mercredi 2 juillet 2025

Bienheureux ÉLIE de BOURDEILLES, (5 juillet)

 

Fabrizio, Alfonso e Francesco Boschi, Hélie de Bourdeilles personalità francescane, 1642, Chiostro di Ognissanti (Florence)


Bienheureux Elie de Bourdeilles

Évêque de Périgueux puis archevêque de Tours (+ 1484)

Il voulait devenir franciscain, mais il avait vingt-quatre ans lorsque les chanoines de Périgueux le choisirent pour évêque. Il partit à Rome faire annuler cette élection, mais Eugène IV lui intima l'ordre d'occuper son siège. Trente ans plus tard, sur l'ordre de Louis XI, il devint archevêque de Tours, le roi le faisant nommer cardinal et le prenant comme confesseur. Son biographe s'étend longuement sur sa bonté, son austérité et son amour de la nature, souffrant même de voir égorger un poulet. Il garda la pauvreté franciscaine même sous la pourpre cardinalice, dormant sur un banc quelques heures seulement, afin de rien distraire à Dieu.

Élie ou Helie de Bourdeilles - né en 1413 dans une famille noble du Périgord

Élu évêque de Périgueux 1437 - Archevêque de Tours 1468

"Toute sa vie il batailla pour le Saint Siège et pour la liberté de l'Église", dit Pierre de Bois-Morin, son secrétaire.

Il a été créé cardinal en 1483 et est mort le 5 juillet 1484 en odeur de sainteté.

SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/7485/Bienheureux-Elie-de-Bourdeille.html

Elias de Bourdeille, Evesque, Cardinal

Charles VII, Roy de France & Duc d’Aquitaine.

Combien le Ciel fut liberal de ses grace envers ce dioceze (en marge: L’an de Jesus Christ 1447), lors qu’il luy donna pour Pasteur celuy qu’il avoit faict naistre (en marge: Chenu, Gall. Christ. in Tab. ep. Pet. & Archie. Turon.), non tant pour soy-rnesme, que pour servir d’eschole de vertu à la noblesse, de modelle aux bons Prelats, de prototype à l’austerité des Religieux, de pourtraict de saincteté pour tout le Christianisme (en marge: Loüange). Ce fut Elie de Bourdeille, qui dans le cours de sa vie fut loué pour sa saincteté, obey pour sa prudence, respecté pour sa gravité, aymé pour sa douceur, & par le violent esclat de tant de grandeurs, la grandeur de tant de ferveurs, la ferveur de tant de sainctes actions de lumière, se rendit plus esclatant dans ce siecle tenebreux, que les lumières & flambeaux qui apres sa mort brusloient continuelement dans l’Eglise de Tours devant son sainct sepulchre (en marge: Ma. Sc. Ann. 1526), plus que le cierge ardent qui estoit posé prés du grand Autel de l’Eglise S. Front devant son chapeau de Cardinal qui luy fut en­voyé sur ses derniers ans par le Pape Sixte quatriesme. Il semble que la recherche que nous avons faict des Evesques ses predecesseurs de­puis cinquante ou soixante ans ne soit que pour rehausser davantage l’esclat de ses perfections, comment cognoistroit-on la rareté des diamans? s’il n’y avoit d’autres cailloux, & la beauté de l’or si le cuiure n’estoit en usage? aussi luy estoient-elles données d’en-haut pour maistriser les coeurs des plus grands, specialement pour retenir les pieces du debris de ce pauvre dioceze desolé par les guerres contre l’Angleterre, pour lesquelles ceste province servit souvent de funeste theatre, ce qui avoit obligé les Evesques durant 60 ans, de s’en absenter.

Tout ce que nous dirons de ce grand Prelat aura pour garand les auteurs anciens & modernes: mais par special sera averé par treize tesmoings jurez (en marge: Tesmoings), tous gens de marque, qui furent interrogez juridiquement quarante ans apres sa mort (en marge: Inquisitio pro Elia Card. anno 1526), lors qu’on procedoit à l’inquisition de ses vie & moeurs (en marge: Speciatim ex Ma. Sc. Petri de Boys), ce sera de leur deposition (en marge: Morin à secretis & confessionibus d. Card.) que nous recueillirons l’eslite des fleurs qui embaumerent pour jamais l’ancienne & noble famille des Sieurs de Bourdeille, desquels il print naissance.

Arnaud de Bourdeille, Seneschal & Lieutenant du Roy en Perigord eut cinq enfans (en marge: Origine), entre lesquels Elie dès son bas aage donna des augures de sa saincteté future (en marge: Origo nobilis), ce sainct enfant mesme à l’aage de sept ans (en marge: Vocatio in septemnio), ayant veu souvent dans le chasteau d’Agonac le Pere Bertrand de Combort de l’Ordre des Freres Mineurs, fut saisy d’un violent desir, qui porta son courage plus grand que son corps à embrasser la saincte Re­ligion de S. François; déclare son desir à ses parens tous estonnez de la resolution de cét en­fant: Madame sa mere est encore plus aux affres de perdre son fils, & met en jeu tous moyens possibles pour divertir ce qu’on croyoit du commencement ou despit, ou fantaisie puérile: mais sa perseverance de trois ou quatre ans fit paroistre qu’il n’avoit rien d’humain dans son desir; mais plustost qu’il venoit du ciel, auquel son pere craignant de s’opposer; d’autre-part pressé des importunitez de l’enfant parvenu desja à l’aage de dix ans (en marge: Novitiatus in decennio); se resolut de le mener au Convent des Religieux de S. François à Pe­rigueux. Et d’autant que les troubles des guerres estoient fort eschauffés dans tout le pays, Monsieur le Seneschal assembla soixante ou septante chevaux pour la conduite de son fils, lequel donna bien de l’estonnement à toute ceste noblesse, lors qu’après les derniers adieux donnez à sa mere, on luy amena un bon cheval pour le monter: ce devot enfant s’opiniastre à ne pren­dre de cheval pour son voyage, disant qu’il ne vouloit qu’un asne pour sa conduitte, à l’imita­tion du Pere S. François, auquel il se vouloit desja conformer. Il est mené en cét equipage, & mis dans le Novitiat, apres lequel il estudia en Philosophie, de là envoyé à la Théologie dans le grand Convent de l’Observance à Toloze (en marge: Doctrina in Theolog.), où il fit paroistre la rareté de son esprit à l’aage de dix-neuf ans, soustenant durant huict jours les Theses du Chapitre general celebré en ce lieu, composé de l’eslite des plus doctes de ce temps: de là il fut conduit au Convent refor­mé de Mirepoix pour y faire les premiers essais de ses prédications.

Durant ce temps l’Evesché de Périgueux vaqua par la mort de Geoffroy Berengarius d’Arpajou (en marge: 1447), l’an 1447 le droict des nominations restant encore aux Chapitres par la pragmatique cension, les Chanoines unanimement eslevrent F. Elie pour leur Evesque (en marge: Fit episc. aetat. 24 anno), qui à ces nouvelles s’effaroucha, & se disant incapable de ceste charge se roidit pour ne l’accepter (en marge: Faict Evesque); mais afin qu’il ne peut se desgager, on deputa deux Chanoines vers son Provincial, à ce qu’il luy commandast par obedience de les suivre vers le Pape Eugene, qui pour lors estoit à Boulogne, où estans arrivez les Deputez supplient sa saincteté d’agreer leur eslection, & dispenser à ce qui manquoit sur l’aage de vingt-sept ans pour l’Episcopat; mais la docte & eloquente harangue de F. Elie fut plus admirable, desadvoüant les vingt-sept ans d’aage que les Deputez luy donnoient, & qu’il estoit seulement au vingt & quatriefme, partant qu’il supplioit sa saincleté de ne le dispenser sur son incapacité. Humilité! qui seule sembla meriter sa confirmation. Le Pape commandant au Cardinal de Saincte Croix de le sacrer pour Evesque. Ainsi en despit de tous ses efforts il faut obeyr; il vient à sa ville, faict son entrée solemnelle le 3 Aoust de l’an 1447. Trouva que le vice s’estoit authorisé dans tout son dioceze (en marge: Status dioecesis Petr.), les Eglises desolées, bruslées, renversées, sans service divin, le Clergé sans ordre ny discipline, l’impunité des vices alloit eshontéement la teste levée.

Grande moisson pour un si bon ouvrier, qui avec l’aide de son Dieu s’appliqua au travail, à la visite, exhortation, confirmation, re­conciliation des Eglises, & à tous les autres exercices de sa charge, qui pour l’ordinaire reculoient son repas à deux heures après midy, avec un plus grand fruict qu’il n’eut ozé esperer de ce grand desordre. Specialement faut noter le puissant remède dont il se servit heureusement pour extirper le blaspheme qui regnoit pour lors en la bouche de tous (en marge: Jureurs punis); c’est que dés le commencement de sa promotion il fit une ordonnance (en marge: Decretum cont. de jeran...), que tous ceux qui auroient juré fussent citez par le Curé du lieu à comparoistre devant luy, & que deslors les denoncez subissent les peines des excommuniez, jusques à ce qu’il parut par lettres testimoniales de leur absolu­tion, menassant par censures les Curez pusillanimes à la denonciation, encourageant les zélés à l’exécution. La peine qu’il imposoit (en marge: Poena) pour le blaspheme estoit que durant la Messe le criminel se tiendroit à la porte de l’Eglise un cierge en main, nud pieds, sans chapeau ny ceinture, quelquefois en chemise, & qu’a la fin il se presentast au pied de l’Autel pour recevoir publi­quement l’absolution; ainsi, faisant subir inexorablement ceste peine à toute sorte de personnes, il n y eut dans un an aucun si huppé, & pour noble qu’il fut, qui osast ouvrir la bouche contre le ciel (en marge: Effectus). O Dieu! que ne revelliez-vous en nostre siecle le feu de ce nouvel Elie, puis que nous en avons besoing plus que jamais?

Ces heureux commencemens faisoient enrager de despit tout l’Enfer avec ses partisans; il suscita le bastard de Gramont Anglois, qui commandoit dans le chasteau d’Auberoche, lequel espiant l’occasion de se saisir de nostre Evesque lors qu’il alloit innocemment pour reconcilier l’Eglise de S. Anthoine (en marge: Capitur ab Anglis), qui avoit esté polluë par les meurtres faicts par cét Anglois dénaturé, n’ayant d’autre escorte que l’Abbé de Brantosme, & quelques autres Eclesiastiques: ainsi facilement il le print pour prisonnier de guerre, luy accordant à peine un sien Prestre pour le servir (en marge: Espreuve). Durant sa prison il fut plus mal traicté par louyë, suivant son dire, qu’au­trement: parce qu’il estoit contraint d’entendre ordinairement ses ennemis qui blasphemoient en damnez. De là il est conduit au chasteau de la Roche Chalais, & sur la crainte que les preneurs avoient que son frère le Seneschal de la province ne vint assieger & forcer la place, deliberent de le conduire à Lybourne, pour de là l’envoyer en Medoc, ou en Angleterre. L’Archevesque de Bourdeaux Pierre Berland, vray homme de Dieu (en marge: Eripitur per Archiep. Burdig.), & reputé pour sainct, apprint le danger où se trouvoit nostre Evesque, & secondant la noblesse qui estoit desja aux champs pour l’enlever, il conduit si adextrement l’entreprise qu’ils le retirent de leurs mains à Lybourne (en marge: Delivrance), le jettent dans un bateau, & conduisent heureusement à Bour­deaux. L’Archevesque accompagné de son Clergé & du corps de la ville le vint accueillir au port, le mene à l’Archevesché, le festina par plusieurs jours, avec les principaux de la ville.

Par ce narré nous passerons au temporel (en marge: Montreslet), comme desja la ville de Bourdeaux estoit en l’obeyssance (en marge: 1450) du Roy de France, lequel dés l’année 1450 (en marge: Annal. Aquit.) ayant heureusement reconquis la Nor­mandie, il porta sa pensée à déguerpir des mains estrangeres nostre pauvre Guyenne (en marge: Alain Chartier), & pour cét effet il commença ses reprises par la ville de Bragerac (en marge: Dup. t. 2), qui tousjours a esté reputée une des clefs de la Guyenne (en marge: Bragerac rendu): il y envoya le Comte de Pontieure & de Perigord avec puissante armée, qui aux premieres aproches contraint les assiegez à demander capitulation: le Comte reçoit la ville au nom du Roy, permettant à l’Anglois de sortir bagues sauves, & les habitans sont maintenus en leurs privileges (en marge: Regestre de la gener. de Bourd. fol. 186): ce qui fut confirmé par lettres Royaux de Charles l’an 1451 le 24 Novembre (en marge: 1451), avec abolition du passé, & promesse que leur ville ne seroit jamais se-parée dé la couronne de France.

L’année suivante (en marge: 1452) nous ramenera en Guyenne le Comte Dunois avec puissante armée, qui dans moins de deux mois conquit toutes les villes & places les plus opiniastres, hormis Bayonne, de fléchir soubs les armes Françoises, specialement la ville de Bourdeaux (en marge: Chronic. Burdigal.), despourveuë de secours Anglois, le receut avec toute son armée le 21 Juin.

Ainsi trois cens ans après que nous avions esté démembrez de la couronne de France par l’infortuné mariage d’Eleonor, nous revenons heureusement à la domination de nostre premier maistre, par la faveur du ciel, & la vaillance de la noblesse (en marge: Loüange): surquoy je ne puis taire ce qui a esté remarqué en ce lieu par Gilles, Dubouchet, Dupleix & autres (en marge: Annal. Aquit.); c’est que parmy le grand nombre de ceux qui servirent le Roy de France, pour reconquerir l’Aquitaine, seulement deux Seigneurs acquirent le nom de Chevaliers sans reproche (en marge: Gill. nic. Chronic. de Franc.). Le Seigneur de Barbazan (en marge: Dup. t. 2), & François de Bouchard Viscomte d’Aubeterre, Cham­bellan du Roy, Seneschal d’Angoumois, fils de Jochin, fils de Savary, fils de Pierre, qui aussi porterent le tiltre de Comte, possedans de plus les Seigneuries de Castillon, Mucidan, Puinorman, Cadillac, Rochefort, Roussilles, Sainct Jean d’Angles, Rochemeaux, Sainct Martin de la Coudrée. Ce qui soit dict en faveur de nos Evesques sortis de ceste noble famille.

 Mais (en marge: 1452) la grande & longue maladie de l’Aquitaine ne peut se guerir tout soudain sans quelque recheute qui fut l’année suivante 1452 la ville de Bourdeaux (en marge: Polid. Virg.), & en suitte les villes du voisinage se rendent derechef à la rébellion (en marge: Rebellion); ce qui a soudain apella à Bourdeaux le plus signalé des Capitaines Anglois Thalabot (en marge: 1452); mais ce fut pour finir bien tost ses jours dans le Perigord; car accourant pour secourir les quinze cens Anglois assiegez dans Castillon par les nostres, il fut porté par terre d’un coup de coulevrine, & au sepulchre dans la Chapelle nommée S. Jean de Colles, bastie au desa du ruisseau qui separe ceste province du Bourdelois. Mort qui fut suivie de celle de son fils, & de l’estonnement des rebelles qui aux aproches du Roy Charles (en marge: Alain & Jean Chartier), rendirent à sa discretion la ville de Bourdeaux, la Guyenne rebelle trouva la misericorde dans ce coeur vrayement Royal pour les Ecclesiastiques & Nobles (en marge: Misericorde Royale). Neantmoins pour punition exemplaire il se reserva sur eux le chastiement de vingt personnes, & le payement de cent mil escus, tant pour leur Chef que pour leurs prisonniers.

Accompagnons le retour de nostre Evesque (en marge: Eliae ep. reditus in urbem) qui par la faveur de la paix revint à sa ville, qui le receut comme jadis Alexandrie & Constantinople les Chrysostomes & Athanases apres leur exil: aussi virent-ils sa ferveur redoublée (en marge: Fervor), & plustost un Evesque Religieux, qu’un Religieux devenu Evesque (en marge: Actions saintes): n’ayant retranché rien de trois Caresmes de sa regle (en marge: Jejunia); & au surplus y adjoustant les jours du Mecredy & Samedy: la veille des grandes solemnitez estoit au pain & à l’eau, lavant les pieds à certain nombre de pauvres, suivant la solemnité du jour, lesquels il servoit à la table teste nuë, & auparavant prendre son repas, qui tousjours pour quelle compagnie qu’il y eust, fut assaisonné de la lecture des saincts livres: un banc estoit sa couche ordinaire, un livre pour cuissin, son habit un rude gris brun (en marge: Vestis), de vingt & cinq sols l’aune, son manteau presque de si vil prix; & quand il fut Archevesque l’aulne de son drap coutoit quelque quarante sols, aussi le disoit-il estre trop precieux. Enfin le vray esprit & la vertu d’Elie estoit avec luy, par laquelle il estoit plus-que fervent à repren­dre les vices (en marge: Conciones), comme il parut dans une quarantaine preschant à son peuple deux heures tous les jours sur les sept pechez capitaux. Son assiduité aux confessions estoit toute pastorale: ne permettant qu’aucun se retirast sans consolation (en marge: Benignitas), tant il estoit bening envers les pecheurs repentans: mais severe & plus que lyon envers les superbes opiniastres. Certains Chanoines, Prieurs, voire Abbés de son dioceze pour eviter sa correction, ne vouloient recognoistre sa jurisdiction; mais il les ramena puissamment à leur devoir (en marge: Magnanimitas); voire il intenta procez contre les universitez qui bailloient si facilement les degrez à ceux qui par leurs chicanes rongeoient le pauvre peuple. Dc plus sa charité estoit no­toire envers les pauvres necessiteux, desquels il estoit le nourrissier dans sa maison, le Medecin dans l’Hospital (en marge: Charitas), leur Curé pour les Sacremens & sepulture. C’estoit du sanctuaire sacré de l’oraison & contemplation (en marge: Oratio) qu’il empruntoit ce brasier de charité toute fervente, passant le peu de la nuict qu’il desroboit à ses occupations pour vaquer à sa méditation, qu’il destrempoit pour l’ordinaire d’un ruisseau de larmes respanduës pour ses diocezains. C’estoit pour eux qu’il consacroit tout ce qu’il possedoit, donnant sa santé, sa vie, ses pensées, & son revenu pour les Eglises (en marge: Aedificia sacra), bastimens, pauvres & necessiteux; sa liberalité fut grande aydant à rebastir l’Eglise collégiale de S. Astier, ruinée par les guerres passées; il rebastit aussi la moitié de l’Eglise S. George qui est dans les faux-bourgs de la ville; comme aussi fit dresser le grand Autel de son Eglise Cathédrale que le vieux manuscript dict par exaggeration, avoir estè le plus beau & magnifi­que de ce Royaume.

Mais il semble que Dieu avoit reservé ce S. Evesque Religieux de S. François, pour executer apres plus de deux cens ans les dessains d’un autre Evesque Religieux de S. Dominique (en marge: Vid. sup. anno 1261), qui l’an 1261 avoit determiné de lever le sainct corps de l’Apostre du Perigord (en marge: Corps sainct honnoré), & n’agueres nous avons veu le congé que le Pape Eugene (en marge: Vid. Bull. Eugen. 1441) en a donné au Chapitre. Ainsi le vingt-cinquiesme ou vingt-septiesme May de l’an 1463 Elies de Bourdeille (en marge: 1463), assisté de l’Evesque de Sarlac, & de son oncle l’Evesque de Rieux (en marge: Ma. Sc. dom. comm.), & jadis de Sarlac, tous deux de la maison de Rouffignac en Lymosin, celebrerent l’élevation du corps du bien-heureux S. Front, colloquans à part son chef dans un grand tabernacle qu’il avoit faict eslever & richement elabourer au milieu du Choeur, basty de lames de cuivre, esmaillées & dorées, renfermé de grilles de fer; ouvrage d’un merveilleux artifice, qui à nostre siecle a demeuré en proye aux harpies huguenotes.

Ce fut en suitte un coup de la prudence de nostre Prelat d’accoiser (en marge: Accord) les differens intervenus entre les deux Chapitres Cathedral & Collegial (en marge: Ma. Sc. dom. comm.), chacun pretendant devoir posseder le chef de ce corps sainct, l’accord faict par le sainct Evesque fut portant processionnelement à l’E­glise Sainct Estienne un bras de S. Front le jour de Saincte Quitere.

Sur ce sujet il ne faut obmettre comme ceste mesme année (en marge: 1463) redonna à ceste province le sainct Suaire que les Tholozains avoient possedé depuis l’an 1392. Certains escholiers de l’or­dre de Cisteaux envieux de ce qu’il avoit esté ravy à leur Ordre par droict de represaille l’enleverent habilement de l’Eglise du Taur (en marge: Sainct Suaire), le rapportant à Cadouin, & peu de temps apres le portent a l’Abbaye d’Aubasine, où il fut retenu durant sept ans, non sans plaintes des Tholozains, & de l’Abbé de Cadouin, jusques à l’an 1463 (en marge: Ma. Sc. Abb. Cadunii); pour lors le Roy Charles commanda par ses patentes à M. Pierre de Combort Evefque d’Evreux, & Abbé d’Aubasine, de rendre à l’Abbé de Cadouin P. de Gain, le sainct Suaire, comme il appert par l’inscription de son sepulchre (en marge: Epitaphium Abbatis Cad.).

HIC IACET CORPVS F. PETRI DE GAIN,

qui senior Abbas hujus monasteris, per cujus opem recuperatum fuit Sanctissimum Sudarium, videlicet die decimo mensis Junii anno Domini 1463 de manibus reverendi in Christo patris Petri de Combornio Eboracensis Episcopi, administratoris Aubasinae.

Je suis estonné sur la merveille des miracles approuvez & verifiez par l’Archevesque de Toloze l’an 1413 lesquels continuerent dans ceste province, suivant le tesmoignage que l’Archevesque de Bourdeaux Arturus de Montauban, baillé l’an 1470. Ce qui obligea les Papes Inno­cent huictiesme, Urbain cinquiesme, Boniface septiesme, & Alexandre quatriesme, Grégoire onziesme, Jules second, Clement septiesme, & plusieurs autres plus anciens de bailler beau­coup de privileges à ceste Abbaye, confirmez par le Pape Paul l’an 1535.

Revenons à l’année 1463 qui donna assez pour d’incommodité à ceste province (en marge: Commiss. pour les francs-fiefs), par la commission baillée au Seneschal du Perigord sur le faict des francs-fiefs (en marge: anno 1463), & nouveaux acquests faicts specialement par les communautez Ecclesiastiques & Religieuses, qui apres tant de ruines se trouvoient bonnement sans tiltres pour prouver ce que les Commissaires demandoient.

De la passons à nostre Evesque Elie, lequel Dieu relevoit tout autant qu’il se deprisoit par les actions de son humilité ordinaire (en marge: Archevesque de Tours). Le Roy Louys onziesme successeur de Charles eut cognoissance de ses merites, le choisit pour son confesseur, & l’Archevesché de Tours vacant, il le ravit à ceste province pour le colloquer (en marge: 1468) en plus haut grade, l’an 1468.

Pour le Comté du Perigord, il avoit esté en­tre les mains de Jean de Bretagne Sieur de l’Aigle (en marge: Corl. Comit. Engol.), Vicomte de Lymoges (en marge: Juvenal des Ursins); il eut un fils nommé Guillaume de l’Aigle (en marge: Guillaume de l’Aigle, comte du Perig.) son successeur l’an 1443 qui decedant sans hoirs, fit sa soeur Françoise de Bretagne son heritiere, qui l’an 1460 fut mariée à Alain Sire d’Albret (en marge: Alain d’Albret, Com. du Perig.) d’où nasquit Jean d’Albret. (zz)

L’Estat de L’Eglise du Périgord depuis le christianisme, (2ème volume) par le R.P. Jean Dupuy, Récollect. A Périgueux, par Pierre & Jean Dalvy Imprimeurs  & marchands libraire, 1629, avec approbation.

SOURCE : https://www.guyenne.fr/Publications/Etat_Dupuy/etat_de_l_eglise_du_perigord_t2.htm#t_page_140

Commentaires du père Ayroles sur le traité de Bourdeilles (Procès de réhabilitation
VIII - Traité de Msgr. Élie de Bourdeilles, évêque de Périgueux / Opus reverendi patris domini Helie, episcopi Petragoricensis, in processum JOHANNE condam electe a Deo puelle.):

SOMMAIRE : I. — Notice sur Élie de Bourdeilles.
II. — Coup d'oeil général sur son mémoire.
III. — La préface, les divisions.

I
  Avec Élie de Bourdeilles, Jeanne compte parmi ses défenseurs un des plus saints évêques de France, dans les six ou sept derniers siècles. Il naquit vers 1415, au château d'Agonac en Périgord, d'une des plus anciennes familles de la contrée; son père, Armand de Bourdeilles, y exerçait les fonctions de sénéchal et de lieutenant du roi.
  Jamais piété plus précoce ; dès l'âge de sept ans, l'enfant demandait à suivre les fils de saint François, qui passaient souvent par le château d'Agonac. On accéda de bonne heure à ses désirs ; il n'avait que dix ans lorsque son père consentit à le conduire à Périgueux, pour le remettre aux Pères Cordeliers de cette ville. Le noble seigneur avait fait préparer une magnifique escorte, composée de la haute noblesse de la contrée; l'enfant ne voulut qu'un âne pour monture, jaloux qu'il était déjà d'imiter la pauvreté de son séraphique père saint François.
  Ses progrès dans la science furent aussi aventifs que ses progrès dans la piété. Sa philosophie terminée, envoyé à Toulouse pour ses études théologiques, il soutint, durant huit jours, avec éclat, des thèses sur toute la science sacrée, devant le chapitre de son ordre, quoiqu'il n'eut encore que 19 ans. Mirepoix eut les prémices de son ministère; un plus vaste théâtre allait de bonne heure lui être assigné.
  Le siège de Périgueux étant devenu vacant par la mort de Béranger d'Arpajon, le chapitre porta ses voix sur frère Élie, qui n'avait que 24 ans. Deux chanoines furent députés au provincial de l'ordre pour le prier de faire un commandement à frère Élie de les suivre auprès d'Eugène IV, alors à Bologne. Le commandement fut imposé, et le jeune religieux présenté au Souverain Pontife, comme l'élu du chapitre de Périgueux. Les députés, alléguant que les mérites avaient prévenu les années, demandaient que le Pape ratifiât le choix, et accordât dispense d'âge. Pour mieux l'obtenir, ils surfaisaient les années du candidat, et lui en donnaient 27. L'humble religieux protesta, dit n'en avoir que 24, et supplia le Pontife de ne pas imposer charge si pesante à si jeunes épaules.
  Eugène IV n'eut garde d'entrer dans ces vues; il ordonna au jeune Franciscain de se laisser imposer Fonction épiscopale, et le fit sacrer par le cardinal de Sainte-Croix, mis depuis sur les autels sous le nom de Bienheureux Nicolas Albergati.
  Un des premiers actes épiscopaux du nouvel évêque fut d'assister en cette qualité au concile de Ferrare, auquel il a souscrit sous le nom d'évêque élu de Périgueux. A son entrée dans le diocèse, le jeune prélat trouva bien des ruines morales et matérielles à relever. Le diocèse de Périgueux, comme bien d'autres,
était depuis 60 ans désolé par le Grand Schisme, la guerre étrangère et la guerre civile; les ronces et les épines y avaient largement poussé.
  Bourdeilles se mit à l'oeuvre avec le zèle du prophète dont il portait le nom ; visitant son troupeau, relevant la discipline, édictant des peines contre les crimes publics, notamment contre les blasphèmes, et forçant les grands seigneurs eux-mêmes à les subir.
  Dans une de ses courses le prélat est enlevé par un partisan anglais, le bâtard de Grammont posté au château d'Auberoche. Le prisonnier est d'abord enfermé au château de la Roche-Chalais, mais pour mieux s'assurer de sa capture, le forban résolut de l'envoyer en Angleterre, ou de le renfermer dans quelque donjon au fond du Médoc.
  Le siège de Bordeaux, métropole ecclésiastique de Périgueux, était occupé par un archevêque aussi saint que son suffragant: c'était Pierre Péberland. Ou devine l'amitié qui devait unir les deux prélats. Péberland organise un coup de main pour rendre l'évêque à la liberté. Quelques seigneurs guettent le prisonnier au passage de la Dordogne, l'enlèvent à son ravisseur, le conduisent à Bordeaux, où le saint archevêque lui ménage une entrée triomphale.
  La conquête de la Guyenne et l'expulsion des Anglais vinrent mettre fin aux actes de brigandage, du genre de ceux dont le saint évêque avait été victime.
  Le prélat conserva sous la mitre l'austérité et les pratiques d'un fils de saint François ; il sut les allier avec les exercices du zèle pastoral le plus actif. Plusieurs fois déjà, dans le cours de ces pages, l'occasion s'est présentée de signaler la profonde déviation doctrinale et disciplinaire qui s'implantait alors parmi nous, sous le nom si impropre de doctrines, de libertés gallicanes. Déviation funeste, elle a amené toutes les autres.
  L'attachement au Saint-Siège, étant l'humilité de l'esprit et l'obéissance du coeur, est toujours en proportion de la sainteté; tout comme l'éloignement
de Pierre, l'opposition à Pierre, sont, quelles que soient les apparences, le signe de l'absence de l'esprit de Jésus-Christ, parce qu'ils sont l'orgueil et la révolte.
  Élie de Bourdeilles était un saint. Toute sa vie s'est passée à combattre par la plume et par les actes les doctrines et les tendances anti-romaines ou gallicanes. Il écrivit un traité de potestate Papæ; un autre contre la néfaste pièce de Bourges, de abrogatione Pragmaticæ Sanctionis.
  Pareil zèle n'était pas pour déplaire à Louis XI, dont le premier acte, comme roi, avait été, avons-nous vu, de supprimer le diplôme schismatique.
  Si la suppression eût été maintenue, la France n'aurait pas vu la déclaration des droits de l'homme; la maçonnerie ne la tiendrait pas dans ses brûlantes griffes.
  A la suite des états généraux de 1467, réunis à Tours, Louis XI voulut avoir Bourdeilles à sa portée pour recourir à ses conseils, et lui ouvrir même sa conscience ; il le fit nommer archevêque de Tours en 1468.
  Ces faveurs n'enchaînèrent nullement la liberté apostolique du prélat ; il en usa pour combattre les menées du parlement et des courtisans qui poussaient Louis XI à revenir sur son acte réparateur. Le grand archevêque était vraiment le mur d'airain. Le roi ayant découvert les trahisons du favori qu'il avait fait élever jusqu'à la pourpre romaine, du cardinal de la Balue, le fit arrêter et jeter en prison, comme coupable de lèsemajesté.
  L'archevêque de Tours n'aimait pas le ministre prévaricateur; mais c'était un évêque, un prince de l'Eglise, un cardinal. Le laisser juger par la justice séculière, c'était laisser fouler aux pieds le privilège de droit divin qui est l'immunité ecclésiastique. Bourdeilles croyait, ainsi que l'enseigne Benoît XIV, qu'un évêque devait opposer sa poitrine aux glaives des violateurs. Il alla trouver le roi, lui représenta l'attentat qui venait d'être commis par ses ordres et le pressa de déférer l'affaire au Pape, sûr que les délégués pontificaux lui feraient justice. En attendant, il ordonne de publier dans toutes les églises de son diocèse les censures encourues par ceux qui portent la main sur les ministres de Jésus-Christ. Le parlement lui enjoint de retirer ses ordonnances. Ordre bien inutile, le nouvel
Ambroise les confirme. Les robins ordonnent de saisir le temporel de l'Archevêque; c'était confisquer les revenus des pauvres. Le saint demeure inébranlable. Louis XI ordonne à ses magistrats de modérer leur ardeur, fait rendre à l'Archevêque ses revenus, et demander des juges à Rome pour faire le procès à la Balue. Le Pape consulte le sacré collège, et envoie quatre délégués. Louis XI apprenant qu'ils sont étrangers les récuse, leur fait dire de rester à Avignon; et en attendant, malgré les prières de Bourdeilles, il retient dans les fers le prélat dont il avait fait toute la fortune.
  En 1483, Sixte IV conféra la pourpre à l'archevêque de Tours; ce fut un nouveau motif pour le saint de multiplier ses austérités et ses bonnes oeuvres. Depuis lors, Bourdeilles parut triste; il mourut dans l'année qui suivit son élévation, le 2 juillet 1484.
  Bourdeilles était en possession de grands revenus ecclésiastiques; mais entre ses mains la commende était ce qu'elle avait été dans son institution primitive, un moyen de faire jouir un plus grand nombre d'églises ou de monastères des dons éminents de doctrine, de sainteté, de sage direction, départis à certaines âmes privilégiées ; un moyen de faire réaliser à ces âmes elles-mêmes un bien plus étendu. L'homme de Dieu resta si pauvre qu'il ne laissa pas de quoi faire un testament ; tout ce qu'il légua à sa famille, ce fut son chapeau de cardinal. Ce chapeau fut vénéré comme une relique dans l'église de Périgueux.
  Bourdeilles reçut longtemps comme une sorte de culte dans l'église de Tours, où de nombreuses lumières brûlaient constamment sur son tombeau.
  En 1526, de Plas, évêque de Périgueux, commença une information sur la sainteté de la vie de son vénérable prédécesseur, et sur les miracles qui lui étaient attribués, en vue de porter à Rome la cause de sa béatification.
  Une vie du saint cardinal, aujourd'hui presque introuvable, par Pierre Boismorin, est signalée par plusieurs auteurs. Il serait à souhaiter qu'une plume catholique fît revivre cette grande et sainte figure, et nous donnât une histoire dont les grandes lignes promettent tant d'intérêt et de variété.
  Tel est l'homme, qui a écrit pour la réhabilitation de la Pucelle, le mémoire qui, dans le manuscrit du procès réparateur, se trouve venir immédiatement après celui de Gerson, composé, comme il a été dit, au moment où Jeanne venait de délivrer Orléans.

II
  Un universitaire qui a occupé le sommet de sa corporation a écrit, si ma mémoire est fidèle, que les scolastiques ne s'occupaient pas des prémisses.
  Cette énormité se trouverait particulièrement réfutée par le mémoire de Bourdeilles, si elle en avait besoin pour quiconque soupçonne, même de loin, ce qu'est la scolastique.
  Le prélat possédait à la perfection la scolastique de son temps. Non seulement la Bible est un livre dont il semble savoir chaque verset; mais il se meut comme dans son élément, au milieu des pages de Duns Scot, de saint Thomas, de saint Denys, de saint Isidore, de saint Grégoire, de saint Augustin; il renvoie à leurs oeuvres à chaque ligne.

  Il établit si longuement ses majeures qu'elles forment presque un traité de théologie sur la matière ; un prêtre de nos jours devrait s'estimer heureux de les posséder. Il en fait l'application à la Pucelle, dans la mesure où le lui permet le sommaire qui lui a été envoyé, le seul document mis entre ses mains. Il exprime à plusieurs reprises le regret de ne pas posséder l'instrument entier du prétendu procès de Rouen.

  Bourdeilles était la modestie même; il se trouvait en présence d'une cause déjà jugée par un évêque ; la prévarication n'était pas officiellement constatée; la cause était particulièrement ardue. De là la réserve, je dirais presque la timidité de ses conclusions, les restrictions qu'il met à sa manière de voir, l'abandon de ses appréciations à de plus clairvoyants, les protestations de sa soumission au Siège Apostolique, pour lequel sa déférence et son obéissance éclatent avec un accent à part.
  Après le mémoire de Bréhal, le plus long est celui de Bourdeilles. Il occupe du folio CXI au folio CXXXII, quarante-deux pages de long et large parchemin. Le vénérable évêque prend les chefs de condamnation, il en
compte vingt ; il les réfute les uns après les autres. Le premier, celui des révélations et des apparitions frauduleusement inventées par Jeanne, étant le point capital, Bourdeilles consacre les deux tiers de son mémoireà l'élucider et à montrer qu'il n'y avait pas lieu de condamner la libératrice.
  Reproduire toutes ses majeures, avec leurs longs développements, avec les citations et les renvois qui les accompagnent, serait fastidieux pour le lecteur. Elles sont trop longues et font perdre de vue le sujet principal.
  On n'en trouvera ici que la moelle. L'application à la martyre ne présente pas des détails nouveaux; presque tout a été déjà indiqué dans les mémoires précédents, ou le sera plus rapidement dans ceux qui vont suivre.
  Seule, l'autorité d'un si grand et saint personnage m'engage à reproduire de longs passages, principalement de la partie qui regarde les révélations.
  Quicherat n'a imprimé que la préface. La voici presque dans son entier.

III
  « Jeanne ne mérite pas les qualifications énumérées dans la sentence de condamnation; elle en mérite plutôt de toutes contraires. » C'est exprimé dans le titre même du mémoire qui commence ainsi :
  « Il est écrit : si vous avez à prononcer sentence sur une cause ardue et difficile et que les juges de vos cités se partagent de sentiment, vous irez vers les prêtres de la race de Lévi; et ils rendront la sentence réclamée par la vérité (Deut., XVII). C'est pour obéir à ce précepte que notre roi très chrétien, Charles, roi des Français, a voulu consulter les évêques et les prêtres sur un fait plein de difficultés et d'obscurités.
  « Il s'agit d'une jeune fille du nom de Jeanne, qu'il pense lui avoirété autrefois envoyée par l'infinie miséricorde du roi éternel des siècles pour son soulagement et pour la délivrance du royaume des Francs.
  Tombée au pouvoir des Anglais, elle a été chargée des plus graves inculpations et livrée au supplice.
  « De là, diversité de sentiments chez plusieurs.
  « La jeune fille était-elle conduite par le bon ou par le mauvais esprit? La sentence rendue contre elle, les accusations qui lui ont été intentées, sont-elles conformes à la vérité et à la justice? Le roi notre sire consulte là-dessus plusieurs évêques et plusieurs prêtres catholiques.
  « Sa Majesté a bien voulu par lettres patentes savoir l'avis d'un homme aussi enveloppé des ténèbres de l'ignorance que je le suis, moi, frère Hélie, le dernier des Frères Mineurs, qu'on appelle évêque de Périgueux.
  Pour lui obéir, dans la faible mesure de mon exiguïté, j'ai étudié le sommaire du procès fait contre la jeune fille, et la sentence qui l'a condamnée, et j'ai écrit les pages qui vont suivre, comme expression de ce que j'ai pu opiner de moins imparfait sur la matière.
  « La sentence de condamnation énumère vingt griefs, d'après lesquels Jeanne est déclarée : 1° coupable inventrice de révélations et d'apparitions célestes; 2° pernicieuse séductrice; 3° présomptueuse; 4° ayant cru légèrement; 5° superstitieuse; 6° devineresse; 7° blasphématrice contre Dieu, les saints, les saintes et les sacrements ; 8° contemptrice de la loi divine ; 9° coupable de prévarication à l'endroit de l'enseignement sacré et des canons ecclésiastiques; 10° séditieuse; 11° cruelle; 12° apostate; 13° schismatique; 14° atteinte d'erreurs multiples dans la foi; 15° coupable de multiples délits contre Dieu et la sainte Église; 16° en révolte expresse, obstinée, avec endurcissement et opiniâtreté, contre notre Saint Père le Pape et le concile général; 17° pertinace; 18° obstinée; 19° excommuniée; 20° hérétique.
  « Il faut examiner, par ordre, si la teneur du procès justifie ces inculpations. » Bourdeilles, comme il vient d'être dit, discute un à un tous ces chefs de condamnation dans l'ordre même de la sentence.

SOURCE : http://www.stejeannedarc.net/rehabilitation/VIII-traite_helie.php

Blessed Elias of Bourdeilles

Also known as

Elie

Hélie

Memorial

5 July

Profile

Born to the French nobility. Franciscan at age ten. PriestBishop of PérigordFrance in 1437. In 1452 he authored a report vindicating Saint Joan of ArcArchbishop of ToursFrance in 1468Cardinal in 1483Confessor to King Louis XI. Defended the rights of the Church against the power of the king.

Born

1407 at Périgord, France

Died

1484 of natural causes

Beatified

process begun in 1526, never completed, but he has been referred to as “Blessed” for centuries

Additional Information

books

Book of Saints, by the Monks of Ramsgate

Our Sunday Visitor’s Encyclopedia of Saints

MLA Citation

“Blessed Elias of Bourdeilles“. CatholicSaints.Info. 1 July 2015. Web. 3 July 2023. <https://catholicsaints.info/blessed-elias-of-bourdeilles/>

SOURCE : https://catholicsaints.info/blessed-elias-of-bourdeilles/