Fabrizio,
Alfonso e Francesco Boschi, Hélie de Bourdeilles personalità francescane, 1642,
Chiostro di Ognissanti (Florence)
Bienheureux Elie de
Bourdeilles
Évêque de Périgueux puis
archevêque de Tours (+ 1484)
Il voulait devenir franciscain, mais il avait vingt-quatre ans lorsque les chanoines de Périgueux le choisirent pour évêque. Il partit à Rome faire annuler cette élection, mais Eugène IV lui intima l'ordre d'occuper son siège. Trente ans plus tard, sur l'ordre de Louis XI, il devint archevêque de Tours, le roi le faisant nommer cardinal et le prenant comme confesseur. Son biographe s'étend longuement sur sa bonté, son austérité et son amour de la nature, souffrant même de voir égorger un poulet. Il garda la pauvreté franciscaine même sous la pourpre cardinalice, dormant sur un banc quelques heures seulement, afin de rien distraire à Dieu.
Élie ou Helie de Bourdeilles - né en 1413 dans une famille noble du Périgord
Élu évêque de Périgueux 1437 - Archevêque de Tours 1468
"Toute sa vie il batailla pour le Saint Siège et pour la liberté de l'Église", dit Pierre de Bois-Morin, son secrétaire.
Il a été créé cardinal en 1483 et est mort le 5 juillet 1484 en odeur de
sainteté.
SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/7485/Bienheureux-Elie-de-Bourdeille.html
Elias de Bourdeille,
Evesque, Cardinal
Charles VII, Roy
de France & Duc d’Aquitaine.
Combien le Ciel fut
liberal de ses grace envers ce dioceze (en marge: L’an de Jesus Christ
1447), lors qu’il luy donna pour Pasteur celuy qu’il avoit faict naistre (en
marge: Chenu, Gall. Christ. in Tab. ep. Pet. & Archie. Turon.), non tant
pour soy-rnesme, que pour servir d’eschole de vertu à la noblesse, de
modelle aux bons Prelats, de prototype à l’austerité des Religieux, de
pourtraict de saincteté pour tout le Christianisme (en marge: Loüange). Ce fut
Elie de Bourdeille, qui dans le cours de sa vie fut loué pour sa saincteté,
obey pour sa prudence, respecté pour sa gravité, aymé pour sa
douceur, & par le violent esclat de tant de grandeurs, la grandeur de tant
de ferveurs, la ferveur de tant de sainctes actions de lumière, se rendit plus
esclatant dans ce siecle tenebreux, que les lumières & flambeaux qui apres
sa mort brusloient continuelement dans l’Eglise de Tours devant son sainct
sepulchre (en marge: Ma. Sc. Ann. 1526), plus que le cierge ardent qui estoit
posé prés du grand Autel de l’Eglise S. Front devant son chapeau de Cardinal
qui luy fut envoyé sur ses derniers ans par le Pape Sixte quatriesme. Il
semble que la recherche que nous avons faict des Evesques ses predecesseurs depuis
cinquante ou soixante ans ne soit que pour rehausser davantage l’esclat de ses
perfections, comment cognoistroit-on la rareté des diamans?
s’il n’y avoit d’autres cailloux, & la beauté
de l’or si le cuiure n’estoit en usage? aussi luy estoient-elles données
d’en-haut pour maistriser les coeurs des plus grands, specialement pour retenir
les pieces du debris de ce pauvre dioceze desolé par les guerres contre
l’Angleterre, pour lesquelles ceste province servit souvent de funeste theatre,
ce qui avoit obligé les Evesques durant 60 ans, de s’en absenter.
Tout ce que nous dirons
de ce grand Prelat aura pour garand les auteurs anciens &
modernes: mais par special sera averé par treize tesmoings jurez (en marge:
Tesmoings), tous gens de marque, qui furent interrogez juridiquement quarante
ans apres sa mort (en marge: Inquisitio pro Elia Card. anno 1526), lors qu’on
procedoit à l’inquisition de ses vie & moeurs (en
marge: Speciatim ex Ma. Sc. Petri de Boys), ce sera de leur deposition (en
marge: Morin à secretis & confessionibus d. Card.) que nous recueillirons
l’eslite des fleurs qui embaumerent pour jamais l’ancienne & noble famille
des Sieurs de Bourdeille, desquels il print naissance.
Arnaud de Bourdeille,
Seneschal & Lieutenant du Roy en Perigord eut cinq enfans (en marge:
Origine), entre lesquels Elie dès son bas aage donna des augures de sa
saincteté future (en marge: Origo nobilis), ce sainct enfant mesme à l’aage de
sept ans (en marge: Vocatio in septemnio), ayant veu souvent dans le chasteau
d’Agonac le Pere Bertrand de Combort de l’Ordre des Freres Mineurs, fut saisy
d’un violent desir, qui porta son courage plus grand que son corps à embrasser
la saincte Religion de S. François; déclare son desir à ses parens tous
estonnez de la resolution de cét enfant: Madame sa mere est encore plus aux
affres de perdre son fils, & met en jeu tous moyens possibles pour divertir
ce qu’on croyoit du commencement ou despit, ou fantaisie puérile: mais sa
perseverance de trois ou quatre ans fit paroistre qu’il n’avoit rien d’humain
dans son desir; mais plustost qu’il venoit du ciel, auquel son pere craignant
de s’opposer; d’autre-part pressé des importunitez de l’enfant parvenu desja à
l’aage de dix ans (en marge: Novitiatus in decennio); se resolut de le mener au
Convent des Religieux de S. François à Perigueux. Et d’autant que les troubles
des guerres estoient fort eschauffés dans tout le pays, Monsieur le Seneschal
assembla soixante ou septante chevaux pour la conduite de son fils, lequel
donna bien de l’estonnement à toute ceste noblesse, lors qu’après les derniers
adieux donnez à sa mere, on luy amena un bon cheval pour le monter: ce devot
enfant s’opiniastre à ne prendre de cheval pour son voyage, disant qu’il ne
vouloit qu’un asne pour sa conduitte, à l’imitation du Pere S. François,
auquel il se vouloit desja conformer. Il est mené en cét equipage, & mis
dans le Novitiat, apres lequel il estudia en Philosophie, de là envoyé à la
Théologie dans le grand Convent de l’Observance à Toloze (en marge: Doctrina in
Theolog.), où il fit paroistre la rareté de son esprit à l’aage de dix-neuf
ans, soustenant durant huict jours les Theses du Chapitre general celebré en ce
lieu, composé de l’eslite des plus doctes de ce temps: de là il fut conduit au
Convent reformé de Mirepoix pour y faire les premiers essais de ses
prédications.
Durant ce temps l’Evesché
de Périgueux vaqua par la mort de Geoffroy Berengarius d’Arpajou (en marge:
1447), l’an 1447 le droict des nominations restant encore aux
Chapitres par la pragmatique cension, les Chanoines unanimement eslevrent F.
Elie pour leur Evesque (en marge: Fit episc. aetat. 24 anno), qui à ces
nouvelles s’effaroucha, & se disant incapable de ceste charge se roidit
pour ne l’accepter (en marge: Faict Evesque); mais afin qu’il ne peut se
desgager, on deputa deux Chanoines vers son Provincial, à ce qu’il luy
commandast par obedience de les suivre vers le Pape Eugene, qui pour lors
estoit à Boulogne, où estans arrivez les Deputez supplient sa saincteté
d’agreer leur eslection, & dispenser à ce qui manquoit sur l’aage de
vingt-sept ans pour l’Episcopat; mais la docte & eloquente harangue de F.
Elie fut plus admirable, desadvoüant les vingt-sept ans d’aage que les Deputez
luy donnoient, & qu’il estoit seulement au vingt & quatriefme, partant
qu’il supplioit sa saincleté de ne le dispenser sur son incapacité. Humilité!
qui seule sembla meriter sa confirmation. Le Pape commandant au Cardinal de
Saincte Croix de le sacrer pour Evesque. Ainsi en despit de tous ses efforts il
faut obeyr; il vient à sa ville, faict son entrée solemnelle
le 3 Aoust de l’an 1447. Trouva que le vice s’estoit authorisé
dans tout son dioceze (en marge: Status dioecesis Petr.), les Eglises desolées,
bruslées, renversées, sans service divin, le Clergé sans ordre ny discipline,
l’impunité des vices alloit eshontéement la teste levée.
Grande moisson pour un si
bon ouvrier, qui avec l’aide de son Dieu s’appliqua au travail, à la visite,
exhortation, confirmation, reconciliation des Eglises, & à tous
les autres exercices de sa charge, qui pour l’ordinaire reculoient son repas à
deux heures après midy, avec un plus grand fruict qu’il n’eut ozé esperer de ce
grand desordre. Specialement faut noter le puissant remède dont il se servit
heureusement pour extirper le blaspheme qui regnoit pour lors en la bouche de
tous (en marge: Jureurs punis); c’est que dés le commencement de sa
promotion il fit une ordonnance (en marge: Decretum cont. de jeran...), que
tous ceux qui auroient juré fussent citez par le Curé du lieu à comparoistre
devant luy, & que deslors les denoncez subissent les peines des
excommuniez, jusques à ce qu’il parut par lettres testimoniales de leur absolution,
menassant par censures les Curez pusillanimes à la denonciation, encourageant
les zélés à l’exécution. La peine qu’il imposoit (en marge: Poena)
pour le blaspheme estoit que durant la Messe le criminel se tiendroit à la
porte de l’Eglise un cierge en main, nud pieds, sans chapeau ny ceinture,
quelquefois en chemise, & qu’a la fin il se presentast au pied de l’Autel
pour recevoir publiquement l’absolution; ainsi, faisant subir inexorablement
ceste peine à toute sorte de personnes, il n y eut dans un an aucun si huppé,
& pour noble qu’il fut, qui osast ouvrir la bouche contre le ciel (en
marge: Effectus). O Dieu! que ne revelliez-vous en nostre siecle le feu de
ce nouvel Elie, puis que nous en avons besoing plus que jamais?
Ces heureux commencemens
faisoient enrager de despit tout l’Enfer avec ses partisans; il suscita le
bastard de Gramont Anglois, qui commandoit dans le chasteau d’Auberoche, lequel
espiant l’occasion de se saisir de nostre Evesque lors qu’il alloit innocemment
pour reconcilier l’Eglise de S. Anthoine (en marge: Capitur ab Anglis), qui
avoit esté polluë par les meurtres faicts par cét Anglois dénaturé, n’ayant
d’autre escorte que l’Abbé de Brantosme, & quelques autres Eclesiastiques:
ainsi facilement il le print pour prisonnier de guerre, luy accordant à peine
un sien Prestre pour le servir (en marge: Espreuve). Durant sa prison il fut
plus mal traicté par louyë, suivant son dire, qu’autrement: parce qu’il estoit
contraint d’entendre ordinairement ses ennemis qui blasphemoient en damnez. De
là il est conduit au chasteau de la Roche Chalais, & sur la crainte que les
preneurs avoient que son frère le Seneschal de la province ne vint assieger
& forcer la place, deliberent de le conduire à Lybourne, pour de là
l’envoyer en Medoc, ou en Angleterre. L’Archevesque de Bourdeaux Pierre
Berland, vray homme de Dieu (en marge: Eripitur per Archiep. Burdig.), &
reputé pour sainct, apprint le danger où se trouvoit nostre Evesque, &
secondant la noblesse qui estoit desja aux champs pour l’enlever, il
conduit si adextrement l’entreprise qu’ils le retirent de leurs mains
à Lybourne (en marge: Delivrance), le jettent dans un bateau, & conduisent
heureusement à Bourdeaux. L’Archevesque accompagné de son Clergé & du
corps de la ville le vint accueillir au port, le mene à l’Archevesché, le
festina par plusieurs jours, avec les principaux de la ville.
Par ce narré nous passerons au
temporel (en marge: Montreslet), comme desja la ville de Bourdeaux estoit en
l’obeyssance (en marge: 1450) du Roy de France, lequel dés l’année 1450 (en
marge: Annal. Aquit.) ayant heureusement reconquis la Normandie, il porta sa
pensée à déguerpir des mains estrangeres nostre pauvre Guyenne (en marge: Alain
Chartier), & pour cét effet il commença ses reprises par la ville de
Bragerac (en marge: Dup. t. 2), qui tousjours a esté reputée une des clefs de
la Guyenne (en marge: Bragerac rendu): il y envoya le Comte de Pontieure &
de Perigord avec puissante armée, qui aux premieres aproches contraint les
assiegez à demander capitulation: le Comte reçoit la ville au nom du Roy,
permettant à l’Anglois de sortir bagues sauves, & les habitans sont maintenus
en leurs privileges (en marge: Regestre de la gener. de Bourd. fol. 186): ce
qui fut confirmé par lettres Royaux de Charles
l’an 1451 le 24 Novembre (en marge: 1451), avec abolition
du passé, & promesse que leur ville ne seroit jamais se-parée dé la couronne
de France.
L’année suivante (en
marge: 1452) nous ramenera en Guyenne le Comte Dunois avec puissante armée, qui
dans moins de deux mois conquit toutes les villes & places les plus
opiniastres, hormis Bayonne, de fléchir soubs les armes Françoises, specialement
la ville de Bourdeaux (en marge: Chronic. Burdigal.), despourveuë de secours
Anglois, le receut avec toute son armée le 21 Juin.
Ainsi trois cens ans
après que nous avions esté démembrez de la couronne de France par l’infortuné
mariage d’Eleonor, nous revenons heureusement à la domination de nostre premier
maistre, par la faveur du ciel, & la vaillance de la noblesse (en marge:
Loüange): surquoy je ne puis taire ce qui a esté remarqué en ce lieu par
Gilles, Dubouchet, Dupleix & autres (en marge: Annal.
Aquit.); c’est que parmy le grand nombre de ceux qui servirent le Roy
de France, pour reconquerir l’Aquitaine, seulement deux Seigneurs
acquirent le nom de Chevaliers sans reproche (en marge: Gill. nic.
Chronic. de Franc.). Le Seigneur de Barbazan (en marge: Dup. t. 2), &
François de Bouchard Viscomte d’Aubeterre, Chambellan du Roy, Seneschal
d’Angoumois, fils de Jochin, fils de Savary, fils de Pierre, qui aussi
porterent le tiltre de Comte, possedans de plus les Seigneuries de Castillon,
Mucidan, Puinorman, Cadillac, Rochefort, Roussilles, Sainct Jean d’Angles,
Rochemeaux, Sainct Martin de la Coudrée. Ce qui soit dict en faveur de nos
Evesques sortis de ceste noble famille.
Mais (en marge:
1452) la grande & longue maladie de l’Aquitaine ne peut se guerir tout
soudain sans quelque recheute qui fut l’année suivante 1452 la ville
de Bourdeaux (en marge: Polid. Virg.), & en suitte les villes du voisinage
se rendent derechef à la rébellion (en marge: Rebellion); ce qui a soudain
apella à Bourdeaux le plus signalé des Capitaines Anglois Thalabot (en
marge: 1452); mais ce fut pour finir bien tost ses jours dans le Perigord; car
accourant pour secourir les quinze cens Anglois assiegez dans Castillon par les
nostres, il fut porté par terre d’un coup de coulevrine, & au sepulchre
dans la Chapelle nommée S. Jean de Colles, bastie au desa du ruisseau qui
separe ceste province du Bourdelois. Mort qui fut suivie de celle de son fils,
& de l’estonnement des rebelles qui aux aproches du Roy Charles (en marge:
Alain & Jean Chartier), rendirent à sa discretion la ville de
Bourdeaux, la Guyenne rebelle trouva la misericorde dans ce coeur vrayement
Royal pour les Ecclesiastiques & Nobles (en marge: Misericorde Royale).
Neantmoins pour punition exemplaire il se reserva sur eux le chastiement de
vingt personnes, & le payement de cent mil escus, tant pour leur Chef que
pour leurs prisonniers.
Accompagnons le retour de
nostre Evesque (en marge: Eliae ep. reditus in urbem) qui par la
faveur de la paix revint à sa ville, qui le receut comme jadis Alexandrie &
Constantinople les Chrysostomes & Athanases apres leur exil: aussi
virent-ils sa ferveur redoublée (en marge: Fervor), & plustost un Evesque
Religieux, qu’un Religieux devenu Evesque (en marge: Actions saintes): n’ayant
retranché rien de trois Caresmes de sa regle (en marge:
Jejunia); & au surplus y adjoustant les jours du Mecredy & Samedy: la
veille des grandes solemnitez estoit au pain & à l’eau, lavant les pieds à
certain nombre de pauvres, suivant la solemnité du jour, lesquels il servoit à
la table teste nuë, & auparavant prendre son repas, qui tousjours
pour quelle compagnie qu’il y eust, fut assaisonné de la lecture des saincts
livres: un banc estoit sa couche ordinaire, un livre pour cuissin, son habit un
rude gris brun (en marge: Vestis), de vingt & cinq sols l’aune, son manteau
presque de si vil prix; & quand il fut Archevesque l’aulne de son drap
coutoit quelque quarante sols, aussi le disoit-il estre trop precieux. Enfin le
vray esprit & la vertu d’Elie estoit avec luy, par laquelle il estoit
plus-que fervent à reprendre les vices (en marge: Conciones), comme il parut
dans une quarantaine preschant à son peuple deux heures tous les jours sur les
sept pechez capitaux. Son assiduité aux confessions estoit toute pastorale: ne
permettant qu’aucun se retirast sans consolation (en marge: Benignitas), tant
il estoit bening envers les pecheurs repentans: mais severe & plus que lyon
envers les superbes opiniastres. Certains Chanoines, Prieurs, voire Abbés de
son dioceze pour eviter sa correction, ne vouloient recognoistre sa
jurisdiction; mais il les ramena puissamment à leur devoir (en marge:
Magnanimitas); voire il intenta procez contre les universitez qui bailloient si
facilement les degrez à ceux qui par leurs chicanes rongeoient le pauvre
peuple. Dc plus sa charité estoit notoire envers les pauvres necessiteux,
desquels il estoit le nourrissier dans sa maison, le Medecin dans l’Hospital
(en marge: Charitas), leur Curé pour les Sacremens & sepulture. C’estoit du
sanctuaire sacré de l’oraison & contemplation (en marge: Oratio) qu’il
empruntoit ce brasier de charité toute fervente, passant le peu de la nuict
qu’il desroboit à ses occupations pour vaquer à sa méditation, qu’il
destrempoit pour l’ordinaire d’un ruisseau de larmes respanduës pour ses
diocezains. C’estoit pour eux qu’il consacroit tout ce qu’il possedoit, donnant
sa santé, sa vie, ses pensées, & son revenu pour les Eglises (en marge:
Aedificia sacra), bastimens, pauvres & necessiteux; sa liberalité fut grande
aydant à rebastir l’Eglise collégiale de S. Astier, ruinée par les guerres
passées; il rebastit aussi la moitié de l’Eglise S. George qui est dans les
faux-bourgs de la ville; comme aussi fit dresser le grand Autel de son Eglise
Cathédrale que le vieux manuscript dict par exaggeration, avoir estè le
plus beau & magnifique de ce Royaume.
Mais il semble que Dieu
avoit reservé ce S. Evesque Religieux de S. François, pour executer apres plus
de deux cens ans les dessains d’un autre Evesque Religieux de S. Dominique (en
marge: Vid. sup. anno 1261), qui l’an 1261 avoit determiné de lever
le sainct corps de l’Apostre du Perigord (en marge: Corps sainct honnoré),
& n’agueres nous avons veu le congé que le Pape Eugene (en marge: Vid.
Bull. Eugen. 1441) en a donné au Chapitre. Ainsi le vingt-cinquiesme ou
vingt-septiesme May de l’an 1463 Elies de Bourdeille (en marge:
1463), assisté de l’Evesque de Sarlac, & de son oncle l’Evesque de Rieux
(en marge: Ma. Sc. dom. comm.), & jadis de Sarlac, tous deux de la maison
de Rouffignac en Lymosin, celebrerent l’élevation du corps du bien-heureux S.
Front, colloquans à part son chef dans un grand tabernacle qu’il avoit faict
eslever & richement elabourer au milieu du Choeur, basty de lames de
cuivre, esmaillées & dorées, renfermé de grilles de fer; ouvrage d’un
merveilleux artifice, qui à nostre siecle a demeuré en proye aux harpies
huguenotes.
Ce fut en suitte un coup
de la prudence de nostre Prelat d’accoiser (en marge: Accord) les differens
intervenus entre les deux Chapitres Cathedral & Collegial (en marge: Ma.
Sc. dom. comm.), chacun pretendant devoir posseder le chef de ce corps sainct,
l’accord faict par le sainct Evesque fut portant processionnelement à l’Eglise
Sainct Estienne un bras de S. Front le jour de Saincte Quitere.
Sur ce sujet il ne faut
obmettre comme ceste mesme année (en marge: 1463) redonna à ceste province le
sainct Suaire que les Tholozains avoient possedé depuis
l’an 1392. Certains escholiers de l’ordre de Cisteaux envieux de ce
qu’il avoit esté ravy à leur Ordre par droict de represaille l’enleverent
habilement de l’Eglise du Taur (en marge: Sainct Suaire), le rapportant à
Cadouin, & peu de temps apres le portent a l’Abbaye d’Aubasine, où il fut
retenu durant sept ans, non sans plaintes des Tholozains, & de l’Abbé de
Cadouin, jusques à l’an 1463 (en marge: Ma. Sc. Abb.
Cadunii); pour lors le Roy Charles commanda par ses patentes à M. Pierre
de Combort Evefque d’Evreux, & Abbé d’Aubasine, de rendre à l’Abbé de
Cadouin P. de Gain, le sainct Suaire, comme il appert par l’inscription de son
sepulchre (en marge: Epitaphium Abbatis Cad.).
HIC IACET
CORPVS F. PETRI DE GAIN,
qui senior
Abbas hujus monasteris, per cujus opem recuperatum fuit Sanctissimum
Sudarium, videlicet die decimo mensis Junii anno
Domini 1463 de manibus reverendi in Christo patris Petri de Combornio
Eboracensis Episcopi, administratoris Aubasinae.
Je suis estonné sur la
merveille des miracles approuvez & verifiez par l’Archevesque de Toloze
l’an 1413 lesquels continuerent dans ceste province, suivant le
tesmoignage que l’Archevesque de Bourdeaux Arturus de Montauban, baillé
l’an 1470. Ce qui obligea les Papes Innocent huictiesme, Urbain
cinquiesme, Boniface septiesme, & Alexandre quatriesme, Grégoire
onziesme, Jules second, Clement septiesme, & plusieurs autres
plus anciens de bailler beaucoup de privileges à ceste Abbaye, confirmez par
le Pape Paul l’an 1535.
Revenons à
l’année 1463 qui donna assez pour d’incommodité à ceste
province (en marge: Commiss. pour les francs-fiefs), par la commission baillée
au Seneschal du Perigord sur le faict des francs-fiefs (en marge: anno 1463),
& nouveaux acquests faicts specialement par les communautez Ecclesiastiques
& Religieuses, qui apres tant de ruines se trouvoient bonnement sans
tiltres pour prouver ce que les Commissaires demandoient.
De la passons à
nostre Evesque Elie, lequel Dieu relevoit tout autant qu’il se deprisoit
par les actions de son humilité ordinaire (en marge: Archevesque de
Tours). Le Roy Louys onziesme successeur de Charles eut cognoissance de ses
merites, le choisit pour son confesseur, & l’Archevesché de Tours vacant,
il le ravit à ceste province pour le colloquer (en marge: 1468) en plus haut
grade, l’an 1468.
Pour le Comté du
Perigord, il avoit esté entre les mains de Jean de Bretagne Sieur
de l’Aigle (en marge: Corl. Comit. Engol.), Vicomte de
Lymoges (en marge: Juvenal des Ursins); il eut un fils nommé Guillaume de
l’Aigle (en marge: Guillaume de l’Aigle, comte du Perig.) son successeur
l’an 1443 qui decedant sans hoirs, fit sa soeur Françoise de Bretagne
son heritiere, qui l’an 1460 fut mariée à Alain Sire d’Albret (en
marge: Alain d’Albret, Com. du Perig.) d’où nasquit Jean d’Albret. (zz)
L’Estat de L’Eglise du
Périgord depuis le christianisme, (2ème volume) par le R.P. Jean Dupuy,
Récollect. A Périgueux, par Pierre & Jean Dalvy Imprimeurs & marchands libraire, 1629, avec
approbation.
SOURCE : https://www.guyenne.fr/Publications/Etat_Dupuy/etat_de_l_eglise_du_perigord_t2.htm#t_page_140
Commentaires du père
Ayroles sur le traité de Bourdeilles (Procès de réhabilitation
VIII - Traité de Msgr. Élie de Bourdeilles, évêque de Périgueux / Opus
reverendi patris domini Helie, episcopi Petragoricensis, in processum JOHANNE
condam electe a Deo puelle.):
SOMMAIRE : I. — Notice sur Élie de Bourdeilles.
II. — Coup d'oeil général sur son mémoire.
III. — La préface, les divisions.
I
Avec Élie de Bourdeilles, Jeanne compte parmi ses défenseurs un des
plus saints évêques de France, dans les six ou sept derniers siècles. Il naquit
vers 1415, au château d'Agonac en Périgord, d'une des plus anciennes familles
de la contrée; son père, Armand de Bourdeilles, y exerçait les fonctions de
sénéchal et de lieutenant du roi.
Jamais piété plus précoce ; dès l'âge de sept ans, l'enfant
demandait à suivre les fils de saint François, qui passaient souvent par le
château d'Agonac. On accéda de bonne heure à ses désirs ; il n'avait que dix
ans lorsque son père consentit à le conduire à Périgueux, pour le remettre aux
Pères Cordeliers de cette ville. Le noble seigneur avait fait préparer une magnifique
escorte, composée de la haute noblesse de la contrée; l'enfant ne voulut qu'un
âne pour monture, jaloux qu'il était déjà d'imiter la pauvreté de son
séraphique père saint François.
Ses progrès dans la science furent aussi aventifs que ses progrès
dans la piété. Sa philosophie terminée, envoyé à Toulouse pour ses études
théologiques, il soutint, durant huit jours, avec éclat, des thèses sur toute
la science sacrée, devant le chapitre de son ordre, quoiqu'il n'eut encore que
19 ans. Mirepoix eut les prémices de son ministère; un plus vaste théâtre
allait de bonne heure lui être assigné.
Le siège de Périgueux étant devenu vacant par la mort de Béranger
d'Arpajon, le chapitre porta ses voix sur frère Élie, qui n'avait que 24 ans.
Deux chanoines furent députés au provincial de l'ordre pour le prier de faire
un commandement à frère Élie de les suivre auprès d'Eugène IV, alors à Bologne.
Le commandement fut imposé, et le jeune religieux présenté au Souverain
Pontife, comme l'élu du chapitre de Périgueux. Les députés, alléguant que les
mérites avaient prévenu les années, demandaient que le Pape ratifiât le choix,
et accordât dispense d'âge. Pour mieux l'obtenir, ils surfaisaient les années
du candidat, et lui en donnaient 27. L'humble religieux protesta, dit n'en
avoir que 24, et supplia le Pontife de ne pas imposer charge si pesante à si
jeunes épaules.
Eugène IV n'eut garde d'entrer dans ces vues; il ordonna au jeune
Franciscain de se laisser imposer Fonction épiscopale, et le fit sacrer par le
cardinal de Sainte-Croix, mis depuis sur les autels sous le nom de Bienheureux
Nicolas Albergati.
Un des premiers actes épiscopaux du nouvel évêque fut d'assister en
cette qualité au concile de Ferrare, auquel il a souscrit sous le nom d'évêque
élu de Périgueux. A son entrée dans le diocèse, le jeune prélat trouva bien des
ruines morales et matérielles à relever. Le diocèse de Périgueux, comme bien
d'autres,
était depuis 60 ans désolé par le Grand Schisme, la guerre étrangère et la
guerre civile; les ronces et les épines y avaient largement poussé.
Bourdeilles se mit à l'oeuvre avec le zèle du prophète dont il
portait le nom ; visitant son troupeau, relevant la discipline, édictant des
peines contre les crimes publics, notamment contre les blasphèmes, et forçant
les grands seigneurs eux-mêmes à les subir.
Dans une de ses courses le prélat est enlevé par un partisan
anglais, le bâtard de Grammont posté au château d'Auberoche. Le prisonnier est
d'abord enfermé au château de la Roche-Chalais, mais pour mieux s'assurer de sa
capture, le forban résolut de l'envoyer en Angleterre, ou de le renfermer dans
quelque donjon au fond du Médoc.
Le siège de Bordeaux, métropole ecclésiastique de Périgueux, était
occupé par un archevêque aussi saint que son suffragant: c'était Pierre
Péberland. Ou devine l'amitié qui devait unir les deux prélats. Péberland
organise un coup de main pour rendre l'évêque à la liberté. Quelques seigneurs
guettent le prisonnier au passage de la Dordogne, l'enlèvent à son ravisseur,
le conduisent à Bordeaux, où le saint archevêque lui ménage une entrée
triomphale.
La conquête de la Guyenne et l'expulsion des Anglais vinrent mettre
fin aux actes de brigandage, du genre de ceux dont le saint évêque avait été
victime.
Le prélat conserva sous la mitre l'austérité et les pratiques d'un
fils de saint François ; il sut les allier avec les exercices du zèle pastoral
le plus actif. Plusieurs fois déjà, dans le cours de ces pages, l'occasion
s'est présentée de signaler la profonde déviation doctrinale et disciplinaire
qui s'implantait alors parmi nous, sous le nom si impropre de doctrines,
de libertés gallicanes. Déviation funeste, elle a amené toutes les autres.
L'attachement au Saint-Siège, étant l'humilité de l'esprit et
l'obéissance du coeur, est toujours en proportion de la sainteté; tout comme
l'éloignement
de Pierre, l'opposition à Pierre, sont, quelles que soient les apparences, le
signe de l'absence de l'esprit de Jésus-Christ, parce qu'ils sont l'orgueil et
la révolte.
Élie de Bourdeilles était un saint. Toute sa vie s'est passée à
combattre par la plume et par les actes les doctrines et les tendances
anti-romaines ou gallicanes. Il écrivit un traité de potestate Papæ; un
autre contre la néfaste pièce de Bourges, de abrogatione Pragmaticæ Sanctionis.
Pareil zèle n'était pas pour déplaire à Louis XI, dont le premier
acte, comme roi, avait été, avons-nous vu, de supprimer le diplôme
schismatique.
Si la suppression eût été maintenue, la France n'aurait pas vu
la déclaration des droits de l'homme; la maçonnerie ne la tiendrait pas
dans ses brûlantes griffes.
A la suite des états généraux de 1467, réunis à Tours, Louis XI
voulut avoir Bourdeilles à sa portée pour recourir à ses conseils, et lui
ouvrir même sa conscience ; il le fit nommer archevêque de Tours en 1468.
Ces faveurs n'enchaînèrent nullement la liberté apostolique du
prélat ; il en usa pour combattre les menées du parlement et des courtisans qui
poussaient Louis XI à revenir sur son acte réparateur. Le grand archevêque
était vraiment le mur d'airain. Le roi ayant découvert les trahisons du favori
qu'il avait fait élever jusqu'à la pourpre romaine, du cardinal de la Balue, le
fit arrêter et jeter en prison, comme coupable de lèsemajesté.
L'archevêque de Tours n'aimait pas le ministre prévaricateur; mais
c'était un évêque, un prince de l'Eglise, un cardinal. Le laisser juger par la
justice séculière, c'était laisser fouler aux pieds le privilège de droit divin
qui est l'immunité ecclésiastique. Bourdeilles croyait, ainsi que l'enseigne
Benoît XIV, qu'un évêque devait opposer sa poitrine aux glaives des violateurs.
Il alla trouver le roi, lui représenta l'attentat qui venait d'être commis par
ses ordres et le pressa de déférer l'affaire au Pape, sûr que les délégués
pontificaux lui feraient justice. En attendant, il ordonne de publier dans
toutes les églises de son diocèse les censures encourues par ceux qui portent
la main sur les ministres de Jésus-Christ. Le parlement lui enjoint de retirer
ses ordonnances. Ordre bien inutile, le nouvel
Ambroise les confirme. Les robins ordonnent de saisir le temporel de
l'Archevêque; c'était confisquer les revenus des pauvres. Le saint demeure
inébranlable. Louis XI ordonne à ses magistrats de modérer leur ardeur, fait
rendre à l'Archevêque ses revenus, et demander des juges à Rome pour faire le
procès à la Balue. Le Pape consulte le sacré collège, et envoie quatre
délégués. Louis XI apprenant qu'ils sont étrangers les récuse, leur fait dire
de rester à Avignon; et en attendant, malgré les prières de Bourdeilles, il
retient dans les fers le prélat dont il avait fait toute la fortune.
En 1483, Sixte IV conféra la pourpre à l'archevêque de Tours; ce
fut un nouveau motif pour le saint de multiplier ses austérités et ses bonnes
oeuvres. Depuis lors, Bourdeilles parut triste; il mourut dans l'année qui
suivit son élévation, le 2 juillet 1484.
Bourdeilles était en possession de grands revenus ecclésiastiques;
mais entre ses mains la commende était ce qu'elle avait été dans son
institution primitive, un moyen de faire jouir un plus grand nombre d'églises
ou de monastères des dons éminents de doctrine, de sainteté, de sage direction,
départis à certaines âmes privilégiées ; un moyen de faire réaliser à ces âmes
elles-mêmes un bien plus étendu. L'homme de Dieu resta si pauvre qu'il ne
laissa pas de quoi faire un testament ; tout ce qu'il légua à sa famille, ce
fut son chapeau de cardinal. Ce chapeau fut vénéré comme une relique dans
l'église de Périgueux.
Bourdeilles reçut longtemps comme une sorte de culte dans l'église
de Tours, où de nombreuses lumières brûlaient constamment sur son tombeau.
En 1526, de Plas, évêque de Périgueux, commença une information sur
la sainteté de la vie de son vénérable prédécesseur, et sur les miracles qui
lui étaient attribués, en vue de porter à Rome la cause de sa béatification.
Une vie du saint cardinal, aujourd'hui presque introuvable, par
Pierre Boismorin, est signalée par plusieurs auteurs. Il serait à souhaiter
qu'une plume catholique fît revivre cette grande et sainte figure, et nous
donnât une histoire dont les grandes lignes promettent tant d'intérêt et de
variété.
Tel est l'homme, qui a écrit pour la réhabilitation de la Pucelle,
le mémoire qui, dans le manuscrit du procès réparateur, se trouve venir
immédiatement après celui de Gerson, composé, comme il a été dit, au moment où
Jeanne venait de délivrer Orléans.
II
Un universitaire qui a occupé le sommet de sa corporation a écrit,
si ma mémoire est fidèle, que les scolastiques ne s'occupaient pas des
prémisses.
Cette énormité se trouverait particulièrement réfutée par le
mémoire de Bourdeilles, si elle en avait besoin pour quiconque soupçonne, même
de loin, ce qu'est la scolastique.
Le prélat possédait à la perfection la scolastique de son temps.
Non seulement la Bible est un livre dont il semble savoir chaque verset; mais
il se meut comme dans son élément, au milieu des pages de Duns Scot, de saint
Thomas, de saint Denys, de saint Isidore, de saint Grégoire, de saint Augustin;
il renvoie à leurs oeuvres à chaque ligne.
Il établit si longuement ses majeures qu'elles forment presque un traité de théologie sur la matière ; un prêtre de nos jours devrait s'estimer heureux de les posséder. Il en fait l'application à la Pucelle, dans la mesure où le lui permet le sommaire qui lui a été envoyé, le seul document mis entre ses mains. Il exprime à plusieurs reprises le regret de ne pas posséder l'instrument entier du prétendu procès de Rouen.
Bourdeilles était la modestie même; il se trouvait en présence
d'une cause déjà jugée par un évêque ; la prévarication n'était pas
officiellement constatée; la cause était particulièrement ardue. De là la
réserve, je dirais presque la timidité de ses conclusions, les restrictions
qu'il met à sa manière de voir, l'abandon de ses appréciations à de plus
clairvoyants, les protestations de sa soumission au Siège Apostolique, pour
lequel sa déférence et son obéissance éclatent avec un accent à part.
Après le mémoire de Bréhal, le plus long est celui de Bourdeilles.
Il occupe du folio CXI au folio CXXXII, quarante-deux pages de long et large
parchemin. Le vénérable évêque prend les chefs de condamnation, il en
compte vingt ; il les réfute les uns après les autres. Le premier, celui des
révélations et des apparitions frauduleusement inventées par Jeanne, étant le
point capital, Bourdeilles consacre les deux tiers de son mémoireà l'élucider
et à montrer qu'il n'y avait pas lieu de condamner la libératrice.
Reproduire toutes ses majeures, avec leurs longs développements,
avec les citations et les renvois qui les accompagnent, serait fastidieux pour
le lecteur. Elles sont trop longues et font perdre de vue le sujet principal.
On n'en trouvera ici que la moelle. L'application à la martyre ne
présente pas des détails nouveaux; presque tout a été déjà indiqué dans les
mémoires précédents, ou le sera plus rapidement dans ceux qui vont suivre.
Seule, l'autorité d'un si grand et saint personnage m'engage à
reproduire de longs passages, principalement de la partie qui regarde les
révélations.
Quicherat n'a imprimé que la préface. La voici presque dans son
entier.
III
« Jeanne ne mérite pas les qualifications énumérées dans la
sentence de condamnation; elle en mérite plutôt de toutes contraires. » C'est
exprimé dans le titre même du mémoire qui commence ainsi :
« Il est écrit : si vous avez à prononcer sentence sur une cause
ardue et difficile et que les juges de vos cités se partagent de sentiment,
vous irez vers les prêtres de la race de Lévi; et ils rendront la sentence
réclamée par la vérité (Deut., XVII). C'est pour obéir à ce précepte que notre
roi très chrétien, Charles, roi des Français, a voulu consulter les évêques et
les prêtres sur un fait plein de difficultés et d'obscurités.
« Il s'agit d'une jeune fille du nom de Jeanne, qu'il pense lui
avoirété autrefois envoyée par l'infinie miséricorde du roi éternel des siècles
pour son soulagement et pour la délivrance du royaume des Francs.
Tombée au pouvoir des Anglais, elle a été chargée des plus graves
inculpations et livrée au supplice.
« De là, diversité de sentiments chez plusieurs.
« La jeune fille était-elle conduite par le bon ou par le mauvais
esprit? La sentence rendue contre elle, les accusations qui lui ont été
intentées, sont-elles conformes à la vérité et à la justice? Le roi notre sire
consulte là-dessus plusieurs évêques et plusieurs prêtres catholiques.
« Sa Majesté a bien voulu par lettres patentes savoir l'avis d'un
homme aussi enveloppé des ténèbres de l'ignorance que je le suis, moi, frère
Hélie, le dernier des Frères Mineurs, qu'on appelle évêque de Périgueux.
Pour lui obéir, dans la faible mesure de mon exiguïté, j'ai étudié
le sommaire du procès fait contre la jeune fille, et la sentence qui l'a
condamnée, et j'ai écrit les pages qui vont suivre, comme expression de ce que
j'ai pu opiner de moins imparfait sur la matière.
« La sentence de condamnation énumère vingt griefs, d'après
lesquels Jeanne est déclarée : 1° coupable inventrice de révélations et
d'apparitions célestes; 2° pernicieuse séductrice; 3° présomptueuse; 4° ayant
cru légèrement; 5° superstitieuse; 6° devineresse; 7° blasphématrice contre
Dieu, les saints, les saintes et les sacrements ; 8° contemptrice de la loi
divine ; 9° coupable de prévarication à l'endroit de l'enseignement sacré et des
canons ecclésiastiques; 10° séditieuse; 11° cruelle; 12° apostate; 13°
schismatique; 14° atteinte d'erreurs multiples dans la foi; 15° coupable de
multiples délits contre Dieu et la sainte Église; 16° en révolte expresse,
obstinée, avec endurcissement et opiniâtreté, contre notre Saint Père le Pape
et le concile général; 17° pertinace; 18° obstinée; 19° excommuniée; 20°
hérétique.
« Il faut examiner, par ordre, si la teneur du procès justifie ces
inculpations. » Bourdeilles, comme il vient d'être dit, discute un à un tous
ces chefs de condamnation dans l'ordre même de la sentence.
SOURCE : http://www.stejeannedarc.net/rehabilitation/VIII-traite_helie.php
Also
known as
Elie
Hélie
Profile
Born to the French nobility. Franciscan at
age ten. Priest. Bishop of Périgord, France in 1437.
In 1452 he authored a
report vindicating Saint Joan
of Arc. Archbishop of Tours, France in 1468. Cardinal in 1483. Confessor to King Louis
XI. Defended the rights of the Church against
the power of the king.
Born
1484 of
natural causes
process begun in 1526,
never completed, but he has been referred to as “Blessed” for centuries
Additional
Information
books
Book of Saints, by the Monks of
Ramsgate
Our Sunday Visitor’s Encyclopedia of Saints
MLA
Citation
“Blessed Elias of
Bourdeilles“. CatholicSaints.Info. 1 July 2015. Web. 3 July 2023.
<https://catholicsaints.info/blessed-elias-of-bourdeilles/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/blessed-elias-of-bourdeilles/