge sentait donc le besoin de s’affirmer avec force devant
ces trophées qui rappelaient le règne diabolique de l’idolâtrie de Rome
impériale ; c’est pourquoi les rituels romains des XIe et XIIe siècles
prescrivaient à la procession de passer près de l’arc dit de Latone, et devant
la domus Orphei, l’antique fontaine ornée de la statue du poète thrace, afin
que le peuple romain fût délivré des influences diaboliques par les
supplications de si nombreux fidèles et grâce à l’intercession de la puissante
Mère de Dieu.
Le cortège étant enfin
arrivé à Sainte-Marie-Majeure, après une nuit si féconde en grandes émotions,
le Pape célébrait la messe stationnale et donnait la bénédiction au peuple
fatigué par le jeûne et par la veillée. C’est la raison pour laquelle, selon
l’ancien rit romain, dans l’après-midi des fêtes solennelles, à l’exception de
Pâques, on ne célébrait pas les secondes Vêpres, laissées exclusivement à la
dévotion des moines. Plus tard seulement, c’est-à-dire quand les vigiles
nocturnes tombèrent en désuétude, le rit romain finit par admettre la
célébration des secondes vêpres, mais généralement le Pape n’y prenait aucune
part.
Pour compléter ce tableau
de la fête de l’Assomption au moyen âge à Rome, voici un poème du début du XIe
siècle, où est décrite la solennelle veillée des Romains en l’honneur de
l’Assomption de la sainte Vierge. Il est important, parce qu’il supplée à quelques
lacunes des Ordines Romani eux-mêmes. Nous en empruntons le texte à des
mélanges cassiniens [111] du même siècle.
Incipit Carmen in
Assumptione Sanctæ Mariæ.
IN NOCTE, QUANDO TABULA
PORTATUR
Sancta Maria, quid
est ? Si cæli climata scandis ?
Esto benigna tuis. Sancta Maria, quid est ?
Unde fremit
populus ? Vel cur vexilla coruscant ?
Quid sibi vult
strepitus ? Unde fremit populus ?
Quare volant
faculæ ? Lucent per strata coronæ
Lumine columnæ ? Quare volant faculæ ?
Astra nitent radiis.
Rutilant et tecta lanternis ;
Cuncta rubent flammis. Astra nitent radiis.
Edita consulibus,
numerasti, Roma, triumphos ;
Signa moves planctus, edita consulibus.
Quæ tibi causa
mali ? felix, o gloria mundi.
Cur manant oculis ? Quæ tibi causa mali ?
Plaude, parens patria,
rorantia lumina terge,
Spem retinens veniæ. Plaude, parens patria.
Martyrii prætio, cecidit
si prima propago,
Stas renovata modo Martyrii prætio.
Limina primus adit,
silvis digressus arator,
Nunc tua Piscator limina primus adit.
Pulvere multiplici crines
foedaverat ille,
Hic te mundat aquis pulvere multiplici.
Paulus ovile tuum
pascens, educit aquatum
Atque refert stabulis Paulus ovile tuum.
RESPONDET ROMA
Quid memoras
titulos ? aut cur insignia prisca
Obicis in vultum ? Quid memoras titulos ?
Enitui facie. Toto
memorabilis orbe
Callida, sed vulpes. Enitui facie.
In mediis opibus,
meretrix nocturna cucullos
Indui prostituens, in mediis opibus.
Nec metuens Dominum,
proieci carmine vultum
Offendens nimium. Nec metuens Dominum
Semino nunc lacrimas ut
seram gaudia messis,
Et post delicias, semino nunc lacrimas.
Gaudia sustinui. Lucrum
si prima recepi,
Lucrificante Deo. Gaudia sustinui.
Nec procul est Opifex,
gemmam carbone refingens
Et gremium pandens. Nec
procul est opifex.
En ubi Vultus adest.
Quærens oracula Matris
Præ natis hominum, en ubi Vultus adest.
Vultus adest Domini, cui
totus sternitur orbis
Signo iudicii : Vultus adest Doinini.
Ergo fremit populus, nec
cessant tundere pectus
Matres cum senibus. Ergo fremit populus
Sistitur in solio Domini
spectabile signum,
Theotocosque suo sistitur in solio.
Hinc thimiama dabunt,
hinc balsama prima reponunt
Thus mirraque ferunt.
Hinc thimiama dabunt.
Dat schola græca melos,
et plebs romana susurros,.
Et variis modulis dat
schola græca melos
Kyrie centum plicant, et
pugnis pectora pulsant,
Christe, faveto, tonant, Kyrie centuplicant.
INVITATIO AD ORATIONEM.
Sollicitemus ob hoc
prece, carmine, lingua,
Et Matrem Domini sollicitemus ob hoc prece.
Virgo Maria, tuos
clementius aspice natos,
Exaudi famulos, Virgo Maria, tuos.
Supplicibus lacrimis Tibi
grex conspargitur
Urbis, Alma Maria, fave supplicibus lacrimis.
Turba gemit populi modico
discrimine læti,
Sancta Maria Tibi turba gemit populi.
Sancta Dei Genetrix,
romanam respice plebem,
Ottonemque fove, Sancta
Dei Genetrix.
Tertius Otto tuæ nixus
solamine palmæ
Præsto sit veniæ, tertius Otto tuæ.
Hic Tibi, si quid habet
devoto pectore præstat
Spargere non dubitat hic Tibi, si quid habet
Gaudeat omnis homo quia
regnat tertius Otto,
Illius imperio gaudeat omnis homo.
Chant pour l’Assomption
de Notre-Dame.
LA NUIT, QUAND ON
TRANSPORTE L’IMAGE.
Sainte Marie,
qu’arrive-t-il ?
Montez-vous au sommet des cieux ?
Soyez propice à vos enfants.
Sainte Marie, qu’arrive-t-il ?
Pourquoi ces rumeurs de
la foule ?
Pourquoi ces étendards déployés ?
Que veut dire ce tumulte ?
Pourquoi ces rumeurs de la foule ?
Pourquoi ces torches
promenées ?
Pourquoi dans les rues ces couronnes de lumière ?
Et ces colonnes de feu ?
Pourquoi ces torches promenées ?
Les astres brillent
radieux ;
Les toits même sont embrasés,
Tout rougeoie et s’enflamme.
Les astres brillent radieux.
Fille des consuls,
Tu as compté, Rome, bien des triomphes ;
Maintenant tu te montres en deuil,
Fille des consuls.
Qui a causé ton malheur
O bienheureuse, orgueil du monde ?
Pourquoi ces larmes en tes yeux ?
Qui a causé ton malheur ?
Applaudis, mère patrie,
Essuie tes yeux en pleurs,
Ne perds pas l’espoir du pardon.
Applaudis, mère patrie.
Grâce au martyre,
Si tes premiers rejetons sont tombés,
Te voici debout, renouvelée,
Grâce au martyre.
Ton sol fut d’abord foulé
Par le laboureur sorti des forêts,
Maintenant par le Pêcheur
Ton sol est foulé.
D’une épaisse poussière
Le premier a souillé ta chevelure ;
Le second te lave dans les eaux,
D’une épaisse poussière.
Paul fait paître ton
troupeau,
Il le conduit à la fontaine
Et le mène au bercail,
Paul fait paître ton troupeau.
RÉPONSE DE ROME.
Pourquoi rappeler mes
gloires ?
Pourquoi me jeter à la face
Mes antiques trophées ?
Pourquoi me rappeler mes gloires ?
Mon visage
resplendissait,
J’étais connue dans l’univers,
Mais comme un renard rusé,
Mon visage resplendissait.
Au sein de mes richesses,
Comme la nuit fait la courtisane,
Je me suis masquée [112] pour le vice
Au sein de mes richesses.
Sans crainte du Seigneur
J’ai, dans mes chants, bravé toute pudeur,
J’ai commis mille excès
Sans crainte du Seigneur.
Maintenant je sème les
larmes
Pour récolter la joyeuse moisson ;
Après une vie de plaisir,
Maintenant je sème les larmes.
J’espère la joie,
Il m’est bon de souffrir d’abord ;
Dieu en tirera mon profit,
J’espère la joie.
L’Ouvrier n’est pas loin
Qui sait du charbon tirer le diamant,
Qui ouvre son sein,
L’Ouvrier n’est pas loin.
Voici son image [113] :
Il va rencontrer sa Mère,
Plus beau que tous les fils des hommes,
Voici son image.
Voici l’image du
Seigneur,
Devant qui l’univers se prosterne,
Présage du jugement ;
Voici l’image du Seigneur.
Aussi le peuple frémit,
Sans cesse frappant leur poitrine
Matrones et vieillards :
Aussi le peuple frémit.
Sur son trône est placée
L’effigie vénérable du Seigneur,
Et la Mère de Dieu
Sur son trône est placée [114].
Alors on répand l’encens,
On offre le baume précieux [115],
On apporte l’encens, la myrrhe,
Alors on répand l’encens
Le chœur des Grecs [116] chante ses mélodies,
Le peuple romain fait écho,
Et sur des modes variés
Le chœur des Grecs chante ses mélodies.
Cent Kyrie [117] se font entendre,
Les mains frappent les poitrines.
Christ, ayez pitié, s’écrient-ils ;
Cent Kyrie se font entendre.
INVITATION A LA PRIÈRE.
Offrons nos prières
suppliantes,
Nos chants et nos voix ;
A la Mère du Seigneur,
Offrons nos prières suppliantes.
Vierge Marie,
Regardez vos fils avec clémence,
Exaucez vos serviteurs,
Vierge Marie.
En larmes qui vous
implorent
Se répand le peuple de Rome :
Mère puissante, ayez pitié
Des larmes qui vous implorent.
La foule du peuple gémit,
Heureuse pourtant d’échapper au péril,
Sainte Marie, à vos pieds
La foule du peuple gémit.
Sainte Mère de Dieu,
Jetez les yeux sur le peuple romain,
Protégez l’empereur Othon,
Sainte Mère de Dieu
Au troisième Othon,
Appuyé, soutenu par votre bras,
Accordez votre faveur
Au troisième Othon.
Tout ce qu’il possède,
D’un cœur dévoué il vous l’offre,
Sans regret il vous sacrifie
Tout ce qu’il possède [118].
Que chacun se réjouisse
De voir régner Othon III,
Sous son empire
Que chacun se réjouisse [119].
L’importance dogmatique
des rites que nous avons sommairement décrits ne peut échapper à personne. A
une époque où un auteur ecclésiastique comme le célèbre Ambroise Autpert, abbé
de Saint-Vincent à Volturno (VIIIe siècle) confessait encore que, relativement
à la doctrine de l’assomption corporelle de la bienheureuse Vierge au ciel, les
églises particulières n’étaient point arrivées à un accord unanime, le Siège
apostolique au contraire mettait la fête du 15 août au nombre des plus insignes
de l’année liturgique.
L’objet de cette fête est
bien exprimé dans les diverses collectes des Sacramentaires Gélasien et
Grégorien ; il s’agit toujours de l’assomption corporelle de Marie au
ciel, quoique parfois la liturgie considère deux moments distincts, à savoir
celui de sa mort temporelle, et celui de son exaltation corporelle au ciel.
Ainsi, par exemple, le Sacramentaire Gélasien nous offre la magnifique secrète
suivante :
Accipe munera, Domine,
quæ in beatæ Mariæ iterata solemnitate deferimus, quia ad tua præconia recurrit
ad laudem, quod vel talis assumpta est. Per Dominum, etc.
Accueillez, Seigneur, les
offrandes que nous vous présentons en cette nouvelle fête de la bienheureuse
Marie, car c’est votre honneur et votre louange qu’elle du moins ait été
enlevée (au ciel).
A quoi fait allusion
cette « seconde solennité » ? Peut-être à la fête vigiliale de
la nuit précédente, ou bien, ce qui semble plus probable, à une fête,
antérieure de quelques jours, celle par exemple du 5 août, dont l’objet aurait
été la Dormitio Sanctæ Mariæ ? Les éléments nécessaires pour le déterminer
nous manquent, mais en tout cas, il est déjà important pour nous de remarquer
que dans le Sacramentaire Gélasien l’Assumptio de la Mère de Dieu est ainsi
célébrée par une solennité distincte d’une autre, antérieure, peut-être, de
quelques jours.
Le Sacramentaire
Grégorien est beaucoup plus explicite. Comme chez les Grecs, l’objet de la fête
y est la « dormition », repos, tranquillité, translation ou
assomption de cette vie, de la bienheureuse Vierge Marie ; mais la foi de
l’Église romaine relativement à sa résurrection et à son élévation corporelle
au ciel est tellement ferme, indiscutée et hors de toute controverse, que le
prodige, plutôt qu’affirmé directement, est généralement plutôt supposé ;
il est objet de foi catholique, sur lequel ne s’élève aucun doute. Voici par
exemple, ce qu’on lit dans la première collecte du Sacramentaire
Grégorien :
Veneranda nobis, Domine,
huius est diei festivitas, in qua Sancta, Dei Genetrix mortem subiit
temporalem, nec tamen mortis nexibus deprimi potuit, quæ Filium tuum Dominum
nostrum de se genuit incarnatum. Qui tecum, etc.
Vénérable est pour nous,
Seigneur, la fête de ce jour où la sainte Mère de Dieu a subi un moment la
mort, et cependant n’a pu être retenue par les liens de la mort, elle qui a
engendré de sa chair votre Fils notre Seigneur.
Dans cette collecte, la foi au triomphe de la
bienheureuse Vierge sur la mort et, par conséquent, à sa résurrection
corporelle, est clairement affirmée ; bien plus, ce qu’il faut remarquer
surtout, c’est la raison qui en est donnée, et qui est identique à celle
qu’adopta saint Jean Damascène, à savoir la maternité divine de Marie :
Quonam modo mors devoraret ? quomodo inferi susciperent ? quomodo
corruptio invaderet corpus illud in quo vita suscepta est [120] ?
Il faut toujours
remarquer que, si la maternité divine de la Vierge très sainte peut être
considérée comme la raison prochaine de son assomption au ciel, cependant la
raison première et formelle de ce privilège doit être recherchée plutôt dans
son immaculée conception. Il est très vrai que la dignité de Mère du Verbe
incarné fut le motif primordial pour lequel Dieu, par sa grâce, a soustrait
l’immaculée conception de Marie à toute tache du péché originel ; — et
c’est en ce sens que le Sacramentaire Grégorien voit justement la raison de la
résurrection corporelle de la sainte Vierge dans sa qualité de Mère du Verbe
incarné ; — cependant, pour nous exprimer avec une entière exactitude,
nous devons dire que la raison formelle pour laquelle son corps échappa à la
corruption fut précisément son immunité de toute tache de faute originelle.
Les formules sacrées de
la liturgie romaine ne manifestent aucun embarras à expliquer, et même à mettre
d’accord, le fait de la mort de la sainte Vierge, et celui de sa résurrection
corporelle, due à son immense dignité.
On appelle mort — sans
que ce concept, quand il s’agit de l’Immaculée Mère de Dieu, renferme
nécessairement aucune idée de honte ni de douleur — le terme de l’état de voie
où se trouve l’âme en pèlerinage ici-bas. Ce terme, ou la mort, est une
conséquence du composé humain ; aussi, comme nous l’enseigne une Secrète
du Sacramentaire Grégorien, passée dans notre Missel romain actuel, la sainte
Vierge a quitté cette vie parce que telle est la condition de la chair : pro
conditione carnis migrasse cognoscimus [121], sans toutefois que les liens de la mort,
c’est-à-dire l’état de cette séparation de l’âme et du corps avec toutes ses
conséquences, la corruption corporelle, la longue et violente séparation de la
forme d’avec la matière, etc., puissent revendiquer aucun droit sur Marie. Le
Sacramentaire Grégorien s’exprime en ces termes : mortem subiit
temporalem, nec tamen mortis nexibus deprimi potuit [122].
L’autorité de la liturgie
romaine relativement à la proclamation dogmatique de l’assomption corporelle de
la bienheureuse Vierge est souveraine, car elle reflète l’enseignement et le
magistère ordinaire du Pape ; et maintenant surtout que la piété
catholique soupire après le jour où le Maître infaillible de Vérité posera sur
le diadème qui orne la bienheureuse Vierge au Ciel la dernière pierre précieuse
en proclamant le dogme de son Assomption corporelle, les théologiens, dans
leurs études, pourront largement puiser à cette source de la tradition
catholique qu’est la sainte liturgie, spécialement la liturgie romaine,
justifiant une fois de plus l’axiome du pape Célestin qui écrivait aux évêques
des Gaules : Legem credendi lex statuat supplicandi.
La Messe.
Station à
Sainte-Marie-Majeure.
L’Ordo Romanus XI du
chanoine Benoît fixe ainsi la procession de ce matin : ascendentes ad
sanctam Mariam, dominus Pontifex praeparatus cantat Missam, benedicit populum
fatigatum ; omnes recedunt [123]. C’était donc une sorte de dominica
vacat : la messe matinale au terme de la longue procession nocturne, puis
la bénédiction du Pape, et enfin tout le monde chez soi pour rompre le jeûne et
prendre le repos nécessaire.
Il est bien possible
qu’au VIIIe siècle il y ait eu une seconde messe pour ceux qui n’étaient pas
intervenus à la cérémonie de la nuit — une missa maior — comme le 10 août,
après la vigile de saint Laurent. Et c’est peut-être pourquoi la liste de
Würzbourg assigne aujourd’hui deux lectures évangéliques différentes :
celle déjà rapportée pour la messe de cette nuit, et l’autre avec la scène
caractéristique de Marthe et de Marie.
L’introït est de facture
grecque, et il fut composé primitivement pour sainte Agathe. Nous l’avons déjà
vu le 16 juillet. Les Anges exultent pour l’Assomption de Marie au ciel, parce
que leurs chœurs ont enfin leur Reine au milieu d’eux.
Prière. —
« Pardonnez, Seigneur, les fautes de vos serviteurs, et puisque ce serait
une vaine présomption de penser que notre vie puisse vous être agréable, que du
moins l’intercession de celle qui fut Mère de votre Fils nous sauve ».
Mère de votre Fils, mais aussi notre Mère, précisément parce que Mère de Celui
qui, pour nous, se fit son Fils, pour nous s’humilia Lui-même et l’exalta, pour
nous mourut sur la Croix et nous la laissa.
La première lecture est
tirée de l’Ecclésiastique (XXIV, 11-13, 15-20). Ce qui, dans l’Écriture, est
dit à la louange de Jérusalem, où le culte du vrai Dieu et l’Éternelle Sagesse
avaient établi leur siège, l’Église l’applique aujourd’hui à la bienheureuse
Vierge, en qui s’incarna le Verbe divin lui-même. Grâce à la maternité divine,
la dignité de la Vierge est si grande qu’elle dépasse toutes les gloires et las
dignités que l’esprit humain peut concevoir.
Répons (Ps. 44). —
« Chevauchez pour la vérité et la justice, et votre bras droit vous
portera à d’admirables entreprises.. Écoutez, ô ma fille, regardez et tendez
l’oreille, car le Roi s’est épris de votre beauté ». Comme un artiste de
génie qui se reproduit tout entier dans son chef-d’œuvre et l’admire, ainsi
l’Éternel contempla Marie avec complaisance : Termine fisso d’eterno
consiglio.
« Alléluia. Marie a
été ravie au ciel, et les troupes angéliques s’en réjouissent ». Les anges
ne sont pas seuls aujourd’hui à se réjouir de l’Assomption de Marie ; nous
prenons aussi part à la fête, nous, pauvres pécheurs, parce que, aujourd’hui,
Notre-Dame monte au ciel pour plaider de plus près et avec une plus grande
efficacité la cause de notre salut, devant le tribunal de Dieu.
La lecture évangélique
(Luc., X, 38-42) évoque l’hospitalité reçue par Jésus à Béthanie dans la maison
de Lazare. La liturgie applique aujourd’hui à la bienheureuse Vierge Marie ce
que dit, jadis, le Sauveur à la louange de la sœur de Marthe, assise à ses
pieds et attentive à écouter la divine parole. Marie a choisi, non pas
simplement une part meilleure, mais la meilleure, parce que, comme sa pureté et
sa sainteté l’emportent immensément sur celle de toute autre créature, ainsi sa
gloire au ciel est surpassée seulement par celle de Dieu. Dante ajoute même
pieusement que la vision du rayonnant visage de Marie dispose les bienheureux à
la vision du Christ :
Riguarda ornai nella
faccia, che a Cristo
Più si somiglia, chè la
sua chiarezza
Sola ti pua disporre a
veder Cristo. [124]
L’antienne pour
l’offrande des oblations est la suivante : « Marie a été ravie au
ciel ; les anges s’en réjouissent ensemble et ils en bénissent le
Seigneur. Alléluia ». La sainte liturgie, sobrement, dignement, mais aussi
sans ambages, professe la croyance catholique de l’Assomption corporelle de
Marie au Ciel. Elle intitule, en effet, la fête de ce jour :
Assomption ; elle nous parle maintes fois d’Assomption et par ce mot on ne
peut certes pas entendre l’assomption de l’âme, commune à tous les élus. Il
s’agit donc d’un privilège spécial de Marie, et celui-ci ne peut regarder que
son corps virginal.
Sur les oblations. —
« Que l’intercession de la Mère de Dieu vienne, Seigneur, à notre
secours ; et bien qu’elle ait laissé ce monde selon les lois de la nature
humaine, qu’elle nous fasse pourtant sentir les effets de sa prière dans la
gloire céleste ». Si grande est la dignité de la Mère de Dieu, et si
enracinée dans le cœur des fidèles la croyance à son assomption corporelle au
ciel, que le rédacteur de la messe de ce jour ne peut cacher son embarras pour
expliquer la cause de la mort de Marie. Comment pouvait être soumise à la mort
Celle qui avait été conçue immaculée, et avait donné le jour à l’Auteur même de
la vie ? Voilà la difficulté théologique. Pour la résoudre, le rédacteur
de la collecte sur les offrandes semble vouloir distinguer entre la mort, peine
du péché, et la mort status termini à laquelle, pro condicione carnis, tout
homme est sujet sur la terre. Marie fut bien exempte des douleurs et de
l’humiliation de la mort, en tant que celles-ci sont la conséquence du péché originel,
Elle qui, dans la joie, avait enfanté le Rédempteur. Cependant, en tant que
créature, — pro condicione carnis, — Marie fut sujette à la loi universelle qui
met un terme au pèlerinage de toute créature humaine.
Le Sacramentaire
Grégorien ne s’exprime pas autrement dans une autre collecte destinée,
peut-être, à l’office vigilial de la nuit précédente : Sancta Dei Genitrix
mortem subiit temporalem, nec tamen mortis nexibus deprimi potuit [125]. La mort de Marie est donc certaine, malgré
le doute attribué à saint Épiphane : Je ne dis pas qu’elle ait été
immortelle, cependant je ne suis par sûr non plus qu’elle soit morte [126] ;
mais son triomphe sur la mort est double : Elle rendit l’âme dans la
sainteté et la bénédiction originelle, entre les mains de son Fils ; de
plus : nec mortis nexibus deprimi potuit, et c’est pourquoi elle fut
corporellement élevée au ciel.
La collecte du Gélasien,
pour ce jour, est intéressante : Accipe munera, Domine, quae in beatae
Mariae iterata solemnitate deferimus ; — iterata, se rapporte peut-être à
la précédente synaxe vigiliale, — quia adtu a praeconia recurrit, ad laudem,
quod vel talis assumpta est.
La préface que les
Sacramentaires assignent communément pour la solennité de ce jour est, à peu de
chose près, la même que dans notre Missel pour toutes les fêtes de Notre-Dame.
Nous rapportons de
préférence, à la louange de Marie, une des magnifiques préfaces du
Sacramentaire Léonien pour le jour de Noël : Vere dignum, etc. In die
solemnitatis hodiernae, quo licet ineffabile, tamen utrumque conveniens editur
sacramentum. Quia et Mater Virgo non posset nisi sobolem proferre divinam, et
Deus homo nasci dignatus, congruentius non deberet nisi Virgine Matre generari.
Propterea etc.
L’antienne pour la
Communion des fidèles répète aujourd’hui la parole de Jésus (Luc., X, 42) :
« Marie a choisi la meilleure part, qui ne lui sera jamais enlevée ».
Cette meilleure part, c’est le Verbe de Dieu, à qui non seulement la
bienheureuse Vierge Mère donna le jour, mais dont Elle-même se nourrit
spirituellement, toute appliquée, comme nous la montre l’Évangile, à méditer
dans l’intime de son cœur la parole de Jésus.
Après la Communion. —
« Après avoir participé, Seigneur, à la table céleste en la solennité de
l’Assomption au ciel de la Mère de Dieu, nous vous demandons, par son intercession,
d’être délivrés de tous les maux qui nous menacent ». Le moment le plus
favorable pour obtenir des grâces de Marie est celui de la Communion, alors
qu’Elle nous voit si étroitement unis au Corps et au Sang de son Fils, qu’elle
s’estime plus que jamais Mère de Jésus et notre Mère.
Charles Le Brun (1619–1690). L’Assomption
de la Vierge Marie,
XVIIe
siècle, Musée Thomas-Henry
Dom Pius Parsch, Le guide
dans l’année liturgique
Marie a choisi la
meilleure part.
Vers la fin de l’été, à
l’époque où dans les jardins et les prés mûrissent les fruits, l’Église célèbre
la plus grande fête de la moisson, qui annonce le retour de l’automne
liturgique. Le fruit le plus précieux qui se soit épanoui sur la terre du
royaume de Dieu est aujourd’hui déposé dans les granges célestes : Marie, la
Très Sainte Vierge.
1. La Fête de
l’Assomption. — Que célébrons-nous en ce jour ?
a) Avant tout la mort de
Marie, la fête de la « Dormitio », comme on disait autrefois. Pour l’Église,
l’anniversaire de la mort des saints est plus encore celui de leur naissance au
ciel (natale).
b) C’est ensuite la
réception de Marie au Paradis. La liturgie dépeint l’arrivée de la Mère de Dieu
comme un cortège nuptial, comme une marche triomphale.
c) Poursuivons encore.
Nous célébrons le couronnement de Marie comme Reine des Saints. Toutefois,
c’est une pensée particulièrement chère à la piété populaire et au mysticisme
du moyen âge dont la liturgie fait moins de cas.
d) Enfin, l’Église songe
à l’Assomption corporelle de Marie dans le ciel, quoique la liturgie n’insiste
guère non plus sur ce fait. Sur la mort de la sainte Vierge nous ne possédons
aucun document historique certain ; nous en ignorons même le lieu (d’après la
tradition : Éphèse ou Jérusalem).
L’Assomption est une des
fêtes les plus anciennes de la Sainte Vierge. On la célébrait primitivement le
18 janvier ; l’empereur Maurice (582-602) en fixa la date actuelle. — La «
bénédiction des plantes » qui a lieu également aujourd’hui dans certaines
régions est une antique coutume sans rapport bien net avec la fête liturgique.
L’office, il est vrai, compare Marie aux plantes et aux fleurs odoriférantes ;
d’après la légende, au lieu d’un linceul ce sont des fleurs que l’on trouva
dans son tombeau. Vraisemblablement pourtant, la bénédiction des plantes n’est
que la survivance d’un vieil usage païen qu’on a voulu christianiser.
2. L’Office. —
Efforçons-nous encore une fois de bien comprendre et de bien suivre toutes les
phases de l’office liturgique. Les premières et les secondes vêpres annoncent
déjà dans leurs antiennes quel est le mystère de la fête, et proclament la
sainteté de la Mère de Dieu. Les matines, prière nocturne de l’Église, font
l’exposé poétique et dramatique de tout ce que rappelle la solennité de
l’Assomption : les versets et, mieux encore, les répons acclament en Marie la
Reine et l’Épouse : « Assumpta est » — « Marie a été élevée au Ciel », y
répète-t-on sans cesse.
Les leçons sont également
très belles. Au troisième nocturne, nous entendons une homélie de saint
Augustin sur l’évangile de la fête [127]. Les anciens insistent surtout sur le
sens allégorique de cet évangile : les deux femmes symbolisent la vie active et
la vie contemplative, mais elles représentent aussi la paix céleste de
l’Église. Et c’est ce dernier motif qui explique le choix de cette péricope
aujourd’hui : dans son Assomption « Marie a pris la meilleure part ». — A
l’heure où l’aurore glisse ses premières clartés sur le sommet des montagnes, à
l’heure où le soleil visible commence majestueusement sa carrière, l’Église
entonne le Benedictus et salue le vrai « Soleil levant » (Oriens ex alto) ;
mais aujourd’hui, c’est surtout la pensée de Marie entrant au ciel qui lui
suggère cette image : « Quelle est celle qui s’élève comme l’aurore, belle
comme la lune, radieuse comme le soleil, terrible comme une armée rangée en
bataille ? »
3. La Messe. — Depuis la
promulgation comme dogme du mystère de la fête de l’Assomption, un nouveau
formulaire de messe a été prescrit conformément au décret de la Congrégation
des Rites, en date du 31 octobre 1950. Ce formulaire souligne davantage encore
que l’ancien la souveraine dignité de Marie.
La messe commence
immédiatement par cette image de l’Apocalypse : « La femme revêtue du soleil,
la lune à ses pieds et sur sa tête une couronne de douze étoiles ». Peut-il y
avoir plus sublime image de la Reine du ciel qui brille de l’éclat des astres ?
Marie est la première créature entrée, corporellement aussi, dans la
glorification du Christ ; nous pouvons donc entonner un « cantique nouveau ».
Le mot « nouveau » a dans la liturgie un sens tout à fait éminent et veut
indiquer le monde surnaturel ; sur la terre la vie nouvelle de la grâce, dans
l’autre monde, « un ciel nouveau et une nouvelle terre ». Le « cantique nouveau
chante le corps humain glorifié de la Mère de Dieu, les « choses admirables
accomplies en elle par Dieu.
Si nous considérons le
psaume 97 dans son entier, nous pensons alors que la Mère de Dieu est entrée
dans les parvis célestes en tant que première créature humaine glorifiée ;
Ainsi, « le Seigneur a révélé son salut et dévoilé sa justice sous les yeux du
monde ». Par la foi, « toutes les contrées de la terre voient le salut de notre
Dieu ». A présent toute la création rend hommage au premier être humain
glorifié, Marie. Car la création voit en elle les prémices de sa propre
glorification : « Jouez en l’honneur du Seigneur sur la harpe... Que la mer se
soulève avec ce qu’elle contient, la terre avec tous ses habitants. Que les
fleuves applaudissent et qu’en même temps les montagnes tressaillent ».
L’Introït est donc une magnifique ouverture pour cette messe.
La nouvelle Collecte est
ainsi rédigée : « Dieu tout-puissant et éternel qui avez élevé en corps et en
âme dans la gloire céleste l’immaculée Vierge Marie, Mère de votre Fils ;
faites, nous vous en supplions, que, attentifs toujours aux choses d’en-haut, nous
méritions de participer à sa gloire ». Cette Oraison constate donc que « la
Vierge Immaculée » et « Mère du Fils de Dieu a été élevée « en corps et en âme
dans les splendeurs du ciel » : elle en tire une double application :
qu’ici-bas nous soyons « sans cesse occupés des choses du ciel » et « que nous
participions un jour à sa gloire ». La Collecte indique donc la valeur vitale
du mystère de la fête. C’est ce que nous demandons aussi en la fête de
l’Ascension : « habiter de cœur dans le ciel ».
L’Épître est tirée du
Livre de Judith (nous avons déjà le même texte dans le missel à la fête de
Notre-Dame des Sept-Douleurs). L’éloge de cette femme héroïque est appliqué à
Marie qui a foulé aux pieds le serpent : « Le Seigneur vous a bénie dans sa
force ; car, par vous, il a anéanti nos ennemis (par la naissance de
Jésus-Christ, le Vainqueur de la mort et de l’enfer). Ainsi, Marie « est bénie
plus que toutes les femmes sur la terre... parce que le Seigneur a guidé sa
main pour trancher la tête à notre plus grand ennemi ». Nous avons là un écho
du texte de la Vulgate dans la Genèse : « elle t’écrasera la tête ». L’Épître
parle donc de la tâche de Marie dans l’histoire du salut qui, en tant que Mère
immaculée du Sauveur, a pris une part active à la défaite du démon. L’Épître
ajoute encore cette phrase empruntée à un autre chapitre du même Livre : « Vous
êtes la gloire de Jérusalem, la joie d’Israël, la couronne de notre peuple ».
(Jérusalem, c’est l’Église, Israël la chrétienté). Nous voyons que l’Épître a
été bien choisie.
Au Graduel, l’image de
l’héroïne guerrière fait place à l’image pacifique de la fiancée ; nous voyons
la Mère de Dieu sous les traits d’une fille de roi et d’une épouse royale,
entrer dans le palais céleste. Nous entendons l’invitation : « Écoute, ma
fille, vois et prête l’oreille ; le roi sera épris de ta beauté » ; puis nous
voyons « la fille du roi richement parée, en vêtements aux franges dorées,
entrer dans le ciel ».
Nous rencontrons dans
l’Alléluia le point culminant de la fête, nous chantons au milieu des Alléluias
célestes : « Marie a été transportée au ciel, l’armée des anges s’en réjouit. »
L’Évangile aussi est
entièrement nouveau. L’ancien évangile qui rapportait la discussion entre les
deux sœurs avait le défaut de ne pas parler de la Mère de Dieu ; mais pour
l’ami de la liturgie il avait l’avantage de fournir le verset de la Communion «
Marie a choisi la meilleure part qui ne lui sera pas ôtée ». La péricope
nouvelle nous transporte dans la maison de Sainte Élisabeth qui continue la
salutation de l’ange : « Vous êtes bénie entre toutes les femmes et le fruit de
vos entrailles est béni ». Nous avons donc ici une phrase répondant à celle de
l’Épître. Ensuite nous entendons sur les lèvres de Marie une partie du
Magnificat. Nous pouvons nous représenter la Sainte Vierge chantant, à son
arrivée au ciel, son premier solennel Magnificat.
L’antienne de
l’Offertoire n’est pas tirée d’un psaume, c’est la parole de Dieu au paradis
terrestre : « Je mettrai une inimitié entre toi et la femme, entre ta
descendance et son Fils ». Nous pouvons là aussi constater une correspondance
avec l’Épître. Judith « a coupé la tête du chef des ennemis d’Israël » devant
les portes du paradis perdu Dieu a peint l’image de Marie qui écraserait le
serpent.
La Secrète est très
solennelle ; elle commence par le mot « ascendat » ; instinctivement, on pense
tout d’abord à l’Assomption de Marie mais, les mots suivants nous montrent
qu’il s’agit des oblats que nous souhaitons voir monter vers Dieu ; dans la
phrase qui suit nous demandons que l’Assomption de la Sainte Vierge enflamme
nos cœurs du feu de l’amour divin. Les charbons allumés, l’encens fumant
pendant l’offertoire sont les symboles de cette oraison.
A la Communion, nous
voyons le ciel ouvert et la Mère de Dieu glorifiée chanter le Magnificat : «
toutes les générations me proclameront bienheureuse, parce que le Tout-Puissant
a fait en moi de grandes choses ». Nous pouvons chanter le Magnificat en
entier, le cantique d’action de grâces pour notre salut.
La Postcommunion demande
à Dieu que « nous soyons conduits à la gloire de la résurrection ». La liturgie
aime beaucoup à diriger nos pensées vers la fin de la messe, sur la gloire
céleste (cf. la Postcommunion de la Fête-Dieu « la jouissance éternelle de la
divinité »). Cette nouvelle messe fait donc passer devant nous diverses scènes
et images : d’abord la grandiose image de la Femme vêtue du soleil, l’héroïque
Judith, l’entrée de la royale épouse, la Sainte Vierge frappant à la porte de
Sainte Élisabeth, la femme qui écrase le serpent et enfin, la Reine du ciel
chantant le Magnificat.
Pie
XII proclamant le dogme de l’Assomption en 1950
Constitution apostolique
Munificentissimus Deus, 1950
Constitution de Pie XII
du 1er novembre 1950 définissant le dogme de l’Assomption.
1. Dans sa munificence,
Dieu, qui peut tout, et dont le plan providentiel est fait de sagesse et
d’amour, adoucit par un mystérieux dessein de sa pensée, les souffrances des
peuples et des individus en y entremêlant des joies, afin que par des procédés
divers et de diverses façons, toutes choses concourent au bien de ceux qui
l’aiment [128].
2. Notre pontificat, tout
comme l’époque actuelle, est accablé de multiples soucis, préoccupations et
angoisses causés par les très graves calamités et les déviations de beaucoup
d’hommes qui s’écartent de la vérité et de la vertu. Cependant, c’est pour Nous
une grande consolation de voir des manifestations publiques et vivantes de la
foi catholique, de voir la piété envers la Vierge Marie, Mère de Dieu, en plein
essor, et croître chaque jour davantage, et offrir presque partout des présages
d’une vie meilleure et plus sainte. Il arrive de la sorte que tandis que la
Très Sainte Vierge remplit amoureusement ses fonctions de mère en faveur des
âmes rachetées par le sang du Christ, les esprits et les cœurs des fils sont
incités à contempler avec plus de soin ses privilèges.
3. Dieu, en effet, qui,
de toute éternité, regarde la Vierge Marie avec une toute particulière
complaisance « dès que vint la plénitude des temps [129] », réalisa le dessein
de sa Providence de façon que les privilèges et les prérogatives dont il
l’avait comblée avec une suprême libéralité, resplendissent dans une parfaite
harmonie. Que si l’Église a toujours reconnu cette très grande libéralité et
cette parfaite harmonie des grâces, et si, au cours des siècles, elle les a
chaque jour explorées plus intimement, il était cependant réservé à notre temps
de mettre en plus grande lumière le privilège de l’Assomption corporelle au
ciel de la Vierge Marie, Mère de Dieu.
4. Ce privilège
resplendit jadis d’un nouvel éclat lorsque Notre Prédécesseur d’immortelle
mémoire, Pie IX, définit solennellement le Dogme de l’Immaculée Conception de
la Mère de Dieu. Ces deux privilèges sont en effet très étroitement liés. Par
sa propre mort, le Christ a vaincu le péché et la mort, et celui qui est
surnaturellement régénéré par le baptême triomphe par le même Christ du péché
et de la mort. Toutefois, en vertu d’une loi générale, Dieu ne veut pas
accorder aux justes le plein effet de la victoire sur la mort, sinon quand
viendra la fin des temps. C’est pourquoi, les corps même des justes sont
dissous après la mort, et ne seront réunis, chacun à sa propre âme glorieuse
qu’à la fin des temps.
5. Cependant, Dieu a
voulu exempter de cette loi universelle la Bienheureuse Vierge Marie. Grâce à
un privilège spécial, la Vierge Marie a vaincu le péché par son Immaculée
Conception, et de ce fait, elle n’a pas été sujette à la loi de demeurer dans
la corruption du tombeau, et elle ne dut pas non plus attendre jusqu’à la fin
du monde la rédemption de son corps.
6. C’est pourquoi,
lorsqu’il fut solennellement défini que la Vierge Marie, Mère de Dieu, a été
préservée dès sa conception de la tache originelle, les fidèles furent remplis
d’un plus grand espoir de voir définir le plus tôt possible, par le suprême
magistère de l’Église, le Dogme de l’Assomption corporelle au ciel de la Vierge
Marie.
7. En fait, on vit alors,
non seulement les simples fidèles, mais encore les représentants des nations et
des provinces ecclésiastiques, ainsi que de nombreux Pères du Concile du
Vatican, postuler instamment cette définition auprès du Siège apostolique.
8. Au cours des siècles,
ces pétitions et ces vœux, loin de diminuer, ne firent que croître en nombre et
en instance. En effet, de pieuses croisades de prières furent organisées à
cette fin ; de nombreux et éminents théologiens en firent l’objet de leurs
études empressées et attentives, soit en particulier, soit dans des Athénées ou
Facultés ecclésiastiques, soit d’autres Instituts destinés à l’enseignement des
sciences sacrées ; des Congrès mariaux nationaux ou internationaux eurent lieu,
en de nombreuses parties du monde. Ces études et ces recherches mirent en
meilleure lumière le fait que, dans le dépôt de la foi chrétienne confié à
l’Église, était également contenu le Dogme de l’Assomption au ciel de la Vierge
Marie ; et généralement, il en résulta des pétitions dans lesquelles on priait
instamment le Saint-Siège de définir solennellement cette vérité.
9. Dans cette pieuse
campagne, les fidèles se montrèrent admirablement unis à leurs évêques,
lesquels adressèrent en nombre vraiment imposant des pétitions de ce genre à
cette Chaire de Saint-Pierre. Aussi, au moment de Notre élévation au trône du
Souverain Pontife, plusieurs milliers de ces suppliques avaient été présentées
au Siège apostolique de toutes les régions de la terre et par des personnes de
toutes les classes sociales : par Nos chers Fils les cardinaux du
Sacré-Collège, par Nos vénérables Frères les archevêques et évêques, par les
diocèses et les paroisses.
10. En conséquence,
tandis que Nous adressions à Dieu de ferventes prières afin d’obtenir pour
Notre âme la lumière du Saint-Esprit en vue de la décision à prendre en une si
grave affaire, Nous édictâmes des règles spéciales, pour que fussent
entreprises dans un effort commun, des études plus rigoureuses sur cette
question et pour que, pendant ce temps, fussent rassemblées et examinées avec
soin toutes les pétitions concernant l’Assomption au ciel de la Bienheureuse
Vierge Marie [130].
11. Mais comme il
s’agissait d’une chose particulièrement grave et importante, Nous jugeâmes
opportun de demander directement et officiellement à tous les vénérables Frères
dans l’épiscopat de bien vouloir Nous exprimer ouvertement chacun son sentiment
à ce sujet. C’est pourquoi, le 1er mai de l’année 1946, Nous leur adressâmes la
lettre Deiparae Virginis Mariae, dans laquelle se trouvait ce qui suit : «
Est-ce que vous, vénérable Frère, dans votre grande sagesse et prudence, vous
pensez que l’Assomption corporelle de la Bienheureuse Vierge puisse être
proposée et définie comme Dogme de foi et est-ce que vous, votre clergé et vos
fidèles, vous désirez cela ? »
12. Et ceux que «
l’Esprit-Saint a établis évêques pour gouverner l’Église de Dieu » [131]
donnèrent à l’une et à l’autre question une réponse presque unanimement
affirmative. Ce « singulier accord des évêques et des fidèles catholiques »
[132], qui estiment que l’Assomption corporelle au ciel de la Mère de Dieu peut
être définie comme un Dogme de foi, comme il nous offre l’accord de
l’enseignement du magistère ordinaire de l’Église et de la foi concordante du
peuple chrétien — que le même magistère soutient et dirige — manifeste donc par
lui-même et d’une façon tout à fait certaine, et exempte de toute erreur, que
ce privilège est une vérité révélée par Dieu et contenue dans le dépôt divin,
confié par le Christ à son Épouse, pour qu’elle le garde fidèlement et le fasse
connaître d’une façon infaillible [133], le magistère de l’Église, non point
certes par des moyens purement humains, mais avec l’assistance de l’Esprit de
vérité [134] et à cause de cela sans commettre absolument aucune erreur,
remplit la mission qui lui a été confiée de conserver à travers tous les
siècles, dans leur pureté et leur intégrité, les vérités révélées ; c’est
pourquoi il les transmet, sans altération, sans y rien ajouter, sans y rien
supprimer. « En effet, comme l’enseigne le Concile du Vatican, le Saint-Esprit
ne fut pas promis aux successeurs de Saint-Pierre pour que, Lui révélant, ils
enseignent une doctrine nouvelle, mais pour que, avec son assistance, ils
gardent religieusement et exposent fidèlement la révélation transmise par les
Apôtres, c’est-à-dire le dépôt de la foi » [135]. C’est pourquoi, de l’accord
universel, du magistère ordinaire de l’Église, on tire un argument certain et
solide servant à établir que l’Assomption corporelle au ciel de la Bienheureuse
Vierge Marie — laquelle, en ce qui concerne la « glorification » céleste
elle-même du corps virginal de la Mère de Dieu, ne pouvait être connue par les
forces naturelles d’aucune faculté de l’âme humaine — est une vérité révélée
par Dieu, et par conséquent elle doit être crue fermement et fidèlement par
tous les enfants de l’Église. Car, ainsi que l’affirme le même Concile du
Vatican, « on doit croire de foi divine et catholique toutes les choses
contenues dans la parole de Dieu écrite ou transmise, et que l’Église propose à
notre foi par son magistère ordinaire ou universel, comme des vérités révélées
par Dieu » [136] .
13. Des témoignages, des
indices, des traces multiples de cette foi commune de l’Église ont apparu au
cours des siècles, depuis l’antiquité, et cette même foi s’est manifestée dans
une lumière plus vive de jour en jour.
14. En effet, sous la
direction et la conduite de leurs pasteurs, les fidèles ont appris par la
Sainte Écriture que la Vierge Marie a mené au cours de son pèlerinage ici-bas,
une vie de soucis, d’angoisses et de souffrances ; ils ont su, de plus, que
s’est réalisée la prédiction du saint vieillard : qu’un glaive acéré lui
transperça le cœur au pied de la croix de son divin Fils, notre Rédempteur. Les
fidèles ont également admis sans peine que l’admirable Mère de Dieu, à
l’imitation de son Fils unique, quitta cette vie. Mais cela ne les a aucunement
empêchés de croire et de professer ouvertement que son corps si saint ne fut
jamais soumis à la corruption du tombeau et que cet auguste tabernacle du Verbe
divin ne fût pas réduit en pourriture et en poussière. Bien plus, éclairés par
la grâce divine, et poussés par leur piété envers Celle qui est la Mère de Dieu
et aussi notre très douce Mère, ils ont contemplé dans une lumière chaque jour
plus vive l’admirable harmonie et concordance des privilèges que Dieu, dans son
infinie Providence, a accordés à cette sainte associée de notre Rédempteur,
privilèges si élevés que nulle autre créature, en dehors de Marie, sauf la
nature humaine de Jésus-Christ, n’atteignit jamais pareil sommet.
15. Cette même croyance
est clairement attestée par d’innombrables églises consacrées à Dieu en
l’honneur de la Vierge Marie dans son Assomption ; elle l’est aussi par les
images sacrées exposées dans les églises à la vénération des fidèles et
représentant aux yeux de tous ce singulier triomphe de la Bienheureuse Vierge.
En outre, des villes, des diocèses, des régions furent placés sous la
protection et le patronage spéciaux de la Vierge, Mère de Dieu, élevée au ciel.
Pareillement, des Instituts religieux approuvés par l’Église furent créés, qui
portent le nom de ce privilège de Marie. On ne doit pas non plus passer sous
silence que dans le rosaire mariai, dont le Siège apostolique recommande tant
la récitation, est proposé à la méditation un mystère ayant trait, comme chacun
sait, à l’Assomption au ciel de la Bienheureuse Vierge.
16. Mais cette foi des
pasteurs de l’Église et des fidèles s’est manifestée d’une façon universelle et
plus éclatante lorsque, depuis les temps anciens, en Orient, comme en Occident,
furent célébrées des solennités liturgiques en l’honneur de l’Assomption. Les
Pères et Docteurs de l’Église, en effet, n’ont jamais manqué de puiser là un
lumineux argument, attendu que la liturgie sacrée, ainsi que tous le savent, «
étant aussi une profession des vérités célestes, soumises au magistère suprême
de l’Église, elle peut fournir des preuves et des témoignages de grande valeur
pour décider de quelque point particulier de la doctrine chrétienne [137] ».
17. Dans les livres
liturgiques où l’on trouve la fête, soit de la Dormition, soit de l’Assomption
de Sainte Marie, il y a des expressions en quelque sorte concordantes pour
attester que lorsque la Sainte Vierge, Mère de Dieu, quitta cet exil pour les
demeures éternelles, il arriva pour son corps sacré, par une disposition de la
divine Providence, ce qui était en harmonie avec sa dignité de Mère du Verbe
incarné, et avec les autres privilèges qui lui avaient été accordés. Ces
expressions, pour en donner un remarquable exemple, se lisent dans le
Sacramentaire, que Notre prédécesseur d’immortelle mémoire, Adrien I, envoya à
l’empereur Charlemagne. Il y est dit, en effet : « Vénérable est pour nous,
Seigneur, la fête de ce jour, en lequel la Sainte Mère de Dieu subit la mort
temporelle, mais cependant ne put être humiliée par les liens de la mort, elle
qui engendra de sa chair, ton Fils, Notre-Seigneur » [138].
18. Ce qu’indique dans sa
sobriété verbale habituelle la liturgie romaine, est exprimé avec plus de
détails et de clarté dans les autres livres de l’ancienne liturgie, tant
orientale qu’occidentale. Le Sacramentaire Gallican, pour apporter un seul
exemple, qualifie ce privilège de Marie d’« inexplicable mystère, d’autant plus
admirable qu’il est exceptionnel parmi les hommes, par l’Assomption de la Vierge
». Et, dans la liturgie byzantine, l’Assomption corporelle de la Vierge Marie
est reliée plus d’une fois, non seulement à la dignité de Mère de Dieu, mais
encore à ses autres privilèges, à un titre particulier à sa maternité
virginale, faveur qu’elle doit à un singulier dessein de la divine Providence :
« Dieu, le Roi de l’univers, t’a accordé des choses qui dépassent la nature,
car, de même qu’il te garda vierge lorsque tu enfantas, de même il préserva ton
corps de la corruption du tombeau et le glorifia par une divine translation »
[139].
19. Cependant, le fait
que le Siège apostolique, héritier de la mission confiée au Prince des apôtres
de confirmer les frères dans la foi rendit, en vertu de son autorité, de plus
en plus solennelle cette fête, a porté l’esprit des fidèles à considérer chaque
jour davantage la grandeur du mystère qui était commémoré. C’est pourquoi la
fête de l’Assomption, du rang honorable qu’elle obtint dès le commencement
parmi les autres fêtes mariales, fut élevée au rang des fêtes les plus
solennelles de tout le cycle liturgique. Et Notre prédécesseur, saint Serge I,
prescrivant la litanie ou procession stationnale pour les quatre fêtes
mariales, énumère ensemble les fêtes de la Nativité, de l’Annonciation, de la
Purification et de la Dormition de la Vierge Marie [140]. Plus tard, saint Léon
IV eut à cœur de faire célébrer encore avec plus de solennité la fête déjà
établie sous le titre d’Assomption de la Bienheureuse Mère de Dieu ; à cet
effet, il en institua la vigile, puis il prescrivit des prières pour son octave
; et lui-même, heureux de profiter de cette occasion, entouré d’une immense
foule, tint à participer à la célébration des solennités [141]. Enfin, on
déduit très clairement l’obligation, remontant à une date ancienne, de jeûner
la veille de cette solennité, des déclarations de Notre prédécesseur saint
Nicolas Ier, au sujet des principaux jeûnes « que la Sainte Église romaine
reçut en tradition et qu’elle observe encore » [142].
20. Vu que la liturgie
catholique n’engendre pas la foi catholique, mais plutôt en est la conséquence,
et que, comme les fruits d’un arbre, en proviennent les rites du culte sacré,
les Saints Pères et les grands Docteurs, à cause de cela même, n’y puisèrent
pas cette doctrine comme d’une source première dans les homélies et discours qu’ils
adressaient au peuple ; mais ils en parlaient plutôt comme d’une chose déjà
connue des fidèles et par eux acceptée. Ils l’ont mise en plus grande lumière.
Ils en ont exposé le fait et le sens par des raisons plus profondes, mettant
surtout en un jour plus lumineux ce que les livres liturgiques très souvent
touchaient brièvement et succinctement : à savoir que cette fête rappelait non
seulement qu’il n’y eut aucune corruption du corps inanimé de la Bienheureuse
Vierge Marie, mais encore son triomphe remporté sur la mort et sa «
glorification » céleste, à l’exemple de son Fils unique Jésus-Christ.
21. C’est pourquoi saint
Jean Damascène, qui demeure parmi tant d’autres, le héraut par excellence de
cette vérité dans la tradition, lorsqu’il compare l’Assomption corporelle de
l’auguste Mère de Dieu avec tous les autres dons et privilèges, proclame avec
une puissante éloquence : « Il fallait que Celle qui avait conservé sans tache
sa virginité dans l’enfantement, conservât son corps sans corruption même après
la mort. Il fallait que Celle qui avait porté le Créateur comme enfant dans son
sein, demeurât dans les divins tabernacles. Il fallait que l’Épouse que le Père
s’était unie habitât le séjour du ciel. Il fallait que Celle qui avait vu son
Fils sur la croix et avait échappé au glaive de douleur en le mettant au monde,
l’avait reçu en son sein, le contemplât encore siégeant avec son Père. Il
fallait que la Mère de Dieu possédât tout ce qui appartient à son Fils et
qu’elle fût honorée par toute créature comme la Mère de Dieu et sa servante »
[143].
22. Cette voix de saint
Jean Damascène répond fidèlement à celle des autres qui soutiennent la même
doctrine. Car on trouve des déclarations non moins claires et exactes dans tous
ces discours que les Pères de la même époque ou de la précédente ont tenus
généralement à l’occasion de cette fête. C’est pourquoi, pour en venir à
d’autres exemples, saint Germain de Constantinople estimait que l’incorruption
du corps de la Vierge Marie, Mère de Dieu, et son élévation au ciel, non
seulement convenaient à sa maternité divine, mais encore à la sainteté
particulière de son corps virginal : « Tu apparais, comme il est écrit, en
splendeur ; et ton corps virginal est entièrement saint, entièrement chaste,
entièrement la demeure de Dieu ; de sorte que, de ce fait, il est ensuite
exempt de tomber en poussière ; transformé dans son humanité en une sublime vie
d’incorruptibilité, vivant lui-même et très glorieux, intact, et participant de
la vie parfaite » [144]. Un autre écrivain des plus anciens déclare : « A titre
donc de très glorieuse Mère du Christ, le Sauveur notre Dieu, Auteur de la vie
et de l’immortalité, elle est vivifiée, dans une incorruptibilité éternelle de
son corps, par Celui-là même qui l’a ressuscitée du tombeau et l’a élevée
jusqu’à lui, comme lui seul la connaît » [145].
23. Comme cette fête
liturgique se célébrait chaque jour en plus de lieux et avec une piété plus
considérable, les pasteurs de l’Église et les orateurs sacrés, d’un nombre
toujours croissant, estimèrent qu’il était de leur devoir d’exposer clairement
et ouvertement le mystère que rappelle cette fête et de déclarer qu’il est très
lié avec les autres vérités révélées.
24. Parmi les théologiens
scolastiques, il n’en manqua pas qui, voulant approfondir les vérités
divinement révélées et désirant offrir cet accord parfait qui se trouve entre
la raison théologique et la foi catholique, pensèrent qu’il fallait reconnaître
que ce privilège de l’Assomption de la Vierge Marie s’accorde d’une façon admirable
avec les vérités divines que nous livrent les Saintes Lettres.
25. En partant de là par
voie de raisonnement, ils ont présenté des arguments variés qui éclairent ce
privilège marial, et le premier, pour ainsi dire, de ces arguments,
déclaraient-ils, est le fait que Jésus-Christ, à cause de sa piété à l’égard de
sa Mère, a voulu l’élever au ciel. Et la force de ces arguments s’appuyait sur
l’incomparable dignité de sa maternité divine et de toutes les grâces qui en
découlent, à savoir : sa sainteté insigne qui surpasse la sainteté de tous les
hommes et des anges : l’intime union de la Mère avec son Fils, et ce sentiment
d’amour privilégié dont le Fils honorait sa très digne Mère.
26. Souvent ainsi, des
théologiens et des orateurs sacrés se présentent qui, suivant les traces des
Saints Pères [146], pour illustrer leur foi en l’Assomption, usant d’une
certaine liberté, rapportent des événements et des paroles qu’ils empruntent
aux Saintes Lettres. Pour Nous en tenir à quelques citations qui sont sur ce sujet
le plus souvent employées, il y a des orateurs qui citent la parole du
psalmiste : « Lève-toi, Seigneur, au lieu de ton repos, toi et l’arche de ta
majesté [147] ; et ils envisagent l’« Arche d’alliance » faite de bois
incorruptible et placée dans le temple de Dieu, comme une image du corps très
pur de la Vierge Marie, gardé exempt de toute corruption du sépulcre et élevé à
une telle gloire dans le ciel. De la même façon, en traitant de cette question,
ils décrivent la Reine entrant triomphalement dans la cour des cieux et
siégeant à la droite du divin Rédempteur [148] ; ainsi ils présentent l’Épouse
du Cantique « qui monte du désert comme une colonne de fumée exhalant la myrrhe
et l’encens » pour ceindre la couronne [149]. Ils proposent ce qui précède comme
des images de cette Reine du ciel, cette Épouse céleste qui, en union avec son
Époux divin, est élevée à la cour des cieux.
27. Et de plus, les
Docteurs scolastiques, non seulement dans les diverses figures de l’Ancien
Testament, mais aussi dans cette Femme revêtue de soleil que contempla l’Apôtre
Jean dans l’île de Patmos [150], ont vu l’indication de l’Assomption de la
Vierge Mère de Dieu. De même, des passages du Nouveau Testament, ils ont
proposé avec un soin particulier à leur considération ces mots : « Salut pleine
de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre les femmes » [151],
alors qu’ils voyaient dans le mystère de l’Assomption le complément de cette
surabondante grâce accordée à la Bienheureuse Vierge, et cette bénédiction unique
en opposition avec la malédiction d’Ève.
28. C’est pourquoi, au
début de la théologie scolastique, cet homme très pieux, Amédée, évêque de
Lausanne, affirme que la chair de la Vierge Marie est restée sans corruption —
car on ne peut croire que son corps ait vu la corruption — puisqu’il a, en
effet, été uni de nouveau à son âme et conjointement avec elle, dans la cour
céleste, couronné de la gloire d’En-Haut. « Elle était, en effet, pleine de
grâce et bénie entre les femmes » [152]. Seule, elle a mérité de concevoir le
vrai Dieu de vrai Dieu, que vierge elle a mis au monde, que vierge, elle a
allaité, le pressant sur son sein, et qu’elle a servi en toute chose d’une
sainte obéissance [153].
29. Parmi les saints
écrivains qui, à cette époque, se sont servis des textes et de diverses
similitudes ou analogies des Saintes Écritures pour illustrer ou confirmer la
doctrine de l’Assomption, objet d’une pieuse croyance, le Docteur évangélique
saint Antoine de Padoue occupe une place à part. C’est lui, en effet, qui, le
jour de l’Assomption, expliquait ces paroles du Prophète Isaïe : « Je
glorifierai le lieu où reposent mes pieds » [154], affirma d’une façon certaine
que le divin Rédempteur a orné de la plus haute gloire sa Mère très chère, dont
il avait pris sa chair d’homme. « Par là, vous savez clairement, dit-il, que la
Bienheureuse Vierge dans son corps, où fut le lieu où reposèrent les pieds du
Seigneur, a été élevée (au ciel). » C’est pourquoi le Psalmiste sacré écrit : «
Lève-toi, Seigneur, au lieu de ton repos, toi, et l’arche de ta majesté. » De
la même façon, comme il l’affirme lui-même, que Jésus-Christ est ressuscité en
triomphant de la mort, et monté à la droite de son Père, ainsi pareillement «
est ressuscitée aussi l’Arche de sa sanctification lorsqu’en ce jour, la Vierge
Mère a été élevée dans la demeure céleste » [155].
30. Au moyen âge, alors
que la théologie scolastique était dans tout son éclat, saint Albert le Grand,
après avoir réuni, pour en établir la preuve, divers arguments fondés sur les
Saintes Lettres, les textes de la tradition ancienne et enfin la liturgie et le
raisonnement théologique, comme on dit, conclut ainsi : « Pour toutes ces
raisons, et ces témoignages qui font autorité, il est clair que la Bienheureuse
Mère de Dieu a été élevée en âme et en corps au-dessus des chœurs des anges. Et
nous croyons que cela est vrai de toutes façons » [156]. Dans le sermon qu’il
prononça le saint jour de l’Annonciation de la Bienheureuse Vierge Marie, en
expliquant ces paroles de l’Ange la saluant : « Ave, gratia plena »..., le
Docteur universel, comparant à Ève la Très Sainte Vierge, soutient clairement
et expressément qu’elle fut exempte de la quadruple malédiction qui frappa Ève
[157].
31. Le Docteur angélique,
à la suite de son remarquable Maître, bien qu’il n’ait jamais traité
expressément la question, chaque fois cependant qu’incidemment il y touche,
maintient constamment en union avec l’Église catholique que le corps de Marie a
été élevé au ciel avec son âme [158].
32. Le Docteur séraphique,
entre beaucoup d’autres, se déclare dans le même sens. Pour lui, il est tout à
fait certain que Dieu, de la même façon qu’il a gardé Marie, la Très Sainte,
exempte de la violation de son intégrité virginale et de sa pureté virginale,
soit quand elle a conçu, soit quand elle enfanta, ainsi Dieu n’a pas permis en
aucune façon que son corps fût réduit à la corruption ou réduit en cendres
[159]. En interprétant ces paroles de la Sainte Écriture et les appliquant en
un certain sens accomodatice à la Bienheureuse Vierge : Quae est ista, quae
ascendit de deserto, deliciis affluens, innixa super dilectum suum. « Quelle
est celle-ci qui monte du désert, pleine de délices, appuyée sur son bien-aimé
[160] ? », il raisonne ainsi : « De là encore, il résulte qu’elle s’y trouve en
corps... Car, en effet, sa béatitude ne serait pas consommée si elle ne s’y
trouvait pas en personne, mais c’est l’union (du corps et de l’âme) qui la
constitue ; il est évident qu’en tant que suivant cette union, c’est-à-dire en
son corps et en son âme, elle s’y trouve : sans quoi, elle n’aurait pas la
jouissance béatifique achevée » [161].
33. A une époque plus
tardive de la théologie scolastique, soit au XVe siècle, saint Bernardin de
Sienne, reprenant d’une manière générale, et étudiant de nouveau avec soin tout
ce que les théologiens du Moyen Age avaient déclaré et discuté sur cette question,
ne se contenta pas de rapporter les principales considérations que les docteurs
du temps passé avaient proposées, mais il en ajouta de nouvelles. A savoir la
ressemblance de la divine Mère et de son divin Fils pour ce qui touche à la
noblesse et à la dignité de l’âme et du corps — à cause de cette ressemblance,
nous ne pouvons pas même penser que la Reine du Ciel soit séparée du Roi du
Ciel — demande que Marie « ne puisse se trouver que là où est le Christ »
[162], et, d’autre part, il est conforme à la raison et convenable que de même
que pour l’homme, ainsi le corps et l’âme de la femme arrivent à la gloire
éternelle dans le ciel ; et, enfin, puisque l’Église n’a jamais recherché les
restes de la Bienheureuse Vierge et ne les a jamais proposés au culte du
peuple. Il y a là un argument qu’on peut offrir, « comme une preuve sensible »
[163].
34. En des temps plus
récents, ces déclarations des Saints Pères et Docteurs que nous avons rapporté furent
d’un usage commun. Embrassant cette unanimité des chrétiens dans la tradition
des siècles antérieurs, saint Robert Bellarmin s’écrie : « Et qui pourrait
croire, je vous prie, que l’arche de la sainteté, la demeure du Verbe, le
temple de l’Esprit-Saint se soit écroulé ? Mon âme répugne franchement même à
penser que cette chair virginale qui a engendré Dieu, lui a donné le jour, l’a
allaité, l’a porté, ou soit tombée en cendres ou ait été livrée à la pâture des
vers » [164].
35. De la même façon,
saint François de Sales, après avoir soutenu qu’on ne peut mettre en doute que
Jésus-Christ a accompli à la perfection le commandement divin qui prescrit aux
fils d’honorer leurs parents, se pose cette question : « Qui est l’enfant qui
ne ressuscitast sa bonne mère s’il pouvoit et ne la mist en paradis après
qu’elle seroit décédée [165] ? » Et saint Alphonse écrit : « Jésus n’a pas
voulu que le corps de Marie se corrompît après sa mort, car c’eût été un objet
de honte pour lui si sa chair virginale était tombée en pourriture, cette chair
dont lui-même avait pris la sienne » [166].
36. Mais comme ce
mystère, objet de la célébration de cette fête, se trouvait déjà mis en
lumière, il ne manqua pas de Docteurs qui, plutôt que de se servir des
arguments théologiques qui démontrent qu’il convient absolument et qu’il est
logique de croire à l’Assomption au ciel de la Bienheureuse Vierge Marie en son
corps, tournaient leur esprit et leur cœur à la foi de l’Église, Épouse
mystique du Christ qui n’a ni tache ni ride [167], et que l’Apôtre appelle « la
colonne et la base de la vérité » [168] ; appuyés sur cette foi commune, ils
pensaient que l’opinion contraire était téméraire pour ne pas dire hérétique.
Du moins, saint Pierre Canisius, comme tant d’autres, après avoir déclaré que
le mot même d’Assomption signifie « glorification » non seulement de l’âme,
mais encore du corps, et que l’Église, déjà au cours de nombreux siècles,
vénère et célèbre avec solennité ce mystère marial de l’Assomption, remarque ce
qui suit : « Ce sentiment prévaut déjà depuis des siècles ; il est ancré au cœur
des pieux fidèles et confié ainsi à toute l’Église. Par conséquent, on ne doit
pas supporter d’entendre ceux qui nient que le corps de Marie a été élevé dans
le ciel, mais on doit les siffler, à l’occasion, comme des gens trop entêtés,
et par ailleurs téméraires, et comme des gens imbus d’un esprit plus hérétique
que catholique » [169].
37. A la même époque, le
Docteur excellent qui professait cette règle en mariologie que « les mystères
de grâce opérés par Dieu dans la Vierge ne doivent pas se mesurer aux règles
ordinaires, mais à la toute-puissance divine, étant supposée la convenance de
ce dont il s’agit et que cela ne soit pas en contradiction avec les Saintes
Écritures ou inconciliable avec le texte sacré » [170], en ce qui concerne le
mystère de l’Assomption, fort de la foi commune de l’Église tout entière, il
pouvait conclure que ce mystère doit être cru avec la même fermeté d’âme que
l’Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie, et déjà il affirmait
que ces vérités pouvaient être définies.
38. Tous ces arguments et
considérations des Saints Pères et des théologiens s’appuient sur les Saintes
Lettres comme sur leur premier fondement. Celles-ci nous proposent, comme sous
nos yeux, l’auguste Mère de Dieu dans l’union la plus étroite avec son divin
Fils et partageant toujours son sort. C’est pourquoi il est impossible de
considérer Celle qui a conçu le Christ, l’a mis au monde, nourri de son lait,
porté dans ses bras et serré sur son sein, séparée de lui, après cette vie
terrestre, sinon dans son âme, du moins dans son corps. Puisque notre
Rédempteur est le Fils de Marie, il ne pouvait certainement pas, lui qui fut
l’observateur de la loi divine le plus parfait, ne pas honorer, avec son Père
éternel, sa Mère très aimée. Or, il pouvait la parer d’un si grand honneur
qu’il la garderait exempte de la corruption du tombeau. Il faut donc croire que
c’est ce qu’il a fait en réalité.
39. Il faut surtout se
souvenir que, depuis le IIe siècle, les Saints Pères proposent la Vierge Marie
comme une Ève nouvelle en face du nouvel Adam et, si elle lui est soumise, elle
lui est étroitement unie dans cette lutte contre l’ennemi infernal, lutte qui
devait, ainsi que l’annonçait le Protévangile [171], aboutir à une complète
victoire sur le péché et la mort, qui sont toujours liés l’un à l’autre dans
les écrits de l’Apôtre des Nations [172]. C’est pourquoi, de même que la
glorieuse Résurrection du Christ fut la partie essentielle de cette victoire et
comme son suprême trophée, ainsi le combat commun de la Bienheureuse Vierge et
de son Fils devait se terminer par la « glorification » de son corps virginal ;
car, comme le dit ce même Apôtre, « lorsque ce corps mortel aura revêtu
l’immortalité, alors s’accomplira la parole qui est écrite : la mort a été
engloutie dans sa victoire » [173].
40. C’est pourquoi
l’auguste Mère de Dieu, unie de toute éternité à Jésus-Christ, d’une manière
mystérieuse, par « un même et unique décret » [174] de prédestination,
immaculée dans sa conception, Vierge très pure dans sa divine Maternité,
généreuse associée du Divin Rédempteur qui remporta un complet triomphe du
péché et de ses suites, a enfin obtenu comme suprême couronnement de ses
privilèges d’être gardée intacte de la corruption du sépulcre, en sorte que,
comme son Fils, déjà auparavant, après sa victoire sur la mort, elle fut élevée
dans son corps et dans son âme, à la gloire suprême du ciel où Reine, elle
resplendirait à la droite de son fils, Roi immortel des siècles » [175].
41. Alors, puisque
l’Église universelle, en laquelle vit l’Esprit de vérité, cet Esprit qui la
dirige infailliblement pour parfaire la connaissance des vérités révélées, a
manifesté de multiples façons sa foi au cours des siècles, et puisque les
évêques du monde entier, d’un sentiment presque unanime, demandent que soit
définie, comme dogme de foi divine et catholique, la vérité de l’Assomption au
ciel de la Bienheureuse Vierge Marie — vérité qui s’appuie sur les Saintes
Lettres et ancrée profondément dans l’âme des fidèles, approuvée depuis la plus
haute antiquité par le culte de l’Église, en parfait accord avec les autres
vérités révélées, démontrée et expliquée par l’étude, la science et la sagesse
des théologiens, — nous pensons que le moment, fixé par le dessein de Dieu dans
sa Providence, est maintenant arrivé où nous devons déclarer solennellement cet
insigne privilège de la Vierge Marie.
42. Nous, qui avons
confié Notre pontificat au patronage particulier de la Très Sainte Vierge, vers
qui Nous Nous réfugions en tant de vicissitudes des plus tristes réalités, Nous
qui avons consacré à son Cœur Immaculé le genre humain tout entier en une
cérémonie publique, et qui avons éprouvé souvent sa très puissante assistance,
Nous avons une entière confiance que cette proclamation et définition solennelle
de son Assomption apportera un profit non négligeable à la société humaine, car
elle tournera à la gloire de la Très Sainte Trinité à laquelle la Vierge Mère
de Dieu est unie par des liens tout particuliers. Il faut, en effet, espérer
que tous les fidèles seront portés à une piété plus grande envers leur céleste
Mère ; que les âmes de tous ceux qui se glorifient du nom de chrétiens, seront
poussées au désir de participer à l’unité du Corps mystique de Jésus-Christ et
d’augmenter leur amour envers Celle qui, à l’égard de tous les membres de cet
auguste corps, garde un cœur maternel. Et il faut également espérer que ceux
qui méditent les glorieux exemples de Marie se persuaderont de plus en plus de
quelle grande valeur est la vie humaine si elle est entièrement vouée à
l’accomplissement de la volonté du Père céleste et au bien à procurer au
prochain ; que, alors que les inventions du « matérialisme » et la corruption
des mœurs qui en découle menacent de submerger l’existence de la vertu et, en
excitant les guerres, de perdre les vies humaines, sera manifesté le plus
clairement possible, en pleine lumière, aux yeux de tous, à quel but sublime
sont destinés notre âme et notre, corps ; et enfin que la foi de l’Assomption
céleste de Marie dans son corps rendra plus ferme notre foi en notre propre
résurrection, et la rendra plus active.
43. Ce Nous est une très
grande joie que cet événement solennel arrive, par un dessein de la Providence
de Dieu, alors que l’Année Sainte suit son cours, car ainsi nous pouvons, pendant
la célébration du très grand Jubilé, orner le front de la Vierge Mère de Dieu
de ce brillant joyau et laisser un souvenir plus durable que l’airain de Notre
piété très ardente envers la Mère de Dieu.
44. C’est pourquoi, après
avoir adressé à Dieu d’incessantes et suppliantes prières, et invoqué les
lumières de l’Esprit de vérité, pour la gloire du Dieu Tout-Puissant, qui
prodigua sa particulière bienveillance à la Vierge Marie, pour l’honneur de son
Fils, Roi immortel des siècles et vainqueur de la mort et du péché, pour
accroître la gloire de son auguste Mère et pour la joie et l’exultation de
l’Église tout entière, par l’autorité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, des
bienheureux apôtres Pierre et Paul, et par la Nôtre, Nous proclamons, déclarons
et définissons que c’est un dogme divinement révélé que Marie, l’Immaculée Mère
de Dieu toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en
âme et en corps à la gloire céleste.
45. C’est pourquoi, si
quelqu’un — ce qu’à Dieu ne plaise — osait volontairement nier ou mettre en
doute ce que Nous avons défini, qu’il sache qu’il a fait complètement défection
dans la foi divine et catholique.
46. Et pour que Notre
définition de l’Assomption au ciel de la Vierge Marie dans son corps parvienne
à la connaissance de l’Église universelle, Nous voulons que Nos lettres
apostoliques présentes demeurent pour en perpétuer la mémoire, ordonnant que
les copies qui en seront faites, ou même les exemplaires qui en seront
imprimés, contresignés de la main d’un notaire public, et munis du sceau d’une
personne constituée en dignité ecclésiastique, obtiennent foi absolument auprès
de tous, comme le feraient les présentes Lettres elles-mêmes si elles étaient
exhibées ou montrées.
47. Qu’il ne soit permis
à qui que ce soit de détruire ou d’attaquer ou contredire, par une audacieuse
témérité, cet écrit de Notre déclaration, décision et définition. Si quelqu’un
avait la présomption d’y attenter, qu’il sache qu’il encourrait l’indignation
du Dieu Tout-Puissant et des bienheureux apôtres Pierre et Paul.
48. Donné à Rome, près de
Saint-Pierre, l’année du très saint Jubilé mil neuf cent cinquante, le premier
novembre, en la fête de tous les Saints, de Notre pontificat la douzième année.
[128] Rom. 8, 28.
[129] Gal. 4, 4.
[130] Cf. Hentrich-Von
Moos, Petitiones de Assumptione corporea B. Virginis Mariae in Caelum
definienda ad S. Sedem delatae, 2 volumes, Typis Polyglottis Vaticanis, 1942.
[131] Act. 20, 28.
[132] Bulle Ineffabilis
Deus, Acta Pii IX, pars 1 , Vol. 1, p. 615.
[133] Concile du Vatican,
Constitution Dei Filius, c. 4.
[134] Jean. 14, 26.
[135] Concile du Vatican,
Constitution Pastor Aeternus, c. 4.
[136] Ibid., Dei Filius,
c. III.
[137] Encyclique Mediator
Dei, Acta Apostolicae Sedis, XXXIX, 541.
[138] Sacramentorum
Gregorianum.
[139] Menaei Totius Anni.
[140] Liber Pontificalis.
[141] Ibid.
[142] Responsa Nicolai
Papae I ad Consulta Bulgarorum.
[143] S. Jean Damascène,
Encomium in Dormitionem Dei Genitricis Semperque Virginis Mariae, hom. II, n.
14 ; cf. également ibid., n. 3.
[144] S. Germain de
Constantinople, In sanctae Dei Genitricis Dormitionem, sermon I.
[145] Encomium in
Dormitionem Sanctissimae Dominae Nostrate Deiparae Semperque Virginis Mariae,
attribué à S. Modeste de Jérusalem, n. 14.
[146] Cf. S. Jean
Damascène, op. cit., Hom. II, n. 11 ; et aussi l’Encomium attribué à saint
Modeste.
[147] Ps. 131, 8.
[148] Ps. 44, 10-14.
[149] Cant. 3, 6 ; cf. 4,
8 ; 6, 9.
[150] Ap. 12, 1 et seq.,
IV.
[151] Luc. 1, 23
[152] Luc. 1, 28.
[153] Amédée de Lausanne,
De Beatae Virginis Obitu, Assumptione in Caelum Exaltatione ad Filii Dexteram.
[154] Is. 61,13.
[155] S. Antoine de Padoue,
Sermones dominicales et in solemnitatibus, In Assumptione S. Mariae Virginis
sermo.
[156] S. Albert le Grand,
Mariale, q. 132.
[157] S. Albert le Grand,
Sermones de Sanctis, sermon XV in Annuntiatione B. Mariae ; cf. également
Mariale, q. 132.
[158] St. Thomas d’Aquin,
Summa Theol., I, lla ; q. 27, a. 1 ; q. 83, a. 5, ad 8 ; Expositio Salutationis
Angelicae ; In Symb. Apostolorum Expositio, a. S ; In IV Sent., d. 12, q. 1, a.
3, sol. 3 ; d. 43, q. 1, a. 3, sol. 1, 2.
[159] S. Bonaventure, De
Nativitate B. Mariae Virginis, Sermon V.
[160] Cant. 8, 5.
[161] S. Bonaventure, De
Assumptione B. Mariae Virginis, sermon 1.
[162] S. Bernardin de
Sienne, in Assumptione Beatae Mariae Virginis, sermon 11.
[163] Ibid.
[164] S. Robert
Bellarmin, Contiones habitae Lovanii, n. 40, De Assumptione B. Mariae Virginis.
[165] Œuvres de S.
François de Sales, sermon pour la fête de l’Assomption.
[166] S. Alphonse de
Liguori, Les Gloires de Marie, Part. 2, d. 1.
[167] Eph. 5, 27.
[168] I Tim. 3, 15.
[169] S. Pierre Canisius,
De Maria Virgine.
[170] Suarez, In Tertiam
Partem D. Thomae, q.27, a. 2, disp. 3, seq. 5, n. 31.
[171] Gen. 3, 15.
[172] Rom. 5-6 ; I Cor.
15, 21-26, 54-57.
[173] I Cor. 15, 54.
[174] Bulle Ineffabilis
Deus, doc. cit., p. 599.
[175] I Tim. 1, 17.
SOURCE : http://www.introibo.fr/Commentaires-liturgiques-de-la,1032
L'ASSOMPTION DE LA
BIENHEUREUSE VIERGE MARIE
Un livre apocryphe,
attribué à saint Jean l'évangéliste, nous apprend les circonstances de
l'Assomption de la bienheureuse vierge Marie. Tandis que les apôtres
parcouraient les différentes parties du monde pour y prêcher, la bienheureuse
Vierge resta, dit-on, dans une maison près de la montagne de Sion.
Elle visita, tant qu'elle vécut, avec une grande dévotion, tous les endroits
qui lui rappelaient son Fils, comme les lieux témoins de son baptême, de son
jeûne, de sa prière, de sa passion, de sa sépulture, de sa résurrection et de
son ascension, et d'après Epiphane, elle survécut de vingt-quatre ans à
l'ascension de son Fils. Il rapporte donc que la Sainte Vierge était âgée de
quatorze ans quand elle conçut J. C., qu'elle le mit au monde à quinze, et
qu'elle vécut avec lui trente-trois ans, et vingt-quatre autres après la mort
de J.-C. D'après cela, elle avait soixante-douze ans quand elle mourut.
Toutefois ce qu'on lit ailleurs parait plus probable, savoir, qu'elle survécut
de douze ans à son Fils, et qu'elle était sexagénaire, lors de son assomption,
puisque les apôtres employèrent douze ans à prêcher dans la Judée et les pays
d'alentour, selon le récit de l'Histoire ecclésiastique. Or, un jour que le
coeur de la Vierge était fortement embrasé du regret de son Fils, son esprit
enflammé s'émeut et elle répand une grande abondance de larmes. Comme elle ne
pouvait facilement se consoler de la perte de ce fils qui lui avait été
soustrait pour un temps, voici que lui apparut, environné d'une
grande lumière, un ange qui la salua en ces termes, avec révérence, comme la
mère du Seigneur : « Salut, Marie qui êtes bénie ; recevez la bénédiction de
celui quia donné le salut à Jacob. Or, voici une branche de palmier que je vous
ai apportée du paradis comme à ma dame; vous la ferez porter devant le
cercueil; car dans trois jours, vous serez enlevée de votre corps ; votre Fils
attend sa révérende mère. » Marie lui répondit : « Si j'ai trouvé grâce devant
vos yeux, je vous conjure de daigner me révéler votre nom. Mais ce que je
demande plus instamment encore, c'est que mes fils et frères les apôtres soient
réunis auprès de moi, afin de les voir des yeux du corps, avant que je meure,
et d'être ensevelie par eux après que j'aurai rendu en leur présence mon esprit
au Seigneur. Il est encore une autre chose que je réclame avec instance, c'est
que mon âme, en sortant du corps, ne voie aucun mauvais esprit, et que pas une
des puissances de Satan ne se présente sur mon passage. » L'ange lui dit : «
Pourquoi, ô dame, désirez-vous savoir mon nom qui est admirable et grand ?
Quant aux apôtres, ils viendront tous et seront réunis auprès de vous; ils
feront de magnifiques funérailles lors de votre trépas qui aura lieu en leur
présence. Car celui qui autrefois a porté en un clin d'oeil, par un cheveu, le
prophète de la Judée à Babylone, celui-là assurément pourra en un instant
amener les apôtres auprès de vous. Mais pourquoi craignez-vous de voir l'esprit
malin, puisque vous lui avez entièrement brisé la tête et que vous l'avez
dépouillé de toute sa puissance ? soit faite cependant votre volonté, afin
que vous ne les voyiez pas. » Après avoir dit ces mots, l'ange monta aux cieux
au milieu d'une grande lumière. Or, cette palme resplendissait d'un très grand
éclat, et par sa verdure elle était en tout semblable à une branche; mais ses
feuilles brillaient comme 1'étoile du matin. Or, il arriva que, comme Jean
était à prêcher à Ephèse, un coup de tonnerre éclata tout à coup, et une nuée
blanche l'enleva, et l'apporta devant la porte de Marie. Il frappa, entra dans
l'intérieur de la maison, et avec grande révérence, l'apôtre vierge salua la
Vierge. L'heureuse Marie en le voyant fut saisie d'une grande crainte et ne put
retenir ses larmes, tant elle éprouva de joie. Alors elle lui dit: « Jean, mon
fils, aie souvenance des paroles de ton maître, quand il m'a confiée
à toi comme un fils, et quand il t'a confié à moi comme à une mère. Me voici
appelée par le Seigneur à payer le tribut à la condition humaine, et je te
recommande d'avoir un soin particulier de mon corps. J'ai appris que les Juifs
s'étaient réunis et avaient dit : « Attendons, concitoyens et frères, attendons
jusqu'au moment où celle qui a porté « Jésus subira la mort, aussitôt nous
ravirons son corps « et nous le jetterons pour être la pâture du feu. » Tu
feras porter alors cette palme devant mon cercueil, lorsque vous porterez -mon
corps au tombeau. » Et Jean dit : « Oh ! plût à Dieu que tous les apôtres
mes frères fussent ici, afin de pouvoir célébrer convenablement vos obsèques et
vous rendre les honneurs dont vous êtes digne. » Pendant qu'il parlait ainsi,
tous les apôtres sont enlevés sur des nuées, des endroits où ils: prêchaient et
sont déposés devant la porte de Marie. En se voyant réunis tous au même lieu,
ils étaient remplis d'admiration : « Quelle est, se disaient-ils, la cause pour
laquelle le Seigneur nous a rassemblés ici en même temps? » Alors Jean sortit
et vint les trouver pour les prévenir que leur dame allait trépasser ; puis il
ajouta: « Mes frères, quand elle sera morte, que personne ne la pleure, de
crainte que le peuple témoin de cela ne se trouble et dise : « Voyez comme, ils
craignent la mort, ces hommes qui prêchent aux autres la résurrection. »
Denys, disciple de saint
Paul, raconte les mêmes faits dans son livre des Noms divins (ch.
III). Il dit qu'à la mort de la Vierge, les apôtres furent réunis et y
assistèrent ensemble; ensuite que chacun d'eux fit un discours en l'honneur de
J.-C. et de la Vierge. Et voici comme il s'exprime 'en parlant à Timothée : «
Tu as appris que nous et beaucoup de saints qui sont nos frères, nous nous
réunîmes pour voir le corps qui a produit la vie et porté Dieu. Or, se
trouvaient là Jacques, le frère du Seigneur, et Pierre, coryphée et chef
suprême des théologiens. Ensuite il parut convenable que toutes les hiérarchies
célébrassent, chacune selon son pouvoir, la bonté toute-puissante de Dieu qui s'était
revêtu de notre infirmité. » Quand donc la bienheureuse Marie eut vu tous les
apôtres rassemblés, elle bénit le Seigneur, et s'assit au milieu d'eux, après
qu'on eut allumé des lampes et des flambeaux. Or, vers la troisième heure de la
nuit, Jésus arriva avec les anges, l'assemblée des patriarches, la troupe des
martyrs, l'armée des confesseurs et les choeurs des vierges. Tous se rangent
devant le trône de la Vierge et chantent à l'envi de doux cantiques. On apprend
dans le livre attribué à saint Jean quelles ont été les funérailles qui furent
alors célébrées. Jésus commença le premier et dit : « Venez, vous que j'ai
choisie, et je vous placerai sur mon trône parce que j'ai désiré votre beauté.
» Et Marie répondit : « Mon coeur est prêt, Seigneur, mon coeur est prêt. »
Alors taus ceux qui étaient venus avec Jésus entonnèrent ces paroles avec
douceur : « C'est elle qui a conservé sa couche pure et sans tache; elle
recevra la récompense qui appartient aux âmes saintes. » Ensuite la Vierge
chanta en disant d'elle-même : « Toutes les nations m'appelleront
bienheureuse ; car le Tout-Puissant a fait de grandes choses en ma faveur : et
son nom est saint. » Enfin le chantre donna le ton à tous en prenant plus haut:
« Venez du Liban, mon épouse, venez du Liban, vous serez couronnée. » Et Marie
reprit : « Me voici, je viens; car il est écrit de moi dans tout le livre de la
loi : que je ferais votre volonté, ô mon Dieu; parce que mon esprit est ravi de
joie en Dieu mon Sauveur. » C'est ainsi que l'âme de Marie sortit de
son corps et s'envola dans les bras de son Fils. Elle fut affranchie de la
douleur de la chair, comme elle avait été exempte de la corruption. Et le
Seigneur dit aux apôtres
Portez le corps de la
Vierge-Mère dans la vallée de Josaphat et renfermez-le dans un sépulcre neuf
que vous y trouverez. Après quoi, pendant trois jours,
vous m'attendrez jusqu'à ce que je vienne. » Aussitôt les fleurs des
roses l'environnèrent; c'était l'assemblée des martyrs, puis les lys des
vallées qui sont les compagnies des anges; des confesseurs et des vierges. Les
apôtres se mirent à s'écrier en s'adressant à elle: « Vierge pleine de
prudence, où dirigez-vous vos pas? Souvenez-vous de nous, ô notre Dame! » Alors
les choeurs de ceux qui étaient restés au ciel, en entendant le concert de ceux
qui montaient, furent remplis d'admiration et s'avancèrent à leur rencontre; à
la vue de leur roi portant dans ses bras l'âme d'une femme qui s'appuyait sur
lui, ils furent stupéfaits et se mirent à crier : « Quelle est celle-ci qui
monte du désert, remplie de délices, appuyée sur son bien-aimé ? » Ceux qui
l'accompagnaient leur répondirent : « C'est celle qui est belle au-dessus des
filles de Jérusalem. Vous l'avez déjà vue pleine de charité et d'amour. » Ainsi
fut-elle reçue toute pleine de joie dans le ciel et placée à la droite de son
Fils sur un trône de gloire. Quant aux apôtres ils virent son âme éclatant
d'une telle blancheur qu'aucune langue humaine ne le pourrait raconter.
Trois vierges qui se
trouvaient là, dépouillèrent le corps de Marie pour le laver. Aussitôt ce corps
resplendit d'une si grande clarté qu'on pouvait bien le toucher, mais qu'il
était impossible de le voir : cette lumière brilla jusqu'à ce que le corps eût
été entièrement lavé par les vierges. Alors les apôtres prirent ce saint corps
avec révérence et le placèrent sur un brancard. Et Jean dit à Pierre : «
Pierre, vous porterez cette palme devant le brancard; car le Seigneur vous a
mis à notre tête et vous a ordonné le pasteur et le prince de ses brebis. »
Pierre lui répondit : « C'est plutôt à vous à la porter ; vous avez été élu
vierge par le Seigneur, et il est digne que celui qui est vierge porte la
palme' d'une vierge. Vous avez eu l'honneur de reposer sur la poitrine du
Seigneur, et vous y avez puisé plus que les autres des torrents de sagesse et
de grâce, il paraît juste qu'ayant reçu plus de dons du Fils, vous rendiez plus
d'honneur à la Vierge. Vous donc, devez porter cette. palme de lumière aux
obsèques de la sainteté, puisque vous vous êtes enivré à la coupe de la
lumière, de la source de l'éternelle clarté. Pour moi, je porterai ce saint
corps avec le brancard et nos autres frères qui seront à l'entour célébreront
la gloire de Dieu. » Alors Paul dit: « Et moi qui suis le plus petit d'entre
vous tous, je, le porterai avec vous. » C'est pourquoi Pierre et Paul
enlevèrent la bière ; Pierre se mit à chanter : « Israël sortit de
l'Égypte, alleluia. » Puis les autres apôtres continuèrent ce chant doucement.
Or, le Seigneur enveloppa d'un nuage le brancard et les apôtres, en sorte qu'on
ne voyait rien, seulement on les entendait chanter. Des anges aussi unirent
leurs voix à celle des apôtres et remplirent toute la terre d'une mélodie
pleine de suavité. Tous les habitants furent réveillés par ces doux sons et cette
mélodie : ils se précipitèrent hors de la ville en demandant avec empressement
ce qu'il y avait. Les uns dirent : « Ce sont les disciples de Jésus qui portent
Marie décédée. C'est autour d'elle qu'ils chantent cette mélodie que vous
entendez. » Aussitôt ils courent aux armes, et s'excitent les uns les autres en
disant : « Venez, tuons tous les disciples et livrons au feu ce corps qui a
porté ce séducteur. » Or, le prince des prêtres, en voyant cela, fut stupéfait
et il dit avec colère: « Voici le tabernacle de celui qui a jeté le trouble
parmi nous et dans notre race. Quelle gloire il reçoit en ce moment ! » Or, en
parlant ainsi il leva les mains vers le lit funèbre avec la volonté de le
renverser et de, le jeter par terre. Mais aussitôt ses mains se séchèrent et
s'attachèrent au brancard, en sorte qu'il y était suspendu : il poussait des
hurlements lamentables, tant ses douleurs étaient atroces, Le reste du peuple
fut frappé d'aveuglement par les anges qui étaient dans la nuée. Quant au
prince des prêtres, il criait en disant : « Saint-Pierre,
ne m'abandonnez pas dans la tribulation où je me trouve; mais je
vous en conjure, priez pour moi, car vous devez vous rappeler qu'autrefois je
vous suis venu en aide et, que je vous ai excusé lors de l'accusation de la
servante. » Pierre lui répondit : « Nous sommes retenus par les funérailles de
Notre-Dame et nous ne pouvons nous occuper de votre guérison : néanmoins si
vous vouliez croire eu Notre-Seigneur J.-C. et en celle qui l'a engendré et qui
l'a porté, j'ai lieu d'espérer que vous pourriez être guéri de suite. » Il
répondit : « Je crois que le Seigneur Jésus est vraiment le Fils de Dieu que
voilà sa très sainte mère. » A l'instant ses mains se détachèrent du cercueil ;
cependant ses bras restaient desséchés et la douleur violente ne disparaissait
pas. Alors Pierre lui dit : «Baisez le cercueil et dites : « Je crois en
Dieu Jésus-Christ que celle-ci a porté dans ses entrailles tout en restant
vierge après l'enfantement. »Quand il l'eut fait, il fut incontinent guéri.
Alors Pierre lui; dit : « Prenez cette palme des mains de notre frère Jean et
vous la placerez sur ce peuple aveuglé quiconque voudra croire recouvrera la
vue; mais celui qui ne voudra pas croire ne verra plus jamais. » Or; les
apôtres qui portaient Marie la mirent dans le tombeau, autour duquel ils
s'assirent, ainsi que le Seigneur lavait ordonné. Le troisième jour, Jésus
arriva avec une multitude d'anges et les salua en disant: « La paix soit avec
vous. » Ils répondirent: « Gloire à vous, ô Dieu, qui seul faites des prodiges
étonnants. » Et le Seigneur dit aux apôtres: « Quelle grâce et quel, honneur
vous semble-t-il que je doive conférer aujourd'hui à ma mère ? » « Il paraît
juste, Seigneur, répondirent-ils, à vos serviteurs que, comme vous qui régnez
dans les siècles après avoir vaincu la mort, vous ressuscitiez, ô Jésus, le
corps de votre mère et que vous le placiez à votre droite pour l'éternité. » Et
il l'octroya: alors l'archange Michel se présenta aussitôt et présenta l'âme de
Marie devant le Seigneur. Le Sauveur lui parla ainsi: « Levez-vous, ma mère;
ma. colombe, tabernacle de gloire, vase de vie, temple céleste; et de même que,
lors de ma conception, vous n'avez pas été souillée par la tache du crime, de
même, dans le sépulcre, vous ne subirez aucune dissolution du corps. » Et
aussitôt l'âme de Marie s'approcha de son corps qui sortit glorieux du tombeau.
Ce fut ainsi qu'elle fut enlevée au palais céleste dans la compagnie d'une
multitude d'anges. Or, Thomas n'était pas là, et quand il vint, il ne voulut
pas croire, quand tout à coup, tomba de l'air la ceinture qui entourait la
sainte Vierge; il la reçut tout entière afin qu'il comprît ainsi qu'elle était
montée tout entière au ciel.
Ce qui vient d'être
raconté est apocryphe en tout point; et voici ce qu'en dit saint Jérôme dans sa
lettre, ou autrement dit, son discours à Paul et à Eustochium : « On doit
regarder ce libelle comme entièrement apocryphe, à l'exception de quelques
détails dignes de croyance, paraissant jouir de l'approbation de saints
personnages et qui sont au nombre de neuf, savoir : que toute espèce de
consolation a été promise et accordée à la Vierge; que les apôtres furent tous
réunis; qu'elle trépassa sans douleur ; qu'on disposa sa sépulture dans la
vallée de Josaphat ; que ses funérailles se firent avec dévotion ; que J.-C. et
toute la cour céleste vint au-devant d'elle; que les Juifs l'insultèrent; qu'il
éclata dès miracles en toute circonstance convenable; enfin qu'elle fut enlevée
en corps et en âme. Mais il y a, dans ce récit, beaucoup de circonstances
controuvées et qui s'éloignent de la vérité, comme par exemple, l'absence et
l'incrédulité de saint. Thomas, et autres semblables, qu'il faut rejeter et
taire. On dit que les vêtements de la sainte Vierge restèrent dans son tombeau
pour servir de consolation aux fidèles, et qu'une partie opéra le
miracle qui suit : Lors du siège de la ville de Chartres par un général
normand, l'évêque de cette ville attacha à une lance, en forme de drapeau, la
tunique de la sainte Vierge, qui s'y conserve, et suivi de tout le peuple, il
s'avança sans crainte contré l'ennemi. Aussitôt, l'armée des Normands fut
frappée de démence et d'aveuglement, et, elle restait tremblante; son coeur et
son courage étaient paralysés. A cette vue, les habitants de la ville entrent
dans les vues du jugement de Dieu, et font un horrible massacre des ennemis. Ce
qui parut déplaire à la bienheureuse Marie; car aussitôt cette tunique
disparut, et à l'instant les Normands recouvrèrent la vue. On lit
dans les révélations de sainte Elisabeth qu'un jour, étant ravie en esprit,
elle vit, dans un lieu fort éloigné, un sépulcre environné d'une grande
lumière, et au-dedans, comme l'apparence d'une femme entourée d'une foule
d'anges ; et peu d'instants après, elle fut enlevée du sépulcre et élevée en
l'air avec toute la multitude qui se trouvait là. Et voici qu'un personnage
admirable et plein de gloire vint du ciel à sa rencontre, portant en sa droite
l'étendard de la croix, et avec lui, des milliers d'anges. Ce fut au milieu des
concerts d'allégresse qu'ils la conduisirent jusqu'au ciel. Peu de temps après,
sainte Elisabeth demandait à un ange, avec lequel elle avait de fréquents
entretiens, l'explication de cette vision. L'ange lui répondit : « Il t'a été
montré alors comment Notre Dame a été enlevée au ciel en corps et en âme. ».
Elle dit encore dans le même livre, qu'il lui fut révélé que la sainte Vierge
fut portée au ciel en son corps, quarante jours après soit trépas. Car la
bienheureuse Marie lui dit en s'entretenant avec elle : « Après l'ascension du
Seigneur; j'ai vécu un an entier et tant de jours qu'il y en a, depuis
l'ascension jusqu'à mon assomption. Or, tous les apôtres assistèrent à mon
trépas et ensevelirent honorablement mon corps; mais quarante jours après, je
ressuscitai. » Et comme sainte Elisabeth lui demandait si elle découvrirait ou
si elle cèlerait cela, la sainte, Vierge lui dit : « Il ne faut pas le révéler,
aux hommes charnels et aux incrédules, et il ne' faut pas le cacher aux
personnes dévotes et fidèles. »
Observons que la
glorieuse vierge Marie fut transportée et élevée au ciel intégralement,
honorablement, joyeusement et, excellemment. Elle fut transportée intégralement
en corps et en âme, selon une pieuse croyance de l'Église. Un grand nombre de
saints ne se contentent pas de l'avancer, mais ils s'attachent à en donner une
quantité de preuves. Voici celle de saint Bernard : « Dieu s'est plu
singulièrement à honorer les corps des saints. Ainsi, il a rendu les dépouilles
de saint Pierre et de saint Jacques tellement vénérables, et il les a décorées
d'honneurs si étonnants, qu'il a choisi, pour leur rendre des hommages, un lieu
vers lequel accourt le monde entier. Si donc on disait que le corps de Marie
fût sur la terre sans . que la dévotion des fidèles s'y portât avec affluence,
et que ce, lieu ne jouit d'aucun honneur, on pourrait croire que J.-C. ne se
serait point intéressé à la gloire de sa mère, quand il honore ainsi sur la
terre les corps des autres saints. » Saint Jérôme avance de son côté que la
sainte Vierge monta au ciel le 18 des calendes de septembre. Quant à
l'assomption corporelle de Marie, il dit que l'Église se contente de rester en
suspens sans se prononcer. Plus loin, il s'attache à en prouver la croyance de
cette manière « S'il en est qui disent que dans ceux dont là résurrection a
coïncidé avec celle de J.-C., la résurrection soit accomplie pour toujours à
leur égard, et s'il en est un certain nombre qui croient que saint Jean, le
gardien de la: sainte Vierge, jouisse du bonheur du ciel avec J.-C. et dans sa
chair qui a été glorifiée, à plus forte raison doit-on le croire de la mère du
Sauveur? Car celui qui a dit : « Honore ton père et ta « mère; », et qui, a dit
encore : « Je ne suis pas venu détruire la loi, mais l'accomplir » ;
celui-là, certainement, a honoré sa mère, et ce n'est pas pour nous le sujet
d'une ombre de doute. » Saint Augustin ne J'affirme pas seulement, mais il en
donne trois preuves. La première, c'est que la chair de J. C. et celle de la
Vierge ne font qu'une : « Puisque, dit-il, ;la nature humaine est condamnée à
la pourriture et aux vers, et que d'ailleurs J.-C. ne fut pas exposé à cet
outrage, la nature de Marie en est donc exempte, car dans elle, J.-C. a pris la
sienne. » La seconde raison qu'il en donne est tirée de la dignité de son corps
« C'est, dit-il, le trône de Dieu, le lit nuptial du Seigneur, le tabernacle de
J.-C. doit être où il est lui-même. Il est plus digne de conserver ce trésor
dans le ciel que sur la terre. » La troisième raison, c'est la parfaite
intégrité de sa chair virginale. Voici ses paroles : « Réjouissez-vous, ô
Marie, d'une joie ineffable, dans votre corps et dans votre âme, en J.-C. votre
propre fils, avec votre propre fils et par votre propre fils : La peine de
la corruption n'est pas le partage de celle qui n'a pas éprouvé de corruption
dans son intégrité; quand elle a engendré son divin fils. Toujours elle sera à
l'abri de la corruption, celle qui a été comblée de tant de grâces ; il faut
qu'elle vive dans toute l'intégrité de sa nature, celle qui a mis au monde
l'auteur de la perfection et de la plénitude dans la vie; il faut qu'elle
demeure auprès de celui qu'elle a porté dans ses entrailles; il faut qu'elle
soit à côté de celui qu'elle a engendré, qu'elle a réchauffé, qu'elle a nourri.
C'est Marie, c'est la mère de Dieu, c'est la nourrice, c'est la servante de
Dieu. Je n'oserais penser autrement, et ce serait présomption de ma part de
dire autre chose. » Un poète élégant s'en exprime comme il suit:
Scandit ad Aethera
Virgo puerpera,
Virgula Jesse.
Non sine corpore
Sed sine tempore,
Tendit ad esse.
Elle monte au ciel
La Vierge mère,
La Vierge de Jessé.
C'est avec son corps
Et pour léternité,
Qu'elle s'élève jusqu'à celui qui est.
Secondement. Elle fut
transportée au ciel au milieu de la joie. Gérard, évêque et martyr, dit à ce
propos : « En ce jour, les cieux ont reçu la bienheureuse Vierge. avec
joie. Les Anges se réjouissent, les Archanges jubilent, les Trônes s'animent, les
Dominations la célèbrent dans les cantiques, les Principautés ;unissent leurs
voix, les Puissances accompagnent de leurs instruments de musique, les
Chérubins et les Séraphins entonnent des hymnes. Tous la conduisent jusqu'au
souverain tribunal de la divine Majesté. »
Troisièmement elle fut
élevée au ciel au milieu de grands honneurs. Jésus lui-même et la milice
céleste vinrent au-devant d'elle. « Qui pourrait s'imaginer, dit saint Jérôme,
quelle fut la gloire dont la Reine du monde fut environnée lors de son passage
? Quel respect affectueux! Quelle multitude de légions célestes allant à sa
rencontre ! Qu'ils étaient beaux les cantiques qui l'accompagnèrent jusqu'à son
trône ! Quelle majesté, quelle grandeur dans les divins embrassements de son
Fils qui la reçoit et l'élève au-dessus de toutes les créatures ! » « Il est à
croire, dit ailleurs le même Père, gaze la milice des cieux alla en triomphe au
devant de la mère de Dieu, et qu'elle l'environna d'une
immense lumière, qu'elle la conduisit en chantant ses louanges et des cantiques
jusqu'au trône de Dieu. La milice de la Jérusalem céleste tressaille d'une joie
ineffable : elle est fière de tant d'amour et de reconnaissance. Cette fête;
qui n'arrive qu'une fois pour nous dans le cours de l'année, ne doit point
avoir eu de terme dans les cieux. On croit encore que le Sauveur vint au-devant
d'elle de sa personne, dans cette fête, et qu'il la fit asseoir plein de joie
auprès de lui sur le trône. Autrement il n'eût point accompli ce que lui-même a
ordonné par cette loi : « Honore ton père et ta mère. » Quatrièmement: Elle fut
reçue avec magnificence. » C'est le jour, dit saint Jérôme, où la mère sans
souillure : la Vierge s'avança jusqu'à son trône élevé, où elle s'assit
glorieuse auprès de J.-C. » Voici comment le bienheureux Gérard montre en ses
homélies à quel degré de gloire et d'honneur elle fut élevée: « N.-S. J.-C. a
pu seul la grandir comme il l'a fait pour qu'elle reçût de la majesté elle-même
la louange et l'honneur à toujours. Elle est environnée des choeurs angéliques,
entourée des troupes archangéliques, accompagnée des Trônes pleins
d'allégresse, au milieu de l'enthousiasme des Dominations; les Principautés la
vénèrent : les. Puissances lui applaudissent : elle est honorée parles Vertus,
chantée par les Chérubins et louée par les hymnes des Séraphins. La très
ineffable Trinité lui applaudit elle-même avec des transports qui n'ont point
de fin, et la grâce dont elle l'inonde tout entière fait que tous ne pensent
qu'à cette Reine. L'illustre compagnie des Apôtres l'élève au-dessus de toute
louange, la multitude des martyrs est toute en suppliante autour d'une si
grande Maîtresse: l'innombrable armée des confesseurs lui adresse des chants
magnifiques, le choeur, des Vierges aux vêtements blancs célèbre sa gloire avec
des accents ineffables : L'enfer lui-même hurle de rage, et les démons
insolents l'acclament » (Saint Pierre Damien, op. XXXIV). Un; clerc très dévot
à la Vierge Marie voulait pour ainsi dire consoler Notre-Dame au sujet des cinq
plaies de N.-S. J.-C., en: lui adressant tous les jours cette prière: «
Réjouissez-vous, Mère de Dieu, Vierge immaculée; réjouissez-vous, puisqu'un
ange vous apporte la joie; réjouissez-vous puisque vous avez enfanté la clarté
de la lumière éternelle; réjouissez-vous, Mère; réjouissez-vous, Sainte Vierge,
Mère de Dieu. Vous seule êtes la Mère-Vierge: toutes créatures vous louent: O
mère de lumière, je vous en prie, ne cessez d'intercéder pour nous. » Atteint
d'une grave maladie ce clerc, réduit à l'extrémité, fut troublé par- la
frayeur. La sainte Vierge lui apparut et lui dit : « Mon fils, pourquoi une si
grande crainte de ta part ? toi qui si souvent m'as annoncé la réjouissance.
Réjouis-toi aussi toi-même et pour te réjouir éternellement, viens avec moi
(1). » Un soldat fort puissant et riche avait dissipé tout son bien en
libéralités mal entendues. Il devint si pauvre qu'après avoir donné avec
profusion, il. fut réduit à manquer des moindres choses. Or, il avait une femme
très honnête et fort dévote à la bienheureuse Vierge Marie. A l'approche d'une
solennité; où il avait coutume de distribuer de grandes largesses, comme il
n'avait plus rien à donner, il fut poussé par la honte et la confusion à se
retirer, jusqu'à ce que cette solennité fût passée, dans un lieu désert où il
pourrait soulager sa tristesse, pleurer les inconvénients de sa, position, et
éviter la honte: tout à coup paraît un cheval fougueux sur lequel était monté
un homme terrible qui s'approche de lui et lui demande le motif d'une tristesse
si profonde. Le soldat lui ayant fait le récit détaillé de tout ce qui lui
était arrivé, le cavalier lui dit : « Si tu veux te soumettre à un léger acte
d'obéissance, tu auras de la gloire et des richesses en plus grande abondance
que par le passé. » Il promet au, prince des ténèbres d'exécuter volontiers ce
qu'il lui commandera, pourvu qu'il accomplisse à son égard ce qu'il a promis
lui-même. Et le diable lui dit: « Va-t'en chez toi, cherche dans tel endroit de
la maison, tu y trouveras des masses d'or et d'argent en telle quantité et tant
de pierres précieuses : Mais aie soin tel jour de m'amener ici ta femme. » Sur
cette promesse le soldat retourne à sa maison, et dans l'endroit désigné, il
trouve tout ce qui lui avait été annoncé. Il achète aussitôt des palais, il répand
des largesses, il rachète ses biens, il se procure des esclaves. Or, le jour
fixé étant proche, il appela sa femme et lui dit: « Montez à cheval, car il
vous faut aller avec moi en un lieu assez éloigné. » La dame tremblante et
effrayée, n'osant pas aller contre ses ordres, se recommanda bien dévotement à
la bienheureuse Vierge Marie et suivit son époux. Parvenus assez loin, ils
rencontrèrent une église sur leur chemin; la femme descendit de son cheval et
entra, pendant que son mari attendait dehors. Elle se recommandait avec
dévotion à la bienheureuse Marie, quand tout à coup elle s'endormit et la
glorieuse Vierge, semblable en tout à cette dame dans ses habits et dans ses
manières, s'avança de l'autel; sortit et monta à cheval pendant que la - dame
elle-même restait endormie dans l'église. Le mari persuadé que c'était sa femme
continua son chemin. Quand ils furent arrivés au lieu convenu, le prince des
ténèbres accourut de son côté avec grand fracas. A peine s'est-il approché que
tout d'un coup il frémit et tremblant de stupeur il n'osa avancer. Alors il dit
au soldat: « O le plus félon des hommes, pourquoi m'as-tu joué ainsi
et pourquoi te comportes-tu de cette manière quand je t'ai comblé de bienfaits?
Je t'avais bien dit de m'amener ta femme et tu m'as amené
la mère du Seigneur. Je voulais ta femme et tu as amené Marie. Car ta femme ne
cesse de me faire tort; je voulais me venger sur elle, et tu m'as
amené celle-là pour qu'elle me tourmentât et qu'elle m'envoyât dans
l'enfer. » En entendant ces paroles, cet homme était stupéfait, la crainte et
l'étonnement l'empêchaient de parler. La bienheureuse Vierge Marie dit alors :
« Quelle a été ta témérité, esprit méchant, d'oser nuire à une personne pleine
de dévotion Pour moi ? Tu ne l'auras pas fait impunément. Voici maintenant la
sentence que je lance contre toi: c'est que tu descendes en enfer, et que tu
n'aies plus désormais la présomption de nuire à
quiconque m'invoquera avec dévotion. » Et le diable se retira en
poussant de grands hurlements. Alors le mari, sautant à bas de son cheval, se
prosterna aux pieds de la sainte Vierge, qui le réprimanda et lui ordonna de
retourner vers sa femme encore endormie dans l'église et de se dépouiller de
tontes les richesses du démon. Et quand il revint, il trouva sa femme qui
dormait encore, la réveilla et lui raconta ce qui lui était arrivé. Revenus
chez eux, ils jetèrent toutes les richesses du démon, ne cessèrent d'adresser
des louanges en l'honneur de fa sainte Vierge qui leur accorda dans la suite
une grande fortune.
Un homme accablé sous le
poids du péché fut ravi en vision au jugement de Dieu (2). Et voilà que Satan
vint dire : « Il n'y a rien eu cette âme qui vous appartienne en propre;
elle est plutôt de mon domaine, d'ailleurs j'ai un titre authentique. » Et le
Seigneur lui dit : « Où est ton titre ? » Satan reprit : « J'ai un titre; vous
l'avez dicté de votre propre bouche, et vous lui avez donné une sanction
éternelle. Vous avez dit en effet: « En même temps que vous en mangerez, « vous
mourrez très certainement. » Comme donc il est de la race de ceux qui ont mangé
le fruit défendu, à ce titre authentique il doit être condamné à mourir avec
moi. » Alors le Seigneur dit : « O homme, il t'est permis de te défendre. » Or,
l'homme se tut. Le démon ajouta: « D'ailleurs je l'ai par prescription, depuis
trente ans je possède son âme, et il m'a servi comme un esclave qui
est ma propriété. « Cet homme continua à se taire. Le démon reprit : « Cette
âme est à moi, car quand elle aurait fait quelque bien, ses mauvaises actions
l'emportent incomparablement sur les bonnes. » Mais le Seigneur qui ne voulait
pas porter de suite une condamnation contre ce pécheur lui assigna un délai de
huit jours, afin que, ce terme expiré, il comparût devant lui et s'expliquât
sur tout ce qui lui était reproché. Or, comme il s'en allait de devant le
Seigneur, tout tremblant et pleurant, il rencontra une personne qui lui demanda
la cause d'une tristesse aussi vive. Et comme il lui eut raconté tout en
détail, l'autre lui dit : « Ne crains rien, n'appréhende rien, car sur le
premier point je t'aiderai fortement. » Le pécheur lui ayant demandé comment il
s'appelait, il lui fut répondu : « La Vérité est mon nom. » Il en trouva une
seconde qui lui promit de l'aide sur la deuxième accusation. Il lui demanda
comment elle s'appelait et il lui fut répondu : « Je suis la Justice. » Or, le
huitième jour, il comparut en jugement et le démon lui objecta le premier chef
d'accusation ; la Vérité répondit : « Nous savons qu'il y a deux sortes de
mort,, celle du corps et celle de l'enfer : Or, démon, ce titre que tu
invoques. en ta faveur ne parle pas de la mort de l'enfer, mais de celle du
corps. Ce qui est évident, puisque tout le monde subit cette sentence,
c'est-à-dire que tous meurent corporellement, sans cependant que tous meurent
des feux -, de l'enfer. Quant à la mort du corps, oui, elle aura toujours lieu
; mais quant à la mort de l'âme, l'arrêter a été révoqué par le sang de J.-C. »
Alors le démon, voyant qu'il avait succombé sur le premier chef, se mit à lui
objecter le second. Mais la Justice se présenta et répondit ainsi pour cet
homme : « Quoique tu aies possédé cet homme comme ton esclave pendant nombre
d'années, cependant toujours la raison voulait le contraire; toujours la raison
murmurait de servir un si cruel maître. » A la troisième objection, il n'eut
personne pour le défendre. Et, le Seigneur dit : « Qu'on apporte une balance et
qu'on pèse les bonnes actions et toutes les mauvaises. Alors la Vérité et la
Justice dirent au. pécheur : « Voici la mère de miséricorde assise auprès du
Seigneur, aie recours à elle de toute ton âme et essaie de l'appeler à ton
aide. » Quand il l'eut fait, la sainte Vierge Marie vint à son secours et elle
mit la main sur la balance du côté où se trouvait le pet de bien; mais le
diable s'efforçait de faire baisser l'autre plateau ; cependant la mère de
miséricorde l'emporta et délivra le pécheur. Celui-ci, revenu alors à lui, se
corrigea.
Dans la ville de Bourges
(Evagre, Histoire ecclés., l. IV, c. XXXV, rapporte un fait semblable arrivé à
C. P.), vers l'an du Seigneur 527, comme les chrétiens communiaient le jour de
Pâques, un enfant juif s'approcha de l'autel avec les enfants des chrétiens et
reçut comme eux le corps du Seigneur. Revenu chez lui, son père lui ayant demandé
d'où il venait, l'enfant répondit qu'il avait été à l'église avec les enfants
chrétiens, écoliers comme lui, et qu'il avait communié avec eux. Alors le père,
rempli de fureur, prit l'enfant et le jeta dans une fournaise ardente qui se
trouvait là. A l'instant la mère de Dieu se présenta à l'enfant sous les traits
d'une image qu'il avait vue sur l'autel, et le protégea contre le feu dont il
ne reçut aucune atteinte. Alors la mère de l'enfant rassembla par ses clameurs
un grand nombre de chrétiens et, de juifs. En voyant dans la fournaise l'enfant
qui n'avait éprouvé aucun accident, ils l'en retirèrent et lui demandèrent
comment il avait pu en échapper. Il répondit : « C'est que cette révérende Dame
qui était sur l'autel m'a prêté du secours et a écarté de moi tout
le feu. » Les chrétiens, qui comprirent que c'était de l'image de la sainte
Vierge que l'enfant parlait, prirent le père. de l'enfant et le jetèrent dans
la fournaise où il fut brûlé aussitôt et consumé entièrement. Quelques
moines étaient avant le jour auprès d'un fleuve et s'entretenaient de
bagatelles et de discours oiseux. Et voici qu'ils entendent des rameurs qui
passaient sur le fleuve avec une grande rapidité. Les moines leur dirent : «
Qui êtes-vous ? » Et ils répondirent : « Nous sommes des démons, et nous
portons en enfer l'âme d'Ebroïn, prévôt du roi des Francs qui a apostasié du
monastère de Saint-Gall. » En entendant cela, les moines furent saisis d'une
très violente peur, et s'écrièrent de toutes leurs forces: « Sainte Marie, priez
pour nous. » Et les démons leur dirent : « Vous avez bien fait d'invoquer
Marie, car nous voulions vous démembrer et vous noyer, parce que nous vous
trouvons à une heure indue vous livrant à des conversations déréglées. » Alors
les moines rentrèrent au couvent et les démons se hâtèrent d'aller en enfer
(Gauthier de Cluny, Miracles de la sainte Vierge, c. IV.).
Il y avait un
moine fort lubrique, mais fort dévot à la bienheureuse Vierge Marie. Une nuit
qu'il allait commettre son crime habituel, il passa devant un autel, salua la
sainte Vierge, et sortit de l'église. Comme il voulait traverser un fleuve, il
tomba dans l'eau et mourut. Or, comme les démons s'étaient saisis de son âme,
vinrent des anges pour la délivrer. Les démons leur dirent : « Pourquoi êtes-vous
venus ici? vous n'avez rien en cette âme. » Et aussitôt la bienheureuse Vierge
Marie se présenta et les reprit de ce qu'ils avaient osé ravir l'âme du moine.
Ils lui répondirent qu'ils l'avaient trouvé au moment où il finissait sa vie
dans de mauvaises oeuvres. La sainte Vierge leur dit : « Ce que vous dites est
faux, car je sais que s'il allait quelque part, il me saluait d'abord et à son
retour, il en faisait autant; que si vous dites que l'on vous fait violence,
posons la question au tribunal du souverain Juge. » Et comme on discutait
devant le Seigneur, il lui plut que l'âme retournerait à son corps et ferait
pénitence de ses actions. Pendant ce temps-là, les frères voyant que l'heure
des matines s'écoulait sans qu'on les sonnât (Le moine était sonneur.)
cherchent le sacristain; ils vont jusqu'à ce fleuve et le trouvent noyé. Après
avoir retiré le corps de l'eau, ils s'émerveillaient de cet accident, quand
tout à coup le moine revint à la vie et raconta ce qui était arrivé. Il passa
le reste de sa vie dans de bonnes oeuvres. - Une femme souffrait une
foule d'importunités de la part du démon qui lui apparaissait visiblement sous
la forme d'un homme : elle employait quantité de moyens de se préserver; tantôt
c'était de l'eau bénite, tantôt une chose, tantôt une autre, sans que le démon
cessât de la tourmenter. Un saint homme lui conseilla, quand le démon
s'approcherait d'elle, de lever les mains et de crier aussitôt :
« Sancta Maria, adjuva me. Sainte Marie, aidez-moi. » Et quand elle l'eut
fait, le diable, comme s'il eût été frappé d'une pierre, s'arrêta effrayé;
après quoi il dit « Qu'un mauvais diable entre dans la bouche de celui qui t'a
enseigné cela. » Et aussitôt il disparut et il ne s'approcha plus d'elle dans
la suite.
(1) On voyait dans l'église
de l'abbaye de Marsilly (baronnie de Bourgogne), où les seigneurs de Noyers
avaient leur sépulture, une inscription ainsi conçue : « En l'an mil deux cent,
sous le reigne de Philippe Dieu donné, un nommé Geoffroy Lebrun, maistre
d'hostel du roy, estant disgracié de la cour et sans aucun moyen, comme il
passait au travers. de la, forêt Darnois, autrement Darnaux, le diable lui
apparut qui luy promit de grandes richesses, à condition qu'il luy livreroit sa
femme: ce que, ledit Lebrun luy promit, et. à cet effet luy en donna une cédule
signée de son sang. Ce que voulant exécuter il monta à cheval, mit sa ditte
femme en trousse, et se mit en chemin pour s'en aller au rendez-vous, qui
estoit dans la susditte forêt; et comme son chemin estoit de passer au-devant
de l'église de Nostre-Dame de Marsilly, la veille de l'Assomption de N.-D., la
ditte femme entendit sonner une messe et demanda à son mari d'entrer dans l'église,
et comme ledit Lebrun voulut sortir pour achever son voyage, la Vierge prit la
figure, de sa femme, monta sur la croupe de son cheval derrière luy : et
estant au rendez-vous, on entendit un grand bruit qui se faisoit dans la forêt,
et en mesme temps la Vierge enleva dans les bras du diable la cédule dudit
Lebrun et la rendit à sa femme, laquelle fut trouvée dans laditte église où
elle s'estoit endormie, et la Vierge lui ayant apparu luy ordonna de prier pour
la conversion de son mari, et disparut. » (Cabin. hist., t. I, P. 158).
(2) Saint Antonin
rapporte dans sa Somme un fait qui n'offre qu'une légère variante
avec le texte de la Légende. Summa,4, hart., tit. XV, c. V. § 1.
Andrea del Sarto (1486–1530), Assunzione della Beata Vergine
Maria, circa 1526, 236 x 205, Palazzo
Pitti, Florence, Italy
MODE DE L'ASSOMPTION DE
LA SAINTE VIERGE MARIE
Le mode de l’Assomption
de la très sainte Vierge Marie est rapporté dans un sermon compilé de divers
écrits des saints, qu'on lit solennellement dans plusieurs églises, et où l'on,
trouve, ce qui suit : «Tout ce que j'ai pu rencontrer dans les récits des saints
Pères, du monde entier, touchant le vénérable trépas de la Mère de Dieu, j'ai
pris soin d'en faire mémoire en son honneur. Saint Côme, surnommé Vestitor,
rapporte des choses qu'il a apprises par une relation certaine de la bouche des
descendants de ceux qui en ont été les témoins. Il faut en tenir compte. Voici
ses paroles : Quand J.-C. eut décidé de faire venir auprès de soi la Mère de la
vie, il lui fit annoncer par l'ange qu'il lui avait déjà envoyé, comment elle
devait s'endormir (1), de crainte que la mort survenant inopinément ne lui
apportât quelque trouble. Elle avait conjuré son fils face à face, alors qu'il
était encore sur la terre avec elle, de ne lui laisser voir aucun des esprits
malins. Il envoya donc en avant un ange avec ordre de lui parler ainsi : « Il
est temps, ma mère, de vous prendre auprès de moi. De même que vous avez rempli
la terre de joie, de même vous devez réjouir le ciel. Rendez agréables les
demeures de mon Père; consolez les esprits de mes saints ; ne vous troublez pas
de quitter un monde corruptible avec toutes ses vaines convoitises, puisque
vous devez habiter le palais céleste. O ma Mère, que votre séparation de la
chair ne vous effraie pas, puisque vous êtes appelée à une vie qui n'aura pas
de fin, à une joie sans bornes, au repos de la paix, à un genre de vie sûr, à
un repos qui n'aura aucun terme, à une lumière inaccessible, à un jour qui
n'aura pas de soir, à une gloire inénarrable, à moi-même votre Fils, le
créateur de l'univers! Car je suis la vie éternelle, l'amour incomparable, la
demeure ineffable, la lumière sans ombre, la bonté inestimable. Rendez sans
crainte à la terre ce qui lui appartient. Jamais personne ne vous ravira de ma
main, puisque la terre, dans toute son étendue, est en ma main. Donnez-moi
votre corps, parce que j'ai mis ma divinité dans votre sein. La mort ne tirera
aucune gloire de vous, parce que vous avez engendré la vie. L'obscurité ne vous
enveloppera point de ses ombres parce que vous avez mis ail monde la lumière ;
vous ne subirez ni meurtrissure, ni brisure, car vous avez mérité d'être le
vaisseau qui m'a reçu. Venez à celui qui est né de vous afin de
recevoir la récompense qui vous est due pour l'avoir porté dans votre sein,
pour l'avoir nourri de votre lait; venez habiter avec votre Fils unique;
hâtez-vous de vous réunir à lui. Je sais qu'aucun antre amour que celui de
votre Fils ne vous tourmente. C'est comme vierge-mère que je vous ai présentée;
je vous présente comme le mur qui soutient le monde entier, comme l'arche de
ceux qui doivent être sauvés, la planche du naufragé, le bâton des faibles,
l'échelle de ceux qui montent au ciel, et la protectrice des pécheurs. Alors
j'amènerai auprès de vous les apôtres qui vous enseveliront de leurs mains
comme si c'était des miennes. Il convient en effet que les enfants de ma
lumière spirituelle, auxquels j'ai donné le Saint-Esprit, ensevelissent votre
corps et me remplacent à vos admirables funérailles. » Après ce récit l'ange
donne pour gage à la Vierge une palme, cueillie dans le paradis, afin de la
rendre assurée de sa, victoire contre la corruption de la mort, il y ajoute des
vêtements funèbres; ensuite il regagne le ciel d'où il était venu.
La Bienheureuse Vierge
Marie convoqua ses amis et ses parents et leur dit : « Je vous apprends
qu'aujourd'hui je dois quitter la vie temporelle; il faut donc veiller, car au
trépas de tout le monde, viennent auprès du lit du mourant la vertu divine des
anges et les esprits malins. » A ces mots, tous se mirent à pleurer et à dire :
« Vous craignez, vous la présence des esprits; quand vous avez été digne d'être
la mère de l'auteur de toutes choses, quand vous avez engendré celui qui a
dépouillé l'enfer, quand vous avez mérité d'avoir un trône préparé au-dessus
des chérubins et des séraphins! Que ferons-nous donc, nous autres? comment
fuirons-nous? » Il y avait là une multitude de femmes qui pleuraient et lui
demandaient de ne pas les laisser orphelines. Alors la sainte Vierge leur dit
pour les consoler : « Si vous qui êtes les mères d'enfants soumis à la corruption,
vous ne pouvez supporter d'en être séparées pour un peu de temps, comment donc
moi qui suis mère et vierge ne désirerais-je pas d'aller trouver mon fils, le
Fils unique de Dieu le Père? Si chacune de vous quand elle a perdu quelqu'un de
ses fils, se console en celui qui survit ou dans celui qui doit naître, moi qui
n'ai que ce fils, et qui reste pure, comment ne me hâterai-je pas de mettre fin
à mes angoisses en allant à lui qui est la vie de tous ? » Or, pendant que ceci
se passait, saint Jean arrive et s'informe de ce qui a lieu. Quand la Vierge
lui eut annoncé son départ pour le ciel, il se prosterna par terre et s'écria
en pleurant : « Que sommes-nous, Seigneur, puisque vous nous réservez de si
grandes tribulations ? Pourquoi plutôt ne m'avez-vous dépouillé de,
mon corps? J'aurais mieux aimé être enseveli par la mère de mon Seigneur, que
d'être obligé d'assister à ses funérailles. » Alors la sainte Vierge le mena
tout en pleurs dans sa chambre et lui montra la palme et les vêtements ; après
quoi elle s'assit sur le lit qui avait, été préparé pour sa sépulture. Et voici
qu'on entend un violent coup de tonnerre; un' tourbillon semblable à une nuée
blanche se forme, et les apôtres sont déposés, comme la pluie qui tombe, devant
la porte de la maison de la sainte Vierge. Ils s'étonnent de ce qui arrive,
mais saint Jean vient à eux et leur révèle ce qui a été annoncé par l'ange à la
sainte Vierge: comme ils pleuraient tous, saint Jean les consola. Ils
essuyèrent donc leurs larmes, entrèrent, et après avoir salué la Bienheureuse
Vierge avec. respect, ils l'adorèrent. Et elle dit : « Salut, les enfants de
mon Fils unique. » Après avoir écouté le récit qu'ils lui firent de leur
arrivée, elle leur manifesta tout. Les apôtres lui dirent : « C'est en
tournant nos regards vers vous, très honorable Vierge comme vers notre maître
lui-même et notre Seigneur, que nous nous consolions ; c'était là notre seule
ressource d'espérer que nous vous avions pour médiatrice auprès de Dieu. »
Après qu'elle eut salué Paul en l'appelant par son nom, celui-ci lui dit
« Je vous salue, reine de
ma consolation ; car bien que je n'aie pas vu J.-C. dans sa chair, cependant,
quand je vous vois, je suis consolé comme si je le voyais lui-même. Jusqu'à ce
jour je prêchais aux nations que vous aviez engendré Dieu, maintenant
j'enseignerai que vous êtes allée à lui. » Après quoi la sainte Vierge montra
ce que l'ange lui avait apporté, et les avertit de ne point éteindre les lampes
jusques après son trépas. Il y avait là cent vingt vierges occupées à la
servir. Après quoi elle revêtit ses vêtements funèbres et en disant adieu à
tous, elle place son corps sur son lit pour mourir; saint Pierre était placé à
la tête, saint Jean à ses pieds, les autres apôtres autour du lit, adressant
des louanges à la mère de Dieu. Alors saint Pierre prit la parole en ces termes
: « Réjouissez-vous, épouse du lit céleste, candélabre à trois branches de la
lumière éclatante, par qui a été manifestée la clarté éternelle. » Saint
Germain, archevêque de Constantinople atteste aussi que les apôtres se
rassemblèrent pour le sommeil de la très sainte Vierge, quand il dit : « O
sainte Mère de Dieu, quoique vous ayez été soumise à la mort que ne saurait
éviter aucune créature humaine, cependant votre oeil qui nous garde ne s'assoupira
point ni ne s'endormira point : car votre trépas n'eut pas lieu sans témoins et
votre sommeil est certain. Le ciel raconte la gloire de ceux qui chantèrent sur
votre dépouille; la terre rend hommage à la véracité; les nuages proclament les
hommages que vous en avez reçus. Les anges, célèbrent les bons offices qui vous
ont été rendus, en ce que les ; apôtres se rassemblèrent auprès de vous dans
Jérusalem. » Le grand Denys l'aréopagite atteste aussi la même chose en disant
: « Ainsi que tu le sais bien, nous nous sommes rassemblés avec beaucoup de nos
frères pour voir le corps de celle qui a reçu le Seigneur.-» Or, se trouvaient
là Jacques, frère de Dieu, avec Pierre le souverain chef des Théologiens.
Ensuite il sembla bon, après ce qu'on avait, vu, que tous les souverains
prêtres chantassent des hymnes, selon que chacun avait en soi d'énergie, de
bonté vivifiante ou de faiblesse.
Saint Cosme poursuit
ainsi sa narration : « Après cela, un fort coup de tonnerre ébranla la maison
entière, et un vent doux la remplit d'une odeur si suave, qu'un sommeil profond
s'empara de ceux qui s'y trouvaient, à l'exception des apôtres et de trois
vierges qui portaient des flambeaux; car le Seigneur descendit avec une
multitude d'anges et enleva l'âme de sa mère. Or, l'éclat de cette âme était si
resplendissant qu'aucun des apôtres ne la pouvait regarder. Et le Seigneur dit
à saint Pierre : « Ensevelissez le corps de ma mère avec le plus grand respect,
et gardez-le soigneusement pendant trois jours, car je viendrai alors, et le
transporterai dans le lieu où n'existe point la corruption; ensuite je le
revêtirai d'une clarté semblable à la mienne, afin qu'il y ait union et accord
entre ce qui a été reçu et ce qui' a reçu. » Saint Cosme rapporte encore un
mystère étrange et merveilleux, et qui ne souffre ni investigation curieuse, ni
discussion ordinaire : puisque tout ce qu'on dit de la mère de Dieu est
surnaturel, admirable, redoutable, plutôt que sujet à discussion. « Car,
dit-il, quand l'âme sortit de son corps, ce corps prononça ces mots : « Je vous
rends grâces, Seigneur, car je suis digne de votre gloire. Souvenez-vous de moi
puisque je suis votre oeuvre, et que j'ai conservé ce que
vous m'avez confié. » Quand ceux qui dormaient furent éveillés,
continue saint Cosme, et qu'ils virent sans vie le corps de la Vierge, ils se
livrèrent à une grande tristesse et .
poussèrent des
gémissements. Les apôtres prirent donc le corps qu'ils portèrent au monument,
en même temps que saint Pierre commença le Psaume : In exitu Israël de Aegypto.
Les choeurs des anges louaient la Vierge de telle sorte que Jérusalem fut émue
à l'occasion de cette grande gloire. Alors les grands-prêtres envoient une
multitude de gens armés d'épées et de bâtons. - Un d'eux se rue sur
le grabat, avec l'intention de jeter par terre le corps de Marie, mère de Dieu.
Mais parce qu'il l'ose toucher avec impiété, il mérite d'être privé de l'usage
de ses mains; elles s'arrachent toutes les deux de ses bras; et restent
suspendues au lit funèbre ; en même temps, il éprouve des tourments horribles.
Cependant, il implore son pardon, et promet de s'amender. Pierre lui dit :
« Tu ne pourras jamais obtenir le pardon, si tu n'embrasses le corps de celle
qui a toujours été vierge, et situ ne confesses que J.-C., qui est né d'elle,
est le Fils de Dieu. » Quand il l'eut fait, ses mains se rejoignirent aux
coudes d'où elles avaient été arrachées. Et saint Pierre prit une datte de la
palme et lui dit : « Va, rentre dans la ville, et pose-la sur les
infirmes, et tous ceux qui croiront recevront la santé (Nicéphore Calliste.,
Hist., l. II ; c. XXI.). » Quand les apôtres arrivèrent au champ de Gethsémani,
ils y trouvèrent un sépulcre semblable au glorieux sépulcre de J.-C.; ils y
déposèrent le corps avec beaucoup de respect, sans oser toucher au très saint
vaisseau de Dieu, mais ils le prirent par les coins du suaire et le placèrent
dans le sépulcre, qu'ils scellèrent. Pendant ce temps, les apôtres et les
disciples du Seigneur restèrent autour du tombeau, selon l'ordre qu'ils en
avaient reçu de leur maître. Le troisième jour, une nuée toute resplendissante
l'environne, les voix angéliques se font entendre, une odeur ineffable se
répand, tous sont dans une immense stupeur; alors, ils voient que le Seigneur
est descendu, et qu'il transporte le corps de la Vierge avec une gloire
ineffable. Les apôtres embrassèrent le sépulcre et retournèrent chez saint Jean
l'évangéliste et le théologien, en le louant d'avoir été le gardien de la
sainte Vierge. Or, il y eut lui des apôtres qui n'assista pas à cette
solennité. Dans l'admiration où le jetait le récit de choses si merveilleuses,
il suppliait qu'on ouvrît le tombeau pour s'assurer de la vérité. Les apôtres
s'y refusaient sous le prétexte que ce qu'ils lui racontaient devait suffire,
dans la crainte que si les infidèles en avaient connaissance, ils publiassent
que le corps avait été volé. Mais l'apôtre contristé disait : « Pourquoi me
privez-vous de partager un trésor qui nous est commun, quand je suis autant que
vous? » Enfin, ils ouvrirent le tombeau, où ils ne trouvèrent pas le corps,
mais seulement les vêtements et le suaire.
Au livre III, chap. XL de
l'Histoire Euthimiata, saint Germain, archevêque de Constantinople, dit avoir
découvert, et le grand Damascène l'atteste comme: lui, que, du temps de
l'empereur Marcien, l'impératrice Pulchérie, de sainte mémoire, après avoir
fait bâtir à C. P. beaucoup d'églises, en éleva entre autres une admirable
auprès des Blaquermes, en l'honneur de la sainte Vierge. Elle convoqua Juvénal,
archevêque de Jérusalem, et d'autres évêques de la Palestine, qui restaient
alors dans le capitale pour le concile qui se tint à Chalcédoine, et leur dit :
« Nous avons appris que le corps de la très sainte Vierge fut enterré dans le
champ de Gethsémani; nous voulons donc, pour garder cette ville, y transporter
ce corps avec un respect convenable. » Or, comme Juvénal lui eut répondu que ce
corps, d'après ce qu'il en avait appris dans les anciennes histoires, avait été
transporté dans la gloire et qu'il n'était resté dans le tombeau que les
vêtements avec le suaire, le même Juvénal envoya ces vêtements à C. P., où ils
sont placés avec honneur dans l’église dont on vient de parler (Nicéphore
Calliste, Hist., l. XV, ch. XIV.). » Et que personne ne pense que j'aie forgé
ce récit à l'aide de mon imagination, mais j'ai raconté ce que j'ai connu par
l'enseignement, et d'après lés recherches de ceux qui ont appris ces faits de
leurs devanciers, par une tradition digne de toute créance. Ce qui est rapporté
jusqu'ici, se trouve dans le discours dont il a été question plus haut. Or,
saint Jean Damascènes:, Grec d'origine, raconte plusieurs circonstances
merveilleuses au sujet de la très sainte assomption de la sainte Vierge. Il dit
donc dans ses sermons :
« Aujourd'hui la très
sainte Vierge est transportée dans le lit nuptial du ciel ; aujourd'hui cette
arche sainte et vivante qui a porté en soi celui qui l’a créée, est placée dans
un temple que n'a pas construit la main des hommes; aujourd'hui la très sainte
colombe pleine d'innocence et de simplicité, s'est envolée de l'arche,
c'est-à-dire de ce corps qui a reçu Dieu ; elle a trouvé où poser les pieds;
aujourd'hui l'immaculée Vierge que n'ont pas souillée les passions terrestres,
mais au contraire qui a été instruite par les intelligences célestes, ne s'en
est pas allée dans la terre, mais appelée à juste raison, un ciel animé, elle
habite dans les tabernacles célestes. Bien que votre bienheureuse âme soit
séparée d'après la loi de la nature de votre glorieux corps, et que ce corps
soit confié à la sépulture, cependant il ne reste pas la propriété de la mort,
et il n'est pas dissous par la corruption : car dans celle qui a enfanté, la
virginité est restée intacte ; dans celle qui meurt, le corps reste toujours
indissoluble, et il passe à une meilleure et plus sainte vie ; la mort ne le
détruit pas, car il doit même durer éternellement. De même que ce soleil
éclatant, qui verse la lumière, paraît s'éclipser un instant quand il est caché
par un corps sublunaire, sans pourtant perdre rien de sa lumière intarissable,
de même, vous, fontaine de vraie lumière, trésor inépuisable de vie, quoique
condamnée à subir la mort corporelle pour un court espace de temps, vous versez
cependant sur nous avec abondance la clarté d'une lumière qui ne s'altère
jamais. De là vient que votre sommeil ne doit pas recevoir le nom de mort, mais
de passage, de retraite, ou mieux encore d'arrivée. En quittant votre corps,
vous arrivez au ciel. Les anges et les archanges viennent au-devant, de
vous : les esprits immondes redoutent votre ascension. Bienheureuse
Vierge, vous n'avez pas été enlevée au ciel, comme Elie, vous n'êtes pas montée
comme Paul jusqu'au troisième ciel, mais vous avez atteint au trône royal de
votre Fils. On bénit la mort des autres saints parce qu'elle démontre qu'ils
sont heureux, mais cela n'existe pas chez vous. Ni votre mort, ni votre,
béatitude, ni votre trépas, ni votre départ, pas même votre retraite n'ajoutent
rien à la sécurité de votre bonheur; car vous êtes le principe, le moyen et la
fin de tous les biens que ne saurait comprendre l'intelligence de l'homme.
Votre sécurité, votre avancement réel, votre conception surnaturelle
s'expliquent : vous êtes l'habitation de Dieu. Aussi avez-vous dit avec vérité
que ce n'est pas à dater de votre mort, mais du moment de votre conception que
toutes les générations vous béniraient. La mort ne vous a pas rendue heureuse,
mais vous-même vous avez ennobli la mort; nonobstant la tristesse qui
l'accompagne,-vous l'avez changée en joie. En effet si Dieu a dit : De crainte
que le premier homme n'étende la main et ne cueille du fruit de l'arbre de vie
et qu'il ne vive pour toujours; comment celle qui a porté la vie elle-même, la
vie qui n'a pas eu de commencement, la vie qui n'aura point de fin, comment ne
vivrait-elle point dans le Siècle qui doit durer toujours? Dieu autrefois a
chassé du paradis les auteurs du genre humain endormis dans la mort du péché,
ensevelis dans les profondeurs de la désobéissance; et qui déjà étaient gâtés
par l'infection du péché ; il les a exilés; mais aujourd'hui celle qui a
apporté la vie à tout le genre humain, qui a donné des preuves de son
obéissance à Dieu le Père, qui a chassé toutes les impressions du vice, comment
le paradis ne la recevrait-il pas ? comment le ciel joyeux ne lui ouvrirait-il
pas ses portes ? Eve a prêté l'oreille au serpent; elle a avalé la coupe
empoisonnée; elle se laisse allécher par la volupté ; elle enfante dans la
douleur: elle est condamnée avec Adam. Mais celle qui est véritablement
bienheureuse, qui prêta l'oreille à la voix de Dieu, qui. fut remplie du
Saint-Esprit, qui porta la miséricorde du Père en son sein, qui conçut sans
l'entremise de l'homme, qui enfanta sans douleur, comment la mort en
fera-t-elle sa proie ? comment la corruption osera-t-elle quelque chose sur un
corps qui a porté la vie elle-même? »
Le Damascène dit encore
dans ses sermons : « Il est vrai que, dispersés par toute la terre et occupés à
pêcher des hommes, jetant le filet de la parole pour les amener hors des
ténèbres où ils étaient ensevelis à la table céleste et aux noces solennelles
du Père, les apôtres furent rassemblés et réunis par l'ordre de Dieu, et furent
apportés des confins du monde à Jérusalem, enveloppés dans une nuée comme dans
un filet. En ce moment nos premiers parents Adam et Eve s'écrièrent : « Venez à
nous, ô sacrée et salutaire nourriture, vous avez comblé notre joie ! » De son
côté la compagnie des saints qui se trouvait corporellement présente disait : a
Demeurez avec nous ; vous êtes notre consolation ; ne nous laissez pas
orphelins ; vous êtes notre soutien dans nos travaux, notre rafraîchissement
dans nos fatigues; c'est notre gloire de vivre ou de mourir avec vous : car la
vie n'est rien pour nous, si nous sommes privés de votre présence. » Je pense
que ce furent ces paroles ou d'autres semblables que les apôtres exprimaient au
milieu des sanglots de tous ceux qui composaient l'assemblée. Marie se tournant
vers son fils: « Soyez vous-même, lui dit-elle, le consolateur de ceux qu'il
vous a plu appeler vos frères et qui sont dans la douleur à cause de mon
départ; et ajoutez bénédiction sur bénédiction à l'imposition des mains que je
vais faire sur eux. » Ensuite elle étendit les mains et bénit le collège des
fidèles, puis elle ajouta : « Seigneur, je remets mon esprit entre vos mains :
recevez mon âme qui vous est si chère et que j'ai conservée pure. C'est à vous
et non à la terre que je confie mon corps ; conservez-le entier puisqu'il vous
a plu l'habiter; Transportez-moi auprès de vous, afin que là où vous êtes, vous,
le fruit de mes entrailles, j'y sois et j'y habite avec vous. » Ce fut alors
que les fidèles entendirent ces paroles : « Levez-vous, venez, ô ma bien-aimée,
ô la plus belle des femmes ; vous êtes belle, mon amie, et il n'y a pas de
tache en vous. » En entendant ces paroles, la Vierge recommande son esprit aux
soins de son Fils. Alors les apôtres répandent dés torrents de larmes, et
couvrent de baisers le tabernacle du Seigneur : le contact de ce sacré corps
les remplit de bénédiction et de sainteté. Les maladies disparaissent, les
démons s'enfuient, l'air et le ciel sont sanctifiés par la présence de son
esprit qui s'élève, la terre l'est à son tour, parce que son corps y est
déposé; comme aussi l'eau, par l'ablution de son corps. En effet, ce corps
sacré est lavé dans une eau très limpide qui n'a pu le nettoyer, mais qui en a
été sanctifiée. Ensuite le saint corps enveloppé d'un suaire blanc est placé
sur un lit, les lampes resplendissent, les parfums répandent leur douce odeur,
et l'air retentit du chant des hymnes angéliques. Ce fut au milieu du concert
que les apôtres et les autres saints qui se trouvaient là, faisaient entendre,
en chantant des cantiques divins, que l'arche du Seigneur, soutenue sur les
tètes sacrées des apôtres, est amenée de la montagne à la sainte terre de
Gethsémani. Les anges la précèdent et la suivent, les autres étendent des
voiles sur le précieux corps, toute l’Église l'accompagne. Il s'y trouva aussi
des Juifs endurcis par le vieux levain de la méchanceté. On raconte encore que
comme ceux qui portaient le corps sacré de la mère de Dieu descendaient de la
montagne de Sion, un hébreu, un instrument du diable, poussé par un mouvement
téméraire et conduit par une inspiration infernale s'approcha, en courant, du
saint corps auprès duquel les anges eux-mêmes tremblaient de s'approcher, et
comme un furieux, prit de ses deux mains le lit funèbre qu'il renversa à terre.
Mais on dit qu'une de ses mains se sécha comme bois et tomba. C'était merveille
de le voir semblable à un tronc inutile, tant que la foi n'eut changé son
coeur, et ne l'eut fait repentir avec larmes de son crime. Alors ceux qui
portaient le cercueil s'arrêtèrent, jusqu'à ce que le misérable mettant sa main
sur le très saint corps, reçut une guérison complète à l'instant qu'il l'eut
touché. De là on arrive à Gethsémani, où le saint corps est déposé dans un
tombeau vénérable, après qu'il eut reçu les baisers, les embrassements, les
larmes des fidèles couverts de sueur et chantant des hymnes sacrés. Mais votre
âme ne fut pas laissée dans l'enfer et votre corps n'a pas été atteint par la
corruption. Il convenait que le sein de la, terre ne retînt pas le sanctuaire
de Dieu, la fontaine qui n'a pas été creusée, le champ vierge, la vigne qui
n'avait pas reçu la rosée, l'olivier fécond. Il fut convenable que la Mère fût
élevée par le Fils, afin qu'elle montât vers lui comme il était descendu en
elle, afin que celle qui a conservé sa virginité dans son enfantement
n'éprouvât pas les atteintes de la corruption en son corps, et que celle qui a
porté son créateur, dans son sein habitât les divins tabernacles.. Le Père l'avait
prise pour épouse, elle doit être gardée dans le palais céleste : la mère doit
jouir de ce qui appartient au Fils. » (Saint Jean Damascène.)
Saint Augustin s'étend
aussi fort longuement dans un sermon sur la très sainte Assomption de Marie
toujours vierge: « Avant, dit-il, de parler du très saint corps de celle qui
toujours a été vierge, et de l'assomption de sa bienheureuse âme, nous
commençons par dire que l'Ecriture ne parle pas d'elle après que le Seigneur
l'eut recommandée sur la croix au disciple, si ce n'est ce que saint Luc
rapporte dans les Actes des apôtres: « Ils étaient tous, dit-il, persévérants
unanimement dans la prière avec Marie, mère de Jésus (Actes, I). » Que dire
donc de sa mort? Que dire de son assomption? Puisque l’Ecriture se tait, il ne
faut demander à la raison que ce qui est conforme à la vérité. Que la vérité
donc soit notre autorité puisque sans elle il n'y a même pas d'autorité. Nous
nous basons sur la connaissance que nous avons de la condition humaine quand
nous n'hésitons pas à dire qu'elle a souffert la mort temporelle (2) ; mais si
nous disons qu'elle fut la pâture de la pourriture, des vers et de la cendre,
il faut examiner si cet état convient à la sainteté qui la distingue et aux
prérogatives qui appartiennent à cette merveilleuse habitation de Dieu. vous
savons bien qu'il a été dit à notre premier père : « Tu es poussière et tu
retourneras en poussière. » La chair de J.-C. ne subit pas cette condamnation
puisqu'elle ne fut pas soumise à la corruption, Donc elle fut exceptée de la
sentence générale la nature qui fut prise de la Vierge. Le Seigneur dit aussi à
la femme: « Je t'affligerai de nombreuses misères : tu enfanteras dans la douleur.»
Marie a bien enduré les angoisses, puisqu'un glaive perça son âme ; cependant
elle enfanta sans douleur. Donc Marie, quoique partageant les angoisses d'Eve,
ne les partagea pas en enfantant avec douleur. Donc celle qui jouit d'une
prérogative immense est exceptée de la règle générale. Si donc l'on dit qu'elle
a souffert la mort sans cependant que la mort l'ait retenue dans ses liens,
serait-ce une impiété de dire qu'il n'ait pas voulu préserver sa mère contre
les horreurs de la pourriture, quand il a voulu conserver intacte la pudeur de
sa virginité? Est-ce qu'il n'appartenait pas à la bonté du Seigneur de
conserver l'honneur de sa mère, lui qui était venu non pour détruire la loi,
mais pour l'accomplir ? S'il -1'a honorée pendant sa vie plus que toute autre
par la grâce qu'il lui fit de le concevoir, c'est donc chose pieuse de croire
qu'il l'honora dans sa mort d'une préservation particulière et d'une grâce
spéciale. La pourriture et les vers, c'est la honte de la condition humaine.
Or, comme J.-C. est exempt de cet opprobre, Marie en est exempte aussi, puisque
J.-C-. est né d'elle. Car la chair de Jésus, c'est la chair de Marie, qu'il
éleva au-dessus des astres, honorant par là la nature humaine, mais plus encore
celle de sa mère. Si le fils a la nature de la mère, il est de toute convenance
que la mère possède la nature du Fils, non pas quant à l'unité de la personne,
mais quant à l'unité de la nature corporelle. Si la grâce peut faire qu'il y
ait unité sans qu'il y ait communauté de nature, à plus forte raison quand il y
a unité en grâce et naissance corporelle en particulier. Il y a unité de grâce
comme celle des disciples avec J.-C., selon qu'il en parle lui-même quand il
dit : « Afin qu'ils soient un comme nous sommes un » et ailleurs : « Mon
père, je veux qu'ils soient avec moi partout où je suis. » Si donc J.-C. veut
avoir avec soi ceux qui, réunis par la foi en lui, sont censés' ne faire qu'un
avec lui, que penser, par rapport à sa mère, du lieu où elle soit digne de se
trouver, sinon en présence de son Fils? Autant que je puis le comprendre,
autant que je puis le croire, l'âme de Marie est, honorée par son Fils d'une
prérogative plus excellente encore, puisqu'elle possède en J.-C. le corps de ce
Fils qu'elle a engendré avec les caractères de la gloire. Et pourquoi ce corps
ne serait-il pas le sien, puisqu'elle le conçut par lui ? S'il n'a pas été
au-devant d'elle, je ne reconnais pas là son autorité. Oui, je crois que c'est
par lui qu'elle a engendré; car une si grande sainteté est plus digne du ciel que
de la terre. Le trône de Dieu, le lit de l'époux, la maison du Seigneur et le
tabernacle de J.-C. a le droit d'être où il est lui-même. Le ciel est plus
digne que la terre de conserver tin si précieux trésor. L'incorruptibilité et
non la dissolution causée par la pourriture est la conséquence directe d'une si
grande intégrité. Que ce très saint corps ait été abandonné aux vers comme à
leur pâture, je rougirais de le penser, j'aurais honte de le dire! Les grâces
incomparables qui lui ont été départies sont de nature à me faire rejeter cette
pensée. Plusieurs passages de l'Écriture viennent à l'appui de ce que j'avance.
La vérité a dit autrefois à ses ministres : « Où je suis, là aussi sera mon
ministre.; » Si cette sentence générale regarde tous ceux qui servent J.-C. par
leur croyance et leurs oeuvres, elle s'applique bien mieux encore à Marie qui,
sans le moindre doute, l'a aidé par toutes ses oeuvres. Elle l'a porté dans ses
entrailles, elle l'a mis au monde, elle l'a nourri, elle l'a réchauffé, elle l'a
couché dans la crèche, dans la fuite en Egypte elle l'a caché, elle a guidé les
pas de son enfance, elle l'a suivi jusqu'à la croix. Elle ne pouvait douter
qu'il fût Dieu, puisqu'elle savait l'avoir conçu non par les voies ordinaires,
mais par l'aspiration divine. Elle n'hésite pas à croire à sa puissance comme à
la puissance d'un dieu quand elle dit, lorsque le vin manquait: « Ils n'ont pas
de vin. » Il accueillit sa demande par un miracle; elle savait qu'il le pouvait
faire. Donc, il est clair que Marie par sa foi et par ses oeuvres a aidé J.-C.
Mais si elle n'est pas où J.-C. veut que soient ses ministres, où donc
sera-t-elle ? Et si elle y est, serait-ce à titre égal ? Et si c'est à titre
égal, où est l'égalité devant Dieu s'il ne rend à chacun selon ses mérites? Si
c'est avec justice que la sainte Vierge a reçu pendant sa vie une plus grande
abondance de grâces que les autres, pourquoi donc lui soustraire cette grâce
quand elle est morte? Non certes! car si la mort de tous les saints est
précaire, la mort de Marie est évidemment très précieuse. Je pense donc qu'il
faut déclarer que Marie, élevée aux joies de l'éternité par la bonté de a été
reçue avec plus d'honneur que les autres, puisqu'il l'a honorée de sa grâce
plus que les autres : et qu'elle n'a point eu à subir après sa mort ce que les
autres hommes subissent, la pourriture, les vers et la poussière, puisqu'elle a
engendré son Sauveur et celui de tous les hommes. Si la divine volonté a daigné
conserver intacts au milieu des flammes les vêtements des enfants, pourquoi ne
garderait-elle pas, dans sa propre mère, ce qu'il a gardé dans les vêtements
des autres? La miséricorde seule a voulu conserver vivant Jonas dans le ventre
de la baleine, et la grâce ne conservera pas Marie contre la corruption ? Daniel
fut conservé malgré la faim dévorante des lions, et Marie ne se serait pas
conservée après que ses mérites l'ont élevée à une si haute dignité? Puisque
dans ce que nous venons de dire, nous reconnaissons que tout a été fait contre
les. lois de la nature, nous sommes certains aussi que la grâce a plus fait que
la nature pour l'intégrité de Marie. Donc J.-C.; comme fils de Marie, fait
qu'elle tire sa joie de lui-même dans son âme et dans son corps. Il ne la
soumet pas au supplice de la corruption, puisqu'en enfantant ce divin fils,
elle ne fut pas soumise à la perte de sa virginité; en sorte qu'elle est
incorruptible en raison des grâces qui l'ont inondée, qu'elle vit intégralement
parce qu'elle a mis au monde celui qui est la vie entière de tous. O Jésus, si
j'ai parlé comme je l'ai dû, approuvez-moi, vous et les vôtres. Si j'ai parlé
autrement que je ne le dois, je vous en conjure, vous et les vôtres,
pardonnez-le moi. »
(1) On s'est servi depuis
les premiers siècles de l’Église, tant chez les Latins que chez les Grecs de
l'expression dormitio pour signifier le trépas, et même la fête de
l'Assomption de la sainte Vierge. On donna encore à ce jour le nom dedepositio,
pausatio, transitus. L'Eglise d'orient n'emploie que le mot koirèsis; dormitio,
sommeil.
(2) Il paraît par ce
passage que l'oraison Veneranda qui se récitait dans les liturgies
modernes au jour de la fête de l’Assomption, est d'une très haute antiquité.
La Légende dorée de
Jacques de Voragine nouvellement traduite en français avec introduction,
notices, notes et recherches sur les sources par l'abbé J.-B. M. Roze, chanoine
honoraire de la Cathédrale d'Amiens, Édouard Rouveyre, éditeur, 76, rue de
Seine, 76, Paris mdcccci
SOURCE : https://livres-mystiques.com/partieTEXTES/voragine/tome02/120.htm
Assumption of
the Blessed Virgin Mary
Also
known as
Lady Day
Marymass
Dies Mariae Deiparae
Day of Mary Mother of God
Description
The feast celebrates
the taking up of the body of the Blessed
Virgin Mary into heaven upon her death. Pope Benedict
XIV declared that it was a probable opinion, impious to deny, though
not an article of faith, that the Assumption was true. On 1
November 1950, Pope Pius
XII defined it as dogma in
the apostolic constitution Munificentissimus
Deus. The origin of the feast day
is not known but it was celebrated in Palestine before
the year 500.
It is a holy
day of obligation, its vigil being a fast
day, in all English-speaking countries except Canada.
Among the many masters who have painted the
subject of the Assumption are Fra
Angelico, Ghirlandajo, Rubens, Del Sarto, and Titian.
Name
Meaning
ad, to; sumere, to
take (latin)
French
air crews (proclaimed in 1952)
France (proclaimed
in 1922,
and on 29
May 1962 by Pope John
XXIII)
Jamaica (proclaimed
on 4
October 1951 by Pope Pius
XII)
east
Africa (proclaimed on 15
March 1952 by Pope Pius
XII)
south
Africa (proclaimed on 15
March 1952 by Pope Pius
XII)
Aberdeen, Scotland, diocese of
Alto
Solimões, Brazil, diocese of
Antwerpen, Belgium, diocese of
Avellaneda–Lanús, Argentina, diocese of
Avignon, France, archdiocese of
Clermont, France, archdiocese of
Fall
River, Massachusetts, diocese of
Fargo, North
Dakota, diocese of
Fermo, Italy, archdiocese of
Foggia-Bovino, Italy, archdiocese of
Galway
and Kilmacduagh, Ireland, diocese of
Greensburg, Pennsylvania, diocese of
Grenoble-Vienne, france, diocese of
Halifax-Yarmouth,
Nova Scotia, archdiocese of
Harrisburg, Pennsylvania, diocese of
Hearst-Moosonee,
Ontario, diocese of
Moncton,
New Brunswick, archdiocese of
San
Fernando, Pampanga, Philippines, archdiocese of
Sault
Sainte Marie, Ontario, diocese of
Seattle, Washington, archdiocese of
Székesfehérvár, Hungary, diocese of
Terni-Narni-Amelia, Italy, diocese of
Trenton, New
Jersey, diocese of
Trois-Rivières, Québec, diocese of
Yarmouth,
Nova Scotia, diocese of
in Belgium
in Brazil
in France
in Germany
in Ireland
in Italy
Castagneto,
Teramo
Castelluccio,
Castel San Giorgio
Cavezzana
d’Antena, Pontremoli
Salvatronda, Castelfranco
Veneto
in Luxembourg
in Malta
in Portugal
in Slovenia
in Spain
in Switzerland
Additional
Information
Assumption
of the Blessed Virgin, by Father Bertrand Louis Conway
Dogma
of the Assumption, by Cardinal John Carmel Heenan
Handbook
of Christian Feasts and Customs
Light
From the Altar, edited by Father James
J McGovern
Lives
of the Saints, by Father Alban
Butler
Lives
of the Saints, by Father Francis
Xavier Weninger
Meditations
on the Gospels for Every Day in the Year, by Father Médaille
Message
of the Glorious Mysteries, by Father Aloysius
Biskupek
New
Catholic Dictionary: Lady Day
Of
the Assumption of Mary, by Saint Alphonsus
Maria de Liguori
On
the Assumption, by Saint John
of Damascus
Our
Lady’s Assumption, by Father Daniel
Aloysius Lord, S.J.
Our
Lady’s Feasts, by Sister Mary Jean Dorcy, O.P.
Pictorial
Lives of the Saints, by John Dawson Gilmary Shea
Saints
and Saintly Dominicans, by Blessed Hyacinthe-Marie
Cormier, O.P.
Short
Lives of the Saints, by Eleanor Cecilia Donnelly
The
Assumption – A Dogma and Its Critics, by Denys Gabriel Maurice Jackson
Veneration
of the Blessed Virgin Mary, by Father B
Rohner, O.S.B.
Pope Benedict
XVI: General
Audience, 16
August 2006
Pope Pius
XII: Munificentissimus
Deus: Defining the Dogma of the Assumption, 1
November 1950
books
Favourite Patron Saints, by Paul Burns
Oxford Dictionary of Saints, by David Hugh Farmer
other
sites in english
1001 Patron Saints and Their Feast Days, Australian
Catholic Truth Society
Jimmy Akin: 12 Things to Know and Share About the
Assumption
Pope Francis: Homily, 15 August 2014
Vultus Christi: Like a Gentle Rain to Soften Every Heart
images
audio
Alleluia Audio Books: Homilies on the Assumption by Saint John
Damascene
e-books
Three
Sermons on the Assumption, by Saint John Damascene
video
sitios
en español
Martirologio Romano, 2001 edición
sites
en français
Abbé
Christian-Philippe Chanut
fonti
in italiano
MLA
Citation
“Assumption of the
Blessed Virgin Mary“. CatholicSaints.Info. 21 March 2024. Web. 2 May 2024.
<https://catholicsaints.info/assumption-of-the-blessed-virgin-mary/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/assumption-of-the-blessed-virgin-mary/
Annibale Carracci (1560–1609), Assunzione della Beata Vergine
Maria, 1592, 260 x 117, Pinacoteca Nazionale di Bologna
The Feast of the
Assumption
The Feast of the
Assumption of the Blessed
Virgin Mary, 15 August; also called in old liturgical
books Pausatio, Nativitas (for heaven),Mors, Depositio, Dormitio
S. Mariae.
This feast has
a double object: (1) the happy departure
of Mary from
this life;
(2) the assumption of her body into heaven.
It is the principal feast of
the Blessed
Virgin.
The fact of the Assumption
Regarding the day, year,
and manner of Our
Lady's death, nothing certain is known.
The earliest known literary
reference to the Assumption is found in the Greek work De Obitu S.
Dominae. Catholic faith,
however, has always derived our knowledge of
the mysteryfrom Apostolic
Tradition. Epiphanius (d.
403) acknowledged that he knew nothing
definite about it (Haer., lxxix, 11). The dates assigned
for it vary between three and fifteen years after Christ's
Ascension. Two cities claim to be the place of her departure: Jerusalem andEphesus.
Common consent favours Jerusalem,
where her tomb is
shown; but some argue in favour of Ephesus. The first six centuries did
not know of
the tomb
of Mary at Jerusalem.
The belief in
the corporeal assumption of Mary is
founded on the apocryphal treatise De
Obitu S. Dominae, bearing the name of St.
John, which belongs however to the fourth or fifth century. It is also
found in the book De Transitu Virginis, falsely ascribed to St.
Melito of Sardis, and in a spurious letter attributed to St.
Denis the Areopagite. If we consult genuine writings
in the East,
it is mentioned in thesermons of St.
Andrew of Crete, St.
John Damascene, St. Modestus of Jerusalem and others. In the West, St.
Gregory of Tours (De gloria mart., I, iv) mentions it first. The sermons of St.
Jerome and St.
Augustine for this feast,
however, are spurious. St.
John of Damascus(P.G., I, 96) thus formulates the tradition of
the Church of Jerusalem:
St. Juvenal, Bishop of Jerusalem,
at the Council
of Chalcedon (451), made known to the Emperor
Marcian and Pulcheria,
who wished to possess the body of the Mother
of God, that Mary died
in the presence of all the Apostles,
but that her tomb,
when opened, upon the request of St.
Thomas, was found empty; wherefrom the Apostles concluded
that the body was taken up to heaven.
Today, the belief in
the corporeal assumption of Mary is
universal in the East and
in the West;
according to Benedict
XIV (De Festis B.V.M., I, viii, 18) it is a probable opinion, which to
deny were impious and blasphemous.
The feast of the
Assumption
Regarding the origin of
the feast we
are also uncertain. It is more probably the anniversary of the dedication of
some church than
the actual anniversary of Our
Lady's death. That it originated at the time of the Council
of Ephesus, or that St.
Damasus introduced it in Rome is
only a hypothesis.
According to the life of
St. Theodosius (d. 529) it was celebrated in Palestine before the year 500,
probably in August (Baeumer,
Brevier, 185). In Egypt and Arabia,
however, it was kept in January, and since the monks of Gaul adopted
many usages from the Egyptian monks(Baeumer,
Brevier, 163), we find this feast in Gaul in
the sixth century, in January [mediante mense undecimo (Greg. Turon., De
gloria mart., I, ix)]. The Gallican Liturgy has
it on the 18th of January, under the title: Depositio, Assumptio, or
Festivitas S. Mariae (cf. the notes of Mabillon on
the Gallican Liturgy,
P.L., LXXII, 180). This custom was
kept up in the Gallican
Church to the time of the introduction of the Roman
rite. In the Greek
Church, it seems, some kept this feast in
January, with the monks of Egypt;
others in August, with those of Palestine; wherefore the Emperor
Maurice (d. 602), if the account of the "Liber
Pontificalis" (II, 508) be correct, set the feast for
theGreek
Empire on 15 August.
In Rome (Batiffol,
Brev. Rom., 134) the oldest and only feast of Our
Lady was 1 January, the octave of Christ's
birth. It was celebrated first at Santa Maria Maggiore, later at Santa
Maria ad Martyres. The other feasts are
of Byzantine origin.
Duchesne thinks (Origines du culte chr., 262) that before the seventh century
no other feast was
kept at Rome,
and that consequently the feast of
the Assumption, found in the sacramentaries of Gelasius and Gregory,
is a spurious addition made in the eighth or seventh century. Probst, however
(Sacramentarien, 264 sqq.), brings forth good arguments to prove that
the Mass of
the Blessed
Virgin Mary, found on the 15th of August in the Gelasianum, is genuine,
since it does not mention the corporeal assumption of Mary;
that, consequently, the feast was
celebrated in the church of Santa Maria Maggiore at Rome at
least in the sixth century. He proves,
furthermore, that the Mass of
the Gregorian Sacramentary, such as we have it, is of Gallican origin
(since the belief in
the bodily assumption of Mary,
under the influence of theapocryphal writings,
is older in Gaul than
in Rome),
and that it supplanted the old Gelasian Mass. At the time of Sergius
I (700) this feastwas
one of the principal festivities in Rome;
the procession started
from the church of St. Hadrian. It was always a double of the first class and
a Holy
Day of obligation.
The octave was
added in 847 by Leo
IV; in Germany this octave was
not observed in several dioceses up
to the time of the Reformation.
The Church
of Milan has not accepted it up to this day (Ordo Ambros., 1906).
The octave is privileged in
the dioceses of
the provinces ofSienna, Fermo, Michoacan,
etc.
The Greek
Church continues this feast to
23 August, inclusive, and in some monasteries of Mount
Athos it is protracted to 29 August (Menaea Graeca, Venice, 1880), or
was, at least, formerly. In the dioceses of Bavaria a
thirtieth day (a species of
month's mind)
of the Assumption was celebrated during the Middle
Ages, 13 Sept., with the Office of
the Assumption (double); today, only the Diocese
of Augsburg has retained this old custom.
Some of the Bavarian dioceses and
those of Brandenburg, Mainz, Frankfort,
etc., on 23 Sept. kept the feast of
the "Second Assumption", or the "Fortieth Day of the
Assumption" (double) believing,
according to the revelations of St.
Elizabeth of Schönau (d. 1165) and of St. Bertrand, O.C. (d. 1170),
that the B.V.
Mary was taken up to heaven on
the fortieth day after her death (Grotefend, Calendaria 2, 136). The Brigittines kept
the feast of
the "Glorification of Mary" (double) 30 Aug., since St.
Brigitta of Sweden says (Revel., VI, l) that Marywas
taken into heaven fifteen
days after her departure (Colvenerius, Cal. Mar., 30 Aug.). In Central America
a special feast of
the Coronation of Mary in heaven (double
major) is celebrated 18 August. The city of Gerace in
Calabria keeps three successive days with the rite of
a double first class, commemorating: 15th of August, the death of Mary;
16th of August, her Coronation.
At Piazza,
in Sicily,
there is a commemoration of the Assumption of Mary (double second class) the
20th of February, the anniversary of the earthquake of 1743. A similar feast (double
major with octave)
is kept at Martano, Diocese
of Otranto, in Apulia, 19th of November.
Note: By promulgating the Bull Munificentissimus
Deus, 1 November, 1950, Pope Pius XII declared infallibly that
the Assumption of the Blessed Virgin Mary was a dogma of
the Catholic Faith.
Likewise, the Second Vatican Council taught in the Dogmatic Constitution Lumen
Gentium that "the Immaculate
Virgin, preserved free from all stain of original
sin, was taken up body and soul into heavenly glory,
when her earthly life was
over, and exalted by the Lord as
Queen over all things (n. 59)."
Holweck,
Frederick. "The Feast of the Assumption." The Catholic
Encyclopedia. Vol. 2. New York: Robert Appleton
Company, 1907. 15 Aug.
2015 <http://www.newadvent.org/cathen/02006b.htm>.
Transcription. This
article was transcribed for New Advent by Janet Grayson.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. 1907. Remy Lafort, S.T.D.,
Censor. Imprimatur. +John M. Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2020 by Kevin
Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/02006b.htm
Paolo Veronese (1528–1588), Assunzione della Beata Vergine
Maria, 1586, 398 x 200, Gallerie dell'Accademia, Venice,
DEFINING THE DOGMA OF THE
ASSUMPTION
Munificentissimus Deus
Apostolic Constitution of
Pope Pius XII issued November 1, 1950
1. The most bountiful
God, who is almighty, the plan of whose providence rests upon wisdom and love,
tempers, in the secret purpose of his own mind, the sorrows of peoples and of
individual men by means of joys that he interposes in their lives from time to
time, in such a way that, under different conditions and in different ways, all
things may work together unto good for those who love him. [1]
2. Now, just like the
present age, our pontificate is weighed down by ever so many cares, anxieties,
and troubles, by reason of very severe calamities that have taken place and by
reason of the fact that many have strayed away from truth and virtue. Nevertheless,
we are greatly consoled to see that, while the Catholic faith is being
professed publicly and vigorously, piety toward the Virgin Mother of God is
flourishing and daily growing more fervent, and that almost everywhere on earth
it is showing indications of a better and holier life. Thus, while the Blessed
Virgin is fulfilling in the most affectionate manner her maternal duties on
behalf of those redeemed by the blood of Christ, the minds and the hearts of
her children are being vigorously aroused to a more assiduous consideration of
her prerogatives.
3. Actually God, who from
all eternity regards Mary with a most favorable and unique affection, has
"when the fullness of time came"[2] put the plan of his providence
into effect in such a way that all the privileges and prerogatives he had
granted to her in his sovereign generosity were to shine forth in her in a kind
of perfect harmony. And, although the Church has always recognized this supreme
generosity and the perfect harmony of graces and has daily studied them more
and more throughout the course of the centuries, still it is in our own age
that the privilege of the bodily Assumption into heaven of Mary, the Virgin
Mother of God, has certainly shone forth more clearly.
4. That privilege has
shone forth in new radiance since our predecessor of immortal memory, Pius IX,
solemnly proclaimed the dogma of the loving Mother of God's Immaculate
Conception. These two privileges are most closely bound to one another. Christ
overcame sin and death by his own death, and one who through Baptism has been
born again in a supernatural way has conquered sin and death through the same
Christ. Yet, according to the general rule, God does not will to grant to the
just the full effect of the victory over death until the end of time has come.
And so it is that the bodies of even the just are corrupted after death, and
only on the last day will they be joined, each to its own glorious soul.
5. Now God has willed
that the Blessed Virgin Mary should be exempted from this general rule. She, by
an entirely unique privilege, completely overcame sin by her Immaculate
Conception, and as a result she was not subject to the law of remaining in the
corruption of the grave, and she did not have to wait until the end of time for
the redemption of her body.
6. Thus, when it was
solemnly proclaimed that Mary, the Virgin Mother of God, was from the very
beginning free from the taint of original sin, the minds of the faithful were
filled with a stronger hope that the day might soon come when the dogma of the
Virgin Mary's bodily Assumption into heaven would also be defined by the
Church's supreme teaching authority.
7. Actually it was seen
that not only individual Catholics, but also those who could speak for nations
or ecclesiastical provinces, and even a considerable number of the Fathers of
the Vatican Council, urgently petitioned the Apostolic See to this effect.
8. During the course of
time such postulations and petitions did not decrease but rather grew
continually in number and in urgency. In this cause there were pious crusades
of prayer. Many outstanding theologians eagerly and zealously carried out
investigations on this subject either privately or in public ecclesiastical
institutions and in other schools where the sacred disciplines are taught.
Marian Congresses, both national and international in scope, have been held in
many parts of the Catholic world. These studies and investigations have brought
out into even clearer light the fact that the dogma of the Virgin Mary's Assumption
into heaven is contained in the deposit of Christian faith entrusted to the
Church. They have resulted in many more petitions, begging and urging the
Apostolic See that this truth be solemnly defined.
9. In this pious
striving, the faithful have been associated in a wonderful way with their own
holy bishops, who have sent petitions of this kind, truly remarkable in number,
to this See of the Blessed Peter. Consequently, when we were elevated to the
throne of the supreme pontificate, petitions of this sort had already been
addressed by the thousands from every part of the world and from every class of
people, from our beloved sons the Cardinals of the Sacred College, from our
venerable brethren, archbishops and bishops, from dioceses and from parishes.
10. Consequently, while
we sent up earnest prayers to God that he might grant to our mind the light of
the Holy Spirit, to enable us to make a decision on this most serious subject,
we issued special orders in which we commanded that, by corporate effort, more
advanced inquiries into this matter should be begun and that, in the meantime,
all the petitions about the Assumption of the Blessed Virgin Mary into heaven
which had been sent to this Apostolic See from the time of Pius IX, our
predecessor of happy memory, down to our own days should be gathered together
and carefully evaluated.[3]
11. And, since we were
dealing with a matter of such great moment and of such importance, we
considered it opportune to ask all our venerable brethren in the episcopate directly
and authoritatively that each of them should make known to us his mind in a
formal statement. Hence, on May 1, 1946, we gave them our letter "Deiparae
Virginis Mariae," a letter in which these words are contained: "Do
you, venerable brethren, in your outstanding wisdom and prudence, judge that
the bodily Assumption of the Blessed Virgin can be proposed and defined as a
dogma of faith? Do you, with your clergy and people, desire it?"
12. But those whom
"the Holy Spirit has placed as bishops to rule the Church of God"[4]
gave an almost unanimous affirmative response to both these questions. This
"outstanding agreement of the Catholic prelates and the faithful,"[5]
affirming that the bodily Assumption of God's Mother into heaven can be defined
as a dogma of faith, since it shows us the concordant teaching of the Church's
ordinary doctrinal authority and the concordant faith of the Christian people
which the same doctrinal authority sustains and directs, thus by itself and in
an entirely certain and infallible way, manifests this privilege as a truth
revealed by God and contained in that divine deposit which Christ has delivered
to his Spouse to be guarded faithfully and to be taught infallibly.[6]
Certainly this teaching authority of the Church, not by any merely human effort
but under the protection of the Spirit of Truth,[7] and therefore absolutely
without error, carries out the commission entrusted to it, that of preserving
the revealed truths pure and entire throughout every age, in such a way that it
presents them undefiled, adding nothing to them and taking nothing away from
them. For, as the Vatican Council teaches, "the Holy Spirit was not
promised to the successors of Peter in such a way that, by his revelation, they
might manifest new doctrine, but so that, by his assistance, they might guard
as sacred and might faithfully propose the revelation delivered through the
apostles, or the deposit of faith."[8] Thus, from the universal agreement
of the Church's ordinary teaching authority we have a certain and firm proof,
demonstrating that the Blessed Virgin Mary's bodily Assumption into heaven-
which surely no faculty of the human mind could know by its own natural powers,
as far as the heavenly glorification of the virginal body of the loving Mother
of God is concerned-is a truth that has been revealed by God and consequently
something that must be firmly and faithfully believed by all children of the
Church. For, as the Vatican Council asserts, "all those things are to be
believed by divine and Catholic faith which are contained in the written Word
of God or in Tradition, and which are proposed by the Church, either in solemn
judgment or in its ordinary and universal teaching office, as divinely revealed
truths which must be believed."[9]
13. Various testimonies,
indications and signs of this common belief of the Church are evident from
remote times down through the course of the centuries; and this same belief
becomes more clearly manifest from day to day.
14. Christ's faithful,
through the teaching and the leadership of their pastors, have learned from the
sacred books that the Virgin Mary, throughout the course of her earthly
pilgrimage, led a life troubled by cares, hardships, and sorrows, and that,
moreover, what the holy old man Simeon had foretold actually came to pass, that
is, that a terribly sharp sword pierced her heart as she stood under the cross
of her divine Son, our Redeemer. In the same way, it was not difficult for them
to admit that the great Mother of God, like her only begotten Son, had actually
passed from this life. But this in no way prevented them from believing and
from professing openly that her sacred body had never been subject to the
corruption of the tomb, and that the august tabernacle of the Divine Word had
never been reduced to dust and ashes. Actually, enlightened by divine grace and
moved by affection for her, God's Mother and our own dearest Mother, they have
contemplated in an ever clearer light the wonderful harmony and order of those
privileges which the most provident God has lavished upon this loving associate
of our Redeemer, privileges which reach such an exalted plane that, except for
her, nothing created by God other than the human nature of Jesus Christ has
ever reached this level.
15. The innumerable temples
which have been dedicated to the Virgin Mary assumed into heaven clearly attest
this faith. So do those sacred images, exposed therein for the veneration of
the faithful, which bring this unique triumph of the Blessed Virgin before the
eyes of all men. Moreover, cities, dioceses, and individual regions have been
placed under the special patronage and guardianship of the Virgin Mother of God
assumed into heaven. In the same way, religious institutes, with the approval
of the Church, have been founded and have taken their name from this privilege.
Nor can we pass over in silence the fact that in the Rosary of Mary, the
recitation of which this Apostolic See so urgently recommends, there is one
mystery proposed for pious meditation which, as all know, deals with the
Blessed Virgin's Assumption into heaven.
16. This belief of the
sacred pastors and of Christ's faithful is universally manifested still more
splendidly by the fact that, since ancient times, there have been both in the
East and in the West solemn liturgical offices commemorating this privilege. The
holy Fathers and Doctors of the Church have never failed to draw enlightenment
from this fact since, as everyone knows, the sacred liturgy, "because it
is the profession, subject to the supreme teaching authority within the Church,
of heavenly truths, can supply proofs and testimonies of no small value for
deciding a particular point of Christian doctrine."[10]
17. In the liturgical
books which deal with the feast either of the dormition or of the Assumption of
the Blessed Virgin there are expressions that agree in testifying that, when
the Virgin Mother of God passed from this earthly exile to heaven, what
happened to her sacred body was, by the decree of divine Providence, in keeping
with the dignity of the Mother of the Word Incarnate, and with the other
privileges she had been accorded. Thus, to cite an illustrious example, this is
set forth in that sacramentary which Adrian I, our predecessor of immortal
memory, sent to the Emperor Charlemagne. These words are found in this volume:
"Venerable to us, O Lord, is the festivity of this day on which the holy
Mother of God suffered temporal death, but still could not be kept down by the
bonds of death, who has begotten your Son our Lord incarnate from
herself."[11]
18. What is here
indicated in that sobriety characteristic of the Roman liturgy is presented
more clearly and completely in other ancient liturgical books. To take one as
an example, the Gallican sacramentary designates this privilege of Mary's as
"an ineffable mystery all the more worthy of praise as the Virgin's
Assumption is something unique among men." And, in the Byzantine liturgy,
not only is the Virgin Mary's bodily Assumption connected time and time again
with the dignity of the Mother of God, but also with the other privileges, and
in particular with the virginal motherhood granted her by a singular decree of
God's Providence. "God, the King of the universe, has granted you favors
that surpass nature. As he kept you a virgin in childbirth, thus he has kept
your body incorrupt in the tomb and has glorified it by his divine act of
transferring it from the tomb."[12]
19. The fact that the
Apostolic See, which has inherited the function entrusted to the Prince of the
Apostles, the function of confirming the brethren in the faith,[13] has by its
own authority, made the celebration of this feast ever more solemn, has
certainly and effectively moved the attentive minds of the faithful to
appreciate always more completely the magnitude of the mystery it commemorates.
So it was that the Feast of the Assumption was elevated from the rank which it
had occupied from the beginning among the other Marian feasts to be classed
among the more solemn celebrations of the entire liturgical cycle. And, when
our predecessor St. Sergius I prescribed what is known as the litany, or the
stational procession, to be held on four Marian feasts, he specified together
the Feasts of the Nativity, the Annunciation, the Purification, and the
Dormition of the Virgin Mary.[14] Again, St. Leo IV saw to it that the feast, which
was already being celebrated under the title of the Assumption of the Blessed
Mother of God, should be observed in even a more solemn way when he ordered a
vigil to be held on the day before it and prescribed prayers to be recited
after it until the octave day. When this had been done, he decided to take part
himself in the celebration, in the midst of a great multitude of the
faithful.[15] Moreover, the fact that a holy fast had been ordered from ancient
times for the day prior to the feast is made very evident by what our
predecessor St. Nicholas I testifies in treating of the principal fasts which
"the Holy Roman Church has observed for a long time, and still
observes."[16]
20. However, since the
liturgy of the Church does not engender the Catholic faith, but rather springs
from it, in such a way that the practices of the sacred worship proceed from
the faith as the fruit comes from the tree, it follows that the holy Fathers
and the great Doctors, in the homilies and sermons they gave the people on this
feast day, did not draw their teaching from the feast itself as from a primary
source, but rather they spoke of this doctrine as something already known and
accepted by Christ's faithful. They presented it more clearly. They offered
more profound explanations of its meaning and nature, bringing out into sharper
light the fact that this feast shows, not only that the dead body of the
Blessed Virgin Mary remained incorrupt, but that she gained a triumph out of
death, her heavenly glorification after the example of her only begotten Son,
Jesus Christ-truths that the liturgical books had frequently touched upon
concisely and briefly.
21. Thus St. John
Damascene, an outstanding herald of this traditional truth, spoke out with
powerful eloquence when he compared the bodily Assumption of the loving Mother
of God with her other prerogatives and privileges. "It was fitting that
she, who had kept her virginity intact in childbirth, should keep her own body
free from all corruption even after death. It was fitting that she, who had
carried the Creator as a child at her breast, should dwell in the divine
tabernacles. It was fitting that the spouse, whom the Father had taken to
himself, should live in the divine mansions. It was fitting that she, who had
seen her Son upon the cross and who had thereby received into her heart the
sword of sorrow which she had escaped in the act of giving birth to him, should
look upon him as he sits with the Father. It was fitting that God's Mother
should possess what belongs to her Son, and that she should be honored by every
creature as the Mother and as the handmaid of God."[17]
22. These words of St.
John Damascene agree perfectly with what others have taught on this same
subject. Statements no less clear and accurate are to be found in sermons
delivered by Fathers of an earlier time or of the same period, particularly on
the occasion of this feast. And so, to cite some other examples, St. Germanus
of Constantinople considered the fact that the body of Mary, the virgin Mother
of God, was incorrupt and had been taken up into heaven to be in keeping, not
only with her divine motherhood, but also with the special holiness of her
virginal body. "You are she who, as it is written, appears in beauty, and
your virginal body is all holy, all chaste, entirely the dwelling place of God,
so that it is henceforth completely exempt from dissolution into dust. Though
still human, it is changed into the heavenly life of incorruptibility, truly
living and glorious, undamaged and sharing in perfect life."[18] And
another very ancient writer asserts: "As the most glorious Mother of
Christ, our Savior and God and the giver of life and immortality, has been
endowed with life by him, she has received an eternal incorruptibility of the
body together with him who has raised her up from the tomb and has taken her up
to himself in a way known only to him."[19]
23. When this liturgical
feast was being celebrated ever more widely and with ever increasing devotion
and piety, the bishops of the Church and its preachers in continually greater
numbers considered it their duty openly and clearly to explain the mystery that
the feast commemorates, and to explain how it is intimately connected with the
other revealed truths.
24. Among the scholastic
theologians there have not been lacking those who, wishing to inquire more
profoundly into divinely revealed truths and desirous of showing the harmony
that exists between what is termed the theological demonstration and the
Catholic faith, have always considered it worthy of note that this privilege of
the Virgin Mary's Assumption is in wonderful accord with those divine truths
given us in Holy Scripture.
25. When they go on to
explain this point, they adduce various proofs to throw light on this privilege
of Mary. As the first element of these demonstrations, they insist upon the
fact that, out of filial love for his mother, Jesus Christ has willed that she
be assumed into heaven. They base the strength of their proofs on the
incomparable dignity of her divine motherhood and of all those prerogatives
which follow from it. These include her exalted holiness, entirely surpassing
the sanctity of all men and of the angels, the intimate union of Mary with her
Son, and the affection of preeminent love which the Son has for his most worthy
Mother.
26. Often there are
theologians and preachers who, following in the footsteps of the holy
Fathers,[20] have been rather free in their use of events and expressions taken
from Sacred Scripture to explain their belief in the Assumption. Thus, to
mention only a few of the texts rather frequently cited in this fashion, some
have employed the words of the psalmist: "Arise, O Lord, into your resting
place: you and the ark, which you have sanctified"[21]; and have looked
upon the Ark of the Covenant, built of incorruptible wood and placed in the
Lord's temple, as a type of the most pure body of the Virgin Mary, preserved
and exempt from all the corruption of the tomb and raised up to such glory in
heaven. Treating of this subject, they also describe her as the Queen entering
triumphantly into the royal halls of heaven and sitting at the right hand of
the divine Redeemer.[22] Likewise they mention the Spouse of the Canticles
"that goes up by the desert, as a pillar of smoke of aromatical spices, of
myrrh and frankincense" to be crowned.[23] These are proposed as depicting
that heavenly Queen and heavenly Spouse who has been lifted up to the courts of
heaven with the divine Bridegroom.
27. Moreover, the
scholastic Doctors have recognized the Assumption of the Virgin Mother of God
as something signified, not only in various figures of the Old Testament, but
also in that woman clothed with the sun whom John the Apostle contemplated on
the Island of Patmos.[24] Similarly they have given special attention to these
words of the New Testament: "Hail, full of grace, the Lord is with you,
blessed are you among women,"[25] since they saw, in the mystery of the
Assumption, the fulfillment of that most perfect grace granted to the Blessed
Virgin and the special blessing that countered the curse of Eve.
28. Thus, during the
earliest period of scholastic theology, that most pious man, Amadeus, Bishop of
Lausarme, held that the Virgin Mary's flesh had remained incorrupt-for it is
wrong to believe that her body has seen corruption-because it was really united
again to her soul and, together with it, crowned with great glory in the
heavenly courts. "For she was full of grace and blessed among women. She
alone merited to conceive the true God of true God, whom as a virgin, she
brought forth, to whom as a virgin she gave milk, fondling him in her lap, and
in all things she waited upon him with loving care."[26]
29. Among the holy
writers who at that time employed statements and various images and analogies
of Sacred Scripture to Illustrate and to confirm the doctrine of the
Assumption, which was piously believed, the Evangelical Doctor, St. Anthony of
Padua, holds a special place. On the feast day of the Assumption, while
explaining the prophet's words: "I will glorify the place of my
feet,"[27] he stated it as certain that the divine Redeemer had bedecked
with supreme glory his most beloved Mother from whom he had received human
flesh. He asserts that "you have here a clear statement that the Blessed
Virgin has been assumed in her body, where was the place of the Lord's feet.
Hence it is that the holy Psalmist writes: 'Arise, O Lord, into your resting
place: you and the ark which you have sanctified."' And he asserts that,
just as Jesus Christ has risen from the death over which he triumphed and has
ascended to the right hand of the Father, so likewise the ark of his
sanctification "has risen up, since on this day the Virgin Mother has been
taken up to her heavenly dwelling."[28]
30. When, during the
Middle Ages, scholastic theology was especially flourishing, St. Albert the
Great who, to establish this teaching, had gathered together many proofs from
Sacred Scripture, from the statements of older writers, and finally from the
liturgy and from what is known as theological reasoning, concluded in this way:
"From these proofs and authorities and from many others, it is manifest
that the most blessed Mother of God has been assumed above the choirs of
angels. And this we believe in every way to be true."[29] And, in a sermon
which he delivered on the sacred day of the Blessed Virgin Mary's annunciation,
explained the words "Hail, full of grace"-words used by the angel who
addressed her-the Universal Doctor, comparing the Blessed Virgin with Eve,
stated clearly and incisively that she was exempted from the fourfold curse
that had been laid upon Eve.[30]
31. Following the
footsteps of his distinguished teacher, the Angelic Doctor, despite the fact
that he never dealt directly with this question, nevertheless, whenever he
touched upon it, always held together with the Catholic Church, that Mary's
body had been assumed into heaven along with her soul.[31]
32. Along with many
others, the Seraphic Doctor held the same views. He considered it as entirely
certain that, as God had preserved the most holy Virgin Mary from the violation
of her virginal purity and integrity in conceiving and in childbirth, he would
never have permitted her body to have been resolved into dust and ashes.[32]
Explaining these words of Sacred Scripture: "Who is this that comes up
from the desert, flowing with delights, leaning upon her beloved?"[33] and
applying them in a kind of accommodated sense to the Blessed Virgin, he reasons
thus: "From this we can see that she is there bodily...her blessedness
would not have been complete unless she were there as a person. The soul is not
a person, but the soul, joined to the body, is a person. It is manifest that
she is there in soul and in body. Otherwise she would not possess her complete
beatitude.[34]
33. In the fifteenth
century, during a later period of scholastic theology, St. Bernardine of Siena
collected and diligently evaluated all that the medieval theologians had said
and taught on this question. He was not content with setting down the principal
considerations which these writers of an earlier day had already expressed, but
he added others of his own. The likeness between God's Mother and her divine
Son, in the way of the nobility and dignity of body and of soul-a likeness that
forbids us to think of the heavenly Queen as being separated from the heavenly
Kingmakes it entirely imperative that Mary "should be only where Christ
is."[35] Moreover, it is reasonable and fitting that not only the soul and
body of a man, but also the soul and body of a woman should have obtained
heavenly glory. Finally, since the Church has never looked for the bodily
relics of the Blessed Virgin nor proposed them for the veneration of the
people, we have a proof on the order of a sensible experience.[36]
34. The above-mentioned
teachings of the holy Fathers and of the Doctors have been in common use during
more recent times. Gathering together the testimonies of the Christians of
earlier days, St. Robert Bellarmine exclaimed: "And who, I ask, could
believe that the ark of holiness, the dwelling place of the Word of God, the
temple of the Holy Spirit, could be reduced to ruin? My soul is filled with
horror at the thought that this virginal flesh which had begotten God, had
brought him into the world, had nourished and carried him, could have been
turned into ashes or given over to be food for worms."[37]
35. In like manner St.
Francis of Sales, after asserting that it is wrong to doubt that Jesus Christ
has himself observed, in the most perfect way, the divine commandment by which
children are ordered to honor their parents, asks this question: "What son
would not bring his mother back to life and would not bring her into paradise
after her death if he could?"[38] And St. Alphonsus writes that
"Jesus did not wish to have the body of Mary corrupted after death, since
it would have redounded to his own dishonor to have her virginal flesh, from
which he himself had assumed flesh, reduced to dust."[39]
36. Once the mystery
which is commemorated in this feast had been placed in its proper light, there
were not lacking teachers who, instead of dealing with the theological
reasonings that show why it is fitting and right to believe the bodily
Assumption of the Blessed Virgin Mary into heaven, chose to focus their mind
and attention on the faith of the Church itself, which is the Mystical Body of
Christ without stain or wrinkle[40] and is called by the Apostle "the
pillar and ground of truth."[41] Relying on this common faith, they
considered the teaching opposed to the doctrine of our Lady's Assumption as
temerarious, if not heretical. Thus, like not a few others, St. Peter Canisius,
after he had declared that the very word "assumption" signifies the
glorification, not only of the soul but also of the body, and that the Church
has venerated and has solemnly celebrated this mystery of Mary's Assumption for
many centuries, adds these words of warning: "This teaching has already
been accepted for some centuries, it has been held as certain in the minds of
the pious people, and it has been taught to the entire Church in such a way
that those who deny that Mary's body has been assumed into heaven are not to be
listened to patiently but are everywhere to be denounced as over-contentious or
rash men, and as imbued with a spirit that is heretical rather than
Catholic."[42]
37. At the same time the
great Suarez was professing in the field of mariology the norm that
"keeping in mind the standards of propriety, and when there is no
contradiction or repugnance on the part of Scripture, the mysteries of grace
which God has wrought in the Virgin must be measured, not by the ordinary laws,
but by the divine omnipotence."[43] Supported by the common faith of the
entire Church on the subject of the mystery of the Assumption, he could
conclude that this mystery was to be believed with the same firmness of assent
as that given to the Immaculate Conception of the Blessed Virgin. Thus he
already held that such truths could be defined.
38. All these proofs and
considerations of the holy Fathers and the theologians are based upon the
Sacred Writings as their ultimate foundation. These set the loving Mother of
God as it were before our very eyes as most intimately joined to her divine Son
and as always sharing his lot. Consequently it seems impossible to think of
her, the one who conceived Christ, brought him forth, nursed him with her milk,
held him in her arms, and clasped him to her breast, as being apart from him in
body, even though not in soul, after this earthly life. Since our Redeemer is
the Son of Mary, he could not do otherwise, as the perfect observer of God's
law, than to honor, not only his eternal Father, but also his most beloved
Mother. And, since it was within his power to grant her this great honor, to
preserve her from the corruption of the tomb, we must believe that he really
acted in this way.
39. We must remember
especially that, since the second century, the Virgin Mary has been designated
by the holy Fathers as the new Eve, who, although subject to the new Adam, is
most intimately associated with him in that struggle against the infernal foe
which, as foretold in the protoevangelium,[44] would finally result in that
most complete victory over the sin and death which are always mentioned
together in the writings of the Apostle of the Gentiles.[45] Consequently, just
as the glorious resurrection of Christ was an essential part and the final sign
of this victory, so that struggle which was common to the Blessed Virgin and
her divine Son should be brought to a close by the glorification of her
virginal body, for the same Apostle says: "When this mortal thing hath put
on immortality, then shall come to pass the saying that is written: Death is
swallowed up in victory."[46]
40. Hence the revered
Mother of God, from all eternity joined in a hidden way with Jesus Christ in
one and the same decree of predestination,[47] immaculate in her conception, a
most perfect virgin in her divine motherhood, the noble associate of the divine
Redeemer who has won a complete triumph over sin and its consequences, finally
obtained, as the supreme culmination of her privileges, that she should be
preserved free from the corruption of the tomb and that, like her own Son,
having overcome death, she might be taken up body and soul to the glory of
heaven where, as Queen, she sits in splendor at the right hand of her Son, the
immortal King of the Ages.[48]
41. Since the universal
Church, within which dwells the Spirit of Truth who infallibly directs it
toward an ever more perfect knowledge of the revealed truths, has expressed its
own belief many times over the course of the centuries, and since the bishops
of the entire world are almost unanimously petitioning that the truth of the
bodily Assumption of the Blessed Virgin Mary into heaven should be defined as a
dogma of divine and Catholic faith-this truth which is based on the Sacred
Writings, which is thoroughly rooted in the minds of the faithful, which has
been approved in ecclesiastical worship from the most remote times, which is
completely in harmony with the other revealed truths, and which has been
expounded and explained magnificently in the work, the science, and the wisdom
of the theologians-we believe that the moment appointed in the plan of divine
providence for the solemn proclamation of this outstanding privilege of the
Virgin Mary has already arrived.
42. We, who have placed
our pontificate under the special patronage of the most holy Virgin, to whom we
have had recourse so often in times of grave trouble, we who have consecrated
the entire human race to her Immaculate Heart in public ceremonies, and who
have time and time again experienced her powerful protection, are confident
that this solemn proclamation and definition of the Assumption will contribute
in no small way to the advantage of human society, since it redounds to the
glory of the Most Blessed Trinity, to which the Blessed Mother of God is bound
by such singular bonds. It is to be hoped that all the faithful will be stirred
up to a stronger piety toward their heavenly Mother, and that the souls of all
those who glory in the Christian name may be moved by the desire of sharing in
the unity of Jesus Christ's Mystical Body and of increasing their love for her
who shows her motherly heart to all the members of this august body. And so we
may hope that those who meditate upon the glorious example Mary offers us may
be more and more convinced of the value of a human life entirely devoted to
carrying out the heavenly Father's will and to bringing good to others. Thus,
while the illusory teachings of materialism and the corruption of morals that
follows from these teachings threaten to extinguish the light of virtue and to
ruin the lives of men by exciting discord among them, in this magnificent way
all may see clearly to what a lofty goal our bodies and souls are destined.
Finally it is our hope that belief in Mary's bodily Assumption into heaven will
make our belief in our own resurrection stronger and render it more effective.
43. We rejoice greatly
that this solemn event falls, according to the design of God's providence,
during this Holy Year, so that we are able, while the great Jubilee is being
observed, to adorn the brow of God's Virgin Mother with this brilliant gem, and
to leave a monument more enduring than bronze of our own most fervent love for
the Mother of God.
44. For which reason,
after we have poured forth prayers of supplication again and again to God, and
have invoked the light of the Spirit of Truth, for the glory of Almighty God
who has lavished his special affection upon the Virgin Mary, for the honor of
her Son, the immortal King of the Ages and the Victor over sin and death, for
the increase of the glory of that same august Mother, and for the joy and
exultation of the entire Church; by the authority of our Lord Jesus Christ, of
the Blessed Apostles Peter and Paul, and by our own authority, we pronounce,
declare, and define it to be a divinely revealed dogma: that the Immaculate
Mother of God, the ever Virgin Mary, having completed the course of her earthly
life, was assumed body and soul into heavenly glory.
45. Hence if anyone,
which God forbid, should dare willfully to deny or to call into doubt that
which we have defined, let him know that he has fallen away completely from the
divine and Catholic Faith.
46. In order that this,
our definition of the bodily Assumption of the Virgin Mary into heaven may be
brought to the attention of the universal Church, we desire that this, our
Apostolic Letter, should stand for perpetual remembrance, commanding that
written copies of it, or even printed copies, signed by the hand of any public
notary and bearing the seal of a person constituted in ecclesiastical dignity,
should be accorded by all men the same reception they would give to this
present letter, were it tendered or shown.
47. It is forbidden to
any man to change this, our declaration, pronouncement, and definition or, by
rash attempt, to oppose and counter it. If any man should presume to make such
an attempt, let him know that he will incur the wrath of Almighty God and of
the Blessed Apostles Peter and Paul.
48. Given at Rome, at St.
Peter's, in the year of the great Jubilee, 1950, on the first day of the month
of November, on the Feast of All Saints, in the twelfth year of our
pontificate.
I, PIUS, Bishop of the
Catholic Church, have signed, so defining.
ENDNOTES
1. Rom 8:28.
· 2. Gal 4:4.
· 3. Cf.
Hentrich-Von Moos, Petitiones de Assumptione Corporea B. Virginis Mariae
in Caelum Definienda ad S. Sedem Delatae, 2 volumes (Vatican Polyglot Press,
1942).
· 4. Acts
20:28.
· 5. The
Bull Ineffabilis Deus, in the Acta Pii IX, pars 1, Vol. 1, p. 615.
· 6. The
Vatican Council, Constitution Dei filius, c. 4.
· 7. Jn
14:26.
· 8. Vatican
Council, Constitution Pastor Aeternus, c. 4.
· 9.
Ibid., Dei Filius, c. 3.
· 10. The
encyclical Mediator Dei (Acta Apostolicae Sedis, XXXIX, 541).
· 11. Sacramentarium
Gregorianum.
· 12. Menaei
Totius Anni.
· 13. Lk
22:32.
· 14. Liber
Pontificalis.
· 15. Ibid.
· 16. Responsa
Nicolai Papae I ad Consulta Bulgarorum.
· 17. St.
John Damascene, Encomium in Dormitionem Dei Genetricis Semperque Virginis
Mariae, Hom. II, n. 14; cf. also ibid, n. 3.
· 18. St.
Germanus of Constantinople, In Sanctae Dei Genetricis Dormitionem, Sermo
I.
· 19.
The Encomium in Dormitionem Sanctissimae Dominae Nostrate Deiparae
Semperque Virginis Mariae, attributed to St. Modestus of Jerusalem, n. 14.
· 20. Cf. St.
John Damascene, op. cit., Hom. II, n. 11; and also the Encomium attributed
to St. Modestus.
· 21. Ps
131:8.
· 22. Ps
44:10-14ff.
· 23. Song
3:6; cf. also 4:8; 6:9.
· 24. Rv
12:1ff.
· 25. Lk
1:28.
· 26. Amadeus
of Lausanne, De Beatae Virginis Obitu, Assumptione in Caelum Exaltatione
ad Filii Dexteram.
· 27. Is
61:13.
· 28. St.
Anthony of Padua, Sermones Dominicales et in Solemnitatibus, In
Assumptione S. Mariae Virginis Sermo.
· 29. St.
Albert the Great, Mariale, q. 132.
· 30. St.
Albert the Great, Sermones de Sanctis, Sermo XV in Annuntiatione B.
Mariae; cf. also Mariale, q. 132.
· 31. St.
Thomas Aquinas, Summa Theol., Illa; q. 27, a. 1; q. 83, a. 5, ad 8; Expositio
Salutationis Angelicae; In Symb. Apostolorum Expositio, a. S; In IV
Sent., d. 12, q. 1, a. 3, sol. 3; d. 43, q. 1, a. 3, sol. 1, 2.
· 32. St.
Bonaventure, De Nativitate B. Mariae Virginis, Sermo V.
· 33. Song
8:5.
· 34. St.
Bonaventure, De Assumptione B. Mariae Virginis, Sermo 1.
· 35. St.
Bernardine of Siena, In Assumptione B. Mariae Virginis, Sermo 11.
· 36. Ibid.
· 37. St.
Robert Bellarmine, Conciones Habitae Lovanii, n. 40, De Assumption B.
Mariae Virginis.
· 38. Oeuvres
de St. Francois De Sales, sermon for the Feast of the Assumption.
· 39. St.
Alphonsus Liguori, The Glories of Mary, Part 2, d. 1.
· 40. Eph
5:27.
· 41. I Tm
3:15.
· 42. St.
Peter Canisius, De Maria Virgine.
· 43.
Suarez, In Tertiam Partem D. Thomae, q. 27, a. 2, disp. 3, sec. 5, n. 31.
· 44. Gn
3:15.
· 45. Rm 5-6;
I Cor. 15:21-26, 54-57.
· 46. I Cor
15:54.
· 47. The
Bull Ineffabilis Deus, loc. cit., p. 599.
· 48. I Tm
1:17.
SOURCE : http://www.papalencyclicals.net/Pius12/P12MUNIF.HTM
Mariano Gerada (1766-1823), L’Assomption
de la Vierge Marie, 1808, Ghaxaq, Malta
The Solemnity Of The
Assumption
For hundreds of years,
Catholics observed the feast of the Assumption of the Blessed Virgin Mary on
August 15 — celebrating Mary’s being taken bodily to Heaven after her death —
but it was not until 1950 that the Church proclaimed this teaching a dogma of
the Church — one of the essential beliefs of the Catholic faith.
August 15 is the day that
Catholics have long celebrated what is called the Dormition (falling asleep) or
Assumption of the Virgin Mary. The Feast of the Assumption celebrates both the
happy departure of Mary from this life by her natural death, and her assumption
bodily into heaven. Along with the Feast of the Immaculate Conception
(December 8th) the Assumption is a principal feast of the Blessed Virgin and a Holy
Day of Obligation — one of the most important feasts of the Church year.
The idea of the
assumption of Mary into heaven after her death is first expressed in narratives
of the fifth and sixth centuries. Even though these were never official, they
bear witness to the very early belief in a teaching of the Catholic Church
which was not formally defined as a dogma (a teaching essential to the Catholic
faith) until 50 years ago.
Though it was almost
universally believed for more than a thousand years, the Bible contains no
mention of the assumption of Mary into heaven. The first Church writer to speak
of Mary’s being taken up into heaven by God is Saint Gregory of Tours (594).
Other early sermons on the Feast of Mary’s entry into heaven are those of Ps.-Modestus
of Jerusalem (ca. 700).
On May 1, 1946, Pope Pius
XII, asked all bishops in the world whether they thought this belief in the
assumption of Mary into heaven should be defined as a proposition of faith, and
whether they with their clergy and people desired the definition. Almost all
the bishops replied in the affirmative.
On November 1, 1950, the
Feast of All Saints, Pope Pius XII declared as a dogma revealed by God that
“Mary, the immaculate perpetually Virgin Mother of God, after the completion of
her earthly life, was assumed body and soul into the glory of Heaven”.
We have no real knowledge
of the day, year, and manner of Our Lady’s death. The dates which have been
assigned to her death vary between three and fifteen years after Christ’s
Ascension. Both Jerusalem and Ephesus claim to be the place where she died. (By
tradition, Mary lived at Ephesus after the death of Jesus.) Mary’s tomb was
presumably found in Jerusalem. It is believed that Mary died in the presence of
all the Apostles, but that after her burial, her tomb, when opened, was found
empty. Therefore, they concluded that her body had been taken up (assumed) into
heaven.
Saint Gregory of Tour
provided a rationale for the tradition, which is related to her having been
preserved from original sin. He said that it is inconceivable to think Mary’s
sinless body, likened to the Ark of the Covenant which was made of
incorruptible wood, should decay in the grave. The text, ‘Rise thou and the ark
of thy strength’ (Ps 132/1:8) was understood to mean that it was God’s will
that, as Christ had ascended, so too Mary would be received into heaven.
There is an important
difference, of course, between the ascension of Jesus into Heaven after His
Resurrection, and the assumption of Mary. To ascend is to rise up under one’s
own power; while to be assumed means something that is done to one. Jesus,
being the Second Person of the Trinity, had no need of assistance; whereas Mary
did not have this power. (A pastor once demonstrated this difference in an unusual
way. He asked two children to come to the front of the church. He told one
child to walk from one side of the sanctuary to the other; and the other child
he carried across.)
According to one
tradition, Mary was warned of her approaching end by Saint Michael the
Archangel, who conducts souls to Heaven, and was surrounded on her death-bed by
the apostles, who were miraculously transported to her bedside from their
various mission-fields. It was said that Jesus appeared, bore away her soul,
and returned three days after her burial, when angels carried her body to
Paradise where it was reunited with her soul under the Tree of Life.
SOURCE : http://www.ucatholic.com/saints/assumption/
Paolo Veronese (1528–1588), Assunzione della Beata Vergine
Maria, 1585, 472 x 302, Gallerie dell'Accademia
August 15
The Assumption of the
Blessed Virgin Mary
ON this festival the
church commemorates the happy departure of the Virgin Mary, and her translation
into the kingdom of her Son, in which she received from him a crown of immortal
glory, and a throne above all the other saints and heavenly spirits. After
Christ, as the triumphant conqueror of death and hell, ascended into heaven,
his blessed Mother remained at Jerusalem, persevering in prayer with the
disciples, till, with them she had received the Holy Ghost. St. John, the
Evangelist, to whom Christ recommended her on his cross, took her under his
protection. The prelates assembled in the general council which was held at
Ephesus in 431, mention as the highest prerogative of that city, that it had
received a great lustre from St. John the Evangelist, and the Mother of God,
saying, In which John the Theologian, and the Virgin Mother of God, the holy
Mary, conversed, or rather, are honoured with churches held in special
veneration. 1 Tillemont
and some others conjecture from this passage, that she died at Ephesus; but
others think rather at Jerusalem, where, in later ages, mention is made of her
sepulchre cut in a rock at Gethsemani. 2 All
agree that she lived to a very advanced age, 3 improving
daily in perfect charity, and in the most heroic exercise of all other virtues.
She paid the common debt of nature, none among the children of Adam being
exempt from that rigorous law. But the death of the saints is rather to be
called a sweet sleep than death; much more that of the queen of saints, who had
been exempt from all sin.
It is a
traditionary pious belief, that the body of the Blessed Virgin was raised by
God soon after her death, and assumed to glory, by a singular privilege, before
the general resurrection of the dead. This is mentioned by the learned Andrew
of Crete, 4 in
the east in the seventh, and by St. Gregory of Tours, 5 in
the west in the sixth century. It is an opinion perfectly conformable to the
sentiments of piety and respect which we owe to the glorious Mother of God.
This preservation from corruption, and speedy assumption to glory, was a
privilege which seems justly due to that sacred body, which was never defiled
by any sin, which was ever the most holy and pure temple of God, preserved from
all contagion of Adam, and the common curse of mankind; to that body from which
the Eternal Word received his own adorable flesh, by whose hands he was pleased
to be nourished and clothed on earth, and whom he vouchsafed to obey and honour
as his mother. So great was the respect and veneration of the fathers towards
this most holy and most exalted of all pure creatures, that St. Epiphanius
durst not affirm that she ever died, because he had never found any mention of
her death, and because she might have been preserved immortal, and translated
to glory without dying. 6 Much
more ought piety to incline us to receive with deference a tradition so ancient
and so well recommended to us as is this of the corporal assumption of the
Virgin Mary; an opinion which the church so far favours as to read, from the
works of St. John Damascen and St. Bernard, an account of it in the breviary as
proper to edify, and excite the devotion of her children. 7 But
then, that our piety may be discreet, we must imitate the moderation and
cautious reserve of our holy mother the church, and not put mere opinions any
way upon a level with articles of faith, or matters of divine revelation.
This solemnity, in ancient
Martyrologies, is promiscuously called the assumption, passage, or repose of
the Virgin Mary. Whether this assumption was of her soul only, or of both soul
and body, is no part of faith. The latter is the truth, but were it not so, the
object of the present festival is still the same; for, as we honour the
departure of other saints out of this world, so we have great reason to rejoice
and praise God on this day, when the mother of Christ entered into the
possession of those joys which he had prepared for her. We ought certainly to
employ this festival in pouring forth our souls before God, in most holy
transports of thanksgiving for the high degree of grace and glory to which, in
his infinite mercy, he has exalted her; secondly, in imitating her virtues; thirdly,
in imploring his clemency and bounty through her patronage and intercession. We
shall excite ourselves to these duties by considering on one side to how great
a crown she is raised, and by what means she attained to it, and on the other,
how powerful an advocate God hath given us in her.
The assumption of the
Virgin Mary is the greatest of all the festivals which the church celebrates in
her honour. It is the consummation of all the other great mysteries, by which
her life was rendered most wonderful; it is the birthday of her true greatness
and glory, and the crowning of all the virtues of her whole life, which we
admire singly in her other festivals. It is for all these gifts conferred on
her that we are on this day to praise and thank him who is the author of them;
but especially for that glory with which he hath crowned her. In this we must
join our homages and joy with all the blessed spirits in heaven. What must have
been their exultation and triumph on this occasion! With what honour do we think
God himself received his mother into his kingdom! What glory did he bestow on
her whom he exalted above the highest cherubim, and placed on a throne raised
above all the choirs of his blessed spirits! The seraphim, angels, and all the
other glorious inhabitants of his kingdom, seeing the graces with which she was
adorned, and the dazzling beauty and lustre with which she shone forth as she
mounted on high from the earth, cried out in amazement: Who is she that
cometh up from the desert flowing with charms and delights, leaning upon her
beloved? 8 Accustomed
as they were to the wonders of heaven, in which God displayeth the magnificence
of his power and greatness, they are, nevertheless, astonished to behold the
glory of Mary; and much more so, to see the earth which had been loaded with
maledictions, and covered with monsters of abomination and horror, now produce
so great a treasure, and send to them so rich a present. They pronounce it
blessed for having given her birth; but their heaven much more so in now
receiving her for eternity.
But ought we not rather
to stop our inquiries in silent raptures of admiration and praise, than presume
to pursue them in an object which is the astonishment of the highest angels?
This made St. Bernard say on this subject: 9 “Nothing
more delights me, yet nothing terrifies me more than to discourse of the glory
of the Virgin Mary.” It is presumption to offer to dive into God’s secret
mysteries, by pretending to fathom or measure the degree of bliss to which she
is raised. Let it then suffice that we know her honour now is proportioned to
the incomprehensible dignity of Mother of God which she bears, and to the
transcendent degree of grace and merits which she possessed on earth, and which
she had never ceased to increase every moment of her life. We extol her
incomparable dignity in being the mother of her Creator; a dignity which no
mortal tongue can express; but we may confidently say that the glory with which
Christ received her in heaven is no less above the reach of our understanding.
Martha was highly favoured when she had the honour to harbour Jesus under her
roof; the history of which is read in the gospel of this festival. But that was
only an emblem or shadow of the happiness of the Virgin Mary, who not only
received her Creator into her house, but conceived and bore him in her womb.
Yet this so high a dignity only met with its recompense in the happiness to
which she was admitted on this day, on which she was received by him in his
glory, as she had harboured him on earth in her womb and under her roof. He who
rewards so richly those who for his sake serve or relieve the least of his
members on earth, though they should only give them a cup of cold water,
displays his liberality with the utmost profusion of great gifts in favour of a
mother the most faithful to his graces, the most fervent in his love, and the
most constant in his service. He remembers the affection, piety, and fervour
with which she sanctified herself before she conceived him, and during the
remainder of her life; with which she bore him in her womb, cherished and
served him in his mortal body upon earth, and suffered with him, by compassion,
on Mount Calvary; and now he repays her by the honour with which he receives
and crowns her. This he does in a manner so much the more wonderful, as he is
infinite in power, love, and goodness, and as his ways are infinitely exalted
above those of creatures. Moreover, his own honour is here interested that he
should glorify one that stands in so near a relation to himself, and that he
should exalt his mother by the gifts of his glory as he enriched her with his
most extraordinary graces when he first chose her to that dignity.
She is said to be clothed
with the sun—that is, with a glory transcending that of the other blessed, as
the brightness of the sun surpasseth the stars; it is added, that the moon is
placed under her feet. “Of this heavenly queen,” says St. Francis of Sales, 10 “from
my heart I proclaim this loving and true thought. The angels and saints are
only compared to stars, and the first of those to the fairest of these. But she
is fair as the moon, as easily to be discerned from the other saints as the sun
is from the stars.” She receives a crown not like those of other saints, but of
twelve stars. 11 If
she rejoice exceedingly in her own bliss, much more will she overflow with joy
in the glory of her divine Son. What a singular pleasure must she feel to
behold him whom she had with so much solicitude ministered to, so
affectionately attended, and so grievously mourned for, now placed on the
throne of his majesty, resplendent with the glory of the divinity, and
proclaimed every where the Lord of all things! What raptures of love and joy
must transport her soul at this sight! And with what tenderness does he address,
and say to her: “You ministered to me far above all others in my state of
humiliation; and I will minister to you more abundantly than to any other in my
glory. I received from you my humanity, and I will bestow on you the riches of
my immortality.” The devil, beholding her exaltation, swells with rage to see
his seduction of the first Eve become an occasion of so great a dignity and
glory to Mary. All the holy choirs of heaven contemplating her exaltation,
praise the mercies and gifts of God in her. We on earth are bound, on many
accounts, to join them in the duty of thanksgiving and joy.
Whilst we contemplate the
glory to which Mary is raised by her triumph on this day, in profound
sentiments of veneration, astonishment, and praise, we ought, for our own
advantage, to consider by what means she arrived at this sublime degree of
honour and happiness, that we may walk in her steps. That she should be the
mother of her Creator was the most wonderful miracle, and the highest dignity;
yet it was not properly this that God crowned in her, as Christ himself assures
us. 12 So
near a relation to God was to be adorned with the greatest graces; and Mary’s
fidelity to them was the measure of her glory. It was her virtue that God
considered in the recompense he bestowed upon her; herein he regarded her
charity, her profound humility, her purity, her patience, her meekness, holy
zeal, and ardour in paying to God the most perfect homage of adoration, love,
praise, and thanksgiving. Charity, or the love of God, is the queen and the
most excellent of all virtues; it is also their form, or soul; because no other
virtue can be meritorious of eternal life, unless it be animated, and proceed
from the motive of holy charity. In this consists the perfection of all true
sanctity. Mary surpassed all others in sanctity in proportion as she excelled
them in the most pure, most ardent, and most perfect charity. This virtue she
exercised and improved continually in her soul, by the ardour with which she
served Christ both in person and in his members, the poor; by the most constant
and perfect obedience to the divine law in all things; by the most entire
resignation and sacrifice of herself to God’s will; the most invincible
patience and meekness, and by all other virtues; especially assiduous acts of
adoration, hope, praise, thanksgiving, supplication, and the like parts of
prayer, in which she employed her holy soul with all her affections. But if
charity was the perfection of her eminent sanctity, its groundwork was her
sincere and most profound humility. This was the source of her transcendent charity,
and of all her other virtues, by drawing from heaven those graces into her
soul. This chiefly attracted God from the seat of his glory into her chaste
womb; the same raised her to the highest throne among the blessed. Yes; the
assumption of Mary in glory was only the triumph of her humility. Hereof we
have the most authentic assurance. 13 She
was exalted in virtue, dignity, and glory above all other pure or mere
creatures, because she was of all others the most humble. Therefore did charity
and every other virtue shoot so deep roots in her heart, and raise their head
like a palm-tree in Cades, and is like a cedar on Libanus; spreading their
shade like a cypress-tree on mount Sion, and diffusing their sweet odour as a
rose-plant in Jericho, like cinnamon and aromatic balm, and like the best
myrrh. 14 Therefore
she ascends so high, because in her own sentiments of herself she was so lowly.
Meekness and patience are
the sister-virtues and inseparable companions of humility. By these was Mary to
purchase her great crown; and to furnish her with occasions for the most
perfect exercise of these and all other virtues in the most heroic degree, God
was pleased to visit her with the sharpest trials. Though she was the mother of
God, never defiled with the least stain of sin, and by a singular privilege of
grace free from concupiscence, yet she was not exempted from the cross of her
Son. Nay, how much nearer a relation she bore to him, and how much dearer and
more precious she was in his sight, so much a larger portion of his cup did he
present to her above his other saints. Though she had no sins to satisfy for,
yet her virtue was to be exercised and improved by trials, and the highest
degree of glory was prepared for her, by so much the more severe crosses was it
to be earned. Besides these reasons for suffering, we who are criminal sinners
have immense debts to cancel, an unruly concupiscence to keep under, and a fund
of inordinate self-love to fight against and subdue. Yet we would live without
mortification and suffering, and are inclined to murmur at what ought to be the
subject of our joy and ambition. God was pleased to conduct his mother through
hard and rigorous ways in virtue, that her example might be a model and
consolation to us under interior trials. They are painful to nature, but the
ordinary exercise of heroic souls in pure and perfect love. Consolations, even
those that are spiritual, are rather supports of our weakness than the test and
school of solid virtue; the character of which is to suffer with patience and
constancy. The path of prosperity, if uninterrupted, exposes souls to much
illusion; in it many are filled only with self-love whilst they flatter
themselves they are walking with God, and reaping the fruits of virtue. The
road of privations is the most secure as well as most fruitful in heroic
virtues. Certainly nothing can be more sublime, or better for us, seeing God
had nothing greater for his mother. This consideration suffices alone to fill
us with comfort and joy under all afflictions, that in them we are in good
company, even with Christ himself, with his blessed mother, and his saints, who
have all walked in this path before us, carrying their heavy crosses, which
were the sources of their greatest blessings.
Let us consider a little
the life of Mary. What must she have suffered from the hardships of poverty,
the alarming persecution of Herod, the banishment into Egypt, living after her
return in a kind of exile for fear of Archelaus! Under these, and many like
circumstances, we may easily imagine what continual crosses she had to bear
together with her divine infant. What must she feel to see him in want, suffering
cold and all other inconveniences! What, when she lost him in the temple, and
saw him exposed to hardships and ill treatment on other occasions! He was
persecuted and reviled by the Pharisees and others, his meekness despised, and
his most holy doctrine contradicted. It was also a continual affliction to her
tender heart, always full of zeal for the honour of God, and of charity for
men, to see the whole world filled with sins, blasphemies against so good a
God, scandals, abuses, and wrecks of souls. But what was her grief to see her
most amiable and divine Son in his sacred passion, covered with ignominies,
overwhelmed with the blackest calumnies, bound, scourged, crowned with thorns,
and dying on a cross! How sharp a sword of most bitter grief must have then
pierced the soul of this mother of sorrows! After her divine son had left the
earth, how earnest were her sighs to be united to him in glory! How bitter must
the prolongation of her banishment amidst the sins of the world have been to
her, whose burning charity surpassed that of all other saints! Only patience,
meekness, submission to the will of God, entire confidence in him, and the
assiduous exercise of prayer and divine love were her support, her comfort, and
the rich harvest which she reaped from her sufferings. The weight and duration
of these crosses, and the great virtues which she practised under them, are the
measure of that height of glory to which she is exalted. We see the means by
which Mary mounted to the happiness which she now enjoys. No other way is open
to us. The same path which conducted her to glory will also lead us thither; we
shall be partners in her reward, if we copy her virtues. Her example is both
our model and our encouragement. From her assumption we derive another great
advantage, that of her patronage. Mary crowned in heaven is an advocate with her
Son in favour of us sinners
The prayers of the holy
Virgin Mary, whilst she lived on earth, were certainly of great efficacy; much
more than those of Abraham, Job, or Elias. Now raised to a state of bliss she
cannot have lost the power to intercede with God for us; this on the contrary
must be much greater as she is now seated near the throne of mercy. If the
angels who are before the throne of God offer our prayers to him, and pray
themselves for us; if the saints in glory employ their intercession in our
favour, shall not the most holy mother of God be able to do the same office for
us? Can any be so bold as to pretend, either that she is not willing, or that
she cannot exert her charity in our behalf? That she is most ready and
desirous, no one can doubt, seeing that, among all pure creatures, there never
was any zeal or charity equal to hers who bore charity itself in her womb. She
received from him that zeal for the glory of God, and those bowels of
tenderness and compassion for the souls of poor sinners, which surpassed those
of all angels and men. Now she beholds the divine essence, and is made all love
by being transformed in glory, and united to him who is love itself; now she
sees all that can inflame her charity, in our miseries, in God’s goodness, and
in the glory which will redound to him from our salvation, can she forget us?
No, certainly. With her zeal for the divine honour, and her charity for poor
sinners, her compassion for us must be much increased. Nor can she have less
power and credit with her Son; but the more she is honoured by him, the more
prevalent must her intercession be. If Esther could prevail with Assuerus in
favour of her nation; if the Thecuit could move David to show mercy to Absalom;
if Judith could save her people by her prayers; if the saints both on earth and
reigning with Christ in heaven could often avert the divine vengeance, and work
wonders, what shall we not be able to obtain through the intercession of Mary!
As St. Bonaventure 15 repeats
from St. Bernard: “You have secure access to God where you have the Mother
addressing the Son, and the Son before the Father in your behalf. She shows to
her Son in your favour the breasts which gave him suck, and the Son presents to
the Father his wounds and open side.”
The constant
doctrine and tradition of the church, through all ages, renders us secure in
the practice of invoking this holy Virgin. 16 The
Protestant century-writers of Magdeburg trace it for us as high as the second
century, and charge St. Irenæus with teaching it in the same manner that the
Catholic church does at this day. This is their remark upon those words of that
great and primitive doctor: “The Virgin Mary is made the advocate of Eve,” that
is, for men upon whom their first mother entailed a curse. 17 St.
Irenæus is one of the first in the list of the fathers; and this holy and
wholesome devotion he learned from his masters, St. Polycarp and other
immediate disciples of the apostles; and the same has been delivered down by
the pastors of the church with the whole sacred deposit of our faith, without
changing one iota; for its faith is always the same and unalterable. This is
easy to prove with regard to the present point from the clear testimonies of
ancient venerable fathers. But it would be superfluous and tedious to load a
discourse with the quotations of all those writers who are, in every age,
vouchers of this article of the Catholic faith, and witnesses of the homages
which the church, instructed by the Holy Ghost, has never failed to pay to the
glorious Mother of God. It is confirmed from the watchful attention with which
the church has condemned all errors that have been broached contrary to it.
St. Epiphanius
informs us, 18 that
in the fourth age, among the Apollinarists sprung up in Arabia the heretics
called Antidicomarianitæ, or adversaries of Mary, who affirmed that she had not
remained a virgin, and that after the birth of Christ she had children by St.
Joseph. He tells us, 19 that
there arose at the same time, and in the same country, another heresy quite
contrary to the former, the professors of which were called Collyridians, from
certain cakes, called in Greek Collyrides, which they offered to the Virgin
Mary, honouring her with sacrifices as a kind of divinity, and thus changing
piety and devotion into superstition and idolatry. St. Epiphanius discoursing
against this heresy, concludes that Mary ought to be honoured, but God alone
adored. This error was immediately crushed by the authority of the church; but
it shows that the faithful then paid solemn devotion to this queen of heaven,
which some ignorant people took occasion impiously to pervert. Likewise when
Nestorius blasphemously denied to the Virgin Mary the title and dignity of
Mother of God, this heresy but awakened the piety of the faithful, and the
error, as it always happens, served to establish the truth with greater lustre
by the decisions of councils, and the most authentic public monuments and
writings of the fathers, full of devotion and the strongest addresses to this glorious
advocate of sinners, as may be seen in several works of St. Cyril of Alexandria
against Nestorius, in the discourses of St. Proclus on the Virgin Mary against
the same heresiarch, and others.
The fathers moreover
encourage us to place a confidence in her holy patronage, by frequent
miraculous instances which they have recorded. St. Gregory of Nyssa tells us, 20 that
the Blessed Virgin and St. John Evangelist, in a vision, delivered to St.
Gregory Thaumaturgus, in the year 244, a creed which afterwards preserved the
church of Neocæsarea from the Arian heresy. St. Gregory Nazianzen relates, 21 that
the holy virgin and martyr Justina, in the reign of Dioclesian, besought the
Virgin Mary to assist her against infamous tempters, and the magical charms of
Cyprian, and was wonderfully succoured, Cyprian himself being converted, and
becoming a glorious martyr. St. Sophronius and John Moschus in the Spiritual
Meadow, 22 mention
a certain merchant of Alexandria, who setting out on a voyage to
Constantinople, recommended his wife and little daughter to “our Lady the holy
Mother of God;” and by her patronage they were both miraculously preserved
during his absence from being robbed and murdered. Many other such instances
might be gathered from the writings of the most holy and illustrious fathers of
the church, than which nothing can more clearly prove what were their
sentiments and practice, and those of the whole church from the earliest times,
with regard to this devotion to the Mother of God. We are encouraged to be
fervent in this great means of mercy by the experience of her powerful
intercession, confirmed by illustrious examples. “Let him cease to extol thy
clemency, O holy Virgin,” cries out her devout client St. Bernard, 23 “who
ever invoked thy aid in his necessities, and found it to fail him.” Hence, not
only the Cistercian, but many other religious Orders, and numberless pious
confraternities have solemnly put themselves under the special patronage of the
Mother of God; and many kingdoms have done the same, as Hungary by the devotion
of St. Stephen, and France by the vow of Lewis XIII. in 1638, in memory of
which an annual most solemn procession is performed in all parts of that
kingdom on this festival of the assumption. The church strongly recommends to
us this wholesome devotion by establishing so many feasts in honour of this
holy virgin. This of her assumption was celebrated with the utmost solemnity at
Jerusalem in the fifth and sixth ages, as appears from the life of St.
Theodosius. 24 St.
Proclus, on this day of her festival in 428, delivered his famous sermon
against Nestorius, in his presence, proving the Virgin Mary to be the Mother of
God. We find churches dedicated to God in her honour in all parts of the
Christian world, as soon as that liberty was allowed under the first Christian
emperors. The great church of Ephesus bore her name when the general council
was assembled in it against Nestorius in 431. St. Mary Major was built in Rome
in the time of Pope Liberius, and consecrated by Sixtus III. about the year
433, as is proved by the Bollandists. 25 Theodorus
Lector 26 mentions
that the empress Pulcheria built two churches in her honour at Constantinople.
About the same time one was built at Jerusalem by St. Sabas, &c.
The voice of the church,
the example of so many eminent saints, and the most powerful motives of
religion, recommend to us a singular devotion to the glorious Mother of God.
St. Teresa, in her childhood, grieving for the loss of her mother, cast herself
on her knees before a picture of the Blessed Virgin, beseeching her with many
tears to take her under her special patronage, and to be to her a tender mother
and tutoress. 27 In
like manner we may, by a solemn dedication of ourselves to God under the
patronage of the Virgin Mary, choose her for our principal advocate with him,
and commend ourselves most earnestly to her intercession. This recommendation
of ourselves to her we may renew in our morning and night devotions, and in a
more solemn manner on all her festivals; imploring, moreover, her intercession
in all temptations, and necessities, spiritual or corporal. Base and unworthy
sinners as we are, can we do better than strengthen our prayers by the joint
intercession of such an advocate, and by invoking her as our secure refuge? St.
Bernard 28 puts
into our mouths the following address to her: “O blessed finder of grace,
mother of life, mother of salvation, may we through you have access to your
Son, and that he who was given us through you, may receive us through you. May
your integrity and innocence excuse before him the stain of our corruption; may
your humility, so agreeable to God, obtain the pardon of our vanity; may your
abundant charity cover the multitude of our sins, and your glorious
fruitfulness supply our indigence of merits. Our lady, our mediatrix, our
advocate, reconcile us to your Son, commend us to your Son, present us to your
Son. By the grace with which you are honoured, by the mercy which you have
brought forth, obtain that he who through you put on our weakness, may through
you make us partakers of his bliss and glory.” But to obtain the protection of
the Mother of God, we must not content ourselves to implore it barely in words,
but must do this also with our hearts, and with a sincere desire of serving God
with fervour. To be devout to the Mother we must copy her virtues, and live
faithful to the holy law of her Son. She is the refuge of sinners; but of such
as sue for pardon with sincere repentance; not of those who wilfully continue
to crucify her Son. She detests the false confidence of such, and can never
countenance their presumption and impiety. An imitation of her virtues and
spirit is the most solid proof of a true devotion to her, and the means to
honour her, and to recommend our petitions through her to her divine Son.
Note 1. Con. t. 3,
pp. 5, 73. [back]
Note 2. That St.
John the Evangelist retired to Ephesus in his old age is manifest from
incontestable monuments of history. It is reasonable to be presumed that he
carried with him some memorials of this dear and blessed person. Some think she
went with him thither, and died at Ephesus. But it seems more probable that she
died at Jerusalem. St. Willibald, who flourished in 740, in his voyage to
Jerusalem, was shown the tomb of the Blessed Virgin, which was empty, in the
valley of Josaphat, at the foot of Mount Olivet. (Apud. Canis. t. 2, p. 102, ed
Basnagii.) Adamnan, the Irish monk, who visited Palestine in the close of the
seventh century, (in Itiner. ap. Mab. Sæc. 3, Bened. par. 2, l. 1, c. 9,) and
Bede (De locis Sanct. p. 502,) mention it in the same place. Among the Greeks,
Andrew of Crete, who lived in the seventh and eighth ages, says the Blessed
Virgin lived upon Mount Sion at Jerusalem, and died there. (Or. in Dormit. B.
M.) St. Germanus, patriarch of Constantinople, who died in 730, affirms, that
she died at Jerusalem. (Or. in Dormit. Deiparæ, pp. 1450, 1462.) The Armenians
(Conc. Armen. in 1342, ap. Martenne, t. 8, Vet. Scrip. p. 351.) and the
Muscovites agree that she was buried at Gethsemani. Gregory Barebræus, the
Nestorian, (ap. Jos. Assemani Bibl. Orient. t. 3, par. 1, p. 318,) and some
others, who say she accompanied St. John to Ephesus, seem to have grounded
their opinion only on conjecture. St. John probably staid in Judæa and that
neighbourhood till after her death, and seems not to have come to Ephesus
before SS. Peter and Paul had left the East, or even before their martyrdom.
St. Paul established St. Timothy bishop of Ephesus in 64, and in his second
epistle to that disciple, during his last imprisonment, (in which he invites
him to come from Ephesus to Rome,) takes no notice of St. John being at
Ephesus. The Blessed Virgin must have been sixty-one or sixty-three years old,
at least twenty years before that time. See the Fr. Comm. on the Bible.
an. 1750. Diss. sur le Trépas de la Ste. Vierge, t. 12, p. 59. [back]
Note 3. See Suarez
Tr. de Mysteriis B. V. Mariæ. [back]
Note 4. Or. 2, de
laudibus Assumptæ Virg. p. 132; also by German. patriarch of Constantinople,
Or. 1, de Dormit. Deiparæ, &c. [back]
Note 5. L. de Glor.
Mart. c. 4; also St. Ildefonse, Serm. 6, de Assumptione; and the old Gallican
or Gothic Missal, published by Card. Thomasius, and by Mabillon. See Card.
Lambertini, (afterwards Pope Ben. XIV.) Comment. de D. N. J. Christi
Matrisque ejus Festis, par. 2, c. 112, p. 100. [back]
Note 6. St. Epiph.
hær. 78, c. 11 and 23, pp. 1034, 1035. [back]
Note 7. The history
of many circumstances relating to the assumption of the Blessed Virgin, falsely
ascribed to Melito of Sardis, is rejected by the whole world as an invention of
some unknown Greek author, about the sixth century. But that her body was
assumed to glory soon after her death is the constant opinion in the Latin, and
in all the Oriental churches. See the old English Martyrology, p. 656, and many
others, published by Solier the Bollandist, (t. 7, Junii,) others by Martenne.
(Anec. t. 3, pp. 1559, 1568, et t. 5, p. 76; also Collect. Vet. Script. t. 6,
p. 656.) Likewise the liturgies of the Visigoths and Franks, used before the
reign of Charlemagne. (Ap. Mabillon, pp. 212, 213, et ap. Thomas, pp. 291,
292.) Consult Le Quien (in Op. S. Jo. Damasc. p. 857,) and Florentinius.
(Ad 15 Aug. and 18 Jan.) The corporal assumption of the Mother of God is well
proved by the anonymous author of the dissertation on this subject against
Launoy, under the name of the Advocate; and by Claude Joli, precentor of the
metropolitan church of Paris. (De Verbis Martyrol. Usuardi.) But that this
historical tradition and pious belief or opinion is no article of faith, is proved
by Baronius. Not. in Martyr. Melchior Cano, l. 12, de Locis Theol. c. 10;
Suarez, 3, p. q. 37, art. 4, disp. 21, sect. 2; Theophilus Raynaudus in
Dypticis Marianis, t. 7. Op. p. 220; Thomassin, Tr. des Fêtes, l. 2, c. 20;
Nat. Alex. Hist. sæc. 2, c. 4, in Addit. ad Censor. Card. Gotti, t. 4, de
Verit. Relig. Christian. c. 41; Benedict XIV. loc. cit. c. 115, et t. 1, de
Canoniz. Sanctor. l. 1, c. 42, n. 15; Bourdeloue, Serm.
This feast of the
assumption of the Blessed Virgin Mary is mentioned as celebrated with great
solemnity before the sixth age, both in the Latin and Greek Church, as appears
from the most ancient Sacramentaries extant, with complete calendars, before
the time of Pope Sergius, as is clear from the pontifical; and before the reign
of the Emperor Mauritius, as is gathered from Nicephorus, l. 17, c. 28. See
Baron. Annot. in Martyr.; Mabillon in Liturg, Gallic. l. 2, p. 118; Pagi in
Brev. Gest. Rom. Pontif. in Sergio, n. 26; Martenne de Ant. Eccl. discipl. in
div. offic. celebr. c. 33, n. 25; Thomassin, &c. It is called by the Greeks
[Greek], or Translatio; by the Latins, Dormitio, Pausatio, Transitus,
Assumptio; by the Muscovites Uspenie, i. e. Dormitio. See Falconius,
archbishop of San-Severino, Comm. in Tabulas Ruthenas Cappomanis, p. 126, Romæ,
1755. And Jos. Assemani, Comm. in Calend. Univ. ad 15 Aug. Romæ, 1766. The
Emperor Constantine Porphyrogenetta (l. 2, de Cæremoniis Aulæ Constantinopl. c.
29, p. 312, ed. Leips. 1754,) describes the solemn procession made by the court
and clergy at Constantinople, on the great festival of the repose of the
Blessed Virgin Mary. The emperor himself often passed the vigil watching all
the night in the great church of our Lady at Blachernæ on the coast some miles
below Constantinople, whither he went in great state attended by his court,
either by land or in a yacht.
Benedict XIV. (c.
120,) shows these terms, death, repose, passage, &c., to coincide with the
word assumption; and this last to have been sometimes used of other saints, as
St. Gregory of Tours mentions the assumption of St. Avitus of Vienne. (l. de
Glor. Confess. c. 49, &c.) Thomassin proves this promiscuous use of the
word assumption from Beleth, an eminent theologian at Paris, in
1200. (Rationale Div. Offic. c. 4 et 146.) See Thomassin, Tr. des Fêtes,
l. 2, c. 20, n. 17. [back]
Note 9. Serm. 4, de
Assumpt. [back]
Note 10. L. 3, On
the Love of God, c. 8. [back]
Note 11. Apoc. xii.
1. [back]
Note 12. Luke xi.
28; Matt. xii.
50. [back
Note 14. Ecclus.
xxiv. [back]
Note 15. S. Bonav.
Solil. fol. 60. [back]
Note 16. “Quod ab
illâ (viz. Ecclesiâ) didici securus teneo.” St. Bernard. [back]
Note 17. S. Iren. l.
5, c. 21, (ol. 19,) p. 352. [back]
Note 18. Hær. 77, n.
26, et hær. 78. [back]
Note 19. S. Epiph.
hær. 79. [back]
Note 20. S. Gr.
Nyss. t. 3, p. 543. [back]
Note 21. Or. 18, pp.
279, 280. [back]
Note 22. Prat.
Spirit. c. 75. [back]
Note 23. S. Bern.
Serm. 4, de Assumpt. [back]
Note 24. In
Bollandus ad 11 Jan. n. 31. [back]
Note 25. Ad Martii
28, p. 716, c. 9. [back]
Note 26. Pages 552,
563. [back]
Note 27. Her own
Life, ch. 1. [back]
Note 28. S. Bern.
Serm. 2, in Adv. n. 5, p. 723. [back]
Rev. Alban
Butler (1711–73). Volume VIII: August. The Lives of the
Saints. 1866.
SOURCE : http://www.bartleby.com/210/8/151.html
Titian (1490–1576),
Assumption of Mary, 1516-1518, 668 x 344, Santa Maria Gloriosa dei Frari,
Venice, Italy
Tiziano Vecellio, Assunzione di Maria Vergine (1516 - 1518), olio su
tavola; Venezia,
Basilica di Santa Maria Gloriosa dei Frari
Assunzione della Beata
Vergine Maria
L'Immacolata Vergine,
preservata immune da ogni colpa originale, finito il corso della sua vita, fu
assunta alla celeste gloria in anima e corpo e dal Signore esaltata quale
regina dell'universo, perché fosse più pienamente conforme al Figlio suo,
Signore dei dominanti e vincitore del peccato e della morte'. (Conc. Vat. II,
'Lumen gentium', 59). L'Assunta è primizia della Chiesa celeste e segno di
consolazione e di sicura speranza per la chiesa pellegrina. La 'dormitio
Virginis' e l'assunzione, in Oriente e in Occidente, sono fra le più antiche
feste mariane. Questa antica testimonianza liturgica fu esplicitata e
solennemente proclamata con la definizione dommatica di Pio XII nel
1950. (Mess. Rom.)
Martirologio
Romano: Solennità dell’Assunzione della beata Vergine Maria, Madre di Dio
e Signore nostro Gesù Cristo, che, completato il corso della sua vita terrena,
fu assunta anima e corpo nella gloria celeste. Questa verità di fede ricevuta
dalla tradizione della Chiesa fu solennemente definita dal papa Pio XII.
Definizione
Nell’etere del 1° novembre 1950 sono state diffuse le solenni e autorevoli parole della definizione dogmatica pronunciate da Pio XII: “L’immacolata Madre di Dio sempre vergine Maria, terminato il corso della vita terrena, fu assunta alla gloria celeste in anima e corpo”. In ordine di tempo, è l’ultimo dogma definito della Chiesa cattolica, quasi un secolo dopo quello dell’Immacolata Concezione, proclamato da Pio IX l’8 dicembre 1854.
La breve e solenne proposizione dogmatica racchiude insieme le tre verità più
importanti della Chiesa cattolica circa la Vergine Maria: Immacolata fin dalla
sua concezione; Madre di Dio nella sua missione salvifica; e Assunta in cielo
nella sua predestinazione finale accanto a Cristo, primizia della Chiesa. Con
questa definizione, Pio XII riconosce il valore prezioso della costante fede
del popolo di Dio, o sensus fidelium, nell’assunzione gloriosa della Madre di
Dio nei Cieli. Una credenza da sempre presente nella tradizione cristiana,
espressa sia nella pietà popolare che nella vita liturgica, sia nei padri che
nei teologi, sia nel consenso unanime dell’Episcopato che nel dato rivelato
sulla divina Maternità e sull’Immacolata Concezione della Vergine Maria. Il
pronunciamento del Sommo Pontefice, infatti, corona una credenza da tempo
universalmente professata dal popolo di Dio nel suo insieme.
Sviluppo storico
Contrariamente al pensare comune, le definizioni dogmatiche, più che essere delle imposizioni dall’alto che piovono sui credenti, sono, invece, riconoscimenti e ufficializzazioni di credenze e tradizioni già diffuse nel seno della comunità della Chiesa. Spesso, nella storia, sono state proclamate delle verità non per affermare qualcosa di nuovo nel campo della fede, ma semplicemente per difendere una tradizione già esistente da attacchi contrari alla stessa fede. Così, ad esempio, la definizione circa la divinità di Cristo, che il Concilio di Nicea, nel 325, ha definito e affermato contro gli attacchi dell’arianesimo; lo stesso avvenne per il concilio di Efeso, nel 431, che proclamò Maria Madre di Dio, contro il nestorianesimo.
Per quanto riguarda l’Assunzione, l’antica tradizione, unanimemente accettata da parte della Chiesa cattolica, non necessitava di nessuna difesa, e quindi la relativa proclamazione del dogma si è lentamente precisata e maturata fino al momento storico, ritenuto come favorevole e prestabilito dalla provvidenza divina, per proclamare solennemente questo privilegio di Maria Vergine. Certo, le occasioni storiche hanno la loro importanza, se interpretate nella prospettiva del disegno generale di Dio e saggiamente intuite dalla competente autorità e pronunciarsi solennemente. Nella definizione dell’Assunzione di Maria al cielo, non sono da sottovalutare la posizione puntuale per difendere o, meglio, per rendere più ferma e più operosa la fede del popolo di Dio nella risurrezione dei corpi dal galoppante materialismo e dal secolarismo imperante del XX secolo.
La stessa proclamazione, in sé stessa considerata, ha reso completo il grande
mistero della Donna biblica, Predestinata insieme al Cristo Gesù in modo
assoluto e indipendente con l’unico e medesimo atto di volontà di Dio, prima
della creazione e prima della seconda venuta dello stesso Cristo alla fine del
tempo, per estendere l’eterno presente dell’eternità, unica misura della divinità
e di chi partecipa di essa.
Le origini
Quanto allo sviluppo storico della festa dell’Assunzione, le prime testimonianze risalgono già verso la fine del secolo IV e l’inizio del V secolo, come documentano gli scritti specialmente di sant’Efrem il Siro († 373) e di sant’Epifanio di Salamina († 403). Questi, nel suo Panarion, circa la morte di Maria, enuncia tre ipotesi possibili e sostenute, all’epoca, da autori diversi: Maria non è morta, ma è stata trasferita da Dio in un luogo migliore; Maria è morta martire; Maria è morta di morte naturale. Egli non sa scegliere con sicurezza fra le tre ipotesi, poiché “nessuno ha conosciuto la sua fine”, ma pensa che in ogni modo la fine di Maria deve essere stata gloriosa e degna di lei.
La testimonianza di Epifanio, comunque, assicura che nella Chiesa, alla fine del V secolo, non esisteva ancora una tradizione precisa, né di carattere storico, né di carattere dogmatico, circa la morte di Maria. E la stessa terminologia delle primitive testimonianze è legata probabilmente alla festa in onore della Dormitio Mariae, in ricordo, forse, della chiesa costruita e dedicata in suo onore sul monte Sion (in Gerusalemme) all’inizio del V dai cristiani Bizantini.
Dopo Epifanio, i primi testimoni sulla Dormitio Mariae sono gli scritti apocrifi. Quelli più conosciuti sono circa una ventina. Hanno origini differenti e appartengono a diverse famiglie: i più antichi sembrano quelli siri egiziani e greci. Non ci si può attendere nulla di sicuro da essi dal punto di vista storico; rappresentano, invece, chiaramente la reazione della fede popolare nei secoli V e VI, alla domanda circa il transito di Maria. Pensiero comune a tutti gli apocrifi è che il corpo di Maria non può essere andato soggetto alla corruzione del sepolcro.
Un’evoluzione analoga presentano i testi del culto liturgico. Le origini della festa dell’Assunzione si trovano in Oriente, nella metà del VI sec., come risulta dalla narrazione dei pellegrini che hanno visitato Gerusalemme in quegli anni. Verso la fine del VII, l’imperatore Maurizio estende la festa a tutte le regioni dell’Impero, fissandola al 15 agosto. In Occidente, i primi segni di una festa “in memoria” della Vergine appaiono nel VI secolo, precisamente nella Gallia, dove viene celebrata il 18 gennaio sotto il titolo di Depositio Sanctae Mariae.
A Roma la celebrazione della festa dell’Assunzione viene introdotta nel VII secolo da papa Sergio I, assieme ad altre feste mariane: la Purificazione, l’Annunciazione e la Natività; e ben presto diviene anche la più importante di tutte, conservando fin dalle origini sia il nome sia il significato attuali. Da Roma poi si estende rapidamente, durante i secoli VIII e IX, a tutto l’Occidente, anche nella Gallia, precisando il contenuto e stabilendo la data della festa al 15 di agosto.
In Oriente, gli autori nel spiegare e giustificare la festa dell’Assunzione si richiamano facilmente agli apocrifi, e alle ragioni desunte dalla mariologia generale: la consacrazione del corpo di Maria mediante la maternità divina, l’onore dovuto dal Figlio alla Madre, l’unione effettiva tra la Madre e il Figlio, la concezione e la nascita verginale del Figlio, l’onore di Maria come Nuova Eva.
In Occidente, invece, lo sviluppo dottrinale fu molto più lento. Nonostante la
chiara indicazione del culto liturgico, molti autori, dal VII al IX secolo, si
esprimono in modo dubbioso. Uno scrittore anonimo del IX secolo afferma: “è
meglio lasciare tutto a Dio, al quale nulla è impossibile, piuttosto che
definire temerariamente di nostra autorità ciò che non possiamo provare”. E un
altro, del X sec., è di opinione opposta e dice che, non essendovi una
trattazione sicura circa l’Assunzione di Maria, occorre esaminare con la
ragione quale sia la verità, così che “la verità faccia da autorità”. La
ragione fondamentale è la grazia e la dignità singolare con cui Dio ha onorato
Maria.
Il contributo della Teologia
Grande impulso la dottrina dell’Assunzione riceve dai teologi della Scolastica, specialmente da quelli della Scuola francescana, come è documentato dalla stessa Costituzione dogmatica Munificentissimus Deus. Così per esempio, oltre alle esplicite affermazioni positive e favorevoli di sant’Alberto Magno, si distinguono tra i francescani sant’Antonio di Padova, san Bonaventura da Bagnoregio e san Bernardino da Siena. Nel II sermone della festa dell’Assunzione, sant’Antonio, commentando le parole d’Isaia: Glorificherò il luogo dove posano i miei piedi (Is 60, 13), afferma con sicurezza: “Il luogo dove il Signore pose i suoi piedi fu la beata Vergine dalla quale prese l’umanità. Questo luogo è stato dal Signore glorificato, esaltando Maria al di sopra dei cori angelici. Da ciò è manifesto che la Vergine fu assunta in cielo anche con il corpo, che fu il luogo dove pose i piedi il Signore. A questo mistero alludeva il Salmista, quando cantava: Alzati, Signore verso il luogo del tuo riposo, tu e l’arca della tua potenza (Sal 132, 8). Il Signore è risorto quando ascese alla destra dl Padre; è risorta anche l’Arca [Maria], dove egli ha riposato, quando la Vergine Madre fu assunta al talamo celeste” (Assunzione della Beata Vergine Maria, sermo II, 142).
Dello stesso parere è anche san Bonaventura, il quale ritiene assolutamente certo che, come Dio preservò Maria santissima dalla violazione del pudore e dell’integrità verginale nella concezione e nel parto, così non ha permesso che il suo corpo si disfacesse in putredine e cenere. Scrive: “La gloriosa Vergine Maria, come nella sua vita e nella sua concezione (del Verbo) non soggiacque alla corruzione della concupiscenza attuale, così anche spirando e nella sua morte non soggiacque alla corruzione del suo corpo” (De Nativitate B. Mariae Virginis, sermo 5). Interpretando, poi, e applicando in senso accomodatizio alla beata Vergine le parole del Cantico dei Cantici: Chi è costei che sale dal deserto, ricolma di delizie, appoggiata al suo diletto? (Ct 8, 5), così ragiona: “E così si può constare che Maria è ivi (in Cielo) corporalmente. La beatitudine, infatti, non sarebbe consumata (ossia di massima pienezza), se ivi non vi fosse di persona; e poiché la persona non è soltanto l’anima, ma l’intero composto umano, è chiaro che ivi è presente nel composto, cioè in corpo e anima, altrimenti non potrebbe essere consumata la fruizione o godimento beatifico” (De Assumptione B. Mariae Virginis, sermo 1).
Nel secolo XV, san Bernardino, riassumendo e trattando con diligenza tutto ciò che i teologi della Scolastica avevano detto e discusso sull’Assunzione, aggiunge altre considerazioni. Specialmente insiste sulla stretta somiglianza della divina Madre col Figlio divino, quanto alla nobiltà e dignità dell’anima e del corpo: per cui non si può pensare che la celeste Regina sia separata dal Re dei cieli. Anzi esige apertamente che “Maria non debba essere se non dov’è Cristo; inoltre è ragionevole e conveniente che si trovino già glorificati in cielo l’anima e il corpo, come dell’uomo, così anche della donna; infine il fatto che la Chiesa non ha mai cercato e proposto alla venerazione dei fedeli le reliquie corporee della beata Vergine, fornisce un argomento che si può dire quasi una riprova sensibile” (In Assumptione B. M. Virginis, sermo 2).
A partire dalla seconda metà del XV secolo, cioè dopo san Bernardino, la dottrina dell’Assunzione, chiaramente contenuta nella festa liturgica e universalmente ammessa dalla totalità dei Teologi, appare ormai così certa che sarebbe imprudente e scandaloso non ammetterla. Pensiero che si trova espresso in tanti santi che hanno magnificato l’Assunzione e la glorificazione della Vergine Maria, come per esempio: san Roberto Bellarmino, san Francesco di Sales, sant’Alfonso dei Liguori e tanti altri. Qualcuno comincia a dirla già di fede, perché universalmente creduta nella Chiesa; qualche altro la colloca sullo stesso piano della dottrina dell’Immacolata, e dice che un giorno la Chiesa potrà arrivare a definirla.
E così restano le posizioni fino al 1854.
E difatti, nel domandare a Pio IX la definizione dell’Immacolata Concezione di Maria Vergine, non pochi vescovi esprimono contemporaneamente il desiderio che venga definita anche l’Assunzione; desiderio e proposta fatti propri anche da molti Padri del Concilio Vaticano I. La conclusione anticipata del Concilio non ha permesso di approfondire la richiesta; tuttavia, l’idea ha avuto un seguito con l’origine del così detto “movimento assunzionistico francescano”, che tanto si è prodigato per la diffusione e l’approfondimento delle relative problematiche mariane connesse con la possibilità di una definizione dell’Assunzione di Maria Vergine al cielo. Specialmente, poi, tra il 1944 il 1950, ad opera del francescano Carlo Balic, vengono celebrati con grande partecipazione e profondo interesse ben sette “Congressi assunzionisti francescani”, in varie parti del mondo, sempre per approfondire meglio le questioni inerenti all’Assunzione, come supporto e preparazione per una eventuale definizione.
Difatti, il 1º maggio 1946, Pio XII, dopo avere esaminate le tantissime istanze pervenute dal 1849 al 1940, che “supplicano che sia definita e proclamata, come dogma di fede, l’Assunzione corporea della beata Vergine Maria in Cielo, insieme a quasi duecento Padri del concilio Vaticano”, chiedeva ufficialmente ai Vescovi del mondo cattolico se ritenessero possibile e opportuno che si procedesse alla definizione dell’Assunzione come verità di fede. La risposta è stata unanimemente positiva e affermativa.
I teologi, invece, continuavano a discutere sulla possibilità e sui fondamenti
di una eventuale definizione dogmatica, specialmente intorno alla morte della
Vergine Maria. Le discussioni terminarono soltanto con l’annuncio della
prossima definizione, pubblicato il 14 agosto 1950 da Pio XII.
La questione della morte di Maria
La Chiesa professa che Maria è, con Gesù, l’unica persona in tutta la storia dell’umanità a essere ufficialmente riconosciuta assunta in cielo (quindi in corpo e anima) già ora, prima della seconda venuta del Cristo. Ciò è possibile perché Maria, secondo la Chiesa, è l’unica persona a essere preservata dalla macchia del peccato originale che ha coinvolto l’intera umanità. Per questo, la tradizione dell’Assunzione e il dogma che, poi, ne è scaturito, sono in stretta connessione logica con i corrispettivi inerenti all’Immacolata Concezione, benché la tradizione di questa è successiva nel tempo rispetto a quella dell’Assunzione, e anche più elaborata e discussa teologicamente.
Pio XII, nella definizione dogmatica dell’Assunzione, ha deliberatamente evitato di pronunciarsi sulla questione se Maria sia prima morta, per poi risorgere, oppure sia stata assunta immediatamente senza passare attraverso la morte. Il fatto che il Papa non si sia pronunciato è degno di nota, poiché molti pensavano che l’Assunzione andasse necessariamente intesa come un’anticipata risurrezione, in modo da implicare necessariamente la morte. Ed erano state fatte pressioni sul Sommo Pontefice perché nella definizione dogmatica facesse riferimento anche alla morte, cosa che egli non ha fatto.
La questione della morte o non morte di Maria rimane dunque lasciata alla libera ricerca dei teologi, anche se bisogna riconoscere che l’opinione dei mortalisti, per chiamarla così, è di gran lunga più diffusa di quella degli immortalisti. La Vergine Santissima, l’Immacolata, - afferma Paolo VI nella Solemnis Professio fidei (30 giugno 1968) - “associata ai misteri dell’Incarnazione e della Redenzione con un vincolo stretto e indissolubile, al termine della sua vita terrena, è stata elevata in corpo e anima alla gloria celeste e configurata a suo Figlio risorto, anticipando la sorte futura di tutti i giusti”. Anche papa Giovanni Paolo II, nella sua catechesi del 25 giugno 1997, pur senza l’intenzione di chiudere il dibattito, ha detto: “È possibile che Maria di Nazaret abbia sperimentato nella carne il dramma della morte? Riflettendo sul destino di Maria e sul suo rapporto con il suo divin Figlio, sembra legittimo rispondere positivamente, dal momento che Cristo è morto, sarebbe difficile sostenere il contrario per la Madre”. La possibilità della morte naturale, o dormizione, di Maria, è presentata come di un fatto comunemente ammesso.
La tesi della morte naturale di Maria è presente nella tradizionale almeno dal IV secolo in poi; dal medioevo è stata fatta sostenuta specialmente dai teologi della Scuola francescana, e, oggi, appartiene al Magistero della Chiesa. L’argomento più forte dei mortalisti sembra essere quello che la Beata Vergine doveva essere configurata a Cristo nella sua morte e risurrezione, per poter essere così il modello universale dei redenti.
Intorno a questa delicata e complessa questione, si distingue il pensiero del “Maestro più qualificato della scuola francescana”, Giovanni Duns Scoto (1266-1308), per la sua sottigliezza concretezza e fedeltà nell’interpretare la Parola rivelata. Difatti, in sintonia con la sua visione globale del mistero di Cristo, egli instaura una forma di perfetta analogia: come Cristo è morto ed è risorto, così anche Maria è morta ed è stata assunta in cielo. E trova il fondamento biblico nel commento al passo del Genesi: sei polvere e in polvere ritornerai (Gn 3, 19), il cui “valore - scrive - è così generale che non ammette eccezione, neppure per Cristo e Maria” (Reportata Parisiensia, IV, d. 43, q. 5, n. 8).
Questo pensiero del Cantore dell’Immacolata diventa ancora più chiaro alla luce della sottile e delicata differenza che egli, solo, introduce tra “legge naturale” e “legge morale”. La morte appartiene alla “legge naturale”, che, di per sé, non ammette eccezioni di sorta; il peccato originale, invece, alla “legge morale”, che sopporta l’eccezione, come di fatto è avvenuto nella storia della salvezza, proprio per la Vergine Maria. In questo modo, si comprende meglio anche la differenza dell’universalità del peccato con l’universalità della morte. Di per sé, la morte è una conseguenza del peccato, cioè è un demerito o una punizione; in Cristo e Maria, invece, la morte risponde alla legge naturale e non alla legge morale, dal momento che essi sono esenti dal peccato d’origine e attuale, e, quindi, “per privazione dell’abbondanza di gloria di per sé nel corpo” (Ordinatio, III, d. 16, q. 1, n. 5).
E commentando anche il testo paolino: la morte è entrata nel mondo per il
peccato (Rm 5, 12), annota: “sì, la morte è entrata nel mondo per il peccato,
ma è stata preceduta dalla potenza di morire” (Reportata Parisiensia, II, d.
19, q. unica, n. 3). La morte, perciò, secondo Duns Scoto più che al peccato,
anche se con esso è una punizione, appartiene alla legge di natura materiale
del corpo che è mortale intrinsecamente e metafisicamente, perché è un
composto. Allora anche Maria è passata attraverso il dolce sonno della morte
alla beata assunzione in cielo, come suo Figlio, anche se con modalità
differenti, proprio in forza dei meriti de condigno che Cristo ha acquistato
per gli altri.
Applicazione spirituale
Al termine di questo breve e veloce viaggio storico-dottrinale sulla verità dogmatica dell’Assunzione, si può notare la differenza complementare tra la Munificentissimus Deus di Pio XII, che mette in risalto i profondi risvolti cristologici; e l’ecclesiologia del concilio Vaticano II, che rende presenta l’Assunzione come Primizia e Icona della Chiesa. Maria, perciò, viene presentata come Icona non statica ma dinamica, nel senso che esprime la perfetta sintesi del progetto di grazia, che Dio, per Cristo nello Spirito, compie a favore del genere umano, ed è soprattutto incitamento e stimolo a percorrere con gioia la via tracciata da Dio per l’attuazione del suo disegno salvifico.
La gloria celeste di cui si parla nella definizione dogmatica dell’Assunzione è lo stato di beatitudine nel quale si trova attualmente l’umanità santissima di Gesù Cristo, e al quale giungeranno tutti gli eletti alla fine del mondo. Il privilegio dell’Assunzione concesso a Maria consiste, quindi, nel dono dell’anticipata glorificazione integrale del suo essere, anima e corpo, a somiglianza del suo Figlio, che è asceso al Cielo.
E questo perché - commenta il Cantore dell’Immacolata - Cristo e Maria, essendo
stati predestinati insieme con l’unico e medesimo atto di predestinazione da
parte di Dio Padre nel suo grandioso meraviglioso e sublime disegno d’amore (Ef
1, 3-6), non possono essere distaccati nella vita celeste del Regno: Cristo è
Re e Maria, Regina dei Cieli. Pertanto, l’espressione “assunta alla gloria
celeste” non designa, di per sé, una traslazione locale del corpo della Vergine
Maria dalla terra al cielo, ma il passaggio dalla condizione dell’esistenza
terrena alla condizione dell’esistenza propria della beatitudine celeste. I
teologi ammettono comunemente che il “cielo” non significhi soltanto uno
“stato”, ma anche un “luogo”: il luogo dove si trova appunto Cristo risorto e
glorioso, in anima e corpo, e dove si trova Maria accanto a Lui. Precisare
ulteriormente dove si trovi, e in quale ordine di rapporti con il nostro
universo visibile è assolutamente impossibile. Quanto alle condizioni di
esistenza della Vergine Assunta e del suo corpo glorioso, si possono applicare
tutti i concetti che la teologia, fondandosi principalmente su S. Paolo (1Cor
15, 35-52), ha elaborato per illustrare le condizioni di esistenza sia di
Cristo risorto che dei beati dopo la risurrezione finale.
Autore: P. Giovanni Lauriola ofm
Palma Vecchio (1480–1528). Assomption de la Vierge Marie, vers 1513, Venise, Accademia di Belle Arti di Venezia
La “dormitio Virginis” e l'assunzione, in Oriente e in Occidente, sono fra le più antiche feste mariane. Fu papa Pio XII il 1° novembre del 1950, Anno Santo, a proclamare solennemente per la Chiesa cattolica come dogma di fede l’Assunzione della Vergine Maria al cielo con la Costituzione apostolica Munificentissimus Deus: « Pertanto, dopo avere innalzato ancora a Dio supplici istanze, e avere invocato la luce dello Spirito di Verità, a gloria di Dio onnipotente, che ha riversato in Maria vergine la sua speciale benevolenza a onore del suo Figlio, Re immortale dei secoli e vincitore del peccato e della morte, a maggior gloria della sua augusta Madre e a gioia ed esultanza di tutta la chiesa, per l'autorità di nostro Signore Gesù Cristo, dei santi apostoli Pietro e Paolo e Nostra, pronunziamo, dichiariamo e definiamo essere dogma da Dio rivelato che: l'immacolata Madre di Dio sempre vergine Maria, terminato il corso della vita terrena, fu assunta alla gloria celeste in anima e corpo. Perciò, se alcuno, che Dio non voglia, osasse negare o porre in dubbio volontariamente ciò che da Noi è stato definito, sappia che è venuto meno alla fede divina e cattolica».
La Chiesa ortodossa e la Chiesa apostolica armena celebrano il 15 agosto la
festa della Dormizione di Maria.
Cosa si festeggia in questa solennità?
L'Immacolata Vergine la quale, preservata immune da ogni colpa originale, finito il corso della sua vita, fu assunta, cioè accolta, alla celeste gloria in anima e corpo e dal Signore esaltata quale regina dell'universo, perché fosse più pienamente conforme al Figlio suo, Signore dei dominanti e vincitore del peccato e della morte. (Conc. Vat. II, Lumen gentium, 59). La Vergine Assunta, recita il Messale romano, è primizia della Chiesa celeste e segno di consolazione e di sicura speranza per la chiesa pellegrina. Questo perché l'Assunzione di Maria è un'anticipazione della resurrezione della carne, che per tutti gli altri uomini avverrà soltanto alla fine dei tempi, con il Giudizio universale. È una solennità che, corrispondendo al natalis (morte) degli altri santi, è considerata la festa principale della Vergine.
Il 15 agosto ricorda con probabilità la dedicazione di una grande chiesa a
Maria in Gerusalemme.
Qual è la differenza tra “assunzione” e “dormizione”?
La differenza principale tra Dormizione e Assunzione è che la seconda non
implica necessariamente la morte, ma neppure la esclude.
Quali sono le fonti?
Il primo scritto attendibile che narra dell’Assunzione di Maria Vergine
in Cielo, come la tradizione fino ad allora aveva tramandato oralmente, reca la
firma del Vescovo san Gregorio di Tours ( 538 ca.- 594), storico e
agiografo gallo-romano: «Infine, quando la beata Vergine, avendo completato il
corso della sua esistenza terrena, stava per essere chiamata da questo mondo,
tutti gli apostoli, provenienti dalle loro differenti regioni, si riunirono
nella sua casa. Quando sentirono che essa stava per lasciare il mondo,
vegliarono insieme con lei. Ma ecco che il Signore Gesù venne con i suoi angeli
e, presa la sua anima, la consegnò all’arcangelo Michele e si allontanò.
All’alba gli apostoli sollevarono il suo corpo su un giaciglio, lo deposero su
un sepolcro e lo custodirono, in attesa della venuta del Signore. Ed ecco che
per la seconda volta il Signore si presentò a loro, ordinò che il sacro corpo
fosse preso e portato in Paradiso».
Qual è il significato teologico?
Il Dottore della Chiesa san Giovanni Damasceno (676 ca.- 749) scriverà: «Era
conveniente che colei che nel parto aveva conservato integra la sua verginità
conservasse integro da corruzione il suo corpo dopo la morte. Era conveniente
che colei che aveva portato nel seno il Creatore fatto bambino abitasse nella
dimora divina. Era conveniente che la Sposa di Dio entrasse nella casa celeste.
Era conveniente che colei che aveva visto il proprio figlio sulla Croce,
ricevendo nel corpo il dolore che le era stato risparmiato nel parto, lo
contemplasse seduto alla destra del Padre. Era conveniente che la Madre di Dio
possedesse ciò che le era dovuto a motivo di suo figlio e che fosse onorata da
tutte le creature quale Madre e schiava di Dio». La Madre di Dio, che era stata
risparmiata dalla corruzione del peccato originale, fu risparmiata dalla
corruzione del suo corpo immacolato, Colei che aveva ospitato il Verbo doveva
entrare nel Regno dei Cieli con il suo corpo glorioso.
Cosa dicono i Padri della Chiesa?
San Germano di Costantinopoli (635 ca.-733), considerato il vertice della
mariologia patristica, è in favore dell’Assunzione e per tre principali
ragioni: pone sulla bocca di Gesù queste parole: «Vieni di buon grado
presso colui che è stato da te generato. Con dovere di figlio io voglio
rallegrarti; voglio ripagare la dimora nel seno materno, il soldo
dell’allattamento, il compenso dell’educazione; voglio dare la certezza al tuo
cuore. O Madre, tu che mi hai avuto come figlio unigenito, scegli piuttosto di
abitare con me». Altra ragione è data dalla totale purezza e integrità di
Maria. Terzo: il ruolo di intercessione e di mediazione che la Vergine è
chiamata a svolgere davanti al Figlio in favore degli uomini.
Leggiamo ancora nel suo scritto dell’Omelia I sulla Dormizione, che attinge a
sua volta da San Giovanni Arcivescovo di Tessalonica ( tra il 610 e il 649 ca.)
e da un testo di quest’ultimo, che descrive dettagliatamente le origini della
festa dell’Assunzione, dato certo nella Chiesa Orientale dei primi secoli:
«Essendo umano (il tuo corpo) si è trasformato per adattarsi alla suprema vita
dell’immortalità; tuttavia è rimasto integro e gloriosissimo, dotato di
perfetta vitalità e non soggetto al sonno (della morte), proprio perché non era
possibile che fosse posseduto da un sepolcro, compagno della morte, quel vaso
che conteneva Dio e quel tempio vivente della divinità santissima
dell’Unigenito». Poi prosegue: «Tu, secondo ciò che è stato scritto, sei
bella e il tuo corpo verginale è tutto santo, tutto casto, tutto abitazione di
Dio: perciò è anche estraneo al dissolvimento in polvere. Infatti, come un
figlio cerca e desidera la propria madre, e la madre ama vivere con il figlio,
così fu giusto che anche tu, che possedevi un cuore colmo di amore materno
verso il Figlio tuo e Dio, ritornassi a lui; e fu anche del tutto conveniente
che a sua volta Dio, il quale nei tuoi riguardi aveva quel sentimento d’amore
che si prova per una madre, ti rendesse partecipe della sua comunanza di vita
con se stesso».
Perché il giorno dell'Assunta è detto anche Ferragosto?
Il termine Ferragosto deriva dalla locuzione latina feriae Augusti (riposo di
Augusto) indicante una festività istituita dall'imperatore Augusto nel 18 a.C.
che si aggiungeva alle esistenti e antichissime festività cadenti nello stesso
mese, come i Vinalia rustica o i Consualia, per celebrare i raccolti e la fine
dei principali lavori agricoli. L'antico Ferragosto, oltre agli evidenti fini
di auto-promozione politica, aveva lo scopo di collegare le principali
festività agostane per fornire un adeguato periodo di riposo, anche detto
Augustali, necessario dopo le grandi fatiche profuse durante le settimane
precedenti.
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/20450
COSTITUZIONE APOSTOLICA
Il munificentissimo Dio,
che tutto può e le cui disposizioni di provvidenza sono fatte di sapienza e
d'amore, nei suoi imperscrutabili disegni contempera nella vita dei popoli e in
quella dei singoli uomini dolori e gioie, affinché per vie diverse e in diverse
maniere tutto cooperi in bene per coloro che lo amano (cf. Rm 8, 28).
Il Nostro pontificato,
come anche l'età presente, è assillato da tante cure, preoccupazioni e angosce,
per le presenti gravissime calamità e l'aberrazione di molti dalla verità e
dalla virtù; ma Ci è di grande conforto vedere che, mentre la fede cattolica si
manifesta pubblicamente più attiva, si accende ogni giorno più la devozione
verso la vergine Madre di Dio, e quasi dovunque è stimolo e auspicio di una
vita migliore e più santa. Per cui, mentre la santissima Vergine compie
amorosissimamente l'ufficio di madre verso i redenti dal sangue di Cristo, la
mente e il cuore dei figli sono stimolati con maggiore impegno a una più
amorosa contemplazione dei suoi privilegi.
Dio, infatti, che da
tutta l'eternità guarda Maria vergine, con particolare pienissima compiacenza,
«quando venne la pienezza del tempo» (Gal 4, 4), attuò il disegno della
sua provvidenza in tal modo che risplendessero in perfetta armonia i privilegi
e le prerogative che con somma liberalità ha riversato su di lei. Che se questa
somma liberalità e piena armonia di grazie dalla chiesa furono sempre
riconosciute e sempre meglio penetrate nel corso dei secoli, nel nostro tempo è
stato posto senza dubbio in maggior luce il privilegio della corporea
assunzione al cielo della vergine Madre di Dio Maria.
Questo privilegio
risplendette di nuovo fulgore fin da quando il nostro predecessore Pio IX,
d'immortale memoria, definì solennemente il dogma dell'immacolata concezione
dell'augusta Madre di Dio. Questi due privilegi infatti sono strettamente
connessi tra loro. Cristo con la sua morte ha vinto il peccato e la morte, e
sull'uno e sull'altra riporta vittoria in virtù di Cristo chi è stato
rigenerato soprannaturalmente col battesimo. Ma per legge generale Dio non
vuole concedere ai giusti il pieno effetto di questa vittoria sulla morte se
non quando sarà giunta la fine dei tempi. Perciò anche i corpi dei giusti dopo
la morte si dissolvono, e soltanto nell'ultimo giorno si ricongiungeranno
ciascuno con la propria anima gloriosa.
Ma da questa legge
generale Dio volle esente la beata vergine Maria. Ella per privilegio del tutto
singolare ha vinto il peccato con la sua concezione immacolata; perciò non fu
soggetta alla legge di restare nella corruzione del sepolcro, né dovette
attendere la redenzione del suo corpo solo alla fine del mondo.
Plebiscito unanime
Per questo, quando fu
solennemente definito che la vergine Madre di Dio Maria fu immune della macchia
ereditaria fin dalla sua concezione, i fedeli furono pervasi da una più viva
speranza che quanto prima sarebbe stato definito dal supremo magistero della
chiesa anche il dogma della corporea assunzione al cielo di Maria vergine.
Infatti si videro non
solo singoli fedeli, ma anche rappresentanti di nazioni o di province
ecclesiastiche e anzi non pochi padri del concilio Vaticano chiedere con vive
istanze all'apostolica sede questa definizione.
In seguito queste
petizioni e voti non solo non diminuirono, ma aumentarono di giorno in giorno
per numero ed insistenza. Infatti per questo scopo furono promosse crociate di
preghiere; molti ed esimi teologi intensificarono i loro studi su questo
soggetto, sia in privato, sia nei pubblici atenei ecclesiastici e nelle altre
scuole destinate all'insegnamento delle sacre discipline; in molte parti
dell'orbe cattolico furono tenuti congressi mariani sia nazionali sia
internazionali. Tutti questi studi e ricerche posero in maggiore luce che nel deposito
della fede affidato alla chiesa era contenuto anche il dogma dell'assunzione di
Maria vergine al cielo; e generalmente ne seguirono petizioni con cui si
chiedeva instantemente a questa sede apostolica che questa verità fosse
solennemente definita.
In questa pia gara i
fedeli furono mirabilmente uniti coi loro pastori, i quali in numero veramente
imponente rivolsero simili petizioni a questa Cattedra di S. Pietro. Perciò
quando fummo elevati al trono del sommo pontificato erano state già presentate a
questa sede apostolica molte migliaia di tali suppliche da ogni parte della
terra e da ogni classe di persone: dai nostri diletti figli cardinali del sacro
collegio, dai venerabili fratelli arcivescovi e vescovi, dalle diocesi e dalle
parrocchie.
Per la qual cosa, mentre
elevavamo a Dio ardenti preghiere perché infondesse nella Nostra mente la luce
dello Spirito Santo per decidere di una causa così importante, impartimmo
speciali ordini perché si fondessero insieme le forze e venissero iniziati
studi più rigorosi su questo soggetto, e intanto si raccogliessero e si
ponderassero accuratamente tutte le petizioni che dal tempo del Nostro
predecessore Pio IX, di felice memoria, fino ai nostri tempi erano state
inviate a questa sede apostolica circa l'assunzione della beatissima vergine
Maria al cielo.(2)
Il magistero della chiesa
Ma poiché si trattava di
cosa di tanta importanza e gravità, ritenemmo opportuno chiedere direttamente e
in forma ufficiale a tutti i venerabili fratelli nell'episcopato che Ci
esprimessero apertamente il loro pensiero. Perciò il 1° maggio 1946
indirizzammo loro la lettera [enciclica Deiparae
Virginis Mariae, in cui chiedevamo: «Se voi, venerabili fratelli, nella
vostra esimia sapienza e prudenza ritenete che l'assunzione corporea della
beatissima Vergine si possa proporre e definire come dogma di fede, e se col
vostro clero e il vostro popolo lo desiderate».
E coloro che «lo Spirito
Santo ha costituito vescovi per pascere la chiesa di Dio» (At 20, 28)
hanno dato all'una e all'altra domanda una risposta pressoché unanimemente
affermativa. Questo «singolare consenso, dell'episcopato cattolico e dei
fedeli»,(3)
nel ritenere definibile, come dogma di fede, l'assunzione corporea al cielo
della Madre di Dio, presentandoci il concorde insegnamento del magistero
ordinario della chiesa e la fede concorde del popolo cristiano, da esso
sostenuta e diretta, da se stesso manifesta in modo certo e infallibile che
tale privilegio è verità rivelata da Dio e contenuta in quel divino deposito
che Cristo affidò alla sua Sposa, perché lo custodisse fedelmente e
infallibilmente lo dichiarasse.(4)
Il magistero della chiesa, non certo per industria puramente umana, ma per
l'assistenza dello Spirito di verità (cf. Gv 14, 26), e perciò
infallibilmente, adempie il suo mandato di conservare perennemente pure e
integre le verità rivelate, e le trasmette senza contaminazione, senza
aggiunte, senza diminuzioni. «Infatti, come insegna il concilio Vaticano, ai
successori di Pietro non fu promesso lo Spirito Santo, perché, per sua
rivelazione, manifestassero una nuova dottrina, ma perché, per la sua
assistenza, custodissero inviolabilmente ed esponessero con fedeltà la
rivelazione trasmessa dagli apostoli, ossia il deposito della fede».(5)
Pertanto dal consenso universale di un magistero ordinario della chiesa si trae
un argomento certo e sicuro per affermare che l'assunzione corporea della beata
vergine Maria al cielo, - la quale, quanto alla celeste glorificazione del
corpo virgineo dell'augusta Madre di Dio, non poteva essere conosciuta da
nessuna facoltà umana con le sole sue forze naturali è verità da Dio rivelata,
e perciò tutti i figli della chiesa debbono crederla con fermezza e fedeltà.
Poiché, come insegna lo stesso concilio Vaticano, «debbono essere credute per
fede divina e cattolica tutte quelle cose che sono contenute nella parola di
Dio scritta o trasmessa oralmente o col suo ordinario e universale magistero,
propone a credere come rivelate da Dio».(6)
Di questa fede comune
della chiesa si ebbero fin dall'antichità lungo il corso dei secoli varie
testimonianze, indizi e vestigia; anzi tale fede si andò manifestando sempre
più chiaramente.
I fedeli, guidati e istruiti
dai loro pastori, appresero bensì dalla s. Scrittura che la vergine Maria,
durante il suo terreno pellegrinaggio, menò una vita piena di preoccupazioni,
angustie e dolori; inoltre che si avverò ciò che il santo vecchio Simeone aveva
predetto, perché un'acutissima spada le trapassò il cuore ai piedi della croce
del suo divino Figlio, nostro Redentore. Parimenti non trovarono difficoltà
nell'ammettere che Maria sia morta, come già il suo Unigenito. Ma ciò non
impedì loro di credere e professare apertamente che non fu soggetto alla
corruzione del sepolcro il suo sacro corpo e che non fu ridotto in putredine e
in cenere l'augusto tabernacolo del Verbo divino. Anzi, illuminati dalla divina
grazia e spinti dall'amore verso colei che è Madre di Dio e Madre nostra
dolcissima, hanno contemplato in luce sempre più chiara l'armonia meravigliosa
dei privilegi che il provvidentissimo Iddio ha elargito all'alma Socia del
nostro Redentore, e che hanno raggiunto un tale altissimo vertice, quale da
nessun essere creato, eccettuata la natura umana di Cristo, è stato mai
raggiunto.
L'omaggio dei fedeli
Questa stessa fede
attestano chiaramente quegli innumerevoli templi dedicati a Dio in onore di
Maria vergine assunta al cielo, e le sacre immagini ivi esposte alla venerazione
dei fedeli, le quali pongono dinanzi agli occhi di tutti questo singolare
trionfo della beata Vergine. Inoltre città, diocesi e regioni furono poste
sotto la speciale tutela e patrocinio della Vergine assunta in cielo; parimenti
con l'approvazione della chiesa sono sorti Istituti religiosi che prendono nome
da tale privilegio. Né va dimenticato che nel rosario mariano, la cui recita è
tanto raccomandata da questa sede apostolica, viene proposto alla pia
meditazione un mistero che, come tutti sanno, tratta dell'assunzione della
beatissima Vergine.
La liturgia delle chiese
d'oriente e d'occidente
Ma in modo più splendido
e universale questa fede dei sacri Pastori e dei fedeli cristiani è manifestata
dal fatto che fin dall'antichità si celebra in Oriente e in Occidente una
solenne festa liturgica: di qui infatti i santi padri e i dottori della chiesa
non mancarono mai di attingere luce, poiché, come è ben noto, la sacra
liturgia, «essendo anche una professione delle celesti verità, sottoposta al
supremo magistero della chiesa, può offrire argomenti e testimonianze di non
piccolo rilievo, per determinare qualche punto particolare della dottrina
cristiana».(7)
Nei libri liturgici, che
riportano la festa sia della Dormizione sia dell'Assunzione di santa
Maria, si hanno espressioni in qualche modo concordanti nel dire che quando la
vergine Madre di Dio salì al cielo da questo esilio, al suo sacro corpo, per
disposizione della divina Provvidenza, accaddero cose consentanee alla sua
dignità di Madre del Verbo incarnato e agli altri privilegi a lei elargiti. Ciò
è asserito, per portarne un esempio insigne, in quel Sacramentario che
il Nostro predecessore Adriano I, d'immortale memoria, mandò all'imperatore
Carlo Magno. In esso infatti si legge: «Degna di venerazione è per noi, o
Signore, la festività di questo giorno, in cui la santa Madre di Dio subì la
morte temporale, ma non poté essere umiliata dai vincoli della morte colei che
generò il tuo Figlio, nostro Signore, incarnato da lei».(8)
Ciò che qui è indicato
con la sobrietà consueta della Liturgia romana, nei libri delle altre antiche
liturgie, sia orientali, sia occidentali, è espressa più diffusamente e con
maggior chiarezza. Il Sacramentario gallicano, per esempio, definisce
questo privilegio di Maria «inspiegabile mistero, tanto più ammirabile, quanto
più è singolare tra gli uomini». E nella liturgia bizantina viene ripetutamente
collegata l'assunzione corporea di Maria non solo con la sua dignità di Madre
di Dio, ma anche con altri suoi privilegi, specialmente con la sua maternità
verginale, prestabilita da un disegno singolare della Provvidenza divina: «A te
Dio, re dell'universo, concesse cose che sono al disopra della natura; poiché
come nel parto ti conservò vergine, così nel sepolcro conservò incorrotto il
tuo corpo, e con la divina traslazione lo conglorificò».(9)
La festa dell'Assunta
Il fatto poi che la sede
apostolica, erede dell'ufficio affidato al Principe degli apostoli di
confermare nella fede i fratelli (cf. Lc 22, 32), con la sua autorità
rese sempre più solenne questa festa, stimolò efficacemente i fedeli ad apprezzare
sempre più la grandezza di questo mistero. Così la festa dell'Assunzione dal
posto onorevole che ebbe fin dall'inizio tra le altre celebrazioni mariane, fu
portata in seguito fra le più solenni di tutto il ciclo liturgico. Il Nostro
predecessore s. Sergio I, prescrivendo la litania o processione stazionale per
le quattro feste mariane, enumera insieme la Natività, l'Annunciazione, la
Purificazione e la Dormizione di Maria.(10)
In seguito s. Leone IV volle aggiungere alla festa, che già si celebrava sotto
il titolo dell'Assunzione della beata Genitrice di Dio, una maggiore solennità,
prescrivendone la vigilia e l'ottava; e in tale circostanza volle partecipare
personalmente alla celebrazione in mezzo a una grande moltitudine di fedeli.(11)
Inoltre che già anticamente questa festa fosse preceduta dall'obbligo del
digiuno appare chiaro da ciò che attesta il Nostro predecessore s. Niccolò I,
ove parla dei principali digiuni «che la santa chiesa romana ricevette dall'antichità
ed osserva tuttora».(12)
Ma poiché la liturgia
della chiesa non crea la fede cattolica, ma la suppone, e da questa derivano,
come frutti dall'albero, le pratiche del culto, i santi padri e i grandi
dottori nelle omelie e nei discorsi rivolti al popolo in occasione di questa
festa non vi attinsero come da prima sorgente la dottrina; ma parlarono di questa
come di cosa nota e ammessa dai fedeli; la chiarirono meglio; ne precisarono e
approfondirono il senso e l'oggetto, dichiarando specialmente ciò che spesso i
libri liturgici avevano soltanto fugacemente accennato: cioè che oggetto della
festa non era soltanto l'incorruzione del corpo esanime della beata vergine
Maria, ma anche il suo trionfo sulla morte e la sua celeste «glorificazione», a
somiglianza del suo unigenito Gesù Cristo.
La voce dei santi padri
Così s. Giovanni
Damasceno, che si distingue tra tutti come teste esimio di questa tradizione,
considerando l'assunzione corporea dell'alma Madre di Dio nella luce degli
altri suoi privilegi, esclama con vigorosa eloquenza: «Era necessario che
colei, che nel parto aveva conservato illesa la sua verginità, conservasse
anche senza alcuna corruzione il suo corpo dopo la morte. Era necessario che
colei, che aveva portato nel suo seno il Creatore fatto bambino, abitasse nei
tabernacoli divini. Era necessario che la sposa del Padre abitasse nei talami
celesti. Era necessario che colei che aveva visto il suo Figlio sulla croce,
ricevendo nel cuore quella spada di dolore dalla quale era stata immune nel
darlo alla luce, lo contemplasse sedente alla destra del Padre. Era necessario
che la Madre di Dio possedesse ciò che appartiene al Figlio e da tutte le
creature fosse onorata come Madre e Ancella di Dio».(13)
Queste espressioni di s.
Giovanni Damasceno corrispondono fedelmente a quelle di altri, affermanti la
stessa dottrina. Infatti parole non meno chiare e precise si trovano nei
discorsi che in occasione della festa tennero altri Padri anteriori o coevi.
Così, per citare altri esempi, s. Germano di Costantinopoli trovava consentanea
l'incorruzione e l'assunzione al cielo del corpo della Vergine Madre di Dio,
non solo alla sua divina maternità, ma anche alla speciale santità del suo
stesso corpo verginale: «Tu, come fu scritto, apparisci "in
bellezza", e il tuo corpo verginale è tutto santo, tutto casto, tutto
domicilio di Dio; cosicché anche per questo sia poi immune dalla risoluzione in
polvere; trasformato bensì, in quanto umano, nell'eccelsa vita della
incorruttibilità; ma lo stesso vivo, gloriosissimo, incolume e dotato della
pienezza della vita».(14)
E un altro antico scrittore dice: «Come gloriosissima Madre di Cristo, nostro
Salvatore e Dio, donatore della vita e dell'immortalità, è da lui vivificata,
rivestita di corpo in un'eterna incorruttibilità con lui, che la risuscitò dal
sepolcro e la assunse a sé, in modo conosciuto da lui solo».(15)
Con l'estendersi e
l'affermarsi della festa liturgica, i pastori della chiesa e i sacri oratori,
in numero sempre maggiore, si fecero un dovere di precisare apertamente e con
chiarezza il mistero che è oggetto della festa e la sua strettissima
connessione con le altre verità rivelate.
L'insegnamento dei
teologi
Tra i teologi scolastici
non mancarono di quelli che, volendo penetrare più addentro nelle verità
rivelate e mostrare l'accordo tra la ragione teologica e la fede cattolica,
fecero rilevare che questo privilegio dell'assunzione di Maria vergine concorda
mirabilmente con le verità che ci sono insegnate dalla sacra Scrittura.
Partendo da questo
presupposto, presentarono per illustrare questo privilegio mariano diverse
ragioni, contenute quasi in germe in questo: che Gesù ha voluto l'assunzione di
Maria al cielo per la sua pietà filiale verso di lei. Ritenevano quindi che la
forza di tali argomenti riposa sulla dignità incomparabile della maternità
divina e su tutte quelle doti che ne conseguono: la sua insigne santità,
superiore a quella di tutti gli uomini e di tutti gli angeli; l'intima unione
di Maria col suo Figlio; e quell'amore sommo che il Figlio portava alla sua
degnissima Madre.
Frequentemente poi
s'incontrano teologi e sacri oratori che, sulle orme dei santi padri,(16)
per illustrare la loro fede nell'assunzione si servono, con una certa libertà,
di fatti e detti della s. Scrittura. Così per citare soltanto alcuni testi fra
i più usati, vi sono di quelli che riportano le parole del Salmista: «Vieni o
Signore, nel tuo riposo; tu e l'Arca della tua santificazione» (Sal 131,
8), e vedono nell'Arca dell'Alleanza fatta di legno incorruttibile e posta
nel tempio del Signore, quasi una immagine del corpo purissimo di Maria
vergine, preservato da ogni corruzione del sepolcro ed elevato a tanta gloria
nel cielo. Allo stesso scopo descrivono la Regina che entra trionfalmente nella
reggia celeste e si asside alla destra del divino Redentore (Sal 44,
10.14-16), nonché la Sposa del Cantico dei cantici «che sale dal deserto, come
una colonna di fumo dagli aromi di mirra e d'incenso» per essere incoronata
(Ct 3, 6; cf. 4, 8; 6, 9). L'una e l'altra vengono proposte come figure di
quella Regina e Sposa celeste, che, insieme col divino Sposo, è innalzata alla
reggia dei cieli.
Inoltre i dottori
scolastici videro adombrata l'assunzione della vergine Madre di Dio, non solo
in varie figure dell'Antico Testamento, ma anche in quella Donna vestita di sole,
che l'apostolo Giovanni contemplò nell'isola di Patmos (Ap 12, 1s). Così
pure, fra i detti del Nuovo Testamento, considerarono con particolare interesse
le parole «Ave, o piena di grazia, il Signore è con te, benedetta tu fra le
donne» (Lc 1, 28), poiché vedevano nel mistero dell'assunzione un
complemento della pienezza di grazia elargita alla beatissima Vergine, e una
benedizione singolare in opposizione alla maledizione di Eva.
Perciò sul principio
della teologia scolastica il pio Amedeo, vescovo di Losanna, afferma che la
carne di Maria vergine rimase incorrotta; - non si può credere infatti che il
suo corpo vide la corruzione, - perché realmente fu riunito alla sua anima e
insieme con essa fu circonfuso di altissima gloria nella corte celeste. «Era infatti
piena di grazia e benedetta fra le donne (Lc 1, 28). Lei sola meritò di
concepire Dio vero da Dio vero, che partorì vergine, vergine allattò,
stringendolo al seno, ed al quale prestò in tutto i suoi santi servigi e
omaggi».(17)
Tra i sacri scrittori poi
che in questo tempo, servendosi di testi scritturistici o di similitudini ed
analogie, illustrarono e confermarono la pia sentenza dell'assunzione, occupa
un posto speciale il dottore evangelico, s. Antonio da Padova. Nella festa
dell'Assunzione, commentando le parole d'Isaia: «Glorificherò il luogo dove
posano i miei piedi» (Is 60, 13), affermò con sicurezza che il divino
Redentore ha glorificato in modo eccelso la sua Madre dilettissima, dalla quale
aveva preso umana carne. «Con ciò si ha chiaramente - dice - che la beata
Vergine è stata assunta col corpo, in cui fu il luogo dei piedi del Signore».
Perciò scrive il Salmista: «Vieni, o Signore, nel tuo riposo, tu e l'Arca della
tua santificazione». Come Gesù Cristo, dice il santo, risorse dalla sconfitta
morte e salì alla destra del Padre suo, così «risorse anche dall'Arca della sua
santificazione, poiché in questo giorno la Vergine Madre fu assunta al talamo
celeste».(18)
La dottrina di s. Alberto
Magno e di s. Tommaso d'Aquino
Quando nel medio evo la
teologia scolastica raggiunse il suo massimo splendore, s. Alberto Magno, dopo
aver raccolti, per provare questa verità, vari argomenti, fondati sulla s.
Scrittura, la tradizione, la liturgia e la ragione teologica, conclude: «Da
queste ragioni e autorità e da molte altre è chiaro che la beatissima Madre di
Dio è stata assunta in corpo ed anima al disopra dei cori degli angeli. E ciò
crediamo assolutamente vero».(19)
E in un discorso tenuto il giorno dell'Annunciazione di Maria, spiegando queste
parole del saluto dell'angelo: «Ave, o piena di grazia ...», il dottore universale
paragona la santissima Vergine con Eva e dice espressamente che fu immune dalla
quadruplice maledizione alla quale Eva fu soggetta.(20)
Il dottore angelico,
seguendo le vestigia del suo insigne Maestro, benché non abbia mai trattato
espressamente la questione, tuttavia ogni volta che occasionalmente ne parla,
ritiene costantemente con la chiesa cattolica che insieme all'anima è stato
assunto al cielo anche il corpo di Maria.(21)
L'interpretazione di s.
Bonaventura
Dello stesso parere è,
fra molti altri, il dottore serafico, il quale ritiene assolutamente certo che,
come Dio pr eservò Maria santissima dalla violazione del pudore e
dell'integrità verginale nella concezione e nel parto, così non ha permesso che
il suo corpo si disfacesse in putredine e cenere.(22)
Interpretando poi e applicando in senso accomodatizio alla beata Vergine queste
parole della s. Scrittura: «Chi è costei che sale dal deserto, ricolma di
delizie, appoggiata al suo diletto?» (Ct 8, 5), così ragiona: «E di qui
può constare che è ivi (nella città celeste) corporalmente. ... Poiché infatti
... la beatitudine non sarebbe piena, se non vi fosse personalmente; e poiché
la persona non è l'anima, ma il composto, è chiaro che vi è secondo il
composto, cioè il corpo e l'anima, altrimenti non avrebbe una piena fruizione».(23)
Il pensiero della
Scolastica nel secolo XV
Nella tarda scolastica,
ossia nel secolo XV, s. Bernardino da Siena, riassumendo e di nuovo trattando
con diligenza tutto ciò che i teologi del medioevo avevano detto e discusso a
tal proposito, non si restrinse a riportare le principali considerazioni già
proposte dai dottori precedenti, ma ne aggiunse delle altre. La somiglianza
cioè della divina Madre col Figlio divino, quanto alla nobiltà e dignità
dell'anima e del corpo - per cui non si può pensare che la celeste Regina sia
separata dal Re dei cieli - esige apertamente che «Maria non debba essere se
non dov'è Cristo»;(24)
inoltre è ragionevole e conveniente che si trovino già glorificati in cielo
l'anima e il corpo, come dell'uomo, così anche della donna; infine il fatto che
la chiesa non ha mai cercato e proposto alla venerazione dei fedeli le reliquie
corporee della beata Vergine, fornisce un argomento che si può dire «quasi una
riprova sensibile».(25)
La conferma dei più
recenti scrittori sacri
In tempi più recenti i
pareri surriferiti dei santi Padri e dei Dottori furono di uso comune. Aderendo
al consenso dei cristiani, trasmesso dai secoli passati, s. Roberto Bellarmino
esclama: «E chi, prego, potrebbe credere che l'arca della santità, il domicilio
del Verbo il tempio dello Spirito Santo sia caduto? Aborrisce il mio animo dal
solo pensare che quella carne verginale che generò Dio, lo partorì, l'alimentò,
lo portò, o sia stata ridotta in cenere o sia stata data in pasto ai vermi».(26)
Parimenti s. Francesco di
Sales, dopo avere asserito che non é lecito dubitare che Gesù Cristo abbia
seguito nel modo più perfetto il divino mandato, col quale ai figli s'impone di
onorare i propri genitori, si pone questa domanda: «Chi è quel figlio che, se
potesse, non richiamerebbe alla vita la propria madre e non la porterebbe dopo
morte con sé in paradiso ?».(27)
E s. Alfonso scrive:
«Gesù preservò il corpo di Maria dalla corruzione, perché ridondava in suo
disonore che fosse guasta dalla putredine quella carne verginale, di cui egli
si era già vestito».(28)
Chiarito però ormai il
mistero che è oggetto di questa festa, non mancarono dottori i quali piuttosto
che occuparsi delle ragioni teologiche, dalle quali si dimostra la somma
convenienza dell'assunzione corporea della beata Vergine Maria in cielo,
rivolsero la loro attenzione alla fede della chiesa, mistica Sposa di Cristo,
non avente né macchia, né grinza (cf. Ef 5, 27), la quale è detta
dall'apostolo «colonna e fondamento della verità» (1 Tm 3, 15) e
appoggiati a questa fede comune ritennero temeraria per non dire eretica, la
sentenza contraria. Infatti s. Pietro Canisio, fra non pochi altri, dopo avere
dichiarato che il termine assunzione significa la glorificazione non solo
dell'anima, ma anche del corpo e dopo aver rilevato che la chiesa già da molti
secoli venera e celebra solennemente questo mistero mariano dell'assunzione,
dice: «Questa sentenza è ammessa già da alcuni secoli ed è issata talmente
nell'anima dei pii fedeli e così accetta a tutta la chiesa, che coloro che
negano che il corpo di Maria sia stato assunto in cielo, non vanno neppure
ascoltati con pazienza, ma fischiati come troppo pertinaci, o del tutto temerari
e animati da spirito non già cattolico, ma eretico».(29)
Contemporaneamente il
dottore esimio, posta come norma della mariologia che «i misteri della grazia,
che Dio ha operato nella Vergine, non vanno misurati secondo le leggi
ordinarie, ma secondo l'onnipotenza di Dio, supposta la convenienza della cosa
in se stessa, ed esclusa ogni contraddizione o ripugnanza da parte della s.
Scrittura»(30)
fondandosi sulla fede della chiesa tutta, circa il mistero dell'assunzione,
poteva concludere che questo mistero doveva credersi con la stessa fermezza
d'animo, con cui doveva credersi l'immacolata concezione della beata Vergine; e
già allora riteneva che queste due verità potessero essere definite.
Tutte queste ragioni e
considerazioni dei santi padri e dei teologi hanno come ultimo fondamento la s.
Scrittura, la quale ci presenta l'alma Madre di Dio unita strettamente al suo
Figlio divino e sempre partecipe della sua sorte. Per cui sembra quasi
impossibile figurarsi che, dopo questa vita, possa essere separata da Cristo -
non diciamo, con l'anima, ma neppure col corpo - colei che lo concepì, lo diede
alla luce, lo nutrì col suo latte, lo portò fra le braccia e lo strinse al
petto. Dal momento che il nostro Redentore è Figlio di Maria, non poteva, come
osservatore perfettissimo della divina legge, non onorare oltre l'eterno Padre
anche la Madre diletta. Potendo quindi dare alla Madre tanto onore,
preservandola immune dalla corruzione del sepolcro, si deve credere che lo
abbia realmente fatto.
Maria è la nuova Eva
Ma in particolare va
ricordato che, fin dal secolo II, Maria Vergine viene presentata dai santi
padri come nuova Eva, strettamente unita al nuovo Adamo, sebbene a lui
soggetta, in quella lotta contro il nemico infernale, che, com'è stato
preannunziato dal protovangelo (Gn 3, 15), si sarebbe conclusa con la
pienissima vittoria sul peccato e sulla morte, sempre congiunti negli scritti
dell'apostolo delle genti (cf. Rm cc. 5 e 6; 1 Cor 15,
21-26.54-57). Per la qual cosa, come la gloriosa risurrezione di Cristo fu
parte essenziale e segno finale di questa vittoria, così anche per Maria la
lotta che ha in comune col Figlio suo si doveva concludere con la
glorificazione del suo corpo verginale: perché, come dice lo stesso apostolo,
«quando... questo corpo mortale sarà rivestito dell'immortalità, allora sarà
adempiuta la parola che sta scritta: è stata assorbita la morte nella vittoria»
(1 Cor 15, 54).
In tal modo l'augusta
Madre di Dio, arcanamente unita a Gesù Cristo fin da tutta l'eternità «con uno
stesso decreto»(31)
di predestinazione, immacolata nella sua concezione, Vergine illibata nella sua
divina maternità, generosa Socia del divino Redentore, che ha riportato un
pieno trionfo sul peccato e sulle sue conseguenze, alla fine, come supremo
coronamento dei suoi privilegi, ottenne di essere preservata dalla corruzione
del sepolcro, e, vinta la morte, come già il suo Figlio, di essere innalzata in
anima e corpo alla gloria del cielo, dove risplende Regina alla destra del
Figlio suo, Re immortale dei secoli (cf. 1 Tm 1, 17).
Le ragioni del nuovo
dogma
Poiché la chiesa
universale nella quale vive lo Spirito di verità e la conduce infallibilmente
alla conoscenza delle verità rivelate, nel corso dei secoli ha manifestato in
molti modi la sua fede, e poiché tutti i vescovi dell'orbe cattolico con quasi
unanime consenso chiedono che sia definita come dogma di fede divina e
cattolica la verità dell'assunzione corporea della beatissima vergine Maria al
cielo - verità fondata sulla s. Scrittura, insita profondamente nell'animo dei
fedeli, confermata dal culto ecclesiastico fin dai tempi remotissimi,
sommamente consona con altre verità rivelate, splendidamente illustrata e
spiegata dallo studio della scienza e sapienza dei teologi - riteniamo giunto
il momento prestabilito dalla provvidenza di Dio per proclamare solennemente
questo privilegio di Maria vergine.
Noi, che abbiamo posto il
Nostro pontificato sotto lo speciale patrocinio della santissima Vergine, alla
quale Ci siamo rivolti in tante tristissime contingenze, Noi, che con pubblico
rito abbiamo consacrato tutto il genere umano al suo Cuore immacolato, e
abbiamo ripetutamente sperimentato la sua validissima protezione, abbiamo ferma
fiducia che questa solenne proclamazione e definizione dell'assunzione sarà di
grande vantaggio all'umanità intera, perché renderà gloria alla santissima Trinità,
alla quale la Vergine Madre di Dio è legata da vincoli singolari. Vi è da
sperare infatti che tutti i cristiani siano stimolati da una maggiore devozione
verso la Madre celeste, e che il cuore di tutti coloro che si gloriano del nome
cristiano sia mosso a desiderare l'unione col corpo mistico di Gesù Cristo e
l'aumento del proprio amore verso colei che ha viscere materne verso tutti i
membri di quel Corpo augusto. Vi è da sperare inoltre che tutti coloro che
mediteranno i gloriosi esempi di Maria abbiano a persuadersi sempre meglio del
valore della vita umana, se è dedita totalmente all'esercizio della volontà del
Padre celeste e al bene degli altri; che, mentre il materialismo e la
corruzione dei costumi da esso derivata minacciano di sommergere ogni virtù e
di fare scempio di vite umane, suscitando guerre, sia posto dinanzi agli occhi
di tutti in modo luminosissimo a quale eccelso fine le anime e i corpi siano
destinati; che infine la fede nella corporea assunzione di Maria al cielo renda
più ferma e più operosa la fede nella nostra risurrezione.
La coincidenza
provvidenziale poi di questo solenne evento con l'Anno santo che si sta
svolgendo, Ci è particolarmente gradita; ciò infatti Ci permette di ornare la
fronte della vergine Madre di Dio di questa fulgida gemma, mentre si celebra il
massimo giubileo, e di lasciare un monumento perenne della nostra ardente pietà
verso la Regina del cielo.
La solenne definizione
«Pertanto, dopo avere
innalzato ancora a Dio supplici istanze, e avere invocato la luce dello Spirito
di Verità, a gloria di Dio onnipotente, che ha riversato in Maria vergine la
sua speciale benevolenza a onore del suo Figlio, Re immortale dei secoli e
vincitore del peccato e della morte, a maggior gloria della sua augusta Madre e
a gioia ed esultanza di tutta la chiesa, per l'autorità di nostro Signore Gesù
Cristo, dei santi apostoli Pietro e Paolo e Nostra, pronunziamo, dichiariamo e
definiamo essere dogma da Dio rivelato che: l'immacolata Madre di Dio sempre
vergine Maria, terminato il corso della vita terrena, fu assunta alla gloria
celeste in anima e corpo».
Perciò, se alcuno, che
Dio non voglia, osasse negare o porre in dubbio volontariamente ciò che da Noi
è stato definito, sappia che è venuto meno alla fede divina e cattolica.
Affinché poi questa
Nostra definizione dell'assunzione corporea di Maria vergine al cielo sia
portata a conoscenza della chiesa universale, abbiamo voluto che stesse a
perpetua memoria questa Nostra lettera apostolica; comandando che alle sue
copie o esemplari anche stampati, sottoscritti dalla mano di qualche pubblico
notaio e muniti del sigillo di qualche persona costituita in dignità
ecclesiastica, si presti assolutamente da tutti la stessa fede; che si
presterebbe alla presente, se fosse esibita o mostrata.
A nessuno dunque sia
lecito infrangere questa Nostra dichiarazione, proclamazione e definizione, o
ad essa opporsi e contravvenire. Se alcuno invece ardisse di tentarlo, sappia
che incorrerà nell'indignazione di Dio onnipotente e dei suoi beati apostoli
Pietro e Paolo.
Dato a Roma, presso S.
Pietro, nell'anno del massimo giubileo 1950, 1° novembre, festa di tutti i
santi, nell'anno dodicesimo del Nostro pontificato.
Noi PIO, vescovo della chiesa cattolica,
così definendo abbiamo sottoscritto
(1)
PIUS PP. XII, Const. apost. Munificentissimus Deus qua fidei dogma
definitur Deiparam Virginem Mariam corpore et anima fuisse ad caelestem gloriam
assumptam, 1 novembris 1950: AAS 42(1950), pp. 753-771.
La glorificazione di
Maria nella sua corporea assunzione è verità radicata profondamente nel senso
religioso dei cristiani, come dimostrano lungo il corso dei secoli innumerevoli
forme di specifica devozione, ma soprattutto il linguaggio della liturgia
dell'Oriente e dell'Occidente. I santi padri e i dottori della chiesa,
facendosi eco della liturgia, nelle feste dell'Assunta parlano chiaramente
della risurrezione e glorificazione del corpo della Vergine, come di verità
conosciuta e accettata da tutti i fedeli. I teologi, trattando di questo
argomento, dimostrano l'armonia tra la fede e la ragione teologica e la
convenienza di questo privilegio, servendosi di fatti, parole, figure, analogie
contenuti nella sacra Scrittura. Accertata così la fede della chiesa
universale, il papa ritiene giunto il momento di ratificarla con la sua suprema
autorità.
(2) Petitiones
de Assumptione corporea B. Virginis Mariae in Caelum definienda ad S. Sedem
delatae, 2 voll., Typis Polyglottis Vaticanis, 1942.
(3)
Bulla Ineffabilis Deus: Acta Pii IX, pars I, vol. 1, p.
615; EE 2/app.
(4)
Cf. CONC. VAT. I, Const. dogm. Dei Filius de fide catholica, c.
4: COD 808-809.
(5) CONC.
VAT. I, Const. dogm. Pastor aeternus de Ecclesia Christi, c.
4: COD 816.
(6)
CONC. VAT. I, Const. dogm. Dei Filius de fide catholica, c.
3: COD 807.
(7)
Litt. enc. Mediator Dei: AAS 39(1947), p.
541; EE 6/475.
(8) Sacramentarium
Gregorianum.
(12) Responsa
Nicolai Papae I ad consulta Bulgarorum, 13 nov. 866.
(13)
S. IOANNES DAMASCENUS, Encomium in Dormitionem Dei Genetricis semperque
Virginis Mariae, hom. II, 14; cf. etiam ibid., n. 3.
(14)
S. GERMANUS CONST., In sanctae Dei Genetricis Dormitionem, sermo I.
(15) Encomium
in Dormitionem sanctissimae Dominae nostrae Deiparae semperque Virginis
Mariae (S. Modesto Hierosol. attributum), n. 14.
(16)
Cf. S. IOANNES DAMASCENUS, Encomium in Dormitionem Dei Genetricis
semperque Virginis Mariae, hom. II, 2, 11; Encomium in
Dormitionem... (S. Modesto Hierosol. attributum).
(17)
AMEDEUS LAUSANNENSIS, De Beatae Virginis obitu, Assumptione in Caelum,
exaltatione ad Filii dexteram.
(18)
S. ANTONIUS PATAV., Sermones dominicales et in solemnitatibus. In
Assumptione S. Mariae Virginis sermo.
(19)
S. ALBERTUS MAGNUS, Mariale sive quaestiones super Evang. "Missus
est", q. 132.
(20)
S. ALBERTUS MAGNUS, Sermones de sanctis, sermo XV: In Annuntiatione
B. Mariae; cf. etiam: Mariale, q. 132. ,
(21)
Cf. Summa theol., III, q. 27, a. 1 c.; ibid., q. 83, a. 5 ad
8; Expositio salutationis angelicae; In symb. Apostolorum expositio,
art. 5; In IV Sent., D. 12, q. 1, art. 3, sol. 3; D. 43, q. 1, art. 3,
sol. 1 et 2.
(22)
Cf. S. BONAVENTURA, De Nativitate B. Mariae Virginis, sermo 5.
(23)
S BONAVENTURA, De Assumptione B. Mariae Virginis, sermo 1.
(24)
S. BERNARDINUS SENENSIS, In Assumptione B.M. Virginis, sermo 2.
(26)
S. ROBERTUS BELLARMINUS, Conciones habitae Lovanii, concio 40: De
Assumptione B. Mariae Virginis.
(27) Oeuvres
de St François de Sales, Sermon autographe pour la fete de l'Assomption.
(28)
S. ALFONSO MARIA DE' LIGUORI, Le glorie di Maria, parte II, disc. 1.
(29)
S. PETRUS CANISIUS, De Maria Virgine.
(30)
SUAREZ F., In tertiam panem D. Thomae, quaest. 27, art. 2, disp. 3, sec.
5, n. 31.
(31)
Bulla Ineffabilis Deus: l. c., p. 599; EE 2/app.
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la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana
Fermo Ghisoni da Caravaggio.L’Assomption
de Marie, xvie siècle,
Santa
Maria delle Grazie, Curtatone, Mantova
Trésor du grégorien : l’alléluia
« Assumpta est » de la fête de l’Assomption : https://fr.aleteia.org/2019/08/09/tresor-du-gregorien-lalleluia-assumpta-est-de-la-fete-de-lassomption/?utm_campaign=NL_fr&utm_source=daily_newsletter&utm_medium=mail&utm_content=NL_fr
Voir aussi : http://www.introibo.fr/Commentaires-liturgiques-de-la,1032