mercredi 15 août 2012

ASSOMPTION de la TRÈS SAINTE VIERGE MARIE


Assomption de la Vierge Marie

Mère de Jésus-Christ (Ier siècle.)

ou la Dormition de la Mère de Dieu. 

"Tous d'un même coeur, étaient assidus à la prière, avec quelques femmes, dont Marie, mère de Jésus et avec ses frères." (Actes 1. 14)Telle est la dernière mention explicite dans le Nouveau Testament, de Marie, dont on sait qu'après la mort de Jésus, le disciple Jean l'a prise chez lui. Que devient-elle alors? Une tradition la fait vivre quelque temps avec Jean à Ephèse. Mais c'est sans doute à Jérusalem qu'elle termine son séjour terrestre. D'après des récits apocryphes remontant au Ve siècle, les apôtres furent mystérieusement avertis de se retrouver à Jérusalem. Ils purent alors entourer la Mère de Dieu lors de ses derniers instants et de sa Dormition. Trois jours après sa mort, les anges enlevèrent le corps ressuscité de Marie vers le ciel. L'événement marial de ce jour correspond à la fois à la mort, à la résurrection et à l'Ascension du Christ. Au VIe siècle, l'empereur byzantin étend à l'ensemble de l'Église byzantine une fête mariale le 15 août et lui donne le nom de Dormition de la Mère de Dieu. Cette fête se répand ensuite dans l'Église universelle. En Occident elle prend le nom d'Assomption. Les deux dénominations ne font que mettre l'accent sur deux aspects du même mystère. 

"...Dans le triomphe de ce jour, Et dans sa joie, célébrons Dieu..."

(Hymne pour la fête de l'Assomption par Saint Odilon - Église catholique en France)

La Vierge Marie, depuis 1638, sous le règne de Louis XIII, est la patronne de la France, patronage confirmé par le Pape Pie XI (2 mars 1922)

Solennité de l'Assomption de la bienheureuse Vierge Marie, Mère de notre Dieu et Seigneur Jésus Christ, qui, au terme de sa vie terrestre, fut élevée en son corps et en son âme à la gloire du ciel. C'est la doctrine de foi, reçue de la Tradition de l'Église, que le pape Pie XII a définie solennellement en 1950.

Martyrologe romain

SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/980/Assomption-de-la-Vierge-Marie.html

Turino Vanni  (1348–1438), L'Assomption de la Vierge, circa 1375, tempera and gold on board, 120 x 89, Musée du Petit Palais


Assomption de la très Sainte Vierge

vers l'an 57

Cette fête a pour objet de célébrer à la fois la bienheureuse Mort, la glorieuse Résurrection et la triomphante Assomption de la très Sainte Vierge au Ciel.

Jésus avait souffert la mort pour racheter le monde; Marie, dans le plan de la Providence, devait suivre Son divin Fils et mourir. Mais Sa mort ne ressembla en rien à celle du commun des hommes; elle eut pour unique cause l'excès de Son amour et de Ses désirs; elle ne fut accompagnée d'aucune douleur, ni suivie de la corruption du tombeau. Jésus devait tous ces privilèges à Sa sainte Mère.

La tradition rapporte que les Apôtres, dispersés dans l'univers pour prêcher l'Évangile, se trouvèrent miraculeusement réunis autour du lit de mort de Celle qui avait présidé à la naissance et aux premiers développements de l'Église. Trois jours après la mort de Marie, visitant le virginal tombeau avant de se séparer, ils furent les heureux témoins d'une grande merveille. On entendit dans les airs d'harmonieux cantiques; un parfum délicieux s'exhalait du tombeau de Marie; et lorsqu'on l'eut ouvert, on n'y trouva que des fleurs fraîches et vermeilles: les Anges avaient transporté dans les Cieux, en corps et en âme, la Mère du Sauveur.

On ne peut que soupçonner ici bas avec admiration l'accueil qui fut fait à Marie par la Très Sainte Trinité, à laquelle Elle avait été associée d'une manière si sublime dans le mystère du salut des hommes, par Jésus-Christ Son Fils bien-aimé, par les légions des Anges, les Patriarches, les Prophètes, tous les Saints de l'Ancien Testament et les élus de la loi nouvelle. Les plus grands serviteurs de Marie, dans leurs contemplations, se sont plu à dépeindre Son triomphe incomparable, Son couronnement, Sa gloire en ce grand jour.

Mais le triomphe et la gloire de Marie sont éternels. La fête de l'Assomption, outre Sa mort toute sainte, Sa Résurrection et Son couronnement, célèbre Sa royauté toute-puissante. Elle est la Reine du Ciel, la Reine des Anges et des Saints, la Reine de l'Église terrestre, la Reine de l'Église du Purgatoire; et c'est Elle que David a dépeinte dans ses Psaumes: "La Reine S'est assise à Votre droite, couverte d'un manteau d'or, environnée et tout étincelante des richesses les plus variées." L'Assomption de Marie réclamait une définition de foi: l'Église a proclamé ce dogme le 1er novembre 1950. Gloire à Marie!

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950

SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/assomption_de_la_tres_sainte_vierge.html


15 août

Solennité de l'Assomption de la Vierge Marie

Première lecture

Lecture de l'Apocalypse de Saint Jean, (XI 19  & XII 1-6 & 10)[1]

Le Temple qui est dans le ciel s'ouvrit, et l'arche de l'alliance du Seigneur apparut dans son Temple. Un signe grandiose apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle était enceinte et elle criait, torturée par les douleurs de l'enfantement. Un autre signe apparut dans le ciel : un énorme dragon, rouge-feu, avec sept têtes et dix cornes, et sur chaque tête un diadème. Sa queue balayait le tiers des étoiles du ciel, et les précipita sur la terre. Le Dragon se tenait devant la Femme qui allait enfanter, afin de dévorer l'enfant dès sa naissance. Or, la Femme mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les menant avec un sceptre de fer. L'enfant fut enlevé auprès de Dieu et de son trône, et la Femme s'enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place. Alors j'entendis dans le ciel une voix puissante qui proclamait : « Voici maintenant le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu, et le pouvoir de son Christ ! »

Textes liturgiques © AELF, Paris

[1] Après une brève présentation de l'Arche d'alliance (en qui la tradition voit une figure de Marie) apparaissant dans le Temple du ciel, nous lisons une partie de la première vision des signes dans le ciel. Ce chapitre comporte deux tableaux imbriqués ensemble : la femme et le dragon (1-6 & 13-18), Michel et le dragon (7-12) ; le début du premier est retenu ici, avec une conclusion triomphale empruntée au second. Deux lectures peuvent être faites de ce premier tableau. Une lecture proprement biblique selon laquelle la femme est le peuple de Dieu personnifié ; d'abord Israël (Cantique des cantiques, VI 10 ; Genèse, XXXVII 9) qui donne au monde le Messie : glorifié près de Dieu, il échappe au pouvoir de Satan ; ensuite l'Eglise poursuivie par Satan, mais protégée et nourrie par Dieu au désert ; la persécution l'atteint sans jamais la détruire. Une lecture ecclésiale : comment la tradition chrétienne n'aurait-elle pas vu dans la Mère du Messie, Marie elle-même ? C'est à ce titre que ce texte figure dans la liturgie de l'Assomption : la femme enveloppée de lumière évoque Marie dans sa gloire. Ces deux lectures peuvent être exploitées ensemble : dès le Nouveau Testament, Marie est présentée comme la fille de Sion représentant Israël, et le type parfait du chrétien.

Psaume 44

Ecoute, ma fille, regarde et tends l'oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté.

Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.
Alors les plus riches du peuple,
chargés de présents, quêteront ton sourire.

Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d'étoffes d'or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi.

Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi.

Textes liturgiques © AELF, Paris

Épître

Lecture de la seconde lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens (XV 20-27)[1]

Frères, le Christ est ressuscité d'entre les morts, pour être parmi les morts le premier ressuscité. Car, la mort étant venue par un homme, c'est par un homme aussi que vient la résurrection. En effet, c'est en Adam que meurent tous les hommes ; c'est dans le Christ que tous revivront, mais chacun à son rang : en premier, le Christ ; et ensuite, ceux qui seront au Christ lorsqu'il reviendra. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal. C'est lui, en effet, qui doit régner jusqu'au jour où « il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. » Et le dernier ennemi qu'il détruira, c'est la mort, car il a tout mis sous ses pieds.

Textes liturgiques © AELF, Paris

[1]Saint Paul, dans ce passage de la première épître aux Corinthiens, après avoir établi que Jésus est vraiment ressuscité, affirme avec force la résurrection promise aux fidèles. Le Christ n'est pas mort et ressuscité comme un être isolé : type parfait de l'humanité, il entraîne les hommes à sa suite. En ressuscitant, il est « prémice » c’est-à-dire chef de file de ceux qui sont morts (verset 20). Il apparaît ainsi comme l'antithèse d'Adam : celui-ci a entraîné les hommes dans la mort, le Christ les emmène dans sa vie glorieuse (versets 21 et 22). L'Assomption de la Vierge Marie est la réalisation anticipée de cette promesse apportée par la résurrection de Jésus : la gloire totale et définitive d'un être humain complet et transfiguré. En elle, le chrétien contemple sa vocation à la gloire, à la suite du Christ. C'est la victoire de la vie sur la mort (verset 26).

Évangile

Suite du saint Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ selon Saint Luc (I 39-56).

En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville[1] de la montagne[2] de Judée[3]. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth. Or, quand Elisabeth entendit la salutation de Marie, l'enfant tressaillit en elle[4]. Alors, Elisabeth fut remplie de l'Esprit Saint, et s'écria d'une voix forte[5] : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni[6]. Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi[7] ? Car, lorsque j'ai entendu tes paroles de salutation, l'enfant a tressailli d'allégresse au-dedans de moi[8]. Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur.[9] »

Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur. Il s'est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Son amour s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d'Abraham et de sa race à jamais. »

Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s'en retourna chez elle.

Textes liturgiques © AELF, Paris

[1] Aïn-Karim (la source des vignobles) est à six kilomètres à l’ouest de Jérusalem.

[2] Marie a disposé dans son cœur des degrés (Psaume LXXXIII 6) qu'elle gravit aussi bien par sa manière de vivre que par sa prière. Enfin elle s'est hâtée vers les montagnes pour saluer Elisabeth et la servir pendant trois mois environ (évangile selon saint Luc, I 39-56) ; si bien que la Mère de Jésus pouvait déjà dire à la mère de Jean ce que le Fils de Marie dira beaucoup plus tard au fils d'Elisabeth : « Laissez-moi faire maintenant, car il convient que nous accomplissions ainsi toute justice » (évangile selon saint Matthieu, III 15). Elle a vraiment gravi les montagnes, elle dont la justice s'élève comme les montagnes de Dieu (Psaume XXXV 7). La Vierge s'y est élevée par trois degrés, à l'aide d'une triple corde difficile à rompre : la ferveur de la charité dans la recherche de la grâce, la splendeur de la virginité dans sa chair, la grandeur de l'humilité au service de sa cousine. En effet, si tout homme qui s’humilie doit être exalté (évangile selon saint Luc, XIV 11), quoi de plus sublime que son humilité ? Elisabeth s'étonnait déjà qu'elle fût venue, et elle disait : « D'où m'est-il donné que la Mére de mon Seigneur vienne à moi ? » Mais elle s'est étonnée plus encore que, à la manière de son Fils (évangile selon saint Matthieu, XX 28), Marie fût venue non pour être servie, mais pour servir (saint Bernard : sermon pour la Nativité de la bienheureuse Vierge).

[3] Il habituel, il est convenable que ceux qui réclament créance fournissent des preuves à la foi qu’ils réclament. C’est ce qu’avait fait l’Ange annonçant ces mystères sublimes. Pour fortifier sa foi pazr une preuve palpable, il avait annoncé à Marie la fécondité d’une de ses parentes, stérile jusque-là et avancée en âge, afin de bien établir que tout était possible à Dieu (saint Ambroise : commentaire de l’évangile selon saint Luc, II 19).

Marie ne refuse point de croire aux révélations qu’elle a reçues, elle ne doute point du messager ni du fait qu’il lui a donné comme preuve ; mais toute remplie de joie pour son vœu qu’elle peut garder, pleine de religion dans l’office qu’elle va accomplir, stimulée par le bonheur qui l’inonde, elle va avec avec empressement vers la parente dont l’Ange lui a parlé. Elle ne cherche point des preuves pour sa foi, elle veut plutôt témoigner de sa piété (saint Ambroise : « De virginitate », II, 2).

[4] Encore dans les ténèbres du sein maternel, la sainte âme de Jean connaissait déjà par expérience ce qu’Israël ignorait ; et c’est pourquoi elle tressaille, mais ce n’est pas un simple tressaillement, c’est un tressaillement dans la joie : Jean sentait que son maître était venu le sanctifier avant sa naissance. Je serai peut-être traité d’insensé pour avoir cru de telles choses. Oh ! puisse cela m’arriver ! Ce qu’il appellent une folie est la cause de mon salut : s’il n’y avait eu cette naissance de mon Sauveur, naissance toute céleste, si elle n’avait été au-dessus des naissances ordinaires, jamais la doctrine de Jésus-Christ ne se serait répandue dans le monde, jamais sa vertu n’aurait guéri nos âmes (Origène : homélie VII sur l’évangile selon saint Luc).

[5] Elisabeth prophétise avant Jean-Baptiste, Marie avant la naissance du Sauveur. La chute avait commencé par la femme, le relèvement commence aussi par la femme (Origène : huitième homélie sur l'évangile selon saint Luc).

[6] Combien d’hérésies elle réfute à l’avance par ce seul mot. L’hérésie d’Eutychès qui attribuait à Jésus une nature différente de celle de Marie : le fruit est de même nature que la plante ; l’hérésie de ce qui n’attribuaient à Jésus que des apparences : le fruit est une réalité procédant de la substance de l’arbre ; l’hérésie de ceux qui affirment que Jésus est venu par Marie comme par un canal, sans rien recevoir d’elle : Jésus appartient réellement à Marie (Eusèbe d’Emèse).

[7] L'esprit de prophétie révèle le passé, ou le présent ou l'avenir. Ici, il révèle à la fois le passé, le présent et l'avenir. Elisabeth sait que Marie porte en elle le Fils de Dieu ; elle sait qu'il a été conçu du Saint-Esprit, et elle sait ce que l'avenir réserve à sa foi (saint Grégoire le Grand : homélie I sur Ezéchiel, 8 ).

[8] Et Dieu s'étant fait enfant, il veut premèrement être connu et adoré par un enfant, et c'est une des premières émanations de l'enfance de Dieu, se manifestant soi-même en l'univers. Dieu est enfant, ce que le monde ignore, ce que le ciel adore ; et un enfant est le premier qui le reconnaît et adore en l'univers, et ce par hommage et par opération secrète de l’enfance de Dieu même, qui veut agir sur les enfants, et qui veut honorer soi-même en qualité d'enfant en donnant la première connaissance de soi-même à un enfant au monde, et le faisant son prophète en l'univers. Son premier prophète est un enfant, comme tantôt ses premiers martyrs setont des enfants (Pierre de Bérulle : opuscules de piété, « de la Visitation »).

[9] Marie est bienheureuse, et parce que Dieu l’a regardée, et parce qu’elle a cru, car sa foi est le beau fruit de cette bienveillance divine (saint Bernard : sermon pour le dimanche dans l’octave de l’Assomption).

SOURCE : http://missel.free.fr/Sanctoral/08/15_messe_3.html


Rueland Frueauf the Elder  (1440–1507), Himmelfahrt Mariens, 1490, 209 x 134, Kunsthistorisches Museum, Belvedere


Sermon de 1660 pour la fête de l'Assomption

Mais pourrai-je vous dire comment a fini ce miracle, et de quelle sorte il est arrivé que l'amour ait donné le coup de la mort ? Est-ce quelque désir plus enflammé, est-ce quelque mouvement plus actif, est-ce quelque transport plus violent, qui est venu détacher cette âme ? S'il m'est permis, chrétiens, de vous dire ce que je pense, j'attribue ce dernier effet, non point à des mouvements extraordinaires, mais à la seule perfection de l'amour de la Sainte Vierge. Car comme ce divin amour régnait dans son coeur sans aucun obstacle et occupait toutes ses pensées, il allait de jour en jour s'augmentant par son action, se perfectionnant par ses désirs, se multipliant par soi-même ; de sorte qu'il vint, s'étendant toujours, à une telle perfection, que la terre n'était plus capable de le contenir. Va, mon fils, disait ce roi grec ; étends bien loin tes conquêtes ; mon royaume est trop petit pour te renfermer. O amour de la Sainte Vierge, ta perfection est trop éminente ; tu ne peux plus tenir dans un corps mortel ; ton feu pousse des flammes trop vives pour être couvert sous cette cendre. Va briller dans l'éternité ; va brûler devant la face de Dieu ; va t'étendre dans son sein immense, qui seul est capable de te contenir. Alors la divine Vierge rendit sans peine et sans violence sa sainte et bienheureuse âme entre les mains de son Fils. Il ne fut pas nécessaire que son amour s'efforçât par des mouvements extraordinaires. Comme la plus légère secousse détache de l'arbre un fruit déjà mur, ainsi fut cueillie cette âme bénite pour être tout d'un coup transportée au ciel ; ainsi mourut la divine Vierge par un élan de l'amour divin et son âme fut portée au ciel par une nuée de désirs sacrés. Et c'est ce qui fait dire aux saints anges : Qui est celle-ci qui s'élève comme la fumée odoriférante d'une composition de myrrhe et d'encens ? (Cantique des cantiques III 6). Belle et excellente comparaison qui nous explique admirablement la manière de cette mort heureuse et tranquille.

Bossuet

Le vœu de Louis XIII

Déclaration du Roi par laquelle Sa Majesté déclare qu’elle a pris la Très Sainte et Glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de son royaume (10 février 1638)

Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut.

Dieu qui élève les rois au trône de leur grandeur, non content de nous avoir donné l'esprit qu'il départ à tous les princes de la terre pour la conduite de leurs peuples, a voulu prendre un soin si spécial et de notre personne et de notre état, que nous ne pouvons considérer le bonheur du cours de notre règne, sans y voir autant d'effets merveilleux de sa bonté, que d'accidents qui nous pouvaient perdre.

Lorsque nous sommes entré au gouvernement de cette couronne, la faiblesse de notre âge donna sujet à quelques mauvais esprits d'en troubler la tranquillité ; mais cette main divine soutint avec tant de force la justice de notre cause que l'on vit en même temps la naissance et la fin de ces pemicieux desseins. En divers autres temps, l’artifice des hommes et la malice du diable ayant suscité et fomenté des divisions non moins dangereuses pour notre couronne que préjudiciables au repos de notre maison, il lui a plu en détourner le mal avec autant de douceur que de justice.

La rebellion de l'hérésie ayant aussi formé un parti dans l'Etat, qui n'avait d'autre but que de partager notre autorité, il s'est servi de nous pour en abattre l'orgueil, et a permis que nous ayons relevé ses saints autels en tous les lieux où la violence de cet injuste parti en avait ôté les marques.

Quand nous avons entrepris la protection de nos alliés, il a donné des succès si heureux à nos armes, qu’à la vue de toute l'Europe, contre l'espérance de tout le monde, nous les avons rétablis en la possession de leurs états dont ils avaient été dépouillés.

Si les plus grandes forces des ennemis de cette couronne, se sont ralliées pour conspirer sa ruine, il a confondu leurs ambitieux desseins pour faire voir à toutes les nations que, comme sa providence a fondé cet Etat, sa bonté le conserve et sa puissance le défend.

Tant de grâces si évidentes font que pour n'en différer pas la reconnaissance, sans attendre la paix, qui nous viendra sans doute de la même main dont nous les avons reçues, et que nous désirons avec ardeur pour en faire sentir les fruits aux peuples qui nous sont commis, nous avons cru être obligés, nous prosternant aux pieds de sa majesté divine que nous adorons en trois personnes, à ceux de la Sainte Vierge et de la sacrée croix, où nous vénérons l’accomplissement des mystères de notre Rédemption par la vie et la mort du fils de Dieu en notre chair, de nous consacrer à la grandeur de Dieu par son fils rabaissé jusqu’à nous, et à ce fils par sa mère élevée jusqu'à lui ; en la protection de laquelle nous mettons particulièrement notre personne, notre Etat, notre couronne et tous nos sujets pour obtenir par ce moyen celle de la Sainte-Trinité, par son intercession et de toute la cour céleste par son autorité et exemple, nos mains n’étant pas assez pures pour présenter nos offrandes à la pureté même, nous croyons que celles qui ont été dignes de le porter, les rendront hosties agréables et c'est chose bien raisonnable qu'ayant été médiatrice de ces bienfaits, elle le soit de nos actions de grâces.

A ces causes, nous avons déclaré et déclarons que prenant la très sainte et très glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre Etat, notre couronne et nos sujets, la suppliant de nous vouloir inspirer une sainte conduite et de défendre avec tant de soin ce royaume contre l'effort de tous ses ennemis, que, soit qu’il souffre du fléau de la guerre ou jouisse de la douceur de la paix que nous demandons à Dieu de tout notre cœur, il ne sorte point des voies de la grâce qui conduisent à celles de la gloire. Et afin que la postérité ne puisse manquer à suivre nos volontés en ce sujet, pour monument et marque immortelle de la consécration présente que nous faisons, nous ferons construire de nouveau le grand autel de la cathédrale de Paris avec une image de la Vierge qui tienne dans ses bras celle de son précieux Fils descendu de la Croix , et où nous serons représenté aux pieds du Fils et de la Mère comme leur offrant notre couronne et notre sceptre.

Nous admonestons le sieur Archevêque de Paris et néanmoins lui enjoignons que tous les ans le jour et fête de l’Assomption, il fasse faire commémoration de notre présente déclaration à la grand'messe qui se dira en son église cathédrale, et qu'après les vêpres du dit jour, il soit fait une procession en la dite église à laquelle assisteront toutes les compagnies souveraines et le corps de ville, avec pareille cérémonie que celle qui s'observe aux processions générales les plus solennelles ; ce que nous voulons aussi être fait en toutes les églises tant paroissiales que celles des monastères de la dite ville et faubourg, et en toutes les villes, bourgs et villages du dit diocèse de Paris.

Exhortons pareillement tous les archevêques et évêques de notre royaume et néanmoins leur enjoignons de faire célébrer la même solennité en leurs églises épiscopales et autres églises de leur diocèse ; entendant qu’à la dite cérémonie les cours de Parlement et autres compagnies souveraines et les principaux officiers de la ville y soient présents ; et d'autant qu'il y a plusieurs épiscopales qui ne sont pas dédiées à la Vierge, nous exhortons les dits archevêques et évêques en ce cas de lui dédier la principale chapelle des dites églises pour y être fait la dite cérémonie et d'y élever un autel avec un ornement convenable à une action si célèbre et d'admonester tous nos peuples d’avoir une dévotion particulière à la Vierge, d'implorer en ce jour sa protection afin que sous une si puissante patronne notre royaume soit à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis, qu'il jouisse largement d'une bonne paix ; que Dieu y soit servi et révéré si saintement à la dernière fin pour laquelle nous avons été créés ; car tel est notre bon plaisir. Donné à Saint-Germain-en-Laye, le dixième jour de février, l'an de grâce mil six cent trente-huit, et de notre règne le vingt-huit.

Pie XI, pape, pour perpétuelle mémoire

Les Pontifes romains Nos prédécesseurs ont toujours, au cours des siècles, comblé des marques particulières de leur paternelle affection la France, justement appelée Fille aînée de l'Eglise. Notre prédécesseur de sainte mémoire, le pape Benoît XV, qui eut profondément à coeur le bien spirituel de la France, a pensé à donner à cette nation, noble entre toutes, un gage spécial de sa bienveillance.

En effet, lorsque, récemment, Nos Vénérables Frères les cardinaux, archevêques et évêques de France, d'un consentement unanime, lui eurent transmis par Notre Vénérable Frère Stanislas Touchet, évêque d'Orléans, des supplications ardentes et ferventes pour qu'il daignât proclamer patronne principale de la nation française la bienheureuse Vierge Marie reçue au ciel, et seconde patronne céleste sainte Jeanne, pucelle d'Orléans, Notre prédécesseur fut d'avis de répondre avec bienveillance à ces pieuses requêtes. Empêché par la mort, il ne put réaliser le dessein qu'il avait conçu. Mais à Nous, qui venons d'être élevé par la grâce divine sur la Chaire sublime du Prince des apôtres, il Nous est doux et agréable de remplir le voeu de notre très regretté prédécesseur et, par Notre autorité suprême, de décréter ce qui pourra devenir pour la France une cause de bien, de prospérité et de bonheur.

Il est certain, selon un ancien adage, que le royaume de France a été appelé le royaume de Marie, et cela à juste titre. Car, depuis les premiers siècles de l'Eglise jusqu'à notre temps, Irénée et Eucher de Lyon, Hilaire de Poitiers, Anselme, qui, de France, passa en Angleterre comme archevêque, Bernard de Clairvaux, François de Sales, et nombre d'autres saints docteurs, ont célébré Marie et contribué à promouvoir et amplifier à travers la France le culte de la Vierge Mère de Dieu. A Paris, dans la très célèbre Université de Sorbonne, il est historiquement prouvé que dès le XIII° siècle la Vierge a été proclamée conçue sans péché.

Même les monuments sacrés attestent d'éclatante manière l'antique dévotion du peuple à l'égard de la Vierge : trente-quatre églises cathédrales jouissent du titre de la Vierge Mère de Dieu, parmi lesquelles on aime à rappeler comme les plus célèbres, celles qui s'élèvent à Reims, à Paris, à Amiens, à Chartres, à Coutances et à Rouen. L'immense affluence des fidèles accourant de loin chaque année, même de notre temps, aux sanctuaires de Marie, montre clairement ce que peut dans le peuple la piété envers la Mère de Dieu et plusieurs fois par an la basilique de Lourdes, si vaste qu'elle soit, paraît incapable de contenir les foules innombrables des pèlerins.

La Vierge en personne, trésorière de Dieu de toutes les grâces, a semblé, par des apparitions répétées, approuver et confirmer la dévotion du peuple français.

Bien plus, les principaux et les chefs de la nation se sont fait gloire longtemps d'affirmer et de défendre cette dévotion envers la Vierge.

Converti à la vraie foi du Christ, Clovis s'empresse, sur les ruines d'un temple druidique, de poser les fondements de l'Eglise Notre-Dame, qu'acheva son fils Childebert.

Plusieurs temples sont dédiés à Marie par Charlemagne. Les ducs de Normandie proclament Marie Reine de la nation. Le roi saint Louis récite dévotement chaque jour l'office de la Vierge. Louis XI, pour l'accomplissement d'un voeu, édifie à Cléry un temple à Notre-Dame. Enfin, Louis XIII consacre le royaume de France à Marie et ordonne que chaque année, en la fête de l'Assomption de la Vierge, on célèbre dans toutes les diocèses de France de solennelles fonctions : et ces pompes solennelles, Nous n'ignorons pas qu'elles continuent de se dérouler chaque année.

En ce qui concerne la Pucelle d'Orléans que Notre prédécesseur a élevée aux suprêmes honneurs des saints, personne ne peut mettre en doute que ce soit sous les auspices de la Vierge qu'elle ait reçu et rempli la mission de sauver la France ; car d'abord, c'est sous le patronage de Notre-Dame de Bermont, puis sous celui de la Vierge d'Orléans, enfin de la Vierge de Reims, qu'elle entreprit d'un coeur viril une si grande oeuvre, qu'elle demeura sans peur en face des épées dégainées et sans tache au milieu de la licence des camps, qu'elle délivra sa patrie du suprême péril et rétablit le sort de la France. C'est après avoir reçu le conseil de ses voix célestes qu'elle ajouta sur son glorieux étendard le nom de Marie à celui de Jésus, vrai Roi de France. Montée sur le bûcher, c'est en murmurant au milieu des flammes en un cri suprême, les noms de Jésus et de Marie, qu'elle s'envola au ciel. Ayant donc éprouvé le secours évident de la Pucelle d'Orléans, que la France reçoive la faveur de cette seconde patronne céleste : c'est ce que réclament le clergé et le peuple, ce qui fut déjà agréable à Notre prédécesseur et qui Nous plaît à Nous-mêmes.

C'est pourquoi, après avoir pris les conseils de nos Vénérables Frères les cardinaux de la Sainte Eglise Romaine préposés aux Rites, motu proprio, de science certaine et après mûre délibération, dans la plénitude de Notre pouvoir apostolique, par la force des présentes et à perpétuité, Nous déclarons et confirmons que la Vierge Marie Mère de Dieu, sous le titre de son Assomption dans le ciel, a été régulièrement choisie comme principale patronne de toute la France auprès de Dieu, avec tous les privilèges et les honneurs que comportent ce noble titre et cette dignité.

De plus, écoutant les voeux pressants des évêques, du clergé et des fidèles des diocèses et des missions de la France, Nous déclarons avec la plus grande joie et établissons l'illustre Pucelle d'Orléans, admirée et vénérée spécialement par tous les catholiques de la France comme l'héroïne de la religion et de la patrie, sainte Jeanne d'Arc, vierge, patronne secondaire de la France, choisie par le plein suffrage du peuple, et cela encore d'après Notre suprême autorité apostolique, concédant également tous les honneurs et privilèges que comporte selon le droit ce titre de seconde patronne.

En conséquence, nous prions Dieu, auteur de tous biens, que, par l'intercession de ces deux célestes patronnes, la Mère de Dieu élevée au ciel et sainte Jeanne d'Arc, vierge, ainsi que des autres saints patrons des lieux et titulaires des églises, tant des diocèses que des missions, la France catholique, ses espérances tendues vers la vraie liberté et son antique dignité, soit vraiment la fille première-née de l'Eglise Romaine ; qu'elle échauffe, garde, développe par la pensée, l'action, l'amour, ses antiques et glorieuses traditions pour le bien de la religion et de la patrie.

Nous concédons ces privilèges, décidant que les présentes Lettres soient et demeurent toujours fermes, valides et efficaces, qu'elles obtiennent et gardent leurs effets pleins et entiers, qu'elles soient, maintenant et dans l'avenir, pour toute la nation française, le gage le plus large des secours célestes ; qu'ainsi il en faut juger définitivement, et que soit tenu pour vain dès maintenant et de nul effet pour l'avenir tout ce qui porterait atteinte à ces décisions, du fait de quelque autorité que ce soit, sciemment ou inconsciemment. Nonobstant toutes choses contraires.

Donné à Rome, près Saint-Pierre, sous l'anneau du Pécheur, le 2 du mois de mars de l'année 1922, de Notre Pontificat la première année.

Catéchisme de l’Eglise Catholique

Première partie, deuxième section, paragraphe VI

Marie : Mère du Christ, Mère de l’Eglise

Après avoir parlé du rôle de la Vierge Marie dans le mystère du Christ et de l'Esprit, il convient de considérer maintenant sa place dans le mystère de l'Eglise. « En effet, la Vierge Marie (...) est reconnue et honorée comme la véritable Mère de Dieu et du Rédempteur (...). Elle est aussi vraiment Mère des membres [du Christ] (...) ayant coopéré par sa charité à la naissance dans l'Eglise des fidèles qui sont les membres de ce Chef.[1] » « ... Marie Mère du Christ, Mère de l'Eglise.[2] »

I. La maternité de Marie envers l'Eglise

Toute unie à son Fils...

Le rôle de Marie envers l'Eglise est inséparable de son union au Christ, elle en découle directement. « Cette union de Marie avec son Fils dans l'œuvre du salut est manifeste dès l'heure de la conception virginale du Christ, jusqu'à sa mort.[3]» Elle est particulièrement manifeste à l'heure de sa passion :

La bienheureuse Vierge avança dans son pèlerinage de foi, gardant fidèlement l'union avec son Fils jusqu'à la Croix où, non sans un dessein divin, elle était deLout, souffrant cruellement avec son Fils unique, associée d'un cœur maternel à son sacrifice, donnant à l'immolation de la victime, née de sa chair, le consentement de son amour, pour être enfin, par le même Christ Jésus mourant sur la Croix, donnée comme sa Mère au disciple par ces mots: « Femme, voici ton fils » (évangile selon saint Jean, XIX 26-27)[4].

Après l'Ascension de son Fils, Marie a « assisté de ses prières l'Eglise naissante.[5] » Réunie avec les apôtres et quelques femmes, « on voit Marie appelant elle aussi de ses prières le don de l'Esprit qui, à l'Annonciation, l'avait déjà elle-même prise sous son ombre.[6] »

... aussi dans son Assomption...

« Enfin la Vierge immaculée, préservée par Dieu de toute atteinte de la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l'univers, pour être ainsi plus entièrement conforme à son Fils, Seigneur des seigneurs, victorieux du péché et de la mort.[7] » L'Assomption de la Sainte Vierge est une participation singulière à la Résurrection de son Fils et une anticipation de la résurrection des autres chrétiens :

Dans ton enfantement tu as gardé la virginité, dans ta dormition tu n'as pas quitté le monde, ô Mère de Dieu : tu as rejoint la source de la Vie toi qui conçus le Dieu vivant et qui, par tes prières, délivreras nos âmes de la mort.[8]

[1] Vatican II : « Lumen gentium », n° 53 ; saint Augustin : « De sancta virginitate », VI.

[2] Paul VI : discours du 21 novembre 1964.

[3] Vatican II : « Lumen gentium », n° 57.

[4] Vatican II : « Lumen gentium », n° 58.

[5] Vatican II : « Lumen gentium », n° 69 .

[6] Vatican II : « Lumen gentium », n° 59 .

[7] Vatican II : « Lumen gentium », n° 59 . Pie XII : Constitution apostolique « Munificentissimus Deus », 1er novembre 1950.

[8] Liturgie byzantine : Tropaire de la fête de la Dormition.

SOURCE : http://missel.free.fr/Sanctoral/08/15.php


Bref historique de la doctrine de l'Assomption

La Tradition de l'Église Judéo-chrétienne, avec ses apocryphes, a évoqué très vite la fin de la destinée terrestre de Marie. Le texte le plus ancien, partiellement conservé en grec et plus complètement en éthiopien, est attribué à un certain Leucio, disciple de saint Jean.  Mais cette tradition est passée sous silence dans les quatre premiers siècles de l'histoire de l'Église. C'est seulement au V° et VI° siècle, que ces récits apocryphes connaissent une diffusion extraordinaire.

Saint Ephrem († 373) exprime déjà l'idée que le corps de Marie n'a pas connu la corruption après la mort.

Epiphane, évêque de Salamine, dans une lettre adressée aux chrétiens de l'Arabie en 377, pose la question théologique de la mort de Marie.

« En effet l'Écriture se situe au-dessus de l'esprit humain et elle a laissé dans l'incertitude l'événement par respect envers cette vierge incomparable, pour couper court à toute pensée vulgaire et charnelle dans son égard. Nous ignorons si elle est morte ou si elle a été enterrée. »[1]

Pour lui, on ne sait pas comment Marie est morte, ni où c'est son corps.

Epiphane était palestinien, il n'est pas possible qu'il ignorât toute la littérature apocryphe mais pour lui, elle n'a pas de valeur.

D'autres pères de l'Eglise retiennent quelques éléments des récits apocryphes.

Le patriarche d'Alexandrie Théodose († 566) nous renseigne sur une double célébration : une fête pour commémorer la mort de la Vierge était célébrée le 16 janvier, et le 9 Août était célébré la fête de sa résurrection[2]. Théodose met un intervalle de 206 jours donc entre les deux événements, en éludant le problème de la corruption. La résurrection corporelle est la conséquence de sa maternité divine. Au ciel, la Vierge intercède.

La fête liturgique qui commémore le départ de la Vierge de ce monde a été fixée, pour l'église de Constantinople, le 15 Août, par un décret de l'empereur Maurice en l'an 600, avec la dénomination de Koimesis (Dormizione).

Vers l'an 600, l'empereur Maurice décréta que serait célébrée le 15 août « la Dormition de Sainte Marie » dans tout l'empire, avec la plus haute révérence en observant tout le repos festif.

Qui dit liturgie, dit aussi homélie.

L'homélie de Théotecno sur l'Assomption de Marie au ciel constitue une des premières, sinon la première homélie composée pour ce mystère, vers l'an 600. Il exhorte à la joie et au chant pour célébrer "cette fête des fêtes, l'Assomption de la toujours vierge"[3]. Parce qu'il était opportun que le corps qui a porté Dieu et fut le réceptacle divinisé, incorruptible, éclairé par la lumière divine, fût élevé dans la gloire avec l'âme agréable à Dieu".[4]

A Constantinople, en imitant les liturgies de Jérusalem, deux sanctuaires, aujourd'hui détruits commémorent la mort et l'Assomption de Marie : Chalkoprateia et surtout Blacherne avec la source miraculeuse, les icônes, entre autre la Blachernitissa appelé aujourd'hui la Vierge du Signe et les traditions des reliques (qui remontent au VII° et VIII° siècle).

En Occident, le pape Grégoire le Grand (540-604), dans son sacramentaire, présente un formulaire liturgique de la « fête où la sainte Mère de Dieu a subi la mort temporelle, sans cependant connaître l'humiliation de l'esclavage de la mort », parce que Dieu l'a exaltée au-dessus des anges.

Dans le Missel gothique-gallican, du VI-VII° siècle, le jour de l'Assomption est un « sacrement [= un mystère] qui n'est pas explicable », et il est « à honorer plus que les autres jours », parce que « la Vierge Mère de Dieu a émigré du monde au Christ. Elle n'a pas été contaminée par la corruption et elle n'a pas subi l'esclavage du sépulcre. »

L'âge d'or de la réflexion se situe au 8° siècle, avec notamment saint Germain de Constantinople († 733). Le ton très serein de toutes ces homélies, montre que la réflexion doctrinale s'est déroulée sans heurts, dans la joie de la fête liturgique.

Pendant des siècles, l'Eglise vit cette foi à travers la liturgie.

Le dogme catholique

L'Eglise catholique romaine, dans un acte de louange envers Dieu, promulgue le dogme de l'Assomption le 1° novembre 1950, jour de Toussaint, signe que l'Assomption de Marie est une espérance pour la destinée de tous.

[1] Panarion, Haer. 78,11

[2] Cf. M. Chaine, Sermon de Théodose, patriarche d'Alexandrie, sur la dormition et l'assomption de la Vierge, « Revue de l'Orient Chrétien » 29 (1933-1934),273-313. (texte copte et texte français). Il existe une version arabe :  Vatic. Arabo 698.

[3] Homélie sur l'Assomption de la Sainte Mère de Dieu, 31

[4] Ibid., 9

A. GilaL. GamberoF. Breynaert

Faculté théologique pontificale "Marianum", Rome

SOURCE : http://www.mariedenazareth.com/13491.0.html?&L=0



La mort de Marie selon les pères de l’Eglise

Nombreux sont les pères de l'Eglise qui font une référence explicite à la mort de Marie ; les motivations qui sont alléguées sont toutes de convenance :

Marie est morte à cause de sa nature humaine[1],en tant que descendante d'Adam[2] elle suit, elle aussi, les lois de la nature[3],elle est morte parce que le Christ aussi est mort selon la chair[4], et parce qu'elle a aussi bu le calice[5].

D'autre part, ces affirmations sont considérablement adoucies ou réduites.

La mort naturelle de Marie ne comporte pas - comme pour toute l'humanité - un esclavage, mais elle consiste presque dans un sommeil extatique, semblable au sommeil d'Adam quand de son côté Ève a été formée[6].

Il ne faudrait donc pas appeler son départ du monde une « mort », mais il est plus logique de le définir « dormition » ou « passage » ou plutôt une « entrée dans la demeure de Dieu »: en effet, elle entre dans une condition meilleure [7], il s'agit d'un sommeil bienheureux[8] d'un passage glorieux de la terre au ciel[9].

[1] Germain de Constantinople, deuxième discours sur la dormition

[2] s. Augustin, Explication du Psaume 34,2.3

[3] Andrée de Crète, Sermon sur la dormition

[4] Jean Damascène, 2e homélie sur la dormition 10

[5] Jacques de Sarug, Sermon sur le passage

[6] André de Crète, Sermon sur la dormition

[7] Jean Damascène, 1e Homélie sur la dormition, 10

[8] Modeste de Jérusalem, Homélie (louange) sur la dormition, 7

[9] Germain de Constantinople, 1er Discours sur la dormition

A.Gila

SOURCE : http://www.mariedenazareth.com/13488.0.html?&L=0


Fra Angelico  (circa 1395–1455), The Dormition and Assumption of the Virgin, Virgin Reliquaries, circa 1424, 61.8 x 38.3, Isabella Stewart Gardner Museum  


Fra Angelico  (circa 1395–1455), The Dormition and Assumption of the Virgin, Virgin Reliquaries, circa 1424, 61.8 x 38.3, Isabella Stewart Gardner Museum  


L’incorruptibilité du corps de Marie selon les pères de l'Eglise

Le corps de Marie n'a pas connu la décomposition et il n'a pas été réduit en poussière.

Le premier argument est le mystère de l'incarnation, thème répété avec une fréquence considérable. Le corps de Marie est incorruptible parce que durant sa vie terrestre il a accueilli le corps du Christ[1], parce qu'il a été "temple vivant du Fils unique de Dieu"[2], parce qu'elle a reçu la vie[3].

Le second argument se rattache au mystère de la virginité dans la conception et l'enfantement. En effet, « comment peut-elle supporter la sépulture celle qui n'a pas connu le rapport viril?»[4]. De même que l'utérus de Marie est resté intègre lors de l'accouchement, de la même façon, sa chair ne s'est pas dissolue lors de sa mort. Elle a échappé à la corruption de l'accouchement et le sépulcre ne l'a pas accueilli dans l'extrême corruption de la mort[5].

Le troisième argument est déduit du rôle de Marie dans l'œuvre de la rédemption réalisée par le Christ. « En effet, comment ta chair pouvait-elle se dissoudre en cendre et se réduire en poussière, alors que tu avais libéré le genre humain de la corruption de la mort, par l'incarnation de celui qui est né de toi?»[6]

[1] Modeste de Jérusalem, Homélie (louange) sur la dormition, 7

[2] Germain de Constantinople, 1re Discours sur la dormition

[3] Germain de Constantinople, 2e Discours sur la dormition

[4] Giovanni Damasceno, Canon sur la dormition, 4

[5] André de Crète, 2e Sermon sur la dormition

[6] Germain de Constantinople, 1e Discours sur la dormition

A. Gila

SOURCE : http://www.mariedenazareth.com/13489.0.html?&L=0

Zanobi Strozzi, Assunzione della Vergine coi SS. Girolamo e Francesco, anni 1460 ca, the National Gallery of Ireland


Marie dans la gloire de Dieu

La condition post-temporelle de Marie est vue par les pères de l'Eglise comme une élévation dans la gloire du Seigneur :

- « Le Christ notre Dieu a établi et fixé, en conformité au consentement de son Père et de l'Esprit Saint de faire monter auprès de lui sa mère pour qu'elle soit avec lui exaltée dans la gloire. » [1]

- Libre de la corruption, le Fils l'a assumée auprès de lui[2].

- Le Christ l'a appelée au siège de la béatitude[3].

- « Ton âme assurément n'est pas descendue dans l'Hadès mais bien plus, ta chair elle-même "n'a pas vu la corruption"[4] Ton corps sans souillure et très pur ne fut pas abandonné à la terre : mais aux demeures royales des cieux tu fus emportée, toi, la reine, la souveraine, la maîtresse, la Mère de Dieu, la vraie Théotokos. »[5]

Pendant que Marie est transférée dans la gloire le cosmos est bouleversé :

« Qu'advient-il alors ? Je suppose les éléments ébranlés et bouleversés, des voix, des rumeurs, des fracas (...) Alors les maladies étaient en fuite, les bandes de démons en déroute, de partout refoulées aux demeures souterraines. L'air, l'éther, le ciel étaient sanctifiés par la montée de l'esprit, la terre par la déposition du corps. (...) Dans la langue des anges, un hymne se fait entendre, tel qu'ils peuvent le moduler, tandis que les Apôtres et les Pères tout remplis de Dieu chantent des cantiques divins composés par l'Esprit »[6]

N.B. Pour rendre plus compréhensible l'Assomption de Marie dans la gloire, les pères de l'Eglise prendront la figure d'Elie ou celle de l'arche d'Alliance.

[1] Modeste de Jérusalem, Homélie (louange) sur la dormition, 2

[2] Germain de Constantinople, 1e discours sur la dormition

[3] Modeste de Jérusalem, Homélie (louange) sur la dormition, 10

[4] Act. 2,31. Cf. Ps. 16,10. Application à la Théotokos de ce qui est dit de son Fils, préservé de la corruption.

[5] Saint Jean Damascène, sur la dormition I,12, in sources chrétiennes 80, par P.VOULET, Cerf, Paris, 1961, p. 117.

[6] Saint Jean Damascène, sur la dormition II,11, in sources chrétiennes 80, par P.VOULET, Cerf, Paris, 1961, p. 151-153

A.    Gila

SOURCE : http://www.mariedenazareth.com/13490.0.html?&L=0

Bartolomeo della Gatta, Assunzione della Vergine coi SS. Benedetto e Scolastica, 1473 ca. (Cortona, Museo Diocesano)

Bartolomeo della Gatta  (1448–1502), The Lady of the Assumption Gives St Thomas Her Belt, circa 1475, tempera on panel 317 x 221, Diocesan Museum in Cortona


Le ‘Transitus Virginis’ ou ‘Dormitio Mariae’

Contenu

Le 'Transitus Virginis' ou 'Dormitio Mariae' est un document[1] qui présente les derniers instants de la vie terrestre de Marie et se préoccupe de faire pressentir au lecteur que dans le cas de Marie le corps ne subit pas les effets de la décomposition du sépulcre, mais il fut porté au ciel.

Datation

Le texte le plus ancien, partiellement conservé en grec et plus complètement en éthiopien, est attribué à un certain Leucio, disciple de saint Jean.

La composition dans la forme actuelle remonte au IV-V° siècle. Mais dans ce document « sont conservés des informations et des formes littéraires Judéo-chrétiennes, plus évidentes dans le code Vatican grec 1892, qui autorisent l'hypothèse d'un archétype datant des II ou III° siècle. [2]. Le spécialiste B. Bagatti qui a beaucoup approfondi ce document en lien aussi avec les découvertes archéologiques affirme que sa rédaction primitive doit être datée à une période très antérieure au IV° siècle[3].

Harmonie avec l'archéologie

Ce qui frappe beaucoup dans ce document c'est la coïncidence surprenante avec les données offertes par les découvertes archéologiques : les trois chambres sépulcrales mises au jour par les fouilles correspondent aux trois chambres décrites dans la version syrienne du document.

Importance

Ce document n'a pas eu de chance auprès des Pères des quatre premiers siècles parce qu'il provenait de l'église Judéo-chrétienne qui avait une activité séparée des chrétiens d'origine païenne. On ne doit oublier que l'Église Judéo-chrétienne fut considérée comme schismatique pendant les premiers siècles de l'Église[4].

Le message fondamental du pseudo-épigraphe remontant au II-III° siècle, maintenant perdu, mais substantiellement présent dans les codes du IV-V° siècle devait être celui-ci : le corps de Marie Vierge Mère du Seigneur ne se décomposa pas, mais il suivit le sort de son Fils.

Si cette hypothèse d'étude correspond au déroulement réel des faits, alors nous pouvons conclure que la foi de l'Église dans l'Assomption corporelle de Marie au ciel rentre dans une tradition ininterrompue et vivante même si l'événement est enveloppé dans le voile du mystère.

[1] cf B. BAGATTI, Le due redazioni del "Transitus Mariae", in «Marianum» 32 (1970), 279-287; E. PERETTO, o.c., 112-113.

[2] Cf.  A. WENGER, L'Assomption de la T. S. Vierge dans la tradition byzantine, du VIe au Xe siècle, études et documents, p. 209-241; B. BAGATTI, S. Pietro nella "Dormitio Mariae", in «Bibbia e Oriente» 13 (1971), 42-49.

[3] B. BAGATTI, Le due redazioni del "Transitus Mariae", o.c., 287.

[4] Cf. G. BESUTTI, Ricerche storiche sull'Assunzione di Maria, in «Riparazione Mariana» 1978/4, 5-6.

A. Gila

SOURCE : http://www.mariedenazareth.com/13513.0.html?&L=0


Francesco Botticini  (1446–), Assumption of the Virgin, circa 1475, 228.6 x 377.2, National Gallery


Les Églises syro-occidentales et syro-orientales célèbrent la fête du "Shunoyo" : l'Assomption, la Dormition et la migration de Marie. C'est "la grande solennité", ou la "fête divine". On s'y prépare par un jeûne (5 jours chez les Nestoriens) et on prolonge la fête pendant 8 jours.

L’existence de la fête de l'Assomption est postérieure à saint Ephrem de plusieurs siècles.

Cependant, saint Ephrem avait déjà chanté l’événement de l’Assomption de la Vierge Marie.

Son hymne est traditionnel dans la liturgie syrienne (hymnes à Marie pour la liturgie des heures, n° 16) :

Le corps de Marie est resté vierge après l’enfantement, ce corps ne connaît pas la corruption après la mort.

Elle est celle qui a porté le Créateur devenu enfant dans son sein, qu’elle habite désormais dans les demeures divines, et que l’épouse de Dieu entre dans la maison du ciel.

Elle a vu son propre fils en croix, et reçu dans son corps la douleur qu’elle n’a pas soufferte durant l’enfantement. Elle le contemple siégeant à la droite du Père, et elle ne connaît pas la corruption après la mort. […]

Qu’elle soit honorée par toutes les créatures comme la mère et la servante de Dieu.

Cet hymne de saint Ephrem est présenté par :

Fra Nerwan Al Banna, ofm

SOURCE : http://www.mariedenazareth.com/13230.0.html?&L=0

 Attributed to Ludovico Brea  (1450–1523), L'Assomption, circa 1475, 163 x 72, Musée du Petit Palais


La ceinture ou le maphorion de la Vierge

Les traditions relatives à la ceinture ou au maphorion de la Vierge remontent au VII° et VIII° siècle, l'âge d'or de la réflexion sur l'Assomption de Marie.

La trame du récit.

La Vierge en train de monter au ciel apparut à saint Thomas. Elle le salua et, à la demande de l'apôtre, laissa choir sa ceinture (ou son « maphorion », manteau) comme preuve de son Assomption.

Les premières sources.

Les premiers récits de cet épisode datent du VII° et VIII° siècle, et sont obscurs. Le fait est signalé pour la première fois dans un tropaire de Maxime le Confesseur (580-662) [1]. Il est mentionné dans le Transitus Mariae du Pseudo-Joseph d'Arimathie [2]. Il l'est également au chapitre 4 du Livre arabe du passage de la Bienheureuse Vierge Marie, ou Dormitio arabe dite des « Six Livres ». Un discours anonyme [3] évoque l'invention et la déposition de la ceinture de la Vierge.

Les sanctuaires et la liturgie de Constantinople.

Germain, patriarche de Constantinople (715 à 729), évoque les « langes de Jésus » et la ceinture de la Vierge dans son discours sur les reliques de l'église des Chalcopratia[4].

Euthyme de Constantinople, patriarche de 907 à 912, évoque la fête de la ceinture de Marie, déposée, indique-t-il, dans la châsse sous le règne d'Arcadius, empereur de 395 à 408, selon une inscription trouvée dans la châsse.

Autour de l'an mil, plusieurs textes font mention de la « ceinture » de Marie : le Synaxaire de Constantinople (Xe siècle), et le Ménologe de Basile II le Bulgaroctone, empereur de 963-1025 (PG, t. CXVII, col. 613), selon lequel la relique aurait été trouvée chez une femme pieuse de Jérusalem puis conservée dans l'église des Chalcopratia à Constantinople où l'on célébrait la fête de la « Déposition de la relique de la ceinture de Marie ».

L'Occident a reprend cette tradition.

Depuis le XIII° siècle est conservée dans la cathédrale de Prato (Italie, Toscane) une « ceinture de la Vierge ». Jacques de Voragine (archevêque de Gênes † 1298) a repris les récits orientaux dans sa Légende dorée (sans distance critique).

[1] En géorgien, S. Mimouni, Dormition et Assomption de Marie. Histoire des traditions anciennes, Paris, Beauchesne, 1995, 624-628, p. 625

[2] Vatican lat. 4363, BHL 5348- 5350

[3] Publié par F. Combefils, Bibliothecae Patrum Novum Auctuarium, t. II, Paris, 1648, col. 789-804

[4] BHG 1086 et PG, t. XCVIII, col. 372-384

On pourra lire aussi :

G. Bianchini, Notizie istoriche della SS. Cintura di Maria Vergine, Prato, 1766, 30-34 ; 

T. Casini, La Sacra Cintura, Prato, 1954 ;

F. Piccardi, Il S. Cingolo Mariano in Prato fino alla Traslazione del 1395, Prato, 1895 et rééd., 1937.

L. Réau, Iconographie de l'art chrétien, t. II/2, Paris, 1957, 61-63.

Patrick Sbalchiero, article « Thomas (apôtre) », dans : René Laurentin et Patrick Sbalchiero, 

Dictionnaire encyclopédique des apparitions de la Vierge. Inventaire des origines à nos jours. Méthodologie, prosopopée, approche interdisciplinaire, Fayard, Paris 2007.

Françoise Breynaert

SOURCE : http://www.mariedenazareth.com/15501.0.html?&L=0

Domenico Ghirlandaio  (1448–1494), Death and Assumption of the Virgin, fresco, circa 1486, Tornabuoni Chape,  Santa Maria NovellaFlorenceItaly.


Commentaires liturgiques de la Fête de l’Assomption

On trouvera les textes de la messe et de l’Office ici

La Fête est attestée à Jérusalem au début du Ve siècle. Au VIe siècle, l’empereur Maurice impose sa célébration à tout l’Empire. Elle est attestée à Rome au VIIe siècle comme l’une des quatre grandes Fêtes mariales, sous le titre de ‘dormition’.

Au VIIIe siècle elle prend le titre d’Assumptio B.M.V., et est dotée d’une vigile et d’une octave par Léon IV (847-855).

La Messe de la Vigile s’est maintenue telle quelle, celle du jour de la Fête fut remplacée en 1950 par un formulaire plus explicite.

Martimort, dans l’historique plus bas, et Dom Pius Parsch donnent quelques commentaires de la Messe de 1950. L’Année Liturgique de Dom Guéranger et le Bhx Schuster ne peuvent que commenter l’ancien formulaire.

L’Octave était, dans le calendrier de St Pie V, presque complet : seul le jour octave de St Laurent (17 août) et la fête de St Bernard (20 août) venaient le rompre. L’ajout progressifs des fêtes de St Hyacinthe (1625, d’abord le 16 août puis le 17), de St Joachim (1738, d’abord le dimanche dans l’Octave puis le 16 août), de Ste Jeanne de Chantal (1769, le 21 août), de St Jean Eudes (1928, le 19 août), puis la transformation du jour Octave du 22 août en 1944 comme Fête du Cœur Immaculé de Marie, firent qu’au moment de sa suppression en 1955, seul le 18 août restait consacré à l’Assomption.

Pour un commentaire complet (notamment celui de l’Année Liturgique de Dom Guéranger), on se reportera aux articles sur la vigile, le 4ème jour dans l’Octave, le 5ème jour, et le jour Octave.


Pietro Perugino  (1448–1523), The Assumption of the Virgin,  Polittico dell’Annunziata (Assunzione di Maria), circa 1506, 333 x 218, Santissima Annunziata


Historique

Pierre Jounel [1]

La fête mariale du 15 août a pris naissance à Jérusalem, où le lectionnaire de 415-417 déclare : « Le 15 août, de Marie, la Théotokos, au deuxième mille de Bethléem ». On y lit la prophétie de l’Emmanuel (Is. 7,10-16d), le texte de saint Paul sur le Christ « né de la femme » (Gal. 3,29 - 4,7) et le récit de la naissance de Jésus à Bethléem (Luc 2,1-7). Il ne s’agit donc pas encore de célébrer la Dormition de Marie, mais sa maternité divine. De Jérusalem la fête devait se répandre à travers l’Orient, puis atteindre la Gaule et Rome. L’évangéliaire romain de 645 ne connaît pas encore la fête du 15 août, mais celui de 740 annonce Sollemnia de pausatione sanctae Mariae et celui du 9e siècle fera de même. C’est sous ce titre, reçu de l’Orient, que la fête avait pénétré à Rome et qu’elle est mentionnée dans le Liber Pontificalis, qui énumère les quatre processions décrétée par le pape Sergius Ier diebus Adnuntiationis Domini, Dormitionis et Nativitatis sanctae Dei genetricis semperque virginis Mariae ac sancti Symeonis, quod Ypappanti Graeci appellant [2]. Cependant, dans les mêmes années, si l’on s’en rapporte à l’analyse d’A. Chavasse [3], le sacramentaire grégorien intitulait la fête du 15 août Adsumptio sanctae Mariae, comme on le faisait en Gaule, où l’Assomption était célébrée le 18 janvier. Le vocabulaire des martyrologes devait rester plus longtemps fidèle au modèle oriental. Mais la déclaration d’Usuard contre les apocryphes du type Transitus Mariae, le 15 août, ne l’empêche pas de noter, au 14, la vigilia Assumptionis. Au XIe siècle, le martyrologe de Saint-Pierre continue à tenir le langage de ses congénères, quand il annonce Sanctae Mariae dormitio.

Dans la seconde moitié du XIIe siècle, l’Assomption était célébrée au Latran avec la même solennité que Noël, au dire de l’Ordo, qui lui consacre une ample description. Il évoque, en particulier, la procession nocturne. Mais, bien qu’on célèbre l’Assomption avec ferveur au Latran, on y lit durant les vigiles et pendant toute l’octave l’opuscule pseudo-hiéronymien Cogitis me, o Paula dans lequel Paschase Radbert, sans nier explicitement l’assomption de Marie, met en doute sa résurrection corporelle et veut qu’on ne présente le fait que sous la forme d’une simple opinion [4]. Quant au missel du Latran, il reproduit les oraisons de l’Hadrianum, indiquant pour la station ad sanctum Adrianum l’oraison Veneranda, qui affirme explicitement la résurrection de la sainte Mère de Dieu : « Veneranda nobis domine huius est diei festivitas in qua sancta Dei genetrix mor-tem subiit temporalem, née tamen mortis nexibus deprimi potuit, qui Filium tuum dominum nostrum de se genuit incarnatum ».

En décrivant les manuscrits du passionnaire du Latran et de l’antiphonaire Vat. lat. 5379, on a relevé une anomalie : le premier ne contient aucune lecture pour le 15 août ; le second a une messe, le 14, in vigilia S. Marie, mais non le lendemain pour la fête. Sans doute faut-il expliquer cette absence par le fait qu’au début du 12e siècle le clergé du Latran participait à la procession, qui comportait la célébration de l’office nocturne à Sainte-Marie-la-Neuve et s’achevait par la messe à Sainte-Marie-Majeure.

[1] Cf. Pierre Jounel, Le Culte des Saints dans les Basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle, École Française de Rome, Palais Farnèse, 1977.

[2] L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, tome 1er, p. 376. Un siècle plus tard, le pape Adrien 1er fit exécuter un parement d’autel habentem adsumptionem sanctae Dei genetricis pour Sainte-Marie-Majeure (ibid., p. 500).

[3] A. Chavasse, Le sacramentaire gélasien, pp. 390-397.

[4] Pour le texte P.L. 30, col. 122-142. Pour son étude on trouvera une bibliographie dans la Clavis Patrum latinorum, editio altéra 1961, Coll. Sacris erudiri, p. 144, n° 633, epistola 9. La pensée de Paschase Radbert est identique à celle d’Usuard, mais Usuard lui-même n’a fait que reproduire, en l’abrégeant, un long développement qu’ Adon a inséré au 8 septembre (MA 594).


Bartolomé Bermejo  (1440–1500), Mort i Assumpció de Maria, circa 1468, 94.8 x 61.9, Museo de Bellas Artes de Sevilla


D’après L’Église en Prières, Martimort et alii.

La récente définition dogmatique de l’Assomption de la Vierge a eu pour conséquence une assez massive révision du formulaire antérieur de la fête, tant pour les hymnes et leçons du bréviaire que pour le missel, où les oraisons, les chants de l’introït, du graduel, de l’offertoire et de la communion, les textes de l’épître et de l’évangile sont nouveaux. Seul, le verset de l’Alléluia : « Assumpta est Maria in cælum, gaudet exercitus angelorum » a pu être maintenu, malgré son imprécision.

Ce fait massif ne mériterait pas d’être souligné s’il ne révélait, par contraste, combien discret et anormalement neutre fut jugé — et est en effet pour ce qui regarde l’assomption corporelle, — le formulaire romain antérieur, resté presqu’inchangé depuis les débuts, soit depuis le VIIe siècle [5].

Cette obstinée réserve, évidemment voulue à l’origine, perpétuait les scrupules des théologiens anciens — les Carolingiens surtout — inquiets du revêtement légendaire de la croyance. Déjà depuis Grégoire de Tours [6] (573-593), sa ferveur s’appuyait sur d’anciens récits apocryphes orientaux. La défiance datait de longtemps : les premiers sacramentaires en témoignent déjà, par une sorte de significative imprécision neutraliste des formules. En effet, lorsque, vers la fin du VIe siècle, un net décret de l’empereur Maurice (582-602) avait déjà rendu la fête obligatoire partout, le formulaire gélasien, composé de pièces empruntées à des sources romaines antérieures, n’accusait sa destination nouvelle que dans la secrète, par l’addition imprécise : « vel talis assumpta est ». Quant à l’Hadrianum, de ses trois oraisons [7] — celles-là même que reprendra et gardera le missel romain — seule la secrète évoque la fête par un « pro condicionis carnis migrasse cognoscimus » volontairement incolore.

Un siècle environ après saint Grégoire, soit vers l’an 700, le pape Serge Ier, syrien d’origine, voulant instituer à Rome trois processions stationnales pour l’Annonciation, la Dormition et la Nativité, faisait composer pour celle du 15 août une admirable oraison de départ du cortège, ainsi conçue [8] :

Veneranda nobis, Domine, huius est diei festivitas, in qua sancta Dei Genetrix mortem subiit temporalem, nec tamen mortis nexibus deprimi potuit, quæ Filium tuum, Dominum nostrum, de se genuit incarnatum. Per eumdem.

Vénérable est pour nous, Seigneur, la fête qui commémore ce jour en lequel la sainte Mère de Dieu subit la mort temporelle, mais néanmoins ne put être retenue par les liens de la mort, elle qui avait engendré de sa substance votre Fils, notre Seigneur incarné.

La netteté doctrinale de cette ardente prière fait contraste avec l’insignifiance calculée du formulaire romain antérieur. Au reste, une de ses sources d’inspiration semble bien avoir été le « kontakion » byzantin de la fête de l’Assomption, de doctrine si réfléchie :

La Theotokos, infatigable en ses intercessions, espoir inébranlable grâce à ses plaidoyers, ni le tombeau ni la mort ne l’ont retenue. Étant mère de la Vie, c’est à la Vie qu’elle fut transférée par Celui qu’avait renfermé son sein virginal.

Autant que le « kontakion » grec, l’oraison latine Veneranda est plus que simple louange : elle professe le privilège marial et en fournit soigneusement la justification théologique. Sans doute voulait-on, en imposant son texte si ferme, mettre fin à certaines hésitations doctrinales.

N’appartenant pas à la messe, mais créée en vue de la procession stationnale romaine, Veneranda devenait sans objet hors de la Ville éternelle. Elle finit par disparaître du formulaire, lorsque le Missale secundum consuetudinem Romanæ curiæ se fut répandu partout. Témoin insigne de la doctrine, on l’a maintenue, moyennant de légères retouches, à Lyon et à Milan, et elle est restée en usage dans plusieurs ordres religieux.

Aux autres incolores et trop prudentes formules romaines ont aujourd’hui succédé de lumineuses visions de gloire : la Mulier amicta sole et couronnée d’étoiles (introït), revêtue texturæ aureæ, intégralement ressuscitée comme son Fils, tota decora ingreditur (graduel).

5] On sait par le prologue au Supplément ajouté par Alcuin au Sacramentaire grégorien, que le texte primitif ne comportait pas l’Assomption (cf. éd. LIETZMANN, p. xix). D’autre part, l’Assomption est une des quatre fêtes mariales que le pape Serge Ier (687-701) dotera d’une procession.

[6] De gloria martyrum I, 4 ; PL 71 col. 708.

[7] Elles ne font pas partie du Grégorien primitif : cf. note 1.

[8] LIETZMANN, op. cit., p. 88, n. 147.

L.-F. Gosse. Assomption de la Vierge Marie,

Église de l'Assomption de Notre-Dame, bas-côté sud.

Photographie de Pierre Poschadel


Dom Guéranger, l’Année Liturgique

« Aujourd’hui la vierge Marie est montée aux cieux ; réjouissez-vous, car elle règne avec le Christ à jamais » [9].

Ainsi l’Église conclura les chants de cette journée glorieuse ; suave antienne, où se résument l’objet de la fête et l’esprit dans lequel elle doit être célébrée.

Il n’est point de solennité qui respire à la fois comme celle-ci le triomphe et la paix, qui réponde mieux à l’enthousiasme des peuples et à la sérénité des âmes consommées dans l’amour. Certes le triomphe ne fut pas moindre au jour où le Seigneur, sortant du tombeau par sa propre vertu, terrassait l’enfer ; mais dans nos âmes, si subitement tirées de l’abîme des douleurs au surlendemain du Golgotha, la soudaineté de la victoire mêlait comme une sorte de stupeur [10] à l’allégresse de ce plus grand des jours. En présence des Anges prosternés, des disciples hésitants, des saintes femmes saisies de tremblement et de crainte [11], on eût dit que l’isolement divin du vainqueur de la mort s’imposait à ses plus intimes et les tenait comme Madeleine à distance [12].

Dans la mort de Marie, nulle impression qui ne soit toute de paix ; nulle cause de cette mort que l’amour. Simple créature, elle ne s’arrache point par elle-même aux liens de l’antique ennemie ; mais, de cette tombe où il ne reste que des fleurs, voyons-la s’élever inondée de délices, appuyée sur son bien-aimé [13]. Aux acclamations des filles de Sion qui ne cesseront plus de la dire bienheureuse [14], elle monte entourée des esprits célestes formant des chœurs, louant à l’envi le Fils de Dieu [15]. Plus rien qui, comme au pays des ombres, vienne tempérer l’ineffable éclat de la plus belle des filles d’Ève ; et c’est sans conteste que par delà les inflexibles Trônes, les Chérubins éblouissants, les Séraphins tout de flammes, elle passe enivrant de parfums la cité bienheureuse. Elle ne s’arrête qu’aux contins même de la Divinité, près du siège d’honneur où le Roi des siècles, son Fils, règne dans la justice et la toute-puissance : c’est là qu’elle aussi est proclamée Reine ; c’est de là qu’elle exercera jusqu’aux siècles sans fin l’universel empire de la clémence et de la bonté.

Cependant, ici-bas, le Liban, Amana, Sanir et Hermon, toutes les montagnes du Cantique sacré [16], semblent se disputer l’honneur de l’avoir vue s’élever de leurs sommets vers les cieux ; et véritablement la terre entière n’est plus que le piédestal de sa gloire, comme la lune est son marchepied, le soleil son vêtement, comme les astres des cieux forment sa couronne brillante [17]. « Fille de Sion, vous êtes toute belle et suave » [18], s’écrie l’Église, et son ravissement mêle aux chants du triomphe des accents d’une exquise fraîcheur : « Je l’ai vue belle comme la colombe qui s’élève au-dessus des ruisseaux ; ses vêtements exhalaient d’inestimables senteurs, et comme le printemps l’entouraient les roses en fleurs et les lis des vallées » [19].

Même douce limpidité dans les faits de l’histoire biblique où les interprètes des saints Livres ont vu la figure du triomphe de Marie. Tant que dure ce monde, une loi imposante garde l’entrée du palais éternel : nul n’est admis à contempler, sans déposer son manteau de chair, le Roi des cieux [20]. Il est pourtant quelqu’un de notre race humiliée, que n’atteint pas le décret terrible [21] : la vraie Esther s’avance par delà toutes barrières [22] en sa beauté dépassant toute croyance [23]. Pleine de grâces, elle justifie l’amour dont l’a aimée le véritable Assuérus [24] ; mais dans le trajet qui la conduit au redoutable trône du Roi des rois, elle n’entend point rester solitaire : soutenant ses pas, soulevant les plis de son royal vêtement, deux suivantes l’accompagnent [25], qui sont l’angélique et l’humaine natures, également fières de la saluer pour maîtresse et pour dame, toutes deux aussi participantes de sa gloire.

Si de l’époque de la captivité, où Esther sauva son peuple, nous remontons au temps des grandeurs d’Israël, l’entrée de Notre-Dame en la cité de la paix sans fin nous est représentée par celle de la reine de Saba dans la terrestre Jérusalem. Tandis qu’elle contemple ravie la magnificence du très haut prince qui gouverne en Sion : la pompe de son propre cortège, les incalculables richesses du trésor qui la suit, ses pierres précieuses, ses aromates, plongent dans l’admiration la Ville sainte. Jamais, dit l’Écriture, on ne vit tant et de si excellents, parfums que ceux que la reine de Saba offrit au roi Salomon [26].

La réception faite par le fils de David à Bethsabée sa mère, au troisième livre des Rois, vient achever non moins heureusement d’exprimer le mystère où la piété filiale du vrai Salomon a si grande part en ce jour. Bethsabée venant vers le roi, celui-ci se leva pour aller à sa rencontre, et il lui rendit honneur, et il s’assit sur son trône ; et un trône fut disposé pour la mère du roi, laquelle s’assit à sa droite [27]. O Notre-Dame, combien en effet vous dépassez tous les serviteurs, ministres ou amis de Dieu ! « Le jour où Gabriel vint à ma bassesse, vous fait dire saint Éphrem, de servante je fus reine ; et moi, l’esclave de ta divinité, soudain je devins mère de ton humanité, mon Seigneur et mon fils ! O fils du Roi, qui m’as faite moi aussi sa fille, ô tout céleste qui introduis aux cieux cette fille de la terre, de quel nom te nommer [28] ? »

Lui-même le Seigneur Christ a répondu ; le Dieu fait homme nous révèle le seul nom qui, en effet, l’exprime pleinement dans sa double nature : il s’appelle le Fils. Fils de l’homme comme il est Fils de Dieu, il n’a qu’une mère ici-bas, comme il n’a qu’un Père au ciel. Dans l’auguste Trinité il procède du Père en lui restant consubstantiel, ne se distinguant de lui que parce qu’il est Fils, produisant avec lui l’Esprit-Saint comme un seul principe ; dans la mission extérieure qu’il remplit à la gloire de la Trinité sainte, communiquant pour ainsi dire à son humanité les mœurs de sa divinité autant que le comporte la diversité des natures, il ne se sépare en rien de sa mère, et veut l’avoir participante jusque dans l’effusion de l’Esprit-Saint sur toute âme. Ineffable union, fondement des grandeurs dont le triomphe de ce jour est le couronnement pour Marie. Les jours de l’Octave nous permettront de revenir sur quelques-unes des conséquences d’un tel principe ; qu’il nous suffise aujourd’hui de l’avoir posé.

« Comme donc le Christ est Seigneur, dit l’ami de saint Bernard, Arnauld de Bonneval, Marie aussi est Dame et souveraine. Quiconque fléchit le genou devant le fils, se prosterne devant la mère. A son seul nom les démons tremblent, les hommes tressaillent, les anges glorifient Dieu. Une est la chair de Marie et du Christ, un leur esprit, un leur amour. Du jour où il lui fut dit, Le Seigneur est avec vous, irrévocable en fut la grâce, inséparable l’unité ; et pour parler de la gloire du fils et de la mère, ce n’est pas tant une gloire commune que la même gloire qu’il faut dire » [29]. — « O toi la beauté et l’honneur de ta mère, reprend le grand diacre d’Édesse, ainsi l’as-tu parée en toutes manières, celle qui avec d’autres est ta sœur et ton épouse, mais qui seule t’a conçu » [30].

« Venez donc, ô toute belle, dit Rupert à son tour, vous serez couronnée [31], au ciel reine des Saints, ici-bas reine de tout royaume. Partout où l’on dira du bien-aimé qu’il a été couronné de gloire et d’honneur, établi prince sur toutes les œuvres du Père [32], partout aussi on publiera de vous, ô bien-aimée, que vous êtes sa mère, et partant reine de tout domaine où s’étend sa puissance ; et, à cause de cela, les empereurs et les rois vous couronneront de leurs couronnes et vous consacreront leurs palais » [33].

LES PREMIÈRES VÊPRES.

Entre les fêtes des Saints, c’est ici la solennité des solennités. « Que le génie de l’homme s’emploie à relever sa magnificence ; que le discours reflète sa majesté. Daigne la souveraine du monde agréer le bon vouloir de nos lèvres [34], aider notre insuffisance, illuminer de ses propres feux la sublimité de ce jour » [35].

Ce n’est point d’aujourd’hui seulement que le triomphe de Marie ramène l’enthousiasme au cœur du chrétien. Aux temps qui précédèrent le nôtre, l’Église montrait, par des prescriptions conservées au Corps du Droit, la prééminence qu’occupait dans sa pensée le glorieux anniversaire. C’est ainsi que, sous Boniface VIII, elle lui réservait, comme aux seules fêtes de Noël, de Pâques et de Pentecôte, le privilège d’être célébré, dans les pays mêmes soumis à l’interdit, au son des cloches et avec la splendeur accoutumée [36].

Dans ses instructions aux Bulgares nouvellement convertis, saint Nicolas Ier, qui occupa le Siège apostolique de 858 à 867, rapprochait de même déjà les quatre solennités sous une seule recommandation, quant aux jeûnes de Carême, de Quatre-Temps ou de Vigiles qui s’y rattachent : jeûnes, disait-il, que dès longtemps la sainte Église Romaine a reçus et observe [37].

Il convient de rapporter au siècle précédent la composition du célèbre discours qui fournit jusqu’à saint Pie V les Leçons des Matines de la fête, et dont l’inspiration, le texte lui-même, se retrouve encore en plus d’un endroit de l’Office actuel [38]. L’auteur, digne des grands âges par le style et la science, mais se couvrant d’un faux personnage, débutait ainsi : « Vous voulez, ô Paula et Eustochium, que laissant de côté la forme de traités qui m’est habituelle, je m’essaie, genre nouveau pour moi, à célébrer selon le mode oratoire l’Assomption de la bienheureuse Marie toujours vierge » [39]. Et le saint Jérôme supposé disait éloquemment la grandeur de cette fête « incomparable comme celle qui s’y éleva glorieuse et fortunée au sanctuaire du ciel : solennité, admiration des armées angéliques [40] bonheur des citoyens de la vraie patrie, qui ne se contentent pas de lui donner comme nous un jour, mais la célèbrent sans fin dans l’éternelle continuité de leur vénération, de leur amour et de leur triomphante allégresse » [41]. Pourquoi faut-il qu’une répulsion légitime pour les excès de quelques apocryphes ait amené l’auteur de ce bel exposé des grandeurs de Marie à hésiter sur la croyance au privilège glorieux de son Assomption corporelle [42] ? Prudence trop discrète, qu’allaient exagérer bientôt les martyrologes d’Usuard et d’Adon de Vienne.

Ce n’était pas pourtant sur les rives de la Seine ou celles du Rhône qu’il eût convenu de méconnaître une tradition s’affirmant toujours plus chaque jour, et dont, avant toutes autres, nos Églises des Gaules avaient eu la gloire dé consacrer en Occident la formule explicite. Qui, mieux que ne le faisait l’antique Liturgie gallicane, a su depuis chanter cette Assomption plénière, conséquence de la divine et virginale maternité, et comme elle apportant joie au monde [43] ? « Ni douleur dans l’enfantement, ni labeur en la mort, ni dissolution au tombeau, nulle tombe ne pouvant retenir celle que la terre n’a point souillée » [44] : ainsi nos pères exprimaient le mystère, et ils s’excitaient à gagner la patrie où nous précède corporellement la Vierge bienheureuse [45].

Au grand chagrin de plus d’une âme sainte [46], l’autorité du faux saint Jérôme, survenant à l’heure où se consommait l’abandon de la Liturgie gallicane par les premiers Carlovingiens [47], déconcerta quelque peu la piété de nos contrées. Mais on n’arrête pas le mouvement qu’il plaît au Saint- Esprit d’imprimer à la foi des peuples. Au XIIIe siècle, les deux princes de la théologie, saint Thomas et saint Bonaventure, s’accordaient pour souscrire au sentiment redevenu général de leur temps, touchant la croyance à la résurrection anticipée de Notre-Dame. Bientôt cette croyance s’imposait, par le fait de son universalité, comme la doctrine même de l’Église ; dès l’année 1497, la Sorbonne déniait la liberté de se produire aux propositions qui s’élevaient à l’encontre, et les frappait de ses plus dures censures [48]. En 1870, le concile du Vatican, trop tôt suspendu, ne put donner suite au vœu instamment exprimé alors d’une définition qui eût achevé la glorieuse couronne de lumière, œuvre des siècles, hommage de l’Église militante à la Reine des cieux. Mais la proclamation de la Conception immaculée, qui reste acquise à notre temps, encourage nos espérances pour l’avenir. L’Assomption corporelle de la divine Mère se présente désormais comme le corollaire dogmatique, immédiat, d’un dogme révélé : Marie, n’ayant rien connu du péché d’origine, n’a contracté nulle dette avec la mort son châtiment ; c’est librement que, pour se conformer à son Fils, elle a voulu mourir ; et, de même que le saint de Dieu, la sainte de son Christ n’a pu connaître la corruption du tombeau [49].

Si d’anciens calendriers donnent à la fête de ce jour le titre de Sommeil ou Repos, dormitio, pausatio, de la Bienheureuse Vierge, on ne saurait en conclure qu’au temps où ils furent rédigés, cette fête n’avait pas d’autre objet que la très sainte mort de Marie ; les Grecs, de qui cette expression nous est parvenue, ont toujours compris dans la solennité le glorieux triomphe qui suivit cette mort. Il en est de même des Syriens, des Chaldéens, des Coptes, des Arméniens.

Chez ces derniers, conformément à l’usage qu’ils ont de rattacher leurs fêtes à un jour précis de la semaine, et non au quantième du mois, l’Assomption est fixée au Dimanche qui se rencontre entre le 12 et le 18 août. Précédée d’une semaine de jeûnes, elle donne son nom à la série des autres Dimanches qui la suivent, jusqu’à l’Exaltation de la sainte Croix en septembre.

A Rome, l’Assomption ou Dormitio de la sainte Mère de Dieu apparaît au VIIe siècle, comme célébrée depuis un temps qu’on ne saurait définir [50] ; on ne voit pas qu’elle y ait eu jamais d’autre jour propre que le quinzième du mois d’août. Au rapport de Nicéphore Calliste [51], c’est la même date que lui assignait pour Constantinople, à la fin du VIe siècle, l’empereur Maurice ; or, comme entre plusieurs autres solennités dont l’historien rappelle au même lieu l’origine, celle de la Dormitio est la seule dont il dise qu’elle ait été, non pas établie, mais fixée par Maurice à tel jour, de savants auteurs en ont tiré la conclusion de la préexistence de la fête elle-même à l’édit impérial : celui-ci n’aurait eu pour but que de mettre un terme à certaine diversité d’usage quant au jour où elle était célébrée [52].

C’était le temps où, bien loin de Byzance, nos pères, les Francs Mérovingiens, célébraient au 18 janvier la glorification de Notre-Dame avec cette plénitude de doctrine que nous avons rapportée. Quelle que puisse être l’explication du choix de ce jour, il est à noter qu’aujourd’hui encore les Coptes des bords du Nil annoncent dans leur synaxaire, au 21 du mois de Tobi, qui répond à notre 28 janvier, le Repos de la Vierge Marie, Mère de Dieu, et l’Assomption de son corps au ciel ; ils reprennent du reste cette annonce au 16 de Mesori, 21 août, et c’est également au premier de ce mois de Mesori qu’ils commencent leur carême de la Mère de Dieu, comprenant quinze jours comme celui des Grecs [53].

Il est des auteurs qui ont fait remonter la fête de l’Assomption de Notre-Dame aux Apôtres eux-mêmes. Le silence des monuments primitifs de la Liturgie favorise peu leur sentiment. L’hésitation sur la date qu’il convenait d’attribuer à cette fête, la liberté laissée longtemps à son sujet, paraissent manifester plutôt dans sa première institution l’initiative spontanée des Églises diverses, à l’occasion de quelque fait attirant l’attention sur le mystère ou l’ayant mis en plus grand jour. De cette sorte a pu être, vers l’an 451, la relation partout répandue dans laquelle Juvénal de Jérusalem exposait à l’impératrice sainte Pulchérie et à son époux Marcien l’histoire du tombeau, vide de son précieux dépôt, que les Apôtres préparèrent pour Notre-Dame au pied du mont des Oliviers. Les paroles suivantes de saint André de Crète, au VIIe siècle, font bien voir la marche un peu indécise à l’origine qui résulta de telles circonstances pour la nouvelle solennité ; né à Damas, moine à Jérusalem, puis diacre de Constantinople, avant de ceindre enfin la couronne des pontifes dans l’île célèbre d’où lui resta son nom, il n’est personne qui soit mieux en mesure que notre Saint de parler en connaissance de cause pour l’Orient : « La solennité présente, dit-il, est pleine de mystère, ayant pour objet de célébrer le jour où s’endormit la Mère de Dieu ; elle s’élève plus haut, cette solennité, que le discours ne peut atteindre ; il n’a pas été tout d’abord, ce mystère, célébré par plusieurs, mais tous maintenant l’aiment et l’honorent. A son sujet, le silence précéda longtemps le discours, l’amour maintenant divulgue l’arcane. On doit manifester le don de Dieu, non l’enfouir ; on doit le présenter, non comme récemment découvert, mais comme ayant recouvré sa splendeur. Quelques-uns de ceux qui furent avant nous ne le connurent qu’imparfaitement : ce n’est pas une raison de se taire toujours ; il ne s’est pas totalement obscurci : proclamons-le, et faisons fête. Qu’aujourd’hui s’unissent les habitants des cieux et ceux de la terre, qu’une soit la joie de l’ange et de l’homme, que toute langue tressaille et chante Je vous salue à la Mère de Dieu » [54].

Nous aussi, faisons honneur au don de Dieu ; soyons reconnaissants à l’Église de ce que la glorieuse Assomption n’a pas subi chez nous le sort de tant d’autres fêtes, au commencement de ce siècle [55], et nous trouve toujours unis à nos frères de la terre comme à ceux du ciel pour chanter Marie.

Les Psaumes et l’Hymne des Vêpres sont les mêmes que ceux des autres fêtes de Notre-Dame. Les Antiennes, le Capitule et le Verset rendent avec une grâce infinie le mystère du jour.

Lorsque le temps vint pour la Bienheureuse Marie de quitter la terre, les Apôtres furent rassemblés de tous les pays ; et ayant connu que l’heure était proche, ils veillaient avec elle. Or le Seigneur Jésus arriva avec ses Anges, et il reçut son âme. Au matin, les Apôtres levèrent son corps et le placèrent dans le tombeau. Et de nouveau vint le Seigneur, et le saint corps fut élevé dans une nuée » [56].

A ce témoignage de notre Grégoire de Tours répondent l’Occident et l’Orient, exaltant « la solennité de la nuit bienheureuse qui vit la Vierge vénérée faire au ciel son entrée triomphante » [57]. — « Quelle lumière éclatante perce ses ombres ! » dit saint Jean Damascène [58] ; et il nous montre l’assemblée fidèle se pressant avide, durant la nuit sacrée, pour entendre les louanges de la Mère de Dieu [59].

Comment Rome, si dévote à Marie, se fût-elle ici laissée vaincre ? Au témoignage de saint Pierre Damien, son peuple entier passait la nuit glorieuse dans la prière, les chants, les visites aux diverses églises ; au dire des privilégiés qu’éclairait la lumière céleste, plus grande encore était, à cette heure bénie, la multitude des âmes délivrées du lieu des tourments par la Reine du monde et visitant elles aussi les sanctuaires consacrés à son nom [60]. Mais la plus imposante des démonstrations de la Ville et du monde était la litanie ou procession mémorable dont l’origine première remonte au pontificat de saint Sergius (687-701) [61] ; jusque dans la seconde moitié du XVIe siècle, elle ne cessa point d’exprimer, comme Rome seule sait faire, l’auguste visite que reçut de son Fils Notre-Dame au solennel instant de son départ de ce monde.

On sait que deux sanctuaires majeurs représentent dans la Ville éternelle la résidence et comme les palais de la Mère et du Fils : la basilique du Sauveur au Latran, celle de Marie sur l’Esquilin ; comme cette dernière s’honore de posséder le portrait de la Vierge bénie peint par saint Luc, le Latran garde dans un oratoire spécial, saint entre tous, l’image non faite de main d’homme où sont tracés sur bois de cèdre les traits du Sauveur [62]. Or, au matin de la Vigile de sainte Marie [63], le Pontife suprême accompagné des cardinaux venait nu-pieds découvrir, après sept génuflexions, l’image du Fils de la Vierge. Dans la soirée, tandis que la cloche de l’Ara cœli donnait du Capitole le signal des préparatifs prescrits par les magistrats de la cité, le Seigneur Pape se rendait à Sainte-Marie-Majeure, où il célébrait les premières Vêpres entouré de sa cour. Aux premières heures de nuit, étaient de même chantées au même lieu les Matines à neuf Leçons.

Cependant, une foule plus nombreuse d’instant en instant se presse sur la place du Latran, attendant le retour du Pontife. De toutes parts débouchent les divers corps des arts et métiers, venant sous la conduite de leurs chefs occuper le poste assigné pour chacun. Autour de l’image du Sauveur, en son sanctuaire, se tiennent les douze portiers chargés de sa garde perpétuelle, et tous membres des plus illustres familles ; près d’eux prennent place les représentants du sénat et du peuple romain.

Mais le cortège papal est signalé redescendant l’Esquilin. Partout, quand il paraît, brillent les torches tenues à la main ou portées sur les brancards des corporations. Aidés des diacres, les cardinaux soulèvent sur leurs épaules l’image sainte qui s’avance sous le dais, escortée dans un ordre parfait par l’immense multitude. A travers les rues illuminées et décorées [64], elle gagne, au chant des psaumes, au son des instruments, l’ancienne voie Triomphale, contourne le Colisée, et, passant sous les arcs de Constantin et de Titus, s’arrête pour une première station sur la voie Sacrée , devant l’église appelée Sainte-Marie Mineure ou la Neuve [65]. Pendant qu’on chante dans cette église, en l’honneur de la Mère, de nouvelles Matines à trois Leçons, des prêtres lavent avec de l’eau parfumée dans un bassin d’argent les pieds du Seigneur son Fils, et répandent sur le peuple cette eau devenue sainte. Puis l’image vénérée se remet en marche et parcourt le Forum au milieu des acclamations, jusqu’à l’église de Saint-Adrien ; d’où revenant gravir les rampes de l’Esquilin par les rues des églises de cette région, Saint-Pierre-aux-Liens, Sainte-Lucie, Saint-Martin-aux-Monts, Sainte-Praxède, elle fait enfin son entrée sur la place de Sainte-Marie-Majeure. Alors redoublent les applaudissements, l’allégresse de cette foule, où tous, hommes, femmes, grands et petits, lisons-nous dans un document de 1462 [66], oubliant la fatigue d’une nuit entière passée sans sommeil, ne se lassent pas jusqu’au matin de visiter, de vénérer le Seigneur et Marie. Dans la glorieuse basilique parée comme une fiancée, le solennel Office des Laudes célèbre la rencontre du Fils et de la Mère, et leur union pour l’éternité.

Le ciel montra souvent par d’insignes miracles la complaisance qu’il prenait à cette manifestation de la foi et de l’amour du peuple romain. Pierre le Vénérable [67] et d’autres irrécusables témoins [68] mentionnent le prodige renouvelé chaque année des torches qui, brûlant toute la nuit, se retrouvaient au lendemain du même poids que la veille. L’an 847, au moment où, présidée par saint Léon IV, la procession passait près de l’église de Sainte-Lucie, un serpent monstrueux, qui d’une caverne voisine terrorisait les habitants, fut mis en fuite sans que depuis lors on le revît jamais ; c’est en souvenir de cette délivrance, que la fête reçut le complément de l’Octave dont jusque-là elle était dépourvue [69]. Quatre siècles plus tard, sous l’héroïque pontificat de Grégoire IXe du nom, le cortège sacré venait de s’arrêter selon l’usage au vestibule de Sainte-Marie-la-Neuve, lorsque des partisans de l’excommunié Frédéric II, occupant non loin la tour des Frangipani, se mirent à crier : « Voici le Sauveur, vienne l’empereur ! » mais soudain la tour s’écroula, les broyant sous ses ruines [70].

Revenons à l’auguste basilique, où nous rappellent d’autres souvenirs. Une autre nuit nous vit dans son enceinte célébrer joyeux l’enfantement divin. Ineffables harmonies ! C’est donc à l’heure où pour la première fois Marie pressa sur son sein l’Enfant-Dieu dans l’étable, qu’elle s’éveille elle-même dans les bras du Bien-Aimé au plus haut des deux. L’Église, qui lit en ce mois les Livres de la Sagesse éternelle, est bien inspirée de réserver à cette nuit le Cantique sacré.

L’évêque de Meaux décrit ainsi cette mort : « La divine Vierge rendit son âme sans peine et sans violence entre les mains de son Fils. Il ne fut pas nécessaire que son amour s’efforçât par des mouvements extraordinaires. Comme la plus légère secousse détache de l’arbre un fruit déjà mûr, ainsi fut cueillie celte âme bénie, pour être tout d’un coup transportée au ciel ; ainsi mourut la divine Vierge par un élan de l’amour divin : son âme fut portée au ciel sur une nuée de désirs sacrés. Et c’est ce qui fait dire aux saints Anges : Qui est celle-ci, qui s’élève comme la fumée odoriférante d’une composition de myrrhe et d’encens [71] ? Belle et excellente comparaison, qui nous explique admirablement la manière de cette mort heureuse et tranquille. Cette fumée odoriférante que nous voyons s’élever d’une composition de parfums, n’en est pas arrachée par force, ni poussée dehors avec violence : une chaleur douce et tempérée la détache délicatement, et la tourne en une vapeur subtile qui s’élève comme d’elle-même. C’est ainsi que l’âme de la sainte Vierge a été séparée du corps : on n’en a pas ébranlé tous les fondements par une secousse violente ; une divine chaleur l’a détachée doucement du corps, et l’a élevée à son bien-aimé » [72].

Il restait pour quelques heures à notre monde, ce corps sacré « trésor de la terre, en attendant qu’il devînt la merveille des cieux » [73]. Qui nous dira les sentiments des augustes personnages réunis par le Fils de Marie pour rendre à sa Mère en son nom les devoirs suprêmes ? Un illustre témoin, Denys d’Athènes, rappelait à Timothée, présent comme lui alors, les discours qui, de ces cœurs remplis de l’Esprit-Saint, montèrent comme autant d’hymnes à la bonté toute-puissante par laquelle notre faiblesse fut divinisée. Là étaient Jacques, frère du Seigneur, et Pierre le coryphée, et les pontifes du collège sacré, et tous les frères venus pour contempler le corps qui avait donné la Vie et porté Dieu ; entre tous, après les Apôtres, se distinguait le bienheureux Hiérothée, ravi loin de la terre et de lui-même, en sublime communion avec l’objet de sa louange, semblant à tous un chantre divin [74].

Mais l’assemblée de ces hommes en qui régnait la divine lumière, avait compris qu’elle devait suivre jusqu’au bout les intentions de celle qui dans la mort était restée la plus humble des créatures. Porté par les Apôtres, escorté par les Anges du ciel et les saints de la terre, le corps virginal fut conduit de Sion vers la vallée de Gethsémani, où si souvent, depuis l’agonie sanglante, Notre-Dame avait ramené ses pas et son cœur. Une dernière fois, « Pierre, joignant ses mains vénérables, étudie les traits divins de la Mère du Sauveur ; son regard, plein de foi, cherche à découvrir, à travers les ombres de la mort, quelques rayons de la gloire dont resplendit déjà la reine des cieux » [75]. Jean, le fils adoptif, jette un long, un dernier et douloureux regard sur le visage si calme et si doux de la Vierge. La tombe se referme ; c’en est fait pour la terre de ce spectacle dont elle n’était plus digne.

Plus heureux, les Anges, dont le marbre du monument ne saurait arrêter le regard, veillent près de cette tombe. Ils continuent leurs chants jusqu’à l’heure où, après trois jours, la très sainte âme de la divine Mère étant descendue pour reprendre son corps sacré, ils s’éloignent eux-mêmes en l’accompagnant vers les cieux. Nous aussi donc, en haut les cœurs ! Oublions aujourd’hui notre exil, pour applaudir au triomphe de Marie ; et sachons la rejoindre un jour à l’odeur de ses parfums.

Faisons nôtre cette antique formule qui se disait à Rome sur le peuple assemblé, au moment du départ de la litanie solennelle que nous avons rappelée.

COLLECTE.

Veneranda nobis, Domine, huius est diei festivitas, in qua sancta Dei Genetrix mortem subiit temporalem, nec tamen mortis nexibus deprimi potuit, quæ Filium tuum, Dominum nostrum, de se genuit incarnatum. Qui tecum.

Nous devons honorer la solennité de ce jour, ô Seigneur ; la sainte Mère de Dieu, en effet, y subit la mort du temps, sans que les liens de cette mort aient pu retenir celle qui de sa chair avait fourni un corps à votre Fils, notre Seigneur. Qui vit et règne

A LA MESSE.

Quel est ce Roi de gloire ? demandaient, au jour de la triomphante Ascension, les gardiens des portes éternelles ; et leur question, répétée dans le Psaume par deux fois [76], l’était une troisième en Isaïe s’écriant au nom des habitants des cieux : Quel est celui qui vient d’Édom dans la beauté de sa robe empourprée, dans l’élan de sa force victorieuse [77] ? Or, au Cantique sacré, trois fois comme pour le Fils se manifeste au sujet de la Mère le ravissement des célestes Principautés.

Quelle est celle-ci, qui s’avance comme l’aurore à son lever [78] ? Et cette première demande admirative est suscitée par la naissance de Marie en laquelle prend fin la nuit du péché.

Quelle est celle-ci, qui monte par le désert comme une vapeur embaumée de toutes sortes de parfums [79] ? Et cette deuxième expression de l’étonnement angélique a pour objet l’incomparable vie de la Vierge, où se rencontrent tous les progrès, d’où se dégagent tous les arômes des vertus.

Quelle est celle-ci, qui s’élève du désert inondée de délices, appuyée sur son bien-aimé [80] ? Et c’est là, vue des cieux, la sortie du tombeau de la Vierge bienheureuse.

Elle a rempli sa mission, accompli l’oracle, brisé la tête du serpent maudit [81]. De son cortège montent à nouveau vers les gardiens des remparts du ciel les paroles du psaume de triomphe : Ouvrez vos portes [82]. Ainsi disait prophétiquement, en figure d’elle, Judith victorieuse : Ouvrez vos portes, car Dieu est avec nous, car il a signalé sa puissance [83].

Et voici que se lèvent derechef, en effet, les portes éternelles. Du moindre au plus grand, tous les bienheureux habitants des hauteurs s’avancent à la rencontre de celle qui monte de notre humble vallée [84]. Plus démonstrative est la joie parmi les neuf chœurs, qu’elle ne le fut en Israël au jour où David introduisit l’arche figurative dans la cité sainte [85].

Faisons écho à l’allégresse des cieux. Que le solennel Introït de la fête soit pour nous la marche triomphale accompagnant l’entrée de Marie dans la vraie Sion. Le psaume d’épithalame, qui joint ses Versets à l’Antienne mélodieuse, est le trait d’union des chants du Sacrifice avec la lecture faite cette nuit du Cantique sacré.

L’Oraison demande le pardon et le salut par l’intercession de la Mère de Dieu. Son peu de rapport apparent au mystère de la solennité pourrait surprendre, si l’on oubliait qu’elle n’est que la deuxième Collecte de ce jour au Sacramentaire ; la première, que nous avons donnée plus haut, se disait au moment de la première réunion des fidèles, et elle proclame expressément l’impuissance de la mort à retenir Marie dans ses liens.

ÉPÎTRE.

Lecture du livre de la Sagesse. Eccli. XXIV.

J’ai cherché partout le repos, et j’ai voulu demeurer dans l’héritage du Seigneur. Alors le Créateur de toutes choses m’a parlé et fait connaître sa volonté ; et lui, qui m’a créée, s’est reposé dans mon tabernacle. Et il m’a dit : « Habitez en Jacob, et qu’Israël soit votre héritage, et prenez racine dans mes élus ». Et c’est ainsi que je me suis affermie dans Sion. J’ai donc trouvé mon repos dans la cité sainte, et ma puissance est établie dans Jérusalem. J’ai pris racine dans le peuple honoré du Seigneur, dans le peuple héritage de mon Dieu, et ma demeure est dans la plénitude des Saints. Je me suis élevée comme le cèdre au Liban, comme le cyprès de la montagne de Sion. Je me suis élevée comme le palmier en Cadès, et comme en Jéricho les plants des rosiers. Je me suis élevée comme un bel olivier dans la plaine, comme le platane sur les places au bord des eaux. J’ai donné mon parfum comme le cinnamome et le baume odorant ; comme une myrrhe de choix j’ai donné ma senteur.

L’Épître qu’on vient de lire est en relation étroite avec l’Évangile qui va suivre. Le repos recherché de Marie est celui de la meilleure part, le repos de l’âme en la présence du Pacifique, qui trouve lui-même dans cette âme pacifiée la part préférée de son héritage [86]. Nulle créature ne s’est approchée au point où l’a fait Notre-Dame de la paix où vit dans son éternité immuable la tranquille Trinité ; aussi nulle autre n’a mérité de devenir autant qu’elle le lieu du repos divin. Or, nulle activité ne saurait atteindre à l’excellence, à l’abondance des fruits d’une âme en laquelle le Seigneur se repose, parce qu’elle-même se repose en lui ; car ce repos est celui de l’Époux. Lorsque le Seigneur aura donné le sommeil à ses bien-aimés, alors apparaîtra leur fécondité, dit le Psaume [87].

Nous tous, devenus les fils de Marie au jour où le Seigneur se reposa dans son tabernacle, comprenons ce que la magnificence des expressions de l’éternelle Sagesse nous révèle de sa gloire en ce jour de triomphe. La branche sortie de la tige de Jessé ne porte point seulement la fleur divine sur laquelle s’est reposée la plénitude de l’Esprit-Saint [88] ; elle a racine dans les élus, appelant du ciel en leurs rameaux la sève qui transforme leur nature et divinise leurs fruits. Ces fruits de Jacob et d’Israël, ces œuvres delà vie chrétienne ordinaire ou de la vie des parfaits, sont donc aussi le bien et la richesse de la divine Mère. Aujourd’hui l’éternelle Sion, la cité sanctifiée, le peuple glorifié, héritage du Seigneur, la voient entrer à juste droit dans le repos sans fin où sa puissance s’affirmera d’autant plus en Jérusalem, que les Saints lui feront à jamais hommage de leur plénitude.

Mais combien cette plénitude des Saints rassemblés est elle-même dépassée par la plénitude des mérites personnels de Marie ! Autant le cèdre du Liban domine les fleurs de la plaine, autant et plus, après son Fils divin, Notre-Dame s’élève par delà toute sainteté créée. « Les arbres auxquels est comparée dans cette Épître la Bienheureuse Vierge en son exaltation, dit le Docteur angélique, peuvent être considérés comme représentant les divers ordres des bienheureux. Le sens de ce passage est donc que Marie, ayant eu les mérites de tous, a été exaltée par delà les Anges, les Patriarches et les Prophètes, les Apôtres, les Martyrs, les Confesseurs, les Vierges, par delà tous les Saints » [89].

Le Psaume XLIVe, dont les accents d’épithalame ont retenti déjà au Verset d’Introït, se poursuit au Graduel. La terre y chante les perfections qui ont mérité à l’Épouse l’appel du Roi des cieux. Dans le Verset, l’armée des Anges nous est montrée saluant l’entrée de sa Reine.

ÉVANGILE.

La suite du saint Évangile selon saint Luc. Chap. X.

En ce temps-là, Jésus entra dans un certain village, et une femme nommée Marthe le reçut dans sa maison. Or, elle avait une sœur nommée Marie ; et celle-ci, se tenant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Mais Marthe se dépensait pour le détail du service, et, s’arrêtant, elle dit : Seigneur, n’avez-vous pas souci de ce que ma sœur me laisse servir seule ? Dites-lui donc qu’elle m’aide. Et répondant, le Seigneur lui dit : Marthe, Marthe, vous vous inquiétez et embarrassez de beaucoup de choses. Pourtant une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, qui ne lui sera point enlevée.

Autrefois dans la Liturgie romaine [90] comme aujourd’hui encore chez les Grecs et les Mozarabes, l’Évangile du jour se continuait sans transition par ces versets d’un autre chapitre de saint Luc : Comme il disait ces choses, une femme élevant la voix du milieu de la foule, lui dit : Heureux le sein qui vous a porté, et les mamelles qui vous ont nourri ! Et Jésus dit : Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la pratiquent [91] !

Cette addition ramenait la pensée vers Notre-Dame ; mais l’épisode de Marthe et de sa sœur dans l’Évangile du jour n’en restait pas moins mystérieux. Écoutons saint Bruno d’Asti résumer l’explication instructive qui nous est donnée de ce choix par la tradition. « Ces deux femmes sont, dit-il, les chefs de l’armée sainte ; c’est elles que suit le peuple entier des élus. Les uns vont après Marthe, les autres après Marie ; mais nul n’arrive à la patrie, qu’il ne suive ou celle-ci ou celle-là. Aussi les saints Pères ont-ils à bon droit statué que cet Évangile serait lu dans la fête principale de la Bienheureuse Vierge, parce que c’est elle que signifient les deux sœurs ; elle s’élève entre toutes les créatures, comme ayant plus qu’aucune réuni les privilèges des deux vies, à savoir l’active et la contemplative. Comme Marthe, et bien mieux, elle a reçu le Christ : elle l’a reçu, non pas dans sa maison seulement, mais dans son sein ; elle l’a servi davantage, l’ayant conçu, mis au monde, porté dans ses bras. Comme Marie, d’autre part, elle écoutait sa parole, et de plus la conservait pour nous tous en son cœur [92] ; elle contemplait son humanité, elle pénétrait aussi et plus que personne sa divinité. Elle a donc bien choisi la meilleure part, qui ne lui sera point enlevée » [93].

Or donc, poursuit saint Bernard, « Celui qu’elle reçut à son entrée dans cet humble monde, la reçoit en ce jour au seuil de la cité sainte. Point de lieu ne se trouva sur terre plus digne du Fils de Dieu que le sein de la Vierge ; point de trône plus sublime au ciel que celui où le Fils de Marie la fait asseoir à son tour. De part et d’autre bienheureuses réceptions, ineffables toutes deux, parce que toutes deux elles dépassent la pensée ! Qui racontera la génération du Fils [94]), l’assomption de la Mère [95] ? »

A l’honneur de la Mère et du Fils, conformons nos mœurs aux enseignements évangéliques. Lorsqu’en nous Marthe se trouble, quand elle s’égare dans ses multiples sollicitudes, sachons la rappeler à l’unité de Marie. Soit en lui-même, soit dans ses membres, le Seigneur mérite seul d’arrêter notre pensée ; la valeur de toute chose, l’importance que nous devons dès lors lui attribuer dans notre conduite, se mesure à son rapport plus ou moins immédiat avec Dieu ou sa gloire. Que telle soit en tout la règle de nos appréciations : et la paix qui surpasse tout sentiment gardera nos intelligences et nos cœurs [96].

Aujourd’hui Marthe, l’Église de la terre, laissée seule aux combats, aux labeurs, se plaint de son abandon. Mais le Seigneur prend parti pour Marie, et lui confirme la meilleure part. Il est, à n’en pas douter, grande fête au ciel parmi les esprits angéliques : l’Offertoire revient à nouveau sur les démonstrations de leur allégresse auprès du Seigneur.

Ne laissons pas pourtant un sentiment de regret jaloux assombrir notre âme. Marie, comme tout passager de ce monde, a dû quitter la terre ; mais, dans la gloire, elle prie pour nous. C’est ce qu’exprime la Secrète.

Si vous m’aimiez, disait le Seigneur à ses disciples au moment de les quitter, vous vous réjouiriez de ce que je vais à mon Père [97]. Nous qui aimons Notre-Dame, réjouissons-nous de ce qu’elle va vers son Fils. Comme le chante l’Antienne de Communion, la meilleure part, qu’elle a choisie, lui est assurée pour jamais.

Le pain sacré, que nous devons à Marie, nous reste toujours. Puisse-t-il, avec son intercession, nous garantir contre tous maux !

AUX SECONDES VÊPRES.

Les Antiennes, les Psaumes, le Capitule, l’Hymne et le Verset, sont les mêmes qu’aux premières Vêpres, à l’exception de l’Antienne de Magnificat.

Après l’Oraison de la fête, on fait mémoire [98] d’un saint Confesseur, St Hyacinthe, qui fut assez heureux que d’être appelé au ciel au jour même du triomphe de Notre-Dame. L’Église, pour le mieux célébrer, a remis sa propre fête au lendemain de celle de Marie.

Aujourd’hui, dans toutes les églises de France, a lieu la procession solennelle instituée en souvenir et confirmation du vœu par lequel Louis XIII dédia le royaume très chrétien à la Bienheureuse Vierge.

Par lettres données à Saint-Germain-en-Laye, le 10 février 1638, le pieux roi déclarait consacrer à Marie sa personne, son état, sa couronne, ses sujets. « Nous enjoignons à l’archevêque de Paris, disait-il ensuite, que tous les ans, le jour et fête de l’Assomption, il fasse faire commémoration de notre présente déclaration à la grande Messe qui se dira en son église cathédrale, et qu’après les Vêpres dudit jour il soit fait une procession en ladite église, à laquelle assisteront toutes les compagnies souveraines et le corps de ville avec pareille cérémonie que celle qui s’observe aux processions plus solennelles. Ce que nous voulons aussi être fait en toutes les églises tant paroissiales que celles des monastères de ladite ville et faubourgs, et en toutes les villes, bourgs et villages dudit diocèse de Paris. Exhortons pareillement tous les archevêques et évêques de notre royaume, et néanmoins leur enjoignons de faire célébrer la Messe solennelle en leurs églises épiscopales, et autres églises de leurs diocèses ; entendant qu’à ladite cérémonie les cours de parlement et autres compagnies souveraines, les principaux officiers des villes y soient présents. Nous exhortons lesdits archevêques et évêques... d’admonester tous nos peuples d’avoir une dévotion particulière à la Vierge, d’implorer en ce jour sa protection, afin que sous une si puissante patronne notre royaume soit à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis ; qu’il jouisse longuement d’une bonne paix ; que Dieu y soit servi et révéré si saintement, que nous et nos sujets puissions arriver heureusement à la dernière fin pour laquelle nous avons tous été créés ; car tel est notre plaisir ».

A nouveau donc, le royaume de France s’affirmait le royaume de Marie. Moins d’un mois après la première fête célébrée conformément aux royales prescriptions, le 5 septembre 1638, naissait d’une union stérile vingt ans celui qui fut Louis XIV. Lui-même devait renouveler la consécration à Marie de la couronne et du sceptre de France [99]. L’Assomption demeura, elle est toujours, pour ceux que ne séduisent pas des dates de révolte et d’assassinat, la fête nationale du pays.

Voici les prières spéciales qui se dirent tous les ans jusqu’à la chute de la monarchie, en exécution du vœu de Louis XIII. Nous donnons l’Oraison dans son texte primitif.

ANTIENNE.

Sub tuum præsidium confugimus, sancta Dei Gemtrix : nostras deprecationes ne despicias in necessitatibus ; sed a periculis cunctis libera nos semper, Virgo gloriosa et benedicta.

V/. Deus judicium tuum regi da et justitiam tuam filio regis.

R/. Judicare populum tuum in justitia et pauperes tuos in judicio.

ORAISON.

Deus, regum et regnorum rex, moderator et custos, qui Unigenitum Filium tuum, Beatissimæ Virginis Mariæ filium, et ei subjectum esse voluisti, famuli tui christianissimi Francorum regis, fidelis populi et totius regni sui vota, secundo favore prosequere, ut qui ejusdem se Virginis imperio manciparit, et ipsius servituti devota sponsione consecrant, perennis in vita tranquillitatis ac pacis et æternæ libertatis in cælo præmia consequantur. Per eumdem.

Nous avons recours à votre protection sainte Mère de Dieu : dans nos besoins ne méprisez pas nos prières ; mais délivrez-nous toujours de tous maux, Vierge glorieuse et bénie.

V/. O Dieu, donnez au roi votre science du jugement et au fils du roi celle de votre justice.

R/. Pour juger votre peuple dans l’équité et vos pauvres dans la droiture.

Dieu, roi des rois et des royaumes, leur guide et leur gardien, vous qui avez donné comme fils à la bienheureuse Vierge Marie votre propre Fils unique et le lui avez soumis : accueillez favorablement les vœux de votre serviteur le très chrétien roi des Francs, de son peuple fidèle et de tout le royaume ; ils se soumettent eux-mêmes à l’empire de cette bienheureuse Vierge, ils se dévouent, s’engagent et se consacrent à son service : puissent-ils en retour obtenir, durant cette vie la tranquillité et la paix, au ciel l’éternelle liberté. Par le même Jésus-Christ, notre Seigneur.

Nous ne devons pas omettre de rappeler que la Hongrie fut de même consacrée à la Mère de Dieu par son premier roi, saint Étienne. Le présent jour y prit dès lors l’appellation du jour de la grande souveraine, dies Magnœ Dominae. Marie reconnut la piété de l’apostolique prince : ce fut le 15 août 1038, qu’il échangea pour la couronne des cieux son trône de la terre : nous le retrouverons sur le Cycle au deuxième jour de septembre. Au XVIe siècle, on vit en plusieurs lieux les Luthériens continuer après leur apostasie d’observer l’Assomption de la bienheureuse Vierge, que les populations n’eussent pas laissé supprimer. La coutume d’un grand nombre d’églises d’Allemagne était, comme en font foi leurs Bréviaires et Missels, de célébrer durant trente jours consécutifs par des réunions et des chants le triomphe de Marie.

Tressons notre couronne liturgique à Marie glorifiée. Par où mieux commencer que par ces fleurs de si parfait, de si plein arôme, que le sol gaulois fit surgir aux premiers jours ? On verra que dans la Messe du 18 janvier, d’où elles sont prises, nos pères célébraient à la fois la maternité de Notre-Dame et son triomphe.

MISSA IN ADSUMPTIONE S. M. M. D. N.

Generosæ diei Dominicæ Genitricis inexplicabile Sacramentum, tanto magis præconabile, quantum est inter homines Assumptione Virginis singulare. Apud quem vitæ integritas obtinuit Filium ; et mors non invenit par exemplum. Nec minus ingerens stuporem de transitu, quam exultatione ferens unico beata de partu. Nonsolum mirabilis pignore, quod fide concepit ; sed translatione prædicabilis, qua migravit. Speciali tripudio, affectu multimodo, fideli voto, Fratres dilectissimi, corde deprecemur attento : ut ejus adjuti muniamur suffragio ; quæ fœcunda Virgo, beata de partu, clara de merito, felix prædicatur abscessu : obsecrantes misericordiam Redemptoris nostri : ut circumstantem plebem illuc dignetur introducere ; quo Beatam Matrem Mariam, famulantibus Apostolis, transtulit ad honorem. Quod ipse præstare dignetur : qui cum Patre et Spiritu Sancto vivit, et regnat Deus in sæcula.

MISSA IN ADSUMPTIONE S. M. M. D. N.

Célébrons l’ineffable mystère du jour glorieux consacré à la Mère du Seigneur ; il mérite d’autant plus la louange, ce mystère, que l’Assomption de la Vierge le rend unique parmi les hommes. Il nous montre une vie où la virginité met au monde un fils, une mort qui n’a pas sa semblable. L’étonnement que suscite une telle mort, n’est pas moindre que l’allégresse causée par ce bienheureux enfantement. Admirons cette conception par la foi ; exaltons le passage dans lequel consiste cette mort. Que spéciales soient les manifestations de la joie, que se multiplient les effusions de l’amour, que la dévotion réponde à l’objet de la fête. Frères bien-aimés, que notre cœur soit tout entier à la prière : obtenons l’aide et le suffrage de la Vierge féconde, de l’heureuse mère, au mérite éclatant, au départ fortuné ; supplions notre miséricordieux Rédempteur, qu’il daigne conduire le peuple ici présent où il a glorieusement élevé la Bienheureuse Marie, sa Mère, à laquelle ses Apôtres ont rendu les devoirs suprêmes. Qu’il daigne nous accorder cette grâce, celui qui avec le Père et le Saint-Esprit vit et règne, étant Dieu, dans les siècles.

COLLECTIO POST NOMINA .

Habitatorem Virginalis hospitii, Sponsum beati thalami, Dominum tabernaculi, Regem Templi, qui eam innocentiam contulit Genitrici, qua dignaretur incarnata Deitas generari : quas nihil sæculi conscia, tantum precibus mens attenta, tenuit puritatem in moribus, quam perceperat Angeli benedictione, visceribus : nec per Assumptionem de morte sensit inluviem ; quæ vitæ portavit Auctorem : Fratres Carissimi, fusis precibus Dominum imploremus : ut ejus indulgentia illuc defuncti liberentur a tartaro ; quo Beatæ Virginis translatum corpus est de sepulchro. Quod ipse præstare dignetur ; qui in Trinitate perfecta vivit.

COLLECTIO POST NOMINA .

Nos vœux s’adressent à l’hôte du sein virginal, à l’Époux du sanctuaire bienheureux, au Seigneur du tabernacle, au Roi du temple ; l’innocence conférée par lui à sa Mère fut telle, que sa divine personne daignât y prendre chair et en être engendrée. N’ayant rien de commun avec le siècle, l’âme uniquement tournée vers la prière, cette mère observa dans ses mœurs la pureté qu’au salut de l’Ange elle avait reçue dans ses entrailles ; aussi, par son Assomption, ne connut-elle point la mort pour en être souillée, celle qui porta l’Auteur de la vie. Frères très chers, implorons par des prières ferventes le Seigneur : que sa miséricorde délivre les défunts de l’abîme, et les admette là où le corps de la Bienheureuse Vierge a été transféré du sépulcre. Qu’il daigne faire ainsi, Celui qui vit dans une Trinité parfaite.

CONTESTATIO.

Dignum et justum est, omnipotens Deus , nos tibi magnas merito gratias agere, tempore celeberrimo, die præ cæteris honorando. Quo fidelis Israhel egressus est de Ægypto. Quo Virgo Dei Genitrix de mundo migravit ad Christum. Quæ nec de corruptione suscepit contagium ; nec resolutionem pertulit in sepulchro, pollutione libera, germine gloriosa, assumptione secura, Paradiso dote prælata, nesciens damna de coitu, sumens vota de fructu, non subdita dolori per partum, non labori per transitum, nec vita voluntate, nec funus solvitur vi naturæ. Speciosus thalamus, de quo dignus prodit Sponsus, lux gentium, spes fidelium, prædo dæmonum, confusio Judæorum : vasculum vitæ ; tabernaculum gloriæ, templum cœleste : cujus juvenculæ melius prædicantur merita ; cum veteris Evæ conferuntur exempla.

Siquidem ista mundo vitam protulit ; illa legem mortis invexit. Illa prævaricando, nos perdidit ; ista generando, salvavit. Illa nos pomo arboris in ipsa radice percussit ; ex hujus virga flos exiit, qui nos odore reficeret, fruge curaret. Illa maledictione in dolore generat ; ista benedictionem in salute confirmat. Illius perfidia serpenti consensit, conjugem decepit, prolem damnavit ; hujus obedientia Patrem conciliavit, Filium meruit, posteritatem absolvit. Illa amaritudinem pomi suco propinat ; ista perennem dulcedinem Nati fonte desudat. Illa acerbo gustu natorum dentes deterruit ; hæc suavissimi panis blandimenti cibo formavit : cui nullus deperit, nisi qui de hoc pane saturare fauce fastidit. Sed jam veteres gemitus in gaudia nova vertamus.

Ad te ergo revertimur Virgo fœta, Mater intacta , nesciens virum, puerpera, honorata per Filium non polluta. Felix, per quam nobis inspirata gaudia successerunt. Cujus sicut gratulati sumus ortu, tripudiavimus partu ; ita glorificamur in transitum. Parum fortasse fuerat si te Christus solo sanctificasset introitu ; nisi etiam talem Matrem adornasset egressu. Recte ab ipso suscepta es in Assumptione feliciter ; quem pie suscepisti conceptura per fidem : ut quæ terræ non eras conscia, non teneret rupes inclusa.

Vere diversis insolis anima redempta : cui Apostoli sacrum reddunt obsequium, Angeli cantum, Christus amplexum, nubis vehiculum, Assumptio Paradisum, inter choros Virginum gloria principatum. Per Christum Dominum nostrum. Cui Angeli atque Archangeli.

CONTESTATIO.

Il est digne et juste, Dieu tout-puissant, il est équitable que nous vous rendions de grandes actions de grâces en ce temps consacré, en ce jour vénérable entre tous. Comme le fidèle Israël sortit de l’Égypte, ainsi la Vierge Mère de Dieu passa du monde au Christ. Pas plus que la corruption de la vie, elle ne connut la dissolution du tombeau. Exempte de souillure, glorieuse en sa fécondité, délivrée par son assomption, elle règne au Paradis comme Épouse. Vierge toujours pure, elle porte un fruit d’allégresse ; la douleur est absente de son enfantement, la peine de sa mort ; sa vie fut au-dessus de la nature, son trépas ne fut pas une dette exigée par celle-ci. Chambre nuptiale brillante, d’où sort l’incomparable Époux, la lumière des nations, l’espérance des fidèles, le spoliateur des démons, la confusion des Juifs ! Vase de vie, tabernacle de gloire, temple céleste ! Mais de cette vierge nouvelle les mérites éclatent mieux, si les gestes de l’ancienne Ève en sont rapprochés.

Celle-là produit la vie pour le monde ; celle-ci donne naissance à l’empire de la mort. Celle-ci prévarique et nous perd ; celle-là engendre et nous sauve. Celle-ci par le fruit de l’arbre nous frappe à la racine ; de cette branche sort la fleur dont le parfum nous réconforte, dont le fruit nous guérit. L’une sous la malédiction engendre dans la douleur ; l’autre retrouve la bénédiction, assure le salut. La perfidie de l’une conspire avec le serpent, trompe son époux, perd sa race ; l’obéissance de l’autre apaise le Père, mérite le Fils, délivre sa descendance. L’une nous présente dans le suc d’un fruit l’amertume ; l’autre fait couler de la source de son Fils la douceur sans fin. Telle est l’aigreur de la pomme d’Ève, que les dents des enfants en demeurent agacées ; la suavité du pain de la Vierge les raffermit et les nourrit : nul avec elle ne meurt, que celui qui en présence de ce pain rassasiant reste dégoûté. Mais il est temps de laisser les vieux gémissements pour les nouvelles joies.

Nous revenons donc à vous, Vierge féconde, Mère toujours pure qui ne connûtes point d’homme, qui enfantez, mais dont le Fils vous apporte l’honneur et non la souillure. Heureuse, vous par qui sont arrivées jusqu’à nous les joies que vous avez conçues ! Nous nous sommes félicités de votre naissance, nous avons tressailli à votre enfantement, nous nous glorifions de votre passage au ciel. Il n’eût pas suffi sans doute que le Christ sanctifiât votre entrée ; d’une telle Mère, il devait illustrer aussi la sortie. Il était juste que, l’ayant reçu dans votre amour quand vous le conçûtes par la seule foi, lui-même à son tour vous reçût dans sa félicité par cette Assomption ; celle en qui la terre n’avait point eu de prise ne pouvait être retenue sous la roche du tombeau.

Véritablement donc, que de merveilles inaccoutumées ! Les Apôtres lui rendent le devoir suprême ; les Anges la célèbrent en leurs chants ; le Christ la reçoit dans ses bras ; une nuée est son char ; son Assomption l’élève au Paradis ; parmi les chœurs des Vierges elle exerce une principauté glorieuse. Par le Christ notre Seigneur, à qui les Anges et les Archanges.

La Liturgie ambrosienne compose sa Préface de la Messe de Vigile avec les termes mêmes de la Collecte romaine qui se disait au moment de la solennelle Litanie précédemment décrite. Nous lui emprunterons les deux Antiennes suivantes de la Messe du jour.

CONFRACTORIUM.

Lætare Virgo , Mater Christi, stans a dextris ejus in vestitu deaurato, circumamicta jucunditate.

TRANSITORIUM.

Magnificamus te, Dei Genitrix ; quia ex te natus est Christus, salvans omnes, qui te glorificant. Sancta Domina, Dei Genitrix, sanctificationes tuas transmitte nobis.

CONFRACTORIUM Soyez dans la joie, Vierge, Mère du Christ, vous tenant à sa droite en votre vêtement d’or, environnée de charmes.

TRANSITORIUM.

Nous vous exaltons, Mère de Dieu, parce que de vous est né le Christ, sauvant tous ceux qui vous glorifient. Sainte souveraine, Mère de Dieu, faites-nous part des grâces qui vous ont sanctifiée.

Les Mozarabes seront représentés par ces pièces de leurs Vêpres de la fête.

LAUDA.

Virgo Isræl, ornare tympanis tuis.

R/. Et egredere in choro psallentium.

V/. Beata es Regina, quæ prospicis, quasi lumen.

R/. Et egredere.

V/. Dominus sit semper vobiscum.

R/. Et cum spiritu tuo.

SONO.

Dominus Deus cœli benedicat tibi : honor regni David in manu tua.

R/. Et adorabunt coram te filii multarum gentium. Alleluia.

V/. Audi, filia Sion, quia exaltata es, et facies tua fulget in templo Dei : Sol justitiæ ingressu tuo orietur.

R/. Et adorabunt.

V/. Dominus sit.

R/. Et cum.

ANTIPHONA.

Benedicta tu Deo altissimo, præ omnibus mulieribus.

R/. Propter hoc non discedet laus tua ab ore hominum usque in sæculum.V/. Non det in commotionem pedem tuum : neque dormiet qui custodit te.

R/. Propter

V/. Gloria et honor Patri, et Filio, et Spiritui Sancto in sæcula sæculorum. Amen.

R/. Propter.

V/. Dominus sit.

R/. Et cum.

LAUDA.

Rami mei rami honoris et gratiæ. Alleluia.

R/. Ego quasi vitis fructificavi suavitatem odoris. Alleluia, alleluia, alleluia, alleluia.

V/. Ego autem, sicut oliva fructifera in domo Domini, sperabo in misericordia Dei mei in æternum, et in sæculum sæculi.

R/. Ego quasi.

V/. Gloria et honor Patri.

R/. Ego quasi.

ORATIO.

Hæc est, Domine Deus, gloriosa illa virgo Maria, quæ hodie a convalle lachrymarum et mundi deserto cognoscitur superassumi incumbens super dilectum Unigenitum tuum, Filiumque suum loco videlicet inenarrabili : cujus vero quasi signaculum et monile detegitur pretiosum, dum unius naturæ illud corpus confitemur Dominicum istius inlibatæ genitricis a Divinitate assumptum. Proinde quæsumus, ineffabilis summe Deus, ut illic extendatur nostra intentio, quo per fortem dilectionem hodie præcessit digna suffragatrix pro nobis ac beatissima Virgo.

R/. Amen.

V/. Per misericordiam tuam, Deus noster, qui es benedictus, et vivis, et omnia regis in sæcula sæculorum.

R/. Amen.

LAUDA

Vierge d’Israël, prenez le tympanon,

R/. Et sortez au milieu des chœurs.

V/. Vous êtes bienheureuse, Reine qui vous élevez comme la lumière.

R/. Et sortez.

V/. Que le Seigneur soit toujours avec vous.

R/. Et avec votre esprit.

SONO.

Que le Seigneur Dieu du ciel vous bénisse : l’honneur du royaume de David est en vous.

R/. Et l’on verra se prosterner devant vous les fils de nations nombreuses. Alléluia.

V/. Écoutez, fille de Sion, en ce jour de votre gloire où votre visage resplendit dans le temple de Dieu ; le Soleil de justice se lève à votre entrée.

R/. Et l’on verra.

V/. Que le Seigneur.

R/. Et avec.

ANTIPHONA.

Vous êtes bénie par le Dieu très haut plus que toutes les femmes.

R/. C’est pourquoi la bouche des hommes ne cessera point jusqu’à l’éternité de proclamer vos louanges.

V/. Votre pied ne sera jamais ébranlé ; il ne s’endormira pas celui qui vous garde.

R/. C’est pourquoi.

V/. Gloire et honneur au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit dans les siècles des siècles. Amen.

R/. C’est pourquoi.

V/. Que le Seigneur.

R/. Et avec 

LAUDA.

Mes rameaux sont des rameaux d’honneur et de grâce. Alléluia.

R/. J’ai comme la vigne fructifié dans une suavité parfumée. Alléluia, alléluia, alléluia, alléluia.

V/. Je suis comme un olivier chargé de fruits dans la maison du Seigneur ; j’espérerai dans la miséricorde de mon Dieu pour l’éternité, pour les siècles des siècles.

R/. J’ai comme.

V/. Gloire et honneur au Père,

R/. J’ai comme.

ORATIO.

Nous contemplons, Seigneur Dieu, la glorieuse Vierge Marie, qui s’élève aujourd’hui de la vallée des larmes et du désert du monde à d’inénarrables hauteurs, appuyée sur son bien-aimé, votre Fils unique et son Fils. Quelle gloire spéciale, quel joyau précieux est cette unité de nature entre l’immaculée Mère et le corps pris d’elle par la personne divine du Seigneur ! C’est pourquoi, nous vous en supplions, Dieu souverain, ineffable : puissent nos énergies se diriger au but ou nous précède aujourd’hui dans son fort amour, et comme notre digne avocate, cette bienheureuse Vierge !

R/. Amen.

V/. Par votre miséricorde, ô notre Dieu, qui êtes béni, et vivez, et gouvernez tout dans les siècles des siècles.

R/. Amen.

Les Grecs nous donnent cette gracieuse composition, dont les huit premières strophes s’adaptent aux huit tons musicaux, pour revenir dans la neuvième au premier, ayant ainsi chanté sur tous les modes le triomphe de Marie [100].

IN OFFICIO VESPERTINO.

A un signal de la toute-puissance, les Apôtres qui portent Dieu furent enlevés sur les nuées par les airs.

A leur arrivée, ils saluèrent dans un langage sublime votre corps très pur, principe de la vie.

Cependant les plus élevées des puissances des cieux, venant avec leur Seigneur, forment cortège au corps sans tache qui a renfermé Dieu ; saisies de crainte, elles remontent vers les célestes demeures,

Et elles crient comme font les esprits aux chefs des angéliques phalanges : « Voici qu’arrive la reine de tous, la Mère de Dieu !

« Ouvrez les portes, et recevez dans les hauteurs la mère de la lumière éternelle.

« Par elle s’est accompli l’universel salut des mortels. Nos yeux sont impuissants à fixer sa beauté.

« Elle ne saurait être assez honorée ; car son mérite surpasse toute pensée ».

C’est pourquoi, immaculée, ô Mère de Dieu, vivant à jamais dans la société du prince de la vie né de vous, intercédez pour nous sans cesse ; soyez notre garde ; sauvez de tout choc de l’ennemi cette jeunesse qui est vôtre Car nous avons droit à votre secours « A vous, dans les splendeurs de l’éternité, nos acclamations !

Cueillions de même quelques traits dans les chants Chaldéens.

IN ASSUMPTIONE V. MARIAE.

L’homme ne saurait louer comme il faut la Mère du Seigneur des anges et des hommes ; ni les hommes ne peuvent la comprendre, ni les anges la pénétrer pleinement : Objet qu’elle est d’admiration dans sa vie mortelle, de stupeur dans sa mort vivifiante.

Durant sa vie, elle était morte au monde ; à sa mort, elle ressuscite les morts.

Vers elle les Apôtres s’empressent des régions lointaines, les anges descendent des hauteurs du ciel pour l’honorer comme il convient.

Les Vertus s’animent mutuellement, les Principautés se répandent comme des nuages enflammés, les Dominations sont dans la joie, les Puissances tressaillent.

Les Trônes multiplient la louange, tandis que les Séraphins exaltent la gloire de son bienheureux corps, et que les Chérubins célèbrent dans leurs chants celle qui s’avance au milieu d’eux.

L’air et les nuées s’inclinent à son passage ; les tonnerres applaudissent en louant son Fils dans leur concert ; la pluie et la rosée portent envie à son sein virginal : Car elles nourrissent les plantes, mais lui a nourri le Seigneur des plantes.

Raoul de Tongres, qui écrivit au XIVe siècle son livre De l’observance des canons dans les Offices de L’Église, signale l’Hymne suivante comme usitée de son temps pour la fête de ce jour [101].

HYMNE.

O quam glorifica luce coruscas,
Stirpis Davidicæ regia proles :
Sublimis residens Virgo Maria,
Supra cœligenas ætheris omnes.

Tu cum virgineo mater honore,

Angelorum Domino pectoris aulam,
Sacris visceribus casta parasti ;
Natus hinc Deus est corpore Christus.

Quem cunctus venerans orbis adorat,
Cui nunc rite genu flectitur omne :
A quo te, petimus, subveniente,
Abjectis tenebris, gaudia lucis.

Hoc largire, Pater luminis omnis,
Natum per proprium, Flamme sacro :
Qui tecum nitida vivit in æthra
Regnans, ac moderans sæcula cuncta.
Amen.

HYMNE.

O que glorieuse est la lumière dont vous brillez,
royale fille de la race de David !
Du trône où vous êtes élevée, Vierge Marie,
vous dominez tous les habitants des cieux.

Mère en gardant l’honneur de la virginité,
vous offrîtes comme palais votre cœur au Seigneur des Anges ; l
a pureté prépara votre sein sacré :
Dieu fut chair, et le Christ naquit.

C’est lui qu’adore en tremblant l’univers,
lui devant qui tout genou à cette heure fléchit dévotement,
lui de qui nous implorons, par votre secours,
la fin de nos ténèbres et les joies de la lumière.

Accordez-nous cette grâce, Père de toute lumière,
par votre Fils, dans l’Esprit-Saint :
avec vous il vit et règne ce Fils, dans les cieux resplendissants,
gouvernant tous les siècles.
Amen.

Terminons par cette suave Séquence.

 SÉQUENCE

Affluens deliciis,
David regis filia,
Sponsi fertur brachiis
Ad cœli sedilia :
Et amica properat
Sponsum, quo abierat,
Quærens inter lilia.

Hodie cubiculum
Regis Hester suscipit,
Sedare periculum,
Quod hostilis efficit
Aman instans fraudibus,
Peccati rudentibus
Mundo mortem conficit.

Per cœli palatia
Cuncta transit ostia
Intra regis atria,
Ubi sceptrum aureum,
Christum, os virgineum
Osculatur hodie,
Ut sit pax Ecclesiæ.

Vox Rachelis in Rama
Hic auditur : sed drama
Tibi dulce canitur,
Ubi te amplectitur
Sponsus, et allpquitur,
Quo beata frueris
Plusquam cunctis superis.

Te transmittit hodie
Tellus cœli curiæ,
David regis Thecuitem,
Helisæi Sunamitem,
Ut fugati revocemur,
Et prostrati suscitemur
Ad æterna gaudia,
Ubi es in gloria.
Amen.

 SÉQUENCE

Inondée de délices,
la fille du roi David
est portée dans les bras
de l’Époux aux célestes trônes ;
la bien-aimée, cherchant
l’Époux parmi les lis,
s’empresse de le rejoindre où il était allé.

Aujourd’hui s’ouvre
pour Esther la chambre du Roi :
elle y vient conjurer le danger
provenu des perfidies d’Aman notre ennemi,
qui enserre le monde
dans les liens du péché
pour lui donner la mort.

Traversant les palais des cieux,
elle franchit les diverses barrières,
pour pénétrer jusqu’aux appartements royaux ;
là, aujourd’hui, sa bouche virginale
baise le sceptre d’or,
qui est le Christ :
ainsi est accordée paix à l’Église

En Rama, ici-bas,
la voix de Rachel se fait entendre ;
mais un chant suave
à votre honneur remplit le lieu des embrassements,
des douces paroles de l’Époux,
dont vous jouissez, ô fortunée,
plus qu’aucun habitant des cieux.

La terre vous envoie
aujourd’hui à la céleste cour,
comme la femme prudente de Thécua au roi David,
comme la Sunamite au véritable Élisée :
faites-nous rappeler de notre exil,
faites-nous ressusciter de la mort,
pour goûter les joies éternelles
où vous êtes dans la gloire.
Amen.

Vous avez goûté la mort, ô Marie ! Mais son sommeil, comme le sommeil d’Adam aux premières heures du monde, n’a été qu’une extase mettant en présence l’Époux et l’Épouse. Comme le sommeil de l’Adam nouveau au grand jour du salut, il appelait aussi le réveil de la résurrection. Déjà, par le Christ Jésus, notre nature, dans la totalité de son être, âme et corps, régnait aux cieux [102] ; mais, comme au paradis du premier jour, il n’était point bon que l’homme fût seul sous le regard de la Trinité sainte [103]. A la droite de Jésus paraît aujourd’hui la nouvelle Ève [104], en tout semblable au chef divin dans le vêtement de sa chair glorifiée ; rien ne manque plus au paradis de l’éternité.

O Marie, qui, selon l’expression de votre dévot serviteur, Jean Damascène, avez rendu la mort bienheureuse et joyeuse [105], détachez-nous de cette terre où rien ne saurait plus nous retenir. Nous vous avons accompagnée de nos vœux [106] ; nous vous avons suivie, du regard de l’âme, aussi loin que l’ont permis les bornes de notre mortalité : et maintenant, nos yeux pourront-ils jamais se reporter sur ce monde de ténèbres ? Vierge bénie, pour sanctifier l’exil, pour nous aider à vous rejoindre, assurez-nous le secours des vertus dont le vol sublime vous a portée à ces hauteurs. En nous aussi, il faut qu’elles règnent ; en nous aussi, il faut qu’elles brisent la tête du serpent maudit : pour qu’un jour, en nous aussi, elles triomphent. O jour des jours, où l’espérance de Job sera pour nous dépassée [107], où nous verrons non point seulement le Rédempteur, mais la Reine qui se tient si près du Soleil de justice qu’elle en est revêtue [108], éclipsant de son éclat les splendeurs des Saints !

L’Église, il est vrai, nous reste, ô Marie, l’Église elle aussi notre Mère, et qui poursuit votre lutte contre le dragon aux sept têtes odieuses. Mais elle aussi soupire après l’heure où lui seront données les ailes d’aigle [109] qui lui permettront de s’élever comme vous par le désert, et d’atteindre l’Époux. Voyez-la parcourant comme la lune à vos pieds ses phases laborieuses ; entendez les supplications qu’elle vous adresse comme à sa médiatrice auprès du Soleil divin : que par vous elle reçoive la lumière ; que par vous elle mérite faveur auprès de Celui qui vous a aimée, revêtue de gloire, couronnée de beauté [110].

Daniele da Volterra  (1509–1566), Assunzione della Beata Vergine Maria, 1548-1550, Rovere chapel in Trinita' dei Monti Rome, Italy.


Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

La fête.

La fête de la Dormition ou de l’Assomption de la Mère de Dieu au ciel est probablement la plus ancienne des fêtes mariales, car, très longtemps avant les conciles de Chalcédoine et d’Éphèse, elle apparaît comme d’usage universel et commun, non seulement chez les catholiques, mais aussi parmi les sectes dissidentes ou dans de très anciennes églises nationales comme celle des Arméniens et des Éthiopiens. Il est probable que la dédicace, à Rome, de la basilique major de Sainte-Marie sur l’Esquilin le 5 août au temps du pape Libère (352-366), ou de Sixte III, a elle-même quelque relation avec la fête de l’Assomption qui, bien que célébrée le 18 janvier dans le rit gallican, le 16 dans le rit copte, était fixée selon l’usage byzantin à la mi-août, date qui fut retenue définitivement ensuite par l’empereur Maurice au temps de saint Grégoire le Grand.

Quelle que soit d’ailleurs l’origine de cette solennité, il est certain qu’à Rome la fête existait bien longtemps avant le pape Serge, car, nous l’avons déjà dit, ce pontife, pour l’entourer d’une plus grande splendeur, décida qu’à cette occasion on ferait chaque année une procession solennelle, de la basilique de Saint-Adrien sur le Forum à Sainte-Marie-Majeure où le Pape célébrait la messe stationnale. Il prescrivit une cérémonie semblable pour la Purification, la Nativité et l’Annonciation de la Mère de Dieu, s’inspirant probablement de l’usage des Byzantins qui, depuis quelques siècles déjà, célébraient ces solennités. Léon IV établit, vers 847, que la fête de l’Assomption serait précédée à Rome de la veillée solennelle (vigile) du clergé et du peuple dans la basilique de Sainte-Marie-Majeure ; et pour le jour de l’octave il prescrivit que la station serait célébrée hors la porte Tiburtine dans la basilique maior en l’honneur de la Vierge, érigée par le pape Sixte III devant l’abside de l’église constantinienne de Saint-Laurent.

Nous connaissons encore l’ordre de la solennelle procession stationnale établie du temps de Serge Ier. De bon matin le peuple, portant des cierges allumés et chantant des antiennes et de pieuses litanies, se rendait à l’église de Saint-Adrien, où on attendait l’entrée du Pontife. A peine celui-ci arrivait-il à cheval du Latran, lui et ses sept diacres laissaient leurs vêtements habituels et prenaient les lugubres pænulæ de pénitence, puis la procession commençait. Devant, marchaient sept porte-croix, puis venait le peuple priant, et enfin le clergé palatin et le Pontife escorté de deux acolytes soutenant des flambeaux avec les torches allumées selon l’usage impérial romain. Suivaient un sous-diacre, balançant l’encensoir des parfums, puis deux autres porte-croix chargés chacun d’une précieuse croix stationnale ; enfin le cortège se terminait par la Schola des chantres, composée des enfants de 1’’orphanotrophium, qui alternaient avec le clergé le chant des antiennes et des litanies appropriées à la circonstance. Quand cet interminable défilé arrivait enfin vers l’aurore à Sainte-Marie-Majeure, le Pape et ses diacres se retiraient d’abord dans le secretarium pour changer de vêtements et se préparer à la célébration de la messe, tandis que le reste du clergé et le peuple, humblement prosternés devant l’autel, comme cela se fait aujourd’hui encore le Samedi saint, chantaient pour la troisième fois la litanie ternaire des saints, c’est-à-dire en répétant trois fois chaque invocation.

Par la suite, ce rite vigilial, composé de processions nocturnes, d’antiennes, de croix et de cierges, rite si différent de l’habituelle pannuchis romaine, et qui accuse pour cette raison une origine orientale, eut un immense développement et devint l’une des solennités les plus caractéristiques de la Rome médiévale. Au Xe siècle, le Pape et le Collège des cardinaux, le matin de la vigile de l’Assomption, se rendaient pieds nus dans l’oratoire de Saint-Laurent, appelé aujourd’hui Sancta Sanctorum au Latran, où l’on conservait, entre autres reliques, l’antique image du Sauveur qu’on disait avoir été soustraite jadis à la destruction des Iconoclastes à Constantinople. Ce tableau était, à Rome, en grande vénération ; aussi le Pontife, avant d’ouvrir les portes du tabernacle qui le gardait, faisait, avec ceux qui étaient présents, sept génuflexions. A l’apparition de la sainte image, selon une ordonnance de saint Léon IV, on entonnait l’hymne Te Deum ; le Pape montait alors sur l’estrade préparée dans ce but, et baisait d’abord les pieds du Sauveur, puis déposait le tableau sur la table du saint autel.

Dans l’après-midi, tout le haut clergé du patriarchium du Latran se rendait, en compagnie du Pontife, à Sainte-Marie-Majeure pour y célébrer les vêpres. Puis on prenait un sobre repas qui était d’ailleurs l’unique réfection permise en ce jour de jeûne rigoureux. Au coucher du soleil se terminait ce repas frugal, et le clergé papal se retirait pour prendre un peu de repos dans les salles du palais voisin.

Au chant du coq, le Pape était debout de nouveau avec son clergé et tous retournaient dans la basilique luxueusement illuminée et toute ornée de tentures, pour y célébrer en présence du peuple innombrable l’office vigilial. Celui-ci, selon l’usage romain des plus grandes solennités, se composait de deux offices de matines, suivies des psaumes habituels des laudes qui devaient être chantés à l’apparition de la lumière. L’offrande du divin sacrifice mettait fin à cette longue cérémonie.

Au XIe siècle, ce rite avait subi quelques modifications. Ce n’était plus le Pape mais les cardinaux qui, au soir du 14 août, allaient retirer de la chapelle de Saint-Laurent au Sancta Sanctorum l’image du Sauveur, et la conduisaient en triomphe sur la vaste place qui s’ouvrait alors devant le Patriarchium du Latran.

La vénérable image était escortée par douze portiers tenant des cierges allumés ; suivait, le sous-diacre régionnaire avec la croix stationnale ; puis venaient le clergé palatin, le primicier avec la Schola des chantres, le préfet de la Ville avec une délégation de douze autres membres de la commune, et enfin une foule immense de peuple qui, cette nuit, avait abandonné les quartiers de la Cité pour se porter au Latran. Du Patriarchium, la procession se dirigeait vers la basilique de Sainte-Marie-la-Neuve, près de la Voie sacrée sur le Forum, dont l’on célébrait la solennité titulaire, et en cette splendide matinée d’août, tandis que le soleil levant dorait les monts Albains, ce devait être assurément un spectacle digne de la Ville éternelle qu’offrait la procession triomphale du Rédempteur et de son Église, en ces lieux, sous ces mêmes arcs de victoire, le long de ces portiques et de ces antiques amphithéâtres dédiés à Titus, à Domitien et à Vespasien, et qui rappelaient trois siècles de persécution et de sang généreusement répandu pour la confession du Christ.

La vénérable image du divin Rédempteur était momentanément déposée sous le portique de Sainte-Marie-la-Neuve, où le clergé, en signe d’adoration, répandait sur les pieds du Sauveur des essences parfumées extraites de la plante appelée vulgairement basilic. Puis la Schola des chantres entrait dans la basilique et commençait l’office du matin, tandis que les fidèles, pour ne pas attendre paresseusement la fin de cette psalmodie, s’emparaient pour un moment de la sainte image, et, à bras d’hommes, au chant de psaumes et d’hymnes d’action de grâces, la transportaient dans la basilique voisine de Saint-Adrien. Là se répétait la cérémonie du lavement des pieds du Sauveur, avec de nouveaux parfums, jusqu’à ce que, à la fin de l’office du matin, le cortège se reformât, pour se diriger cette fois vers Sainte-Marie-Majeure, où se célébrait la messe stationnale de l’Assomption de la sainte Vierge.

Au Xe siècle, l’imagination populaire avait étrangement transformé l’histoire de Rome impériale, et dans tous ces majestueux vestiges d’antiques monuments qui encombraient alors le Capitole et le voisinage des forums impériaux, la légende ne voyait que d’horribles cavernes de basilics et de reptiles qui avaient jadis empoisonné de leur seul souffle pestiféré les étourdis qui étaient passés par là. La foi énergique du moyen âge sentait donc le besoin de s’affirmer avec force devant ces trophées qui rappelaient le règne diabolique de l’idolâtrie de Rome impériale ; c’est pourquoi les rituels romains des XIe et XIIe siècles prescrivaient à la procession de passer près de l’arc dit de Latone, et devant la domus Orphei, l’antique fontaine ornée de la statue du poète thrace, afin que le peuple romain fût délivré des influences diaboliques par les supplications de si nombreux fidèles et grâce à l’intercession de la puissante Mère de Dieu.

Le cortège étant enfin arrivé à Sainte-Marie-Majeure, après une nuit si féconde en grandes émotions, le Pape célébrait la messe stationnale et donnait la bénédiction au peuple fatigué par le jeûne et par la veillée. C’est la raison pour laquelle, selon l’ancien rit romain, dans l’après-midi des fêtes solennelles, à l’exception de Pâques, on ne célébrait pas les secondes Vêpres, laissées exclusivement à la dévotion des moines. Plus tard seulement, c’est-à-dire quand les vigiles nocturnes tombèrent en désuétude, le rit romain finit par admettre la célébration des secondes vêpres, mais généralement le Pape n’y prenait aucune part.

Pour compléter ce tableau de la fête de l’Assomption au moyen âge à Rome, voici un poème du début du XIe siècle, où est décrite la solennelle veillée des Romains en l’honneur de l’Assomption de la sainte Vierge. Il est important, parce qu’il supplée à quelques lacunes des Ordines Romani eux-mêmes. Nous en empruntons le texte à des mélanges cassiniens [111] du même siècle.

Incipit Carmen in Assumptione Sanctæ Mariæ.

IN NOCTE, QUANDO TABULA PORTATUR

Sancta Maria, quid est ? Si cæli climata scandis ?
Esto benigna tuis. Sancta Maria, quid est ?

Unde fremit populus ? Vel cur vexilla coruscant ?

Quid sibi vult strepitus ? Unde fremit populus ?

Quare volant faculæ ? Lucent per strata coronæ
Lumine columnæ ? Quare volant faculæ ?

Astra nitent radiis. Rutilant et tecta lanternis ;
Cuncta rubent flammis. Astra nitent radiis.

Edita consulibus, numerasti, Roma, triumphos ;
Signa moves planctus, edita consulibus.

Quæ tibi causa mali ? felix, o gloria mundi.
Cur manant oculis ? Quæ tibi causa mali ?

Plaude, parens patria, rorantia lumina terge,
Spem retinens veniæ. Plaude, parens patria.

Martyrii prætio, cecidit si prima propago,
Stas renovata modo Martyrii prætio.

Limina primus adit, silvis digressus arator,
Nunc tua Piscator limina primus adit.

Pulvere multiplici crines foedaverat ille,
Hic te mundat aquis pulvere multiplici.

Paulus ovile tuum pascens, educit aquatum
Atque refert stabulis Paulus ovile tuum.

RESPONDET ROMA

Quid memoras titulos ? aut cur insignia prisca
Obicis in vultum ? Quid memoras titulos ?

Enitui facie. Toto memorabilis orbe
Callida, sed vulpes. Enitui facie.

In mediis opibus, meretrix nocturna cucullos
Indui prostituens, in mediis opibus.

Nec metuens Dominum, proieci carmine vultum
Offendens nimium. Nec metuens Dominum

Semino nunc lacrimas ut seram gaudia messis,
Et post delicias, semino nunc lacrimas.

Gaudia sustinui. Lucrum si prima recepi,
Lucrificante Deo. Gaudia sustinui.

Nec procul est Opifex, gemmam carbone refingens

Et gremium pandens. Nec procul est opifex.

En ubi Vultus adest. Quærens oracula Matris
Præ natis hominum, en ubi Vultus adest.

Vultus adest Domini, cui totus sternitur orbis
Signo iudicii : Vultus adest Doinini.

Ergo fremit populus, nec cessant tundere pectus
Matres cum senibus. Ergo fremit populus

Sistitur in solio Domini spectabile signum,
Theotocosque suo sistitur in solio.

Hinc thimiama dabunt, hinc balsama prima reponunt

Thus mirraque ferunt. Hinc thimiama dabunt.

Dat schola græca melos, et plebs romana susurros,.

Et variis modulis dat schola græca melos

Kyrie centum plicant, et pugnis pectora pulsant,
Christe, faveto, tonant, Kyrie centuplicant.

INVITATIO AD ORATIONEM.

Sollicitemus ob hoc prece, carmine, lingua,
Et Matrem Domini sollicitemus ob hoc prece.

Virgo Maria, tuos clementius aspice natos,
Exaudi famulos, Virgo Maria, tuos.

Supplicibus lacrimis Tibi grex conspargitur
Urbis, Alma Maria, fave supplicibus lacrimis.

Turba gemit populi modico discrimine læti,
Sancta Maria Tibi turba gemit populi.

Sancta Dei Genetrix, romanam respice plebem,

Ottonemque fove, Sancta Dei Genetrix.

Tertius Otto tuæ nixus solamine palmæ
Præsto sit veniæ, tertius Otto tuæ.

Hic Tibi, si quid habet devoto pectore præstat
Spargere non dubitat hic Tibi, si quid habet

Gaudeat omnis homo quia regnat tertius Otto,
Illius imperio gaudeat omnis homo.

Chant pour l’Assomption de Notre-Dame.

LA NUIT, QUAND ON TRANSPORTE L’IMAGE.

Sainte Marie, qu’arrive-t-il ?
Montez-vous au sommet des cieux ?
Soyez propice à vos enfants.
Sainte Marie, qu’arrive-t-il ?

Pourquoi ces rumeurs de la foule ?
Pourquoi ces étendards déployés ?
Que veut dire ce tumulte ?
Pourquoi ces rumeurs de la foule ?

Pourquoi ces torches promenées ?
Pourquoi dans les rues ces couronnes de lumière ?
Et ces colonnes de feu ?
Pourquoi ces torches promenées ?

Les astres brillent radieux ;
Les toits même sont embrasés,
Tout rougeoie et s’enflamme.
Les astres brillent radieux.

Fille des consuls,
Tu as compté, Rome, bien des triomphes ;
Maintenant tu te montres en deuil,
Fille des consuls.

Qui a causé ton malheur
O bienheureuse, orgueil du monde ?
Pourquoi ces larmes en tes yeux ?
Qui a causé ton malheur ?

Applaudis, mère patrie,
Essuie tes yeux en pleurs,
Ne perds pas l’espoir du pardon.
Applaudis, mère patrie.

Grâce au martyre,
Si tes premiers rejetons sont tombés,
Te voici debout, renouvelée,
Grâce au martyre.

Ton sol fut d’abord foulé
Par le laboureur sorti des forêts,
Maintenant par le Pêcheur
Ton sol est foulé.

D’une épaisse poussière
Le premier a souillé ta chevelure ;
Le second te lave dans les eaux,
D’une épaisse poussière.

Paul fait paître ton troupeau,
Il le conduit à la fontaine
Et le mène au bercail,
Paul fait paître ton troupeau.

RÉPONSE DE ROME.

Pourquoi rappeler mes gloires ?
Pourquoi me jeter à la face
Mes antiques trophées ?
Pourquoi me rappeler mes gloires ?

Mon visage resplendissait,
J’étais connue dans l’univers,
Mais comme un renard rusé,
Mon visage resplendissait.

Au sein de mes richesses,
Comme la nuit fait la courtisane,
Je me suis masquée [112] pour le vice
Au sein de mes richesses.

Sans crainte du Seigneur
J’ai, dans mes chants, bravé toute pudeur,
J’ai commis mille excès
Sans crainte du Seigneur.

Maintenant je sème les larmes
Pour récolter la joyeuse moisson ;
Après une vie de plaisir,
Maintenant je sème les larmes.

J’espère la joie,
Il m’est bon de souffrir d’abord ;
Dieu en tirera mon profit,
J’espère la joie.

L’Ouvrier n’est pas loin
Qui sait du charbon tirer le diamant,
Qui ouvre son sein,
L’Ouvrier n’est pas loin.

Voici son image [113] :
Il va rencontrer sa Mère,
Plus beau que tous les fils des hommes,
Voici son image.

Voici l’image du Seigneur,
Devant qui l’univers se prosterne,
Présage du jugement ;
Voici l’image du Seigneur.

Aussi le peuple frémit,
Sans cesse frappant leur poitrine
Matrones et vieillards :
Aussi le peuple frémit.

Sur son trône est placée
L’effigie vénérable du Seigneur,
Et la Mère de Dieu
Sur son trône est placée [114].

Alors on répand l’encens,
On offre le baume précieux [115],
On apporte l’encens, la myrrhe,
Alors on répand l’encens

Le chœur des Grecs [116] chante ses mélodies,
Le peuple romain fait écho,
Et sur des modes variés
Le chœur des Grecs chante ses mélodies.

Cent Kyrie [117] se font entendre,
Les mains frappent les poitrines.
Christ, ayez pitié, s’écrient-ils ;
Cent Kyrie se font entendre.

INVITATION A LA PRIÈRE.

Offrons nos prières suppliantes,
Nos chants et nos voix ;
A la Mère du Seigneur,
Offrons nos prières suppliantes.

Vierge Marie,
Regardez vos fils avec clémence,
Exaucez vos serviteurs,
Vierge Marie.

En larmes qui vous implorent
Se répand le peuple de Rome :
Mère puissante, ayez pitié
Des larmes qui vous implorent.

La foule du peuple gémit,
Heureuse pourtant d’échapper au péril,
Sainte Marie, à vos pieds
La foule du peuple gémit.

Sainte Mère de Dieu,
Jetez les yeux sur le peuple romain,
Protégez l’empereur Othon,
Sainte Mère de Dieu

Au troisième Othon,
Appuyé, soutenu par votre bras,
Accordez votre faveur
Au troisième Othon.

Tout ce qu’il possède,
D’un cœur dévoué il vous l’offre,
Sans regret il vous sacrifie
Tout ce qu’il possède [118].

Que chacun se réjouisse
De voir régner Othon III,
Sous son empire
Que chacun se réjouisse [119].

L’importance dogmatique des rites que nous avons sommairement décrits ne peut échapper à personne. A une époque où un auteur ecclésiastique comme le célèbre Ambroise Autpert, abbé de Saint-Vincent à Volturno (VIIIe siècle) confessait encore que, relativement à la doctrine de l’assomption corporelle de la bienheureuse Vierge au ciel, les églises particulières n’étaient point arrivées à un accord unanime, le Siège apostolique au contraire mettait la fête du 15 août au nombre des plus insignes de l’année liturgique.

L’objet de cette fête est bien exprimé dans les diverses collectes des Sacramentaires Gélasien et Grégorien ; il s’agit toujours de l’assomption corporelle de Marie au ciel, quoique parfois la liturgie considère deux moments distincts, à savoir celui de sa mort temporelle, et celui de son exaltation corporelle au ciel. Ainsi, par exemple, le Sacramentaire Gélasien nous offre la magnifique secrète suivante :

Accipe munera, Domine, quæ in beatæ Mariæ iterata solemnitate deferimus, quia ad tua præconia recurrit ad laudem, quod vel talis assumpta est. Per Dominum, etc.

Accueillez, Seigneur, les offrandes que nous vous présentons en cette nouvelle fête de la bienheureuse Marie, car c’est votre honneur et votre louange qu’elle du moins ait été enlevée (au ciel).

A quoi fait allusion cette « seconde solennité » ? Peut-être à la fête vigiliale de la nuit précédente, ou bien, ce qui semble plus probable, à une fête, antérieure de quelques jours, celle par exemple du 5 août, dont l’objet aurait été la Dormitio Sanctæ Mariæ ? Les éléments nécessaires pour le déterminer nous manquent, mais en tout cas, il est déjà important pour nous de remarquer que dans le Sacramentaire Gélasien l’Assumptio de la Mère de Dieu est ainsi célébrée par une solennité distincte d’une autre, antérieure, peut-être, de quelques jours.

Le Sacramentaire Grégorien est beaucoup plus explicite. Comme chez les Grecs, l’objet de la fête y est la « dormition », repos, tranquillité, translation ou assomption de cette vie, de la bienheureuse Vierge Marie ; mais la foi de l’Église romaine relativement à sa résurrection et à son élévation corporelle au ciel est tellement ferme, indiscutée et hors de toute controverse, que le prodige, plutôt qu’affirmé directement, est généralement plutôt supposé ; il est objet de foi catholique, sur lequel ne s’élève aucun doute. Voici par exemple, ce qu’on lit dans la première collecte du Sacramentaire Grégorien :

Veneranda nobis, Domine, huius est diei festivitas, in qua Sancta, Dei Genetrix mortem subiit temporalem, nec tamen mortis nexibus deprimi potuit, quæ Filium tuum Dominum nostrum de se genuit incarnatum. Qui tecum, etc.

Vénérable est pour nous, Seigneur, la fête de ce jour où la sainte Mère de Dieu a subi un moment la mort, et cependant n’a pu être retenue par les liens de la mort, elle qui a engendré de sa chair votre Fils notre Seigneur.

 Dans cette collecte, la foi au triomphe de la bienheureuse Vierge sur la mort et, par conséquent, à sa résurrection corporelle, est clairement affirmée ; bien plus, ce qu’il faut remarquer surtout, c’est la raison qui en est donnée, et qui est identique à celle qu’adopta saint Jean Damascène, à savoir la maternité divine de Marie : Quonam modo mors devoraret ? quomodo inferi susciperent ? quomodo corruptio invaderet corpus illud in quo vita suscepta est [120] ?

Il faut toujours remarquer que, si la maternité divine de la Vierge très sainte peut être considérée comme la raison prochaine de son assomption au ciel, cependant la raison première et formelle de ce privilège doit être recherchée plutôt dans son immaculée conception. Il est très vrai que la dignité de Mère du Verbe incarné fut le motif primordial pour lequel Dieu, par sa grâce, a soustrait l’immaculée conception de Marie à toute tache du péché originel ; — et c’est en ce sens que le Sacramentaire Grégorien voit justement la raison de la résurrection corporelle de la sainte Vierge dans sa qualité de Mère du Verbe incarné ; — cependant, pour nous exprimer avec une entière exactitude, nous devons dire que la raison formelle pour laquelle son corps échappa à la corruption fut précisément son immunité de toute tache de faute originelle.

Les formules sacrées de la liturgie romaine ne manifestent aucun embarras à expliquer, et même à mettre d’accord, le fait de la mort de la sainte Vierge, et celui de sa résurrection corporelle, due à son immense dignité.

On appelle mort — sans que ce concept, quand il s’agit de l’Immaculée Mère de Dieu, renferme nécessairement aucune idée de honte ni de douleur — le terme de l’état de voie où se trouve l’âme en pèlerinage ici-bas. Ce terme, ou la mort, est une conséquence du composé humain ; aussi, comme nous l’enseigne une Secrète du Sacramentaire Grégorien, passée dans notre Missel romain actuel, la sainte Vierge a quitté cette vie parce que telle est la condition de la chair : pro conditione carnis migrasse cognoscimus [121], sans toutefois que les liens de la mort, c’est-à-dire l’état de cette séparation de l’âme et du corps avec toutes ses conséquences, la corruption corporelle, la longue et violente séparation de la forme d’avec la matière, etc., puissent revendiquer aucun droit sur Marie. Le Sacramentaire Grégorien s’exprime en ces termes : mortem subiit temporalem, nec tamen mortis nexibus deprimi potuit [122].

L’autorité de la liturgie romaine relativement à la proclamation dogmatique de l’assomption corporelle de la bienheureuse Vierge est souveraine, car elle reflète l’enseignement et le magistère ordinaire du Pape ; et maintenant surtout que la piété catholique soupire après le jour où le Maître infaillible de Vérité posera sur le diadème qui orne la bienheureuse Vierge au Ciel la dernière pierre précieuse en proclamant le dogme de son Assomption corporelle, les théologiens, dans leurs études, pourront largement puiser à cette source de la tradition catholique qu’est la sainte liturgie, spécialement la liturgie romaine, justifiant une fois de plus l’axiome du pape Célestin qui écrivait aux évêques des Gaules : Legem credendi lex statuat supplicandi.

La Messe.

Station à Sainte-Marie-Majeure.

L’Ordo Romanus XI du chanoine Benoît fixe ainsi la procession de ce matin : ascendentes ad sanctam Mariam, dominus Pontifex praeparatus cantat Missam, benedicit populum fatigatum ; omnes recedunt [123]. C’était donc une sorte de dominica vacat : la messe matinale au terme de la longue procession nocturne, puis la bénédiction du Pape, et enfin tout le monde chez soi pour rompre le jeûne et prendre le repos nécessaire.

Il est bien possible qu’au VIIIe siècle il y ait eu une seconde messe pour ceux qui n’étaient pas intervenus à la cérémonie de la nuit — une missa maior — comme le 10 août, après la vigile de saint Laurent. Et c’est peut-être pourquoi la liste de Würzbourg assigne aujourd’hui deux lectures évangéliques différentes : celle déjà rapportée pour la messe de cette nuit, et l’autre avec la scène caractéristique de Marthe et de Marie.

L’introït est de facture grecque, et il fut composé primitivement pour sainte Agathe. Nous l’avons déjà vu le 16 juillet. Les Anges exultent pour l’Assomption de Marie au ciel, parce que leurs chœurs ont enfin leur Reine au milieu d’eux.

Prière. — « Pardonnez, Seigneur, les fautes de vos serviteurs, et puisque ce serait une vaine présomption de penser que notre vie puisse vous être agréable, que du moins l’intercession de celle qui fut Mère de votre Fils nous sauve ». Mère de votre Fils, mais aussi notre Mère, précisément parce que Mère de Celui qui, pour nous, se fit son Fils, pour nous s’humilia Lui-même et l’exalta, pour nous mourut sur la Croix et nous la laissa.

La première lecture est tirée de l’Ecclésiastique (XXIV, 11-13, 15-20). Ce qui, dans l’Écriture, est dit à la louange de Jérusalem, où le culte du vrai Dieu et l’Éternelle Sagesse avaient établi leur siège, l’Église l’applique aujourd’hui à la bienheureuse Vierge, en qui s’incarna le Verbe divin lui-même. Grâce à la maternité divine, la dignité de la Vierge est si grande qu’elle dépasse toutes les gloires et las dignités que l’esprit humain peut concevoir.

Répons (Ps. 44). — « Chevauchez pour la vérité et la justice, et votre bras droit vous portera à d’admirables entreprises.. Écoutez, ô ma fille, regardez et tendez l’oreille, car le Roi s’est épris de votre beauté ». Comme un artiste de génie qui se reproduit tout entier dans son chef-d’œuvre et l’admire, ainsi l’Éternel contempla Marie avec complaisance : Termine fisso d’eterno consiglio.

« Alléluia. Marie a été ravie au ciel, et les troupes angéliques s’en réjouissent ». Les anges ne sont pas seuls aujourd’hui à se réjouir de l’Assomption de Marie ; nous prenons aussi part à la fête, nous, pauvres pécheurs, parce que, aujourd’hui, Notre-Dame monte au ciel pour plaider de plus près et avec une plus grande efficacité la cause de notre salut, devant le tribunal de Dieu.

La lecture évangélique (Luc., X, 38-42) évoque l’hospitalité reçue par Jésus à Béthanie dans la maison de Lazare. La liturgie applique aujourd’hui à la bienheureuse Vierge Marie ce que dit, jadis, le Sauveur à la louange de la sœur de Marthe, assise à ses pieds et attentive à écouter la divine parole. Marie a choisi, non pas simplement une part meilleure, mais la meilleure, parce que, comme sa pureté et sa sainteté l’emportent immensément sur celle de toute autre créature, ainsi sa gloire au ciel est surpassée seulement par celle de Dieu. Dante ajoute même pieusement que la vision du rayonnant visage de Marie dispose les bienheureux à la vision du Christ :

Riguarda ornai nella faccia, che a Cristo

Più si somiglia, chè la sua chiarezza

Sola ti pua disporre a veder Cristo. [124]

L’antienne pour l’offrande des oblations est la suivante : « Marie a été ravie au ciel ; les anges s’en réjouissent ensemble et ils en bénissent le Seigneur. Alléluia ». La sainte liturgie, sobrement, dignement, mais aussi sans ambages, professe la croyance catholique de l’Assomption corporelle de Marie au Ciel. Elle intitule, en effet, la fête de ce jour : Assomption ; elle nous parle maintes fois d’Assomption et par ce mot on ne peut certes pas entendre l’assomption de l’âme, commune à tous les élus. Il s’agit donc d’un privilège spécial de Marie, et celui-ci ne peut regarder que son corps virginal.

Sur les oblations. — « Que l’intercession de la Mère de Dieu vienne, Seigneur, à notre secours ; et bien qu’elle ait laissé ce monde selon les lois de la nature humaine, qu’elle nous fasse pourtant sentir les effets de sa prière dans la gloire céleste ». Si grande est la dignité de la Mère de Dieu, et si enracinée dans le cœur des fidèles la croyance à son assomption corporelle au ciel, que le rédacteur de la messe de ce jour ne peut cacher son embarras pour expliquer la cause de la mort de Marie. Comment pouvait être soumise à la mort Celle qui avait été conçue immaculée, et avait donné le jour à l’Auteur même de la vie ? Voilà la difficulté théologique. Pour la résoudre, le rédacteur de la collecte sur les offrandes semble vouloir distinguer entre la mort, peine du péché, et la mort status termini à laquelle, pro condicione carnis, tout homme est sujet sur la terre. Marie fut bien exempte des douleurs et de l’humiliation de la mort, en tant que celles-ci sont la conséquence du péché originel, Elle qui, dans la joie, avait enfanté le Rédempteur. Cependant, en tant que créature, — pro condicione carnis, — Marie fut sujette à la loi universelle qui met un terme au pèlerinage de toute créature humaine.

Le Sacramentaire Grégorien ne s’exprime pas autrement dans une autre collecte destinée, peut-être, à l’office vigilial de la nuit précédente : Sancta Dei Genitrix mortem subiit temporalem, nec tamen mortis nexibus deprimi potuit [125]. La mort de Marie est donc certaine, malgré le doute attribué à saint Épiphane : Je ne dis pas qu’elle ait été immortelle, cependant je ne suis par sûr non plus qu’elle soit morte [126] ; mais son triomphe sur la mort est double : Elle rendit l’âme dans la sainteté et la bénédiction originelle, entre les mains de son Fils ; de plus : nec mortis nexibus deprimi potuit, et c’est pourquoi elle fut corporellement élevée au ciel.

La collecte du Gélasien, pour ce jour, est intéressante : Accipe munera, Domine, quae in beatae Mariae iterata solemnitate deferimus ; — iterata, se rapporte peut-être à la précédente synaxe vigiliale, — quia adtu a praeconia recurrit, ad laudem, quod vel talis assumpta est.

La préface que les Sacramentaires assignent communément pour la solennité de ce jour est, à peu de chose près, la même que dans notre Missel pour toutes les fêtes de Notre-Dame.

Nous rapportons de préférence, à la louange de Marie, une des magnifiques préfaces du Sacramentaire Léonien pour le jour de Noël : Vere dignum, etc. In die solemnitatis hodiernae, quo licet ineffabile, tamen utrumque conveniens editur sacramentum. Quia et Mater Virgo non posset nisi sobolem proferre divinam, et Deus homo nasci dignatus, congruentius non deberet nisi Virgine Matre generari. Propterea etc.

L’antienne pour la Communion des fidèles répète aujourd’hui la parole de Jésus (Luc., X, 42) : « Marie a choisi la meilleure part, qui ne lui sera jamais enlevée ». Cette meilleure part, c’est le Verbe de Dieu, à qui non seulement la bienheureuse Vierge Mère donna le jour, mais dont Elle-même se nourrit spirituellement, toute appliquée, comme nous la montre l’Évangile, à méditer dans l’intime de son cœur la parole de Jésus.

Après la Communion. — « Après avoir participé, Seigneur, à la table céleste en la solennité de l’Assomption au ciel de la Mère de Dieu, nous vous demandons, par son intercession, d’être délivrés de tous les maux qui nous menacent ». Le moment le plus favorable pour obtenir des grâces de Marie est celui de la Communion, alors qu’Elle nous voit si étroitement unis au Corps et au Sang de son Fils, qu’elle s’estime plus que jamais Mère de Jésus et notre Mère.

Charles Le Brun  (1619–1690). L’Assomption de la Vierge Marie,

XVIIe siècle, Musée Thomas-Henry


Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique

Marie a choisi la meilleure part.

Vers la fin de l’été, à l’époque où dans les jardins et les prés mûrissent les fruits, l’Église célèbre la plus grande fête de la moisson, qui annonce le retour de l’automne liturgique. Le fruit le plus précieux qui se soit épanoui sur la terre du royaume de Dieu est aujourd’hui déposé dans les granges célestes : Marie, la Très Sainte Vierge.

1. La Fête de l’Assomption. — Que célébrons-nous en ce jour ?

a) Avant tout la mort de Marie, la fête de la « Dormitio », comme on disait autrefois. Pour l’Église, l’anniversaire de la mort des saints est plus encore celui de leur naissance au ciel (natale).

b) C’est ensuite la réception de Marie au Paradis. La liturgie dépeint l’arrivée de la Mère de Dieu comme un cortège nuptial, comme une marche triomphale.

c) Poursuivons encore. Nous célébrons le couronnement de Marie comme Reine des Saints. Toutefois, c’est une pensée particulièrement chère à la piété populaire et au mysticisme du moyen âge dont la liturgie fait moins de cas.

d) Enfin, l’Église songe à l’Assomption corporelle de Marie dans le ciel, quoique la liturgie n’insiste guère non plus sur ce fait. Sur la mort de la sainte Vierge nous ne possédons aucun document historique certain ; nous en ignorons même le lieu (d’après la tradition : Éphèse ou Jérusalem).

L’Assomption est une des fêtes les plus anciennes de la Sainte Vierge. On la célébrait primitivement le 18 janvier ; l’empereur Maurice (582-602) en fixa la date actuelle. — La « bénédiction des plantes » qui a lieu également aujourd’hui dans certaines régions est une antique coutume sans rapport bien net avec la fête liturgique. L’office, il est vrai, compare Marie aux plantes et aux fleurs odoriférantes ; d’après la légende, au lieu d’un linceul ce sont des fleurs que l’on trouva dans son tombeau. Vraisemblablement pourtant, la bénédiction des plantes n’est que la survivance d’un vieil usage païen qu’on a voulu christianiser.

2. L’Office. — Efforçons-nous encore une fois de bien comprendre et de bien suivre toutes les phases de l’office liturgique. Les premières et les secondes vêpres annoncent déjà dans leurs antiennes quel est le mystère de la fête, et proclament la sainteté de la Mère de Dieu. Les matines, prière nocturne de l’Église, font l’exposé poétique et dramatique de tout ce que rappelle la solennité de l’Assomption : les versets et, mieux encore, les répons acclament en Marie la Reine et l’Épouse : « Assumpta est » — « Marie a été élevée au Ciel », y répète-t-on sans cesse.

Les leçons sont également très belles. Au troisième nocturne, nous entendons une homélie de saint Augustin sur l’évangile de la fête [127]. Les anciens insistent surtout sur le sens allégorique de cet évangile : les deux femmes symbolisent la vie active et la vie contemplative, mais elles représentent aussi la paix céleste de l’Église. Et c’est ce dernier motif qui explique le choix de cette péricope aujourd’hui : dans son Assomption « Marie a pris la meilleure part ». — A l’heure où l’aurore glisse ses premières clartés sur le sommet des montagnes, à l’heure où le soleil visible commence majestueusement sa carrière, l’Église entonne le Benedictus et salue le vrai « Soleil levant » (Oriens ex alto) ; mais aujourd’hui, c’est surtout la pensée de Marie entrant au ciel qui lui suggère cette image : « Quelle est celle qui s’élève comme l’aurore, belle comme la lune, radieuse comme le soleil, terrible comme une armée rangée en bataille ? »

3. La Messe. — Depuis la promulgation comme dogme du mystère de la fête de l’Assomption, un nouveau formulaire de messe a été prescrit conformément au décret de la Congrégation des Rites, en date du 31 octobre 1950. Ce formulaire souligne davantage encore que l’ancien la souveraine dignité de Marie.

La messe commence immédiatement par cette image de l’Apocalypse : « La femme revêtue du soleil, la lune à ses pieds et sur sa tête une couronne de douze étoiles ». Peut-il y avoir plus sublime image de la Reine du ciel qui brille de l’éclat des astres ? Marie est la première créature entrée, corporellement aussi, dans la glorification du Christ ; nous pouvons donc entonner un « cantique nouveau ». Le mot « nouveau » a dans la liturgie un sens tout à fait éminent et veut indiquer le monde surnaturel ; sur la terre la vie nouvelle de la grâce, dans l’autre monde, « un ciel nouveau et une nouvelle terre ». Le « cantique nouveau chante le corps humain glorifié de la Mère de Dieu, les « choses admirables accomplies en elle par Dieu.

Si nous considérons le psaume 97 dans son entier, nous pensons alors que la Mère de Dieu est entrée dans les parvis célestes en tant que première créature humaine glorifiée ; Ainsi, « le Seigneur a révélé son salut et dévoilé sa justice sous les yeux du monde ». Par la foi, « toutes les contrées de la terre voient le salut de notre Dieu ». A présent toute la création rend hommage au premier être humain glorifié, Marie. Car la création voit en elle les prémices de sa propre glorification : « Jouez en l’honneur du Seigneur sur la harpe... Que la mer se soulève avec ce qu’elle contient, la terre avec tous ses habitants. Que les fleuves applaudissent et qu’en même temps les montagnes tressaillent ». L’Introït est donc une magnifique ouverture pour cette messe.

La nouvelle Collecte est ainsi rédigée : « Dieu tout-puissant et éternel qui avez élevé en corps et en âme dans la gloire céleste l’immaculée Vierge Marie, Mère de votre Fils ; faites, nous vous en supplions, que, attentifs toujours aux choses d’en-haut, nous méritions de participer à sa gloire ». Cette Oraison constate donc que « la Vierge Immaculée » et « Mère du Fils de Dieu a été élevée « en corps et en âme dans les splendeurs du ciel » : elle en tire une double application : qu’ici-bas nous soyons « sans cesse occupés des choses du ciel » et « que nous participions un jour à sa gloire ». La Collecte indique donc la valeur vitale du mystère de la fête. C’est ce que nous demandons aussi en la fête de l’Ascension : « habiter de cœur dans le ciel ».

L’Épître est tirée du Livre de Judith (nous avons déjà le même texte dans le missel à la fête de Notre-Dame des Sept-Douleurs). L’éloge de cette femme héroïque est appliqué à Marie qui a foulé aux pieds le serpent : « Le Seigneur vous a bénie dans sa force ; car, par vous, il a anéanti nos ennemis (par la naissance de Jésus-Christ, le Vainqueur de la mort et de l’enfer). Ainsi, Marie « est bénie plus que toutes les femmes sur la terre... parce que le Seigneur a guidé sa main pour trancher la tête à notre plus grand ennemi ». Nous avons là un écho du texte de la Vulgate dans la Genèse : « elle t’écrasera la tête ». L’Épître parle donc de la tâche de Marie dans l’histoire du salut qui, en tant que Mère immaculée du Sauveur, a pris une part active à la défaite du démon. L’Épître ajoute encore cette phrase empruntée à un autre chapitre du même Livre : « Vous êtes la gloire de Jérusalem, la joie d’Israël, la couronne de notre peuple ». (Jérusalem, c’est l’Église, Israël la chrétienté). Nous voyons que l’Épître a été bien choisie.

Au Graduel, l’image de l’héroïne guerrière fait place à l’image pacifique de la fiancée ; nous voyons la Mère de Dieu sous les traits d’une fille de roi et d’une épouse royale, entrer dans le palais céleste. Nous entendons l’invitation : « Écoute, ma fille, vois et prête l’oreille ; le roi sera épris de ta beauté » ; puis nous voyons « la fille du roi richement parée, en vêtements aux franges dorées, entrer dans le ciel ».

Nous rencontrons dans l’Alléluia le point culminant de la fête, nous chantons au milieu des Alléluias célestes : « Marie a été transportée au ciel, l’armée des anges s’en réjouit. »

L’Évangile aussi est entièrement nouveau. L’ancien évangile qui rapportait la discussion entre les deux sœurs avait le défaut de ne pas parler de la Mère de Dieu ; mais pour l’ami de la liturgie il avait l’avantage de fournir le verset de la Communion « Marie a choisi la meilleure part qui ne lui sera pas ôtée ». La péricope nouvelle nous transporte dans la maison de Sainte Élisabeth qui continue la salutation de l’ange : « Vous êtes bénie entre toutes les femmes et le fruit de vos entrailles est béni ». Nous avons donc ici une phrase répondant à celle de l’Épître. Ensuite nous entendons sur les lèvres de Marie une partie du Magnificat. Nous pouvons nous représenter la Sainte Vierge chantant, à son arrivée au ciel, son premier solennel Magnificat.

L’antienne de l’Offertoire n’est pas tirée d’un psaume, c’est la parole de Dieu au paradis terrestre : « Je mettrai une inimitié entre toi et la femme, entre ta descendance et son Fils ». Nous pouvons là aussi constater une correspondance avec l’Épître. Judith « a coupé la tête du chef des ennemis d’Israël » devant les portes du paradis perdu Dieu a peint l’image de Marie qui écraserait le serpent.

La Secrète est très solennelle ; elle commence par le mot « ascendat » ; instinctivement, on pense tout d’abord à l’Assomption de Marie mais, les mots suivants nous montrent qu’il s’agit des oblats que nous souhaitons voir monter vers Dieu ; dans la phrase qui suit nous demandons que l’Assomption de la Sainte Vierge enflamme nos cœurs du feu de l’amour divin. Les charbons allumés, l’encens fumant pendant l’offertoire sont les symboles de cette oraison.

A la Communion, nous voyons le ciel ouvert et la Mère de Dieu glorifiée chanter le Magnificat : « toutes les générations me proclameront bienheureuse, parce que le Tout-Puissant a fait en moi de grandes choses ». Nous pouvons chanter le Magnificat en entier, le cantique d’action de grâces pour notre salut.

La Postcommunion demande à Dieu que « nous soyons conduits à la gloire de la résurrection ». La liturgie aime beaucoup à diriger nos pensées vers la fin de la messe, sur la gloire céleste (cf. la Postcommunion de la Fête-Dieu « la jouissance éternelle de la divinité »). Cette nouvelle messe fait donc passer devant nous diverses scènes et images : d’abord la grandiose image de la Femme vêtue du soleil, l’héroïque Judith, l’entrée de la royale épouse, la Sainte Vierge frappant à la porte de Sainte Élisabeth, la femme qui écrase le serpent et enfin, la Reine du ciel chantant le Magnificat.

Pie XII proclamant le dogme de l’Assomption en 1950


Constitution apostolique Munificentissimus Deus, 1950

Constitution de Pie XII du 1er novembre 1950 définissant le dogme de l’Assomption.

1. Dans sa munificence, Dieu, qui peut tout, et dont le plan providentiel est fait de sagesse et d’amour, adoucit par un mystérieux dessein de sa pensée, les souffrances des peuples et des individus en y entremêlant des joies, afin que par des procédés divers et de diverses façons, toutes choses concourent au bien de ceux qui l’aiment [128].

2. Notre pontificat, tout comme l’époque actuelle, est accablé de multiples soucis, préoccupations et angoisses causés par les très graves calamités et les déviations de beaucoup d’hommes qui s’écartent de la vérité et de la vertu. Cependant, c’est pour Nous une grande consolation de voir des manifestations publiques et vivantes de la foi catholique, de voir la piété envers la Vierge Marie, Mère de Dieu, en plein essor, et croître chaque jour davantage, et offrir presque partout des présages d’une vie meilleure et plus sainte. Il arrive de la sorte que tandis que la Très Sainte Vierge remplit amoureusement ses fonctions de mère en faveur des âmes rachetées par le sang du Christ, les esprits et les cœurs des fils sont incités à contempler avec plus de soin ses privilèges.

3. Dieu, en effet, qui, de toute éternité, regarde la Vierge Marie avec une toute particulière complaisance « dès que vint la plénitude des temps [129] », réalisa le dessein de sa Providence de façon que les privilèges et les prérogatives dont il l’avait comblée avec une suprême libéralité, resplendissent dans une parfaite harmonie. Que si l’Église a toujours reconnu cette très grande libéralité et cette parfaite harmonie des grâces, et si, au cours des siècles, elle les a chaque jour explorées plus intimement, il était cependant réservé à notre temps de mettre en plus grande lumière le privilège de l’Assomption corporelle au ciel de la Vierge Marie, Mère de Dieu.

4. Ce privilège resplendit jadis d’un nouvel éclat lorsque Notre Prédécesseur d’immortelle mémoire, Pie IX, définit solennellement le Dogme de l’Immaculée Conception de la Mère de Dieu. Ces deux privilèges sont en effet très étroitement liés. Par sa propre mort, le Christ a vaincu le péché et la mort, et celui qui est surnaturellement régénéré par le baptême triomphe par le même Christ du péché et de la mort. Toutefois, en vertu d’une loi générale, Dieu ne veut pas accorder aux justes le plein effet de la victoire sur la mort, sinon quand viendra la fin des temps. C’est pourquoi, les corps même des justes sont dissous après la mort, et ne seront réunis, chacun à sa propre âme glorieuse qu’à la fin des temps.

5. Cependant, Dieu a voulu exempter de cette loi universelle la Bienheureuse Vierge Marie. Grâce à un privilège spécial, la Vierge Marie a vaincu le péché par son Immaculée Conception, et de ce fait, elle n’a pas été sujette à la loi de demeurer dans la corruption du tombeau, et elle ne dut pas non plus attendre jusqu’à la fin du monde la rédemption de son corps.

6. C’est pourquoi, lorsqu’il fut solennellement défini que la Vierge Marie, Mère de Dieu, a été préservée dès sa conception de la tache originelle, les fidèles furent remplis d’un plus grand espoir de voir définir le plus tôt possible, par le suprême magistère de l’Église, le Dogme de l’Assomption corporelle au ciel de la Vierge Marie.

7. En fait, on vit alors, non seulement les simples fidèles, mais encore les représentants des nations et des provinces ecclésiastiques, ainsi que de nombreux Pères du Concile du Vatican, postuler instamment cette définition auprès du Siège apostolique.

8. Au cours des siècles, ces pétitions et ces vœux, loin de diminuer, ne firent que croître en nombre et en instance. En effet, de pieuses croisades de prières furent organisées à cette fin ; de nombreux et éminents théologiens en firent l’objet de leurs études empressées et attentives, soit en particulier, soit dans des Athénées ou Facultés ecclésiastiques, soit d’autres Instituts destinés à l’enseignement des sciences sacrées ; des Congrès mariaux nationaux ou internationaux eurent lieu, en de nombreuses parties du monde. Ces études et ces recherches mirent en meilleure lumière le fait que, dans le dépôt de la foi chrétienne confié à l’Église, était également contenu le Dogme de l’Assomption au ciel de la Vierge Marie ; et généralement, il en résulta des pétitions dans lesquelles on priait instamment le Saint-Siège de définir solennellement cette vérité.

9. Dans cette pieuse campagne, les fidèles se montrèrent admirablement unis à leurs évêques, lesquels adressèrent en nombre vraiment imposant des pétitions de ce genre à cette Chaire de Saint-Pierre. Aussi, au moment de Notre élévation au trône du Souverain Pontife, plusieurs milliers de ces suppliques avaient été présentées au Siège apostolique de toutes les régions de la terre et par des personnes de toutes les classes sociales : par Nos chers Fils les cardinaux du Sacré-Collège, par Nos vénérables Frères les archevêques et évêques, par les diocèses et les paroisses.

10. En conséquence, tandis que Nous adressions à Dieu de ferventes prières afin d’obtenir pour Notre âme la lumière du Saint-Esprit en vue de la décision à prendre en une si grave affaire, Nous édictâmes des règles spéciales, pour que fussent entreprises dans un effort commun, des études plus rigoureuses sur cette question et pour que, pendant ce temps, fussent rassemblées et examinées avec soin toutes les pétitions concernant l’Assomption au ciel de la Bienheureuse Vierge Marie [130].

11. Mais comme il s’agissait d’une chose particulièrement grave et importante, Nous jugeâmes opportun de demander directement et officiellement à tous les vénérables Frères dans l’épiscopat de bien vouloir Nous exprimer ouvertement chacun son sentiment à ce sujet. C’est pourquoi, le 1er mai de l’année 1946, Nous leur adressâmes la lettre Deiparae Virginis Mariae, dans laquelle se trouvait ce qui suit : « Est-ce que vous, vénérable Frère, dans votre grande sagesse et prudence, vous pensez que l’Assomption corporelle de la Bienheureuse Vierge puisse être proposée et définie comme Dogme de foi et est-ce que vous, votre clergé et vos fidèles, vous désirez cela ? »

12. Et ceux que « l’Esprit-Saint a établis évêques pour gouverner l’Église de Dieu » [131] donnèrent à l’une et à l’autre question une réponse presque unanimement affirmative. Ce « singulier accord des évêques et des fidèles catholiques » [132], qui estiment que l’Assomption corporelle au ciel de la Mère de Dieu peut être définie comme un Dogme de foi, comme il nous offre l’accord de l’enseignement du magistère ordinaire de l’Église et de la foi concordante du peuple chrétien — que le même magistère soutient et dirige — manifeste donc par lui-même et d’une façon tout à fait certaine, et exempte de toute erreur, que ce privilège est une vérité révélée par Dieu et contenue dans le dépôt divin, confié par le Christ à son Épouse, pour qu’elle le garde fidèlement et le fasse connaître d’une façon infaillible [133], le magistère de l’Église, non point certes par des moyens purement humains, mais avec l’assistance de l’Esprit de vérité [134] et à cause de cela sans commettre absolument aucune erreur, remplit la mission qui lui a été confiée de conserver à travers tous les siècles, dans leur pureté et leur intégrité, les vérités révélées ; c’est pourquoi il les transmet, sans altération, sans y rien ajouter, sans y rien supprimer. « En effet, comme l’enseigne le Concile du Vatican, le Saint-Esprit ne fut pas promis aux successeurs de Saint-Pierre pour que, Lui révélant, ils enseignent une doctrine nouvelle, mais pour que, avec son assistance, ils gardent religieusement et exposent fidèlement la révélation transmise par les Apôtres, c’est-à-dire le dépôt de la foi » [135]. C’est pourquoi, de l’accord universel, du magistère ordinaire de l’Église, on tire un argument certain et solide servant à établir que l’Assomption corporelle au ciel de la Bienheureuse Vierge Marie — laquelle, en ce qui concerne la « glorification » céleste elle-même du corps virginal de la Mère de Dieu, ne pouvait être connue par les forces naturelles d’aucune faculté de l’âme humaine — est une vérité révélée par Dieu, et par conséquent elle doit être crue fermement et fidèlement par tous les enfants de l’Église. Car, ainsi que l’affirme le même Concile du Vatican, « on doit croire de foi divine et catholique toutes les choses contenues dans la parole de Dieu écrite ou transmise, et que l’Église propose à notre foi par son magistère ordinaire ou universel, comme des vérités révélées par Dieu » [136] .

13. Des témoignages, des indices, des traces multiples de cette foi commune de l’Église ont apparu au cours des siècles, depuis l’antiquité, et cette même foi s’est manifestée dans une lumière plus vive de jour en jour.

14. En effet, sous la direction et la conduite de leurs pasteurs, les fidèles ont appris par la Sainte Écriture que la Vierge Marie a mené au cours de son pèlerinage ici-bas, une vie de soucis, d’angoisses et de souffrances ; ils ont su, de plus, que s’est réalisée la prédiction du saint vieillard : qu’un glaive acéré lui transperça le cœur au pied de la croix de son divin Fils, notre Rédempteur. Les fidèles ont également admis sans peine que l’admirable Mère de Dieu, à l’imitation de son Fils unique, quitta cette vie. Mais cela ne les a aucunement empêchés de croire et de professer ouvertement que son corps si saint ne fut jamais soumis à la corruption du tombeau et que cet auguste tabernacle du Verbe divin ne fût pas réduit en pourriture et en poussière. Bien plus, éclairés par la grâce divine, et poussés par leur piété envers Celle qui est la Mère de Dieu et aussi notre très douce Mère, ils ont contemplé dans une lumière chaque jour plus vive l’admirable harmonie et concordance des privilèges que Dieu, dans son infinie Providence, a accordés à cette sainte associée de notre Rédempteur, privilèges si élevés que nulle autre créature, en dehors de Marie, sauf la nature humaine de Jésus-Christ, n’atteignit jamais pareil sommet.

15. Cette même croyance est clairement attestée par d’innombrables églises consacrées à Dieu en l’honneur de la Vierge Marie dans son Assomption ; elle l’est aussi par les images sacrées exposées dans les églises à la vénération des fidèles et représentant aux yeux de tous ce singulier triomphe de la Bienheureuse Vierge. En outre, des villes, des diocèses, des régions furent placés sous la protection et le patronage spéciaux de la Vierge, Mère de Dieu, élevée au ciel. Pareillement, des Instituts religieux approuvés par l’Église furent créés, qui portent le nom de ce privilège de Marie. On ne doit pas non plus passer sous silence que dans le rosaire mariai, dont le Siège apostolique recommande tant la récitation, est proposé à la méditation un mystère ayant trait, comme chacun sait, à l’Assomption au ciel de la Bienheureuse Vierge.

16. Mais cette foi des pasteurs de l’Église et des fidèles s’est manifestée d’une façon universelle et plus éclatante lorsque, depuis les temps anciens, en Orient, comme en Occident, furent célébrées des solennités liturgiques en l’honneur de l’Assomption. Les Pères et Docteurs de l’Église, en effet, n’ont jamais manqué de puiser là un lumineux argument, attendu que la liturgie sacrée, ainsi que tous le savent, « étant aussi une profession des vérités célestes, soumises au magistère suprême de l’Église, elle peut fournir des preuves et des témoignages de grande valeur pour décider de quelque point particulier de la doctrine chrétienne [137] ».

17. Dans les livres liturgiques où l’on trouve la fête, soit de la Dormition, soit de l’Assomption de Sainte Marie, il y a des expressions en quelque sorte concordantes pour attester que lorsque la Sainte Vierge, Mère de Dieu, quitta cet exil pour les demeures éternelles, il arriva pour son corps sacré, par une disposition de la divine Providence, ce qui était en harmonie avec sa dignité de Mère du Verbe incarné, et avec les autres privilèges qui lui avaient été accordés. Ces expressions, pour en donner un remarquable exemple, se lisent dans le Sacramentaire, que Notre prédécesseur d’immortelle mémoire, Adrien I, envoya à l’empereur Charlemagne. Il y est dit, en effet : « Vénérable est pour nous, Seigneur, la fête de ce jour, en lequel la Sainte Mère de Dieu subit la mort temporelle, mais cependant ne put être humiliée par les liens de la mort, elle qui engendra de sa chair, ton Fils, Notre-Seigneur » [138].

18. Ce qu’indique dans sa sobriété verbale habituelle la liturgie romaine, est exprimé avec plus de détails et de clarté dans les autres livres de l’ancienne liturgie, tant orientale qu’occidentale. Le Sacramentaire Gallican, pour apporter un seul exemple, qualifie ce privilège de Marie d’« inexplicable mystère, d’autant plus admirable qu’il est exceptionnel parmi les hommes, par l’Assomption de la Vierge ». Et, dans la liturgie byzantine, l’Assomption corporelle de la Vierge Marie est reliée plus d’une fois, non seulement à la dignité de Mère de Dieu, mais encore à ses autres privilèges, à un titre particulier à sa maternité virginale, faveur qu’elle doit à un singulier dessein de la divine Providence : « Dieu, le Roi de l’univers, t’a accordé des choses qui dépassent la nature, car, de même qu’il te garda vierge lorsque tu enfantas, de même il préserva ton corps de la corruption du tombeau et le glorifia par une divine translation » [139].

19. Cependant, le fait que le Siège apostolique, héritier de la mission confiée au Prince des apôtres de confirmer les frères dans la foi rendit, en vertu de son autorité, de plus en plus solennelle cette fête, a porté l’esprit des fidèles à considérer chaque jour davantage la grandeur du mystère qui était commémoré. C’est pourquoi la fête de l’Assomption, du rang honorable qu’elle obtint dès le commencement parmi les autres fêtes mariales, fut élevée au rang des fêtes les plus solennelles de tout le cycle liturgique. Et Notre prédécesseur, saint Serge I, prescrivant la litanie ou procession stationnale pour les quatre fêtes mariales, énumère ensemble les fêtes de la Nativité, de l’Annonciation, de la Purification et de la Dormition de la Vierge Marie [140]. Plus tard, saint Léon IV eut à cœur de faire célébrer encore avec plus de solennité la fête déjà établie sous le titre d’Assomption de la Bienheureuse Mère de Dieu ; à cet effet, il en institua la vigile, puis il prescrivit des prières pour son octave ; et lui-même, heureux de profiter de cette occasion, entouré d’une immense foule, tint à participer à la célébration des solennités [141]. Enfin, on déduit très clairement l’obligation, remontant à une date ancienne, de jeûner la veille de cette solennité, des déclarations de Notre prédécesseur saint Nicolas Ier, au sujet des principaux jeûnes « que la Sainte Église romaine reçut en tradition et qu’elle observe encore » [142].

20. Vu que la liturgie catholique n’engendre pas la foi catholique, mais plutôt en est la conséquence, et que, comme les fruits d’un arbre, en proviennent les rites du culte sacré, les Saints Pères et les grands Docteurs, à cause de cela même, n’y puisèrent pas cette doctrine comme d’une source première dans les homélies et discours qu’ils adressaient au peuple ; mais ils en parlaient plutôt comme d’une chose déjà connue des fidèles et par eux acceptée. Ils l’ont mise en plus grande lumière. Ils en ont exposé le fait et le sens par des raisons plus profondes, mettant surtout en un jour plus lumineux ce que les livres liturgiques très souvent touchaient brièvement et succinctement : à savoir que cette fête rappelait non seulement qu’il n’y eut aucune corruption du corps inanimé de la Bienheureuse Vierge Marie, mais encore son triomphe remporté sur la mort et sa « glorification » céleste, à l’exemple de son Fils unique Jésus-Christ.

21. C’est pourquoi saint Jean Damascène, qui demeure parmi tant d’autres, le héraut par excellence de cette vérité dans la tradition, lorsqu’il compare l’Assomption corporelle de l’auguste Mère de Dieu avec tous les autres dons et privilèges, proclame avec une puissante éloquence : « Il fallait que Celle qui avait conservé sans tache sa virginité dans l’enfantement, conservât son corps sans corruption même après la mort. Il fallait que Celle qui avait porté le Créateur comme enfant dans son sein, demeurât dans les divins tabernacles. Il fallait que l’Épouse que le Père s’était unie habitât le séjour du ciel. Il fallait que Celle qui avait vu son Fils sur la croix et avait échappé au glaive de douleur en le mettant au monde, l’avait reçu en son sein, le contemplât encore siégeant avec son Père. Il fallait que la Mère de Dieu possédât tout ce qui appartient à son Fils et qu’elle fût honorée par toute créature comme la Mère de Dieu et sa servante » [143].

22. Cette voix de saint Jean Damascène répond fidèlement à celle des autres qui soutiennent la même doctrine. Car on trouve des déclarations non moins claires et exactes dans tous ces discours que les Pères de la même époque ou de la précédente ont tenus généralement à l’occasion de cette fête. C’est pourquoi, pour en venir à d’autres exemples, saint Germain de Constantinople estimait que l’incorruption du corps de la Vierge Marie, Mère de Dieu, et son élévation au ciel, non seulement convenaient à sa maternité divine, mais encore à la sainteté particulière de son corps virginal : « Tu apparais, comme il est écrit, en splendeur ; et ton corps virginal est entièrement saint, entièrement chaste, entièrement la demeure de Dieu ; de sorte que, de ce fait, il est ensuite exempt de tomber en poussière ; transformé dans son humanité en une sublime vie d’incorruptibilité, vivant lui-même et très glorieux, intact, et participant de la vie parfaite » [144]. Un autre écrivain des plus anciens déclare : « A titre donc de très glorieuse Mère du Christ, le Sauveur notre Dieu, Auteur de la vie et de l’immortalité, elle est vivifiée, dans une incorruptibilité éternelle de son corps, par Celui-là même qui l’a ressuscitée du tombeau et l’a élevée jusqu’à lui, comme lui seul la connaît » [145].

23. Comme cette fête liturgique se célébrait chaque jour en plus de lieux et avec une piété plus considérable, les pasteurs de l’Église et les orateurs sacrés, d’un nombre toujours croissant, estimèrent qu’il était de leur devoir d’exposer clairement et ouvertement le mystère que rappelle cette fête et de déclarer qu’il est très lié avec les autres vérités révélées.

24. Parmi les théologiens scolastiques, il n’en manqua pas qui, voulant approfondir les vérités divinement révélées et désirant offrir cet accord parfait qui se trouve entre la raison théologique et la foi catholique, pensèrent qu’il fallait reconnaître que ce privilège de l’Assomption de la Vierge Marie s’accorde d’une façon admirable avec les vérités divines que nous livrent les Saintes Lettres.

25. En partant de là par voie de raisonnement, ils ont présenté des arguments variés qui éclairent ce privilège marial, et le premier, pour ainsi dire, de ces arguments, déclaraient-ils, est le fait que Jésus-Christ, à cause de sa piété à l’égard de sa Mère, a voulu l’élever au ciel. Et la force de ces arguments s’appuyait sur l’incomparable dignité de sa maternité divine et de toutes les grâces qui en découlent, à savoir : sa sainteté insigne qui surpasse la sainteté de tous les hommes et des anges : l’intime union de la Mère avec son Fils, et ce sentiment d’amour privilégié dont le Fils honorait sa très digne Mère.

26. Souvent ainsi, des théologiens et des orateurs sacrés se présentent qui, suivant les traces des Saints Pères [146], pour illustrer leur foi en l’Assomption, usant d’une certaine liberté, rapportent des événements et des paroles qu’ils empruntent aux Saintes Lettres. Pour Nous en tenir à quelques citations qui sont sur ce sujet le plus souvent employées, il y a des orateurs qui citent la parole du psalmiste : « Lève-toi, Seigneur, au lieu de ton repos, toi et l’arche de ta majesté [147] ; et ils envisagent l’« Arche d’alliance » faite de bois incorruptible et placée dans le temple de Dieu, comme une image du corps très pur de la Vierge Marie, gardé exempt de toute corruption du sépulcre et élevé à une telle gloire dans le ciel. De la même façon, en traitant de cette question, ils décrivent la Reine entrant triomphalement dans la cour des cieux et siégeant à la droite du divin Rédempteur [148] ; ainsi ils présentent l’Épouse du Cantique « qui monte du désert comme une colonne de fumée exhalant la myrrhe et l’encens » pour ceindre la couronne [149]. Ils proposent ce qui précède comme des images de cette Reine du ciel, cette Épouse céleste qui, en union avec son Époux divin, est élevée à la cour des cieux.

27. Et de plus, les Docteurs scolastiques, non seulement dans les diverses figures de l’Ancien Testament, mais aussi dans cette Femme revêtue de soleil que contempla l’Apôtre Jean dans l’île de Patmos [150], ont vu l’indication de l’Assomption de la Vierge Mère de Dieu. De même, des passages du Nouveau Testament, ils ont proposé avec un soin particulier à leur considération ces mots : « Salut pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre les femmes » [151], alors qu’ils voyaient dans le mystère de l’Assomption le complément de cette surabondante grâce accordée à la Bienheureuse Vierge, et cette bénédiction unique en opposition avec la malédiction d’Ève.

28. C’est pourquoi, au début de la théologie scolastique, cet homme très pieux, Amédée, évêque de Lausanne, affirme que la chair de la Vierge Marie est restée sans corruption — car on ne peut croire que son corps ait vu la corruption — puisqu’il a, en effet, été uni de nouveau à son âme et conjointement avec elle, dans la cour céleste, couronné de la gloire d’En-Haut. « Elle était, en effet, pleine de grâce et bénie entre les femmes » [152]. Seule, elle a mérité de concevoir le vrai Dieu de vrai Dieu, que vierge elle a mis au monde, que vierge, elle a allaité, le pressant sur son sein, et qu’elle a servi en toute chose d’une sainte obéissance [153].

29. Parmi les saints écrivains qui, à cette époque, se sont servis des textes et de diverses similitudes ou analogies des Saintes Écritures pour illustrer ou confirmer la doctrine de l’Assomption, objet d’une pieuse croyance, le Docteur évangélique saint Antoine de Padoue occupe une place à part. C’est lui, en effet, qui, le jour de l’Assomption, expliquait ces paroles du Prophète Isaïe : « Je glorifierai le lieu où reposent mes pieds » [154], affirma d’une façon certaine que le divin Rédempteur a orné de la plus haute gloire sa Mère très chère, dont il avait pris sa chair d’homme. « Par là, vous savez clairement, dit-il, que la Bienheureuse Vierge dans son corps, où fut le lieu où reposèrent les pieds du Seigneur, a été élevée (au ciel). » C’est pourquoi le Psalmiste sacré écrit : « Lève-toi, Seigneur, au lieu de ton repos, toi, et l’arche de ta majesté. » De la même façon, comme il l’affirme lui-même, que Jésus-Christ est ressuscité en triomphant de la mort, et monté à la droite de son Père, ainsi pareillement « est ressuscitée aussi l’Arche de sa sanctification lorsqu’en ce jour, la Vierge Mère a été élevée dans la demeure céleste » [155].

30. Au moyen âge, alors que la théologie scolastique était dans tout son éclat, saint Albert le Grand, après avoir réuni, pour en établir la preuve, divers arguments fondés sur les Saintes Lettres, les textes de la tradition ancienne et enfin la liturgie et le raisonnement théologique, comme on dit, conclut ainsi : « Pour toutes ces raisons, et ces témoignages qui font autorité, il est clair que la Bienheureuse Mère de Dieu a été élevée en âme et en corps au-dessus des chœurs des anges. Et nous croyons que cela est vrai de toutes façons » [156]. Dans le sermon qu’il prononça le saint jour de l’Annonciation de la Bienheureuse Vierge Marie, en expliquant ces paroles de l’Ange la saluant : « Ave, gratia plena »..., le Docteur universel, comparant à Ève la Très Sainte Vierge, soutient clairement et expressément qu’elle fut exempte de la quadruple malédiction qui frappa Ève [157].

31. Le Docteur angélique, à la suite de son remarquable Maître, bien qu’il n’ait jamais traité expressément la question, chaque fois cependant qu’incidemment il y touche, maintient constamment en union avec l’Église catholique que le corps de Marie a été élevé au ciel avec son âme [158].

32. Le Docteur séraphique, entre beaucoup d’autres, se déclare dans le même sens. Pour lui, il est tout à fait certain que Dieu, de la même façon qu’il a gardé Marie, la Très Sainte, exempte de la violation de son intégrité virginale et de sa pureté virginale, soit quand elle a conçu, soit quand elle enfanta, ainsi Dieu n’a pas permis en aucune façon que son corps fût réduit à la corruption ou réduit en cendres [159]. En interprétant ces paroles de la Sainte Écriture et les appliquant en un certain sens accomodatice à la Bienheureuse Vierge : Quae est ista, quae ascendit de deserto, deliciis affluens, innixa super dilectum suum. « Quelle est celle-ci qui monte du désert, pleine de délices, appuyée sur son bien-aimé [160] ? », il raisonne ainsi : « De là encore, il résulte qu’elle s’y trouve en corps... Car, en effet, sa béatitude ne serait pas consommée si elle ne s’y trouvait pas en personne, mais c’est l’union (du corps et de l’âme) qui la constitue ; il est évident qu’en tant que suivant cette union, c’est-à-dire en son corps et en son âme, elle s’y trouve : sans quoi, elle n’aurait pas la jouissance béatifique achevée » [161].

33. A une époque plus tardive de la théologie scolastique, soit au XVe siècle, saint Bernardin de Sienne, reprenant d’une manière générale, et étudiant de nouveau avec soin tout ce que les théologiens du Moyen Age avaient déclaré et discuté sur cette question, ne se contenta pas de rapporter les principales considérations que les docteurs du temps passé avaient proposées, mais il en ajouta de nouvelles. A savoir la ressemblance de la divine Mère et de son divin Fils pour ce qui touche à la noblesse et à la dignité de l’âme et du corps — à cause de cette ressemblance, nous ne pouvons pas même penser que la Reine du Ciel soit séparée du Roi du Ciel — demande que Marie « ne puisse se trouver que là où est le Christ » [162], et, d’autre part, il est conforme à la raison et convenable que de même que pour l’homme, ainsi le corps et l’âme de la femme arrivent à la gloire éternelle dans le ciel ; et, enfin, puisque l’Église n’a jamais recherché les restes de la Bienheureuse Vierge et ne les a jamais proposés au culte du peuple. Il y a là un argument qu’on peut offrir, « comme une preuve sensible » [163].

34. En des temps plus récents, ces déclarations des Saints Pères et Docteurs que nous avons rapporté furent d’un usage commun. Embrassant cette unanimité des chrétiens dans la tradition des siècles antérieurs, saint Robert Bellarmin s’écrie : « Et qui pourrait croire, je vous prie, que l’arche de la sainteté, la demeure du Verbe, le temple de l’Esprit-Saint se soit écroulé ? Mon âme répugne franchement même à penser que cette chair virginale qui a engendré Dieu, lui a donné le jour, l’a allaité, l’a porté, ou soit tombée en cendres ou ait été livrée à la pâture des vers » [164].

35. De la même façon, saint François de Sales, après avoir soutenu qu’on ne peut mettre en doute que Jésus-Christ a accompli à la perfection le commandement divin qui prescrit aux fils d’honorer leurs parents, se pose cette question : « Qui est l’enfant qui ne ressuscitast sa bonne mère s’il pouvoit et ne la mist en paradis après qu’elle seroit décédée [165] ? » Et saint Alphonse écrit : « Jésus n’a pas voulu que le corps de Marie se corrompît après sa mort, car c’eût été un objet de honte pour lui si sa chair virginale était tombée en pourriture, cette chair dont lui-même avait pris la sienne » [166].

36. Mais comme ce mystère, objet de la célébration de cette fête, se trouvait déjà mis en lumière, il ne manqua pas de Docteurs qui, plutôt que de se servir des arguments théologiques qui démontrent qu’il convient absolument et qu’il est logique de croire à l’Assomption au ciel de la Bienheureuse Vierge Marie en son corps, tournaient leur esprit et leur cœur à la foi de l’Église, Épouse mystique du Christ qui n’a ni tache ni ride [167], et que l’Apôtre appelle « la colonne et la base de la vérité » [168] ; appuyés sur cette foi commune, ils pensaient que l’opinion contraire était téméraire pour ne pas dire hérétique. Du moins, saint Pierre Canisius, comme tant d’autres, après avoir déclaré que le mot même d’Assomption signifie « glorification » non seulement de l’âme, mais encore du corps, et que l’Église, déjà au cours de nombreux siècles, vénère et célèbre avec solennité ce mystère marial de l’Assomption, remarque ce qui suit : « Ce sentiment prévaut déjà depuis des siècles ; il est ancré au cœur des pieux fidèles et confié ainsi à toute l’Église. Par conséquent, on ne doit pas supporter d’entendre ceux qui nient que le corps de Marie a été élevé dans le ciel, mais on doit les siffler, à l’occasion, comme des gens trop entêtés, et par ailleurs téméraires, et comme des gens imbus d’un esprit plus hérétique que catholique » [169].

37. A la même époque, le Docteur excellent qui professait cette règle en mariologie que « les mystères de grâce opérés par Dieu dans la Vierge ne doivent pas se mesurer aux règles ordinaires, mais à la toute-puissance divine, étant supposée la convenance de ce dont il s’agit et que cela ne soit pas en contradiction avec les Saintes Écritures ou inconciliable avec le texte sacré » [170], en ce qui concerne le mystère de l’Assomption, fort de la foi commune de l’Église tout entière, il pouvait conclure que ce mystère doit être cru avec la même fermeté d’âme que l’Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie, et déjà il affirmait que ces vérités pouvaient être définies.

38. Tous ces arguments et considérations des Saints Pères et des théologiens s’appuient sur les Saintes Lettres comme sur leur premier fondement. Celles-ci nous proposent, comme sous nos yeux, l’auguste Mère de Dieu dans l’union la plus étroite avec son divin Fils et partageant toujours son sort. C’est pourquoi il est impossible de considérer Celle qui a conçu le Christ, l’a mis au monde, nourri de son lait, porté dans ses bras et serré sur son sein, séparée de lui, après cette vie terrestre, sinon dans son âme, du moins dans son corps. Puisque notre Rédempteur est le Fils de Marie, il ne pouvait certainement pas, lui qui fut l’observateur de la loi divine le plus parfait, ne pas honorer, avec son Père éternel, sa Mère très aimée. Or, il pouvait la parer d’un si grand honneur qu’il la garderait exempte de la corruption du tombeau. Il faut donc croire que c’est ce qu’il a fait en réalité.

39. Il faut surtout se souvenir que, depuis le IIe siècle, les Saints Pères proposent la Vierge Marie comme une Ève nouvelle en face du nouvel Adam et, si elle lui est soumise, elle lui est étroitement unie dans cette lutte contre l’ennemi infernal, lutte qui devait, ainsi que l’annonçait le Protévangile [171], aboutir à une complète victoire sur le péché et la mort, qui sont toujours liés l’un à l’autre dans les écrits de l’Apôtre des Nations [172]. C’est pourquoi, de même que la glorieuse Résurrection du Christ fut la partie essentielle de cette victoire et comme son suprême trophée, ainsi le combat commun de la Bienheureuse Vierge et de son Fils devait se terminer par la « glorification » de son corps virginal ; car, comme le dit ce même Apôtre, « lorsque ce corps mortel aura revêtu l’immortalité, alors s’accomplira la parole qui est écrite : la mort a été engloutie dans sa victoire » [173].

40. C’est pourquoi l’auguste Mère de Dieu, unie de toute éternité à Jésus-Christ, d’une manière mystérieuse, par « un même et unique décret » [174] de prédestination, immaculée dans sa conception, Vierge très pure dans sa divine Maternité, généreuse associée du Divin Rédempteur qui remporta un complet triomphe du péché et de ses suites, a enfin obtenu comme suprême couronnement de ses privilèges d’être gardée intacte de la corruption du sépulcre, en sorte que, comme son Fils, déjà auparavant, après sa victoire sur la mort, elle fut élevée dans son corps et dans son âme, à la gloire suprême du ciel où Reine, elle resplendirait à la droite de son fils, Roi immortel des siècles » [175].

41. Alors, puisque l’Église universelle, en laquelle vit l’Esprit de vérité, cet Esprit qui la dirige infailliblement pour parfaire la connaissance des vérités révélées, a manifesté de multiples façons sa foi au cours des siècles, et puisque les évêques du monde entier, d’un sentiment presque unanime, demandent que soit définie, comme dogme de foi divine et catholique, la vérité de l’Assomption au ciel de la Bienheureuse Vierge Marie — vérité qui s’appuie sur les Saintes Lettres et ancrée profondément dans l’âme des fidèles, approuvée depuis la plus haute antiquité par le culte de l’Église, en parfait accord avec les autres vérités révélées, démontrée et expliquée par l’étude, la science et la sagesse des théologiens, — nous pensons que le moment, fixé par le dessein de Dieu dans sa Providence, est maintenant arrivé où nous devons déclarer solennellement cet insigne privilège de la Vierge Marie.

42. Nous, qui avons confié Notre pontificat au patronage particulier de la Très Sainte Vierge, vers qui Nous Nous réfugions en tant de vicissitudes des plus tristes réalités, Nous qui avons consacré à son Cœur Immaculé le genre humain tout entier en une cérémonie publique, et qui avons éprouvé souvent sa très puissante assistance, Nous avons une entière confiance que cette proclamation et définition solennelle de son Assomption apportera un profit non négligeable à la société humaine, car elle tournera à la gloire de la Très Sainte Trinité à laquelle la Vierge Mère de Dieu est unie par des liens tout particuliers. Il faut, en effet, espérer que tous les fidèles seront portés à une piété plus grande envers leur céleste Mère ; que les âmes de tous ceux qui se glorifient du nom de chrétiens, seront poussées au désir de participer à l’unité du Corps mystique de Jésus-Christ et d’augmenter leur amour envers Celle qui, à l’égard de tous les membres de cet auguste corps, garde un cœur maternel. Et il faut également espérer que ceux qui méditent les glorieux exemples de Marie se persuaderont de plus en plus de quelle grande valeur est la vie humaine si elle est entièrement vouée à l’accomplissement de la volonté du Père céleste et au bien à procurer au prochain ; que, alors que les inventions du « matérialisme » et la corruption des mœurs qui en découle menacent de submerger l’existence de la vertu et, en excitant les guerres, de perdre les vies humaines, sera manifesté le plus clairement possible, en pleine lumière, aux yeux de tous, à quel but sublime sont destinés notre âme et notre, corps ; et enfin que la foi de l’Assomption céleste de Marie dans son corps rendra plus ferme notre foi en notre propre résurrection, et la rendra plus active.

43. Ce Nous est une très grande joie que cet événement solennel arrive, par un dessein de la Providence de Dieu, alors que l’Année Sainte suit son cours, car ainsi nous pouvons, pendant la célébration du très grand Jubilé, orner le front de la Vierge Mère de Dieu de ce brillant joyau et laisser un souvenir plus durable que l’airain de Notre piété très ardente envers la Mère de Dieu.

44. C’est pourquoi, après avoir adressé à Dieu d’incessantes et suppliantes prières, et invoqué les lumières de l’Esprit de vérité, pour la gloire du Dieu Tout-Puissant, qui prodigua sa particulière bienveillance à la Vierge Marie, pour l’honneur de son Fils, Roi immortel des siècles et vainqueur de la mort et du péché, pour accroître la gloire de son auguste Mère et pour la joie et l’exultation de l’Église tout entière, par l’autorité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, des bienheureux apôtres Pierre et Paul, et par la Nôtre, Nous proclamons, déclarons et définissons que c’est un dogme divinement révélé que Marie, l’Immaculée Mère de Dieu toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste.

45. C’est pourquoi, si quelqu’un — ce qu’à Dieu ne plaise — osait volontairement nier ou mettre en doute ce que Nous avons défini, qu’il sache qu’il a fait complètement défection dans la foi divine et catholique.

46. Et pour que Notre définition de l’Assomption au ciel de la Vierge Marie dans son corps parvienne à la connaissance de l’Église universelle, Nous voulons que Nos lettres apostoliques présentes demeurent pour en perpétuer la mémoire, ordonnant que les copies qui en seront faites, ou même les exemplaires qui en seront imprimés, contresignés de la main d’un notaire public, et munis du sceau d’une personne constituée en dignité ecclésiastique, obtiennent foi absolument auprès de tous, comme le feraient les présentes Lettres elles-mêmes si elles étaient exhibées ou montrées.

47. Qu’il ne soit permis à qui que ce soit de détruire ou d’attaquer ou contredire, par une audacieuse témérité, cet écrit de Notre déclaration, décision et définition. Si quelqu’un avait la présomption d’y attenter, qu’il sache qu’il encourrait l’indignation du Dieu Tout-Puissant et des bienheureux apôtres Pierre et Paul.

48. Donné à Rome, près de Saint-Pierre, l’année du très saint Jubilé mil neuf cent cinquante, le premier novembre, en la fête de tous les Saints, de Notre pontificat la douzième année.

[128] Rom. 8, 28.

[129] Gal. 4, 4.

[130] Cf. Hentrich-Von Moos, Petitiones de Assumptione corporea B. Virginis Mariae in Caelum definienda ad S. Sedem delatae, 2 volumes, Typis Polyglottis Vaticanis, 1942.

[131] Act. 20, 28.

[132] Bulle Ineffabilis Deus, Acta Pii IX, pars 1 , Vol. 1, p. 615.

[133] Concile du Vatican, Constitution Dei Filius, c. 4.

[134] Jean. 14, 26.

[135] Concile du Vatican, Constitution Pastor Aeternus, c. 4.

[136] Ibid., Dei Filius, c. III.

[137] Encyclique Mediator Dei, Acta Apostolicae Sedis, XXXIX, 541.

[138] Sacramentorum Gregorianum.

[139] Menaei Totius Anni.

[140] Liber Pontificalis.

[141] Ibid.

[142] Responsa Nicolai Papae I ad Consulta Bulgarorum.

[143] S. Jean Damascène, Encomium in Dormitionem Dei Genitricis Semperque Virginis Mariae, hom. II, n. 14 ; cf. également ibid., n. 3.

[144] S. Germain de Constantinople, In sanctae Dei Genitricis Dormitionem, sermon I.

[145] Encomium in Dormitionem Sanctissimae Dominae Nostrate Deiparae Semperque Virginis Mariae, attribué à S. Modeste de Jérusalem, n. 14.

[146] Cf. S. Jean Damascène, op. cit., Hom. II, n. 11 ; et aussi l’Encomium attribué à saint Modeste.

[147] Ps. 131, 8.

[148] Ps. 44, 10-14.

[149] Cant. 3, 6 ; cf. 4, 8 ; 6, 9.

[150] Ap. 12, 1 et seq., IV.

[151] Luc. 1, 23

[152] Luc. 1, 28.

[153] Amédée de Lausanne, De Beatae Virginis Obitu, Assumptione in Caelum Exaltatione ad Filii Dexteram.

[154] Is. 61,13.

[155] S. Antoine de Padoue, Sermones dominicales et in solemnitatibus, In Assumptione S. Mariae Virginis sermo.

[156] S. Albert le Grand, Mariale, q. 132.

[157] S. Albert le Grand, Sermones de Sanctis, sermon XV in Annuntiatione B. Mariae ; cf. également Mariale, q. 132.

[158] St. Thomas d’Aquin, Summa Theol., I, lla ; q. 27, a. 1 ; q. 83, a. 5, ad 8 ; Expositio Salutationis Angelicae ; In Symb. Apostolorum Expositio, a. S ; In IV Sent., d. 12, q. 1, a. 3, sol. 3 ; d. 43, q. 1, a. 3, sol. 1, 2.

[159] S. Bonaventure, De Nativitate B. Mariae Virginis, Sermon V.

[160] Cant. 8, 5.

[161] S. Bonaventure, De Assumptione B. Mariae Virginis, sermon 1.

[162] S. Bernardin de Sienne, in Assumptione Beatae Mariae Virginis, sermon 11.

[163] Ibid.

[164] S. Robert Bellarmin, Contiones habitae Lovanii, n. 40, De Assumptione B. Mariae Virginis.

[165] Œuvres de S. François de Sales, sermon pour la fête de l’Assomption.

[166] S. Alphonse de Liguori, Les Gloires de Marie, Part. 2, d. 1.

[167] Eph. 5, 27.

[168] I Tim. 3, 15.

[169] S. Pierre Canisius, De Maria Virgine.

[170] Suarez, In Tertiam Partem D. Thomae, q.27, a. 2, disp. 3, seq. 5, n. 31.

[171] Gen. 3, 15.

[172] Rom. 5-6 ; I Cor. 15, 21-26, 54-57.

[173] I Cor. 15, 54.

[174] Bulle Ineffabilis Deus, doc. cit., p. 599.

[175] I Tim. 1, 17.

SOURCE : http://www.introibo.fr/Commentaires-liturgiques-de-la,1032





L'ASSOMPTION DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE

Un livre apocryphe, attribué à saint Jean l'évangéliste, nous apprend les circonstances de l'Assomption de la bienheureuse vierge Marie. Tandis que les apôtres parcouraient les différentes parties du monde pour y prêcher, la bienheureuse Vierge resta, dit-on,  dans une maison près de la montagne de Sion. Elle visita, tant qu'elle vécut, avec une grande dévotion, tous les endroits qui lui rappelaient son Fils, comme les lieux témoins de son baptême, de son jeûne, de sa prière, de sa passion, de sa sépulture, de sa résurrection et de son ascension, et d'après Epiphane, elle survécut de vingt-quatre ans à l'ascension de son Fils. Il rapporte donc que la Sainte Vierge était âgée de quatorze ans quand elle conçut J. C., qu'elle le mit au monde à quinze, et qu'elle vécut avec lui trente-trois ans, et vingt-quatre autres après la mort de J.-C. D'après cela, elle avait soixante-douze ans quand elle mourut. Toutefois ce qu'on lit ailleurs parait plus probable, savoir, qu'elle survécut de douze ans à son Fils, et qu'elle était sexagénaire, lors de son assomption, puisque les apôtres employèrent douze ans à prêcher dans la Judée et les pays d'alentour, selon le récit de l'Histoire ecclésiastique. Or, un jour que le coeur de la Vierge était fortement embrasé du regret de son Fils, son esprit enflammé s'émeut et elle répand une grande abondance de larmes. Comme elle ne pouvait facilement se consoler de la perte de ce fils qui lui avait été soustrait pour un temps,  voici que lui apparut, environné d'une grande lumière, un ange qui la salua en ces termes, avec révérence, comme la mère du Seigneur : « Salut, Marie qui êtes bénie ; recevez la bénédiction de celui quia donné le salut à Jacob. Or, voici une branche de palmier que je vous ai apportée du paradis comme à ma dame; vous la ferez porter devant le cercueil; car dans trois jours, vous serez enlevée de votre corps ; votre Fils attend sa révérende mère. » Marie lui répondit : « Si j'ai trouvé grâce devant vos yeux, je vous conjure de daigner me révéler votre nom. Mais ce que je demande plus instamment encore, c'est que mes fils et frères les apôtres soient réunis auprès de moi, afin de les voir des yeux du corps, avant que je meure, et d'être ensevelie par eux après que j'aurai rendu en leur présence mon esprit au Seigneur. Il est encore une autre chose que je réclame avec instance, c'est que mon âme, en sortant du corps, ne voie aucun mauvais esprit, et que pas une des puissances de Satan ne se présente sur mon passage. » L'ange lui dit : « Pourquoi, ô dame, désirez-vous savoir mon nom qui est admirable et grand ? Quant aux apôtres, ils viendront tous et seront réunis auprès de vous; ils feront de magnifiques funérailles lors de votre trépas qui aura lieu en leur présence. Car celui qui autrefois a porté en un clin d'oeil, par un cheveu, le prophète de la Judée à Babylone, celui-là assurément pourra en un instant amener les apôtres auprès de vous. Mais pourquoi craignez-vous de voir l'esprit malin, puisque vous lui avez entièrement brisé la tête et que vous l'avez dépouillé de toute sa puissance ? soit faite cependant votre volonté, afin que vous ne les voyiez pas. » Après avoir dit ces mots, l'ange monta aux cieux au milieu d'une grande lumière. Or, cette palme resplendissait d'un très grand éclat, et par sa verdure elle était en tout semblable à une branche; mais ses feuilles brillaient comme 1'étoile du matin. Or, il arriva que, comme Jean était à prêcher à Ephèse, un coup de tonnerre éclata tout à coup, et une nuée blanche l'enleva, et l'apporta devant la porte de Marie. Il frappa, entra dans l'intérieur de la maison, et avec grande révérence, l'apôtre vierge salua la Vierge. L'heureuse Marie en le voyant fut saisie d'une grande crainte et ne put retenir ses larmes, tant elle éprouva de joie. Alors elle lui dit: « Jean, mon fils, aie souvenance des paroles de ton maître, quand il  m'a confiée à toi comme un fils, et quand il t'a confié à moi comme à une mère. Me voici appelée par le Seigneur à payer le tribut à la condition humaine, et je te recommande d'avoir un soin particulier de mon corps. J'ai appris que les Juifs s'étaient réunis et avaient dit : « Attendons, concitoyens et frères, attendons jusqu'au moment où celle qui a porté « Jésus subira la mort, aussitôt nous ravirons son corps « et nous le jetterons pour être la pâture du feu. » Tu feras porter alors cette palme devant mon cercueil, lorsque vous porterez -mon corps au tombeau. » Et Jean dit : « Oh ! plût à Dieu que tous les apôtres mes frères fussent ici, afin de pouvoir célébrer convenablement vos obsèques et vous rendre les honneurs dont vous êtes digne. » Pendant qu'il parlait ainsi, tous les apôtres sont enlevés sur des nuées, des endroits où ils: prêchaient et sont déposés devant la porte de Marie. En se voyant réunis tous au même lieu, ils étaient remplis d'admiration : « Quelle est, se disaient-ils, la cause pour laquelle le Seigneur nous a rassemblés ici en même temps? » Alors Jean sortit et vint les trouver pour les prévenir que leur dame allait trépasser ; puis il ajouta: « Mes frères, quand elle sera morte, que personne ne la pleure, de crainte que le peuple témoin de cela ne se trouble et dise : « Voyez comme, ils craignent la mort, ces hommes qui prêchent aux autres la résurrection. »

Denys, disciple de saint Paul, raconte les mêmes faits dans son livre des Noms divins (ch. III). Il dit qu'à la mort de la Vierge, les apôtres furent réunis et y assistèrent ensemble; ensuite que chacun d'eux fit un discours en l'honneur de J.-C. et de la Vierge. Et voici comme il s'exprime 'en parlant à Timothée : « Tu as appris que nous et beaucoup de saints qui sont nos frères, nous nous réunîmes pour voir le corps qui a produit la vie et porté Dieu. Or, se trouvaient là Jacques, le frère du Seigneur, et Pierre, coryphée et chef suprême des théologiens. Ensuite il parut convenable que toutes les hiérarchies célébrassent, chacune selon son pouvoir, la bonté toute-puissante de Dieu qui s'était revêtu de notre infirmité. » Quand donc la bienheureuse Marie eut vu tous les apôtres rassemblés, elle bénit le Seigneur, et s'assit au milieu d'eux, après qu'on eut allumé des lampes et des flambeaux. Or, vers la troisième heure de la nuit, Jésus arriva avec les anges, l'assemblée des patriarches, la troupe des martyrs, l'armée des confesseurs et les choeurs des vierges. Tous se rangent devant le trône de la Vierge et chantent à l'envi de doux cantiques. On apprend dans le livre attribué à saint Jean quelles ont été les funérailles qui furent alors célébrées. Jésus commença le premier et dit : « Venez, vous que j'ai choisie, et je vous placerai sur mon trône parce que j'ai désiré votre beauté. » Et Marie répondit : « Mon coeur est prêt, Seigneur, mon coeur est prêt. » Alors taus ceux qui étaient venus avec Jésus entonnèrent ces paroles avec douceur : « C'est elle qui a conservé sa couche pure et sans tache; elle recevra la récompense qui appartient aux âmes saintes. » Ensuite la Vierge chanta en disant d'elle-même : « Toutes les nations  m'appelleront bienheureuse ; car le Tout-Puissant a fait de grandes choses en ma faveur : et son nom est saint. » Enfin le chantre donna le ton à tous en prenant plus haut: « Venez du Liban, mon épouse, venez du Liban, vous serez couronnée. » Et Marie reprit : « Me voici, je viens; car il est écrit de moi dans tout le livre de la loi : que je ferais votre volonté, ô mon Dieu; parce que mon esprit est ravi de joie en Dieu mon Sauveur. » C'est ainsi que l'âme de  Marie sortit de son corps et s'envola dans les bras de son Fils. Elle fut affranchie de la douleur de la chair, comme elle avait été exempte de la corruption. Et le Seigneur dit aux apôtres

Portez le corps de la Vierge-Mère dans la vallée de Josaphat et renfermez-le dans un sépulcre neuf que vous y trouverez. Après quoi, pendant trois jours, vous  m'attendrez jusqu'à ce que je vienne. » Aussitôt les fleurs des roses l'environnèrent; c'était l'assemblée des martyrs, puis les lys des vallées qui sont les compagnies des anges; des confesseurs et des vierges. Les apôtres se mirent à s'écrier en s'adressant à elle: « Vierge pleine de prudence, où dirigez-vous vos pas? Souvenez-vous de nous, ô notre Dame! » Alors les choeurs de ceux qui étaient restés au ciel, en entendant le concert de ceux qui montaient, furent remplis d'admiration et s'avancèrent à leur rencontre; à la vue de leur roi portant dans ses bras l'âme d'une femme qui s'appuyait sur lui, ils furent stupéfaits et se mirent à crier : « Quelle est celle-ci qui monte du désert, remplie de délices, appuyée sur son bien-aimé ? » Ceux qui l'accompagnaient leur répondirent : « C'est celle qui est belle au-dessus des filles de Jérusalem. Vous l'avez déjà vue pleine de charité et d'amour. » Ainsi fut-elle reçue toute pleine de joie dans le ciel et placée à la droite de son Fils sur un trône de gloire. Quant aux apôtres ils virent son âme éclatant d'une telle blancheur qu'aucune langue humaine ne le pourrait raconter.

Trois vierges qui se trouvaient là, dépouillèrent le corps de Marie pour le laver. Aussitôt ce corps resplendit d'une si grande clarté qu'on pouvait bien le toucher, mais qu'il était impossible de le voir : cette lumière brilla jusqu'à ce que le corps eût été entièrement lavé par les vierges. Alors les apôtres prirent ce saint corps avec révérence et le placèrent sur un brancard. Et Jean dit à Pierre : « Pierre, vous porterez cette palme devant le brancard; car le Seigneur vous a mis à notre tête et vous a ordonné le pasteur et le prince de ses brebis. » Pierre lui répondit : « C'est plutôt à vous à la porter ; vous avez été élu vierge par le Seigneur, et il est digne que celui qui est vierge porte la palme' d'une vierge. Vous avez eu l'honneur de reposer sur la poitrine du Seigneur, et vous y avez puisé plus que les autres des torrents de sagesse et de grâce, il paraît juste qu'ayant reçu plus de dons du Fils, vous rendiez plus d'honneur à la Vierge. Vous donc, devez porter cette. palme de lumière aux obsèques de la sainteté, puisque vous vous êtes enivré à la coupe de la lumière, de la source de l'éternelle clarté. Pour moi, je porterai ce saint corps avec le brancard et nos autres frères qui seront à l'entour célébreront la gloire de Dieu. » Alors Paul dit: « Et moi qui suis le plus petit d'entre vous tous, je, le porterai avec vous. » C'est pourquoi Pierre et Paul enlevèrent  la bière ; Pierre se mit à chanter : « Israël sortit de l'Égypte, alleluia. » Puis les autres apôtres continuèrent ce chant doucement. Or, le Seigneur enveloppa d'un nuage le brancard et les apôtres, en sorte qu'on ne voyait rien, seulement on les entendait chanter. Des anges aussi unirent leurs voix à celle des apôtres et remplirent toute la terre d'une mélodie pleine de suavité. Tous les habitants furent réveillés par ces doux sons et cette mélodie : ils se précipitèrent hors de la ville en demandant avec empressement ce qu'il y avait. Les uns dirent : « Ce sont les disciples de Jésus qui portent Marie décédée. C'est autour d'elle qu'ils chantent cette mélodie que vous entendez. » Aussitôt ils courent aux armes, et s'excitent les uns les autres en disant : « Venez, tuons tous les disciples et livrons au feu ce corps qui a porté ce séducteur. » Or, le prince des prêtres, en voyant cela, fut stupéfait et il dit avec colère: « Voici le tabernacle de celui qui a jeté le trouble parmi nous et dans notre race. Quelle gloire il reçoit en ce moment ! » Or, en parlant ainsi il leva les mains vers le lit funèbre avec la volonté de le renverser et de, le jeter par terre. Mais aussitôt ses mains se séchèrent et s'attachèrent au brancard, en sorte qu'il y était suspendu : il poussait des hurlements lamentables, tant ses douleurs étaient atroces, Le reste du peuple fut frappé d'aveuglement par les anges qui étaient dans la nuée. Quant au prince des prêtres, il criait en disant : « Saint-Pierre, ne  m'abandonnez pas dans la tribulation où je me trouve; mais je vous en conjure, priez pour moi, car vous devez vous rappeler qu'autrefois je vous suis venu en aide et, que je vous ai excusé lors de l'accusation de la servante. » Pierre lui répondit : « Nous sommes retenus par les funérailles de Notre-Dame et nous ne pouvons nous occuper de votre guérison : néanmoins si vous vouliez croire eu Notre-Seigneur J.-C. et en celle qui l'a engendré et qui l'a porté, j'ai lieu d'espérer que vous pourriez être guéri de suite. » Il répondit : « Je crois que le Seigneur Jésus est vraiment le Fils de Dieu que voilà sa très sainte mère. » A l'instant ses mains se détachèrent du cercueil ; cependant ses bras restaient desséchés et la douleur violente ne disparaissait pas. Alors Pierre lui dit : «Baisez le cercueil et dites : « Je crois en Dieu Jésus-Christ que celle-ci a porté dans ses entrailles tout en restant vierge après l'enfantement. »Quand il l'eut fait, il fut incontinent guéri. Alors Pierre lui; dit : « Prenez cette palme des mains de notre frère Jean et vous la placerez sur ce peuple aveuglé quiconque voudra croire recouvrera la vue; mais celui qui ne voudra pas croire ne verra plus jamais. » Or; les apôtres qui portaient Marie la mirent dans le tombeau, autour duquel ils s'assirent, ainsi que le Seigneur l’avait ordonné. Le troisième jour, Jésus arriva avec une multitude d'anges et les salua en disant: « La paix soit avec vous. » Ils répondirent: « Gloire à vous, ô Dieu, qui seul faites des prodiges étonnants. » Et le Seigneur dit aux apôtres: « Quelle grâce et quel, honneur vous semble-t-il que je doive conférer aujourd'hui à ma mère ? » « Il paraît juste, Seigneur, répondirent-ils, à vos serviteurs que, comme vous qui régnez dans les siècles après avoir vaincu la mort, vous ressuscitiez, ô Jésus, le corps de votre mère et que vous le placiez à votre droite pour l'éternité. » Et il l'octroya: alors l'archange Michel se présenta aussitôt et présenta l'âme de Marie devant le Seigneur. Le Sauveur lui parla ainsi: « Levez-vous, ma mère; ma. colombe, tabernacle de gloire, vase de vie, temple céleste; et de même que, lors de ma conception, vous n'avez pas été souillée par la tache du crime, de même, dans le sépulcre, vous ne subirez aucune dissolution du corps. » Et aussitôt l'âme de Marie s'approcha de son corps qui sortit glorieux du tombeau. Ce fut ainsi qu'elle fut enlevée au palais céleste dans la compagnie d'une multitude d'anges. Or, Thomas n'était pas là, et quand il vint, il ne voulut pas croire, quand tout à coup, tomba de l'air la ceinture qui entourait la sainte Vierge; il la reçut tout entière afin qu'il comprît ainsi qu'elle était montée  tout entière au ciel.

Ce qui vient d'être raconté est apocryphe en tout point; et voici ce qu'en dit saint Jérôme dans sa lettre, ou autrement dit, son discours à Paul et à Eustochium : « On doit regarder ce libelle comme entièrement apocryphe, à l'exception de quelques détails dignes de croyance, paraissant jouir de l'approbation de saints personnages et qui sont au nombre de neuf, savoir : que toute espèce de consolation a été promise et accordée à la Vierge; que les apôtres furent tous réunis; qu'elle trépassa sans douleur ; qu'on disposa sa sépulture dans la vallée de Josaphat ; que ses funérailles se firent avec dévotion ; que J.-C. et toute la cour céleste vint au-devant d'elle; que les Juifs l'insultèrent; qu'il éclata dès miracles en toute circonstance convenable; enfin qu'elle fut enlevée en corps et en âme. Mais il y a, dans ce récit, beaucoup de circonstances controuvées et qui s'éloignent de la vérité, comme par exemple, l'absence et l'incrédulité de saint. Thomas, et autres semblables, qu'il faut rejeter et taire. On dit que les vêtements de la sainte Vierge restèrent dans son tombeau pour servir de  consolation aux fidèles, et qu'une partie opéra le miracle qui suit : Lors du siège de la ville de Chartres par un général normand, l'évêque de cette ville attacha à une lance, en forme de drapeau, la tunique de la sainte Vierge, qui s'y conserve, et suivi de tout le peuple, il s'avança sans crainte contré l'ennemi. Aussitôt, l'armée des Normands fut frappée de démence et d'aveuglement, et, elle restait tremblante; son coeur et son courage étaient paralysés. A cette vue, les habitants de la ville entrent dans les vues du jugement de Dieu, et font un horrible massacre des ennemis. Ce qui parut déplaire à la bienheureuse Marie; car aussitôt cette tunique disparut, et à l'instant les Normands recouvrèrent la vue. — On lit dans les révélations de sainte Elisabeth qu'un jour, étant ravie en esprit, elle vit, dans un lieu fort éloigné, un sépulcre environné d'une grande lumière, et au-dedans, comme l'apparence d'une femme entourée d'une foule d'anges ; et peu d'instants après, elle fut enlevée du sépulcre et élevée en l'air avec toute la multitude qui se trouvait là. Et voici qu'un personnage admirable et plein de gloire vint du ciel à sa rencontre, portant en sa droite l'étendard de la croix, et avec lui, des milliers d'anges. Ce fut au milieu des concerts d'allégresse qu'ils la conduisirent jusqu'au ciel. Peu de temps après, sainte Elisabeth demandait à un ange, avec lequel elle avait de fréquents entretiens, l'explication de cette vision. L'ange lui répondit : « Il t'a été montré alors comment Notre Dame a été enlevée au ciel en corps et en âme. ». Elle dit encore dans le même livre, qu'il lui fut révélé que la sainte Vierge fut portée au ciel en son corps, quarante jours après soit trépas. Car la bienheureuse Marie lui dit en s'entretenant avec elle : « Après l'ascension du Seigneur; j'ai vécu un an entier et tant de jours qu'il y en a, depuis l'ascension jusqu'à mon assomption. Or, tous les apôtres assistèrent à mon trépas et ensevelirent honorablement mon corps; mais quarante jours après, je ressuscitai. » Et comme sainte Elisabeth lui demandait si elle découvrirait ou si elle cèlerait cela, la sainte, Vierge lui dit : « Il ne faut pas le révéler, aux hommes charnels et aux incrédules, et il ne' faut pas le cacher aux personnes dévotes et fidèles. »

Observons que la glorieuse vierge Marie fut transportée et élevée au ciel intégralement, honorablement, joyeusement et, excellemment. Elle fut transportée intégralement en corps et en âme, selon une pieuse croyance de l'Église. Un grand nombre de saints ne se contentent pas de l'avancer, mais ils s'attachent à en donner une quantité de preuves. Voici celle de saint Bernard : « Dieu s'est plu singulièrement à honorer les corps des saints. Ainsi, il a rendu les dépouilles de saint Pierre et de saint Jacques tellement vénérables, et il les a décorées d'honneurs si étonnants, qu'il a choisi, pour leur rendre des hommages, un lieu vers lequel accourt le monde entier. Si donc on disait que le corps de Marie fût sur la terre sans . que la dévotion des fidèles s'y portât avec affluence, et que ce, lieu ne jouit d'aucun honneur, on pourrait croire que J.-C. ne se serait point intéressé à la gloire de sa mère, quand il honore ainsi sur la terre les corps des autres saints. » Saint Jérôme avance de son côté que la sainte Vierge monta au ciel le 18 des calendes de septembre. Quant à l'assomption corporelle de Marie, il dit que l'Église se contente de rester en suspens sans se prononcer. Plus loin, il s'attache à en prouver la croyance de cette manière « S'il en est qui disent que dans ceux dont là résurrection a coïncidé avec celle de J.-C., la résurrection soit accomplie pour toujours à leur égard, et s'il en est un certain nombre qui croient que saint Jean, le gardien de la: sainte Vierge, jouisse du bonheur du ciel avec J.-C. et dans sa chair qui a été glorifiée, à plus forte raison doit-on le croire de la mère du Sauveur? Car celui qui a dit : « Honore ton père et ta « mère; », et qui, a dit encore : « Je ne suis pas venu détruire la loi, mais l'accomplir » ; celui-là, certainement, a honoré sa mère, et ce n'est pas pour nous le sujet d'une ombre de doute. » Saint Augustin ne J'affirme pas seulement, mais il en donne trois preuves. La première, c'est que la chair de J. C. et celle de la Vierge ne font qu'une : « Puisque, dit-il, ;la nature humaine est condamnée à la pourriture et aux vers, et que d'ailleurs J.-C. ne fut pas exposé à cet outrage, la nature de Marie en est donc exempte, car dans elle, J.-C. a pris la sienne. » La seconde raison qu'il en donne est tirée de la dignité de son corps « C'est, dit-il, le trône de Dieu, le lit nuptial du Seigneur, le tabernacle de J.-C. doit être où il est lui-même. Il est plus digne de conserver ce trésor dans le ciel que sur la terre. » La troisième raison, c'est la parfaite intégrité de sa chair virginale. Voici ses paroles : « Réjouissez-vous, ô Marie, d'une joie ineffable, dans votre corps et dans votre âme, en J.-C. votre propre fils, avec votre propre fils et par votre propre fils : La peine de la corruption n'est pas le partage de celle qui n'a pas éprouvé de corruption dans son intégrité; quand elle a engendré son divin fils. Toujours elle sera à l'abri de la corruption, celle qui a été comblée de tant de grâces ; il faut qu'elle vive dans toute l'intégrité de sa nature, celle qui a mis au monde l'auteur de la perfection et de la plénitude dans la vie; il faut qu'elle demeure auprès de celui qu'elle a porté dans ses entrailles; il faut qu'elle soit à côté de celui qu'elle a engendré, qu'elle a réchauffé, qu'elle a nourri. C'est Marie, c'est la mère de Dieu, c'est la nourrice, c'est la servante de Dieu. Je n'oserais penser autrement, et ce serait présomption de ma part de dire autre chose. » Un poète élégant s'en exprime comme il suit:

Scandit ad Aethera

Virgo puerpera,

Virgula Jesse.

Non sine corpore

Sed sine tempore,

Tendit ad esse.

Elle monte au ciel

La Vierge mère,

La Vierge de Jessé.

C'est avec son corps

Et pour l’éternité,        

Qu'elle s'élève jusqu'à celui qui est.

Secondement. Elle fut transportée au ciel au milieu de la joie. Gérard, évêque et martyr, dit à ce propos : « En ce jour, les cieux ont reçu la bienheureuse Vierge. avec joie. Les Anges se réjouissent, les Archanges jubilent, les Trônes s'animent, les Dominations la célèbrent dans les cantiques, les Principautés ;unissent leurs voix, les Puissances accompagnent de leurs instruments de musique, les Chérubins et les Séraphins entonnent des hymnes. Tous la conduisent jusqu'au souverain tribunal de la divine Majesté. »

Troisièmement elle fut élevée au ciel au milieu de grands honneurs. Jésus lui-même et la milice céleste vinrent au-devant d'elle. « Qui pourrait s'imaginer, dit saint Jérôme, quelle fut la gloire dont la Reine du monde fut environnée lors de son passage ? Quel respect affectueux! Quelle multitude de légions célestes allant à sa rencontre ! Qu'ils étaient beaux les cantiques qui l'accompagnèrent jusqu'à son trône ! Quelle majesté, quelle grandeur dans les divins embrassements de son Fils qui la reçoit et l'élève au-dessus de toutes les créatures ! » « Il est à croire, dit ailleurs le même Père, gaze la milice des cieux alla en triomphe au devant de la mère de Dieu,    et qu'elle l'environna d'une immense lumière, qu'elle la conduisit en chantant ses louanges et des cantiques jusqu'au trône de Dieu. La milice de la Jérusalem céleste tressaille d'une joie ineffable : elle est fière de tant d'amour et de reconnaissance. Cette fête; qui n'arrive qu'une fois pour nous dans le cours de l'année, ne doit point avoir eu de terme dans les cieux. On croit encore que le Sauveur vint au-devant d'elle de sa personne, dans cette fête, et qu'il la fit asseoir plein de joie auprès de lui sur le trône. Autrement il n'eût point accompli ce que lui-même a ordonné par cette loi : « Honore ton père et ta mère. » Quatrièmement: Elle fut reçue avec magnificence. » C'est le jour, dit saint Jérôme, où la mère sans souillure : la Vierge s'avança jusqu'à son trône élevé, où elle s'assit glorieuse auprès de J.-C. » Voici comment le bienheureux Gérard montre en ses homélies à quel degré de gloire et d'honneur elle fut élevée: « N.-S. J.-C. a pu seul la grandir comme il l'a fait pour qu'elle reçût de la majesté elle-même la louange et l'honneur à toujours. Elle est environnée des choeurs angéliques, entourée des troupes archangéliques, accompagnée des Trônes pleins d'allégresse, au milieu de l'enthousiasme des Dominations; les Principautés la vénèrent : les. Puissances lui applaudissent : elle est honorée parles Vertus, chantée par les Chérubins et louée par les hymnes des Séraphins. La très ineffable Trinité lui applaudit elle-même avec des transports qui n'ont point de fin, et la grâce dont elle l'inonde tout entière fait que tous ne pensent qu'à cette Reine. L'illustre compagnie des Apôtres l'élève au-dessus de toute louange, la multitude des martyrs est toute en suppliante autour d'une si grande Maîtresse: l'innombrable armée des confesseurs lui adresse des chants magnifiques, le choeur, des Vierges aux vêtements blancs célèbre sa gloire avec des accents ineffables : L'enfer lui-même hurle de rage, et les démons insolents l'acclament » (Saint Pierre Damien, op. XXXIV). Un; clerc très dévot à la Vierge Marie voulait pour ainsi dire consoler Notre-Dame au sujet des cinq plaies de N.-S. J.-C., en: lui adressant tous les jours cette prière: « Réjouissez-vous, Mère de Dieu, Vierge immaculée; réjouissez-vous, puisqu'un ange vous apporte la joie; réjouissez-vous puisque vous avez enfanté la clarté de la lumière éternelle; réjouissez-vous, Mère; réjouissez-vous, Sainte Vierge, Mère de Dieu. Vous seule êtes la Mère-Vierge: toutes créatures vous louent: O mère de lumière, je vous en prie, ne cessez d'intercéder pour nous. » Atteint d'une grave maladie ce clerc, réduit à l'extrémité, fut troublé par- la frayeur. La sainte Vierge lui apparut et lui dit : « Mon fils, pourquoi une si grande crainte de ta part ? toi qui si souvent  m'as annoncé la réjouissance. Réjouis-toi aussi toi-même et pour te réjouir éternellement, viens avec moi (1). » Un soldat fort puissant et riche avait dissipé tout son bien en libéralités mal entendues. Il devint si pauvre qu'après avoir donné avec profusion, il. fut réduit à manquer des moindres choses. Or, il avait une femme très honnête et fort dévote à la bienheureuse Vierge Marie. A l'approche d'une solennité; où il avait coutume de distribuer de grandes largesses, comme il n'avait plus rien à donner, il fut poussé par la honte et la confusion à se retirer, jusqu'à ce que cette solennité fût passée, dans un lieu désert où il pourrait soulager sa tristesse, pleurer les inconvénients de sa, position, et éviter la honte: tout à coup paraît un cheval fougueux sur lequel était monté un homme terrible qui s'approche de lui et lui demande le motif d'une tristesse si profonde. Le soldat lui ayant fait le récit détaillé de tout ce qui lui était arrivé, le cavalier lui dit : « Si tu veux te soumettre à un léger acte d'obéissance, tu auras de la gloire et des richesses en plus grande abondance que par le passé. » Il promet au, prince des ténèbres d'exécuter volontiers ce qu'il lui commandera, pourvu qu'il accomplisse à son égard ce qu'il a promis lui-même. Et le diable lui dit: « Va-t'en chez toi, cherche dans tel endroit de la maison, tu y trouveras des masses d'or et d'argent en telle quantité et tant de pierres précieuses : Mais aie soin tel jour de m'amener ici ta femme. » Sur cette promesse le soldat retourne à sa maison, et dans l'endroit désigné, il trouve tout ce qui lui avait été annoncé. Il achète aussitôt des palais, il répand des largesses, il rachète ses biens, il se procure des esclaves. Or, le jour fixé étant proche, il appela sa femme et lui dit: « Montez à cheval, car il vous faut aller avec moi en un lieu assez éloigné. » La dame tremblante et effrayée, n'osant pas aller contre ses ordres, se recommanda bien dévotement à la bienheureuse Vierge Marie et suivit son époux. Parvenus assez loin, ils rencontrèrent une église sur leur chemin; la femme descendit de son cheval et entra, pendant que son mari attendait dehors. Elle se recommandait avec dévotion à la bienheureuse Marie, quand tout à coup elle s'endormit et la glorieuse Vierge, semblable en tout à cette dame dans ses habits et dans ses manières, s'avança de l'autel; sortit et monta à cheval pendant que la - dame elle-même restait endormie dans l'église. Le mari persuadé que c'était sa femme continua son chemin. Quand ils furent arrivés au lieu convenu, le prince des ténèbres accourut de son côté avec grand fracas. A peine s'est-il approché que tout d'un coup il frémit et tremblant de stupeur il n'osa avancer. Alors il dit au soldat: « O le plus félon des hommes, pourquoi  m'as-tu joué ainsi et pourquoi te comportes-tu de cette manière quand je t'ai comblé de bienfaits? Je t'avais bien dit de  m'amener ta femme et tu  m'as amené la mère du Seigneur. Je voulais ta femme et tu as amené Marie. Car ta femme ne cesse de me faire tort; je voulais me venger sur elle, et tu  m'as amené celle-là pour qu'elle me tourmentât et qu'elle  m'envoyât dans l'enfer. » En entendant ces paroles, cet homme était stupéfait, la crainte et l'étonnement l'empêchaient de parler. La bienheureuse Vierge Marie dit alors : « Quelle a été ta témérité, esprit méchant, d'oser nuire à une personne pleine de dévotion Pour moi ? Tu ne l'auras pas fait impunément. Voici maintenant la sentence que je lance contre toi: c'est que tu descendes en enfer, et que tu n'aies plus désormais la présomption de nuire à quiconque  m'invoquera avec dévotion. » Et le diable se retira en poussant de grands hurlements. Alors le mari, sautant à bas de son cheval, se prosterna aux pieds de la sainte Vierge, qui le réprimanda et lui ordonna de retourner vers sa femme encore endormie dans l'église et de se dépouiller de tontes les richesses du démon. Et quand il revint, il trouva sa femme qui dormait encore, la réveilla et lui raconta ce qui lui était arrivé. Revenus chez eux, ils jetèrent toutes les richesses du démon, ne cessèrent d'adresser des louanges en l'honneur de fa sainte Vierge qui leur accorda dans la suite une grande fortune.

Un homme accablé sous le poids du péché fut ravi en vision au jugement de Dieu (2). Et voilà que Satan vint dire : « Il n'y a rien eu cette âme qui vous appartienne en propre; elle est plutôt de mon domaine, d'ailleurs j'ai un titre authentique. » Et le Seigneur lui dit : « Où est ton titre ? » Satan reprit : « J'ai un titre; vous l'avez dicté de votre propre bouche, et vous lui avez donné une sanction éternelle. Vous avez dit en effet: « En même temps que vous en mangerez, « vous mourrez très certainement. » Comme donc il est de la race de ceux qui ont mangé le fruit défendu, à ce titre authentique il doit être condamné à mourir avec moi. » Alors le Seigneur dit : « O homme, il t'est permis de te défendre. » Or, l'homme se tut. Le démon ajouta: « D'ailleurs je l'ai par prescription, depuis trente ans je possède son âme, et il  m'a servi comme un esclave qui est ma propriété. « Cet homme continua à se taire. Le démon reprit : « Cette âme est à moi, car quand elle aurait fait quelque bien, ses mauvaises actions l'emportent incomparablement sur les bonnes. » Mais le Seigneur qui ne voulait pas porter de suite une condamnation contre ce pécheur lui assigna un délai de huit jours, afin que, ce terme expiré, il comparût devant lui et s'expliquât sur tout ce qui lui était reproché. Or, comme il s'en allait de devant le Seigneur, tout tremblant et pleurant, il rencontra une personne qui lui demanda la cause d'une tristesse aussi vive. Et comme il lui eut raconté tout en détail, l'autre lui dit : « Ne crains rien, n'appréhende rien, car sur le premier point je t'aiderai fortement. » Le pécheur lui ayant demandé comment il s'appelait, il lui fut répondu : « La Vérité est mon nom. » Il en trouva une seconde qui lui promit de l'aide sur la deuxième accusation. Il lui demanda comment elle s'appelait et il lui fut répondu : « Je suis la Justice. » Or, le huitième jour, il comparut en jugement et le démon lui objecta le premier chef d'accusation ; la Vérité répondit : « Nous savons qu'il y a deux sortes de mort,, celle du corps et celle de l'enfer : Or, démon, ce titre que tu invoques. en ta faveur ne parle pas de la mort de l'enfer, mais de celle du corps. Ce qui est évident, puisque tout le monde subit cette sentence, c'est-à-dire que tous meurent corporellement, sans cependant que tous meurent des feux -, de l'enfer. Quant à la mort du corps, oui, elle aura toujours lieu ; mais quant à la mort de l'âme, l'arrêter a été révoqué par le sang de J.-C. » Alors le démon, voyant qu'il avait succombé sur le premier chef, se mit à lui objecter le second. Mais la Justice se présenta et répondit ainsi pour cet homme : « Quoique tu aies possédé cet homme comme ton esclave pendant nombre d'années, cependant toujours la raison voulait le contraire; toujours la raison murmurait de servir un si cruel maître. » A la troisième objection, il n'eut personne pour le défendre. Et, le Seigneur dit : « Qu'on apporte une balance et qu'on pèse les bonnes actions et toutes les mauvaises. Alors la Vérité et la Justice dirent au. pécheur : « Voici la mère de miséricorde assise auprès du Seigneur, aie recours à elle de toute ton âme et essaie de l'appeler à ton aide. » Quand il l'eut fait, la sainte Vierge Marie vint à son secours et elle mit la main sur la balance du côté où se trouvait le pet de bien; mais le diable s'efforçait de faire baisser l'autre plateau ; cependant la mère de miséricorde l'emporta et délivra le pécheur. Celui-ci, revenu alors à lui, se corrigea.

Dans la ville de Bourges (Evagre, Histoire ecclés., l. IV, c. XXXV, rapporte un fait semblable arrivé à C. P.), vers l'an du Seigneur 527, comme les chrétiens communiaient le jour de Pâques, un enfant juif s'approcha de l'autel avec les enfants des chrétiens et reçut comme eux le corps du Seigneur. Revenu chez lui, son père lui ayant demandé d'où il venait, l'enfant répondit qu'il avait été à l'église avec les enfants chrétiens, écoliers comme lui, et qu'il avait communié avec eux. Alors le père, rempli de fureur, prit l'enfant et le jeta dans une fournaise ardente qui se trouvait là. A l'instant la mère de Dieu se présenta à l'enfant sous les traits d'une image qu'il avait vue sur l'autel, et le protégea contre le feu dont il ne reçut aucune atteinte. Alors la mère de l'enfant rassembla par ses clameurs un grand nombre de chrétiens et, de juifs. En voyant dans la fournaise l'enfant qui n'avait éprouvé aucun accident, ils l'en retirèrent et lui demandèrent comment il avait pu en échapper. Il répondit : « C'est que cette révérende Dame qui était sur l'autel  m'a prêté du secours et a écarté de moi tout le feu. » Les chrétiens, qui comprirent que c'était de l'image de la sainte Vierge que l'enfant parlait, prirent le père. de l'enfant et le jetèrent dans la fournaise où il fut brûlé aussitôt et consumé entièrement. — Quelques moines étaient avant le jour auprès d'un fleuve et s'entretenaient de bagatelles et de discours oiseux. Et voici qu'ils entendent des rameurs qui passaient sur le fleuve avec une grande rapidité. Les moines leur dirent : « Qui êtes-vous ? » Et ils répondirent : « Nous sommes des démons, et nous portons en enfer l'âme d'Ebroïn, prévôt du roi des Francs qui a apostasié du monastère de Saint-Gall. » En entendant cela, les moines furent saisis d'une très violente peur, et s'écrièrent de toutes leurs forces: « Sainte Marie, priez pour nous. » Et les démons leur dirent : « Vous avez bien fait d'invoquer Marie, car nous voulions vous démembrer et vous noyer, parce que nous vous trouvons à une heure indue vous livrant à des conversations déréglées. » Alors les moines rentrèrent au couvent et les démons se hâtèrent d'aller en enfer (Gauthier de Cluny, Miracles de la sainte Vierge, c. IV.).

— Il y avait un moine fort lubrique, mais fort dévot à la bienheureuse Vierge Marie. Une nuit qu'il allait commettre son crime habituel, il passa devant un autel, salua la sainte Vierge, et sortit de l'église. Comme il voulait traverser un fleuve, il tomba dans l'eau et mourut. Or, comme les démons s'étaient saisis de son âme, vinrent des anges pour la délivrer. Les démons leur dirent : « Pourquoi êtes-vous venus ici? vous n'avez rien en cette âme. » Et aussitôt la bienheureuse Vierge Marie se présenta et les reprit de ce qu'ils avaient osé ravir l'âme du moine. Ils lui répondirent qu'ils l'avaient trouvé au moment où il finissait sa vie dans de mauvaises oeuvres. La sainte Vierge leur dit : « Ce que vous dites est faux, car je sais que s'il allait quelque part, il me saluait d'abord et à son retour, il en faisait autant; que si vous dites que l'on vous fait violence, posons la question au tribunal du souverain Juge. » Et comme on discutait devant le Seigneur, il lui plut que l'âme retournerait à son corps et ferait pénitence de ses actions. Pendant ce temps-là, les frères voyant que l'heure des matines s'écoulait sans qu'on les sonnât (Le moine était sonneur.) cherchent le sacristain; ils vont jusqu'à ce fleuve et le trouvent noyé. Après avoir retiré le corps de l'eau, ils s'émerveillaient de cet accident, quand tout à coup le moine revint à la vie et raconta ce qui était arrivé. Il passa le reste de sa vie dans de bonnes oeuvres. - Une femme souffrait une foule d'importunités de la part du démon qui lui apparaissait visiblement sous la forme d'un homme : elle employait quantité de moyens de se préserver; tantôt c'était de l'eau bénite, tantôt une chose, tantôt une autre, sans que le démon cessât de la tourmenter. Un saint homme lui conseilla, quand le démon s'approcherait d'elle, de lever les mains et de crier aussitôt : « Sancta Maria, adjuva me. Sainte Marie, aidez-moi. » Et quand elle l'eut fait, le diable, comme s'il eût été frappé d'une pierre, s'arrêta effrayé; après quoi il dit « Qu'un mauvais diable entre dans la bouche de celui qui t'a enseigné cela. » Et aussitôt il disparut et il ne s'approcha plus d'elle dans la suite.

(1) On voyait dans l'église de l'abbaye de Marsilly (baronnie de Bourgogne), où les seigneurs de Noyers avaient leur sépulture, une inscription ainsi conçue : « En l'an mil deux cent, sous le reigne de Philippe Dieu donné, un nommé Geoffroy Lebrun, maistre d'hostel du roy, estant disgracié de la cour et sans aucun moyen, comme il passait au travers. de la, forêt Darnois, autrement Darnaux, le diable lui apparut qui luy promit de grandes richesses, à condition qu'il luy livreroit sa femme: ce que, ledit Lebrun luy promit, et. à cet effet luy en donna une cédule signée de son sang. Ce que voulant exécuter il monta à cheval, mit sa ditte femme en trousse, et se mit en chemin pour s'en aller au rendez-vous, qui estoit dans la susditte forêt; et comme son chemin estoit de passer au-devant de l'église de Nostre-Dame de Marsilly, la veille de l'Assomption de N.-D., la ditte femme entendit sonner une messe et demanda à son mari d'entrer dans l'église, et comme ledit Lebrun voulut sortir pour achever son voyage, la Vierge prit la figure, de sa femme, monta sur la croupe de son cheval derrière luy :  et estant au rendez-vous, on entendit un grand bruit qui se faisoit dans la forêt, et en mesme temps la Vierge enleva dans les bras du diable la cédule dudit Lebrun et la rendit à sa femme, laquelle fut trouvée dans laditte église où elle s'estoit endormie, et la Vierge lui ayant apparu luy ordonna de prier pour la conversion de son mari, et disparut. » (Cabin. hist., t. I, P. 158).

(2) Saint Antonin rapporte dans sa Somme un fait qui n'offre qu'une légère variante avec le texte de la Légende. Summa,4, hart., tit. XV, c. V. § 1.

Andrea del Sarto  (1486–1530), Assunzione della Beata Vergine Maria, circa 1526, 236 x 205, Palazzo Pitti,  FlorenceItaly


Andrea del Sarto  (1486–1530), Assunzione della Beata Vergine Maria, circa 1526, 236 x 205, Palazzo Pitti,  FlorenceItaly



MODE DE L'ASSOMPTION DE LA SAINTE VIERGE MARIE

Le mode de l’Assomption de la très sainte Vierge Marie est rapporté dans un sermon compilé de divers écrits des saints, qu'on lit solennellement dans plusieurs églises, et où l'on, trouve, ce qui suit : «Tout ce que j'ai pu rencontrer dans les récits des saints Pères, du monde entier, touchant le vénérable trépas de la Mère de Dieu, j'ai pris soin d'en faire mémoire en son honneur. Saint Côme, surnommé Vestitor, rapporte des choses qu'il a apprises par une relation certaine de la bouche des descendants de ceux qui en ont été les témoins. Il faut en tenir compte. Voici ses paroles : Quand J.-C. eut décidé de faire venir auprès de soi la Mère de la vie, il lui fit annoncer par l'ange qu'il lui avait déjà envoyé, comment elle devait s'endormir (1), de crainte que la mort survenant inopinément ne lui apportât quelque trouble. Elle avait conjuré son fils face à face, alors qu'il était encore sur la terre avec elle, de ne lui laisser voir aucun des esprits malins. Il envoya donc en avant un ange avec ordre de lui parler ainsi : « Il est temps, ma mère, de vous prendre auprès de moi. De même que vous avez rempli la terre de joie, de même vous devez réjouir le ciel. Rendez agréables les demeures de mon Père; consolez les esprits de mes saints ; ne vous troublez pas de quitter un monde corruptible avec toutes ses vaines convoitises, puisque vous devez habiter le palais céleste. O ma Mère, que votre séparation de la chair ne vous effraie pas, puisque vous êtes appelée à une vie qui n'aura pas de fin, à une joie sans bornes, au repos de la paix, à un genre de vie sûr, à un repos qui n'aura aucun terme, à une lumière inaccessible, à un jour qui n'aura pas de soir, à une gloire inénarrable, à moi-même votre Fils, le créateur de l'univers! Car je suis la vie éternelle, l'amour incomparable, la demeure ineffable, la lumière sans ombre, la bonté inestimable. Rendez sans crainte à la terre ce qui lui appartient. Jamais personne ne vous ravira de ma main, puisque la terre, dans toute son étendue, est en ma main. Donnez-moi votre corps, parce que j'ai mis ma divinité dans votre sein. La mort ne tirera aucune gloire de vous, parce que vous avez engendré la vie. L'obscurité ne vous enveloppera point de ses ombres parce que vous avez mis ail monde la lumière ; vous ne subirez ni meurtrissure, ni brisure, car vous avez mérité d'être le vaisseau qui  m'a reçu. Venez à celui qui est né de vous afin de recevoir la récompense qui vous est due pour l'avoir porté dans votre sein, pour l'avoir nourri de votre lait; venez habiter avec votre Fils unique; hâtez-vous de vous réunir à lui. Je sais qu'aucun antre amour que celui de votre Fils ne vous tourmente. C'est comme vierge-mère que je vous ai présentée; je vous présente comme le mur qui soutient le monde entier, comme l'arche de ceux qui doivent être sauvés, la planche du naufragé, le bâton des faibles, l'échelle de ceux qui montent au ciel, et la protectrice des pécheurs. Alors j'amènerai auprès de vous les apôtres qui vous enseveliront de leurs mains comme si c'était des miennes. Il convient en effet que les enfants de ma lumière spirituelle, auxquels j'ai donné le Saint-Esprit, ensevelissent votre corps et me remplacent à vos admirables funérailles. » Après ce récit l'ange donne pour gage à la Vierge une palme, cueillie dans le paradis, afin de la rendre assurée de sa, victoire contre la corruption de la mort, il y ajoute des vêtements funèbres; ensuite il regagne le ciel d'où il était venu.

La Bienheureuse Vierge Marie convoqua ses amis et ses parents et leur dit : « Je vous apprends qu'aujourd'hui je dois quitter la vie temporelle; il faut donc veiller, car au trépas de tout le monde, viennent auprès du lit du mourant la vertu divine des anges et les esprits malins. » A ces mots, tous se mirent à pleurer et à dire : « Vous craignez, vous la présence des esprits; quand vous avez été digne d'être la mère de l'auteur de toutes choses, quand vous avez engendré celui qui a dépouillé l'enfer, quand vous avez mérité d'avoir un trône préparé au-dessus des chérubins et des séraphins! Que ferons-nous donc, nous autres? comment fuirons-nous? » Il y avait là une multitude de femmes qui pleuraient et lui demandaient de ne pas les laisser orphelines. Alors la sainte Vierge leur dit pour les consoler : « Si vous qui êtes les mères d'enfants soumis à la corruption, vous ne pouvez supporter d'en être séparées pour un peu de temps, comment donc moi qui suis mère et vierge ne désirerais-je pas d'aller trouver mon fils, le Fils unique de Dieu le Père? Si chacune de vous quand elle a perdu quelqu'un de ses fils, se console en celui qui survit ou dans celui qui doit naître, moi qui n'ai que ce fils, et qui reste pure, comment ne me hâterai-je pas de mettre fin à mes angoisses en allant à lui qui est la vie de tous ? » Or, pendant que ceci se passait, saint Jean arrive et s'informe de ce qui a lieu. Quand la Vierge lui eut annoncé son départ pour le ciel, il se prosterna par terre et s'écria en pleurant : « Que sommes-nous, Seigneur, puisque vous nous réservez de si grandes tribulations ? Pourquoi plutôt ne  m'avez-vous dépouillé de, mon corps? J'aurais mieux aimé être enseveli par la mère de mon Seigneur, que d'être obligé d'assister à ses funérailles. » Alors la sainte Vierge le mena tout en pleurs dans sa chambre et lui montra la palme et les vêtements ; après quoi elle s'assit sur le lit qui avait, été préparé pour sa sépulture. Et voici qu'on entend un violent coup de tonnerre; un' tourbillon semblable à une nuée blanche se forme, et les apôtres sont déposés, comme la pluie qui tombe, devant la porte de la maison de la sainte Vierge. Ils s'étonnent de ce qui arrive, mais saint Jean vient à eux et leur révèle ce qui a été annoncé par l'ange à la sainte Vierge: comme ils pleuraient tous, saint Jean les consola. Ils essuyèrent donc leurs larmes, entrèrent, et après avoir salué la Bienheureuse Vierge avec. respect, ils l'adorèrent. Et elle dit : « Salut, les enfants de mon Fils unique. » Après avoir écouté le récit qu'ils lui firent de leur arrivée, elle leur manifesta tout. Les apôtres lui dirent : « C'est en tournant nos regards vers vous, très honorable Vierge comme vers notre maître lui-même et notre Seigneur, que nous nous consolions ; c'était là notre seule ressource d'espérer que nous vous avions pour médiatrice auprès de Dieu. » Après qu'elle eut salué Paul en l'appelant par son nom, celui-ci lui dit

« Je vous salue, reine de ma consolation ; car bien que je n'aie pas vu J.-C. dans sa chair, cependant, quand je vous vois, je suis consolé comme si je le voyais lui-même. Jusqu'à ce jour je prêchais aux nations que vous aviez engendré Dieu, maintenant j'enseignerai que vous êtes allée à lui. » Après quoi la sainte Vierge montra ce que l'ange lui avait apporté, et les avertit de ne point éteindre les lampes jusques après son trépas. Il y avait là cent vingt vierges occupées à la servir. Après quoi elle revêtit ses vêtements funèbres et en disant adieu à tous, elle place son corps sur son lit pour mourir; saint Pierre était placé à la tête, saint Jean à ses pieds, les autres apôtres autour du lit, adressant des louanges à la mère de Dieu. Alors saint Pierre prit la parole en ces termes : « Réjouissez-vous, épouse du lit céleste, candélabre à trois branches de la lumière éclatante, par qui a été manifestée la clarté éternelle. » Saint Germain, archevêque de Constantinople atteste aussi que les apôtres se rassemblèrent pour le sommeil de la très sainte Vierge, quand il dit : « O sainte Mère de Dieu, quoique vous ayez été soumise à la mort que ne saurait éviter aucune créature humaine, cependant votre oeil qui nous garde ne s'assoupira point ni ne s'endormira point : car votre trépas n'eut pas lieu sans témoins et votre sommeil est certain. Le ciel raconte la gloire de ceux qui chantèrent sur votre dépouille; la terre rend hommage à la véracité; les nuages proclament les hommages que vous en avez reçus. Les anges, célèbrent les bons offices qui vous ont été rendus, en ce que les ; apôtres se rassemblèrent auprès de vous dans Jérusalem. » Le grand Denys l'aréopagite atteste aussi la même chose en disant : « Ainsi que tu le sais bien, nous nous sommes rassemblés avec beaucoup de nos frères pour voir le corps de celle qui a reçu le Seigneur.-» Or, se trouvaient là Jacques, frère de Dieu, avec Pierre le souverain chef des Théologiens. Ensuite il sembla bon, après ce qu'on avait, vu, que tous les souverains prêtres chantassent des hymnes, selon que chacun avait en soi d'énergie, de bonté vivifiante ou de faiblesse.

Saint Cosme poursuit ainsi sa narration : « Après cela, un fort coup de tonnerre ébranla la maison entière, et un vent doux la remplit d'une odeur si suave, qu'un sommeil profond s'empara de ceux qui s'y trouvaient, à l'exception des apôtres et de trois vierges qui portaient des flambeaux; car le Seigneur descendit avec une multitude d'anges et enleva l'âme de sa mère. Or, l'éclat de cette âme était si resplendissant qu'aucun des apôtres ne la pouvait regarder. Et le Seigneur dit à saint Pierre : « Ensevelissez le corps de ma mère avec le plus grand respect, et gardez-le soigneusement pendant trois jours, car je viendrai alors, et le transporterai dans le lieu où n'existe point la corruption; ensuite je le revêtirai d'une clarté semblable à la mienne, afin qu'il y ait union et accord entre ce qui a été reçu et ce qui' a reçu. » Saint Cosme rapporte encore un mystère étrange et merveilleux, et qui ne souffre ni investigation curieuse, ni discussion ordinaire : puisque tout ce qu'on dit de la mère de Dieu est surnaturel, admirable, redoutable, plutôt que sujet à discussion. « Car, dit-il, quand l'âme sortit de son corps, ce corps prononça ces mots : « Je vous rends grâces, Seigneur, car je suis digne de votre gloire. Souvenez-vous de moi puisque je suis votre oeuvre, et que j'ai conservé ce que vous  m'avez confié. » Quand ceux qui dormaient furent éveillés, continue saint Cosme, et qu'ils virent sans vie le corps de la Vierge, ils se livrèrent à une grande tristesse et .

poussèrent des gémissements. Les apôtres prirent donc le corps qu'ils portèrent au monument, en même temps que saint Pierre commença le Psaume : In exitu Israël de Aegypto. Les choeurs des anges louaient la Vierge de telle sorte que Jérusalem fut émue à l'occasion de cette grande gloire. Alors les grands-prêtres envoient une multitude de gens armés d'épées et de bâtons. - Un d'eux se rue sur le grabat, avec l'intention de jeter par terre le corps de Marie, mère de Dieu. Mais parce qu'il l'ose toucher avec impiété, il mérite d'être privé de l'usage de ses mains; elles s'arrachent toutes les deux de ses bras; et restent suspendues au lit funèbre ; en même temps, il éprouve des tourments horribles. Cependant, il implore son pardon, et promet de s'amender. Pierre lui dit : « Tu ne pourras jamais obtenir le pardon, si tu n'embrasses le corps de celle qui a toujours été vierge, et situ ne confesses que J.-C., qui est né d'elle, est le Fils de Dieu. » Quand il l'eut fait, ses mains se rejoignirent aux coudes d'où elles avaient été arrachées. Et saint Pierre prit une datte de la palme et lui dit : « Va, rentre dans la ville, et pose-la sur les infirmes, et tous ceux qui croiront recevront la santé (Nicéphore Calliste., Hist., l. II ; c. XXI.). » Quand les apôtres arrivèrent au champ de Gethsémani, ils y trouvèrent un sépulcre semblable au glorieux sépulcre de J.-C.; ils y déposèrent le corps avec beaucoup de respect, sans oser toucher au très saint vaisseau de Dieu, mais ils le prirent par les coins du suaire et le placèrent dans le sépulcre, qu'ils scellèrent. Pendant ce temps, les apôtres et les disciples du Seigneur restèrent autour du tombeau, selon l'ordre qu'ils en avaient reçu de leur maître. Le troisième jour, une nuée toute resplendissante l'environne, les voix angéliques se font entendre, une odeur ineffable se répand, tous sont dans une immense stupeur; alors, ils voient que le Seigneur est descendu, et qu'il transporte le corps de la Vierge avec une gloire ineffable. Les apôtres embrassèrent le sépulcre et retournèrent chez saint Jean l'évangéliste et le théologien, en le louant d'avoir été le gardien de la sainte Vierge. Or, il y eut lui des apôtres qui n'assista pas à cette solennité. Dans l'admiration où le jetait le récit de choses si merveilleuses, il suppliait qu'on ouvrît le tombeau pour s'assurer de la vérité. Les apôtres s'y refusaient sous le prétexte que ce qu'ils lui racontaient devait suffire, dans la crainte que si les infidèles en avaient connaissance, ils publiassent que le corps avait été volé. Mais l'apôtre contristé disait : « Pourquoi me privez-vous de partager un trésor qui nous est commun, quand je suis autant que vous? » Enfin, ils ouvrirent le tombeau, où ils ne trouvèrent pas le corps, mais seulement les vêtements et le suaire.

Au livre III, chap. XL de l'Histoire Euthimiata, saint Germain, archevêque de Constantinople, dit avoir découvert, et le grand Damascène l'atteste comme: lui, que, du temps de l'empereur Marcien, l'impératrice Pulchérie, de sainte mémoire, après avoir fait bâtir à C. P. beaucoup d'églises, en éleva entre autres une admirable auprès des Blaquermes, en l'honneur de la sainte Vierge. Elle convoqua Juvénal, archevêque de Jérusalem, et d'autres évêques de la Palestine, qui restaient alors dans le capitale pour le concile qui se tint à Chalcédoine, et leur dit : « Nous avons appris que le corps de la très sainte Vierge fut enterré dans le champ de Gethsémani; nous voulons donc, pour garder cette ville, y transporter ce corps avec un respect convenable. » Or, comme Juvénal lui eut répondu que ce corps, d'après ce qu'il en avait appris dans les anciennes histoires, avait été transporté dans la gloire et qu'il n'était resté dans le tombeau que les vêtements avec le suaire, le même Juvénal envoya ces vêtements à C. P., où ils sont placés avec honneur dans l’église dont on vient de parler (Nicéphore Calliste, Hist., l. XV, ch. XIV.). » Et que personne ne pense que j'aie forgé ce récit à l'aide de mon imagination, mais j'ai raconté ce que j'ai connu par l'enseignement, et d'après lés recherches de ceux qui ont appris ces faits de leurs devanciers, par une tradition digne de toute créance. Ce qui est rapporté jusqu'ici, se trouve dans le discours dont il a été question plus haut. Or, saint Jean Damascènes:, Grec d'origine, raconte plusieurs circonstances merveilleuses au sujet de la très sainte assomption de la sainte Vierge. Il dit donc dans ses sermons :

« Aujourd'hui la très sainte Vierge est transportée dans le lit nuptial du ciel ; aujourd'hui cette arche sainte et vivante qui a porté en soi celui qui l’a créée, est placée dans un temple que n'a pas construit la main des hommes; aujourd'hui la très sainte colombe pleine d'innocence et de simplicité, s'est envolée de l'arche, c'est-à-dire de ce corps qui a reçu Dieu ; elle a trouvé où poser les pieds; aujourd'hui l'immaculée Vierge que n'ont pas souillée les passions terrestres, mais au contraire qui a été instruite par les intelligences célestes, ne s'en est pas allée dans la terre, mais appelée à juste raison, un ciel animé, elle habite dans les tabernacles célestes. Bien que votre bienheureuse âme soit séparée d'après la loi de la nature de votre glorieux corps, et que ce corps soit confié à la sépulture, cependant il ne reste pas la propriété de la mort, et il n'est pas dissous par la corruption : car dans celle qui a enfanté, la virginité est restée intacte ; dans celle qui meurt, le corps reste toujours indissoluble, et il passe à une meilleure et plus sainte vie ; la mort ne le détruit pas, car il doit même durer éternellement. De même que ce soleil éclatant, qui verse la lumière, paraît s'éclipser un instant quand il est caché par un corps sublunaire, sans pourtant perdre rien de sa lumière intarissable, de même, vous, fontaine de vraie lumière, trésor inépuisable de vie, quoique condamnée à subir la mort corporelle pour un court espace de temps, vous versez cependant sur nous avec abondance la clarté d'une lumière qui ne s'altère jamais. De là vient que votre sommeil ne doit pas recevoir le nom de mort, mais de passage, de retraite, ou mieux encore d'arrivée. En quittant votre corps, vous arrivez au ciel. Les anges et les archanges viennent au-devant, de vous : les esprits immondes redoutent votre ascension. Bienheureuse Vierge, vous n'avez pas été enlevée au ciel, comme Elie, vous n'êtes pas montée comme Paul jusqu'au troisième ciel, mais vous avez atteint au trône royal de votre Fils. On bénit la mort des autres saints parce qu'elle démontre qu'ils sont heureux, mais cela n'existe pas chez vous. Ni votre mort, ni votre, béatitude, ni votre trépas, ni votre départ, pas même votre retraite n'ajoutent rien à la sécurité de votre bonheur; car vous êtes le principe, le moyen et la fin de tous les biens que ne saurait comprendre l'intelligence de l'homme. Votre sécurité, votre avancement réel, votre conception surnaturelle s'expliquent : vous êtes l'habitation de Dieu. Aussi avez-vous dit avec vérité que ce n'est pas à dater de votre mort, mais du moment de votre conception que toutes les générations vous béniraient. La mort ne vous a pas rendue heureuse, mais vous-même vous avez ennobli la mort; nonobstant la tristesse qui l'accompagne,-vous l'avez changée en joie. En effet si Dieu a dit : De crainte que le premier homme n'étende la main et ne cueille du fruit de l'arbre de vie et qu'il ne vive pour toujours; comment celle qui a porté la vie elle-même, la vie qui n'a pas eu de commencement, la vie qui n'aura point de fin, comment ne vivrait-elle point dans le Siècle qui doit durer toujours? Dieu autrefois a chassé du paradis les auteurs du genre humain endormis dans la mort du péché, ensevelis dans les profondeurs de la désobéissance; et qui déjà étaient gâtés par l'infection du péché ; il les a exilés; mais aujourd'hui celle qui a apporté la vie à tout le genre humain, qui a donné des preuves de son obéissance à Dieu le Père, qui a chassé toutes les impressions du vice, comment le paradis ne la recevrait-il pas ? comment le ciel joyeux ne lui ouvrirait-il pas ses portes ? Eve a prêté l'oreille au serpent; elle a avalé la coupe empoisonnée; elle se laisse allécher par la volupté ; elle enfante dans la douleur: elle est condamnée avec Adam. Mais celle qui est véritablement bienheureuse, qui prêta l'oreille à la voix de Dieu, qui. fut remplie du Saint-Esprit, qui porta la miséricorde du Père en son sein, qui conçut sans l'entremise de l'homme, qui enfanta sans douleur, comment la mort en fera-t-elle sa proie ? comment la corruption osera-t-elle quelque chose sur un corps qui a porté la vie elle-même? »

Le Damascène dit encore dans ses sermons : « Il est vrai que, dispersés par toute la terre et occupés à pêcher des hommes, jetant le filet de la parole pour les amener hors des ténèbres où ils étaient ensevelis à la table céleste et aux noces solennelles du Père, les apôtres furent rassemblés et réunis par l'ordre de Dieu, et furent apportés des confins du monde à Jérusalem, enveloppés dans une nuée comme dans un filet. En ce moment nos premiers parents Adam et Eve s'écrièrent : « Venez à nous, ô sacrée et salutaire nourriture, vous avez comblé notre joie ! » De son côté la compagnie des saints qui se trouvait corporellement présente disait : a Demeurez avec nous ; vous êtes notre consolation ; ne nous laissez pas orphelins ; vous êtes notre soutien dans nos travaux, notre rafraîchissement dans nos fatigues; c'est notre gloire de vivre ou de mourir avec vous : car la vie n'est rien pour nous, si nous sommes privés de votre présence. » Je pense que ce furent ces paroles ou d'autres semblables que les apôtres exprimaient au milieu des sanglots de tous ceux qui composaient l'assemblée. Marie se tournant vers son fils: « Soyez vous-même, lui dit-elle, le consolateur de ceux qu'il vous a plu appeler vos frères et qui sont dans la douleur à cause de mon départ; et ajoutez bénédiction sur bénédiction à l'imposition des mains que je vais faire sur eux. » Ensuite elle étendit les mains et bénit le collège des fidèles, puis elle ajouta : « Seigneur, je remets mon esprit entre vos mains : recevez mon âme qui vous est si chère et que j'ai conservée pure. C'est à vous et non à la terre que je confie mon corps ; conservez-le entier puisqu'il vous a plu l'habiter; Transportez-moi auprès de vous, afin que là où vous êtes, vous, le fruit de mes entrailles, j'y sois et j'y habite avec vous. » Ce fut alors que les fidèles entendirent ces paroles : « Levez-vous, venez, ô ma bien-aimée, ô la plus belle des femmes ; vous êtes belle, mon amie, et il n'y a pas de tache en vous. » En entendant ces paroles, la Vierge recommande son esprit aux soins de son Fils. Alors les apôtres répandent dés torrents de larmes, et couvrent de baisers le tabernacle du Seigneur : le contact de ce sacré corps les remplit de bénédiction et de sainteté. Les maladies disparaissent, les démons s'enfuient, l'air et le ciel sont sanctifiés par la présence de son esprit qui s'élève, la terre l'est à son tour, parce que son corps y est déposé; comme aussi l'eau, par l'ablution de son corps. En effet, ce corps sacré est lavé dans une eau très limpide qui n'a pu le nettoyer, mais qui en a été sanctifiée. Ensuite le saint corps enveloppé d'un suaire blanc est placé sur un lit, les lampes resplendissent, les parfums répandent leur douce odeur, et l'air retentit du chant des hymnes angéliques. Ce fut au milieu du concert que les apôtres et les autres saints qui se trouvaient là, faisaient entendre, en chantant des cantiques divins, que l'arche du Seigneur, soutenue sur les tètes sacrées des apôtres, est amenée de la montagne à la sainte terre de Gethsémani. Les anges la précèdent et la suivent, les autres étendent des voiles sur le précieux corps, toute l’Église l'accompagne. Il s'y trouva aussi des Juifs endurcis par le vieux levain de la méchanceté. On raconte encore que comme ceux qui portaient le corps sacré de la mère de Dieu descendaient de la montagne de Sion, un hébreu, un instrument du diable, poussé par un mouvement téméraire et conduit par une inspiration infernale s'approcha, en courant, du saint corps auprès duquel les anges eux-mêmes tremblaient de s'approcher, et comme un furieux, prit de ses deux mains le lit funèbre qu'il renversa à terre. Mais on dit qu'une de ses mains se sécha comme bois et tomba. C'était merveille de le voir semblable à un tronc inutile, tant que la foi n'eut changé son coeur, et ne l'eut fait repentir avec larmes de son crime. Alors ceux qui portaient le cercueil s'arrêtèrent, jusqu'à ce que le misérable mettant sa main sur le très saint corps, reçut une guérison complète à l'instant qu'il l'eut touché. De là on arrive à Gethsémani, où le saint corps est déposé dans un tombeau vénérable, après qu'il eut reçu les baisers, les embrassements, les larmes des fidèles couverts de sueur et chantant des hymnes sacrés. Mais votre âme ne fut pas laissée dans l'enfer et votre corps n'a pas été atteint par la corruption. Il convenait que le sein de la, terre ne retînt pas le sanctuaire de Dieu, la fontaine qui n'a pas été creusée, le champ vierge, la vigne qui n'avait pas reçu la rosée, l'olivier fécond. Il fut convenable que la Mère fût élevée par le Fils, afin qu'elle montât vers lui comme il était descendu en elle, afin que celle qui a conservé sa virginité dans son enfantement n'éprouvât pas les atteintes de la corruption en son corps, et que celle qui a porté son créateur, dans son sein habitât les divins tabernacles.. Le Père l'avait prise pour épouse, elle doit être gardée dans le palais céleste : la mère doit jouir de ce qui appartient au Fils. » (Saint Jean Damascène.)

Saint Augustin s'étend aussi fort longuement dans un sermon sur la très sainte Assomption de Marie toujours vierge: « Avant, dit-il, de parler du très saint corps de celle qui toujours a été vierge, et de l'assomption de sa bienheureuse âme, nous commençons par dire que l'Ecriture ne parle pas d'elle après que le Seigneur l'eut recommandée sur la croix au disciple, si ce n'est ce que saint Luc rapporte dans les Actes des apôtres: « Ils étaient tous, dit-il, persévérants unanimement dans la prière avec Marie, mère de Jésus (Actes, I). » Que dire donc de sa mort? Que dire de son assomption? Puisque l’Ecriture se tait, il ne faut demander à la raison que ce qui est conforme à la vérité. Que la vérité donc soit notre autorité puisque sans elle il n'y a même pas d'autorité. Nous nous basons sur la connaissance que nous avons de la condition humaine quand nous n'hésitons pas à dire qu'elle a souffert la mort temporelle (2) ; mais si nous disons qu'elle fut la pâture de la pourriture, des vers et de la cendre, il faut examiner si cet état convient à la sainteté qui la distingue et aux prérogatives qui appartiennent à cette merveilleuse habitation de Dieu. vous savons bien qu'il a été dit à notre premier père : « Tu es poussière et tu retourneras en poussière. » La chair de J.-C. ne subit pas cette condamnation puisqu'elle ne fut pas soumise à la corruption, Donc elle fut exceptée de la sentence générale la nature qui fut prise de la Vierge. Le Seigneur dit aussi à la femme: « Je t'affligerai de nombreuses misères : tu enfanteras dans la douleur.» Marie a bien enduré les angoisses, puisqu'un glaive perça son âme ; cependant elle enfanta sans douleur. Donc Marie, quoique partageant les angoisses d'Eve, ne les partagea pas en enfantant avec douleur. Donc celle qui jouit d'une prérogative immense est exceptée de la règle générale. Si donc l'on dit qu'elle a souffert la mort sans cependant que la mort l'ait retenue dans ses liens, serait-ce une impiété de dire qu'il n'ait pas voulu préserver sa mère contre les horreurs de la pourriture, quand il a voulu conserver intacte la pudeur de sa virginité? Est-ce qu'il n'appartenait pas à la bonté du Seigneur de conserver l'honneur de sa mère, lui qui était venu non pour détruire la loi, mais pour l'accomplir ? S'il -1'a honorée pendant sa vie plus que toute autre par la grâce qu'il lui fit de le concevoir, c'est donc chose pieuse de croire qu'il l'honora dans sa mort d'une préservation particulière et d'une grâce spéciale. La pourriture et les vers, c'est la honte de la condition humaine. Or, comme J.-C. est exempt de cet opprobre, Marie en est exempte aussi, puisque J.-C-. est né d'elle. Car la chair de Jésus, c'est la chair de Marie, qu'il éleva au-dessus des astres, honorant par là la nature humaine, mais plus encore celle de sa mère. Si le fils a la nature de la mère, il est de toute convenance que la mère possède la nature du Fils, non pas quant à l'unité de la personne, mais quant à l'unité de la nature corporelle. Si la grâce peut faire qu'il y ait unité sans qu'il y ait communauté de nature, à plus forte raison quand il y a unité en grâce et naissance corporelle en particulier. Il y a unité de grâce comme celle des disciples avec J.-C., selon qu'il en parle lui-même quand il dit : « Afin qu'ils soient un comme nous sommes un » et ailleurs : « Mon père, je veux qu'ils soient avec moi partout où je suis. » Si donc J.-C. veut avoir avec soi ceux qui, réunis par la foi en lui, sont censés' ne faire qu'un avec lui, que penser, par rapport à sa mère, du lieu où elle soit digne de se trouver, sinon en présence de son Fils? Autant que je puis le comprendre, autant que je puis le croire, l'âme de Marie est, honorée par son Fils d'une prérogative plus excellente encore, puisqu'elle possède en J.-C. le corps de ce Fils qu'elle a engendré avec les caractères de la gloire. Et pourquoi ce corps ne serait-il pas le sien, puisqu'elle le conçut par lui ? S'il n'a pas été au-devant d'elle, je ne reconnais pas là son autorité. Oui, je crois que c'est par lui qu'elle a engendré; car une si grande sainteté est plus digne du ciel que de la terre. Le trône de Dieu, le lit de l'époux, la maison du Seigneur et le tabernacle de J.-C. a le droit d'être où il est lui-même. Le ciel est plus digne que la terre de conserver tin si précieux trésor. L'incorruptibilité et non la dissolution causée par la pourriture est la conséquence directe d'une si grande intégrité. Que ce très saint corps ait été abandonné aux vers comme à leur pâture, je rougirais de le penser, j'aurais honte de le dire! Les grâces incomparables qui lui ont été départies sont de nature à me faire rejeter cette pensée. Plusieurs passages de l'Écriture viennent à l'appui de ce que j'avance. La vérité a dit autrefois à ses ministres : « Où je suis, là aussi sera mon ministre.; » Si cette sentence générale regarde tous ceux qui servent J.-C. par leur croyance et leurs oeuvres, elle s'applique bien mieux encore à Marie qui, sans le moindre doute, l'a aidé par toutes ses oeuvres. Elle l'a porté dans ses entrailles, elle l'a mis au monde, elle l'a nourri, elle l'a réchauffé, elle l'a couché dans la crèche, dans la fuite en Egypte elle l'a caché, elle a guidé les pas de son enfance, elle l'a suivi jusqu'à la croix. Elle ne pouvait douter qu'il fût Dieu, puisqu'elle savait l'avoir conçu non par les voies ordinaires, mais par l'aspiration divine. Elle n'hésite pas à croire à sa puissance comme à la puissance d'un dieu quand elle dit, lorsque le vin manquait: « Ils n'ont pas de vin. » Il accueillit sa demande par un miracle; elle savait qu'il le pouvait faire. Donc, il est clair que Marie par sa foi et par ses oeuvres a aidé J.-C. Mais si elle n'est pas où J.-C. veut que soient ses ministres, où donc sera-t-elle ? Et si elle y est, serait-ce à titre égal ? Et si c'est à titre égal, où est l'égalité devant Dieu s'il ne rend à chacun selon ses mérites? Si c'est avec justice que la sainte Vierge a reçu pendant sa vie une plus grande abondance de grâces que les autres, pourquoi donc lui soustraire cette grâce quand elle est morte? Non certes! car si la mort de tous les saints est précaire, la mort de Marie est évidemment très précieuse. Je pense donc qu'il faut déclarer que Marie, élevée aux joies de l'éternité par la bonté de a été reçue avec plus d'honneur que les autres, puisqu'il l'a honorée de sa grâce plus que les autres : et qu'elle n'a point eu à subir après sa mort ce que les autres hommes subissent, la pourriture, les vers et la poussière, puisqu'elle a engendré son Sauveur et celui de tous les hommes. Si la divine volonté a daigné conserver intacts au milieu des flammes les vêtements des enfants, pourquoi ne garderait-elle pas, dans sa propre mère, ce qu'il a gardé dans les vêtements des autres? La miséricorde seule a voulu conserver vivant Jonas dans le ventre de la baleine, et la grâce ne conservera pas Marie contre la corruption ? Daniel fut conservé malgré la faim dévorante des lions, et Marie ne se serait pas conservée après que ses mérites l'ont élevée à une si haute dignité? Puisque dans ce que nous venons de dire, nous reconnaissons que tout a été fait contre les. lois de la nature, nous sommes certains aussi que la grâce a plus fait que la nature pour l'intégrité de Marie. Donc J.-C.; comme fils de Marie, fait qu'elle tire sa joie de lui-même dans son âme et dans son corps. Il ne la soumet pas au supplice de la corruption, puisqu'en enfantant ce divin fils, elle ne fut pas soumise à la perte de sa virginité; en sorte qu'elle est incorruptible en raison des grâces qui l'ont inondée, qu'elle vit intégralement parce qu'elle a mis au monde celui qui est la vie entière de tous. O Jésus, si j'ai parlé comme je l'ai dû, approuvez-moi, vous et les vôtres. Si j'ai parlé autrement que je ne le dois, je vous en conjure, vous et les vôtres, pardonnez-le moi. »

(1) On s'est servi depuis les premiers siècles de l’Église, tant chez les Latins que chez les Grecs de l'expression dormitio pour signifier le trépas, et même la fête de l'Assomption de la sainte Vierge. On donna encore à ce jour le nom dedepositio, pausatio, transitus. L'Eglise d'orient n'emploie que le mot koirèsis; dormitio, sommeil.

(2) Il paraît par ce passage que l'oraison Veneranda qui se récitait dans les liturgies modernes au jour de la fête de l’Assomption, est d'une très haute antiquité.

La Légende dorée de Jacques de Voragine nouvellement traduite en français avec introduction, notices, notes et recherches sur les sources par l'abbé J.-B. M. Roze, chanoine honoraire de la Cathédrale d'Amiens, Édouard Rouveyre, éditeur, 76, rue de Seine, 76, Paris mdcccci

SOURCE : https://livres-mystiques.com/partieTEXTES/voragine/tome02/120.htm



Assumption of the Blessed Virgin Mary

Also known as

Lady Day

Marymass

Dies Mariae Deiparae

Day of Mary Mother of God

Memorial

15 August

Description

The feast celebrates the taking up of the body of the Blessed Virgin Mary into heaven upon her deathPope Benedict XIV declared that it was a probable opinion, impious to deny, though not an article of faith, that the Assumption was true. On 1 November 1950Pope Pius XII defined it as dogma in the apostolic constitution Munificentissimus Deus. The origin of the feast day is not known but it was celebrated in Palestine before the year 500. It is a holy day of obligation, its vigil being a fast day, in all English-speaking countries except Canada. Among the many masters who have painted the subject of the Assumption are Fra Angelico, Ghirlandajo, Rubens, Del Sarto, and Titian.

Name Meaning

ad, to; sumere, to take (latin)

Patronage

fish dealers

fishmongers

French air crews (proclaimed in 1952)

harness makers

France (proclaimed in 1922, and on 29 May 1962 by Pope John XXIII)

Guatemala

India

Jamaica (proclaimed on 4 October 1951 by Pope Pius XII)

Malta

Paraguay (proclaimed in 1951)

Slovakia

Acadians

Cajuns

east Africa (proclaimed on 15 March 1952 by Pope Pius XII)

south Africa (proclaimed on 15 March 1952 by Pope Pius XII)

MarylandUSA

Cistercian Order

Cistercians

Catholic Action in Italy

AberdeenScotlanddiocese of

Alto SolimõesBrazildiocese of

AmariloTexasdiocese of

AntwerpenBelgiumdiocese of

AraçuaíBrazildiocese of

AvellinoItalydiocese of

Avellaneda–LanúsArgentinadiocese of

AvignonFrancearchdiocese of

BathurstCanadadiocese of

BayonneFrancediocese of

ChartresFrance, diocese of

CheyenneWyomingdiocese of

ClermontFrancearchdiocese of

Fall RiverMassachusettsdiocese of

FargoNorth Dakotadiocese of

FermoItalyarchdiocese of

Foggia-BovinoItalyarchdiocese of

Galway and KilmacduaghIrelanddiocese of

GreensburgPennsylvaniadiocese of

Grenoble-Viennefrancediocese of

Halifax-Yarmouth, Nova Scotia, archdiocese of

HarrisburgPennsylvaniadiocese of

Hearst-Moosonee, Ontario, diocese of

LwenaAngoladiocese of

MalanjeAngoladiocese of

Moncton, New Brunswick, archdiocese of

NiceFrancediocese of

SaginawMichigandiocese of

San Fernando, Pampanga, Philippinesarchdiocese of

Sault Sainte Marie, Ontario, diocese of

SaurimoAngoladiocese of

SeattleWashingtonarchdiocese of

SpeyerGermanydiocese of

SzékesfehérvárHungarydiocese of

Terni-Narni-AmeliaItalydiocese of

TrentonNew Jerseydiocese of

Trois-RivièresQuébecdiocese of

Yarmouth, Nova Scotia, diocese of

La PuertaArgentina

in Belgium

Antwerp

in Brazil

Cabo Verde

in France

Avranches

Cambrai

in Germany

Aachen

Dresden

in Ireland

Galway

in Italy

Abbadia Cerreto

Acceglio

Ala

Albano Vercellese

AlbaredoVedelago

Alezio

Allerona

Altamura

Angera

Appiano sulla Strada del Vino

Aprica

Arco

Arignano

Arquà Petrarca

Arquata Scrivia

Arrone

Austis

Bagno di Romagna

Bard

Barone Canavese

Bettona

Bisignano

Bobbio

Bolzano

Borgo Vercelli

Breganze

Bressanone

Breuil-Cervinia

Bricherasio

Brixen

Brunico

Caldaro

Calvi dell’Umbria

Campotosto

Canevino

Caramanico Terme

Carentino

Casciana Terme

Casal Cermelli

Castagneto, Teramo

Castelfranco Veneto

Castelluccio, Castel San Giorgio

Castiglione d’Adda

Catanzaro

Cavalese

Cavezzana d’AntenaPontremoli

Cavezzana GordanaPontremoli

Cerreto d’Esi

Coniolo

Decollatura

Dicomano

Domusnovas

Donnalucata

Endenna

Ercolano

Etroubles

Fabbrica Curone

Fermo

Grumello de’ Zanchi

Guazzora

Ingera

Issogne

LestansSequals

LariCasciana Terme

Loro Ciuffenna

Lucera

Magnalardo

Marina di Modica

Mezzago

Moncestino

Monghidoro

Montecastello

Montegioco

MontegrossoAndria

Montescudaio

Morlupo

Muscoline

Orta San Giulio

Pedemonte

Pian di Sco

Pietralunga

Poggio Santa MariaAquila

RoccaBorgo a Mozzano

SalvatrondaCastelfranco Veneto

Sampieri

Santa Maria Capua Vetere

Serravalle-Sesia

Sinio

Spilimbergo

Stia

Torre Colimena

Trapani

Trepuzzi

Triora

Trisobbio

Valdobbiadene

Vall’AltaAlbino

Villeneuve

Vivaro

in Luxembourg

Bettemburg

in Malta

Ghaxaq

Gudja

Hal Ghaxaq

Il-Gudja

Il-Mosta

Mosta

in Portugal

Ul

Guardadiocese of

Portodiocese of

Viana do Castelodiocese of

in Slovenia

Tolmino

in Spain

Pedrosa de Duero

in Switzerland

Basel

Engelberg

Zia Indian Pueblo

Storefront

hand painted medals

Additional Information

Assumption of the Blessed Virgin, by Father Bertrand Louis Conway

Dogma of the Assumption, by Cardinal John Carmel Heenan

Catholic Encyclopedia

Goffine’s Devout Instructions

Handbook of Christian Feasts and Customs

Light From the Altaredited by Father James J McGovern

Lives of the Saints, by Father Alban Butler

Lives of the Saints, by Father Francis Xavier Weninger

Meditations on the Gospels for Every Day in the Year, by Father Médaille

Message of the Glorious Mysteries, by Father Aloysius Biskupek

New Catholic Dictionary: Lady Day

Of the Assumption of Mary, by Saint Alphonsus Maria de Liguori

On the Assumption, by Saint John of Damascus

Our Lady’s Assumption, by Father Daniel Aloysius Lord, S.J.

Our Lady’s Feasts, by Sister Mary Jean Dorcy, O.P.

Pictorial Lives of the Saints, by John Dawson Gilmary Shea

Saints and Saintly Dominicans, by Blessed Hyacinthe-Marie CormierO.P.

Short Lives of the Saints, by Eleanor Cecilia Donnelly

Simple Catholic Dictionary

The Assumption – A Dogma and Its Critics, by Denys Gabriel Maurice Jackson

Veneration of the Blessed Virgin Mary, by Father B Rohner, O.S.B.

Pope Benedict XVIGeneral Audience16 August 2006

Pope Pius XIIMunificentissimus Deus: Defining the Dogma of the Assumption, 1 November 1950

books

Favourite Patron Saints, by Paul Burns

Oxford Dictionary of Saints, by David Hugh Farmer

other sites in english

1001 Patron Saints and Their Feast Days, Australian Catholic Truth Society

Aleteia

Catholic Education

Catholic Exchange

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Catholic Fire

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Communio

Father Robin Gibbons

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Jimmy Akin: 12 Things to Know and Share About the Assumption

New Catholic Encyclopedia

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Pope Francis: Homily, 15 August 2014

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“Assumption of the Blessed Virgin Mary“. CatholicSaints.Info. 21 March 2024. Web. 2 May 2024. <https://catholicsaints.info/assumption-of-the-blessed-virgin-mary/>

SOURCE : https://catholicsaints.info/assumption-of-the-blessed-virgin-mary/


The Feast of the Assumption

The Feast of the Assumption of the Blessed Virgin Mary, 15 August; also called in old liturgical books Pausatio, Nativitas (for heaven),Mors, Depositio, Dormitio S. Mariae.

This feast has a double object: (1) the happy departure of Mary from this life; (2) the assumption of her body into heaven. It is the principal feast of the Blessed Virgin.

The fact of the Assumption

Regarding the day, year, and manner of Our Lady's death, nothing certain is known. The earliest known literary reference to the Assumption is found in the Greek work De Obitu S. Dominae. Catholic faith, however, has always derived our knowledge of the mysteryfrom Apostolic TraditionEpiphanius (d. 403) acknowledged that he knew nothing definite about it (Haer., lxxix, 11). The dates assigned for it vary between three and fifteen years after Christ's Ascension. Two cities claim to be the place of her departure: Jerusalem andEphesus. Common consent favours Jerusalem, where her tomb is shown; but some argue in favour of Ephesus. The first six centuries did not know of the tomb of Mary at Jerusalem.

The belief in the corporeal assumption of Mary is founded on the apocryphal treatise De Obitu S. Dominae, bearing the name of St. John, which belongs however to the fourth or fifth century. It is also found in the book De Transitu Virginis, falsely ascribed to St. Melito of Sardis, and in a spurious letter attributed to St. Denis the Areopagite. If we consult genuine writings in the East, it is mentioned in thesermons of St. Andrew of CreteSt. John Damascene, St. Modestus of Jerusalem and others. In the WestSt. Gregory of Tours (De gloria mart., I, iv) mentions it first. The sermons of St. Jerome and St. Augustine for this feast, however, are spurious. St. John of Damascus(P.G., I, 96) thus formulates the tradition of the Church of Jerusalem:

St. Juvenal, Bishop of Jerusalem, at the Council of Chalcedon (451), made known to the Emperor Marcian and Pulcheria, who wished to possess the body of the Mother of God, that Mary died in the presence of all the Apostles, but that her tomb, when opened, upon the request of St. Thomas, was found empty; wherefrom the Apostles concluded that the body was taken up to heaven.

Today, the belief in the corporeal assumption of Mary is universal in the East and in the West; according to Benedict XIV (De Festis B.V.M., I, viii, 18) it is a probable opinion, which to deny were impious and blasphemous.

The feast of the Assumption

Regarding the origin of the feast we are also uncertain. It is more probably the anniversary of the dedication of some church than the actual anniversary of Our Lady's death. That it originated at the time of the Council of Ephesus, or that St. Damasus introduced it in Rome is only a hypothesis.

According to the life of St. Theodosius (d. 529) it was celebrated in Palestine before the year 500, probably in August (Baeumer, Brevier, 185). In Egypt and Arabia, however, it was kept in January, and since the monks of Gaul adopted many usages from the Egyptian monks(Baeumer, Brevier, 163), we find this feast in Gaul in the sixth century, in January [mediante mense undecimo (Greg. Turon., De gloria mart., I, ix)]. The Gallican Liturgy has it on the 18th of January, under the title: Depositio, Assumptio, or Festivitas S. Mariae (cf. the notes of Mabillon on the Gallican Liturgy, P.L., LXXII, 180). This custom was kept up in the Gallican Church to the time of the introduction of the Roman rite. In the Greek Church, it seems, some kept this feast in January, with the monks of Egypt; others in August, with those of Palestine; wherefore the Emperor Maurice (d. 602), if the account of the "Liber Pontificalis" (II, 508) be correct, set the feast for theGreek Empire on 15 August.

In Rome (Batiffol, Brev. Rom., 134) the oldest and only feast of Our Lady was 1 January, the octave of Christ's birth. It was celebrated first at Santa Maria Maggiore, later at Santa Maria ad Martyres. The other feasts are of Byzantine origin. Duchesne thinks (Origines du culte chr., 262) that before the seventh century no other feast was kept at Rome, and that consequently the feast of the Assumption, found in the sacramentaries of Gelasius and Gregory, is a spurious addition made in the eighth or seventh century. Probst, however (Sacramentarien, 264 sqq.), brings forth good arguments to prove that the Mass of the Blessed Virgin Mary, found on the 15th of August in the Gelasianum, is genuine, since it does not mention the corporeal assumption of Mary; that, consequently, the feast was celebrated in the church of Santa Maria Maggiore at Rome at least in the sixth century. He proves, furthermore, that the Mass of the Gregorian Sacramentary, such as we have it, is of Gallican origin (since the belief in the bodily assumption of Mary, under the influence of theapocryphal writings, is older in Gaul than in Rome), and that it supplanted the old Gelasian Mass. At the time of Sergius I (700) this feastwas one of the principal festivities in Rome; the procession started from the church of St. Hadrian. It was always a double of the first class and a Holy Day of obligation.

The octave was added in 847 by Leo IV; in Germany this octave was not observed in several dioceses up to the time of the Reformation. The Church of Milan has not accepted it up to this day (Ordo Ambros., 1906). The octave is privileged in the dioceses of the provinces ofSiennaFermoMichoacan, etc.

The Greek Church continues this feast to 23 August, inclusive, and in some monasteries of Mount Athos it is protracted to 29 August (Menaea Graeca, Venice, 1880), or was, at least, formerly. In the dioceses of Bavaria a thirtieth day (a species of month's mind) of the Assumption was celebrated during the Middle Ages, 13 Sept., with the Office of the Assumption (double); today, only the Diocese of Augsburg has retained this old custom.

Some of the Bavarian dioceses and those of BrandenburgMainzFrankfort, etc., on 23 Sept. kept the feast of the "Second Assumption", or the "Fortieth Day of the Assumption" (double) believing, according to the revelations of St. Elizabeth of Schönau (d. 1165) and of St. Bertrand, O.C. (d. 1170), that the B.V. Mary was taken up to heaven on the fortieth day after her death (Grotefend, Calendaria 2, 136). The Brigittines kept the feast of the "Glorification of Mary" (double) 30 Aug., since St. Brigitta of Sweden says (Revel., VI, l) that Marywas taken into heaven fifteen days after her departure (Colvenerius, Cal. Mar., 30 Aug.). In Central America a special feast of the Coronation of Mary in heaven (double major) is celebrated 18 August. The city of Gerace in Calabria keeps three successive days with the rite of a double first class, commemorating: 15th of August, the death of Mary; 16th of August, her Coronation.

At Piazza, in Sicily, there is a commemoration of the Assumption of Mary (double second class) the 20th of February, the anniversary of the earthquake of 1743. A similar feast (double major with octave) is kept at Martano, Diocese of Otranto, in Apulia, 19th of November.

Note: By promulgating the Bull Munificentissimus Deus, 1 November, 1950, Pope Pius XII declared infallibly that the Assumption of the Blessed Virgin Mary was a dogma of the Catholic Faith. Likewise, the Second Vatican Council taught in the Dogmatic Constitution Lumen Gentium that "the Immaculate Virgin, preserved free from all stain of original sin, was taken up body and soul into heavenly glory, when her earthly life was over, and exalted by the Lord as Queen over all things (n. 59)."

Holweck, Frederick. "The Feast of the Assumption." The Catholic Encyclopedia. Vol. 2. New York: Robert Appleton Company, 1907. 15 Aug. 2015 <http://www.newadvent.org/cathen/02006b.htm>.

Transcription. This article was transcribed for New Advent by Janet Grayson.

Ecclesiastical approbation. Nihil Obstat. 1907. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John M. Farley, Archbishop of New York.

Copyright © 2020 by Kevin Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.

SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/02006b.htm


DEFINING THE DOGMA OF THE ASSUMPTION

Munificentissimus Deus

Apostolic Constitution of Pope Pius XII issued November 1, 1950

1. The most bountiful God, who is almighty, the plan of whose providence rests upon wisdom and love, tempers, in the secret purpose of his own mind, the sorrows of peoples and of individual men by means of joys that he interposes in their lives from time to time, in such a way that, under different conditions and in different ways, all things may work together unto good for those who love him. [1]

2. Now, just like the present age, our pontificate is weighed down by ever so many cares, anxieties, and troubles, by reason of very severe calamities that have taken place and by reason of the fact that many have strayed away from truth and virtue. Nevertheless, we are greatly consoled to see that, while the Catholic faith is being professed publicly and vigorously, piety toward the Virgin Mother of God is flourishing and daily growing more fervent, and that almost everywhere on earth it is showing indications of a better and holier life. Thus, while the Blessed Virgin is fulfilling in the most affectionate manner her maternal duties on behalf of those redeemed by the blood of Christ, the minds and the hearts of her children are being vigorously aroused to a more assiduous consideration of her prerogatives.

3. Actually God, who from all eternity regards Mary with a most favorable and unique affection, has "when the fullness of time came"[2] put the plan of his providence into effect in such a way that all the privileges and prerogatives he had granted to her in his sovereign generosity were to shine forth in her in a kind of perfect harmony. And, although the Church has always recognized this supreme generosity and the perfect harmony of graces and has daily studied them more and more throughout the course of the centuries, still it is in our own age that the privilege of the bodily Assumption into heaven of Mary, the Virgin Mother of God, has certainly shone forth more clearly.

4. That privilege has shone forth in new radiance since our predecessor of immortal memory, Pius IX, solemnly proclaimed the dogma of the loving Mother of God's Immaculate Conception. These two privileges are most closely bound to one another. Christ overcame sin and death by his own death, and one who through Baptism has been born again in a supernatural way has conquered sin and death through the same Christ. Yet, according to the general rule, God does not will to grant to the just the full effect of the victory over death until the end of time has come. And so it is that the bodies of even the just are corrupted after death, and only on the last day will they be joined, each to its own glorious soul.

5. Now God has willed that the Blessed Virgin Mary should be exempted from this general rule. She, by an entirely unique privilege, completely overcame sin by her Immaculate Conception, and as a result she was not subject to the law of remaining in the corruption of the grave, and she did not have to wait until the end of time for the redemption of her body.

6. Thus, when it was solemnly proclaimed that Mary, the Virgin Mother of God, was from the very beginning free from the taint of original sin, the minds of the faithful were filled with a stronger hope that the day might soon come when the dogma of the Virgin Mary's bodily Assumption into heaven would also be defined by the Church's supreme teaching authority.

7. Actually it was seen that not only individual Catholics, but also those who could speak for nations or ecclesiastical provinces, and even a considerable number of the Fathers of the Vatican Council, urgently petitioned the Apostolic See to this effect.

8. During the course of time such postulations and petitions did not decrease but rather grew continually in number and in urgency. In this cause there were pious crusades of prayer. Many outstanding theologians eagerly and zealously carried out investigations on this subject either privately or in public ecclesiastical institutions and in other schools where the sacred disciplines are taught. Marian Congresses, both national and international in scope, have been held in many parts of the Catholic world. These studies and investigations have brought out into even clearer light the fact that the dogma of the Virgin Mary's Assumption into heaven is contained in the deposit of Christian faith entrusted to the Church. They have resulted in many more petitions, begging and urging the Apostolic See that this truth be solemnly defined.

9. In this pious striving, the faithful have been associated in a wonderful way with their own holy bishops, who have sent petitions of this kind, truly remarkable in number, to this See of the Blessed Peter. Consequently, when we were elevated to the throne of the supreme pontificate, petitions of this sort had already been addressed by the thousands from every part of the world and from every class of people, from our beloved sons the Cardinals of the Sacred College, from our venerable brethren, archbishops and bishops, from dioceses and from parishes.

10. Consequently, while we sent up earnest prayers to God that he might grant to our mind the light of the Holy Spirit, to enable us to make a decision on this most serious subject, we issued special orders in which we commanded that, by corporate effort, more advanced inquiries into this matter should be begun and that, in the meantime, all the petitions about the Assumption of the Blessed Virgin Mary into heaven which had been sent to this Apostolic See from the time of Pius IX, our predecessor of happy memory, down to our own days should be gathered together and carefully evaluated.[3]

11. And, since we were dealing with a matter of such great moment and of such importance, we considered it opportune to ask all our venerable brethren in the episcopate directly and authoritatively that each of them should make known to us his mind in a formal statement. Hence, on May 1, 1946, we gave them our letter "Deiparae Virginis Mariae," a letter in which these words are contained: "Do you, venerable brethren, in your outstanding wisdom and prudence, judge that the bodily Assumption of the Blessed Virgin can be proposed and defined as a dogma of faith? Do you, with your clergy and people, desire it?"

12. But those whom "the Holy Spirit has placed as bishops to rule the Church of God"[4] gave an almost unanimous affirmative response to both these questions. This "outstanding agreement of the Catholic prelates and the faithful,"[5] affirming that the bodily Assumption of God's Mother into heaven can be defined as a dogma of faith, since it shows us the concordant teaching of the Church's ordinary doctrinal authority and the concordant faith of the Christian people which the same doctrinal authority sustains and directs, thus by itself and in an entirely certain and infallible way, manifests this privilege as a truth revealed by God and contained in that divine deposit which Christ has delivered to his Spouse to be guarded faithfully and to be taught infallibly.[6] Certainly this teaching authority of the Church, not by any merely human effort but under the protection of the Spirit of Truth,[7] and therefore absolutely without error, carries out the commission entrusted to it, that of preserving the revealed truths pure and entire throughout every age, in such a way that it presents them undefiled, adding nothing to them and taking nothing away from them. For, as the Vatican Council teaches, "the Holy Spirit was not promised to the successors of Peter in such a way that, by his revelation, they might manifest new doctrine, but so that, by his assistance, they might guard as sacred and might faithfully propose the revelation delivered through the apostles, or the deposit of faith."[8] Thus, from the universal agreement of the Church's ordinary teaching authority we have a certain and firm proof, demonstrating that the Blessed Virgin Mary's bodily Assumption into heaven- which surely no faculty of the human mind could know by its own natural powers, as far as the heavenly glorification of the virginal body of the loving Mother of God is concerned-is a truth that has been revealed by God and consequently something that must be firmly and faithfully believed by all children of the Church. For, as the Vatican Council asserts, "all those things are to be believed by divine and Catholic faith which are contained in the written Word of God or in Tradition, and which are proposed by the Church, either in solemn judgment or in its ordinary and universal teaching office, as divinely revealed truths which must be believed."[9]

13. Various testimonies, indications and signs of this common belief of the Church are evident from remote times down through the course of the centuries; and this same belief becomes more clearly manifest from day to day.

14. Christ's faithful, through the teaching and the leadership of their pastors, have learned from the sacred books that the Virgin Mary, throughout the course of her earthly pilgrimage, led a life troubled by cares, hardships, and sorrows, and that, moreover, what the holy old man Simeon had foretold actually came to pass, that is, that a terribly sharp sword pierced her heart as she stood under the cross of her divine Son, our Redeemer. In the same way, it was not difficult for them to admit that the great Mother of God, like her only begotten Son, had actually passed from this life. But this in no way prevented them from believing and from professing openly that her sacred body had never been subject to the corruption of the tomb, and that the august tabernacle of the Divine Word had never been reduced to dust and ashes. Actually, enlightened by divine grace and moved by affection for her, God's Mother and our own dearest Mother, they have contemplated in an ever clearer light the wonderful harmony and order of those privileges which the most provident God has lavished upon this loving associate of our Redeemer, privileges which reach such an exalted plane that, except for her, nothing created by God other than the human nature of Jesus Christ has ever reached this level.

15. The innumerable temples which have been dedicated to the Virgin Mary assumed into heaven clearly attest this faith. So do those sacred images, exposed therein for the veneration of the faithful, which bring this unique triumph of the Blessed Virgin before the eyes of all men. Moreover, cities, dioceses, and individual regions have been placed under the special patronage and guardianship of the Virgin Mother of God assumed into heaven. In the same way, religious institutes, with the approval of the Church, have been founded and have taken their name from this privilege. Nor can we pass over in silence the fact that in the Rosary of Mary, the recitation of which this Apostolic See so urgently recommends, there is one mystery proposed for pious meditation which, as all know, deals with the Blessed Virgin's Assumption into heaven.

16. This belief of the sacred pastors and of Christ's faithful is universally manifested still more splendidly by the fact that, since ancient times, there have been both in the East and in the West solemn liturgical offices commemorating this privilege. The holy Fathers and Doctors of the Church have never failed to draw enlightenment from this fact since, as everyone knows, the sacred liturgy, "because it is the profession, subject to the supreme teaching authority within the Church, of heavenly truths, can supply proofs and testimonies of no small value for deciding a particular point of Christian doctrine."[10]

17. In the liturgical books which deal with the feast either of the dormition or of the Assumption of the Blessed Virgin there are expressions that agree in testifying that, when the Virgin Mother of God passed from this earthly exile to heaven, what happened to her sacred body was, by the decree of divine Providence, in keeping with the dignity of the Mother of the Word Incarnate, and with the other privileges she had been accorded. Thus, to cite an illustrious example, this is set forth in that sacramentary which Adrian I, our predecessor of immortal memory, sent to the Emperor Charlemagne. These words are found in this volume: "Venerable to us, O Lord, is the festivity of this day on which the holy Mother of God suffered temporal death, but still could not be kept down by the bonds of death, who has begotten your Son our Lord incarnate from herself."[11]

18. What is here indicated in that sobriety characteristic of the Roman liturgy is presented more clearly and completely in other ancient liturgical books. To take one as an example, the Gallican sacramentary designates this privilege of Mary's as "an ineffable mystery all the more worthy of praise as the Virgin's Assumption is something unique among men." And, in the Byzantine liturgy, not only is the Virgin Mary's bodily Assumption connected time and time again with the dignity of the Mother of God, but also with the other privileges, and in particular with the virginal motherhood granted her by a singular decree of God's Providence. "God, the King of the universe, has granted you favors that surpass nature. As he kept you a virgin in childbirth, thus he has kept your body incorrupt in the tomb and has glorified it by his divine act of transferring it from the tomb."[12]

19. The fact that the Apostolic See, which has inherited the function entrusted to the Prince of the Apostles, the function of confirming the brethren in the faith,[13] has by its own authority, made the celebration of this feast ever more solemn, has certainly and effectively moved the attentive minds of the faithful to appreciate always more completely the magnitude of the mystery it commemorates. So it was that the Feast of the Assumption was elevated from the rank which it had occupied from the beginning among the other Marian feasts to be classed among the more solemn celebrations of the entire liturgical cycle. And, when our predecessor St. Sergius I prescribed what is known as the litany, or the stational procession, to be held on four Marian feasts, he specified together the Feasts of the Nativity, the Annunciation, the Purification, and the Dormition of the Virgin Mary.[14] Again, St. Leo IV saw to it that the feast, which was already being celebrated under the title of the Assumption of the Blessed Mother of God, should be observed in even a more solemn way when he ordered a vigil to be held on the day before it and prescribed prayers to be recited after it until the octave day. When this had been done, he decided to take part himself in the celebration, in the midst of a great multitude of the faithful.[15] Moreover, the fact that a holy fast had been ordered from ancient times for the day prior to the feast is made very evident by what our predecessor St. Nicholas I testifies in treating of the principal fasts which "the Holy Roman Church has observed for a long time, and still observes."[16]

20. However, since the liturgy of the Church does not engender the Catholic faith, but rather springs from it, in such a way that the practices of the sacred worship proceed from the faith as the fruit comes from the tree, it follows that the holy Fathers and the great Doctors, in the homilies and sermons they gave the people on this feast day, did not draw their teaching from the feast itself as from a primary source, but rather they spoke of this doctrine as something already known and accepted by Christ's faithful. They presented it more clearly. They offered more profound explanations of its meaning and nature, bringing out into sharper light the fact that this feast shows, not only that the dead body of the Blessed Virgin Mary remained incorrupt, but that she gained a triumph out of death, her heavenly glorification after the example of her only begotten Son, Jesus Christ-truths that the liturgical books had frequently touched upon concisely and briefly.

21. Thus St. John Damascene, an outstanding herald of this traditional truth, spoke out with powerful eloquence when he compared the bodily Assumption of the loving Mother of God with her other prerogatives and privileges. "It was fitting that she, who had kept her virginity intact in childbirth, should keep her own body free from all corruption even after death. It was fitting that she, who had carried the Creator as a child at her breast, should dwell in the divine tabernacles. It was fitting that the spouse, whom the Father had taken to himself, should live in the divine mansions. It was fitting that she, who had seen her Son upon the cross and who had thereby received into her heart the sword of sorrow which she had escaped in the act of giving birth to him, should look upon him as he sits with the Father. It was fitting that God's Mother should possess what belongs to her Son, and that she should be honored by every creature as the Mother and as the handmaid of God."[17]

22. These words of St. John Damascene agree perfectly with what others have taught on this same subject. Statements no less clear and accurate are to be found in sermons delivered by Fathers of an earlier time or of the same period, particularly on the occasion of this feast. And so, to cite some other examples, St. Germanus of Constantinople considered the fact that the body of Mary, the virgin Mother of God, was incorrupt and had been taken up into heaven to be in keeping, not only with her divine motherhood, but also with the special holiness of her virginal body. "You are she who, as it is written, appears in beauty, and your virginal body is all holy, all chaste, entirely the dwelling place of God, so that it is henceforth completely exempt from dissolution into dust. Though still human, it is changed into the heavenly life of incorruptibility, truly living and glorious, undamaged and sharing in perfect life."[18] And another very ancient writer asserts: "As the most glorious Mother of Christ, our Savior and God and the giver of life and immortality, has been endowed with life by him, she has received an eternal incorruptibility of the body together with him who has raised her up from the tomb and has taken her up to himself in a way known only to him."[19]

23. When this liturgical feast was being celebrated ever more widely and with ever increasing devotion and piety, the bishops of the Church and its preachers in continually greater numbers considered it their duty openly and clearly to explain the mystery that the feast commemorates, and to explain how it is intimately connected with the other revealed truths.

24. Among the scholastic theologians there have not been lacking those who, wishing to inquire more profoundly into divinely revealed truths and desirous of showing the harmony that exists between what is termed the theological demonstration and the Catholic faith, have always considered it worthy of note that this privilege of the Virgin Mary's Assumption is in wonderful accord with those divine truths given us in Holy Scripture.

25. When they go on to explain this point, they adduce various proofs to throw light on this privilege of Mary. As the first element of these demonstrations, they insist upon the fact that, out of filial love for his mother, Jesus Christ has willed that she be assumed into heaven. They base the strength of their proofs on the incomparable dignity of her divine motherhood and of all those prerogatives which follow from it. These include her exalted holiness, entirely surpassing the sanctity of all men and of the angels, the intimate union of Mary with her Son, and the affection of preeminent love which the Son has for his most worthy Mother.

26. Often there are theologians and preachers who, following in the footsteps of the holy Fathers,[20] have been rather free in their use of events and expressions taken from Sacred Scripture to explain their belief in the Assumption. Thus, to mention only a few of the texts rather frequently cited in this fashion, some have employed the words of the psalmist: "Arise, O Lord, into your resting place: you and the ark, which you have sanctified"[21]; and have looked upon the Ark of the Covenant, built of incorruptible wood and placed in the Lord's temple, as a type of the most pure body of the Virgin Mary, preserved and exempt from all the corruption of the tomb and raised up to such glory in heaven. Treating of this subject, they also describe her as the Queen entering triumphantly into the royal halls of heaven and sitting at the right hand of the divine Redeemer.[22] Likewise they mention the Spouse of the Canticles "that goes up by the desert, as a pillar of smoke of aromatical spices, of myrrh and frankincense" to be crowned.[23] These are proposed as depicting that heavenly Queen and heavenly Spouse who has been lifted up to the courts of heaven with the divine Bridegroom.

27. Moreover, the scholastic Doctors have recognized the Assumption of the Virgin Mother of God as something signified, not only in various figures of the Old Testament, but also in that woman clothed with the sun whom John the Apostle contemplated on the Island of Patmos.[24] Similarly they have given special attention to these words of the New Testament: "Hail, full of grace, the Lord is with you, blessed are you among women,"[25] since they saw, in the mystery of the Assumption, the fulfillment of that most perfect grace granted to the Blessed Virgin and the special blessing that countered the curse of Eve.

28. Thus, during the earliest period of scholastic theology, that most pious man, Amadeus, Bishop of Lausarme, held that the Virgin Mary's flesh had remained incorrupt-for it is wrong to believe that her body has seen corruption-because it was really united again to her soul and, together with it, crowned with great glory in the heavenly courts. "For she was full of grace and blessed among women. She alone merited to conceive the true God of true God, whom as a virgin, she brought forth, to whom as a virgin she gave milk, fondling him in her lap, and in all things she waited upon him with loving care."[26]

29. Among the holy writers who at that time employed statements and various images and analogies of Sacred Scripture to Illustrate and to confirm the doctrine of the Assumption, which was piously believed, the Evangelical Doctor, St. Anthony of Padua, holds a special place. On the feast day of the Assumption, while explaining the prophet's words: "I will glorify the place of my feet,"[27] he stated it as certain that the divine Redeemer had bedecked with supreme glory his most beloved Mother from whom he had received human flesh. He asserts that "you have here a clear statement that the Blessed Virgin has been assumed in her body, where was the place of the Lord's feet. Hence it is that the holy Psalmist writes: 'Arise, O Lord, into your resting place: you and the ark which you have sanctified."' And he asserts that, just as Jesus Christ has risen from the death over which he triumphed and has ascended to the right hand of the Father, so likewise the ark of his sanctification "has risen up, since on this day the Virgin Mother has been taken up to her heavenly dwelling."[28]

30. When, during the Middle Ages, scholastic theology was especially flourishing, St. Albert the Great who, to establish this teaching, had gathered together many proofs from Sacred Scripture, from the statements of older writers, and finally from the liturgy and from what is known as theological reasoning, concluded in this way: "From these proofs and authorities and from many others, it is manifest that the most blessed Mother of God has been assumed above the choirs of angels. And this we believe in every way to be true."[29] And, in a sermon which he delivered on the sacred day of the Blessed Virgin Mary's annunciation, explained the words "Hail, full of grace"-words used by the angel who addressed her-the Universal Doctor, comparing the Blessed Virgin with Eve, stated clearly and incisively that she was exempted from the fourfold curse that had been laid upon Eve.[30]

31. Following the footsteps of his distinguished teacher, the Angelic Doctor, despite the fact that he never dealt directly with this question, nevertheless, whenever he touched upon it, always held together with the Catholic Church, that Mary's body had been assumed into heaven along with her soul.[31]

32. Along with many others, the Seraphic Doctor held the same views. He considered it as entirely certain that, as God had preserved the most holy Virgin Mary from the violation of her virginal purity and integrity in conceiving and in childbirth, he would never have permitted her body to have been resolved into dust and ashes.[32] Explaining these words of Sacred Scripture: "Who is this that comes up from the desert, flowing with delights, leaning upon her beloved?"[33] and applying them in a kind of accommodated sense to the Blessed Virgin, he reasons thus: "From this we can see that she is there bodily...her blessedness would not have been complete unless she were there as a person. The soul is not a person, but the soul, joined to the body, is a person. It is manifest that she is there in soul and in body. Otherwise she would not possess her complete beatitude.[34]

33. In the fifteenth century, during a later period of scholastic theology, St. Bernardine of Siena collected and diligently evaluated all that the medieval theologians had said and taught on this question. He was not content with setting down the principal considerations which these writers of an earlier day had already expressed, but he added others of his own. The likeness between God's Mother and her divine Son, in the way of the nobility and dignity of body and of soul-a likeness that forbids us to think of the heavenly Queen as being separated from the heavenly Kingmakes it entirely imperative that Mary "should be only where Christ is."[35] Moreover, it is reasonable and fitting that not only the soul and body of a man, but also the soul and body of a woman should have obtained heavenly glory. Finally, since the Church has never looked for the bodily relics of the Blessed Virgin nor proposed them for the veneration of the people, we have a proof on the order of a sensible experience.[36]

34. The above-mentioned teachings of the holy Fathers and of the Doctors have been in common use during more recent times. Gathering together the testimonies of the Christians of earlier days, St. Robert Bellarmine exclaimed: "And who, I ask, could believe that the ark of holiness, the dwelling place of the Word of God, the temple of the Holy Spirit, could be reduced to ruin? My soul is filled with horror at the thought that this virginal flesh which had begotten God, had brought him into the world, had nourished and carried him, could have been turned into ashes or given over to be food for worms."[37]

35. In like manner St. Francis of Sales, after asserting that it is wrong to doubt that Jesus Christ has himself observed, in the most perfect way, the divine commandment by which children are ordered to honor their parents, asks this question: "What son would not bring his mother back to life and would not bring her into paradise after her death if he could?"[38] And St. Alphonsus writes that "Jesus did not wish to have the body of Mary corrupted after death, since it would have redounded to his own dishonor to have her virginal flesh, from which he himself had assumed flesh, reduced to dust."[39]

36. Once the mystery which is commemorated in this feast had been placed in its proper light, there were not lacking teachers who, instead of dealing with the theological reasonings that show why it is fitting and right to believe the bodily Assumption of the Blessed Virgin Mary into heaven, chose to focus their mind and attention on the faith of the Church itself, which is the Mystical Body of Christ without stain or wrinkle[40] and is called by the Apostle "the pillar and ground of truth."[41] Relying on this common faith, they considered the teaching opposed to the doctrine of our Lady's Assumption as temerarious, if not heretical. Thus, like not a few others, St. Peter Canisius, after he had declared that the very word "assumption" signifies the glorification, not only of the soul but also of the body, and that the Church has venerated and has solemnly celebrated this mystery of Mary's Assumption for many centuries, adds these words of warning: "This teaching has already been accepted for some centuries, it has been held as certain in the minds of the pious people, and it has been taught to the entire Church in such a way that those who deny that Mary's body has been assumed into heaven are not to be listened to patiently but are everywhere to be denounced as over-contentious or rash men, and as imbued with a spirit that is heretical rather than Catholic."[42]

37. At the same time the great Suarez was professing in the field of mariology the norm that "keeping in mind the standards of propriety, and when there is no contradiction or repugnance on the part of Scripture, the mysteries of grace which God has wrought in the Virgin must be measured, not by the ordinary laws, but by the divine omnipotence."[43] Supported by the common faith of the entire Church on the subject of the mystery of the Assumption, he could conclude that this mystery was to be believed with the same firmness of assent as that given to the Immaculate Conception of the Blessed Virgin. Thus he already held that such truths could be defined.

38. All these proofs and considerations of the holy Fathers and the theologians are based upon the Sacred Writings as their ultimate foundation. These set the loving Mother of God as it were before our very eyes as most intimately joined to her divine Son and as always sharing his lot. Consequently it seems impossible to think of her, the one who conceived Christ, brought him forth, nursed him with her milk, held him in her arms, and clasped him to her breast, as being apart from him in body, even though not in soul, after this earthly life. Since our Redeemer is the Son of Mary, he could not do otherwise, as the perfect observer of God's law, than to honor, not only his eternal Father, but also his most beloved Mother. And, since it was within his power to grant her this great honor, to preserve her from the corruption of the tomb, we must believe that he really acted in this way.

39. We must remember especially that, since the second century, the Virgin Mary has been designated by the holy Fathers as the new Eve, who, although subject to the new Adam, is most intimately associated with him in that struggle against the infernal foe which, as foretold in the protoevangelium,[44] would finally result in that most complete victory over the sin and death which are always mentioned together in the writings of the Apostle of the Gentiles.[45] Consequently, just as the glorious resurrection of Christ was an essential part and the final sign of this victory, so that struggle which was common to the Blessed Virgin and her divine Son should be brought to a close by the glorification of her virginal body, for the same Apostle says: "When this mortal thing hath put on immortality, then shall come to pass the saying that is written: Death is swallowed up in victory."[46]

40. Hence the revered Mother of God, from all eternity joined in a hidden way with Jesus Christ in one and the same decree of predestination,[47] immaculate in her conception, a most perfect virgin in her divine motherhood, the noble associate of the divine Redeemer who has won a complete triumph over sin and its consequences, finally obtained, as the supreme culmination of her privileges, that she should be preserved free from the corruption of the tomb and that, like her own Son, having overcome death, she might be taken up body and soul to the glory of heaven where, as Queen, she sits in splendor at the right hand of her Son, the immortal King of the Ages.[48]

41. Since the universal Church, within which dwells the Spirit of Truth who infallibly directs it toward an ever more perfect knowledge of the revealed truths, has expressed its own belief many times over the course of the centuries, and since the bishops of the entire world are almost unanimously petitioning that the truth of the bodily Assumption of the Blessed Virgin Mary into heaven should be defined as a dogma of divine and Catholic faith-this truth which is based on the Sacred Writings, which is thoroughly rooted in the minds of the faithful, which has been approved in ecclesiastical worship from the most remote times, which is completely in harmony with the other revealed truths, and which has been expounded and explained magnificently in the work, the science, and the wisdom of the theologians-we believe that the moment appointed in the plan of divine providence for the solemn proclamation of this outstanding privilege of the Virgin Mary has already arrived.

42. We, who have placed our pontificate under the special patronage of the most holy Virgin, to whom we have had recourse so often in times of grave trouble, we who have consecrated the entire human race to her Immaculate Heart in public ceremonies, and who have time and time again experienced her powerful protection, are confident that this solemn proclamation and definition of the Assumption will contribute in no small way to the advantage of human society, since it redounds to the glory of the Most Blessed Trinity, to which the Blessed Mother of God is bound by such singular bonds. It is to be hoped that all the faithful will be stirred up to a stronger piety toward their heavenly Mother, and that the souls of all those who glory in the Christian name may be moved by the desire of sharing in the unity of Jesus Christ's Mystical Body and of increasing their love for her who shows her motherly heart to all the members of this august body. And so we may hope that those who meditate upon the glorious example Mary offers us may be more and more convinced of the value of a human life entirely devoted to carrying out the heavenly Father's will and to bringing good to others. Thus, while the illusory teachings of materialism and the corruption of morals that follows from these teachings threaten to extinguish the light of virtue and to ruin the lives of men by exciting discord among them, in this magnificent way all may see clearly to what a lofty goal our bodies and souls are destined. Finally it is our hope that belief in Mary's bodily Assumption into heaven will make our belief in our own resurrection stronger and render it more effective.

43. We rejoice greatly that this solemn event falls, according to the design of God's providence, during this Holy Year, so that we are able, while the great Jubilee is being observed, to adorn the brow of God's Virgin Mother with this brilliant gem, and to leave a monument more enduring than bronze of our own most fervent love for the Mother of God.

44. For which reason, after we have poured forth prayers of supplication again and again to God, and have invoked the light of the Spirit of Truth, for the glory of Almighty God who has lavished his special affection upon the Virgin Mary, for the honor of her Son, the immortal King of the Ages and the Victor over sin and death, for the increase of the glory of that same august Mother, and for the joy and exultation of the entire Church; by the authority of our Lord Jesus Christ, of the Blessed Apostles Peter and Paul, and by our own authority, we pronounce, declare, and define it to be a divinely revealed dogma: that the Immaculate Mother of God, the ever Virgin Mary, having completed the course of her earthly life, was assumed body and soul into heavenly glory.

45. Hence if anyone, which God forbid, should dare willfully to deny or to call into doubt that which we have defined, let him know that he has fallen away completely from the divine and Catholic Faith.

46. In order that this, our definition of the bodily Assumption of the Virgin Mary into heaven may be brought to the attention of the universal Church, we desire that this, our Apostolic Letter, should stand for perpetual remembrance, commanding that written copies of it, or even printed copies, signed by the hand of any public notary and bearing the seal of a person constituted in ecclesiastical dignity, should be accorded by all men the same reception they would give to this present letter, were it tendered or shown.

47. It is forbidden to any man to change this, our declaration, pronouncement, and definition or, by rash attempt, to oppose and counter it. If any man should presume to make such an attempt, let him know that he will incur the wrath of Almighty God and of the Blessed Apostles Peter and Paul.

48. Given at Rome, at St. Peter's, in the year of the great Jubilee, 1950, on the first day of the month of November, on the Feast of All Saints, in the twelfth year of our pontificate.

I, PIUS, Bishop of the Catholic Church, have signed, so defining.

ENDNOTES

1. Rom 8:28.

·  2. Gal 4:4.

·  3. Cf. Hentrich-Von Moos, Petitiones de Assumptione Corporea B. Virginis Mariae in Caelum Definienda ad S. Sedem Delatae, 2 volumes (Vatican Polyglot Press, 1942).

·  4. Acts 20:28.

·  5. The Bull Ineffabilis Deus, in the Acta Pii IX, pars 1, Vol. 1, p. 615.

·  6. The Vatican Council, Constitution Dei filius, c. 4.

·  7. Jn 14:26.

·  8. Vatican Council, Constitution Pastor Aeternus, c. 4.

·  9. Ibid., Dei Filius, c. 3.

·  10. The encyclical Mediator Dei (Acta Apostolicae Sedis, XXXIX, 541).

·  11. Sacramentarium Gregorianum.

·  12. Menaei Totius Anni.

·  13. Lk 22:32.

·  14. Liber Pontificalis.

·  15. Ibid.

·  16. Responsa Nicolai Papae I ad Consulta Bulgarorum.

·  17. St. John Damascene, Encomium in Dormitionem Dei Genetricis Semperque Virginis Mariae, Hom. II, n. 14; cf. also ibid, n. 3.

·  18. St. Germanus of Constantinople, In Sanctae Dei Genetricis Dormitionem, Sermo I.

·  19. The Encomium in Dormitionem Sanctissimae Dominae Nostrate Deiparae Semperque Virginis Mariae, attributed to St. Modestus of Jerusalem, n. 14.

·  20. Cf. St. John Damascene, op. cit., Hom. II, n. 11; and also the Encomium attributed to St. Modestus.

·  21. Ps 131:8.

·  22. Ps 44:10-14ff.

·  23. Song 3:6; cf. also 4:8; 6:9.

·  24. Rv 12:1ff.

·  25. Lk 1:28.

·  26. Amadeus of Lausanne, De Beatae Virginis Obitu, Assumptione in Caelum Exaltatione ad Filii Dexteram.

·  27. Is 61:13.

·  28. St. Anthony of Padua, Sermones Dominicales et in Solemnitatibus, In Assumptione S. Mariae Virginis Sermo.

·  29. St. Albert the Great, Mariale, q. 132.

·  30. St. Albert the Great, Sermones de Sanctis, Sermo XV in Annuntiatione B. Mariae; cf. also Mariale, q. 132.

·  31. St. Thomas Aquinas, Summa Theol., Illa; q. 27, a. 1; q. 83, a. 5, ad 8; Expositio Salutationis Angelicae; In Symb. Apostolorum Expositio, a. S; In IV Sent., d. 12, q. 1, a. 3, sol. 3; d. 43, q. 1, a. 3, sol. 1, 2.

·  32. St. Bonaventure, De Nativitate B. Mariae Virginis, Sermo V.

·  33. Song 8:5.

·  34. St. Bonaventure, De Assumptione B. Mariae Virginis, Sermo 1.

·  35. St. Bernardine of Siena, In Assumptione B. Mariae Virginis, Sermo 11.

·  36. Ibid.

·  37. St. Robert Bellarmine, Conciones Habitae Lovanii, n. 40, De Assumption B. Mariae Virginis.

·  38. Oeuvres de St. Francois De Sales, sermon for the Feast of the Assumption.

·  39. St. Alphonsus Liguori, The Glories of Mary, Part 2, d. 1.

·  40. Eph 5:27.

·  41. I Tm 3:15.

·  42. St. Peter Canisius, De Maria Virgine.

·  43. Suarez, In Tertiam Partem D. Thomae, q. 27, a. 2, disp. 3, sec. 5, n. 31.

·  44. Gn 3:15.

·  45. Rm 5-6; I Cor. 15:21-26, 54-57.

·  46. I Cor 15:54.

·  47. The Bull Ineffabilis Deus, loc. cit., p. 599.

·  48. I Tm 1:17.

SOURCE : http://www.papalencyclicals.net/Pius12/P12MUNIF.HTM

Mariano Gerada (1766-1823), L’Assomption de la Vierge Marie, 1808, GhaxaqMalta


The Solemnity Of The Assumption

For hundreds of years, Catholics observed the feast of the Assumption of the Blessed Virgin Mary on August 15 — celebrating Mary’s being taken bodily to Heaven after her death — but it was not until 1950 that the Church proclaimed this teaching a dogma of the Church — one of the essential beliefs of the Catholic faith.

August 15 is the day that Catholics have long celebrated what is called the Dormition (falling asleep) or Assumption of the Virgin Mary. The Feast of the Assumption celebrates both the happy departure of Mary from this life by her natural death, and her assumption bodily into heaven. Along with the Feast of the Immaculate Conception (December 8th) the Assumption is a principal feast of the Blessed Virgin and a Holy Day of Obligation — one of the most important feasts of the Church year.

The idea of the assumption of Mary into heaven after her death is first expressed in narratives of the fifth and sixth centuries. Even though these were never official, they bear witness to the very early belief in a teaching of the Catholic Church which was not formally defined as a dogma (a teaching essential to the Catholic faith) until 50 years ago.

Though it was almost universally believed for more than a thousand years, the Bible contains no mention of the assumption of Mary into heaven. The first Church writer to speak of Mary’s being taken up into heaven by God is Saint Gregory of Tours (594). Other early sermons on the Feast of Mary’s entry into heaven are those of Ps.-Modestus of Jerusalem (ca. 700).

On May 1, 1946, Pope Pius XII, asked all bishops in the world whether they thought this belief in the assumption of Mary into heaven should be defined as a proposition of faith, and whether they with their clergy and people desired the definition. Almost all the bishops replied in the affirmative.

On November 1, 1950, the Feast of All Saints, Pope Pius XII declared as a dogma revealed by God that “Mary, the immaculate perpetually Virgin Mother of God, after the completion of her earthly life, was assumed body and soul into the glory of Heaven”.

We have no real knowledge of the day, year, and manner of Our Lady’s death. The dates which have been assigned to her death vary between three and fifteen years after Christ’s Ascension. Both Jerusalem and Ephesus claim to be the place where she died. (By tradition, Mary lived at Ephesus after the death of Jesus.) Mary’s tomb was presumably found in Jerusalem. It is believed that Mary died in the presence of all the Apostles, but that after her burial, her tomb, when opened, was found empty. Therefore, they concluded that her body had been taken up (assumed) into heaven.

Saint Gregory of Tour provided a rationale for the tradition, which is related to her having been preserved from original sin. He said that it is inconceivable to think Mary’s sinless body, likened to the Ark of the Covenant which was made of incorruptible wood, should decay in the grave. The text, ‘Rise thou and the ark of thy strength’ (Ps 132/1:8) was understood to mean that it was God’s will that, as Christ had ascended, so too Mary would be received into heaven.

There is an important difference, of course, between the ascension of Jesus into Heaven after His Resurrection, and the assumption of Mary. To ascend is to rise up under one’s own power; while to be assumed means something that is done to one. Jesus, being the Second Person of the Trinity, had no need of assistance; whereas Mary did not have this power. (A pastor once demonstrated this difference in an unusual way. He asked two children to come to the front of the church. He told one child to walk from one side of the sanctuary to the other; and the other child he carried across.)

According to one tradition, Mary was warned of her approaching end by Saint Michael the Archangel, who conducts souls to Heaven, and was surrounded on her death-bed by the apostles, who were miraculously transported to her bedside from their various mission-fields. It was said that Jesus appeared, bore away her soul, and returned three days after her burial, when angels carried her body to Paradise where it was reunited with her soul under the Tree of Life.

SOURCE : http://www.ucatholic.com/saints/assumption/


August 15

The Assumption of the Blessed Virgin Mary

ON this festival the church commemorates the happy departure of the Virgin Mary, and her translation into the kingdom of her Son, in which she received from him a crown of immortal glory, and a throne above all the other saints and heavenly spirits. After Christ, as the triumphant conqueror of death and hell, ascended into heaven, his blessed Mother remained at Jerusalem, persevering in prayer with the disciples, till, with them she had received the Holy Ghost. St. John, the Evangelist, to whom Christ recommended her on his cross, took her under his protection. The prelates assembled in the general council which was held at Ephesus in 431, mention as the highest prerogative of that city, that it had received a great lustre from St. John the Evangelist, and the Mother of God, saying, In which John the Theologian, and the Virgin Mother of God, the holy Mary, conversed, or rather, are honoured with churches held in special veneration. 1 Tillemont and some others conjecture from this passage, that she died at Ephesus; but others think rather at Jerusalem, where, in later ages, mention is made of her sepulchre cut in a rock at Gethsemani. 2 All agree that she lived to a very advanced age, 3 improving daily in perfect charity, and in the most heroic exercise of all other virtues. She paid the common debt of nature, none among the children of Adam being exempt from that rigorous law. But the death of the saints is rather to be called a sweet sleep than death; much more that of the queen of saints, who had been exempt from all sin.

 It is a traditionary pious belief, that the body of the Blessed Virgin was raised by God soon after her death, and assumed to glory, by a singular privilege, before the general resurrection of the dead. This is mentioned by the learned Andrew of Crete, 4 in the east in the seventh, and by St. Gregory of Tours, 5 in the west in the sixth century. It is an opinion perfectly conformable to the sentiments of piety and respect which we owe to the glorious Mother of God. This preservation from corruption, and speedy assumption to glory, was a privilege which seems justly due to that sacred body, which was never defiled by any sin, which was ever the most holy and pure temple of God, preserved from all contagion of Adam, and the common curse of mankind; to that body from which the Eternal Word received his own adorable flesh, by whose hands he was pleased to be nourished and clothed on earth, and whom he vouchsafed to obey and honour as his mother. So great was the respect and veneration of the fathers towards this most holy and most exalted of all pure creatures, that St. Epiphanius durst not affirm that she ever died, because he had never found any mention of her death, and because she might have been preserved immortal, and translated to glory without dying. 6 Much more ought piety to incline us to receive with deference a tradition so ancient and so well recommended to us as is this of the corporal assumption of the Virgin Mary; an opinion which the church so far favours as to read, from the works of St. John Damascen and St. Bernard, an account of it in the breviary as proper to edify, and excite the devotion of her children. 7 But then, that our piety may be discreet, we must imitate the moderation and cautious reserve of our holy mother the church, and not put mere opinions any way upon a level with articles of faith, or matters of divine revelation.

This solemnity, in ancient Martyrologies, is promiscuously called the assumption, passage, or repose of the Virgin Mary. Whether this assumption was of her soul only, or of both soul and body, is no part of faith. The latter is the truth, but were it not so, the object of the present festival is still the same; for, as we honour the departure of other saints out of this world, so we have great reason to rejoice and praise God on this day, when the mother of Christ entered into the possession of those joys which he had prepared for her. We ought certainly to employ this festival in pouring forth our souls before God, in most holy transports of thanksgiving for the high degree of grace and glory to which, in his infinite mercy, he has exalted her; secondly, in imitating her virtues; thirdly, in imploring his clemency and bounty through her patronage and intercession. We shall excite ourselves to these duties by considering on one side to how great a crown she is raised, and by what means she attained to it, and on the other, how powerful an advocate God hath given us in her.

The assumption of the Virgin Mary is the greatest of all the festivals which the church celebrates in her honour. It is the consummation of all the other great mysteries, by which her life was rendered most wonderful; it is the birthday of her true greatness and glory, and the crowning of all the virtues of her whole life, which we admire singly in her other festivals. It is for all these gifts conferred on her that we are on this day to praise and thank him who is the author of them; but especially for that glory with which he hath crowned her. In this we must join our homages and joy with all the blessed spirits in heaven. What must have been their exultation and triumph on this occasion! With what honour do we think God himself received his mother into his kingdom! What glory did he bestow on her whom he exalted above the highest cherubim, and placed on a throne raised above all the choirs of his blessed spirits! The seraphim, angels, and all the other glorious inhabitants of his kingdom, seeing the graces with which she was adorned, and the dazzling beauty and lustre with which she shone forth as she mounted on high from the earth, cried out in amazement: Who is she that cometh up from the desert flowing with charms and delights, leaning upon her beloved? 8 Accustomed as they were to the wonders of heaven, in which God displayeth the magnificence of his power and greatness, they are, nevertheless, astonished to behold the glory of Mary; and much more so, to see the earth which had been loaded with maledictions, and covered with monsters of abomination and horror, now produce so great a treasure, and send to them so rich a present. They pronounce it blessed for having given her birth; but their heaven much more so in now receiving her for eternity.

But ought we not rather to stop our inquiries in silent raptures of admiration and praise, than presume to pursue them in an object which is the astonishment of the highest angels? This made St. Bernard say on this subject: 9 “Nothing more delights me, yet nothing terrifies me more than to discourse of the glory of the Virgin Mary.” It is presumption to offer to dive into God’s secret mysteries, by pretending to fathom or measure the degree of bliss to which she is raised. Let it then suffice that we know her honour now is proportioned to the incomprehensible dignity of Mother of God which she bears, and to the transcendent degree of grace and merits which she possessed on earth, and which she had never ceased to increase every moment of her life. We extol her incomparable dignity in being the mother of her Creator; a dignity which no mortal tongue can express; but we may confidently say that the glory with which Christ received her in heaven is no less above the reach of our understanding. Martha was highly favoured when she had the honour to harbour Jesus under her roof; the history of which is read in the gospel of this festival. But that was only an emblem or shadow of the happiness of the Virgin Mary, who not only received her Creator into her house, but conceived and bore him in her womb. Yet this so high a dignity only met with its recompense in the happiness to which she was admitted on this day, on which she was received by him in his glory, as she had harboured him on earth in her womb and under her roof. He who rewards so richly those who for his sake serve or relieve the least of his members on earth, though they should only give them a cup of cold water, displays his liberality with the utmost profusion of great gifts in favour of a mother the most faithful to his graces, the most fervent in his love, and the most constant in his service. He remembers the affection, piety, and fervour with which she sanctified herself before she conceived him, and during the remainder of her life; with which she bore him in her womb, cherished and served him in his mortal body upon earth, and suffered with him, by compassion, on Mount Calvary; and now he repays her by the honour with which he receives and crowns her. This he does in a manner so much the more wonderful, as he is infinite in power, love, and goodness, and as his ways are infinitely exalted above those of creatures. Moreover, his own honour is here interested that he should glorify one that stands in so near a relation to himself, and that he should exalt his mother by the gifts of his glory as he enriched her with his most extraordinary graces when he first chose her to that dignity.

She is said to be clothed with the sun—that is, with a glory transcending that of the other blessed, as the brightness of the sun surpasseth the stars; it is added, that the moon is placed under her feet. “Of this heavenly queen,” says St. Francis of Sales, 10 “from my heart I proclaim this loving and true thought. The angels and saints are only compared to stars, and the first of those to the fairest of these. But she is fair as the moon, as easily to be discerned from the other saints as the sun is from the stars.” She receives a crown not like those of other saints, but of twelve stars. 11 If she rejoice exceedingly in her own bliss, much more will she overflow with joy in the glory of her divine Son. What a singular pleasure must she feel to behold him whom she had with so much solicitude ministered to, so affectionately attended, and so grievously mourned for, now placed on the throne of his majesty, resplendent with the glory of the divinity, and proclaimed every where the Lord of all things! What raptures of love and joy must transport her soul at this sight! And with what tenderness does he address, and say to her: “You ministered to me far above all others in my state of humiliation; and I will minister to you more abundantly than to any other in my glory. I received from you my humanity, and I will bestow on you the riches of my immortality.” The devil, beholding her exaltation, swells with rage to see his seduction of the first Eve become an occasion of so great a dignity and glory to Mary. All the holy choirs of heaven contemplating her exaltation, praise the mercies and gifts of God in her. We on earth are bound, on many accounts, to join them in the duty of thanksgiving and joy.

Whilst we contemplate the glory to which Mary is raised by her triumph on this day, in profound sentiments of veneration, astonishment, and praise, we ought, for our own advantage, to consider by what means she arrived at this sublime degree of honour and happiness, that we may walk in her steps. That she should be the mother of her Creator was the most wonderful miracle, and the highest dignity; yet it was not properly this that God crowned in her, as Christ himself assures us. 12 So near a relation to God was to be adorned with the greatest graces; and Mary’s fidelity to them was the measure of her glory. It was her virtue that God considered in the recompense he bestowed upon her; herein he regarded her charity, her profound humility, her purity, her patience, her meekness, holy zeal, and ardour in paying to God the most perfect homage of adoration, love, praise, and thanksgiving. Charity, or the love of God, is the queen and the most excellent of all virtues; it is also their form, or soul; because no other virtue can be meritorious of eternal life, unless it be animated, and proceed from the motive of holy charity. In this consists the perfection of all true sanctity. Mary surpassed all others in sanctity in proportion as she excelled them in the most pure, most ardent, and most perfect charity. This virtue she exercised and improved continually in her soul, by the ardour with which she served Christ both in person and in his members, the poor; by the most constant and perfect obedience to the divine law in all things; by the most entire resignation and sacrifice of herself to God’s will; the most invincible patience and meekness, and by all other virtues; especially assiduous acts of adoration, hope, praise, thanksgiving, supplication, and the like parts of prayer, in which she employed her holy soul with all her affections. But if charity was the perfection of her eminent sanctity, its groundwork was her sincere and most profound humility. This was the source of her transcendent charity, and of all her other virtues, by drawing from heaven those graces into her soul. This chiefly attracted God from the seat of his glory into her chaste womb; the same raised her to the highest throne among the blessed. Yes; the assumption of Mary in glory was only the triumph of her humility. Hereof we have the most authentic assurance. 13 She was exalted in virtue, dignity, and glory above all other pure or mere creatures, because she was of all others the most humble. Therefore did charity and every other virtue shoot so deep roots in her heart, and raise their head like a palm-tree in Cades, and is like a cedar on Libanus; spreading their shade like a cypress-tree on mount Sion, and diffusing their sweet odour as a rose-plant in Jericho, like cinnamon and aromatic balm, and like the best myrrh. 14 Therefore she ascends so high, because in her own sentiments of herself she was so lowly.

Meekness and patience are the sister-virtues and inseparable companions of humility. By these was Mary to purchase her great crown; and to furnish her with occasions for the most perfect exercise of these and all other virtues in the most heroic degree, God was pleased to visit her with the sharpest trials. Though she was the mother of God, never defiled with the least stain of sin, and by a singular privilege of grace free from concupiscence, yet she was not exempted from the cross of her Son. Nay, how much nearer a relation she bore to him, and how much dearer and more precious she was in his sight, so much a larger portion of his cup did he present to her above his other saints. Though she had no sins to satisfy for, yet her virtue was to be exercised and improved by trials, and the highest degree of glory was prepared for her, by so much the more severe crosses was it to be earned. Besides these reasons for suffering, we who are criminal sinners have immense debts to cancel, an unruly concupiscence to keep under, and a fund of inordinate self-love to fight against and subdue. Yet we would live without mortification and suffering, and are inclined to murmur at what ought to be the subject of our joy and ambition. God was pleased to conduct his mother through hard and rigorous ways in virtue, that her example might be a model and consolation to us under interior trials. They are painful to nature, but the ordinary exercise of heroic souls in pure and perfect love. Consolations, even those that are spiritual, are rather supports of our weakness than the test and school of solid virtue; the character of which is to suffer with patience and constancy. The path of prosperity, if uninterrupted, exposes souls to much illusion; in it many are filled only with self-love whilst they flatter themselves they are walking with God, and reaping the fruits of virtue. The road of privations is the most secure as well as most fruitful in heroic virtues. Certainly nothing can be more sublime, or better for us, seeing God had nothing greater for his mother. This consideration suffices alone to fill us with comfort and joy under all afflictions, that in them we are in good company, even with Christ himself, with his blessed mother, and his saints, who have all walked in this path before us, carrying their heavy crosses, which were the sources of their greatest blessings.

Let us consider a little the life of Mary. What must she have suffered from the hardships of poverty, the alarming persecution of Herod, the banishment into Egypt, living after her return in a kind of exile for fear of Archelaus! Under these, and many like circumstances, we may easily imagine what continual crosses she had to bear together with her divine infant. What must she feel to see him in want, suffering cold and all other inconveniences! What, when she lost him in the temple, and saw him exposed to hardships and ill treatment on other occasions! He was persecuted and reviled by the Pharisees and others, his meekness despised, and his most holy doctrine contradicted. It was also a continual affliction to her tender heart, always full of zeal for the honour of God, and of charity for men, to see the whole world filled with sins, blasphemies against so good a God, scandals, abuses, and wrecks of souls. But what was her grief to see her most amiable and divine Son in his sacred passion, covered with ignominies, overwhelmed with the blackest calumnies, bound, scourged, crowned with thorns, and dying on a cross! How sharp a sword of most bitter grief must have then pierced the soul of this mother of sorrows! After her divine son had left the earth, how earnest were her sighs to be united to him in glory! How bitter must the prolongation of her banishment amidst the sins of the world have been to her, whose burning charity surpassed that of all other saints! Only patience, meekness, submission to the will of God, entire confidence in him, and the assiduous exercise of prayer and divine love were her support, her comfort, and the rich harvest which she reaped from her sufferings. The weight and duration of these crosses, and the great virtues which she practised under them, are the measure of that height of glory to which she is exalted. We see the means by which Mary mounted to the happiness which she now enjoys. No other way is open to us. The same path which conducted her to glory will also lead us thither; we shall be partners in her reward, if we copy her virtues. Her example is both our model and our encouragement. From her assumption we derive another great advantage, that of her patronage. Mary crowned in heaven is an advocate with her Son in favour of us sinners

The prayers of the holy Virgin Mary, whilst she lived on earth, were certainly of great efficacy; much more than those of Abraham, Job, or Elias. Now raised to a state of bliss she cannot have lost the power to intercede with God for us; this on the contrary must be much greater as she is now seated near the throne of mercy. If the angels who are before the throne of God offer our prayers to him, and pray themselves for us; if the saints in glory employ their intercession in our favour, shall not the most holy mother of God be able to do the same office for us? Can any be so bold as to pretend, either that she is not willing, or that she cannot exert her charity in our behalf? That she is most ready and desirous, no one can doubt, seeing that, among all pure creatures, there never was any zeal or charity equal to hers who bore charity itself in her womb. She received from him that zeal for the glory of God, and those bowels of tenderness and compassion for the souls of poor sinners, which surpassed those of all angels and men. Now she beholds the divine essence, and is made all love by being transformed in glory, and united to him who is love itself; now she sees all that can inflame her charity, in our miseries, in God’s goodness, and in the glory which will redound to him from our salvation, can she forget us? No, certainly. With her zeal for the divine honour, and her charity for poor sinners, her compassion for us must be much increased. Nor can she have less power and credit with her Son; but the more she is honoured by him, the more prevalent must her intercession be. If Esther could prevail with Assuerus in favour of her nation; if the Thecuit could move David to show mercy to Absalom; if Judith could save her people by her prayers; if the saints both on earth and reigning with Christ in heaven could often avert the divine vengeance, and work wonders, what shall we not be able to obtain through the intercession of Mary! As St. Bonaventure 15 repeats from St. Bernard: “You have secure access to God where you have the Mother addressing the Son, and the Son before the Father in your behalf. She shows to her Son in your favour the breasts which gave him suck, and the Son presents to the Father his wounds and open side.”

 The constant doctrine and tradition of the church, through all ages, renders us secure in the practice of invoking this holy Virgin. 16 The Protestant century-writers of Magdeburg trace it for us as high as the second century, and charge St. Irenæus with teaching it in the same manner that the Catholic church does at this day. This is their remark upon those words of that great and primitive doctor: “The Virgin Mary is made the advocate of Eve,” that is, for men upon whom their first mother entailed a curse. 17 St. Irenæus is one of the first in the list of the fathers; and this holy and wholesome devotion he learned from his masters, St. Polycarp and other immediate disciples of the apostles; and the same has been delivered down by the pastors of the church with the whole sacred deposit of our faith, without changing one iota; for its faith is always the same and unalterable. This is easy to prove with regard to the present point from the clear testimonies of ancient venerable fathers. But it would be superfluous and tedious to load a discourse with the quotations of all those writers who are, in every age, vouchers of this article of the Catholic faith, and witnesses of the homages which the church, instructed by the Holy Ghost, has never failed to pay to the glorious Mother of God. It is confirmed from the watchful attention with which the church has condemned all errors that have been broached contrary to it.

 St. Epiphanius informs us, 18 that in the fourth age, among the Apollinarists sprung up in Arabia the heretics called Antidicomarianitæ, or adversaries of Mary, who affirmed that she had not remained a virgin, and that after the birth of Christ she had children by St. Joseph. He tells us, 19 that there arose at the same time, and in the same country, another heresy quite contrary to the former, the professors of which were called Collyridians, from certain cakes, called in Greek Collyrides, which they offered to the Virgin Mary, honouring her with sacrifices as a kind of divinity, and thus changing piety and devotion into superstition and idolatry. St. Epiphanius discoursing against this heresy, concludes that Mary ought to be honoured, but God alone adored. This error was immediately crushed by the authority of the church; but it shows that the faithful then paid solemn devotion to this queen of heaven, which some ignorant people took occasion impiously to pervert. Likewise when Nestorius blasphemously denied to the Virgin Mary the title and dignity of Mother of God, this heresy but awakened the piety of the faithful, and the error, as it always happens, served to establish the truth with greater lustre by the decisions of councils, and the most authentic public monuments and writings of the fathers, full of devotion and the strongest addresses to this glorious advocate of sinners, as may be seen in several works of St. Cyril of Alexandria against Nestorius, in the discourses of St. Proclus on the Virgin Mary against the same heresiarch, and others.

The fathers moreover encourage us to place a confidence in her holy patronage, by frequent miraculous instances which they have recorded. St. Gregory of Nyssa tells us, 20 that the Blessed Virgin and St. John Evangelist, in a vision, delivered to St. Gregory Thaumaturgus, in the year 244, a creed which afterwards preserved the church of Neocæsarea from the Arian heresy. St. Gregory Nazianzen relates, 21 that the holy virgin and martyr Justina, in the reign of Dioclesian, besought the Virgin Mary to assist her against infamous tempters, and the magical charms of Cyprian, and was wonderfully succoured, Cyprian himself being converted, and becoming a glorious martyr. St. Sophronius and John Moschus in the Spiritual Meadow, 22 mention a certain merchant of Alexandria, who setting out on a voyage to Constantinople, recommended his wife and little daughter to “our Lady the holy Mother of God;” and by her patronage they were both miraculously preserved during his absence from being robbed and murdered. Many other such instances might be gathered from the writings of the most holy and illustrious fathers of the church, than which nothing can more clearly prove what were their sentiments and practice, and those of the whole church from the earliest times, with regard to this devotion to the Mother of God. We are encouraged to be fervent in this great means of mercy by the experience of her powerful intercession, confirmed by illustrious examples. “Let him cease to extol thy clemency, O holy Virgin,” cries out her devout client St. Bernard, 23 “who ever invoked thy aid in his necessities, and found it to fail him.” Hence, not only the Cistercian, but many other religious Orders, and numberless pious confraternities have solemnly put themselves under the special patronage of the Mother of God; and many kingdoms have done the same, as Hungary by the devotion of St. Stephen, and France by the vow of Lewis XIII. in 1638, in memory of which an annual most solemn procession is performed in all parts of that kingdom on this festival of the assumption. The church strongly recommends to us this wholesome devotion by establishing so many feasts in honour of this holy virgin. This of her assumption was celebrated with the utmost solemnity at Jerusalem in the fifth and sixth ages, as appears from the life of St. Theodosius. 24 St. Proclus, on this day of her festival in 428, delivered his famous sermon against Nestorius, in his presence, proving the Virgin Mary to be the Mother of God. We find churches dedicated to God in her honour in all parts of the Christian world, as soon as that liberty was allowed under the first Christian emperors. The great church of Ephesus bore her name when the general council was assembled in it against Nestorius in 431. St. Mary Major was built in Rome in the time of Pope Liberius, and consecrated by Sixtus III. about the year 433, as is proved by the Bollandists. 25 Theodorus Lector 26 mentions that the empress Pulcheria built two churches in her honour at Constantinople. About the same time one was built at Jerusalem by St. Sabas, &c.

The voice of the church, the example of so many eminent saints, and the most powerful motives of religion, recommend to us a singular devotion to the glorious Mother of God. St. Teresa, in her childhood, grieving for the loss of her mother, cast herself on her knees before a picture of the Blessed Virgin, beseeching her with many tears to take her under her special patronage, and to be to her a tender mother and tutoress. 27 In like manner we may, by a solemn dedication of ourselves to God under the patronage of the Virgin Mary, choose her for our principal advocate with him, and commend ourselves most earnestly to her intercession. This recommendation of ourselves to her we may renew in our morning and night devotions, and in a more solemn manner on all her festivals; imploring, moreover, her intercession in all temptations, and necessities, spiritual or corporal. Base and unworthy sinners as we are, can we do better than strengthen our prayers by the joint intercession of such an advocate, and by invoking her as our secure refuge? St. Bernard 28 puts into our mouths the following address to her: “O blessed finder of grace, mother of life, mother of salvation, may we through you have access to your Son, and that he who was given us through you, may receive us through you. May your integrity and innocence excuse before him the stain of our corruption; may your humility, so agreeable to God, obtain the pardon of our vanity; may your abundant charity cover the multitude of our sins, and your glorious fruitfulness supply our indigence of merits. Our lady, our mediatrix, our advocate, reconcile us to your Son, commend us to your Son, present us to your Son. By the grace with which you are honoured, by the mercy which you have brought forth, obtain that he who through you put on our weakness, may through you make us partakers of his bliss and glory.” But to obtain the protection of the Mother of God, we must not content ourselves to implore it barely in words, but must do this also with our hearts, and with a sincere desire of serving God with fervour. To be devout to the Mother we must copy her virtues, and live faithful to the holy law of her Son. She is the refuge of sinners; but of such as sue for pardon with sincere repentance; not of those who wilfully continue to crucify her Son. She detests the false confidence of such, and can never countenance their presumption and impiety. An imitation of her virtues and spirit is the most solid proof of a true devotion to her, and the means to honour her, and to recommend our petitions through her to her divine Son.

Note 1. Con. t. 3, pp. 5, 73. [back]

Note 2. That St. John the Evangelist retired to Ephesus in his old age is manifest from incontestable monuments of history. It is reasonable to be presumed that he carried with him some memorials of this dear and blessed person. Some think she went with him thither, and died at Ephesus. But it seems more probable that she died at Jerusalem. St. Willibald, who flourished in 740, in his voyage to Jerusalem, was shown the tomb of the Blessed Virgin, which was empty, in the valley of Josaphat, at the foot of Mount Olivet. (Apud. Canis. t. 2, p. 102, ed Basnagii.) Adamnan, the Irish monk, who visited Palestine in the close of the seventh century, (in Itiner. ap. Mab. Sæc. 3, Bened. par. 2, l. 1, c. 9,) and Bede (De locis Sanct. p. 502,) mention it in the same place. Among the Greeks, Andrew of Crete, who lived in the seventh and eighth ages, says the Blessed Virgin lived upon Mount Sion at Jerusalem, and died there. (Or. in Dormit. B. M.) St. Germanus, patriarch of Constantinople, who died in 730, affirms, that she died at Jerusalem. (Or. in Dormit. Deiparæ, pp. 1450, 1462.) The Armenians (Conc. Armen. in 1342, ap. Martenne, t. 8, Vet. Scrip. p. 351.) and the Muscovites agree that she was buried at Gethsemani. Gregory Barebræus, the Nestorian, (ap. Jos. Assemani Bibl. Orient. t. 3, par. 1, p. 318,) and some others, who say she accompanied St. John to Ephesus, seem to have grounded their opinion only on conjecture. St. John probably staid in Judæa and that neighbourhood till after her death, and seems not to have come to Ephesus before SS. Peter and Paul had left the East, or even before their martyrdom. St. Paul established St. Timothy bishop of Ephesus in 64, and in his second epistle to that disciple, during his last imprisonment, (in which he invites him to come from Ephesus to Rome,) takes no notice of St. John being at Ephesus. The Blessed Virgin must have been sixty-one or sixty-three years old, at least twenty years before that time. See the Fr. Comm. on the Bible. an. 1750. Diss. sur le Trépas de la Ste. Vierge, t. 12, p. 59. [back]

Note 3. See Suarez Tr. de Mysteriis B. V. Mariæ. [back]

Note 4. Or. 2, de laudibus Assumptæ Virg. p. 132; also by German. patriarch of Constantinople, Or. 1, de Dormit. Deiparæ, &c. [back]

Note 5. L. de Glor. Mart. c. 4; also St. Ildefonse, Serm. 6, de Assumptione; and the old Gallican or Gothic Missal, published by Card. Thomasius, and by Mabillon. See Card. Lambertini, (afterwards Pope Ben. XIV.) Comment. de D. N. J. Christi Matrisque ejus Festis, par. 2, c. 112, p. 100. [back]

Note 6. St. Epiph. hær. 78, c. 11 and 23, pp. 1034, 1035. [back]

Note 7. The history of many circumstances relating to the assumption of the Blessed Virgin, falsely ascribed to Melito of Sardis, is rejected by the whole world as an invention of some unknown Greek author, about the sixth century. But that her body was assumed to glory soon after her death is the constant opinion in the Latin, and in all the Oriental churches. See the old English Martyrology, p. 656, and many others, published by Solier the Bollandist, (t. 7, Junii,) others by Martenne. (Anec. t. 3, pp. 1559, 1568, et t. 5, p. 76; also Collect. Vet. Script. t. 6, p. 656.) Likewise the liturgies of the Visigoths and Franks, used before the reign of Charlemagne. (Ap. Mabillon, pp. 212, 213, et ap. Thomas, pp. 291, 292.) Consult Le Quien (in Op. S. Jo. Damasc. p. 857,) and Florentinius. (Ad 15 Aug. and 18 Jan.) The corporal assumption of the Mother of God is well proved by the anonymous author of the dissertation on this subject against Launoy, under the name of the Advocate; and by Claude Joli, precentor of the metropolitan church of Paris. (De Verbis Martyrol. Usuardi.) But that this historical tradition and pious belief or opinion is no article of faith, is proved by Baronius. Not. in Martyr. Melchior Cano, l. 12, de Locis Theol. c. 10; Suarez, 3, p. q. 37, art. 4, disp. 21, sect. 2; Theophilus Raynaudus in Dypticis Marianis, t. 7. Op. p. 220; Thomassin, Tr. des Fêtes, l. 2, c. 20; Nat. Alex. Hist. sæc. 2, c. 4, in Addit. ad Censor. Card. Gotti, t. 4, de Verit. Relig. Christian. c. 41; Benedict XIV. loc. cit. c. 115, et t. 1, de Canoniz. Sanctor. l. 1, c. 42, n. 15; Bourdeloue, Serm.

This feast of the assumption of the Blessed Virgin Mary is mentioned as celebrated with great solemnity before the sixth age, both in the Latin and Greek Church, as appears from the most ancient Sacramentaries extant, with complete calendars, before the time of Pope Sergius, as is clear from the pontifical; and before the reign of the Emperor Mauritius, as is gathered from Nicephorus, l. 17, c. 28. See Baron. Annot. in Martyr.; Mabillon in Liturg, Gallic. l. 2, p. 118; Pagi in Brev. Gest. Rom. Pontif. in Sergio, n. 26; Martenne de Ant. Eccl. discipl. in div. offic. celebr. c. 33, n. 25; Thomassin, &c. It is called by the Greeks [Greek], or Translatio; by the Latins, Dormitio, Pausatio, Transitus, Assumptio; by the Muscovites Uspenie, i. e. Dormitio. See Falconius, archbishop of San-Severino, Comm. in Tabulas Ruthenas Cappomanis, p. 126, Romæ, 1755. And Jos. Assemani, Comm. in Calend. Univ. ad 15 Aug. Romæ, 1766. The Emperor Constantine Porphyrogenetta (l. 2, de Cæremoniis Aulæ Constantinopl. c. 29, p. 312, ed. Leips. 1754,) describes the solemn procession made by the court and clergy at Constantinople, on the great festival of the repose of the Blessed Virgin Mary. The emperor himself often passed the vigil watching all the night in the great church of our Lady at Blachernæ on the coast some miles below Constantinople, whither he went in great state attended by his court, either by land or in a yacht.

  Benedict XIV. (c. 120,) shows these terms, death, repose, passage, &c., to coincide with the word assumption; and this last to have been sometimes used of other saints, as St. Gregory of Tours mentions the assumption of St. Avitus of Vienne. (l. de Glor. Confess. c. 49, &c.) Thomassin proves this promiscuous use of the word assumption from Beleth, an eminent theologian at Paris, in 1200. (Rationale Div. Offic. c. 4 et 146.) See Thomassin, Tr. des Fêtes, l. 2, c. 20, n. 17. [back]

Note 8. Cant. viii. 5. [back]

Note 9. Serm. 4, de Assumpt. [back]

Note 10. L. 3, On the Love of God, c. 8. [back]

Note 11. Apoc. xii. 1. [back]

Note 12. Luke xi. 28; Matt. xii. 50. [back

Note 13. Luke i. 48. [back]

Note 14. Ecclus. xxiv. [back]

Note 15. S. Bonav. Solil. fol. 60. [back]

Note 16. “Quod ab illâ (viz. Ecclesiâ) didici securus teneo.” St. Bernard. [back]

Note 17. S. Iren. l. 5, c. 21, (ol. 19,) p. 352. [back]

Note 18. Hær. 77, n. 26, et hær. 78. [back]

Note 19. S. Epiph. hær. 79. [back]

Note 20. S. Gr. Nyss. t. 3, p. 543. [back]

Note 21. Or. 18, pp. 279, 280. [back]

Note 22. Prat. Spirit. c. 75. [back]

Note 23. S. Bern. Serm. 4, de Assumpt. [back]

Note 24. In Bollandus ad 11 Jan. n. 31. [back]

Note 25. Ad Martii 28, p. 716, c. 9. [back]

Note 26. Pages 552, 563. [back]

Note 27. Her own Life, ch. 1. [back]

Note 28. S. Bern. Serm. 2, in Adv. n. 5, p. 723. [back]

Rev. Alban Butler (1711–73).  Volume VIII: August. The Lives of the Saints.  1866.

SOURCE : http://www.bartleby.com/210/8/151.html

Titian  (1490–1576), Assumption of Mary, 1516-1518, 668 x 344, Santa Maria Gloriosa dei Frari, VeniceItaly

Tiziano VecellioAssunzione di Maria Vergine (1516 - 1518), olio su tavola; Venezia, Basilica di Santa Maria Gloriosa dei Frari


Assunzione della Beata Vergine Maria

15 agosto

L'Immacolata Vergine, preservata immune da ogni colpa originale, finito il corso della sua vita, fu assunta alla celeste gloria in anima e corpo e dal Signore esaltata quale regina dell'universo, perché fosse più pienamente conforme al Figlio suo, Signore dei dominanti e vincitore del peccato e della morte'. (Conc. Vat. II, 'Lumen gentium', 59). L'Assunta è primizia della Chiesa celeste e segno di consolazione e di sicura speranza per la chiesa pellegrina. La 'dormitio Virginis' e l'assunzione, in Oriente e in Occidente, sono fra le più antiche feste mariane. Questa antica testimonianza liturgica fu esplicitata e solennemente proclamata con la definizione dommatica di Pio XII nel 1950. (Mess. Rom.)

Martirologio Romano: Solennità dell’Assunzione della beata Vergine Maria, Madre di Dio e Signore nostro Gesù Cristo, che, completato il corso della sua vita terrena, fu assunta anima e corpo nella gloria celeste. Questa verità di fede ricevuta dalla tradizione della Chiesa fu solennemente definita dal papa Pio XII. 

Definizione

Nell’etere del 1° novembre 1950 sono state diffuse le solenni e autorevoli parole della definizione dogmatica pronunciate da Pio XII: “L’immacolata Madre di Dio sempre vergine Maria, terminato il corso della vita terrena, fu assunta alla gloria celeste in anima e corpo”. In ordine di tempo, è l’ultimo dogma definito della Chiesa cattolica, quasi un secolo dopo quello dell’Immacolata Concezione, proclamato da Pio IX l’8 dicembre 1854.

La breve e solenne proposizione dogmatica racchiude insieme le tre verità più importanti della Chiesa cattolica circa la Vergine Maria: Immacolata fin dalla sua concezione; Madre di Dio nella sua missione salvifica; e Assunta in cielo nella sua predestinazione finale accanto a Cristo, primizia della Chiesa. Con questa definizione, Pio XII riconosce il valore prezioso della costante fede del popolo di Dio, o sensus fidelium, nell’assunzione gloriosa della Madre di Dio nei Cieli. Una credenza da sempre presente nella tradizione cristiana, espressa sia nella pietà popolare che nella vita liturgica, sia nei padri che nei teologi, sia nel consenso unanime dell’Episcopato che nel dato rivelato sulla divina Maternità e sull’Immacolata Concezione della Vergine Maria. Il pronunciamento del Sommo Pontefice, infatti, corona una credenza da tempo universalmente professata dal popolo di Dio nel suo insieme.

Sviluppo storico 

Contrariamente al pensare comune, le definizioni dogmatiche, più che essere delle imposizioni dall’alto che piovono sui credenti, sono, invece, riconoscimenti e ufficializzazioni di credenze e tradizioni già diffuse nel seno della comunità della Chiesa. Spesso, nella storia, sono state proclamate delle verità non per affermare qualcosa di nuovo nel campo della fede, ma semplicemente per difendere una tradizione già esistente da attacchi contrari alla stessa fede. Così, ad esempio, la definizione circa la divinità di Cristo, che il Concilio di Nicea, nel 325, ha definito e affermato contro gli attacchi dell’arianesimo; lo stesso avvenne per il concilio di Efeso, nel 431, che proclamò Maria Madre di Dio, contro il nestorianesimo. 

Per quanto riguarda l’Assunzione, l’antica tradizione, unanimemente accettata da parte della Chiesa cattolica, non necessitava di nessuna difesa, e quindi la relativa proclamazione del dogma si è lentamente precisata e maturata fino al momento storico, ritenuto come favorevole e prestabilito dalla provvidenza divina, per proclamare solennemente questo privilegio di Maria Vergine. Certo, le occasioni storiche hanno la loro importanza, se interpretate nella prospettiva del disegno generale di Dio e saggiamente intuite dalla competente autorità e pronunciarsi solennemente. Nella definizione dell’Assunzione di Maria al cielo, non sono da sottovalutare la posizione puntuale per difendere o, meglio, per rendere più ferma e più operosa la fede del popolo di Dio nella risurrezione dei corpi dal galoppante materialismo e dal secolarismo imperante del XX secolo.

La stessa proclamazione, in sé stessa considerata, ha reso completo il grande mistero della Donna biblica, Predestinata insieme al Cristo Gesù in modo assoluto e indipendente con l’unico e medesimo atto di volontà di Dio, prima della creazione e prima della seconda venuta dello stesso Cristo alla fine del tempo, per estendere l’eterno presente dell’eternità, unica misura della divinità e di chi partecipa di essa.

Le origini

Quanto allo sviluppo storico della festa dell’Assunzione, le prime testimonianze risalgono già verso la fine del secolo IV e l’inizio del V secolo, come documentano gli scritti specialmente di sant’Efrem il Siro († 373) e di sant’Epifanio di Salamina († 403). Questi, nel suo Panarion, circa la morte di Maria, enuncia tre ipotesi possibili e sostenute, all’epoca, da autori diversi: Maria non è morta, ma è stata trasferita da Dio in un luogo migliore; Maria è morta martire; Maria è morta di morte naturale. Egli non sa scegliere con sicurezza fra le tre ipotesi, poiché “nessuno ha conosciuto la sua fine”, ma pensa che in ogni modo la fine di Maria deve essere stata gloriosa e degna di lei. 

La testimonianza di Epifanio, comunque, assicura che nella Chiesa, alla fine del V secolo, non esisteva ancora una tradizione precisa, né di carattere storico, né di carattere dogmatico, circa la morte di Maria. E la stessa terminologia delle primitive testimonianze è legata probabilmente alla festa in onore della Dormitio Mariae, in ricordo, forse, della chiesa costruita e dedicata in suo onore sul monte Sion (in Gerusalemme) all’inizio del V dai cristiani Bizantini. 

Dopo Epifanio, i primi testimoni sulla Dormitio Mariae sono gli scritti apocrifi. Quelli più conosciuti sono circa una ventina. Hanno origini differenti e appartengono a diverse famiglie: i più antichi sembrano quelli siri egiziani e greci. Non ci si può attendere nulla di sicuro da essi dal punto di vista storico; rappresentano, invece, chiaramente la reazione della fede popolare nei secoli V e VI, alla domanda circa il transito di Maria. Pensiero comune a tutti gli apocrifi è che il corpo di Maria non può essere andato soggetto alla corruzione del sepolcro.

Un’evoluzione analoga presentano i testi del culto liturgico. Le origini della festa dell’Assunzione si trovano in Oriente, nella metà del VI sec., come risulta dalla narrazione dei pellegrini che hanno visitato Gerusalemme in quegli anni. Verso la fine del VII, l’imperatore Maurizio estende la festa a tutte le regioni dell’Impero, fissandola al 15 agosto. In Occidente, i primi segni di una festa “in memoria” della Vergine appaiono nel VI secolo, precisamente nella Gallia, dove viene celebrata il 18 gennaio sotto il titolo di Depositio Sanctae Mariae. 

A Roma la celebrazione della festa dell’Assunzione viene introdotta nel VII secolo da papa Sergio I, assieme ad altre feste mariane: la Purificazione, l’Annunciazione e la Natività; e ben presto diviene anche la più importante di tutte, conservando fin dalle origini sia il nome sia il significato attuali. Da Roma poi si estende rapidamente, durante i secoli VIII e IX, a tutto l’Occidente, anche nella Gallia, precisando il contenuto e stabilendo la data della festa al 15 di agosto.

In Oriente, gli autori nel spiegare e giustificare la festa dell’Assunzione si richiamano facilmente agli apocrifi, e alle ragioni desunte dalla mariologia generale: la consacrazione del corpo di Maria mediante la maternità divina, l’onore dovuto dal Figlio alla Madre, l’unione effettiva tra la Madre e il Figlio, la concezione e la nascita verginale del Figlio, l’onore di Maria come Nuova Eva. 

In Occidente, invece, lo sviluppo dottrinale fu molto più lento. Nonostante la chiara indicazione del culto liturgico, molti autori, dal VII al IX secolo, si esprimono in modo dubbioso. Uno scrittore anonimo del IX secolo afferma: “è meglio lasciare tutto a Dio, al quale nulla è impossibile, piuttosto che definire temerariamente di nostra autorità ciò che non possiamo provare”. E un altro, del X sec., è di opinione opposta e dice che, non essendovi una trattazione sicura circa l’Assunzione di Maria, occorre esaminare con la ragione quale sia la verità, così che “la verità faccia da autorità”. La ragione fondamentale è la grazia e la dignità singolare con cui Dio ha onorato Maria.

Il contributo della Teologia

Grande impulso la dottrina dell’Assunzione riceve dai teologi della Scolastica, specialmente da quelli della Scuola francescana, come è documentato dalla stessa Costituzione dogmatica Munificentissimus Deus. Così per esempio, oltre alle esplicite affermazioni positive e favorevoli di sant’Alberto Magno, si distinguono tra i francescani sant’Antonio di Padova, san Bonaventura da Bagnoregio e san Bernardino da Siena. Nel II sermone della festa dell’Assunzione, sant’Antonio, commentando le parole d’Isaia: Glorificherò il luogo dove posano i miei piedi (Is 60, 13), afferma con sicurezza: “Il luogo dove il Signore pose i suoi piedi fu la beata Vergine dalla quale prese l’umanità. Questo luogo è stato dal Signore glorificato, esaltando Maria al di sopra dei cori angelici. Da ciò è manifesto che la Vergine fu assunta in cielo anche con il corpo, che fu il luogo dove pose i piedi il Signore. A questo mistero alludeva il Salmista, quando cantava: Alzati, Signore verso il luogo del tuo riposo, tu e l’arca della tua potenza (Sal 132, 8). Il Signore è risorto quando ascese alla destra dl Padre; è risorta anche l’Arca [Maria], dove egli ha riposato, quando la Vergine Madre fu assunta al talamo celeste” (Assunzione della Beata Vergine Maria, sermo II, 142).

Dello stesso parere è anche san Bonaventura, il quale ritiene assolutamente certo che, come Dio preservò Maria santissima dalla violazione del pudore e dell’integrità verginale nella concezione e nel parto, così non ha permesso che il suo corpo si disfacesse in putredine e cenere. Scrive: “La gloriosa Vergine Maria, come nella sua vita e nella sua concezione (del Verbo) non soggiacque alla corruzione della concupiscenza attuale, così anche spirando e nella sua morte non soggiacque alla corruzione del suo corpo” (De Nativitate B. Mariae Virginis, sermo 5). Interpretando, poi, e applicando in senso accomodatizio alla beata Vergine le parole del Cantico dei Cantici: Chi è costei che sale dal deserto, ricolma di delizie, appoggiata al suo diletto? (Ct 8, 5), così ragiona: “E così si può constare che Maria è ivi (in Cielo) corporalmente. La beatitudine, infatti, non sarebbe consumata (ossia di massima pienezza), se ivi non vi fosse di persona; e poiché la persona non è soltanto l’anima, ma l’intero composto umano, è chiaro che ivi è presente nel composto, cioè in corpo e anima, altrimenti non potrebbe essere consumata la fruizione o godimento beatifico” (De Assumptione B. Mariae Virginis, sermo 1).

Nel secolo XV, san Bernardino, riassumendo e trattando con diligenza tutto ciò che i teologi della Scolastica avevano detto e discusso sull’Assunzione, aggiunge altre considerazioni. Specialmente insiste sulla stretta somiglianza della divina Madre col Figlio divino, quanto alla nobiltà e dignità dell’anima e del corpo: per cui non si può pensare che la celeste Regina sia separata dal Re dei cieli. Anzi esige apertamente che “Maria non debba essere se non dov’è Cristo; inoltre è ragionevole e conveniente che si trovino già glorificati in cielo l’anima e il corpo, come dell’uomo, così anche della donna; infine il fatto che la Chiesa non ha mai cercato e proposto alla venerazione dei fedeli le reliquie corporee della beata Vergine, fornisce un argomento che si può dire quasi una riprova sensibile” (In Assumptione B. M. Virginis, sermo 2). 

A partire dalla seconda metà del XV secolo, cioè dopo san Bernardino, la dottrina dell’Assunzione, chiaramente contenuta nella festa liturgica e universalmente ammessa dalla totalità dei Teologi, appare ormai così certa che sarebbe imprudente e scandaloso non ammetterla. Pensiero che si trova espresso in tanti santi che hanno magnificato l’Assunzione e la glorificazione della Vergine Maria, come per esempio: san Roberto Bellarmino, san Francesco di Sales, sant’Alfonso dei Liguori e tanti altri. Qualcuno comincia a dirla già di fede, perché universalmente creduta nella Chiesa; qualche altro la colloca sullo stesso piano della dottrina dell’Immacolata, e dice che un giorno la Chiesa potrà arrivare a definirla. 

E così restano le posizioni fino al 1854. 

E difatti, nel domandare a Pio IX la definizione dell’Immacolata Concezione di Maria Vergine, non pochi vescovi esprimono contemporaneamente il desiderio che venga definita anche l’Assunzione; desiderio e proposta fatti propri anche da molti Padri del Concilio Vaticano I. La conclusione anticipata del Concilio non ha permesso di approfondire la richiesta; tuttavia, l’idea ha avuto un seguito con l’origine del così detto “movimento assunzionistico francescano”, che tanto si è prodigato per la diffusione e l’approfondimento delle relative problematiche mariane connesse con la possibilità di una definizione dell’Assunzione di Maria Vergine al cielo. Specialmente, poi, tra il 1944 il 1950, ad opera del francescano Carlo Balic, vengono celebrati con grande partecipazione e profondo interesse ben sette “Congressi assunzionisti francescani”, in varie parti del mondo, sempre per approfondire meglio le questioni inerenti all’Assunzione, come supporto e preparazione per una eventuale definizione.

Difatti, il 1º maggio 1946, Pio XII, dopo avere esaminate le tantissime istanze pervenute dal 1849 al 1940, che “supplicano che sia definita e proclamata, come dogma di fede, l’Assunzione corporea della beata Vergine Maria in Cielo, insieme a quasi duecento Padri del concilio Vaticano”, chiedeva ufficialmente ai Vescovi del mondo cattolico se ritenessero possibile e opportuno che si procedesse alla definizione dell’Assunzione come verità di fede. La risposta è stata unanimemente positiva e affermativa.

I teologi, invece, continuavano a discutere sulla possibilità e sui fondamenti di una eventuale definizione dogmatica, specialmente intorno alla morte della Vergine Maria. Le discussioni terminarono soltanto con l’annuncio della prossima definizione, pubblicato il 14 agosto 1950 da Pio XII.

La questione della morte di Maria 

La Chiesa professa che Maria è, con Gesù, l’unica persona in tutta la storia dell’umanità a essere ufficialmente riconosciuta assunta in cielo (quindi in corpo e anima) già ora, prima della seconda venuta del Cristo. Ciò è possibile perché Maria, secondo la Chiesa, è l’unica persona a essere preservata dalla macchia del peccato originale che ha coinvolto l’intera umanità. Per questo, la tradizione dell’Assunzione e il dogma che, poi, ne è scaturito, sono in stretta connessione logica con i corrispettivi inerenti all’Immacolata Concezione, benché la tradizione di questa è successiva nel tempo rispetto a quella dell’Assunzione, e anche più elaborata e discussa teologicamente.

Pio XII, nella definizione dogmatica dell’Assunzione, ha deliberatamente evitato di pronunciarsi sulla questione se Maria sia prima morta, per poi risorgere, oppure sia stata assunta immediatamente senza passare attraverso la morte. Il fatto che il Papa non si sia pronunciato è degno di nota, poiché molti pensavano che l’Assunzione andasse necessariamente intesa come un’anticipata risurrezione, in modo da implicare necessariamente la morte. Ed erano state fatte pressioni sul Sommo Pontefice perché nella definizione dogmatica facesse riferimento anche alla morte, cosa che egli non ha fatto.

La questione della morte o non morte di Maria rimane dunque lasciata alla libera ricerca dei teologi, anche se bisogna riconoscere che l’opinione dei mortalisti, per chiamarla così, è di gran lunga più diffusa di quella degli immortalisti. La Vergine Santissima, l’Immacolata, - afferma Paolo VI nella Solemnis Professio fidei (30 giugno 1968) - “associata ai misteri dell’Incarnazione e della Redenzione con un vincolo stretto e indissolubile, al termine della sua vita terrena, è stata elevata in corpo e anima alla gloria celeste e configurata a suo Figlio risorto, anticipando la sorte futura di tutti i giusti”. Anche papa Giovanni Paolo II, nella sua catechesi del 25 giugno 1997, pur senza l’intenzione di chiudere il dibattito, ha detto: “È possibile che Maria di Nazaret abbia sperimentato nella carne il dramma della morte? Riflettendo sul destino di Maria e sul suo rapporto con il suo divin Figlio, sembra legittimo rispondere positivamente, dal momento che Cristo è morto, sarebbe difficile sostenere il contrario per la Madre”. La possibilità della morte naturale, o dormizione, di Maria, è presentata come di un fatto comunemente ammesso. 

La tesi della morte naturale di Maria è presente nella tradizionale almeno dal IV secolo in poi; dal medioevo è stata fatta sostenuta specialmente dai teologi della Scuola francescana, e, oggi, appartiene al Magistero della Chiesa. L’argomento più forte dei mortalisti sembra essere quello che la Beata Vergine doveva essere configurata a Cristo nella sua morte e risurrezione, per poter essere così il modello universale dei redenti. 

Intorno a questa delicata e complessa questione, si distingue il pensiero del “Maestro più qualificato della scuola francescana”, Giovanni Duns Scoto (1266-1308), per la sua sottigliezza concretezza e fedeltà nell’interpretare la Parola rivelata. Difatti, in sintonia con la sua visione globale del mistero di Cristo, egli instaura una forma di perfetta analogia: come Cristo è morto ed è risorto, così anche Maria è morta ed è stata assunta in cielo. E trova il fondamento biblico nel commento al passo del Genesi: sei polvere e in polvere ritornerai (Gn 3, 19), il cui “valore - scrive - è così generale che non ammette eccezione, neppure per Cristo e Maria” (Reportata Parisiensia, IV, d. 43, q. 5, n. 8). 

Questo pensiero del Cantore dell’Immacolata diventa ancora più chiaro alla luce della sottile e delicata differenza che egli, solo, introduce tra “legge naturale” e “legge morale”. La morte appartiene alla “legge naturale”, che, di per sé, non ammette eccezioni di sorta; il peccato originale, invece, alla “legge morale”, che sopporta l’eccezione, come di fatto è avvenuto nella storia della salvezza, proprio per la Vergine Maria. In questo modo, si comprende meglio anche la differenza dell’universalità del peccato con l’universalità della morte. Di per sé, la morte è una conseguenza del peccato, cioè è un demerito o una punizione; in Cristo e Maria, invece, la morte risponde alla legge naturale e non alla legge morale, dal momento che essi sono esenti dal peccato d’origine e attuale, e, quindi, “per privazione dell’abbondanza di gloria di per sé nel corpo” (Ordinatio, III, d. 16, q. 1, n. 5). 

E commentando anche il testo paolino: la morte è entrata nel mondo per il peccato (Rm 5, 12), annota: “sì, la morte è entrata nel mondo per il peccato, ma è stata preceduta dalla potenza di morire” (Reportata Parisiensia, II, d. 19, q. unica, n. 3). La morte, perciò, secondo Duns Scoto più che al peccato, anche se con esso è una punizione, appartiene alla legge di natura materiale del corpo che è mortale intrinsecamente e metafisicamente, perché è un composto. Allora anche Maria è passata attraverso il dolce sonno della morte alla beata assunzione in cielo, come suo Figlio, anche se con modalità differenti, proprio in forza dei meriti de condigno che Cristo ha acquistato per gli altri.

Applicazione spirituale

Al termine di questo breve e veloce viaggio storico-dottrinale sulla verità dogmatica dell’Assunzione, si può notare la differenza complementare tra la Munificentissimus Deus di Pio XII, che mette in risalto i profondi risvolti cristologici; e l’ecclesiologia del concilio Vaticano II, che rende presenta l’Assunzione come Primizia e Icona della Chiesa. Maria, perciò, viene presentata come Icona non statica ma dinamica, nel senso che esprime la perfetta sintesi del progetto di grazia, che Dio, per Cristo nello Spirito, compie a favore del genere umano, ed è soprattutto incitamento e stimolo a percorrere con gioia la via tracciata da Dio per l’attuazione del suo disegno salvifico.

La gloria celeste di cui si parla nella definizione dogmatica dell’Assunzione è lo stato di beatitudine nel quale si trova attualmente l’umanità santissima di Gesù Cristo, e al quale giungeranno tutti gli eletti alla fine del mondo. Il privilegio dell’Assunzione concesso a Maria consiste, quindi, nel dono dell’anticipata glorificazione integrale del suo essere, anima e corpo, a somiglianza del suo Figlio, che è asceso al Cielo.

E questo perché - commenta il Cantore dell’Immacolata - Cristo e Maria, essendo stati predestinati insieme con l’unico e medesimo atto di predestinazione da parte di Dio Padre nel suo grandioso meraviglioso e sublime disegno d’amore (Ef 1, 3-6), non possono essere distaccati nella vita celeste del Regno: Cristo è Re e Maria, Regina dei Cieli. Pertanto, l’espressione “assunta alla gloria celeste” non designa, di per sé, una traslazione locale del corpo della Vergine Maria dalla terra al cielo, ma il passaggio dalla condizione dell’esistenza terrena alla condizione dell’esistenza propria della beatitudine celeste. I teologi ammettono comunemente che il “cielo” non significhi soltanto uno “stato”, ma anche un “luogo”: il luogo dove si trova appunto Cristo risorto e glorioso, in anima e corpo, e dove si trova Maria accanto a Lui. Precisare ulteriormente dove si trovi, e in quale ordine di rapporti con il nostro universo visibile è assolutamente impossibile. Quanto alle condizioni di esistenza della Vergine Assunta e del suo corpo glorioso, si possono applicare tutti i concetti che la teologia, fondandosi principalmente su S. Paolo (1Cor 15, 35-52), ha elaborato per illustrare le condizioni di esistenza sia di Cristo risorto che dei beati dopo la risurrezione finale.

Autore: P. Giovanni Lauriola ofm

Palma Vecchio  (1480–1528). Assomption de la Vierge Marie, vers 1513, Venise, Accademia di Belle Arti di Venezia


La “dormitio Virginis” e l'assunzione, in Oriente e in Occidente, sono fra le più antiche feste mariane. Fu papa Pio XII il 1° novembre del 1950, Anno Santo, a proclamare solennemente per la Chiesa cattolica  come dogma di fede l’Assunzione della Vergine Maria al cielo con la Costituzione apostolica Munificentissimus Deus:  « Pertanto, dopo avere innalzato ancora a Dio supplici istanze, e avere invocato la luce dello Spirito di Verità, a gloria di Dio onnipotente, che ha riversato in Maria vergine la sua speciale benevolenza a onore del suo Figlio, Re immortale dei secoli e vincitore del peccato e della morte, a maggior gloria della sua augusta Madre e a gioia ed esultanza di tutta la chiesa, per l'autorità di nostro Signore Gesù Cristo, dei santi apostoli Pietro e Paolo e Nostra, pronunziamo, dichiariamo e definiamo essere dogma da Dio rivelato che: l'immacolata Madre di Dio sempre vergine Maria, terminato il corso della vita terrena, fu assunta alla gloria celeste in anima e corpo. Perciò, se alcuno, che Dio non voglia, osasse negare o porre in dubbio volontariamente ciò che da Noi è stato definito, sappia che è venuto meno alla fede divina e cattolica».

La Chiesa ortodossa e la Chiesa apostolica armena celebrano il 15 agosto la festa della Dormizione di Maria.

Cosa si festeggia in questa solennità?

L'Immacolata Vergine la quale, preservata immune da ogni colpa originale, finito il corso della sua vita, fu assunta, cioè accolta, alla celeste gloria in anima e corpo e dal Signore esaltata quale regina dell'universo, perché fosse più pienamente conforme al Figlio suo, Signore dei dominanti e vincitore del peccato e della morte. (Conc. Vat. II, Lumen gentium, 59). La Vergine Assunta, recita il Messale romano, è primizia della Chiesa celeste e segno di consolazione e di sicura speranza per la chiesa pellegrina. Questo perché l'Assunzione di Maria è un'anticipazione della resurrezione della carne, che per tutti gli altri uomini avverrà soltanto alla fine dei tempi, con il Giudizio universale. È  una solennità che, corrispondendo al natalis (morte) degli altri santi, è considerata la festa principale della Vergine.

Il 15 agosto ricorda con probabilità la dedicazione di una grande chiesa a Maria in Gerusalemme.

Qual è la differenza tra “assunzione” e “dormizione”?

La differenza principale tra Dormizione e Assunzione è che la seconda non implica necessariamente la morte, ma neppure la esclude.

Quali sono le fonti?

Il primo scritto attendibile che  narra dell’Assunzione di Maria Vergine in Cielo, come la tradizione fino ad allora aveva tramandato oralmente, reca la firma del Vescovo  san Gregorio di Tours ( 538 ca.- 594), storico e agiografo gallo-romano: «Infine, quando la beata Vergine, avendo completato il corso della sua esistenza terrena, stava per essere chiamata da questo mondo, tutti gli apostoli, provenienti dalle loro differenti regioni, si riunirono nella sua casa. Quando sentirono che essa stava per lasciare il mondo, vegliarono insieme con lei. Ma ecco che il Signore Gesù venne con i suoi angeli e, presa la sua anima, la consegnò all’arcangelo Michele e si allontanò. All’alba gli apostoli sollevarono il suo corpo su un giaciglio, lo deposero su un sepolcro e lo custodirono, in attesa della venuta del Signore. Ed ecco che per la seconda volta il Signore si presentò a loro, ordinò che il sacro corpo fosse preso e portato in Paradiso».

Qual è il significato teologico?

Il Dottore della Chiesa san Giovanni Damasceno (676 ca.- 749) scriverà: «Era conveniente che colei che nel parto aveva conservato integra la sua verginità conservasse integro da corruzione il suo corpo dopo la morte. Era conveniente che colei che aveva portato nel seno il Creatore fatto bambino abitasse nella dimora divina. Era conveniente che la Sposa di Dio entrasse nella casa celeste. Era conveniente che colei che aveva visto il proprio figlio sulla Croce, ricevendo nel corpo il dolore che le era stato risparmiato nel parto, lo contemplasse seduto alla destra del Padre. Era conveniente che la Madre di Dio possedesse ciò che le era dovuto a motivo di suo figlio e che fosse onorata da tutte le creature quale Madre e schiava di Dio». La Madre di Dio, che era stata risparmiata dalla corruzione del  peccato originale, fu risparmiata dalla corruzione del suo corpo immacolato, Colei che aveva ospitato il Verbo doveva entrare nel Regno dei Cieli con il suo corpo glorioso.

Cosa dicono i Padri della Chiesa?

San Germano di Costantinopoli (635 ca.-733), considerato il vertice della mariologia patristica, è  in favore dell’Assunzione e per tre principali ragioni: pone sulla bocca di Gesù queste parole:  «Vieni di buon grado presso colui che è stato da te generato. Con dovere di figlio io voglio rallegrarti; voglio ripagare la dimora nel seno materno, il soldo dell’allattamento, il compenso dell’educazione; voglio dare la certezza al tuo cuore. O Madre, tu che mi hai avuto come figlio unigenito, scegli piuttosto di abitare con me».  Altra ragione è data dalla totale purezza e integrità di Maria. Terzo: il ruolo di intercessione e di mediazione che la Vergine è chiamata a svolgere davanti al Figlio in favore degli uomini.

Leggiamo ancora nel suo scritto dell’Omelia I sulla Dormizione, che attinge a sua volta da San Giovanni Arcivescovo di Tessalonica ( tra il 610 e il 649 ca.) e da un testo di quest’ultimo, che descrive dettagliatamente le origini della festa dell’Assunzione, dato certo nella Chiesa Orientale dei primi secoli: «Essendo umano (il tuo corpo) si è trasformato per adattarsi alla suprema vita dell’immortalità; tuttavia è rimasto integro e gloriosissimo, dotato di perfetta vitalità e non soggetto al sonno (della morte), proprio perché non era possibile che fosse posseduto da un sepolcro, compagno della morte, quel vaso che conteneva Dio e quel tempio vivente della divinità santissima dell’Unigenito». Poi prosegue: «Tu, secondo ciò che è stato scritto, sei bella e il tuo corpo verginale è tutto santo, tutto casto, tutto abitazione di Dio: perciò è anche estraneo al dissolvimento in polvere. Infatti, come un figlio cerca e desidera la propria madre, e la madre ama vivere con il figlio, così fu giusto che anche tu, che possedevi un cuore colmo di amore materno verso il Figlio tuo e Dio, ritornassi a lui; e fu anche del tutto conveniente che a sua volta Dio, il quale nei tuoi riguardi aveva quel sentimento d’amore che si prova per una madre, ti rendesse partecipe della sua comunanza di vita con se stesso».

Perché il giorno dell'Assunta è detto anche Ferragosto?

Il termine Ferragosto deriva dalla locuzione latina feriae Augusti (riposo di Augusto) indicante una festività istituita dall'imperatore Augusto nel 18 a.C. che si aggiungeva alle esistenti e antichissime festività cadenti nello stesso mese, come i Vinalia rustica o i Consualia, per celebrare i raccolti e la fine dei principali lavori agricoli. L'antico Ferragosto, oltre agli evidenti fini di auto-promozione politica, aveva lo scopo di collegare le principali festività agostane per fornire un adeguato periodo di riposo, anche detto Augustali, necessario dopo le grandi fatiche profuse durante le settimane precedenti.

SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/20450 


Peter Paul Rubens  (1577–1640), Assumption of Mary, 1635-1637, 501 x 351, Liechtenstein Museum


PIO XII

SERVO DEI SERVI DI DIO

A PERENNE MEMORIA

COSTITUZIONE APOSTOLICA

MUNIFICENTISSIMUS DEUS(1)

LA GLORIFICAZIONE DI MARIA
CON L'ASSUNZIONE AL CIELO
IN ANIMA E CORPO

Il munificentissimo Dio, che tutto può e le cui disposizioni di provvidenza sono fatte di sapienza e d'amore, nei suoi imperscrutabili disegni contempera nella vita dei popoli e in quella dei singoli uomini dolori e gioie, affinché per vie diverse e in diverse maniere tutto cooperi in bene per coloro che lo amano (cf. Rm 8, 28).

Il Nostro pontificato, come anche l'età presente, è assillato da tante cure, preoccupazioni e angosce, per le presenti gravissime calamità e l'aberrazione di molti dalla verità e dalla virtù; ma Ci è di grande conforto vedere che, mentre la fede cattolica si manifesta pubblicamente più attiva, si accende ogni giorno più la devozione verso la vergine Madre di Dio, e quasi dovunque è stimolo e auspicio di una vita migliore e più santa. Per cui, mentre la santissima Vergine compie amorosissimamente l'ufficio di madre verso i redenti dal sangue di Cristo, la mente e il cuore dei figli sono stimolati con maggiore impegno a una più amorosa contemplazione dei suoi privilegi.

Dio, infatti, che da tutta l'eternità guarda Maria vergine, con particolare pienissima compiacenza, «quando venne la pienezza del tempo» (Gal 4, 4), attuò il disegno della sua provvidenza in tal modo che risplendessero in perfetta armonia i privilegi e le prerogative che con somma liberalità ha riversato su di lei. Che se questa somma liberalità e piena armonia di grazie dalla chiesa furono sempre riconosciute e sempre meglio penetrate nel corso dei secoli, nel nostro tempo è stato posto senza dubbio in maggior luce il privilegio della corporea assunzione al cielo della vergine Madre di Dio Maria.

Questo privilegio risplendette di nuovo fulgore fin da quando il nostro predecessore Pio IX, d'immortale memoria, definì solennemente il dogma dell'immacolata concezione dell'augusta Madre di Dio. Questi due privilegi infatti sono strettamente connessi tra loro. Cristo con la sua morte ha vinto il peccato e la morte, e sull'uno e sull'altra riporta vittoria in virtù di Cristo chi è stato rigenerato soprannaturalmente col battesimo. Ma per legge generale Dio non vuole concedere ai giusti il pieno effetto di questa vittoria sulla morte se non quando sarà giunta la fine dei tempi. Perciò anche i corpi dei giusti dopo la morte si dissolvono, e soltanto nell'ultimo giorno si ricongiungeranno ciascuno con la propria anima gloriosa.

Ma da questa legge generale Dio volle esente la beata vergine Maria. Ella per privilegio del tutto singolare ha vinto il peccato con la sua concezione immacolata; perciò non fu soggetta alla legge di restare nella corruzione del sepolcro, né dovette attendere la redenzione del suo corpo solo alla fine del mondo. 

Plebiscito unanime

Per questo, quando fu solennemente definito che la vergine Madre di Dio Maria fu immune della macchia ereditaria fin dalla sua concezione, i fedeli furono pervasi da una più viva speranza che quanto prima sarebbe stato definito dal supremo magistero della chiesa anche il dogma della corporea assunzione al cielo di Maria vergine.

Infatti si videro non solo singoli fedeli, ma anche rappresentanti di nazioni o di province ecclesiastiche e anzi non pochi padri del concilio Vaticano chiedere con vive istanze all'apostolica sede questa definizione.

In seguito queste petizioni e voti non solo non diminuirono, ma aumentarono di giorno in giorno per numero ed insistenza. Infatti per questo scopo furono promosse crociate di preghiere; molti ed esimi teologi intensificarono i loro studi su questo soggetto, sia in privato, sia nei pubblici atenei ecclesiastici e nelle altre scuole destinate all'insegnamento delle sacre discipline; in molte parti dell'orbe cattolico furono tenuti congressi mariani sia nazionali sia internazionali. Tutti questi studi e ricerche posero in maggiore luce che nel deposito della fede affidato alla chiesa era contenuto anche il dogma dell'assunzione di Maria vergine al cielo; e generalmente ne seguirono petizioni con cui si chiedeva instantemente a questa sede apostolica che questa verità fosse solennemente definita.

In questa pia gara i fedeli furono mirabilmente uniti coi loro pastori, i quali in numero veramente imponente rivolsero simili petizioni a questa Cattedra di S. Pietro. Perciò quando fummo elevati al trono del sommo pontificato erano state già presentate a questa sede apostolica molte migliaia di tali suppliche da ogni parte della terra e da ogni classe di persone: dai nostri diletti figli cardinali del sacro collegio, dai venerabili fratelli arcivescovi e vescovi, dalle diocesi e dalle parrocchie.

Per la qual cosa, mentre elevavamo a Dio ardenti preghiere perché infondesse nella Nostra mente la luce dello Spirito Santo per decidere di una causa così importante, impartimmo speciali ordini perché si fondessero insieme le forze e venissero iniziati studi più rigorosi su questo soggetto, e intanto si raccogliessero e si ponderassero accuratamente tutte le petizioni che dal tempo del Nostro predecessore Pio IX, di felice memoria, fino ai nostri tempi erano state inviate a questa sede apostolica circa l'assunzione della beatissima vergine Maria al cielo.(2)

Il magistero della chiesa

Ma poiché si trattava di cosa di tanta importanza e gravità, ritenemmo opportuno chiedere direttamente e in forma ufficiale a tutti i venerabili fratelli nell'episcopato che Ci esprimessero apertamente il loro pensiero. Perciò il 1° maggio 1946 indirizzammo loro la lettera [enciclica Deiparae Virginis Mariae, in cui chiedevamo: «Se voi, venerabili fratelli, nella vostra esimia sapienza e prudenza ritenete che l'assunzione corporea della beatissima Vergine si possa proporre e definire come dogma di fede, e se col vostro clero e il vostro popolo lo desiderate».

E coloro che «lo Spirito Santo ha costituito vescovi per pascere la chiesa di Dio» (At 20, 28) hanno dato all'una e all'altra domanda una risposta pressoché unanimemente affermativa. Questo «singolare consenso, dell'episcopato cattolico e dei fedeli»,(3) nel ritenere definibile, come dogma di fede, l'assunzione corporea al cielo della Madre di Dio, presentandoci il concorde insegnamento del magistero ordinario della chiesa e la fede concorde del popolo cristiano, da esso sostenuta e diretta, da se stesso manifesta in modo certo e infallibile che tale privilegio è verità rivelata da Dio e contenuta in quel divino deposito che Cristo affidò alla sua Sposa, perché lo custodisse fedelmente e infallibilmente lo dichiarasse.(4) Il magistero della chiesa, non certo per industria puramente umana, ma per l'assistenza dello Spirito di verità (cf. Gv 14, 26), e perciò infallibilmente, adempie il suo mandato di conservare perennemente pure e integre le verità rivelate, e le trasmette senza contaminazione, senza aggiunte, senza diminuzioni. «Infatti, come insegna il concilio Vaticano, ai successori di Pietro non fu promesso lo Spirito Santo, perché, per sua rivelazione, manifestassero una nuova dottrina, ma perché, per la sua assistenza, custodissero inviolabilmente ed esponessero con fedeltà la rivelazione trasmessa dagli apostoli, ossia il deposito della fede».(5) Pertanto dal consenso universale di un magistero ordinario della chiesa si trae un argomento certo e sicuro per affermare che l'assunzione corporea della beata vergine Maria al cielo, - la quale, quanto alla celeste glorificazione del corpo virgineo dell'augusta Madre di Dio, non poteva essere conosciuta da nessuna facoltà umana con le sole sue forze naturali è verità da Dio rivelata, e perciò tutti i figli della chiesa debbono crederla con fermezza e fedeltà. Poiché, come insegna lo stesso concilio Vaticano, «debbono essere credute per fede divina e cattolica tutte quelle cose che sono contenute nella parola di Dio scritta o trasmessa oralmente o col suo ordinario e universale magistero, propone a credere come rivelate da Dio».(6)

Di questa fede comune della chiesa si ebbero fin dall'antichità lungo il corso dei secoli varie testimonianze, indizi e vestigia; anzi tale fede si andò manifestando sempre più chiaramente.

I fedeli, guidati e istruiti dai loro pastori, appresero bensì dalla s. Scrittura che la vergine Maria, durante il suo terreno pellegrinaggio, menò una vita piena di preoccupazioni, angustie e dolori; inoltre che si avverò ciò che il santo vecchio Simeone aveva predetto, perché un'acutissima spada le trapassò il cuore ai piedi della croce del suo divino Figlio, nostro Redentore. Parimenti non trovarono difficoltà nell'ammettere che Maria sia morta, come già il suo Unigenito. Ma ciò non impedì loro di credere e professare apertamente che non fu soggetto alla corruzione del sepolcro il suo sacro corpo e che non fu ridotto in putredine e in cenere l'augusto tabernacolo del Verbo divino. Anzi, illuminati dalla divina grazia e spinti dall'amore verso colei che è Madre di Dio e Madre nostra dolcissima, hanno contemplato in luce sempre più chiara l'armonia meravigliosa dei privilegi che il provvidentissimo Iddio ha elargito all'alma Socia del nostro Redentore, e che hanno raggiunto un tale altissimo vertice, quale da nessun essere creato, eccettuata la natura umana di Cristo, è stato mai raggiunto.

L'omaggio dei fedeli

Questa stessa fede attestano chiaramente quegli innumerevoli templi dedicati a Dio in onore di Maria vergine assunta al cielo, e le sacre immagini ivi esposte alla venerazione dei fedeli, le quali pongono dinanzi agli occhi di tutti questo singolare trionfo della beata Vergine. Inoltre città, diocesi e regioni furono poste sotto la speciale tutela e patrocinio della Vergine assunta in cielo; parimenti con l'approvazione della chiesa sono sorti Istituti religiosi che prendono nome da tale privilegio. Né va dimenticato che nel rosario mariano, la cui recita è tanto raccomandata da questa sede apostolica, viene proposto alla pia meditazione un mistero che, come tutti sanno, tratta dell'assunzione della beatissima Vergine.

La liturgia delle chiese d'oriente e d'occidente

Ma in modo più splendido e universale questa fede dei sacri Pastori e dei fedeli cristiani è manifestata dal fatto che fin dall'antichità si celebra in Oriente e in Occidente una solenne festa liturgica: di qui infatti i santi padri e i dottori della chiesa non mancarono mai di attingere luce, poiché, come è ben noto, la sacra liturgia, «essendo anche una professione delle celesti verità, sottoposta al supremo magistero della chiesa, può offrire argomenti e testimonianze di non piccolo rilievo, per determinare qualche punto particolare della dottrina cristiana».(7)

Nei libri liturgici, che riportano la festa sia della Dormizione sia dell'Assunzione di santa Maria, si hanno espressioni in qualche modo concordanti nel dire che quando la vergine Madre di Dio salì al cielo da questo esilio, al suo sacro corpo, per disposizione della divina Provvidenza, accaddero cose consentanee alla sua dignità di Madre del Verbo incarnato e agli altri privilegi a lei elargiti. Ciò è asserito, per portarne un esempio insigne, in quel Sacramentario che il Nostro predecessore Adriano I, d'immortale memoria, mandò all'imperatore Carlo Magno. In esso infatti si legge: «Degna di venerazione è per noi, o Signore, la festività di questo giorno, in cui la santa Madre di Dio subì la morte temporale, ma non poté essere umiliata dai vincoli della morte colei che generò il tuo Figlio, nostro Signore, incarnato da lei».(8)

Ciò che qui è indicato con la sobrietà consueta della Liturgia romana, nei libri delle altre antiche liturgie, sia orientali, sia occidentali, è espressa più diffusamente e con maggior chiarezza. Il Sacramentario gallicano, per esempio, definisce questo privilegio di Maria «inspiegabile mistero, tanto più ammirabile, quanto più è singolare tra gli uomini». E nella liturgia bizantina viene ripetutamente collegata l'assunzione corporea di Maria non solo con la sua dignità di Madre di Dio, ma anche con altri suoi privilegi, specialmente con la sua maternità verginale, prestabilita da un disegno singolare della Provvidenza divina: «A te Dio, re dell'universo, concesse cose che sono al disopra della natura; poiché come nel parto ti conservò vergine, così nel sepolcro conservò incorrotto il tuo corpo, e con la divina traslazione lo conglorificò».(9)

La festa dell'Assunta

Il fatto poi che la sede apostolica, erede dell'ufficio affidato al Principe degli apostoli di confermare nella fede i fratelli (cf. Lc 22, 32), con la sua autorità rese sempre più solenne questa festa, stimolò efficacemente i fedeli ad apprezzare sempre più la grandezza di questo mistero. Così la festa dell'Assunzione dal posto onorevole che ebbe fin dall'inizio tra le altre celebrazioni mariane, fu portata in seguito fra le più solenni di tutto il ciclo liturgico. Il Nostro predecessore s. Sergio I, prescrivendo la litania o processione stazionale per le quattro feste mariane, enumera insieme la Natività, l'Annunciazione, la Purificazione e la Dormizione di Maria.(10) In seguito s. Leone IV volle aggiungere alla festa, che già si celebrava sotto il titolo dell'Assunzione della beata Genitrice di Dio, una maggiore solennità, prescrivendone la vigilia e l'ottava; e in tale circostanza volle partecipare personalmente alla celebrazione in mezzo a una grande moltitudine di fedeli.(11) Inoltre che già anticamente questa festa fosse preceduta dall'obbligo del digiuno appare chiaro da ciò che attesta il Nostro predecessore s. Niccolò I, ove parla dei principali digiuni «che la santa chiesa romana ricevette dall'antichità ed osserva tuttora».(12)

Ma poiché la liturgia della chiesa non crea la fede cattolica, ma la suppone, e da questa derivano, come frutti dall'albero, le pratiche del culto, i santi padri e i grandi dottori nelle omelie e nei discorsi rivolti al popolo in occasione di questa festa non vi attinsero come da prima sorgente la dottrina; ma parlarono di questa come di cosa nota e ammessa dai fedeli; la chiarirono meglio; ne precisarono e approfondirono il senso e l'oggetto, dichiarando specialmente ciò che spesso i libri liturgici avevano soltanto fugacemente accennato: cioè che oggetto della festa non era soltanto l'incorruzione del corpo esanime della beata vergine Maria, ma anche il suo trionfo sulla morte e la sua celeste «glorificazione», a somiglianza del suo unigenito Gesù Cristo.

La voce dei santi padri

Così s. Giovanni Damasceno, che si distingue tra tutti come teste esimio di questa tradizione, considerando l'assunzione corporea dell'alma Madre di Dio nella luce degli altri suoi privilegi, esclama con vigorosa eloquenza: «Era necessario che colei, che nel parto aveva conservato illesa la sua verginità, conservasse anche senza alcuna corruzione il suo corpo dopo la morte. Era necessario che colei, che aveva portato nel suo seno il Creatore fatto bambino, abitasse nei tabernacoli divini. Era necessario che la sposa del Padre abitasse nei talami celesti. Era necessario che colei che aveva visto il suo Figlio sulla croce, ricevendo nel cuore quella spada di dolore dalla quale era stata immune nel darlo alla luce, lo contemplasse sedente alla destra del Padre. Era necessario che la Madre di Dio possedesse ciò che appartiene al Figlio e da tutte le creature fosse onorata come Madre e Ancella di Dio».(13)

Queste espressioni di s. Giovanni Damasceno corrispondono fedelmente a quelle di altri, affermanti la stessa dottrina. Infatti parole non meno chiare e precise si trovano nei discorsi che in occasione della festa tennero altri Padri anteriori o coevi. Così, per citare altri esempi, s. Germano di Costantinopoli trovava consentanea l'incorruzione e l'assunzione al cielo del corpo della Vergine Madre di Dio, non solo alla sua divina maternità, ma anche alla speciale santità del suo stesso corpo verginale: «Tu, come fu scritto, apparisci "in bellezza", e il tuo corpo verginale è tutto santo, tutto casto, tutto domicilio di Dio; cosicché anche per questo sia poi immune dalla risoluzione in polvere; trasformato bensì, in quanto umano, nell'eccelsa vita della incorruttibilità; ma lo stesso vivo, gloriosissimo, incolume e dotato della pienezza della vita».(14) E un altro antico scrittore dice: «Come gloriosissima Madre di Cristo, nostro Salvatore e Dio, donatore della vita e dell'immortalità, è da lui vivificata, rivestita di corpo in un'eterna incorruttibilità con lui, che la risuscitò dal sepolcro e la assunse a sé, in modo conosciuto da lui solo».(15)

Con l'estendersi e l'affermarsi della festa liturgica, i pastori della chiesa e i sacri oratori, in numero sempre maggiore, si fecero un dovere di precisare apertamente e con chiarezza il mistero che è oggetto della festa e la sua strettissima connessione con le altre verità rivelate.

L'insegnamento dei teologi

Tra i teologi scolastici non mancarono di quelli che, volendo penetrare più addentro nelle verità rivelate e mostrare l'accordo tra la ragione teologica e la fede cattolica, fecero rilevare che questo privilegio dell'assunzione di Maria vergine concorda mirabilmente con le verità che ci sono insegnate dalla sacra Scrittura.

Partendo da questo presupposto, presentarono per illustrare questo privilegio mariano diverse ragioni, contenute quasi in germe in questo: che Gesù ha voluto l'assunzione di Maria al cielo per la sua pietà filiale verso di lei. Ritenevano quindi che la forza di tali argomenti riposa sulla dignità incomparabile della maternità divina e su tutte quelle doti che ne conseguono: la sua insigne santità, superiore a quella di tutti gli uomini e di tutti gli angeli; l'intima unione di Maria col suo Figlio; e quell'amore sommo che il Figlio portava alla sua degnissima Madre.

Frequentemente poi s'incontrano teologi e sacri oratori che, sulle orme dei santi padri,(16) per illustrare la loro fede nell'assunzione si servono, con una certa libertà, di fatti e detti della s. Scrittura. Così per citare soltanto alcuni testi fra i più usati, vi sono di quelli che riportano le parole del Salmista: «Vieni o Signore, nel tuo riposo; tu e l'Arca della tua santificazione» (Sal 131, 8), e vedono nell'Arca dell'Alleanza fatta di legno incorruttibile e posta nel tempio del Signore, quasi una immagine del corpo purissimo di Maria vergine, preservato da ogni corruzione del sepolcro ed elevato a tanta gloria nel cielo. Allo stesso scopo descrivono la Regina che entra trionfalmente nella reggia celeste e si asside alla destra del divino Redentore (Sal 44, 10.14-16), nonché la Sposa del Cantico dei cantici «che sale dal deserto, come una colonna di fumo dagli aromi di mirra e d'incenso» per essere incoronata (Ct 3, 6; cf. 4, 8; 6, 9). L'una e l'altra vengono proposte come figure di quella Regina e Sposa celeste, che, insieme col divino Sposo, è innalzata alla reggia dei cieli.

Inoltre i dottori scolastici videro adombrata l'assunzione della vergine Madre di Dio, non solo in varie figure dell'Antico Testamento, ma anche in quella Donna vestita di sole, che l'apostolo Giovanni contemplò nell'isola di Patmos (Ap 12, 1s). Così pure, fra i detti del Nuovo Testamento, considerarono con particolare interesse le parole «Ave, o piena di grazia, il Signore è con te, benedetta tu fra le donne» (Lc 1, 28), poiché vedevano nel mistero dell'assunzione un complemento della pienezza di grazia elargita alla beatissima Vergine, e una benedizione singolare in opposizione alla maledizione di Eva.

Perciò sul principio della teologia scolastica il pio Amedeo, vescovo di Losanna, afferma che la carne di Maria vergine rimase incorrotta; - non si può credere infatti che il suo corpo vide la corruzione, - perché realmente fu riunito alla sua anima e insieme con essa fu circonfuso di altissima gloria nella corte celeste. «Era infatti piena di grazia e benedetta fra le donne (Lc 1, 28). Lei sola meritò di concepire Dio vero da Dio vero, che partorì vergine, vergine allattò, stringendolo al seno, ed al quale prestò in tutto i suoi santi servigi e omaggi».(17)

Tra i sacri scrittori poi che in questo tempo, servendosi di testi scritturistici o di similitudini ed analogie, illustrarono e confermarono la pia sentenza dell'assunzione, occupa un posto speciale il dottore evangelico, s. Antonio da Padova. Nella festa dell'Assunzione, commentando le parole d'Isaia: «Glorificherò il luogo dove posano i miei piedi» (Is 60, 13), affermò con sicurezza che il divino Redentore ha glorificato in modo eccelso la sua Madre dilettissima, dalla quale aveva preso umana carne. «Con ciò si ha chiaramente - dice - che la beata Vergine è stata assunta col corpo, in cui fu il luogo dei piedi del Signore». Perciò scrive il Salmista: «Vieni, o Signore, nel tuo riposo, tu e l'Arca della tua santificazione». Come Gesù Cristo, dice il santo, risorse dalla sconfitta morte e salì alla destra del Padre suo, così «risorse anche dall'Arca della sua santificazione, poiché in questo giorno la Vergine Madre fu assunta al talamo celeste».(18)

La dottrina di s. Alberto Magno e di s. Tommaso d'Aquino 

Quando nel medio evo la teologia scolastica raggiunse il suo massimo splendore, s. Alberto Magno, dopo aver raccolti, per provare questa verità, vari argomenti, fondati sulla s. Scrittura, la tradizione, la liturgia e la ragione teologica, conclude: «Da queste ragioni e autorità e da molte altre è chiaro che la beatissima Madre di Dio è stata assunta in corpo ed anima al disopra dei cori degli angeli. E ciò crediamo assolutamente vero».(19) E in un discorso tenuto il giorno dell'Annunciazione di Maria, spiegando queste parole del saluto dell'angelo: «Ave, o piena di grazia ...», il dottore universale paragona la santissima Vergine con Eva e dice espressamente che fu immune dalla quadruplice maledizione alla quale Eva fu soggetta.(20)

Il dottore angelico, seguendo le vestigia del suo insigne Maestro, benché non abbia mai trattato espressamente la questione, tuttavia ogni volta che occasionalmente ne parla, ritiene costantemente con la chiesa cattolica che insieme all'anima è stato assunto al cielo anche il corpo di Maria.(21)

L'interpretazione di s. Bonaventura

Dello stesso parere è, fra molti altri, il dottore serafico, il quale ritiene assolutamente certo che, come Dio pr eservò Maria santissima dalla violazione del pudore e dell'integrità verginale nella concezione e nel parto, così non ha permesso che il suo corpo si disfacesse in putredine e cenere.(22) Interpretando poi e applicando in senso accomodatizio alla beata Vergine queste parole della s. Scrittura: «Chi è costei che sale dal deserto, ricolma di delizie, appoggiata al suo diletto?» (Ct 8, 5), così ragiona: «E di qui può constare che è ivi (nella città celeste) corporalmente. ... Poiché infatti ... la beatitudine non sarebbe piena, se non vi fosse personalmente; e poiché la persona non è l'anima, ma il composto, è chiaro che vi è secondo il composto, cioè il corpo e l'anima, altrimenti non avrebbe una piena fruizione».(23)

Il pensiero della Scolastica nel secolo XV

Nella tarda scolastica, ossia nel secolo XV, s. Bernardino da Siena, riassumendo e di nuovo trattando con diligenza tutto ciò che i teologi del medioevo avevano detto e discusso a tal proposito, non si restrinse a riportare le principali considerazioni già proposte dai dottori precedenti, ma ne aggiunse delle altre. La somiglianza cioè della divina Madre col Figlio divino, quanto alla nobiltà e dignità dell'anima e del corpo - per cui non si può pensare che la celeste Regina sia separata dal Re dei cieli - esige apertamente che «Maria non debba essere se non dov'è Cristo»;(24) inoltre è ragionevole e conveniente che si trovino già glorificati in cielo l'anima e il corpo, come dell'uomo, così anche della donna; infine il fatto che la chiesa non ha mai cercato e proposto alla venerazione dei fedeli le reliquie corporee della beata Vergine, fornisce un argomento che si può dire «quasi una riprova sensibile».(25)

La conferma dei più recenti scrittori sacri

In tempi più recenti i pareri surriferiti dei santi Padri e dei Dottori furono di uso comune. Aderendo al consenso dei cristiani, trasmesso dai secoli passati, s. Roberto Bellarmino esclama: «E chi, prego, potrebbe credere che l'arca della santità, il domicilio del Verbo il tempio dello Spirito Santo sia caduto? Aborrisce il mio animo dal solo pensare che quella carne verginale che generò Dio, lo partorì, l'alimentò, lo portò, o sia stata ridotta in cenere o sia stata data in pasto ai vermi».(26)

Parimenti s. Francesco di Sales, dopo avere asserito che non é lecito dubitare che Gesù Cristo abbia seguito nel modo più perfetto il divino mandato, col quale ai figli s'impone di onorare i propri genitori, si pone questa domanda: «Chi è quel figlio che, se potesse, non richiamerebbe alla vita la propria madre e non la porterebbe dopo morte con sé in paradiso ?».(27)

E s. Alfonso scrive: «Gesù preservò il corpo di Maria dalla corruzione, perché ridondava in suo disonore che fosse guasta dalla putredine quella carne verginale, di cui egli si era già vestito».(28)

Chiarito però ormai il mistero che è oggetto di questa festa, non mancarono dottori i quali piuttosto che occuparsi delle ragioni teologiche, dalle quali si dimostra la somma convenienza dell'assunzione corporea della beata Vergine Maria in cielo, rivolsero la loro attenzione alla fede della chiesa, mistica Sposa di Cristo, non avente né macchia, né grinza (cf. Ef 5, 27), la quale è detta dall'apostolo «colonna e fondamento della verità» (1 Tm 3, 15) e appoggiati a questa fede comune ritennero temeraria per non dire eretica, la sentenza contraria. Infatti s. Pietro Canisio, fra non pochi altri, dopo avere dichiarato che il termine assunzione significa la glorificazione non solo dell'anima, ma anche del corpo e dopo aver rilevato che la chiesa già da molti secoli venera e celebra solennemente questo mistero mariano dell'assunzione, dice: «Questa sentenza è ammessa già da alcuni secoli ed è issata talmente nell'anima dei pii fedeli e così accetta a tutta la chiesa, che coloro che negano che il corpo di Maria sia stato assunto in cielo, non vanno neppure ascoltati con pazienza, ma fischiati come troppo pertinaci, o del tutto temerari e animati da spirito non già cattolico, ma eretico».(29)

Contemporaneamente il dottore esimio, posta come norma della mariologia che «i misteri della grazia, che Dio ha operato nella Vergine, non vanno misurati secondo le leggi ordinarie, ma secondo l'onnipotenza di Dio, supposta la convenienza della cosa in se stessa, ed esclusa ogni contraddizione o ripugnanza da parte della s. Scrittura»(30) fondandosi sulla fede della chiesa tutta, circa il mistero dell'assunzione, poteva concludere che questo mistero doveva credersi con la stessa fermezza d'animo, con cui doveva credersi l'immacolata concezione della beata Vergine; e già allora riteneva che queste due verità potessero essere definite.

Tutte queste ragioni e considerazioni dei santi padri e dei teologi hanno come ultimo fondamento la s. Scrittura, la quale ci presenta l'alma Madre di Dio unita strettamente al suo Figlio divino e sempre partecipe della sua sorte. Per cui sembra quasi impossibile figurarsi che, dopo questa vita, possa essere separata da Cristo - non diciamo, con l'anima, ma neppure col corpo - colei che lo concepì, lo diede alla luce, lo nutrì col suo latte, lo portò fra le braccia e lo strinse al petto. Dal momento che il nostro Redentore è Figlio di Maria, non poteva, come osservatore perfettissimo della divina legge, non onorare oltre l'eterno Padre anche la Madre diletta. Potendo quindi dare alla Madre tanto onore, preservandola immune dalla corruzione del sepolcro, si deve credere che lo abbia realmente fatto.

Maria è la nuova Eva

Ma in particolare va ricordato che, fin dal secolo II, Maria Vergine viene presentata dai santi padri come nuova Eva, strettamente unita al nuovo Adamo, sebbene a lui soggetta, in quella lotta contro il nemico infernale, che, com'è stato preannunziato dal protovangelo (Gn 3, 15), si sarebbe conclusa con la pienissima vittoria sul peccato e sulla morte, sempre congiunti negli scritti dell'apostolo delle genti (cf. Rm cc. 5 e 6; 1 Cor 15, 21-26.54-57). Per la qual cosa, come la gloriosa risurrezione di Cristo fu parte essenziale e segno finale di questa vittoria, così anche per Maria la lotta che ha in comune col Figlio suo si doveva concludere con la glorificazione del suo corpo verginale: perché, come dice lo stesso apostolo, «quando... questo corpo mortale sarà rivestito dell'immortalità, allora sarà adempiuta la parola che sta scritta: è stata assorbita la morte nella vittoria» (1 Cor 15, 54).

In tal modo l'augusta Madre di Dio, arcanamente unita a Gesù Cristo fin da tutta l'eternità «con uno stesso decreto»(31) di predestinazione, immacolata nella sua concezione, Vergine illibata nella sua divina maternità, generosa Socia del divino Redentore, che ha riportato un pieno trionfo sul peccato e sulle sue conseguenze, alla fine, come supremo coronamento dei suoi privilegi, ottenne di essere preservata dalla corruzione del sepolcro, e, vinta la morte, come già il suo Figlio, di essere innalzata in anima e corpo alla gloria del cielo, dove risplende Regina alla destra del Figlio suo, Re immortale dei secoli (cf. 1 Tm 1, 17).

Le ragioni del nuovo dogma

Poiché la chiesa universale nella quale vive lo Spirito di verità e la conduce infallibilmente alla conoscenza delle verità rivelate, nel corso dei secoli ha manifestato in molti modi la sua fede, e poiché tutti i vescovi dell'orbe cattolico con quasi unanime consenso chiedono che sia definita come dogma di fede divina e cattolica la verità dell'assunzione corporea della beatissima vergine Maria al cielo - verità fondata sulla s. Scrittura, insita profondamente nell'animo dei fedeli, confermata dal culto ecclesiastico fin dai tempi remotissimi, sommamente consona con altre verità rivelate, splendidamente illustrata e spiegata dallo studio della scienza e sapienza dei teologi - riteniamo giunto il momento prestabilito dalla provvidenza di Dio per proclamare solennemente questo privilegio di Maria vergine.

Noi, che abbiamo posto il Nostro pontificato sotto lo speciale patrocinio della santissima Vergine, alla quale Ci siamo rivolti in tante tristissime contingenze, Noi, che con pubblico rito abbiamo consacrato tutto il genere umano al suo Cuore immacolato, e abbiamo ripetutamente sperimentato la sua validissima protezione, abbiamo ferma fiducia che questa solenne proclamazione e definizione dell'assunzione sarà di grande vantaggio all'umanità intera, perché renderà gloria alla santissima Trinità, alla quale la Vergine Madre di Dio è legata da vincoli singolari. Vi è da sperare infatti che tutti i cristiani siano stimolati da una maggiore devozione verso la Madre celeste, e che il cuore di tutti coloro che si gloriano del nome cristiano sia mosso a desiderare l'unione col corpo mistico di Gesù Cristo e l'aumento del proprio amore verso colei che ha viscere materne verso tutti i membri di quel Corpo augusto. Vi è da sperare inoltre che tutti coloro che mediteranno i gloriosi esempi di Maria abbiano a persuadersi sempre meglio del valore della vita umana, se è dedita totalmente all'esercizio della volontà del Padre celeste e al bene degli altri; che, mentre il materialismo e la corruzione dei costumi da esso derivata minacciano di sommergere ogni virtù e di fare scempio di vite umane, suscitando guerre, sia posto dinanzi agli occhi di tutti in modo luminosissimo a quale eccelso fine le anime e i corpi siano destinati; che infine la fede nella corporea assunzione di Maria al cielo renda più ferma e più operosa la fede nella nostra risurrezione.

La coincidenza provvidenziale poi di questo solenne evento con l'Anno santo che si sta svolgendo, Ci è particolarmente gradita; ciò infatti Ci permette di ornare la fronte della vergine Madre di Dio di questa fulgida gemma, mentre si celebra il massimo giubileo, e di lasciare un monumento perenne della nostra ardente pietà verso la Regina del cielo.

La solenne definizione

«Pertanto, dopo avere innalzato ancora a Dio supplici istanze, e avere invocato la luce dello Spirito di Verità, a gloria di Dio onnipotente, che ha riversato in Maria vergine la sua speciale benevolenza a onore del suo Figlio, Re immortale dei secoli e vincitore del peccato e della morte, a maggior gloria della sua augusta Madre e a gioia ed esultanza di tutta la chiesa, per l'autorità di nostro Signore Gesù Cristo, dei santi apostoli Pietro e Paolo e Nostra, pronunziamo, dichiariamo e definiamo essere dogma da Dio rivelato che: l'immacolata Madre di Dio sempre vergine Maria, terminato il corso della vita terrena, fu assunta alla gloria celeste in anima e corpo».

Perciò, se alcuno, che Dio non voglia, osasse negare o porre in dubbio volontariamente ciò che da Noi è stato definito, sappia che è venuto meno alla fede divina e cattolica.

Affinché poi questa Nostra definizione dell'assunzione corporea di Maria vergine al cielo sia portata a conoscenza della chiesa universale, abbiamo voluto che stesse a perpetua memoria questa Nostra lettera apostolica; comandando che alle sue copie o esemplari anche stampati, sottoscritti dalla mano di qualche pubblico notaio e muniti del sigillo di qualche persona costituita in dignità ecclesiastica, si presti assolutamente da tutti la stessa fede; che si presterebbe alla presente, se fosse esibita o mostrata.

A nessuno dunque sia lecito infrangere questa Nostra dichiarazione, proclamazione e definizione, o ad essa opporsi e contravvenire. Se alcuno invece ardisse di tentarlo, sappia che incorrerà nell'indignazione di Dio onnipotente e dei suoi beati apostoli Pietro e Paolo.

Dato a Roma, presso S. Pietro, nell'anno del massimo giubileo 1950, 1° novembre, festa di tutti i santi, nell'anno dodicesimo del Nostro pontificato.

Noi PIO, vescovo della chiesa cattolica,

così definendo abbiamo sottoscritto

(1) PIUS PP. XII, Const. apost. Munificentissimus Deus qua fidei dogma definitur Deiparam Virginem Mariam corpore et anima fuisse ad caelestem gloriam assumptam, 1 novembris 1950: AAS 42(1950), pp. 753-771.

La glorificazione di Maria nella sua corporea assunzione è verità radicata profondamente nel senso religioso dei cristiani, come dimostrano lungo il corso dei secoli innumerevoli forme di specifica devozione, ma soprattutto il linguaggio della liturgia dell'Oriente e dell'Occidente. I santi padri e i dottori della chiesa, facendosi eco della liturgia, nelle feste dell'Assunta parlano chiaramente della risurrezione e glorificazione del corpo della Vergine, come di verità conosciuta e accettata da tutti i fedeli. I teologi, trattando di questo argomento, dimostrano l'armonia tra la fede e la ragione teologica e la convenienza di questo privilegio, servendosi di fatti, parole, figure, analogie contenuti nella sacra Scrittura. Accertata così la fede della chiesa universale, il papa ritiene giunto il momento di ratificarla con la sua suprema autorità.

(2) Petitiones de Assumptione corporea B. Virginis Mariae in Caelum definienda ad S. Sedem delatae, 2 voll., Typis Polyglottis Vaticanis, 1942.

(3) Bulla Ineffabilis Deus: Acta Pii IX, pars I, vol. 1, p. 615; EE 2/app. 

(4) Cf. CONC. VAT. I, Const. dogm. Dei Filius de fide catholica, c. 4: COD 808-809.

(5) CONC. VAT. I, Const. dogm. Pastor aeternus de Ecclesia Christi, c. 4: COD 816.

(6) CONC. VAT. I, Const. dogm. Dei Filius de fide catholica, c. 3: COD 807.

(7) Litt. enc. Mediator Dei: AAS 39(1947), p. 541; EE 6/475.

(8) Sacramentarium Gregorianum.

(9) Menaei totius anni. 

(10) Liber Pontificalis.

(11) Ibidem.

(12) Responsa Nicolai Papae I ad consulta Bulgarorum, 13 nov. 866.

(13) S. IOANNES DAMASCENUS, Encomium in Dormitionem Dei Genetricis semperque Virginis Mariae, hom. II, 14; cf. etiam ibid., n. 3.

(14) S. GERMANUS CONST., In sanctae Dei Genetricis Dormitionem, sermo I.

(15) Encomium in Dormitionem sanctissimae Dominae nostrae Deiparae semperque Virginis Mariae (S. Modesto Hierosol. attributum), n. 14.

(16) Cf. S. IOANNES DAMASCENUS, Encomium in Dormitionem Dei Genetricis semperque Virginis Mariae, hom. II, 2, 11; Encomium in Dormitionem... (S. Modesto Hierosol. attributum). 

(17) AMEDEUS LAUSANNENSIS, De Beatae Virginis obitu, Assumptione in Caelum, exaltatione ad Filii dexteram.

(18) S. ANTONIUS PATAV., Sermones dominicales et in solemnitatibus. In Assumptione S. Mariae Virginis sermo.

(19) S. ALBERTUS MAGNUS, Mariale sive quaestiones super Evang. "Missus est", q. 132.

(20) S. ALBERTUS MAGNUS, Sermones de sanctis, sermo XV: In Annuntiatione B. Mariae; cf. etiam: Mariale, q. 132. ,

(21) Cf. Summa theol., III, q. 27, a. 1 c.; ibid., q. 83, a. 5 ad 8; Expositio salutationis angelicae; In symb. Apostolorum expositio, art. 5; In IV Sent., D. 12, q. 1, art. 3, sol. 3; D. 43, q. 1, art. 3, sol. 1 et 2.

(22) Cf. S. BONAVENTURA, De Nativitate B. Mariae Virginis, sermo 5. 

(23) S BONAVENTURA, De Assumptione B. Mariae Virginis, sermo 1.

(24) S. BERNARDINUS SENENSIS, In Assumptione B.M. Virginis, sermo 2. 

(25) IDEM, l.c.

(26) S. ROBERTUS BELLARMINUS, Conciones habitae Lovanii, concio 40: De Assumptione B. Mariae Virginis.

(27) Oeuvres de St François de Sales, Sermon autographe pour la fete de l'Assomption.

(28) S. ALFONSO MARIA DE' LIGUORI, Le glorie di Maria, parte II, disc. 1.

(29) S. PETRUS CANISIUS, De Maria Virgine.

(30) SUAREZ F., In tertiam panem D. Thomae, quaest. 27, art. 2, disp. 3, sec. 5, n. 31.

(31) Bulla Ineffabilis Deus: l. c., p. 599; EE 2/app.

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SOURCE : https://www.vatican.va/content/pius-xii/it/apost_constitutions/documents/hf_p-xii_apc_19501101_munificentissimus-deus.html

Fermo Ghisoni da Caravaggio.L’Assomption de Marie, xvie siècle,

Santa Maria delle Grazie, Curtatone, Mantova


Trésor du grégorien : l’alléluia « Assumpta est » de la fête de l’Assomption : https://fr.aleteia.org/2019/08/09/tresor-du-gregorien-lalleluia-assumpta-est-de-la-fete-de-lassomption/?utm_campaign=NL_fr&utm_source=daily_newsletter&utm_medium=mail&utm_content=NL_fr

Voir aussi http://www.introibo.fr/Commentaires-liturgiques-de-la,1032

http://www.introibo.fr/15-08-Assomption-de-la-T-Ste