Jan Hovaert (f
1665 – 1668). Saint Jérôme accompagné des saintes
Marcelle, Paule et Eustochium,
1658, 266 X 165, Chiesa di Santa Maria
Maddalena, Genua
Sainte Marcelle, veuve
Noble dame romaine, née peu
avant 330, qui, la première, n'hésita pas à faire publiquement et
"ouvertement profession de dévotion". Son palais sur la colline de
l'Aventin fut bientôt le centre de toutes celles qui, autour de saint Jérôme
(qu’elle rencontre vers 382, lors de son séjour à Rome), voulaient suivre les
conseils évangéliques, secourant les pauvres, visitant les malades, adoucissant
le sort des esclaves. Lorsqu'en 410, les barbares d'Alaric s'approchèrent de
Rome, ses amies s'enfuirent pour aller rejoindre saint Jérôme en Palestine.
Trop âgée, elle avait quatre-vingt-cinq ans, elle resta à Rome et les soldats
goths la battirent durement pour lui faire avouer où étaient ses richesses.
Elle n'en avait plus, les ayant données aux pauvres. Elle mourut quelques jours
plus tard de ses blessures, au début de l’an 411.
Sainte Marcella
Moniale
à Rome, disciple de Saint Jérôme (✝ 410)
Noble dame romaine
qui, la première, n'hésita pas à faire publiquement et "ouvertement
profession de dévotion" (O. Englebert). Belle, riche, cultivée et
raffinée, personne n'osait se moquer d'elle. Son palais sur la colline de
l'Aventin fut bientôt le centre de toutes celles qui, autour de
saint Jérôme,voulaient suivre les conseils évangéliques, secourant les pauvres,
visitant les malades, adoucissant le sort des esclaves. Lorsqu'en 410, les
barbares d'Alaric s'approchèrent de Rome, ses amies s'enfuirent pour aller
rejoindre saint Jérôme en Palestine. Trop âgée, elle avait quatre-vingt-cinq
ans, elle resta à Rome et les soldats goths la battirent durement pour lui
faire avouer où étaient ses richesses. Elle n'en avait plus, les ayant données
aux pauvres. Elle mourut quelques jours plus tard de ses blessures. Les
synaxaires des Églises d'Orient la commémorent également.
À Rome, commémoraison de sainte Marcelle, veuve, en 410. Comme l’écrit
saint Jérôme, elle méprisa richesses et noblesse et se rendit plus noble par sa
pauvreté et son humilité.
Sainte Marcelle modèle des veuves
Sainte Marcelle, noble romaine, était d’une illustre race qui avait
donné à la république des sénateurs, des proconsuls et des préfets. Dans sa
première jeunesse et pour obéir aux ordres de sa mère, elle épousa un
praticien, digne en tout point d’obtenir sa main, mais qui mourut après sept
mois de mariage.
L’âge de la jeune veuve, l’illustration et l’antiquité de sa famille et
surtout sa remarquable beauté, jointe à une pureté de mœurs et à une régularité
de vie parfaites, lui attirèrent de nombreux prétendants. L’un d’eux, le consul
Céréalis, nourrissait le plus d’espoir. Pour faire oublier ses cheveux blancs,
il promettait à Marcelle de la rendre héritière de ses immenses richesses.
Albina, mère de la jeune fille, souhaitait vivement procurer à sa maison
l’appui d’un homme si puissant : « Je suis bien âgé, dit un jour
Céréalis, à la jeune veuve, je veux vous traiter en fille chérie plutôt qu’en
épouse. Venez vivre avec moi et je vous laisserai la succession de tous mes
biens.
- Si je n’avais point résolu de pratiquer la chasteté chrétienne, et si
je voulais me marier, repartit Marcelle, je chercherais un mari, non un
héritage. »
Piqué au vif le consul répondit : « Rappelez-vous qu’un
vieillard peut vivre longtemps, tandis qu’un jeune homme peut mourir à la fleur
de l’âge. » Marcelle supporta patiemment cette allusion à la mort
prématurée de son époux, et répliqua avec une douce ironie : « Il est
vrai qu’un jeune homme peut rencontrer la mort au début de la vie, mais il est
aussi certain qu’un vieillard ne saurait tarder à être frappé par elle. »
L’exemple de Céréalis ainsi éconduit désespéra tous les prétendants, et
Marcelle put librement se consacrer à Dieu dans l’état de viduité.
La société de Rome était alors composée, en grande partie, de ce qu’il y
avait de plus corrompu dans toutes les nations du monde. Et il était presque
impossible à une vierge, à une veuve, de ne pas voir attaquer sa réputation.
Jamais cependant ces hommes, qui prenaient plaisirs à noircir de leurs
médisances les personnes les plus honorables, n’osèrent rien tenter contre
l’honneur de Marcelle.
Elle fut, au jugement des contemporains, la première qui confondit le
paganisme en faisant voir à tout le monde ce que doit être, dans son costume et
ses mœurs, une veuve chrétienne.
Rome avait besoin de ce spectacle d’éclatante vertu. Les veuves païennes,
en effet, aussitôt après la mort de leur époux, ne songeaient qu’à redoubler de
luxe et de mollesse. Au milieu de ces excès elles feignaient de pleurer leur
mari, mais elles dévoilaient la joie qu’elles éprouvaient d’être délivrées de
leur domination, en en cherchant d’autres qu’elles pourraient assujettir à tous
leurs caprices.
Sainte Marcelle fut la première chrétienne qui osa contrecarrer
directement ces mœurs païennes. Elle se servait de ses vêtements pour se
préserver du froid, non pour se parer. Elle se défendit complètement l’usage de
l’or, aimant mieux l’employer à nourrir les pauvres que l’enfermer dans ses
coffres.
Elle était souvent obligée de recevoir des ecclésiastiques ou des
moines, mais jamais elle ne consentit à les voir sans témoins.
Toutes ses suivantes étaient des vierges et des veuves de grande vertu,
car le monde sait qu’on se plait en compagnie de ceux qu’on aime, et il juge
souvent d’une personne par celles dont elle est entourée.
En outre, dès les premiers temps de son veuvage, elle commença à avoir
pour la Sainte-Ecriture cet amour vif et ardent qui sera comme le pivot de sa
vie spirituelle. Les livres Saints étaient l’objet de ses méditations
continuelles. Mais son activité ne pouvait se contenter de réflexions plus ou
moins vagues et infructueuses. Elle s’efforçait de mettre en pratique les
préceptes divins, sachant bien qu’aucune science, si relevée qu’elle soit, ne
pourrait nous empêcher de rougir de honte quand notre conscience nous reproche
le peu de conformité qu’il y a entre notre conduite et nos connaissances. C’est
pourquoi elle s’adonnait avec ardeur à la pratique de toutes les vertus
chrétiennes.
Ne pouvant, sans exposer gravement sa santé, jeûner autant qu’elle l’eut
voulu, elle se dédommageait par l’abstinence complète de toute chair. Elle
était d’ailleurs d’une telle sobriété, qu’elle pouvait s’appliquer à l’oraison
et à la lecture après le repas, sans que l’esprit trouvât un obstacle dans
l’appesantissement du corps.
En outre elle paraissait peu souvent en public et évitait
particulièrement de fréquenter les dames de condition, de peur d’être obligée
de voir chez elles ce qu’elle avait méprisé. Elle visitait souvent les
basiliques des Apôtres et des martyrs pour y prier, mais en secret et au moment
où la foule n’y affluait point.
Elle était si soumise envers sa mère, que, pour lui obéir, elle agissait
souvent contre ses propres désirs. Albina aimait extrêmement ses proches, et se
voyant privée elle-même de postérité, elle reportait toute son affection sur
les enfants de son frère et voulait leur faire part de tous ses biens. Marcelle
préférait les pauvres, mais, pour ne point contredire sa mère, elle donna ses
pierreries et une partie de ses richesses à ses parents. Ceux-ci n’en avaient
nul besoin ; la Sainte aima mieux perdre tout cela que de contrister le
cœur de sa mère.
Sainte Marcelle se fait religieuse
Mais Dieu appelait sainte Marcelle à une destinée autrement grande et
belle, et à laquelle la préparait cette pratique énergique des vertus les plus
humbles. Il avait résolu d’opposer cette femme, comme une digue
infranchissable, aux flots de la corruption païenne, qui menaçaient de
submerger le monde chrétien, même après la chute des idoles. Sainte Marcelle la
première se rangea avec ardeur sous la bannière de la vie religieuse ;
elle y entraîna par son exemple un grand nombre de nobles patriciennes, qui
régénérèrent la société. Elle commença sous l’inspiration de Dieu, un des plus
admirables mouvements de restauration chrétienne que l’histoire connaisse.
Mais elle reçut la première impulsion du grand docteur de l’Eglise,
saint Athanase, patriarche d’Alexandrie. Ce défenseur intrépide de la vérité
catholique contre les erreurs ariennes fut trois fois exilé et chassé de son
siège par les ennemis de l’Eglise. Chaque fois il vint à Rome chercher un
refuge auprès du Siège Apostolique.
Dans l’un de ses voyages, Albina, la mère de sainte Marcelle, eut le
bonheur de recevoir cet hôte illustre. Pour payer une hospitalité si
généreusement donnée, Athanase édifiant les âmes par le récit des merveilles
opérées par Dieu dans les déserts de la Thébaïde.
L’âme ardente de Marcelle, naturellement portée aux grandes choses,
reçut de la vue et des entretiens du saint Evêque une impression
extraordinaire, qui eut sur tout le reste de sa vie une influence décisive. Son
ardeur s’enflammait en attendant raconter les prodiges de vertu qui éclataient
au désert dans les Antoine, les Pacôme, les Hilarion, et elle résolut de mettre
en pratique un genre de vie dont saint Athanase lui avait révélé l’excellence.
Elle se fit de son palais du Mont-Aventin une solitude où elle vivait
dans la prière, les austérités et les bonnes œuvres. Elle fit plus, et s’éleva
courageusement au-dessus du préjugé patricien, qui attachait comme une honte à
la profession monastique et à l’habit plébéien et grossier que portaient les
hommes consacrés à Dieu, elle osa, la première de toutes les matrones, prendre
cet habit méprisé et imiter la vie des anachorètes.
On se récria d’abord contre cette singularité ; on se tut enfin
devant cette vertu, et bientôt son exemple devenant contagieux, lui suscita en
foule des imitatrices qui étonnèrent Rome par leurs exemples de sacrifice et
d’austérité.
Parmi celles qui entrèrent dans cette voie généreuse, les unes
continuèrent à rester dans leurs demeures, comme les vierges et les veuves des
premiers siècles ; d’autres sentirent le besoin de se rapprocher et de se
réunir, et commencèrent, sans règle déterminée, des essais de vie
commune ; les couvents naissaient ainsi à Rome dans les palais des
patriciennes. Le centre principal et la grande excitatrice de tout ce
mouvement, c’était Marcelle, qui tenait plus que toute autre, de sa forte et
ardente nature, les qualités qui attirent et entraînent. De jeunes vierges et
des veuves plus avancées en âge vinrent habiter avec elle, et former au
Mont-Aventin une petite communauté dont elle était la mère.
Ce renouvellement de vertu chrétienne était puissamment encouragé et
soutenu par le pieux Pontife qui occupait alors la chaire de saint
Pierre : le pape saint Damase. Le but principal qu’il proposait à ses
efforts était de maintenir parmi les fidèles le pur esprit du christianisme, et
de lutter énergiquement contre l’invasion des mœurs romaines et païennes dans
l’Eglise.
Aussi était-il le protecteur et l’admirateur le plus déclaré des saintes
veuves ; il avait en outre publié des écrits en prose et des poésies pour
exalter la virginité et y appeler les âmes d’élite.
Saint Jérôme devient le directeur de ses veuves
Mais saint Damas fit plus pour elles, il leur donna un directeur. En 382
il convoqua à Rome un concile où se rendirent plusieurs évêques d’Orient. Parmi
eux se trouvait saint Epiphane de Salamine, qui amena avec lui dans la ville
éternelle un homme déjà illustre par sa grande science sacrée et profane, et sa
vie extraordinairement sainte au désert : c’était saint Jérôme. Ce grand
docteur assista au concile dont il fut secrétaire, puis resta dans la capitale
du monde chrétien pour travailler avec saint Damase à une édition latine de la
Bible.
Il ne tarda pas à remarquer les nobles et pieuses femmes qui
pratiquaient au milieu du luxe de la vie romaine, les plus austères vertus.
Marcelle, la mère de tout le petit cénacle de l’Aventin, avait attiré ses
regards. Mais dans sa réserve un peu farouche il se tenait complètement à
l’écart. Les saintes veuves désiraient ardemment profiter des lumières de ce
moine austère, en qui elles pressentaient un appui nécessaire pour leur genre
de vie, déjà si combattu, et un maître incomparable dans la science et dans la
vertu.
Marcelle fit auprès de Jérôme les premières démarches. Elle les fit avec
son ardeur ordinaire. Jérôme résista longtemps, Marcelle redoubla ses
instances ; et enfin le docteur se décida à venir donner à l’Aventin un
commentaire des Saints Livres. La joie fut grande à cette nouvelle parmi toutes
les vierges et les veuves disciples ou amies de Marcelle. Celles qui n’étaient
point à l’Aventin y accoururent, et Jérôme commença ses leçons devant ce cercle
d’élite, s’efforçant d’expliquer le sens littéral, qui lui servait de fondement
pour l’explication mystique et les ingénieuses applications qu’il en faisait à
la vie chrétienne.
Sa grande érudition, sa vive et impétueuse éloquence, son visage austère
amaigri par la pénitence et bruni par le soleil de l’Orient, son regard animé,
son geste brusque, tout donnait à sa parole un ascendant extraordinaire sur les
âmes qu’il dominait et dirigeait vigoureusement vers Dieu.
Ses disciples le suivirent ardemment dans cette voie, bien plus elles
l’excitaient lui-même à des études plus approfondies en le pressant chaque jour
par des questions nouvelles : « Ce que je voyais en elles,
écrivait-il plus tard, d’esprit de pénétration, en même temps que de ravissante
pureté et de vertu, je ne saurais le dire. »
La plus ardente à suivre le maître dans les voies de la science, et de
la sainteté solide dont elle est le fondement, était sans contredit sainte
Marcelle. Son esprit et son cœur perpétuellement en contact avec la Bible,
source de toute lumière et de toute grâce, devinrent comme un temple qui
faisait les délices du roi du ciel. Sa piété était grande, forte et éclairée.
Tout le temps qui n’était point occupé par l’étude ou la prière,
Marcelle l’employait au travail des mains, afin de fuir l’oisiveté et éviter
l’ennui, autant que pour exécuter la sentence divine notifiée à Adam après son
péché, et gagner de quoi faire l’aumône.
Elle profita à un tel point des leçons de saint Jérôme, qu’après le
départ de Rome du grand docteur, s’il arrivait des contestations touchant des
passages de l’Ecriture, on s’en remettait à son arbitrage. Mais elle répondait
avec tant de modestie aux questions qu’on lui faisait, qu’elle présentait tout
ce qu’elle disait comme l’ayant appris de Jérôme,.
Cependant elle souffrait d’être éloignée de celui dont Dieu s’était
servi pour l’initier à la connaissance et à la pratique de sa parole. Elle
entreprit de rapprocher les distances et d’entretenir une correspondance active
entre Rome et Bethléem, où Jérôme s’était retiré pour vaquer en paix à la
contemplation et à l’étude des Livres-Saints.
Saint Jérôme essaye d’attirer sa disciple à Bethléem
Sur ces entrefaites, vers 386, Albina, la mère de notre Sainte mourut.
Marcelle écrivit à Jérôme une lettre baignée de ses larmes, où elle lui
annonçait cette mort si douloureuse. L’illustre docteur cherchant quel baume il
pourrait mettre sur cette blessure, eut la pensée d’offrir à Marcelle la
consolation qu’il estimait la meilleure et la plus conforme aux aspirations de
cette âme forte, la consolation des Saintes Écritures.
Dans cette pensée il se remit avec ardeur à son commentaire de l’Épître
aux Galates qu’il avait commencé, et quand il l’eut terminé, il l’envoya à
Marcelle. Celle-ci, touchée de cette attention, remercia saint Jérôme avec
effusion, et trouva un remède à sa douleur dans la méditation de ce travail.
Mais le saint directeur ne se contenta point de ce résultat, il avait
attiré près de lui quelques disciples de Marcelle, entr’autres sainte
Paule ; il se joignit à elles pour essayer d’enlever notre Sainte au
tumulte de Rome, pour la faire venir en Judée.
En conséquence, Marcelle reçut bientôt de ses amies une lettre pressante
où on l’invitait à faire comme Abraham, à sortir de sa patrie pour aller dans
la terre promise, sanctifiée par l’attente, la venue, la vie, la passion et la
mort du Verbe de Dieu incarné.
Sainte Marcelle n’avait pas besoin d’être tant pressée. Son cœur était à
Bethléem, mais la communauté qu’elle dirigeait à Rome réclamait impérieusement
sa présence, elle dut faire céder ses désirs personnels devant un bien plus
grand, et rester au milieu d’une ville dont les mœurs corrompues étaient si peu
en rapport avec sa vie austère.
Sainte Marcelle fait condamner Rufin et l’origénisme
Dieu la fit rester dans la Ville éternelle pour secourir l’Eglise dans
une tempête qui la menaçait.
L’Orient était déjà depuis longtemps divisé à propos d’Origène et de ses
erreurs. Saint Jérôme s’y montrait le défenseur acharné de la doctrine
catholique contre Rufin, qui avait été longtemps son ami, mais qui soutenait
l’origénisme. Celui-ci vaincu en Orient changea de tactique ; il vint à
Rome et y publia une traduction du Périarchon d’Origène, où le docteur
alexandrin avait condensé toute sa doctrine. Mais le traducteur avait eu soin
de supprimer de son travail les erreurs trop manifestes : il ne laissa
subsister que celles qui étaient plus subtiles et n’avaient pas été directement
condamnées dans les grands Conciles.
Grâce à ce stratagème, Rufin surprit la simplicité de nombreux
chrétiens, et put, de ses pieds tout bourbeux, selon l’expression de saint
Jérôme, remplir de fange la source très pure de la foi, l’Eglise romaine.
Sainte Marcelle démasqua toutes ses habiletés, elle écrivit à saint
Jérôme pour lui demander la vraie traduction du Périarchon. L’ayant obtenue, elle se rendit auprès du Pape pour
faire poursuivre et condamner l’hérétique. Elle arriva à son but et fut cause
de nombreuses rétractations.
Prise de Rome – Mort de sainte Marcelle
Ce fut sa dernière victoire. Il était temps que les Romains s’unissent
dans une seule et même foi, car beaucoup d’entre eux devaient mourir sous les
coups des Barbares.
En 410, Alaric, roi des Goths, était aux portes de Rome. Il promettait,
au prix d’une énorme rançon, la vie sauve aux habitants. On le crut, et on lui
livra toutes les immenses richesses de la Ville éternelle. Ces prodigieux amas
d’or augmentèrent la soif des barbares au lieu de l’éteindre.
Trois jours après, au mépris de la foi jurée, les Goths rentrèrent dans
la ville pour la livrer au pillage. Plusieurs d’entre eux pénétrèrent sur le
mont Aventin dans le palais de Marcelle. Ils comptaient trouver de l’or dans
cette maison splendide, et, n’en rencontrant point, ils en demandaient à grands
cris. Marcelle se présenta intrépidement aux barbares. Ses richesses s’étaient
écoulées en aumônes ; mais il lui restait à défendre un trésor autrement
précieux : c’était la jeune patricienne Principia, seule vierge de la
communauté qui n’eût point fui à l’approche des envahisseurs : « Que
voulez-vous, demanda la Sainte aux barbares ? – Donnez-nous tout votre
argent, répondirent-ils. »
Et la sainte veuve leur montrant le vêtement grossier qui la couvrait,
répartit : « De l’argent ? une femme vêtue comme moi n’en a
pas. »
Les barbares s’irritèrent, ils la renversèrent par terre et la
frappèrent cruellement : « Faites de moi, s’écria-t-elle, tout ce que
vous voudrez. Prenez d’ailleurs, tout ici est à vous. » Puis se relevant
avec une énergie, et serrant dans une étreinte désespérée la jeune Principia :
« Mais celle-ci, cria-t-elle aux envahisseurs avec un irrésistible accent
de mère, celle-ci, au nom de Dieu, ne la touchez pas. »
Dans ce grand désastre que n’avait point conjuré la majesté de la Ville
éternelle, une autre majesté protégeait Rome et en imposait aux Barbares, la
majesté des saints Apôtres Pierre et Paul, dont Rome gardait les tombeaux. Par
un respect religieux des Goths à demi chrétiens, les basiliques des deux
Apôtres étaient devenues un asile qu’Alaric n’osa violer. Marcelle et Principia
furent conduites à la basilique de Saint-Paul par les envahisseurs de leur
demeure.
En y arrivant Marcelle rendit grâces à Dieu de ce qu’il avait sauvegardé
la vertu de sa compagne et qu’il avait elle-même réduite à un tel état de
dénûment qu’elle pouvait dire avec Job : « Je suis sortie nue du sein
de ma mère, j’entrerai nue dans le tombeau. La volonté du Seigneur a été
accomplie. Que son saint Nom soit béni ! »
Peu après, en effet, épuisée par de si fortes émotions, elle rendait sa
grande âme à Dieu, le 30 janvier 410, âgée d’environ quatre-vingts ans.
Saint JÉRÖME. VIE DE SAINTE MARCELLA, VEUVE.
A LA VIERGE PRINCIPIA.
Vous désirez de moi
avec instance et me demandez sans cesse, ô vierge de Jésus-Christ, illustre
Principia, de renouveler par mes écrits la mémoire d'une femme aussi sainte
qu'était Marcella, et de faire par ce moyen connaître aux autres et leur donner
sujet d'imiter les vertus dont nous avons joui si longtemps, et certes je me
plains de ce que vous m'excitez de la sorte à entrer dans une carrière où je cours
si volontiers de moi-même, et de ce que vous croyez que j'aie besoin en cela
d'être prié, moi qui ne vous cède nullement en l'affection que vous lui
portiez, et qui sais que je recevrai beaucoup plus d'avantage que je n'en
procurerai aux autres en représentant. par ce discours les admirables qualités
de celle dont j'entreprends de parler. Or mon silence de deux ans ne doit pas
être attribué à négligence, comme vous m'en accusez injustement, mais à mon
incroyable affliction, qui m'abattait l'esprit de telle sorte que jusqu'ici
j'ai jugé plus à propos de lue taire que de ne rien dire qui fût digne de son
mérite.
Ayant donc à louer
votre Marcella, ou plutôt la mienne, et, pour parler encore plus véritablement,
la nôtre et celle de tous ceux qui font profession d'être à Dieu, et qui a été
un si grand ornement de Rome, je n'observerai point les règles des orateurs en
représentant la noblesse de sa race, la longue suite de ses aïeux et les
statues de ses ancêtres, qui, de siècle en siècle et jusqu'à notre temps, ont
été honorés des charges de gouverneurs de provinces et de préfets du palais de
l'empereur; mais je louerai seulement en elle ce qui lui est propre, et
d'autant plus admirable qu'ayant méprisé ses richesses et sa noblesse, elle
s'est encore rendue plus illustre par sa pauvreté et par son humilité.
Marcella ayant perdu
son père et étant demeurée veuve sept mois après avoir été mariée, sa jeunesse,
la splendeur de sa maison, la douceur de son esprit, et, ce qui touche
d'ordinaire davantage les hommes, son excellente beauté portèrent Cereal, dont
le nom est si célèbre entre les consuls, à désirer avec ardeur de l'épouser;
et, étant déjà fort vieux, il lui promettait de la rendre héritière de ses
grands biens, voulant par une telle donation la traiter comme si elle eût été
sa fille et non pas sa femme. Albina, sa mère, souhaitait fort un si puissant
appui pour sa maison qui en était alors destituée; mais Marcella dit que, quand
elle n'aurait point résolu de faire un voeu de chasteté, si elle eût voulu se
marier elle aurait cherché un mari et non pas une succession. Sur quoi Cereal
lui ayant mandé que les vieux peuvent vivre longtemps et les jeunes mourir
bientôt, elle répondit de fort bonne grâce: « Il est vrai qu'une jeune personne
peut mourir bientôt, mais un vieillard ne saurait vivre longtemps. » Ainsi,
avant eu son congé, nul autre n'osa plus prétendre de l'épouser.
Nous lisons dans l'évangile
de saint Luc (282) qu'Anne, fille de Phanuel, de la tribu d'Aser, prophétisait,
et était extrêmement âgée ; qu'elle avait vécu sept ans avec son mari ; qu'elle
avait quatre-vingt-quatre ans; qu'elle ne bougeait du temple, et passait les
jours et les nuits en jeûnes et en oraisons, employant ainsi toute sa vie au
service de Dieu; ce qui fait que l'on ne doit pas trouver étrange qu'elle ait
vu son Sauveur, puisqu'elle le cherchait avec tant de soins et tant de peines.
Comparons sept ans avec sept mois : espérer la venue de Jésus-Christ et le
posséder ; le confesser après sa naissance et croire en lui après sa mort; ne
le méconnaître pas étant enfant, et se réjouir de ce qu'étant homme parfait il
règne à jamais dans le ciel
je ne vois pas que l'un doive faire différence entre
ces saintes femmes, ainsi que quelques-uns en mettent d'ordinaire si mal à
propos entre les hommes les plus saints et les princes mêmes de l'Eglise. Ce
que je dis seulement pour faire connaître qu'ayant travaillé toutes deux
également , elles jouissent maintenant de la même récompense.
Il est fort difficile
dans une ville aussi médisante que Il orne, dont. le peuple était autrefois
composé de toutes les nations du monde et où les vices triomphent, de ne
recevoir pas quelque attaque par les impostures des bruits malicieux inventés
et semés par ces personnes qui prennent plaisir à blâmer les choses les plus
innocentes et la vouloir découvrir des taches en celles qui sont les plus
pures; ce qui fait que le prophète souhaite plutôt qu'il n'estime qu'on puisse
trouver une chose aussi difficile et presque aussi impossible à rencontrer
qu'est celle-ci, lorsqu'il dit : «
Bienheureux sont ceux qui marchent dans la voie du Seigneur, et qui ne
rencontrent rien en leur chemin qui leur puisse imprimer la moindre
tache! » Il dit que ceux-là sont sans tache dans la voie de ce siècle qui
n'ont point été infectés de l'air de ces bruits malicieux, et à qui l'on n'a
point fait d'injure. Notre Sauveur dit dans l'Évangile : « Ayez une opinion
favorable de votre adversaire lorsque vous êtes en chemin avec lui.» Or, qui a
jamais entendu publier quelque chose de désavantageux de la personne dont je
parle et y a ajouté créance? ou qui est celui qui l'a cru sans s'accuser
lui-même de malice et de lâcheté? Marcella a été la première qui a confondu le
paganisme en faisant voir à tout le monde quelle doit être cette vertu d'une
veuve chrétienne qu'elle portait dans le coeur, et qui paraissait en ses habits
; car les veuves païennes ont coutume de se peindre le visage de blanc et de
rouge, d'être très richement vêtues, d'éclater de pierreries, de tresser leurs
cheveux avec de l'or, de porter à leurs oreilles des perles sans prix, d'être
parfumées, et de pleurer de telle sorte la mort de leurs maris qu'elles ne
peuvent ensuite cacher leur joie d'être affranchies de leur domination, ainsi
qu'il parait lorsqu'on les voit en chercher d'autres, non pas pour leur être
assujetties comme Dieu l'ordonne., mais au contraire pour leur commander; ce
qui fait qu'elles en choisissent de pauvres, afin que, portant seulement le nom
de maris, ils souffrent avec patience d'avoir des rivaux, et soient aussitôt
répudiés s'ils osent seulement ouvrir la bouche pour s'en plaindre. La sainte
veuve dont je parle portait des robes pour se défendre seulement du froid, et
non pas pour montrer seulement à découvert une partie de son corps; elle ne
garda rien qui fût d'or, non pas même son cachet, aimant mieux employer toutes
ces superfluités à nourrir les pauvres que de les enfermer dans ses coffres;
elle n'allait jamais sans sa mère. Les diverses rencontres d'une aussi grande
maison qu'était la sienne y faisant quelquefois venir des ecclésiastiques et
des solitaires, elle ne les voyait qu'en compagnie, et elle avait toujours avec
elfe des vierges et des veuves de grande vertu, sachant qu'on juge souvent des
maîtresses par l'humeur trop libre des filles qui sont à elles, et que chacun
se plait en la compagnie des personnes qui lui ressemblent.
Son amour pour
l'Écriture sainte était incroyable, et elle chantait toujours : «J'ai caché et
consacré vos paroles dans mon cœur,afin de ne vous point offenser; » et
cet autre verset (283) où David, parlant de l'homme parfait, dit : « Il n'a
point d'autre volonté que la loi de son Seigneur, laquelle il médite jour et
nuit, » entendant par cette méditation de la loi, non pas de répéter
souvent les paroles de l'Ecriture ainsi que faisaient les pharisiens, mais de
les pratiquer selon ce que l'Apôtre nous l'enseigne lorsqu'il dit: « Soit que
vous buviez, que vous mangiez ou que vous vous occupiez à quelque autre chose,
faites toutes ces actions pour la gloire de Dieu; , à quoi se rapportent ces
paroles du Prophète royal : « L'exécution de vos commandements m'a donné
intelligence, pour témoigner par là qu'il ne pouvait mériter d'entendre
l’Ecriture sainte qu'après qu'il aurait accompli les commandements de Dieu.
Nous lisons aussi la même chose dans les Actes, où il est porté que Jésus «
commença à agir et à enseigner ; » car il n'y a point de doctrine, si
relevée qu'elle soit, qui nous puisse empêcher de rougir de honte lorsque notre
propre conscience nous reproche que nos actions ne sont pas conformes à nos connaissances;
et en vain. celui qui est enflé d'orgueil à cause qu'il est aussi riche qu'un
Crésus, et qui par avarice étant couvert d'un méchant manteau, ne travaille
qu'à empêcher que les vers ne mangent les riches habillements dont ses coffres
sont remplis, prêche aux autres la pauvreté et les exhorte à faire l'aumône.
Les jeûnes de Marcella
étaient modérés. Elle ne mangeait point de chair, et, la faiblesse de son
estomac et ses fréquentes infirmités l'obligeant de prendre un peu de vin, elle
se contentait le plus souvent de le sentir au lieu de le goûter. Elle sortait
peu en public et évitait particulièrement d'aller chez les dames de condition,
de peur d'y voir ce qu'elle avait méprisé. Elle allait en secret faire ses
prières dans les églises des apôtres et des martyrs, et évitait de s'y trouver
aux heures qu'il y avait grande multitude de peuple. Elle était si obéissante à
sa mère que cela la faisait agir quelquefois contre ce qu'elle aurait désiré;
car Albina. aimant extrêmement ses proches et se voyant sans fils et sans
petit-fils, voulait tout donner à ses neveux, et Marcella au contraire eût
beaucoup mieux aimé le donner aux pauvres; mais, ne pouvant se résoudre à la
contredire, elle donna ses pierreries et tous ses meubles à ses parents, qui,
étant fort riches, n'en avaient point besoin; ce qui était comme les dissiper
et les perdre, aimant mieux faire cette perte que de déplaire à sa mère.
Il n'y avait point
alors à Rome de femme de condition qui sût quelle était la vie des solitaires,
ni qui en osât prendre le nom, à cause que cela était si nouveau qu'il passait
pour vil et pour méprisable dans l'esprit des peuples. Marcella apprit
premièrement par des prêtres d'Alexandrie, et puis par l'évêque Athanase, et
enfin par Pierre (qui, fuyant la persécution des hérétiques ariens, étaient
venus se réfugier à Rome comme à un port assuré de la foi catholique) la vie du
bienheureux Antoine, qui n'était lias encore mort, la manière de vivre des
monastères de saint Pacôme en la Thébaïde, et dos vierges et des veuves. Alors
elle n'eut point de liante de faire profession de ce qu'elle connut être
agréable à Jésus-Christ, et plusieurs années après elle fut imitée par
Sophronia et par d'autres. L'admirable Paula eut le bonheur de jouir de son
amitié, et Eustochia, la gloire des vierges, fut nourrie en sa chambre, d'où il
est aisé de juger quelle devait être la maîtresse qui eut de telles disciples.
Quelque lecteur sans
pitié. se rira peut-être de ce que je m'arrête si longtemps à louer des femmes;
mais s'il se souvenait de celles qui ont accompagné notre Sauveur et l'ont
assisté de leur bien, s'il se souvenait de ces trois Maries qui demeurèrent debout
au pied de sa croix, et particulièrement de cette Marie-Madeleine qui, à cause
de sa vigilance et de l'ardeur de sa foi, a été nommée une tour inébranlable et
s'est rendue digne de voir, autant même qu'aucun des apôtres, Jésus-Christ
ressuscité, il s'accuserait plutôt de présomption qu'il iîe m'accuserait
d'extravagance, lorsque je juge des vertus non pas par le sexe, mais parles
qualités de l'âme, et que j'estime qu'il n'y en a point qui méritent tant de
gloire que ceux qui pour l'amour de Dieu méprisent leur noblesse et leurs
richesses; ce qui lit que Jésus-Christ eut une si grande affection pour saint
Jean l'évangéliste, lequel, étant si connu du pontife parce qu'il était de
bonne famille, ne put (284) néanmoins être retenu par la crainte qu'il avait de
la malice des Juifs de faire entrer saint Pierre chez Caïphe, de demeurer seul
de tous les apôtres au pied de la croix, et de prendre pour mère celle: de
notre Sauveur, afin qu'un fils vierge recût une mère-vierge comme la succession
de son maître-vierge.
Marcella passa donc
plusieurs années de telle sorte qu'elle connut plutôt qu'elle vieillissait.
qu'elle ne se souvint d'avoir été jeune, et elle estimait fort cette belle
pensée de Platon, que la philosophie n'est autre chose qu'une méditation de la
mort; ce qui fait aussi dire à l'Apôtre : « Je meurs tous les jours pour votre
salut, » et à notre Seigneur, selon les anciens exemplaires : «Nul ne peut être
mon disciple s'il ne porte tous les jours sa croix et ne me suit. » et
longtemps auparavant à David inspiré du Saint-Esprit: « Nous sommes à
toute heure condamnés à la mort à cause de vous, et traités comme des brebis
destinées à la boucherie ; ,et depuis longtemps l'Ecclésiastique nous apprend
cette belle sentence : « Souviens-toi toujours de l'heure de ta mort, et tu ne
pécheras jamais; » et nous lisons aussi dans un éloquent ,tuteur, qui a écrit
des satires pour l'instruction des moeurs, cet avertissement si utile :
Grave la mort dans la
pensée.
Le temps vole en fuyant
toujours;
Et tu le vois par ce discours,
Car cette parole est
passée.
Marcella, ainsi que je commençais de dire, a donc
passé sa vie comme croyant toujours mourir, et. a été vêtue comme ayant
toujours son tombeau devant les ceux, s'offrant continuellement a Dieu comme
une hostie vivante, raisonnable, et agréable à sa divine majesté.
Lorsque les affaires de
l'Eglise m'obligèrent d'aller à home avec les saints prélats Paulin et
Epiphane, dont l'un était évêque d'Antioche en Syrie, l'autre de Salamine en
Chypre, et que j'évitais par modestie de voir des dames de condition, elle se
conduisit de telle sorte, selon le précepte de l'Apôtre, en me pressant en
toutes rencontres de lui parler, qu'enfin elle surmonta ma retenue par ses
instances et son adresse. Et d'autant que j'étais en quelque réputation
touchant l'intelligence de l'Écriture sainte, elle ne me voyait jamais sans
m'en demander quelque chose, et au lieu de se rendre soudain à ce que je lui
disais, elle me faisait des questions, non pas à dessein de contester, mais
afin d'apprendre par ces doutes les réponses aux difficultés qu'elle savait que
l'on y pouvait former.
J'appréhende de dire ce
que j'ai reconnu de sa vertu,de son esprit,de sa pureté et de sa sainteté, de
peur qu'il ne semble que j'aille au-delà de tout ce que l'on en saurait croire,
et de crainte d'augmenter votre douleur en vous faisant ressouvenir de quel
bien vous êtes privée ; je dirai seulement que, n'ayant écouté que comme en
passant tout ce que j'avais pu acquérir de connaissance de l'Ecriture sainte
par une fort longue étude, et qui m'était devenu une autre nature par une
méditation continuelle, elle l'apprit et le posséda de telle sorte que,
lorsqu'après filon départ il arrivait quelque contestation touchant des
passages de l'Écriture, on l'en prenait pour juge. Mais comme elle était
extrêmement prudente et savait parfaitement les règles de ce que les
philosophes nomment bienséance, elle répondait avec tant de modestie aux
questions qu'on lui faisait qu'elle rapportait comme l'ayant appris de moi ou
de quelque autre les choses qui venaient purement d'elle, afin de passer pour
disciple en cela même où elle était une fort grande maîtresse ; car elle savait
que l'Epître a dit: « Je ne permets pas aux femmes d'enseigner, » et elle ne
voulait pas qu'il pût sembler qu'elle fit tort aux hommes et même aux prêtres
qui la consultaient quelquefois sur des choses obscures et douteuses.
Etant retournés en
Bethléem, nous apprîmes aussitôt que vous vous étiez tellement unie avec elle
que vous ne la perdiez jamais de vue, que vous n'aviez qu'une même maison et un
même lit, et que toute la ville savait que vous aviez trouvé une mère et elle
une fille. Le jardin qu'elle avait aux faubourgs vous servit de monastère, et
une maison qu'elle choisit à la campagne de solitude, et vous vécûtes longtemps
de telle sorte que l'imitation de votre vertu ayant été cause de la conversion
de plusieurs personnes, nous nous réjouissions de ce que home était devenue une
autre Jérusalem : on v vit tant de monastères de vierges et un si (285) grand
nombre de solitaires que la multitude de ceux qui servaient Dieu avec une telle
pureté rendit honorable cette sorte de vie, qui était auparavant si méprisée.
Cependant nous nous consolions Marcella et moi dans notre absence en nous
écrivant fort souvent, suppléant ainsi par l'esprit à la présence, et étant
dans une sainte contestation à qui se préviendrait par ses lettres, à qui se
rendrait le plus de devoirs, et à qui manderait le plus soigneusement de ses
nouvelles ; et nos lettres nous rapprochant de la sorte, nous ne sentions pas
tant cet éloignement.
Lorsque nous jouissions
de ce repos et ne pensions qu'à servir Dieu, une tempête excitée par les
hérétiques s'éleva dans ces provinces, laquelle mit tout en trouble. Leur
fureur était portée à un tel point qu'ils ne pardonnaient ni à eux-mêmes ni à
un seul de tout ce qu'il y avait de plus gens de bien ; et, ne se contentant
pas d’avoir tout mis ici sens dessus dessous, ils envoyèrent jusque dans le
port de Home un vaisseau plein de personnes qui vomissaient des blasphèmes
contre la vérité. Il se trouva aussitôt des gens disposés à embrasser leurs
erreurs, et leurs pieds tout bourbeux remplirent de fange la source très pure
de la foi de l'Église romaine. Mais il ne faut pas s'étonner si ce taux
prophète abusait les simples, vu qu'une doctrine si abominable et si
empoisonnée a trouvé dans Home des gens qui s'en sont laissé persuader. Ce fut
alors qu'on vit cette infâme traduction des livres d'Origènes intitulés Périarchon,
ou Des principes; ce fut alors qu'ils eurent pour disciple Macaire, lequel eût
été véritablement digne de porter ce nom, qui signifie : bienheureux, s'il ne
fût point tombé entre les mains d'un tel maître ; ce fut alors que les évêques,
qui sont nos maîtres, s'opposèrent à ce ravage et troublèrent toute l'école des
pharisiens; et ce fut alors que sainte Marcella, après avoir demeuré longtemps
dans le silence de crainte qu'il ne semblât qu'elle ne fit quelque chose par
vanité, voyant que cette foi, si louée par la bouche de l'Apôtre, se corrompait de telle sorte dans les esprits de la plupart de ses
concitoyens que les prêtres même et quelques solitaires, mais principalement
les hommes engagés dans le siècle, se portaient à embrasser l'erreur et se
moquaient de la simplicité du pape, qui jugeait de l'esprit des autres par le
sien, elle s'y opposa publiquement, aimant beaucoup mieux plaire à Dieu qu'aux
hommes.
Notre Sauveur loue dans
l'Evangile ce mauvais maître-d'hôtel qui, ayant agi infidèlement envers son
maître, s'était conduit si prudemment dans ses propres intérêts : les
hérétiques voyant qu'une petite étincelle était capable de produire un très
grand embrasement, que le feu qu'ils avaient allumé était déjà arrivé au comble
de la maison du Seigneur, et que les artifices dont ils avaient usé pour en
surprendre plusieurs ne pouvaient demeurer plus longtemps cachés, ils
demandèrent et obtinrent des lettres ecclésiastiques, afin qu'il parût qu'en
partant de Rouie ils étaient dans la communion de l'Église.
Peu de temps après
Anastase l'ut élevé au saint-siège : c'était un homme admirable, et home n'en
jouit pas longtemps, parce qu'il n'y aurait point eu d'apparence que cette
ville impératrice, qui était le chef de tout le monde, fût misérablement ruinée
sous un si grand pape; ou plutôt il fut enlevé d'entre les hommes et porté dans
le ciel, de peur qu'il ne s'efforçât de fléchir par ses prières l'arrêt que
Dieu avait déjà prononcé contre cette malheureuse ville, ainsi qu'il se voit
dans l'Ecriture disant à Jérémie : « Ne me prie point pour ce peuple, et
ne tâche point de me fléchir afin que je leur fasse miséricorde ; car quand ils
jeûneraient je n'écouterais pas leurs prières, et quand ils m'offriraient des
sacrifices je ne les recevrais pas; mais je les détruirai par la guerre, par la
famine et par la peste.»
On me dira peut-être :
Quel rapport a tout ceci avec les louanges de Marcella ? Je réponds qu'il y en
a un très grand puisqu'elle l'ut cause de la condamnation de ces hérétiques,
car elle produisit des témoins qui, ayant été instruits par eux, avaient depuis
renoncé à leur erreur; elle fit voir une grande multitude de personnes qu'ils
avaient trompées de la même sorte; elle représenta divers exemplaires de ce
livre impie de Périarchon, corrigé de la propre main de ce dangereux scorpion qui en faisait
(286) glisser le venin dedans les âmes, et elle écrivit grand nombre de lettres
pour presser ces hérétiques de se venir défendre; ce qu'ils n'osèrent jamais
faire, leur conscience les bourrelant de telle sorte qu'ils aimèrent mieux se
laisser condamner en leur absence que d'être convaincus en se présentant.
Marcella a été la première cause d'une si glorieuse victoire ; et vous, mon
Dieu, qui en êtes le chef et la souveraine origine, vous savez que je ne dis
rien que de véritable, et que je ne rapporte que la moindre partie de ses
grandes et admirables actions, de peur d'ennuyer le lecteur en m'étendant
davantage sur ce sujet, et afin qu'il ne semble pas à mes ennemis que sous
prétexte de la louer je veuille me venger d'eux. Mais il faut venir au reste.
Cette tempête étant
passée d'Occident en Orient, elle menaçait plusieurs personnes d'un grand
naufrage. Ce fut alors qu'on vit accomplir cette parole de l'Écriture : « Croyez-vous que le lits de l’homme, revenant
au monde, trouve de la foi parmi les hommes? » La charité de la plupart étant
refroidie, ce peu qui aimait la vérité de la foi se joignait à moi : on m
attaquait publiquement comme leur chef, et on les persécutait aussi de telle
sorte que Barnabé même, pour user des termes de saint Paul, se porta dans cette
dissimulation, ou plutôt dans un parricide manifeste qu'il exécuta, sinon
d'effet, au moins de volonté. Mais par le souffle procédant de la bouche de
Dieu toute cette tempête fut dissipée; et alors ou vit l'effet de cette
prédiction du prophète . « Vous retirerez d'eux votre esprit, et aussitôt ils
tomberont et retourneront dans la poussière dont ils ont été formés, et en ce
même moment tous leurs desseins s'évanouiront; » comme aussi de cet autre endroit de
l'Évangile : « Insensé que tu es! je séparerai cette nuit ton âme d'avec ton
corps; et qui possédera alors tous ces grands biens que tu as amassés avec tant
de son?»
Comme ces choses se
passaient en Jérusalem, on nous apporta d'Occident une épouvantable nouvelle,
que Rome avait été assiégée, et que ses citoyens, s'étant rachetés en donnant
ce qu'ils avaient d'or et d'argent, on les avait encore assiégés de nouveau
afin de leur faire perdre aussi la vie après les avoir dépouillés de leurs
richesses. Ma langue demeure attachée à mon palais et mes sanglots interrompent
mes paroles : cette ville qui avait conquis tout le monde se trouve conquise,
ou pour mieux dire elle périt par la faim avant que de périr par l'épée; et il
n'y resta quasi plus personne que l'on pût réduire en servitude. La rage
qu'inspirait la faim les avait portés jusqu'à manger des viandes abominables;
ils se déchiraient les uns les autres pour se nourrir, et il se trouva des
mères qui ne pardonnèrent pas même aux enfants qui pendaient à leurs mamelles,
faisant ainsi rentrer dans leur sein ceux qu'elles en avaient mis dehors peu de
temps auparavant. Moab fut prise de nuit et ses murailles tombèrent la nuit. «
Seigneur, les nations idolâtres sont entrées dans votre héritage; elles ont
violé la sainteté de votre temple, saccagé Jérusalem, donné les corps morts de
vos saints en pâture aux oiseaux du ciel et leur chair à dévorer aux animaux de
la terre; elles ont répandu leur sang comme de l'eau tout autour de la sainte
cité, et il ne se trouvait personne pour les enterrer.»
Quels cris et quels
sanglots par leur triste langage
Pourraient de cette
nuit raconter le carnage?
Et qui, changeant ses
yeux en des sources de pleurs,
Pourrait de tant de
maux égaler les douleurs?
Cette ville superbe et
si longtemps régnante
Tombe et nomme en
tombant la fortune inconstante;
Elle nage en son sang,
et la rigueur du sort
Y montre eu cent façons
l'image de la mort.
En cette horrible
confusion les victorieux, tout couverts de sang, entrèrent aussi dans la maison
de Marcella. Ne me sera-t-il pas permis de dire ici ce que j'ai entendu, ou
plutôt de raconter des choses qui ont été vues par des hommes pleins de
sainteté qui se trouvèrent présents lorsqu'elles se passèrent, et qui témoignent,
ô sage Principia, que, l'accompagnant dans ce péril, vous ne courûtes pas moins
de danger. Ils assurent donc qu'elle reçut sans s'étonner et d'un visage ferme
ces furieux, lesquels lui demandant de l'argent, elle leur répondit qu'une
personne qui portait une aussi méchante robe qu'était la sienne n'était. pas
pour avoir caché des trésors dans la terre. Cette pauvreté volontaire dont elle
faisait profession ne fut pas capable de leur faire ajouter foi à ses paroles;
mais ils la fouettèrent cruellement, et (287) elle, se jetant à leurs pieds
comme si elle eût été insensible à ses douleurs, ne leur demandait autre grâce
sinon qu'ils ne vous séparassent point d'avec elle, tant elle avait peur que
votre jeunesse vous fit recevoir des outrages et des violences qu'elle n'avait
point sujet de craindre pour elle-même à cause de sa vieillesse. Jésus-Christ
amollit la dureté du coeur de ces barbares : la compassion trouva place entre
leurs épées teintes de sang; et vous ayant menées toutes deux dans l'église de
saint Paul, pour vous assurer de votre vie si vous leur donniez de l'argent ou
pour vous y faire trouver un sépulcre, on dit qu'elle fut comblée d'une telle
joie qu'elle commença de rendre grâces à Dieu de ce qu'ayant conservé votre
virginité, il vous réservait à finir votre vie pour son service; de ce que la
captivité l'avait trouvée, mais non pas rendue pauvre; de ce qu'il n’avait
point de jour que, pour être nourrie, elle n'eût besoin qu'on lui fit quelque
charité; de ce qu'étant rassasiée de son Sauveur, elle ne sentait pas la faim,
et de ce que l'état où elle était réduite pouvait, aussi bien que sa langue,
lui faire dire : « Je suis sortie toute nue du ventre de ma mère, et j'entrerai
toute nue dans le tombeau. La volonté de Dieu a été accomplie son saint nom
soit béni! »
Quelques jours après,
son corps étant sain et plein de vigueur, elle s'endormit du sommeil des
justes, vous laissant héritière du peu qu'elle avait dans sa pauvreté, ou, pour
mieux dire, en laissant les pauvres héritiers par vous. Vous lui fermâtes les
yeux ; elle rendit l'esprit entre les baisers que vous lui donniez, et, trempée
de vos larmes, elle souriait, tant était grand le repos que la manière dont
elle avait vécu donnait à sa conscience, et tant elle était contente d'aller
jouir des récompenses qui l'attendaient dans le ciel.
Voilà, bienheureuse
Marcella que je ne saurais trop révérer, voilà, ô Principia, sa chère fille, ce
que j'ai dicté en une nuit pour m'acquitter de ce que je vous dois à toutes
deux. Vous n'y trouverez point de beauté de style, mais une volonté pleine de
reconnaissance envers l'une et envers l'autre, et un désir de plaire à Dieu et
à ceux qui le liront.
SOURCE : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/jerome/mystiques/026.htm
Marcella of Rome, Widow
(RM)
Died August 410. Saint Marcella met Saint Athanasius when she was a child and
was enthralled by his stories of Egyptian ascetics. She married to please her
mother, but was widowed seven months later. Thereafter, the Roman patrician
refused the marriage proposal of Cerealis, the consul, uncle of Gallus Caesar.
Instead, she turned
herself to works of charity and her palace on the Aventine Hill into a center
of Christian fellowship. Around her formed a group of noble ladies desiring to
live a life of austerity and asceticism. These included her ward Principia;
Marcellina, elder sister of Saint Ambrose and Saint Satyrus; Fabiola; Asella;
Lea; and Paula with her daughters, among others. Marcella served as a fine
example for her spiritual daughters: she abstained from wine and flesh; spent
her time in pious reading, prayer, and visiting the churches of the apostles
and martyrs; and never spoke with any man alone.
Marcella welcomed
Saint Jerome upon his arrival in Rome, and he remained with her for three years
guiding this monastery/school for devout, aristocratic ladies in the study of
the scriptures, prayer, and almsgiving. Marcella was a woman of intellectual
ability, and not afraid to confront the masterful Jerome.
She was tortured by
the Goths under Alaric who looted Rome in 410. They tried to force her to
reveal the location of her wealth, which she had long ago given to the poor.
Marcella withstood her own scourging but begged them to spare her pupil (not
her daughter) Principia from outrage. She was released but died shortly
thereafter in the arms of Principia from the effects of this treatment.
Saint Marcella
corresponded often with her spiritual director, Saint Jerome, who answered her
questions about spiritual matters and referred to her as "the glory of
Roman ladies." Eleven of his letters to Marcella survive (Attwater,
Attwater2, Benedictines, Coulson, Delaney, Encyclopedia, Gill, Husenbeth,
Martindale (1951)).
SOURCE :
http://www.saintpatrickdc.org/ss/0131.shtml
January 31
St. Marcella, Widow
SHE is styled by St. Jerom the glory of
the Roman ladies. Having lost her husband in the seventh month of her marriage,
she rejected the suit of Cerealis the consul, uncle of Gallus Cæsar, and
resolved to imitate the lives of the ascetics of the East. She abstained from
wine and flesh, employed all her time in pious reading, prayer, and visiting
the churches of the apostles and martyrs, and never spoke with any man alone.
Her example was followed by many virgins of the first quality, who put
themselves under her direction, and Rome was in a short time filled with
monasteries. We have eleven letters of St. Jerom to her in answer to her
religious queries. The Goths under Alaric plundered Rome in 410. St. Marcella
was scourged by them for the treasures which she had long before distributed
among the poor.
All that time she
trembled only for her dear spiritual pupil, Principia, (not her daughter, as
some have reputed her by mistake,) and falling at the feet of the cruel
soldiers, she begged, with many tears, that they would offer her no insult. God
moved them to compassion. They conducted them both to the church of St. Paul,
to which Alaric had granted the right of sanctuary with that of St. Peter. St.
Marcella, who survived this but a short time, which she spent in tears,
prayers, and thanksgiving, closed her eyes by a happy death, in the arms of St.
Principia, about the end of August, in 410, but her name occurs in the Roman
Martyrology on the 31st of January. See St. Jerom, Ep. 96. ol. 16. ad
Principiam, t. 4. p. 778. Ed. Ben. Baronius
ad ann. 410. and Bollandus, t. 2. p. 1105.
Rev. Alban
Butler (1711–73). Volume I: January. The Lives of the
Saints. 1866.
Saint JEROME, To
Principia (Letter 127)
This letter is
really a memoir of Marcella (for whom see note on Letter XXIII.) addressed to
her greatest friend. After describing her history, character, and favourite
studies, Jerome goes on to recount her eminent services in the cause of orthodoxy at a time when,
through the efforts of Rufinus, it seemed likely that Origenism would prevail
at Rome (§§9, 10). He briefly relates the fall
of the city and the horrors consequent upon it (§§12, 13) which appear to have
been the immediate cause of Marcella's
death (§14). The date of the letter is 412 A.D.
1. You have besought me
often and earnestly, Principia, virgin of Christ, to dedicate a letter to the memory of that holy woman Marcella, and to set forth the goodness long enjoyed by us for others
to know and to imitate. I am so anxious myself to do justice to her merits that it grieves me that you should spur me on and fancy
that your entreaties are needed when I do not yield even to you in love of her. In putting upon record her signal virtues I shall receive far more benefit myself than I can possibly confer upon
others. If I have hitherto remained silent and have allowed two years to go
over without making any sign, this has not been owing to a wish to ignore her
as you wrongly suppose, but to an incredible sorrow which so overcame my mind
that I judged it better to remain silent for a while than to praise her virtues in inadequate language. Neither will I now follow the rules of rhetoric
in eulogizing one so dear to both of us and to all the saints, Marcella the glory of her native Rome. I will not set forth her illustrious family and lofty lineage, nor will I trace her pedigree through a line of
consuls and prætorian prefects. I will praise her for nothing but the virtue which is her own and which is the more noble, because forsaking both wealth and rank she has sought the true nobility of poverty and lowliness.
2. Her father's death left
her an orphan, and she had been married less than seven months when her husband
was taken from her. Then as she was young, and highborn, as well as
distinguished for her beauty— always an attraction to men— and her
self-control, an illustrious consular named Cerealis paid court to her with
great assiduity. Being an old man he offered to make over to her his fortune so
that she might consider herself less his wife than his daughter. Her mother
Albina went out of her way to secure for the young widow so exalted a protector. But Marcella answered: had I a wish to marry
and not rather to dedicate myself to perpetual chastity, I should look for a husband and not for an inheritance; and when her
suitor argued that sometimes old men live long while young men die early, she
cleverly retorted: a young man may indeed die early, but an old man cannot live
long. This decided rejection of Cerealis convinced others that they had no hope
of winning her hand.
In the gospel according to
Luke we read the following passage: there was one Anna, a prophetess, the
daughter of Phanuel, of the tribe of Aser: she was of great age, and had lived
with an husband seven years from her virginity; and she was a widow of about fourscore and four years, which departed not from the temple
but served God with fastings and prayers night and day. Luke 2:36-37 It was no marvel that she won the
vision of the Saviour, whom she sought so earnestly. Let us then
compare her case with that of Marcella and we shall see that the latter has
every way the advantage. Anna lived with her husband seven years; Marcella
seven months. Anna only hoped for Christ; Marcella held Him fast. Anna
confessed him at His birth; Marcella believed in Him crucified. Anna did not deny the Child; Marcella rejoiced in the
Man as king. I do not wish to draw distinctions between holy women on the score of their merits, as some persons have made it a custom to do as regards holy men and leaders of churches; the conclusion at which I aim is that, as
both have one task, so both have one reward.
3. In a slander-loving
community such as Rome, filled as it formerly was with people from all parts
and bearing the palm for wickedness of all kinds, detraction assailed the upright
and strove to defile even the pure and the clean. In such an atmosphere it is
hard to escape from the breath of calumny. A stainless reputation is difficult nay almost impossible to attain;
the prophet yearns for it but hardly hopes to win it:
Blessed, he says, are the undefiled in the way who walk in the law of the Lord.
The undefiled in the way of this world are those whose fair fame no breath of
scandal has ever sullied, and who have earned no reproach at the hands of their
neighbours. It is this which makes the Saviour say in the gospel: agree with,
or be complaisant to, your adversary while you are in the way with him. Matthew 5:25 Who ever heard a slander of Marcella that deserved the least credit? Or who ever credited such
without making himself guilty of malice and defamation? No; she put the Gentiles to confusion by showing them the nature of that Christian widowhood which her conscience and mien alike set forth. For women of the world are wont to paint their faces with rouge and white-lead,
to wear robes of shining silk, to adorn themselves with jewels, to put gold
chains round their necks, to pierce their ears and hang in them the costliest
pearls of the Red Sea, and to scent themselves with musk. While they
mourn for the husbands they have lost they rejoice at their own deliverance and freedom to choose fresh partners— not, as
God wills, to obey these Ephesians 5:22 but to rule over them.
With this object in view
they select for their partners poor men who contented with the mere name of
husbands are the more ready to put up with rivals as they know that, if they so much as murmur, they will be cast off at once. Our widow's clothing was meant to keep out the cold and not to show her figure. Of
gold she would not wear so much as a seal-ring, choosing to store her money in
the stomachs of the poor rather than to keep it at her own disposal. She went
nowhere without her mother, and would never see without witnesses such monks and clergy as the needs of a large house required her to
interview. Her train was always composed of virgins and widows, and these women serious and staid; for, as she well knew, the levity of the maids speaks ill for the mistress and a woman's character is shown by her choice of companions.
4. Her delight in the
divine scriptures was incredible. She was for ever singing, Your words have I
hid in mine heart that I might not sin against you, as well as the words which describe the perfect man, his
delight is in the law of the Lord; and in his law does he meditate day and night.
This meditation in the law she understood not of a review of the written words
as among the Jews the Pharisees think, but of action according to that saying of the apostle, whether,
therefore, you eat or drink or what soever you do, do all to the glory of God. 1 Corinthians 10:31 She remembered also the prophet's words, through your precepts I get understanding, and felt sure that
only when she had fulfilled these would she be permitted to understand the
scriptures. In this sense we read elsewhere that Jesus began both to do and
teach. Acts 1:1 For teaching is put to the blush
when a man's conscience rebukes him; and it is in vain that his tongue
preaches poverty or teaches almsgiving if he is rolling in the riches of Crœsus and
if, in spite of his threadbare cloak, he has silken robes at home to save from
the moth.
Marcella practised fasting, but in moderation. She abstained from eating flesh, and she knew rather the scent of wine than its taste; touching it only for her
stomach's sake and for her often infirmities. 1 Timothy 5:23 She seldom appeared in public and
took care to avoid the houses of great ladies, that she might not be forced to
look upon what she had once for all renounced. She frequented the basilicas of apostles and martyrs that she might escape from the throng and give
herself to private prayer. So obedient was she to her mother that for her sake she did things of which she
herself disapproved. For example, when her mother, careless of her own
offspring, was for transferring all her property from her children and
grandchildren to her brother's family, Marcella wished the money to be given to the poor instead, and yet
could not bring herself to thwart her parent. Therefore she made over her
ornaments and other effects to persons already rich, content to throw away her money rather than to sadden her
mother's heart.
5. In those days no
highborn lady at Rome had made profession of the monastic life, or
had ventured— so strange and ignominious and degrading did it then seem—
publicly to call herself a nun. It was from some priests of Alexandria, and from pope Athanasius, and subsequently from Peter,
who, to escape the persecution of the Arian
heretics, had all fled for refuge to Rome as the safest haven in which they could find communion— it was from
these that Marcella heard of the life of the blessed Antony, then still alive,
and of the monasteries in the Thebaid founded by Pachomius, and of
the discipline laid down for virgins and for widows. Nor was she ashamed to profess a life which
she had thus learned to be pleasing to Christ. Many years after her example was followed first by Sophronia and then
by others, of whom it may be well said in the words of Ennius:
Would that ne'er in
Pelion's woods
Had the axe these pinetrees felled.
My revered friend Paula was blessed with Marcella's friendship, and it was in Marcella's cell
that Eustochium, that paragon of virgins, was gradually trained. Thus it is easy to see of what type the
mistress was who found such pupils.
The unbelieving reader may
perhaps laugh at me for dwelling so long on the praises of mere women; yet if he will but remember how holy women followed our Lord and Saviour and ministered to Him of their substance,
and how the three Marys stood before the cross and especially how Mary
Magdalen— called the tower from the earnestness and glow of her faith— was privileged to see the rising Christ first of all before the very apostles, he will convict himself of pride sooner than me of folly. For we judge of people's virtue not by their sex but by their character, and hold those to be worthy of
the highest glory who have renounced both rank and wealth. It was for this reason that Jesus loved the evangelist John more than the other disciples. For John was of noble birth and known to the high priest, yet was so little appalled by the plottings
of the Jews that he introduced Peter into his court, and
was the only one of the apostles bold enough to take his stand before the cross. For it was he who took
the Saviour's parent to his own home; John 19:26-27 it was the virgin son who received
the virgin mother as a legacy from the Lord.
6. Marcella then lived the ascetic life for many years, and found herself old before she bethought herself
that she had once been young. She often quoted with approval Plato's saying that philosophy consists in meditating on death. A truth which our own apostle endorses when he says: for your salvation I die daily. Indeed according to the old copies our Lord himself says:
whosoever does not bear His cross daily and come after me cannot be my disciple. Ages before, the Holy Spirit had said by the prophet: for your sake are we killed all the day long: we are counted as sheep
for the slaughter. Many generations afterwards the words were spoken: remember
the end and you shall never do amiss, Sirach 7:36 as well as that precept of the
eloquent satirist: live with death in your mind; time flies; this say of mine
is so much taken from it. Well then, as I was saying, she passed her days and
lived always in the thought that she must die. Her very clothing was such as to
remind her of the tomb, and she presented herself as a living sacrifice, reasonable and acceptable, unto God. Romans 12:1
7. When the needs of the Church at length brought me to Rome in company with the reverend pontiffs, Paulinus and Epiphanius— the
first of whom ruled the church of the Syrian Antioch while the second presided over that of Salamis in Cyprus—I in my modesty was for avoiding the eyes of highborn ladies, yet she
pleaded so earnestly, both in season and out of season 2 Timothy 4:2 as the apostle says, that at last
her perseverance overcame my reluctance. And, as in those days my name was held
in some renown as that of a student of the scriptures, she never came to see me
that she did not ask me some question concerning them, nor would she at once
acquiesce in my explanations but on the contrary would dispute them; not, however,
for argument's sake but to learn the answers to those objections which might,
as she saw, be made to my statements. How much virtue and ability, how much holiness and purity I found in her I am afraid to say; both lest I may exceed
the bounds of men's belief and lest I may increase your sorrow by reminding you
of the blessings that you have lost. This much only will I say, that whatever
in me was the fruit of long study and as such made by constant meditation a
part of my nature, this she tasted, this she learned and made her own.
Consequently after my departure from Rome, in case of a dispute arising as to the testimony of scripture on any
subject, recourse was had to her to settle it. And so wise was she and so well
did she understand what philosophers call τό πρέπον, that is, the becoming, in what she
did, that when she answered questions she gave her own opinion not as her own
but as from me or some one else, thus admitting that what she taught she had
herself learned from others. For she knew that the apostle had said: I suffer not a woman to teach, 1 Timothy 2:12 and she would not seem to inflict a
wrong upon the male sex many of whom (including sometimes priests) questioned her concerning obscure and doubtful points.
8. I am told that my place
with her was immediately taken by you, that you attached yourself to her, and
that, as the saying goes, you never let even a hair's-breadth come between her
and you. You both lived in the same house and occupied the same room so that
every one in the city knew for certain that you had found a mother in her and she a daughter in
you. In the suburbs you found for yourselves a monastic seclusion, and chose
the country instead of the town because of its loneliness. For a long time you
lived together, and as many ladies shaped their conduct by your examples, I had
the joy of seeing Rome transformed into another
Jerusalem. Monastic establishments for virgins became numerous, and of hermits there were countless numbers. In fact
so many were the servants of God that monasticism which had before been a term
of reproach became subsequently one of honour. Meantime we consoled each other for our separation by words of mutual
encouragement, and discharged in the spirit the debt which in the flesh we
could not pay. We always went to meet each other's letters, tried to outdo each
other in attentions, and anticipated each other in courteous inquiries. Not
much was lost by a separation thus effectually bridged by a constant
correspondence.
9. While Marcella was thus
serving the Lord in holy tranquillity, there arose in these provinces a
tornado of heresy which threw everything into confusion; indeed
so great was the fury into which it lashed itself that it spared neither itself
nor anything that was good. And as if it were too little to have disturbed everything here, it
introduced a ship freighted with blasphemies into the port of Rome itself. The dish soon
found itself a cover; and the muddy feet of heretics fouled the clear waters Ezekiel 34:18 of the faith of Rome. No wonder that in the streets and in the market places a
soothsayer can strike fools on the back or, catching up his cudgel, shatter the
teeth of such as carp at him; when such venomous and filthy teaching as this
has found at Rome dupes whom it can lead astray. Next came the
scandalous version of Origen's book On First Principles, and that 'fortunate' disciple who would have been indeed fortunate had he never fallen in with such a
master. Next followed the confutation set forth by my supporters, which
destroyed the case of the Pharisees and threw them into confusion. It was then that the holy Marcella, who had long held back lest she should be thought to act from
party motives, threw herself into the breach. Conscious that the faith of Rome— once praised by an apostle Romans 1:8 — was now in danger, and that this
new heresy was drawing to itself not only priests and monks but also many of the laity besides imposing on the bishop who fancied others as guileless as he was himself, she publicly
withstood its teachers choosing to please God rather than men.
10. In the gospel the
Saviour commends the unjust steward because, although he defrauded his
master, he acted wisely for his own interests. Luke 16:8 The heretics in this instance pursued the same course; for, seeing how great a
matter a little fire had kindled, James 3:5 and that the flames applied by them
to the foundations had by this time reached the housetops, and that the
deception practised on many could no longer be hid, they asked for and obtained
letters of commendation from the church, so that it might appear that till the
day of their departure they had continued in full communion with it. Shortly
afterwards the distinguished Anastasius succeeded to the pontificate; but he
was soon taken away, for it was not fitting that the head of the world should
be struck off during the episcopate of one so great. He was removed, no doubt, that he might not seek to turn away by his prayers the sentence of God passed once for all. For the words of the Lord to
Jeremiah concerning Israel applied equally to Rome: pray not for this people for their good. When they
fast I will not hear their cry; and when they offer burnt-offering and
oblation, I will not accept them; but I will consume them by the sword and by
the famine and by the pestilence. Jeremiah 14:11-12 You will say, what has this to do
with the praises of Marcella? I reply, She it was who originated the
condemnation of the heretics. She it was who furnished witnesses first
taught by them and then carried away by their heretical teaching. She it was who showed how large a number they had deceived
and who brought up against them the impious books On First Principles,
books which were passing from hand to hand after being 'improved' by the hand
of the scorpion. She it was lastly who called on the heretics in letter after letter to appear in their own defence. They did not
indeed venture to come, for they were so conscience-stricken that they let the
case go against them by default rather than face their accusers and be
convicted by them. This glorious victory originated with Marcella, she was the source and cause of this great blessing. You who shared the honour with her know that I speak the truth. You know too that out of many incidents I only mention
a few, not to tire out the reader by a wearisome recapitulation. Were I to say
more, ill natured persons might fancy me, under pretext of commending a woman's
virtues, to be giving vent to my own rancour. I will pass now to the remainder
of my story.
11. The whirlwind passed
from the West into the East and threatened in its passage to shipwreck many a
noble craft. Then were the words of Jesus fulfilled: when the son of man comes, shall he find faith on the earth? Luke 18:8 The love of many waxed cold. Yet the few who still loved the true faith rallied to my side. Men openly sought to take their lives and every
expedient was employed against them. So hotly indeed did the persecution rage that Barnabas also was carried away with
their dissimulation; nay more he committed murder, if not in actual violence at least in will. Then behold God blew and the tempest passed away; so
that the prediction of the prophet was fulfilled, you take away their breath, they die, and return to
their dust. In that very day his thoughts perish, as also the gospel-saying,
You fool, this night your soul shall be required of you: then whose shall those things be, which you
have provided? Luke 12:20
12. Whilst these things
were happening in Jebus a dreadful rumour came from the West. Rome had been
besieged and its citizens had been forced to buy their lives with gold. Then
thus despoiled they had been besieged again so as to lose not their substance
only but their lives. My voice sticks in my throat; and, as I dictate, sobs
choke my utterance. The City which had taken the whole world was itself taken;
nay more famine was beforehand with the sword and but few citizens were left to
be made captives. In their frenzy the starving people had recourse to hideous
food; and tore each other limb from limb that they might have flesh to eat.
Even the mother did not spare the babe at her breast. In the night was Moab
taken, in the night did her wall fall down. Isaiah 15:1 O God, the heathen have come into your inheritance; your holy temple have they defiled; they have made Jerusalem an orchard. The dead
bodies of your servants have they given to be meat unto the fowls of the
heaven, the flesh of your saints unto the beasts of the earth. Their blood have they shed like water
round about Jerusalem; and there was none to bury them.
Who can set forth the
carnage of that night?
What tears are equal to its agony?
Of ancient date a sovran city falls;
And lifeless in its streets and houses lie
Unnumbered bodies of its citizens.
In many a ghastly shape does death appear.
13. Meantime, as was
natural in a scene of such confusion, one of the bloodstained victors found his
way into Marcella's house. Now be it mine to say what I have heard, to relate
what holy men have seen; for there were some such
present and they say that you too were with her in the hour of danger. When the
soldiers entered she is said to have received them without any look of alarm;
and when they asked her for gold she pointed to her coarse dress to show them
that she had no buried treasure. However they would not believe in her self-chosen poverty, but scourged her and beat her with cudgels.
She is said to have felt no pain but to have thrown herself at their feet and
to have pleaded with tears for you, that you might not be taken from her, or
owing to your youth have to endure what she as an old woman had no occasion to fear. Christ softened their hard hearts and even among bloodstained swords
natural affection asserted its rights. The barbarians conveyed both you and her
to the basilica of the apostle
Paul, that you might find there either a place of safety or, if not that, at
least a tomb. Hereupon Marcella is said to have burst into great joy and to have thanked God for having kept you unharmed in answer to her prayer. She said she was thankful too that the taking of the city had found
her poor, not made her so, that she was now in want of daily bread, that Christ
satisfied her needs so that she no longer felt hunger, that she was able to say
in word and in deed: naked came I out of my mother's womb, and naked shall I
return there: the Lord gave and the Lord has taken away; blessed be the name of
the Lord.
14. After a few days she
fell asleep in the Lord; but to the last her powers remained unimpaired. You
she made the heir of her poverty, or rather the poor through you. When she
closed her eyes, it was in your arms; when she breathed her last breath, your
lips received it; you shed tears but she smiled conscious of having led a good
life and hoping for her reward hereafter.
In one short night I have
dictated this letter in honour of you, revered Marcella, and of you, my daughter Principia; not to
show off my own eloquence but to express my heartfelt gratitude to you both; my
one desire has been to please both God and my readers.
About this page
Source. Translated by W.H. Fremantle, G.
Lewis and W.G. Martley. From Nicene and Post-Nicene Fathers, Second Series,
Vol. 6. Edited by Philip Schaff and Henry Wace. (Buffalo, NY: Christian
Literature Publishing Co., 1893.) Revised and edited for New Advent by Kevin
Knight. <http://www.newadvent.org/fathers/3001127.htm>.
Wealthy married
imperial Roman noble woman.
Widowed
young after only seven months of marriage.
Declined a wedding
proposal from the consul Cerealis. Organized a group of religious women at her
mansion on the Aventine Hill, one of which was Saint Lea
of Rome. They were under the spiritual direction of Saint Jerome,
though she was never afraid to stand against him in arguments. Marcella spent
most of her time reading, praying, and
visiting the shrines
of martyrs. Captured
by the Goths
who looted Rome,
Italy
in 410,
she was tortured to give up her treasure, but was released when they
realized she had given away everything to the poor.
She died soon after from the affects of the abuse.
Saint Marcella of Rome (325-410), like Saint
Hyacintha, began her life as a privileged member of nobility. She married well,
lived in a palace on Aventine Hill in Rome, and was quite content with her
luxurious life. Shortly after her marriage, however, her husband died quite unexpectedly,
leaving her widowed and alone.
As a child, Marcella had met Saint Athanasius, and remembered his stories of
the Egyptian ascetics (those who practiced rigorous self-discipline and
abstinence from worldly pleasures so as to better contemplate the holiness of
the Lord). Following the death of her husband, Marcella refused the marriage
proposal of a wealthy and powerful man of government, and instead turned
herself to works of charity and service to the poor of Rome. She distributed
her considerable wealth, “preferring to store her money in the stomachs of the
needy rather than hide it in a purse.” Her palace on the Aventine Hill became a
center of Christian fellowship and activism. She formed a community of women,
mostly of nobility, who gave up their material wealth and possessions to live a
life of asceticism and austerity. Marcella abstained from wine and meat; spent
her time in pious reading, prayer, and visiting the churches of the apostles
and martyrs; and never spoke with any man alone.
Marcella welcomed Saint Jerome upon his arrival in Rome, and he remained
with her for three years guiding this monastery and school for devout,
aristocratic ladies in the study of the scriptures, prayer, and almsgiving.
Marcella was a woman of intellectual ability, and not afraid to confront the
masterful Jerome. After his departure from Rome, Marcella corresponded often
with her spiritual director, who answered her questions about spiritual matters
and referred to her as "the glory of Roman ladies." Eleven of his
letters to Marcella survive, in which her tortured life is compared to the
sufferings of the poor souls in hell. Marcella wrote in a letter to Saint
Jerome: "My sweetest Lord, only remember that I am a poor creature of
Thine! For do with me what pleases Thee, now and through eternity! I abandon
myself into Thy hands, and am ready to suffer these torments as long as it
shall please Thee."
When the Visagoths, led by the barbarian Alaric, besieged and looted Rome in
410, Marcella and the rest of the city were starving. Eighty-five years old at
the time, she wrote: “By heaven’s grace, captivity has found me a poor woman,
not made me one. Now, I shall go in want of daily bread, but I shall not feel
hunger since I am full of Christ.” Marcella was captured soon thereafter. She
was tortured and scourged, as her tormentors tried to force her to reveal the
location of her hidden wealth. They did not believe her claims to have given it
away to the poor. Marcella withstood her own scourging but begged them to spare
the others in her community from such treatment. She was released, but died
shortly thereafter from the injuries she sustained.
Saint
Marcella lived a long life, especially long for that time. When her marriage
ended, she turned to the Lord, committing herself wholeheartedly and sincerely
to His will. As Christ instructed, she gave up all she had to the poor,
inspiring many others to do the same. She deprived herself of worldly
pleasures, seeking instead, through prayer and Scripture, to grow closer to
Christ. She ministered to those around her, working tirelessly, even at her
advanced age. And she joined her suffering to Christ, first in life, than in
torture, and eventually in death. Saint Marcella is another example, like Saint
Hyacintha, of the power of the Lord’s call, and the possibility and potential
for daily conversion in each of us. What is the Lord asking you to do today? And
more importantly, will you answer His call?
January 31 – The Glory of the
Ladies
St.
Marcella
(325–410) She was a Christian ascetic in
ancient Rome. Growing up in Rome, she was influenced by her pious mother,
Albina, an educated woman of wealth and benevolence. Childhood memories
centered around piety, and one in particular related to Athanasius, who lodged
in her home during one of his many exiles. He may have taken special interest
in her, thinking back to his own youthful practice of playing church.
Athanasius interacted with his hosts on theological matters and recounted
anecdotes of his own monastic life. His most spellbinding stories, however,
were the miraculous tales of the desert monks. As a parting gift he left behind
the first copy of his biography, The Life of St. Anthony.
Marcella’s wealth and beauty
placed her at the center of fashionable Roman society. She married young, to a
wealthy aristocrat, but less than a year later he died. Her time of mourning
over, young men soon came calling again. After her husband’s early death, she
decided to devote the rest of her life to charity, prayer, and mortification of
the flesh and was convinced that God was directing her to a life of poverty and
service, she shocked her social circle when she left behind her fashionable
dresses for a coarse brown garment and abandoned her usual extravagant hair
styling and makeup. Appearing as a low-class woman, she started a trend as
other young women join her. They formed a community known as the brown dress
society, spending their time praying, singing, reading the Bible, and serving
the needy. Her palatial home was now a refuge for weary pilgrims and for the
poor. After her husband’s early death, she decided to devote the rest of her
life to charity, prayer, and mortification of the flesh.
Summoned by Bishop Damasus (who
arranges lodging at Marcella’s hospitality house), Jerome arrived in 382. It
was an exhilarating time for this woman of letters, who had immersed herself in
both Greek and Hebrew, to be entertaining one of the great minds of the age. He
spent the next three years in what he called her “domestic church,” translating
the Bible into Latin. She learned under his teaching even as she critiqued his
translation. He spoke and wrote of her Christian devotion and scholarship and
commended her influence on Anastasius, bishop of Rome — particularly in his
condemning Origen’s doctrines, which Jerome declared a “glorious victory.”
Indeed, his admiration of Marcella was unbounded, not only for her intellectual
acumen but also for her deference to men who might be threatened by her vast
store of knowledge.
Marcella, however, was also known
for her efforts to restrain Jerome from quarreling with his opponents — or at
least helping him control his legendary temper. Eleven of his extant letters
are addressed to her, and she is mentioned in many of his other writings. In
one of his letters he responded to her query about the truth of Montanism.
Someone was apparently attempting to convert her, and she was deeply interested
in what she is hearing, though suspecting that the claim that they possess a
more authentic spirituality might have been false. Jerome writes a lengthy
point-by-point refutation of the movement and then concludes:
“It was at the home of Marcella
that Jerome first met Paula, a devoted and scholarly woman who would become his
long-time intellectual counterpart. When Jerome returned to the Holy Land,
Paula relocated there as well. They invited Marcella to join them, but she
remained in Rome to oversee her growing house of virgins, where she was
addressed as Mother. But hard times were ahead of her. She was in her late
seventies in 410, when the Goths, led by Alaric, pillaged the city. Soldiers
stormed the residence, demanding she relinquish her hidden jewels and wealth,
which long before had been sold to fund her charitable work. When she had nothing
to give them, they struck her down. She was taken to a church set up as a
sanctuary, but she died the next day.”
Her Aventine Hill palace became a
center of Christian activity. She was an associate of Saint Paula. Saint Jerome
corresponded with her, and he called her “the glory of the ladies of
Cadereyta.” His letter To Principia is a memoir and
biography of her life.
Her feast day 31 January.
On this day we celebrate the
feast of St. Marcella of Rome.
What we know of her comes
from the
letters St. Jerome wrote to her from Bethlehem and the
letter he
wrote about her to her friend Principia after her death.
Marcella's palace on the Aventine Hill was a center where Roman
matrons and widows met to discuss the bible. St. Jerome was their spiritual
guide. When he moved to Bethlehem with St. Paula and St. Eustochium, they tried
to convince Marcella to join them there, but she stayed in Rome.
Marcella died in 410, after having been brutalized by Visigoths. Two years
later Jerome wrote:
"Her father’s death left her an orphan, and she had
been married less than seven months when her husband was taken from her. Then
as she was young, and highborn, as well as distinguished for her beauty—always
an attraction to men—and her self-control, an illustrious consular named
Cerealis paid court to her with great assiduity. Being an old man he offered to
make over to her his fortune so that she might consider herself less his wife
than his daughter. Her mother Albina went out of her way to secure for the
young widow so exalted a protector. But Marcella answered: 'had I a wish to
marry and not rather to dedicate myself to perpetual chastity, I should look
for a husband and not for an inheritance;' and when her suitor argued that
sometimes old men live long while young men die early, she cleverly retorted:
'a young man may indeed die early, but an old man cannot live long.' This
decided rejection of Cerealis convinced others that they had no hope of winning
her hand."
Jerome went on to describe the differences between Marcella and other widows at
a time and place when widows had more freedom than other women:
"For women of the
world are wont to paint their faces with rouge and white-lead, to wear robes of
shining silk, to adorn themselves with jewels, to put gold chains round their
necks, to pierce their ears and hang in them the costliest pearls of the Red
Sea, and to scent themselves with musk. While they mourn for the husbands they
have lost they rejoice at their own deliverance and freedom to choose fresh
partners—not, as God wills, to obey these but to rule over them.
"With this object in view they select for their
partners poor men who contented with the mere name of husbands are the more
ready to put up with rivals as they know that, if they so much as murmur, they
will be cast off at once. Our widow’s clothing was meant to keep out the cold
and not to shew her figure. Of gold she would not wear so much as a seal-ring,
choosing to store her money in the stomachs of the poor rather than to keep it
at her own disposal."
Jerome explained how, when men,
including priests, consulted the wise and learned Marcella "concerning
obscure and doubtful points", she avoided transgressing the rule against
women teaching by telling them her own opinion was really Jerome's.
He described some of the horrors, including cannibalism, that came with
the third siege of Rome. Marcella
was scourged and beaten with cudgels when the house where she was living with
Principia was invaded by Visigoths. They tortured her, demanding her riches,
but more soldiers came, who had "some reverence for holy things. They
escorted the two women to the church of St. Paul,--one of those which had been
named by Alaric as a sanctuary for all who chose to take advantage of it. Here
the venerable Marcella, exhausted with her fatigues and wounds, died the next
day."
The site of St. Marcella's palace on the Aventine Hill is believed to have been
near
Santa Sabina. Click
here for
more about the church. "The columns are ancient, and may have been taken
from one of the many buildings on the Aventine that were destroyed by the Goths
in 410." (Maybe some came from Marcella's palace.)
Chiesa parrocchiale di Santa Marcella, a Roma, nel quartiere
Ostiense, in piazza Nicoloso da Recco
Santa Marcella di Roma Vedova
Appartiene ad una delle piú illustri famiglie romane: quella dei Marcelli.
Nata verso il 330, rimane orfana del padre. Sposatasi da giovane dopo sette
mesi rimane vedova e lo spirito ascetico la conquista e rifiuta le seconde
nozze. Il suo palazzo diventa un luogo dove ove confluiscono altre nobili
romane come Sofronia, Asella, Principia, Marcellina, Lea. Lo stesso vescovo di
Alessandria, Pietro, nel 373 è suo ospite. E proprio dopo il 373 la casa di
Marcella diventa un centro di propaganda monastica. Riservatezza, penitenza,
digiuno, preghiera, studio, vesti dimesse caratterizzano la vita quotidiana
come risulta dalle lettere di san Girolamo, divenuto dal 382 il direttore
spirituale del gruppo ascetico. Nella domus di Marcella entravano vergini e
vedove, preti e monaci per intrattenersi in conversazioni sulla Sacra
Scrittura. Verso la fine del IV sec. si trasferisce in un luogo isolato vicino
a Roma dove fa ritorno nel 410 per timore dell'invasione gota. Muore nello
stesso anno. (Avvenire)
Etimologia: Marcella, diminutivo di Marco = nato
in marzo, sacro a Marte, dal latino
Martirologio
Romano: A Roma, commemorazione di
santa Marcella, vedova, che, come attesta san Girolamo, dopo avere disprezzato
ricchezze e nobiltà, divenne ancor più nobile per povertà e umiltà.
Alcune lettere di s. Girolamo, in particolar modo l'Ep. 127, alla vergine Principia, discepola di Marcella,
costituiscono le fonti principali per la vita della santa.
Appartenne ad una delle piú illustri famiglie romane: quella dei Marcelli
(secondo altri dei Claudi). Nacque verso il 330, ma non ebbe la giovinezza
felice, essendo ben presto rimasta orfana del padre. Contratto matrimonio in
giovane età fu nuovamente colpita da un gravissimo lutto per la morte del
marito avvenuta sette mesi dopo la celebrazione delle nozze. Questi luttuosi
avvenimenti fecero maggiormente riflettere Marcella sulla caducità delle cose
terrene tanto piú che nella fanciullezza era rimasta assai affascinata dalle
mirabili attività del grande anacoreta Antonio, narrate nella sua casa dal
vescovo Atanasio (340-343).
Lo spirito ascetico propugnato dal monachesimo, consistente nell'abbandono di
ogni bene mondano, andò sempre piú conquistando l'animo della giovane vedova.
Quando perciò le furono offerte vantaggiose seconde nozze col console Cereale
(358), nonostante le premurose pressioni della madre Albina, oppose al
ventilato matrimonio un netto rifiuto, motivato dal desiderio di dedicarsi
interamente ad una vita ritirata facendo professione di perfetta castità.
Cosí Marcella, secondo s. Girolamo, fu la prima matrona romana che sviluppò fra
le famiglie nobili i principi del monachesimo. Il suo maestoso palazzo
dell'Aventino andò trasformandosi in un asceterio ove confluirono altre nobili
romane come Sofronia, Asella, Principia, Marcellina, Lea; la stessa madre
Albina si associò a questa nuova forma d i vita.
Piú che di vita monastica in senso stretto può parlarsi di gruppi ascetici
senza precise regole, ma ispirati ai principi di austerità e di disprezzo del
mondo, propri della scuola egiziana, assai conosciuti attraverso la vita di s.
Antonio e le frequenti visite di monaci orientali. Lo stesso vescovo di
Alessandria, Pietro, fu nel 373 ospite della casa Marcella e narrò la vita e le
regole dei monaci egiziani.
Porse proprio dopo il 373 la casa di Marcella divenne un vero centro di
propaganda monastica. Riservatezza, penitenza, digiuno, preghiera, studio,
vesti dimesse, esclusione di vane conversazioni furono il quadro della vita
quotidiana quale risulta dalle lettere di s. Girolamo, divenuto dal 382 il
direttore spirituale del gruppo ascetico dell'Aventino. Nella domus di Marcella
entravano vergini e vedove, preti e monaci per intrattenersi in conversazioni
basate specialmente sulla S. Scrittura. Il sacro testo, specie il Salterio, non
fu studiato solo superficialmente: per meglio comprenderne il significato
Marcella imparò l'ebraico e sottopose al dotto Girolamo molte questioni
esegetiche, come ne fanno fede varie lettere a lei dirette. Fra Girolamo e
Marcella si strinse una profonda spirituale amicizia, continuata anche dopo la
partenza del monaco per la Palestina.
Tuttavia questa donna fu di spirito piú moderato tanto da non condividere
pienamente le violente diatribe e le acerbe polemiche del dotto esegeta. Simile
moderazione dimostrò nelle pratiche ascetiche; pur amando e professando la
povertà non alienò in favore della Chiesa e dei poveri tutti i suoi beni
patrimoniali, anche per non recare dispiacere alla madre. Né volle trasferirsi
a Betlemme, nonostante una pressante lettera delle amiche Paola ed Eustochio.
Preferí invece continuare la diffusione della vita ascetica e penitente in
Roma; per molti anni infatti la sua domus dell'Aventino rimase un cenacolo
ascetico specie fra le vergini e le vedove della nobiltà.
Verso la fine del IV sec. si trasferí in un luogo piú isolato nelle vicinanze
di Roma, forse un suo ager suburbanus, nel quale visse con la vergine Principia
come madre e figlia. Rientrò in Roma nel 410 sotto il timore dell'invasione
gota; in tale occasione Marcella subí percosse e maltrattamenti e a stento
riuscí a salvare Principia dalle mani dei barbari, rifugiandosi nella basilica
di S. Paolo.
Morí nello stesso anno e la sua festa è celebrata il 31 gennaio.
Autore: Gian Domenico Gordini